MÉNAKA: Enlèvement du président de la société civile 

Le lundi 19 mai 2025, aux environs de 20 heures, Sidi Barka a été enlevé à Ménaka alors qu’il rentrait de la mosquée. Selon plusieurs sources locales, l’enlèvement a eu lieu dans un quartier situé non loin de son domicile. À l’heure actuelle, aucune revendication n’a été rendue publique.

Sidi Barka est conseiller pédagogique au CAP de Ménaka, secrétaire général de l’UNTM dans la région, président de la société civile de Ménaka et président régional de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE). Il est considéré comme une personnalité active dans les structures civiles locales.

Depuis l’annonce de sa disparition, des appels à la prière ont été lancés dans la ville. Des habitants se sont rassemblés devant son domicile dans la soirée du lundi.

L’incident intervient dans un contexte sécuritaire marqué par une multiplication des enlèvements dans la région. En janvier 2023, un agent de l’Organisation mondiale de la santé avait été enlevé à Ménaka dans des circonstances similaires. D’autres cas ont été signalés dans les communes voisines, notamment à Tidermène et Andéramboukane.

Lors de la Semaine nationale de la Justice, organisée en janvier 2025, Sidi Barka avait pris la parole pour dénoncer l’absence prolongée des services judiciaires dans la région et demandé le retour des autorités compétentes. Son intervention avait été relayée par les médias locaux.

Aucune opération officielle de recherche n’a été annoncée à ce stade. Les autorités administratives et sécuritaires n’ont pas encore communiqué publiquement sur l’incident.

Mali – Niger : signature d’une convention énergétique pour ravitailler le Nord

Une convention a été signée hier après-midi à Niamey entre les autorités maliennes et nigériennes pour renforcer l’approvisionnement en hydrocarbures des régions nord du Mali.

Cette cérémonie, empreinte de chaleur et de convergence stratégique, marque une nouvelle étape dans la coopération au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), qui regroupe le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

L’accord prévoit une livraison régulière de carburant en direction des zones enclavées du Nord malien, confrontées à des pénuries sévères ayant fait grimper les prix du litre à plus de 2 000 FCFA, contre 775 FCFA au tarif réglementé. Ce partenariat logistique mobilise la SONIDEP côté nigérien, en lien avec les distributeurs maliens.

Il s’agit également d’une concrétisation d’un engagement formulé par le Niger en décembre 2023, à savoir la fourniture de 150 millions de litres de carburant au Mali, dans un contexte de crise énergétique nationale. L’objectif est double : soulager les populations du Nord malien et renforcer une souveraineté énergétique collective au sein de l’AES.

« Le Nord du Mali est notre neuvième région », a déclaré Abdoulaye Seydou, ministre nigérien du Commerce, en soulignant l’importance de l’intégration énergétique dans la construction d’une solidarité stratégique régionale. Cette convention, sans effet d’annonce exagéré, traduit une volonté commune d’investir dans une coopération pragmatique, fondée sur la complémentarité des ressources et la stabilité logistique.

OCI: le Mali recadre l’Algérie devant les parlements islamiques

Lors de la 19e conférence parlementaire de l’OCI, Bamako a accusé Alger d’ingérence et de soutien à des déstabilisateurs. Une confrontation qui révèle une fracture diplomatique entre deux voisins historiques.

Du 12 au 15 mai 2025, les regards diplomatiques étaient tournés vers Jakarta, en Indonésie, où se tenait la 19e session de l’Union parlementaire des États membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Un rendez-vous destiné à promouvoir la coopération entre parlements musulmans sur des enjeux tels que la paix, la solidarité et le développement. Mais au lieu d’un consensus fraternel, la session a été marquée par un affrontement verbal d’une rare intensité entre les représentants du Mali et de l’Algérie.
Prenant la parole à la tribune, le chef de la délégation malienne n’a pas mâché ses mots. Dans un discours tranchant, il a dénoncé “les attitudes ambivalentes et les interférences étrangères qui sapent la souveraineté et la stabilité du Mali.” Sans citer directement l’Algérie dans les premiers instants, le diplomate malien a rapidement levé l’ambiguïté en évoquant “des pays qui offrent protection et relais diplomatiques à des acteurs connus pour leurs visées subversives contre les autorités de la transition.” L’assistance, saisie par la gravité du ton, a vite compris que la cible était Alger.
Une réplique algérienne immédiate et indignée
Faisant usage de son droit de réponse, le représentant algérien s’est dit “profondément choqué par les insinuations et accusations graves proférées contre un pays frère qui n’a jamais cessé de prôner la paix et le dialogue au Sahel.” Il a rappelé l’engagement de longue date de l’Algérie dans les mécanismes de médiation régionaux et rejeté toute implication dans des actions hostiles au Mali.
Mais la tension était déjà installée. Le ton, d’habitude feutré des grandes conférences islamiques, a laissé place à une joute publique inhabituelle, révélatrice d’un contentieux diplomatique plus ancien. Car derrière cet échange se profilent des désaccords profonds sur la gestion du dossier sécuritaire malien, les acteurs légitimes du dialogue, et les alliances nouvelles nouées par Bamako depuis 2022.
En filigrane, les autorités de la transition reprochent à Alger une certaine complaisance à l’égard d’exilés politiques et de figures contestées du régime déchu. Dans les cercles diplomatiques maliens, la gêne est ancienne, mais cette fois-ci, la parole s’est libérée, dans un cadre multilatéral où chaque mot pèse double.
Jakarta, catalyseur d’un repositionnement diplomatique malien ?
Ce qui s’est produit à Jakarta n’est pas anodin. Il traduit un changement de posture du Mali sur la scène internationale. En effet, fini les formules prudentes, place à une diplomatie affirmée, offensive, et surtout alignée sur une logique de rupture avec certaines traditions jugées contre-productives.
Les autorités de Bamako, confortées par un soutien populaire autour de la souveraineté nationale, n’hésitent plus à nommer ce qui auparavant relevait de la coulisse. Ce nouvel équilibre, revendiqué, s’exprime désormais même dans des forums autrefois consensuels comme celui de l’OCI.
La déclaration finale du sommet, peu fournie sur cette tension particulière, n’a pas refermé le dossier. Au contraire, Jakarta aura servi de révélateur à une recomposition régionale dans laquelle le Mali entend peser, quitte à heurter certains partenaires historiques.

Plan d’action 2025-2026 : le Premier ministre Abdoulaye Maïga expose la feuille de route du gouvernement

Le Premier ministre, Dr. Abdoulaye Maïga, a présenté ce vendredi 16 mai 2025, devant le Conseil National de Transition (CNT), le Plan d’Action du Gouvernement (PAG) pour la période 2025-2026. À travers ce document, l’exécutif définit ses priorités pour renforcer la sécurité, améliorer les conditions de vie des populations, et poursuivre les réformes engagées dans le cadre de la Transition.

Le chef du gouvernement a indiqué que le PAG s’articule autour de huit axes majeurs, tirés de la lettre de cadrage du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, en date du 27 novembre 2024. Ces axes concernent la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la satisfaction des besoins fondamentaux, la santé, l’éducation, la stabilité sociale, la diplomatie et la préparation des élections.

Sur le plan sécuritaire, le gouvernement entend poursuivre la montée en puissance des Forces de Défense et de Sécurité à travers le recrutement de 15 000 militaires, la construction de nouveaux camps, l’acquisition de matériel moderne, ainsi que la création de plateformes opérationnelles et d’un hôpital militaire. Il est également prévu la sécurisation des axes routiers avec le renforcement des effectifs de la police et de la gendarmerie à hauteur de 9 000 agents.

Concernant les réformes politiques, le Premier ministre a rappelé la mise en œuvre progressive des dispositions de la Constitution adoptée en juillet 2023. Il a annoncé l’opérationnalisation du Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH), la révision de la loi sur les associations et l’engagement du gouvernement dans la lutte contre la corruption et les atteintes aux biens publics.

Le troisième axe porte sur la réponse aux besoins essentiels. Le Premier ministre a mis en avant des mesures pour améliorer la sécurité alimentaire, notamment à travers la distribution gratuite de 17 666 tonnes de céréales à 1 115 000 personnes vulnérables, la reconstitution des stocks stratégiques, le soutien aux producteurs agricoles, et l’amélioration des capacités nationales de production. Le secteur de l’élevage bénéficiera de campagnes de vaccination et de soutien à l’insémination. Des importations sont également prévues pour stabiliser les prix des produits de première nécessité.

Dans le domaine de la santé, le PAG prévoit la construction de nouvelles infrastructures sanitaires, l’équipement de centres de santé, la mise en place de sept cliniques modulaires, d’un laboratoire P2, de trois centrales d’oxygène, et le renforcement de l’inclusion sociale à travers la prise en charge des populations vulnérables.

Sur le plan éducatif, des efforts seront déployés pour améliorer l’offre de formation, construire 85 écoles fondamentales et 11 lycées, et digitaliser les contenus pédagogiques. Un soutien est également prévu pour les établissements privés agréés et les universités publiques.

L’axe social du plan prévoit la poursuite du dialogue social, l’application des accords syndicaux, l’amélioration des conditions de vie des agents publics, et l’insertion professionnelle des jeunes. Le gouvernement annonce des milliers de stages et de journées de travail à haute intensité de main-d’œuvre, ainsi que des actions en faveur des personnes en situation de handicap.

En matière de diplomatie, le Premier ministre a réaffirmé l’engagement du Mali dans la Confédération des États du Sahel (AES), en vue d’une coopération renforcée avec le Burkina Faso et le Niger. Il a aussi évoqué les efforts en cours pour mobiliser les ressources extérieures, valoriser la diaspora et promouvoir le Mali dans les instances internationales.

Enfin, le gouvernement entend créer les conditions d’un processus électoral transparent et apaisé, en collaboration avec l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), à travers l’élaboration de textes juridiques adaptés et la prise en compte des aspects logistiques et sécuritaires.

Le Premier ministre a conclu son discours en insistant sur les principes de responsabilité, de redevabilité et d’exemplarité et a invité le CNT à approuver ce plan conçu dans un esprit d’écoute, de pragmatisme et de service à la Nation.

Ligue 1 française : Achraf Hakimi élu meilleur joueur africain 2025

Ce 12 mai 2025, Achraf Hakimi, vice-capitaine du Paris Saint-Germain, a été désigné lauréat du Prix Marc-Vivien Foé, récompensant le meilleur joueur africain évoluant en Ligue 1. Il devient ainsi le premier joueur du PSG à recevoir cette distinction, succédant au Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang, vainqueur en 2024.

Hakimi a devancé l’Ivoirien Evann Guessand (OGC Nice) et le Sénégalais Habib Diarra (RC Strasbourg), respectivement deuxième et troisième du classement. Avec cette victoire, il devient le quatrième Marocain à remporter ce prix, après Marouane Chamakh (2009), Younès Belhanda (2012) et Sofiane Boufal (2016).

Formé au Real Madrid, Hakimi a ensuite évolué au Borussia Dortmund et à l’Inter Milan, avant de rejoindre le PSG en 2021. Il s’apprête à affronter son ancien club, l’Inter Milan, en finale de la Ligue des champions le 31 mai prochain, une première pour le club parisien.

Sur la scène internationale, Hakimi a été un acteur clé du parcours historique du Maroc lors de la Coupe du monde 2022, où les Lions de l’Atlas ont atteint les demi-finales, une première pour une nation africaine. Il est également très attendu à la prochaine Coupe d’Afrique des nations, qui se déroulera au Maroc du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026.

Le Prix Marc-Vivien Foé, créé en 2009 par RFI et France 24, honore chaque année le meilleur joueur africain du championnat de France. La victoire de Hakimi souligne l’importance croissante des talents africains en Ligue 1.

 

 

Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam se retire de la présidence du PDCI-RDA après sa radiation de la liste électorale

Le dimanche 11 mai 2025, Tidjane Thiam a annoncé par une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux sa décision de quitter la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA). Ce départ intervient moins de deux semaines après sa radiation de la liste électorale ivoirienne par la justice, qui l’a déclaré inéligible pour la présidentielle d’octobre 2025.

Déjà, le 22 avril 2025, le tribunal compétent a acté que Tidjane Thiam ne disposait plus de la nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur les listes électorales en 2022, en raison de son acquisition de la nationalité française en 1987. Bien qu’il ait officiellement renoncé à la nationalité française en mars 2025, cette démarche a été jugée trop tardive pour rétablir sa recevabilité. En conséquence, l’ancien patron du Crédit Suisse a été écarté de la course présidentielle, une décision qui a suscité de nombreuses réactions au sein de sa formation politique.

Élu à la tête du PDCI en décembre 2023, Tidjane Thiam incarnait le renouvellement du parti historique fondé par Félix Houphouët-Boigny. Son retrait de la vie politique nationale survient dans un contexte de recomposition politique, alors que le PDCI devra désormais désigner un nouveau candidat et une nouvelle stratégie pour le scrutin présidentiel à venir.

Le départ de Thiam ouvre une période de transition pour le PDCI, qui pourrait organiser un congrès extraordinaire ou désigner une direction intérimaire. Le parti, pilier de l’opposition en Côte d’Ivoire, entre ainsi dans une phase d’incertitude à quelques mois d’une échéance électorale décisive.

 

Bamako : un Fonds de solidarité pour la presse malienne lancé par la Maison de la Presse

Le samedi 10 mai 2025, la Maison de la Presse de Bamako a marqué la clôture de la Semaine nationale de la liberté de la presse par un geste fort et symbolique : le lancement officiel du Fonds de Solidarité de la Presse (FonsoPress). Ce mécanisme inédit vise à répondre à la précarité grandissante des journalistes maliens en leur offrant un soutien structuré, durable et autonome.

L’objectif principal du FonsoPress est d’améliorer les conditions de vie et de travail des professionnels des médias au Mali. Il s’agit notamment d’apporter des aides ponctuelles en cas de détresse, de faciliter l’accès à la protection sociale, de financer des formations qualifiantes, et de garantir un minimum de sécurité pour les journalistes les plus exposés ou marginalisés. Pour le président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté, ce fonds est une réponse à une réalité souvent tue : celle de la vulnérabilité extrême de nombreux acteurs de la presse, confrontés à des rémunérations irrégulières, au manque de couverture sociale, et à des pressions permanentes.

Le FonsoPress est structuré autour de trois organes clés : un Conseil d’Administration de 13 membres, un Comité de Gestion de sept personnes chargé de la mobilisation et de la répartition équitable des ressources, et un Comité Technique constitué d’experts spécialisés dans les domaines d’intervention du Fonds. Cette organisation a été pensée pour garantir la transparence, l’efficacité et l’orientation stratégique des actions menées.

L’adhésion au fonds est volontaire et ouverte à tous les professionnels de médias enregistrés légalement. Chaque membre cotise à hauteur de 1 000 francs CFA par mois, un montant modeste qui donne accès à l’ensemble des services proposés. La philosophie du FonsoPress repose sur la solidarité de la profession elle-même, soutenue par des partenaires techniques, institutionnels et privés.

Parrainée par Issa Arsina Cissé, président du Forum des Cadres et Notabilités des Régions du Nord et du Centre, la cérémonie de lancement a rassemblé de nombreuses figures du monde médiatique et associatif. Le parrain a salué une initiative ambitieuse, susceptible de transformer en profondeur le paysage de la presse au Mali, en posant les bases d’un écosystème plus résilient et mieux organisé.

Dans un contexte politique tendu et un environnement économique instable, où les journalistes sont souvent en première ligne, le lancement du FonsoPress apparaît comme une avancée significative. Il témoigne aussi de la capacité de la profession à s’organiser pour défendre ses intérêts de manière autonome et responsable.

Crise alimentaire en Afrique de l’Ouest et du Centre : vers une catastrophe humanitaire silencieuse 

L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale sont aujourd’hui confrontées à une crise alimentaire sans précédent, marquée par une hausse dramatique du nombre de personnes en insécurité alimentaire. D’après les dernières données du Programme alimentaire mondial, plus de 52 millions de personnes pourraient se retrouver en situation de crise alimentaire entre juin et août 2025, une période critique appelée la soudure, au cours de laquelle les réserves alimentaires s’épuisent avant la prochaine récolte.

 

Ce chiffre représente une progression alarmante par rapport aux 36 millions de personnes déjà affectées à la fin de l’année précédente.

Cette détérioration rapide s’explique par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. Les conflits armés persistants dans des régions comme le Sahel, le bassin du lac Tchad ou l’Est de la RDC entraînent des déplacements massifs, qui touchent actuellement plus de 10 millions de personnes. La majorité de ces déplacés ont perdu tout accès à leurs terres, à leur bétail et à leurs moyens de subsistance. À cela s’ajoutent les effets dévastateurs du changement climatique : sécheresses prolongées, inondations imprévisibles, destruction des récoltes. Rien qu’en 2024, plus de six millions de personnes ont été directement affectées par des catastrophes climatiques majeures.
Sur le plan économique, la situation ne cesse de se dégrader. L’inflation affecte particulièrement les produits alimentaires de base comme le mil, le riz ou le maïs. Dans certaines zones du Niger, les prix des céréales ont augmenté de 70 à 80 % en un an. L’effondrement du pouvoir d’achat et la faiblesse des filets de sécurité rendent l’accès à la nourriture de plus en plus difficile, notamment pour les foyers urbains pauvres et les zones rurales isolées.
Les conséquences humanitaires sont particulièrement sévères chez les enfants. On estime aujourd’hui à près de 17 millions le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition aiguë dans cette partie du continent. Au Mali, plus de 2 600 personnes seraient déjà confrontées à une situation de famine, selon les grilles d’évaluation internationales.
Chute des ressources
Alors que les besoins explosent, l’aide humanitaire fait face à une crise de financement. Le PAM a vu ses ressources chuter de 40 % pour 2025. Faute de fonds suffisants, plus de cinq millions de personnes pourraient être privées d’assistance vitale au cours des prochains mois. Les mécanismes de réponse humanitaire sont donc sous tension, d’autant plus que l’insécurité entrave l’accès à certaines zones et limite la distribution de vivres.
Face à cette situation, les appels se multiplient en faveur d’une mobilisation urgente. Au-delà de l’aide immédiate, les organisations humanitaires plaident pour des solutions durables telles que le soutien à la production agricole locale, l’accès aux intrants, la protection sociale, la diversification des revenus. Sans un sursaut rapide de la communauté internationale, cette crise pourrait basculer vers une catastrophe humanitaire de très grande ampleur.

Mali-Mètre : 7 citoyens sur 10 estiment que la situation s’est améliorée, mais la vie reste chère

Une grande majorité de Maliens, soit 68,7 %, estime que la situation générale du pays s’est améliorée au cours de l’année écoulée. Ce chiffre ressort de la 16e édition de Mali-Mètre, un baromètre d’opinion publique réalisé chaque année par la Fondation Friedrich-Ebert.

L’enquête a été menée du 11 au 22 janvier 2025 sur un échantillon représentatif de 2 220 personnes dans les capitales régionales et à Bamako.

Ce résultat, bien qu’en recul par rapport à 2024 (81 %), reste significatif. Il traduit un sentiment de mieux-être général malgré des tensions persistantes. Pour de nombreux citoyens, cette amélioration est liée à la sécurité (48,5 %), au renforcement de l’armée et des forces de l’ordre, mais aussi à une gouvernance jugée plus efficace.

Dans des régions comme Tombouctou (88,5 %), Taoudéni (80 %) ou encore Mopti (78,5 %), la majorité de la population ressent une amélioration claire. À Kidal, 63,2 % des habitants perçoivent aussi ce changement, évoquant le retour de l’administration, le redéploiement des FAMa et une certaine accalmie sécuritaire.

Mais tout le monde ne partage pas cet optimisme. À Gao, 27 % des citoyens estiment que la situation s’est détériorée, tout comme 19,2 % à Bamako, où les délestages électriques et la flambée des prix sont largement dénoncés. En effet, 21,9 % des personnes insatisfaites pointent l’envolée des prix des denrées, et 19,7 % dénoncent plus globalement la cherté de la vie.

La transition politique actuelle bénéficie d’un large soutien dans la mesure où plus de 90 % des répondants se disent satisfaits de sa gestion. Le président de la Transition recueille 72,1 % de confiance, et 82,2 % saluent la composition du nouveau gouvernement formé en novembre 2024. Toutefois, une partie des Maliens, notamment à Kidal, Gao ou Ségou, restent sceptiques quant à la capacité de cette transition à bâtir une démocratie stable.

Ce soutien repose en partie sur des attentes très précises. En tête figurent la création d’emplois (44,1 %), la relance de l’agriculture (43,7 %) et la lutte contre l’insécurité (36,1 %). Les jeunes, en particulier, appellent à des solutions concrètes contre le chômage.

La coopération internationale scrutée de près

Sur le plan international, la Russie bénéficie d’un fort capital de confiance. 78,8 % des Maliens estiment qu’elle peut aider le pays à restaurer son intégrité territoriale. La satisfaction vis-à-vis de la coopération Mali-Russie dépasse les 95 % dans plusieurs régions.

Concernant l’Alliance des États du Sahel (AES), désormais transformée en Confédération depuis juillet 2024, plus de 92 % des citoyens en sont satisfaits. À l’inverse, près de 4 Maliens sur 10 estiment qu’aucun lien ne doit être maintenu avec la CEDEAO.

Une confiance prudente

À l’approche des échéances électorales, les doutes s’expriment. 60 % des personnes interrogées jugent improbable la tenue des élections en 2025, malgré le fait que 83,6 % se disent prêts à voter et que 72,9 % détiennent déjà leur carte NINA ou biométrique.

Pourtant, l’optimisme domine. 87,5 % des Maliens pensent que la situation s’améliorera dans les six prochains mois. Et 88,1 % croient en un avenir meilleur pour leurs enfants.

Mali-Mètre 2025 a été réalisée avec le visa de l’Institut national de la statistique (INSTAT), garantissant la fiabilité méthodologique. Elle couvre les 10 régions du pays ainsi que le District de Bamako, avec une répartition équilibrée par sexe, âge et niveau d’instruction.

Tension politique : Haute tension après la suspension des partis

La transition durcit le ton. Après les violents incidents survenus lors des activités de l’opposition les 3 et 4 mai 2025 à Bamako, le gouvernement a suspendu toutes les activités politiques sur l’ensemble du territoire. Une décision qui ravive les inquiétudes et attise les tensions dans un climat déjà explosif.

Ce vendredi 9 mai 2025 devait marquer un tournant dans la résistance civile face à la transition. Une manifestation nationale était prévue à l’appel du nouveau regroupement « Partis politiques pour la Constitution », constitué pour dénoncer ce qu’il qualifie de “mise à mort organisée de la démocratie malienne”. Le cortège n’aura pas lieu puisque la marche a été suspendue par crainte de violences, après les agressions du week-end précédent. Le 3 mai, au Palais de la culture, puis le 4 mai à la Maison de la presse, des militants de l’opposition avaient été pris à partie par des groupes pro-transition.
Ces deux événements ont précipité une décision radicale du gouvernement. Le Conseil des ministres a ordonné le gel de toutes les activités des partis et associations politiques, sans échéance, au nom du maintien de l’ordre public. Officiellement, il s’agit de prévenir les risques de troubles. Officieusement, c’est une réplique frontale à la grogne croissante contre les orientations prises lors des récentes concertations nationales tenues du 16 au 29 avril, qui ont recommandé, entre autres, la dissolution pure et simple des partis politiques. Une recommandation suivie d’effet, puisque la Charte des partis a été abrogée dans la foulée.
Le collectif des Partis pour la Constitution n’entend pas se taire. « C’est une dérive grave, un viol manifeste de l’ordre républicain », a déclaré l’un de ses porte-paroles, sous couvert d’anonymat, craignant des représailles. Des prises de parole discrètes, mais nombreuses, circulent sur les réseaux sociaux, appelant à la mobilisation pacifique. Le souvenir encore frais d’une réunion privée interrompue en juin 2024 et ayant conduit à l’arrestation de plusieurs figures de l’opposition, détenues durant six mois sans jugement, nourrit la prudence actuelle.
La tension est d’autant plus forte que les signaux d’ouverture du régime sont quasiment absents. Aucune date de reprise du processus démocratique n’est annoncée, et les libertés fondamentales, notamment d’association et d’expression, ne semblent plus une priorité. Les experts des Nations Unies ont réagi dès le 8 mai : « Le Mali ne doit pas étouffer le débat démocratique. Suspendre l’opposition, c’est suspendre la République », ont-ils averti dans un communiqué officiel.
Dans les rues de Bamako, la nervosité est palpable. En coulisses, certains appellent à une médiation discrète pour dénouer la tension.
La situation reste instable. Malgré l’interdiction officielle, des initiatives de mobilisation informelle ne sont pas exclues dans les jours à venir. Les forces politiques opposées à la transition semblent déterminées à maintenir une présence, même discrète, sur la scène nationale. De leur côté, les autorités n’ont pas précisé les conditions ni la durée de la suspension décrétée. En l’absence de dialogue officiel ou de feuille de route claire, les tensions risquent de perdurer.

Liberté de la presse : Un recul alarmant

Depuis 2021, la situation de la liberté de la presse au Mali régresse de manière alarmante. La situation des médias et des journalistes n’a cessé de se détériorer dans le pays ces dernières années, au point d’inquiéter tant les acteurs nationaux qu’internationaux.

Le rapport 2025 sur la situation de la liberté de la presse dans le monde de Reporters Sans Frontières (RSF), publié le 2 mai 2025, est sans équivoque et dresse un constat préoccupant au Mali. Le pays chute au 119e rang mondial sur 180 en matière de liberté de la presse, perdant 5 places par rapport à l’année précédente. À titre de comparaison avec ses alliés de la Confédération des États du Sahel (AES), le Mali se classe derrière le Niger (83ème) et le Burkina Faso (105ème).

Globalement, sur les 4 dernières années, le Mali a perdu 20 places dans le classement, passant de la 99ème place en 2021 à la 119ème place en 2025. Cette dégradation continue de la liberté de la presse dans le pays est provoquée, selon certains analystes, par l’instabilité politique, les pressions exercées sur les médias, les enlèvements de journalistes et les restrictions imposées à certains médias internationaux.

« En principe, les journalistes et les médias sont libres de couvrir l’administration, et les médias privés sont relativement indépendants. Cependant, les journalistes sont particulièrement fragilisés par la situation politique et le durcissement du régime militaire au pouvoir », souligne le rapport de RSF, qui alerte également sur les pressions pour un « traitement patriotique » de l’information, qui se multiplient, et sur les correspondants des médias étrangers, devenus persona non grata.

Une situation aux causes multiples

Le recul continu de la liberté de la presse au Mali résulte d’un enchaînement de facteurs politiques, sécuritaires et institutionnels qui se sont cristallisés au fil des années, particulièrement depuis 2012, mais qui se sont intensifiés après le renversement du régime de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita en 2020.

À en croire certains rapports d’organismes internationaux, à l’instar de Freedom House, les signalements de censure, d’autocensure et de menaces contre les journalistes ont considérablement augmenté depuis lors, entraînant une fermeture progressive de l’espace civique, notamment médiatique.

Le cadre législatif de la presse au Mali est également problématique. Bien que la liberté de la presse soit consacrée par la Constitution, plusieurs lois continuent de permettre des poursuites judiciaires contre les journalistes pour des délits d’opinion. La loi sur la cybercriminalité, notamment, est parfois utilisée pour poursuivre des blogueurs ou des journalistes qui s’expriment sur les réseaux sociaux. Le 9 avril dernier, Alhousseiny Togo, directeur de publication du *Canard de la Venise*, a été placé sous mandat de dépôt pour un article jugé critique envers le ministre de la Justice.

Pour l’avocat Maître Cheick Oumar Konaré, « tant que ces lois ne seront pas réformées, la liberté d’expression restera précaire au Mali. Il faut dépénaliser les délits de presse, garantir un accès réel à l’information publique et protéger juridiquement les journalistes. »

Selon les observateurs, l’hostilité ouverte envers certains médias internationaux, perçus comme « hostiles » au régime militaire, constitue un autre facteur important du recul de la liberté de la presse dans le pays.

« La suspension de RFI et France 24 continue de contribuer à la dégringolade du Mali au classement RSF, car ce sont des chaînes qui étaient des sources majeures d’information pour de nombreux Maliens, en l’occurrence RFI, particulièrement en zone rurale », explique un professionnel des médias qui a requis l’anonymat.

Quels impacts ?

Le recul de la liberté de la presse au Mali ne constitue pas seulement une atteinte aux droits fondamentaux des journalistes et des médias, mais il engendre également des conséquences sur l’ensemble du tissu social, économique et politique du pays.

Si les journalistes ne sont pas libres ou sont soumis à une menace continue de censure, voire d’autocensure, la qualité de l’information accessible au citoyen est affectée. La conséquence directe est la montée des récits partisans, qui circulent de plus en plus sur les réseaux sociaux, où les avis critiques sont étouffés.

Par ailleurs, le recul de la liberté de la presse nuit à la transparence et à la redevabilité des gouvernants, comme l’indique un rédacteur en chef d’un journal de la place. « Dans un contexte où les journalistes n’ont plus toute la liberté d’enquêter, de questionner ou de dénoncer les abus, les dérives du pouvoir peuvent se multiplier à huis clos. La corruption, le népotisme ou encore les violations des droits humains peuvent ainsi prospérer dans l’ombre, sans que les citoyens n’en soient informés ni que les responsables soient tenus pour compte », glisse cet interlocuteur.

Les impacts de la situation sont tout aussi alarmants sur le plan économique. Du point de vue de l’analyste politique et économique Amadou Sidibé, le recul de la liberté de la presse envoie un signal négatif aux investisseurs, notamment étrangers, qui voient dans un environnement médiatique restreint un indicateur d’instabilité ou d’opacité.

« Pour les bailleurs de fonds comme pour les entreprises privées, la liberté d’informer est un gage de transparence institutionnelle, de climat des affaires sain et de prévisibilité. En réduisant cette liberté, le Mali se prive d’un facteur important d’attractivité économique, au moment même où il tente de relancer son développement dans un contexte sécuritaire et politique déjà fragilisé », insiste-t-il.

Une amélioration indispensable

Pour inverser la tendance au recul de la situation de la liberté de la presse au Mali depuis plusieurs années, des mesures concrètes et complémentaires peuvent être mises en œuvre.

Pour plusieurs observateurs, notamment internationaux, il est d’abord important de renforcer l’indépendance des institutions de régulation des médias, à commencer par la Haute Autorité de la Communication (HAC), qui doit être dotée de garanties structurelles et juridiques lui permettant d’agir sans pression politique.

Ensuite, une réforme en profondeur du cadre juridique qui régit le travail de la presse pourrait contribuer à améliorer la liberté des journalistes et des médias dans l’exercice du métier.

« La dépénalisation des délits de presse, notamment la diffamation, permettrait d’éviter les peines d’emprisonnement qui dissuadent le travail d’investigation », affirme un journaliste ayant requis l’anonymat.

« Par ailleurs, l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information publique faciliterait le travail des journalistes et renforcerait la transparence dans la gestion des affaires de l’État », ajoute-t-il.

Pour ce dernier, le gouvernement devrait également garantir une meilleure protection des journalistes, en particulier dans les zones de conflit, en mettant en place un mécanisme national de veille, de protection et de réponse rapide en cas de menace.

Si les autorités du pays sont appelées à mettre en œuvre diverses mesures, les organes de presse et les journalistes eux-mêmes pourraient également contribuer à une nette amélioration de la liberté de la presse au Mali.

Une meilleure formation des journalistes et le renforcement de l’éthique professionnelle dans les médias peuvent concourir à élever le niveau du débat public, car, estime un analyste, en encourageant l’autorégulation via des conseils de presse ou des chartes de déontologie, les médias maliens peuvent renforcer leur crédibilité auprès du public.

« L’amélioration de la liberté de la presse au Mali ne se résume pas à lever des restrictions. Cela passe par une volonté politique réelle, un soutien institutionnel renforcé et un engagement de tous les acteurs à défendre un journalisme libre, responsable et au service du citoyen », conclut Amadou Sidibé.

Mohamed Kenouvi

 

Menace de dissolution : Les partis politiques appellent au respect de la Constitution et des lois

Face à la menace de plus en plus persistante de dissolution des partis politiques, la classe politique monte au créneau. Plusieurs partis issus de l’Initiative des partis pour la relecture de la charte (IPAC) et du Forum des partis et mouvements politiques (FPMP) ont tenu un point de presse le 26 avril 2025 à la Maison de la presse à Bamako.

Dans la déclaration lue lors de ce point de presse, les partis politiques sont longuement revenus sur le processus en cours de relecture de la charte des partis politiques. À leur entendement, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au processus électoral, devrait appeler la classe politique à discuter du document de propositions qui lui a été fourni, plutôt que d’engager des concertations avec les forces vives de la nation.

« Le ministre délégué n’a plus répondu à nos demandes d’audience répétées, préférant organiser des simulacres de concertations », ont-ils dénoncé.

Pour les partis politiques signataires de la déclaration, les 1500 représentants au plus qui participent aux concertations des forces vives ne sont pas plus légitimes que les 76 000 Maliens qui ont pris part aux Assises nationales de la Refondation (ANR) et les plus de 3 millions lors du Référendum constitutionnel de 2023.

C’est pourquoi, préviennent-ils, « la violation de la Constitution, de la Charte de la transition et de la charte des partis politiques entraînerait des conséquences réversibles dans notre pays, alors que 300 morts ont conduit au multipartisme ».

Actions en vue

Déterminés à ne pas assister sans broncher à une éventuelle dissolution des partis politiques, qui revient largement parmi les propositions au niveau des concertations régionales, les partis politiques ont annoncé qu’ils entameront des rencontres avec toutes les autorités morales, associatives et syndicales du Mali qu’ils « prendront à témoin devant les Maliens et devant l’histoire ».

Ils ont également lancé un appel à la mobilisation des militants, tout en restant attentifs aux conclusions de la phase nationale, à partir desquelles ils établiront un calendrier d’actions.

« Nous réitérons notre soutien aux libertés et à la démocratie au Mali. Nous resterons engagés et disponibles pour travailler dans l’intérêt supérieur de tous les Maliens », affirment les partis politiques.

Débutée ce lundi 28 avril 2025, la phase nationale des concertations des forces vives s’achèvera 24 heures après, le 29 avril. Ces conclusions très attendues détermineront la poursuite ou non des actions annoncées par les partis politiques.

Mohamed Kenouvi

Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam radié de la liste électorale

Élu Président du PDCI en décembre 2023, Tidjane Thiam était visé par plusieurs plaintes, dont une demandant sa radiation du fichier électoral et une autre pour l’annulation de son élection à la tête du PDCI. Il vient de perdre une première bataille qui éloigne ses ambitions.

Plus de 150 personnes réclamant la radiation du Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, avaient porté plainte auprès des juridictions ivoiriennes. Le tribunal de première instance d’Abidjan a donné une suite favorable à leur requête en prononçant la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale. Une décision qui met fin à son ambition de briguer la magistrature suprême en octobre prochain.  Ni électeur, ni éligible, il ne compte pas pour autant baisser les bras. Galvanisant ses militants, il s’est voulu rassurant le même jour, appelant le PDCI à se tenir prêt pour des batailles futures.

Une décision peut en cacher une autre

Le 24 avril, le tribunal devra à nouveau se prononcer sur la plainte demandant   l’annulation de l’élection de Thiam à la tête du PDCI et de tous les actes qu’il a posés depuis décembre 2023.  La plaignante, Valérie Yapo, une militante du PDCI qui avait été radiée avant de voir cette décision annulée, estime que Thiam, Français à cette époque, ne remplissait pas les conditions pour être candidat. Selon elle, le Comité électoral de son parti aurait fermé les yeux et pris le soin d’exclure d’autres candidats.  Elle se dit confiante de gagner son procès après la décision portant radiation du Président du PDCI de la liste électorale. Face à ces ennuis judiciaires,  le PDCI court le risque d’être placé sous administration provisoire et pourrait ne pas avoir de candidat à la présidentielle de 2025.

Ouakaltio Ouattara 

FIn d’un pontificat historique: Décès du Pape François à 88 ans

Le Vatican a annoncé ce lundi 21 avril 2025,  le décès du Pape François, survenu à l’âge de 88 ans. Premier pape d’Amérique du Sud, élu en mars 2013, Jorge Mario Bergoglio était le 266e souverain pontife de l’Église catholique.

Son pontificat, marqué par une volonté de proximité avec les plus pauvres et par une ouverture au dialogue interreligieux, a duré douze ans. Le Pape François a notamment visité plusieurs pays africains, dont la République centrafricaine en 2015, le Mozambique et Madagascar en 2019, puis la République démocratique du Congo en 2023. Il avait fait de la miséricorde, de la justice sociale et de la protection de l’environnement des priorités de son ministère.
Fatigué ces derniers mois, il était apparu affaibli lors des célébrations de Pâques, quelques jours avant sa mort.
L’Église catholique entre désormais dans une période de deuil et se prépare à l’élection de son successeur.

2ème congrès ordinaire du PACP : Niankoro Yeah Samaké élu nouveau président

Le Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) a tenu son 2ème congrès ordinaire à Bamako les 19 et 20 avril 2025. En plus de la relecture des textes et d’une redynamisation du logo, les rênes du parti ont de nouveau été confiées à son fondateur, l’ambassadeur Niankoro Yeah Samaké, près de 10 ans après son départ du Bureau Exécutif National.

Le congrès a réuni l’ensemble des délégués des sections et sous-sections régionales du parti, ainsi que des cercles du Mali et des pays de la sous-région.
Plusieurs représentants d’autres partis politiques étaient également présents à la cérémonie d’ouverture le 19 avril, ainsi que le PCA de l’Association An Ka Ben Maayala, Aliou Ousmane Haïdara, représentant son père, Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut Conseil Islamique du Mali.
La cérémonie a été marquée par plusieurs allocutions et déclarations, toutes centrées sur le thème de la « préservation des acquis démocratiques pour un Mali stable et prospère », sous lequel s’est tenu ce 2ème congrès ordinaire du PACP.
Le président des jeunes, la présidente des femmes, les représentants des partis politiques invités, le président sortant du Bureau Exécutif National, ainsi que le président d’honneur du parti, se sont succédé au pupitre pour évoquer le parcours du PACP ces dernières années et la nécessité pour le parti de réaffirmer son attachement à ses valeurs et idéaux, dans un contexte politique national dominé par des tentatives de dissolution des partis politiques.
« Nous sommes convaincus que les partis politiques jouent un rôle crucial dans l’exercice de la démocratie. (…) Le PACP est né d’une conviction simple mais forte : diriger, c’est servir. Nous ne croyons pas au pouvoir pour le pouvoir, mais au pouvoir pour transformer et bâtir », a souligné l’ancien président d’honneur du parti, Niankoro Yeah Samaké.
Fondateur du PACP en 2013, qu’il a dirigé pendant trois ans jusqu’en 2016, avant de passer la main suite à sa nomination en tant qu’ambassadeur du Mali en Inde et dans plusieurs autres pays d’Asie, Niankoro Yeah Samaké a de nouveau été élu président du Bureau Exécutif National du parti à l’issue de ce 2ème congrès ordinaire.
Considérant, entre autres, son « inestimable contribution à la relance du Mali vers un développement harmonieux », les « efforts inlassables qu’il a constamment déployés pour que chaque Malien puisse bénéficier des services sociaux de base », et son « ardeur exceptionnelle au travail », « le Congrès National a plébiscité à l’unanimité Yeah Samaké comme nouveau président du PACP », précise le rapport final du congrès.
Le nouveau président a tenu à rendre hommage à son prédécesseur, Dr Oumar Keita, qui dirigeait le parti depuis 2016. « Vous avez mérité la confiance de toute la communauté PACP. Votre leadership a fait qu’aujourd’hui notre parti est implanté dans toutes les régions du Mali », lui a-t-il témoigné.
Mohamed Kenouvi

Assurance agricole : AFG indemnise plus de 7000 producteurs touchés par des catastrophes naturelles  

Protéger les agriculteurs contre les dégâts liés aux catastrophes naturelles ou climatiques, c’est l’objectif du projet pilote d’assurance agricole initié par AFG en collaboration avec ses partenaires. Une cérémonie destinée à indemniser les producteurs sinistrés, qui s’est tenue le 7 avril 2025 à Bamako, a également marqué le lancement officiel de ce projet.

Chaque année, de nombreux producteurs voient leurs récoltes détruites, et des familles voient leur travail agricole anéanti, sans possibilité de se relever. C’est pour répondre à ce besoin accru d’aide alimentaire que des indemnisations ont été mises en place.
Pour la campagne agricole 2024-2025, 14 307 producteurs ont été ciblés par le projet, qui propose une prime d’assurance agricole ajustée à leurs besoins. Parmi eux, plus de 7000 producteurs de riz, de maïs, de sorgho et de coton ont été identifiés et ont bénéficié des indemnisations du projet pilote d’assurance agricole.
L’initiative vise principalement à soulager les agriculteurs affectés par les catastrophes naturelles et, surtout, à faire de l’assurance agricole un outil stratégique pour améliorer la souveraineté alimentaire.
« À travers cette indemnisation, ce sont des familles qui retrouvent espoir. Ce sont des producteurs qui voient concrètement la valeur d’une assurance adaptée à leurs réalités. Cette initiative noble doit être inclusive et a vocation à impliquer l’ensemble du secteur malien des assureurs non vie », a indiqué Mme Cissé Adam Bah, Directrice générale d’AFG.
Le projet couvre quatre types de producteurs, à savoir ceux qui produisent du riz, du maïs, du sorgho et du coton, dans des régions telles que Kayes, Koulikoro, Ségou et Sikasso.
Deux chèques, d’un montant de 4 910 088 FCFA et de 94 585 337 FCFA, ont été remis respectivement aux faîtières agricoles, à savoir le Meref-SFD et l’office du Moyen Bani.
Selon le ministre commissaire à la sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, l’assurance agricole est plus qu’un simple financement. Il s’agit là d’un levier nécessaire permettant de mieux appuyer les producteurs en cas de risques agricoles.
À travers cette remise de chèque du projet d’assurance agricole, il était également question de mieux sensibiliser les agriculteurs à l’importance de s’assurer afin de pouvoir gérer les risques climatiques et agricoles en cas de catastrophes naturelles, telles que les inondations ou la sécheresse.

BOAD : Abdoulaye Daffé nommé vice-président pour un mandat de cinq ans  

Le Conseil des ministres du mercredi 9 avril 2025 a annoncé la nomination de Abdoulaye Daffé au poste de vice-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD).

Cette décision entérine celle prise lors de la session du Conseil d’administration de l’institution régionale tenue le 26 mars à Dakar. Il succède ainsi à Moustapha Ben Barka, dont le mandat s’est achevé le 28 février. M. Daffé prendra fonction courant avril, pour un mandat de cinq ans.
Âgé de 73 ans, Abdoulaye Daffé est un pilier du secteur bancaire ouest-africain. Il a dirigé la Banque de Développement du Mali (BDM-SA) pendant plus de deux décennies, la hissant au rang de première banque du pays. Diplômé de l’ENA de Bamako et de l’Université d’Alabama en finance, il a brièvement été ministre de l’Économie et des Finances en juillet 2020, avant le coup d’État du 18 août.
Sa nomination à la vice-présidence de la BOAD intervient conformément à l’Acte additionnel n°04/2021/CCEG/UEMOA, qui réforme le mode de désignation des dirigeants des institutions de l’Union. Elle constitue une reconnaissance de son expertise financière, mais aussi une opportunité géostratégique pour le Mali.
La BOAD : moteur financier de l’UEMOA
Créée en 1973, la BOAD est l’institution spécialisée de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), qui regroupe huit États membres : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Son siège se trouve à Lomé (Togo).
Sa mission est de financer le développement équilibré des pays membres à travers des prêts concessionnels aux États et des soutiens au secteur privé. En 2023, la BOAD a approuvé plus de 1 200 milliards FCFA de financements, notamment dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, de l’agriculture et du transport. Parmi ses projets phares figurent l’autoroute Abidjan-Lagos, l’interconnexion électrique Côte d’Ivoire–Sierra Leone–Guinée, ou encore des appuis à la résilience climatique.
Quels avantages pour le Mali ?
Le retour d’un Malien à ce poste de haut niveau devrait offrir à Bamako une voix influente au sein d’une institution qui façonne les politiques de développement sous-régionales. Cela pourrait faciliter la priorisation de projets maliens, renforcer l’accès aux financements concessionnels, et améliorer la visibilité du pays dans les négociations économiques.
Alors que le Mali cherche à diversifier ses partenaires et à renforcer son intégration régionale, cette nomination stratégique pourrait constituer un levier majeur pour son redressement économique et financier.

Refondation : Le NIMD privilégie la recherche et le dialogue

Mis en œuvre à Bamako et dans plusieurs régions du Mali depuis janvier 2024 par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), le Programme de recherche et de dialogue pour la refondation (PREDIRE) devrait se conclure en juin prochain. À trois mois de l’échéance, le NIMD met en lumière les acquis du programme et ses activités à venir.

Lors d’un café de presse organisé dans les locaux de l’Institut le 4 avril 2025, les journalistes ont été informés sur la mise en œuvre du PREDIRE depuis son lancement il y a plus d’un an.
Projet phare du NIMD en phase pilote, après les Écoles politiques et démocratiques (EPD) et le Power of Dialogue (POD), le PREDIRE vise à contribuer à la refondation de la gouvernance démocratique au Mali. Il enrichit le débat public par la valorisation de la recherche sur les questions de démocratie, de gouvernance et de cohésion sociale, et améliore la culture du dialogue et la confiance parmi les acteurs de la vie publique, en intégrant les résultats de la recherche dans la gouvernance publique.
En quinze mois d’exécution, le programme a enregistré plusieurs réalisations, notamment une cartographie des acteurs de la recherche dans les domaines de la démocratie, de la gouvernance et de la cohésion sociale. Cela inclut le lancement de la plateforme Donko ni Djemu Blon (Pour la production de savoirs au Mali et au Sahel), la mise en relation des chercheurs, ainsi que la création d’un site web (predire-nimd.org) pour la diffusion des rapports d’études, des notes d’analyse, des synthèses et des informations sur les activités du programme.
Le PREDIRE a également identifié quatre études thématiques, dont deux ont déjà été finalisées, portant notamment sur la participation et l’inclusivité sociale dans la dynamique de refondation, l’accès aux services publics via la gouvernance locale, et les leviers de renforcement de l’engagement citoyen dans la démocratie et la participation politique.
À la suite de ces études, le PREDIRE a réalisé deux sessions de dialogue multi-acteurs à Mopti et Sikasso, qui ont réuni plusieurs représentants des différents acteurs sociaux.
« Notre objectif principal est de faire en sorte que les décideurs puissent se baser sur des faits, des données, et sur une vraie compréhension du contexte pour prendre des décisions », souligne Célia D’Almeida, Représentante Pays au Mali et Coordinatrice Sahel du NIMD.
D’autres sessions au niveau national se tiendront prochainement à Bamako, ainsi qu’un webinaire avec WATHI sur la dernière étude Sahel. D’ici la fin du programme en juin 2025, il est également prévu la conception et la diffusion de supports de communication sur les résultats des études et des différentes sessions de dialogue multi-acteurs.
Mohamed Kenouvi

Le Mali en deuil après la disparition d’Amadou Bagayoko, géant de la musique malienne

Le Mali a perdu l’une de ses plus grandes figures musicales. Amadou Bagayoko, célèbre chanteur, compositeur et guitariste du duo Amadou & Mariam, est décédé ce vendredi 4 avril 2025 à Bamako, à l’âge de 70 ans. Selon les premières informations recueillies auprès de ses proches, il était malade depuis plusieurs semaines. Son décès a été confirmé par sa famille, notamment par son beau-fils Youssouf Fadiga, et relayé par les autorités culturelles nationales.

Né le 24 octobre 1954 à Bamako, Amadou Bagayoko était aveugle depuis l’âge de 16 ans en raison d’une cataracte congénitale. Sa passion pour la musique s’est exprimée très tôt, d’abord en solo, puis au sein de groupes légendaires comme Les Ambassadeurs du Motel de Bamako. Mais c’est sa rencontre avec Mariam Doumbia à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, en 1975, qui a véritablement lancé une aventure artistique unique.
En couple dans la vie comme sur scène, Amadou & Mariam sont devenus des ambassadeurs de la culture malienne. Leurs compositions, mêlant instruments traditionnels, guitare électrique, voix mandingues et influences blues et afro-pop, ont conquis un public mondial. Le duo a sorti plusieurs albums acclamés, dont Sou ni tilé (1998), Dimanche à Bamako (2004, produit par Manu Chao) et Welcome to Mali (2008), nominé aux Grammy Awards. Ils ont également reçu une Victoire de la Musique en France en 2005.
Amadou & Mariam ont collaboré avec de nombreuses stars internationales, participé à des festivals prestigieux comme Glastonbury, et défendu des causes humanitaires, notamment en faveur des personnes handicapées. Leur parcours était raconté dans une autobiographie publiée en 2010 : Away from the Light of Day.
Amadou Bagayoko laisse derrière lui une œuvre musicale dense, un message d’espoir et un héritage culturel inestimable. Le ministre de la Culture, Mamou Daffé, a salué la mémoire d’un artiste exceptionnel, fidèle à ses racines, et dont la voix a porté l’âme du Mali au-delà des frontières.

Cheick Ahmed Théra : « Notre combat, c’est le Mali »

Avec pour devise « Rassembler pour travailler », le parti Mouvement Jeka Baara (MJB), créé en août 2023, revendique une implantation progressive dans plusieurs cercles du Mali. Son président, Cheick Ahmed Théra, annonce des activités à Mopti et Gao après le Ramadan.

Qu’est-ce que le parti Mouvement Jeka Baara ? 

Jeka Baara était d’abord un mouvement politique que nous avons créé à Ségou. L’objectif était d’accompagner la transition. Quand les jeunes militaires sont venus au pouvoir et quand nous avons écouté attentivement les différents discours du président de la transition, nous avons compris que ce dernier porte le Mali dans son cœur. Nous nous sommes donc dits qu’il faut l’aider. Nous avons aussi compris qu’il compte sur la jeunesse. C’est pourquoi nous avons essayé de mettre en place cette association pour aider le président de la Transition. A l’occasion du Référendum de 2023, nous avons compris que le terrain était vide et qu’il fallait doubler les efforts de soutien à la Transition. Nous nous sommes mobilisés pour la victoire du Oui. C’est après ce référendum, que nous avons rassemblé à Ségou tous nos coordinateurs des 37 cercles à travers le Mali à l’époque et avons eu l’idée de transformer le mouvement en parti politique. Pour nous, personne ne viendra construire le Mali à notre place. Notre combat c’est vraiment le Mali. Personnellement, à travers ma carrière professionnelle, je sais que le plus grand problème de ce pays, c’est le chômage des jeunes. Nous avons à peu près 8 millions de bras valides dont 5 millions de jeunes. Pour moi cela représente un bon potentiel. Nous avons également des ressources naturelles. C’est pourquoi au parti MJB nous avons choisi de faire la politique sous l’angle de l’économie. Nous croyons fermement que si le Mali arrive à donner de l’emploi à tous les jeunes, il n’y aura même pas cette guerre nous menons actuellement contre le terrorisme parce que les extrémistes auront du mal à recruter des jeunes dans leurs rangs.

Aujourd’hui, en une année et demi d’existence, quelle est la représentativité du MJB au niveau national ?

C’est passionnant et en même temps étonnant. Aujourd’hui le parti est dans tous les cercles du Mali et beaucoup adhèrent à ce parti sans forcément prendre contact avec la direction et développent des initiatives personnelles pour l’épanouissement du parti dans leur lieu de résidence. Actuellement nous faisons des rentrées politiques à travers les différentes régions. Nous l’avons déjà fait à Bamako, à Ségou, à Kayes, et à Sikasso. Nous allons poursuivre après le mois de Ramadan avec la région de Gao puis Mopti. Il faut dire aussi que nous avons une équipe d’implantation très dynamique, qui fait beaucoup de sorties. Elle était déjà dans tous les cercles du sud du pays. Au-delà de tout cela, nous avons également avec nous des politiques très expérimentés qui sont du Nord et qui y ont beaucoup travaillé pour notre présence là-bas.

Le parti est né sous la Transition, dans un contexte où les partis politiques sont au plus bas dans l’opinion nationale. Comment comptez-vous vous démarquer des partis traditionnels et classiques que le Mali connait jusque-là ?

D’abord, notre finalité, notre vocation et nos objectifs sont très différents. Jeka Baara, est un parti travailliste. Personnellement, au Mali je ne connais pas un seul parti travailliste. Nous sommes également un parti du Mali Kura. Vous savez, à chaque étape de la vie d’une nation où il y a des grands changements, il faut un changement politique. En 1992, les partis qui ont vu le jour, avaient tous cette connotation « démocratie ». Et c’est grâce à eux que nous avons la démocratie aujourd’hui et ce sont eux qui ont dirigé les affaires pendant plusieurs années parce que c’était la volonté populaire à cette époque. Mais aujourd’hui, c’est difficile pour un parti qui se bat pour la démocratie d’avoir sa place dans le Mali Kura. Le Mali Kura a des objectifs et il faut un parti qui réponde à ses objectifs : le développement, l’économie, le nouveau type de malien et d’autres valeurs. Il faut un parti qui incarne ces valeurs. Les acteurs de 1992 ont fait ce qu’ils pouvaient faire. Pour moi, leur objectif est atteint : la démocratie est là.

Quelles sont vos perspectives en lien avec les élections à venir ?

Nous allons participer aux élections parce que comme tout parti politique, nous sommes créés pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Notre parti est prêt à choisir tout Malien qui peut mettre le Mali au travail pour porter nos couleurs aux élections, que ce soit la présidentielle, les législatives ou les communales.

La relecture de la Charte des partis politiques est en cours. Quelles sont vos principales propositions ?

Nous avons une préoccupation principale. En 1991, Moussa Traoré a été combattu à cause du parti unique. On ne peut pas combattre pour le multipartisme et une trentaine d’années plus tard penser que les partis politiques sont débordés et qu’il faut diminuer leur nombre. Il y a une contradiction avec laquelle nous ne sommes pas d’accord. Pour nous, un parti a des critères et il faudra éliminer ceux qui ne les respectent pas. Mais on ne doit pas interdire aux Maliens de créer de nouveaux partis. Le monde change et de nouvelles générations vont venir avec de nouvelles perspectives. On ne doit pas les freiner. Quant au financement des partis politiques, nous pensons qu’on ne doit rien donner aux partis politiques pendant cette transition. Les ressources du pays sont actuellement limitées.

Le MJB soutient les nouvelles taxes controversées du gouvernement de transition. Quel est votre message à l’endroit des Maliens qui s’y opposent ?

Aucun sacrifice n’est de trop pour ce pays. Quand on parle de gouvernement, il faut des ressources financières. C’est par les taxes que l’Etat rassemble ces ressources. Aujourd’hui si le gouvernement se tourne vers nous, je pense que nous devons être fiers de donner pour contribuer au développement de notre pays. Nous demandons à tous les Maliens d’investir sur le Mali. Les pays développés ont plus de taxes que nous et ils arrivent à gérer. Si nous voulons atteindre leur niveau, nous sommes obligés de payer des taxes. Pour moi, le gouvernement n’a volé personne, il nous demande un accompagnement. Payer ces taxes, c’est participer au développement du Mali.

Un message à l’endroit des Maliens ?

Je demande aux Maliens de se mettre ensemble. A Jeka Baara, notre vocation c’est mettre les maliens ensembles pour travailler. Il faut que nous nous acceptions parce que c’est quand on est ensemble que nous pouvons éviter beaucoup de conflits. Quoi qu’il arrive , nous sommes tous des fils et filles de ce pays. Nous devons mettre le Mali au-dessus de tout.

Propos recueillis par Mohamed Kenouvi