Crise bancaire : Les banques suspendent les garanties aux entités publiques et parapubliques

Le secteur bancaire malien est en pleine turbulence après l’arrestation de plusieurs employés d’Ecobank Mali, accusés de malversations liées aux garanties bancaires. En réaction, le Syndicat National des Banques, Assurances, Établissements Financiers et Commerces (SYNABEF), appuyé par l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers (APBEF), a décidé de suspendre immédiatement le transfert des garanties bancaires aux entités publiques et parapubliques, notamment Énergie du Mali (EDM-SA).

Cette décision, officialisée dans un communiqué daté du 8 mars 2025, risque d’avoir des répercussions majeures sur l’économie nationale et l’approvisionnement en électricité, EDM-SA étant le principal fournisseur énergétique du pays.
La crise a éclaté suite à la mise sous mandat de dépôt de plusieurs employés d’Ecobank Mali, accusés de malversations liées à la transmission de garanties bancaires via le système SWIFT. Selon le communiqué du SYNABEF, ces garanties auraient été émises « en toute conformité avec la réglementation bancaire et les procédures d’Ecobank », une affirmation soutenue par la Direction générale de la banque, le Groupe Ecobank et l’APBEF.
Le syndicat considère ces arrestations comme une atteinte aux droits des travailleurs du secteur bancaire et une ingérence injustifiée dans des opérations qu’il estime légitimes. Cette position a conduit à une mobilisation massive du personnel bancaire.
Actions décidées par le SYNABEF
Face à cette situation, le SYNABEF a décidé de durcir le ton en annonçant plusieurs mesures immédiates :
Organisation d’un sit-in national dans toutes les banques du pays, y compris agences et sièges, du 10 au 12 mars 2025, de 08h00 à 10h00 chaque jour.
Suspension immédiate de tout transfert des garanties aux entités publiques et parapubliques, notamment EDM-SA, jusqu’à nouvel ordre.
La suspension des garanties bancaires pourrait avoir un impact significatif sur le fonctionnement des entités publiques. EDM-SA, qui dépend largement des garanties bancaires pour financer ses opérations (notamment l’achat de carburant pour ses centrales thermiques), pourrait rencontrer de sérieuses difficultés dans l’approvisionnement en électricité.
Ce blocage pourrait également affecter d’autres secteurs essentiels, comme les infrastructures, la santé et l’éducation, qui nécessitent des financements garantis par le système bancaire.
Cette crise révèle des tensions croissantes entre le secteur bancaire et les autorités judiciaires maliennes. L’intervention directe de la justice dans des transactions bancaires jugées conformes par les professionnels du secteur soulève des préoccupations quant à la stabilité du climat des affaires au Mali.
Des observateurs économiques appellent à une résolution rapide de la crise afin d’éviter une déstabilisation du secteur financier, qui pourrait avoir des répercussions plus larges sur l’économie nationale.
Le gouvernement et les institutions concernées devront rapidement clarifier la situation pour rétablir la confiance entre les banques, les autorités judiciaires et les acteurs économiques, tout en assurant le bon fonctionnement des services publics essentiels.

Terrorisme en 2025 : Le Mali, 4ᵉ pays le plus touché au monde selon le Global Terrorism Index  

L’Institute for Economics and Peace (IEP) a publié, le 5 mars dernier, le Global Terrorism Index (GTI) 2025, qui analyse l’impact du terrorisme dans le monde pour l’année 2024. Ce rapport révèle que le Mali est désormais le quatrième pays le plus touché par le terrorisme, derrière le Burkina Faso, le Pakistan et la Syrie, et devant le Niger, le Nigeria et la Somalie.

L’étude, qui mesure l’impact du terrorisme à travers des indicateurs tels que le nombre d’attaques, de morts, de blessés et de destructions matérielles, confirme que le Sahel central est aujourd’hui l’épicentre mondial du terrorisme.
Avec un score de 7,907, le Mali a enregistré une recrudescence des attaques en 2024. Selon le rapport, plus de 1 000 à 1 200 personnes ont été tuées au cours de l’année, principalement dans les régions de Mopti, Gao, Tombouctou, Ségou et Ménaka, où les groupes armés terroristes ont multiplié les offensives. Le rapport souligne que l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) a particulièrement consolidé son emprise, occupant certaines localités stratégiques comme Tidermène en avril 2023. Le Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM) ou GSIM, affilié à Al-Qaïda, continue également de mener des attaques coordonnées, notamment dans les régions de Mopti et de Gao, ciblant aussi bien les populations civiles que les forces armées maliennes. Les affrontements entre les groupes terroristes et l’armée, ainsi que les attaques contre les populations civiles, ont aggravé la situation humanitaire, entraînant des déplacements massifs de populations.
Le Burkina Faso, avec un score de 8,581, est le pays le plus touché par le terrorisme dans le monde en 2024. Le rapport indique que le pays a subi plus de 1 500 décès liés au terrorisme, principalement causés par le GSIM et l’EIGS, qui contrôlent désormais de vastes portions du territoire. Des attaques de grande ampleur, comme celles de Seytenga qui avait fait plus de 100 morts, se sont poursuivies en 2024, touchant particulièrement les régions du Sahel, du Nord et de l’Est. L’armée burkinabè, malgré des offensives contre les groupes armés, peine à stabiliser la situation.
Le Niger, avec un score de 7,776, occupe la cinquième place mondiale. Le pays a enregistré environ 900 à 1 000 morts en 2024, particulièrement dans les régions de Tillabéri et Diffa, où sévissent respectivement l’EIGS et Boko Haram. L’une des attaques les plus marquantes a eu lieu le 21 mars 2024, lorsqu’une embuscade contre un convoi militaire dans la région de Tillabéri a causé la mort de 23 soldats nigériens. Malgré des efforts militaires et des coopérations régionales, la menace djihadiste demeure forte dans le pays.
Le rapport révèle aussi les tendances mondiales du terrorisme. Le Pakistan, qui a enregistré une augmentation de 45 % des décès liés au terrorisme, devient le deuxième pays le plus touché, avec un score de 8,374. La Syrie, toujours en proie à une guerre civile prolongée, occupe la troisième place, avec un score de 8,006. Le Nigeria, qui fait face aux violences de Boko Haram et de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest, est classé sixième, avec 565 décès terroristes recensés en 2024.
Par rapport au classement de 2023, on observe une aggravation de la situation au Sahel. Le Burkina Faso, qui était deuxième en 2023, est désormais le pays le plus touché. Le Mali a progressé du sixième au quatrième rang, enregistrant une augmentation du nombre d’attaques et de victimes. Le Niger, qui était septième, est désormais cinquième, confirmant l’intensification de l’insécurité dans la région. En revanche, l’Afghanistan, qui était historiquement l’un des pays les plus touchés, a vu une diminution de l’impact du terrorisme, notamment après le retrait des forces étrangères et la consolidation du pouvoir des Talibans.
L’édition 2025 du Global Terrorism Index met en évidence l’ancrage durable du terrorisme au Sahel central, qui représente désormais plus de 50 % des morts liés au terrorisme dans le monde. La montée en puissance de l’EIGS et du JNIM, la faiblesse des États face à ces menaces malgré les efforts consentis et la prolifération des conflits intercommunautaires exacerbent la crise. Le rapport insiste sur l’urgence d’une réponse coordonée au niveau régional, associant une approche militaire et une politique de stabilisation économique pour contrer cette dynamique destructrice.

Côte d’Ivoire : Un ex-chef de la police antidrogue condamné pour détournement de cocaïne

La Côte d’Ivoire est secouée par une affaire retentissante impliquant des hauts responsables des forces de l’ordre dans des affaires de trafic de drogue. Le 5 mars 2025, l’ancien chef de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan, Armand Agnin Angbonon, a été condamné à cinq ans de prison ferme pour le détournement de 200 kg de cocaïne issus d’une saisie record. Ce verdict met en évidence l’infiltration du narcotrafic dans l’appareil sécuritaire ivoirien.

L’affaire remonte au février 2021, lorsque les autorités ivoiriennes avaient indiqué avoir frappé un grand coup contre le narcotrafic en interceptant une cargaison impressionnante de 1,56 tonne de cocaïne brute, estimée à 25,56 milliards de francs CFA, soit environ 38,9 millions d’euros. Cette opération, considérée comme une avancée majeure dans la lutte contre le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, avait révélé l’ampleur des flux de stupéfiants transitant par la Côte d’Ivoire.
Toutefois, une enquête approfondie a révélé qu’une partie de cette drogue, précisément 200 kg, avait mystérieusement disparu avant sa destruction officielle. C’est ainsi que l’ancien chef de la cellule antidrogue du port, Armand Agnin Angbonon, s’est retrouvé au cœur du scandale. Il a été accusé d’avoir orchestré le détournement de cette quantité importante de cocaïne en complicité avec des réseaux criminels. Lors de son procès, il a nié toute implication, mais les preuves réunies par le pôle pénal économique et financier ont conduit à sa condamnation.
Cette affaire a mis en exergue l’existence de complicités internes et la difficulté de lutter efficacement contre les trafics illicites lorsque ceux qui sont censés les combattre en sont eux-mêmes acteurs.
L’affaire de la cellule antidrogue du port autonome d’Abidjan n’est pas un cas isolé. En mai 2022, un autre scandale éclatait, impliquant cette fois le commissaire Karamoko Dosso, chef de la police criminelle de San-Pedro. Ce dernier a été arrêté pour complicité avec un réseau international de trafic de cocaïne dirigé par Miguel Angel Devesa Mera, un ressortissant espagnol.
Les investigations ont révélé que San-Pedro, port clé de la façade atlantique de la Côte d’Ivoire, était devenu une plaque tournante du trafic de drogue à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Après plusieurs mois de procès, le 7 mai 2024, le tribunal du pôle pénal économique et financier d’Abidjan a condamné treize personnes, dont le commissaire Karamoko Dosso et Miguel Angel Devesa Mera, à dix ans de prison pour leur rôle dans cette organisation criminelle. Cette affaire a mis en évidence l’ampleur du narcotrafic et les ramifications qu’il entretient jusque dans les sphères les plus hautes des forces de l’ordre.
Ces affaires récentes s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte contre le narcotrafic en Côte d’Ivoire. Grâce à sa position géographique stratégique, le pays est devenu un point de transit majeur pour la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et destinée à l’Europe.
Les chiffres des saisies de drogue réalisées par les autorités ivoiriennes au cours des dernières années sont édifiants. Entre 2021 et 2022, plus de deux tonnes de cocaïne ont été interceptées sur le territoire national. Par ailleurs, plus de dix-sept tonnes de cannabis ont été saisies, ce qui témoigne d’un commerce de stupéfiants florissant et structuré. Dans le même temps, plus de 750 tonnes de médicaments de qualité inférieure et falsifiés (MQIF) ont été retirées du marché, mettant en lumière l’ampleur du trafic de substances illicites et leur impact sur la santé publique.
Malgré ces efforts, l’implication de hauts responsables des forces de l’ordre rend la lutte contre ces trafics particulièrement ardue.
Ces affaires révèlent la profondeur de l’infiltration du narcotrafic au sein des institutions censées le combattre. Elles soulignent la nécessité d’une réforme urgente au sein des forces de l’ordre, notamment par un renforcement des mécanismes de contrôle interne et une meilleure coopération avec les organisations internationales de lutte contre la drogue.
Les observateurs estiment que la Côte d’Ivoire doit renforcer ses dispositifs judiciaires et sécuritaires pour éviter que de tels scandales ne se reproduisent. La transparence et la rigueur dans l’application des peines seront des éléments clés pour restaurer la confiance des citoyens dans leur système de sécurité.
Ces condamnations récentes démontrent que la justice ivoirienne semble déterminée à s’attaquer aux narcotrafiquants, même lorsqu’ils se cachent sous l’uniforme.

Opérations humanitaires en 2024 : Bilan du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge au Mali  

Le mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge au Mali, qui inclut la Croix-Rouge malienne, le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération Internationale, a présenté le bilan de ses activités de l’année 2024 lors d’un café de presse à Bamako, le 4 mars 2025.

Conformément à son mandat, le CICR a continué en 2024 sa mission humanitaire dédiée à la protection et à l’assistance des victimes de conflits armés.
Dans le domaine de la santé, il a permis la prise en charge de 31 214 patients, y compris 12 397 blessés, grâce à ses équipes médicales et chirurgicales, ainsi qu’à la fourniture d’équipements, de médicaments, de primes et de consommables.
Par ailleurs, 996 personnes, dont 88 femmes et 610 porteurs d’armes, ont été formées aux premiers secours par le CICR.
En 2024, le soutien du CICR au Centre national d’appareillage orthopédique du Mali (CNAOM) et à ses trois antennes régionales de Mopti, Tombouctou et Gao a permis l’appareillage orthopédique de 1 246 patients, dont 1 079 entièrement pris en charge par le CICR, pour un total de 15 224 consultations.
Des milliers de bénéficiaires
Sur le volet d’appui à la production agricole et à l’élevage, la résilience et l’auto-suffisance, 81 666 ménages, soit 489 996 personnes, ont été assistés par les programmes du CICR en 2024.
L’organisation humanitaire a également favorisé l’accès à l’eau pour 225 000 personnes à travers la réhabilitation de systèmes d’approvisionnement en eau dans les localités rurales ou urbaines.
En ce qui concerne les personnes privées de liberté, le CICR a effectué en 2024, 110 visites dans 16 lieux de détention à travers le pays. En plus de s’assurer que les conditions de détention et le traitement des détenus soient conformes aux lois maliennes et aux standards internationaux, l’organisation offre également, lors de ces visites, la possibilité aux détenus de contacter leurs familles à travers son programme de rétablissement des liens familiaux.
Ainsi, l’année écoulée, en partenariat avec la Croix-Rouge malienne, le CICR a facilité 18 849 appels téléphoniques, l’échange de 431 messages Croix-Rouge, la réunification de 12 familles et a ouvert 336 nouvelles demandes de recherche, dont 205 ont été résolues.
En outre, concernant la promotion du droit des conflits et des principes humanitaires, le CICR a organisé en 2024, 141 séances de sensibilisation qui ont touché près de 16 095 personnes, dont environ 13 095 porteurs d’armes.
Engagement continu malgré les défis
Selon Emmanuel Lippolis, Chef des programmes du CICR au Mali, les objectifs fixés en 2024 ont été atteints et même dépassés. Toutefois, le CICR fait face à des défis d’accès aux communautés en raison de la situation sécuritaire.
« Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où il est malheureusement difficile pour nos équipes de se rendre sur tous les théâtres de combat pour porter assistance aux victimes des conflits armés. Avec les drones en action et les terrains minés, le dialogue avec certains groupes est réduit », confie-t-il.
Pour autant, le CICR entend continuer ses activités en 2025, même s’il pourrait être confronté à un manque de financement en raison de la suspension de l’aide américaine décidée récemment.
« Nous allons continuer dans l’engagement. Nos zones d’intervention peuvent changer en fonction des analyses et nous allons aussi beaucoup travailler sur le renforcement de nos partenariats », a indiqué M. Lippolis.
À l’instar du CICR, la Croix-Rouge malienne a également présenté le bilan de ses activités en 2024 à travers le pays. Ces interventions se sont diversifiées dans plusieurs domaines tels que la santé et le bien-être, la protection, la sécurité alimentaire, l’environnement et le cadre de vie.
Bien qu’ayant touché des millions de personnes dans le besoin, la Croix-Rouge malienne fait face à plusieurs défis, notamment l’instabilité sécuritaire, la limitation des financements et le manque de personnel.
« Aujourd’hui, il n’y a pas une région qui n’est pas affectée par l’insécurité. Quand vous voyez des attaques sur l’axe Kati-Kita, Bamako-Sikasso, vous réalisez que la situation n’est pas en train de s’améliorer », a déploré Nouhoum Maiga, Secrétaire général de la Croix-Rouge malienne.
Cependant, tout comme le CICR, la Croix-Rouge malienne entend poursuivre en 2025 ses activités sur toute l’étendue du territoire national. Lancé en décembre dernier, son plan de réponse humanitaire 2025 a déjà récolté en quatre mois plus de 2 milliards FCFA, soit 40 % du financement total requis.
Mohamed Kenouvi

L’Europe face à son destin : Un sommet décisif pour la défense et l’Ukraine  

Les dirigeants de l’Union européenne se sont réunis, le jeudi 6 mars 2025, à Bruxelles pour un sommet extraordinaire consacré à la défense et au soutien à l’Ukraine. Cette rencontre intervient alors que les États-Unis menacent de réduire leur présence militaire sur le continent, tandis que le président Donald Trump et son vice-président J.D. Vance durcissent leur position face à Volodymyr Zelensky.

Le sommet s’est conclu par l’adoption d’un plan de 800 milliards d’euros destiné à renforcer les capacités militaires de l’Europe. Porté par la Commission européenne et défendu par Ursula von der Leyen, ce programme vise à moderniser l’industrie de défense, accroître la production d’armements, renforcer les infrastructures militaires en Europe de l’Est et réduire la dépendance des États européens aux États-Unis. L’emprunt commun de 150 milliards d’euros, l’utilisation de fonds de cohésion et l’assouplissement des règles budgétaires figurent parmi les principaux leviers financiers envisagés pour le mettre en œuvre.
Les tensions entre l’Europe et les États-Unis se sont accentuées après une réunion houleuse entre Trump, Vance et Zelensky à la Maison-Blanche le 28 février 2025. Selon plusieurs sources diplomatiques, Trump et son vice-président ont critiqué Zelensky, l’accusant de ne pas suffisamment s’engager pour négocier avec la Russie. Le président américain a affirmé que l’aide militaire américaine à l’Ukraine ne se justifiait plus et a laissé entendre que les États-Unis pourraient suspendre tout soutien militaire à Kiev. Le ton est monté lorsque Zelensky a rétorqué que l’Ukraine défendait non seulement son territoire, mais aussi les valeurs occidentales face à la menace russe. La réunion s’est terminée sans accord, marquant une rupture nette entre Washington et Kiev.
Cette confrontation a immédiatement suscité des réactions en Europe. Le Royaume-Uni a réaffirmé son soutien à l’Ukraine par la voix du Premier ministre Keir Starmer, qui a reçu Zelensky à Londres le 1er mars. Plusieurs dirigeants européens ont dénoncé l’attitude de l’administration américaine, soulignant que l’abandon de l’Ukraine risquait de mettre en péril la stabilité du continent.
Les incertitudes sur l’engagement des États-Unis ne se limitent pas à l’Ukraine. Trump a de nouveau évoqué un possible désengagement des États-Unis de l’OTAN, une hypothèse qui inquiète profondément les alliés européens. L’armée américaine compte actuellement près de 100 000 soldats en Europe, dont 35 000 en Allemagne, 12 000 en Italie, 10 000 en Pologne et 8 000 dans les pays baltes et en Roumanie. Une réduction massive de ces troupes affaiblirait considérablement le dispositif de dissuasion face à la Russie et obligerait l’Europe à compenser rapidement ce retrait.
Lors du sommet, plusieurs chefs d’État européens ont insisté sur la nécessité pour l’Europe de se doter de capacités de défense autonomes. Le président français Emmanuel Macron a réitéré son appel à une force de dissuasion nucléaire européenne, une proposition qui divise les États membres, notamment l’Allemagne, encore attachée au parapluie nucléaire américain. Le chancelier Olaf Scholz a toutefois reconnu que le contexte international imposait une réflexion approfondie sur l’avenir de la sécurité en Europe.
Les chiffres actuels illustrent l’ampleur du défi. Le budget militaire cumulé des pays de l’Union européenne s’élève à environ 240 milliards d’euros par an, loin derrière les 880 milliards de dollars du Pentagone. La Russie, pour sa part, consacre environ 120 milliards de dollars à sa défense. Si l’Europe veut combler son retard et compenser un éventuel retrait américain, elle devra rapidement augmenter son effort financier et renforcer la coopération entre ses États membres.
La question de l’avenir de l’OTAN demeure en suspens. Lors de son discours du 4 mars 2025, Trump a affirmé que les États-Unis n’avaient plus vocation à assumer seuls la protection de l’Europe et a demandé aux membres de l’Alliance d’augmenter leur contribution financière. Les déclarations du président américain laissent planer l’incertitude sur l’engagement des États-Unis en cas de crise majeure impliquant la Russie.
Le sommet du 6 mars marque un tournant pour l’Europe. Confrontée aux tensions entre Washington et Kiev, à la menace d’un désengagement américain et à la pression croissante de Moscou, l’Union européenne se voit contrainte d’accélérer la construction d’une défense autonome. La mise en œuvre du plan de réarmement européen sera un test décisif pour l’avenir de la sécurité du continent.

Suspension imminente du service AMO dans les officines et laboratoires privés : Un bras de fer aux lourdes conséquences  

Le SYNAPPO et le SYNAPHARM, syndicats représentant les pharmaciens et les laboratoires d’analyses biomédicales privés, menacent de suspendre leurs prestations au titre de l’Assurance Maladie Obligatoire à compter du 20 mars 2025. Cette décision fait suite à des retards de paiement répétés des factures dues par l’État, mettant en péril la survie financière des structures concernées.

L’Assurance Maladie Obligatoire, instaurée en 2009 par la loi n°09-015 du 26 juin, a été mise en place pour garantir l’accès aux soins des travailleurs du secteur public et privé, ainsi que des retraités relevant des régimes de sécurité sociale. Son fonctionnement repose sur une gestion partagée entre plusieurs institutions. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM) est l’organe central, mais elle délègue certaines responsabilités à l’Institut National de Prévoyance Sociale (INPS) et à la Caisse Malienne de Sécurité Sociale (CMSS), en fonction des catégories d’assurés.
Selon les conventions en vigueur, les délais de paiement des prestations sont fixés à quinze jours pour les pharmacies et à trente jours pour les laboratoires d’analyses biomédicales, à compter de la date de dépôt des factures. Mais sur le terrain, ces délais ne sont pas respectés. Les syndicats dénoncent des retards accumulés sur plusieurs mois et affirment avoir entrepris des démarches répétées pour obtenir un règlement sans succès. De nombreux promoteurs de pharmacies et de laboratoires expriment leur détresse face à cette situation qui menace la viabilité de leurs structures.
Si la suspension entre en vigueur, les assurés de l’AMO devront avancer eux-mêmes les frais de leurs médicaments et analyses biomédicales dans le secteur privé. Cette rupture risque d’avoir des conséquences graves sur l’accès aux soins. Les personnes aux revenus modestes pourraient se retrouver dans l’incapacité d’assumer ces coûts, tandis que les structures publiques, déjà sous pression, risquent de faire face à un afflux important de patients. Un climat de mécontentement pourrait également s’installer parmi la population, renforçant les tensions sociales autour de la gestion du système de couverture médicale.
À ce stade, aucune donnée officielle ne permet de mesurer précisément l’ampleur des impayés, mais des sources internes aux syndicats évoquent plusieurs centaines de millions de francs CFA d’arriérés. Les professionnels du secteur exigent un règlement immédiat des sommes dues avant la date butoir du 20 mars. La balle est désormais dans le camp des autorités, qui devront apporter une réponse rapide pour éviter une crise sanitaire et sociale d’ampleur.

Crise des cantines scolaires : Une menace pour l’éducation et la sécurité alimentaire

Depuis octobre 2024, la suspension temporaire des repas scolaires dans 400 écoles des régions nord et centre du pays a directement affecté 112 000 élèves, dont une majorité de filles. Cette interruption concerne 60 % des établissements bénéficiant du soutien du Centre national des cantines scolaires (CNCS) et du Programme alimentaire mondial (PAM).

Les responsables de ces programmes expliquent cette situation par des contraintes financières et logistiques qui entravent leur capacité à fournir des repas aux élèves. Afin de maintenir les cantines ouvertes et de garantir la continuité de l’alimentation scolaire, ils lancent un appel urgent pour un financement de 17,3 millions de dollars américains.
L’arrêt des repas scolaires menace les avancées réalisées en matière d’éducation, de sécurité alimentaire et de stabilité sociale. De plus, il accentue la vulnérabilité des populations déjà confrontées à une insécurité alimentaire croissante. Avant cette suspension, environ 200 000 élèves, notamment ceux issus des régions en proie aux conflits, bénéficiaient d’une alimentation scolaire qui avait permis d’atteindre un taux de rétention de 98 % dans 700 établissements.
Selon les estimations, 2,3 millions de personnes nécessitent actuellement une assistance alimentaire et nutritionnelle. Ibrahima Diallo, directeur adjoint du PAM, insiste sur l’importance de garantir l’accès des enfants à la nourriture et à l’éducation afin de leur offrir de meilleures perspectives d’avenir.
Par ailleurs, cette crise alimentaire s’inscrit dans un contexte plus large marqué par des défis sécuritaires et économiques majeurs. Des conflits persistants et une situation économique dégradée compliquent davantage la mise en œuvre des politiques de soutien aux populations vulnérables.
L’interruption des repas scolaires pourrait avoir des répercussions durables, compromettant l’accès des enfants à une éducation stable et aggravant la précarité alimentaire. Face à cette urgence, le CNCS et le PAM rappellent que des ressources financières sont indispensables pour assurer la continuité des cantines scolaires et préserver les acquis en matière de scolarisation et de nutrition.

Lancement du processus budgétaire 2026 : Une étape importante pour la gestion des finances publiques

Le ministère de l’Économie et des Finances du Mali a officiellement lancé les travaux du processus budgétaire pour l’année 2026. Cet événement, présidé par le ministre Alousséni Sanou, s’est déroulé, le 27 février 2025, à l’hôtel GRANADA l’Amitié en présence de plusieurs acteurs institutionnels et partenaires techniques et financiers.

Dans son discours d’ouverture, le ministre a mis en avant la résilience de l’économie malienne malgré les défis sécuritaires et géopolitiques. Le pays affiche des perspectives de croissance encourageantes, avec un PIB estimé à 5,9 % en 2025 et une prévision de 6,1 % en 2026. Cette dynamique positive s’explique notamment par une amélioration de la mobilisation des ressources internes et une gestion budgétaire plus rigoureuse.
Le taux de pression fiscale, qui est un indicateur clé des finances publiques, est passé de 14,8 % à 16,2 %, traduisant une meilleure collecte des recettes fiscales. Parallèlement, la masse salariale en proportion des recettes fiscales a diminué de 51,1 % à 45,4 %, reflétant une gestion plus efficiente des dépenses publiques.
Si l’inflation a connu un pic en 2022, principalement en raison de la hausse des prix des hydrocarbures et des sanctions économiques imposées à l’époque, elle est depuis maîtrisée, respectant le seuil de 3 % fixé par l’UEMOA. Cette stabilisation contribue à renforcer la confiance des investisseurs et à assurer un climat économique plus favorable.
Un cadre stratégique pour 2026
Le Directeur Général du Budget, Ahmadou Tijani Haïdara, a souligné que ce processus budgétaire s’inscrit dans un contexte de réorientation stratégique. Avec la sortie du Mali de la CEDEAO et son alignement sur l’Alliance des États du Sahel (AES), l’accent est mis sur une autonomie renforcée et un rééquilibrage des partenariats économiques.
Les priorités budgétaires pour 2026 prennent en compte les aléas climatiques, la volatilité des matières premières et les fluctuations des taux de change. L’objectif principal demeure la soutenabilité des finances publiques tout en assurant le financement des secteurs clés comme l’éducation, la santé et les infrastructures.
L’événement s’est tenu dans un cadre formel et protocolaire. Tous les participants ont été invités à respecter la ponctualité stricte, l’accès à la salle étant interdit après l’arrivée du ministre. Cette rigueur organisationnelle illustre la volonté du gouvernement de structurer efficacement les échanges et d’assurer une prise de décisions rapide et cohérente.
Le lancement du processus budgétaire 2026 marque une étape importante dans la gestion des finances publiques du Mali. Il traduit l’engagement du gouvernement à renforcer la transparence budgétaire, améliorer la mobilisation des ressources internes et assurer un cadre macroéconomique stable.
Avec des perspectives économiques positives, une croissance en hausse et une meilleure maîtrise des finances publiques, le Mali poursuit sa trajectoire vers une gestion budgétaire plus efficiente et durable.

FESPACO 2025 : Le Burkina Faso triomphe avec l’Étalon d’or de Yennenga

La 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est déroulée du 22 février au 1ᵉʳ mars 2025, réunissant des cinéastes, critiques et passionnés de cinéma venus de tout le continent et d’ailleurs. Considéré comme le plus grand événement cinématographique africain, le festival a dévoilé la richesse et la diversité du cinéma africain.

Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a remporté l’Étalon d’or de Yennenga, la récompense la plus prestigieuse du festival, avec son film « Katanga, la danse des scorpions ». Ce long-métrage, tourné en langue mooré, met en avant les complexités du pouvoir et la richesse des traditions africaines. Ce sacre marque un retour triomphal du Burkina Faso au sommet du cinéma africain, 28 ans après la dernière victoire d’un Burkinabè dans cette catégorie.
Les autres lauréats du palmarès
L’Étalon d’argent de Yennenga a été attribué au réalisateur somalien Mo Harawe pour son film « The Village Next to Paradise ». Quant à l’Étalon de bronze de Yennenga il a été décerné à la réalisatrice zambienne Rungano Nyoni pour son film « On Becoming a Guinea Fowl », un drame familial surréaliste qui explore les secrets et tensions d’une famille zambienne.
Une forte participation du Mali
Le Mali a marqué cette édition du FESPACO en présentant 11 films en compétition. Ainsi, le prix de l’UEMOA (Long métrage documentaire) a été décerné au malien Fousseyni Maiga pour « Fatow / Les fous ». S’y ajoute « Klema, saison sèche » de Boubacar Gakou Touré, qui a reçu une mention spéciale dans la section Perspectives, témoignant de la vitalité du cinéma malien sur la scène africaine.
Un hommage à Souleymane Cissé
Le festival a également été marqué par la disparition de Souleymane Cissé, grand cinéaste malien et pionnier du cinéma africain, décédé le 19 février 2025 à l’âge de 84 ans. Réalisateur de « Yeelen », qui avait remporté le Prix du Jury à Cannes en 1987, son œuvre a profondément marqué l’histoire du septième art africain. Un hommage spécial lui a été rendu lors du festival.
Un festival sous le signe de la diversité
Le thème de cette édition, « Cinéma d’Afrique et identités culturelles », a permis d’explorer les multiples facettes des réalités africaines à travers des films provenant de 53 pays. La programmation a offert un large éventail de genres et d’histoires, consolidant la place du FESPACO comme vitrine incontournable du cinéma africain.
Le succès de cette édition confirme le rôle central du FESPACO dans la promotion du cinéma africain. Malgré les défis de financement et de distribution, le dynamisme des réalisateurs africains témoigne d’un avenir prometteur pour l’industrie cinématographique du continent.
Cette édition du FESPACO restera gravée dans l’histoire, notamment par la victoire du Burkina Faso, l’hommage à Souleymane Cissé et la célébration de la diversité culturelle à travers le cinéma.

COP16 à Rome : De nouveaux engagements pour la biodiversité, l’Afrique réclame des financements concrets  

La 16ᵉ Conférence des Parties (COP16) sur la biodiversité s’est tenue à Rome du 25 au 27 février 2025, après l’échec des négociations à Cali, en Colombie, en novembre 2024. Cette session a permis de reprendre les discussions sur le financement et la mise en œuvre des objectifs adoptés en 2022 dans le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.

Les pays se sont accordés sur un objectif de 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer la protection des écosystèmes et des espèces menacées. Sur ce montant, les nations développées ont promis de verser 20 milliards de dollars dès 2025, avec une augmentation prévue à 30 milliards en 2030.
Un des points marquants de cette conférence a été la mise en place du « Fonds Cali », qui doit collecter des contributions des entreprises utilisant les ressources naturelles dans des secteurs comme la pharmaceutique, l’agroalimentaire et la cosmétique. L’idée est que ces industries participent financièrement aux efforts de conservation, au lieu de s’appuyer uniquement sur les financements publics.
L’Afrique demande des engagements plus concrets
Les représentants africains ont mis l’accent sur la difficulté d’accéder aux fonds internationaux pour la protection de la biodiversité. Actuellement, moins de 10 % des financements mondiaux pour la nature parviennent aux pays d’Afrique subsaharienne, alors que le continent abrite une part importante de la biodiversité mondiale.
Les discussions ont également porté sur la protection des terres et des océans, avec un objectif de 30 % des surfaces protégées d’ici 2030. Plusieurs pays africains ont insisté sur le fait que ces mesures ne peuvent être appliquées sans prendre en compte les besoins des populations locales, qui dépendent directement des forêts et des réserves naturelles pour leur subsistance.
Des annonces, mais des doutes sur leur mise en œuvre
L’accord final réaffirme des engagements déjà pris lors des précédentes conférences, mais plusieurs délégations ont exprimé des doutes sur la capacité des États à tenir leurs promesses financières. Beaucoup de fonds annoncés lors des COP précédentes restent difficiles à mobiliser sur le terrain.
Pour l’Afrique, la priorité est désormais de garantir que ces financements arrivent rapidement aux projets locaux et bénéficient directement aux communautés qui protègent et gèrent ces écosystèmes.

Insécurité :  Le convoi du ministre de l’Assainissement attaqué par des terroristes

Le jeudi 27 février 2025, au petit matin, le convoi du ministre malien de l’Assainissement a été pris pour cible par des terroristes sur la route reliant Kati à Soribougou. Cette embuscade a causé la mort d’au moins deux personnes, blessé dix autres et endommagé deux véhicules. Les autorités continuent de vérifier les informations pour établir un bilan définitif.

Cette attaque intervient peu de temps après celle du 13 février 2025, où le convoi du ministre de l’Enseignement supérieur, Bouréma Kansaye, a été visé près de Niéna, dans la région de Sikasso. Lors de cette précédente attaque, quatre gendarmes avaient été blessés, soulignant la persistance de la menace sécuritaire envers les représentants de l’État.
Les groupes terroristes, initialement actifs dans le nord et le centre du Mali, étendent désormais leurs opérations à d’autres régions, démontrant qu’aucune zone n’est épargnée. Cette situation met en évidence la nécessité pour les forces de sécurité de renforcer leurs efforts afin de contrer cette menace croissante.
L’attaque du convoi ministériel sur l’axe Kati-Soribougou s’inscrit dans cette tendance préoccupante, illustrant l’audace accrue des terroristes qui n’hésitent plus à frapper diverses régions du pays. Les autorités maliennes sont appelées à redoubler de vigilance pour protéger les représentants de l’État et la population civile face à cette menace persistante.

Aide américaine annulée : Les autorités de transition revendiquent leur souveraineté et recadrent Washington

Le Département de l’efficacité gouvernementale des États-Unis a annoncé, le 15 février 2025, l’annulation d’une subvention de 14 millions de dollars (environ 8,8 milliards de FCFA) destinée à soutenir la cohésion sociale au Mali. Cette décision a suscité une réaction immédiate du gouvernement malien.

Dans un communiqué daté du 24 février 2025, le ministère malien des Affaires étrangères a exprimé sa surprise face à cette annonce, affirmant que le Mali avait, depuis deux ans, choisi de ne pas signer l’« Accord quinquennal de Subvention d’Objectif de Développement » avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID). Cette décision visait à préserver la souveraineté nationale et à s’assurer que les priorités et procédures d’exécution locales soient respectées. De ce fait, plusieurs projets, y compris ceux liés à la cohésion sociale, avaient été suspendus bien avant l’annonce américaine.
Le gouvernement malien a également dénoncé l’utilisation détournée de l’aide publique au développement, accusant certaines subventions de financer des réseaux terroristes et de porter atteinte à la souveraineté des États. Dans ce contexte, Bamako a appelé les autorités américaines à engager des poursuites judiciaires contre les individus impliqués dans le détournement de ces fonds à des fins subversives.
Par ailleurs, le Mali a salué la nouvelle orientation des autorités américaines visant à assainir et humaniser leurs subventions, tout en insistant sur la nécessité d’une coopération basée sur le respect mutuel et l’alignement sur les priorités nationales.
Cette situation dévoile les tensions persistantes entre Bamako et Washington concernant l’utilisation et la gestion de l’aide internationale, chaque partie affirmant son engagement envers la stabilité et le développement, mais divergeant sur les modalités et le respect de la souveraineté nationale.

L’AES se dote d’un drapeau : un symbole fort pour l’unité et la souveraineté au Sahel

La Confédération des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a franchi une étape importante dans son processus d’intégration régionale avec la présentation officielle de son drapeau. Cet événement a eu lieu à Bamako les 22 et 23 février 2025, lors d’une réunion ministérielle cruciale consacrée aux enjeux de défense, de sécurité, de diplomatie et de développement.

Le dévoilement du drapeau de l’AES constitue un moment historique pour les trois pays engagés dans cette initiative souverainiste. Arborant un fond vert, il porte en son centre un logo symbolisant l’unité et la résilience des peuples sahéliens. La couleur verte, souvent associée à la prospérité et à l’espoir, reflète aussi la richesse naturelle et l’ambition des États membres de bâtir une économie forte et autonome.
Ce drapeau incarne l’engagement du Burkina Faso, du Mali et du Niger à renforcer leur coopération et à s’affranchir des contraintes géopolitiques extérieures. Il traduit leur volonté de consolider une intégration sous-régionale fondée sur des valeurs communes de solidarité et d’indépendance politique.
Au-delà de la présentation du drapeau, la réunion ministérielle de Bamako a été l’occasion pour les dirigeants des trois pays de faire le point sur les avancées de la Confédération et de coordonner leurs actions face aux défis sécuritaires et économiques.
L’un des sujets centraux des discussions a été la lutte contre le terrorisme, une menace persistante dans la région. Les représentants des ministères de la Défense et de la Sécurité ont salué les succès des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) des trois États, mettant en avant les résultats obtenus par la Force unifiée de l’AES, récemment mise en place pour assurer une meilleure coordination militaire.
Les ministres ont réaffirmé leur détermination à poursuivre cette coopération sécuritaire et à intensifier les efforts pour stabiliser la région. Ils ont rendu hommage aux soldats et aux populations victimes du conflit et ont insisté sur l’importance de renforcer les moyens militaires et logistiques pour faire face aux menaces.
L’AES veut parler d’une seule voix sur les dossiers internationaux. Les ministres ont insisté sur la nécessité de renforcer les consultations politiques et diplomatiques afin de mieux défendre les intérêts de la Confédération sur la scène africaine et mondiale.
Cette approche commune vise notamment à éviter l’isolement politique et à contrer les pressions extérieures. Elle s’inscrit dans une dynamique panafricaniste qui prône une souveraineté renforcée des États du Sahel et une coopération régionale indépendante des ingérences extérieures.
Développement économique : bâtir un avenir prospère
L’un des piliers fondamentaux de cette réunion a été la question du développement économique. Les discussions ont porté sur la mise en place de projets structurants destinés à accélérer la croissance des pays membres. Parmi les initiatives envisagées figurent la création d’une banque confédérale pour financer les grands projets d’infrastructure et d’investissement, ainsi que le lancement d’une compagnie aérienne régionale visant à améliorer la connectivité entre les trois États.
Les ministres ont également abordé les stratégies visant à renforcer les infrastructures, notamment dans les secteurs de l’énergie, des mines et des transports. L’objectif est de créer un environnement économique favorable au développement des entreprises locales et à l’essor de l’industrialisation dans la région.
AES et CEDEAO : vers une nouvelle ère de relations ?
Le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), acté le 28 janvier 2024, a marqué une rupture dans les relations sous-régionales. Lors de cette réunion ministérielle, les représentants des trois pays ont examiné les prochaines étapes du dialogue avec la CEDEAO.
Ils ont réaffirmé leur attachement aux valeurs de fraternité et de coopération avec les autres États de l’Afrique de l’Ouest, malgré les divergences politiques. L’AES entend mener des négociations avec la CEDEAO dans un esprit constructif, tout en préservant les intérêts de ses populations et en garantissant leur souveraineté politique et économique.
La réunion ministérielle de Bamako a permis de poser des bases solides pour l’avenir de l’AES. Elle a démontré la détermination des trois États membres à renforcer leur intégration et à consolider leur indépendance sur les plans politique, militaire et économique.
Le drapeau de la Confédération devient ainsi le symbole d’une nouvelle ère pour le Sahel, une ère marquée par la résilience, l’unité et l’ambition de bâtir une alliance régionale forte et prospère.

AfroBasket 2025 : Le Mali renverse le Soudan du Sud et se qualifie  

L’équipe nationale de basketball du Mali a réalisé une performance déterminante dans le cadre des qualifications pour l’AfroBasket 2025, qui se tiendra en Angola du 12 au 24 août 2025. Après une défaite contre la République Démocratique du Congo (RDC) le 21 février 2025 sur le score de 65 à 59, les Maliens ont su rebondir dès le lendemain en battant le Soudan du Sud 75 à 72 lors d’un match intense. Cette victoire permet au Mali de maintenir ses chances de qualification et de rester compétitif dans la course au tournoi continental.

Les éliminatoires de l’AfroBasket 2025 ont été un véritable test pour les Aigles du Mali. La défaite contre la RDC a été un coup dur, révélant certaines lacunes dans l’organisation défensive et l’efficacité offensive de l’équipe. Menés par des joueurs expérimentés évoluant en Europe et sur le continent africain, les Maliens ont montré une certaine combativité, mais leur manque de finition leur a coûté la victoire face à une équipe congolaise bien en place.
Cependant, dès le lendemain, le Mali a réussi à créer la surprise contre le Soudan du Sud, une équipe pourtant considérée comme l’une des plus prometteuses du continent. Grâce à une défense resserrée et une meilleure réussite aux tirs à trois points, les Aigles ont pu tenir tête aux Soudanais et arracher une victoire précieuse de 75 à 72.
Quelles perspectives pour la qualification du Mali ?
Avec un bilan de 2 victoires et 3 défaites, le Mali termine parmi les trois premières équipes de son groupe, ce qui lui assure une place pour la phase finale de l’AfroBasket 2025 en Angola. Cette qualification est une excellente nouvelle pour le basketball malien, qui cherche à retrouver son lustre d’antan sur la scène africaine.
Lors de la phase finale en Angola, le Mali devra redoubler d’efforts pour rivaliser avec des nations de premier plan comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou encore l’Angola, hôte du tournoi. Le travail tactique, la cohésion d’équipe et l’amélioration de l’adresse aux tirs seront des éléments clés pour espérer aller loin dans la compétition.
Cette qualification confirme la montée en puissance du basketball malien, qui a vu émerger plusieurs talents ces dernières années. La participation à l’AfroBasket 2025 sera une opportunité précieuse pour ces joueurs de se frotter aux meilleures équipes du continent, d’acquérir de l’expérience et, pourquoi pas, de créer la surprise.
Le Mali a montré qu’il pouvait rivaliser avec des nations solides et, avec une préparation optimale, il pourrait se positionner comme un outsider sérieux pour le tournoi en Angola. Il ne reste plus qu’à peaufiner les derniers ajustements pour que l’équipe nationale puisse représenter dignement le pays sur la scène africaine.

Transition : Choguel Maïga brise le silence 

La Maison de la Presse de Bamako, a servi de cadre, le 22 fevrier dernier, à la tenue d’une conférence de presse animée par l’ancien Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Une activité marquant sa première apparition publique depuis son limogeage en novembre 2024. Cette rencontre a été l’occasion pour lui de dresser un bilan détaillé de la Transition malienne, initiée en 2021 et de critiquer ouvertement la junte militaire au pouvoir.

Dr Maïga a débuté son allocution en rappelant les objectifs initiaux de la Transition, notamment le renforcement de la sécurité nationale, la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles, la promotion de la bonne gouvernance et la préparation d’élections crédibles. Il a souligné des avancées notables, telles que l’adoption d’une nouvelle Constitution instaurant la 4ᵉ République, la création de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et la reconquête de territoires auparavant contrôlés par des groupes armés, notamment Kidal et Ber. De plus, il a mis en exergue la fin de la présence des forces étrangères, comme la MINUSMA et Barkhane, affirmant que ces actions ont renforcé la souveraineté du Mali.
Cependant, l’ancien Premier ministre a exprimé de vives critiques à l’égard des autorités de la transition, accusant le général Assimi Goïta et son entourage d’avoir trahi les idéaux de la Transition. Il a dénoncé une marginalisation progressive du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) dans les prises de décisions, ainsi que son propre éloignement des affaires gouvernementales clés. Dr Maïga a également fustigé le report unilatéral des élections initialement prévues en mars 2024, sans consultation préalable, et a mis en garde contre une possible dérive autoritaire.
La conférence de presse a également été l’occasion pour Dr Maïga de revenir sur son limogeage en novembre 2024, qu’il considère comme l’aboutissement d’une série de manœuvres visant à l’écarter du pouvoir. Il a affirmé que cette éviction est le résultat de désaccords profonds avec les autorités concernant la direction de la Transition et a appelé à une mobilisation citoyenne pour préserver les acquis démocratiques et éviter un retour aux pratiques autocratiques du passé.
Dr Choguel Kokalla Maïga a réitéré son engagement envers le peuple malien et a exhorté les forces vives de la nation à rester vigilantes. Il a insisté sur la nécessité d’un dialogue inclusif pour assurer une transition pacifique et le retour à un ordre constitutionnel respectueux des aspirations du peuple.

4ᵉ Édition du Salon International sur la RSE à Bamako : Un engagement renforcé pour une responsabilité sociétale durable  

La capitale malienne a accueilli, les 20 et 21 février 2025, la 4ᵉ édition du Salon International sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), un rendez-vous incontournable pour les acteurs économiques et institutionnels engagés dans le développement durable et la citoyenneté d’entreprise. Organisé à l’Hôtel de l’Azalaï Hôtel Salam, cet événement a réuni des experts, des chefs d’entreprises, des organisations de la société civile et des représentants institutionnels pour débattre des enjeux liés à la RSE et à son intégration effective dans les stratégies d’entreprise.

La cérémonie d’ouverture a été présidée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, qui a rappelé l’importance des normes ISO et de la responsabilité sociétale des entreprises dans la transformation économique du Mali. Dans son allocution, il a affirmé se réjouir de la tenue de cette semaine de la réussite des normes ISO et de leur intégration dans les politiques publiques et les stratégies d’entreprise. Il a expliqué que le Mali a défini un nouveau modèle économique de développement fondé sur l’autosuffisance et l’utilisation des ressources locales.
Le ministre a mis en avant la nécessité pour les entreprises maliennes d’adopter les normes ISO afin de garantir la qualité et la compétitivité sur le marché international. Il a insisté sur le fait qu’aucune entreprise ne peut atteindre un certain niveau de production et de rentabilité sans s’engager dans une démarche RSE et sans adhérer aux normes de qualité internationales. Il a souligné que la transition écologique et économique était une réalité que les entreprises devaient prendre en compte en intégrant des pratiques responsables et durables dans leurs activités.
Le programme du salon a proposé des panels et ateliers sur des thématiques variées, notamment l’intégration de la RSE et des normes ISO, l’impact de ces normes sur la compétitivité et l’innovation, le rôle des entreprises face aux enjeux climatiques, ainsi que les aspects sociaux et de gouvernance. Les échanges ont permis de dresser un état des lieux des initiatives en cours et d’élaborer des recommandations pour encourager leur adoption par les entreprises maliennes et africaines.
Dans son discours, le ministre a rappelé les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de la RSE, soulignant que l’adhésion aux normes ISO et la mise en place de politiques RSE fortes permettent aux entreprises de structurer leur développement sur le long terme. Il a notamment évoqué les impacts du changement climatique sur l’économie malienne et appelé les entreprises à intégrer ces enjeux dans leur planification stratégique.
Le ministre a également mis l’accent sur la gouvernance des entreprises, insistant sur l’éthique, la déontologie et la responsabilisation de toutes les parties prenantes. La réussite de la RSE et des normes ISO repose sur la compétence et l’engagement du personnel, ainsi que sur une gouvernance efficace et structurée. Il a souligné que la responsabilisation des employés, des syndicats et des directions générales était cruciale pour assurer une mise en œuvre efficace des engagements RSE.
Plusieurs entreprises ont annoncé de nouveaux engagements en faveur de la durabilité, notamment en matière de réduction des émissions de carbone, d’inclusion sociale et de gouvernance éthique. Elles ont partagé des témoignages et expériences sur la manière dont elles intègrent progressivement les standards ISO et la RSE dans leurs stratégies d’entreprise.
Au terme de cet événement, les organisateurs et participants ont exprimé leur satisfaction quant à la qualité des discussions et aux engagements pris. Le succès de cette édition ouvre la voie à une cinquième rencontre encore plus ambitieuse, avec pour objectif de renforcer l’engagement des entreprises maliennes dans une démarche durable et responsable. Les perspectives qui se dessinent incluent une plus grande implication du secteur privé dans la structuration des politiques de développement économique et environnemental, ainsi qu’un accompagnement accru pour l’adoption des normes internationales.

Côte d’Ivoire : Port-Bouët redevient ivoirien, une page se tourne  

La France a officiellement rétrocédé la base militaire de Port-Bouët aux forces armées ivoiriennes, le 20 février 2025, marquant une étape significative dans les relations franco-ivoiriennes. Cette cérémonie, présidée par le Vice-Président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, en présence du ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, symbolise la fin d’une présence militaire française de plusieurs décennies en Côte d’Ivoire.

La base de Port-Bouët, située à l’entrée est d’Abidjan, a été établie en 1978, succédant au 4ᵉ Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa). Elle a abrité le 43ᵉ BIMa, unité héritière du 43ᵉ Régiment d’Infanterie Coloniale, jouant un rôle stratégique dans la coopération militaire entre la France et la Côte d’Ivoire. Durant la crise politico-militaire ivoirienne de 2002 à 2011, la base a servi de point d’appui pour les opérations françaises, notamment l’opération Licorne, visant à stabiliser le pays.
Les négociations pour la rétrocession de la base ont débuté en avril 2023, reflétant une volonté commune d’adapter la coopération militaire aux réalités contemporaines. Les discussions ont porté sur la réorganisation des forces françaises en Afrique et le renforcement des capacités des forces ivoiriennes. Aucune résistance majeure n’a été signalée, les deux parties s’accordant sur l’importance d’une transition harmonieuse. L’opinion publique ivoirienne a majoritairement accueilli favorablement cette décision, y voyant un pas vers une souveraineté renforcée.
Lors de son allocution du 31 décembre 2024, le Président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession imminente de la base militaire de Port-Bouët. Il a souligné que cette décision résultait de la modernisation continue des forces armées ivoiriennes et de la volonté de renforcer la souveraineté nationale. Pour honorer la mémoire du Général de Corps d’Armée Ouattara Thomas d’Aquin, premier chef d’état-major de l’armée ivoirienne, le Président a déclaré que le camp porterait désormais son nom.
Contrairement à la Côte d’Ivoire, plusieurs pays du Sahel ont opté pour une rupture plus abrupte avec la présence militaire française. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont exigé le retrait rapide des troupes françaises, souvent dans un contexte de tensions diplomatiques et de rapprochement avec d’autres partenaires. Le Tchad, en novembre 2024, a décidé de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugeant ces accords « obsolètes » et « surannés ». Cette décision a conduit à la rétrocession de la dernière base française au Tchad le 30 janvier 2025.
Le Sénégal, en novembre 2024, a également annoncé son intention de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire, devenant ainsi la première nation démocratiquement gouvernée de la région à demander le retrait français. Cette décision s’inscrit dans une volonté d’affirmer la souveraineté nationale et de redéfinir les relations avec les partenaires étrangers.
Malgré la rétrocession, la France maintient une présence militaire réduite en Côte d’Ivoire. Un détachement de 80 soldats français demeure sur place pour assurer des missions de formation et de conseil auprès des forces armées ivoiriennes. Cette coopération est prévue pour une durée indéterminée, avec des évaluations régulières pour adapter les besoins. Les coûts associés à cette collaboration sont partagés entre les deux nations, reflétant un partenariat équilibré.
La réorganisation de la présence militaire française en Afrique s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des partenariats stratégiques. Outre la Côte d’Ivoire, la France conserve des bases à Djibouti, où environ 1 500 soldats sont stationnés, jouant un rôle clé dans la surveillance maritime et la lutte contre la piraterie. Au Gabon, un contingent réduit est également présent. Face aux retraits successifs, la France explore de nouvelles stratégies pour maintenir son influence sécuritaire, notamment par le biais de coopérations renforcées avec des partenaires européens et africains.
Réactions des autres puissances mondiales
Les réajustements de la présence militaire française en Afrique ont suscité des réactions variées sur la scène internationale. Les États-Unis suivent de près ces évolutions, préoccupés par la montée en puissance d’autres acteurs sur le continent. La Côte d’Ivoire, tout en consolidant sa coopération avec la France, explore également des partenariats avec d’autres nations pour diversifier ses alliances stratégiques.
La rétrocession de la base de Port-Bouët symbolise une évolution majeure dans les relations franco-ivoiriennes, reflétant une volonté commune d’adapter leur partenariat aux défis contemporains. Cette transition, menée dans un esprit de concertation, contraste avec les dynamiques observées dans d’autres pays du Sahel, illustrant la singularité de la démarche ivoirienne.

Niger : Cinq ans de transition et amnistie réclamée  

Les Assises Nationales pour la Refondation du Niger se sont conclues le 20 février 2025, proposant une transition d’une durée minimale de cinq ans, potentiellement renouvelable. Cette recommandation vise à permettre au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tchiani, de restructurer les institutions politiques et sécuritaires du pays.

Parallèlement, les participants ont suggéré une amnistie pour les auteurs du coup d’État du 26 juillet 2023, qui avait renversé le président élu Mohamed Bazoum. Cette mesure inclurait également des grâces pour les militaires condamnés au cours des dix dernières années pour tentatives de déstabilisation.
Ces propositions interviennent dans un contexte où le Niger, aux côtés du Mali et du Burkina Faso, a officialisé son retrait de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) le 28 janvier 2025. Cette décision fait suite aux tensions avec l’organisation régionale, notamment après les sanctions imposées à la suite des coups d’État successifs dans ces pays. Le retrait de la CEDEAO est perçu par les autorités nigériennes comme une opportunité de mener à bien leur agenda de transition sans ingérence extérieure.
La durée prolongée de la transition et l’amnistie proposée suscitent des débats au sein de la communauté internationale et de la société civile nigérienne. Si certains estiment que ces mesures sont nécessaires pour assurer une stabilité durable et réformer en profondeur les institutions, d’autres craignent qu’elles n’entérinent la mainmise militaire sur le pouvoir et retardent le retour à un ordre constitutionnel démocratique.
Le CNSP n’a pas encore officiellement adopté ces recommandations. Leur mise en œuvre pourrait redéfinir le paysage politique du Niger et influencer les relations du pays avec ses partenaires internationaux, notamment dans le cadre de la lutte contre l’insécurité au Sahel.

Tensions entre l’État malien et Barrick Gold : Un accord financier pour apaiser les relations  

Après près de deux ans de contentieux, la compagnie canadienne Barrick Gold et le gouvernement malien ont trouvé un terrain d’entente. L’accord, conclu le 19 février 2025, prévoit un versement de 438 millions de dollars (environ 275 milliards de francs CFA) au Trésor public. Cette somme vise à régulariser les différends fiscaux et réglementaires qui avaient conduit à des mesures sévères de la part des autorités maliennes.

Le différend remonte à 2023, lorsque l’État a adopté un nouveau code minier visant à renforcer sa participation dans les revenus générés par l’exploitation de ses ressources naturelles. Cette réforme a entraîné des tensions avec plusieurs multinationales, dont Barrick Gold, exploitant du complexe minier de Loulo-Gounkoto, un des piliers de la production aurifère du pays. En janvier 2025, le gouvernement malien avait durci sa position en saisissant trois tonnes d’or d’une valeur estimée à 245 millions de dollars et en procédant à l’arrestation de plusieurs employés de l’entreprise.
L’accord obtenu repose sur plusieurs engagements réciproques. Ainsi, Barrick Gold s’acquitte de la somme de 438 millions de dollars, en contrepartie de la restitution de l’or saisi et de la libération des employés détenus. De plus, les activités du complexe minier Loulo-Gounkoto pourront reprendre dans un cadre clarifié, avec la mise en place d’une commission de suivi garantissant l’application des nouvelles régulations minières.
Selon Mark Bristow, PDG de Barrick Gold, cet accord représente « un tournant positif » et témoigne de la volonté de la société de collaborer avec le gouvernement malien dans un cadre légal stabilisé. Du côté de Bamako, cette entente est perçue comme une victoire économique qui confirme la souveraineté de l’État sur ses ressources minières.
L’annonce de cet accord a immédiatement eu des répercussions sur les marchés financiers. Le 19 février, à 14h38 HNE, les actions de Barrick Gold ont progressé de 3,37 % à la Bourse de Toronto. Cette hausse reflète un regain de confiance des investisseurs qui considèrent désormais le climat des affaires au Mali sous un jour plus serein.
Dans le cadre de cette résolution, une délégation officielle composée de représentants des ministères maliens, de la présidence et de la société de conseil Iventus Mining a récemment effectué une mission d’inspection de trois jours au sein du complexe minier de Barrick. L’objectif était de vérifier la conformité des opérations avec la législation nationale et d’assurer la mise en œuvre effective des termes de l’accord.
Cet accord pourrait ouvrir la voie à d’autres négociations similaires avec les compagnies minières opérant au Mali. L’État malien entend renforcer son contrôle sur l’exploitation de ses ressources tout en assurant un climat favorable aux investisseurs étrangers. Barrick Gold, pour sa part, devra désormais opérer sous un cadre plus rigoureux tout en bénéficiant d’une plus grande sécurité juridique.
L’affaire constitue un jalon important dans la gestion des relations entre le Mali et les investisseurs internationaux, illustrant un équilibre délicat entre souveraineté économique et attractivité des investissements étrangers.

Le 7e art en deuil : Souleymane Cissé tire sa révérence   

Le pays pleure aujourd’hui l’un de ses plus grands artistes. Souleymane Cissé, le cinéaste qui a porté haut les couleurs du pays sur la scène internationale, nous a quittés. Son départ laisse un vide immense dans le monde du cinéma et dans le cœur de tous ceux qui ont admiré son engagement et son talent.

Né en 1940 à Bamako, Souleymane Cissé a été un pionnier du cinéma africain. Son amour pour le septième art le pousse à se former en URSS avant de revenir au Mali pour raconter les réalités de son peuple à travers la caméra. Il voulait que les histoires africaines soient racontées par des Africains, avec leur regard et leur vérité.
Dès ses premiers films, il s’attaque aux tabous et aux injustices de la société. Son film Den Muso (La Jeune Fille), sorti en 1975, aborde la question des filles-mères. Il continue à filmer et signe, en 1978, Baara, un film sur le monde ouvrier qui remporte l’Étalon d’or du Yennenga au FESPACO, la plus haute distinction du cinéma africain. Il récidive en 1982 avec Finyè, qui décroche le même prix.
Son chef-d’œuvre, Yeelen (La Lumière), sorti en 1987, va propulser le cinéma malien sur la scène mondiale. Ce film inspiré des traditions bambara reçoit le Prix du Jury au Festival de Cannes, une première pour un réalisateur d’Afrique noire. Le Mali, à travers son art, brille aux yeux du monde.
Malgré cette reconnaissance, il reste un homme simple, engagé et fidèle à ses racines. Il fonde l’Union des Créateurs et Entrepreneurs du Cinéma et de l’Audiovisuel de l’Afrique de l’Ouest pour aider les jeunes talents africains.
Une reconnaissance tardive et une injustice subie
En 2023, Cannes lui rend enfin un hommage mérité en lui décernant le Carrosse d’or, un prix qui récompense une carrière exceptionnelle. Un an plus tard, alors que ce trophée symbolique est conservé chez lui à Bamako, il est volé. Un épisode douloureux qui l’attriste profondément. Heureusement, grâce à la mobilisation des autorités, le prix est retrouvé et restitué.
Un dernier rendez-vous manqué avec le FESPACO
Pour honorer son immense carrière, le comité du FESPACO 2025 l’avait désigné Président du jury du long métrage. Il devait être à la tête de cette grande fête du cinéma africain, lui qui en avait été l’un des plus grands lauréats.
Ce mercredi matin, il s’adressait encore à la presse à Bamako, exprimant sa fierté et sa reconnaissance pour cette nomination. Quelques heures plus tard, la nouvelle de son décès tombait comme un choc.
Aujourd’hui, le Mali perd un grand homme, mais son œuvre reste. Il a montré au monde que le cinéma africain peut être puissant, profond et universel.
Souleymane Cissé n’est plus, mais ses films parleront pour lui, encore et toujours.