Lancement des passeports de l’AES : opportunités et défis pour la Confédération des États du Sahel  

Dans un communiqué rendu public, ce jeudi 23 janvier 2025, le Président de la Confédération des États du Sahel (AES), le Général d’Armée Assimi Goïta, a annoncé la mise en circulation des passeports de l’AES à compter du 29 janvier 2025. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la feuille de route de l’AES visant à renforcer l’intégration régionale et à faciliter la libre circulation des citoyens des États membres.

L’Alliance des États du Sahel, créée le 16 septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, a évolué en une confédération lors de son premier sommet en juillet 2024. Cette transformation vise à renforcer la coopération entre les pays membres pour faire face aux défis communs, notamment la menace des groupes djihadistes et les crises socio-économiques.
La mise en circulation du passeport de l’AES représente une avancée significative pour l’intégration régionale. Ce document vise à harmoniser les titres de voyage au sein de l’espace confédéral et à faciliter la mobilité des citoyens des pays membres à travers le monde. Cette initiative symbolise également la volonté des États membres de renforcer leur souveraineté et de consolider leur coopération après leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Toutefois, plusieurs défis se posent dans la mise en œuvre des passeports de l’AES. D’abord, leur reconnaissance internationale sera essentielle pour garantir la liberté de mouvement des citoyens, nécessitant des négociations diplomatiques pour éviter des restrictions de voyage. Ensuite, la coordination logistique représente un autre défi majeur, impliquant la mise en place d’un système biométrique sécurisé et la distribution efficace des passeports à l’ensemble des citoyens concernés. Enfin, les implications économiques de cette transition, notamment sur la libre circulation des biens et des personnes avec les pays voisins après le retrait de la CEDEAO, devront être évaluées et des mesures adaptées prises pour limiter les impacts négatifs sur les échanges commerciaux.
La réussite de cette initiative dépendra de la capacité des États membres de l’AES à surmonter ces défis. Une approche concertée et une collaboration étroite avec les partenaires internationaux seront essentielles pour assurer le succès de ce projet ambitieux. Le lancement des passeports de l’AES pourrait également servir de catalyseur pour d’autres projets d’intégration régionale, tels que la création d’une banque d’investissement commune et le développement d’infrastructures partagées comme annoncé lors de la rencontre des ministres en charge du développement des trois pays, tenue à Bamako du 14 au 17 janvier 2025.
La mise en circulation des passeports de l’AES à partir du 29 janvier 2025 marque une étape importante dans le processus d’intégration des États du Sahel. Bien que des défis subsistent, cette initiative témoigne de la détermination des pays membres à renforcer leur coopération et à promouvoir la libre circulation de leurs citoyens.

Rokia Traoré libérée en Belgique : fin d’une bataille juridique transfrontalière

La chanteuse malienne Rokia Traoré, âgée de 50 ans, a été libérée ce mercredi 22 janvier 2025 d’une prison belge, selon ses avocats. Cette libération fait suite à une série d’événements juridiques complexes liés à une dispute pour la garde de sa fille avec son ancien partenaire belge, Jan Goossens.

En mars 2020, Traoré avait été arrêtée en France sur la base d’un mandat d’arrêt européen émis par la Belgique, l’accusant de ne pas avoir respecté une décision judiciaire concernant la garde de sa fille. Après une libération conditionnelle, elle avait quitté la France pour le Mali, défiant ainsi les ordres de rester sur le territoire français jusqu’à la fin de la procédure d’extradition. En octobre 2023, un tribunal belge l’avait condamnée par contumace à deux ans de prison en lien avec cette affaire.
En juin 2024, Traoré avait été de nouveau arrêtée en Italie, suite à un mandat d’arrêt européen, et extradée vers la Belgique en novembre 2024, où elle avait été incarcérée à la prison de Haren, à Bruxelles. Sa libération ce 22 janvier 2025 intervient après qu’un accord a été trouvé entre les parties concernées, permettant à Traoré et à Goossens de revoir leur fille, actuellement résidente au Mali. Une audience est prévue en juin 2025 à Bruxelles pour examiner la mise en œuvre de cet accord et entendre les plaidoiries des deux parties.
Rokia Traoré est reconnue internationalement pour sa contribution à la musique africaine et a servi comme ambassadrice de bonne volonté pour le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de 2016 à 2018. Sa situation juridique complexe met en lumière les défis liés aux différends transfrontaliers en matière de garde d’enfants, notamment lorsque des décisions judiciaires de différents pays entrent en conflit.

Élimination des clubs maliens en compétitions africaines : une remise en question nécessaire

Les 18 et 19 janvier 2025 ont marqué la fin de l’aventure africaine pour les deux principaux clubs maliens engagés dans les compétitions continentales. Le Djoliba AC et le Stade Malien de Bamako ont été éliminés respectivement de la Ligue des Champions de la CAF et de la Coupe de la Confédération, suite à des performances décevantes lors de la 6ᵉ et dernière journée de la phase de groupes.

Le samedi 18 janvier 2025, le Djoliba AC s’est lourdement incliné face aux Égyptiens de Pyramids FC sur le score sans appel de 6 à 0. Cette rencontre, disputée au 30 June Stadium au Caire, a vu les Maliens subir la domination de leurs adversaires tout au long du match. Les buts de Pyramids FC ont été inscrits par Sodiq Awujoola (3′), Marwan Hamdi (11′), Mostafa Fathi (54′), Ramadan Sobhi (61′ sur penalty), Abdelrahman Magdi (67′) et Youssef Obama (78′). Cette défaite cinglante a scellé le sort du Djoliba AC, qui termine la phase de groupes avec 2 points, issus de deux matchs nuls et quatre défaites, sans aucune victoire à son actif.
Le dimanche 19 janvier 2025, le Stade Malien de Bamako recevait le CD Lunda-Sul d’Angola au Stade 26 Mars. Malheureusement, les locaux se sont inclinés 1 à 0, le seul but de la rencontre ayant été inscrit par Joca à la 24ᵉ minute. Cette défaite à domicile reflète une campagne continentale décevante pour le Stade Malien, qui achève la phase de groupes avec une victoire, un match nul et quatre défaites, totalisant 4 points.
Les éliminations précoces du Djoliba AC et du Stade Malien de Bamako dévoilent des lacunes tant sur le plan technique que managérial. Ces contre-performances soulignent le besoin urgent de réformes structurelles au sein des clubs maliens pour améliorer leur compétitivité sur la scène continentale. Il est essentiel pour ces équipes de renforcer leurs structures organisationnelles et d’investir dans le développement des talents locaux. Une approche stratégique et une meilleure préparation pourraient leur permettre de rivaliser plus efficacement lors des prochaines éditions des compétitions africaines.

Biennale artistique et culturelle : Tombouctou célèbre l’Année de la Culture 2025

Lors de sa session ordinaire du 17 janvier 2025, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret visant à institutionnaliser la Biennale artistique et culturelle, activité emblématique née en 1970. Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année de la Culture, proclamée par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, lors de son discours à la nation du 31 décembre 2024.

Depuis sa création en 1970, la Biennale artistique et culturelle est un espace d’expression des diversités artistiques et culturelles du Mali. Elle contribue à promouvoir le vivre-ensemble, tout en mettant en lumière les savoir-faire locaux et en renforçant le dialogue intercommunautaire. Pour cette édition, Tombouctou accueillera artistes, artisans, écrivains et chercheurs, offrant une vitrine exceptionnelle à la richesse culturelle de cette région mythique.
Des préparatifs en cours dans la cité des 333 saints
Rappelons Tombouctou sera l’hôte de l’édition 2025 après Mopti l’année passée. En effet, Tombouctou, ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, sera l’épicentre de cette grande célébration nationale.
La Cité des 333 Saint se prépare activement à accueillir l’événement. Depuis la passation officielle du flambeau à la région, les autorités locales, soutenues par les populations et la diaspora, ont mobilisé plus de 30 millions de francs CFA pour garantir le succès de la Biennale. Ces fonds serviront à financer la réhabilitation des infrastructures, notamment les lieux de spectacles et les espaces d’exposition, ainsi que l’organisation des nombreuses activités prévues.
Les spectacles artistiques incluront des danses traditionnelles, des ballets régionaux, des performances théâtrales et des concerts de musique moderne et traditionnelle. Des expositions d’artisanat et d’arts visuels permettront de valoriser les talents locaux, tandis que des conférences et ateliers porteront sur la préservation et la modernisation du patrimoine culturel.
Un levier économique et culturel pour la région
Outre son impact culturel, la Biennale aura des retombées économiques significatives pour Tombouctou et ses environs. En attirant des milliers de visiteurs nationaux et internationaux, l’événement stimulera le secteur touristique, redynamisera les industries créatives et favorisera la création d’emplois locaux. Les artisans et artistes auront également l’opportunité d’accéder à de nouveaux marchés et de renforcer leur visibilité.
Dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et socio-économiques, cette Biennale représente un symbole de résilience et d’espoir pour la région. L’Année de la Culture proclamée pour 2025 reflète une volonté politique visant à renforcer la cohésion sociale et promouvoir la culture comme pilier de développement durable. Le Président Goïta a affirmé que cet événement national constitue une étape importante dans la refondation culturelle et sociale du Mali.
Des perspectives internationales
Comme mentionné dans les analyses publiées par Africa Income, la Biennale 2025 contribuera à positionner le Mali sur la scène internationale en tant que leader culturel en Afrique de l’Ouest. En plus de favoriser la coopération culturelle, elle renforcera l’image de Tombouctou comme carrefour de civilisations et lieu emblématique de dialogue entre les cultures.
Les bénéfices attendus ne se limitent pas au seul Mali. L’événement aura une portée régionale et mondiale, attirant des partenaires, des mécènes et des acteurs culturels désireux de participer à cette célébration unique. Ce rendez-vous marquera une nouvelle étape dans la valorisation du patrimoine malien, tout en réaffirmant l’importance de la culture comme vecteur de paix et de stabilité.
Tombouctou 2025 ne sera pas seulement un festival, mais un message fort de résilience, de diversité et de créativité, porté par une nation fière de son histoire et résolument tournée vers l’avenir.

Consommation de charbon de bois : un défi environnemental majeur

La consommation de bois et de charbon de bois dans le pays atteint des niveaux alarmants, entraînant une déforestation accélérée. Selon le rapport « Politique Forestière Nationale » de 2017, chaque année, environ 500 000 hectares de forêts disparaissent en raison des activités humaines, dont 400 000 hectares liés à l’exploitation du bois et aux feux de brousse.

Cette situation est exacerbée par la forte dépendance de la population au bois énergie, qui représente plus de 75 % du bilan énergétique national. Environ 80 % des Maliens utilisent le bois ou le charbon de bois pour leurs besoins énergétiques domestiques, ce qui exerce une pression considérable sur les ressources forestières.

Le prix du sac de charbon de bois, oscillant entre 6 000 et 7 500 FCFA, reflète les difficultés d’approvisionnement liées à l’insécurité et à la raréfaction des ressources forestières. Cette hausse des prix impacte directement le pouvoir d’achat des ménages et encourage parfois des pratiques illégales de coupe de bois.

Face à cette crise environnementale, des solutions alternatives sont proposées. L’adoption de briquettes combustibles, issues de résidus agricoles, constitue une option viable pour réduire la dépendance au bois énergie. Le développement du biogaz, notamment à partir des déchets organiques, offre également une source d’énergie renouvelable et moins polluante. Par ailleurs, des programmes de reboisement massif sont essentiels pour restaurer les écosystèmes dégradés et assurer la durabilité des ressources forestières.

Sans une transition vers des sources d’énergie plus durables et une gestion responsable des forêts, le Mali risque de faire face à une catastrophe écologique aux conséquences socio-économiques graves. Il est impératif d’adopter des politiques énergétiques et environnementales ambitieuses pour inverser cette tendance et protéger les moyens de subsistance des populations rurales.

L’harmattan au Sahel : entre défis climatiques et impacts socio-économiques

Depuis plusieurs semaines, le Sahel, particulièrement le Mali, traverse une période marquée par un harmattan d’une intensité remarquable. Ce vent sec et poussiéreux, caractéristique de la saison, souffle du Sahara vers l’Atlantique, modifiant le quotidien des habitants. Si ce phénomène naturel qui survient entre novembre et mars, est une composante récurrente du climat régional, il suscite cette année des préoccupations accrues en raison de ses répercussions sanitaires, économiques et environnementales.

Au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré de Bamako, le professeur Mohamed Keïta, chef du service ORL, note une hausse importante des consultations pour infections des voies respiratoires supérieures. Il explique que ces pathologies sont souvent liées à l’air sec et chargé de particules fines : « L’harmattan crée des conditions favorables à la prolifération des infections respiratoires, affectant principalement les enfants et les personnes âgées. » Cette période met également à rude épreuve les infrastructures médicales déjà sous pression, notamment dans les régions rurales où l’accès aux soins reste limité.

Sur le plan économique, l’harmattan est à double tranchant. Selon un rapport de Mali Actu, cette saison est favorable au maraîchage grâce à un climat propice à la culture des légumes, mais les défis logistiques, notamment le coût élevé de l’irrigation et de l’énergie, freinent les bénéfices pour les agriculteurs. Par ailleurs, le transport aérien est régulièrement perturbé par une visibilité réduite, entraînant des retards dans les vols commerciaux.

D’un point de vue environnemental, la poussière soulevée par l’harmattan est exacerbée par la dégradation des sols due à la désertification et aux pratiques agricoles intensives. Les spécialistes rappellent l’importance de la reforestation et de la gestion durable des ressources naturelles pour limiter l’érosion.

Pour répondre à ces défis, des recommandations préventives sont formulées. Les autorités sanitaires insistent sur l’importance du port de masques pour réduire l’exposition à la poussière, d’une hydratation suffisante et de la vaccination contre les maladies comme la méningite, particulièrement active pendant cette saison. Les experts encouragent également des investissements dans les systèmes d’irrigation durables pour soutenir les agriculteurs et renforcer les capacités des centres de santé.

L’harmattan, bien qu’ancré dans la vie sahélienne, devient un indicateur des pressions exercées par les changements climatiques et les pratiques humaines sur l’environnement. La mobilisation collective pour atténuer ses impacts apparaît comme une priorité, tant pour protéger les populations que pour garantir la résilience économique et écologique de la région.

Transport aérien : Les Journées de l’Aviation de la Confédération des États du Sahel s’ouvrent à Bamako  

Bamako accueille depuis ce jeudi 16 janvier 2025 la deuxième édition des Journées de l’Aviation de la Confédération des États du Sahel (AES). La cérémonie d’ouverture a été présidée par Madame le Ministre des Transports et des Infrastructures du Mali, en compagnie de ses homologues des Transports du Niger et du Burkina Faso. Cette rencontre, qui prendra fin demain vendredi 17 janvier, réunit experts et décideurs pour discuter des défis et opportunités du transport aérien dans l’espace confédéral.

Placée sous le thème « Le développement du transport aérien : un facteur de consolidation de la Confédération des États du Sahel », cette édition fait suite à celle organisée à Bobo-Dioulasso en 2024. Les participants s’attellent à dresser un bilan de la mise en œuvre des recommandations formulées lors de cette première édition, tout en explorant des pistes pour le développement de l’aviation civile dans la région.
Parmi les sujets phares figure le processus de création d’une compagnie aérienne commune à l’AES, un projet ambitieux qui vise à renforcer la connectivité entre les pays membres et à stimuler les échanges économiques et humains. Selon des sources officielles, les discussions promettent d’être constructives, avec une forte volonté politique exprimée par les États membres.
Une délégation togolaise participe également à cet événement, témoignant de l’intérêt croissant des pays voisins pour les initiatives de l’AES dans le secteur aérien. Les conclusions de ces Journées seront connues demain et devraient inclure des recommandations concrètes pour améliorer les performances des services aériens au sein de la Confédération.
Un rappel de la création de Mali Airlines
Dans ce contexte de dynamisme pour le transport aérien, il est important de rappeler que le gouvernement malien a récemment approuvé la création de Mali Airlines, une nouvelle compagnie aérienne nationale. Ce projet, dont la mise en œuvre nécessitera un investissement estimé à 60 milliards de FCFA, vise à doter le Mali d’une aviation commerciale moderne et compétitive.
Mali Airlines s’inscrit dans la volonté des autorités maliennes de renforcer les infrastructures aériennes et d’améliorer les connexions nationales et régionales. Ce projet pourrait également s’insérer dans les initiatives confédérales en cours, notamment celles discutées lors des Journées de l’Aviation de l’AES.

Persistance de la crise sécuritaire : 7 000 violences de genre signalées en trois mois

Le rapport GBVIMS (Système de Gestion de l’Information sur la Violence Basée sur le Genre) du troisième trimestre 2024, publié par l’UNFPA, dresse un état des lieux préoccupant sur les violences basées sur le genre et les défis humanitaires au Mali. Ce document, couvrant la période de juillet à septembre 2024, révèle que 7 000 incidents de violences de genre ont été signalés en seulement trois mois, une situation aggravée par les déplacements forcés et les catastrophes naturelles.

L’analyse se concentre sur les impacts directs de ces événements sur les populations les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants.
En septembre 2024, 378 363 déplacés internes (PDI) étaient recensés au Mali, un bond de 54 % par rapport à décembre 2023. Cette hausse est directement liée aux violences, aux opérations militaires et aux inondations ayant touché 259 795 personnes dans 19 régions. Parmi ces déplacés, 58 % sont des femmes et des enfants.
Les régions de Ségou, Tombouctou et Gao figurent parmi les plus touchées par les inondations, avec respectivement 73 080, 37 173 et 33 138 sinistrés. Ces perturbations naturelles aggravent les difficultés d’accès à l’aide humanitaire et compromettent la sécurité alimentaire.
Les violences de genre : un problème persistant
Entre juillet et septembre 2024, 7 000 cas de violences de genre ont été documentés, représentant une augmentation significative par rapport à l’année précédente. Les violences sexuelles constituent 38 % des incidents, incluant des viols (27 %) et des agressions sexuelles (11 %). Les mariages forcés continuent de sévir, particulièrement dans les régions de Gao et Tombouctou, où les conditions précaires poussent certaines familles à considérer cette pratique comme une stratégie de survie.
Les acteurs armés restent des responsables majeurs, impliqués dans 44 % des violences sexuelles signalées. En parallèle, les violences domestiques perpétrées par des partenaires intimes ou des proches représentent 48 % des cas. Ces dynamiques reflètent des obstacles structurels à la dénonciation des abus, notamment la stigmatisation et l’absence de recours juridique accessible.
Un accès insuffisant aux services essentiels
Près de la moitié des survivantes (48 %) n’ont pas bénéficié des soins médicaux nécessaires, et 91 % de celles ayant besoin d’un soutien économique n’y ont pas eu accès. L’insuffisance des infrastructures, aggravée par les inondations et les blocus sécuritaires, limite considérablement l’efficacité des interventions humanitaires.
Les régions rurales et enclavées, comme Kidal, Gao et Mopti, manquent cruellement de services spécialisés. Les équipes mobiles, déployées pour pallier ces lacunes, peinent à atteindre certaines zones en raison des restrictions sécuritaires. En outre, de nombreuses survivantes ignorent l’existence même des mécanismes d’aide.
Recommandations pour une réponse ciblée
Le rapport recommande plusieurs actions prioritaires telles que le renforcement des capacités des forces de l’ordre et du système judiciaire pour une gestion plus efficace des cas de violences de genre ; développer des centres d’accueil sécurisés pour les femmes et les filles ; l’intensification de la sensibilisation communautaire pour combattre les normes sociales nuisibles et réduire les barrières à l’accès aux services ; la mise en place des programmes d’autonomisation économique, tels que des formations professionnelles et des microcrédits, afin de réduire la dépendance économique des survivantes.
La situation illustre l’urgence d’une mobilisation intense pour répondre aux besoins des populations vulnérables. Les chiffres présentés dans ce rapport témoignent de l’ampleur des défis à relever, en termes de protection, d’assistance et de lutte contre les violences de genre.

Retrait du Mali : la CEDEAO propose un dialogue avant l’échéance du 29 janvier 2025

À l’approche du retrait officiel du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), prévu pour le 29 janvier 2025, l’organisation régionale a adressé, le 13 janvier, une invitation aux autorités maliennes pour des discussions techniques. Cette initiative vise à encadrer une séparation ordonnée et à limiter les impacts économiques et politiques.

La décision malienne de quitter la CEDEAO, annoncée en janvier 2024, est le fruit de relations tendues entre Bamako et l’organisation, exacerbées par des sanctions imposées après les coups d’État au Mali et au Burkina Faso. En septembre 2024, le Mali a rejoint le Burkina Faso et le Niger pour former l’Alliance des États du Sahel (AES), marquant un tournant dans la dynamique régionale.
Le Président de la Commission de la CEDEAO, Dr. Omar Alieu Touray, a souligné l’importance d’un dialogue pour discuter des modalités pratiques du retrait, notamment sur les aspects économiques et sécuritaires. Cette démarche vise également à prévenir l’émergence d’un précédent qui pourrait affaiblir l’organisation régionale.
L’AES, appuyée par le Mali, a rejeté tout report de cette décision, invoquant une volonté de souveraineté face à une CEDEAO perçue comme influencée par des intérêts extérieurs.
Le départ du Mali pourrait perturber les échanges commerciaux et la coopération sécuritaire dans une région déjà fragilisée par l’insécurité. Malgré ces défis, la proposition de dialogue de la CEDEAO représente une chance d’atténuer les impacts de cette rupture.

Conflit entre Barrick Gold et les autorités : Saisie de trois tonnes d’or et suspension des opérations  

Barrick Gold Corporation a annoncé, le 14 janvier 2025, la suspension temporaire de ses activités au complexe minier de Loulo-Gounkoto, situé dans l’ouest du Mali. Cette décision fait suite à la saisie par le gouvernement malien d’environ trois tonnes d’or, évaluées à près de 245 millions de dollars, appartenant à l’entreprise canadienne.

Le conflit entre Barrick Gold et les autorités maliennes remonte à 2023, lorsque le gouvernement a introduit de nouvelles réglementations minières visant à augmenter sa part des revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles. Ces mesures ont conduit à des désaccords sur les obligations fiscales et les paiements de dividendes. Les autorités maliennes ont réclamé environ 500 millions de dollars en impôts et dividendes impayés à Barrick, qui détient 80 % du complexe de Loulo-Gounkoto, les 20 % restants appartenant à l’État malien.
Les relations se sont détériorées au fil du temps, avec des actions notables telles que l’émission d’un mandat d’arrêt contre le PDG de Barrick, Mark Bristow et la détention de plusieurs cadres de l’entreprise. Le 11 janvier 2025, le gouvernement malien a exécuté une ordonnance de saisie conservatoire sur les stocks d’or présents sur le site de Loulo-Gounkoto. .
La suspension des opérations de Barrick Gold au Mali pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie locale et sur les performances financières de l’entreprise. Selon des analystes de Jefferies, une telle interruption pourrait réduire l’EBITDA ( revenus liés à l’exploitation minière) de Barrick de 11 % en 2025. De plus, certains redoutent que cette situation n’affecte la confiance des investisseurs étrangers dans le secteur minier, un pilier essentiel de l’économie du pays.
Perspectives et négociations
Barrick Gold a exprimé sa volonté de poursuivre un dialogue constructif avec le gouvernement malien afin de parvenir à une résolution amiable du différend. L’entreprise souligne l’importance de garantir la viabilité à long terme du complexe minier de Loulo-Gounkoto et sa contribution vitale à l’économie malienne et aux communautés locales.
Ce conflit s’inscrit dans un contexte plus large de nationalisme des ressources en Afrique de l’Ouest, où plusieurs gouvernements cherchent à renégocier les termes des contrats miniers pour obtenir une part plus importante des revenus générés par l’exploitation de leurs ressources naturelles. Cette tendance pourrait redéfinir les relations entre les États et les entreprises minières internationales dans la région.

Défaites des clubs maliens en compétitions africaines : une 5ᵉ journée difficile

Le dimanche 12 janvier 2025, les clubs maliens engagés dans les compétitions africaines ont connu des revers significatifs lors de la 5ᵉ journée de la phase de groupes. Ces résultats compliquent leurs ambitions sur la scène continentale.

Au stade Modibo Keïta de Bamako, le Djoliba AC affrontait l’Espérance Sportive de Tunis dans le cadre du groupe D de la Ligue des champions de la CAF. Les « Sang et Or » tunisiens, forts de leur expérience continentale, ont dominé la rencontre et se sont imposés sur le score de 1-0.
Cette défaite maintient le Djoliba AC à la dernière place du groupe, avec seulement 2 points en 5 matchs. La qualification pour les quarts de finale semble désormais hors de portée, sauf en cas d’un miracle lors de la dernière journée, combiné à des résultats favorables des autres équipes du groupe.
Dans la Coupe de la Confédération, le Stade Malien a connu un revers similaire. En déplacement en Afrique du Sud, ils ont affronté Stellenbosch FC, un club basé dans la ville de Stellenbosch. Le match s’est soldé par une défaite 2-0 pour les « Blancs de Bamako ».
Avant cette rencontre, le Stade Malien occupait la 3ᵉ place du groupe B avec 4 points, derrière le RS Berkane (12 points) et Stellenbosch FC (6 points). Cette défaite les maintient à 4 points, avec une seule journée restante. Pour espérer se qualifier pour les quarts de finale, le Stade Malien devra impérativement gagner son dernier match et espérer que Stellenbosch FC ne remporte pas le leur. La différence de buts et les critères de départage établis par la CAF pourraient également jouer un rôle décisif.
Analyse des performances et perspectives
Les défaites simultanées du Djoliba AC et du Stade Malien demontre les défis auxquels sont confrontés les clubs maliens sur la scène continentale. La compétitivité accrue des compétitions africaines exige une préparation rigoureuse, une stratégie adaptée et une gestion optimale des ressources humaines et matérielles.
Pour le Djoliba AC, bien que les chances de qualification soient quasiment nulles, il sera essentiel de finir la campagne sur une note positive pour préserver l’honneur du club. Quant au Stade Malien, une victoire lors de leur dernier match est impérative. L’équipe devra également compter sur une contre-performance de Stellenbosch FC pour garder espoir.

Insécurité au Sahel : L’enlèvement d’Eva Gretzmacher relance les inquiétudes sur le sort des ressortissants occidentaux

Les faits sont survenus, le samedi 11 janvier 2025, aux environs de 19 heures. Eva Gretzmacher, une ressortissante autrichienne de 73 ans résidant à Agadez, au Niger, a été enlevée par des hommes armés. Selon des informations locales, les ravisseurs ont contraint son gardien, Salissou, à ouvrir la porte sous la menace d’une arme, avant de pénétrer dans la maison et de l’emmener de force dans un véhicule de type V6.

Eva Gretzmacher vivait à Agadez depuis 28 ans et était une figure emblématique de la communauté pour son engagement social. Fondatrice de l’association « Amanay », elle avait créé en 2010 un centre de compétences axé sur l’éducation, l’autonomisation des femmes, l’écologie, la culture et l’art. Elle soutenait également des ONG locales dans des projets de maraîchage et dispensait des formations en couture pour les jeunes filles et en musique pour les garçons.
Cet enlèvement rappelle la résurgence des kidnappings d’Occidentaux dans la région du Sahel, une pratique qui avait diminué ces dernières années. Entre 2003 et 2012, près d’une centaine d’Occidentaux avaient été enlevés dans le Sahel, générant environ 90 millions de dollars de rançons pour des groupes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Cependant, depuis 2012, les enlèvements d’Occidentaux avaient fortement diminué, en grande partie en raison de la raréfaction des cibles et de la réglementation accrue de la présence occidentale dans la région.
La situation sécuritaire au Sahel reste précaire, avec une augmentation notable des enlèvements ces dernières années, touchant principalement les populations locales. Au Mali, par exemple, le nombre d’individus enlevés a été multiplié par huit entre 2017 et 2021, passant de 22 à 184, la majorité des victimes étant des citoyens locaux.
Les autorités locales n’ont pas encore réagi officiellement à cet incident. Il est à noter qu’en 2021, Eva Gretzmacher avait déjà fait l’objet de menaces d’enlèvement, ce qui laisse supposer qu’elle était une cible de longue date. Sa disparition suscite une vive émotion au sein de la communauté d’Agadez, où elle était très respectée pour son dévouement et ses nombreuses actions en faveur du développement local.
Cet événement souligne la persistance de l’insécurité dans la région et la vulnérabilité des acteurs humanitaires et des résidents étrangers, malgré les efforts déployés pour stabiliser la zone.

UEMOA : 31 ans d’intégration régionale face à de nouveaux défis

Le 10 janvier 2025 a marqué le 31ᵉ anniversaire de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), une organisation régionale créée le 10 janvier 1994 à Dakar. Regroupant huit pays – le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo –, l’UEMOA vise à renforcer l’intégration économique et monétaire de ses membres autour d’une monnaie commune, le franc CFA. Au fil des années, cette institution s’est affirmée comme un acteur clé du développement régional, tout en faisant face à des défis croissants.
La création de l’UEMOA répondait à la volonté de ses membres d’approfondir leur coopération économique et de garantir une stabilité monétaire à travers une monnaie commune. L’objectif était de favoriser la compétitivité des économies nationales, d’assurer une meilleure coordination des politiques économiques et d’améliorer le bien-être des populations. La région a connu depuis des avancées notables, bien que de nombreux défis subsistent.
L’UEMOA repose sur plusieurs organes essentiels à son fonctionnement. La Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement, organe suprême de l’Union, définit les orientations générales de sa politique et se réunit au moins une fois par an. Le Conseil des Ministres, composé de deux ministres par État membre, met en œuvre les décisions de la Conférence et coordonne les politiques sectorielles. La Commission de l’UEMOA, basée à Ouagadougou, assure l’application des politiques communes et gère les affaires courantes. La Cour de Justice, également située à Ouagadougou, veille à l’interprétation et à l’application uniforme du droit communautaire, tandis que la Cour des Comptes contrôle les comptes des organes de l’Union et garantit la fiabilité des données budgétaires. Le Comité Interparlementaire, siégeant à Bamako, joue un rôle de contrôle démocratique sur les activités de l’Union.
En soutien à ces organes, deux grandes institutions financières jouent un rôle central : la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), basée à Dakar, qui gère la politique monétaire et émet la monnaie commune, et la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), siégeant à Lomé, qui finance les projets de développement au sein des États membres.
Défis actuels
Malgré ses acquis, l’UEMOA doit relever plusieurs défis importants à savoir :
Instabilité politique et sécuritaire : La montée de l’insécurité due au terrorisme et les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger perturbent l’équilibre régional. Cette instabilité menace les fondements mêmes de l’union et fragilise l’intégration économique.
Inégalités de développement : Des disparités importantes de développement persistent entre les membres. Les infrastructures de base, comme les routes et l’accès à l’énergie, restent insuffisantes dans certains pays, limitant ainsi le potentiel de commerce intra-régional.
Intégration économique incomplète : Bien que des avancées aient été réalisées dans la mise en place d’un marché commun, les obstacles non tarifaires et les entraves administratives à la libre circulation des biens et des personnes demeurent une réalité.
Diversification économique : La dépendance aux matières premières rend les économies de l’UEMOA vulnérables aux chocs extérieurs. La diversification et la transformation locale des ressources sont nécessaires pour renforcer la résilience économique de la région.
Par ailleurs, l’UEMOA traverse une période d’incertitudes marquée par des évolutions géopolitiques importantes. Tous ses membres font également partie de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont trois États – le Mali, le Burkina Faso et le Niger – ont annoncé, il y a un an, leur retrait. Cette décision, prise dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES), pourrait profondément affecter la dynamique régionale. Malgré le moratoire de six mois accordé par la CEDEAO, en dépit de l’entrée en vigueur de cette décision le 29 janvier 2025, l’avenir de la participation de ces trois pays à l’UEMOA reste incertain.
Par ailleurs, la CEDEAO envisage de mettre en place une monnaie unique, l’Eco, censée remplacer les monnaies nationales, y compris le franc CFA. Cette initiative soulève des interrogations sur l’avenir de l’UEMOA, d’autant que les membres de l’AES pourraient envisager de créer leur propre monnaie en réponse à la mise en circulation de l’Eco. Si cette monnaie unique voit le jour, elle entraînera la disparition des devises nationales actuelles, modifiant ainsi l’équilibre économique et monétaire de la région.
Discours du Président de la Commission de l’UEMOA
Lors de la célébration de cet anniversaire, Abdoulaye Diop, Président de la Commission de l’UEMOA, a rappelé les progrès accomplis en matière d’intégration régionale et les défis à venir. Il a notamment insisté sur la nécessité de renforcer la résilience de l’Union face aux crises politiques et économiques récentes, et de consolider les acquis pour une prospérité durable et inclusive.
Après 31 ans d’existence, l’UEMOA se retrouve à un tournant critique de son histoire. Alors que des changements politiques et monétaires se dessinent, les décisions prises dans les mois à venir détermineront l’avenir de l’organisation. La mise en œuvre d’une monnaie unique par la CEDEAO et les choix des États membres quant à leur participation à l’UEMOA seront décisifs pour l’intégration économique régionale. La stabilité, la cohésion et la volonté politique seront indispensables pour assurer la pérennité de cette union, dans l’intérêt des populations ouest-africaines.

États généraux de la culture : Un initiative destinée à forger le « Mali Kura »

Le Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a lancé,  le  jeudi 9 janvier 2025,  les États généraux des secteurs de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Cet événement, qui se déroule jusqu’au samedi 11 janvier à Bamako, s’inscrit dans le cadre de la décision du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, de consacrer l’année 2025 à la culture.

Ce projet ambitieux vise à bâtir un « Mali Kura » un Mali nouveau, en transmettant les valeurs fondamentales maliennes aux générations futures tout en restructurant les secteurs culturels pour en faire des moteurs de développement économique et social.
Dans son rôle de Chef du Gouvernement, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a rappelé, lors de la cérémonie d’ouverture, que ces assises ont pour ambition de diagnostiquer les forces et les faiblesses des secteurs concernés, tout en élaborant une nouvelle politique culturelle nationale. « Le Mali ne peut vivre en vase clos. Son histoire est façonnée par des interactions entre les populations locales et les influences extérieures, notamment le commerce transsaharien et la religion », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance de revitaliser la culture comme outil de souveraineté et de rayonnement international. Il a exprimé ses attentes envers les participants, les exhortant à proposer des solutions concrètes et adaptées pour transformer ces secteurs en leviers stratégiques de développement.
Le ministre de la Culture, de l’Artisanat, du Tourisme et de l’Industrie Hôtelière, Mamou Daffé, a quant à lui mis en avant l’approche inclusive et participative adoptée pour ces États généraux, symbolisée par le concept « FUGA BA », qui signifie « grande vision » en bambara. « Ce moment appartient aux hommes de la culture », a-t-il affirmé, promettant de tirer pleinement parti de cette initiative pour impulser des changements significatifs dans les secteurs concernés. Le ministre a également souligné que ces travaux, organisés en 12 commissions, permettront de repenser les secteurs de la culture, de l’artisanat et du tourisme afin de les rendre viables, porteurs et générateurs d’emplois, tout en renforçant leur capacité à contribuer à la souveraineté culturelle et économique du Mali.
Ces assises visent également à répondre aux défis majeurs qui freinent l’essor des secteurs culturels au Mali, notamment le manque de financement, l’insuffisance d’infrastructures adaptées, la faible valorisation du patrimoine national et l’impact de l’insécurité dans certaines régions. Le Premier ministre a souligné que ces obstacles doivent être surmontés pour permettre à la culture de jouer pleinement son rôle dans l’édification d’un Mali nouveau.
Les recommandations issues de ces trois jours de travaux devront tracer une feuille de route claire pour la mise en œuvre d’une politique culturelle efficace. Parmi les priorités figurent la restauration des sites historiques, la promotion du patrimoine immatériel, la mise en place de circuits touristiques attractifs et le développement des industries culturelles et créatives. Ces efforts permettront non seulement de dynamiser l’économie locale, mais aussi de renforcer l’identité nationale et le rayonnement culturel du Mali sur la scène internationale.
Ces États généraux marquent une étape importante pour le Mali, où la culture, le tourisme et l’artisanat deviennent des piliers stratégiques. Avec l’engagement de tous les acteurs concernés, l’année 2025 pourrait devenir un tournant décisif pour la renaissance culturelle du pays

Bénin: Plus d’une vingtaine de soldats tués lors d’une attaque 

Une attaque meurtrière a frappé, le 8 janvier 2025, le nord du Bénin, dans la zone dite du « Point Triple », à la frontière entre le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Cette offensive, attribuée à des individus armés non identifiés, a coûté la vie à au moins 28 soldats béninois.

Les forces armées béninoises ont réagi en lançant une opération de ratissage, au cours de laquelle environ 40 assaillants ont été neutralisés.
Cette attaque s’inscrit dans une série d’incidents similaires dans le nord du Bénin, une région confrontée à une recrudescence des violences attribuées à des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Les autorités béninoises ont renforcé leur dispositif sécuritaire, notamment à travers l’opération « Mirador », visant à sécuriser les frontières et les infrastructures stratégiques.
Le parti politique « Les Démocrates » a exprimé sa solidarité avec les familles des victimes et a appelé à une mobilisation nationale pour lutter contre le terrorisme, soulignant que cette lutte ne saurait être l’affaire d’un seul camp politique ou d’un État isolé.
Cette situation souligne les défis sécuritaires intenses auxquels le Bénin est confronté, malgré les efforts déployés pour contenir la menace terroriste dans la région.

Huit civils calcinés près de Niono : Une tragédie qui suscite l’indignation

Le pays est une fois de plus endeuillé par un drame tragique survenu entre le 2 et le 3 janvier 2025. Huit personnes, dont des femmes et des enfants, ont été retrouvées mortes dans un véhicule calciné près de Doma, alors qu’elles tentaient de rallier le camp de réfugiés de M’berra, en Mauritanie. Parmi les victimes figurait un travailleur humanitaire malien de renom, Enaderfé Ag Hamama, qui se rendait en visite familiale. La confusion règne quant à l’identité des auteurs de cet acte odieux.

Les victimes, à bord d’un véhicule Toyota Hilux, avaient quitté Niono pour rejoindre la Mauritanie. L’alerte avait été donnée le 3 janvier 2025 par leurs proches, inquiets de ne pas avoir de nouvelles. Peu après, les corps sans vie ont été retrouvés à quelques mètres d’un véhicule réduit en cendres, marquant une attaque d’une violence inouïe.
Jusqu’à présent, les autorités maliennes ne se sont pas exprimées sur l’incident. L’absence de revendication officielle laisse place à plusieurs hypothèses, exacerbant les tensions déjà vives dans cette zone en proie à l’insécurité.
Parmi les huit victimes figurait Enaderfé Ag Hamama, coordinateur terrain pour l’ONG Triangle Génération Humanitaire (TGH) en République Centrafricaine. Humanitaire respecté, il était en congé au Mali avec sa femme et son fils de deux ans. Les trois ont péri dans l’attaque.
Enaderfé était décrit comme un professionnel humble et engagé, ayant récemment obtenu un Master en Coopération Internationale. Sa disparition, ainsi que celle de sa famille, a suscité une vive émotion au sein de la communauté humanitaire et au-delà.
Le cercle de Niono, située dans la région de Ségou, est régulièrement le théâtre de violences armées. Ces dernières années, l’instabilité a été exacerbée par la présence de groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, mais aussi par des tensions intercommunautaires.
Les déplacements dans cette zone sont devenus extrêmement risqués, en particulier pour les civils cherchant à fuir vers des zones plus sûres, comme le camp de M’berra en Mauritanie, qui abrite déjà plus de 80 000 réfugiés maliens selon le HCR.

Dimanche 5 janvier 2025 restera une journée à oublier pour les clubs maliens engagés dans les compétitions interclubs de la Confédération Africaine de Football (CAF). Le Djoliba AC et le Stade Malien de Bamako, respectivement engagés en Ligue des Champions et en Coupe de la Confédération, ont tous deux été battus sur le même score de 1-0, des résultats qui compliquent sérieusement leurs ambitions continentales.

Le Djoliba AC, en déplacement en Angola, affrontait Sagrada Esperança dans un match important pour sa survie dans la phase de groupes de la Ligue des Champions. Après avoir concédé deux matchs nuls lors des précédentes journées, les espoirs étaient grands de décrocher une victoire qui relancerait sa campagne. Malheureusement, un manque de réalisme offensif et une erreur défensive fatale ont permis aux Angolais de s’imposer par la plus petite des marges. Ce revers maintient le Djoliba à la dernière place de son groupe avec seulement deux points après quatre journées, sans le moindre but marqué. L’équipe malienne devra désormais réaliser un sans-faute lors des deux dernières rencontres face à des adversaires redoutables comme l’Espérance de Tunis et Pyramids FC pour espérer une qualification.
De son côté, le Stade Malien de Bamako affrontait la Renaissance Sportive de Berkane au Maroc dans le cadre de la Coupe de la Confédération. Conscients de l’importance de ce match, les joueurs bamakois ont tenté de résister à une équipe marocaine techniquement supérieure. Cependant, une action rapide en fin de première mi-temps a scellé leur sort, la défense malienne ne parvenant pas à repousser une frappe décisive. Avec cette défaite, le Stade Malien reste à quatre points dans son groupe et voit sa marge de manœuvre se réduire considérablement. Les prochaines rencontres seront capitales, notamment le match retour face à Stellenbosch FC à domicile, où une victoire sera impérative.
Ces résultats décevants démontrent les limites actuelles du football malien au niveau continental. Le Djoliba AC, bien que réputé pour sa discipline défensive, souffre d’un manque criant de créativité offensive. Quatre matchs sans inscrire le moindre but traduisent une incapacité à finaliser les actions, un problème tactique et technique qui semble s’aggraver. Quant au Stade Malien, sa campagne en dents de scie révèle un manque de constance et une difficulté à s’imposer en déplacement, un handicap majeur dans une compétition où chaque point compte.
Au-delà des résultats, ces contre-performances soulignent également des défis structurels. Les clubs maliens souffrent d’un déficit en termes de préparation physique et d’investissement stratégique. Face à des adversaires bénéficiant de meilleures infrastructures et d’un soutien financier accru, le fossé se creuse. Pourtant, ces revers ne doivent pas être vus comme une fatalité. Avec deux journées restantes, le Djoliba et le Stade Malien ont encore une chance, même infime, de renverser la situation. Cela nécessitera un effort collectif et une concentration sans faille.
Les prochains matchs, prévus les 12 et 18 janvier, seront déterminants pour l’avenir des deux clubs dans ces compétitions.

Insécurité au Sahel : Amadou Kouffa confirme la mort du guide Thierno Amadou Hady Tall

Un fichier audio circulant sur les réseaux sociaux attribué à Amadou Kouffa, chef de la Katiba Macina affiliée au Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) principale filiale sahélienne d’Al-Qaïda, jette une lumière crue sur le sort de Thierno Amadou Hady Tall, guide spirituel de la confrérie tidjane à Nioro du Sahel. Ce vocal, d’une durée de quatre minutes et six secondes, confirme la mort du Khalife, suscitant une onde de choc à travers le pays et au-delà.

Dans cet enregistrement, Amadou Kouffa détaille les circonstances de l’enlèvement et du décès de Thierno Amadou Hady Tall. Ce dernier aurait été capturé fin décembre 2024 à environ 70 kilomètres de Nioro du Sahel par des membres de la Katiba Macina. Il revenait dit-on d’une cérémonie religieuse. Blessé lors de son rapt, il aurait succombé à ses blessures avant d’atteindre sa destination. Kouffa justifie cet enlèvement par des accusations graves de collaboration avec ceux qu’il désigne comme ses ennemis a savoir l’armée malienne et ses partenaires ainsi que toute entité jugée hostile à l’idéologie djihadiste.
Amadou Kouffa va plus loin en affirmant que le Khalife aurait activement soutenu ces entités en leur fournissant des informations et en orchestrant des représailles contre des individus soupçonnés de liens avec les djihadistes. Selon ses dires, des preuves de cette collaboration – photos, vidéos et témoignages – existent et seraient prêtes à être dévoilées.
Cette déclaration soulève des questions cruciales sur la sécurité et la stabilité de la région de Nioro du Sahel. Historiquement un bastion religieux et spirituel, cette zone est désormais au cœur de l’expansion djihadiste, redéfinissant les rapports de force locaux. L’absence de communication officielle des autorités maliennes depuis l’enlèvement accentue le flou et nourrit les spéculations.
Pour la communauté omarienne et les disciples de Thierno Amadou Hady Tall, cette annonce est un coup dur. Le guide, considéré comme une figure de paix et d’unité, symbolisait un rempart face à la montée du terrorisme dans le Sahel. Sa disparition annoncée laisse un vide difficile à combler, d’autant plus que les tensions entre communautés risquent de s’exacerber.
Dans son enregistrement, Amadou Kouffa mentionne l’intention de soumettre le Khalife à un « tribunal islamique », un processus qui soulève de nombreuses interrogations. Bien que Kouffa affirme que Thierno Tall aurait eu l’occasion de se défendre, la mort annoncée du guide rend cette déclaration caduque. La légitimité et l’équité de ces tribunaux, contrôlés par des groupes armés, restent également très contestées, renforçant l’idée d’une instrumentalisation de la justice à des fins idéologiques.
Une région en pleine crise sécuritaire
Cet événement met en lumière l’ampleur de la crise sécuritaire dans le pays où le centre et le nord du pays sont devenus des foyers de violence et d’instabilité. La Katiba Macina, sous la direction d’Amadou Kouffa, a renforcé son emprise sur plusieurs régions, rendant difficile l’intervention des forces armées maliennes et de leurs partenaires.
Dans ce contexte, l’enlèvement et la mort de Thierno Amadou Hady Tall illustrent l’extension des conflits djihadistes au-delà des cibles militaires et politiques, touchant désormais des figures religieuses influentes. Une dynamique qui pourrait fragiliser davantage les communautés locales, déjà éprouvées par des années de violence et de division.
Face à la gravité de ces accusations et au vide laissé par la disparition du Khalife, des voix s’élèvent pour demander des éclaircissements.
Entre consternation et résignation, cette annonce dévoile les défis complexes liés à la montée du terrorisme et à la fragilisation des institutions religieuses et étatiques au Sahel. Alors que les regards se tournent vers les autorités, la région de Nioro du Sahel demeure dans l’attente d’une réponse adaptée pour faire face à cette tragédie et restaurer la stabilité.

Un navire transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium bloqué au large d’Abidjan : une menace potentielle

Depuis le 4 janvier 2025, un navire battant pavillon de la Barbade, transportant environ 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, est immobilisé au large du port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ce pays des Caraïbes, bien que distant, figure parmi les nations offrant des pavillons de complaisance, souvent critiqués pour leur souplesse réglementaire. Cet incident fait écho à d’autres catastrophes environnementales et industrielles ayant touché la Côte d’Ivoire par le passé.

La cargaison de ce navire représente près de sept fois les 2 750 tonnes ayant causé l’explosion tragique du port de Beyrouth le 4 août 2020, une catastrophe qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés et causé d’importants dégâts matériels. Les autorités ivoiriennes, conscientes des leçons tirées de tels événements, ont décidé de bloquer le navire, invoquant des suspicions de dégradation de la cargaison, augmentant ainsi les risques d’incident majeur.
Le nitrate d’ammonium, utilisé principalement comme engrais agricole, est une substance dangereuse qui peut devenir hautement explosive sous certaines conditions, notamment en cas de stockage inapproprié ou de dégradations prolongées. L’immobilisation de ce navire rappelle également une autre tragédie environnementale marquante en Côte d’Ivoire : l’affaire du Probo Koala. En 2006, ce navire transportant des déchets toxiques a déversé sa cargaison dans des décharges non adaptées autour d’Abidjan, causant des pertes humaines, des milliers de victimes de troubles de santé, et une crise environnementale majeure.
Le spectre de cette tragédie pousse aujourd’hui les autorités ivoiriennes à une vigilance face à tout risque potentiel. Une réunion est prévue le 6 janvier 2025 entre les autorités ivoiriennes, le propriétaire de la marchandise et le transporteur, afin d’évaluer les mesures nécessaires pour sécuriser la cargaison, protéger la population et l’environnement. Ce type d’incident soulève également des préoccupations sur l’utilisation des pavillons étrangers, comme celui de la Barbade, souvent associés à une régulation réduite des normes de sécurité maritime.
Cet événement souligne l’importance d’une gestion stricte des matières dangereuses, que ce soit dans leur transport ou leur stockage. Les autorités ivoiriennes, avec le soutien d’experts en sécurité maritime, prennent toutes les précautions nécessaires pour éviter une catastrophe qui pourrait marquer durablement la région. En renforçant leur vigilance, elles cherchent ainsi à prévenir des tragédies similaires à celles de Beyrouth et à éviter de répéter les erreurs du passé comme avec le Probo Koala.

Arrestation de Mohamed Ould Erkehele : un coup dur porté à Daesh par les FAMa

Les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont procédé, le vendredi 3 janvier, à la capture de Mohamed Ould Erkehele, connu sous les pseudonymes Abou Rakia et Abou Chach. Ce chef influent de l’État Islamique au Sahel (EI-S) a été appréhendé dans la localité d’Amasrakad, à 120 km de Bourem, dans la région de Gao. .

Mohamed Ould Erkehele est considéré comme un vétéran du terrorisme dans la région sahélienne. Actif depuis 2012, il a opéré au sein de multiples organisations terroristes, notamment le MUJAO, la CMA/HCUA, avant de réintégrer les rangs de l’EI-S en 2022. Reconnu pour son rôle stratégique, il assurait des fonctions de coordination et de facilitation pour Daesh, notamment dans l’infiltration de djihadistes étrangers dans la région.
Son influence allait bien au-delà des frontières du Mali. Il était un lien essentiel entre Daesh au Sahel et les branches du Maghreb. Parmi ses complices figuraient des leaders tristement célèbres comme Abou Walid Al-Sahraoui, Abdel Hakim Al-Sahraoui, et Abou Alghabas, tous responsables d’actes d’une brutalité extrême contre les civils.
Le parcours criminel d’Ould Erkehele est jalonné d’atrocités. Il est notamment impliqué dans le massacre d’Inwelan, perpétré le 2 février 2018. Cette attaque a été marquée par l’assassinat de marabouts, l’incendie du village, et la profanation du Saint Coran, un acte d’une gravité inouïe qui a choqué toute la région. Il a également orchestré des massacres à Intakabart, Indélimane, Agarnadamos et Djebock, semant la terreur et la désolation sur son passage.
En outre, il a utilisé sa position pour asservir certaines communautés locales, se présentant tantôt comme un chef, tantôt comme un protecteur, afin de manipuler et contrôler les populations. Selon Moussa Ag Acharatoumane, membre du CNT, cette stratégie insidieuse a permis à ce chef terroriste de prospérer et d’échapper à plusieurs opérations militaires, notamment celles menées par l’alliance GATIA-MSA depuis 2018.
L’opération qui a conduit à son arrestation a été menée par les unités des FAMa. En plus de capturer ce chef terroriste, les forces armées ont neutralisé plusieurs de ses combattants et saisi un important arsenal, comprenant notamment des équipements pour la fabrication d’engins explosifs improvisés (EEI).
Cette capture fait suite à une série de succès similaires, notamment l’élimination d’autres figures de l’EIGS, comme Abou Houzeifa et Abdoulwahab Ould Choghib, ainsi que la capture d’Ahmed Ag Ditta.
L’arrestation d’Ould Erkehele pourrait représenter une véritable mine d’informations pour les services de renseignement. Les premières enquêtes révèlent ses liens étroits avec plusieurs figures de proue de Daesh, confirmant son rôle central dans la coordination des opérations terroristes au Sahel. Ces données permettront de mieux cerner les réseaux, complices et soutiens logistiques de l’EIS, renforçant ainsi les capacités de traque des forces armées.
L’État-Major Général des Armées a salué le professionnalisme et la bravoure des soldats engagés dans cette opération. Ces hommes et femmes, souvent au péril de leur vie, se battent pour protéger l’intégrité territoriale et la dignité de la nation malienne. Cette victoire est aussi une lueur d’espoir pour les familles des victimes des atrocités commises par Daesh.
Si la capture d’Ould Erkehele affaiblit Daesh, elle ne met pas fin à ses activités dans la région. Le groupe conserve une capacité de nuisance significative grâce à un réseau structuré et des cellules disséminées à travers le Sahel. Ces dernières années, Daesh a démontré sa résilience en multipliant les attaques malgré la perte de plusieurs leaders. D’où la nécessité de rester vigilant sur ses moindres faits et gestes.
La neutralisation d’un acteur clé ne doit pas faire oublier que d’autres figures influentes restent actives et que le groupe peut rapidement se réorganiser. Daesh s’appuie sur une stratégie de dispersion qui lui permet de maintenir son emprise sur certaines zones et de continuer à infliger des souffrances aux populations civiles. La vigilance est donc essentielle pour prévenir de nouvelles attaques.
Une dynamique de succès à préserver
Les FAMa, en coopération avec les services de renseignement et les partenaires régionaux, ont prouvé leur efficacité dans la traque des terroristes. Cependant, cette dynamique de succès doit être consolidée. Les autorités maliennes doivent redoubler d’efforts pour renforcer la sécurité des zones libérées, protéger les populations vulnérables et empêcher le recrutement de nouveaux membres par Daesh.
Les forces armées doivent également rester sur leurs gardes face à des ennemis qui adaptent constamment leurs stratégies. Le maintien de la pression militaire, combiné à des initiatives de développement et à une coopération internationale renforcée, sera essentiel pour venir à bout de cette menace.