Orange Mali lance les « Rendez-vous Orange »

L’hôtel Radisson Collection de Bamako a servi de cadre vendredi 17 mai 2024 au lancement des « Rendez-vous Orange » autour d’un petit déjeuner avec les représentants des médias. L’opérateur de téléphonie mobile a profité pour mettre en lumières ses différentes initiatives innovantes dans la promotion du développement durable, à l’occasion de la commémoration de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information.

Les « Rendez-vous Orange » sont des rencontres trimestrielles entre Orange Mali et l’ensemble des acteurs du monde la presse au Mali notamment les grands regroupements, associations et faitières de presse, l’ensemble de la presse écrite et la presse en ligne, les radios, les télévisions, et les blogueurs et influenceurs. « Ces rencontres auront lieu tous les 3 mois avec le monde des médias pour présenter de manière originale, les actions d’Orange Mali réalisées au cours du trimestre mais également, pour faire un focus sur nos axes stratégiques tels qu’entre autres l’innovation, la dimension citoyenne et responsable, l’engagement pour un Mali numérique, le service client », a expliqué Fatoumata Sangaré Doucouré, Cheffe de division communication institutionnelle et sponsoring d’Orange-Mali. Cette édition inaugurale des « Rendez-vous Orange » a coïncidé avec la célébration de la journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information, célébrée chaque année le 17 mai, dont le thème cette année était « l’innovation numérique au service du développement durable ». Orange Mali a donc saisi l’occasion pour présenter certains de ses projets innovants et impactant mis en œuvre par ses différentes Directions. Il s’agit de la de la solarisation des sites ruraux (100% dans le grand Nord du Mali) et le taux d’énergie renouvelable, du projet de fermes solaires et Orange Energies à travers la Direction de la Stratégie et des grands projets, des services dédiés au monde rural ( M-Agri et Kounafoni), la sensibilisation aux méfaits de l’internet dans les écoles à travers la Division, RSE, le déploiement des écoles numériques dans les différentes localités du pays à travers la Fondation Orange. De 2018 à 2023, 105 écoles numériques ont été déployées à travers le Mali, avec près de 60.000 élèves et enseignants bénéficiaires, représentant un investissement de plus de 235 millions FCFA. Orange Digital Center, un centre qui réunit dans un même espace plusieurs programmes stratégiques ( Orange Digital Kalanso, Orange Fab, Fab Lab Solidaire, ODC Multimédia et Orange Ventures Africa) ayant pour but la favorisation de l’inclusion numérique et booster l’employabilité des jeunes du Mali, a été également présenté aux hommes de média. Plusieurs entrepreneurs ayant participé au projet OSE (Orange soutient l’entreprenariat) ont été également récompensés par la remise de trophées lors de ce premier « Rendez-vous Orange ». Il s’agit entre autres de « Santé Mobile », une start up spécialisé dans la fourniture de soins et d’infirmiers à domicile, de « Succes Way Mali », une entreprise de placement d’étudiants maliens dans les universités à l’étranger, de l’entreprise « Diarra Agriculture », d’ « Akalan », une plateforme de E-learning et de la pharmacie « M’pewo ». Le projet « OSE » initié depuis 3 ans met en exergue l’entreprenariat malien et célèbre la semaine mondiale de l’Entreprenariat.

Pèlerinage 2024 : baisse du taux d’inscription

Pour assurer une meilleure organisation du pèlerinage à La Mecque, les autorités saoudiennes ont décidé d’arrêter le processus de délivrance des visas pour le Hadj 2024 dès le 24 mars 2024. Les premiers pèlerins maliens doivent entamer le voyage ce 23 mai 2024, dans un contexte particulier, car le quota alloué n’a pas été atteint. Ce qui pose quelques défis aux acteurs de la filière privée, notamment.

« Les préparatifs se déroulent normalement malgré le chronogramme », déclare Dr Abdel Fatah Cissé, Directeur général de la Maison du Hadj. Selon lui, ce chronogramme serré fait partie des nouvelles mesures envisagées par les autorités saoudiennes qui ont entraîné un démarrage des préparatifs dès le mois de juin 2023. Mais, à ce jour, le quota des 13 323 pèlerins accordé au Mali n’a pas été atteint et le taux d’inscription pour ce Hadj 2024 est de 80%. Malgré cet « objectif non atteint », les préparatifs sont bien avancés, autant sur le plan administratif que sur le plan de la formation des pèlerins.

Si les raisons de cette « faible affluence » sont à chercher dans « la chute du pouvoir d’achat due à la hausse des prix généraux sur le marché », ainsi que la crise multiforme que connaît le Mali, cette situation entraîne un risque supplémentaire pour les organisateurs privés du Hadj. En effet, compte tenu des exigences des autorités saoudiennes, les organisateurs privés ont voulu anticiper et, en fonction des quotas, ont « procédé à des préfinancements ». Avec les inscriptions limitées, « cela risque de plonger des agences dans des déficits incalculables pour leurs activités », explique Mme Cissé Fatimata Kouyaté. Présidente de l’Association malienne des agences de voyage et de tourisme (AMAVT).

Coût prohibitif ?

Pour les pèlerins de la filière gouvernementale, il faut débourser la somme de 4 166 425 francs CFA et pour ceux de la filière privé la somme de 4 675 000 francs. Des sommes colossales qui ne sont pas à la portée de tous, surtout dans un contexte de crise et de renchérissement des coûts. C’est au même moment que les organisateurs du Hadj ont décidé de mettre en place de nouvelles dispositions, ramenant le délai de clôture pour les inscriptions seulement quelques jours après le début du mois de Ramadan. Il faut dire que les autorités saoudiennes sont dans une dynamique d’augmentation constante du taux des pèlerins. Pour la Omra cette année, 13,55 millions de Musulmans ont effectué le déplacement sur les lieux saints durant le mois de Ramadan, soit une augmentation de 58%. D’ici 2030, les autorités saoudiennes visent 30 millions de visiteurs pour la Omra et 5,4 millions pour le grand pèlerinage.

Dialogues et assises : des recommandations qui peinent dans leur mise en œuvre

Après chaque dialogue ou assises, la question de la mise en œuvre des recommandations revient très souvent. Quel est l’état de mise en œuvre des recommandations des précédents fora ?

Il y a un peu plus d’un an, le 8 mai 2023, le Coordinateur du Comité indépendant de suivi-évaluation pour la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation, CINSERE-ANR, Me Amadou Tiéoulé Diarra, a remis un rapport au Président de la Transition, le Colonel Assimi Goita. Selon ce document, sur les 55 actions prioritaires des Assises nationales de la refondation, 12 avaient été réalisées, soit un taux 21,82%. Ces recommandations portaient entre autres sur : la recomposition du Conseil national de la transition; la relecture de la loi électorale; l’intégration d’imprescriptibilité des actions en matière de délinquance financière dans le Code de procédure pénale; la simplification de la procédure d’obtention et de délivrance de la carte Nina en nationalisant sa confection; la poursuite de l’équipement des FAMa ou encore l’instauration du service militaire obligatoire pour les nouvelles recrues. 34 sur les 55 étaient en cours de réalisation, selon le Coordinateur. À l’issue des Assises nationales de la refondation organisées en décembre 2021, 517 recommandations avaient été formulées. En 2019 s’est tenu le Dialogue national inclusif. Les participants se sont concertés du 11 au 30 décembre sur six thématiques (Paix, sécurité et cohésion sociale, Politique et institutionnel, Gouvernance, Social, Économie et finances et enfin Culture, jeunesse et sport). Les actions à réaliser ont été classées par priorité : court, moyen et long terme. Toutefois, les participants ont surtout retenu quatre résolutions fortes. Ils ont ainsi recommandé l’organisation des élections législatives (avant le 2 Mai 2020); l’organisation d’un référendum pour la révision de la Constitution du 25 février 1992; le redéploiement immédiat des forces armées et de sécurité reconstituées sur l’ensemble du territoire; la relecture de certaines dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale selon son article 65 ainsi que la négociation avec Hamadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali (dirigeants de groupes armés liés à Al-Qaïda) pour « ramener la paix au Mali ». Les législatives se sont bien tenues les 29 mars et 19 avril pour le second tour, mais une crise post-électorale s’en est suivie, conduisant jusqu’au coup d’État contre le Président IBK en août 2020. Deux ans avant le Dialogue national inclusif, les autorités avaient organisé la Conférence d’entente nationale en 2017. Plusieurs recommandations ont été faites à l’issue de cette CEN, dont notamment d’améliorer la gouvernance, la justice et la gestion des ressources publiques; de criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes ou encore de négocier avec Iyad Ag Ghaly et Hamadoun Kouffa, les chefs du groupe terroriste JNIM. C’est alors que ces recommandations peinaient dans leur mise en œuvre que s’est tenu le DNI.

Transition : nouveau cap après les recommandations du dialogue inter-Maliens ?

Le rapport général final du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a été remis au président de la Transition le 13 mai 2024, trois jours après la fin des travaux de la phase nationale. Plus de 300 recommandations ont été retenues. Leur mise en œuvre pourrait constituer une nouvelle phase de la transition dont la prolongation semble déjà actée.

Quand le président de la transition annonçait le 31 décembre 2023 la tenue d’un dialogue direct inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, suivi dans la foulée de la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, il était attendu que le nouveau dialogue aboutisse à une alternative au défunt Accord et ouvre une nouvelle phase dans le processus de paix.

Mais dès la phase communale, certaines propositions de recommandations enregistrées semblaient sortir de l’objectif annoncé qui était de diagnostiquer les causes des conflits intra communautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable, recoudre le tissu social et renforcer le vivre-ensemble.

Pour l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP) de Bamako, Dr. Ahmadou Touré, l’objectif réel du dialogue, tel qu’annoncé dans le discours du président de la transition n’a pas été atteint.

« Dès qu’on sort de l’Accord pour la paix et la réconciliation, il faut retrouver un mécanisme de reconfiguration et faire ramener tous les Maliens sous la couverture de la paix et de la réconciliation. Or les groupes armés n’ont pas été présents à ce dialogue et la question du développement entre le nord et le sud n’a pas été posée », souligne-t-il.

Recommandations diverses

Les propositions de base relatives entre autres à la prolongation de 2 à 5 de la transition, à la candidature du président de la transition à la prochaine élection présidentielle et à l’élévation au grade de général de division des colonels de l’ex-CNSP en plus du Colonel Abdoulaye Maiga ont été retenues à l’issue de la phase nationale et figurent dans les recommandations finales.

Parmi les autres recommandations recueillis par le comité de pilotage à travers les 5 thématiques définies, on peut également retenir la relecture de la charte de la transition ainsi que celle des partis politiques en vue de réduire leur nombre et de supprimer l’aide publique de l’Etat qui leur était destiné, l’ouverture du dialogue doctrinal avec les groupes armés dits djihadistes, la dissolution des milices et les groupes d’auto-défense et la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants ou encore l’engagement d’un dialogue avec tous les mouvements armés maliens.

Les participants au Dialogue inter-Maliens ont aussi recommandé de créer un cadre de concertation entre les pouvoirs publics, les partis politiques, la société civile, les légitimités traditionnelles, en vue d’un consensus autour de la Transition, de dépolitiser l’Administration par l’introduction des règles de bonne conduite et un système de choix axé sur l’enquête de moralité des agents de l’Etat, d’ accélérer l’opérationnalisation des nouvelles entités territoriales (régions, cercles, arrondissements et Communes) et d’opérationnaliser les coordinations de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) dans les nouvelles régions.

Ils ont en outre recommandé la réduction du train de vie de l’Etat, l’amélioration de la bonne gouvernance, la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, l’installation des postes de sécurité dans les points sensibles sur la Route RN15, l’établissement d’une forte coopération entre les Forces de défense et de sécurité (FDS) des pays de l’AES ou encore le renforcement de la diplomatie avec les pays de l’Asie et du Golfe.

« Les recommandations sont vagues. Elles doivent être retravaillées pour voir si elles peuvent s’inscrire sur la durée, si elles sont objectivement transposables dans les faits, et si elles ont un intérêt pour le pays. Ce travail n’a pas été fait », pense Soumaila Lah, analyste politico-sécuritaire, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité.

Quid de la mise en œuvre ?

Le comité de pilotage du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation n’a pas défini de chronogramme spécifique pour la mise en œuvre des différentes recommandations faites lors des assises. Mais en se basant sur le nombre important de ces recommandations, on peut estimer que leur entière mise en œuvre va s’étaler sur plusieurs mois ou années.

« Pour ma part, j’engage les organes de la Transition à prendre les dispositions qui s’imposent pour la mise en œuvre diligente et le suivi des recommandations que vous avez formulées au nom du peuple malien, en gardant constamment à l’esprit la défense de ses intérêts vitaux », a indiqué le président de la Transition dans son discours de clôture des travaux le 10 mai 2024.

« Ce rapport ne signifie  pas la fin du processus, mais le début d’une mise en œuvre rigoureuse des résolutions et recommandations pour réaliser les aspirations profondes du peuple malien à la paix, à la réconciliation et au développement durable », a-t-il insisté par la suite lors de la remise du rapport final.

A l’instar des Assises nationales de la Refondation et comme recommandé à l’issue du Dialogue, une structure pour le suivi et l’évaluation des recommandations devrait très rapidement être mise en place. Selon un membre du comité de pilotage, il appartient désormais au président de la Transition d’examiner les différentes recommandations et de donner les instructions pour leur mise en œuvre selon les priorités.

« Il va de soi que les autorités de la Transition vont diligenter la mise en œuvre de certaines recommandations plutôt que d’autres. La prolongation de la transition par exemple devrait être assez rapidement formalisée tandis que la réduction du train de vie l’Etat ne sera probablement pas effectif à court terme », glisse un analyste.

Prolongation « légitimée »

Pour certains, dès le départ l’objectif principal de l’organisation du dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation était une nouvelle prolongation de la transition. « Ce dialogue est un outil comme tant d’autres qui ont été utilisés au moment de l’adoption de la Charte de la Transition ou encore des Assises nationales de la refondation. Tous les canaux de discussion qui ont eu lieu depuis le début de cette Transition n’ont servi qu’à légitimer des causes déjà connues à l’avance et le Dialogue inter-Maliens ne fera pas exception à cette règle », confiait récemment dans nos colonnes, l’analyste politique et enseignant-chercheur à l’Université Paris-13, Dr. Amidou Tidjani.

Comme lui, maître Cheick Oumar Konaré s’interroge également sur la finalité réelle  du Dialogue. « A ce que je sache , il n’y avait pas dans les thématiques annoncées par le dialogue, la question de la prorogation de la durée de la transition ni celle de la candidature du colonel Assimi Goita aux prochaines élections. Je pense que ces deux thèmes se sont invités dans les débats et que le dialogue a traité de quelque chose qui n’était pas parmi les sujets à traiter », souligne l’avocat.

Par ailleurs, plusieurs acteurs politiques qui avaient boycotté le dialogue ont fustigé les conclusions et recommandations.

Sécurité : face aux FAMa, les redditions de terroristes se multiplient

Face à la dynamique offensive des Forces armées maliennes (FAMa) enclenchée depuis quelques mois, de plus en plus de groupes ou de combattants terroristes sont contraints à la reddition.

Sale temps pour les groupes armés terroristes qui sévissaient depuis des années, sans être véritablement inquiétés, dans la plupart des régions du nord et du centre. Engagée dans une mission de sécurisation complète du territoire national et dans une lutte sans merci contre le terrorisme depuis un moment, l’armée malienne, de mieux en mieux équipée pour mener la guerre, semble avoir pris le dessus.

Au moins cinq importants chefs terroristes ont été neutralisés au cours des deux derniers mois dans les régions du nord et du centre du pays. Ces neutralisations ont été suivies de redditions de groupes et de combattants terroristes.

Le 30 avril, l’armée a annoncé la reddition deux jours plutôt d’un important groupe armé à Aguel Hoc, dans la région de Kidal. « Ces hommes armés se sont présentés pour rendre volontairement tous leurs équipements, constitués de 5 véhicules, de matériels de guerre composés de mitrailleuses, de munitions et de divers équipements militaires », a indiqué le communiqué de l’État-major.

Deux semaines après, selon toujours l’État-major de l’armée, le 12 mai, deux autres combattants, dont l’un des chefs terroristes du fuseau Ansongo, se sont également rendus aux FAMa avec leurs armes et autres effets militaires lors d’une opération de reddition qui « a eu lieu sans incident ».

Coups durs pour le terrorisme

Selon des analystes, les redditions aux FAMa des groupes terroristes qui se multiplient peuvent s’expliquer par plusieurs raisons. « Nous avons le fait que depuis un certain temps l’étau est en train de se resserrer autour de ces groupes, ce qui n’est pas étonnant, parce qu’il y a de grosses manœuvres militaires qui se produisent dans plusieurs zones du pays. En plus, beaucoup de chefs terroristes ont été dernièrement neutralisés, contribuant au fait que la base n’a plus de commandement et préfère se rendre », soutient Maciré Diop, journaliste et analyste sécuritaire.

À en croire ce spécialiste des groupes armés terroristes, ces redditions portent un important coup à la dynamique des GAT présents dans le nord et au centre du pays et auront beaucoup d’impact dans la lutte contre le terrorisme sur l’ensemble du territoire national.

« De plus en plus de mouvements terroristes vont perdre des combattants et, au fur et à mesure, cela peut aller jusqu’à ce qu’ils ne soient complètement réduits et contraints à la disparition », estime-t-il.

Quels avantages pour l’armée ?

Alors qu’elle multiplie les offensives sur le terrain et bénéficie de plus en plus de renseignements précis sur l’organisation, la planification et même les déplacements des différents groupes armées terroristes à travers le pays, l’armée malienne pourrait encore mieux peaufiner sa stratégie et obtenir plus de résultats efficaces dans ses futurs opérations à partir des redditions de ces groupes.

« Avec ces redditions, l’armée fait des prisonniers et peut avoir une idée sur les prochaines actions et la maîtrisé même de ces groupes, de leurs chefs, de comment ils évoluent sur le terrain, entre autres. Cela lui permettra également de pouvoir porter un coup beaucoup plus important à ces groupes. Je pense que cela crée aussi un effet dissuasif, c’est un facteur de démobilisation des autres combattants au niveau de ces groupes », avance Maciré Diop.

Mais, au même moment où elle pourrait tirer des avantages de ces groupes terroristes et des combattants qui déposent les armes, l’armée court aussi le risque d’éventuelles infiltrations terroristes en son sein. Nos tentatives auprès de la Dirpa pour davantage d’informations sur les dispositions prises pour s’assurer de la « bonne foi » des «terroristes repentis » et de leur sort après leur reddition n’ont pas abouti.

Maïs : le Bénin interdit son exportation vers ses voisins

Au Bénin, les prix du maïs connaissent une hausse importante. Une situation qui a conduit les autorités à interdire l’exportation de cette céréale. La mesure vise à assurer un approvisionnement correct du marché et une disponibilité du produit pour les consommateurs. Cette interdiction d’exporter vers les pays voisins pourrait entraîner une tension autour de cette denrée, essentielle à la consommation humaine et animale dans la zone.

L’exportation incontrôlée du produit vers les pays voisins aurait conduit à une rareté et une cherté inédites du produit. Pour stabiliser cette situation et rendre le maïs accessible aux populations, les autorités ont décidé d’interdire la sortie du produit jusqu’à nouvel ordre, selon plusieurs médias. Intervenant en avril dernier sur la question, le ministre béninois de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, avait expliqué les tensions autour du maïs. Selon lui, c’est à la faveur de l’interdiction d’importer des produits carnés, il y a deux ans, que les éleveurs de poulets ont voulu constituer des stocks de maïs pour leurs élevages. Une situation qui a amené les commerçants à entamer des spéculations. La deuxième raison, toujours selon le ministre, est d’ordre exogène. Elle émane de la forte demande de la zone du Sahel, devenue grande consommatrice de cette céréale. Or « le corridor le plus sécurisé est celui du Bénin », a-t-il soutenu. Citant notamment le Nigeria, il a estimé que ce pays avait besoin du maïs béninois, malgré sa grande production, compte tenu de l’importance de ses élevages.

Forte demande du Sahel

« Les sorties massives et frauduleuses vers les pays de l’Interland (Burkina Faso, Mali, Niger) » seraient la cause de cette hausse de prix. Malgré une hausse régulière de sa production, qui est passée de 1 100 000 tonnes environ à 1 800 000 tonnes, avec des besoins autour de 1 000 000 de tonnes, les spéculations et la forte demande ont fait grimper les prix. Cette mesure d’interdiction « jusqu’à nouvel ordre », selon les autorités, est une mesure de précaution, qui vise à protéger le stock national de sécurité.

Estimée à 4,1 millions de tonnes pour la campagne 2023-2024, la production malienne de maïs reste la plus importante, devant le riz (3 millions de tonnes), le mil et le sorgho. Le pays prévoit une hausse d’environ 12% de sa production céréalière pour la campagne 2024-2025. Le deuxième producteur de céréales en Afrique de l’Ouest après le Nigeria avait aussi adopté une mesure d’interdiction d’exporter en 2021 pour éviter une pénurie.

Banque – Assurance : AFG Group dévoile les nouvelles identités visuelles de ses filiales au Mali

Au Mali, AFG est présente à travers la BICIM qui devient AFG Bank et Atlantique Assurances qui sera désormais AFG Assur. La cérémonie de rebranding a été officialisée ce jeudi 9 Mai 2024 à Bamako en présence du ministre de l’Industrie et du Commerce.

Atlantic Financial Group (AFG), la holding bancaire du milliardaire ivoirien Koné Dossongui a procédé au changement de nom et d’identité visuelle de son pôle financier au Mali. Ainsi, ses filiales bancaires et assurancielles seront respectivement identifiées par l’appellation d’AFG Bank et AFG Assur. « Nous avons 7 banques, 5 compagnies d’assurances il était important pour le groupe d’harmoniser et d’affirmer son identité » a expliqué Raoul Yapo, directeur général adjoint chargé des assurances.

Avec à son compteur au moins 13 agences au plan national, la BICIM se taille une place de choix dans le financement de l’économie. Ce rebranding entre dans le cadre du programme de modernisation et de transformation digitale d’Atlantic Financial group. Comme la banque, Atlantique Assurance entend également tisser sa nouvelle toile avec ce changement, pour être encore plus près de sa clientèle. L’objectif de ce changement de nom est une vision de leadership pour les deux secteurs d’activité. Présent à la cérémonie de rebranding, le ministre du commerce a lancé un appel pour le financement des PME et PMI qui sont selon lui le socle de l’économie nationale, représentant 80% de cette économie. D’après le Directeur général d’AFG Bank Mali, la banque a financé à plus de 100 milliards de FCFA les titres d’Etat et à plus de 150 milliards de FCFA contre 60 milliards à la reprise les particuliers.

Holding Financière de Atlantic Group fondée par l’homme d’affaires Ivoirien Koné DOSSONGUI il y a plus de 40 ans, AFG est active dans le secteur bancaire francophone et compte aujourd’hui six (6) filiales bancaires, cinq (5) filiales d’assurances, deux (02) banques d’affaires (AFG Capital CEMAC & Ile Maurice) et une entité technologique (Digital Business Solutions).

FAMa : la dynamique offensive

Depuis plusieurs mois, les Forces armées maliennes (FAMa), engagées dans la sécurisation de l’ensemble du territoire national, multiplient la traque des groupes armés terroristes. Ces opérations, qui ont permis la neutralisation d’importants chefs terroristes ces dernières semaines, s’intensifient dans la zone des trois frontières, où ces groupes armés radicaux semblent de plus en plus acculés.

Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, avait donné le ton le 14 novembre 2023, après la reprise de Kidal par l’armée malienne à la suite d’un raid déclenché quelque jours plus tôt en direction de la ville, contrôlée depuis plusieurs années par les groupes armés rebelles.

« Notre mission n’est pas achevée. Dans les jours qui viennent, nos FAMa poursuivront leurs interventions et bénéficieront de toute la confiance de notre vaillante peuple », avait averti Assimi Goïta, rappelant que cette mission consistait à « recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité ». « Cette opération n’a pas d’autres buts que la lutte contre le terrorisme et la sécurisation de notre pays », avait assuré le Président de la Transition.

Depuis, dans cette lutte contre le terrorisme, les Forces armées maliennes maintiennent une dynamique offensive, avec des résultats significatifs.

Chefs terroristes neutralisés

Au moins cinq importants chefs terroristes ont été neutralisés au cours des deux derniers mois dans les régions du nord et du centre du pays. Le 29 avril 2024, l’armée a annoncé avoir tué Abou Houzeifa, alias Hugo, haut responsable de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), au cours d’une opération de grande envergure dans le Liptako-Gourma. La tête de ce terroriste étranger, « auteur de plusieurs exactions sur les populations civiles innocentes et d’attaques contre les Forces armées des pays de l’AES et des forces étrangères », avait été mise à prix par les États-Unis pour sa responsabilité dans la mort de quatre soldats américains des Forces spéciales au Niger en 2017.

« Sa disparition pourrait être un coup dur pour l’État islamique au Grand Sahara, tant sur le plan moral que logistique, c’est-à-dire la capacité de l’EIGS d’organiser et d’élaborer de nouvelles embuscades contre l’armée », estime l’analyste sécuritaire Dr Ahamadou Touré. Pour ce chercheur en Sciences politiques, paix et sécurité, la neutralisation d’ Abou Houzeifa pourrait également impacter l’architecture militaire de l’EIGS. « Cette architecture pourrait connaitre une déstabilisation temporaire durant le temps de deuil et avant la nomination d’un nouveau chef militaire », analyse-t-il.

Une semaine avant la mort d’Hugo, un autre terroriste, Akalifa Sawri, a été neutralisé entre Douetiré et Acharane, dans la région de Tombouctou. « Ce redoutable criminel impliqué dans toutes les attaques contre les FAMa, y compris des tirs d’obus et des braquages contre les civils le long de la route Tombouctou – Goundam, était vivement recherché », a indiqué dans un communiqué l’État-major général des FAMa le 22 avril.

Dans un autre communiqué, en date du 18 avril 2024, l’armée a annoncé la neutralisation le 12 avril d’Ali Sékou alias Diouraydi, chef terroriste du secteur de Dogo, dans la zone de Youwarou, ainsi que de plusieurs autres terroristes aux environs de Laounia, dans la région de Mopti. À en croire l’État-major général des armées, ce terroriste vivement recherché, qui était l’adjoint d’un autre chef terroriste, Hassane Alias Cheik Oumar, était responsable de plusieurs exactions sur les populations et de pose d’engins explosifs improvisés (EEI) dans le secteur.

La mort d’Ali Sékou alias Diouraydi a été suivie quatre jours plus tard, le 16 avril, de l’interpellation à Niono d’Almahdi Ag Almahmoud, un autre « chef terroriste de renommée ». L’offensive, menée au nord-est de Niono, a également permis la découverte de deux refuges des groupes armés terroristes et la saisie d’un important lot de matériel de guerre, composé entre autres de grenades artisanales, de munitions 12,7mm, de tenues et rangers militaires, de batteries et de détonateurs, a indiqué l’armée.

Un mois plus tôt, le 18 mars, les FAMa neutralisaient un autre chef terroriste, Boura Lobbi, originaire du village de Tana, qui sévissait dans une grande partie de la région de Douentza, particulièrement au nord, jusqu’à Diona. « Il a été tué ainsi que plusieurs de ses gardes au cours d’un accrochage avec les FAMa dans la forêt de Niabi. Ce chef terroriste, auteur de plusieurs exactions sur les populations et d’attaques contre les FAMa dans la région de Douentza et activement recherché, a été formellement identifié parmi les terroristes neutralisés », précise un communiqué de l’armée en date du 8 avril.

En janvier dernier, Aboul Wahab Ould Choghib, l’un des plus grands dirigeants de l’EIGS, ainsi que deux de ses lieutenants avaient été également neutralisés par l’armée malienne. La mort de ce chef terroriste, principal instigateur du massacre de plusieurs centaines de civils dans la région de Ménaka entre 2022 et 2023, ayant occasionné le déplacement de milliers d’autres civils, est intervenue après celles d’autres figures de ce groupe, survenues au début du mois de décembre 2023. Parmi elles, l’émir militaire de l’EIGS Oussama Dallo alias Modallo.

Zone des 3 frontières ciblée

Dans la nouvelle dynamique enclenchée depuis quelques mois par l’armée malienne dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du territoire national, les offensives se multiplient dans la Zone des trois frontières, avec le Burkina Faso et le Niger, dans le cadre des opérations de la Force conjointe de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Si des opérations conjointes, d’une part entre le Mali et le Burkina Faso et de l’autre entre le Mali et le Niger, se menaient déjà ces dernières années, elles se ont intensifiées, avec des résultats plus probants depuis la création de la Force conjointe de l’AES, en mars dernier, même si jusqu’à présent ces opérations ne sont pas menées sous un commandement commun.

En avril, au moins trois grandes opérations coordonnées des trois armées dans cette zone ont conduit à la neutralisation de plusieurs groupes terroristes et à la destruction d’importantes bases logistiques.

Selon les informations de l’État-major général des armées du Mali, le 13 avril 2024 dans le secteur de Douna, à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso, une action conjointe impliquant des vecteurs  maliens et burkinabé a permis de démanteler une importante base logistique.

Le même jour, une importante quantité de matériels de guerre a été détruite, ainsi que plusieurs terroristes neutralisés, aux environs du village de Hourara, situé à environ 12 km au nord-ouest de Labbezanga, à la frontière entre le Mali et le Niger.

Trois jours plus tôt, le 10 avril, la coordination entre les armées malienne et nigérienne a permis de procéder à une frappe nigérienne qui a détruit un important lot logistique et neutralisé plusieurs terroristes dans la zone de Amalawlaw, dans le secteur de Labbezanga.

« C’est dans cette partie frontalière que l’on a une présence marquée des hommes de l’État islamique. Donc il faut comprendre que les trois armées veulent réduire de façon drastique les capacités de nuisance de ce groupe terroriste. Jusqu’ici, c’est Al-Qaïda qui a le plus subi de pertes. Les récentes opérations se concentrent davantage sur l’État islamique », expliquait récemment dans nos colonnes Dr Aly Tounkara, Directeur exécutif du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S).

Mais si les FAMa enchainent et réussissent des opérations portant des coups durs à l’organisation et à la capacité de nuisance de l’État islamique dans le Liptako-Gourma, elles ne sont en retour pas à l’abri des ripostes, mais aussi d’autres attaques venant du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans ( JNIM) et de la menace des groupes rebelles du CSP-DPA.

Sans actions d’envergure depuis leur défaite à Kidal, ces derniers, désormais tournés de nouveau dans une lutte indépendantiste, préparent activement leur retour au combat contre l’armée malienne et sur tout le territoire malien.

FAMa : les dépenses militaires ont explosé

Selon le rapport annuel de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), dont les données font autorité concernant les dépenses militaires, le Mali a déboursé en 2023 un peu plus de 727 millions de dollars, soit un peu plus de 443 milliards de francs CFA.

Une augmentation de 24,91% par rapport à 2022, durant laquelle les dépenses ont été évaluées à 582 millions de dollars. Outre les achats d’équipements militaires, SIPRI inclut toutes les dépenses publiques pour les forces armées et les activités militaires, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l’administration centrale, le commandement et le soutien.

Depuis ce que les autorités nomment « la rectification » de la Transition, plusieurs équipements militaires ont été achetés, sans que leurs coûts ne soient toutefois communiqués. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a par exemple reçu le 16 mars 2023 des aéronefs militaires de combats et de surveillance L39 et TB2. Cette remise faisait suite de celle d’une autre vingtaine d’aéronefs, livrés le 19 janvier 2023, et le lancement des travaux de construction du camp moderne de dernière génération de Bougouni, dont la pose de la première pierre a eu lieu le 14 mars 2023.

D’après un autre rapport de SIPRI paru en 2023, sur la période 2018 – 2022, la plus forte hausse des importations d’armes au sud du Sahara a été enregistrée au Mali. Plus de 210% en comparaison avec les cinq années précédentes. La Russie a été le principal fournisseur du Mali au cours de cette période. Mais le Mali s’approvisionne aussi auprès d’autres pays, notamment la Turquie, avec des drones TB2 qui font partie des fleurons en la matière. Le gouvernement en a réceptionné une vingtaine le 4 janvier dernier. Ce qui fait aussi le succès de ce drone, outre son utilisation très simple, est son prix. Selon le site spécialisé Fortune.com, il est estimé à 1 million de dollars pièce, soit un peu plus de 618 millions de francs CFA. Même si les dépenses militaires maliennes sont importantes, elles sont loin derrière celles du voisin algérien. Les dépenses militaires de l’Algérie ont augmenté de 76% pour atteindre 18,3 milliards de dollars. Il s’agit du niveau de dépenses le plus élevé jamais enregistré par l’Algérie et cela s’explique en grande partie par une forte augmentation des recettes issues des exportations de gaz vers les pays d’Europe, à mesure que ces derniers se sont éloignés des approvisionnements russes.

Sécurité : changement de cap pour les groupes armés rebelles ?

Le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), qui regroupait depuis 2021 les ex-rebelles des groupes armés du nord à dominante touareg, est officiellement devenu depuis le 24 avril 2024 le Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA). Un changement de dénomination, avec de nouveaux objectifs, qui semble ouvrir un nouveau chapitre dans la guerre qui a repris depuis quelques mois entre ces groupes et l’armée malienne.

Comme son nom l’indiquait, le désormais ex-CSP-PSD, composé de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de la Plateforme et de certains Mouvements de l’inclusivité, avait été mis en place dans le but de sécuriser les régions du Nord, d’accélérer leur développement et d’accompagner la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en 2015.

Le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), qui le remplace, s’adapte, selon ses initiateurs, au contexte, qui a évolué depuis plusieurs mois. En effet, contrairement à la situation de dialogue entre ces groupes armés et l’État malien pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix qui prévalait à la création du CSP-PSD en 2021, les deux parties sont aujourd’hui de nouveau en guerre et l’Accord qui les liait n’existe plus.

« Les objectifs changent en fonction du contexte du moment. Avec le CSP-DPA, d’autres décisions importantes seront prises », affirme Mohamed Elmaouloud Ramadane, Porte-parole du Cadre.

Retour à la lutte indépendantiste ?

En plus de changer la dénomination du Cadre qui les réunit, les groupes armés rebelles du Nord ont également dissous la CMA et la Plateforme, ou plutôt une tendance du GATIA dirigée par Fahad Ag Almahmoud et qui leur est fidèle. Le CSP-DPA est dirigé par le Chef du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), Bilal Ag Achérif. Ce dernier, qui prend la place d’Alghabass Ag Intalla, qui présidait l’ex CSP-PSD, est connu pour son militantisme poussé pour l’indépendance de l’Azawad.

« C’est peut-être une indication pour les ex-rebelles, pour signifier que désormais leur principale revendication ne sera plus la demande de développement des régions du Nord du Mali ou encore une décentralisation plus poussée, mais carrément plutôt l’indépendance de plusieurs régions de cette partie du pays », estime un analyste.

Officiellement, ce retour à la lutte indépendantiste n’est pas encore acté, d’autant plus que, selon certaines sources, le débat ne serait pas encore tranché au sein du CSP-DPA. En effet, sur cette question et sur bien d’autres, les différents groupes qui composent le Cadre ne seraient pas sur la même longueur d’ondes. Selon nos informations, au moins deux tendances divergentes se sont formées au sein de la nouvelle coalition. D’un côté l’aile la plus dure, incarnée par le MNLA de Bilal Ag Achérif et les soutiens de Fahad Ag Almahmoud qui seraient en Mauritanie, et de l’autre des mouvements comme le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), dont les principaux tenants se trouveraient du côté de l’Algérie.

Mais, que ce soit pour une réplique après sa défaite à Kidal en novembre dernier ou pour des velléités indépendantistes, une reprise des combats contre l’armée malienne était déjà en préparation du côté de l’ex-rébellion touareg depuis plusieurs mois. Début mars dernier, Alghabass Ag Intalla, alors Président du Cadre, avait procédé à la nomination de nouveaux Commandants de zone dans les régions du Nord et le Porte-parole de la coalition affirmait alors que la reprise des combats n’était plus qu’une question de temps. Le 6 avril dernier, la tendance portée par Bilal Ag Achérif et Fahad Ag Almahmoud a tenté une incursion vers Nara, mais l’attaque a été repoussée par les terroristes du … JNIM. Ces derniers leur avaient interdit toute attaque dans cette zone, la considérant comme la leur, injonction respectée par le HCUA mais pas par le MNLA. Selon certaines sources, une dizaine de morts a été enregistrée des deux côtés. Ni les FAMa, ni les autorités n’ont réagi officiellement aux dernières actualités des rebelles du Nord, mais l’armée est aujourd’hui engagée dans une dynamique offensive, notamment dans la Zone des trois frontières, ce qui a permis de neutraliser de nombreux terroristes, dont un important chef de l’État islamique.

Crise énergétique au Mali : le court-circuit économique

Le bout du tunnel n’est visiblement pas pour demain. Alors que l’on s’attendait ces dernières semaines à des améliorations dans la fourniture de l’énergie, les délestages intempestifs continuent de plus belle pendant de longues heures, voire des journées, à travers le pays, y compris à Bamako. Fortement impactées par la crise énergétique depuis près d’un an, de plus en plus d’entreprises sont à l’arrêt ou contraintes à une baisse de production. Durement éprouvée, l’économie tient. Jusqu’à quand ?

Près de 48h sans électricité durant le mois d’avril dans certains quartiers de Bamako. Certaines pistes de solutions ont été évoquées depuis quelques mois, mais la société Énergie du Mali (EDM SA) n’est toujours pas en mesure d’assurer la fourniture de l’énergie électrique en continu sur l’ensemble du territoire national.

Au-delà des ménages, l’impact de la crise énergétique se fait de plus en plus sentir dans le fonctionnement du tissu économique avec des entreprises de différents secteurs qui sont à bout de résistance. La situation, qui empire jour après jour, les plonge dans d’énormes difficultés et suscite des interrogations sur leur survie à court terme.

Entreprises impactées

« Depuis bientôt un mois, la Société des eaux minérales du Mali (SEMM) traverse une période difficile. En raison des soucis de distribution d’électricité qui sévissent dans le pays, notre production se retrouve malheureusement affectée, malgré les multiples investissements en champs solaires et en groupes électrogènes », a alerté dans un communiqué, le 22 avril 2024, la Société des eaux minérales du Mali, productrice de l’eau Diago. « En effet, nous faisons face à une diminution de la quantité habituelle en cartons d’eau minérale DIAGO que nous mettons à la disposition de notre clientèle », poursuit le communiqué.

Dans la foulée, la grande bouteille d’eau minérale Diago, qui était jusque-là vendue 400 francs CFA, est passé à 500 francs. L’eau minérale Eva, même si la société productrice n’a pas communiqué sur des difficultés, est également difficile à trouver sur le marché depuis un moment.

À l’instar de la SEMM, beaucoup d’autres entreprises et d’activités économiques dans d’autres secteurs sont frappées de plein fouet par la crise énergétique qui secoue le pays. Moussa Doumbia est promoteur de l’entreprise de production de boissons naturelles « Jus Bougouni ». Il affirme qu’à un certain moment, pour tenir face à l’insuffisance en énergie électrique, son entreprise a du revoir sa production à la  baisse, avant de retrouver récemment sa production normale, non sans contraintes.

« Le marché est très lent, parce que la crise touche tous les secteurs et diminue le pouvoir d’achat des consommateurs qui demandent une diminution de prix alors qu’au même moment, au niveau de l’entreprise, nous avons une augmentation des coûts de production. Il y a un déséquilibre et même si nous arrivons à tenir c’est sur des marges très réduites pour ne pas aller à des résultats négatifs », confie-t-il.

Le secteur informel, qui représente une part importante dans la structuration de l’économie malienne, subit également l’impact de la crise énergétique. Plusieurs tailleurs, soudeurs ou encore acteurs de la chaine du froid, dont les métiers dépendent essentiellement de l’énergie électrique, ne sont pas épargnés.

« Notre travail est lié à l’électricité. On paye chaque jour au moins 15 000 francs de carburant pour notre groupe électrogène, qui peine à fonctionner aussi. Cette situation réduit nos revenus et certains de nos clients ne sont pas contents, parce qu’il est difficile de respecter les délais », témoigne sous anonymat un propriétaire de pressing de Bamako.

« Le taux de profit étant très faible dans le secteur informel, vouloir compenser l’indisponibilité de l’énergie par l’achat d’un groupe électrogène ou l’utilisation d’autres méthodes alternatives engendre des coûts supplémentaires, ce qui oblige la plupart des travailleurs à mettre un terme à leurs activités », analyse l’économiste Dr. Abdoul Karim Diamouténé.

L’économie mise à mal

Selon Modibo Mao Makalou, en dehors de la plupart des PME/PMI, les micro entreprises du secteur informel, qui constituent plus de 90% des unités économiques, tournent au ralenti ou sont à l’arrêt, ainsi que les 3/4 des grandes unités industrielles qui ne peuvent pas marcher à partir de groupes électrogènes pendant une durée substantielle.

« Il faut absolument de l’énergie électrique. D’abord, les groupes électrogènes ne sont pas faits pour tourner de longues heures. Or les coupures dépassent très souvent 12h par jour. Ensuite, le carburant et l’entretien de ces groupes électrogènes coûtent excessivement cher et cela ne permet pas à ces unités, qu’elles soient petites, moyennes ou grandes, de rentrer dans leurs coûts. Cela entraine donc une mévente au niveau des produits ou un arrêt de la production », explique l’économiste.

« Et quand il y a arrêt de la production, les salariés sont soit en chômage technique soit définitivement mis au chômage. Il en découle des difficultés économiques, parce que la réduction de la consommation a un impact négatif sur l’économie du pays en général et sur le PIB en particulier, ainsi que sur les revenus de l’ensemble de la population active », poursuit-il.

Dr Abdoul Karim Diamouténé abonde dans le même sens. Pour cet enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG), c’est toute l’économie qui est étouffée par la crise énergétique qui perdure et son impact se ressent à plusieurs niveaux, y compris pour l’État, qui fait face à un manque à gagner considérable.

« Les recettes publiques proviennent des impôts, soit sur la production, soit sur les chiffres d’affaire et autres. Mais lorsque les entreprises subissent des retards ou des baisses dans leurs productions, il est tout à fait à fait normal que cela ait des répercussions sur leurs chiffres d’affaire, ce qui, par conséquent, devrait entrainer la baisse du niveau des recettes fiscales de l’État », souligne-t-il.

Résilience à long terme ?

Alors qu’elle a tenu tant bien que mal jusque-là face à cette crise énergétique sans précédent pour le pays, l’économie malienne pourra-t-elle encore résister pendant longtemps au choc ? Pour M. Diamouténé, le coût de reconversion peut s’avérer difficile pour l’économie, mais c’est surtout le risque social qui est à craindre.

« Tout va dépendre de la situation sociale si les différents ménages arrivent à tenir longtemps le coup sans grogne. Sinon, économiquement, les grandes firmes trouveront les moyens de s’adapter à la situation, même si évidemment cela aura des incidences sur leurs performances et les revenus qu’elles engrangent », soutient l’économiste.

« Les entreprises subissent des coûts énormes liés à cette crise énergétique. Des coûts d’adaptation et de reconversion. Soit elles ne sont pas en mesure de trouver les moyens de continuer et elles abandonnent, soit elles se reconvertissent ou s’adaptent. Quoi qu’il en soit, cela a un impact sur les productions et les revenus », précise-t-il.

Dans un communiqué en date du 30 avril 2024 suite à une mission d’une de ses équipes au Mali du 21 au 26 avril 2024, le Fonds monétaire international (FMI) estime que les perspectives à court terme de l’économie malienne sont « incertaines et sujettes à d’importants risques baissiers ».

« La croissance du PIB réel devrait ralentir à 3,8 % en 2024 en raison de graves pannes d’électricité, des effets négatifs du départ de la MINUSMA sur le secteur tertiaire, d’une baisse dans la production d’or et de l’incertitude entourant le report des élections et la sortie de la CEDEAO, mais devrait revenir à 4,4 % en 2025 », indique le FMI.

« Assurer un approvisionnement en électricité stable et rentable est la priorité numéro un du Mali. La convergence vers le plafond de déficit budgétaire de 3% de l’UEMOA est également importante dans un contexte de conditions de financement serrés et de coûts d’emprunt élevés », préconise l’institution de Breton Woods.

Bandiagara : jusqu’où ira le mécontentement ?

Depuis plusieurs années, la région de Bandiagara fait face à des enlèvements de bus de transport en commun sur l’axe Bandiagara – Bankass de la  RN15. De nouveaux  enlèvements, le 16 avril 2024, sur le même axe ont provoqué l’ire des forces vives de la région, qui ont depuis entamé plusieurs actions dont l’arrêt est conditionné à la satisfaction de plusieurs doléances qu’elles ont soumises aux autorités.

Suite à un mot d’ordre de désobéissance civile, les populations du cercle de Bankass étaient dans les rues le 18 avril 2024, bloquant par la même occasion l’axe Bandiagara – Bankass sur la RN15. Plusieurs véhicules dont des cars, des camions et des minibus se sont ainsi retrouvés bloqués à l’entrée de la ville pendant deux jours, avant la levée du blocus dans la matinée du 20 avril 2024.

« Nous avons décidé de lever le blocus  à la demande d’un grand leader religieux de notre région. Mais les autres décisions que nous avons prises sont maintenues », explique Mamoudou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse du cercle de  Bankass.

En effet, ces jeunes ont décidé de boycotter la phase régionale du Dialogue inter-Maliens et de maintenir le mot d’ordre de désobéissance civile jusqu’à la prise en charge totale de leurs doléances. Même la levée du blocus de la route est temporaire, comme l’explique M. Guindo. « Le blocus est levé juste pour quelques jours. Si nous n’avons pas de réactions des autorités, nous nous réunirons le 24 avril pour nous mettre d’accord sur la conduite à tenir pour la suite ».

L’État interpellé

En plus des actions entamées dans le cercle de Bankass, l’ensemble des forces vives de la région de Bandiagara est monté au créneau dans un communiqué en date du 19 avril 2024, en dénonçant la persistance des attaques terroristes dans la région, les récents enlèvements et prises d’otages de civils au niveau de Parou  Songobia sur la RN15, le nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, « l’inaction » des forces armées et de sécurité dans la région, « malgré la montée en puissance de nos vaillantes armées », et la lenteur dans le processus de dialogue avec les différents groupes armés. « Plusieurs rencontres et dénonciations ont été faites et des promesses ont été tenues par les plus hautes autorités du pays, mais le constat demeure amer », soulignent les forces vives de la région de Bandiagara.

Dans le même communiqué, transmis au Gouverneur de la région, elles demandent aux autorités de la transition d’installer un camp militaire au niveau de Parou Songobia sur la RN15, d’engager une patrouille mixte d’envergure sur tout le territoire de la région de Bandiagara, de libérer la route Koro – Ouahigouya, de diligenter les actions en vue de la libération de tous les otages et d’accélérer le processus de dialogue pour faciliter le retour des déplacés.

Enlèvements récurrents

Selon des sources locales, au moins 110 civils sont retenus en otages par des terroristes présumés suite à l’enlèvement des bus du 16 avril 2024 sur l’axe Bandiagara – Bankass. C’est la 4ème fois depuis 2021 que des enlèvements ont lieu  dans cette zone.

« Le 10 novembre 2021, 3 de nos cars ont été enlevés et jusqu’à présent les otages ne sont pas libérés, parmi lesquels un maire adjoint, un chef de village et le premier Vice-président du Conseil local de la jeunesse », raconte Mamoudou Guindo.

Pour rappel, deux ans plus tard, le 7 novembre 2023, 3 véhicules appartenant à différentes compagnies de transport avaient été également enlevés sur le même axe.  Les assaillants avaient libéré toutes les femmes à bord, avant d’amener avec eux tous les hommes. Un véhicule et ses passagers avaient été par la suite libérés sous caution. Quelques jours plus tard, un autre car avait été à nouveau intercepté au même endroit et ses passagers masculins emmenés vers une destination inconnue.

Campagne cotonnière 2024 – 2025 : tenir les promesses

Les acteurs des filières coton du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Togo et du Tchad sont réunis à Bamako depuis le 22 avril 2024. C’est à l’occasion de la 16ème réunion bilan du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA). Une rencontre qui se tient à un « moment de défis pour les acteurs », notamment l’invasion de jassides, qui avait fait chuter la production de 50% par endroits. Producteurs, chercheurs et industriels sont donc chargés de trouver ensemble les solutions idoines pour booster les rendements et surtout pérenniser une culture vitale pour plusieurs pays.

Marquée par une forte infestation de jassides dans la plupart des pays producteurs de coton en Afrique, la campagne cotonnière 2022 – 2023 a été caractérisée par une baisse significative de la production. Des « ravageurs de fin de cycle qui sont malheureusement intervenus plus tôt », avec l’émergence d’une nouvelle espèce, plus invasive. Une situation inattendue qui a entraîné des dégâts à tous les stades de développement du cotonnier. Avec des niveaux élevés au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et au Togo, l’invasion de jassides a entraîné une baisse de production estimée entre 30 et 50%. Avec des prévisions de production au Mali en 2022 de 780 000 tonnes, au Burkina Faso de 647 800 tonnes et en Côte d’Ivoire de 492 820, les récoltes ont été respectivement de 390 000, 411 970 et 236 190 tonnes.

Par rapport à 2021, la production totale dans la Zone Ouest et Centre de l’Afrique a baissé de 30%, passant de 3 139 068 tonnes à 2 102 801 tonnes. Quant aux rendements, ils ont été en deçà de 800 kg/ha et particulièrement inférieurs aux prévisions dans la plupart des pays les plus touchés, comme la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal et le Burkina Faso. Une situation qui a occasionné l’endettement des producteurs et la mise en place par les États de subventions afin de leur permettre de se maintenir dans l’activité pour la campagne 2023 – 2024.

Maintenir la production

Après les résultats catastrophiques de la campagne cotonnière 2022 – 2023, les acteurs de l’espace ont envisagé des mesures destinées à soutenir les producteurs de la filière. Ainsi, les scientifiques ont identifié les causes et préconisé les mesures pour lutter contre ce phénomène nouveau, qui a compromis les résultats de la campagne et au-delà. Avec de nombreuses plantes hôtes autres que le cotonnier, l’insecte ravageur constitue une véritable menace pour la sécurité alimentaire, avertissent les chercheurs.

Lors de la réunion extraordinaire du PR-PICA à Lomé, au Togo, les acteurs ont recommandé notamment trois nouveaux produits, le traitement des semences avec des doses de produits plus relevées que d’ordinaire, l’obtention de dérogations pour l’utilisation de produits non encore homologués et la modification des programmes de traitement pour intégrer les nouveaux produits. Des mesures fortes qui ont permis aux producteurs de garder espoir.

Estimée à 690 000 tonnes de coton graines pour 2023 – 2024, la production malienne a permis aux acteurs de retrouver l’optimisme après la précédente campagne perturbée par l’invasion des jassides. Ainsi, le Mali retrouve sa place de premier producteur africain. Devant le Bénin, 553 587 tonnes, le Burkina Faso, 407 500 tonnes, la Côte d’Ivoire, 394 631 tonnes et le Cameroun, 350 000 tonnes, selon les données du PR-PICA.

Selon les responsables de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT), cette performance malienne est attribuable au maintien de la subvention et à l’augmentation du prix d’achat du coton graine. La reprise est aussi due aux « stratégies » déployées par la société pour respecter le dispositif de veille mis en place pour prévenir les attaques des jassides grâce aux produits proposés par l’Institut d’économie rurale (IER), en collaboration avec les chercheurs du PR-PICA.

Malgré donc son démarrage dans des conditions d’inquiétude, la campagne, dont les résultats ont été annoncés par la réunion du Comité de pilotage du PR-PICA en décembre 2023, permettra au Mali de reconquérir sa place de leader des producteurs du coton africain.

Même si cette production enregistre un recul de 11% par rapport aux prévisions, elle représente tout de même un rebond de 76% comparé à la précédente campagne.

Perspectives conditionnées

En pleine période de « mise en place », en attendant la fixation des prix du coton et des intrants qui doivent en principe être connus durant ce mois d’avril, les producteurs restent préoccupés par certaines difficultés. « La première inquiétude que nous avons c’est le retard dans le paiement des prix du coton, qui ne dépasse pas 52% dans l’ensemble », témoigne Issa Konaté, producteur de coton dans la région de Sikasso.

Si des dépenses peuvent être engagées sous certaines conditions, il est difficile pour un producteur qui vit de la culture du coton d’entamer une nouvelle saison sans être totalement payé pour la production précédente. L’autre sujet de préoccupation est relatif au prix des intrants, qui peuvent soit réjouir les producteurs soit les « décourager », ajoute M. Konaté. En effet, lorsqu’ils dépassent un certain niveau, cela peut être un facteur déterminant pour la décision.

Encore désorganisée il y a 3 ans environ, la Confédération des producteurs de coton qui est mise en place cette année est un préalable important qui, espère-t-il, continuera d’assurer l’équilibre et la sérénité au sein de ces acteurs primordiaux de la filière. Concernant les attaques des jassides, après les premières et les mesures adoptées elles ont été endiguées et il faut maintenir cette situation en garantissant la disponibilité des produits, suggère M. Konaté.

Évoquée par les responsables de la CMDT lors de l’ouverture de la réunion du PR-PICA le 23 avril 2024 à Bamako, la question des rendements est un défi constant, qui interpelle lui aussi. Pour le producteur, les différentes qualités de semences disponibles ont montré leurs limites et il est essentiel que d’autres variétés, qui seront plus adaptées aux conditions et aux réalités des sols, soient adoptées. Par ce que les « rendements ne sont pas vraiment à hauteur de souhait », déplore M. Konaté. Puisque c’est au rendement qu’est effectué le paiement, il est important que « nous ayons des semences plus performantes en la matière ».

Espérant une hausse du prix au producteur cette année, M. Konaté attend également une baisse du coût des intrants et surtout le paiement des sommes dues au titre de la campagne précédente pour entamer avec plus d’engouement la prochaine, qui doit confirmer les « bons résultats » de 2023 – 2024.

Évoluer face aux défis

Créé au Burkina Faso en 1998, le Projet régional de prévention et de gestion de la résistance de Helicoverpa armigera aux pyréthrinoïdes en Afrique de l’Ouest (PR-PRAO) est devenu en 2005 le Programme régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA) en décidant d’intégrer toutes les disciplines de la production, notamment l’amélioration variétale, il est désormais le Programme régional de production intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA).

Même s’ils affichent des « résultats intéressants dans la gestion de la résistance des ravageurs », ses responsables entament cette session avec d’importants défis. Ils sont relatifs à la faiblesse des rendements, qui sont encore inférieurs à une tonne à l’hectare. « Inacceptable », à l’heure actuelle, compte tenu des nombreux progrès dans le domaine. La variabilité de la pluviométrie et la question centrale de la transformation du coton africain sont aussi des problématiques qui sont à l’ordre du jour du développement du secteur du coton.

Des questions centrales sur lesquelles les chercheurs des huit pays producteurs du PR-PICA, ainsi que leurs partenaires, réunis à Bamako sont donc attendus pour faire des recommandations pertinentes, capables de booster le secteur et surtout d’assurer sa viabilité, compte tenu de son importance dans l’économie des pays producteurs.

Choguel Kokalla Maïga : dans le viseur du CNT, le Premier ministre va-t-il tomber ?

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga est attendu dans les prochains jours au Conseil national de transition (CNT) pour présenter le bilan de l’exécution du Plan d’action gouvernemental. Deux ans après son premier passage devant l’organe législatif de la Transition, Choguel Maïga, très attendu par les membres du CNT, pourrait être contraint à présenter sa démission et celle de son gouvernement.

Le Président du Conseil national de Transition, le Colonel Malick Diaw, a annoncé dans son discours d’ouverture de la session ordinaire d’avril, le 8 avril 2024, le prochain passage du Premier ministre devant l’organe législatif dans le cadre de l’orientation, du contrôle et du suivi-évaluation de la Feuille de route de la Transition.

Le Chef du gouvernement, très attendu par les membres du CNT, devra faire le point de l’avancement dans l’exécution de son Plan d’action gouvernemental sur les deux dernières années et faire face aux multiples interrogations sur différents sujets d’actualité lors de ce passage, dont la date doit être fixée et rendue publique après la prochaine Conférence des présidents du CNT.

Et si cette interpellation annoncée du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga était le début d’un processus aboutissant à sa destitution de la tête du gouvernement ?  Pressenti comme étant sur un siège éjectable depuis des mois, le Chef du gouvernement bénéficie toujours de la confiance du Président de la Transition. Mais pourra-t-il conserver celle du Conseil national de transition et obtenir son quitus pour prolonger son séjour à la Primature ?

Motion de censure ?

Lors de son dernier passage devant le CNT, en avril 2022, 9 mois après sa prise de fonction, Choguel Kokalla Maïga avait été déjà vivement critiqué pour la lenteur dans la mise en œuvre du Plan d’action gouvernemental, dont seulement 33,87% des activités avaient été exécutées.

Aujourd’hui, deux ans après, beaucoup de membres du CNT pensent que l’exécution de ce plan et de la Feuille de route de la Transition n’ont guère avancé. Selon nos informations, l’institution, dont la majorité des membres n’est pas très satisfaite de l’action gouvernementale, pourrait adopter une motion de censure contre le Premier ministre et le contraindre à la démission.

À en croire certains analystes, ce scénario n’est pas exclu, d’autant plus que le Premier ministre n’est visiblement pas prêt à rendre le tablier de lui-même et que les militaires auxquels il s’est allié ne veulent pas le débarquer, au risque de se mettre à dos le M5-RFP pour la suite de la Transition, même si le mouvement est aujourd’hui divisé.

Dialogue inter-Maliens : mal embarqué ?

La première phase du Dialogue inter-Maliens s’est achevée le 15 avril dans les différentes communes du pays. Alors que ce dialogue vise à contribuer à la restauration de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale, certaines propositions issues des échanges vont dans le sens d’une prolongation de la Transition. Boycotté en outre par des acteurs majeurs de la classe politique et certains groupes armés rebelles du nord, le dialogue voit sa réussite déjà compromise.

Les phases régionale et nationale du Dialogue inter-Maliens doivent se tenir respectivement du 20 au 22 avril et du 6 au 10 mai 2024. Mais le ton a été déjà donné dans les différentes communes, du 13 au 15 avril dernier. Les travaux au niveau communal, qui se sont globalement bien déroulés sur l’ensemble du territoire national, ont abouti à des recommandations en rapport avec les thématiques soumises aux participants, à savoir « Paix, réconciliation nationale et cohésion sociale », « Questions politiques et institutionnelles », « Économie et développement durable », « Aspects sécuritaires et défense du territoire » et « Géopolitique et environnement international ».

Différentes propositions ont été faites lors de ces échanges. Dans la Commune III du District de Bamako, pour ce qui est de l’économie et du développement durable, certains participants proposent de développer le secteur primaire, la pêche, l’élevage et surtout l’agriculture, de promouvoir l’entreprenariat et la consommation locale et de « contrôler au maximum notre économie pour créer notre propre monnaie ».

Concernant la question sécuritaire et de défense du territoire, ils recommandent de  recruter le maximum de jeunes volontaires pour la défense de la patrie, d’acquérir des armements de guerre modernes et de renforcer les écoles de guerre. Sur la même thématique, en Commune II, les participants recommandent l’instauration d’une police de proximité et une meilleure collaboration entre la population et les forces de défense et de sécurité.

À Bafoulabé, les participants ont opté pour un désenclavement du cercle, qui doit « impérativement passer par la construction de ponts sur le fleuve Sénégal à Bafoulabé et ses voies d’accès », et la révision des cahiers de charges des unités de production pour favoriser le recrutement des jeunes locaux. Ils ont aussi plaidé pour que les ressources naturelles du cercle « brillent pour les communes où elles sont exploitées ».

Parmi les recommandations à Ansongo, dans la région de Gao, on note essentiellement le retour des réfugiés et l’érection du cercle en région, tandis qu’à Goundam, dans la région de Tombouctou, les participants ont insisté sur le retour de la paix dans la région.

Du coté de Bandiagara, dans le centre, l’intégration des combattants des groupes armés d’autodéfense dans les rangs des forces armés, la dissolution des milices, la reconstruction des villages endommagés ainsi que le retour effectif de tous les déplacés dans leurs localités respectives sont les principales recommandations faites.

Dialogue taillé sur mesure ?

Dans la thématique consacrée aux questions politiques et institutionnelles, certaines communes proposent une nouvelle prolongation de la Transition. Cette proposition de prolongation, allant de 30 mois à 10 ans ou encore jusqu’à la sécurisation complète et la stabilisation du pays, est revenue à plusieurs reprises, notamment, entre autres, à Bafoulabé, Ségou, Kidal et Gao.

Même si ces recommandations doivent encore être validées au niveau régional avant d’être retenues ou non au niveau national, elles suscitent déjà des interrogations sur d’éventuels objectifs inavoués qui auraient motivé la tenue de ce Dialogue inter-Maliens.

« Ce dialogue est un outil comme tant d’autres qui ont été utilisés au moment de l’adoption de la Charte de la Transition ou encore des Assises nationales de la refondation. Tous les canaux de discussion qui ont eu lieu depuis le début de cette transition n’ont servi qu’à légitimer des causes déjà connues à l’avance et le Dialogue inter-Maliens ne fera pas exception à cette règle », pense Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris-13.

Mais pour certains les recommandations sur la prolongation de la Transition sont « hors sujet » et doivent être recadrées conformément aux objectifs du dialogue. En effet, selon les termes de référence validés au plan national et soumis au Président de la Transition, les objectifs spécifiques du dialogue inter-Maliens sont, entres autres, d’identifier les sources des crises qui affectent le pays ainsi que les conditions de retour des réfugiés et des déplacés, de prévenir et de gérer les conflits en valorisant les mécanismes endogènes de gestion pour la consolidation de la paix, de renforcer la confiance entre les populations et les forces armées et de sécurité ou encore de renforcer la participation des femmes, des jeunes et des personnes vivants avec un handicap dans les mécanismes de prévention et de résolution des conflits.

Du plomb dans l’aile ?

En plus de l’orientation ambiguë que semble avoir prise le Dialogue inter-Maliens à l’issue de la première phase au niveau des communes, le processus, qui se veut inclusif et ouvert à tous les Maliens, est boycotté par une grande partie de la classe politique et les groupes armés réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD).

En riposte à la décision des autorités de transition de suspendre jusqu’à nouvel ordre les activités des partis politiques, plusieurs formations majeures à l’instar de l’Adema-PASJ, du parti Yelema, du RPM, du Parena, de la Codem, de l’ASMA-CFP, de l’UDD et du PDES, entre autres, ont enjoint à leurs militants de pas prendre part aux travaux de ce dialogue.

Pour les groupes armés du CSP, le Dialogue inter-Maliens est un « simulacre de dialogue ». « S’il y a un problème aujourd’hui, c’est bien entre les représentants de l’État et ceux du CSP et des mouvements djihadistes tels que le JNIM. Je ne vois pas l’objectif d’un dialogue qui exclut ces parties », martèle Mohamed El Maouloud Ramadane, Porte-parole du CSP.

L’absence de ces différents acteurs va-t-elle impacter l’efficacité du Dialogue inter-Maliens et la viabilité des recommandations pour la paix et la réconciliation nationale qui vont en découler ? Les avis sont partagés sur la question. « L’absence des groupes armés et de certains partis politiques n’est pas un frein à la réussite du dialogue. Dans un pays en crise, s’il y a des groupes qui ont pris les armes contre l’État et contre les populations civiles, on ne peut pas les inviter à un dialogue sans qu’ils acceptent de faire une trêve », soutient le politologue Bréhima Mamadou Koné.

Dr. Amidou Tidiani partage cet avis, même si les raisons qu’il met en avant ne vont pas dans le même sens. « Je pense que l’absence des partis politiques ne portera pas de coup au Dialogue inter-Maliens. Au contraire, c’est une occasion pour les autorités de la Transition, qui ont pour projet de délégitimer les partis politiques, d’utiliser ce dialogue pour arriver à cette fin », avance l’enseignant-chercheur.

Par contre, pour Soumaila Lah, analyste politique et Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la Sécurité, « aller à ce dialogue avec les paramètres actuels c’est le faire souffrir d’un manque de légitimité et, à la fin, beaucoup ne se reconnaitront pas dans les conclusions ».

« L’essence d’un dialogue est de réconcilier des gens qui ont des positions différentes. Mais aujourd’hui ce dialogue crée plus d’antagonismes entre les Maliens que de points de convergence », déplore celui qui soutient également que les autorités auraient véritablement dû travailler en amont pour rechercher l’inclusivité, peu importe les antagonismes.

UEMOA : la diaspora transfère près de 281 milliards de francs CFA

Les travailleurs de la diaspora provenant des pays de l’UEMOA et vivant en Côte d’Ivoire ont transféré 280,9 milliards de francs CFA vers leurs pays d’origine en 2022. Un chiffre en hausse de 28% par rapport à l’année précédente représentant 58% des transferts effectués par les diasporas vers les pays de la région, selon la BCEAO.

Selon le site Sikafinance, ceci dénote d’une forte présence des travailleurs des pays de la sous-région en Côte d’Ivoire. En tête de ces pays, le Mali, dont les ressortissants ont envoyé 70,8 milliards, suivi du Burkina Faso avec 60,7 milliards. Ces chiffres représentent 47% du volume global des transferts vers l’UEMOA. On trouve ensuite le Sénégal avec 52,2 milliards de francs CFA, le Togo, 41,7 milliards, et le Bénin, avec 40,6 milliards. Le Niger et la Guinée Bissau sont les pays ayant reçu le moins de transferts, avec respectivement 13,8 milliards et 619,7 millions  de francs CFA.

En tout, les flux de transferts des diasporas locales à l’intérieur de la région ont progressé de 19% pour s’établir à 663,6 milliards de francs CFA en 2022 contre 557,2 milliards en 2021.

Quant à la diaspora installée dans la région, elle a transféré 84,4 milliards  de francs CFA. Des sommes provenant essentiellement du Sénégal (26,9 milliards), du Mali (22,3 milliards), du Burkina Faso (17,2 milliards FCFA), du Bénin (9,5 milliards), du Togo (6,5 milliards), du Niger (1,3 milliard) et de la Guinée Bissau (548,2 millions de francs CFA).

Soumaïla Lah : « Rien ne laissait présager des affrontements entre le CSP et le JNIM »

Le CSP et le JNIM se sont affrontés le 6 avril dernier à Nara, occasionnant des pertes des deux côtés. Comment comprendre cet affrontement inédit entre deux groupes que beaucoup d’experts présentaient comme alliés ? Est-ce un tournant ? Soumaïla Lah, Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la sécurité répond.

Plusieurs sources indiquent des affrontements entre le CSP et JNIM le 6 avril dernier à Nara. Comment l’interpréter ?

Ces affrontements sont difficiles à justifier quand on sait la collusion entre le CSP et le JNIM depuis la suspension par les groupes armés de leur participation à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, sur fond de rétrocession des camps de la MINUSMA. Pour rappel, les deux entités, à plusieurs reprises, ont convergé pour s’opposer à la récupération des camps par les Famas. Pour autant, au regard de l’historique des relations entre elles, ce n’est pas la première fois que des alliances de circonstance sont nouées et dénouées selon le contexte du moment. Cependant, rien ne laissait présager ces affrontements entre le CSP et le JNIM au moment où le contexte est favorable à la logique de la continuité d’une alliance de circonstance. Des différents idéologiques ou territoriaux peuvent justifier ces affrontements. 

Alors que la collusion était avérée entre ces deux groupes, ces affrontements marquent-ils un tournant ?

Absolument, même s’il est difficile pour l’heure d’en déterminer les tenants et les aboutissants. En 2012 déjà, ce type d’alliance avait été scellé pour finalement éclater sur fond de différents idéologiques et sécuritaires irréconciliables. 

Le CSP, dont la base se trouvait au nord, notamment à Kidal, a voulu s’incruster vers Nara? Comment comprendre cette stratégie ? Pourquoi ?

Le CSP n’a plus accès à Kidal depuis un moment. Il a trouvé un point de chute aux  confins de la frontière entre le Mali et l’Algérie. Cette perte de repères, perçue comme un repli stratégique, ouvre forcément la voie à la recherche de nouvelles positions. Nara est stratégique et facilite le transit entre le Mali, la Mauritanie et l’Algérie, mais c’était sans compter sur la volonté du JNIM de ne pas laisser un mouvement, fût-il un allié de circonstance, prendre position dans une zone où il a posé ses bagages depuis un moment, sa zone de confort. 

Nara n’est pas loin de la frontière mauritanienne. Peut-on supposer que des combattants du CSP se réorganisent en Mauritanie plutôt qu’en Algérie ?

Nara constitue aujourd’hui un carrefour et le CSP est à la recherche de zones stratégiques pour se réorganiser. Cette hypothèse n’est donc pas à exclure.

Transition : le réveil des partis politiques ?

Longtemps silencieux concernant la Transition, certains partis et regroupements politiques redonnent de la voix. Depuis la fin de la période transitoire, le 26 mars 2024 conformément au décret No2022-003/PT-RM du 6 juin 2022 en fixant la durée à 24 mois, ils montent au créneau pour exiger des autorités la tenue rapide de l’élection présidentielle qui mettra un terme à la Transition. Mais feront-ils le poids face à un pouvoir bien assis et qui semble avoir relégué au second plan un retour à l’ordre constitutionnel ?

Avalanche de réactions au sein de la classe politique. Depuis le 26 mars 2024, date à laquelle était censée prendre fin la Transition, certains partis et regroupements politiques montent au créneau pour exiger le retour à l’ordre constitutionnel.

Dans une déclaration anticipée, le 25 mars, le RPM, après avoir invité les autorités de la Transition au respect des engagements souverainement pris devant la communauté nationale et internationale, appellait à la « mise en place de toute urgence d’un nouveau mécanisme transitionnel pour un retour à l’ordre constitutionnel dans un délai de 6 mois ».

De leur côté, le M5-RFP Malikura et Yelema recommandent en urgence une concertation avec les responsables des forces vives nationales, pour redéfinir le contour et les objectifs et identifier les acteurs d’une nouvelle transition courte. « Le M5-RFP Mali Kura et le parti Yelema « le Changement » sont convaincus qu’après 3 ans et 8 mois de report en report provoqué, la Transition ne saurait aux forceps s’éterniser », ont dénoncé les deux entités dans une déclaration commune le 26 mars.

Dans la même veine, l’Adema-PASJ a lancé le 27 mars 2024 un « appel vibrant » aux autorités de la Transition pour « accélérer le processus devant conduire à la tenue de l’élection présidentielle qui mettra fin à la Transition ». Le parti, dans une  déclaration, estime que le « silence prolongé » des autorités de la Transition sur le chronogramme électoral suite au léger report de la date des élections « ne participe nullement à l’apaisement du climat sociopolitique ni à la consolidation de la cohésion sociale chère à tous les Maliens démocrates et républicains ».

L’Action républicaine pour le Progrès (ARP), pour sa part,  dans un mémorandum en date du 27 mars, appelle à la démission immédiate du gouvernement et à la mise en place d’un Exécutif d’union nationale dans le cadre d’un nouveau dispositif de transition véritablement inclusif. L’Alliance politique dirigée par l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly propose également de fixer une « date consensuelle raisonnable » pour l’élection présidentielle qui marquera le retour du Mali dans la normalité institutionnelle.

Actions 

Au-delà de leurs différentes réactions initiales, plusieurs partis et regroupements politiques, ainsi que des organisations de la société civile, ont réitéré leur position dans une déclaration commune le 31 mars 2024. « Nous demandons aux autorités en place, au regard du vide juridique et institutionnel ainsi provoqué, de créer les conditions d’une concertation rapide et inclusive pour la mise en place d’une architecture institutionnelle, à l’effet d’organiser dans les meilleurs délais l’élection présidentielle », indique la déclaration signée de près d’une centaine de partis politiques parmi lesquels, entre autres,  l’Adema-PASJ, le RPM, la Codem, l’ASMA-CFP, les Fare An Ka Wuli, le parti Yelema et l’UDD.

En plus d’attirer l’attention du gouvernement sur la fin de la Transition, conformément à l’article 22 de la loi No2022-001 du 25 février 2022 révisant la Charte de la Transition et au décret No2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022 fixant le délai de la Transition à deux ans, ces partis avertissent qu’ils utiliseront « toutes les voies légales et légitimes pour le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel normal ».

Le 28 mars dernier déjà, la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP), toutes deux membres de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali, signataire de la déclaration du 31 mars 2024, avaient déposé une requête devant la Cour constitutionnelle. Les deux structures demandent à la juridiction de « constater la vacance de la présidence de la Transition, de prononcer la déchéance de tous les organes de la Transition et d’ordonner l’ouverture d’une nouvelle transition à vocation de rassemblement et réconciliation », incluant toutes les composantes de la Nation, y compris l’armée républicaine, avec comme missions principales assignées l’organisation des élections en vue du retour à l’ordre constitutionnel.

À en croire Alassane Abba, Secrétaire général de la CODEM, tous les partis, regroupements politiques et organisations de la société civile se réuniront dans les prochains jours pour la mise en place du Comité de suivi de la Déclaration commune du 31 mars et pour se mettre d’accord sur les futures actions à mener.

« Sûrement que nous allons mener d’autres actions pour avoir gain de cause, parce que je ne vois pas le gouvernement tout d’un coup accéder à notre demande, compte tenu du fait qu’ils sont aussi dans leur logique. Le Premier ministre l’a dit et on le sent à travers les propos de beaucoup d’entre eux, les élections ne sont pas d’actualité », confie celui qui n’exclut pas par ailleurs parmi des futures actions la désobéissance civile. « C’est la première des choses à laquelle nous pensons », glisse M. Abba.

Bloc d’opposition ?

Depuis le début de la Transition, des plateformes opposées à la gestion des autorités se sont constituées, sans pour autant parvenir à inverser les rapports de force en leur faveur. Que ce soit le Cadre d’échange des partis et regroupements pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’Appel du 20 février pour sauver le Mali ou encore, plus récemment, la Synergie d’action pour le Mali, elles peinent toujours à peser  face aux militaires au pouvoir.

Mais pour la première fois, ces trois plateformes, même si la Synergie d’action pour le Mali n’est pas signataire en tant qu’entité mais est représentée par Espérance Jiguiya Kura, se mettent ensemble pour mener des actions communes. Au-delà de la déclaration commune et d’éventuelles futures actions, l’initiative pourrait-elle aboutir à la formation d’un bloc d’opposition à la Transition solide ? Pour le Secrétaire général de la Codem, cela ne semble pas évident.

« Les partis ont signé, mais ils n’ont pas les mêmes positions. Certains ont signé juste parce qu’ils se sont d’accord pour le retour à l’ordre constitutionnel. Mais de là à faire un bloc d’opposition, ce n’est pas aisé. Les partis n’ont pas les mêmes visions. L’opposition suppose qu’il y ait un chef de file et il n’est pas facile de le dégager dans ce contexte », concède Alassane Abba.

Par ailleurs, selon certains observateurs, le succès même des actions communes annoncées des partis, regroupements politiques et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 n’est pas garanti. « Il sera très difficile pour ces partis de mener des manifestations qui puissent aboutir à quelque chose de probant. Le pouvoir en place semble décidé à ne laisser émerger aucune forme de contestation », glisse un analyste.

« Quand la Synergie d’action pour le Mali a voulu mener ses activités, elles ont été tout simplement interdites pour motif de sécurité par la Délégation spéciale du District de Bamako. Je pense que les autorités vont brandir les mêmes motifs pour interdire également toute manifestation de la nouvelle dynamique des partis et regroupements politiques qui est en train de se mettre en place », prédit-il.

Vague de chaleur : le Mali suffoque

Si les mois de mars et avril marquent habituellement la période de pic pour la chaleur au Mali, cette année s’annonce particulière avec dès ce début avril des jours et des nuits très chauds. Une vague de chaleur qui devrait se poursuivre jusqu’en fin de semaine avec des températures au-dessus de 40°C partout au Mali. Ces températures extrêmes, qui concernent l’Afrique et au-delà, s’expliquent selon les experts par le changement climatique.

Déjà signalée par la World Weather Attribution (WWA), la « chaleur anormale » enregistrée dans la zone sud de l’Afrique de l’Ouest début février est selon les observations l’une des conséquences du changement climatique induit par l’homme. « L’indice de chaleur moyen par zone est aujourd’hui environ 4°C plus élevé dans le climat actuel, plus chaud de 1,2°C. En outre, une telle chaleur humide est devenue beaucoup plus probable. Elle est au moins 10 fois plus probable dans le monde d’aujourd’hui », note le rapport de WWA.

Absence d’anticipation

Alors que le coût de l’adaptation pour les pays en développement se situe entre 215 et 387 milliards de dollars par an au cours de cette décennie, les données et les recherches, limitées, des services de météorologie dans la zone concernée semblent caractériser la situation. Ainsi, beaucoup de pays « ne semblent pas avoir procédé à une planification en cas de chaleur extrême ». Or « des investissements majeurs sont nécessaires en Afrique pour renforcer la résilience face aux chaleurs dangereuses ».

Au Mali, la période coïncide cette année avec le mois de Ramadan et une crise énergétique qui complique davantage la situation. Avec des températures minimales d’environ 30°C, les premières heures de la matinée sont déjà éprouvantes pour les individus. Avec des maximales prévues à 44°C, notamment à Bamako, les nuits, habituellement plus douces, enregistrent aussi des pics.

L’épisode de cette année sera plus intense et plus fort que durant les 30 dernières années, avaient expliqué les services de la météorologie début mars. Un mois d’avril  où les nuits seront aussi chaudes que la journée, surtout dans les régions de l’ouest (Kayes), où la température a atteint 46°C le 2 avril, et dans les régions du nord. Cette augmentation de la chaleur, due à un dérèglement climatique mondial entraînant une hausse globale des températures, est aussi liée à une forte urbanisation, notamment dans la capitale malienne. L’augmentation des émissions de gaz à effets de serre contribuant au réchauffement de l’atmosphère et la « saharisation » de Bamako, avec la diminution significative des arbres, sont aussi des causes évoquées par les spécialistes.

VBG : de plus en plus de victimes

En 20 ans, entre 2002 et 2022,  le nombre de  victimes de violences basées sur le Genre (VBG), très majoritairement des femmes, a explosé, passant de 2 283 à 14 264 cas, selon les chiffres du ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. Une tendance alarmante qui souligne l’ampleur croissante de ce fléau social au Mali.

Il existe 6 différents types de VBG : le viol, l’agression sexuelle, le mariage d’enfants,  le déni de ressources, d’opportunités ou de services et les violences psychologiques ou émotionnelles. Selon le Bulletin statistique annuel 2021 de la Direction nationale de la population (DNP), parmi les types de VBG rapportés en 2021, les données montrent une prédominance des violences sexuelles (38%), dont 23% de viols. Pour le reste, 20% sont des agressions physiques et des violences psychologiques, 15% sont des agressions sexuelles, 12%, des dénis de ressources et 10% des mariages précoces.

Parmi les 14 264 cas de VBG enregistrées au Mali en 2022, 14% étaient des violences sexuelles et 12% des victimes étaient des enfants de 12 à 17 ans. Si les statistiques de l’année 2023 ne sont pas encore publiées, au Programme national pour l’abandon des VBG on craint des chiffres plus élevés que ceux de 2022. Selon une source au sein de la structure, entre janvier et juin 2023 plus de 7000 cas avaient été déjà enregistrés.

Les agressions sexuelles en hausse

Selon le Bulletin annuel de la DNP, les statistiques de 2021 montrent une tendance à la réduction des cas de violences sexuelles de 3% (23% en 2020 contre 20% en 2021). Par contre, les cas d’agressions sexuelles sont passés de 15% en 2020 à 34% en 2021. La même tendance à la hausse se poursuit pour les cas de violences physiques, qui sont passés de 20% en 2020 à 27% en 2021, soit un taux d’augmentation de 7%.

« Pour le mariage d’enfants, le taux est resté inchangé (de 10% à 2020 il est resté le même en 2021). Le déni de ressources, d’opportunités ou de services a connu aussi une évolution de 6%. De 12% en 2020 il est passé à 18% en 2021. Seules les violences psychologiques ou émotionnelles ont connu une baisse significative : elles passent de 20% en 2020 à 11% en 2021 », indique le bulletin.

Si les VBG se multiplient au fil des années au Mali, il n’existe toujours pas de loi spécifique pour lutter contre le fléau. Plusieurs tentatives d’adoption d’une loi spécifique ont échoué par le passé, mais la réforme du Code pénal en cours devrait permettre de prendre les VBG en compte dans le nouveau texte.

Femmes dans la transition : encore du chemin à faire

Malgré certaines avancées dans  la promotion du Genre ces dernières années, les femmes restent peu représentées dans les organes de prise de décision sous la transition. Si elles ne sont pas complètement en marge du processus de refondation, elles peinent à peser dans les différentes instances.

La faible représentativité des femmes au sein du Comité de pilotage du Dialogue inter-Maliens, mis en place le 31 janvier 2024, est venue confirmer une tendance globale depuis le début de la Transition. La loi  N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives peine à être respectée lors des nominations aux postes de responsabilité. Sur 140 membres qui composent ce comité, seulement 28 sont des femmes.

À l’instar du Comité de pilotage du dialogue inter-Maliens, les femmes restent sous-représentées dans toutes les organes de la Transition et au niveau d’autres importantes instances, à commencer par le Gouvernement, où elles ne sont que 6 membres sur 28, soit une représentativité de 21,42%. Plus alarmant, seule une femme est Secrétaire générale au niveau des différents départements ministériels, selon le Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires ( REFAMP).

Le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif de la Transition, ne compte de 42 femmes sur 147 membres (28, 57%) et dans la Commission de finalisation de l’avant-projet de nouvelle Constitution mise en place en janvier 2023, les femmes n’étaient que 11 sur les 69 personnes désignées (15,94%). Même constat à  l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), installée le 10 janvier 2023 et qui ne compte que 4 femmes sur ses 15 membres, soit une représentativité féminine de 26,66 %. Au Conseil économique, social, environnemental et culturel, seulement 15 femmes sont présentes sur 68 membres. Par ailleurs, à en croire les données de l’Institut d’études de sécurité (ISS), au sein de l’Administration générale en 2021, lors du début de la 2ème phase de la Transition, les femmes constituaient  15% seulement des directeurs et directrices des services centraux et 11% des ambassadeurs et ambassadrices.

« Les chiffres parlent. Nous avons encore du chemin à faire. Je pense que les femmes sont impliquées dans la conduite de la Transition, mais pas à hauteur de souhait. Le gouvernement a fourni des efforts, mais il faut encore une forte volonté politique pour améliorer la participation et la représentativité des femmes  au niveau des différents organes », souligne Mme Fomba Fatoumata Niambaly, Secrétaire générale adjointe du REFAMP.

Actives malgré tout

Malgré le tableau peu reluisant de leur représentativité au sein des instances de décision, les femmes du Mali ne sont pas restées en marge du processus de refondation enclenché depuis le début de la Transition. Tout en menant des plaidoyers pour l’application effective de la loi 052, elles se sont impliquées à divers niveaux dans les grands rendez-vous décisionnels de la Transition.

« Les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle important dans le processus de paix et de réconciliation pour la refondation du Mali. Elles sont très impliquées dans les différents mouvements de gestion de crise, jouent des rôles stratégiques et sont très actives dans la société civile. Grâce à des organisations de femmes, leur rôle est reconnu dans la gestion des crises et elles sont présentes dans les différentes instances de la Transition », rappelle Mme Doumbia Fatoumata Koité, Présidente du Consortium des femmes leaders du Mali.

Ce consortium, constitué de la Plateforme des femmes leaders du Mali, du Réseau paix et sécurité des femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO), du Réseau des femmes leaders du Mali (AWLN-Mali), du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires (REFAMP) et du Réseau plaidoyer et médiation, a contribué à la mise en place d’un mécanisme cohérent pour la participation des femmes aux réformes de refondation du Mali.

« Nous avons travaillé entre autres pour la prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans toutes les décisions concernant la refondation du Mali, pendant la Transition et au-delà, pour faire connaitre leur rôle incontournable dans la vie de la Nation et dans la reconstruction de la cohésion sociale et du vivre ensemble et pour exiger leur présence, à travers des expertes, dans les équipes de réflexion, de rédaction et de proposition des textes devant régir la Transition », affirme Mme Doumbia.

Loi 052, l’interminable  combat»

« À l’occasion des nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics au Mali, par décret, arrêté ou décision, la proportion de personnes de l’un ou de l’autre sexe ne doit pas être inférieure à 30% », stipule l’article 1er de la Loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant les mesures pour promouvoir le Genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.

Pour la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, le non-respect des dispositions de cette loi ne peut s’expliquer en partie que par une absence de volonté politique, parce « qu’il y a des femmes compétentes qui peuvent mieux jouer leur rôle que certains hommes ».

Mme Maiga Oumou Dembélé est du même avis. Pour la Présidente du Cadre de concertation des femmes des partis politiques (CCFPP), également, la faible représentativité des femmes au sein des instances de prises de décisions n’est liée qu’à la volonté et à une décision politique de la part des autorités dirigeantes.

« Les décisions politiques n’émanent pas de nous. Il faut que les décideurs aient la volonté de changer les choses pour que cela bouge. Nous, en tant que femmes, nous pouvons juste mener des plaidoyers pour que la loi soit respectée », avance-t-elle.

Mais, à en croire Mme Fomba Fatoumata Niambaly, l’argument de la non disponibilité de femmes compétentes ressort souvent pour justifier leur faible représentativité dans les instances. Face à cela, le REFAMP, explique-t-elle, a initié des projets pour identifier les femmes cadres afin d’avoir un répertoire pour faire des propositions lors des nominations. « Nous allons redynamiser ce cadre d’identification pour réactualiser ce répertoire de toutes les femmes qui peuvent occuper des postes », assure-t-elle.

Si la volonté politique est remise en cause pour l’application de la loi 052, les femmes reconnaissent également des pesanteurs sociales qui freinent leur participation dans ces instances. « Il arrive que les maris s’opposent aux nominations de leurs épouses et les obligent à se désister », se désole la Secrétaire générale adjointe du REFAMP, soulignant qu’il faudrait donc agir à deux niveaux.

« Nous devons plaider d’une part au niveau du gouvernement et d’autre part agir à notre niveau en tant que femmes pour mieux nous  préparer. Il est incompréhensible que nous nous battions pour avoir des postes et que dans le même temps certaines femmes qui sont désignées se désistent », admet-elle.

« Nous sommes à pied d’œuvre pour renforcer  les capacités des femmes,  pour qu’elles puissent être à la hauteur, parce qu’il ne s’agit pas seulement de désigner, il faut savoir qui désigner. Il faut que les femmes qui sont désignées puissent bien jouer leur rôle », insiste Mme Fomba.

En attendant une totale application de la loi 052, les femmes ont plaidé et obtenu une disposition dans la nouvelle loi électorale adoptée en 2022. L’article 78 de ladite loi est sans équivoque : « les listes de candidatures présentées par les partis politiques, groupements de partis politiques ou candidats indépendants sont irrecevables lorsqu’elles présentent plus de 70% de femmes ou d’hommes ».

Primature : Choguel Kokalla Maiga sur un siège éjectable ?

La crise au sein du M5-RFP a pris de nouvelles proportions le 5 mars 2024,  avec la révocation de Choguel Kokalla Maiga de la tête du Comité stratégique par la tendance Imam Oumarou Diarra. Alors qu’il a été nommé Premier ministre en juin 2021 en tant que Président de ce Comité stratégique, le chef du gouvernement est-il désormais menacé à la Primature ?

Lors de sa conférence de presse du 2 mars 2024, le Comité stratégique du M5-RFP tendance Imam Oumarou Diarra avait donné un ultimatum de 72 heures à Choguel Kokalla Maiga pour « rassurer face aux graves accusations de manipulation qui pèsent sur lui et sur sa responsabilité éminente dans la situation actuelle ».

« À défaut, il sera purement, simplement et démocratiquement démis de ses fonctions de Président du Comité stratégique et ramené au niveau de militant à la base, sans qu’il soit besoin de suspensions ou d’exclusions, qui restent les armes des faibles », avait avertit l’Imam Oumarou Diarra, épaulé par d’autres figures du mouvementn à l’instar de Me Mountaga Tall et de Jeamille Bittar.

De la parole ils sont passés à l’acte le mardi 5 mars, après une réunion extraordinaire tard dans la nuit, à l’issue de laquelle ils ont annoncé avoir démis Choguel Maiga de ses fonctions de Président du Comité stratégique.

« Réunis en session extraordinaire ce mardi 5 mars 2024 pour examiner les suites réservées par Choguel Kokalla Maiga aux demandes l’invitant à se hisser à la hauteur de ses responsabilités, constatant l’expiration du délai qui lui a été imparti pour ramener la cohésion et la sérénité au sein du mouvement M5-RFP, regrettant au contraire les propos injurieux et diffamatoires de ses porte-voix attitrés, décident de révoquer purement, simplement et démocratiquement le mandat de Président du Comité stratégique initialement confié à Choguel Kokalla Maiga » ont-ils déclaré.

Secousses à la Primature ?

Si cette révocation de Choguel Maiga de la tête du Comité stratégique est un « non-évènement » pour le camp qu’il incarne, parce que « la plupart de ceux qui ont pris la décision ont été déjà suspendus du Comité stratégique », pourrait-elle toutefois avoir des conséquences sur le Premier ministre pour la suite de la Transition ?

Lors d’une intervention, le 1er mars dernier, le chef du gouvernement lui-même avait déclaré être la cible de certains militaires qui mettent tout en œuvre pour l’affaiblir. « Il y a des militaires qui veulent affaiblir le M5. Ils font des réunions toutes les nuits, appellent des membres du M5 et leur disent qu’ils ne savent pas si je veux devenir Président ou pas. Donc, pour m’affaiblir, il faut qu’ils disent qu’ils ne veulent plus de moi et quand je serai faible je vais me rendre », a-t-il révélé.

Pour certains observateurs, la crise au sein du M5 fragilise incontestablement le Premier ministre et cela pourrait lui coûter son départ de la Primature. « Sa base solide était le M5. Il menaçait et parlait au nom du M5. Si ce mouvement se trouve aujourd’hui en lambeaux, les militaires en face sauront que le Premier ministre n’a plus d’arrière-garde. Il est forcément plus affaibli et devient une proie facile », confie un analyste.

Mais, pour un autre analyste politique, Boubacar Bocoum, le « cinéma » de certains membres du comité stratégique du M5-RFP ne devrait pas remettre en cause le poste de Premier ministre de Choguel Kokalla Maiga. « Ce n’est pas le Comité stratégique du M5-RFP qui gère le pays, mais plutôt le Colonel Assimi Goïta et ses collègues. Tant que le Président voudra de Choguel Maiga en tant que chef du gouvernement, il va le garder », soutient-il.

Même son de cloche chez une source proche du M5-RFP, tendance Boubacar Karamoko Traoré, qui a requis l’anonymat. « Tant que les militaires reconnaitront le seul Comité stratégique qu’incarne Boubacar Traoré, le Premier ministre ne pourra pas être inquiété. La preuve, quand d’autres sont partis créer un autre mouvement, cela n’a eu aucun effet », glisse-t-elle.

CMAS : le gouvernement annonce la dissolution de la coordination

Au cours du conseil des ministres de ce mercredi, le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation le Colonel Abdoulaye Maiga, a annoncé la dissolution de la « Coordination des Mouvements, Associations et Sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO (CMAS) ».

Pour cause, selon le compte rendu du conseil, depuis un certain temps, la CMAS s’adonne à des activités contraires à ses objectifs de départ et à son statut. Selon le Chef de l’Administration territoriale, la CMAS, créée en vue d’œuvrer pour la stabilité et la paix sociales, s’est transformée en un véritable organe politique de déstabilisation et de menace pour la sécurité publique suite au « léger » report de l’élection présidentielle.

Il est reproché également au parrain de la CMAS, l’imam Mahmoud Dicko, de s’adonner clairement à des activités subversives susceptibles de troubler l’ordre public.

Cette dissolution fait également suite à des récentes visites à l’extérieur de l’Imam Dicko et ses rencontres
officielles avec des personnalités de puissances étrangères sur des questions d’intérêt national sans l’autorisation des autorités du Mali. Cette circonstance, selon le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, constitue un manquement aux dispositions statutaires de la CMAS et une atteinte aux intérêts supérieurs du pays selon le communiqué.

La dissolution intervient également alors que le retour de l’imam Dicko à Alger depuis plusieurs semaines est annoncé pour bientôt. Pour certains analystes, c’est un avertissement qui lui est lancé. La CMAS a réagi dans la foulée, assurant ne pas être surprise et appelant ses membres à garder leur calme en attendant que la décision leur soit formellement notifiée. Les dissolutions d’association deviennent récurrentes.  Pour rappel, L’ Observatoire pour les Élections et la Bonne Gouvernance et l’Association  Solidarité pour le Sahel (SOLSA), ont été également dissoute.

La dissolution la plus récente est celle de, L’association Kaoural Renouveau qui a été dissoute le mercredi dernier lors du conseil des ministres. L’association est accusée d’avoir orchestré une campagne de dénigrement contre la transition en place. Le président de l’association aurait tenu des propos diffamatoires et subversifs visant à discréditer les autorités et à semer le trouble dans l’ordre public.

La commission nationale des droits de l’Homme CNDH se dit préoccupée face aux menaces sérieuses pesant sur l’exercice de certains droits civiques et politiques, notamment la liberté d’association. Elle s’indigne contre la tendance systémique de dissolution et/ou de suspension de partis politiques et/ou d’associations.

Elle a par ailleurs rappelé les responsabilités de l’État sur la protection des citoyens, et sur la garantie des libertés fondamentales comme la liberté d’association, conformément à la réglementation, en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance.

M5-RFP : La guerre des clans bat son plein

Le M5-RFP est au bord de l’implosion. Déjà diminué par le  départ de certains de ses cadres, réunis depuis au sein du M5-RFP Malikura, le mouvement continue de traverser des remous internes. Depuis  quelques semaines, deux tendances opposées à l’intérieur du Comité stratégique se battent pour son contrôle.

Le malaise interne au M5-RFP depuis plusieurs semaines a fini par se révéler au grand jour le 22 février 2024, lors de la réunion ordinaire hebdomadaire marquée par des invitées inhabituelles : les forces de l’ordre.

Si cette présence de la police à une réunion ordinaire du Comité stratégique n’a pas été du goût de certains membres opposés à la gestion du Vice-président Boubacar Karamoko Traoré, qui l’ont donc boycottée, pour les partisans de ce dernier elle est était justifiée.

« C’est parce que le Vice-président a reçu des informations selon lesquelles les jeunes se préparaient à venir le faire sortir de force qu’il a demandé à la police de venir sécuriser la réunion », confie un membre du Comité stratégique proche de lui.

Deux « Présidents » à bord

Suite aux évènements du 22 février, le Comité stratégique présidé par Boubacar Karamoko Traoré a décidé dans la foulée de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » certains membres dudit Comité pour, entre autres, la « gravité des incidents et des agissements » qu’ils ont posés lors de la réunion, les « atteintes graves à la cohésion et la violation de l’esprit d’union sacrée autour des idéaux du peuple malien portés par le M5-RFP » et « leur mépris à l’endroit des forces de l’ordre ».

Parmi les membres du Comité stratégique suspendus figurent entre autres le Coordinateur du mouvement EMK, Tiémoko Maïga, le Président du Pôle politique du consensus (PPC) et Porte-parole du M5, Jeamille Bittar, Paul Ismaël Boro, membre du FSD ou encore Ibrahim Traoré dit Jack Bauer, membre de la Coordination des jeunes du M5.

Mais ces derniers et d’autres membres du Comité stratégique issus de diverses entités ont également annoncé le 23 février avoir mis « un terme, avec effet immédiat, à la mission de Boubacar K. Traoré comme Vice-président du Comité stratégique du M5-RFP » et désigné « à titre d’intérimaire l’Imam Oumarou Diarra, 3ème Vice-président, en qualité de Vice-président du Comité stratégique jusqu’à  nouvel ordre ».

Pour le camp Traoré, la destitution du Vice-président est sans effet. « Ils ont tenté de destituer Boubacar Karamoko Traoré mais ils ne le peuvent pas. Non seulement ils n’ont pas la majorité, mais ils ne peuvent pas destituer quelqu’un étant suspendus », argue une source interne du Comité stratégique.

Mais, dans une déclaration en date du 26 février 2024 signée du Président par intérim désigné, l’Imam Oumarou Diarra, cette tendance du M5 a qualifié de « puéril, enfantin et dérisoire » le communiqué de « l’ancien Vice-président » portant  suspension de certains membres du Comité stratégique.

Elle a également demandé au Premier ministre, Président du Comité stratégique, de « sortir sans délai de son mutisme pour rassurer face aux graves accusations de manipulation qui pèsent sur lui »

Quête d’intérêts ?

À en croire des membres du Comité stratégique que nous avons approchés, la situation actuelle au sein du M5-RFP résulte de la quête d’intérêts personnels de certains. « Certains responsables du M5 qui étaient nommés comme chargés de mission dans certains ministères ont perdu leurs fonctions ces derniers temps. C’est eux qui sont en train de nourrir la protestation », accuse un membre du Comité stratégique proche de Boubacar Karamoko Traoré.

« Si vous regardez bien les visages, ce sont des gens soit qui ont été limogés, soit qui voulaient des postes ou des marchés, en plus de quelques jeunes qui demandaient à avoir du boulot mais qui n’en ont pas eu », appuie pour sa part un autre proche du Premier ministre.

Des accusations que Jeamille Bittar réfute. Lors de la lecture de la déclaration destituant le Vice-président, le Porte-parole du M5 a affirmé que ni les questions de poste ni les calculs politiques ne motivaient leur démarche.

Toutes nos tentatives pour avoir les versions de cette tendance sur les causes de la situation actuelle au sein du M5-RFP ont été sans suite. Elle prévoit une conférence de presse ce jeudi 29 février, où « aucune question ne sera taboue », assure M. Bittar.

13ème conférence ministérielle : l’OMC joue les prolongations

Alors que la cérémonie de clôture était prévue hier jeudi 29 février à 20h (locale-16h GMT), l’organisation mondiale du commerce joue les prolongations afin que les membres parviennent à un accord. Ainsi, la clôture de la conférence ministérielle a été repoussée une première fois à minuit, heure des Emirats Arabes Unis. Les traits déjà tirés face à l’intensité des négociations, délégués et journalistes ont été informés quelques heures avant minuit d’un nouveau report pour le vendredi 1er mars à 14h locale. « Les ministres continuent d’être engagés dans d’intenses discussions sur un ensemble d’accords à adopter lors de la CM13. En conséquence, afin de donner plus de temps aux négociations, la séance de clôture officielle de la CM13 a été reportée au vendredi 1er mars à 17 heures (heure des Émirats arabes unis) » a déclaré durant la journée Ismaila Dieng, le porte-parole de l’OMC. Deux autres reports ont suivi cette annonce, la cérémonie est pour l’heure programmée à 22h locale. Si ces reports incessants en déconcertent plus d’un, d’après des responsables de l’OMC qui rappellent que les précédentes conférences se sont poursuivies au-delà de la date de clôture convenue, c’est le « fonctionnement » normal. Les positions divergentes, le manque d’accord expliquent en grande partie les reports. Les négociations se poursuivent entre les délégations. D’après un expert « les thématiques sont liées. Si un Etat est prêt à lâcher du lest sur un dossier, il veut une garantie sur un autre » ce qui complexifie les discussions. L’Inde par exemple dont la présence est très remarquée durant cette conférence a fait savoir par la voix de son ministre du Commerce, Piyush Goyal, son pays n’envisage pas de « finaliser » de nouveaux accords tant que les Etats-Unis bloquent l’organe d’appel du mécanisme de règlement des différends. Washington est également pointé du doigt pour bloquer des accords sur l’agriculture, notamment le coton. Les pays du C4+ (Mali, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire) militent pour réforme des subventions de l’or blanc. Ces subventions accordées en « masse » par les Etats-Unis, ou encore la Chine permettent à ces derniers de proposer des prix plus bas sur le marché ce qui plombe le groupe du C4+ qui dénonce une distorsion et une concurrence déloyale. En cette année électorale, de l’analyse d’un des experts qui prend part aux discussions, il semble peu probable que les Etats-Unis acceptent un compromis sur une fin des subventions. « Le lobby des farmers est très puissant » aux Etats-Unis, précise-t-il. A défaut donc d’un abandon, les pays du C4+ seraient dans la dynamique de proposer aux Américains de réduire les subventions. Mais, pour l’heure, rien n’est encore gagné.

France – Mali : les conséquences de la dénonciation de la convention fiscale

Le 5 décembre 2023, le Mali a dénoncé la convention fiscale qui le liait à la France depuis le 22 septembre 1972. Une convention qui visait à éviter notamment la double imposition des personnes et des entreprises dans chacun des deux États. La fin de cette convention fait donc de lourdes conséquences pour certains.

Dans un communiqué conjoint, les deux gouvernements du Mali et du Niger ont dénoncé les conventions tendant à éviter la double imposition signées respectivement entre le Mali et la France le 22 septembre 1972 et entre le Niger et la France en 1965. Les deux pays dénoncent l’attitude hostile du gouvernement français et le déséquilibre découlant de ces conventions « causant un manque à gagner important » pour eux. Cette dénonciation intervient dans un contexte de tension exacerbée entre la France et ces pays, réunis depuis le 16 septembre 2023 au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Burkina, qui a lui aussi dénoncé en août 2023 une convention de même type signée avec la France en 1965.

Ces conventions de non double imposition visent en principe à éviter la double imposition sur le même revenu ou les mêmes actifs pour une personne ou une entreprise résidant dans l’un des pays. Un outil qui permet donc a priori de faciliter le développement des échanges internationaux et de favoriser les investissements, notent les spécialistes.

Pour le Mali et le Niger, ces conventions, qui visaient à renforcer les liens de coopération, ne répondaient plus à leurs objectifs et n’étaient plus compatibles avec la défense des intérêts de leurs peuples. En décidant de mettre fin à ces conventions dans « un délai de trois mois », le Mali et le Niger entendent « préserver les intérêts des deux pays ».

Démarche politique ?

Aux termes de l’article 44 de la Convention fiscale Mali – France, à partir du 1er janvier de la sixième année suivant l’entrée en vigueur de la convention, celle-ci peut être dénoncée par l’un ou l’autre Gouvernement entre le 1er janvier et le 30 juin de chaque année, par notification écrite transmise par la voie diplomatique. La convention cessera alors de s’appliquer à partir du 1er janvier de l’année suivante. La dénonciation de la convention ayant été communiquée courant décembre semble donc être hors de l’intervalle temporel prévu par le dispositif, relèvent les spécialistes. Son effectivité à partir de janvier 2024 pose donc problème d’après eux.

S’il semble logique que des conventions qui ont plus de 40 ans d’existence fassent l’objet de relecture, la démarche choisie par le Mali et le Niger, dont les conventions n’ont pas été signées aux mêmes dates, interroge. Pour certains observateurs, elle relève plus d’une démarche politique que d’une mesure fiscale ou économique. Mais cette dénonciation pourrait être un couteau à double tranchant pour les deux pays. En effet, les investisseurs potentiels pourraient se demander s’ils ne seraient pas doublement imposés en y investissant. Pourtant, la possibilité de revoir certaines dispositions de l’accord qui ne correspondaient plus à la réalité, existait, selon les observateurs. Elle aurait pu permettre aux différentes parties de prendre des dispositions afin de communiquer sur des situations précises, d’échanger des informations ou encore de prendre des décisions concernant les contribuables, personnes physiques ou morales.

Outre le ralentissement des installations réciproques d’entreprises dans les pays, suite à des conditions qui n’inciteraient pas les investisseurs, la fin de cette convention pourrait impacter les particuliers. Pour les Maliens, visiblement plus nombreux à s’installer en France que les ressortissants français au Mali, les bénéficiaires de rentes viagères ou les étudiants recevant de l’argent de leurs proches installés au Mali, dont les revenus n’étaient pas taxés, pourraient perdre ce privilège en raison de la fin de la non double imposition. La fin de la convention impliquera aussi la fin de la coopération en matière fiscale ainsi que dans la lutte contre l’évasion et la fraude fiscale.

Faibles impacts ?

La conséquence principale et la plus immédiate d’une telle dénonciation est l’application sans restriction des règles de droit commun, en l’occurrence les dispositions du Code général des impôts (CGI) aux contribuables percevant des revenus dans l’un et l’autre des États parties, note Fatoumata Diarra, fiscaliste. Ainsi, en ce qui concerne le Mali, vont s’appliquer pleinement les dispositions de l’article 44 du CGI qui dit : « sous réserve des dispositions des conventions internationales dûment ratifiées par le Mali et relatives aux non doubles impositions, l’impôt est dû à raison des bénéfices réalisés au Mali par les personnes physiques ou morales y exerçant une activité, quel que soit leur statut juridique et quelle que soit la validité des opérations réalisée au regard de la législation autre que fiscale ».

Face au constat que la législation fiscale malienne réduit les bénéfices passibles de l’impôt à ceux réalisés dans les entreprises exploitées au Mali, ainsi que ceux dont l’imposition est attribuée au Mali par une convention internationale relative aux non doubles impositions, « concernant cet impôt en particulier, la convention a eu probablement peu d’impact sur les recettes fiscales, à l’exception notable de la situation des compagnies aériennes de l’un et de l’autre État ». L’article 12 de la convention Mali – France dit que les revenus provenant de l’exploitation en trafic international de navires ou d’aéronefs ne sont imposables que dans l’État contractant où se trouve le domicile fiscal de l’entreprise.

Par contre, les redevances et autres rémunérations de prestations de services échappaient, du fait de l’application de la convention, à la retenue à la source applicable suivant le droit commun (au taux effectif actuel de 15%). Ainsi, avec la dénonciation de la convention, ces exemptions sont supprimées.

Dans la pratique, malgré la dénonciation, la convention devrait continuer à produire effet en ce qui concerne les revenus dont le fait générateur est antérieur à l’effectivité de la dénonciation. En clair, en ce qui concerne les redevances et rémunérations de prestations de services, les revenus inscrits au crédit des comptes de résidents français jusqu’au 31 décembre 2023 ne devraient supporter aucune retenue à la source au Mali, même si le paiement effectif des revenus concernés intervient dans les années à venir.

Revoir toutes les conventions

Dans la foulée de la dénonciation de cette convention fiscale entre le Mali et la France, certains observateurs ont attiré l’attention sur le contenu des différentes conventions que notre pays a signées. En effet, outre la France, le Mali a diverses conventions avec d’autres pays, dont la Tunisie, le Maroc, la Russie, Monaco ou encore les pays membres de l’UEMOA.

Si l’on peut signaler les incohérences et l’inadaptation des dispositions de cette convention aux réalités actuelles, il faut regarder au-delà et revoir toutes les conventions qui lient le Mali à d’autres pays pour remettre au centre la sauvegarde de nos intérêts économiques, suggère un analyste.

Il faut signaler qu’il existe dans plusieurs conventions d’investissement dans les domaines des mines, du pétrole ou des infrastructures des clauses de stabilisation qui garantissent les avantages fiscaux, en dérogation aux règles existantes, consentis aux sociétés au moment de la signature des conventions. Des dispositions qui protègent les investisseurs contre d’éventuels changements des règles applicables. Ces dispositions pourront-elles servir pour protéger des effets de la dénonciation ? C’est l’une des interrogations posées par les observateurs. Des réponses pourraient découler des éclairages futurs que les autorités fiscales devront apporter sur les conséquences de la dénonciation.

Certains acteurs du secteur minier suggèrent ainsi qu’en lieu et place d’exonérations fiscales l’État prévoie des investissements pérennes, issus des revenus de l’exploitation. Des investissements durables qui pourront servir les communautés après l’arrêt des exploitations.

Coton : Le Mali plaide à l’OMC pour une fin des subventions

Alors qu’il ne reste que quelques heures avant la clôture de  la 13ème Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Abu Dhabi du 26 au 29 février, le C4+, groupe dont fait partie le Mali continue à plaider pour une fin des subventions. Mais, les négociations sont très difficiles. 

« La question du coton est l’un des dossiers chauds ». Présent à la 13ème Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Moussa Alassane Diallo, ministre de l’Industrie et du commerce du Mali, a planté le décor. Alors que la conférence n’a officiellement débuté que le 26 février, lui se trouvait à Abu Dhabi, ville hôte, depuis une semaine. Il a participé le 24 février à une session spéciale organisée par l’OMC et la FIFA sur le secteur de l’or blanc pour le compte du groupe Coton4+ (C4+). Composé de 4 pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad) et mis en place en 2003, il a été rejoint par la Côte d’Ivoire pour devenir le C4+. Ces pays militent depuis 20 ans pour une réforme des subventions, qui entraînent selon eux une distorsion des marchés mondiaux. En effet, la Chine et les États-Unis, ainsi que des pays européens tels que la Grèce et l’Espagne, allouent des subventions importantes à leurs producteurs. Grâce à ces aides, le coton provenant de ces pays est vendu moins cher sur le marché. À la Conférence ministérielle de Nairobi, en 2015, le secteur du coton avait bénéficié de l’accord visant à éliminer les subventions à l’exportation de produits agricoles, mais les lignes n’ont toujours pas bougé. Ahmat Abdelkerim Ahmat, ministre du Commerce et de l’industrie du Tchad et Coordonnateur du C4+, a lors de la Conférence plaidé pour ne plus « diluer » le coton dans le « paquet de l’agriculture ». En sus, il a affirmé que le groupe avait soumis un projet de décision ministérielle, avec des « modalités réalistes pour plafonner et éliminer progressivement les subventions », mais « qui n’a pas été pris en compte », selon lui. Face aux positions tranchées, le C4+ a proposé aux États concernés d’adopter une flexibilité qui permettrait au groupe d’avoir un meilleur accès au marché, un soutien interne et une concurrence à l’exportation plus avantageuse.

La FIFA comme alternative

Alors qu’en coulisses les délégués et experts ne sont pas enthousiastes sur un hypothétique accord sur les subventions au coton, l’OMC essaye de trouver une alternative auprès de la FIFA. Les deux institutions ont signé en septembre 2022 un protocole d’accord portant sur une réflexion sur les moyens de faire du football un outil au service de l’inclusion économique et du développement. Le Président de la FIFA, Gianni Infantino, a participé à la session spéciale du 24 février, au cours de laquelle le groupe C4+ a présenté ses opportunités d’affaires en lien avec le coton. Le Président de la FIFA avait expliqué un peu plus tôt que le football représentait un marché de près de 270 milliards de dollars, dont 70% générés en Europe. En développant l’économie du football sur d’autres continents, cette valeur pourrait augmenter de près de 500 milliards de dollars et profiter à d’autres pays, notamment ceux du C4+. « Le Mali accueille favorablement l’accord OMC – FIFA. Le développement durable et inclusif se fera avec le coton », a affirmé Moussa Alassane Diallo. Ce développement, selon le chef du département du Commerce, passera par l’accroissement du taux de transformation sur place alors que 98% du coton malien est exporté, ce qui soumet les producteurs maliens aux risques de fluctuation des cours du produit sur le marché mondial. De leur côté, La FIFA et l’OMC veulent contribuer à créer et à améliorer la chaîne de valeurs du coton. « Les grands pays et les grands clubs ont leurs propres producteurs d’équipements, mais beaucoup d’autres à travers le monde ont du mal à trouver des acteurs économiques pour produire leurs maillots. Nous pensons que ce partenariat avec l’OMC peut les intéresser », a assuré le Président de la FIFA, avant d’ajouter « nous avons aussi de nombreux projets à travers le monde. Football for Schools est un projet éducatif qui constitue un débouché pour les équipements sportifs que nous commanderons aux pays du C4+ ».

Le blocage des États-Unis

Cet accord OMC-FIFA se présente pour l’heure comme la meilleure option des pays du C4+ vu l’évolution des négociations. Le porte-parole de l’OMC, Ismaïla Dieng, a confié que les discussions, qui se sont prolongées tard dans la soirée, ont été difficiles. Si difficiles que celui qui pilote le dossier de l’agriculture a proposé de « réduire la voilure » du texte. Selon l’un des experts du C4+ qui participent aux échanges, ce n’est pas lors des rencontres formelles que les lignes « bougent » mais plutôt durant les échanges bilatéraux. « Les pays peuvent se parler directement, faire des propositions concrètes, pour aboutir à des concessions ».

Dans ce sens, le groupe C4+ a rencontré des délégations de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et du Pakistan. Selon l’expert, ce sont les États-Unis qui bloquent pour l’heure tout accord, alors que la Chine et l’Union européenne, qui accordent également des subventions à leurs producteurs, seraient prêtes à faire des concessions. Pour la suite des négociations, le C4+ devra faire sans son Coordonnateur, le ministre du Commerce et de l’industrie du Tchad Ahmat Abdelkerim Ahmat, qui devait quitter Abu Dhabi ce mercredi, à la veille de clôture de la Conférence ministérielle, qui pourrait être prolongée. Les échanges continueront en présence de la délégation malienne, pour laquelle le coton est plus qu’une priorité.

Pour la CMDT, « le coton contribue à lui seul pour 15% du PIB national et fait vivre directement ou indirectement 4 millions de personnes ». Et selon les dernières prévisions du Comité de pilotage du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR-PICA), la plus haute instance sous-régionale de gestion des questions liées à la filière coton, la production du Mali est estimée en 2024 à 690 000 tonnes de coton graine, contre 480 000 pour la campagne précédente. Si ces chiffres se confirment, ils relègueraient le Bénin, avec 553 787 tonnes, en deuxième position.

OMC: Grâce au cadre intégré renforcé, le Mali veut améliorer ses filières porteuses

Au troisième jour de la conférence ministérielle de l’OMC qui se tient à Abu Dhabi, les négociations se poursuivent et sur certains dossiers les positions sont toujours tranchées. En outre du coton qui constitue l’épine dorsale de sa présence, le Mali participe à d’autres échanges notamment ceux sur le cadre intégré renforcé (CIR). Ce programme d’aide a été mis en place en 1997 et élargi en 2006. Il est destiné aux pays les moins avancés (PMA) afin d’utiliser le commerce comme moteur de développement et de réduction de la pauvreté. Le CIR est présent au Mali depuis 2005 où les autorités se sont engagées dans une dynamique de valorisation des produits locaux.  Parmi elles, la mangue, la gomme arabique, le sésame et le karité, ou encore la filière bétail-viande. Chacune étant capable d’apporter un plus au développement économique. La mise en œuvre du CIR est assurée par l’Unité de mise en œuvre du Cadre intégré (UMOCI). Actuellement, elle est sur 3 projets dont le lancement a été effectué le 27 septembre 2022 : le projet de soutien à la durabilité, le projet de développement de la filière karité et le projet de développement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique.

L’objectif du premier est d’améliorer les offres des produits maliens sur les marchés internationaux afin d’en tirer le meilleur parti. Quelques actions ont été menées, dont l’accompagnement d’acteurs privés pour des manifestations commerciales et la formation en qualité en 2022.

Pour le développement de la filière karité, dont l’objectif est l’amélioration des conditions de vie des acteurs, l’exportation des produits et l’exploitation rationnelle des ressources, des actions ont été entreprises pour renforcer les compétences des acteurs et les soutenir grâce à la construction de magasins de stockage et d’entrepôts. Selon le coordinateur national du CIR Dansiré Coulibaly, 3 millions de femmes maliennes interviennent dans la filière karité, le Mali est le deuxième producteur au monde derrière le Nigéria. « Avec le CIR, nous avons voulu organiser et améliorer des secteurs qui ne l’étaient pas avant » explique M.Coulibaly. Ainsi, selon un document officiel, le soutien du CIR a contribué à l’augmentation des exportations de mangues fraîches et transformées, qui ont atteint 28 983 tonnes en 2017, pour un total d’environ 13 millions de dollars américains. La filière gomme arabique, qui vise les mêmes objectifs, a permis notamment d’augmenter les exportations de 2 475 tonnes en 2015 à 11 870 en 2020. Le Mali est l’un des bons exemples selon les responsables du CIR où le gouvernement injecte de l’argent dans les projets. Une contribution à hauteur de 2 millions de dollars par an est apportée notamment à la filière gomme arabique. Les discussions du CIR se tiennent alors que l’Union européenne menace de suspendre ses financements, mais rien n’est encore acté. D’un autre côté, d’autres pays ont promis plus d’argent, le Royaume-Uni s’est engagé sur 1 million de dollars alors que les Émirats Arabes Unis ont évoqué trois millions de dollars lors d’échanges hier mardi.

Football : les U-17 Maliens s’exportent bien

La brillante prestation des Aiglonnets en Indonésie fin 2023 n’est pas passée inaperçue aux yeux des nombreux recruteurs du monde entier.

Watford, club de Championship (D2), a annoncé le 19 février la signature de Mamadou Doumbia. Le jeune attaquant de 18 ans (1m 92), qui avait inscrit quatre buts lors de la Coupe du monde et manqué plusieurs matchs après une expulsion face à l’Espagne, rejoindra les Hornets à partir du 1er juillet. Avec cette signature, Doumbia, qui évoluait jusqu’alors à l’AS Black Star de Bamako, va entrer dans une nouvelle dimension, même s’il devra d’abord s’aguerrir dans les équipes de jeunes avant de s’attaquer au rude championnat anglais. D’après une source, il va d’abord se rendre en Italie, du côté d’Udinese, club qui avec Watford est propriété de la famille Pozzo. Le Capitaine de cette fabuleuse sélection U-17 des Aigles, Ibrahim Diarra, est au FC Barcelone pour parfaire sa formation. D’après de nombreux médias catalans, les dirigeants barcelonais, impressionnés par les qualités techniques et physiques de l’ancien de l’Africa Foot, lui feront signer un contrat en décembre 2024, lorsqu’il aura atteint sa majorité. Joueur décisif de la Coupe du monde U17 avec 5 buts et 4 passes décisives délivré, il a assisté des tribunes du stade olympique Lluis Companys, qui accueille les matchs du FC Barcelone en attendant la fin des travaux du Camp Nou, à la victoire 1-0 des Blaugrana contre Osasuna, le 31 janvier dernier. Dans quelques années, sur les pelouses espagnoles il pourrait bien retrouver son ancien coéquipier Mahmoud Barry, qui évolue désormais à Villarreal. L’ancien joueur de l’Étoile du Mandé, qui avait remplacé au pied levé Doumbia lors de sa suspension en inscrivant 3 buts, est l’un des « cracks » de cette génération. Le talentueux Hamidou Makalou, auteur d’un magnifique but face à l’Argentine pour sécuriser la troisième place du Mali lors du Mondial, est fortement courtisé par le RB Salzburg. Entre le club autrichien et les jeunes joueurs maliens notamment ceux de l’académie Jean-Marc Guillou, c’est une longue histoire d’amour. Makalou, que beaucoup comparent au Français N’Golo Kanté pour son activité et sa technique, est aussi promis à un brillant avenir s’il garde une certaine constance dans son jeu, affirme un analyste sportif.

OMC : un accord sur la facilitation de l’investissement pour le développement qui va bénéficier aux pays les moins avancés

En 2017 à Buenos Aires en Argentine, 70 pays membres de l’OMC ont approuvé une Déclaration ministérielle conjointe sur la facilitation de l’investissement pour le développement lors de la 11ème conférence ministérielle de l’organisation. En marge de l’ouverture officielle des travaux de la 13ème conférence ministérielle à Abu Dhabi, ce sont 123 Etats membres sur les 164 de l’OMC dont le Mali qui adhèrent à l’initiative. Cet accord vise à accroître la participation des pays en développement et des pays les moins avancés aux flux d’investissement mondiaux afin de promouvoir un développement économique durable. Selon un document de l’OMC, l’accord peut permettre de générer au niveau mondial, des gains compris entre 295 et 1041 milliards de dollars dont l’essentiel reviendrait aux pays à faible revenu. Les améliorations induites par l’accord pourraient atteindre jusqu’à plus de 130% pour les pays africains à faible revenu d’après l’OMC. Plus concrètement, l’accord vise à créer un cadre réglementaire plus transparent, plus efficace au niveau national en vue d’encourager l’investissement. L’accord exclut toutefois l’accès aux marchés, la protection de l’investissement et le règlement des différends entre investisseurs. La délégation malienne présente à Abu Dhabi, conduite par le ministre du Commerce, Moussa Alassane Diallo enchaîne les réunions avec de potentiels investisseurs et différentes entités de financement afin de présenter la destination Mali et les opportunités d’affaires qu’elle offre. Le ministre sud-coréen du Commerce Inkyo Cheong a qualifié l’accord d’historique. « Lorsqu’il sera mis en œuvre, il apportera de nombreux avantages notamment aux pays en développement » a-t-il ajouté. Même si 75% des membres de l’OMC dont la Chine, la Russie ou encore l’Arabie Saoudite souscrivent à l’accord d’autres pays restent encore à convaincre, les Etats-Unis et l’Inde notamment. « L’accord ne force pas à investir, il facilite plutôt. Les objections reposent sur une compréhension erronée de l’accord, nous allons nous atteler à convaincre les autres membres » a ajouté le ministre sud-coréen. La prochaine étape des discussions est d’intégrer cet accord à l’annexe 4 de l’accord de Marrakech instituant l’OMC, ce qui permettrait que les procédures d’acceptation suivent leur cours en vue d’assurer son entrée en vigueur en temps voulu. Bien que l’accord sur la facilitation de l’investissement pour le développement soit plurilatéral (il ne lie que les membres qui l’acceptent), il est ouvert à l’adhésion de tous les membres de l’OMC.