Discours à la Nation : Le Général Assimi Goïta définit les grandes priorités pour 2025

Dans son adresse à la nation du 31 décembre 2024, le Général Assimi Goïta, Président de la transition au Mali, a présenté un bilan des réalisations de l’année écoulée, tout en esquissant sa vision pour 2025. Axé sur les valeurs de souveraineté, de résilience et de renouveau, son discours a exploré les multiples fronts où l’action publique s’est intensifiée : la sécurité, l’économie, la culture, l’énergie et la gouvernance.

Au cœur de son intervention, le Président a salué la résilience et l’engagement du peuple malien face aux défis complexes de 2024. Entre les graves inondations et les pressions multiformes sur l’État, il a indiqué que le Mali a démontré sa capacité à surmonter les obstacles grâce à des réformes institutionnelles profondes et à une solidarité nationale exemplaire.
Dans ce cadre, il a mis l’accent sur des avancées significatives réalisées sur le plan sécuritaire. Pour lui, les Forces Armées Maliennes ont mené des opérations stratégiques, notamment dans la région de Kidal, où des chefs terroristes ont été neutralisés à Tinzaouatène. Pour 2025, il a souligné que l’objectif sera d’intensifier ces efforts par un meilleur redéploiement des forces, le retour des services publics dans les zones reconquises et l’adaptation aux nouvelles menaces sécuritaires.
L’économie comme pilier de la souveraineté
Le Président Goïta a mis en lumière les progrès réalisés pour renforcer la souveraineté économique et relancer la croissance. En devenant actionnaire majoritaire dans la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA) et Moov Malitel, il a estimé que l’État a repris le contrôle de secteurs clés comme les télécommunications et la finance.
Dans le domaine minier, il a rappelé l’ouverture de la mine de lithium de Goulamina, une des plus grandes au monde, marque un tournant décisif. Les recettes attendues, estimées à plus de 1 000 milliards de francs CFA par an, renforceront la capacité financière de l’État. Par ailleurs, il a relevé que la révision des conventions minières, conformément au Code minier de 2023, permettra de maximiser les retombées économiques pour le développement national.
Une réponse énergétique audacieuse
Face à une crise énergétique persistante, il a annoncé que des projets structurants ont été initiés. A ses yeux, les centrales solaires de Sanankoroba, Safo et Tiakadougou Dialakoro symbolisent la transition énergétique en cours, visant à diversifier les sources d’énergie et à renforcer l’indépendance électrique du pays.
Une gouvernance vertueuse pour un État fort
Par ailleurs, il a déclaré que la lutte contre la corruption et les infractions économiques restera une priorité. Le Président a salué les actions des institutions de contrôle comme le Bureau du Vérificateur Général et l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, dont les rapports, à l’en croire,  ont permis d’engager des poursuites judiciaires.
2025 : Une année sous le signe de la culture
Avec la déclaration de 2025 comme « Année de la culture », le Général Goïta entend raviver les valeurs traditionnelles maliennes et promouvoir l’expression artistique. Ce programme, initié en avril 2024 avec l’éducation aux valeurs, vise à inculquer le patriotisme et à renforcer l’identité culturelle nationale, en célébrant les talents locaux et en valorisant le patrimoine commun.
Diplomatie et intégration régionale
Sur le plan international, il a ajouté que la création de la Confédération des États du Sahel, en partenariat avec le Burkina Faso et le Niger, marque une avancée majeure. Ce cadre, selon lui, vise à harmoniser les politiques économiques et sécuritaires pour faire face aux défis communs. Le Mali y joue un rôle moteur, en ce sens qu’il occupe la présidence tournante de la Confédération des Etats du Sahel en essayant de renforcer sa stature régionale et internationale.
Le Président Goïta a conclu son discours par un appel vibrant à l’union sacrée. Il a exhorté le peuple malien à persévérer dans ses efforts pour construire un « Mali Koura » — un Mali nouveau où la souveraineté, la prospérité et la justice sociale guideront le développement national.

Procès : Issa Kaou Djim condamné à un an de prison ferme

Issa Kaou Djim a été condamné,  le lundi 30 décembre 2024, à deux ans de prison dont un avec sursis. Cette condamnation fait suite à des propos tenus le 10 novembre 2024 lors de l’émission « Rendez-vous des idées » sur Joliba TV News, où il aurait mis en doute la crédibilité d’un supposé coup d’État déjoué au Burkina Faso, dirigé par le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré.

Arrêté le 13 novembre 2024, Issa Kaou Djim a comparu pour la première fois le 23 décembre 2024. Lors de son audience, il a déclaré : « Je n’ai jamais mentionné nommément le président Traoré. Mon intention n’était pas de porter atteinte à sa personne ni à l’État burkinabé, mais d’émettre un avis sur des faits d’actualité. Si mes propos ont offensé, je présente mes excuses ».
Malgré ces explications, le procureur a requis un an de prison ferme, qualifiant les propos de l’accusé de « manifestement offensants » et affirmant qu’ils portaient atteinte aux relations diplomatiques entre le Mali et le Burkina Faso.
Le 30 décembre 2024, après délibération, le tribunal a confirmé cette peine. Ayant déjà passé plus d’un mois et demi en détention provisoire, il reste à Issa Kaou Djim environ dix mois et demi à purger.
En parallèle, la chaîne Joliba TV News a vu le retrait de sa licence transformé en une suspension de six mois en raison de son implication dans cette affaire.
L’avocat de l’accusé, Maître Boubacar Soumaré, a plaidé pour une relaxe, arguant que ses propos relevaient de la liberté d’expression et ne constituaient ni offense ni injure. Issa Kaou Djim conserve la possibilité de faire appel de cette décision.

États-Unis : Mort de Jimmy Carter

L’ancien président américain est décédé ce 29 décembre 2024 à l’âge de 100 ans. Membre du Parti démocrate, il a dirigé les États-Unis de 1977 à 1981 et est reconnu pour son engagement en faveur de la paix à travers le monde. Il a exercé son action humanitaire à travers sa fondation, le Carter Center, créée en 1982.
Jimmy Carter, 39ème président des États-Unis et lauréat du prix Nobel de la paix en 2002, est décédé paisiblement à son domicile de Plains, en Géorgie, entouré de sa famille, a annoncé le Carter Center. L’ancien dirigeant démocrate, qui a été à la Maison Blanche de 1977 à 1981, était le plus vieux président américain encore en vie.
Artisan des accords de Camp David en 1979, qui ont conduit à la signature du traité de paix israélo-égyptien en mars 1979, l’ancien président avait été critiqué pour la prise d’otages américains en Iran. En avril 1980, l’annonce de l’échec de la mission militaire pour leur libération avait compromis sa réélection.
Engagement post-présidence
Après sa présidence, Jimmy Carter avait fondé le Carter Center pour contribuer à la promotion de la santé, au développement et à la résolution des conflits à travers le monde. Il a été le premier président américain à voyager en Afrique subsaharienne, se rendant au Libéria puis au Nigeria. Cette visite s’inscrit dans sa vision selon laquelle « les luttes des Africains pour la justice et celles des Afro-Américains se rejoignent ». Il a également supervisé plusieurs missions d’observation électorale dans différents pays pour garantir des processus démocratiques.
Le Carter Center a mené des campagnes de lutte contre les maladies tropicales, dont le ver de Guinée. Au Mali, le programme d’éradication de cette maladie a été lancé en 1992 et le pays avait enregistré zéro cas en 2016. Le nombre d’animaux infectés est passé de 20 en 2018 à 8 en 2019. Cependant, en 2023, le Mali a signalé un cas de contamination humaine et plusieurs cas chez des animaux dans des zones touchées par l’insécurité. Comme d’autres maladies tropicales négligées, le ver de Guinée est en voie d’éradication, mais six pays, dont le Mali, continuent de signaler des cas.
De plus, à la fin de l’année 2017, le Carter Center a été désigné observateur indépendant dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, qui vise à mettre fin aux hostilités entre l’État et les groupes armés au Mali. Cette mission souligne l’engagement continu de Carter et de sa fondation pour favoriser la paix et la stabilité dans la région.
En 2002, Jimmy Carter a été récompensé du Prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de solutions pacifiques à des conflits internationaux.

Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Mali éliminé par la Mauritanie

Le dimanche 29 décembre 2024, au Stade du 26 Mars de Bamako, les Aigles locaux du Mali ont été tenus en échec par les Mourabitounes de Mauritanie, concédant un match nul et vierge (0-0) lors du match retour du deuxième tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025.

Cette contre-performance, combinée à la défaite 1-0 subie à Nouakchott lors du match aller, scelle l’élimination du Mali de la compétition continentale réservée aux joueurs évoluant en Afrique.

Dès le coup d’envoi, les Aigles ont affiché une détermination palpable, prenant le contrôle du jeu et multipliant les offensives. Les attaquants maliens se sont procuré plusieurs occasions franches, mais ont manqué de réalisme face au but adverse. La défense mauritanienne, bien organisée, a su contenir les assauts répétés, tandis que le gardien des Mourabitounes a réalisé des arrêts décisifs pour préserver sa cage inviolée.

La courte défaite (1-0) concédée à Nouakchott le 22 décembre 2024 avait déjà placé le Mali dans une position délicate. Malgré une préparation intensive et le soutien fervent du public bamakois, les Aigles n’ont pas réussi à inverser la tendance lors du match retour. Cette élimination précoce constitue une déception majeure pour le football malien, qui nourrissait de légitimes ambitions dans cette compétition.

La phase finale du CHAN 2025, prévue du 1er au 28 février 2025, se déroulera pour la première fois dans trois pays hôtes : le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda. Parmi les équipes ayant validé leur qualification, on retrouve notamment le Sénégal, tenant du titre, qui a su confirmer son statut en franchissant les étapes éliminatoires avec succès. En plus du Sénégal et des trois pays hôtes, on retrouve le Maroc, la République Démocratique du Congo, la Guinée, la Mauritanie, le Niger, le Burkina Faso, l’Angola, le Rwanda, la Zambie, le Madagascar, le Soudan, le Centrafrique, Nigeria et l’Eswatini.

Une innovation majeure caractérise cette édition : pour la première fois, les sélections nationales sont autorisées à convoquer des joueurs évoluant sur l’ensemble du continent africain, et non plus uniquement dans leur pays d’origine. Cette évolution vise à rehausser le niveau de la compétition en permettant aux équipes de s’appuyer sur un vivier de talents plus large, tout en renforçant l’intégration du football africain.

Perspectives d’avenir pour le Mali

En tout état de cause, cette élimination offre une opportunité aux instances dirigeantes du football malien de procéder à une analyse approfondie des performances et de l’encadrement technique. L’objectif sera de tirer les enseignements nécessaires pour rebondir lors des prochaines échéances continentales et internationales, en misant sur le développement des talents locaux et une meilleure préparation aux compétitions de haut niveau.

Les éliminatoires, qui se sont achevées le dimanche 29 décembre 2024, ont permis de déterminer les équipes nationales qualifiées pour cette compétition réservée aux joueurs évoluant dans les championnats locaux africains.

Éliminatoires du CHAN 2025 : Le Burkina Faso prive la Côte d’Ivoire de la qualification  

Le Burkina Faso a réalisé une performance remarquable en éliminant la Côte d’Ivoire lors des éliminatoires du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2025. Après une défaite 2-0 au match aller, les Étalons A’ ont renversé la situation en s’imposant sur le même score lors du match retour au stade du 26 Mars à Bamako, avant de l’emporter 4-2 lors de la séance de tirs au but.

Privés de stades homologués par la Confédération Africaine de Football (CAF), le Niger et le Burkina Faso ont disputé leurs rencontres à Bamako, bénéficiant ainsi d’un soutien local significatif. Cette situation a conféré aux deux équipes un avantage comparable à celui de jouer à domicile.
Le match retour entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire a été dominé par les Burkinabè, qui ont ouvert le score à la 30ᵉ minute grâce à Aboubacar Traoré. Ils ont doublé la mise en seconde période par l’intermédiaire de Franck Kanté. La séance de tirs au but a ensuite tourné en leur faveur, scellant leur qualification pour le CHAN 2025.
Par ailleurs, le Niger a également validé son billet pour la phase finale en obtenant un match nul 0-0 contre le Togo, profitant d’un but inscrit à l’extérieur lors du match aller (1-1 à Lomé). Les Mena A’ ont ainsi décroché leur cinquième participation au CHAN, confirmant leur régularité dans cette compétition.
Il ne reste plus que le Mali, qui affrontera la Mauritanie demain, dimanche 29 décembre 2024, au stade du 26 Mars à Bamako. Après une défaite 1-0 à Nouakchott, les Aigles locaux auront à cœur de renverser la situation devant leur public pour rejoindre le Niger et le Burkina Faso au CHAN 2025.
La phase finale du CHAN 2025 se déroulera du 1ᵉʳ au 25 février 2025 et sera co-organisée par le Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie.  Cette édition sera la première à être organisée conjointement par trois pays, offrant une opportunité unique de tester leurs capacités en vue de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2027, qu’ils accueilleront également.
Les qualifications pour le CHAN 2025 ont débuté en octobre 2024, avec une nouveauté majeure. Les équipes ont désormais la possibilité de convoquer des joueurs expatriés en Afrique, une décision qui marque un tournant dans l’histoire du CHAN, traditionnellement réservé aux joueurs évoluant dans les championnats locaux.

Le Sénégal, vainqueur de l’édition précédente, défendra son titre lors de cette compétition, qui s’annonce déjà comme un événement majeur du football africain.

Côte d’Ivoire : l’armée dément les accusations du Général Tchiani

L’état-major général des armées de Côte d’Ivoire a réagi, ce samedi 28 décembre 2024, aux allégations formulées par le Général Abdourahamane Tchiani, président de la transition au Niger, au cours d’une interview diffusée sur la télévision publique nigérienne et relayée sur les réseaux sociaux.

Dans cette déclaration, le Général Tchiani affirme que la Côte d’Ivoire serait impliquée dans la « formation militaire de supposés dissidents nigériens réfugiés sur son territoire ». Selon lui, cette prétendue initiative viserait à déstabiliser le régime issu du coup d’État du 26 juillet 2023. Face à ces accusations graves, l’armée ivoirienne a jugé nécessaire de clarifier sa position pour éviter toute confusion ou interprétation erronée.
« Les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI), fidèles à leur mission première qui est la protection et la défense du territoire national, rejettent catégoriquement ces allégations infondées. Ces accusations, dénuées de toute preuve tangible, ne reflètent en rien nos actions ni nos intentions », a indiqué l’état-major dans un communiqué officiel.
L’armée ivoirienne a également rappelé son engagement constant en faveur de la paix et de la stabilité dans la sous-région. « La Côte d’Ivoire a toujours œuvré, dans le cadre de ses partenariats bilatéraux et multilatéraux, pour renforcer la coopération régionale et soutenir les initiatives visant à restaurer et maintenir la sécurité dans les pays voisins », poursuit le communiqué.
Le communiqué invite par ailleurs les autorités nigériennes à concentrer leurs efforts sur les défis sécuritaires internes auxquels leur pays fait face. « Nous encourageons le leadership militaire au Niger à orienter ses priorités vers la résolution des problématiques de sécurité qui persistent et qui, malheureusement, compromettent la stabilité et le bien-être de leur population », ajoute l’armée ivoirienne.
Cette mise au point, signée par le Général de Corps d’Armée Lassina Doumbia, Chef d’état-major général des armées ivoiriennes, conclut en soulignant la détermination des FACI à préserver leur neutralité et à contribuer, dans un esprit de solidarité régionale, à la promotion d’un climat de confiance entre les États de la CEDEAO.

 

Organisation judiciaire : Une réforme ambitieuse pour un pays en quête d’équité 

Adoptée par le Conseil national de Transition lors de sa séance du 1er novembre 2024 et promulguée par le Président de la Transition le 13 décembre 2024 sous la loi n°030, la réforme de l’organisation judiciaire au Mali marque une étape majeure dans l’histoire du pays. Longtemps critiqué pour sa lenteur, ses coûts élevés et son éloignement des populations, le système judiciaire malien fait peau neuve avec des innovations qui promettent de rapprocher la justice des citoyens et de garantir son équité.

L’une des mesures phares de cette réforme est la création de juridictions spécialisées. Désormais, des tribunaux pour mineurs, des juridictions de l’application des peines et des tribunaux militaires seront chargés de traiter des affaires complexes nécessitant des approches spécifiques. Ces nouvelles structures visent à combler une lacune de longue date. Il s’agit de l’incapacité des juridictions générales à gérer efficacement certains dossiers sensibles, notamment ceux impliquant les enfants ou les détenus.
Autre avancée majeure, la gratuité des procédures judiciaires, inscrite dans la loi, est enfin mieux encadrée pour permettre à tous les citoyens, même les plus modestes, d’accéder à la justice. Cette mesure, combinée à la possibilité pour les juridictions de tenir des audiences délocalisées dans des zones rurales, répond à une des principales critiques adressées au système qui demeure son inaccessibilité géographique.
Pourtant, des défis subsistent. Les infrastructures judiciaires, souvent vétustes, devront être modernisées pour accompagner cette réforme. La formation des magistrats devra également être renforcée, notamment pour répondre aux exigences des juridictions spécialisées. Enfin, la question du financement reste une ombre au tableau. Les innovations introduites, bien que prometteuses, nécessiteront des investissements conséquents.
Malgré ces obstacles, les perspectives sont encourageantes. Cette réforme, saluée par les experts comme un pas vers une justice plus accessible et transparente, redonne espoir à de nombreux Maliens. « C’est une transformation qui était attendue depuis des années. Elle rapproche enfin la justice du citoyen », souligne un avocat de Bamako.
Le succès de cette réforme dépendra désormais de sa mise en œuvre effective. Mais pour un pays en quête d’équité et de stabilité, elle symbolise une avancée majeure vers un État de droit solide et inclusif. Reste à si la mise en œuvre sera effective pour une meilleure réforme de l’organisation judiciaire.

Révision de la loi électorale et budget 2025 : Vers des élections en 2025 ?

Le Conseil des Ministres du Mali, réuni le vendredi 27 décembre 2024 sous la présidence du Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition, a adopté un projet d’ordonnance modifiant la Loi n°2022-019 du 24 juin 2022 portant loi électorale.

L’application de la loi électorale en vigueur a révélé plusieurs insuffisances. Parmi celles-ci, il a été indiqué que la période de révision annuelle des listes électorales, fixée du 1ᵉʳ octobre au 31 décembre, s’est avérée insuffisante pour une mise à jour exhaustive. De plus, les citoyens enrôlés par le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’État Civil) avant l’âge de 15 ans n’étaient pas pris en compte dans la base de données, les privant ainsi de leur droit de vote à leur majorité. S’y ajoute la non-transmission des listes électorales à l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) que l’année électorale, limitant la mise à jour proactive du fichier électoral.
Ainsi, les amendements apportés visent à prolonger la durée de la révision annuelle des listes électorales pour permettre une inscription plus complète des électeurs; permettre l’inscription sur les listes électorales des citoyens en âge de voter, même s’ils ne figurent pas dans la base de données biométriques de l’état civil, sur présentation de documents tels qu’un acte de naissance, un récépissé d’enrôlement ou une fiche descriptive individuelle; et à assurer la transmission régulière des listes électorales à l’AIGE pour une mise à jour continue du fichier électoral.
Budget 2025 et préparation des élections
Rappelons que le Conseil National de Transition (CNT) a récemment approuvé le Projet de loi de finances pour l’année 2025, validant ainsi les budgets alloués aux élections et aux diverses institutions.
Le budget de l’État pour 2025 est évalué à 2 648,900 milliards FCFA en recettes et 3 229,886 milliards FCFA en dépenses, entraînant un déficit de 580,986 milliards FCFA.
Concernant les élections, le CNT a réservé 80,750 milliards FCFA pour les dépenses électorales, avec un budget de 6,093 milliards FCFA pour l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et 17,297 milliards FCFA pour les nouveaux organes établis par la Constitution révisée.
Engagement pour des élections transparentes
Ces modifications s’inscrivent dans les orientations du Président de la Transition visant à créer les conditions nécessaires à l’organisation d’élections transparentes et apaisées.
Elles répondent également aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), qui préconisaient une révision de la loi électorale pour renforcer la crédibilité du processus électoral.
La mise en œuvre effective de ces modifications est importante pour le respect du calendrier électoral en cours d’élaboration et la réussite de la transition démocratique.
Les autorités maliennes ont récemment réaffirmé leur engagement à œuvrer pour des élections libres, transparentes et inclusives, garantissant ainsi la participation de tous les citoyens à la vie politique du pays.
Autres mesures
Par ailleurs, le gouvernement a lancé le processus d’élaboration de la Vision 2063 et de la Stratégie nationale de développement à moyen terme, visant à transformer le Mali en une nation émergente d’ici 2033.
Le Conseil des Ministres a également procédé à la dissolution du Conseil communal de la Commune VI du District de Bamako, en raison de dysfonctionnements et de violations de la loi constatés dans sa gestion administrative et financière.
Cette mesure vise à assainir la gestion locale et à rétablir la confiance des citoyens dans leurs institutions.

Enlèvement du Khalife Général de la Tijaniya: un acte de défiance signé Katiba Macina

Le pays est en émoi après l’enlèvement de Thierno Amadou Hadi Tall, Khalife Général de la Tijaniya à Nioro du Sahel. Cet acte, survenu le 26 décembre 2024 alors qu’il revenait de Diabadiala, est attribué à des hommes armés, possiblement affiliés à la Katiba Macina, un groupe jihadiste dirigé par Amadou Koufa.

Thierno Amadou Hadi Tall est une figure spirituelle influente, successeur de son père, Thierno Hady Tall, décédé en 2007. Son engagement en faveur de la paix et ses appels aux jeunes à se détourner des groupes terroristes ont fait de lui une cible pour les extrémistes.
La Katiba Macina, active dans le centre du Mali, est connue pour ses actions violentes et son opposition aux figures religieuses modérées. L’enlèvement de Thierno Amadou Hadi Tall vise à intimider ceux qui prônent la paix et la réconciliation.
Les autorités maliennes, en collaboration avec les forces de sécurité, ont lancé des opérations pour localiser et libérer le Khalife. La population, quant à elle, exprime sa solidarité à travers des prières et des manifestations pacifiques, appelant à sa libération rapide et à la fin des violences perpétrées par les groupes terroristes.
Cet événement souligne la nécessité d’une action concertée pour renforcer la sécurité et protéger les leaders religieux qui œuvrent pour la paix au Mali. D’où l’intensification de la lutte contre le terrorisme et la promotion des initiatives de développement pour contrer l’extrémisme violent.
En attendant, les prières se multiplient pour le retour sain et sauf de Thierno Amadou Hadi Tall, symbole de résilience et de foi pour de nombreux Maliens.

Lutte antiterroriste : l’armée annonce la neutralisation du N°2 de la Katiba Serma

Les Forces Armées Maliennes (FAMa) ont intensifié leurs opérations antiterroristes ces derniers jours, selon plusieurs communiqués de l’État-Major Général des Armées publiés récemment.

Le 26 décembre, une opération ciblée réalisée avec l’appui de l’AES (Confédération des États du Sahel) aurait permis d’éliminer un haut responsable de la Katiba Serma, identifié comme son numéro 2. Cette intervention, menée dans les environs de Serma, aurait été effectuée sur la base d’un renseignement précis et sans causer de dommages collatéraux, selon les autorités militaires.
La Katiba Serma est un groupe jihadiste opérant principalement dans la région de Douentza depuis 2012. Son nom provient de la forêt de Serma, située au sud de Boni, qui sert de refuge à cette cellule affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Ce groupe a émergé dans un contexte de conflits sociaux au sein de communautés locales.
L’organisation interne de la Katiba Serma demeure opaque, avec peu d’informations disponibles sur son leadership et ses capacités opérationnelles. Les membres de ce groupe sont principalement originaires des localités de Boni et Mondoro, et leurs actions se concentrent sur des assassinats ciblés, des enlèvements et des menaces locales. Cependant, certains combattants associés à la Katiba Serma ont participé à des attaques de grande envergure, notamment à Ouagadougou en mars 2018 et à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire .
La forêt de Serma, située au sud de Boni dans le cercle de Douentza, est une zone boisée qui a servi de base logistique et d’entraînement pour des groupes armés terroristes. Des opérations militaires antérieures, notamment en 2017 et 2019, ont visé cette zone pour démanteler des camps jihadistes et saisir des armes et munitions.
Par ailleurs, entre le 22 et le 25 décembre, des missions de reconnaissance offensive ont été menées dans différentes zones, notamment dans la région de Tombouctou, entre Goundam et Niafunké. Ces opérations auraient permis la neutralisation de trois individus qualifiés de présumés terroristes et la saisie de matériel comprenant des munitions et des stocks de carburant.
Dans la région de Ménaka, une opération réalisée le 24 décembre a conduit à l’interpellation d’un suspect, tandis que le 25 décembre, une base présumée terroriste a été découverte dans la forêt de Miniani. Les forces maliennes y auraient récupéré divers équipements militaires, dont des roquettes et des munitions.
Ces récentes actions des FAMa s’inscrivent dans une stratégie plus large de lutte contre les groupes armés terroristes opérant dans plusieurs régions du Mali. Les autorités militaires réitèrent leur engagement à assurer la sécurité des populations civiles et à maintenir une vigilance accrue face aux menaces persistantes.
Les opérations se poursuivent, avec une collaboration renforcée entre les forces nationales et les partenaires, afin de restaurer la paix et la stabilité dans les zones affectées par l’insécurité, a assuré l’État-Major.

Grippe aviaire en 2024 : une menace mondiale en expansion

En 2024, la grippe aviaire a connu une propagation alarmante, touchant 108 pays sur les cinq continents. Le virus, historiquement limité aux oiseaux, a franchi des barrières inter-espèces, infectant plus de 70 espèces de mammifères domestiques et sauvages, notamment des tigres, des lions et des panthères.

Cette année, des cas humains ont été signalés, avec 26 infections par le virus H5N1, dont la moitié aux États-Unis. Un cas grave a été détecté en Louisiane, marquant une première dans cet État. Ces incidents soulèvent des inquiétudes quant à une possible transmission interhumaine, bien que les autorités sanitaires estiment que le risque reste faible.
Les impacts économiques sont significatifs. Au Burkina Faso, l’épidémie a entraîné la mort d’environ 500 000 volailles et la perte de plus d’un million de plaquettes d’œufs, affectant durement les éleveurs locaux. En France, des foyers ont été détectés en Bretagne, entraînant des mesures sanitaires strictes et des abattages massifs pour contenir la propagation.
La communauté scientifique exprime des préoccupations croissantes quant à l’évolution du virus. Des experts estiment qu’il pourrait acquérir la capacité de se transmettre efficacement entre humains, posant un risque de pandémie. Cette situation souligne l’urgence de renforcer la surveillance, d’investir dans la recherche vaccinale et de mettre en place des mesures de biosécurité rigoureuses pour prévenir une crise sanitaire majeure.

Naufrage tragique : Une vingtaine de Maliens parmi les victimes d’une embarcation de fortune  

Le Mali est à nouveau en deuil après l’annonce du chavirement d’une embarcation de fortune transportant des migrants au large des côtes marocaines le 19 décembre 2024. Selon le Ministre des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, Mossa Ag Attaher, 25 jeunes Maliens figurent parmi les victimes confirmées. Le drame a laissé 70 disparus et seulement 11 survivants, dont 9 Maliens.

L’embarcation, qui comptait environ 80 passagers à son départ, avait pour objectif l’Europe, un espoir pour des centaines de jeunes africains en quête d’une vie meilleure. Ce drame s’ajoute à une longue liste d’accidents maritimes survenus en 2024, année marquée par une hausse sans précédent des décès de migrants dans la traversée vers l’Espagne.
Selon l’ONG espagnole Caminando Fronteras, plus de 10 400 migrants ont perdu la vie cette année en tentant de rejoindre l’Espagne, une augmentation de 58 % par rapport à 2023. La majorité des victimes, près de 9 757, ont péri lors de la traversée de l’océan Atlantique vers les îles Canaries, un itinéraire particulièrement périlleux en raison des conditions climatiques et de l’utilisation d’embarcations précaires. Parmi les victimes figurent 1 538 enfants et 421 femmes.
Helena Maleno, coordinatrice de Caminando Fronteras, dénonce une « tragédie inadmissible » attribuée à l’absence de systèmes de sauvetage efficaces et à l’externalisation du contrôle des frontières européennes. Elle appelle à un renforcement des secours en mer et à une justice pour les familles des victimes.
En réponse à cette catastrophe, le gouvernement malien a mis en place une cellule de crise pour accompagner les familles des victimes et coordonner les efforts d’identification en collaboration avec les autorités marocaines. Dans une déclaration officielle, le ministre Mossa Ag Attaher a exprimé sa profonde compassion et renouvelé l’engagement du Mali à protéger ses citoyens établis à l’étranger, même dans des circonstances difficiles.
L’immigration clandestine reste un défi majeur pour les pays d’Afrique et d’Europe. L’Espagne, l’une des principales portes d’entrée en Europe, a enregistré une hausse des arrivées de migrants, notamment via les îles Canaries. Entre janvier et mi-décembre 2024, plus de 43 000 migrants y ont accosté, soit une augmentation de 18,6 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres alimentent les débats politiques en Europe, où les stratégies d’accueil et de régularisation sont vivement discutées.
Un problème global nécessitant des solutions collectives
Alors que les routes migratoires continuent de représenter un espoir pour des milliers de personnes, elles demeurent aussi synonymes de danger mortel. La communauté internationale est appelée à adopter des solutions structurelles, alliant création d’opportunités économiques dans les pays d’origine, protection des migrants, et renforcement des voies légales pour migrer.
Ce drame rappelle une fois de plus l’urgence de traiter la question migratoire avec humanité et pragmatisme, pour éviter que des milliers d’autres vies ne soient sacrifiées en mer ou dans le désert.

Renommage des espaces publics : L’absence remarquée de femmes et d’anciens dirigeants 

Le mercredi 25 décembre, les autorités ont procédé à la rebaptisation de plusieurs lieux publics emblématiques à travers le pays. Ce processus s’inscrit dans une démarche globale visant à tourner la page de l’héritage colonial tout en promouvant des figures et valeurs nationales. Parmi les espaces concernés figurent des rues, des avenues, des boulevards, des places publiques et des institutions académiques.

Dans la capitale Bamako, plusieurs lieux emblématiques ont été renommés dans le cadre d’un effort de valorisation de l’histoire nationale et de décolonisation symbolique. La Rue Faidherbe est désormais connue sous le nom de Rue Mamadou Lamine Dramé, en hommage à un résistant de renom contre la colonisation. De même, l’Avenue Ruault a été rebaptisée Avenue Capitaine Sékou Traoré, honorant un héros national de la défense de la souveraineté.

Par ailleurs, la Rue Archinard porte désormais le nom de Rue El Hadj Cheick Oumar Tall, une figure clé de la résistance anticoloniale et de la spiritualité islamique. La Rue Borgnis-Desbordes, autrefois associée à une figure coloniale, est devenue la Rue Samory Touré, en l’honneur de l’empereur ouest-africain qui a mené une lutte acharnée contre la colonisation.

Dans le cadre des grandes artères, le Boulevard Soundjata Keïta, en référence au fondateur de l’Empire du Mali, remplace la Route régionale n°9, reliant le Rond-point de Koulouba à l’entrée du Camp Soundjata Keïta à Kati. Le Boulevard Damaguilé Diawara, nommé d’après un acteur historique majeur, relie Samé au rond-point du Camp Soundjata à Kati via la Route nationale n°3.

Enfin, les places publiques ne sont pas en reste. La Place du Sommet Afrique-France a été rebaptisée Place de la Confédération des États du Sahel, marquant une nouvelle ère de coopération régionale et de souveraineté renforcée. L’Avenue CEDEAO a été renommée Avenue de l’Alliance des États du Sahel (AES), en référence à l’organisation régionale créée en 2023.

Ce changement vise à marquer une symbolique avec des institutions internationales perçues comme héritières d’une influence étrangère.

Cependant, une critique majeure s’élève : aucun des nouveaux noms ne met à l’honneur les femmes, bien qu’elles aient joué un rôle déterminant dans l’histoire du Mali. Des figures féminines telles qu’Aoua Kéita, première femme députée du Mali et militante anticolonialiste, Sira Diop, pionnière de l’éducation féminine, Inna Sissoko Cissé, première femme membre du gouvernement ou encore Mariam Travélé, Enseignante, militante pour l’indépendance et première Première Dame du Mali, épouse du président Modibo Keïta, etc. n’ont pas été intégrées au projet. Cette omission suscite des interrogations sur l’inclusivité et la reconnaissance du rôle des femmes dans la construction nationale.

Autre aspect controversé, aucun des anciens présidents élus comme Alpha Oumar Konaré (1992-2002) et Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020), n’a été honoré. Leur exclusion des nouvelles dénominations étonne, étant donné leur contribution respective à l’histoire contemporaine du Mali. Alpha Oumar Konaré, premier président démocratiquement élu, est reconnu pour ses efforts de réforme institutionnelle et culturelle. Ibrahim Boubacar Keïta, malgré les critiques, reste associé à des avancées économiques et diplomatiques durant son mandat.

Un débat national en cours

Le processus de débaptisation a relancé le débat sur l’équilibre à trouver entre mémoire historique, souveraineté nationale et inclusivité. Si la démarche est saluée par certains comme une étape importante de décolonisation, d’autres critiquent une approche jugée incomplète. Des voix s’élèvent pour réclamer une seconde phase intégrant des femmes et des figures politiques contemporaines, afin de refléter la diversité et la richesse de l’histoire malienne.

Ce projet de renommage pourrait s’étendre à d’autres villes du pays, comme Tombouctou, Gao ou Kidal, où des figures locales attendent également une reconnaissance nationale. Cependant, pour éviter les critiques persistantes, les autorités devront faire preuve d’une plus grande inclusivité, notamment en intégrant des figures féminines et contemporaines dans leur démarche.

 

4ème édition du FoMAH : Une mobilisation collective pour la résilience et l’action humanitaire au Sahel

La 4ème édition du Forum Malien des Acteurs Humanitaires (FoMAH) s’est tenue, ce jeudi 26 décembre 2024, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), sous le thème « Résilience et action humanitaire dans le Sahel ». Ce rendez-vous annuel, organisé par le consortium S.O.S – Solidarité 223, OPEN Mali et SOPOTOI, a rassemblé plus de 60 organisations humanitaires locales et internationales, ainsi que des représentants de l’État et des collectivités locales.

 

Promulgation du Code Pénal et de Procédure Pénale : Réformes ambitieuses pour la justice  

Le pays a récemment franchi une étape importante dans la modernisation de son système judiciaire avec l’adoption de deux textes majeurs. Il s’agit de la Loi n°2024-027 portant Code Pénal et la Loi n°2024-028 portant Code de Procédure Pénale.

Ces réformes traduisent une ambition de renforcer l’État de droit, de garantir une justice équitable et de mieux protéger les citoyens face aux défis contemporains. Ces deux codes s’inscrivent dans une dynamique d’adaptation aux réalités sociales, tout en restant fidèles aux valeurs culturelles du pays.
Le Code de Procédure Pénale place au centre de ses dispositions le respect des droits des parties. L’article 3 établit clairement le principe de la présomption d’innocence, assurant que toute personne est innocente jusqu’à preuve du contraire devant une juridiction compétente. Par ailleurs, l’article 1 insiste sur la nécessité d’une procédure équitable et contradictoire, où la dignité de toutes les parties, qu’elles soient accusées ou victimes, est préservée. Ce principe est renforcé par les articles 9 à 12, qui offrent aux victimes la possibilité d’exercer une action civile pour obtenir réparation des préjudices subis. Ces éléments traduisent une volonté de rendre la justice plus inclusive et centrée sur les droits des justiciables.
Le Code Pénal, de son côté, introduit des mesures rigoureuses pour lutter contre les infractions sexuelles et les atteintes à la moralité publique. Les articles 325-1 et 325-2 pénalisent les relations qualifiées d’« actes contre nature », avec des peines pouvant aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 200 000 francs CFA. Ces dispositions, bien qu’enracinées dans une perspective culturelle, vont certainement susciter des débats notamment par rapport à leur conformité avec les standards internationaux. Par ailleurs, les crimes sexuels graves bénéficient d’un délai de prescription prolongé à vingt ans, une avancée significative pour les victimes cherchant justice.
En matière de protection des droits humains, les deux codes adoptent une position ferme face aux pratiques abusives. Le Code Pénal, dans son article 327-11, condamne les mariages forcés, définis comme toute union contractée sans consentement libre et plein des parties, par une peine de cinq ans d’emprisonnement et une amende de 1 000 000 de francs CFA. De même, la lutte contre la traite des personnes est renforcée par les articles 324-27 à 324-31, qui incriminent toute action visant à recruter, transporter, héberger ou recevoir des individus en vue de leur exploitation, qu’elle soit sexuelle, par le travail forcé ou sous forme de servitude. Ces actes sont passibles de peines allant jusqu’à dix ans de réclusion criminelle et une amende de 5 000 000 de francs CFA, des sanctions pouvant être alourdies dans des circonstances aggravantes, notamment en cas d’implication de mineurs.
Le Code de Procédure Pénale, quant à lui, prévoit des outils adaptés pour traiter ces infractions, notamment dans le cadre des flagrants délits, où les pouvoirs des officiers de police judiciaire sont élargis afin de permettre une intervention immédiate et efficace, comme le stipulent les articles 79 à 84.
La lutte contre l’impunité est renforcée par des dispositions précisant l’imprescriptibilité de certains crimes graves. Le Code Pénal, dans ses articles 17 et suivants, stipule que les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et certaines infractions économiques graves ne sont pas soumis à la prescription. En outre, les délits sexuels et les violences basées sur le genre, qui restent des problématiques centrales, font l’objet d’une attention particulière, avec des peines exemplaires pour des actes tels que le harcèlement sexuel (article 327-5) ou l’inceste (article 327-15).
Les réformes touchent également à des aspects procéduraux majeurs. Le Code de Procédure Pénale fixe la prescription des crimes ordinaires à quinze ans, tout en permettant un délai de vingt ans pour les délits sexuels graves, comme indiqué dans l’article 18. Aussi, les mineurs bénéficient de dispositifs éducatifs spécifiques, avec des mesures de réinsertion adaptées à leur âge et leur situation. De plus, le traitement des crimes flagrants est optimisé, garantissant une réactivité accrue dans la collecte des preuves et la mise en œuvre des poursuites.
L’introduction de mécanismes modernes de gestion des peines, comme le sursis avec mise à l’épreuve ou le placement sous surveillance électronique (articles 132-28 et suivants du Code Pénal), illustre la volonté de privilégier la réhabilitation des délinquants lorsque cela est possible. Ces mesures, combinées à une sévérité accrue envers les récidivistes et les crimes graves, traduisent une approche équilibrée entre répression et réinsertion.
Par ailleurs, la mise en œuvre pratique de ces textes reste un défi, notamment dans un contexte où les ressources judiciaires et policières sont limitées. Des acteurs de la société civile appellent à une sensibilisation accrue des parties prenantes et à une formation renforcée des professionnels de la justice.
Certes, les Codes Pénal et de Procédure Pénale traduisent une volonté claire de moderniser le cadre juridique national, tout en répondant aux attentes des citoyens en matière de sécurité, de justice et de dignité. Ces textes représentent une étape importante dans la construction d’un État de droit solide, mais leur succès dépendra de leur application effective et de l’engagement des institutions à respecter les principes qu’ils véhiculent.

Messe de la Nativité : un appel à l’unité et à la paix  

Lors de son message à l’occasion de la célébration de la Nativité et du lancement officiel du Jubilé ordinaire de l’année 2025, Mgr Jonas Dembélé, évêque de Kayes et président de la Conférence épiscopale malienne, a exhorté les Maliens à s’engager pour « bâtir un Mali nouveau, un Mali de paix ».

 

Portant un message d’espérance, il a rappelé que « dans le Christ, notre espérance ne sera jamais déçue ».

Alors que Noël symbolise la joie et l’espérance pour les croyants, Mgr Dembélé a souligné la douleur qui persiste dans de nombreuses familles, particulièrement au Mali, marquées par des pertes humaines et des privations, notamment l’impossibilité d’accéder librement aux lieux de culte. Depuis 2012, le Mali subit les effets dévastateurs de l’insécurité liée aux attaques de groupes armés, entraînant morts, déplacements internes et exils. Face à cette réalité, l’évêque a adressé des vœux de paix, de réconciliation et de solidarité pour le pays.
Une mobilisation collective pour la paix
Dans son message de Noël, Mgr Jonas Dembélé a lancé un appel aux Maliens de toutes confessions – chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles – pour une action commune en faveur de la paix. « Peu importe notre foi, nous devons œuvrer ensemble, main dans la main, pour bâtir un Mali où règnent paix et respect mutuel », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que, bien que la paix soit un don divin, elle nécessite aussi des efforts concrets de la part des citoyens. « Construire un « Mali nouveau » implique une transformation intérieure et un engagement sincère à cultiver des sentiments nobles pour promouvoir la paix », a-t-il ajouté.
En adressant ses félicitations et encouragements aux acteurs engagés pour la paix et la sécurité au Mali, Mgr Dembélé a invoqué la bénédiction de l’Enfant Jésus pour que leurs efforts produisent « des fruits abondants et durables ».
Un Jubilé placé sous le signe de l’espérance
Le Jubilé 2025, qui débutera officiellement le 24 décembre 2024 avec l’ouverture de la Porte Sainte à la basilique Saint-Pierre de Rome par le Pape François, portera le thème « Pèlerins d’espérance ». L’évêque de Kayes a annoncé que l’Église au Mali vivra cette année jubilaire dans un esprit d’espérance et de fraternité, tout en mettant l’accent sur l’importance de la prière. « Espérer, c’est croire que Dieu est à nos côtés, même dans les épreuves, et qu’il nous guide à chaque étape de notre vie », a-t-il souligné.
Malgré les défis actuels, Mgr Dembélé demeure convaincu de la possibilité d’un avenir meilleur pour le Mali, un avenir marqué par la paix, la justice et l’unité. Il a conclu en assurant qu’il continuerait à prier pour son pays ainsi que pour un monde « avide de justice et de paix ».

Finances publiques : 110 milliards levés, mais des défis budgétaires majeurs

Le Trésor Public du Mali a levé 110 milliards de francs CFA sur le marché financier de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) lors d’une émission simultanée de Bons et Obligations Assimilables du Trésor, organisée le 23 décembre 2024.

L’opération, initialement prévue pour un montant de 100 milliards de francs CFA, a enregistré un taux de couverture de 116,65 % avec des soumissions totales atteignant 116,65 milliards de francs CFA et un montant net retenu de 106,9 milliards de francs CFA. Les Bons du Trésor à 364 jours ont permis de lever 4,62 milliards de francs CFA avec un rendement moyen pondéré (RMP) de 9,42 %. Les Obligations à 2 ans ont enregistré une absorption totale avec 28,08 milliards de francs CFA levés à un RMP de 6 %, tandis que celles à 3 ans ont également connu une absorption totale avec 73,16 milliards de francs CFA levés à un RMP de 7,46 %. Les Obligations à 5 ans ont permis de mobiliser 4,14 milliards de francs CFA avec un RMP de 8,09 %.

Ces résultats traduisent la confiance des investisseurs dans les instruments financiers publics du Mali, particulièrement pour les titres à maturités moyennes. Cependant, la dépendance accrue aux Bons Assimilables du Trésor à maturité courte impose une pression significative sur les finances publiques, exigeant des remboursements rapides susceptibles de compromettre la stabilité budgétaire. Par ailleurs, le rôle prépondérant des banques maliennes, principaux souscripteurs de ces titres, concentre le risque financier et limite leur capacité à financer le secteur privé, notamment les PME qui sont cruciales pour la croissance économique.
Dans un contexte marqué par un déficit budgétaire de 686,631 milliards de francs CFA, des dépenses prévues à 3 063,742 milliards et des recettes estimées à 2 377,111 milliards de francs CFA pour 2024, les marges de manœuvre restent réduites. La transition politique en cours, caractérisée par des incertitudes, affecte également la confiance des investisseurs internationaux et complique la mise en œuvre de politiques économiques durables.
Pour répondre à ces défis, il est impératif d’allonger les maturités des instruments financiers pour réduire les pressions à court terme, de diversifier les sources de financement en mobilisant davantage de partenariats public-privé et de renforcer les recettes internes à travers une réforme fiscale ambitieuse. Une stabilité politique et des réformes structurelles sont indispensables pour restaurer la confiance des investisseurs, attirer des financements extérieurs et stimuler une croissance économique soutenue.

France : François Bayrou dévoile un gouvernement de continuité sous tension  

Le 23 décembre 2024, François Bayrou, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, a présenté la composition de son gouvernement de 36 membres. Ce cabinet, marqué par la continuité, intègre des figures politiques expérimentées, y compris deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls et Élisabeth Borne, tout en excluant des représentants du Nouveau Front populaire, principal groupe d’opposition au Parlement, ainsi que des cadres du Parti socialiste.

Manuel Valls, ancien Premier ministre sous François Hollande, est nommé ministre des Outre-mer, malgré les controverses liées à son parcours, notamment son échec électoral en Catalogne. Élisabeth Borne, également ancienne Première ministre, prend la tête du ministère de l’Éducation nationale, suscitant des débats en raison de son bilan. Sébastien Lecornu conserve son poste de ministre des Armées, chargé de superviser la restructuration de l’armée française, notamment en Afrique. Éric Lombard, ancien directeur général de la Caisse des dépôts, est nommé ministre de l’Économie, une tâche délicate alors que le précédent gouvernement a été renversé sur des questions budgétaires. Bruno Retailleau reste ministre de l’Intérieur, tandis que Gérald Darmanin, ancien ministre de l’Intérieur, devient ministre de la Justice.
Ce gouvernement ne comporte pas de membres du Nouveau Front populaire ni de cadres du Parti socialiste. Les tentatives de François Bayrou de former un gouvernement d’union nationale ont échoué face au refus des Socialistes et à l’hésitation des Républicains, le contraignant à s’appuyer principalement sur les alliés centristes de la majorité présidentielle. Bayrou a annoncé qu’il prononcera sa déclaration de politique générale devant le Parlement le 14 janvier 2025, sans solliciter de vote de confiance, une décision stratégique pour éviter un rejet dans un Parlement fragmenté.
La formation de ce gouvernement intervient après la chute du cabinet de Michel Barnier, renversé par une motion de censure liée à des désaccords sur le budget. La situation reste précaire pour François Bayrou, car une nouvelle motion de censure pourrait entraîner la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections anticipées. La capacité du gouvernement à faire adopter le budget 2025 sera déterminante pour sa survie politique.
Ces événements mettent en lumière la fragilité de la position d’Emmanuel Macron dans la dernière phase de son mandat. L’absence de majorité parlementaire stable complique la mise en œuvre de son agenda politique et pourrait limiter sa capacité à mener à bien les réformes envisagées avant la fin de son quinquennat. En outre, la situation actuelle affaiblit la position de Macron à l’approche de l’élection présidentielle de 2027, rendant incertaine sa capacité à présenter un candidat solide et à défendre un bilan positif. Le gouvernement Bayrou, bien que composé de personnalités expérimentées, fait face à des défis majeurs sur les plans économique et politique, ainsi que sa capacité à naviguer dans un paysage parlementaire fragmenté déterminera sa survie et l’issue des réformes engagées.

Développement agricole : L’ONG Sasakawa Africa Association met en lumière ses projets dans la commune du Mandé

Dans le cadre de ses journées médiatiques 2024, l’ONG Sasakawa Africa Association, accompagnée de ses partenaires et d’une forte délégation de journalistes, a effectué le 18 décembre 2024 une visite de terrain à Badougou Nafadji et Djoliba, dans la commune rurale du Mandé. L’objectif était de mettre en lumière les différents projets mis en œuvre dans ces localités.

Les journées médiatiques constituent une vitre pour l’ONG Sasakawa Africa Association afin de faire découvrir ses réalisations qui ont des impacts positifs sur la vie des communautés rurales.
Au total, 10 coopératives agricoles, réunies au sein du Centre de production, de post-récolte, de commercialisation et de formation (PHTC) de Samanko, ont bénéficié des réalisations du projet LINSAC-MOFA, visant à améliorer les moyens de subsistance et la nutrition au Mali.
Ce projet de l’ONG Sasakawa Africa Association a notamment permis la construction et l’électrification d’un centre de formation, équipé de matériel informatique et didactique pour les 10 coopératives. Il a également conduit à l’établissement d’un magasin de stockage de 200 tonnes, conçu pour réduire les pertes post-récolte et faciliter la vente groupée, ainsi qu’à l’acquisition de deux tracteurs de 50 chevaux pour mécaniser les activités agricoles. Enfin, la réhabilitation d’une retenue d’eau a favorisé l’agriculture.
Chacune des 10 coopératives a aussi bénéficié de la création d’un site maraîcher, équipé de forages et de châteaux d’eau pour assurer une production maraîchère en toute saison, ainsi que de la distribution d’équipements essentiels tels que des brouettes, des arrosoirs, des pioches, des intrants, des bottes et des râteaux.
Le projet LINSAC-MOFA a également favorisé l’installation d’équipements modernes pour la transformation alimentaire et a contribué au renforcement des capacités, ainsi qu’à la promotion de l’inclusion sociale dans ces villages, à travers des formations techniques et pratiques couvrant plusieurs thématiques clés, notamment l’agriculture régénératrice, l’agriculture sensible à la nutrition et l’agriculture orientée vers le marché.
En outre, l’ONG Sasakawa Africa Association a formé chaque coopérative des 10 villages à la création de plans d’affaires et les a orientées vers des sociétés de financement, permettant à 8 coopératives de bénéficier de financements allant jusqu’à 15 millions FCFA.
Au cours de cette visite de terrain, les bénéficiaires des différents projets de Sasakawa Africa Association ont partagé leurs témoignages sur les réalisations phares et les changements qu’a apportés cette ONG dans leur vie communautaire.
Selon différents témoignages recueillis, ces approches innovantes développées par l’ONG Sasakawa Africa Association ont contribué à lutter contre la malnutrition infantile et à promouvoir une alimentation saine et diversifiée.
« Avant, nos récoltes ne couvraient pas notre consommation annuelle. Mais depuis l’arrivée de Sasakawa avec ses initiatives maraîchères, nous parvenons à conserver nos récoltes jusqu’à l’hivernage suivant », a déclaré Nansira Keita, membre de la coopérative « Union » dans le village de Nafadji.
« Sasakawa a contribué à transformer notre manière de cultiver et à booster notre productivité grâce à des matériels mécaniques », a-t-elle ajouté.
La Sasakawa Africa Association est une ONG internationale fondée en 1986. Elle propose des activités de vulgarisation pour promouvoir des technologies agricoles améliorées auprès des exploitants familiaux en Afrique depuis plus de 35 ans. Elle est présente au Mali depuis 1996.
Mohamed Kenouvi

Sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO : l’ONU alerte sur un risque pour la démocratie en Afrique de l’Ouest

Depuis l’annonce, le 28 janvier 2024, du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les développements se sont accélérés, suscitant de vives préoccupations quant à l’avenir de la démocratie et de la stabilité dans la région.

Le 13 décembre 2024, les autorités militaires des trois pays ont réaffirmé le caractère « irréversible » de leur décision de quitter la CEDEAO, malgré les tentatives de médiation de l’organisation régionale.
En réponse, lors du sommet du 15 décembre 2024 à Abuja, la CEDEAO a pris acte de cette décision et a établi une période de transition du 29 janvier au 29 juillet 2025 pour formaliser le départ des trois États.
L’Organisation des Nations Unies (ONU) et plusieurs acteurs internationaux ont exprimé leur préoccupation face à cette situation, craignant une déstabilisation de la région et une remise en cause des efforts prodémocratiques. Des craintes subsistent quant au fait que le retrait de ces pays puisse affaiblir les mécanismes régionaux de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance, qui sont essentiels pour la stabilité de l’Afrique de l’Ouest.
Le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO pose un défi majeur aux initiatives prodémocratiques de l’organisation. La CEDEAO, qui a joué un rôle clé dans la promotion de la démocratie et la prévention des coups d’État dans la région, voit son influence potentiellement diminuée. Les programmes visant à renforcer la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et l’État de droit pourraient être entravés par l’absence de ces États membres.
Perspectives d’avenir
Face à cette situation, l’ONU et d’autres partenaires internationaux appellent au dialogue entre la CEDEAO et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) afin de trouver des solutions consensuelles. L’objectif est de préserver les acquis démocratiques dans la région et d’assurer une coopération efficace contre les défis communs, notamment le terrorisme et l’insécurité.
C’est ainsi que des appels ont été lancés aux acteurs régionaux et internationaux pour qu’ils travaillent ensemble au renforcement des mécanismes de gouvernance démocratique et évitent une érosion des progrès réalisés au cours des dernières décennies en Afrique de l’Ouest. Le maintien de la stabilité et de la démocratie dans la région dépendra de la capacité des parties prenantes à surmonter ces défis par le dialogue et la coopération.