Mali – Madagascar : les Aigles plient l’affaire, cap sur la CAN 2025

Victoire nette 4–1 à Bamako pour conclure les éliminatoires. Un test décisif avant la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc.

Le Mali a dominé Madagascar 4–1, dimanche 12 octobre 2025 au Stade du 26-Mars à Bamako. Le tableau des buteurs malien affichair Lassine Sinayoko (doublé), Néné Dorgelès et Gaoussou Diarra dans les arrêts de jeu, après que J. N’Zi ait réduit l’écart pour Madagascar à la 90ᵉ minute.

Malgré cette victoire, le Mali était éliminé avant la dernière journée. Madagascar totalisait 19 points contre 15 pour les Aigles. Le Ghana, pour sa part, s’est imposé 1–0 face aux Comores et a validé sa qualification pour le Mondial 2026, verrouillant ainsi l’enjeu du haut du groupe.

Le technicien belge Tom Saintfiet, en poste depuis 2024, a utilisé cette rencontre comme un banc d’essai pour ajuster ses choix tactiques à quelques semaines de la CAN 2025. Il a pu tester des associations offensives, faire des rotations et observer la capacité de son collectif à maîtriser les temps faibles.

Pour Madagascar, la défaite brise partiellement les espoirs. Les Bareas comptent désormais sur les résultats d’autres groupes. Leur avenir dépend du classement des meilleurs deuxièmes et d’un mini-tournoi qualificatif qui n’est pas encore défini.

Le Mali tourne désormais ses regards vers la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc. Cette dernière rencontre, jouée dans un climat de répétition, aura permis d’éprouver des pistes tactiques et de renforcer la cohésion collective en vue d’un objectif à savoir décrocher enfin un premier titre continental.

France : Sébastien Lecornu reconduit mais déjà fragilisé malgré ses gestes d’ouverture

Le nouveau gouvernement peine à trouver sa stabilité malgré les appels au dialogue. Les gestes d’apaisement du Premier ministre ne suffisent pas à dissiper les menaces politiques qui planent sur Matignon.

Sébastien Lecornu a été reconduit à la tête du gouvernement le 10 octobre 2025, moins d’un mois après la chute de son premier cabinet. Le président de la République lui a renouvelé sa confiance dans un contexte de forte tension parlementaire. Le chef du gouvernement a tenté de composer une équipe plus large, intégrant des personnalités venues du centre droit et du centre gauche, tout en conservant la ligne politique de la majorité présidentielle. Cette ouverture, présentée comme une main tendue, visait à consolider une coalition plus stable et à ramener une forme de sérénité institutionnelle.

Malgré ces ajustements, le climat demeure incertain. Le gouvernement ne dispose toujours pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale et reste dépendant de soutiens ponctuels. Les discussions engagées avec les différentes formations politiques n’ont pas permis d’aboutir à un accord durable. Les principaux partis d’opposition, notamment la France insoumise et le Rassemblement national, ont réaffirmé leur refus catégorique de toute collaboration. Du côté du Parti socialiste, le dialogue engagé avec Matignon n’a pas débouché sur un compromis. Le PS a maintenu la possibilité d’une motion de censure si ses demandes sur les salaires, la fiscalité et la protection sociale ne trouvaient pas d’écho.

Dans ce contexte, la fragilité du nouvel exécutif reste manifeste. Chaque vote important, à commencer par celui du budget 2026, pourrait devenir une épreuve décisive. Les appels de Sébastien Lecornu à la responsabilité collective n’ont pour l’heure pas inversé la dynamique. L’Assemblée demeure fragmentée, partagée entre des blocs politiques irréconciliables. Les Républicains se montrent divisés, certains élus refusant tout rapprochement tandis que d’autres privilégient une abstention de prudence. Le parti Horizons, dirigé par Édouard Philippe, participe au gouvernement mais conserve une attitude critique, demandant davantage de concertation et de visibilité dans les arbitrages.

La composition du nouveau cabinet illustre cette volonté d’équilibre. Autour de Sébastien Lecornu figurent des ministres issus de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, mais aucun représentant des forces d’opposition. Laurent Nuñez conserve l’Intérieur, Roland Lescure reprend l’Économie et Catherine Vautrin s’installe aux Armées. Jean-Noël Barrot, proche d’Édouard Philippe, hérite des Affaires étrangères tandis que Monique Barbut prend la Transition écologique. Cette configuration traduit une ouverture limitée, davantage centrée sur la consolidation du socle présidentiel que sur un véritable élargissement politique.

Les signes d’apaisement envoyés par le Premier ministre n’ont pas suffi à désamorcer les tensions. L’abandon de certaines mesures contestées et les engagements symboliques autour du dialogue social n’ont pas convaincu une opposition qui reste vigilante. Le climat parlementaire demeure tendu, et la possibilité d’une censure n’est pas écartée. Le gouvernement, reconduit à peine installé, évolue dans un équilibre précaire entre concessions mesurées et nécessité de gouverner.

 

Sous la lumière d’un second mandat à haut risque, Sébastien Lecornu tente de préserver l’autorité de l’exécutif tout en évitant une nouvelle crise politique. Le temps dira si ces gestes d’ouverture suffiront à stabiliser un pouvoir en quête de souffle dans un paysage politique plus fragmenté que jamais.

Mali/États-Unis : Bamako réplique à la caution de visa imposée par Washington

Dans un communiqué en date du 11 octobre, le gouvernement malien a dénoncé la nouvelle mesure américaine exigeant une caution de plusieurs milliers de dollars pour les demandeurs maliens de visas B-1 et B-2. Le Mali annonce en réponse l’instauration d’un régime similaire pour les citoyens américains, au nom de la réciprocité diplomatique.

 

Bamako, 12 octobre 2025 — Les relations entre Bamako et Washington traversent une zone de turbulence depuis l’annonce par les autorités américaines d’un programme pilote imposant une caution aux ressortissants maliens sollicitant un visa d’affaires ou de tourisme. Selon la réglementation publiée au Federal Register le 8 octobre, cette caution remboursable, d’un montant variable de 5 000, 10 000 ou 15 000 dollars, sera exigée à compter du 23 octobre dans les consulats américains.

 

Le ministère malien des Affaires étrangères a aussitôt réagi, jugeant la décision américaine « unilatérale » et « contraire aux dispositions de l’accord bilatéral sur les visas de longue durée à entrées multiples », en vigueur depuis 2005. Dans son communiqué, Bamako affirme avoir « pris acte » de la mesure, tout en annonçant « l’instauration d’un programme de visa identique », appliquant aux citoyens américains les mêmes conditions financières et administratives.

 

Du côté américain, le Département d’État justifie cette réforme par la nécessité de lutter contre les dépassements de séjour et de renforcer la conformité des visas temporaires. La mesure s’accompagne d’un nouveau droit baptisé Visa Integrity Fee (VIF), d’un montant de 250 dollars, instauré depuis le 1ᵉʳ octobre 2025 pour la majorité des visas non-immigrants. Le droit de demande standard reste fixé à 185 dollars et la durée de validité à 60 mois à entrées multiples pour les demandeurs maliens.

 

Les titulaires de ces visas devront désormais entrer et sortir des États-Unis exclusivement par les aéroports de Boston (BOS), New York (JFK) ou Washington Dulles (IAD), selon les directives publiées sur Travel.State.Gov.

 

À Bamako, les autorités estiment que cette nouvelle procédure complique inutilement les démarches pour les voyageurs maliens. Le ministère rappelle que le pays « a toujours collaboré avec les États-Unis d’Amérique dans la lutte contre l’immigration irrégulière, dans le respect du droit et de la dignité humaine ». En soulignant sa volonté de maintenir « des relations de coopération fructueuses fondées sur le dialogue et le respect mutuel », le gouvernement malien affirme cependant son attachement au principe de souveraineté et d’équilibre dans ses relations extérieures.

 

Au-delà de l’aspect consulaire, cette controverse illustre la nouvelle dynamique diplomatique engagée par Bamako, qui défend une approche plus affirmée face à ses partenaires traditionnels. Dans un contexte international marqué par le durcissement des politiques migratoires occidentales, la réciprocité décidée par le Mali se veut un signal politique fort : celui d’un État qui entend faire respecter ses accords et traiter d’égal à égal avec ses interlocuteurs.

 

Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a encore été publiée par le Département d’État américain ou l’ambassade des États-Unis à Bamako. Mais dans les milieux diplomatiques, l’affaire est suivie de près, tant ses implications dépassent la seule question des visas. Elle met à l’épreuve la solidité d’une coopération ancienne, fondée sur la sécurité, le développement et la mobilité, et ouvre un nouveau chapitre dans la relation entre les deux capitales.

Mort de Boubacar Demougui : un coup dur pour l’État islamique au Sahel  

Le 8 octobre 2025, les Forces armées de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont réalisé une frappe aérienne décisive à Inarabane, une localité située au sud-ouest de Ménaka, visant l’État islamique au Sahel (EIS). Cette opération a permis de neutraliser plusieurs responsables de premier plan du groupe, parmi lesquels Boubacar Demougui, chef redouté de la branche locale de l’EIS et principal acteur de la terreur au nord du Mali.

Dans la matinée du 8 octobre, les forces de l’AES ont mené une frappe stratégique, en se basant sur des renseignements fiables et confirmés. Des drones ont ciblé une réunion de commandement de l’EIS dans la zone d’Inarabane. Cette intervention a permis d’éliminer plusieurs responsables de l’organisation, dont Boubacar Demougui, adjoint direct de l’émir Issa Barrey et un acteur central du dispositif militaire du groupe dans la région.
Boubacar Demougui, originaire du nord de Ménaka, dirigeait depuis plusieurs années les opérations sur un large secteur s’étendant de Tidermène à Ikadewan, en passant par Tedjererte. Il était responsable de la gestion logistique des unités combattantes et de la coordination des ressources du groupe. Sa réputation de violence s’est particulièrement renforcée après qu’il ait exécuté, en 2022, Sidi Barka, le président de la société civile de Ménaka, un crime qui avait profondément affecté la population locale.
L’opération a également permis de neutraliser plusieurs de ses lieutenants, dont Ismaël Ould Habib Ould Choghib et Ahmed Ould Alwane Ould Choghib. Ces derniers, également actifs dans la région de Ménaka, étaient impliqués dans de nombreuses exactions contre les civils et dans des enlèvements d’otages, incluant une ressortissante suisse et une autrichienne, capturées entre Agadez et Ménaka. Selon les renseignements, ces individus participaient à une réunion de coordination au moment de l’attaque.
Boubacar Demougui, connu pour sa mobilité et son expertise tactique, était l’un des stratèges les plus redoutés de l’EIS dans la région du Sahel. Il avait pris part à plusieurs attaques majeures, notamment l’embuscade de Tongo Tongo au Niger en 2017, l’attaque du camp d’Indelimane en 2019 et l’assaut sur Labbezanga en 2023. Sa mort est considérée comme un succès militaire majeur par les forces de l’AES, affaiblissant la structure de commandement de l’EIS dans le nord du Mali, déjà fragilisée par les actions militaires récentes menées à Ménaka et à Gao.
Au-delà de son impact militaire, cet événement a une portée symbolique importante dans la lutte psychologique contre les groupes armés. Dans une région marquée par la terreur, l’élimination de l’un des responsables les plus cruels de la violence pourrait bien marquer un tournant. Cependant, les autorités demeurent prudentes. Bien que cette victoire porte un coup sévère à l’appareil de l’EIS, la menace reste présente, les réseaux de soutien restant opérationnels et susceptibles de se réorganiser rapidement.

SAHABA 2025 : ouverture de la 8ᵉ édition à Bamako

Le Salon de l’Habitat de Bamako a ouvert ses portes ce jeudi 9 octobre 2025, sous la présidence du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga. Placée sous le thème « La résilience face aux crises urbaines », cette 8ᵉ édition, qui se tient jusqu’au 11 octobre, met en lumière les défis du logement et les solutions pour un développement urbain durable.

Organisé par le Gouvernement de la Transition, SAHABA 2025 se veut un cadre d’échanges entre acteurs publics et privés, chercheurs, promoteurs immobiliers, institutions financières et citoyens. L’événement, accueilli au Centre international de conférences de Bamako, vise à encourager la concertation sur l’accès au logement, la planification urbaine et la valorisation des matériaux locaux.

Dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a rappelé que le logement constitue un droit fondamental reconnu par l’article 10 de la Constitution du 22 juillet 2023, au même titre que l’éducation, la santé et la protection sociale. Il a souligné la volonté du Gouvernement de rendre ce droit effectif pour chaque Malien, conformément à la lettre de cadrage du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.

Le chef du Gouvernement a également évoqué la Politique nationale de la Ville, adoptée en 2014, qui encadre la planification urbaine, la gestion du foncier et la promotion d’un habitat durable. Cette politique s’inscrit dans un contexte de croissance démographique soutenue et d’urbanisation rapide, particulièrement à Bamako et dans les capitales régionales.

Selon le Centre for Affordable Housing Finance in Africa (CAHF), le Mali connaît un déficit important en logements abordables. L’Office malien de l’Habitat (OMH) poursuit plusieurs programmes pour y remédier : en 2024, 1 200 logements ont été mis en vente directe et plus de 12 500 unités sont en cours de cession dans le district de Bamako. Ces efforts s’accompagnent d’une coopération accrue avec la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et d’autres partenaires pour le financement de projets d’habitat social.

Au-delà du logement, SAHABA 2025 sert de plateforme d’innovation. Plusieurs exposants y présentent des solutions techniques pour réduire les coûts de construction et améliorer la durabilité des bâtiments, notamment par l’utilisation de briques stabilisées et de matériaux locaux adaptés aux conditions climatiques.

En clôturant la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a réaffirmé la détermination du Gouvernement à promouvoir un habitat digne, accessible et résilient. Il a souligné que la politique du logement doit demeurer un levier de stabilité sociale et un pilier du développement national.

Alassane Maïga: « Dépasser la réponse militaire est la seule voie viable vers une paix durable au Sahel »  

Dans cet entretien, l’écrivain et expert en gouvernance Alassane Maïga livre une analyse lucide des causes profondes des crises sahéliennes. Il appelle à repenser la gouvernance, le développement et la justice pour construire une paix durable fondée sur les dynamiques locales.

1. Qu’entendez-vous par « regard détourné » dans votre analyse des conflits sahéliens ?
L’analyse propose une déconstruction des grilles de lecture sécuritaires dominantes, centrées sur la lutte contre le terrorisme, en offrant un regard dépassant la seule menace terroriste. Au Sahel, on évoque souvent le « terrorisme » et les réponses militaires associées. Cette analyse révèle que la concentration exclusive sur la « lutte contre le terrorisme » a laissé dans l’ombre des facteurs historiques majeurs comme des pratiques de gouvernance défaillantes, une centralisation excessive du pouvoir, des inégalités sociales profondes, des manipulations politiques et identitaires, la corruption endémique ainsi que les conséquences des aléas climatiques. Elle invite donc à considérer la complexité sociale, politique et environnementale, plutôt que de se restreindre à des réponses militaires, lesquelles négligent les causes profondes des conflits et risquent souvent d’en aggraver les effets en alimentant des cycles de violence et de méfiance.
2. Quels facteurs profonds expliquent, selon vous, la persistance de l’instabilité dans la région ?
La persistance de l’instabilité dans la région du Sahel ne se limite pas à une simple faiblesse des États ; elle reflète une crise profonde du pacte social, exacerbée par des politiques de développement mal adaptées aux contextes locaux et une marginalisation socio-économique excessive. Cette situation a favorisé l’implantation durable des groupes extrémistes violents ainsi que la diffusion de leurs idéologies radicales. L’échec des approches militaires tient justement à leur incapacité à restaurer une légitimité crédible. En effet, sans une présence étatique soutenue et un accompagnement social solide, les zones temporairement sécurisées retournent rapidement sous le contrôle des groupes armés extrémistes.
3. Comment percevez-vous l’impact de l’AES et du recentrage stratégique vers la Russie, la Chine ou la Turquie ?
L’influence croissante d’acteurs extérieurs tels que la Russie, la Chine ou la Turquie traduit une compétition géopolitique intense qui complique encore davantage la crise au Sahel. La région est aujourd’hui le théâtre d’une lutte féroce où les agendas des puissances étrangères se superposent et s’affrontent, souvent au détriment des populations locales. Un pivot géopolitique vers la Russie semble illustrer une redéfinition des alliances stratégiques dans la région, offrant un appui militaire au risque d’accentuer la violence structurelle. Cette reconfiguration géopolitique fragmente davantage l’espace sahélien et intensifie les tensions régionales, rendant illusoire toute solution strictement locale ou nationale isolée.
4. Quelles pistes concrètes proposez-vous pour construire une paix durable au Sahel ?
Face à ces enjeux, une paix durable au Sahel nécessite de privilégier les mécanismes locaux de résolution des conflits, reconnus comme un capital social essentiel. Plus encore, elle exige une transformation radicale des modèles de gouvernance, bien au-delà de simples ajustements techniques. Elle passera également par la réinvention d’un développement offrant de réelles perspectives, ainsi que par la promotion d’une justice réparatrice et réconciliatrice.
Le chemin vers cette paix sera long et semé d’embûches. Il faut impérativement offrir aux jeunes des perspectives économiques et politiques, protéger les droits des communautés périphériques et promouvoir une décentralisation effective accompagnée d’un transfert réel de pouvoirs aux collectivités locales.
La gouvernance doit s’appuyer sur une articulation harmonieuse entre autorités traditionnelles et institutions modernes, afin de bâtir un système plus légitime et résilient. En résumé, dépasser la réponse militaire pour s’engager résolument dans une reconstruction politique, sociale et économique constitue la seule voie viable vers une paix durable.

E-passeport AES : de nouveaux tarifs avant la suspension annoncée du service

Le gouvernement a adopté de nouveaux tarifs pour le passeport confédéral AES, désormais fixés à 45 000 F CFA pour le service standard et 90 000 F CFA pour le service premium. Cette mesure précède la suspension temporaire de l’enrôlement biométrique, prévue à partir du 11 octobre, le temps d’une modernisation technique.

Réuni en session ordinaire mercredi 8 octobre 2025 au Palais de Koulouba, le Conseil des ministres, présidé par le général Assimi Goïta, a approuvé un décret fixant les nouveaux prix du e-passeport de la Confédération des États du Sahel (AES). Ce document, adopté le 18 avril dernier par les trois pays membres, vise à harmoniser les titres de voyage au sein de l’espace sahélien et répond aux normes de l’Organisation de l’aviation civile internationale en matière de sécurité et de protection des données personnelles.

Le tarif du passeport standard baisse de 55 000 à 45 000 F CFA, tandis que celui du service premium passe de 110 000 à 90 000 F CFA, soit une réduction de 10 000 et 20 000 F CFA respectivement. Cette révision tarifaire s’inscrit dans la volonté des autorités d’encourager la libre circulation des personnes et de renforcer la souveraineté administrative dans le cadre confédéral de l’AES.

Quelques jours plus tôt, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile avait annoncé, dans un communiqué daté du 26 septembre, une suspension temporaire du service d’enrôlement pour le passeport biométrique malien. Celle-ci prendra effet le 11 octobre pour le service standard et le 16 octobre pour le service premium, à Bamako, dans les régions et au Consulat général du Mali à Paris. La reprise est prévue au plus tard le 25 octobre 2025, le temps de finaliser une série d’améliorations techniques de la chaîne de production.

Le secrétaire général du ministère, Oumar Sogoba, a souligné que cette suspension est une étape nécessaire pour garantir un service plus fiable et mieux adapté aux exigences internationales. Selon les autorités, cette modernisation, associée à l’introduction du e-passeport AES, illustre la volonté de l’État de doter ses citoyens de documents plus sécurisés et de renforcer l’intégration régionale au sein de l’espace confédéral sahélien.

Konna : Ousmane Kampo libéré sain et sauf

Après plus de quatre mois de captivité, le maire de Konna, Ousmane Kampo, a été libéré le 4 octobre 2025. Enlevé en mai dernier dans la région de Mopti, il est désormais sain et sauf, au grand soulagement de sa famille et de la population.

L’élu communal, connu sous le nom de Naaba, avait été enlevé le 25 mai 2025 alors qu’il se trouvait dans ses champs de riz à Konna. Sa disparition avait profondément marqué cette commune située dans une zone stratégique du centre du Mali, régulièrement touchée par des attaques et des enlèvements. Son retour met fin à une longue période d’incertitude pour les habitants, qui avaient multiplié les prières et les démarches pour obtenir sa libération.

Les autorités locales ont confirmé la nouvelle le 4 octobre en soirée, sans toutefois fournir de précisions sur les conditions exactes de la libération. Aucune information officielle n’a été communiquée sur d’éventuelles négociations ou interventions particulières. Le maire a retrouvé sa famille et s’apprête à reprendre ses fonctions à la tête de la commune.

Cette libération intervient dans un contexte sécuritaire toujours fragile dans la région de Mopti, où les enlèvements demeurent fréquents. Plusieurs civils, élus et militaires restent encore entre les mains de groupes armés. Le 24 septembre dernier, une vidéo diffusée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans montrait une soixantaine de soldats maliens et burkinabés retenus en otage, demandant à leurs gouvernements de tout faire pour leur libération.

Le retour d’Ousmane Kampo est perçu comme un soulagement dans un centre du Mali encore éprouvé par la violence. Il symbolise l’espoir de voir d’autres otages recouvrer bientôt la liberté et de restaurer progressivement la stabilité dans les communes rurales de la région.

 

Droits humains : La situation de protection se dégrade au deuxième trimestre 2025

Le rapport du Cluster Protection pour le deuxième trimestre 2025 révèle une forte dégradation de la situation au Mali, avec une hausse significative des violations des droits humains. Le nombre de violations a plus que doublé par rapport au trimestre précédent, notamment en raison des violences croissantes et des déplacements forcés.

La situation sécuritaire au Mali continue de se détériorer, avec un total de 13 987 violations des droits humains enregistrées, contre 6 591 lors du trimestre précédent. Cette escalade des violences est alimentée par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés (EEI) et de drones artisanaux, ainsi que par des blocus prolongés qui empêchent l’accès humanitaire et paralysent l’économie.

Le rapport souligne également une hausse de 286% des déplacements forcés, avec 6 765 personnes déplacées, principalement dans la région de Tombouctou. Bien que les violences basées sur le genre aient baissé de 27% par rapport au trimestre précédent, les 905 cas de violences sexuelles et autres formes de violence demeurent élevés, avec des femmes et des filles particulièrement exposées aux violences sexuelles, aux mariages forcés et aux privations de ressources essentielles.

Les violations des droits des enfants ont également augmenté de 318%, affectant 3 915 enfants, principalement en raison des déplacements forcés. Les tensions autour des terres et des propriétés se sont également accrues, avec une hausse de 12% des incidents liés aux expulsions forcées et aux conflits fonciers. Ces tensions, amplifiées par les pressions exercées par les groupes armés sur les agriculteurs et les éleveurs, ont perturbé les moyens de subsistance des populations locales, particulièrement en pleine saison agricole.

Les impacts humanitaires se font ressentir à travers des restrictions d’accès humanitaire et des pénuries alimentaires et médicales dans les zones sous blocus, comme Macina, Niono, Gossi et Ansongo. L’accès humanitaire sécurisé dans ces zones est devenu une priorité pour les acteurs humanitaires, qui appellent à la protection des civils et à un renforcement des actions en faveur des populations vulnérables, notamment les femmes et les enfants.

Le rapport appelle également à un soutien renforcé aux mouvements féministes locaux pour garantir la protection des femmes et des enfants, en mettant l’accent sur le financement des services médicaux, juridiques et psychosociaux pour les victimes de violences basées sur le genre.

Femmes, Paix et Sécurité : Appel à la solidarité avec les femmes du Mali en zone de conflit

À l’occasion des débats annuels de l’ONU sur la question « Femmes, paix et sécurité » le 29 septembre, un groupe d’organisations féministes et de défense des droits humains a adressé une lettre ouverte aux représentants permanents de l’ONU. L’objectif est de rappeler l’importance de renforcer et protéger le programme Femmes, Paix et Sécurité (WPS), qui célèbre cette année ses 25 ans.

La lettre manifeste une solidarité claire avec les femmes du Mali, soulignant les difficultés auxquelles elles sont confrontées en période de guerre et d’instabilité. Les signataires rappellent que ces femmes, tout comme celles d’autres pays en conflit, subissent des violences graves, en particulier des violences sexuelles, en raison du conflit prolongé. Bien qu’elles jouent un rôle déterminant dans les processus de paix, elles sont souvent marginalisées des discussions officielles.
Le document évoque les défis spécifiques du Mali, où les violences sexuelles liées au conflit se sont multipliées ces dernières années. Cette situation est aggravée par une instabilité durable et une militarisation de plus en plus importante dans le pays. Le programme WPS, qui prône la participation des femmes à la paix, est perçu comme un élément clé pour parvenir à une paix véritable. Cependant, les signataires soulignent que ce programme est menacé par la réduction des financements et les pressions politiques croissantes.
Les organisations signataires demandent à l’ONU et à ses membres de renforcer les actions pour soutenir ce programme. Elles appellent à l’engagement des États pour interdire les ventes d’armements susceptibles de servir à la violence sexuelle ou à des crimes de guerre. Elles insistent aussi sur l’importance de respecter les engagements internationaux concernant les droits des femmes, notamment en appliquant le droit international humanitaire et en mettant fin à l’impunité.
Un autre point soulevé est la nécessité de soutenir davantage les mouvements féministes locaux, en particulier ceux qui œuvrent dans des zones de conflit. Ces organisations jouent un rôle crucial en garantissant la participation des femmes aux décisions politiques et dans les négociations de paix.
Le Mali est cité comme un exemple de la nécessité d’avoir une approche inclusive pour parvenir à la paix. Les femmes maliennes, bien qu’elles soient essentielles dans le processus de réconciliation, sont confrontées à des obstacles considérables, notamment en matière de violence sexuelle et d’accès à la justice. De plus, leur représentation politique reste limitée, ce qui empêche leur pleine participation dans les processus de paix.
La lettre rappelle que, même si des progrès ont été réalisés, les femmes maliennes et celles d’autres pays en crise sont souvent exclues des négociations de paix et des processus décisionnels. Il est impératif de garantir leur inclusion totale dans tous les aspects de la paix, pour construire une paix solide et équitable.

Rentrée scolaire 2025-2026 : plus de 2 000 écoles non fonctionnelles

Au Mali, des milliers d’élèves ont repris le chemin de l’école ce 1er octobre 2025. À Bamako, la cérémonie officielle s’est déroulée à l’école publique de Darsalam, un quartier de la commune III du district de Bamako. L’année scolaire 2025-2026 s’annonce avec des acquis, mais aussi de nombreux défis.

La cérémonie de lancement de la rentrée scolaire 2025-2026 était présidée par le ministre de l’Éducation nationale, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, ainsi que des partenaires de l’école, dont l’UNICEF et l’UNESCO. La leçon modèle de cette cérémonie, tenue à l’école publique de Darsalam, portait sur la valorisation du patrimoine culturel comme vecteur de cohésion sociale et d’unité nationale. L’UNICEF a saisi cette occasion pour rappeler son soutien aux autorités afin de garantir un « accès à une éducation équitable » pour tous les enfants du Mali. Cependant, ce combat de longue haleine se heurte depuis plusieurs années à des obstacles importants, rendant cet accès difficile, voire impossible, pour des milliers d’enfants.
Entre progrès et défis
Les investissements dans le secteur de l’éducation ont considérablement augmenté, selon l’UNICEF. De 233 milliards FCFA en 2010, ils sont passés à 558 milliards FCFA en 2025. Ces progrès n’occultent cependant pas les problèmes structurels de l’école malienne, qui se caractérise par une insuffisance des infrastructures scolaires, la répartition inégale des enseignants et les manifestations extrêmes du changement climatique, comme les inondations, les vents violents ou les vagues de chaleur, perturbant le calendrier scolaire. L’insécurité persistante est également un facteur aggravant qui compromet l’éducation des plus vulnérables, surtout dans les zones rurales.
À la veille de cette rentrée scolaire, 108 écoles avaient été endommagées par les pluies et les inondations, d’où la nécessité d’une planification sensible à ces risques climatiques.
En juin 2025, plus de 2 000 écoles restaient non fonctionnelles en raison de l’insécurité, touchant plus de 600 000 élèves et 12 000 enseignants, selon le Cluster Éducation, 2025. Les localités de Bandiagara, Douentza et Ségou étaient les plus touchées.
En outre, en décembre 2024, on dénombrait plus de 400 000 déplacés internes, dont la moitié étaient des enfants, ainsi que plus de 250 000 réfugiés. Certaines écoles demeuraient fermées en raison de leur occupation par des personnes déplacées.
En cette rentrée, l’UNICEF s’est également inquiétée de la baisse des financements mondiaux consacrés à l’éducation. Estimée à 3,2 milliards de dollars, soit une baisse de 24 % par rapport à 2023, cette réduction affecte particulièrement l’Afrique de l’Ouest et du Centre, où 1,9 million d’enfants risquent de perdre l’accès à l’éducation. Le Mali et la Côte d’Ivoire figurent parmi les plus affectés, avec des baisses potentielles de scolarisation estimées respectivement à 180 000 et 340 000 élèves.

Dissolution des partis : la requête déclarée irrecevable

Le 1er octobre 2025, le Tribunal de grande instance de la Commune VI de Bamako a rendu sa décision très attendue dans le dossier relatif à la dissolution de plusieurs partis politiques intervenue en mai dernier. Dans son jugement, la juridiction a déclaré la requête introduite par les représentants des formations dissoutes irrecevable, estimant qu’il n’y avait pas lieu de statuer sur le fond de l’affaire.

Cette procédure judiciaire trouve son origine dans le décret pris par les autorités de transition le 13 mai 2025, ordonnant la dissolution de l’ensemble des partis politiques et associations à caractère politique. Présentée par le gouvernement comme une mesure nécessaire pour réorganiser la vie politique nationale, cette décision avait aussitôt suscité de vives contestations. Plusieurs formations dissoutes avaient saisi différentes juridictions de la capitale pour contester la légalité du décret et en demander l’annulation, invoquant notamment la Constitution malienne qui garantit la liberté d’association et le droit de participation politique.

Depuis cette date, plusieurs tribunaux de Bamako ont été saisis de recours similaires. Certains se sont déclarés incompétents pour examiner le fond du dossier, considérant que le contrôle de constitutionnalité relevait d’autres juridictions. D’autres ont ordonné des mesures provisoires ou suspendu temporairement les effets du décret. La décision rendue par le Tribunal de la Commune VI s’inscrit dans ce contexte judiciaire complexe et très suivi.

En déclarant la requête irrecevable, la juridiction n’a pas examiné les arguments présentés par les plaignants. Selon des sources proches du dossier, l’irrecevabilité serait liée à des questions de procédure, notamment au défaut de qualité pour agir de certains requérants ou à des irrégularités formelles dans l’introduction de la demande. Le tribunal a ainsi considéré qu’il ne pouvait pas se prononcer sur le fond et a précisé qu’il n’y avait pas lieu de statuer.

Cette décision ne met toutefois pas un terme à l’affaire. Les avocats des formations politiques concernées ont indiqué qu’ils envisageaient d’interjeter appel, ce qui ouvrirait la voie à un nouvel examen du dossier par une juridiction supérieure. Parallèlement, d’autres procédures demeurent en cours, notamment devant la Cour suprême et la Cour constitutionnelle, qui pourraient être amenées à se prononcer sur la légalité du décret de dissolution.

L’enjeu dépasse largement le cadre judiciaire. La dissolution des partis politiques constitue l’un des épisodes les plus marquants de la période de transition en cours au Mali. Elle a profondément transformé le paysage politique national et suscité des interrogations sur l’avenir du pluralisme et de la participation citoyenne. Si la décision rendue le 1er octobre confirme que le tribunal de la Commune VI ne statuera pas sur le fond, le débat juridique et politique autour de cette mesure reste ouvert et pourrait se prolonger dans les mois à venir devant les plus hautes instances judiciaires du pays.

Coupe CAF : Djoliba AC et Stade Malien brillent et se qualifient pour le deuxième tour

Le 29 septembre 2025, les clubs maliens Djoliba AC et Stade Malien ont franchi une étape importante dans leurs parcours continentaux, assurant leur qualification pour le deuxième tour des compétitions africaines.

Le Djoliba AC, après un match aller nul 1-1 contre les Abia Warriors du Nigéria, a livré une performance solide au match retour et s’est imposé 1-0 à Bamako. L’unique but de la rencontre a été inscrit par Raye Cissé à la 31e minute suite à une belle action collective. La défense du Djoliba a bien résisté aux assauts nigérians et le score cumulé de 2-1 a permis à l’équipe, dirigée par l’entraîneur ivoirien Boudo Mory, de valider son ticket pour le deuxième tour de la Coupe de la Confédération de la CAF. Les hommes de Mory ont su faire preuve de sérénité et de maîtrise face à un adversaire redoutable en dépit des conditions de jeu difficiles.
Le Stade Malien, quant à lui, a dominé l’AS Tempête de la Centrafrique 2-0 lors du match retour en Ligue des Champions de la CAF après une victoire écrasante 5-0 à l’aller. Le match retour s’est joué à Bamako et même si les Stadistes ont bien contrôlé la rencontre, il a fallu attendre la deuxième mi-temps pour que l’attaquant malien Mohamed Kéita ouvre le score à la 54e minute. Le deuxième but inscrit par Amadou Diarra à la 72e a scellé définitivement la qualification des locaux avec un score cumulé de 7-0. Cette large victoire témoigne de la solidité de l’équipe et leur qualification pour le deuxième tour de la Ligue des Champions leur permet d’aborder la suite de la compétition avec confiance.
Ces deux victoires envoient un message fort aux autres clubs africains et les deux équipes maliennes devront désormais se préparer à des adversaires plus coriaces au prochain tour. Le Djoliba AC affrontera l’USFA du Burkina Faso tandis que le Stade Malien rencontrera le FC Nouadhibou de Mauritanie. Les matchs aller se joueront entre le 17 et le 19 octobre 2025 et ces nouvelles confrontations seront déterminantes pour leur avenir dans la compétition.

Besoins humanitaires : MSF renforce ses actions face à l’effondrement des financements

Dans un contexte marqué par la baisse des financements institutionnels et l’insécurité, Médecins Sans Frontières intensifie ses interventions dans plusieurs régions pour garantir l’accès aux soins dans les zones les plus vulnérables. L’organisation appuie désormais davantage de centres de santé communautaires afin de combler les vides laissés par le retrait d’autres acteurs.

La crise humanitaire s’aggrave alors que les besoins explosent et que les ressources se tarissent. Selon la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), 6,4 millions de personnes nécessitent une assistance multisectorielle en 2025. Pour y répondre, le gouvernement et ses partenaires avaient sollicité 771,3 millions de dollars afin d’apporter une aide à 4,7 millions de personnes vulnérables. Mais à la fin août, seulement 13,5 % de ce montant avait été mobilisé, dont 21,7 % pour la santé et 9,3 % pour la nutrition. L’arrêt brutal de l’aide américaine et la suspension de nombreux financements institutionnels ont encore aggravé la situation.

Cette chute des ressources a conduit plusieurs organisations à réduire ou à suspendre leurs activités. Dans les régions d’Ansongo, Kidal, Tombouctou, Douentza, Ténenkou ou Nampala, « certaines organisations humanitaires n’ont pas eu d’autres choix que de restreindre leurs soutiens et leurs interventions à cause de l’insécurité permanente et de récentes réductions budgétaires », explique Désiré Kimanuka, chef de mission de MSF au Mali. Les conséquences sont lourdes pour les communautés, privées d’une assistance vitale, alors que les déplacements de populations s’intensifient. Début septembre, dans le cercle de Niono, les habitants de Farabougou ont fui vers Dogofry et Sokolo, accentuant la pression sur les structures sanitaires.

Face à cette situation, MSF, dont plus de 90 % du financement provient de donateurs privés, intensifie sa présence pour combler les vides laissés par d’autres acteurs. « Face à la réduction de la réponse humanitaire dans certaines localités, nous avons décidé de renforcer notre intervention dans les structures communautaires afin de garantir la continuité de l’accès aux soins », précise Désiré Kimanuka. L’organisation soutient désormais plusieurs CSCOM dans les cercles d’Ansongo, Niafounké, Ténenkou, Niono et Douentza, en fournissant des soins de santé maternelle, des services nutritionnels, des soins pédiatriques, des activités de santé mentale, la prise en charge des victimes de violences ainsi que des références de cas graves.

Cet appui a permis d’augmenter considérablement la capacité de prise en charge des structures locales. « Avant notre partenariat, nous effectuions entre 200 et 300 consultations par semaine. Aujourd’hui, nous dépassons les 1 000 », témoigne Kadia Coulibaly, directrice technique du centre de santé communautaire central de Ténenkou. Entre janvier et juillet 2025, les neuf CSCOM soutenus par MSF ont réalisé 18 094 consultations générales, traité 14 392 enfants atteints de paludisme, soigné 11 849 cas de malnutrition, supervisé 262 accouchements et assuré 286 références vers des structures de santé de référence.

Dans un contexte d’insécurité persistante, de pressions financières accrues et d’effondrement de l’aide internationale, ces efforts permettent de maintenir un accès minimal aux soins dans des zones reculées et délaissées. Mais les besoins continuent d’augmenter, et la dépendance vis-à-vis d’organisations comme MSF ne cesse de croître, révélant la fragilité structurelle du système de santé face aux crises cumulées.

 

 

Barrick : changement de direction en pleine bataille judiciaire avec l’État malien

Le géant canadien de l’or Barrick Gold Corporation a annoncé ce 29 septembre la nomination de Mark Hill au poste de PDG par intérim. Depuis juin, le complexe Loulo-Gounkoto, l’un de ses plus importants sites d’exploitation en Afrique de l’Ouest, est placé sous administration provisoire avec Soumana Makadji à sa tête.

L’entreprise, considérée comme l’un des plus grands producteurs d’or au monde et un acteur majeur du secteur minier malien, traverse une étape décisive dans un contexte de contentieux avec l’État malien, actuellement examiné devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le différend porte sur l’interprétation de clauses fiscales et contractuelles liées à ses activités aurifères, alors que Bamako a engagé une révision de ses accords miniers afin de renforcer la part de l’État dans l’exploitation des ressources naturelles.

Le conseil d’administration de Barrick a confirmé ce lundi la désignation de Mark Hill au poste de directeur des opérations et de président-directeur général par intérim, en remplacement de Mark Bristow, qui quitte ses fonctions après près de sept ans à la tête du groupe. Hill, en poste depuis 2006, a piloté plusieurs projets stratégiques dans différentes régions et aura pour mission d’assurer la transition jusqu’à la nomination d’un successeur permanent.

Le 16 juin 2025, le Tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire du complexe Loulo-Gounkoto pour une période de six mois. La gestion des opérations a été confiée à Soumana Makadji, chargé d’assurer la supervision quotidienne et de maintenir le dialogue avec les autorités nationales jusqu’à la résolution du contentieux.

Le litige porte notamment sur des arriérés fiscaux et dividendes non versés, estimés à environ 300 milliards de francs CFA (512 millions de dollars), réclamés par l’État malien. Barrick affirme pour sa part avoir déjà versé 50 milliards de francs CFA (environ 85 millions de dollars) à titre de paiement partiel, tout en contestant le reste des montants devant les juridictions compétentes.

Dans le cadre de la procédure engagée devant le CIRDI, l’État malien a désigné Sidibi Darankoum, enseignant de droit à l’Université de Montréal et ancien secrétaire permanent de l’OHADA (2019-2023), comme arbitre et conseil dans ce dossier. Barrick a pour sa part nommé Me Eric Schwartz, avocat spécialisé en arbitrage international. Conformément aux règles de l’arbitrage, un président du tribunal doit encore être désigné conjointement par les deux parties avant l’ouverture des audiences.

Barrick demeure l’un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur aurifère malien, ses activités représentant une part significative des recettes d’exportation. L’entreprise affirme respecter ses engagements contractuels et se dit déterminée à poursuivre ses opérations dans un environnement juridique stable.

La procédure en cours pourrait redéfinir les relations entre l’État et les sociétés minières opérant au Mali. Aucun calendrier précis n’a pour l’heure été communiqué quant à la suite du dossier, et ni Barrick ni les autorités n’ont fourni de commentaires détaillés sur l’évolution des discussions.

Depuis sa fusion avec Randgold en 2019, Barrick a investi dans plusieurs projets majeurs en Afrique et versé plus de 6,7 milliards de dollars à ses actionnaires, tout en réduisant significativement son endettement. L’issue du contentieux en cours sera déterminante pour l’avenir de ses activités au Mali et pour l’équilibre des relations entre l’État et les investisseurs internationaux dans le secteur minier.

 

Grin du Manager : la formation continue au cœur de la transformation des entreprises

Le Club Aliber et l’Institut Africain de Management (IAM) ont organisé, le 26 septembre à Bamako, un afterwork d’échanges baptisé « Grin du Manager », consacré aux enjeux de la formation continue des cadres. Cette rencontre, qui a réuni une trentaine de professionnels issus du secteur privé, du monde académique et de structures de formation, a été l’occasion d’un dialogue riche sur la place stratégique de l’investissement dans les compétences humaines pour soutenir la compétitivité des entreprises maliennes.

Autour de la table, plusieurs voix influentes du monde de l’entreprise ont partagé leurs analyses. Yacouba Souleymane, responsable du capital humain chez Coris Bank, Karamoko Dembélé, HR Business Partner à la Sonatam, Yacouba Baby, Country Manager de Simplon Mali, et Sidi Dagnoko, troisième vice-président délégué du Conseil national du patronat, ont tous convergé sur un point essentiel : l’avenir des entreprises dépend avant tout de la qualité de leurs ressources humaines. Sans compétences adaptées pour exploiter les équipements, piloter les innovations ou répondre aux exigences d’un marché de plus en plus concurrentiel, les investissements techniques et matériels perdent toute leur valeur.

Les participants ont souligné qu’au sein des grandes entreprises internationales, la formation continue fait partie intégrante de la stratégie de développement. Ces organisations réservent chaque année un budget dédié, représentant souvent entre deux et dix pour cent de leur chiffre d’affaires, pour financer des programmes de montée en compétences. Elles collaborent avec des écoles spécialisées, des cabinets externes ou des formateurs internes pour anticiper l’évolution des métiers et adapter leurs équipes aux nouvelles réalités économiques.

Si ce modèle reste encore peu répandu au Mali, il constitue selon les intervenants une nécessité absolue. Dans un environnement marqué par la transformation numérique, l’intégration des technologies et la complexification des marchés, la formation ne peut plus être perçue comme un coût, mais comme un investissement stratégique. Les entreprises qui y consacrent des moyens importants améliorent leur productivité, renforcent leur compétitivité et créent de nouvelles opportunités de croissance.

Le principal obstacle identifié reste toutefois le financement. L’absence de mécanismes adaptés empêche de nombreuses entreprises, notamment les PME, de planifier et de pérenniser leurs actions de formation. Les participants ont appelé à la création d’un cadre national de concertation associant l’État, le secteur privé, les établissements d’enseignement et les partenaires techniques pour concevoir un modèle de financement durable. Ils ont rappelé que dans d’autres pays, la combinaison de ressources fiscales, de contributions publiques et d’appuis extérieurs a permis de structurer de véritables écosystèmes de formation professionnelle, capables d’accompagner les transformations économiques.

Au-delà des moyens financiers, la question de l’adéquation entre formation et besoins réels du marché a également été débattue. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’impliquer les entreprises dans l’élaboration des programmes, de mieux valoriser les acquis de l’expérience professionnelle et d’encourager la certification des compétences. Ces mesures permettraient de garantir que les efforts consentis produisent des résultats concrets et contribuent réellement à la performance des organisations.

À l’issue des échanges, une conviction commune s’est dégagée. Investir dans le capital humain n’est plus un choix, mais une condition pour transformer durablement l’économie nationale. La formation continue, longtemps considérée comme un luxe, s’impose désormais comme un levier stratégique pour attirer les investissements, stimuler l’innovation et offrir de nouvelles perspectives aux jeunes talents. Le Grin du Manager s’est ainsi imposé comme un espace de réflexion et de propositions, ouvrant la voie à une mobilisation collective autour de l’ambition de bâtir un écosystème de formation capable d’accompagner le développement du pays.

 

Teriya Écologie Mali : une nouvelle dynamique pour la planète

Face aux défis environnementaux qui menacent ses écosystèmes, le Mali voit naître une initiative citoyenne ambitieuse. Il s’agit de Teriya Écologie Mali, une association engagée à promouvoir la biodiversité, l’économie verte et des solutions locales pour un développement durable.

La Faculté des Sciences et Techniques (FAST) de Bamako a abrité, le samedi 27 septembre 2025, la cérémonie officielle de lancement de Teriya Écologie Mali. L’événement a réuni un large public composé d’universitaires, de représentants des autorités publiques, de membres de la société civile, de journalistes ainsi que de nombreux sympathisants. Ce nouveau cadre associatif se veut une réponse concrète aux enjeux écologiques auxquels le pays fait face, dans un contexte de changement climatique, de déforestation accélérée et de pression croissante sur les ressources naturelles.
Placé sous le thème « Le lien entre l’humain, la nature et le développement », le lancement a été marqué par plusieurs interventions fortes. Mme Aissata Cissé, point focal genre et climat au ministère de l’Environnement, a salué l’émergence de cette structure, estimant qu’elle s’inscrit dans la dynamique d’une écologie inclusive et participative. Elle a assuré que les pouvoirs publics resteront ouverts à toute collaboration visant à renforcer la résilience écologique et à protéger les écosystèmes fragilisés.
Le professeur Aimé Ainin Somboro, fervent défenseur de l’environnement, a insisté sur la nécessité d’impliquer davantage les jeunes dans la transition écologique à travers la formation aux techniques de recyclage et la valorisation des ressources locales. Le Dr Mamadou Badiaga, membre d’honneur de l’association, a pour sa part appelé à développer l’économie verte comme moteur d’un nouveau modèle de croissance, tout en alertant sur la gestion préoccupante des déchets dans les centres urbains.
Très émue lors de son discours, la présidente fondatrice, Dr Niaboula Dembélé, a rappelé que l’Afrique ne devait plus être spectatrice face aux dérèglements climatiques mais actrice de solutions durables. Elle a présenté les ambitions de Teriya Écologie Mali, qui incluent notamment des programmes de formation en agriculture durable, des initiatives de restauration de la biodiversité et la création d’un jardin communautaire de plantes médicinales prévu pour 2026.
Les travaux se sont poursuivis par un panel réunissant des experts maliens et étrangers autour des interactions entre l’homme, la nature et le développement. Ces échanges ont permis d’identifier des pistes de collaboration et de poser les bases d’une action collective en faveur de l’environnement.
Forte de cette mobilisation et de la détermination de ses membres, Teriya Écologie Mali entend devenir un acteur incontournable de la transition écologique et un moteur d’initiatives locales au service de l’avenir.

La radio à l’épreuve de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans tous les secteurs et bouleverse les habitudes. Dans l’univers des médias, elle transforme la manière de produire, de diffuser et même de consommer l’information, notamment à la radio, où elle suscite autant d’espoirs que de craintes.

La révolution technologique n’a pas attendu l’IA pour transformer la production radiophonique. Le passage de l’analogique au numérique a profondément changé les pratiques, avec un montage simplifié, une qualité sonore améliorée et une plus grande autonomie pour les journalistes et les animateurs. Là où l’on manipulait autrefois des bandes magnétiques, des ciseaux et de lourds enregistreurs Nagra, quelques clics suffisent désormais pour créer, monter et diffuser un contenu. « La différence entre les deux époques, c’est de la lune à la terre », résume le journaliste Baba Djourté.

Mais l’arrivée de l’intelligence artificielle a ouvert une nouvelle étape. Voix synthétiques, textes générés, sons produits automatiquement… l’IA propose aujourd’hui une panoplie d’outils qui simplifient considérablement la production. De nombreuses radios disposent désormais de studios entièrement numériques capables de créer des éléments audio sophistiqués sans intervention humaine directe. Cependant, cette automatisation soulève une question essentielle : la radio peut-elle conserver son identité sans la voix humaine ?

Pour plusieurs professionnels, la réponse est claire. « L’IA peut aider, mais elle ne remplacera jamais l’émotion humaine », souligne Diakaridia Dembélé, journaliste et enseignant à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication. Selon lui, la machine ne fait que répondre à ce qu’on lui demande, alors que l’humain reste capable d’interprétation, de nuance et d’intuition.

Cette différence reste déterminante pour les rédactions qui veulent préserver leur authenticité. À Radio Kledu, par exemple, l’IA n’est pas utilisée dans la production quotidienne. « Elle peut être utile pour des tâches ponctuelles, mais elle ne peut pas respecter les principes fondamentaux de notre métier, comme la rigueur, l’éthique, la déontologie et le recoupement de l’information », explique M. Kane, rédacteur en chef adjoint. La vérification des faits demeure, selon lui, une responsabilité humaine.

L’intelligence artificielle comporte également des risques. Ses contenus ne sont pas toujours fiables et peuvent entraîner la diffusion d’informations inexactes si le travail de vérification n’est pas réalisé avec soin. Même si des outils comme ChatGPT ou Gemini sont de plus en plus consultés pour la recherche documentaire, ils ne remplacent pas le jugement professionnel du journaliste.

Reste que l’IA offre aussi de réelles opportunités. En accélérant la recherche d’informations, en facilitant le montage ou en suggérant des contenus, elle peut devenir un allié précieux pour les rédactions prêtes à évoluer. « Dans l’avenir, ces outils pourront même nourrir nos émissions sur les réseaux sociaux », anticipe Harouna Tidiane Ba, journaliste à Radio Kledu.

L’intelligence artificielle est donc à la fois une promesse et un défi pour la radio. Elle apporte des solutions techniques puissantes, mais elle ne saurait remplacer la dimension humaine qui fait la richesse de ce média : la voix, l’émotion, la sensibilité. Dans un environnement de plus en plus automatisé, c’est sans doute là que se jouera l’avenir de la radio.

 

80e Assemblée de l’ONU : l’AES défend sa souveraineté

Le Premier ministre et chef du gouvernement Abdoulaye Maïga a pris la parole le 26 septembre à New York lors du débat général de la 80e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies.

Il s’est exprimé au nom de la Confédération des États du Sahel (AES), qui regroupe le Burkina Faso, le Niger et son pays, pour présenter la vision et les priorités de cette alliance née de la volonté des trois États de renforcer leur sécurité et de consolider leur souveraineté.

Dans son allocution, Abdoulaye Maïga a réaffirmé l’engagement des pays de l’AES à lutter ensemble contre le terrorisme, qu’il a qualifié de menace majeure à la paix et à la stabilité. Il a mis en avant la nouvelle approche sécuritaire adoptée par les trois États, fondée sur la mutualisation des forces, le renforcement des capacités militaires, le recrutement massif et l’équipement des armées. Il a estimé que cette dynamique, née après le retrait des forces internationales, a permis d’obtenir des résultats sur le terrain et de réduire la dépendance sécuritaire vis-à-vis de partenaires étrangers.

Le chef du gouvernement a accusé certains États d’ingérence dans la région, citant notamment la France, soupçonnée de soutien à des groupes armés, et l’Ukraine, qu’il a accusée d’avoir revendiqué une attaque contre une patrouille malienne en juillet 2024 et de fournir des drones aux groupes terroristes. Il a aussi dénoncé l’inaction des Nations unies face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel. Abdoulaye Maïga a annoncé que l’AES s’était retirée du Statut de Rome de la Cour pénale internationale le 22 septembre 2025 et qu’elle entendait désormais mettre en place des mécanismes de justice internes adaptés à ses valeurs et à ses réalités.

Le discours a insisté sur la nécessité d’une réforme profonde de l’Organisation des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité, afin d’accorder à l’Afrique deux sièges permanents et cinq non permanents, conformément au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte. Le Premier ministre a plaidé pour un multilatéralisme plus équitable, capable de traduire les résolutions en actions concrètes et de garantir le respect du droit international. Il a également appelé à une refondation de la gouvernance mondiale pour mieux répondre aux défis sécuritaires et économiques, citant les initiatives des BRICS comme alternatives au modèle actuel.

Le Premier ministre a abordé les tensions diplomatiques avec l’Algérie, accusée d’avoir permis la planification d’une attaque contre les forces maliennes à proximité de sa frontière et d’avoir abattu un drone malien le 1er avril 2025. Il a indiqué que son pays avait saisi la Cour internationale de justice et dénoncé le refus d’Alger de reconnaître la compétence de cette juridiction. Il a averti que toute agression future ferait désormais l’objet d’une réponse par réciprocité.

Sur le plan du développement, Abdoulaye Maïga a présenté la stratégie économique de l’AES fondée sur l’exploitation de ses ressources naturelles, l’investissement dans les infrastructures, l’énergie et l’industrialisation, ainsi que la création d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement. Il a souligné l’importance d’un modèle économique endogène et la volonté de rompre avec la dépendance extérieure.

Il a réaffirmé l’attachement de la Confédération des États du Sahel aux principes de la Charte des Nations unies, tout en insistant sur l’urgence d’une réforme du système multilatéral. Il a appelé la communauté internationale à reconnaître les efforts de l’AES dans la lutte contre le terrorisme et à soutenir une alliance qui, selon lui, œuvre pour la stabilité de l’Afrique et, au-delà, pour celle du monde entier.

 

Deux Maliens parmi les migrants expulsés des États-Unis et transférés du Ghana vers le Togo

Onze ressortissants d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis ont été transférés début septembre vers le Ghana, avant qu’au moins six d’entre eux ne soient envoyés vers le Togo, selon leurs avocats. Parmi eux figurent deux Maliens dont la situation demeure incertaine, aucune confirmation officielle n’ayant été donnée sur leur lieu de détention actuel ou leur statut.

Ces personnes, originaires notamment du Mali, du Nigeria, du Libéria, de la Gambie et du Togo, ont été rapatriées par les autorités américaines dans le cadre d’une opération d’expulsion coordonnée avec plusieurs États africains. À leur arrivée au Ghana, elles ont été placées dans des installations sous contrôle militaire, selon leur avocat Oliver Barker-Vormawor, qui dénonce une détention sans base légale claire. Il affirme que ses clients n’ont reçu aucune information sur les procédures en cours et que plusieurs d’entre eux ont signalé des conditions de détention difficiles, incluant des problèmes de santé et un accès limité aux soins.

Toujours selon la défense, au moins six des migrants ont été transférés vers le Togo sans notification préalable ni décision judiciaire apparente. Les autorités ghanéennes ont de leur côté indiqué que les personnes concernées avaient « quitté le pays pour rejoindre leurs États d’origine », sans fournir de précisions sur les conditions de ce départ ni sur les pays vers lesquels elles ont été envoyées. L’avocat affirme par ailleurs avoir perdu le contact avec plusieurs d’entre elles, ce qui renforce l’incertitude sur leur sort.

La présence de deux ressortissants maliens parmi ce groupe confère à cette affaire une portée particulière au niveau national. Aucune réaction officielle n’a pour l’heure été enregistrée à Bamako concernant leur prise en charge ou d’éventuelles démarches consulaires. Leur situation s’inscrit dans un contexte plus large de renvois de migrants d’origine africaine depuis les États-Unis, souvent effectués dans des conditions dénoncées par les organisations de défense des droits humains, qui appellent à davantage de transparence et de garanties juridiques dans les procédures de retour.

À ce jour, la localisation précise des deux Maliens n’a pas été confirmée. Les procédures judiciaires engagées au Ghana devraient permettre d’apporter des éléments supplémentaires sur leur situation dans les prochaines semaines.