6e journée en retard du championnat national : Adama Goïta, héros du Djoliba dans un derby sous tension   

Le Djoliba AC a pris le dessus sur son éternel rival, le Stade Malien de Bamako, en s’imposant 1-0 dans le match en retard de la 6ème journée de la Ligue 1 malienne. Un succès qui porte la signature d’Adama Goïa, unique buteur d’une rencontre intense et disputée au stade Mamadou Konaté, sous les yeux d’un public surchauffé.

Dès les premières minutes, le ton était donné : engagement physique, pressing intense et duels accrochés au milieu de terrain. Le Stade Malien, porté par ses supporters, a tenté d’imposer son jeu, mais c’est le Djoliba qui s’est montré le plus efficace.
La délivrance est survenue à la 19ème minute. Sur une action collective bien construite, Adama Goïa (N°19) a su trouver le chemin des filets d’une frappe sèche, laissant le gardien stadiste impuissant.
L’unique buteur du match, Adama Goïa, est originaire de Kalaban Coura et un ancien joueur de l’AS Bakaridjan. Libéré par son ancien club, il a été rapidement recruté par le Djoliba AC, où il brille désormais.
Le Stade Malien a tenté de réagir, mais la solidité défensive du Djoliba, bien organisée autour d’un axe central intraitable, a su contenir les assauts. Le dernier tournant du match est intervenu dans le temps additionnel (90+4), lorsque le Stade Malien a obtenu un penalty après un contact évident dans la surface. Daba Benoît Diakité du Djoliba a percuté Daouda Coulibaly du Stade Malien. Une faute indiscutable, le penalty ne souffrait d’aucun débat. Malheureusement pour les Blancs de Bamako, la tentative a été manquée, scellant ainsi leur défaite.
Conséquences au classement : le Djoliba conforte sa place de leader
Avec cette victoire, le Djoliba AC consolide sa première place au classement avec 24 points en 10 matchs, affirmant son ambition pour le titre. De son côté, le Stade Malien stagne à la 7ème place avec 16 points en 10 rencontres, une situation inconfortable pour un club habitué aux sommets du football malien.
Les deux clubs ayant été éliminés prématurément des compétitions africaines, la Ligue 1 malienne représente leur seule chance de titre cette saison. Pour le Djoliba, cette victoire face au grand rival renforce sa dynamique positive et son statut de favori. Mais la route est encore longue et chaque match sera une bataille.
Quant au Stade Malien, cette défaite souligne les difficultés actuelles du club. Si les Blancs veulent réintégrer la course au titre, ils devront réagir rapidement et retrouver l’efficacité qui a fait leur force par le passé.
Un derby qui laisse des traces
Ce derby restera gravé dans les mémoires par son intensité et son enjeu. La prestation d’Adama Goïa en héros du Djoliba, la tension à son paroxysme en fin de match, et la frustration du Stade Malien en font un épisode marquant de cette saison.
Reste à voir comment les deux équipes rebondiront dans la suite du championnat. Une chose est sûre : le sprint final promet d’être palpitant.

Passeport AES : Une reconnaissance en question

Depuis la mise en circulation, le 29 janvier 2025, du nouveau passeport biométrique de l’Alliance des États du Sahel (AES), de nombreux citoyens maliens font face à des obstacles administratifs, notamment lors de demandes de visas pour l’espace Schengen. Ces difficultés soulèvent des questions quant à la reconnaissance et à l’authentification de ce nouveau document de voyage.

Plusieurs détenteurs du passeport AES ont rapporté des refus systématiques de la part de certaines missions diplomatiques, en particulier au consulat de France à Bamako. Ces refus entravent leurs projets de voyage, qu’ils soient d’ordre professionnel, académique ou personnel. Un cas emblématique est celui d’un voyageur ayant perdu son ancien passeport CEDEAO avec un visa en cours de validité. Après avoir obtenu en urgence un passeport AES, sa demande de visa a été rejetée, le privant ainsi de son déplacement prévu.
Réaction des autorités maliennes
Face à ces allégations, le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile du Mali a publié un communiqué le 16 février 2025, affirmant n’avoir reçu aucune saisine officielle concernant des difficultés liées à l’utilisation du passeport AES. Le ministère assure que toutes les procédures administratives ont été respectées, notamment la notification officielle à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) et la transmission de spécimens physiques aux missions diplomatiques et consulaires accréditées au Mali dès le 22 janvier 2025. Néanmoins, le ministère reconnaît poursuivre des interactions avec certains partenaires pour résoudre des questions spécifiques liées à leurs procédures internes.
Une contradiction apparente
Le communiqué ministériel souligne que toutes les dispositions ont été prises pour la reconnaissance du passeport AES. Cependant, la mention de « poursuite d’interactions avec certains partenaires sur des questions spécifiques » suggère que des démarches sont encore en cours pour une acceptation complète du document. Cette dualité dans la communication officielle pourrait expliquer les retards ou les refus rencontrés par les citoyens maliens lors de leurs démarches consulaires.
Des précédents similaires
Ce n’est pas la première fois que l’introduction d’un nouveau passeport entraîne des complications. En 2012, la mise en circulation d’un passeport malien portant la mention CEDEAO avait conduit à des rejets de demandes de visas par les partenaires Schengen, faute d’information préalable. Ce n’est qu’après la transmission des spécimens aux autorités concernées que la situation s’était normalisée.
Dans l’attente d’une résolution complète de ces obstacles administratifs, le Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile invite les détenteurs du passeport AES à signaler toute difficulté rencontrée lors de leurs démarches. Une communication transparente et une collaboration étroite entre les autorités maliennes et les missions diplomatiques étrangères sont essentielles pour garantir la libre circulation des citoyens et éviter que des questions administratives ne se transforment en obstacles majeurs à la mobilité internationale.

Paix et réconciliation :  TAMOUZÔK-APC lance ses activités  

Le samedi 15 février 2025, l’Alliance pour la Paix et la Concorde (TAMOUZÔK-APC) a officiellement lancé ses activités au Centre International de Conférences de Bamako (CICB). Créée le 27 novembre 2024, cette organisation se donne pour mission de contribuer à la stabilisation du Mali à travers la sensibilisation des communautés, le dialogue intercommunautaire et la mobilisation des acteurs du vivre-ensemble.

L’événement a rassemblé des figures politiques, des leaders communautaires et des membres de la société civile, tous unis par la volonté d’accompagner les efforts de réconciliation et de développement du pays.
Dans son discours, Mossa Ag Attaher, président de la commission d’organisation de la cérémonie, a rappelé l’importance de la prise de conscience collective pour bâtir un Mali souverain, en paix et stable. Il a insisté sur le rôle central de TAMOUZÔK-APC dans la relance du développement socio-économique et du vivre-ensemble, tout en soulignant la nécessité d’une mobilisation active à travers le pays et au-delà, grâce aux bureaux implantés à l’intérieur et à l’extérieur du Mali.
Pour Bajan Ag Hamatou, président d’honneur de l’association, TAMOUZÔK-APC s’inscrit dans un soutien actif aux efforts des autorités de transition. Il a insisté sur la nécessité d’un engagement collectif pour une paix durable et une stabilité nationale, appelant tous les acteurs à s’impliquer pleinement dans cette dynamique.
Dialogue, cohésion et réinsertion au cœur du projet
Président de l’association, Alhamdou Ag Ilyène a mis en avant l’importance du dialogue initié par les autorités pour restaurer la confiance et apaiser les tensions. Il a appelé les groupes armés à déposer les armes, rappelant que la solution aux conflits passe par la réconciliation et la reconstruction du pays. Il a également rendu hommage aux devanciers ayant œuvré pour l’unité nationale et réaffirmé la nécessité d’un État fort, juste et respecté, capable de garantir la sécurité et le développement socio-économique.
Saluant la relance du processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR), il a insisté sur la nécessité d’intégrer les anciens combattants dans des programmes de réinsertion pour favoriser leur retour dans la société. Selon lui, les terroristes doivent être combattus, mais le dialogue doit rester un levier majeur pour pacifier le pays.
Il a également rappelé que le Mali est un pays de diversité culturelle, où le dialogue doit être permanent et inclusif. Il a invité toutes les parties à saisir la main tendue du gouvernement, insistant sur la promotion des valeurs de paix, de réconciliation et de cohésion nationale.
Un soutien affirmé du gouvernement pour la réconciliation et le développement
Invité d’honneur de la cérémonie, le ministre de la Réconciliation nationale, le général de corps d’armée Ismaël Wagué, a exprimé sa satisfaction d’être présent et a salué l’initiative de TAMOUZÔK-APC. Il a réaffirmé l’engagement de l’État à accompagner l’association, soulignant que le gouvernement soutiendra toutes les initiatives visant la paix, la réconciliation et le développement.
Rappelant que l’État est équitable avec tous ses fils, même les plus égarés, il a appelé à l’union de toutes les communautés maliennes, notamment celles engagées dans un processus de réconciliation. Il a évoqué l’exemple de l’Alliance des Bérabich, qui a rejoint cette dynamique, et a encouragé les autres communautés à suivre cette voie vers une stabilité durable.
La cérémonie de lancement de TAMOUZÔK-APC marque le début d’une nouvelle dynamique de dialogue et de pacification au Mali. L’association prévoit de déployer des actions sur le terrain à travers des forums de dialogue, des campagnes de sensibilisation et des programmes de réinsertion pour contribuer à la consolidation de la paix.
Face aux défis sécuritaires et sociaux, TAMOUZÔK-APC se positionne comme un acteur clé du processus de réconciliation, appelant toutes les forces vives du pays à s’unir pour restaurer la stabilité et bâtir un Mali en paix et prospère.

Tragédie minière à Bilalkoto : Un samedi noir pour Kéniéba

Un drame s’est produit ce samedi 15 février 2025 dans le village de Bilalkoto, commune de Dabia, cercle de Kéniéba. Une machine excavatrice utilisée par des exploitants chinois s’est renversée sur un groupe de femmes qui creusaient dans une fosse à la recherche d’or. Selon des témoins sur place, il y’aurait une quarantaine de morts dobt de nombreuses femmes. Plusieurs blessés graves ont été transportés d’urgence à l’hôpital de Kéniéba. Le bilan exact reste incertain, mais les recherches se poursuivent.

Ce drame fait écho à un autre effondrement survenu il y a quelques jours dans le Mandé, cercle de Kangaba, où une dizaine d’orpailleuses ont péri sous un éboulement dans une ancienne mine exploitée autrefois par des Chinois. Ce nouvel accident dévoilent encore les dangers qui entourent l’orpaillage artisanal au Mali, en particulier dans le sud du pays, où l’exploitation minière s’intensifie sans véritable encadrement.
À Kéniéba, comme dans plusieurs localités aurifères du pays, les mines artisanales se multiplient, souvent dans des conditions précaires. De nombreuses fosses sont creusées sans aucune mesure de sécurité, rendant les éboulements fréquents et meurtriers. Les habitants dénoncent aussi l’utilisation de machines lourdes sur des terrains instables, aggravant encore les risques. Mais au-delà des conditions de travail, c’est toute la question de la gestion des ressources minières qui revient sur le devant de la scène. Réagissant à cet événement, le Premier ministre a indiqué que cette situation ne sera pas un fait divers. Avant de promettre qu’une enquête sera ouverte pour situer des responsabilités.
Dans la région, l’arrivée massive d’opérateurs étrangers, souvent avec la complicité de certains acteurs locaux, suscite colère et frustration. Beaucoup accusent ces exploitants de piller les ressources du pays tout en mettant en danger la vie des populations. « Ils prennent nos terres, ils creusent n’importe comment et nous, on meurt sous leurs machines », s’indigne un orpailleur du cercle de Kéniéba.
Face à cette énième tragédie, la population appelle à une réaction urgente des autorités. Si rien n’est fait, ces mines à ciel ouvert continueront d’engloutir des vies, laissant derrière elles des familles endeuillées et des villages en deuil.

Émission de titres publics : le Mali cherche 1 255 milliards FCFA en 2025

Le ministère de l’Économie et des Finances a procédé, le 13 février 2025, au lancement du calendrier d’émission des titres publics. Pour l’année 2025, le Trésor public malien envisage de lever 1 255 milliards de FCFA sur le marché des titres de l’UEMOA.

Pour cette même année, l’État du Mali sollicite un montant de 1 255 milliards FCFA, qui sera mobilisé à travers 30 émissions, réparties en bons et obligations du Trésor pour des montants respectifs de 435 milliards FCFA et 820 milliards FCFA, avec deux appels publics à l’épargne. Ce niveau d’endettement est conforme à la stratégie d’endettement du pays et préserve la viabilité de la dette publique, avec un ratio d’encours de la dette prévu à 50,6 % en 2025, contre une norme communautaire de 70 %, estime le Trésor du Mali. Le déficit budgétaire, qui justifie cet endettement, est prévu à 3,5 % du PIB en 2025.
En termes de perspectives, pour atteindre les objectifs de la vision Mali 2063 dans le cadre de la stratégie nationale 2024-2033, plusieurs défis demeurent à relever. Parmi ceux-ci figurent la diversification du secteur minier, le rapprochement des zones de production et de consommation, et surtout, l’exploitation efficiente du potentiel du pays.
Concernant le taux de pression fiscale, il est attendu à 16,2 % en 2025, avec une prévision d’environ 18 % pour 2027.
Contexte difficile
En 2024, le Mali a levé 976 milliards de FCFA sur le marché des titres de l’UEMOA, un résultat obtenu à travers 30 émissions. Bien que ce montant soit en deçà des prévisions initiales de 1 080 milliards FCFA, il est jugé satisfaisant compte tenu du contexte particulier, selon le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique. Ce contexte est marqué par l’essoufflement des banques, le faible taux de couverture, le renchérissement des coûts d’emprunt, ainsi que le maintien des taux directeurs de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest. Toutefois, ces impacts ont été atténués, assure le Directeur général, grâce à la performance des services de recouvrement, notamment à travers les négociations avec les sociétés minières.
Parmi les 976 milliards FCFA mobilisés, on note une participation de 70 % des banques maliennes.
Un contexte particulièrement difficile a été rappelé par la Directrice de l’UEMOA Titres. Les conséquences de la crise russo-ukrainienne ont affecté la mobilisation des ressources dans la zone. Malgré cela, le marché des titres a montré une résilience, mobilisant au total 8 127 milliards FCFA en 2024, en hausse de 13 % par rapport à 2023. En 2025, les États de la zone envisagent de lever 9 212 milliards FCFA.
Le ministre de l’Économie et des Finances a souligné que la mise en œuvre du nouveau code minier et le processus de digitalisation des moyens de paiement visent à générer davantage de recettes pour les caisses de l’État. Grâce à une gestion prudente, selon les autorités, le déficit budgétaire du Mali est estimé à -2,5 % en 2024, contre une prévision de 4,4 %.

Vœux à la presse: Modibo Sidibé plaide pour un « Mali Kura » fondé sur la souveraineté, la justice et la prospérité

Lors de la traditionnelle présentation de vœux aux médias, le 12 février 2025, le président du Comité Stratégique du M5-RFP Mali Kura, Modibo Sidibé, a dressé un bilan sans complaisance de l’année écoulée et tracé les perspectives d’un Mali tourné vers l’avenir. Entre avancées sécuritaires, défis économiques et tensions politiques, l’ancien Premier ministre a appelé à un sursaut national pour refonder le pays sur des bases solides et inclusives.

Modibo Sidibé a d’abord rendu hommage aux victimes des crises successives, militaires et civiles, avant de rappeler les engagements initiaux du M5-RFP : instaurer une gouvernance vertueuse et poser les bases d’un État refondé. Il a souligné que malgré la reconquête territoriale symbolisée par la libération de Kidal, les défis sécuritaires persistent. « La montée en puissance des FAMAs est une réalité, mais la menace terroriste demeure omniprésente », a-t-il averti, évoquant notamment l’attaque meurtrière de Bamako en septembre dernier et l’embuscade récente sur l’axe Ansongo-Gao.
Le président du Comité Stratégique a plaidé pour une approche globale : « La lutte contre le terrorisme ne saurait se limiter au ‘tout militaire’. Elle doit s’accompagner d’un développement socio-économique ambitieux, de formations adaptées pour la jeunesse et d’une éducation civique renforcée ». Il a ainsi exhorté les autorités à une meilleure prise en compte des besoins des déplacés, des victimes des inondations et des populations vulnérables, rappelant que 4,5 millions de Maliens nécessiteront une assistance alimentaire en 2025.
Si le Mali affiche une prévision de croissance de 5,3 % en 2025, principalement portée par l’or, le coton et le lithium, l’économie reste fragile et dépendante des fluctuations mondiales. Modibo Sidibé a dressé un tableau sombre : flambée des prix des denrées de première nécessité, crise énergétique persistante, manque d’investissements publics structurants et crise de liquidités touchant l’ensemble des secteurs. « Le panier de la ménagère est de plus en plus léger, et les entreprises souffrent d’un environnement des affaires dégradé », a-t-il déploré.
La question de la dette publique, qui s’élève à 56 % du PIB, a également été soulevée. « Un surendettement qui ne se traduit pas par une amélioration des conditions de vie des populations devient un véritable goulot d’étranglement », a-t-il soutenu, appelant à une gestion transparente et rigoureuse des ressources, notamment les 500 milliards de FCFA d’investissements exceptionnels récemment annoncés.
Modibo Sidibé a sévèrement critiqué les décisions unilatérales prises par les autorités, notamment la dénonciation de l’Accord d’Alger et le retrait de la CEDEAO, sans concertation nationale préalable. « Nous sommes aujourd’hui dans une situation où les perspectives de retour à l’ordre constitutionnel sont floues. L’interdiction des activités politiques et l’emprisonnement de leaders d’opinion en 2024 sont des signaux inquiétants », a-t-il déclaré.
S’il salue la libération des 11 leaders politiques détenus durant cinq mois, il estime que cela ne constitue pas une garantie d’élections libres en 2025. « L’absence de visibilité et le silence des autorités sur le calendrier électoral alimentent les doutes », a-t-il insisté, appelant à un dialogue inclusif sur l’avenir institutionnel du pays.
Un appel à la souveraineté et à l’intégration africaine
Concernant la sortie du Mali de la CEDEAO, Modibo Sidibé reconnaît les griefs du gouvernement, mais regrette une rupture brutale sans alternative claire. « Nous devons transformer cette crise en opportunité en refondant la CEDEAO plutôt que de la quitter. L’intégration sous-régionale est une nécessité historique et stratégique pour le Mali », a-t-il affirmé, tout en proposant une double dynamique : structurer l’Alliance des États du Sahel (AES) en pôle de stabilité et engager un dialogue sur l’avenir de la communauté ouest-africaine.
Vers un « Mali Kura » : entre espoir et engagement
Dans son discours, l’ancien Premier ministre a rappelé l’ambition du M5-RFP Mali Kura : un Mali maître de son destin, fondé sur la souveraineté, la justice et la prospérité. « Nous devons mobiliser toutes les forces vives pour construire un avenir conforme aux aspirations profondes du peuple malien », a-t-il déclaré.
Il a enfin lancé un appel aux médias, soulignant leur rôle crucial dans la construction d’un débat national apaisé et constructif. « Un journalisme engagé, intègre et responsable est essentiel pour éclairer les citoyens et renforcer la cohésion sociale ».
Pour finir, Modibo Sidibé a formulé ses vœux pour 2025, souhaitant une année de paix, de solidarité et de progrès pour le Mali. Un message d’espoir synonyme à un appel à la responsabilité collective pour sortir durablement le pays de la crise.

Sénégal : Un rapport accablant de la Cour des comptes révèle des détournements massifs sous le règne de Macky Sall

Le rapport explosif de la Cour des comptes du Sénégal, publié le 12 février 2025, dévoile des anomalies financières majeures sous l’administration de l’ex-président Macky Sall. Il révèle des manipulations d’indicateurs économiques, des détournements massifs de fonds publics et des pratiques financières opaques ayant gravement impacté l’économie du pays.

Selon le rapport, la dette publique du Sénégal atteignait 18 558,91 milliards de FCFA, soit 99,67 % du PIB au 31 décembre 2023, bien au-dessus des chiffres officiels annoncés sous Macky Sall. Le déficit budgétaire réel pour 2023 s’élève à 12,3 %, alors que le gouvernement précédent avait déclaré 4,9 %. Ces écarts suggèrent une manipulation des indicateurs économiques pour masquer l’état réel des finances publiques, d’après le rapport.

Des transactions frauduleuses et des décaissements illégaux atteignant 481,42 milliards de FCFA ont été recensés, ainsi qu’un emprunt non autorisé de 130 milliards de FCFA. Parmi les irrégularités relevées, figurent des obligations illégalement émises au profit de la famille Peretz, spécialisée dans la vente d’armes, pour un montant de 121,61 milliards de FCFA, ainsi qu’un paiement de 120,29 milliards de FCFA à l’entreprise Sofico, dirigée par Tahirou Sarr, sans justificatif clair.

La Cour des comptes met également en évidence des virements suspects de 247,33 milliards de FCFA vers un compte bancaire non identifié à la Banque Islamique du Sénégal. Une partie de ces fonds a été dépensée en dehors des procédures comptables, tandis que 141,087 milliards de FCFA, initialement placés en dépôts à terme, ont été détournés. Des paiements opaques à hauteur de 15 milliards de FCFA ont par ailleurs été effectués à des fournisseurs non identifiés.

Ces révélations suscitent une onde de choc dans le pays. L’ampleur des malversations a contribué à l’explosion de la dette publique, qui approche désormais les 100 % du PIB. Face à cette situation critique, le président Bassirou Diomaye Faye a ordonné des mesures d’urgence pour restaurer la transparence et réclamer des comptes aux responsables.

Le Fonds monétaire international a d’ailleurs suspendu son programme d’aide au Sénégal en attendant que les nouvelles autorités clarifient la situation et mettent en place les réformes nécessaires. La pression s’intensifie sur l’ancien régime, alors que la société civile et l’opposition réclament des poursuites judiciaires contre les responsables présumés de ces détournements.

 

Indice de perception de la corruption 2024 : Le Mali encore dans la zone de turbulences

Le dernier Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2024 de Transparency International, publié le 12 février 2025, classe le Mali au 136e rang sur 180 pays, avec un score de 28 sur 100. Ce résultat illustre une fois de plus la difficulté du pays à lutter contre la corruption, un fléau qui mine la gouvernance et freine son développement.

Pour le rapport, le pays est confronté à une érosion des institutions de contrôle. De plus, il indique également que l’attribution des marchés publics manque de transparence et la gestion des finances publiques demeure opaque, alimentant une perception généralisée de corruption.

Selon le document, l’administration publique est particulièrement touchée. L’accès aux services essentiels comme la justice, la santé et l’éducation est souvent conditionné par des pratiques de favoritisme ou des pots-de-vin. Dans ce contexte, le document estime que la méfiance des citoyens envers l’État s’accentue, renforçant un climat d’impunité pour les élites. Signalons qu’à ce sujet, les rapports de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) et du Bureau du Vérificateur Général, en sont une parfaite illustration.

Le Mali n’est pas un cas isolé. En Afrique de l’Ouest, plusieurs pays affichent des scores médiocres dans l’IPC 2024, traduisant une gouvernance affaiblie par la corruption et l’opacité des finances publiques.

Le Nigeria, première puissance économique de la région, obtient un score de 25 sur 100, soulignant l’ampleur du détournement des fonds publics, notamment dans le secteur pétrolier. Le Burkina Faso, également sous transition, affiche un score de 30 sur 100, restant sous la barre critique de 50, qui marque le seuil entre une gouvernance corrompue et une administration relativement intègre.

À l’inverse, le Ghana se distingue avec un score de 43 sur 100, bien qu’en légère baisse, confirmant sa position parmi les pays les plus transparents de la région.

L’Afrique subsaharienne, toujours parmi les régions les plus corrompues au monde

Avec un score moyen de 32 sur 100, l’Afrique subsaharienne reste l’une des régions les plus touchées par la corruption. Plus des deux tiers des pays africains obtiennent un score inférieur à 50, traduisant une faible capacité des États à lutter efficacement contre ce phénomène.

Transparency International met en garde contre le risque de détournement des fonds climatiques, alors que de nombreux pays africains devraient bénéficier d’aides internationales pour faire face aux effets du changement climatique. L’absence de contrôle rigoureux sur ces financements risque de priver les populations vulnérables des ressources essentielles à leur adaptation.

Les pays les plus corrompus de la région incluent la Somalie (11 sur 100), le Soudan du Sud (13 sur 100) et la République centrafricaine (19 sur 100), où les conflits prolongés ont exacerbé l’effondrement des institutions.

Les bons élèves de la lutte contre la corruption

À l’échelle mondiale, les pays nordiques conservent leur place de leaders en matière de transparence et de bonne gouvernance. Le Danemark reste le pays le moins corrompu du monde avec un score de 90 sur 100, suivi par la Finlande (88 sur 100) et la Norvège (87 sur 100).

D’autres pays comme le Canada (75 sur 100) et l’Allemagne (79 sur 100) maintiennent également des niveaux élevés d’intégrité publique malgré certaines controverses récentes.

Les 5 pays les plus corrompus du classement

Aux dernières places du classement, on retrouve des États en proie à des crises profondes, où l’absence de gouvernance stable favorise la corruption à grande échelle. Il s’agit notamment de la Somalie (11 sur 100), du Soudan du Sud (13 sur 100), de la Syrie (14 sur 100), du Venezuela (14 sur 100) et du Yémen (16 sur 100).

Ces pays souffrent de guerres civiles, d’effondrement institutionnel et d’une impunité totale pour les acteurs corrompus.

Le rapport de Transparency International souligne l’urgence d’un renforcement des mécanismes de lutte contre la corruption. Pour le Mali, cela passe par un renforcement du cadre juridique, une indépendance accrue de la justice et une meilleure protection des lanceurs d’alerte.

Sans réformes concrètes, la corruption continuera de fragiliser les institutions, de freiner le développement et d’accentuer la défiance des citoyens envers l’État. Transparency International appelle ainsi à une mobilisation nationale et internationale pour lutter efficacement contre ce fléau qui compromet la croissance économique et la stabilité politique du pays.

 

 

Lancement du programme DDR-I : une relance sous haute surveillance  

Le gouvernement a officiellement lancé le programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration (DDR-I), visant à intégrer 2 000 ex-combattants au sein des Forces armées maliennes (FAMa) et à réinsérer 1 000 autres dans la vie civile. Cette annonce a été faite par le ministre de la Réconciliation nationale, le général Ismaël Wagué, qui a souligné l’importance de cette initiative dans le cadre du processus de stabilisation et de réconciliation nationale.

Lors de son intervention, le ministre a déclaré :  » Notre objectif est clair : faire du DDR-I un modèle de réussite en matière de stabilisation et de réconciliation nationale. C’est pourquoi nous devons œuvrer ensemble, dans un esprit de dialogue et de confiance mutuelle, pour garantir le succès de ce processus « . Il a insisté sur la nécessité d’un cadre structuré garantissant une réintégration efficace et durable des ex-combattants dans la société.
Toutefois, cette relance du DDR-I intervient alors que le précédent programme, sous l’Accord d’Alger et la MINUSMA, prévoyait lui aussi 3 000 bénéficiaires mais n’avait pas atteint les 2 000 intégrations effectives. Plusieurs obstacles avaient compromis son exécution, notamment un financement incertain, un manque de critères clairs pour la sélection des bénéficiaires et un suivi insuffisant des ex-combattants intégrés ou réinsérés.
Si le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) est censé veiller à l’application rigoureuse des critères d’éligibilité, des doutes subsistent quant à la transparence et l’efficacité du processus. L’intégration des 2 000 recrues dans l’armée pose également des questions : quelles seront leurs perspectives de carrière et leur niveau de formation ? De même, les 1 000 ex-combattants destinés à la réinsertion socio-économique auront-ils accès à des opportunités viables ou seront-ils livrés à eux-mêmes après quelques aides ponctuelles ?
Le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Assimi Goïta, a affirmé que ce programme constitue une priorité stratégique pour la sécurisation du pays, comme il l’a rappelé lors de son allocution du 31 décembre 2024. Pourtant, sans un financement garanti, une gestion rigoureuse et un encadrement efficace, le DDR-I risque de répéter les erreurs du passé. Cette relance tiendra-t-elle ses promesses, ou s’ajoutera-t-elle à la liste des engagements non tenus ? Seuls les mois à venir permettront de trancher.

Recettes budgétaires : Le gouvernement donne des explications sur les nouvelles taxes

Face aux réactions suscitées par l’adoption, en Conseil des ministres, le 5 février 2025, de taxes supplémentaires sur les télécommunications et la consommation de certains biens et services, le Premier ministre et le ministre de l’Économie et des Finances ont animé un point de presse ce lundi 10 février 2025 à la Primature pour fournir des explications.

Au total, deux projets d’ordonnance et un projet de texte ont été adoptés par le Conseil des ministres. Le premier projet d’ordonnance modifie le Code général des Impôts et porte à 7 % le taux de la Taxe sur l’Accès au Réseau des Télécommunications ouvert au public (TARTOP).
« Nous avons estimé qu’en augmentant le taux de TARTOP de 2 %, nous n’allons nullement impacter l’équilibre financier de ces entreprises qui ont eu suffisamment de temps pour pouvoir s’ajuster », a indiqué Alousseini Sanou, ministre de l’Économie et des Finances.
Le deuxième projet d’ordonnance porte sur l’institution de la Contribution spéciale de solidarité et d’une taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services. Selon les explications du ministre de l’Économie, cette taxe est inspirée de la CGS (Contribution générale de solidarité) qui a été mise en place pour la première fois en 2018 et qui est constituée de 0,5 % du chiffre d’affaires de toutes les entreprises installées au Mali. Quant à la taxe spéciale sur la consommation de certains biens et services, elle concerne uniquement les boissons alcoolisées, qu’elles soient produites localement ou importées.
Le dernier projet de texte adopté par le Conseil des ministres du 5 février 2025 porte sur la création, l’organisation et les modalités de gestion du Fonds de Soutien aux projets d’infrastructures de base et de Développement social.
Ce Fonds sera abondé exclusivement par un prélèvement spécifique sur la consommation des services commerciaux des communications téléphoniques et les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via le mobile money. Désormais, un taux de 10 % sera prélevé sur les recharges téléphoniques et 1 % sur les retraits d’argent via le mobile money.
Ces taxes, qui touchent directement les consommateurs, ont suscité beaucoup de réactions au sein de la population. Mais selon les explications du ministre de l’Économie, le gouvernement a consulté la société civile et au moins 7 associations de consommateurs, qui ont donné leur aval, avant de prendre la décision d’instituer ces nouvelles taxes. À l’en croire, l’État a besoin de recettes supplémentaires pour faire face aux différentes dépenses auxquelles il doit faire face.
« En 2020, le total de la masse salariale au Mali était de 690 milliards FCFA. Aujourd’hui, nous sommes à 1100 milliards de masse salariale compte tenu des recrutements dans le cadre de la lutte contre l’insécurité et les augmentations de salaires pour l’apaisement du climat social », a-t-il souligné.
Ces nouvelles taxes sur les recharges téléphoniques et les transactions via mobile money vont générer environ 140 milliards FCFA par an pour l’État, qui va les investir dans le secteur énergétique confronté à une crise sans précédent depuis deux ans.
« Le but du Fonds de Soutien aux projets d’infrastructures de base et de Développement social est de faire en sorte que des projets urgents puissent être traités avec beaucoup de célérité. Nous savons qu’aujourd’hui, si on doit parler d’urgence, c’est surtout la crise énergétique. Avec ces taxes, on peut trouver une solution, sans augmenter le prix du courant pour les Maliens », a conclu le Premier ministre, le Général de division Abdoulaye Maiga.
Mohamed Kenouvi

France : Sidiki Diabaté victime d’un vol ciblé en pleine tournée

Le 8 février 2025, alors que Sidiki Diabaté, artiste reconnu pour sa maîtrise de la kora, donnait un concert à la Défense Arena de Nanterre, près de Paris, des malfaiteurs ont pénétré par effraction au domicile de sa sœur et productrice, Djelika Diabaté, à Tremblay-en-France.

 

Le vol, minutieusement orchestré, a permis aux cambrioleurs de s’emparer d’un coffre-fort contenant environ 190 000 euros (125 millions de francs CFA), une partie des recettes de la tournée. Cet acte criminel interroge sur la sécurité financière des artistes en tournée et sur la gestion des fonds de leurs spectacles.

D’après les premiers éléments de l’enquête, confiée à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, le vol s’est déroulé aux alentours de 22h30, soit au moment où l’artiste se produisait devant des milliers de spectateurs. À ce moment, seule une baby-sitter se trouvait sur place pour veiller sur les enfants. Les malfaiteurs, armés, ont intimidé la jeune femme, lui ordonnant de se mettre à genoux et de détourner le regard avant de s’emparer du coffre-fort contenant la précieuse somme.
La victime du braquage, ne maîtrisant pas la langue française, n’a pu prévenir les forces de l’ordre qu’à 2h du matin, lorsque Djelika Diabaté est rentrée chez elle. Cette information retarde potentiellement l’enquête et pourrait compliquer l’identification des suspects.
Généralement, les recettes de concerts sont rapidement sécurisées, soit par dépôt en banque, soit par transfert à des services spécialisés dans le transport de fonds. Conserver une telle somme en liquide dans une résidence privée est une pratique inhabituelle et risquée. Cela pose des questions sur la manière dont les flux financiers des artistes en tournée sont gérés.
Selon des spécialistes en sécurité financière, le stockage de fonds en espèces peut attirer l’attention des criminels, en particulier lorsque des informations internes sont divulguées ou lorsque des mouvements suspects sont observés. L’enquête devra établir si les malfaiteurs ont agi sur la base d’une information interne ou s’ils ont simplement saisi une opportunité.
Cas similaires : Fally Ipupa victime d’un vol lors d’une tournée
Les incidents visant des artistes en pleine tournée sont rares mais pas inédits. Un cas similaire a eu lieu en 2019, lorsque l’artiste congolais Fally Ipupa a été victime d’un vol lors d’un déplacement en République Démocratique du Congo (RDC). Alors qu’il se produisait à Kisangani, des malfaiteurs se sont introduits dans sa chambre d’hôtel et ont dérobé de l’argent liquide et plusieurs objets de valeur. L’enquête avait alors mis en évidence un possible lien entre les voleurs et des personnes présentes dans l’hôtel, ce qui rappelle l’importance de la discrétion et des protocoles de sécurité pour les artistes en déplacement.
Au-delà de la perte financière, ce type d’événement peut affecter l’artiste sur le plan psychologique. Un vol ciblé laisse planer des doutes sur la sécurité du cercle proche, la présence éventuelle d’informateurs et la nécessité de renforcer les protocoles de protection. Plusieurs artistes ont dû revoir leur organisation après de telles mésaventures, optant pour des dispositifs de sécurité renforcée, des gardes du corps et une gestion plus stricte des flux monétaires.
Dans le cas de Sidiki Diabaté, la tournée se poursuit malgré tout. Depuis décembre 2024, il a animé de nombreux concerts en France et en Belgique pour la promotion de son album « Kora Lover », et aucune annulation n’a été annoncée. Malgré cette mésaventure, la tournée de Sidiki Diabaté se poursuit sans annulation. L’artiste malien est attendu sur plusieurs scènes prestigieuses en France et en Belgique. Après son concert du 10 février à Lyon (Halle Tony Garnier), il se produira à Marseille (Le Dôme) le 14 février, puis au Zénith de Toulouse le 18 février. La tournée se poursuivra avec une escale à Bruxelles (Forest National) le 22 février, avant de clôturer cette série de spectacles le 25 février au Zénith Arena de Lille.
Une affaire à suivre de près
L’enquête devra déterminer si les cambrioleurs avaient suivi leur cible, obtenu des informations en interne ou simplement profité d’une faille dans la sécurité. Ce vol vient rappeler que les artistes, bien que sous les projecteurs pour leur musique, peuvent aussi être des cibles de choix pour des individus mal intentionnés.
Pour l’heure, Sidiki Diabaté n’a pas officiellement réagi, préférant se concentrer sur sa tournée. Mais cette affaire pourrait bien inciter de nombreux autres artistes à revoir leurs protocoles de sécurité pour éviter que de telles mésaventures ne se reproduisent.

Gilles Yabi : « le retrait simultané de ces pays est un coup dur porté à l’organisation, et surtout à l’intégration régionale »

Gilles Yabi, chercheur et fondateur du think tank WATHI, analyse les défis actuels en Afrique de l’Ouest. Dans cet entretien exclusif, il évoque l’avenir de la CEDEAO après le départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la lutte contre le terrorisme sans les forces occidentales, l’impact des régimes militaires sur la sécurité, la crise sahélienne et l’immigration clandestine, ainsi que l’influence grandissante de nouveaux partenaires comme la Russie, la Chine et la Turquie.

Quel avenir pour la CEDEAO après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger ?
La CEDEAO, après le départ de ces trois pays, reste une organisation qui regroupe 12 États membres en Afrique de l’Ouest. Parmi eux, le Nigeria représente plus de 60% du PIB régional, suivi du Ghana et de la Côte d’Ivoire, deux pays clés en termes économiques et démographiques.
On ne peut donc pas comparer le bloc de la CEDEAO, même à 12, avec celui des trois États du Sahel, car la CEDEAO demeure le bloc le plus important de la région. Cependant, le retrait simultané de ces pays est un coup dur porté à l’organisation, et surtout à l’intégration régionale.
Ces trois pays du Sahel représentent environ 20% de la population de la région et plus de la moitié de sa superficie. Leur départ fragilise la continuité géographique de l’espace ouest-africain et pourrait raviver des tensions entre États, ce que la CEDEAO vise justement à prévenir.
Aujourd’hui, les tensions sont fortes, et même si aucun affrontement direct n’a lieu, l’absence de coopération pourrait réactiver des risques de confrontation, y compris militaire.
La CEDEAO ne doit pas être perçue uniquement comme un cadre économique. Son rôle est aussi politique et sécuritaire. Elle permet d’éviter les conflits entre États et de construire des liens solides entre les populations.
Je pense qu’à nouveau, l’organisation a été affaiblie, mais c’est aussi, d’une certaine manière, une opportunité pour qu’elle fasse vraiment le bilan de son action, de son évolution, et pour qu’elle puisse se projeter dans les prochaines décennies avec tout de suite un agenda de réformes qui doit être mis en œuvre assez rapidement.
Les crises politiques des dernières années ont révélé des défaillances au sein de la CEDEAO, mais les États membres en portent la plus grande responsabilité. Les décisions sont prises par les chefs d’État, issus de leurs processus politiques internes, démocratiques ou non.
La remise en cause de l’organisation à cause des mauvaises décisions prises par certains dirigeants serait une erreur. L’intégration régionale est un projet à long terme, qui dépasse les choix de leaders momentanés.
Enfin, il faut penser à l’avenir des populations ouest-africaines. La CEDEAO doit permettre des politiques communes dans des secteurs clés comme l’agriculture, la santé, la recherche et l’éducation. Malgré un bilan imparfait, des agences spécialisées existent déjà, et elles devraient être renforcées pour répondre aux besoins réels des citoyens.
Comment les États sahéliens peuvent-ils faire face à la menace terroriste sans les forces occidentales ?
Les changements de régime ont causé une instabilité politique, ce qui nuit à la continuité des stratégies de défense. En principe, un coup d’État pourrait amener un gouvernement plus efficace, mais le manque de coordination avec des experts civils limite souvent l’impact des militaires au pouvoir.
Les armées restent au cœur des stratégies sécuritaires, même sous des régimes civils. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir un militaire à la tête de l’État pour qu’une réponse militaire soit efficace.
Le vrai problème avec ces régimes, c’est l’absence de concertation avec d’autres expertises. Une réponse sécuritaire efficace exige une réflexion large, prenant en compte les impacts politiques, sociaux et communautaires des actions militaires.
Quels sont les effets de la crise sahélienne sur l’immigration clandestine vers l’Europe ?
Lier directement la crise sécuritaire sahélienne à l’immigration vers l’Europe serait une erreur d’analyse.
Certes, l’insécurité pousse des populations à fuir, mais elles se déplacent majoritairement à l’intérieur de leur pays ou vers des États voisins.
L’immigration vers l’Europe est davantage motivée par des raisons économiques et l’existence de réseaux migratoires. Le Sénégal et la Gambie, qui ne sont pas touchés par le terrorisme, connaissent pourtant une forte migration clandestine.
Lutter contre l’immigration irrégulière nécessite une approche plus large, qui inclut le développement économique et social.
Comment la montée en puissance de nouveaux partenaires redéfinit-elle l’équilibre géopolitique au Sahel ?
Il faut relativiser le terme « nouveaux partenaires ». La Russie et la Chine ne sont pas nouveaux dans la région.
L’Union soviétique avait des rapports très importants avec le Mali, y compris une importante coopération militaire.
La Chine est aussi présente depuis longtemps, notamment à travers ses investissements économiques et diplomatiques.
La Turquie est sans doute le partenaire qui a le plus progressé récemment. Son influence s’est renforcée en 10-15 ans, grâce à des investissements, des ouvertures d’ambassades et une industrie militaire compétitive.
Sur le plan global, le monde est devenu multipolaire. L’Afrique bénéficie de plus d’options de partenariat, mais cela ne signifie pas nécessairement une meilleure souveraineté.
Ce n’est pas parce que vous avez plus d’opportunités que vous faites nécessairement les bons choix.
Enfin, la diversification des alliances ne garantit ni la stabilité ni le développement. Sans une vision claire et une politique stratégique, ces nouvelles influences risquent d’augmenter les rivalités géopolitiques plutôt que d’apporter des solutions durables.

Arrêtés de paiement des redevances audiovisuelles : les associations de presse exigent un retrait et appellent au dialogue

Les principales associations de la presse audiovisuelle et en ligne du Mali, notamment l’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali (URTEL), l’Association Malienne des Télévisions (AMATEL), l’Association des Professionnels de la Presse en Ligne du Mali (APEL Mali), l’Union des Radios Privées du Mali (URPM) et l’Association des Éditeurs de la Presse Privée (ACCESS), ont exprimé leur profonde préoccupation suite à la publication par la Haute Autorité de la Communication (HAC) des arrêtés interministériels n°4473 et 4474. Ces arrêtés fixent les montants et les modalités de paiement de la redevance annuelle pour l’exploitation des services audiovisuels, ainsi que les frais de délivrance et de modification des autorisations.

Dans un communiqué conjoint, ces associations dénoncent la mise en application immédiate de ces mesures, malgré leurs précédentes demandes de sursis lors des consultations antérieures. Elles soulignent le contexte économique difficile auquel font face les médias maliens, aggravé par la crise énergétique actuelle. De plus, elles regrettent le manque de concertation dans la détermination des montants des redevances, estimant que ces décisions unilatérales pourraient fragiliser davantage le secteur médiatique national.
Les associations demandent donc un report de la mise en œuvre de ces arrêtés et appellent à l’ouverture d’un dialogue inclusif avec les autorités compétentes afin de trouver une solution concertée et adaptée à la réalité économique des médias au Mali.
Le communiqué est signé par les représentants des différentes associations et a été adressé à plusieurs institutions gouvernementales, notamment la Primature et les ministères concernés.
Cette situation intervient dans un contexte déjà tendu. Les médias jouent un rôle important dans la consolidation de la démocratie et la promotion de la bonne gouvernance. Il est donc essentiel que les autorités et les acteurs du secteur travaillent ensemble pour garantir un environnement favorable à l’exercice du journalisme, tout en assurant la viabilité économique des organes de presse.
Les associations de presse réitèrent leur engagement à œuvrer pour une information de qualité au service des citoyens et espèrent que les autorités prendront en compte leurs préoccupations légitimes pour le bien de la démocratie malienne.

Massacre à Kobé : 25 civils tués dans une embuscade terroriste entre Gao et Ansongo

25 morts et 13 blessés : c’est le bilan tragique de l’attaque perpétrée le vendredi 7 février 2025, dans l’après-midi, contre un convoi de véhicules civils escorté par les Forces Armées Maliennes (FAMa) entre Gao et Ansongo, à hauteur de Kobé, à une trentaine de kilomètres de Gao.
Selon le communiqué de l’État-major Général des Armées, la mission d’escorte a été prise en embuscade par un groupe de plusieurs terroristes. Au cours des violents combats qui ont suivi, les assaillants, repoussés dans leur fuite, ont délibérément ciblé des passagers civils en débandade, provoquant la mort de 25 personnes et blessant 13 autres, majoritairement des jeunes orpailleurs étrangers en route vers la mine d’or de N’Tahaka, dans la région de Gao.
Les FAMa ont immédiatement réagi en lançant des opérations de ratissage toujours en cours. Elles ont permis de retrouver 19 corps de terroristes abandonnés, d’en capturer 4 autres blessés, et de récupérer plusieurs armes et matériels de guerre. L’identification des corps est en cours.
La zone de Kobé est depuis longtemps considérée comme particulièrement dangereuse. À plusieurs reprises, des citoyens et des personnalités y ont été pris pour cible. Les bus et autres véhicules de transport sont parfois contraints de payer des rançons pour circuler sans encombre, alimentant ainsi le financement du terrorisme.
Cette région est le théâtre d’incursions répétées de la Province du Sahel de l’État islamique (EI-Sahel), une branche de l’État islamique opérant principalement au Burkina Faso, au Mali et au Niger. L’EI-Sahel, également connue sous le nom d’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), est une organisation militaire et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née en 2015 d’une scission d’Al-Mourabitoune. Elle a été officiellement reconnue par l’État islamique en 2016.
Les attaques de l’IS Sahel se caractérisent par une violence de masse et indiscriminée, causant de nombreuses victimes civiles et semant la terreur parmi les populations locales.
L’État-major Général des Armées présente ses condoléances aux familles endeuillées et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Il rassure que les opérations de sécurisation des axes, particulièrement la RN-17, avec des escortes de véhicules civils, se poursuivront. L’objectif est de démanteler les réseaux terroristes qui entravent la libre circulation des personnes et de mettre fin au paiement des rançons servant au financement du terrorisme.
Cette attaque souligne une fois de plus la nécessité d’une vigilance et d’une coopération renforcée entre les forces de sécurité et les populations locales pour contrer la menace persistante que représente l’EI Sahel dans la région.

Tchad : Fermeture de la dernière base française

Lors d’une cérémonie officielle, le 30 janvier dernier, l’armée française a procédé à la rétrocession de sa dernière base militaire au Tchad, la base aérienne Sergent-Adji-Kossei, située à N’Djamena, la capitale du pays. Cette base était le dernier vestige d’une présence militaire française dans le pays, un engagement qui durait depuis plusieurs décennies. La remise de cette installation stratégique à l’armée tchadienne est l’aboutissement d’un processus de redéfinition des accords de défense entre les deux nations.

La présence militaire française au Tchad remonte à l’indépendance de ce dernier en 1960, lorsqu’un accord de défense a été signé entre la France et son ancienne colonie. Ce pacte a permis à la France de maintenir une présence militaire au Tchad pour garantir la sécurité et stabiliser le pays face aux menaces internes et externes. Au fil des décennies, cette relation s’est consolidée avec plusieurs interventions militaires, la plus notable étant l’Opération TACAUD en 1969, lancée pour soutenir le gouvernement tchadien contre les rebelles. Cette présence militaire s’est ensuite intensifiée, notamment au cours des conflits internes et des guerres civiles qui ont déstabilisé le pays.
Durant les années 1980 et 1990, la France est intervenue à plusieurs reprises pour soutenir le régime du président Hissène Habré, puis celui d’Idriss Déby, qui est arrivé au pouvoir en 1990. Ces interventions ont été essentielles pour maintenir une stabilité fragile et contrer les rebelles et groupes armés.
Au Tchad, cette présence a été renforcée par des interventions militaires à plusieurs reprises, particulièrement durant les périodes de guerre civile et de troubles internes. Un exemple marquant est l’Opération Barkhane, lancée en 2014, qui visait à lutter contre les groupes jihadistes au Sahel, avec le Tchad comme l’un des principaux contributeurs. Les troupes françaises ont utilisé le Tchad comme une base d’opérations centrale pour mener des actions contre les terroristes dans la région.
Cependant, cette relation militaire entre la France et le Tchad a pris un tournant après l’annonce, en novembre 2024, par le président tchadien Mahamat Idriss Déby, de la fin de l’accord de coopération de défense avec la France. Cet accord était jugé « obsolète » et « suranné » par le gouvernement tchadien, qui a estimé que le pays devait désormais prendre en charge sa propre sécurité. La remise de la base aérienne Sergent-Adji-Kossei à l’armée tchadienne le 30 janvier 2025 marque donc la fin d’une ère de coopération militaire étroite.
Le Tchad était l’un des derniers bastions de la France dans la région, où l’armée française a déployé ses troupes dans le cadre de l’opération Barkhane. Cette opération, qui a impliqué jusqu’à 5 000 militaires, a pris fin en novembre 2022, après près de dix ans d’engagement. La fermeture de la base de N’Djamena marque ainsi la fin d’une époque pour la France, qui a vu son rôle militaire dans le Sahel se réduire progressivement.
Le retrait des forces françaises du Tchad intervient dans un contexte plus large de retrait des troupes françaises de plusieurs pays du Sahel, notamment du Mali, du Burkina Faso et du Niger, où les gouvernements ont exprimé leur souhait de voir les troupes françaises quitter leurs territoires. Cette réorientation fait écho à un sentiment vif dans certains pays africains qui souhaitent une redéfinition de leurs partenariats de défense avec la France.
La rétrocession de la base de N’Djamena intervient après plusieurs mois de tensions diplomatiques entre la France et ses partenaires africains. Le président Déby a souligné que cette rétrocession n’indiquait pas la fin de la coopération avec la France, mais qu’elle permettait à son pays de prendre en charge de manière plus autonome sa propre sécurité. « Nous serons désormais responsables de notre propre sécurité », a précisé le ministre tchadien de la Défense.
Bien que ce geste symbolise la fin de l’ère des interventions directes, le Tchad et la France ont convenu de maintenir des partenariats en matière de formation et d’équipements militaires, pour soutenir les efforts de sécurité du pays sans une présence militaire directe.

Inondations : Au moins 71 écoles sous les eaux à Gao et Tombouctou

Le Conseil des ministres, dans sa session du mercredi  29 janvier, a abordé les répercussions des inondations dans les régions de Gao et de Tombouctou, ainsi que la mise en œuvre d’un plan d’action pour la gestion des servitudes et lits des marigots dans le district de Bamako. Cette réunion, présidée par le président de la Transition, a permis de passer en revue les mesures concrètes à prendre pour atténuer les impacts de ces catastrophes naturelles sur les populations.

Le ministre de l’Éducation nationale a présenté au Conseil des ministres une mise à jour sur la situation des écoles inondées à Gao et Tombouctou. Le pays fait face à un phénomène inhabituel de montée des eaux le long du Fleuve Niger, affectant des localités dans ces régions. Au total, 71 écoles, relevant de cinq Centres d’Animation Pédagogique des Académies d’Enseignement de Gao et de Tombouctou, ont été impactées par les inondations, perturbant ainsi l’accès à l’éducation pour de nombreux élèves.
Pour assurer la continuité des activités pédagogiques malgré cette situation, le gouvernement a mis en place des mesures d’urgence. Des tentes ont été installées pour servir d’espaces d’apprentissage temporaires, permettant aux élèves de poursuivre leur scolarité dans des conditions adaptées. Par ailleurs, un redéploiement des élèves vers des établissements voisins a été organisé afin d’éviter une rupture prolongée de l’enseignement.
Les autorités locales et nationales se sont engagées à soutenir les établissements scolaires touchés en fournissant des équipements et en facilitant la mobilité des élèves et des enseignants, afin de minimiser l’impact sur la qualité de l’enseignement dans ces régions déjà fragilisées par les aléas climatiques.
Le lendemain, jeudi 30 janvier 2025, le Comité interministériel de gestion des crises et catastrophes s’est réuni sous la présidence du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga. L’un des principaux points à l’ordre du jour était le Plan d’actions pour la libération des servitudes et des lits des marigots du district de Bamako. Ce plan vise à réduire les risques d’inondation dans la capitale en libérant les servitudes des cours d’eau. L’occupation des lits des marigots et des cours d’eau par des habitations et infrastructures est une source majeure de risques d’inondations dans la région.
Les sous-commissions créées dans le cadre de ce plan ont travaillé sur plusieurs axes. Ils ont notamment mis l’accent sur la sensibilisation et la communication auprès des populations, pour expliquer les enjeux liés à la gestion des marigots. Des mesures concrètes ont également été prises pour accompagner les personnes concernées, en prévoyant des démolitions, ainsi qu’un suivi post-démolition afin de garantir l’efficacité des opérations.
Le Premier ministre a salué les efforts des sous-commissions, soulignant notamment les progrès réalisés en matière de réhabilitation et d’assainissement. Il a insisté sur l’importance d’un financement adéquat pour garantir la mise en œuvre complète du plan, appelant à une action rapide et coordonnée pour éviter de nouvelles catastrophes liées aux inondations.

Solidarité : Canal + Mali offre des kits scolaires aux élèves de l’école de l’île Dialagoum

Dans le cadre de son programme Canal + Impact, visant à accompagner les populations démunies à travers toute l’Afrique par le biais d’actions solidaires, Canal + Mali a procédé, ce 30 janvier 2025, à la remise de kits scolaires aux élèves de l’île Dialagoum, située en plein cœur de Bamako.

Au total, 300 kits scolaires comprenant des sacs, des cahiers, des livres, des stylos, entre autres, ont été offerts aux élèves, afin de soulager leurs parents dans la prise en charge de leur éducation. En plus des kits scolaires, le personnel de Canal+ Mali a rassemblé des vêtements, qui ont également été remis aux enfants.
« Nous serons à vos côtés. Tant que cela nous est possible, nous allons vous aider. Ce n’est qu’un début et d’autres actions suivront », a promis Idrissa Diallo, directeur général de Canal+ Mali.
Pour sa part, Broulaye Konaté, directeur de l’école de l’île Dialagoum, s’est dit animé d’une joie indescriptible en raison de la sélection de son école pour bénéficier de ce don.
« Qui connaît la situation actuelle du pays sait combien un geste de ce genre est hautement symbolique et très important », a-t-il souligné, précisant que cette aide permettrait aux parents de fournir des kits scolaires à leurs enfants dans le besoin et qu’elle vient également en appui aux efforts de l’école.
La cérémonie de remise, qui a mobilisé l’ensemble des élèves de l’école dans une ambiance festive, s’est clôturée par une visite guidée de l’école, notamment des différentes salles de classes et des autres activités de formation sur l’île.
L’école de l’île Dialagoum a été créée en 2017 par l’association Karama, avec à sa tête Mme Marie Garnier, qui, lors de ses promenades sur le fleuve, avait constaté que beaucoup d’enfants, surtout ceux des riverains, passaient leur temps à pêcher, tandis que leurs semblables partaient à l’école.
Centre d’apprentissage au départ, l’école a obtenu un statut public en 2022. En plus de l’enseignement classique du programme national, les élèves bénéficient de l’enseignement dans deux autres domaines, à savoir la protection de l’environnement et la transmission des savoirs locaux.
Mohamed Kenouvi

AES/CEDEAO : Un tournant dans les relations régionales

Ce mercredi 29 janvier 2025 marque le premier anniversaire de l’annonce par les pays de l’AES de leur sortie de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette date acte également le retrait officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger de l’organisation ouest-africaine. Cette décision, résultant d’une série de tensions politiques et sécuritaires, modifie profondément le paysage régional.

La décision des trois pays de quitter la CEDEAO est le point culminant de plusieurs mois de détérioration des relations avec l’organisation. En 2022 et 2023, la prise de pouvoir par des coups d’État a exacerbé les divergences avec l’institution régionale. La CEDEAO, traditionnellement soucieuse de défendre la stabilité démocratique, a adopté des mesures de rétorsion, allant jusqu’à imposer des sanctions économiques et diplomatiques à l’encontre des trois pays.
Le retrait de ces États est donc perçu comme une réponse directe à la pression exercée par la CEDEAO, mais aussi comme une tentative d’affirmer leur autonomie face à une organisation qu’ils estiment ne pas répondre adéquatement aux défis internes qu’ils rencontrent, notamment en matière de sécurité et de gestion politique.
Bien que ces trois pays aient cessé d’être membres de la CEDEAO, l’organisation a opté pour une approche mesurée, prévoyant une période de transition de six mois, allant du 29 janvier au 29 juillet 2025. Durant cette période, certaines dispositions restent en place pour éviter des perturbations majeures dans les échanges régionaux.
Parmi ces mesures, on trouve la reconnaissance des documents d’identité, y compris les passeports et cartes d’identité portant le logo de la CEDEAO, pour les citoyens des pays concernés. Les échanges commerciaux entre ces pays et les autres membres de la communauté continuent sous les termes du Schéma de libéralisation des échanges (SLEC). De même, les citoyens des trois pays conservent leur droit de circuler sans visa, une mesure qui permet de maintenir un minimum de fluidité dans les relations humaines et économiques au sein de la région.
Cependant, ces mesures ne sont que temporaires. Il est clair que la CEDEAO cherche à éviter une rupture totale. L’organisation a en effet souligné sa volonté de poursuivre le dialogue avec les trois pays et d’envisager des modalités de coopération futures, bien que cela dépende de l’évolution de la situation politique et sécuritaire.
Le retrait de la CEDEAO représente un défi majeur pour le Burkina Faso, le Mali et le Niger, tant sur le plan économique que social. Les sanctions économiques imposées par la CEDEAO avaient déjà perturbé les échanges commerciaux et les investissements dans ces pays. Reste à savoir si la fin de la participation à l’organisation n’entraînera pas une aggravation de ces difficultés.
La suspension des programmes d’aide régionaux et des projets d’infrastructure initiés par la CEDEAO pourrait avoir des répercussions significatives, notamment dans la lutte contre l’insécurité et le terrorisme. En 2023, l’économie du Burkina Faso a enregistré une croissance modeste de 3,2 %, après une performance particulièrement faible de 1,8 % en 2022, selon la Banque Mondiale. Toutefois, cette reprise reste fragile en raison des perturbations causées par l’insécurité, qui ont entraîné environ 8 500 décès liés aux conflits en 2023. De plus, la pauvreté reste élevée, touchant 43,2 % de la population en 2021/22. La situation humanitaire reste également critique, avec plus de 2 millions de personnes déplacées et environ 2,3 millions de personnes confrontées à une insécurité alimentaire grave. En revanche, pour le Mali, les données de la Banque Mondiale montrent que l’extrême pauvreté a atteint 19,1 % en 2022, exacerbée par l’envolée des prix et la faible croissance économique. Bien que la libre circulation des personnes et des biens puisse aider à atténuer certains impacts économiques, elle ne compensera pas entièrement les effets de la suspension des programmes d’infrastructure avec des menaces sur l’accès aux marchés et le développement local.
En tout état de cause, ce retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger constitue aussi une épreuve pour la CEDEAO, une organisation qui prône l’intégration régionale et la coopération sur de nombreux fronts, y compris la sécurité, les échanges commerciaux et la gouvernance. Cette situation révèle en même temps les limites de l’influence de la CEDEAO lorsqu’elle est confrontée à des changements politiques internes significatifs dans ses États membres.
L’une des grandes interrogations réside dans la capacité de la CEDEAO à maintenir son rôle de médiateur en Afrique de l’Ouest. Le blocage actuel illustre les fractures qui existent au sein de l’organisation, entre ceux qui défendent une ligne plus autoritaire et ceux qui préconisent une approche plus conciliatrice. Si l’intégration économique demeure une priorité pour la CEDEAO, la gestion des tensions internes pourrait sérieusement compromettre la cohésion de l’ensemble.
Le retrait des trois pays de la CEDEAO pourrait marquer le début d’une nouvelle dynamique régionale. Bien que les discussions soient encore en cours, il apparaît que les pays concernés chercheront de nouvelles alliances pour compenser les impacts liés à leur retrait de la CEDEAO. Les relations avec des puissances extérieures, comme la Chine ou la Russie, pourraient se renforcer, notamment dans le domaine économique et militaire.
De son côté, la CEDEAO devra repenser sa stratégie vis-à-vis de l’AES, tout en tentant de rétablir un dialogue avec les trois pays, sans renoncer à ses principes de gouvernance démocratique. Le mois de juillet 2025 sera décisif pour déterminer si un rapprochement est possible ou si la séparation sera définitive.

Lutte contre le terrorisme :   L’AES dévoile sa stratégie et interpelle la communauté internationale

Lors de la réunion publique de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique, tenue le 24 janvier 2025, l’Ambassadeur et Représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies, M. Issa Konfourou, a présenté la vision stratégique de la Confédération des États du Sahel (AES). Cette entité regroupe le Burkina Faso, le Niger et le Mali, trois pays en première ligne face aux violences terroristes dans la région sahélienne.

Prenant la parole au nom de l’AES, M. Konfourou a souligné que la lutte contre le terrorisme, au-delà d’une priorité régionale, constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales. « Le terrorisme ne se limite pas à déstabiliser nos nations. Il met en péril des vies innocentes et compromet l’avenir de nos sociétés. Nous devons unir nos efforts dans un esprit de solidarité et de responsabilité partagée », a-t-il affirmé, appelant à une réponse coordonnée et ambitieuse.
L’Ambassadeur a détaillé une stratégie globale reposant sur plusieurs axes prioritaires. Il a insisté sur l’importance d’un soutien accru aux initiatives africaines, dans le respect de la souveraineté et des priorités des États sahéliens. Il a également plaidé pour une coopération renforcée en matière de renseignement et une lutte efficace contre le financement du terrorisme, soulignant le rôle des réseaux criminels transnationaux dans le trafic d’armes et de drogues. M. Konfourou a mis en avant une approche intégrée alliant développement économique et sécurité, en insistant sur la prévention, la déradicalisation et la réinsertion des populations vulnérables. Enfin, il a rappelé l’urgence de fournir des équipements modernes, des formations adaptées et une assistance logistique aux forces sahéliennes, qui se battent courageusement malgré des moyens limités.
En mettant en lumière ces axes, M. Konfourou a évoqué les succès récents de l’AES, notamment la neutralisation de chefs terroristes, la destruction de bases ennemies, la reconquête de territoires, le retour des populations et la réouverture des écoles. Ces avancées confirment la pertinence d’une approche coordonnée et souveraine, mais elles demeurent insuffisamment reconnues dans les rapports des Nations Unies, a-t-il regretté.
M. Konfourou a également dénoncé l’ingérence de certains États étrangers dans la crise sahélienne. Il a accusé la France et l’Ukraine de soutenir ou de faciliter indirectement les groupes terroristes opérant dans la région, ce qui compromet les efforts légitimes de stabilisation. Il a appelé à une condamnation ferme de ces pratiques par les Nations Unies, insistant sur l’importance du respect de la souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États sahéliens.
Malgré ces défis, les violences continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Le Mali comptait, en septembre 2024, plus de 378 000 déplacés internes, tandis que le Burkina Faso enregistre plus de 2,1 millions de personnes déplacées. Le Niger, quant à lui, fait face à 352 000 déplacés, majoritairement dans les zones frontalières. Ces chiffres traduisent une crise humanitaire croissante, en dépit des efforts des États sahéliens.
Parallèlement à la stratégie exposée par l’AES, les trois pays membres ont récemment annoncé la mise en place d’une force conjointe de 5 000 soldats. Cette initiative vise à coordonner les efforts militaires et à sécuriser les zones les plus touchées par les violences terroristes. Dotée de moyens modernes, cette force incarne la volonté des dirigeants sahéliens de prendre en main leur propre sécurité.
M. Konfourou a lancé un appel pressant à la communauté internationale. « Nous remercions nos partenaires pour leur soutien, mais nous avons besoin d’un engagement robuste et cohérent. Cette lutte est un défi commun et nécessite une réponse collective. L’AES continuera d’œuvrer pour une paix durable, dans le respect de la souveraineté de ses membres », a-t-il déclaré, tout en s’inclinant devant la mémoire des victimes du terrorisme.
Ce discours marque l’affirmation de la Confédération des États du Sahel comme acteur central dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, tout en réaffirmant son exigence de justice et de reconnaissance sur la scène internationale.

Coly Energy Mali : Un nouveau chapitre pour le secteur énergétique malien après l’ère TotalEnergies

Le 23 janvier 2025, le Premier ministre malien, le Général de Division Abdoulaye Maïga, a reçu une délégation de Coly Energy Mali, nouvel acquéreur des activités de TotalEnergies au Mali. Cette rencontre, conduite par René Hounsinou, nouveau président du Conseil d’administration de Coly Energy, visait à présenter officiellement la nouvelle direction et à confirmer la continuité opérationnelle de l’entreprise.

Coly Energy Mali, en partenariat avec Benin Petro SA, étend désormais ses opérations au Mali, au Bénin et en Côte d’Ivoire. Cette expansion stratégique vise à renforcer la présence de l’entreprise dans le secteur énergétique ouest-africain.

Coly Energy Mali se positionne comme un acteur clé dans la distribution de produits pétroliers dans la région.

Cette acquisition s’inscrit dans le cadre de la stratégie globale de TotalEnergies visant à réévaluer et à optimiser son portefeuille d’actifs. Ces dernières années, le groupe a procédé à plusieurs cessions d’actifs non stratégiques à travers le monde. Par exemple, en 2020, TotalEnergies a vendu ses activités au Libéria et en Sierra Leone à Conex Oil & Gas Holdings Ltd., représentant une valeur totale de plus de 400 millions de dollars US. En 2023, le groupe a également cédé plus de 2 000 stations-service en Europe au Canadien Couche-Tard pour un montant de 3,4 milliards d’euros.

Cependant, le retrait de TotalEnergies du marché malien s’inscrit dans un contexte particulier. Sousle actuel régime, le Mali a mis fin aux avantages fiscaux qui étaient auparavant accordés aux entreprises étrangères. Ces contrats, jugés « léonins » par les autorités, permettaient aux multinationales de ne payer leurs impôts que dans leur pays d’origine, privant l’État malien de revenus fiscaux considérables. Cette décision a poussé TotalEnergies à revoir ses opérations au Mali, menant à leur cession au profit de Coly Energy Mali.

Les détails financiers de la transaction entre TotalEnergies et Coly Energy Mali n’ont pas été rendus publics. Le montant de la cession reste donc confidentiel à ce jour.

Engagement envers les employés et perspectives d’avenir

Un point notable de cette acquisition est l’engagement de Coly Energy Mali à maintenir l’ensemble des 1 109 employés de TotalEnergies au Mali, assurant ainsi une continuité opérationnelle et sociale. Cette démarche a été saluée par le Premier ministre malien, qui y voit une initiative alignée avec les objectifs économiques du pays.

Cette situation marque une étape significative dans le paysage énergétique malien, avec l’arrivée de Coly Energy Mali en tant que nouvel acteur majeur. Les observateurs suivront de près l’évolution de cette entreprise et son impact sur le marché régional.