Le Mali rassure sur l’approvisionnement du marché, jugé «cher»

Malgré le poids des sanctions de la Cédéao sur le Mali, les autorités affirment que les produits de première nécessité seront disponibles « jusqu’au-delà du mois de Ramadan ».Depuis plus d’un mois, l’organisation sous-régionale maintient son embargo sur le pays pour amener les autorités militaires à revoir leur proposition de faire une transition allant de six mois à cinq ans. Mais les craintes commencent à se lire sur les visages à l’approche du mois du jeûne musulman, prévu en avril prochain, sachant que ce pays compte de 94% de musulmans.

Cependant, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, Youssouf Bathily, a fait savoir à la télévision nationale que le marché était pour le moment bien approvisionné. Si Dakar-Bamako était l’axe de prédilection des opérateurs économiques maliens pour le transit des produits, M. Bathily souligne que les autorités ont jeté désormais leur dévolu sur Bamako-Conakry et Bamako-Nouakchott. Déjà, il note qu’une centaine de camions chargés de marchandises et des denrées de première nécessité sont arrivés dans le pays le week-end dernier.

« On avait demandé à une grande partie de nos importateurs de dérouter vers la Guinée et la Mauritanie. Ça commence à arriver, il y a un fort convoi encore qui arrive. Avant bien cet évènement, les gens fréquentaient ce corridor. Tout récemment, on leur a demandé de doubler d’effort pour qu’on puisse basculer une très grande partie vers Nouakchott et la Guinée », a-t-il indiqué dans des propos repris par le site Maliweb.

Dans le quotidien malien L’Essor, le ministre du Commerce Mahmoud Ould Mohamed a souligné pour sa part, vendredi dernier, que « le Mali ne connaîtra pas un défaut d’approvisionnement en denrées de première nécessité et les magasins sont pleins chez plusieurs grossistes ».

Cherté des produits

Par ailleurs, certains détracteurs indiquent que les produits connaissent une hausse exponentielle en dépit de leur disponibilité. Et c’est une situation que déplorent de nombreux Maliens, d’après Malijet qui demande s’il faut « s’inquiéter » avec l’arrivée imminente du Ramadan face aux sanctions de la Cédéao.

« Le blocus des deux organisations sous-régionales (Cédéao et Uemoa) commence à être intenable. Les sanctions, bien qu’illégitimes et illégales, pèsent sur les ménages et sur tout le pays sans que cela n’émeuve réellement le gouvernement qui n’a trouvé d’autres alternatives que de mettre en place un mécanisme pour étudier toutes les possibilités de proposer un chronogramme », estime le journal L’Alternance.

Dans ce « Mécanisme de Concertation » récemment mis en place, comprenant notamment la Cédéao et l’Union africaine (UA), le gouvernement malien cherche à concilier les voies avec la communauté internationale, qui l’appelle à organiser rapidement des élections pour le retour des civils au pouvoir.

Ces derniers jours, l’hypothèse d’une probable candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle a été écartée par le projet portant révision de la Charte de la transition, soumis par le Conseil national de transition (CNT), organe législatif dirigé par le colonel Malick Diaw.

Ce nouveau projet de loi ne donne pas clairement la date des futures élections présidentielle et législatives. Mais il fixe la durée de la transition conformément aux recommandations des dernières Assises nationales de la refondation, tenues du 15 au 21 novembre 2021. Celles-ci avaient donné une fourchette de six mois à cinq ans de transition, qui a notamment soulevé l’ire de la Cédéao.

Mali : Air France reprend ses vols mais loge à Nouakchott

La compagnie aérienne Air France reprend ses vols vers Bamako, la capitale malienne après une dérogation exceptionnelle du ministère des Affaires étrangères français.Après la suspension de ses vols vers Bamako le 12 janvier dernier, Air France reprend du service à partir du 16 février après des négociations entre la diplomatie française et les autorités de la transition malienne.

Dans un premier temps, une seule fréquence quotidienne est prévue au lieu de deux lors de la configuration précédente. Une escale pour le vol retour est prévue à Nouakchott, la capitale mauritanienne où a lieu la relève de l’équipage.

Le personnel de la compagnie française va aussi loger à Nouakchott où l’aviation civile mauritanienne a donné son accord. Une décision dictée par la « menace terroriste trop importante » à Bamako, et dans les pays voisins selon des sources proches de la compagnie française.

Air France, dixième compagnie mondiale et première compagnie européenne, selon le dernier palmarès des compagnies mondiales décerné par Skytrax (organisme de consultation sur les services de recherche des conditions de vol), dispose d’une flotte de 264 appareils desservant 195 destinations dans le monde.

Rwanda : Paul Kagamé au Qatar pour une visite de travail

Le président rwandais Paul Kagamé est arrivé lundi à Doha, pour une visite de travail de trois jours au Qatar, a confirmé une source officielle à Kigali.Cette visite intervient près de trois ans après que l’émir du Qatar, Son Altesse Tamim bin Hamad Al Thani, a visité le Rwanda en avril 2019 à la tête d’une délégation de haut niveau composée de hauts fonctionnaires et de chefs d’entreprise de l’Etat du Golfe.

Les rapports indiquent que Kagamé a été accueilli par différents responsables, notamment le directeur qatari du département du protocole du ministère des Affaires étrangères, Ibrahim Yousif Abdullah Fakhro, l’ambassadeur qatari au Rwanda, Misfer Faisal Mubarak Al-Ajab Al-Shahwani, et l’ambassadeur du Rwanda au Qatar, François Nkulikiyimfura.

En novembre 2018, le président Kagamé a effectué une visite officielle de deux jours au Qatar, où il a rencontré le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Les deux dirigeants, accompagnés de leurs délégations respectives, ont eu des entretiens bilatéraux sur l’approfondissement des domaines de coopération économique et ont assisté à la signature d’accords bilatéraux sur les services aériens, les investissements ainsi que le MoU sur la coopération économique, commerciale et technique.

Le Rwanda et le Qatar s’efforcent d’accroître leur coopération dans divers domaines, notamment la coopération diplomatique, le dialogue politique ainsi que différents investissements potentiels dans l’agriculture, la technologie, l’exploitation minière, le transport et le tourisme.

Les deux nations ont également des pactes qui couvrent les services aériens, la promotion et la protection réciproque des investissements et un protocole d’accord sur la coopération économique, commerciale et technique.

Le Qatar et le Rwanda partagent également des liens par le biais d’accords dans le domaine de l’aviation civile, Qatar Airways, la compagnie nationale de l’Etat du Golfe, assurant des vols directs vers le Rwanda depuis 2012.

Mali : Assimi Goïta veut réformer avant de céder le pouvoir

L’hypothèse d’une probable candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle a été écartée par le projet portant révision de la Charte de la transition.

Le Conseil National de la Transition (CNT), organe législatif de la transition au Mali, s’active. Il vient de proposer un projet de révision devant modifier certaines dispositions de la charte de transition. La date de la séance plénière n’a pas encore été fixée, mais les nouvelles dispositions prennent en compte des recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues du 15 au 21 novembre 2021.

Ainsi, le projet de charte révisé interdit expressément au président de la transition à se porter candidat aux prochaines élections. Président depuis le mois de mai 2021, le colonel Assimi Goïta ne devrait donc pas briguer sa propre succession lors d’un scrutin présidentiel dont la date n’a pas encore été arrêtée.

En tant que président de la transition, le texte prévoit aussi son remplacement, « en cas de vacance », par le Président du Conseil National de Transition, en l’occurrence le colonel Malick Diaw, l’un des officiers avec lesquels il a mené le coup d’Etat du 18 août 2020.

D’autres modifications concernent les suppressions du poste de vice-président et du nombre des membres du gouvernement limité à vingt-cinq, l’augmentation du nombre du CNT, l’adaptation de la durée de la transition conformément aux recommandations des Assises nationales de la refondation.

Celles-ci doivent en outre fixer « la durée de la transition », qui devait normalement expirer d’ici quelques jours, en considérant la date du renversement du président démocratiquement élu, le défunt Ibrahim Boubacar Keita. Si la communauté internationale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), appelle les autorités militaires à organiser rapidement les élections, une partie de l’opposition malienne annonce qu’elle ne les reconnaîtra plus à partir du 25 mars prochain.

Prolongement de la transition ?

Mais au regard de l’article deux du projet de charte, parmi les nouvelles dispositions, ce deadline peut sembler court pour que les autorités militaires de la transition soient en mesure de passer le témoin. Dans ledit article, la charte charge la transition de plusieurs missions qui vont nécessairement prendre du temps pour leurs réalisations.

Il s’agit du rétablissement et du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, du redressement de l’État et la création des conditions de base pour sa refondation, de la promotion de la bonne gouvernance, de la refonte du système éducatif, de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, des réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives, de l’organisation des élections générales, de la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et de la mise en œuvre intelligente et efficiente des Recommandations des Assises Nationales de la Refondation.

Par ailleurs, ces Assises avaient recommandé un rallongement de la transition de six mois à cinq ans, alors que le scrutin présidentiel était prévu le 27 février 2022. Cette annonce avait particulièrement irrité la Cédéao, qui avait prononcé plusieurs sanctions à l’encontre du Mali.

La rupture des relations diplomatiques de tous les pays de la sous-région, à l’exception de la Guinée, venait d’être consommée, sans compter la fermeture des frontières communes ou encore la suspension des transactions économiques entre les pays de la zone et le Mali.

De lourdes sanctions qui mettent dans le désarroi plusieurs citoyens ouest-africains, surtout les populations habitant à proximité des frontières. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Mali : vers un départ de la France et de l’UE

La France et l’Union européenne vont décider cette semaine de leur présence militaire au Mali.Le processus est en branle et devrait aboutir à la fin de cette semaine à une série de décisions concernant l’engagement français et européen au Mali. Ce lundi, une réunion par visioconférence des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se tiendra pour évoquer l’avenir de la force militaire européenne regroupée au sein Takuba. Un premier rendez-vous qui devrait acter le retrait quasi probable des troupes françaises et européennes au Mali

L’ancienne puissance coloniale, dont plusieurs milliers de soldats sont engagés depuis 2013 contre les groupes jihadistes actifs sur le territoire malien et dans les pays voisins, va-t-elle enfin retirer ses troupes de la région ?

Le G5 Sahel à Paris 

« La situation ne peut pas rester en l’état », a déclaré mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, donnant ainsi le sentiment que la France envisage désormais toutes les hypothèses y compris un retrait de ses troupes du Mali.

A ce titre, Emmanuel Macron a convié ce mercredi 16 février, les chefs d’Etat du G5 Sahel notamment le président nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. Une rencontre à laquelle le président français n’a pas invité les autorités de la transition burkinabé et malienne.

Le président de l’Union africaine Macky Sall et le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le Ghanéen Nana Akufo-Addo seront de la partie tout comme le Conseil européen Charles Michel, et du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

A l’issue de cette rencontre, Paris et ses partenaires de l’Union européenne vont informer l’UA et la Cedeao des décisions prises sur leur engagement au Mali. La réorganisation du dispositif dans les autres pays sahéliens voisins et son extension aux pays du golfe de Guinée sont aussi à l’étude.

Invoquant la souveraineté nationale, les autorités de la transition malienne entendent se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.

La junte inflexible

Durant les premiers mois après la prise du pouvoir par l’armée à Bamako, Paris s’était pourtant montré conciliant vis-à-vis des putschistes maliens. Mais les rapports entre les deux parties se sont brusquement dégradés lorsqu’en mai dernier les colonels qui avaient entre-temps installé un président et un premier ministre à la tête d’un gouvernement de transition avaient décidé de débarquer les deux hommes confiant la présidence de l’Etat au chef de la junte, le colonel Assimi Goita.

La crise s’est, ensuite, aggravée quand quelques jours plus tard, la France a brandi la menace de retirer ses militaires engagés depuis 2013 au Mali et au Sahel dans le cadre d’une opération de lutte contre les groupes jihadistes, avant de se rétracter finalement pour annoncer une simple réduction de ses troupes et une restructuration de son dispositif militaire sur le terrain.

Évoquant alors « un abandon en plein vol », les autorités de Bamako avaient, dans la foulée, menacé de faire appel à d’autres partenaires extérieurs, donnant ainsi crédit à ce qui n’était à l’époque qu’une simple rumeur comme quoi elles souhaiteraient solliciter la Russie pour l’envoi d’éléments appartenant à la très sulfureuse compagnie militaire privée russe Wagner, accusée d’exactions en Syrie, en Libye et en Centrafrique. La France qui n’a jamais caché son hostilité à une telle perspective n’avait, depuis lors, cessé de mettre en garde Bamako et Moscou contre cette éventualité qui, depuis peu, serait devenue finalement une réalité, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales en poste au Mali.

Les sorties musclées de responsables des deux pays, devenues quasi quotidiennes ces dernières semaines, n’ont pas contribué à apaiser la tension.

Commentant les décisions prises contre la junte par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s’était livrée à une attaque virulente contre la ministre française des Armées, Florence Parly et la France, qu’il a accusée de chercher à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Le colonel malien avait alors sommé Mme Parly de se taire.

ESJSC : À la découverte de la spécialité radio

L’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication (ESJSC) est la première école de journalisme du Mali. Ouverte en janvier 2018, elle délivre une licence professionnelle en journalisme radio, presse écrite et télévision. À l’occasion de la Journée mondiale de la radio, célébrée le 13 février, la spécialité radio de l’école nous a ouvert ses portes.

« Il est l’heure de votre flash ». C’est sur cet indicatif que les 12 étudiants de la spécialité radio de la deuxième année de Licence prennent pour la première fois l’antenne de l’EJ.FM, le studio-école. Après des cours théoriques sur le flash d’information, place maintenant à la pratique. Et c’est à Diahara Faskoye que revient l’honneur d’ouvrir la marche. « Actualités nationales : le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pointe de nouveau la France du doigt…», commence-t-elle. Au bout de quelque secondes, la jeune dame bute sur certains mots mais prend le soin de présenter ses excuses aux auditeurs. Derrière la baie vitrée qui la sépare de la partie technique, l’œil vigilant de Baba Djourté. Un doyen résistant du journalisme chargé de former les étudiants en radio. Et les bourdes de la présentatrice ne le laissent pas indifférent. « Tant que vous ne serez pas imprégnés de vos textes, vous allez toujours buter sur des mots », lance-t-il aux autres étudiants, qui attendent, silencieux, leur tour d’antenne. Le professeur va poursuivre le reste de ses remarques en classe, lors de l’écoute critique des différents flashs d’information présentés à tour de rôle.

Les remarques générales ont trait au manque d’appropriation des textes par les étudiants, à des problèmes de prononciation et au manque de clarté et de précision de certains textes. « Il s’agit d’un premier passage au micro. Ils avaient tous le trac et cela ne facilite par l’expression. Ils n’ont pas tenu compte de ce qui leur avait été dit pendant les exposés. Ils ne se sont pas également approprié leurs textes pendant la mise en bouche, c’est-à-dire la lecture à haute voix, seul, avant le passage à l’antenne. Néanmoins, pour un début ce n’est pas mal. Ils peuvent mieux faire et nous allons nous atteler à cela », explique Baba Djourté.

Malgré cette première expérience perfectible, les étudiants se disent confiants et déterminés à relever les défis. « C’est le trac qui m’a surtout fatiguée. Je peux mieux faire », se réconforte Assétou Samaké. « Comme en toute chose, les premières fois sont les plus difficiles. Aujourd’hui, nous nous sommes laissées vaincre par le stress et c’est cela qui a altéré la qualité de nos travaux », renchérit Mama dite Mady Kébé.

Objectif qualité

En cette année 2022, Baba Djourté tient la troisième promotion de la spécialité radio entre ses mains. La première promotion a déjà soutenu et sortira très bientôt lors d’une cérémonie de graduation tandis que la deuxième s’apprête à commencer ses mémoires de fin d’études. Et les deux sont jugées professionnellement aptes. « Je pense que les deux premières promotions, en tout cas d’après les échos qui nous sont parvenus, font quand-même des merveilles dans les organes où elles exercent. Que ce soit en radio ou en télévision, car certains de la radio présentent le journal télévisé », explique Baba Djourté.

Pour Tiona Mathieu Koné, un doyen du métier chef du Département d’études et de recherches (DER) de la spécialité radio à l’ESJSC, il n’y a aucune autre alternative que de former des femmes et des hommes de qualité. « Pour le moment, il y a de bons soupçons de capacités pour les produits qui sortent d’ici et cela est encourageant pour le corps professoral. On n’a pas d’autres choix que de ne pas décevoir la République, surtout en ces temps où l’information est un enjeu dans un pays en crise ».

Attaques au Bénin : l’armée française tue plusieurs djihadistes impliqués

Les trois attaques perpétrées les 8 et 10 février 2022 dans le Nord du Bénin ont faut neuf morts.L’armée française lance la traque, quelques jours après des attaques attribuées à des djihadistes dans le parc W au Bénin. Ce samedi, l’état-major français a annoncé avoir tué 40 jihadistes impliqués dans des frappes aériennes menées par la force Barkhane au Burkina Faso. 

Il souligne que ces jihadistes sont impliqués dans les attaques de mardi et jeudi qui ont fait neuf morts et 12 blessés parmi les équipes chargées de sécuriser le parc naturel W, dans le nord du Bénin, à l’issue de trois attaques à la bombe artisanale.

Abdrahamane Diarra : « le seul habilité à convoquer une réunion du BEN est Gouagon Coulibaly »

Dans une décision du 5 février dernier, le 1er Vice-président de l’URD, Salikou Sanogo, a exclu et suspendu plusieurs membres du parti pour « travail fractionnel » et organisation d’un Congrès extraordinaire « illégal ». Abdrahamane Diarra, Président de la jeunesse URD, suspendu pour son rôle présumé dans l’organisation du congrès, juge la décision « nulle ».

Quelle est votre réaction suite à votre suspension ?

Je juge cette suspension nulle et de nul effet. D’abord, retenez que le peuple URD dans son écrasante majorité a en toute légalité organisé son premier Congrès extraordinaire, qui a élu M. Gouagnon Coulibaly Président de l’URD. Donc, à partir du 16 janvier 2022, le seul habilité à convoquer une réunion du BEN est ce Président. Salikou Sanogo est le 1er Vice-président, donc non habilité à convoquer la réunion, ce qui rend illégales les décisions spectaculaires de sanctions illégitimes.

Ne fallait-il pas laisser le soin au Président intérimaire d’organiser le Congrès pour l’élection d’un nouveau Président ?

À la suite du décès de feu Soumaïla Cissé, nous avons observé une période de deuil. Ce n’est que le 10 février 2021 que nous avons tenu la toute première réunion, sous la présidence du 1er Vice-président. Elle a pris la décision de mettre en place des commissions de réflexion. Salikou Sanogo a classé leurs rapports sans suite. Nous l’avons plusieurs fois interpellé pour la tenue régulière des réunions statutaires pour permettre au parti de fonctionner, sans succès. C’est suite à ces constats et aux nombreuses démarches entreprises pour juguler cette crise que nous avons demandé la tenue d’une assise statutaire extraordinaire pour pourvoir au poste de Président, vacant depuis plus d’un an. Face à son refus et sa mauvaise foi, nous avons décidé de mettre en application l’article 58 du règlement intérieur de l’URD, qui nous a permis de mener les actions requises pour la tenue du congrès extraordinaire.

Que répondez-vous à ceux qui accusent le camp Gouagnon Coulibaly, que vous soutenez, d’être à la solde de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé ?  

L’URD a accueilli Boubou Cissé comme elle a toujours accueilli de nombreux cadres et militants, et ce depuis 2003. Nous sommes des cadres patriotes et engagés, à la solde de personne. Sur les 10 prétendants à la candidature de notre parti, 9 et leurs partisans font partie des organisateurs du congrès. Ce n’est pas une démarche pour les candidatures, mais pour le rayonnement de l’URD. Je comprends que ceux qui sont dans l’illégalité, sans arguments présentables, fassent de la désinformation. La question de la candidature n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. 

Mali : la société civile sénégalaise apporte son soutien

Une délégation de la société civile sénégalaise, qui séjourne depuis mercredi dernier à Bamako, a été reçue en audience par le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga.Malgré les sanctions politico-économiques de la Cédéao, les sociétés civiles ouest-africaines semblent soutenir les autorités de la transition au Mali. La partie sénégalaise, après avoir organisé une grande mobilisation le 28 janvier dernier  à Dakar, a décidé de renforcer son soutien en effectuant un déplacement dans la capitale malienne.

La délégation, conduite par le président d’Imagine Africa, Pierre Sané, ancien sous-directeur général de l’Unesco, est composée de Mamadou Diop dit Decroix, député et ancien ministre, ainsi que du célèbre activiste et militant panafricaniste Guy Marius Sagna. Elle voulait ainsi  exprimer sa solidarité avec le peuple malien dans « la crise diplomatique née de l’ingérence intempestive de la France dans les affaires intérieures » de ce pays.

« Le Mali et le Sénégal sont des peuples jumeaux issus du même utérus qu’ont été l’Empire du Mali et la Fédération du même nom. Nous avons conquis l’indépendance dans la même lutte et fait nos premiers pas ensemble en tant qu’État indépendant. Tout ce qui atteint le Mali nous touche et la lutte du peuple malien est notre propre lutte », ont indiqué les membres de la délégation sénégalaise dans le communiqué ayant sanctionné leur visite jeudi.

Pour M. Sané, interrogé par la suite par certains médias locaux, leur déplacement était motivé par la volonté de venir à l’écoute des autorités maliennes afin d’avoir « une compréhension plus fine » sur l’évolution de la situation sécuritaire, l’impact des sanctions de la Cedeao et les futures étapes dans le combat pour leur abolition. Il était question pour eux de s’imprégner du niveau de mise en œuvre des conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR) et l’évaluation du Premier ministre sur le rapport du Mali avec la France en ce moment.

Résistance

Recevant jeudi ses hôtes dans une rencontre élargie à certains membres de son gouvernement, le Premier ministre Choguel Maïga a remercié les premiers pour « l’esprit de solidarité et la mobilisation de soutien réussie à Dakar » en fin janvier, avant de faire le bilan détaillé des progrès réalisés par le gouvernement depuis la« rectification de la trajectoire » de la Transition le 24 mai 2021. Pour le chef du gouvernement de transition, « la Cedeao veut ramener tout le problème du Mali à une question électoraliste ».

Par ailleurs, il a évoqué avec les Sénégalais la mise en place par le gouvernement d’un « Mécanisme de Concertation » pour soutenir la dynamique de la poursuite du dialogue avec la Cédéao, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale, sur des questions « concernant la conduite de la transition ».

Ce cadre de dialogue devrait aboutir à un nouveau chronogramme pour les élections. Toutefois, « si on n’a pas d’accord avec la Cédéao, nous allons rentrer en résistance », a-t-il prévenu, demandant d’emblée à ses interlocuteurs de continuer à sensibiliser les dirigeants de leur pays afin que ces derniers adoptent une autre grille de lecture sur la situation du Mali.

Depuis le 9 janvier dernier, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a mis sous embargo le Mali après que les autorités militaires de la transition leur ont proposé un chronogramme de cinq ans révisable avant l’organisation des élections. L’instance sous-régionale a ainsi prononcé de lourdes sanctions allant de la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional au gel des avoir au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), en passant par la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité.

Ces mesures, décriées par une grande partie de l’opinion, placent de nombreux citoyens ouest-africains dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Cependant, l’institution sous-régionale  a, dans une longue note technique sur le Mali, tenté de justifier ses sanctions. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants » par l’organisation d’« élections démocratiques ».

Sommet UE-UA: le Sénégal veut « une déclaration forte »

A l’issue de la rencontre, Dakar attend une « déclaration forte, moins politique et plus engageante ».L’Union européenne et l’Union africain organisent leur sixième sommet les 17 et 18 février à Bruxelles (Belgique). Pour Me Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, ce sommet doit être plus efficace pour les deux organisations.

« L’autre chose (c’est de) nous dire, que cette déclaration finale qui va sanctionner le sommet doit être forte, courte, moins politique et plus engageante. Elle doit lier les pieds et les mains de l’Europe et de l’Afrique ensemble dans ce qu’elles vont faire », a dit Me Sall, recevant jeudi soir à Dakar, des Commissaires de l’UE en visite au Sénégal qui assure la présidence de l’UA pour la période 2022-2023.

Poursuivant, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a estimé que « nous allons vers un sommet extrêmement important pour lequel nous allons redéfinir la forme de notre partenariat avant d’aborder les questions de fond parce que nous voulons que ce sommet soit beaucoup plus efficace que les précédents ».

« C’est pour cela que nous avons pensé qu’ensemble, avec vous, ce format de table-ronde est quelque chose de pragmatique pour nous permettre d’arriver à ces résultats », a-t-elle ajouté.

Selon elle, « l’Europe doit avoir une grande initiative pour l’Afrique pour nous permettre de nous décloisonner, de faire tomber les barrières, de faire passer les personnes et les biens dans toutes les frontières sans que cela ne soit une difficulté ».

De son côté, la vice-présidente exécutive de la commission européenne, Margarette Vestager a magnifié le partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne, promettant que l’UE continuera d’accompagner l’Afrique afin qu’elle relève les défis de l’heure.

En prélude au Sommet UE-UA, des Commissaires européens conduits par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, sont en visite à Dakar du 9 au 11 février 2022. L’objectif est d’échanger avec les autorités sénégalaises, la jeunesse sénégalaise, la société civile et le secteur privé autour des principaux défis et enjeux de la relance socio-économique du Sénégal.

Les deux parties ont également échangé autour des priorités du partenariat UE-Sénégal ainsi que sur les priorités de l’agenda sénégalaise vis-à-vis la présidence de l’Union Africaine.

Recevant la délégation, hier jeudi, le président Macky Sall a plaidé pour un « partenariat rénové » avec l’UE. « Compte tenu de la proximité géographique, l’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler ensemble », a dit Macky Sall.

Basket féminin : le Mali veut être à la Coupe du monde

Le Mali débute ce jeudi le tournoi de qualification pour la prochaine Coupe du monde féminine de basket. Dans un groupe très relevé, les Aigles Dames devront ne pas terminer en dernière position pour aller en Australie.

La route vers la Coupe du monde féminine en Australie passe par Belgrade pour les Aigles Dames du Mali, Vice-championnes d’Afrique 2021. Cette position permet au Mali de prendre part au tournoi de qualification, qui regroupe 16 sélections, dont les Etats-Unis et l’Australie, déjà qualifiés, respectivement vainqueurs du tournoi olympique de Tokyo 2020 et pays hôte. Les équipes sont réparties sur trois pays pour disputer cette dernière phase de qualification, à Washington, aux États-Unis, Osaka, au Japon, et enfin Belgrade, en Serbie. Le Mali, qui a manqué les deux dernières éditions de la Coupe du monde, se trouve dans le groupe B, en compagnie de la Chine, Vice-championne d’Asie, de la France, Vice-championne d’Europe et des D-Tigers nigérianes, Championnes d’Afrique, pour un duel continental. Malheur aux dernières. Les trois meilleures seront qualifiées pour le Mondial. Le Mali débute ce jeudi, face à la France, avant d’affronter la Chine le lendemain et enfin le Nigeria le dimanche 13 février. Portée par des joueuses pour la plupart formées aux États-Unis, la sélection nigériane avait battu le Mali en finale du dernier Afrobasket; disputé au Cameroun, 59 – 70. Les Aigles Dames auront une revanche à prendre face à une adversaire devenu ces dernières années sa bête noire.

Sika Koné : la nouvelle arme 

Afin de faire bonne figure dans ce groupe très relevé, le Mali s’appuiera sur la jeunesse et le talent de Sika Koné. Elle est l’une des plus grandes espoirs du basket malien et en train de confirmer les grandes espérances placées en elle. Déterminante dans le parcours des Aigles jusqu’en finale au Cameroun, l’ailière, forte de son 1m90, est consciente du défi. « Toutes les équipes qui participent à ce tournoi sont de grandes équipes, et cela inclut le Mali (…). Quand le coup de sifflet retentit, tout peut arriver dans les rencontres », affirme-t-elle. Le Mali devra toutefois se passer de l’intérieure Mariam Coulibaly, officiellement blessée à l’épaule, mais pourra compter sur les retours de Meiya Tirera et de Touty Gandega, qui ont fortement manqué à l’équipe en 2021.

Sanctions de la Cédéao : le Mali ouvre la voie au dialogue

Le gouvernement malien annonce avoir mis en place un « Mécanisme de Concertation » pour soutenir la dynamique de la poursuite du dialogue avec la Cédéao, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale, « concernant la conduite de la transition ».Serait-on en train d’assister à un dégel entre les autorités maliennes de la transition et les organisations sous-régionales ? Dans un communiqué publié mercredi 9 février, le porte-parole du gouvernement malien annonce la mise sur pied d’un mécanisme pour sortir le pays de cette impasse caractérisée par l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao).

Le colonel Abdoulaye Maïga, par ailleurs ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, explique que cet instrument a « pour but de rechercher une solution conciliant les aspirations du Peuple Malien et les demandes de la Communauté internationale, notamment à travers l’adoption d’un chronogramme consensuel » par rapport à la durée de la transition.

Ce mécanisme est structuré en deux groupes qui ont déjà commencé leurs travaux. La première réunion du « Groupe de dialogue au niveau ministériel » a été tenue le 31 janvier 2022, sous la présidence du ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Pour sa part, le « Groupe de travail élargi » a tenu, le 8 février 2022, sa réunion inaugurale, présidée par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Il souligne que le gouvernement malien, « à travers cette initiative, renouvelle son engagement pour le retour à un ordre constitutionnel normal et sa disponibilité constante au dialogue et au consensus pour la réussite de la Transition ».

 Consensus

Selon le communiqué, le Groupe de dialogue au niveau ministériel  a pour mission de « faciliter le dialogue entre les parties prenantes
et d’œuvrer à un rapprochement de positions et à la recherche de compromis sur les questions en suspens ».

Coordonné par le ministre Abdoulaye Diop, il est composé du Ghana, qui assure la présidence en exercice de la Cédéao, de la Mauritanie, du Nigeria, du Sénégal, qui occupe la tête de l’Union Africaine depuis le 5 février dernier, ainsi que de la Sierra Leone et du Togo. Par ailleurs, la Cédéao, l’Union Africaine et les Nations Unies sont les trois institutions cooptées dans ce premier groupe.

Pour le Groupe de travail élargi, sa mission consiste à « faire l’évaluation technique du projet de chronogramme de la Transition présenté à la Cédéao ». Le 9 janvier dernier, l’organisation sous-régionale avait rejeté la proposition de cinq ans révisable du gouvernement malien pour une nouvelle durée de la transition avant de prononcer de lourdes sanctions contre le pays qui cherche aujourd’hui à dépasser cette situation.

Cette dernière est préjudiciable à beaucoup de citoyens ouest-africains qui continuent de dénoncer des « mesures impopulaires » de la Cédéao. La fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité plongent plusieurs acteurs dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Statu quo

Par ailleurs, le colonel Abdoulaye Maïga, qui coordonne le Groupe de travail élargi du Mécanisme de Concertation, aura l’occasion de chercher des solutions en compagnie des représentants du gouvernement de son pays et des membres du Comité local du suivi de la Transition (la Cédéao Union Africaine, les Nations Unies, le Ghana et le Nigeria), assistés de personnes ressources et d’experts compétents, souligne le document reçu à APA.

Dans une longue note technique sur le Mali, il y a deux semaines, la Cédéao a tenté de justifier ses sanctions très critiquées par l’opinion malienne et dans certains pays du continent. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants ».

Si l’organisation était attendue lors de son dernier sommet extraordinaire, tenu le 3 février à Accra, pour alléger les sanctions contre le Mali, elle a maintenu le statu quo. Souhaitant briser l’image de « club de chefs d’État » qu’on lui colle, la Cédéao veut prouver que c’est bien le respect de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre, en prônant l’organisation d’« élections démocratiques ».

Barkhane – Takuba : chronique d’un départ annoncé

L’expulsion de l’ambassadeur français au Mali décidée par les autorités de la transition le 31 janvier 2022 a marqué un tournant dans les relations diplomatiques, déjà tendues depuis plusieurs mois, entre Paris et Bamako. Elle a suscité beaucoup de réactions dans l’opinion publique française et obligé l’État français à accélérer sa décision sur l’avenir de son engagement militaire au Mali, où, en plus de Barkhane, la France assume le commandement de la force européenne Takuba. Face à une situation de plus en plus « intenable », Paris et ses partenaires européens envisagent sérieusement un retrait militaire définitif du Mali, tout en restant engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

« Nous devons constater que les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique et politique, sont rendues de plus en plus difficiles. Bref, on ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix », a déclaré la ministre française des Armées, Florence Parly, le 29 janvier, au lendemain d’une réunion de l’Union européenne au cours de laquelle la situation au Mali a été évoquée.

« Nous voulons tous poursuivre ce combat. Nous sommes unis par rapport à cet objectif, il nous faut donc désormais en déterminer les nouvelles conditions », a-t-elle poursuivi, deux jours avant l’expulsion de Joël Meyer, l’ambassadeur français en poste au Mali, considérée par plusieurs candidats à la présidentielle française comme une humiliation.

Il n’en fallait pas plus pour remettre sur la table la question de la présence française au Mali, 9 ans après le début de son intervention, d’abord avec Serval, puis Barkhane. Le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, a assuré le 1er février que la situation ne pouvait pas rester en l’état et que d’ici la mi-février la France allait travailler avec ses partenaires pour « voir quelle est l’évolution de notre présence sur place et pour prévoir une adaptation ».

Un débat sera également organisé au Parlement français d’ici la fin de la session en cours, à la fin du mois de février, pour évoquer l’engagement militaire de la France au Mali, a annoncé le 2 février le Premier ministre Jean Castex.

Options 

Les options pour Paris vont d’un maintien avec une réorganisation, à un départ définitif ou à un transfert des troupes vers un autre pays du Sahel. « Pour moi, la première option pour la France pourrait être de réduire davantage sa présence au Mali, en laissant seulement quelques détachements à Gao. La deuxième serait de concentrer l’essentiel de ses forces au Niger, notamment dans la région du Gourma, et de continuer à mener des opérations dans la zone des trois frontières, avec les renseignements américain et nigérien, et la coalition des forces du G5 Sahel », avance le Dr. Abdoulaye Tamboura, géopolitologue, qui par ailleurs n’est pas convaincu que la France décidera de quitter définitivement le Mali.

Pour Moussa Djombana, analyste géopolitique et sécuritaire, « l’équation est très complexe pour la partie française qui sans nul doute, si elle devait quitter le Sahel, le ferait malgré elle, la mort dans l’âme ».

« Logiquement, si on s’en tient aux précédentes déclarations du Président Macron, la France doit s’assumer, être conséquente avec elle-même et s’en aller du Mali. Cependant, les intérêts des États n’étant pas à occulter, quitter le Mali reviendrait à abdiquer face à la Russie et à livrer le Mali sur un plateau d’or à Poutine. Pris sous cet angle, vu la rivalité entre l’Europe et la Russie, je vois mal la France et ses alliés européens s’en aller aussi facilement », analyse-t-il.

En revanche, selon Dr. Aly Tounkara, Directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S), « il est fort probable qu’on assiste dans les semaines à venir à un retrait définitif de la présence militaire française au Mali et même de la Task Force Takuba ». Pour lui, l’avenir de la France sur le plan militaire au Mali s’inscrit clairement dans le court terme.

Rester au Sahel… mais où ?

Comme l’ont affirmé à plusieurs reprises les autorités françaises, un désengagement français du Sahel, où le pays combat le terrorisme, n’est pas envisagé. La France étudie donc la possibilité de poursuivre la lutte anti-terroriste dans la région depuis un autre pays au cas où elle devrait quitter le Mali.

Le Niger, un pays au cœur du Sahel et dont la gouvernance est stable, apparait comme la destination vers laquelle les troupes françaises pourraient se replier. La ministre française des Armées, Florence Parly, s’y est d’ailleurs rendue le 3 févier pour discuter de l’évolution du dispositif militaire français au Sahel.

« L’opération Barkhane doit être revue de fond en comble et il nous faut probablement nous replier sur le Niger et bâtir un modèle dans lequel nous serons en capacité d’intervenir en cas d’urgence », a suggéré le 3 février l’ancien ministre français de la Défense Hervé Morin. D’après l’état-major français, qui a tenu un débriefing avec des journalistes sur la question, le départ de Barkhane du Mali n’est pas vu comme un problème, puisque la lutte contre les groupes terroristes se poursuivra depuis Niger. Le même précise que la coopération militaire entre les FAMa, Barkhane et Takuba sur le terrain ne reflète pas les tensions diplomatiques. L’armée française a annoncé que du 1er au 6 février, une opération menée par les militaires maliens et Takuba a permis de neutraliser une trentaine de terroristes dans la zone des trois frontières. Toutefois, la tension diplomatique entre les deux pays, les problèmes avec Takuba et aussi la présence sur le terrain de « sociétés privées », confirmée par Vladimir Poutine le 7 février poussent la France à regarder vers le Niger.

« Les hautes autorités nigériennes ayant de bons rapports avec les autorités politiques françaises, un redéploiement de Barkhane sur ce pays est envisageable et pourrait susciter moins de remous qu’au Mali. Il est donc évident que Niamey symbolise la survie et l’avenir de Barkhane au Sahel », pense pour sa part Moussa Djombana.

Pour autant, selon cet analyste, un éventuel redéploiement de Barkhane et de la Task Force Takuba au Niger ne se fera pas sans obstacles. « En général, une partie des opinions publiques est contre la présence militaire française au Sahel. Malgré les bonnes dispositions d’esprit des autorités nigériennes, si l’opinion publique nationale évolue fortement contre ce projet, les dirigeants, pour ne pas prendre de risques, pourraient reculer et opposer une fin de non-recevoir à la poursuite de la mission de Barkhane et Takuba sur le sol nigérien », avise celui qui pointe également des « difficultés matérielles » de redéploiement et un « changement obligatoire dans la stratégie opérationnelle globale » de la mission dans la bande sahélienne.

À côté de l’alternative d’un redéploiement vers le Niger, Dr. Abdoulaye Tamboura pense que la France pourrait également se replier sur certaines bases, notamment dans la région des pays du Golfe de Guinée, en Côte d’Ivoire, au Bénin ou au Sénégal, qui sont également confrontés aux menaces terroristes.

« La France peut essayer de réorganiser ses troupes dans les pays qui font l’objet d’attaques sporadiques de la part des djihadistes. La région du Golfe de Guinée peut constituer aussi une zone stratégique pour elle », indique le géopolitologue, qui relève par ailleurs, dans ce cas, des difficultés logistiques pour mener des opérations dans le Sahel. « L’essentiel de l’effectif de la Force Barkhane va être réparti entre la Côte d’Ivoire et le Niger, deux pays qui restent très fidèles à l’engagement français dans le Sahel. Mais, au-delà de cet engagement, ce sont des intérêts géostratégiques et géopolitiques qui seront préservés », renchérit le Dr. Tounkara.

Takuba, lendemains incertains

L’avenir de la force européenne pilotée par la France et mise en place en 2020 pour l’épauler dans son combat contre le terrorisme au Mali est plus que jamais incertain. Sur demande insistante du gouvernement malien de transition, le Danemark a décidé le 27 janvier dernier de retirer ses troupes, récemment déployées.

« Les militaires au pouvoir ont envoyé un message clair et ont réaffirmé que le Danemark n’était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison nous avons décidé de rapatrier nos soldats », avait déclaré Jeppe Kofod, le ministre danois des Affaires étrangères, après une réunion au Parlement. Le mardi 1er février, la Norvège a suivi en renonçant à l’envoi d’un contingent militaire qui devait intégrer la force Takuba, faute d’accord avec les autorités maliennes. « À compter d’aujourd’hui, il n’est pas d’actualité d’envoyer une force norvégienne au sein de la force Takuba », a clairement indiqué le ministre norvégien de la Défense.

D’autres pays européens, à l’instar de la Hongrie, du Portugal, de la Roumanie et de la Lituanie, qui seraient dans l’attente d’un feu vert de Bamako pour envoyer leurs contingents, reverraient leur position vu le contexte actuel tendu entre la France et le Mali. L’Allemagne, de son côté, va soumettre la question de l’avenir de son engagement au Mali à son Parlement au mois de mai, a annoncé dans une interview le 2 février la ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

« L’avenir de la Task Force Takuba est très sombre. Beaucoup de pays contributeurs ont commencé à hésiter, notamment ceux qui ont un mandat en cours d’acceptation. Beaucoup vont clairement décliner l’envoi de leurs troupes », glisse Dr. Aly Tounkara.

« Mais, dans le même temps, il semble que l’approche privilégiée par les autorités maliennes consiste à faire venir d’autre pays contributeurs, qui dépendraient de l’État du Mali et non de la France comme cheffe de file de ces armées partenaires. Ce scénario pourrait faire prendre la mayonnaise, mais dans le long terme. À court terme, dans un esprit de cohérence, les autres pays présents dans la force Takuba pourraient également suivre la France dans son probable retrait définitif du Mali », poursuit-il.

Par ailleurs, selon une source diplomatique, quelles que soient les décisions prises par la France et ses partenaires européens, elles auront un impact sur l’ensemble des missions présentes sur place au Mali, notamment la MINUSMA et la mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM). « La France pourrait mettre un frein à l’EUTM, qui est chargée de la formation de nos militaires, dont la présidence est tournante entre les pays de l’UE. Elle pourrait essayer de convaincre ses partenaires pour qu’ils arrêtent la mission, alors que c’est une mission très bénéfique pour nos militaires », craint Dr. Tamboura.

En attendant l’issue des discussions et les prochaines décisions que pourraient prendre la France et ses partenaires sur l’avenir de leur engagement militaire au Mali et au Sahel, l’hypothèse d’un retrait pur et simple de la Force Barkhane et de la Task Force Takuba est sérieusement envisagée, selon des sources proches du dossier.

Les modalités d’un tel retrait sont sur la table des consultations que Paris est en train de mener avec les pays européens et africains engagés dans la lutte contre le terrorisme au Mali et également en discussion au sein de l’état-major de l’armée française.

Le sujet devrait également être évoqué à Bruxelles, lors du sommet Union européenne – Union africaine, prévu les 17 et 18 février 2022, où, selon une source bien introduite, Emanuel Macron pourrait annoncer le retrait de la France du Mali et une adaptation du dispositif militaire.

Transition : le cadre s’oppose à la relecture de la charte de la transition

Lors d’une rencontre ce mercredi 9 février, le cadre d’échange des partis et regroupements qui regroupe plusieurs entités politiques a rejeté la relecture de la charte en cours au niveau du CNT. Le cadre réclame également l’adoption d’une nouvelle loi électorale ainsi que la mise en place d’une nouvelle transition avec un gouvernement de mission conduit par une Premier ministre neutre, et la mise en place d’un nouveau CNT. L’organe législatif convoqué en session extraordinaire le 4 février et jours suivants doit se pencher sur une nouvelle charte de la transition qui va entre autres supprimer le poste de vice-président, augmenter le nombre des membres du CNT ou encore la suppression du nombre de membres du gouvernement qui pour des observateurs permettra de l’élargir. Le cadre discret et moins virulent ces dernières semaines prévoient aussi de ne plus reconnaître les autorités de la transition à partir du 25 mars.

Mali: vers une évacuation médicale de Soumeylou Boubeye Maïga ?

La famille de l’ancien Premier ministre malien, qui a des bisbilles judiciaires depuis quelques mois dans son pays, s’inquiète de son état de santé et demande son évacuation médicale.Partira, partira pas ? Poursuivi pour corruption dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 et emprisonné un temps, Soumeylou Boubeye Maïga, 67 ans, voit son état de santé se dégrader de jour en jour, selon sa famille qui souhaite le faire quitter le Mali le plus vite possible. Depuis la mi-décembre, l’ancien Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keita est hospitalisé dans une clinique de la capitale Bamako.

Plusieurs expertises médicales ont recommandé son évacuation sanitaire mais cette recommandation n’a pas été suivie d’effet. Son épouse, Maïga Binta Yatassaye, demandant le respect des droits de son mari, a interpellé mercredi les autorités dans ce sens. « Son état de santé s’est fortement dégradé en prison, en raison de conditions de détention épouvantables, notamment l’enfermement avec quatre-vingt-dix personnes, dans une cellule sans fenêtres… Il a perdu plus de vingt-trois kilos et il est extrêmement affaibli et malade », a-t-elle admis au micro de RFI.

« Il a été transporté d’urgence, à la mi-décembre, dans une clinique de Bamako, et l’équipe pluridisciplinaire qui l’a pris en charge a conclu à la nécessité d’une évacuation. Les autorités ont demandé une contre-expertise. Le 13 janvier, le Conseil Supérieur de la Santé a également conclu à l’impérieuse nécessité d’une évacuation. Malgré cela, depuis maintenant près de trois semaines, nous n’avons aucune réponse sur l’autorisation d’évacuation et nous sommes très inquiets », a poursuivi Mme Maïga, expliquant que son mari est prêt à répondre à la Justice, mais qu’il doit pour cela être évacué d’urgence.

« Ce que nous demandons, c’est qu’il puisse recouvrer la santé, précisément pour pouvoir répondre aux questions que la justice voudra bien lui poser. Même avec un permis délivré par la Cour suprême, aujourd’hui il n’est pas possible d’accéder à lui. Il est gardé au niveau de la clinique où il est hospitalisé et les permis sont refusés. Il est à l’isolement total, la famille n’a pas accès à lui, ce qui nous paraît inadmissible et pas conforme à l’État de droit », a indiqué l’épouse de Soumeylou Boubeye Maïga.  

Ministre de la Défense au moment des faits, ce dernier a été placé sous mandat de dépôt le 25 août dernier avant de recouvrer quelques mois après la liberté en raison de son état médical. Incarcéré en même temps que l’ancienne ministre de l’Economie Bouaré Fily Sissoko, ils sont soupçonnés de corruption et de favoritisme dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’équipements militaires, représentant à eux deux plus de 130 milliards de francs CFA.

Des rapports de la Cour des comptes et du vérificateur général, mais également du FMI, avaient alors épinglé des surfacturations et de nombreuses anomalies. Ces dossiers avaient été classés sans suite en 2018 puis rouverts l’année dernière, la Cour suprême inculpant officiellement Soumeylou Boubeye Maïga et Bouaré Fily Sissoko.

Mali : Takuba et les FAMa neutralisent une vingtaine de terroristes

En pleine brouille diplomatique entre le Mali et la France et alors qu’une réflexion est engagée sur l’avenir de Barkhane et de la Task Force Takuba dans le pays, les forces de défense maliennes et les forces spéciales européennes ont neutralisé une vingtaine de terroristes début février. L’annonce a été faite en premier par l’état-major français des armées qui évoque près d’une trentaine de terroristes. Par la suite par les FAMa par le biais d’un communiqué signé de la DIRPA évoque une vingtaine de terroristes neutralisés, plusieurs interpellés ainsi que de matériels détruits et récupérés. En outre, dans le même communiqué, les FAMa informent de la neutralisation de Saguad Ag Abala alias Sidi Ag Agathe, un chef terroriste dans le secteur de Koro. Il était activement recherché pour des raisons de poses d’EEI et d’exactions sur les populations.

Traumatologie traditionnelle : Bourama Doumbia, les mains expertes

Bourama Doumbia est un traumatologue traditionnel qui soigne gratuitement des milliers de personnes victimes de fractures en tous genres. À cheval entre Ouezzindougou et Samanko en périphérie et au sud-ouest de Bamako, son centre de soins refuse du monde et est confronté à d’énormes difficultés en termes de capacités d’accueil.

Trois petites maisons non clôturées servent de lieux d’hospitalisation, deux en dur et une en banco. Elles regorgent de patients couchés sur des nattes étalées au sol. Dans l’une des salles, le praticien Bourama Doumbia s’occupe d’une vielle dame. Il tient un pot contenant du beurre de karité sur lequel il formule, à voix très basse, des incantations accompagnées de petits crachats. La mixture est par la suite appliquée sur les deux genoux de la malade. D’autres attendent leur tour. La quasi-totalité a abandonné les grands hôpitaux au profit de la traumatologie traditionnelle et de Bourama Doumbia, qui exerce depuis 30 ans.

Par hasard

C’est après avoir été victime d’une fracture au bras, sous le régime du Président Moussa Traoré, que Bourama Doumbia a été initié à la traumatologie traditionnelle, par celui qui l’a soigné. « C’était un vieil homme de Samanyana, Guindo Balla Diakité, décédé aujourd’hui», se souvient-il.

Pour être reconnaissant et assurer la postérité, il a formé à son tour 15 anciens patients qui l’assistent aujourd’hui dans la prise en charge des malades. « Je suis le premier patient que Bourama Doumbia ait soigné. J’avais été victime d’une fracture à la jambe. Après une mauvaise première prise en charge, la mère de Bourama Doumbia a conseillé à la nôtre, car nous étions voisins, d’aller voir son fils. Nous avons fait ainsi et il m’a soigné. Ensuite, à chaque fois qu’il y avait des fractures dans le voisinage, on venait demander conseil à mes parents. Et nous les amenions chez Bourama Doumbia », explique Abdoulaye Traoré, aujourd’hui son adjoint.

Des patients comblés

Selon Bourama Doumbia, les malades du centre viennent de partout, de Guinée, du Sénégal, du Burkina. Il y a même des Maliens de France. Même pour la prise en charge de fractures très graves, le maître Doumbia soigne sans contrepartie, mais il ne refuse aucune main tendue. « Hier, j’ai commencé à soigner un homme qui a été victime de l’effondrement d’une mine artisanale. Il a eu le dos fracturé », explique-t-il.

La qualité des interventions de Bourama Doumbia est saluée. « J’ai un cousin qui a été victime d’une fracture au dos à cause d’un accident. On a fait beaucoup de grands hôpitaux qui nous demandé de l’évacuer vers l’étranger. On n’avait pas les moyens de le faire et un de nos voisins nous a conseillé de venir voir Bourama Doumbia. Aujourd’hui, grâce à Dieu, il a été bien pris en charge et a repris son travail de chauffeur », témoigne Djibril Sidibé, membre de la Garde nationale.

« Mon fils est tombé à vélo. Nous l’avons emmené à l’hôpital et fait des radios. On nous a dit que ce n’était pas une fracture. Sa jambe s’est enflée durant 16 jours. Lorsque l’on l’emmenait dans ce centre de traumatologie traditionnelle, je ne savais plus s’il pourrait se lever un jour. Bourama Doumbia a sauvé mon fils de la mort », renchérit Ténin Diarra, ménagère, au chevet de son garçon.

Difficultés

Fin janvier, Bourama Doumbia avait en charge 318 patients. Les trois petites salles du centre étant insuffisantes pour la prise en charge de tous, plusieurs ont loué des logements proches du centre. En outre, les soins étant prodigués sans contrepartie exigée, Bourama Doumbia et ses 15 apprentis ont des difficultés à concilier leur vie professionnelle avec le centre de traumatologie traditionnelle. « Certes, on bénéficie de bénédictions comme on le dit, mais une bénédiction, ça ne fait pas bouillir la marmite. Sinon, je ne serais pas obligé d’aller nettoyer les bureaux de l’ICRISAT (Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides) pour subvenir à mes besoins. Il en est de même pour mes apprentis ».

Pour soulager le centre, un bienfaiteur a offert 11 terrains nus d’une dimension de 15 / 20, pour un coût de 72 millions de francs CFA. Il y a également construit un bâtiment et six toilettes.Une ONG a aussi fait don d’un forage. « Je ne demande pas de liasses d’argent, juste des possibilités pour donner un toit aux malades », plaide Bourama Doumbia.

Olivier Dubois : 10 mois de captivité

Le journaliste français Olivier Dubois, ancien collaborateur du Journal du Mali est détenu depuis 10 maintenant. Enlevé à Gao le 8 avril 2021 alors qu’il était en reportage, les proches sont depuis sans nouvelles du reporter de 47 ans, correspondant de Libération  et de Jeune Afrique dans le pays. Il est apparu dans une vidéo début mai 2021 dans laquelle il dit être aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), un groupe terroriste dirigé par Iyad Ag Ghaly. Même si et le Mali et la France se sont discrets sur la question, les deux autorités assurent travailler pour parvenir à sa libération.

Mali : l’envoyé spécial de Jeune Afrique expulsé du pays

Les autorités maliennes ont expulsé l’envoyé spécial de Jeune Afrique.Benjamin Roger est arrivé à Bamako dans la nuit du 6 au 7 février. Il a été interpellé à son hôtel par la police, hier lundi. Il a été amené à la Brigade d’investigation judiciaire puis à la Police de l’Air et des Frontières qui lui a notifié son expulsion.

Selon la direction de Jeune Afrique, cette décision de Bamako est « injustifiée » et va à l’encontre de la liberté de presse.

Soumeylou Boubeye Maïga : où en est sa demande d’évacuation ?

Après son placement sous mandat de dépôt, le 26 août 2021, la santé de Soumeylou Boubeye Maiga s’est détériorée au fil des mois, selon ses proches. Suite à plusieurs demandes de sa famille et de ses avocats, l’ancien Premier ministre a été transporté d’urgence le 15 décembre 2021 dans une clinique privée de Bamako. Par la suite, la demande d’évacuation vers l’étranger demandée par son équipe médicale est restée jusque-là sans réponse favorable.

Dans un communiqué, le 23 décembre 2021, la famille de Soumeylou Boubeye Maïga alertait sur la grave détérioration de son état de santé et interpellait les autorités à différents niveaux pour qu’elles répondent à l’urgence de donner leur accord et d’éviter à tous une « situation irréparable ».

Elle faisait savoir par la même occasion que le rapport établi par l’équipe médicale, dont les autorités étaient saisies, soulignait que son pronostic vital était engagé à court terme. « L’équipe médicale pluridisciplinaire qui l’a pris en charge, à la suite de différents examens, a fait le constat de la gravité de son état et conclu à l’impérieuse nécessité de son évacuation à l’étranger afin de pouvoir procéder aux examens complémentaires indispensables à son traitement et nécessitant un plateau technique adapté, inexistant au Mali ».

Statu quo

Suite à cette demande d’évacuation, la justice a demandé une contre-expertise concernant le rapport établi par l’équipe médicale de Soumeylou Boubeye Maïga et un Conseil de santé relevant du gouvernement a été mis en place. Il s’est réuni le 15 janvier 2022 et a rendu ses conclusions, lesquelles, à en croire Issa Diarra, le Secrétaire général de l’ASMA-CFP, formation politique que préside Soumeylou Boubeye Maïga, confirment celles du premier rapport établi par l’équipe médicale.

« Même si ce rapport n’est pas officiel, l’information a été donnée aux plus hautes autorités pour les dispositions à prendre. Cela fait quelques jours, mais il n’y a pas encore eu de réponse. La demande d’évacuation reste stationnaire », confie M. Diarra.

« Ampliation du rapport a été faite au Premier ministre et au Président de la transition mais il n’y a pas eu de suite. C’est vrai qu’il y a des aspects politiques dans cette affaire et je pense que ce n’est pas seulement l’administration sanitaire qui va avoir le dernier mot. À mon avis, c’est à ce niveau qu’il y a un blocage », poursuit celui qui plaide pour que la situation de l’ancien Premier ministre soit vue sous un aspect humanitaire et sanitaire. Les autorités de la transition se refusent à tout commentaire sur le sujet.

« À notre avis, si on lui reproche des choses économiques, tout le monde aura intérêt à ce qu’il soit en bonne santé pour en répondre devant la justice. Mais aujourd’hui nous nous demandons qui a intérêt à ce qu’il ne se rétablisse pas pour que la vérité ne jaillisse pas », soupire le Secrétaire général.

À l’en croire, l’état de santé du Président de l’ASMA-CFP est toujours préoccupant un mois et demi après son admission en clinique, même s’il reconnaît que cette hospitalisation permet de stabiliser un peu son état.

Appel aux autorités

Depuis le début, de l’incarcération de Soumeylou Boubeye Maïga jusqu’à la détérioration de son état de santé, son parti a multiplié les manifestations de soutien à son égard et alerté maintes fois sur l’urgence de son évacuation sanitaire vers l’étranger.

Outre le Président de la transition et le Premier ministre, les responsables du parti ont interpellé les Présidents des différentes institutions du Mali, les leaders politiques et religieux, les familles fondatrices de Bamako et toutes les autorités morales pour s’impliquer activement afin que la demande d’évacuation sanitaire aboutisse.

« Tant qu’il est malade, nous n’allons pas l’oublier. Nous demanderons toujours ce qu’il y a lieu de faire. Nous exploiterons toutes les voies et moyens possibles pour qu’on puisse le soigner », affirme Issa Diarra

Pour rappel, Soumeylou Boubeye Maïga, incarcéré dans l’affaire dite de détournement des équipements militaires et l’achat de l’avion présidentiel, attend toujours son procès.

Mali : la France envisage sérieusement un retrait de Barkhane

La question d’un retrait de Barkhane et de Takuba du Mali a été clairement mise sur la table aujourd’hui lors d’un briefing de l’armée française confie des médias. Le départ de Barkhane du Mali n’est pas vu comme un problème opérationnel puisque selon l’armée la lutte contre le terrorisme se poursuivra du Niger. Paris souhaite en effet se replié vers le Niger qui parmi les pays qui font face au terrorisme est celui qui n’a pas connu de coup d’Etat, et semble la meilleure alternative. La ministre des Armées de France était à Niamey le 3 février pour discuter de cette éventualité et des modalités. Les tensions diplomatiques et les joutes verbales entre le Mali et la France amènent cette dernière à envisager son retrait du Mali. Toutefois, selon les échos du briefing de l’armée francaise, la coopération militaire entre les FAMa, Barkhane et Takuba sur le terrain ne reflètent pas les tensions diplomatiques entre les deux pays.

Mali : Paris et ses partenaires envisagent un retrait définitif

Des discussions sont en cours entre Paris et ses partenaires européens pour le départ définitif de leurs forces militaires du Mali.L’axe diplomatique entre Bamako et Paris est en pleine zone de turbulences. Dans ce contexte, la France et ses partenaires de l’Union européenne ont engagé des concertations sur leur présence militaire au Mali.

Selon certains médias français, la tendance penche pour « un retrait définitif » du Mali de Barkhane, l’opération militaire française menée au Sahel et au Sahara et la force militaire de l’Union européenne, Takuba, censée prendre son relai.

La France et le Mali sont engagés dans une crise politique et diplomatique depuis plusieurs mois. Des tensions exacerbées par l’expulsion de l’ambassadeur de la France à Bamako le 31 janvier dernier par les autorités de la transition malienne.

Le Niger, nouvelle base arrière ?

« Là où les conditions ne sont pas réunies, il ne faut pas rester », a expliqué un diplomate cité dans la presse française. « On ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. Les conditions de notre intervention sont rendues de plus en plus difficiles », a ajouté Florence Parly, la ministre française des Armées.

La France et ses partenaires se donnent un délai de deux semaines pour prendre une décision définitive. Un redéploiement du dispositif de l’armée française dans les localités de Ménaka, Gossi, ou encore Gao, vers le Niger est fortement envisagée. A ce titre, la ministre française des Armées, a effectué mercredi dernier une visite à Niamey pour discuter avec le président nigérien Mohamed Bazoum des différentes options envisageables.

Entre la France et le Mali, la machine diplomatique avait pris du sable depuis deux ans et le rappel de Toumani Djime Diallo, dernier ambassadeur du Mali à Paris. Ce dernier avait accusé au Sénat français les « légionnaires français » de mauvais comportements dans les « Pigalle de Bamako ». Une sortie qui avait provoqué une brouille diplomatique entre Paris et Bamako sur l’action des militaires de l’opération Barkhane

Et depuis cette date, le Mali n’a plus d’ambassadeur à Paris. En août 2021, la junte avait proposé le diplomate Moussa Sy, actuel conseiller diplomatique à Cuba pour occuper le poste. Mais le choix n’a pas été validé par les autorités françaises qui juge le profil très proche de la Russie qui deviendra, avec le départ plus que probable de la France, un allié de premier plan du Mali.

Cédéao : les décisions majeures du sommet d’Accra

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des État de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pris plusieurs décisions majeures dans les différentes crises politiques qui secouent certains pays d’Afrique de l’Ouest.L’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé de maintenir la suspension du Burkina Faso de toutes les structures de l’Institution sous-régionale jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel.

Dans le communiqué publié à l’issue du Sommet extraordinaire d’Accra, au Ghana, le jeudi 3 février 2022, les dirigeants de la Cédéao ont demandé aux autorités militaires du Burkina Faso de mettre en place les institutions de la transition, d’adopter un calendrier de transition et de faciliter le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Ils ont instruit la Commission de la Cédéao d’assurer un engagement continu avec les nouvelles autorités à travers la mise en place d’un mécanisme de suivi, incluant l’Union africaine et les Nations unies, en vue d’accompagner le processus de transition.

Sur la situation politique en République de Guinée, la Conférence a pris note de la récente mise en place du Conseil National de Transition (CNT), en tant qu’organe législatif et a exprimé sa préoccupation quant à l’indisponibilité du calendrier de transition requis cinq mois après le coup d’Etat, tel que demandé par la Session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao tenue le 16 septembre 2021.

En conséquence, « l’Autorité décide de maintenir toutes les sanctions déjà imposées à la Guinée et de demander à l’Autorité de transition de fournir à la Cédéao un calendrier acceptable pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’organisation sous-régionale « réaffirmer sa disponibilité à accompagner la Guinée vers le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais », indique le communiqué.

S’agissant de la situation politique en République du Mali, les chefs ouest-africains ont salué les conclusions de la 1057ème réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tenue le 14 janvier 2022 entérinant toutes les décisions et sanctions de la Cédéao à l’égard du Mali.

« L’Autorité regrette l’indisponibilité d’un nouveau calendrier conforme aux décisions de l’Autorité » En conséquence, « l’Autorité décide maintenir toutes les sanctions imposées au Mali conformément à sa décision du 9 janvier 2022 ». Elle exhorte encore « les autorités maliennes à proposer d’urgence à la Cédéao un calendrier électoral acceptable en vue de permettre la levée progressive des sanctions ».

« Par ailleurs, la Cédéao réaffirme sa disponibilité à travailler en liaison avec l’Union africaine et les Nations unies pour apporter l’appui technique nécessaire aux autorités du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali dans la mise en œuvre des calendriers approuvés », conclut le communiqué.

Les dirigeants de la Cédéao ont également examiné les mémorandums sur les situations politiques au Mali et en Guinée présentés par le président de la Commission de la Cédéao Jean-Claude Kassi Brou. L’Autorité a salué la qualité des rapports et des mémorandums et a pris note des recommandations qu’ils contiennent. Le communiqué note que l’Autorité a été informée par Suzi Carla Barbosa, Ministre d’Etat des Affaires étrangères, de la Coopération Internationale et de la diaspora de Guinée-Bissau, des circonstances entourant la tentative de coup d’Etat en Guinée Bissau le 1er février 2022.

« L’Autorité a fermement condamné la tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau et a exprimé sa solidarité avec le Président Umaro Sissoco Embaló et le peuple de Guinée-Bissau. Compte tenu de ces récents développements, l’Autorité décide de déployer une force en vue de soutenir la stabilisation du pays » indique le communiqué. « L’Autorité décide en outre de maintenir les composantes militaire et policière de la Mission de la Cédéao en Gambie (ECOMIG) afin de consolider la stabilité dans le pays » ajoute le communiqué.

Les dirigeants ouest-africains ont également affirmé son engagement à rester ferme pour la protection de la démocratie et de la liberté dans la région et réitère leur position résolue à faire respecter le principe de tolérance zéro pour l’accession au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels, tel qu’inscrit dans le protocole additionnel de la Cédéao de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance

Mali – Birama Touré : selon RSF, le journaliste disparu depuis 2016 est « très probablement mort »

Selon une enquête menée par Reporters sans frontières (RSF), le journaliste Birama Touré, porté disparu depuis le 29 janvier 2016 est très probablement mort. RSF qui appelle la justice malienne à poursuivre ses efforts dans cette affaire dit être en mesure d’affirmer que Touré mort dans les locaux de la Sécurité d’Etat des suites des sévices qui lui ont été infligés. RSF assure avoir obtenu de nouveaux témoignages ces derniers mois dont un qui établi avoir vu le corps de Birama Touré enveloppé dans une natte, et placé à l’arrière d’un pickup de couleur blanche, puis transporté en dehors de l’enceinte qui abrite les prisons de la SE. Cette opération assure le témoin de RSF s’est déroulée en présence de Karim Keita, fils de l’ancien président IBK, du général Moussa Diawara, alors patron de la SE, des membres de ce service ainsi que de deux journalistes dont les noms ne sont pas cités et qui sont aujourd’hui décédés. Au moment de sa disparition toujours selon RSF, Touré enquêtait sur deux sujets concernant Karim Keita, le premier portait sur une supposée liaison de ce dernier avec la femme d’un ami et le second sur une affaire de contrats d’armement qui auraient donné lieu à des détournements. En juillet 2021, un juge d’instruction a lancé un mandat d’arrêt contre Karim Keita, aujourd’hui exilé en Cote d’Ivoire, le mandat n’a pas été exécuté par les autorités ivoiriennes.

Cedeao: vers un allègement des sanctions contre le Mali ?

Sous le feu des critiques, l’organisation sous-régionale, qui se réunit depuis ce matin dans la capitale ghanéenne, pourrait reconsidérer certaines mesures prises contre le Mali.Mis sous embargo depuis près d’un mois par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Mali croise les doigts, espérant une possible atténuation des sanctions politiques et économiques en vue d’amener les autorités militaires à organiser rapidement une transition du pouvoir aux civils.

La fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité plongent plusieurs acteurs dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Même si certains essaient de passer par la brousse, le quotidien sénégalais L’Observateur note que la Direction de la police de l’air et des frontières a déployé un renfort d’éléments pour renforcer la sécurité. « Des gens essaient de passer par tous les moyens. Ils essaient de nous prendre par les sentiments lorsqu’on les arrête, mais nous ne faisons qu’appliquer des décisions qui vont au-delà du Sénégal », chuchote un officier dans le journal.

Aujourd’hui, ce sont 1348 camions qui sont en souffrance à la frontière sénégalo-malienne. « C’est plus de 3000 personnes quelque part dans la brousse dans des conditions de précarité. Ils vivent dans un dénuement total. Ils sont dans la rue », d’après les responsables des Groupements économiques du Sénégal, cités par des médias de ce pays.

Poids des sanctions

Ils alertent sur les conséquences humanitaires de ces sanctions contre les transporteurs bloqués avec leurs chargements à la frontière à Kidira, située à plus de 700 kilomètres à l’est de Dakar. « Les chauffeurs commencent à vendre le gasoil pour pouvoir vivre. J’appelle à l’intelligence de nos autorités. Cette décision politique va porter l’estocade à notre secteur après les conséquences de la Covid-19 », interpelle Momar Sourang, coordonnateur du collectif des acteurs de la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (CPTRS).

A Accra donc, ce jeudi 3 février, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao devraient prendre en compte cette donne même si la priorité sera portée sur le dossier du Burkina Faso, dirigé depuis quelques jours par des putschistes.

Dans une étude publiée le 25 janvier dernier, sous le thème intitulé : « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) soulignent que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin « pâtiront des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », indique l’Agence malienne de presse (AMAP), citant ces chercheurs.

La semaine dernière, la Cédéao a, dans une longue note technique sur le Mali, tenté de justifier ses sanctions très critiquées par l’opinion malienne et dans certains pays du continent. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants ».

Image de la Cédéao

La Cédéao veut briser l’image de « club de chefs d’État » qu’on lui colle et prouver que c’est bien le respect de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre, en prônant l’organisation d’« élections démocratiques ».

Les autorités militaires maliennes ont proposé un chronogramme de cinq ans révisable avant un retour aux civils au pouvoir, faisant comprendre que les conditions sécuritaires dans ce pays miné par le djihadisme ne le permettent pas pour le moment. Cela a fait sortir l’organisation sous-régionale de ses gonds. Après la convocation d’un sommet extraordinaire, elle a entériné des décisions élargies à la coupure des aides financières et le gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Depuis lors, la société civile malienne s’est montrée solidaire, avec notamment les syndicats d’enseignants qui ont décidé de lever leur mot d’ordre de grève. Des manifestations monstres ont été organisées dans le pays à l’appel du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, pour dénoncer les sanctions « impopulaires » de la Cédéao.

L’Union africaine préoccupée par les coups d’Etat

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a exprimé son inquiétude face aux menaces croissantes pour la sécurité du continent liées aux changements anticonstitutionnels.S’adressant au Conseil exécutif à l’ouverture de la 40ème Session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), le Président de la Commission Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le continent a été touché par une série de conflits qui ont déstabilisé un grand nombre de personnes. « La paix et la sécurité ont été sérieusement menacées dans de nombreuses régions du continent avec l’augmentation des coups d’Etat militaires, des conflits intra-étatiques et l’expansion des groupes meurtriers dans de nombreux Etats africains », a déclaré M. Mahamat.

Le président a imputé les problèmes d’insécurité croissante à la gouvernance politique, économique et sociale déficiente sur le continent. Il a reconnu que la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement affectent dangereusement le continent qui doit faire face à la pandémie de la Covid-19 et et au changement climatique.

Selon M. Mahamat, les déplacements et les migrations restent les problèmes majeurs du continent, alors que les crises économiques frappent l’Afrique de plein fouet. S’exprimant à cette occasion, Vera Songwe, Sous-secrétaire des Nations unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a souligné un certain nombre de risques auxquels l’Afrique est confrontée.

« L’Afrique, comme le reste du monde, doit renforcer sa résilience face à un certain nombre de menaces, notamment le changement climatique, les risques de cyber-sécurité, les pandémies et les maladies infectieuses, la faible gouvernance et les conflits », a-t-elle déclaré.

Selon Mme Songwe, ces risques s’inscrivent dans le sillage de la dépression, des niveaux élevés de chômage et d’un espace civique de plus en plus fermé. Par ailleurs, Vera Songwe a indiqué que l’Afrique avait mis en commun ses risques et, s’appuyant sur 20 ans de solidarité, elle a créé la Plateforme africaine de fournitures médicales pour accéder aux équipements de protection.

Dr. Abdoulaye Tamboura : « L’heure doit être à la désescalade »

Les autorités maliennes ont pris la décision le 31 janvier 2022 d’expulser du Mali l’ambassadeur français Joël Meyer, suite aux propos « hostiles et outrageux » tenus par le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian. Dans cet entretien, Dr. Abdoulaye Tamboura, géopolitologue, livre son analyse de la situation tendue entre Bamako et Paris.

Comment analysez- vous cette décision d’expulsion ?

À ce que je sache, c’est la première fois qu’un ambassadeur est expulsé du Mali. C’est une décision historique. Cela veut tout simplement dire que les États ne sont plus comme lors de la période coloniale. Les États d’aujourd’hui défendent leurs intérêts et le Mali est appelé à défendre les siens. Si la France veut coopérer avec le Mali, il faut que cela soit dans un cadre gagnant-gagnant. Toutefois, je pense que cela aurait été encore mieux de s’expliquer davantage entre les deux pays. Les propos du ministre français des Affaires étrangères sur les autorités maliennes sont scandaleux et indécents et n’encouragent pas la bonne entente. Mais La France et le Mali doivent s’asseoir et discuter réellement sur les points de divergences.

Quelles pourraient être les conséquences de cette décision?

Elles ne seront que néfastes pour les deux pays. Quand on regarde l’implication de la France au Mali, à travers la force Takuba et l’EUTM, son rôle est très important, même s’il y a des critiques sur la manière dont les Français évoluent sur le territoire du Mali. Mais la diplomatie sert à cela, à parler avec tout le monde, même avec ses propres ennemis. Au même moment, les autorités maliennes ne doivent pas être guidées par des discours populistes ou nationalistes. L’heure doit être à la désescalade. Il ne faut pas qu’on aille plus loin. La France n’a pas intérêt à abandonner la lutte terroriste au Mali. Sur le plan diplomatique, à l’échelle mondiale, elle a du poids par rapport au Mali. J’espère qu’elle ne va pas lui mettre des bâtons dans les roues. Pour éviter cela, le Mali doit aussi user de ses canaux diplomatiques pour faire se départir la France de son attitude hautaine. Sur le plan européen, il y a quand même un risque d’effet domino envers le Mali, parce que l’Europe est solidaire de la France.

Comment expliquer la dégradation graduelle des relations entre la France et le Mali ?

C’est à partir du 2ème coup d’État que les relations se sont dégradées entre les deux pays. Depuis que Bah N’daw et Moctar Ouane ont été arrêtés, la France n’a jamais plus considéré comme légitimes les autorités de la transition.

Cedeao : le Burkina, sujet brûlant du sommet extraordinaire à Accra

Le coup d’Etat perpétré le 24 janvier 2022 par des militaires au Burkina Faso, sera au menu du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’ouvre ce jeudi à Accra.Pas de répit pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors qu’elle est pleinement engagée dans le dossier malien, la crise politique au Burkina Faso oblige les chefs d’Etat de l’organisation à se réunir en urgence pour prendre des mesures à l’égard de Ouagadougou.

C’est le prétexte du sommet extraordinaire qui s’ouvre ce jeudi à Accra dans la capitale ghanéenne sans le Mali, la Guinée et désormais le Burkina Faso suspendu à son tour des instances de l’organisation sous-régions après le putsch du 24 janvier dernier contre le président démocratiquement élu Roch Marc Christian Kabore.

Le dossier burkinabé sera d’ailleurs la priorité des chefs d’Etat et de gouvernements lors de ce sommet extraordinaire. Plusieurs dirigeants dont Alassane Ouattara ont annoncé leur présence.

La Cedeao va faire le point sur la mission envoyée à Ouagadougou  après le putsch avant de prendre les premières mesures. Tout devrait se jouer selon plusieurs sources diplomatiques sur « la durée de la transition au Burkina Faso ». Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat, a montré sa volonté de travailler avec la Cedeao. Mais l’organisation sous-regionale veut avant tout des gages et cherchera à obtenir une transition courte au Burkina Faso, ce qu’elle n’a pu obtenir au Mali.

Le Mali et la Guinée, deux autres pays frappés par des coups d’Etat ces derniers mois, seront aussi au menu des discussions. La Cedeao avait déjà prononcé des sanctions contre ces deux pays à des degrés divers.

Embargo au Mali: 1348 camions en souffrance à la frontière sénégalaise

Les Groupements économiques du Sénégal alerte sur les sanctions de la Cedeao contre Mali et les conséquences sur l’activité économique au Sénégal.Les Ges et deux de leurs organisations affiliées à savoir la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (CPTRS ) et le Collectif des Acteurs des Transports routiers du Sénégal (CATRS) lancent un cri de détresse. Ces associations sont sorties de leur mutisme pour alerter sur l’impact des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre le Mali et ces répercussions sur les activités économiques au Sénégal.

« Aujourd’hui, 1348 camions chargés sont en souffrance à la frontière. C’est plus de 3 000 personnes quelque part dans la brousse dans des conditions de précarité. Ils vivent dans un dénouement total. Ils sont dans la rue », selon les responsables de ces groupements.

Ils alertent sur les conséquences humanitaires de ces sanctions contre les transporteurs bloqués à la frontière avec leurs chargements. « Les chauffeurs commencent à vendre le gasoil pour pouvoir vivre. J’appelle à l’intelligence de nos autorités. Cette décision politique va l’estocade à notre secteur après les conséquences de la  Covid-19 », interpelle Momar Sourang Coordonnateur du collectif des acteurs de la CPTRS.

Ces acteurs demandent aux pays de la Cedeao d’assouplir certaines mesures contre le Mali pour éviter le pire. « En Afrique, nous avons une recette. Il faut qu’on aille sous l’arbre à palabre, discuter pour trouver une solution » confie les responsables de ces associations qui craignent de perdre le partenaire malien qui représente 4 millions de tonnes par an. 

Au regard du volume important de camions immobilisés aux bureaux frontaliers et des risques sécuritaires et sanitaires, ces groupements invitent les dirigeants ouest-africains à se pencher rapidement sur le dossier malien pour tenter de dénouer la crise  sous l’angle humanitaire.

La France va-t-elle quitter le Mali ?

La France se donne quinze jours pour décider de l’avenir de sa présence militaire au Mali.La France n’a pas vocation à s’éterniser au Mali, ont souvent répété les responsables politiques français. L’ancienne puissance coloniale, dont plusieurs milliers de soldats sont engagés depuis 2013 contre les groupes jihadistes actifs sur le territoire malien et dans les pays voisins, va-t-elle enfin retirer ses troupes de la région ?

S’il ne lui manquait qu’un alibi pour prendre une telle décision, que beaucoup d’observateurs ne cessent d’envisager en raison de l’enlisement manifeste de l’armée française sur le terrain et de la dégradation des relations entre Paris et Bamako, l’expulsion de l’ambassadeur de France par les autorités maliennes, mardi 31 janvier, pourrait lui en fournir.

 « La situation ne peut pas rester en l’état », a déclaré mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, donnant ainsi le sentiment que la France envisage désormais toutes les hypothèses y compris un retrait de ses troupes du Mali.

D’ici la mi-février, « on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place » et « pour prévoir une adaptation », a déclaré Gabriel Attal sur Franceinfo commentant le renvoi du diplomate français par le Mali, en réaction aux récentes déclarations jugées par Bamako « hostiles » des ministres français des Armées et des Affaires étrangères.

L’expulsion de l’ambassadeur français ; Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, est inédite dans l’histoire des relations entre le Mali et la France. Elle marque une nouvelle étape dans la tension née entre les deux pays suite à la prise du pouvoir à Bamako à partir d’août 2020 par une junte de colonels qui depuis ne semble pas pressée d’organiser un retour à l’ordre constitutionnel.

Invoquant la souveraineté nationale, la junte entend se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.

Durant les premiers mois après la prise du pouvoir par l’armée à Bamako, Paris s’était pourtant montré conciliant vis-à-vis des putschistes maliens. Mais les rapports entre les deux parties se sont brusquement dégradés lorsqu’en mai dernier les colonels qui avaient entre-temps installé un président et un premier ministre à la tête d’un gouvernement de transition avaient décidé de débarquer les deux hommes confiant la présidence de l’Etat au chef de la junte, le colonel Assimi Goita.

La crise s’est, ensuite, aggravée quand quelques jours plus tard, la France a brandi la menace de retirer ses militaires engagés depuis 2013 au Mali et au Sahel dans le cadre d’une opération de lutte contre les groupes jihadistes, avant de se rétracter finalement pour annoncer une simple réduction de ses troupes et une restructuration de son dispositif militaire sur le terrain.

Évoquant alors « un abandon en plein vol », les autorités de Bamako avaient, dans la foulée, menacé de faire appel à d’autres partenaires extérieurs, donnant ainsi crédit à ce qui n’était à l’époque qu’une simple rumeur comme quoi elles souhaiteraient solliciter la Russie pour l’envoi d’éléments appartenant à la très sulfureuse compagnie militaire privée russe Wagner, accusée d’exactions en Syrie, en Libye et en Centrafrique. La France qui n’a jamais caché son hostilité à une telle perspective n’avait, depuis lors, cessé de mettre en garde Bamako et Moscou contre cette éventualité qui, depuis peu, serait devenue finalement une réalité, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales en poste au Mali.

Les sorties musclées de responsables des deux pays, devenues quasi quotidiennes ces dernières semaines, n’ont pas contribué à apaiser la tension.

Commentant mercredi dernier, les sanctions prises contre la junte par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s’était livrée à une attaque virulente contre la ministre française des Armées, Florence Parly et la France, qu’il a accusée de chercher à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Le colonel malien avait alors sommé Mme Parly de se taire.