Transition : La descente aux enfers des hommes politiques

Depuis le début de la Transition, plusieurs personnalités politiques et figures publiques font face à la justice. Arrestations, mandats d’arrêt internationaux et condamnations se succèdent, dans un climat de méfiance et de crispation politique.

L’ancien Premier ministre Moussa Mara a écopé le 27 octobre 2025 de deux ans de prison, dont un ferme, pour des faits qualifiés « d’atteinte au crédit de l’État », liés à des propos diffusés sur les réseaux sociaux en juillet dernier.

Quelques semaines plus tôt, le 19 août, Choguel Kokalla Maïga, lui aussi ancien Premier ministre, avait été placé sous mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête portant sur des soupçons « d’atteinte aux biens publics, faux et usage de faux ».

En parallèle, plusieurs anciens ministres sont visés par des mandats d’arrêt internationaux. Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la Défense, fait l’objet depuis juillet 2022 d’un mandat international pour « crime de faux, usage de faux et atteinte aux biens publics », dans une affaire d’achats d’équipements militaires datant de 2015. Les mêmes accusations concernent l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et Mamadou Igor Diarra, ex-ministre de l’Économie et des Finances.

Des affaires successives

D’autres personnalités notables alimentent également ce panorama judiciaire. Mohamed Youssouf Bathily, dit Ras Bath, est détenu depuis le 13 mars 2023 pour des propos jugés diffamatoires. Condamné en appel à 18 mois de prison, dont 9 avec sursis, il reste détenu dans le cadre d’autres procédures en cours.

L’activiste et ancien membre du Conseil national de Transition Adama Diarra, alias Ben le Cerveau, a été reconnu coupable en septembre 2023 « d’atteinte au crédit de l’État » et purge une peine de deux ans, dont un an ferme. Sa demande de libération provisoire a été rejetée en février dernier.

Issa Kaou N’Djim, également ancien membre du Parlement de la Transition, a pour sa part été condamné le 30 décembre 2024 à deux ans de prison, dont un ferme, pour offense publique et injures via les systèmes d’information.

Le Président du parti dissous Alternative pour le Mali Mamadou Traoré, surnommé Le Roi, a été condamné le 19 juin 2025 à un an de prison ferme pour « atteinte au crédit de l’État » et « diffusion de fausses nouvelles ».

En juin 2024, onze responsables politiques avaient été interpellés à Bamako après avoir tenu une réunion jugée illégale par les autorités. Parmi eux figuraient trois anciens ministres – Mohamed Aly Bathily, Yaya Sangaré et Moustapha Dicko – ainsi que plusieurs Présidents de partis dissous. Ils ont été poursuivis pour « atteinte à la sûreté de l’État » et « troubles à l’ordre public » avant d’être libérés le 5 décembre 2024.

Le dossier de Clément Dembélé, figure connue de la lutte contre la corruption, s’ajoute à cette longue liste. Interpellé en novembre 2023 alors qu’il devait animer une conférence de presse sur la gouvernance et la crise énergétique, il a été accusé d’avoir proféré des menaces contre le Président de la Transition et son entourage.

Appels à la libération

La multiplication de ces procédures inquiète les organisations de défense des droits humains. Amnesty International, Human Rights Watch et d’autres organisations internationales ont appelé à la libération des détenus politiques et au respect des droits de la défense.

L’Union européenne a de son côté insisté sur la nécessité d’une transparence totale dans le traitement des affaires judiciaires, ainsi que sur le respect des standards internationaux relatifs à la liberté d’expression et à la détention.

« La condamnation et la peine prononcées à l’encontre de Moussa Mara illustrent le mépris persistant des autorités pour les obligations du Mali en matière de droits humains, conformément à la Constitution et aux traités internationaux ratifiés par le pays », a déclaré Marceau Sivieude, Directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. Selon lui, « au lieu de museler les voix critiques, les autorités doivent mettre fin à la répression croissante de l’opposition pacifique et libérer immédiatement les personnes détenues pour le simple fait d’avoir exprimé leur opinion ».

Un analyste politique malien ayant requis l’anonymat abonde dans le même sens : « ces détentions répétées de responsables politiques, d’activistes et de figures publiques envoient un signal inquiétant. Elles restreignent la liberté d’expression et créent un climat de peur dans l’espace public ».

Mohamed Kenouvi

Otages et rançons : un marché qui alimente la violence

Deux ressortissants émiratis enlevés fin septembre près de Bamako ont été libérés le 30 octobre après un mois de captivité. Derrière cette libération, des transactions financières qui risquent de nourrir durablement les circuits du terrorisme au Sahel.

Les enlèvements ont eu lieu sur le terrain d’un aéroclub situé à une quinzaine de kilomètres de Sanankoroba, au sud de Bamako, appartenant à l’un des otages, un homme connu pour ses actions caritatives dans la région. L’aéroclub, doté d’une piste de 800 mètres, accueille depuis plusieurs années des apprenants en pilotage d’ULM. Une vidéo diffusée peu après sur un canal lié au JNIM montrait des hommes armés parlant en fulfuldé, confirmant la piste d’un rapt jihadiste.

Ce cas illustre l’évolution du phénomène : au début des années 2000, les otages étaient principalement des Occidentaux, souvent libérés contre des rançons versées par des États ou des intermédiaires. Mais selon l’International Crisis Group, l’Observatoire sahélien des droits humains et le Centre d’études stratégiques de Dakar, la majorité des rapt-contre-rançon enregistrés depuis 2020 visent désormais des ressortissants régionaux, expatriés africains, commerçants et agents publics.

Le groupe JNIM, affilié à Al-Qaïda, a fait de la rançon une de ses principales sources de revenus, aux côtés de la contrebande de carburant, de l’orpaillage artisanal et de l’extorsion sur les axes routiers. D’après un rapport du Conseil de sécurité des Nations unies, les montants versés pour les libérations d’otages dans le Sahel entre 2015 et 2025 dépassent 400 millions de dollars, contribuant directement à la résilience financière des réseaux jihadistes.

La libération des deux Émiratis, pour laquelle plusieurs sources évoquent un paiement d’environ 50 millions de dollars, confirme la persistance de ce schéma. Derrière la compassion légitime, ces transactions renforcent la capacité logistique des groupes armés et pérennisent un système économique parallèle où la peur, l’argent et la négociation deviennent les leviers d’une guerre sans fin.

Financement humanitaire : le Mali face à une baisse historique des contributions

Au 31 octobre 2025, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) constate un effondrement du financement humanitaire au Mali. Moins de 16 % des besoins sont couverts, un recul de plus de moitié par rapport à 2024 alors que la crise s’aggrave dans le pays.

Le Financial Tracking Service (FTS) d’OCHA, plateforme mondiale de suivi des financements, indique que le Plan de réponse humanitaire 2025 du Mali, chiffré à 771,3 millions de dollars — soit environ 468 milliards de francs CFA — n’a mobilisé que 120,5 millions de dollars, soit 73 milliards de francs CFA. Ce taux de couverture de 15,6 % est l’un des plus faibles enregistrés depuis plus de dix ans.

En 2024, le plan d’aide du Mali, évalué à 751 millions de dollars (456 milliards CFA), avait été financé à hauteur de 269 millions (163 milliards CFA), soit 36 % des besoins. En un an, les financements ont donc chuté de plus de 55 %, alors que les besoins ont, eux, légèrement augmenté, traduisant un désintérêt progressif des bailleurs pour les crises prolongées du Sahel.

À l’échelle mondiale, seulement 35 % des besoins humanitaires ont été couverts en 2025, selon OCHA, contre plus de 50 % en moyenne au cours de la décennie précédente. Cette baisse est liée à la multiplication des crises simultanées, au ralentissement économique mondial et à la redirection de l’aide vers l’Europe de l’Est et le Moyen-Orient.

Sur le terrain, les conséquences sont tangibles et mesurables. Le secteur de la sécurité alimentaire, qui absorbe la plus grande part du plan, n’a reçu que 22,2 millions de dollars, soit environ 13 milliards de francs CFA, sur 423 millions demandés (254 milliards CFA). La nutrition, deuxième priorité, affiche un financement de 16,6 millions de dollars (9,9 milliards CFA) sur 68,6 millions attendus, soit 24 % de couverture. Les programmes de santé, eux, n’ont reçu que 6,3 millions de dollars (3,7 milliards CFA) sur 38,3 millions demandés, tandis que l’éducation d’urgence plafonne à 4,4 millions de dollars, soit à peine 11 % de son objectif.

Le secteur eau, hygiène et assainissement (WASH), pourtant vital dans un contexte de déplacement massif et de contamination des nappes, n’a mobilisé que 3,5 millions de dollars (2,1 milliards CFA) sur 34,5 millions requis. La protection des civils, la réponse aux violences basées sur le genre et l’appui logistique affichent également des niveaux critiques, tous inférieurs à 20 % de couverture.

Les principales zones affectées demeurent les régions du Centre (Mopti, Ségou) et du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka), où les organisations signalent des ruptures d’approvisionnement dans les entrepôts du Programme alimentaire mondial (PAM) et des interruptions de programmes communautaires soutenus par l’UNICEF et le HCR.

Les principaux bailleurs — Union européenne, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni, Canada et Italie — maintiennent leurs contributions, mais sans rehaussement. Le PAM, par exemple, n’a pu distribuer que 60 % des rations prévues en octobre, tandis que certaines ONG locales rapportent la suspension de projets d’eau potable dans le delta intérieur du Niger faute de financements supplémentaires.

À deux mois de la clôture budgétaire, les acteurs humanitaires préviennent que plus de la moitié des programmes prévus pour 2025 risquent d’être suspendus, accentuant les vulnérabilités dans un pays où plus de 7 millions de personnes ont besoin d’assistance, dont plus de 400 000 déplacés internes et 250 000 réfugiés étrangers.

 

« L’ECO doit renforcer la souveraineté économique des pays africains » – Modibo Mao Makalou

L’économiste Modibo Mao Makalou revient sur les enjeux du passage à la monnaie unique de la CEDEAO prévue pour 2027. Il analyse la position du Mali entre l’UEMOA et l’AES, ainsi que les défis d’une souveraineté monétaire réelle pour les États africains.

Le débat sur le FCFA s’intensifie au moment où la région connaît de fortes recompositions politiques. Quelle lecture en faites-vous ?

 Modibo Mao Makalou : En effet, il existe présentement 2 zones monétaires à l’intérieur de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui disparaîtront avec le lancement de la monnaie unique de la CEDEAO, l’ECO qui est prévu pour 2027.  Il existe 8 monnaies en Afrique de l’Ouest pour 15 pays : les 8 pays membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) qui possèdent une monnaie commune, le franc CFA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger Sénégal et Togo), et les 7 autres pays membres de la CEDEAO qui possèdent une monnaie nationale : le cédi au Ghana, le dalasi en Gambie, le dollar libérien au Libéria, le franc guinéen en Guinée, le leone en Sierra Leone, le naira au Nigeria, et l’escudo au Cap-Vert verront leur monnaie disparaitre au profit de l’ECO en 2027. Ces monnaies nationales à l’exception de l’escudo du Cap-Vert sont regroupées au sein de la Zone Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) et ne sont pas convertibles entre elles, ce qui augmente les coûts de transactions et tend à défavoriser les échanges commerciaux formels. L’UEMOA et la ZMAO utiliseront la monnaie unique ECO lorsqu’elle sera lancée à l’horizon 2027 car le FCFA et les 7 autres monnaies pourront disparaitre même si l’idée d’une monnaie commune parait plus probable.

Le Mali, membre de l’UEMOA mais aussi de l’AES, peut-il durablement concilier les deux cadres ?

MMM : Une union économique et monétaire pourrait favoriser une utilisation plus efficace des ressources et stimuler la croissance économique. Les 3 pays membres de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ; Burkina Faso, Mali et Niger sont aussi membres avec 5 autres pays (Bénin, Cote d’ivoire, Guinée Bissau, Sénégal, et Togo), de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui est une organisation d’intégration économique et monétaire régionale établie par le Traité de Dakar du 10 janvier 1994. Parmi les objectifs de l’UEMOA on peut citer la création d’un marché commun avec la libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux, du droit d’établissement aux personnes pour les activités libérales et les salariés ainsi que l’amélioration de la compétitivité, de la concurrence, et de la convergence des politiques économiques et sociale, de même que l’élaboration d’un tarif extérieur commun (TEC) à l’encontre des non-membres, et l’adoption d’une politique commerciale et des politiques sectorielles. A priori, aucune incompatibilité n’existe pour le moment entre l’AES et ‘l’UEMOA même si l’AES ambitionne d’être une union économique et monétaire à terme.

Quels seraient les avantages et inconvénients pour le Mali d’une monnaie nationale indépendante ?

Le futur Eco pourrait-il renforcer la souveraineté économique des pays africains ou simplement rebaptiser le FCFA ?

MMM : La création d’une monnaie nationale est une décision politique qui doit répondre à des impératifs techniques de fixation du taux de change (quantité de monnaie nationale qu’on peut échanger contre une unité de monnaie étrangère) pour faciliter les échanges avec les principaux partenaires commerciaux tout en assurant la stabilité des prix donc d’assurer le maintien du pouvoir d’achat des citoyens. La création d’une monnaie nationale implique la création d’un institut  d’émission qui servira de banque centrale nationale. Celle-ci agira principalement comme une banque pour les banques commerciales en contrôlant les flux de monnaie et de crédits dans l’économie, de manière à assurer son premier objectif, en l’occurrence, la stabilité des prix.

Les banques commerciales pourront alors solliciter des prêts auprès de la Banque Centrale (des réserves de banque centrale), qui leur servira en grande partie à couvrir des besoins de liquidités à très court terme. Le principal instrument dont dispose la Banque Centrale pour réguler le crédit dans l’économie et pour contrôler la quantité de monnaie en circulation et, par conséquent, la demande de réserves de banque centrale émanant des banques commerciales, consiste à fixer les taux d’intérêt (le coût du crédit).

La création d’une monnaie doit se faire en fonction de la quantité et de la qualité de la production de biens et services dans notre économie et de nos échanges de biens et services avec nos principaux partenaires économiques et commerciaux. Il est surtout crucial d’avoir une banque centrale autonome qui aura les fonctions suivantes : assurer la stabilité des prix ; gérer les réserves officielles de change ; veiller à la stabilité du système bancaire et financier ; promouvoir le bon fonctionnement et assurer la supervision du système financier et bancaire ; et assurer la sécurité des systèmes de paiement.

La monnaie joue un rôle très important pour ce qui concerne les objectifs de la politique économique non seulement pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens mais aussi pour les transactions économiques d’un pays avec les autres pays. Rappelons que la solidité d’une monnaie est établie selon les normes internationales lorsque les avoirs extérieurs nets (liquidités disponibles en or et devises) de la Banque Centrale peuvent couvrir 3 mois d’importations. Il est important de souligner que l’ECO sera une monnaie ouest africaine émise par une banque centrale fédérale dont le taux de change sera flexible et adossé à un panier de monnaies internationale. Les pays de l’Afrique de l’Ouest qui respecteront les critères de convergence macroéconomiques de la CEDEAO seront éligibles pour adopter l’EC0 en 2027 selon la CEDEAO.

Quel rôle le secteur privé peut-il jouer dans cette transition monétaire et financière ?

MMM : Afin d’accélérer l’intégration régionale et le développement de nos pays, la politique monétaire ne peut se substituer à une politique de développement holistique et durable. Les pays de l’UEMOA doivent donc continuer à améliorer la viabilité des finances publiques et financer davantage les économies nationales. Le secteur privé est un moteur de la croissance économique, cependant il fait face à des difficultés de financement surtout pour les investissements nationaux ou sous régionaux. Il importe donc de mobiliser l’épargne à travers la création des marchés financiers et baisser les taux d’intérêt  et augmenter la durée des prêts auprès des banques et établissements financiers pour ce qui concerne le financement des investissements productifs mais aussi sociaux et environnementaux.

Enfin, pensez-vous que les citoyens comprennent vraiment les enjeux autour du FCFA ?

MMM : La BCEAO est l’Institut d’émission commun des Etats membres de l’UMOA et de l’UEMOA, chargé notamment d’assurer la gestion de leur monnaie commune, le Franc de la Communauté Financière Africaine (FCFA), de leurs réserves de change et de mettre en œuvre la politique monétaire commune. L’Accord de Coopération monétaire signé entre l’UMOA et la France en décembre 1973 a été modifié en décembre 2019 avec des révisions importantes y compris la fermeture du compte d’opérations de la BCEAO auprès du trésor français. La France devient toutefois le garant de dernier ressort du FCFA  pour assurer la convertibilité illimitée du FCFA en euro et maintenir sa parité fixe avec l’euro, cependant les représentants français ne siègent plus dans les organes de gouvernance de la BCEAO (conseil d’administration, comité de politique monétaire et commission bancaire). Notons par ailleurs que la pérennité des accords de coopération monétaire après la mise en place de l’euro est garantie par la décision du conseil européen du 23 novembre 1998 n° 98/683/CE “concernant les questions de change relatives au franc CFA et au franc comorien”.

Crise du carburant : Le pouvoir d’achat des Maliens à rude épreuve

Les effets de la crise du carburant que traverse le Mali depuis plusieurs semaines s’étendent à tous les secteurs d’activité. Perturbant profondément le système d’approvisionnement du pays, elle provoque une hausse des prix et fragilise davantage un pouvoir d’achat déjà affaibli.

Depuis près d’un mois, le Mali vit une pénurie d’hydrocarbures qui impacte durement la vie économique et sociale. Transport, commerce ou encore éducation, les effets de la crise se font sentir partout. Alors que les autorités tentent d’organiser la distribution du peu de carburant disponible, les consommateurs redoutent les conséquences d’une situation qui menace directement leur quotidien.

« Depuis le 20 octobre, nous avons dû arrêter toutes nos activités, faute de gasoil », explique M. Touré, responsable d’une compagnie de transport interurbain. Une situation difficile pour le personnel et les usagers, contraints à un arrêt total des activités pendant une semaine, du transport de voyageurs au fret. Ce n’est qu’après la décision gouvernementale de ravitailler en priorité certains véhicules, dont ceux du transport public, que la compagnie a pu obtenir du carburant pour un premier bus et relancer sa ligne Bamako – Mopti le 27 octobre. Un signe d’espoir que le responsable souhaite durable, alors que le reste du parc attend toujours d’être ravitaillé. « Nous n’avons pas modifié nos tarifs, car nous obtenons le gasoil au même prix », précise-t-il.

Transports perturbés et prix en hausse

Mais cette stabilité ne se vérifie pas partout. Dans la capitale, les principaux moyens de transport, notamment les minibus SOTRAMA et les moto-taxis, ont augmenté leurs tarifs. Sur certains axes, les trajets sont passés de 300 francs CFA à 400 ou 500 francs. Les moto-taxis facturent désormais entre 1 500 et 4 000 francs CFA chaque trajet, parfois le double du tarif habituel. Certains conducteurs justifient ces hausses par le prix du carburant, vendu au marché noir jusqu’à 4 000 ou 5 000 francs CFA le litre. Dans plusieurs quartiers périphériques de Bamako, comme Kalaban, Faladié ou Baco-Djicoroni, les longues files de véhicules créent des embouteillages jusqu’à tard dans la nuit, perturbant le ramassage scolaire et la distribution des produits alimentaires.

La crise touche aussi les activités de transport de marchandises. Les maraîchers, livreurs de pain et transporteurs de produits frais peinent à acheminer leurs denrées, ce qui entraîne des pertes économiques importantes. Dans plusieurs marchés de Bamako, le prix de la tomate, de l’oignon ou du piment a doublé en une semaine. Les longues files d’attente dans les stations aggravent le désordre : des conducteurs de moto-taxis dorment sur place, à des kilomètres de leur domicile, pour espérer quelques litres d’essence.

Dommages collatéraux

L’école, elle aussi, subit de plein fouet les conséquences de la crise. La pénurie de carburant perturbe les déplacements des enseignants et des élèves. Le 26 octobre 2025, dans un communiqué conjoint lu à la télévision nationale, le ministre de l’Éducation et son homologue de l’Enseignement supérieur ont annoncé la suspension des cours dans tous les ordres d’enseignement du 27 octobre au 9 novembre 2025. La mesure s’explique par les difficultés de transport engendrées par la pénurie. Certaines écoles avaient déjà anticipé une suspension depuis au moins une semaine et d’autres tentaient de fournir du carburant à leurs enseignants pour maintenir les cours dans une année déjà menacée par des grèves.

Pour beaucoup de parents, cette mesure a été un soulagement, car ils peinaient à assurer le déplacement de leurs enfants. Mais elle révèle aussi l’ampleur d’une crise qui paralyse la vie nationale. Si le télétravail reste une alternative pour certaines entreprises, d’autres se retrouvent bloquées : l’électricité est rationnée et les groupes électrogènes tournent au ralenti faute de gasoil.

Boubacar Sacko, cadre dans une banque de la place, témoigne : « la semaine dernière, nous avions encore du carburant, mais cette semaine, nous travaillons depuis la maison parce que notre stock est épuisé ». Le 28 octobre, la ville de Bamako s’est transformée en une immense file d’attente. L’arrivée d’un convoi de citernes, la veille, a permis de livrer certaines stations, mais les bouchons étaient tels que ses automobilistes ont préféré passer la nuit sur place. Fonctionnaires, conducteurs de motos-taxis ou livreurs de pain : tous sacrifient leur confort pour continuer à « tenir ».

Prix sous tension

La maîtrise des prix constitue l’un des défis les plus redoutés de cette crise. Malgré les assurances du Gouvernorat du district de Bamako sur la disponibilité des produits et la stabilité des tarifs, les inquiétudes demeurent. Lors d’une réunion tenue le 27 octobre, les autorités locales ont rappelé que les prix du riz, du mil et du maïs n’avaient pas changé. Mais sur le terrain la situation évolue vite.

Fortement dépendant des importations pour ses biens de consommation courants, le Mali est vulnérable à toute perturbation logistique. « Nous importons presque tout ce dont nous avons besoin, ce qui nécessite des moyens de transport et d’énergie conséquents », explique le Dr Sékou Diakité, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG). Le manque de carburant, souligne-t-il, perturbe dangereusement la chaîne d’approvisionnement et crée un effet domino sur les prix.

« La rareté du carburant, associée à la mauvaise habitude d’augmenter les prix même sans raison, entraîne une hausse quasi inévitable », poursuit le chercheur. Le retard des livraisons perturbe la loi de l’offre et de la demande, provoquant une inflation progressive. Même si le prix officiel à la pompe est inchangé, les longues heures d’attente et les surcoûts du transport augmentent indirectement les prix finaux.

Certaines structures comme les boulangeries, qui fonctionnent au gasoil en l’absence d’électricité, ont réduit leur production, tandis que d’autres ont relevé leurs prix. L’électricité, elle-même tributaire du carburant, voit son coût grimper, entraînant une hausse des charges dans les petites entreprises artisanales et industrielles. Sur le marché, les prix du sucre, du riz et du mil restent officiellement stables, mais les commerçants et consommateurs s’interrogent : jusqu’à quand ? Face à l’ampleur de la pénurie, plusieurs associations de consommateurs ont demandé au gouvernement de publier un calendrier clair de distribution et d’intensifier la communication sur les volumes disponibles afin d’éviter la désinformation.

Trouver l’équilibre

Pour gérer l’urgence, « il faut explorer toutes les voies d’approvisionnement », recommande le Dr Diakité. Il plaide pour un approvisionnement rapide et encadré, tout en imposant des règles strictes aux opérateurs économiques. À long terme, il suggère la construction d’une raffinerie nationale afin d’importer du pétrole brut et d’augmenter les capacités de stockage. Il estime également nécessaire de constituer un stock de sécurité pour les forces armées, afin de préserver leur mobilité opérationnelle.

L’extension rapide de Bamako complique encore la situation. Ses habitants, installés toujours plus loin du centre, dépendent des transports motorisés pour travailler, étudier ou commercer. « Cette crise peut être l’occasion pour l’État de reprendre le contrôle du circuit du carburant et de réduire la mobilité des groupes armés terroristes », estime Mahamadou Beïdaly Sangaré, enseignant-chercheur à la FSEG. Selon lui, elle devrait pousser le Mali à diversifier ses sources d’approvisionnement et à relancer le dossier des biocarburants, un secteur prometteur encore peu exploré.

Pour les observateurs, cette crise agit comme un révélateur des fragilités structurelles du pays, entre dépendance extérieure, manque d’infrastructures, déficit de coordination et de communication entre acteurs publics et privés. Elle souligne aussi la nécessité d’une planification durable pour éviter que les crises logistiques ne se transforment en crises sociales.

Départs de ressortissants : Aly Tounkara appelle au discernement

Alors que les États-Unis, l’Italie, l’Allemagne et l’Australie ont appelé leurs ressortissants à quitter le Mali, les autorités maliennes observent une prudente réserve. Ces appels interviennent dans un climat marqué par la pénurie de carburant, la multiplication des attaques contre les convois et une tension sécuritaire croissante autour de Bamako.

Les ambassades concernées évoquent une dégradation rapide de la sécurité et une imprévisibilité accrue des conditions de déplacement, notamment sur les grands axes. Les représentations américaine et italienne ont explicitement recommandé un départ « immédiat » par vols commerciaux, tandis que Berlin et Canberra déconseillent tout voyage vers le Mali, citant la menace terroriste, les enlèvements et la crise énergétique. Les alertes s’ajoutent à celles déjà émises par les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui classent le pays en zone rouge sur leurs portails de sécurité.

Dans une analyse publiée le 29 octobre 2025, le Dr Aly Tounkara, enseignant-chercheur et expert au Centre des Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S), estime ces appels « hâtifs » au regard du contexte malien. Selon lui, le Mali ne saurait être comparé à la Syrie, en raison de la différence des structures armées, de la sociologie du pouvoir et du maillage territorial assuré par les Forces armées maliennes. Il rappelle que l’armée bénéficie d’un équipement aérien renforcé, de formations diversifiées depuis 2012 et d’une forte résilience populaire face à la menace jihadiste.

L’expert souligne que, si chaque État a le devoir de protéger ses ressortissants, les véritables partenaires d’un pays se mesurent dans les périodes de crise aiguë. Il invite à relativiser la gravité du risque en soulignant la capacité de l’État malien à garantir une certaine continuité territoriale et la détermination des populations à défendre leur souveraineté.

Pour finir, Aly Tounkara interroge la portée politique et symbolique de ces retraits : que restera-t-il de la perception du Mali si « l’apocalypse prédite » ne se produit pas ? Et quelle légitimité accorder aux groupes armés dont la violence, loin d’inspirer la confiance, alimente le rejet populaire ?
Pour lui, la crise actuelle exige plus de discernement que d’alarmisme, dans un pays où la fragilité coexiste avec une résilience éprouvée.

Axe Ségou–Bamako : deux commerçants égyptiens enlevés, la piste jihadiste évoquée

Deux ressortissants égyptiens, présentés comme commerçants ambulants, ont été enlevés le mardi 28 octobre 2025 sur la route reliant Ségou à Bamako. Selon plusieurs sources locales et sécuritaires, l’incident s’est produit en pleine journée dans une zone régulièrement ciblée par des groupes armés.

Les victimes, identifiées par des sources non officielles sous les noms de Saleh Samir et Abdelazim Morsi, circulaient à bord d’un véhicule utilitaire lorsqu’elles auraient été interceptées par des hommes armés non identifiés. Un interprète malien, Houssam Diko, aurait également été enlevé au même moment. Si aucune revendication n’a été formulée, des sources de sécurité évoquent la possible implication du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), actif dans le centre du Mali et le long des grands axes commerciaux.
L’incident intervient dans un contexte de recrudescence des enlèvements visant des étrangers et des travailleurs expatriés. En juillet, trois ressortissants indiens avaient été enlevés lors d’une attaque contre l’usine Diamond Cement dans la région de Kayes. Quelques semaines plus tard, deux citoyens chinois avaient été kidnappés à Narena, dans le sud du pays, au cours d’une attaque contre un site minier. En septembre, des informations faisaient état de l’enlèvement de deux Émiratis et d’un Iranien dans les environs de Bamako. Ces incidents illustrent la montée des risques sécuritaires pour les travailleurs étrangers, en particulier sur les axes économiques stratégiques.
Depuis plusieurs mois, la route Bamako–Ségou est l’une des plus exposées du centre du Mali, avec des embuscades récurrentes, des poses d’engins explosifs et des enlèvements ciblés. Les forces armées maliennes ont renforcé leurs opérations de ratissage et de contrôle dans la zone, sans pour autant parvenir à neutraliser complètement les cellules mobiles qui y opèrent.
À ce stade, ni les autorités maliennes ni l’ambassade d’Égypte à Bamako n’ont confirmé officiellement les identités des victimes ni communiqué sur les recherches en cours. Les services de sécurité restent mobilisés pour tenter de localiser les otages et retrouver leurs ravisseurs. Cet enlèvement rappelle l’extrême vulnérabilité des civils et des travailleurs étrangers sur les principaux axes économiques du pays, où les groupes armés cherchent à exercer un contrôle territorial et financier.

Détenu depuis août : Moussa Mara écope de deux ans de prison

L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, a été condamné ce lundi à deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme et un an avec sursis, par le Tribunal du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité (PNLC).

Le parquet avait poursuivi M. Mara pour atteinte au crédit de l’État et opposition à l’autorité légitime, à la suite de publications effectuées sur le réseau social X (anciennement Twitter). Ces messages, diffusés au cours de l’été 2025, avaient suscité l’ouverture d’une enquête pour propos jugés contraires aux lois encadrant la communication en ligne.
L’audience s’est tenue à Bamako sous la présidence du juge du PNLC. Le tribunal a également condamné M. Mara à verser une amende de 500 000 francs CFA et à payer un franc symbolique à l’État, constitué partie civile.
L’ancien chef du gouvernement, en poste entre 2014 et 2015, avait été incarcéré le 1er août 2025, après son inculpation formelle. Ses avocats, dont Me Mountaga C. Tall, avaient déposé plusieurs demandes de mise en liberté provisoire, toutes rejetées par le juge d’instruction.
Le ministère public avait requis deux ans de prison à l’encontre de l’accusé, conformément aux dispositions du nouveau Code pénal adopté en 2024. La défense a annoncé son intention de faire appel du jugement dans les délais légaux prévus.
Moussa Mara demeure détenu dans l’attente de la procédure d’appel.

LCCP : Un levier de 100 milliards FCFA pour bâtir les champions miniers maliens

AFG Bank Mali a lancé ce lundi son Local Content Champion Program, dotant les sous-traitants locaux du secteur minier d’un outil de financement et d’accompagnement sans précédent. L’initiative, qui porte l’engagement total du groupe Atlantique, ambitionne de créer 2 000 emplois et de faire émerger trente entreprises nationales de classe mondiale.

​L’hôtel Radisson Collection de Bamako a accueilli ce lundi 27 octobre 2025 le lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative stratégique d’AFG Bank Mali. L’événement, présidé par le Professeur Amadou Keïta, Ministre des Mines, a réuni les figures importantes de l’écosystème minier et financier du Mali. Autour des dirigeants d’AFG Bank et d’AFG Assurances, les échanges se sont déroulés en présence de personnalités éminentes comme le Président de la Commission mine du CNT, le Ministre de l’Énergie et de l’Eau, un membre du Conseil d’Administration du Groupe Atlantique, le Secrétaire permanent du Contenu local et le Vice-Président du CNPM. Pour ne citer que celles-ci.
​C’est avec une immense fierté que Sayouba Ouédraogo, Directeur Général d’AFG Bank Mali, a ouvert la cérémonie. Il a souligné que le LCCP est né d’une conviction simple mais puissante : « Le développement du Mali passe par ses acteurs locaux et leur capacité à innover et à collaborer ».
Le DG a rappelé que ce programme, annoncé une première fois en février au Mining Indaba, est la traduction concrète de l’engagement de la banque à être proche du terrain, notamment en renforçant son réseau d’agences et en investissant dans le digital. Saluant la présence du Ministre des Mines, M. Ouédraogo y a vu la confirmation de « sa vision et son engagement en faveur d’un secteur minier plus inclusif ».
​L’impact potentiel du LCCP repose sur une enveloppe financière exceptionnelle de 100 milliards de francs CFA, dédiée à stimuler la participation des entreprises maliennes dans la chaîne de valeur minière. L’approche d’AFG Bank Mali va au-delà du simple crédit, proposant un appui structuré et combiné pour les sous-traitants et fournisseurs. Cet accompagnement inclut des financements sur mesure utilisant des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage et les solutions de capital-risque, ainsi que des sessions de renforcement de capacités techniques et managériales.
​Le programme se fixe des objectifs ambitieux pour les trois prochaines années. D’ici 2027, AFG Bank Mali s’engage à créer 2 000 emplois directs, à accompagner la structuration de 150 entreprises locales, et surtout, à faire émerger une trentaine de champions nationaux capables d’opérer aux standards mondiaux. Ce dispositif est conçu pour aider les entreprises à surmonter le défi principal identifié à savoir la difficulté d’accéder au financement et à la structuration nécessaire pour répondre aux exigences des opérations minières.
​L’ancrage panafricain au service du développement local
​Poursuivant les allocutions, Sionlé Yéo, Directeur Général d’AFG Holding, le pôle financier du Groupe Atlantique, a souligné la dimension stratégique du LCCP. Il a insisté sur le fait que l’initiative malienne s’inscrit parfaitement dans la vision globale du Groupe visant à  contribuer significativement au développement des économies africaines en soutenant l’émergence de champions. M. Yéo a rappelé que le Groupe Atlantique, présent dans 13 pays et couvrant la banque, l’assurance, l’industrie et l’agriculture, est par nature le partenaire du développement national.
​Le DG du Holding a félicité les équipes maliennes pour leur performance remarquable. Il a notamment souligné que depuis le rachat en 2020, AFG Bank Mali est passée de la 13e à la 8e position des banques du pays. Il a rendu hommage au travail de M. Sayouba Ouédraogo et de Madame Adam Cissé, Directrice Générale d’AFG Assurances Mali, saluant la convergence et les synergies entre les deux entités. Pour M. Yéo, le contenu local est une « source prodigieuse d’opportunités économiques » que le Groupe est déterminé à répliquer dans d’autres pays miniers comme la Côte d’Ivoire ou la Guinée.
​Un allié stratégique de la puissance publique
​Clôturant les prises de parole, le Ministre des Mines, le Professeur Amadou Keïta, a chaleureusement salué cette initiative. Il a rappelé que si le Mali a fait le « fort effort politique » d’adopter une loi sur le contenu local, l’efficacité de cette loi repose sur des outils concrets. Le LCCP apporte précisément cet élément de solution en répondant à la nécessité de financement et d’accompagnement des prestataires et fournisseurs locaux.
​Le Ministre a insisté sur le fait que ces « standards mondiaux » ne sont pas des contraintes, mais une « opportunité pour nos acteurs de s’aguerrir » avec l’objectif de conquérir les marchés régionaux et internationaux. Il a d’ailleurs cité plusieurs entreprises maliennes qui, par leur sérieux, « nous rendent fiers » en s’exportant déjà. Le Professeur Keïta a conclu en affirmant que le LCCP fait la preuve que le secteur privé est un allié stratégique de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques. Il a assuré les acteurs de l’engagement total des autorités : « L’État, je peux vous l’assurer, se tiendra aux côtés d’AFG Bank pour accompagner cette dynamique », dont l’objectif ultime est de créer plus d’emplois et d’opportunités pour la nation.

Coupes CAF : le football malien signe un doublé historique

Le Stade Malien de Bamako et le Djoliba AC se sont tous deux qualifiés pour la phase de groupes des compétitions africaines interclubs. Une performance pleine qui offre au pays un taux de réussite de 100 % à ce stade de la saison.

À l’issue des deux tours préliminaires des compétitions africaines interclubs 2025-2026, les clubs maliens ont réalisé un exploit retentissant. Le Stade Malien de Bamako, engagé en Ligue des champions de la CAF, a validé sa qualification historique pour la phase de groupes après sa victoire 2-0 face au FC Nouadhibou de Mauritanie, ce dimanche 26 octobre au Stade du 26-Mars. Ce succès, obtenu après un nul encourageant (1-1) à l’aller, permet aux « Blancs de Bamako » d’accéder pour la première fois de leur histoire à ce niveau de la compétition. Il s’agit également de la seconde présence d’un club malien à ce stade, après le Djoliba AC la saison passée.

En Coupe de la Confédération, le Djoliba AC a lui aussi confirmé sa solidité. Après avoir gagné 1-0 à Ouagadougou à l’aller, les « Rouges » ont récidivé à domicile en s’imposant 2-1 face à l’USAFA du Burkina Faso. Ce deuxième succès consécutif leur ouvre les portes de la phase de groupes et confirme leur statut parmi les équipes les plus régulières du continent.

Avec ces deux qualifications, le Mali réalise un parcours sans faute et conserve son indice continental en progression. Cette performance collective reflète la montée en puissance du football national, portée par une nouvelle génération ambitieuse et mieux préparée pour rivaliser sur la scène africaine. Les supporters espèrent désormais voir leurs clubs briller dans les phases de groupes et prolonger cet élan victorieux.

 

Transition : Une union sacrée est-elle possible ?

Dans un message adressé le 15 octobre dernier au Président de la Transition, le Président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) dissous, Yeah Samaké, appelle à une union des forces pour sauver le Mali. Son initiative relance le débat sur la possibilité d’une union sacrée des Maliens dans un contexte de crise multidimensionnelle profonde.

Dans son message, Yeah Samaké invite à « dépasser les clivages » afin de bâtir ensemble un Mali fort, souverain et prospère. « Je viens en paix, avec le cœur d’un patriote sincère », écrit-il, avant de tendre « une main fraternelle pour le Mali ».

Cet appel à l’unité intervient dans une période où la cohésion nationale est plus que jamais mise à l’épreuve. Mais une union sacrée rassemblant acteurs politiques et forces vives autour des autorités de la Transition est-elle réellement possible dans le climat actuel ?

Méfiance 

L’appel de Yeah Samaké, au-delà de sa portée symbolique, ravive le débat sur les conditions d’un dialogue inclusif dans un Mali fragmenté par les tensions politiques et sociales.

Depuis plusieurs mois, une partie de la population réclame un retour à un ordre institutionnel normal, tandis qu’une autre affiche un soutien indéfectible aux autorités actuelles, convaincue que les anciens dirigeants ont failli. Cette fracture du corps social s’accompagne d’une crispation politique qui rend toute initiative d’union nationale difficile à concrétiser. Comme le souligne un analyste politique, « il ne suffit pas de tendre la main, encore faut-il qu’elle soit saisie. Or, aujourd’hui, la main de la réconciliation se heurte au mur de la méfiance et du ressentiment ».

Depuis la dissolution des partis politiques en mai dernier, la scène politique est figée, et les relations entre la Transition et les anciens acteurs politiques restent tendues. Bien avant cette mesure, plusieurs leaders d’opinion, anciens ministres, Présidents de partis et figures religieuses avaient été arrêtés, réduits au silence ou contraints à l’exil.

Dans ce contexte, l’appel à l’union sonne à la fois comme une exhortation patriotique et comme un rappel de la nécessité du pardon. « L’union des forces est possible, mais elle exige un changement profond des attitudes et des pratiques. Elle suppose un leadership capable d’inclure plutôt que d’exclure, de réconcilier plutôt que de punir, et surtout une confiance mutuelle qui fait aujourd’hui défaut », souligne notre interlocuteur.

Les conditions d’une union nationale crédible 

Malgré les obstacles, plusieurs observateurs considèrent que l’union sacrée de tous les Maliens demeure une nécessité stratégique pour sortir le pays de l’impasse actuelle.

Cependant, pour qu’une telle union soit possible, elle doit reposer sur des bases sincères. La libération des anciens responsables politiques et des leaders d’opinion incarcérés constituerait un signal fort d’apaisement.

« Le Mali a besoin de tous ses fils. L’Imam Mahmoud Dicko, Moussa Mara, Ras Bath, Ben le Cerveau, Rose « la vie chère », Mamadou Traoré dit Le Roi, l’Imam Sékou Sidibé, l’Imam Bandiougou Traoré, etc., ont tous leur utilité dans la gestion de la crise actuelle », estime Sékou Niamé Bathily, élu local et cadre de l’ancien parti RPM.

Par ailleurs, la restauration du débat public permettrait de retisser le lien entre dirigeants et citoyens. Pour M. Bathily, « il faut accepter qu’il y a des Maliens qui souffrent de la gouvernance actuelle du pays et que d’autres ont le droit d’en parler ».

Enfin, la mise en place d’un cadre de concertation réellement inclusif — associant acteurs politiques, religieux, militaires et société civile — pourrait donner corps à l’idée d’un consensus national.

« Le Mali a déjà connu des moments d’unité dans l’adversité, notamment lors de la crise de 2012. Si la Transition actuelle veut réussir, elle doit comprendre que la force d’un État réside dans sa capacité à écouter et à rassembler, non à imposer et à diviser », conclut un ancien responsable politique.

Mohamed Kenouvi

Mali/États-Unis : Washington lève la caution de visa imposée aux voyageurs

Le Département d’État américain a officiellement retiré, le 23 octobre 2025, le Mali de la liste des pays concernés par son Programme pilote de caution de visa, une mesure qui exigeait des voyageurs un dépôt de garantie pouvant atteindre 15 000 dollars. Cette annonce, faite discrètement à travers une mise à jour sur le site officiel du Département d’État, met fin à une tension diplomatique née entre Bamako et Washington depuis la mise en œuvre de ce dispositif jugé pénalisant.
Le programme, instauré pour cibler les nations dont les ressortissants dépassaient fréquemment la durée légale de séjour aux États-Unis, imposait à certains demandeurs de visas de tourisme ou d’affaires (B-1/B-2) de verser une somme comprise entre 5 000 et 15 000 dollars. Ce montant, placé sur un compte du Trésor américain, n’était restitué qu’à condition que le voyageur quitte le territoire américain dans les délais autorisés. Cette exigence avait immédiatement suscité la réaction du ministère malien des Affaires étrangères, qui avait riposté par une mesure de réciprocité stricte, imposant la même caution aux citoyens américains souhaitant se rendre au Mali.

En retirant désormais le Mali de la liste intitulée Countries Subject to Visa Bonds, Washington rétablit les procédures consulaires ordinaires et rend caduque la mesure de réciprocité malienne. Plusieurs pays africains, comme la Tanzanie, la Mauritanie ou la Zambie, demeurent toutefois soumis au programme. Pour Bamako, cette levée constitue un geste diplomatique fort, perçu comme une reconnaissance de la bonne foi du pays en matière de coopération migratoire.

Ce revirement américain s’inscrit dans une dynamique d’apaisement des relations bilatérales, après plusieurs mois de crispation sur fond de différends politiques et sécuritaires. Il permet de faciliter la mobilité des étudiants, hommes d’affaires et familles, tout en levant une barrière financière et psychologique importante pour les citoyens maliens. En toile de fond, cette décision traduit la volonté des deux capitales de préserver un dialogue constructif, malgré un contexte international parfois tendu.

Éveil Mali lance les « Ateliers Citoyens II » : La jeunesse et les femmes, vecteurs de bonne gouvernance

Le lancement officiel de la Phase II du projet « Les Ateliers Citoyens » d’Éveil Mali, sous la direction de son Coordinateur national Hamma Cissé, s’est déroulé à Bamako le 25 octobre 2025. Ce projet, financé par le Fonds d’Appui aux Moteurs du Changement (FAMOC) du royaume du Danemark, vise à renforcer la participation citoyenne et le leadership des jeunes et des femmes maliennes dans la gestion des affaires publiques.

​L’événement a rassemblé de nombreuses personnalités, soulignant l’importance nationale du projet. On notait la présence de membres éminents du Conseil National de Transition (CNT), dont Amadou Diallo, ainsi que des guides religieux influents tels que Iba Haïdara, Bandjougou Doumbia, et Mohamed Cheick Oumar Coulibaly. Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako, le représentant du FAMOC, le Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali), et le représentant des étudiants maliens au Burkina Faso ont également pris part à la cérémonie.
​Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako a félicité Éveil Mali pour son engagement citoyen et a exhorté les autres organisations à suivre cet exemple pour un Mali plus prospère. Il a également adressé ses remerciements à M. Kaboré, représentant du FAMOC, pour son « engagement constant aux côtés de la jeunesse malienne ».
​« Ateliers Citoyens II » : Une feuille de route pour l’autonomisation
​Éveil Mali est une organisation citoyenne et patriotique, apolitique et inclusive, dont la mission centrale est de contribuer à la promotion de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne des jeunes et des femmes.
​Le Coordinateur national, Hamma Cissé, a présenté la Phase II, un projet de douze (12) mois, dont les objectifs spécifiques visent à renforcer le leadership des jeunes et des femmes, contribuer à l’appropriation par les populations des grandes réformes de la transition et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et consolider leur connaissance et leur respect des institutions et symboles de l’État.
​Le projet ciblera plus de 102 000 bénéficiaires finaux dans plusieurs zones, notamment l’ensemble du district de Bamako, et les communes de Niono (région de Ségou) et de Goundam (région de Tombouctou) pour les activités physiques.
​Le FAMOC : Un soutien structuré aux moteurs du changement
​M. Kaboré du FAMOC a rappelé que le Fonds, financé par le royaume du Danemark, a pour vocation de favoriser l’émergence d’une société malienne plus résiliente et respectueuse des droits humains par des actions focalisées sur la citoyenneté active, la lutte contre l’extrémisme violent et les droits humains.
​Le processus de sélection a été rigoureux, avec 89 projets retenus sur 124 candidatures soumises, dont celui d’Éveil Mali. Le FAMOC propose différents niveaux de subvention pour ses bénéficiaires : les Organisations à grande capacité peuvent obtenir un financement allant de 25 à 125 millions de FCFA pour des projets d’une durée de deux ans ; les Projets d’une année peuvent bénéficier d’un financement allant jusqu’à 80 millions de FCFA ; et les individus et structures informelles peuvent obtenir une subvention allant jusqu’à 20 millions de FCFA pour un projet d’un an.
​Pour finir, Hamma Cissé a lancé un appel vibrant à la responsabilité collective, insistant sur le fait que « Chacun compte » et que « il n’y a pas de petit effort » dans l’édification de la nation. Il a également réitéré la confiance et le soutien total d’Éveil Mali aux Forces Armées Maliennes (FAMA) pour leur rôle crucial.

AFG Bank Mali prépare le lancement du LCCP pour soutenir les entreprises locales

AFG Bank Mali procédera ce lundi 27 octobre 2025, à partir de 9h00, à l’hôtel Radisson Collection, au lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), sous la présidence du Ministre des Mines, le Professeur Keïta.

Cette initiative ambitieuse vise à renforcer la compétitivité des entreprises maliennes du secteur minier et à faire émerger de véritables champions nationaux grâce à un accompagnement financier structuré.

Plusieurs activités marqueront cette journée, notamment un panel sur “Financement et compétitivité locale : bâtir des champions du contenu local” et des rencontres B2B entre acteurs du secteur, institutions financières et entreprises locales.

À travers ce programme, AFG Bank Mali entend confirmer son rôle de catalyseur du développement économique, en mettant le financement au service du conteu local.

Niger : enlèvement d’un pilote humanitaire à Niamey et libération de l’ancien préfet d’un département du nord-est

Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2025, un ressortissant américain, pilote de l’ONG Serving In Mission (SIM) présent au Niger depuis 2010, a été enlevé à Niamey. Le lendemain, le 22 octobre, le commandant Amadou Torda, ancien préfet du département de Bilma, ainsi que quatre de ses compagnons (deux gendarmes, deux soldats de la Garde nationale) ont été libérés après plus d’un an de captivité.

Le pilote américain, âgé de 48 ans selon plusieurs sources, a été retiré de son domicile situé dans le quartier Château 1, un secteur sécurisé près de l’hôtel Bravia et du palais présidentiel. Trois hommes armés non identifiés l’ont emmené. Le Département d’État des États-Unis a indiqué que l’ambassade américaine à Niamey travaille avec les autorités nigériennes pour obtenir sa libération. Aucune revendication n’a encore été faite, et les forces de sécurité nigériennes ont engagé des recherches dès le mercredi 22 octobre. Il s’agit, selon les médias, du premier enlèvement d’un ressortissant étranger à Niamey depuis 2011.
Le pilote enlevé exerçait des missions de transport aérien d’urgence humanitaire pour SIM International, organisation active dans plusieurs pays du Sahel. SIM confirme sa présence au Niger, en soulignant les défis sécuritaires grandissants dans la région.

La seconde situation concerne la libération du commandant Amadou Torda et de ses quatre compagnons qui avaient été enlevés le 21 juin 2024 alors qu’ils revenaient vers Bilma, dans la région d’Agadez. L’enlèvement avait été attribué à un groupe armé non identifié. Des documents de l’époque mentionnaient la mort d’un membre de la délégation et la mise en œuvre d’une vaste opération de recherche par les forces de défense et de sécurité nigériennes. Leur libération, intervenue le 22 octobre 2025 après plus de 16 mois de détention, marque un soulagement dans la communauté locale mais s’inscrit dans un contexte d’insécurité récurrente dans cette zone du nord-est du pays.

Ces deux affaires reflètent la persistance des risques sécuritaires au Niger où les enlèvements – tant de ressortissants étrangers que de représentants de l’État – interviennent dans un contexte de dégradation de la sécurité, en particulier dans les régions du Sahel et du nord-est. L’enlèvement à Niamey d’un humanitaire opérant dans un quartier hautement sécurisé illustre notamment l’extension des menaces urbaines. De son côté, la libération des otages de Bilma souligne la lenteur du processus de réponse, mais aussi la capacité de l’État à conduire des opérations de recherche et de négociation.

L’ONG humanitaire concernée, active depuis des années au Niger, signale que le contexte opérationnel s’est durement complexifié ces dernières années, avec une multiplication d’attaques et d’enlèvements dans les zones rurales et frontalières. Les otages libérés de Bilma étaient détenus dans des conditions qui restaient obscures jusqu’à récemment, et leur retour pose la question de la prise en charge et de la réinsertion de personnels de sécurité confrontés à de tels conflits.

Enfin, la multiplication de ces opérations d’enlèvement met en lumière les défis de l’État nigérien en matière de sécurisation de ses frontières, de protection des humanitaires et de maintien de l’ordre dans des zones de faible densité administrative. Le retour à la normale pour les familles et les organisations concernées va nécessiter une gestion psychologique, matérielle et institutionnelle.

Étienne Fakaba Sissoko : “L’Eco ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous contrainte politique

Alors que la mise en circulation de la monnaie unique “Eco” est annoncée pour 2027, les incertitudes économiques et politiques fragilisent toujours le projet. L’économiste Étienne Fakaba Sissoko estime que cette transition ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous fortes contraintes régionales.

Où en est selon vous le projet de passage du franc CFA à la monnaie unique “Eco” annoncé pour 2027 ?

Le calendrier de 2027 reste celui inscrit dans la feuille de route officielle de la CEDEAO. Mais il faut reconnaître que cette échéance relève davantage de l’ambition politique que de la réalité économique.
La plupart des pays ne remplissent pas encore durablement les critères de convergence fixés — déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, inflation maîtrisée, réserves suffisantes pour trois mois d’importations.
La succession de chocs — pandémie, guerre en Ukraine, crise énergétique, insécurité régionale — a repoussé les ajustements nécessaires.

De plus, la recomposition géopolitique actuelle, marquée par la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, complexifie l’architecture du projet monétaire commun. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur arrimage politique à la CEDEAO est désormais suspendu, ce qui fragilise la gouvernance collective.

En réalité, 2027 sera sans doute une étape symbolique, marquant le lancement d’un noyau d’États “prêts” sur le plan macroéconomique et institutionnel, plutôt qu’un basculement simultané de l’ensemble de la région.

Quelles différences majeures distinguent le futur Eco du FCFA actuel, sur le plan technique et institutionnel ?

Il faut distinguer deux trajectoires : la réforme déjà engagée au sein de l’UEMOA et le projet d’Eco plus large porté par la CEDEAO.

La réforme UEMOA, amorcée en 2019, a été importante sur le plan institutionnel :
• suppression du compte d’opérations logé au Trésor français ;
• fin de l’obligation de dépôt de 50 % des réserves de change en France ;
• retrait des représentants français des instances de la BCEAO et de la Commission bancaire.

Cependant, cette réforme n’a pas modifié le cœur du régime monétaire : la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues, désormais sous la forme d’une ligne de crédit.

Le futur Eco de la CEDEAO, en revanche, suppose un changement d’échelle et de philosophie. Il devrait inclure des pays aux structures économiques très différentes — Nigeria, Ghana, Sierra Leone, Cap-Vert — ce qui nécessitera de repenser entièrement la gouvernance, les règles de convergence, et le régime de change.
C’est sur ce terrain institutionnel que se jouera la véritable rupture avec le modèle actuel.

L’arrimage à l’euro reste-t-il une garantie de stabilité ou un frein à la souveraineté monétaire ?

C’est à la fois une source de crédibilité et une contrainte systémique.
L’arrimage à l’euro a permis de préserver la stabilité des prix, de limiter les dérapages monétaires et de maintenir la confiance des investisseurs. En 2024, la BCEAO affichait l’une des inflations les plus faibles du continent et un niveau de réserves satisfaisant : c’est la face vertueuse du système.

Mais cette stabilité a un coût : la perte d’autonomie de décision. La BCEAO ne peut pas ajuster son taux de change pour soutenir ses exportations, ni utiliser pleinement la politique monétaire pour amortir les chocs.
Donc, l’arrimage protège contre l’instabilité, mais il verrouille la capacité d’adaptation.

L’enjeu aujourd’hui n’est pas de rompre brutalement avec le peg, mais de le redéfinir dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional, des marchés financiers intégrés et une coordination budgétaire renforcée.

Quelle place occupe aujourd’hui la France dans la gouvernance du système monétaire ouest-africain ?

Formellement, la France n’exerce plus de pouvoir décisionnel dans la gouvernance monétaire de l’UEMOA. Elle ne siège plus dans les conseils de la BCEAO ni dans les comités de politique monétaire.
Son rôle se concentre désormais sur la garantie de convertibilité, assurée par une ligne de crédit, et sur la parité fixe avec l’euro.

Autrement dit, l’influence directe a disparu, mais l’influence structurelle demeure.
Tant que la stabilité de la zone dépendra de l’ancrage à l’euro et du soutien de Paris en cas de crise de liquidité, la relation restera asymétrique.
C’est ce que j’appelle une indépendance encadrée : l’Afrique de l’Ouest a gagné en autonomie institutionnelle, mais pas encore en souveraineté stratégique.

Quels défis spécifiques le Mali devra-t-il affronter dans cette transition, notamment après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) ?

Le Mali se trouve aujourd’hui au carrefour de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture politique avec la CEDEAO et son adhésion à l’Alliance des États du Sahel.
Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire.

Techniquement, Bamako reste adossé à la BCEAO, donc au système du franc CFA, mais la sortie de la CEDEAO complique son intégration à la future monnaie Eco.
Politiquement, l’AES évoque la création d’une architecture économique autonome, voire de mécanismes de paiement intra-Sahel, mais sans cadre technique ou institutionnel concret à ce jour.

Le Mali devra donc préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Cela suppose de renforcer la discipline budgétaire, la transparence financière et la résilience économique interne, faute de quoi toute ambition de souveraineté monétaire resterait illusoire.

Selon vous, le débat sur le FCFA est-il avant tout économique, politique ou symbolique ?

C’est un débat éminemment total : à la fois économique, politique et symbolique.

Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies.
Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ?
Et sur le plan symbolique, il touche à la mémoire postcoloniale, à la quête de dignité et à la légitimité des institutions héritées.

En vérité, le débat sur le franc CFA est le miroir des contradictions africaines : vouloir la souveraineté sans en assumer les disciplines internes.
Changer de monnaie n’aura de sens que si nous changeons notre rapport à la production, à la dépense publique et à la gouvernance.
Autrement, l’Eco ne serait qu’un rebranding monétaire, sans transformation économique réelle.

Finalement, le passage du franc CFA à l’Eco ne doit pas être vu comme un acte de rupture, mais comme un processus d’ajustement institutionnel vers une souveraineté monétaire effective.
Le véritable enjeu n’est pas de savoir quand l’Eco sera lancé, mais dans quelles conditions il sera viable.
Car sans discipline budgétaire, sans convergence macroéconomique et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine — fût-elle rebaptisée Eco.

AFG Bank Mali lance le LCCP pour soutenir les entreprises locales du secteur minier

AFG Bank Mali a annoncé le lancement du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative ambitieuse visant à renforcer la participation des sous-traitants et fournisseurs locaux dans le secteur minier malien.

​Doté d’une enveloppe de 100 milliards de FCFA, le programme vise à identifier, accompagner et valoriser des champions locaux à fort potentiel. Ces entreprises bénéficieront d’un appui structuré combinant financement sur mesure, renforcement des capacités et conseil en investissement. Les financements proposés incluent des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage, les garanties et des solutions de capital-risque.

​Le LCCP cible principalement les sous-traitants locaux opérant dans les services, la logistique, la sous-traitance ou la fourniture de biens liés aux opérations minières.

​À travers ce programme, AFG Bank Mali ambitionne de créer 2 000 emplois d’ici 2027 et de faire émerger une trentaine de champions nationaux.

​Le lancement officiel est prévu le 27 octobre 2025 à Bamako. Cette rencontre réunira les acteurs du secteur minier, les institutions publiques et les partenaires techniques.

Loulo-Gounkoto : la mine d’or redémarre après neuf mois d’arrêt

Suspendues depuis janvier 2025, les activités du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, dans la région de Kayes, ont officiellement repris à la mi-octobre. Ce redémarrage met fin à plus de neuf mois d’interruption provoquée par un différend fiscal et contractuel entre l’État malien et la société Barrick Gold Corporation, jusque-là opératrice principale du site.

Selon plusieurs sources industrielles, la production a redémarré progressivement sous la supervision d’une administration provisoire malienne nommée en juin. Les premières extractions de minerai ont déjà repris sur la mine de Loulo, tandis que les opérations de traitement sont en phase de montée en puissance. Le complexe, considéré comme le plus important du pays, avait produit près de 723 000 onces d’or en 2024 avant la suspension des activités.

La reprise marque un tournant pour le secteur minier national, dont les recettes avaient connu une forte contraction au premier semestre 2025. Les autorités maliennes, qui entendent renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles, affirment vouloir garantir la continuité de la production tout en renégociant les conditions d’exploitation pour mieux préserver les intérêts de l’État.

Barrick Gold, tout en réaffirmant sa volonté de dialogue, n’a pas encore annoncé de retour officiel à la gestion du site. Le complexe Loulo-Gounkoto emploie plusieurs milliers de travailleurs maliens et constitue l’un des piliers des exportations du pays. Sa relance devrait contribuer à stabiliser les revenus aurifères et à soutenir les réserves budgétaires dans un contexte économique tendu.

Côte d’Ivoire : Un scrutin sans suspense mais à forte portée régionale

À deux jours de la présidentielle du 25 octobre, la Côte d’Ivoire se prépare à un vote marqué par l’absence de ses grandes figures d’opposition. Face à une scène politique recomposée, Alassane Ouattara aborde ce rendez-vous décisif dans une région en pleines turbulences.

Cinq candidats sont officiellement en lice pour la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025, validés par le Conseil constitutionnel au terme d’un processus tendu. Le Président sortant Alassane Ouattara, 83 ans, brigue un quatrième mandat sous les couleurs du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix. Face à lui, quatre visages aux parcours contrastés tentent de rompre la logique d’un pouvoir solidement installé. Simone Ehivet, ancienne Première Dame et ex-compagne de Laurent Gbagbo, veut incarner un retour moral et patriotique après des années de silence politique. Jean-Louis Billon, homme d’affaires et ancien ministre du Commerce, mise sur la souveraineté économique et la bonne gouvernance. Ahoua Don Mello, proche de l’ancien Président Gbagbo, prône une alternative nationaliste, tandis que Henriette Lagou ADJOUA, indépendante, s’appuie sur sa réputation de ténacité politique. Malgré la présence de ces profils contrastés, la campagne s’est déroulée dans un calme relatif, sans grands rassemblements, révélant à la fois la discipline du pouvoir et la résignation d’une partie de l’électorat.

Mais, derrière la diversité affichée, la compétition semble déjà pliée. Plusieurs figures majeures de la vie politique ivoirienne – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam et Pascal Affi N’Guessan – ont été écartées de la course pour des raisons judiciaires ou administratives. Ces exclusions nourrissent la contestation et fragilisent la perception de légitimité du scrutin. Le véritable enjeu pourrait alors résider dans le taux de participation. Entre lassitude électorale et sentiment d’inutilité du vote, la mobilisation populaire déterminera la portée politique du résultat.

Au-delà des frontières ivoiriennes, ce scrutin résonne dans une Afrique de l’Ouest en recomposition. La CEDEAO, affaiblie par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, tente de restaurer son autorité morale en prônant l’alternance et la bonne gouvernance. Les tensions frontalières, la pression migratoire venue du Sahel, l’inflation et la menace jihadiste complètent un paysage d’incertitudes. Dans ce contexte, la stabilité de la Côte d’Ivoire est un enjeu collectif pour la région, entre promesse de continuité et besoin d’exemplarité démocratique.

À l’heure où la CEDEAO tente de restaurer son image d’espace d’alternance et de stabilité, la Côte d’Ivoire, par son poids économique et politique, reste observée comme le baromètre de la démocratie ouest-africaine.

Crise de carburant : Les revendeurs sur la sellette

Le Mali tente d’enrayer la pénurie de carburant qui paralyse l’économie depuis plusieurs semaines. Les autorités ont restreint la vente aux acteurs informels, une mesure qui accentue les difficultés des populations rurales et de milliers de petits opérateurs.

La crise du carburant affecte désormais tous les secteurs d’activité. Depuis les attaques de camions-citernes survenues mi-septembre, l’approvisionnement est fortement perturbé, aggravant la pénurie jusque dans la capitale. Face à l’ampleur de la situation, les autorités ont annoncé des mesures destinées à stabiliser le marché et à sécuriser la chaîne logistique. Parmi celles-ci, la restriction de la vente par les revendeurs, censée éviter les spéculations et limiter le détournement du produit vers les groupes armés. Une mesure jugée nécessaire mais difficile à appliquer dans un contexte de forte demande et de hausse continue des prix.

De plus, cette crise a déjà provoqué une baisse sensible du transport des marchandises et du trafic urbain, entraînant des pertes économiques estimées à plusieurs milliards de francs CFA. Le Mali, dont la consommation mensuelle avoisine 65 millions de litres pour une capacité de stockage de 53 853 m³, est dépendant à plus de 90% des importations transitant principalement par le port de Dakar. Toute perturbation logistique sur cet axe ou aux frontières fragilise l’ensemble du système énergétique national.

Gestion à long terme

La pénurie a révélé les limites structurelles du dispositif de gestion et de distribution des produits pétroliers. Pour résoudre durablement la crise, les autorités annoncent le renforcement des escortes des camions-citernes, la surveillance accrue de la distribution afin d’éviter les pratiques spéculatives et une politique de stockage plus ambitieuse.

À Bamako, les files d’attente s’allongent devant les stations-service tandis que les revendeurs informels prospèrent. Entre 1 500 et 2 000 francs CFA le litre, les consommateurs n’ont guère le choix. Dans les villes de province, les autorités tentent de rationner la distribution quand le produit est disponible. À Ségou, un conducteur de mototaxi confie : « cela fait trois jours que j’attends. Les stations disent qu’il n’y en a plus. » En attendant le prochain ravitaillement, il espère que « les autorités reprendront le dessus ».

Dans d’autres localités comme Fana ou Moussala, les habitants évoquent les mêmes difficultés d’approvisionnement. Les revendeurs, désormais exclus du circuit, peinent à s’adapter tandis que les populations redoutent une crise prolongée. Au-delà de la gestion immédiate, la situation interroge sur la soutenabilité du modèle énergétique national et le coût croissant des subventions publiques dans un contexte de tensions budgétaires.

Tournoi UFOA-A U17 2025 : Un bilan satisfaisant

Le tournoi de l’UFOA-A U17 2025 s’est achevé le 18 octobre à Bamako, après deux semaines de matches intenses et riches en émotions. Huit sélections de la sous-région étaient en lice pour décrocher le titre et les deux places qualificatives pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations U17.

Champion en titre, le Sénégal a conservé son trophée avec autorité. Invaincus tout au long de la compétition, les Lionceaux ont affiché une solidité collective impressionnante. Emmenés par Souleymane Commissaire Faye, auteur d’un doublé en finale, ils ont dominé le Mali 2–0 pour s’adjuger une troisième couronne zonale après celles de 2018 et 2024.

De son côté, le Mali n’a pas démérité. Logés dans le groupe A avec la Gambie, la Guinée-Bissau et le Libéria, les Aiglonnets ont entamé le tournoi par une large victoire 6–0 face au Libéria avant d’enchaîner avec deux matches nuls (1–1 contre la Guinée-Bissau et 2–2 face à la Gambie).

En demi-finale, les jeunes Maliens ont éliminé la Guinée (2–1) grâce à une belle réaction collective, avant de s’incliner face à un Sénégal plus expérimenté lors de la finale.

Malgré la déception du dernier match, les protégés du sélectionneur Demba Mamadou Traoré ont atteint leur principal objectif : la qualification pour la CAN U17 2026, aux côtés du Sénégal.

Derrière les finalistes, la Guinée-Bissau a décroché la troisième place en venant à bout de la Guinée lors de la petite finale, confirmant ainsi sa montée en puissance dans les catégories de jeunes.

Une vitrine pour la jeunesse ouest-africaine  

Sur le plan individuel, le Sénégalais Souleymane Commissaire Faye a été élu à la fois meilleur joueur et meilleur buteur de la compétition, tandis que son coéquipier Assane Sarr a remporté le trophée de meilleur gardien.

Côté malien, même si la force du collectif a été la clé du parcours, plusieurs talents se sont distingués, à l’image du capitaine Ismaël Kamissoko des Étoiles du Mandé, ainsi que des attaquants Mohamed Sogodogo du FC Malikoura et Fousseyni Sidibé du CSB.

L’organisation de ce tournoi, unanimement saluée par les délégations participantes, a confirmé la capacité du Mali à accueillir de grands rendez-vous sportifs. Au-delà du sacre sénégalais, la compétition a démontré la vitalité et le potentiel du football de jeunes en Afrique de l’Ouest.

Le rendez-vous est désormais pris pour la CAN U17 2026, où le Sénégal et le Mali tenteront de porter haut les couleurs de la sous-région, aux côtés des représentants de l’UFOA-B, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Mohamed Kenouvi

Reprise des cours : Paix fragile dans les écoles publiques

Les élèves des écoles publiques ont repris les cours ce 20 octobre 2025. Près de trois semaines après la rentrée, les enseignants ont accepté de lever leur mot d’ordre d’arrêt de travail consécutif à la suspension de leurs salaires à la suite des conclusions du Système de gestion des ressources humaines (SIGRH). Une reprise bienvenue, mais qui reste suspendue au respect par le gouvernement de ses engagements.

Après dix-neuf jours d’arrêt de travail, les élèves des écoles publiques de Bamako et de plusieurs localités du pays ont enfin retrouvé le chemin de l’école. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 avait officiellement eu lieu le 1er octobre, la Synergie des syndicats de l’éducation avait lancé un mot d’ordre d’arrêt de travail pour exiger la régularisation des salaires suspendus. À la suite de discussions avec les autorités, la Synergie a annoncé le 13 octobre la suspension de son mot d’ordre et fixé la reprise effective des cours au 20 octobre. Partout, l’enjeu est désormais le rattrapage des semaines perdues accumulées.

Une paix précaire

Mais cette reprise s’effectue dans un climat tendu. Outre la course contre la montre que devront désormais mener enseignants et élèves pour rattraper le retard accumulé, les syndicats préviennent que la trêve reste fragile. Dans une lettre datée du 17 octobre et adressée au Gouverneur du District de Bamako, la Coordination des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 félicite ses militants tout en invitant les autorités « au respect du chronogramme des traitements de salaires établi le 14 octobre 2025 ». La coordination syndicale prévient : en cas de non-respect des engagements, une grève sera déclenchée automatiquement le 27 octobre 2025.

Si cette reprise est un soulagement pour les parents d’élèves, la stabilité de l’année scolaire demeure incertaine. Certaines représentations régionales de la Synergie dénoncent la lenteur dans la régularisation des salaires et conditionnent la reprise effective des cours à une satisfaction totale de leurs revendications. D’autres continuent le processus d’enrôlement des enseignants concernés.

Pour mémoire, le rapport du SIGRH, remis aux autorités le 15 août 2025, avait révélé plus de 36 000 fonctionnaires fictifs, entraînant la suspension de leurs salaires à partir du mois de septembre. Une mesure qui continue de provoquer de vives tensions dans le secteur éducatif.

Franc CFA : Une monnaie en sursis ou en transition ?

À quatorze mois du lancement annoncé de la monnaie unique Eco et à la veille du quatre-vingtième anniversaire du franc CFA, la question de l’avenir de la monnaie ouest-africaine revient sur le devant de la scène. Entre héritage historique, stabilité économique et souveraineté politique, la région cherche à définir les contours d’une nouvelle ère monétaire.

Créé le 26 décembre 1945, le franc CFA demeure, près de quatre-vingts ans plus tard, l’une des devises les plus anciennes en circulation sur le continent. Instrument de stabilité pour certains, symbole de dépendance pour d’autres, il est au cœur des débats sur la souveraineté et l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest.

Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, « le débat sur le franc CFA s’inscrit dans une dynamique plus large, celle d’une réorganisation des zones monétaires ouest-africaines ». Il rappelle : « il existe aujourd’hui deux blocs – l’UEMOA et la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) – qui devraient converger vers une monnaie unique, l’Eco, prévue pour 2027 ».

Souvent présenté comme un vestige du passé colonial, le franc CFA a pourtant connu plusieurs mutations majeures. D’abord baptisé franc des Colonies Françaises d’Afrique, il devient à l’indépendance franc de la Communauté Financière Africaine pour l’UEMOA et franc de la Coopération Financière en Afrique centrale pour la CEMAC.

La dévaluation de 1994 et la réforme de 2019 ont transformé sa gouvernance. Les pays de l’UEMOA ne déposent plus leurs réserves au Trésor français et la France ne siège plus dans les instances de la BCEAO.

Stabilité monétaire

De plus, l’arrimage à l’euro (1 € = 655,957 franc CFA) demeure un choix de stabilité monétaire comparable à d’autres régimes de change dans le monde. Des pays comme le Danemark, le Maroc ou le Qatar arriment également leur monnaie à une devise forte sans y voir une atteinte à leur souveraineté.

Ce système assure la prévisibilité des prix et la confiance des investisseurs, mais limite la marge de manœuvre monétaire des États membres.

Selon la BCEAO, la zone UEMOA – huit pays dont le Mali – a enregistré en 2024 une croissance moyenne de 5,7% et une inflation de 3,4%, parmi les plus faibles du continent. Les réserves de change, estimées à 16,1 milliards d’euros, couvrent environ quatre mois et demi d’importations, tandis que la dette publique moyenne atteint 52% du PIB.

Réformes inachevées et enjeux régionaux

L’accord signé en décembre 2019 entre la France et les États membres de l’UEMOA visait à moderniser la Zone franc avec le retrait des représentants français, la création d’un compte de garantie à la BCEAO et l’autonomie soutenue de la banque centrale. Ces réformes ont renforcé la gouvernance régionale sans remettre en cause la parité fixe avec l’euro.

L’Eco en ligne de mire

En parallèle, la CEDEAO poursuit le projet de monnaie unique Eco, dont le lancement est prévu pour 2027. Les chefs d’État ont confirmé cette date lors du sommet d’Abuja de juillet 2024, sous réserve du respect des critères de convergence : déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB, inflation maîtrisée, réserves couvrant au moins trois mois d’importations et ratio dette/PIB inférieur à 70. À ce jour, seuls deux pays remplissent durablement ces conditions.

Selon Modibo Mao Makalou, « l’Eco sera une monnaie ouest-africaine émise par une banque centrale fédérale, dotée d’un taux de change flexible adossé à un panier de devises ». Il précise que « seuls les pays respectant les critères de convergence macroéconomique fixés par la CEDEAO seront éligibles », une condition qui rendra la mise en œuvre progressive.

Souveraineté monétaire en débat

Pour l’économiste Étienne Fakaba Sissoko, la question du franc CFA dépasse les frontières de la technocratie. « Le débat sur le franc CFA est à la fois économique, politique et symbolique. Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la Zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies. Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ? ».

Sissoko estime que les réformes menées depuis 2019 ont renforcé la forme plus que le fond : « la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues. L’arrimage est une source de crédibilité, mais aussi une contrainte : il protège contre l’instabilité mais limite la capacité d’adaptation ».

Il plaide pour une transition graduelle : « l’enjeu n’est pas de rompre brutalement, mais de redéfinir la relation monétaire dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional et une coordination budgétaire renforcée ».

Le Mali à la croisée des chemins

La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO en janvier 2025 et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) redessinent la carte institutionnelle régionale. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur position au sein du futur Eco reste incertaine.

Pour Étienne Fakaba Sissoko, cette situation crée une zone grise monétaire : « le Mali se trouve à la croisée de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture avec la CEDEAO et son adhésion à l’AES. Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire ».

Pour Modibo Mao Makalou, « aucune incompatibilité n’existe pour le moment entre l’AES et l’UEMOA ». Il estime que « ces deux cadres peuvent coexister, car l’UEMOA repose sur un traité solide d’intégration économique et monétaire, avec des politiques sectorielles harmonisées et un Tarif extérieur commun ».

Certains analystes, comme Madou Cissé, appellent à la prudence face à une monnaie propre à l’AES. Dans une analyse publiée récemment, il souligne que ces pays « affichent une balance commerciale déficitaire » et que « près de 40% des importations devraient être couvertes par un stock supplémentaire de devises ». Il estime qu’une monnaie autonome mal préparée pourrait accroître les coûts de transaction et fragiliser les échanges dans une économie encore dépendante des importations.

Makalou souligne, quant à lui, qu’une monnaie nationale « doit reposer sur la solidité de l’économie réelle et sur un appareil institutionnel crédible ». Il rappelle qu’une banque centrale indépendante devrait « assurer la stabilité des prix, gérer les réserves de change et garantir la sécurité du système bancaire ».

Pour autant, des experts s’accordent néanmoins sur la nécessité d’une préparation concertée : « le Mali devra préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Sans discipline budgétaire et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine – fût-elle rebaptisée Eco », conclut Sissoko.

Les précédents guinéen et mauritanien

Rappelons que la Guinée et la Mauritanie faisaient partie de la Zone franc avant de la quitter respectivement en 1960 et 1973. La Guinée, première à se retirer, a connu une crise de liquidité et une inflation rapide après la création du franc guinéen. La Mauritanie, avec l’introduction de l’ouguiya, a subi plusieurs années d’instabilité avant de retrouver un équilibre. Ces expériences illustrent les risques d’une transition monétaire précipitée sans réserves ni instruments de stabilisation suffisants.

Perspectives pragmatiques

La transition vers l’Eco, prévue pour 2027, s’annonce progressive. Plusieurs scénarios sont évoqués : maintien d’un CFA réformé, adoption partielle de l’Eco par les pays les plus préparés ou création de mécanismes parallèles au sein du Sahel.

Pour Modibo Mao Makalou, la réussite de la transition dépendra aussi du rôle du secteur privé. Il appelle à « mobiliser l’épargne régionale, créer des marchés financiers intégrés et allonger la durée des crédits » afin de financer les investissements productifs et environnementaux.

La BCEAO rappelle que l’objectif premier demeure la stabilité macroéconomique et la protection du pouvoir d’achat. Selon ses données 2025, la Zone UEMOA conserve « des fondamentaux solides » malgré les pressions sécuritaires et climatiques.

À l’aube de ses 80 ans, le franc CFA en est aujourd’hui à une étape décisive de son histoire, entre autonomie institutionnelle et dépendance structurelle. Pour les experts, l’enjeu n’est pas la rupture, mais la construction d’une souveraineté monétaire pragmatique conciliant stabilité, intégration régionale et indépendance économique.

MD

Hiérarchie militaire : Des changements au sommet pour une nouvelle dynamique

Trois officiers supérieurs prennent désormais la tête de postes stratégiques au sein des Forces armées. Cette réorganisation, décidée en Conseil des ministres, intervient dans un contexte sécuritaire tendu et traduit une volonté d’adaptation du commandement.

Le Conseil des ministres du 22 octobre 2025 a procédé à d’importants changements au sein de la hiérarchie militaire. Trois nouvelles figures ont été nommées à des postes clés de l’appareil de défense nationale. Le Général Élisée Jean Dao devient Chef d’état-major général adjoint des Armées, en remplacement du Général Kéba Sangaré. Le Général Toumani Koné prend la tête de l’Armée de Terre, succédant au Général Harouna Samaké, tandis que le Général Sambou Minkoro Diakité est désormais Directeur de la Sécurité militaire, en lieu et place du Général Nouhoum Ouattara.

Cette recomposition intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques armées, notamment contre les convois de ravitaillement et les infrastructures stratégiques. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement opérationnel visant à renforcer la discipline, le renseignement et la coordination sur le terrain. Selon plusieurs sources militaires, les profils choisis reflètent la priorité accordée à l’expérience du combat et à la maîtrise des réalités opérationnelles.

Le Général Élisée Jean Dao, ancien ambassadeur au Gabon et officier reconnu pour son rôle dans la bataille de Konna en 2013, est rappelé pour mettre son expérience au service du commandement central. Le Général Toumani Koné, ancien commandant de région militaire, est réputé pour sa connaissance du terrain et son approche tactique. Quant au Général Sambou Minkoro Diakité, ancien directeur de la Gendarmerie nationale, il hérite d’une direction sensible, celle du renseignement et de la sécurité militaire, pivot de la lutte contre les infiltrations et les défaillances internes.

Cette réorganisation du haut commandement marque une étape importante dans la stratégie de défense nationale. Elle intervient à un moment où l’armée concentre ses efforts sur la sécurisation des grands axes économiques et sur la stabilisation des zones en proie à l’insécurité. En confiant la direction des forces à des officiers de terrain, les autorités entendent renforcer la réactivité et la cohésion au sein des structures militaires, dans un contexte de guerre asymétrique où l’adaptation reste la clé de l’efficacité opérationnelle.

Innovation agricole : MITA 2025 mise sur la durabilité

Bamako accueille la 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA), centrée sur la gestion intégrée des sols. La rencontre, présidée par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, met l’accent sur la modernisation et la résilience du secteur agricole face aux changements climatiques.

La 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA) s’est ouverte lundi 20 octobre 2025 à Bamako. La cérémonie d’inauguration, placée sous la présidence du Premier ministre Abdoulaye Maïga, marque également le lancement de la 2ᵉ édition du Prix d’Innovation Agricole Abdoulaye Touré. L’événement est organisé par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) autour du thème « Technologies et innovations agricoles pour la gestion intégrée des sols », selon les informations publiées par le CORAF.
Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé l’importance stratégique du secteur agricole, qui contribue à 40 % du Produit Intérieur Brut, emploie plus de 70 % de la population active et représente la principale source de revenus pour 80 % des populations rurales. L’agriculture génère également près de 30 % des recettes d’exportation. Le Mali dispose, selon les chiffres officiels, de 43,7 millions d’hectares de terres agricoles utilisables dont 4,5 % seulement sont cultivés, et de 2,2 millions d’hectares aménageables exploités à 23,5 %. Le pays compte un cheptel estimé à 14 millions de bovins, 58 millions d’ovins et de caprins, 1,3 million de camelins et 63 millions de volailles, ainsi qu’un potentiel hydrique évalué à 70 milliards de mètres cubes d’eaux de surface et 2 720 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines.
Le projet structurant « Farafinna Jiginɛ » — « Nourrir le Mali et la Sous-région » — a également été cité parmi les priorités du gouvernement. Inscrit dans la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) sur la période 2024-2033, il vise à renforcer la sécurité alimentaire nationale et régionale grâce à une production agricole accrue et durable.
Selon le CORAF, le MITA 2025 constitue une plateforme régionale destinée à promouvoir les pratiques écologiques et les innovations agricoles adaptées aux conditions sahéliennes. L’événement réunit durant cinq jours chercheurs, producteurs et entrepreneurs venus notamment du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. Plus de cent technologies sont présentées, parmi lesquelles des biofertilisants, des systèmes de compostage rapide, du biochar et des capteurs intelligents destinés à améliorer la gestion des sols et la productivité agricole.
Le ministre de l’Agriculture, plusieurs membres du gouvernement, des représentants du secteur privé et des organisations paysannes ont pris part à la cérémonie. Les discussions s’articulent autour de panels techniques et de sessions de partenariat visant à renforcer la coopération scientifique et commerciale entre les pays de la sous-région. Selon les organisateurs, cette édition s’inscrit dans la continuité des efforts régionaux pour promouvoir des innovations capables de répondre aux défis conjoints de la dégradation des terres, de la sécurité alimentaire et du changement climatique en Afrique de l’Ouest.

Soudan : la guerre relance le trafic d’armes et redessine les routes du Sahel

La guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide bouleverse les équilibres sécuritaires régionaux. Un rapport de la Global Initiative, publié le 19 octobre 2025, révèle comment ce conflit a ravivé un vaste commerce d’armes, reliant désormais le Soudan à tout le Sahel.

La guerre au Soudan ne se limite plus à Khartoum ou au Darfour. Depuis plus de deux ans, le fracas des combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) résonne bien au-delà des frontières. Selon un rapport publié le 19 octobre 2025 par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), le conflit a profondément réorganisé le trafic d’armes sur le continent africain.

L’étude décrit deux circuits parallèles d’approvisionnement. Le premier, officiel, repose sur des transferts soutenus par certains États alliés du gouvernement soudanais. Des convois militaires, des avions cargos et la redistribution d’arsenaux existants alimentent directement les forces en présence. Le second réseau, informel, se nourrit des routes anciennes du commerce saharien, animées par des trafiquants, des familles transfrontalières et des groupes criminels. Ces filières, réactivées par la guerre, passent par le Darfour, l’est du Tchad et le sud de la Libye, avant d’atteindre le Niger et parfois le Mali.

Les marchés tchadiens et libyens regorgent aujourd’hui d’armes plus modernes et plus puissantes qu’avant le conflit. Le rapport cite notamment la mitrailleuse DShKM, version modernisée d’un modèle soviétique, vendue jusqu’à 11 400 dollars dans la zone frontalière entre l’Algérie, la Libye et le Niger. Trois villes du Tchad — Tiné, Abéché et Adré — sont devenues des plaques tournantes du commerce illégal. De là, les cargaisons prennent la direction de l’ouest, rejoignant les routes du désert qui traversent le Niger avant d’alimenter les marchés du Sahel.

Pour la Global Initiative, ces flux ne se limitent pas à une logique de contrebande. Ils traduisent la naissance d’une économie de guerre continentale, où acteurs étatiques et réseaux criminels se croisent et se complètent. La guerre du Soudan agit comme un catalyseur, réactivant des circuits anciens et en ouvrant de nouveaux.

Le phénomène inquiète les observateurs régionaux. Les armes issues du conflit soudanais se retrouvent déjà entre les mains de groupes armés opérant au Mali et au Niger, deux pays fragilisés par la multiplication des insurrections et des zones échappant au contrôle de l’État. Cette circulation transfrontalière complexifie la lutte contre le terrorisme et renforce les économies parallèles dans un espace déjà saturé de trafics.

Derrière ces flux invisibles, c’est une autre géographie du pouvoir qui se dessine. Le Soudan devient le point d’origine d’un système où chaque cargaison nourrit un nouvel affrontement. Dans ce vaste marché de la survie et des armes, le Sahel n’est plus une destination finale, mais une extension naturelle d’un conflit devenu continental.

Mali–Sahel, la paix sous écoute : quand les populations reprennent la parole

Un rapport d’Oxfam révèle la réalité vécue par les civils du Mali et du Sahel face à la violence persistante. Derrière les bilans diplomatiques, une parole s’élève pour réclamer une paix adaptée aux réalités locales, plus humaine et plus inclusive.

Les civils du Mali, comme ceux du Sahel en général, vivent au cœur d’une insécurité chronique où les armes dictent souvent la loi. Le rapport Seen but Not Heard, publié par Oxfam en octobre 2025, plonge dans leur quotidien. Il s’appuie sur les témoignages de 1 601 personnes réparties entre le Mali, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, dont 765 femmes et 836 hommes. L’enquête, menée entre juillet 2024 et mars 2025, restitue leurs expériences face aux acteurs censés les protéger.

Au Mali, les récits recueillis montrent à quel point la population reste prise entre plusieurs forces. Toutes jouent un rôle, mais la confiance qu’on leur accorde varie d’un village à l’autre. Beaucoup de Maliens disent avoir perdu foi dans un système qui promet la paix sans la livrer.

L’exemple de la MINUSMA, déployée de 2013 à 2023, illustre cette ambivalence. Dans le nord, notamment à Gao, plusieurs habitants reconnaissent que la mission a contribué à stabiliser certaines zones et à créer de l’emploi. Plus au centre, dans les régions de Mopti et de Ségou, la perception est tout autre : les habitants se disent déçus d’une présence jugée distante et trop bureaucratique. Certains estiment que les casques bleus n’ont pas su écouter les besoins des populations ni s’adapter à leurs priorités.

Depuis son départ, les Maliens oscillent entre fierté et inquiétude. Fierté, parce que la fin de la mission est perçue par une partie de l’opinion comme un acte de souveraineté retrouvée. Inquiétude, parce que l’État reste fragile et que la protection des civils repose souvent sur des initiatives locales. Dans plusieurs localités, Oxfam a observé la montée de comités de veille, de groupes de médiation et de collectifs de femmes qui préviennent les tensions ou réparent les liens entre communautés. Ces structures, parfois soutenues par des ONG, s’imposent comme des relais essentiels de la cohésion sociale.

Le rapport situe ce phénomène dans un contexte régional plus large. À travers tout le Sahel, la confiance envers les forces internationales s’est érodée. Les missions onusiennes, tout en ayant contribué à contenir la violence, ont fini par se heurter aux attentes de populations qui veulent désormais construire leur propre sécurité. Dans le même temps, les États revendiquent un contrôle total de leurs territoires, préférant miser sur des partenariats bilatéraux ou sur des forces régionales.

Oxfam conclut que le modèle actuel du maintien de la paix est à bout de souffle. Les populations ne rejettent pas l’idée d’une présence internationale, mais elles réclament d’être entendues. Pour beaucoup de Maliens, la paix ne viendra pas d’un mandat ni d’une base militaire, mais d’une écoute plus attentive et d’un soutien réel aux initiatives communautaires.

Au-delà des institutions, ce sont donc les habitants du Sahel qui, malgré la fatigue et les blessures, réinventent la paix à leur manière — avec les moyens du bord, et la volonté farouche de continuer à vivre.

UFOA A U17 : le Sénégal reprend la couronne

Les jeunes Lionceaux du Sénégal ont battu le Mali en finale du tournoi de la zone Ouest A U17, renouant avec le titre. Cette victoire confirme leur domination régionale.

La grande finale du tournoi U17 de la zone Ouest A (UFOA A), disputée samedi 18 octobre 2025 à Bamako, a opposé le Mali, pays hôte, à son voisin sénégalais. Le Sénégal est reparti vainqueur sur le score de 2-0. L’affiche, attendue depuis la phase de groupes, a tenu toutes ses promesses sur le plan de l’engagement et de l’intensité. Le Mali avait su éliminer la Guinée en demi-finale, ce qui lui avait ouvert la voie vers cette finale.
Le Sénégal, quant à lui, avait assuré sa présence en finale et obtenu son ticket pour la phase finale de la CAN U17.
Dès l’entame, les Sénégalais ont affiché une volonté ferme d’imposer leur rythme, et ils ont pris l’avantage avant la pause. En seconde période, gardant un bloc compact et profitant d’espaces dans la défense malienne, ils ont su creuser l’écart. Le public malien, venu nombreux, a senti filer l’occasion d’un sacre à domicile. Cette victoire marque un retour au sommet pour le Sénégal dans cette catégorie, qui avait déjà pris le trophée l’an dernier. L’édition 2024 avait vu, en effet, le Sénégal s’imposer face au Mali après prolongation et tirs au but.
Pour le Mali, cette finale perdue reste un coup d’arrêt après une compétition solide. Le fait d’accueillir l’évènement et de se hisser jusqu’à la finale laisse entrevoir un potentiel qu’il faudra traduire en victoire prochaine. Le Sénégal, de son côté, confirme que son travail de formation produit déjà des résultats tangibles à l’échelle régionale.

Coupes CAF : Stade Malien accroche le nul en Mauritanie, Djoliba s’impose à Ouagadougou

Le week-end du 18–19 octobre 2025 a souri aux représentants maliens sur la scène africaine, avec un nul obtenu par le Stade Malien chez le FC Nouadhibou et une victoire de Djoliba AC sur la pelouse de l’USFA. Les deux confrontations ne sont qu’à mi-parcours et ouvrent la voie à des retours brûlants à Bamako pour la qualification en phase de groupes.

En Ligue des champions CAF, le Stade Malien a ramené un résultat de parité de son déplacement à Nouadhibou, en Mauritanie. La première manche s’est jouée le dimanche 19 octobre 2025 en nocturne et s’est terminée sur le score de 1–1, un résultat qui laisse l’issue totalement ouverte avant le match retour à Bamako. La CAF a fixé la fenêtre des deuxièmes manches du deuxième tour préliminaire entre le 24 et le 26 octobre 2025 ; la programmation indique un retour Stade Malien – FC Nouadhibou au stade du 26 Mars le dimanche 26 octobre 2025. Le vainqueur de cette double confrontation accédera à la phase de groupes de la Ligue des champions.

En Coupe de la Confédération, Djoliba AC a pris une option en s’imposant 1–0 à Ouagadougou face à l’US Forces Armées le dimanche 19 octobre 2025. Comme pour la C1, la CAF encadre les retours du deuxième tour préliminaire du 24 au 26 octobre ; la feuille de route prévoit un Djoliba AC – USFA au stade Mamadou-Konaté le vendredi 24 octobre 2025. Là encore, l’enjeu est limpide : la qualification offrira une place en phase de groupes de la compétition.

Concours de reportage humanitaire : la Croix-Rouge malienne récompense les lauréats de la première édition  

La Croix-Rouge malienne a distingué le 16 octobre 2025 les lauréats de la première édition du Concours de reportage humanitaire, organisé à l’occasion du soixantième anniversaire de l’institution. La cérémonie s’est tenue au siège de la Croix-Rouge à Bamako, sous le haut parrainage du ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.

Ce concours avait pour objectif de promouvoir un journalisme engagé au service de l’humanité. Il portait sur des thématiques essentielles telles que la réponse aux urgences humanitaires, la santé communautaire et les premiers secours, le volontariat, l’engagement des communautés et l’adaptation aux effets du changement climatique.

À travers cette initiative, la Croix-Rouge malienne souhaite mettre en lumière les réalités du terrain, donner la parole à ceux que l’on entend peu et valoriser le rôle déterminant des médias dans la construction d’une société plus solidaire.

Quatre journalistes se sont distingués dans leurs domaines respectifs : Jessica Dembélé de *L’Essor* pour la presse écrite, Imirana Maïga de *Studio Tamani* pour la radio, Cheick Oumar Mariko de *Joliba TV* pour la télévision et Amadou Kodio d’*Afrikinfos* pour la presse en ligne. Chacun a reçu en récompense un ordinateur portable et un trophée symbolisant son engagement.

« Ce prix, au-delà de la distinction, est une véritable source de motivation, a confié Imirana Maïga, porte-parole des lauréats. Il nous encourage à continuer à produire des contenus de qualité capables de sensibiliser les populations et d’interpeller les décideurs sur les grands défis humanitaires et environnementaux de notre pays ».

La présidente de la Croix-Rouge malienne, Assitan Traoré, a félicité les lauréats pour leur travail et leur engagement. Selon elle, leurs productions rendent compte avec fidélité des réalités vécues sur le terrain et contribuent à renforcer la conscience collective.

« Vos récits sont des ponts entre les réalités du terrain et la conscience collective. Vous êtes, à votre manière, des humanitaires de l’information », a-t-elle souligné.

Le chef de cabinet du ministère de la Communication, Mohamed Ag Albachar, a pour sa part salué l’engagement de la Croix-Rouge malienne en faveur d’une information plus responsable et plus proche des citoyens. Il a rappelé que son département attache une attention particulière à toute initiative visant à élever la qualité de l’information et à encourager une parole libre, professionnelle et porteuse de sens, avant de féliciter les lauréats et les membres du jury.

Mohamed Kenouvi