Mali – Égypte : Le pari d’un axe économique ambitieux

Le premier Forum économique Mali–Égypte, tenu à Bamako les 24 et 25 juillet 2025, a posé les fondations d’un partenariat sud-sud plus structuré. Si les chiffres restent modestes, les ambitions affichées sont claires et visent à diversifier, investir et bâtir.

Pendant deux jours, les délégations ministérielles et patronales des deux pays ont échangé autour d’une vision commune, à savoir faire de la coopération économique un levier de développement partagé. Un mémorandum d’entente a d’ailleurs été signé, prévoyant des mécanismes de dialogue régulier et d’appui technique. L’Égypte, représentée par une trentaine de dirigeants issus des secteurs industriel, minier, énergétique ou pharmaceutique, a exprimé sa volonté d’approfondir sa présence économique au Mali.

Les échanges commerciaux, pour l’instant déséquilibrés, traduisent un potentiel largement inexploité. En 2024, les exportations égyptiennes vers le Mali ont atteint 22,8 millions de dollars, contre moins de 200 000 dollars d’importations maliennes vers l’Égypte. À titre de comparaison, les échanges du Mali avec la Chine dépassaient les 300 millions de dollars sur la même période, soulignant le retard des flux bilatéraux avec l’Égypte. Aucun investissement structurant n’a encore été enregistré, mais les discussions ouvertes à Bamako visent à changer cette donne.

Le Mali espère ainsi accélérer cette dynamique en s’appuyant sur un cadre juridique rénové, à travers un Code des investissements actualisé et des incitations fiscales ciblées pour les partenaires étrangers. L’Égypte dispose d’atouts économiques majeurs susceptibles d’accompagner les priorités maliennes. Le secteur agroalimentaire, notamment la transformation des mangues, du sésame et du karité, représente aussi un axe stratégique à explorer avec les industriels égyptiens.

Leur expertise en infrastructures et travaux publics pourrait accélérer la modernisation des routes, barrages et zones industrielles. Leur solide industrie pharmaceutique offrirait des perspectives pour la production locale de médicaments génériques. Leur savoir-faire en agriculture irriguée serait particulièrement précieux pour les zones arides du Mali.

De plus, le pays des Pharaons excelle également dans la transformation du coton, un secteur clé pour le Mali, deuxième producteur africain. Son expérience dans les énergies renouvelables, notamment le solaire, est une opportunité pour améliorer l’accès à l’électricité, notamment dans les zones rurales. Enfin, l’économie numérique égyptienne – fintechs, cybersécurité, e-gouvernement – pourrait inspirer la digitalisation des services maliens.

Les deux États misent ainsi sur des complémentarités claires, dans l’objectif de bâtir un corridor économique afro-arabe. Si la volonté politique semble acquise, l’essentiel reste à faire. Il s’agira de mobiliser des capitaux, de sécuriser les projets et de démontrer par des résultats concrets que cette coopération peut devenir un véritable accélérateur de développement.

Massiré Diop

Femmes maliennes :  Des droits en marche malgré des défis persistants

À l’occasion de la 35ème Journée panafricaine des Femmes (31 juillet), le Mali dresse un bilan contrasté de la situation des droits de ses citoyennes. Malgré un cadre légal solide, les inégalités sociales et économiques persistent, freinant la pleine réalisation de l’égalité. Cette journée rappelle l’urgence d’agir pour transformer les avancées juridiques en droits concrets pour toutes les Maliennes.

Le Programme 2030 des Nations unies sur le développement durable est un engagement mondial fondé sur le respect des droits de l’Homme et de l’environnement. Une boussole à travers laquelle on mesure désormais les progrès pour une égalité de chances. Si le Mali dispose d’un cadre législatif propice, la réalisation d’une justice sociale, notamment en faveur des femmes, reste confrontée à des défis importants.

Le cadre législatif relatif à l’égalité des sexes est riche de plusieurs textes nationaux et internationaux auxquels le Mali a souscrit. Il comprend entre autres la Convention internationale de l’ONU sur les droits économiques sociaux et culturels, qui a été ratifiée par le Mali le 16 juillet 1974, ainsi que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ratifiée par le Mali le 10 septembre 1985.

Le Mali a souscrit à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples le 21 juin 1981 et à son Protocole facultatif relatif aux droits des femmes en Afrique. À cela s’ajoute la Constitution adoptée le 22 juillet 2023, qui prône l’égalité. Ces instruments juridiques nationaux, internationaux et régionaux s’inscrivent donc dans le cadre de l’établissement d’une justice sociale, afin que toutes les personnes jouissent de leurs droits en termes de participation à la vie publique. C’est dans ce cadre que, pour favoriser la participation à la prise de décision, la loi N°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives a été adoptée.

L’adoption de ces textes peut donc être considérée en soi comme une « avancée », estime Diarra Djingarey Maïga, Présidente du Mouvement féministe du Mali (MFM). Mais si les lois permettent la participation de tous, la pratique limite la jouissance équitable de leurs droits par les citoyens, en fonction notamment de leur sexe et des stéréotypes associés.

Inégalités de fait

Malgré l’existence de ces lois, les inégalités persistent dans la pratique. En raison d’une tradition de forte oralité, où les interdits et les permissions sont plus forts que les lois, ajoute Mme Maïga. Si on y ajoute le poids des religions, cela accentue les disparités. Une personne s’identifie d’abord par sa famille, son ethnie, sa communauté ou sa religion. Et lorsque les interprétations « erronées » se mêlent aux difficultés d’analyse, les femmes sont souvent peu nombreuses à faire la part des choses. Dans la plupart des cas, les rôles souvent dévolus aux femmes limitent leurs compétences et capacités. Mais c’est aussi dans les textes mêmes que subsistent les « injustices ». L’ordonnance n° 02-02/PRM du 22 mars 2000 portant Code domanial et foncier a reconnu la coutume comme mode d’accès à la propriété foncière. Or, de façon coutumière, les femmes n’ont généralement pas accès à la propriété, ce qui limite de fait leur jouissance de ce droit.

« L’emploi constitue l’un des domaines dans lesquels les inégalités entre femme et homme sont les plus prononcées », relève le livret homme-femme de l’Institut national de la statistique (INSTAT), publié en février 2024. « Le travail de la femme est en général sous-évalué, notamment dans les pays en développement, la raison principale est le fait que les activités ménagères, presque entièrement assumées par les femmes, sont improductives et ne sont généralement pas perçues comme du travail ».

Selon le rapport, les femmes sont moins rémunérées que les hommes, quels que soient le milieu de résidence, le groupe d’âge et le niveau d’instruction. En 2020, en milieu urbain, 35,1% des femmes étaient payées en dessous du SMIG, contre 6,3% des hommes. Même si cette proportion a diminué en milieu rural, où 31,2% des femmes sont rémunérées contre 9,8% des hommes, toujours en dessous du SMIG.

Au niveau du groupe d’âge, les femmes âgées de 15 à 24 ans sont beaucoup plus nombreuses que les autres tranches d’âge, avec 72% payées en dessous du SMIG, contre 31,4% chez les hommes. Les femmes n’ayant aucun niveau d’instruction (86%) sont plus nombreuses que les autres niveaux d’éducation qui n’atteignent pas le SMIG. Chez les hommes, les sans niveau sont plus importants, avec 19,4%, que les autres niveaux d’instruction.

Le niveau d’éducation est également l’un des domaines où l’on observe cette inégalité. Selon les résultats de l’enquête, environ six personnes sur dix (60,4%) sont sans instruction, une petite portion de la population a atteint le niveau universitaire (1,3%) et seulement 5,1% a atteint le niveau d’éducation secondaire. La partie restante, qui représente près d’un tiers de la population, n’a pas dépassé le niveau primaire. Les résultats selon le sexe montrent que les hommes sont plus scolarisés que les femmes à partir du secondaire. En effet, 5,9% des hommes ont un niveau secondaire contre 4,3% des femmes. Au primaire, 30,5% ont accès à l’éducation, contre 35,9% pour les hommes, alors qu’ils sont 1,8% au niveau supérieur contre 0,9% pour les femmes.

Violences et mariages précoces

De façon globale, la remise en cause des droits humains, en particulier ceux des femmes, se manifeste à travers la violence sous plusieurs formes, des violences physiques aux violences émotionnelles, en passant par les mariages précoces et forcés. En Afrique de l’Ouest, 44% des femmes de 20 à 24 ans sont mariées avant l’âge de 15 ans. Au Mali, cette proportion atteint 61%, en contradiction avec les engagements internationaux du pays, qui fixent l’âge du mariage à la majorité civile.

« Violations perpétuées »

En raison d’une peur de la stigmatisation, certaines victimes « préfèrent souffrir que de dénoncer », déclare Mme Diawara Bintou Coulibaly, Présidente de l’Association pour la défense et le progrès des femmes (APDF). Mais elle note tout de même un changement dans ce domaine. « En 2023, nous avons géré 475 dossiers », témoigne-t-elle. Ce qui prouve que « petit à petit les femmes dénoncent et c’est une avancée ». Malgré les préjugés, certaines femmes acceptent de « se jeter à l’eau », parce qu’elles « n’ont pas où s’exprimer », ajoute Mme Diawara. Souvent invitées à endurer, les victimes de violences ont parfois un choix difficile entre dénoncer ou renoncer, au prix de leur santé ou de leur vie. Un dilemme face auquel les organisations de défense des droits humains prônent la sensibilisation et une application effective des textes.

Sensibiliser

Pour changer la donne, il faut faire comprendre sur l’égalité des sexes et adopter un langage uniforme qui permettra à tout le monde d’appréhender les concepts, quels que soient son niveau et sa langue, suggère Mme Diarra. L’égalité des genres doit devenir une réalité. Au-delà des lois, des politiques et des décideurs, un lobbying est nécessaire pour aboutir au changement de comportement sur l’égalité des sexes.

La lutte doit être plus ancrée, reconnaissent les défenseurs des droits de la femme. Les communautés locales doivent s’engager afin d’amener les décideurs à opter pour le changement. Parallèlement, les efforts doivent se poursuivre pour les changements et la « relecture des lois inégalitaires du niveau local au niveau national ».

D’après l’Indice de l’Égalité des genres en Afrique produit par la Banque Africaine de Développement (BAD), qui mesure trois dimensions : économique, sociale, représentation et autonomisation, le score régional du Sahel est de 32,4% pour 5 pays dont le Mali. Il en résulte un écart entre les femmes et les hommes de 67,6% sur ces trois dimensions. Ce qui indique un fort taux d’inégalités dans la région. Des efforts doivent donc être faits afin de réduire ces inégalités, selon le Bulletin des droits des femmes au Mali de l’UNFPA publié en mars 2024. Le Mali compte aujourd’hui une population d’environ 22,40 millions d’habitants, répartie quasi équitablement entre 11,26 millions d’hommes et 11,14 millions de femmes.

Fatoumata Maguiraga

Mouvement féministe du Mali : les acteurs formés en communication interne

Le Mouvement féministe du Mali (MFM) a organisé les 18 et 19 juillet 2025 un atelier sur la communication interne à l’intention de ses membres. Cet atelier s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités des membres, en vue d’une pleine opérationnalisation du mouvement.

« Le mouvement entre dans une phase d’extension de ses activités dans les régions déjà couvertes », explique madame Diarra Djingarey Maïga, présidente du MFM. Ce renforcement institutionnel doit donc permettre aux membres de participer pleinement à cette extension. En outre, le mouvement féministe a des valeurs et des principes qu’il entend partager pour une meilleure appréhension par le public et pour lutter contre les stéréotypes souvent négatifs liés au féminisme. C’est pourquoi il est important que ces valeurs soient d’abord celles des membres, à travers leurs interactions internes et avec les autres.

Conformément à l’un de ses principes, qui est l’inclusion et la non-discrimination, le mouvement a intégré à cette formation une communication sur la langue des signes, qui est le mode d’expression de certains de ses membres, afin de les outiller sur des messages clés du mouvement.

L’atelier sur la communication interne vise donc un double objectif : dans le cadre de l’extension régionale, mieux faire connaître et comprendre les droits des femmes sur le plan local et être des vecteurs de changement.

Communication stratégique

Animé par un expert en communication, « l’atelier sur la communication interne consistait à expliquer les généralités sur la communication », a précisé Sadou Yattara, chargé de la formation. En permettant aux responsables d’avoir une communication stratégique à destination des structures d’exécution, la communication interne permet aussi à ces dernières d’émettre des avis pour orienter les décideurs. Dans le même temps, elle facilite l’échange entre les différents membres, quel que soit leur niveau, afin que personne ne se sente exclu et que chaque membre devienne un « ambassadeur » du mouvement, a conclu M. Yattara.

Dans un monde où la communication reste incontournable mais complexe, le MFM entend être un acteur engagé dans la construction de son image et de son message.

Afrobasket féminin 2025 : Le Mali retrouve le Soudan du Sud en demi-finale ce samedi  

Après un parcours sans faute, les Aigles Dames du Mali se sont qualifiées pour les demi-finales de la 29ᵉ édition de l’Afrobasket féminin, organisée à Abidjan (Côte d’Ivoire). En quart de finale ce jeudi 31 juillet, les Maliennes ont dominé le Mozambique sur le score net de 86 à 68, confirmant leur statut de prétendantes sérieuses au titre.

Menées par une Djeneba N’Diaye inspirée (élue joueuse du match avec 12 points), les Maliennes ont imposé leur intensité et leur collectif face à une équipe du Mozambique qui n’a résisté que par séquences. Le Mali avait déjà affiché sa solidité en phase de groupes avec 2 victoires, dont un succès marquant contre le Cameroun (75-49) et une victoire disputée face au Soudan du Sud (55-53).
Grâce à ce résultat, le Mali affrontera en demi-finale le Soudan du Sud, véritable révélation du tournoi, qui a signé l’exploit d’éliminer successivement l’Égypte en huitièmes (75-65), puis l’Ouganda en quart de finale par la plus courte des marges (69-68). Cette confrontation Mali-Soudan du Sud revêt un parfum de revanche après leur duel très serré en poule.
La demi-finale Mali vs Soudan du Sud se jouera au Palais des Sports de Treichville, à Abidjan, ce samedi 2 août 2025. Les Aigles Dames auront l’occasion d’accéder à une nouvelle finale continentale et de confirmer la montée en puissance du basket féminin malien.
Le rendez-vous est pris pour un choc entre deux équipes ambitieuses, avec à la clé une place en finale de l’Afrobasket féminin 2025.

Afrobasket féminin 2025 : Le Mali en quart de finale face au Mozambique, un défi décisif

Les Aigles Dames du Mali ont brillamment validé leur ticket pour les quarts de finale de la 29ᵉ édition de l’Afrobasket féminin, organisée à Abidjan (Côte d’Ivoire) depuis fin juillet 2025. Avec deux victoires lors de la phase de groupes, elles ont terminé en tête du groupe B, devant le Cameroun et le Soudan du Sud, affichant une belle régularité et un collectif soudé.

 

Le début du parcours malien a été marqué par un match tendu, remporté de justesse 55-53 face au Soudan du Sud, adversaire coriace et prometteur du tournoi. La capitaine Djeneba N’Diaye et ses coéquipières ont ensuite confirmé leur solidité face au Cameroun en infligeant un large revers (75-49), montrant ainsi un équilibre entre défense et attaque.

 

Ce jeudi 31 juillet, le Mali affrontera le Mozambique en quart de finale, une étape cruciale qui pourrait ouvrir la voie vers le dernier carré. Le Mozambique a réussi à se qualifier en dominant largement la Guinée (91-38), mais le match s’annonce disputé. Les Mozambicaines sont réputées pour leur jeu physique et leur expérience sur la scène continentale.

 

Si les Aigles Dames s’imposent, elles retrouveront le Soudan du Sud, qui s’est imposé de justesse (69-68) contre l’Ouganda lors des huitièmes de finale, confirmant son statut d’équipe surprise du tournoi. Cette possible revanche promet une confrontation intense, avec en jeu une place en demi-finale.

 

Le basket féminin malien montre ainsi un net regain de compétitivité, porté par un groupe jeune mais talentueux, notamment grâce aux performances remarquées d’Alima Dembélé et Sika Koné. Leurs qualités individuelles alliées à une cohésion collective solide font du Mali une des équipes à suivre pour les phases finales.

 

Le Mali a ainsi une belle carte à jouer et un objectif clair visant à poursuivre l’aventure au-delà des quarts de finale pour renouer avec les grandes performances continentales et honorer ses ambitions.

Renforcement de l’engagement citoyen : Le NIMD réunit les acteurs nationaux

Les 24 et 25 juillet 2025, le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) a accueilli une session nationale de dialogue multi-acteurs organisée par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD). L’objectif était de renforcer l’engagement citoyen dans la vie publique et de favoriser la refondation au Mali à travers la validation collective d’actions concrètes et inclusives.

Après les étapes régionales de Bamako et Kayes, cette session nationale vient clore un processus de consultation autour des résultats d’études menées par le programme PREDIRE (Programme de Recherche et de Dialogue pour la Refondation), financé par l’Union européenne. Ce programme du NIMD vise à contribuer à la gouvernance démocratique en valorisant la recherche, le dialogue et l’inclusion comme leviers de refondation.
Durant deux jours, une trentaine d’acteurs issus du monde universitaire, des collectivités territoriales, de la société civile, et des institutions étatiques ainsi que des membres de la Commission scientifique du PREDIRE, ont partagé leurs perspectives sur les enjeux cruciaux de la participation citoyenne.
Dès l’ouverture de la session, les allocutions ont souligné l’importance de créer un espace d’expression libre et constructif, permettant l’émergence de solutions adaptées au contexte malien. Mahamadou Cissé, chargé de programme au NIMD, a rappelé que la rencontre visait à « mettre ensemble les résultats des phases régionales afin d’établir une feuille de route pour la mise en œuvre des priorités identifiées ».
L’initiative du NIMD s’inscrit pleinement dans les orientations du Cadre stratégique de la refondation de l’État (CSRE 2022–2031), piloté par le Comité indépendant de suivi-évaluation des recommandations des Assises nationales de la Refondation (CINSERE-ANR). La session nationale du dialogue multi-acteurs représente ainsi un jalon important dans le renforcement de la concertation entre les différentes sphères de la vie publique au Mali.
Des Défis Structurels Bien Identifiés
Le diagnostic posé par les chercheurs et les participants met en lumière plusieurs défis récurrents, dont notamment un déficit de culture démocratique, une méfiance persistante entre citoyens et autorités, une faible application des textes, des niveaux insuffisants d’information et de formation civique, sans oublier le besoin urgent de changement de mentalités.
Ces constats ont été enrichis par deux études menées respectivement par Point Sud et l’Institut des Sciences Humaines (ISH), portant sur les thématiques « Démocratie et Participation Politique : Quels Leviers pour Renforcer l’Engagement Citoyen ? » et « Dynamique de Refondation au Mali : Garantir la Participation Citoyenne et l’Inclusivité Sociale ».
Les résultats montrent une exigence croissante d’éducation à la citoyenneté, de revitalisation des espaces de socialisation et de promotion d’une gouvernance locale plus ouverte et accessible.
Des recommandations tournées vers l’action
La méthode participative adoptée durant la session s’est traduite par des travaux en deux groupes mixtes, réunissant chercheurs, acteurs locaux et nationaux, représentants institutionnels et partenaires techniques du NIMD. Ces deux groupes ont affiné les propositions issues des dialogues régionaux et formulé des recommandations qui nourriront un document stratégique destiné aux décideurs politiques.
« L’objectif est d’élaborer un document stratégique pour indiquer les actions prioritaires en matière de participation politique, d’engagement citoyen et de refondation. Cela permettra sans aucun doute aux décideurs d’être proactifs face aux défis », a souligné Mohamed Lamine Ouattara, enseignant-chercheur à l’Université Kurukanfuga de Bamako et membre de la Commission scientifique du PREDIRE.
Des actions concrètes ont été proposées. Parmi elles figurent la création de cadres de dialogue au niveau local entre citoyens, élus et société civile ; la production de contenus pédagogiques ludiques (bandes dessinées, vidéos, sketchs en langues locales) pour renforcer l’éducation civique ; et l’introduction d’élections simulées dans les écoles et universités pour familiariser les jeunes à la vie démocratique.
Mohamed Kenouvi

Baccalauréat 2025 : le taux de réussite stagne à 27 %

Le ministère de l’Éducation nationale du Mali a rendu publics, le 25 juillet 2025, les résultats officiels du baccalauréat session de juin. Sur 157 821 candidats inscrits, 43 363 ont été déclarés admis, portant le taux de réussite national à 27,48 %. Ce résultat reste pratiquement identique à celui de l’année précédente, où il s’élevait à 27,42 %.

Cette stabilité confirme une tendance de fond : malgré les efforts engagés ces dernières années, notamment l’organisation des États généraux de l’éducation, les performances globales à l’examen de fin d’études secondaires ne montrent pas de progrès significatif.

Les États généraux de l’éducation, organisés à Bamako en janvier 2024, avaient pour objectif de redéfinir les priorités et les mécanismes du système éducatif malien. Neuf piliers stratégiques avaient été définis, incluant la professionnalisation du corps enseignant, la révision des curricula, l’intégration des langues nationales, l’inclusion scolaire, ainsi que la sécurisation des établissements. Ces recommandations s’inscrivaient dans le cadre plus large du PRODEC 2 et des Assises nationales de la refondation.

À ce jour, aucun indicateur national ne permet d’établir une amélioration sensible sur le terrain. Les syndicats d’enseignants comme plusieurs établissements d’enseignement privé signalent que les conditions d’apprentissage demeurent inchangées dans de nombreuses régions.

Sur le plan statistique, la situation éducative au Mali reste préoccupante. Selon les données consolidées du secteur, près de 60 % de la population n’a jamais été scolarisée, un taux qui dépasse 64 % en milieu rural. L’analphabétisme affecte également 61 % des femmes, ce qui limite largement l’accès à l’enseignement supérieur et à la formation professionnelle.

Comparativement à d’autres pays de la région, les écarts sont marqués. Le Bénin, par exemple, a enregistré un taux d’admissibilité de 73,02 % en 2025. En Côte d’Ivoire, le taux de réussite au baccalauréat cette année est de 36,73 %. Le Sénégal affichait déjà 56,6 % en 2024. Ces données confirment que le Mali reste, à l’échelle ouest-africaine, l’un des pays où l’accès à l’enseignement supérieur demeure le plus faible après l’enseignement secondaire.

Le suivi-évaluation des recommandations issues des États généraux de l’éducation n’a pas encore permis de mesurer l’état de leur mise en œuvre. Le tableau de bord national des statistiques enseignantes, élaboré en partenariat avec l’UNESCO, reste en cours de déploiement.

Les autorités n’ont pour l’instant annoncé aucun ajustement spécifique à la politique d’évaluation ou au dispositif de préparation du baccalauréat pour 2026.

Environnement : la CIJ affirme que l’inaction climatique peut constituer un acte illicite international

Le 23 juillet 2025, la Cour internationale de justice a publié un avis consultatif unanime affirmant que l’inaction face au changement climatique peut relever du droit international. Si ces avis ne sont pas juridiquement contraignants, ils façonnent désormais un nouveau cadre juridique potentiellement mobilisable par les tribunaux ou les institutions onusiennes.

La Cour rappelle que les traités climatiques mondiaux, dont la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21, Protocole de Kyoto, Accord de Paris), ne se substituent pas à d’autres instruments juridiques internationaux. Elle opère une harmonisation entre plusieurs régimes légaux, notamment le droit de la mer, la lutte contre la désertification, le droit à un environnement sain, et les principes coutumiers tels que la responsabilité différenciée ou le principe de précaution.
La CIJ précise qu’il revient aux États d’agir avec diligence raisonnable, non seulement en élaborant et en mettant à jour des plans nationaux de réduction des émissions (CDN), mais aussi en régulant les acteurs privés responsables de la pollution et en finançant les pays les plus vulnérables pour l’adaptation au climat. L’argument selon lequel ces CDN relèveraient d’une discrétion totale des États a été rejeté par la Cour qui considère que les obligations sont plus strictes.
La décision envisage également des réparations pour les dommages causés par le changement climatique. Les États puissants pourraient être tenus responsables, y compris financièrement, si leur rôle dans la production ou le financement de combustibles fossiles est établi comme causalité directe des dommages subis par d’autres nations. Bien que non contraignant, cet avis structure un cadre légal susceptible d’inspirer des recours devant les tribunaux internationaux ou nationaux.
Cette juridiction constitue déjà la cinquième instance internationale à formuler une position claire sur le droit à un climat viable, après la Cour interaméricaine des droits de l’homme et le Tribunal international du droit de la mer. Elle renforce la logique de responsabilité juridique des États, y compris ceux non signataires de l’Accord de Paris.

Nigeria : au moins 652 enfants morts de malnutrition au premier semestre 2025

Le Nigeria traverse une crise alimentaire sans précédent. Entre janvier et juin 2025, au moins 652 enfants sont décédés de malnutrition dans l’État de Katsina, au nord du pays, selon Médecins Sans Frontières (MSF). Le nombre de cas sévères a augmenté de 208 % par rapport à la même période en 2024, tandis que 70 000 enfants ont reçu des soins nutritionnels, dont presque 10 000 en état critique.

Le rapport de MSF pointe du doigt des réductions drastiques du financement international, notamment de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, comme l’une des causes principales de cette mortalité accrue. Ces baisses ont gravement compromis l’accès aux traitements essentiels dans les régions les plus fragilisées.
Sur l’ensemble du Nigeria, l’agence des Nations unies pour l’alimentation (WFP) signale que près de 31 millions de personnes sont exposées à l’insécurité alimentaire aiguë, un chiffre équivalent à la population du Texas. À cause des réductions de budget, plus de 1,3 million de personnes risquent bientôt de perdre l’accès à l’aide alimentaire, 150 centres nutritionnels dans l’État de Borno pourraient fermer, 300 000 enfants pourraient souffrir de malnutrition sévère, et 700 000 déplacés internes pourraient se retrouver sans assistance vitale.
Au premier semestre de 2025, WFP a tout de même fourni une aide de secours à 1,3 million de personnes au nord du pays, en coordination avec les ONG locales et l’UNICEF. Mais la suspension prévue des programmes dans les zones de conflit menace désormais ces populations.
Le plan humanitaire national de 2025 estimait que 2,55 millions d’enfants de moins de cinq ans souffriraient de malnutrition aiguë, nécessitant des interventions urgentes. Dans les régions du nord-est et du nord-ouest, on recense 5,44 millions d’enfants en état de malnutrition selon les projections IPC-AMN couvrant fin mai 2024 à avril 2025.
Au-delà des chiffres, les causes de cette crise sont multiples. L’inflation record ainsi que les fluctuations monétaires alimentent l’impossibilité d’acheter des aliments de base. Les violences de Boko Haram et le banditisme continuent de déplacer des populations dans le nord, fragilisant l’approvisionnement agricole local. Le climat extrême, entre sécheresses et inondations comme celles de Mokwa (mai 2025), a également dévasté les cultures et les moyens de subsistance.

France: Un ancien agent de la DGSE placé en détention pour avoir organisé des viols en Afrique  

Un siège judiciaire de Strasbourg a été saisi le 25 juillet 2025 d’un dossier hors du commun. Un ex-agent de la DGSE a été mis en examen pour traites d’enfants aggravées, viols et agressions sexuelles sur mineurs, et production de contenu pornographique mettant en scène des enfants. Il a été placé en détention provisoire pour ces accusations gravissimes.

L’homme, âgé d’une cinquantaine d’années, vivait à Strasbourg depuis plusieurs mois. Selon les enquêteurs, il aurait organisé à distance des viols d’enfants en Afrique de l’Est, notamment au Kenya. Il est soupçonné d’avoir financé ces actes, filmé les scènes puis diffusé ces vidéos à des fins personnelles, ce dernier élément qualifié de pédopornographique.
Le parquet de Strasbourg indique que la mise en cause a été présentée à un juge d’instruction à l’issue de sa garde à vue, menant à une incarcération assortie de contrôle judiciaire. Les charges sont formelles : détention et diffusion de contenu pédopornographique, exploitation sexuelle de mineurs et traite des êtres humains aggravée.
Les publications citoyennes et les ONG françaises spécialisées dans la lutte contre la pédopornographie numérique ont joué un rôle décisif en alertant les autorités. Une fondation américaine aurait signalé des échanges en ligne suspectés dès début 2025, ce qui a incité les enquêteurs à lancer des vérifications approfondies sur les réseaux utilisés et les voyages en Afrique suivis par l’accusé.
Les médias mentionnent que l’ancien agent menait fréquemment des déplacements professionnels au Kenya, où certains abus auraient été perpétrés. Des enregistrements vidéo capturés lors de ces missions serviraient de preuve principale, selon le parquet. Les détails précis restent confidentiels, notamment ceux liés à son ancienneté et à la nature de ses précédentes missions au sein de la DGSE.
L’affaire est actuellement qualifiée de crime organisé à dimension internationale. Plusieurs pistes sont à l’étude, y compris la recherche de complicités potentielles sur place. Les investigations menées par la justice française pourraient durer plusieurs mois. Aucune audience publique n’a encore été programmée mais l’enquête suit son cours avec des analyses techniques et judiciaires en tandem.

Alino Faso retrouvé mort à Abidjan : les accusations ivoiriennes dévoilées 

L’activiste burkinabè Alain Christophe Traoré, connu sous le pseudonyme Alino Faso, a été retrouvé pendu dans sa cellule à l’École de gendarmerie d’Abidjan le jeudi 24 juillet 2025 à 7 h 30. Le procureur a précisé que l’examen médico-légal concluait à un suicide après une tentative d’auto-mutilation du poignet avec une lame.

Alino Faso avait été arrêté en Côte d’Ivoire le 10 janvier 2025. Les autorités l’ont visé pour des motifs précis : intelligence avec un État étranger susceptible de compromettre la stabilité militaire ou diplomatique de la Côte d’Ivoire, complot contre l’autorité de l’État, espionnage et diffusion de fausses informations visant à atteindre le moral de la population et la défense nationale.
Le porte-parole du gouvernement ivoirien avait déclaré en janvier que son arrestation s’était déroulée « en bonne et due forme », sans mettre en cause sa disparition. Aucune charge n’a été rendue publique pendant les mois de détention qui ont suivi.
La révélation du décès le 27 juillet 2025, soit trois jours après les faits, a suscité scepticisme au Burkina Faso. Ni la famille, ni l’ambassade burkinabè n’a reçu d’informations officielles avant la diffusion du communiqué du procureur. Plusieurs acteurs de la société civile et internautes demandent à présent une autopsie indépendante et une enquête impartiale pour vérifier les circonstances de cette mort.
En Côte d’Ivoire, Alino Faso était considéré comme un soutien actif au régime militaire du Burkina Faso. Son influence médiatique reposait notamment sur son appartenance supposée aux “Bataillons d’intervention rapide de la communication (BIR‑C)”, un groupe de cyberactivistes liés aux autorités burkinabè. Il était aussi suspecté d’avoir noué un contact avec un activiste influent des États-Unis pour propager des messages très virulents à l’encontre d’Abidjan.
Installé à Abidjan depuis 2021, il avait ouvert un restaurant communautaire et menait des actions sociales en faveur des déplacés internes du Burkina Faso. Il organisait aussi des événements pour soutenir les autorités de son pays traçant sa propre narration politique au sein de la diaspora.
Au-delà du décès d’un individu, cette affaire interroge sur l’encadrement juridique des influenceurs et activistes ouest‑africains engagés politiquement à l’étranger. Alors que certains États africains mettent en place des mécanismes de médiation et de suivi pour leurs ressortissants en difficulté, le Burkina Faso est resté discret jusqu’à l’annonce publique du décès, ce qui a nourri un sentiment d’abandon ou de postérité.

Développement humain : L’IA comme facteur de progrès

Le Mali a conjointement lancé, le 17 juillet 2025, le Rapport mondial et le Rapport national sur le Développement humain. En collaboration avec le PNUD, le Rapport national sur le Développement durable (RNDH), intitulé « Impact de la digitalisation des soins de santé sur la couverture sanitaire universelle au Mali », explore les progrès technologiques et leur apport pour l’atteinte des objectifs de l’Agenda 2063.

L’étude sur la digitalisation des soins de santé au Mali entend s’approprier les possibilités de ces nouveaux outils pour l’avenir. L’objectif est d’analyser les potentialités institutionnelles actuelles et les outils numériques, tout en tenant compte des réalités locales. Pour le Secrétaire général du ministère de la Santé, ces deux rapports « constituent des instruments de sensibilisation et de plaidoyer à l’intention de différents publics cibles ».

Le Rapport mondial sur le Développement humain explore les transformations induites par l’Intelligence Artificielle, analyse la manière dont cette technologie redéfinit le développement humain et aborde les opportunités ainsi que les risques de l’IA.

Quant au RNDH 2025, il s’inscrit dans cette dynamique de digitalisation et dans l’ère de l’Intelligence Artificielle. Selon le Secrétaire général du ministère de la Santé, l’analyse menée à cet effet révèle des tendances significatives liées à l’adoption de la digitalisation des soins au Mali. Environ 65,9% des répondants à cette étude indiquent que la digitalisation est principalement mise à profit pour renforcer les Systèmes d’information sanitaires (SIS).

Transformations lentes

Si la digitalisation des soins offre plusieurs options pour l’accès à la santé au Mali, elle comporte des défis importants pour lesquels des efforts d’anticipation sont nécessaires afin d’en tirer un meilleur parti.

Le Rapport mondial met l’accent sur les opportunités, mais aussi sur les risques liés à l’utilisation de l’IA. C’est pourquoi il évoque la liberté de choix pour une mobilisation éthique de ces progrès. Le RDH 2025 note un ralentissement des progrès dans les domaines de la santé, de l’éducation et du niveau de vie. Si ce rythme devient la norme, « les objectifs de développement pourraient être retardés de plusieurs décennies », s’alarme le PNUD.

Au-delà de ces progrès lents, le rapport souligne l’aggravation des inégalités entre pays riches et pays pauvres. Il prône une approche de l’IA centrée sur l’humain pour redéfinir les approches sur le développement. Dans les pays à IDH faible ou moyen, 70% des personnes sondées attendent que l’IA augmente leur productivité et s’apprêtent à utiliser cette technologie dans la santé, l’éducation ou le travail au cours de l’année à venir.

SAMAC : Bamako capitale de l’architecture durable et innovante

Le Salon Malien de l’Architecture et de la Construction (SAMAC) ouvre sa première édition à Bamako du 31 juillet au 3 août 2025. Dans un pays confronté à une urbanisation rapide, un déficit de logements massifs et une pression foncière croissante, il veut être un rendez‑vous économique majeur pour repenser le secteur du bâtiment.

Le secteur de la construction contribue significativement à la création d’emplois et représente une part importante des investissements privés dans le pays. Le Salon Malien de l’Architecture et de la Construction se tiendra au Centre International de Conférences de Bamako, sous le haut patronage du Général Assimi Goïta. L’événement, initié par l’Ordre des Architectes du Mali, fondé en 1989 et réunissant aujourd’hui 250 membres, prévoit la participation d’environ 2 000 visiteurs et 30 exposants, dont des architectes, urbanistes, ingénieurs et décideurs économiques. Le thème choisi, « Habitat durable, culture et innovation », illustre la volonté de positionner l’architecture comme un moteur de développement économique et social.

Avec 47% de la population vivant en milieu urbain et une croissance urbaine estimée à 4,7% par an, la demande en logements et infrastructures ne cesse de croître. Selon le ministère de l’Habitat et le CAHF, le déficit en logements atteindra environ 1,5 million d’unités dans les cinq prochaines années. Pourtant, le coût du foncier reste prohibitif, représentant parfois jusqu’à 50% du coût final d’une maison et le prix d’un sac de ciment dépasse les 6 000 francs CFA, alourdissant la facture pour les ménages. Cette pénurie alimente la croissance des quartiers informels, fragilise la cohésion sociale et pèse sur les finances publiques, contraintes d’intervenir en urgence.

Impact environnemental

Face à ces défis, le SAMAC valorise les innovations locales, écologiques et résilientes. En 2024, près de 30% des constructions neuves incorporaient déjà des matériaux locaux et des techniques traditionnelles pour réduire leur impact environnemental et leur coût. Ces approches locales permettent aussi de limiter l’importation de matériaux coûteux, réduisent l’empreinte carbone des constructions et favorisent l’économie circulaire. Cependant, 41,9% des foyers urbains vivaient encore dans des conditions précaires la même année, traduisant l’ampleur du chemin à parcourir.

Le salon ambitionne aussi de dynamiser davantage les partenariats régionaux, notamment avec l’AES et l’UEMOA. En 2024, la CRRH‑UEMOA a mobilisé plus de 340 milliards de francs CFA pour soutenir le logement social, démontrant l’importance économique d’un secteur qui génère des milliers d’emplois et structure durablement les villes.

Cette première édition du SAMAC veut inscrire durablement l’architecture malienne dans une dynamique où la durabilité, la performance économique et la qualité iront de pair.

Massiré Diop

Paix et réconciliation : Un texte ambitieux face à la réalité du terrain

Officiellement remise au Président de la Transition le 22 juillet 2025 à Bamako, la Charte nationale pour la paix et la réconciliation incarne l’espoir d’un Mali souverain, uni et apaisé. Fruit d’un an et demi de consultations nationales et de contributions de la diaspora, elle entend restaurer la cohésion sociale et la confiance entre l’État et les citoyens. Mais, derrière la solennité, la question de son adoption et de sa mise en œuvre reste posée.

Le mardi 22 juillet 2025, au Centre international de conférences de Bamako (CICB), le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, a reçu des mains d’Ousmane Issoufi Maïga, Président de la Commission de rédaction, le projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation. Ce document structurant comprend 16 titres et 106 articles.

La cérémonie, en présence des corps constitués, des forces vives, de la diaspora et du public, a mêlé solennité et symboles, puisqu’elle a été marquée par des ballets aux couleurs de la paix, des chants patriotiques et des hommages aux efforts collectifs. Les journées de restitution des 20, 21 et 22 juillet ont permis d’amender et de valider le texte avant sa remise. À cette occasion, le CICB a même été symboliquement rebaptisé « Centre international de la paix ».

Des valeurs fortes

Dans son contenu, la Charte fixe des objectifs ambitieux, tels que la restauration de la paix, la justice, la cohésion sociale, la souveraineté et la lutte contre la corruption et l’impunité. Elle insiste sur la jeunesse comme moteur de l’avenir, sur le rôle des médias dans la guerre informationnelle et sur la nécessité d’utiliser les mécanismes endogènes de règlement des conflits en plus des institutions modernes.

Le préambule célèbre « la fierté d’être les héritiers d’une histoire millénaire » et le texte appelle à une gestion transparente des ressources et à la réhabilitation de la confiance entre l’administration et la population.

Pour Ousmane Issoufi Maïga, la Charte est « le témoignage d’une promesse populaire », et selon le Président Assimi Goïta, elle exprime « le rêve collectif d’un Mali réconcilié », tout en marquant « la souveraineté retrouvée du pays ».

Critiques et des défis

Si la Charte cristallise des espoirs, elle suscite également des réserves. D’abord sur la méthode. Malgré les consultations régionales et avec la diaspora, certains acteurs politiques et de la société civile jugent le processus trop contrôlé et fermé aux critiques. Certains ont souligné le manque de débat public élargi et l’absence d’implication de certains partis, dissous en juin 2025.

Ensuite, la légitimité populaire est interrogée. Certes, l’adoption doit passer par le Conseil national de Transition (CNT), avant une promulgation présidentielle, mais plusieurs voix réclament un référendum pour valider le texte. Aucun calendrier officiel n’a été communiqué sur cette possibilité.

La Charte est aussi floue sur ses mécanismes de mise en œuvre. Elle proclame des principes, mais sans calendrier ni mesures précises pour les réaliser. Certains juristes estiment également qu’elle fait double emploi avec la Constitution ou l’Accord d’Alger, aujourd’hui caduc.

La remise de la Charte intervient dans un climat tendu. La dissolution des partis politiques en juin 2025 a renforcé le contrôle central de la Transition, mais aussi nourri des contestations. Dans le nord, la reprise des hostilités par le Front de libération de l’Azawad (FLA) et l’intensification des combats contre les groupes armés compliquent la perspective de réconciliation.

Le choix d’une approche exclusivement militaire contre les groupes qualifiés de terroristes, alors que des voix locales plaidaient pour des discussions avec certains chefs maliens, semble en contradiction avec l’esprit de la Charte, qui appelle à des solutions endogènes et inclusives.

Une étape cruciale mais inachevée

Le texte constitue néanmoins un jalon historique. Il synthétise les aspirations des Maliens à la paix et à la justice, mais la confiance et l’adhésion populaire restent à conquérir. Les autorités ont annoncé une campagne nationale de vulgarisation et la traduction du texte en langues nationales pour faciliter son appropriation.

Il faut désormais un plan d’action concret pour que la Charte dépasse le symbole et devienne la base d’une véritable politique de réconciliation et de développement. Comme l’a dit le Président Goïta, « les épreuves traversées doivent constituer le ciment de notre unité ». Encore faut-il traduire cet espoir en actes.

Massiré Diop

Coopération sécuritaire : Bamako et Washington amorcent une nouvelle relance

Après des années de rupture, la coopération sécuritaire entre le Mali et les États-Unis connaît une relance progressive, marquée par des visites diplomatiques de haut niveau. Au-delà du symbole politique, cette reprise soulève d’importants enjeux sécuritaires et stratégiques pour Bamako, qui cherche à diversifier ses partenariats dans la lutte contre le terrorisme.

La coopération militaire entre le Mali et les États-Unis reprend vie après plus de quatre années de gel. Entre réunions diplomatiques, séances de travail sécuritaires et engagements mutuels affichés, les signes d’un rapprochement se multiplient. Washington affiche sa volonté de redevenir un acteur sécuritaire clé au Sahel, dans un contexte de concurrence géopolitique accrue, tandis que les autorités maliennes semblent prêtes à réactiver un partenariat jadis structurant.

Ce retour intervient alors que l’armée malienne est engagée sur plusieurs fronts contre les groupes terroristes qui continuent de mener des attaques dans différentes régions du pays. À travers cette relance, le Mali pourrait renforcer ses capacités opérationnelles et techniques, tout en diversifiant ses partenariats stratégiques pour affronter la complexité de la crise sécuritaire.

Un retour américain qui se précise

Ce mois de juillet 2025 marque un tournant significatif dans la coopération sécuritaire entre le Mali et les États-Unis, avec deux visites diplomatiques majeures traduisant un réchauffement des relations entre les deux pays.

Le 8 juillet, lors de la célébration du 249ème anniversaire de l’indépendance américaine à l’ambassade des États-Unis à Bamako, le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a salué cette dynamique naissante. Il a estimé que ces visites de haut niveau constituaient « un signal pour un renouveau du dialogue politique, fondé sur le réalisme, le pragmatisme et les intérêts mutuels ».

Dans cette perspective, la visite du 9 juillet de Rudy Atallah, Directeur adjoint principal de la lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, a posé un acte fort. Accompagné de l’Ambassadrice des États-Unis au Mali, Mme Rachna Korhonen, il a tenu une séance de travail avec les ministres maliens des Affaires étrangères et de la Sécurité.

Cette mission visait à « s’imprégner des réalités maliennes » et à relancer la coopération bilatérale sur des bases renouvelées. Plusieurs points ont été abordés, notamment la reprise en main de la sécurité nationale par les autorités de la Transition, le renforcement des capacités opérationnelles de l’armée, la prise en compte de la Confédération AES dans la lutte antiterroriste, ainsi que la nécessité d’une action sincère et globale contre le terrorisme.

Ce rapprochement s’est consolidé avec la visite le 21 juillet de William Stevens, Sous-Secrétaire d’État adjoint américain pour l’Afrique de l’Ouest et Envoyé spécial au Sahel. Reçu à Bamako par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, il a insisté sur la vision du Président Trump « de travailler avec les pays amis » et a évoqué les opportunités de coopération économique et sécuritaire, ainsi que l’amélioration du climat des affaires au Mali. Les deux parties ont souligné leur convergence de vues sur des questions stratégiques, notamment la lutte contre les groupes armés terroristes et la promotion des intérêts mutuels dans le respect de la souveraineté.

Plus tôt, en février dernier, une rencontre avait eu lieu à Bamako entre des officiers maliens et des officiers américains, représentants de l’US Africa Command.

Enjeux stratégiques

La relance progressive de la coopération sécuritaire entre le Mali et les États-Unis soulève plusieurs enjeux majeurs. Sur le plan opérationnel, l’armée malienne reste confrontée à la résistance des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Le retour américain pourrait se traduire par un accès aux renseignements satellitaires et aux drones de surveillance américains, particulièrement précieux pour le suivi des déplacements terroristes transfrontaliers, la remise à niveau des systèmes de communication sécurisés de l’armée malienne, la formation d’officiers supérieurs à la planification stratégique et aux opérations combinées, ainsi qu’un appui à la sécurisation des frontières — domaine dans lequel les États-Unis disposent d’une expertise régionale avérée.

Par ailleurs, selon une analyse du Centre Awdagust d’Études Régionales, un institut de recherche indépendant spécialisé dans l’analyse des dynamiques géopolitiques au Sahel et au Maghreb, en plus de renforcer les capacités maliennes face aux organisations extrémistes, les États-Unis cherchent à rétablir une présence de leur renseignement dans le Sahel central après leur retrait du Niger, tout en contrecarrant l’influence russe à Bamako sans confrontation directe avec Moscou.

« Pour Bamako, cette relance pragmatique élargit ses marges de manœuvre : tout en consolidant ses liens stratégiques avec Moscou et Ankara, le Mali cherche à diversifier ses partenariats afin d’éviter toute dépendance exclusive et bénéficier des expertises américaines en matière de renseignement et de logistique », avance l’institut.

La note d’analyse du Centre Awdagust souligne également que, bien que le Mali ait bénéficié du soutien russe et ait étendu ses collaborations avec la Turquie, le gouvernement de transition est conscient que les États-Unis possèdent des capacités techniques et de renseignement « difficiles à compenser ».

Enfin, au plan symbolique, la relance de la coopération américaine consolidera la légitimité internationale du Mali après des années d’isolement partiel. Elle pourrait même faciliter un retour progressif des financements multilatéraux conditionnés à un cadre sécuritaire stable.

Vers un équilibre incertain ?

Dans un contexte où la Russie est devenue depuis 2021 un allié stratégique central du Mali — avec la livraison d’avions de combat Sukhoï, de blindés et le déploiement massif de formateurs militaires — la relance de la coopération sécuritaire américaine pose la question de la compatibilité entre ces deux appuis stratégiques.

D’un point de vue strictement militaire, la cohabitation pourrait être bénéfique si elle est bien coordonnée, estiment certains analystes. Les Russes assureraient l’appui direct au sol et l’armement lourd, tandis que les Américains apporteraient la logistique, la formation ciblée et le renseignement stratégique, domaine où leur expertise est reconnue.

Toutefois, au plan géopolitique, Washington est très critique vis-à-vis de la présence russe en Afrique de l’Ouest, qu’elle considère comme une menace pour ses intérêts et ceux de ses alliés européens. « Pour le Mali, l’enjeu sera d’éviter que cette rivalité ne vienne parasiter sa stratégie sécuritaire. Une coopération équilibrée nécessitera une diplomatie agile afin de préserver l’appui de chaque puissance sans être perçu comme un terrain d’affrontement géopolitique », souligne Dramane Diarra, expert en relations internationales et géopolitique.

Un historique dense de coopération sécuritaire

Avant la rupture de 2021, les États-Unis entretenaient avec le Mali une coopération militaire et sécuritaire étroite. Après la chute du régime dictatorial en 1991, Washington avait progressivement accru son appui à Bamako, notamment à travers la formation d’officiers maliens dans les académies militaires américaines et la fourniture de matériels logistiques.

Entre 2002 et 2012, la coopération s’est intensifiée dans le cadre de l’Initiative Pan-Sahel, puis du Trans-Saharan Counterterrorism Partnership (TSCTP), un vaste programme américain visant à renforcer les capacités antiterroristes des pays du Sahel et du Maghreb. Les États-Unis ont ainsi formé des unités spéciales maliennes, fourni des véhicules blindés légers, financé l’équipement en communication sécurisée et renforcé les structures de renseignement militaire.

Après la crise sécuritaire de 2012, consécutive à l’occupation du nord du Mali par les groupes terroristes, l’appui américain s’est réorienté vers la stabilisation et la reconstruction des capacités de l’armée malienne. Le Mali bénéficiait également d’aides budgétaires destinées à l’armée, ainsi que de formations sur la lutte contre les engins explosifs improvisés et la sécurisation des zones rurales vulnérables.

Cependant, après le renversement de la Transition dirigée par le Colonel-major Bah N’daw en mai 2021, Washington avait décidé de suspendre toute assistance militaire directe, conformément à ses lois interdisant de coopérer avec des régimes issus de putschs jusqu’au retour à un ordre constitutionnel normal.

Alors que Bamako et Washington s’engagent dans ce nouveau chapitre de coopération sécuritaire, l’avenir dépendra de leur capacité à naviguer avec finesse entre ambitions stratégiques et réalités politiques, dans un Sahel où chaque alliance pèse lourd et où la stabilité reste fragile.

Mohamed Kenouvi

Action Anticipatoire : la Croix-Rouge malienne engage le dialogue national  

À l’initiative de la Croix-Rouge malienne, la première édition de la plateforme de dialogue national sur l’Action Anticipatoire (AA) s’est ouverte ce mercredi 23 juillet au Centre international de conférences de Bamako. Placée sous le thème « Institutionnaliser l’action anticipatoire au Mali : vers un cadre national durable et inclusif », cette rencontre de trois jours vise à renforcer la résilience des communautés face aux catastrophes climatiques et humanitaires.

Dans une salle remplie de représentants des services de l’État, d’organisations humanitaires, d’experts techniques et de partenaires financiers, l’heure était à l’unité autour d’une ambition d’agir avant que la crise ne frappe.
Coorganisée avec la Plateforme Nationale de Réduction des Risques de Catastrophes (PNRRC), la rencontre marque un tournant vers l’institutionnalisation des Actions Anticipatoires (AA) dans les politiques nationales.
La représentante de la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Dorien Dolman, a souligné que cette approche « constitue aujourd’hui une réponse concrète et innovante pour réduire les impacts des catastrophes avant même qu’elles ne surviennent, tout en renforçant la résilience des communautés vulnérables ». Selon elle, entre 2022 et 2024, 7,7 millions de personnes ont été protégées dans le monde grâce à un investissement global de 17,8 millions de francs suisses.
« L’organisation de cette plateforme constitue un moment charnière dans l’histoire de l’action humanitaire anticipatoire au Mali », a affirmé le Secrétaire général de la Croix-Rouge malienne, Nouhoum Maïga. Depuis 2016, la Croix-Rouge malienne mène des actions pilotes de « Forecast-based Financing » (FBF) pour anticiper notamment les inondations, à travers l’élaboration de déclencheurs et l’activation de plans d’actions précoces en coordination avec la Direction Nationale de l’Hydraulique.
Institutionnaliser pour mieux protéger
Pour le Colonel Cheick Fatamady Koné, représentant du Directeur Général de la Protection Civile, l’enjeu est clair : « La mise en œuvre des Actions Anticipatoires n’est plus une option, mais une nécessité stratégique. Ces approches permettent d’agir en amont des crises à partir d’indicateurs prévisionnels fiables, afin de réduire les impacts humanitaires, matériels et économiques des catastrophes. » En 2024, a-t-il rappelé, le Mali a enregistré 95 décès et 154 blessés liés aux aléas climatiques, sans compter les lourdes pertes agricoles et infrastructurelles qui freinent le développement.
Durant ces trois jours, du 23 au 25 juillet, participants et experts vont plancher sur l’intégration des AA dans la stratégie nationale de réduction des risques, les systèmes d’alerte précoce, les données et déclencheurs, ainsi que sur des thématiques comme la digitalisation ou le financement anticipatif.
Des sessions parallèles aborderont notamment l’intégration des AA dans les politiques publiques, l’engagement communautaire ou la limite entre prévention et anticipation.
Des acquis divers
Parmi les acquis déjà enregistrés figurent la mise en place d’un Groupe Technique de Travail sur les AA, l’adoption d’une feuille de route nationale, la cartographie des zones de vulnérabilité, la co-création de prototypes de messages d’alerte et l’élaboration d’un premier jet du plan national AA inondations.
« Ces avancées structurantes posent les jalons d’un système anticipatif efficace et intégré », a salué le Colonel Koné, en rappelant l’engagement des plus hautes autorités, notamment du Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, à placer la gestion des risques et des catastrophes au cœur des politiques publiques.
La FICR en soutien
La FICR, par la voix de Mme Dolman, a réaffirmé son engagement à soutenir la Croix-Rouge malienne dans l’intégration juridique et stratégique des AA, ainsi que la mobilisation des ressources pour leur mise en œuvre effective. Elle a aussi salué le rôle moteur de la Croix-Rouge malienne, « un exemple particulièrement inspirant dans la région », qui a su activer ses plans anticipatoires là où d’autres pays ont échoué faute de coordination.
En ouvrant les travaux de cette première édition de la plateforme de dialogue national sur l’action anticipatoire, le représentant du Directeur Général de la Protection Civile a appelé à « des échanges ouverts, francs et constructifs » pour transformer l’anticipation en un pilier de la protection civile malienne.
« L’espoir des communautés vulnérables repose sur notre capacité à innover, à coopérer et à agir à temps », a-t-il insisté.
Mohamed Kenouvi

Mali/États‑Unis : Stevens plaide pour un partenariat global

En visite à Bamako les lundi 21 et mardi 22 juillet, William B. Stevens, sous‑secrétaire adjoint américain pour l’Afrique de l’Ouest, a multiplié les interventions soulignant la dimension sécuritaire, sanitaire et économique du partenariat entre les États‑Unis et le Mali.

À son arrivée, Stevens a rencontré plusieurs acteurs maliens pour une session d’échanges qu’il a lui‑même qualifiée de franche et amicale, axée sur la lutte contre le terrorisme : « Nous croyons que les États‑Unis et le Mali partagent un intérêt pour combattre le terrorisme ici au Sahel », a‑t‑il déclaré, précisant que les sanctions financières ciblées constituent un moyen de tarir les flux financiers des groupes jihadistes.
Outre la sécurité, Stevens a mis l’accent sur la coopération sanitaire, évoquant sa visite à l’Institut national de santé (NIH) de Point G, qu’il décrit comme un exemple de partenariat transformateur. Il a salué les chercheurs maliens aux avant-postes des essais vaccinaux contre le paludisme et d’autres maladies infectieuses, soulignant les bénéfices concrets pour la région.
Sur le volet économique, Stevens a fait valoir que l’ouverture du Mali au commerce et aux investissements américains dépend largement de l’amélioration du climat des affaires. « Quand le Mali ouvre ses portes, les investisseurs suivront », a‑t‑il affirmé, insistant sur le rôle déclencheur de la coopération commerciale.
Cette visite de Stevens intervient deux semaines après celle de Rudy Atallah, Directeur adjoint principal de la lutte contre le terrorisme au Conseil de sécurité nationale américaine, qui avait rencontré le 9 juillet à Bamako les ministres en charge des Affaires étrangères et de la Sécurité. L’enchaînement de ces rencontres traduit une volonté claire de renforcer le partenariat bilatéral dans un contexte d’intensification des attaques au Mali.
Cet envoi de hauts responsables confirme que Washington mise sur une approche globale du Sahel, mêlant mesures sécuritaires, soutien à la santé publique et stimulation des échanges économiques. L’objectif affiché est de bâtir un partenariat pragmatique, respectueux de la souveraineté malienne, et porteur de stabilité durable.

Lutte contre l’insécurité : l’armée saisit un important lot de matériel attribué au FLA

Les forces armées maliennes ont annoncé, mardi, la saisie d’un important lot de matériel logistique présenté comme destiné au Front de Libération de l’Azawad (FLA), un groupe armé opérant dans le nord du pays. Selon un communiqué de l’État-major général, la cargaison, interceptée grâce à une opération de renseignement, comprenait notamment des équipements militaires et des effets vestimentaires.

D’après le communiqué, le lot se compose de « vingt canots pneumatiques équipés d’appareils de gonflage, quatre mille turbans, 3 280 paires de rangers, quatre mille treillis et cent tenues de couleur kaki ». À cela s’ajoutent « 4 040 macarons, 1 040 écussons, ainsi que vingt-cinq cartons de chandails ». L’armée précise que le matériel a été « fabriqué dans un pays d’Asie » et convoyé « par un État voisin », sans donner d’indication supplémentaire sur les itinéraires empruntés.
L’opération aurait été menée grâce à la coopération entre « les services de renseignement des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) », avec le concours d’un « pays partenaire » dont l’identité n’a pas été divulguée. Selon les images diffusées par l’armée malienne, certains éléments du matériel portent des insignes et inscriptions associés au FLA, qualifié de groupe terroriste par les autorités de Bamako.
Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les responsabilités et identifier les circuits de financement et de livraison de ces équipements. Le FLA, apparu après la dénonciation de l’accord d’Alger par le gouvernement malien en 2024, revendique des attaques dans le nord du Mali et des actions contre les forces gouvernementales.
Les autorités maliennes n’ont pas précisé la date exacte de la saisie ni le lieu où le matériel a été intercepté. L’armée a toutefois souligné que cette opération s’inscrit « dans le cadre des efforts en cours pour sécuriser les zones frontalières et perturber les approvisionnements des groupes armés actifs dans la région ».
Le Mali est confronté depuis plus d’une décennie à une insurrection armée menée par divers groupes jihadistes et séparatistes, malgré plusieurs initiatives nationales et internationales visant à stabiliser le pays.

Algérie–Mali : Tebboune propose une médiation sous conditions

Le président algérien a affirmé que son pays était prêt à faciliter un dialogue entre Bamako et les rebelles du nord si les autorités maliennes en faisaient la demande. Il a en parallèle réitéré son opposition à toute présence de mercenaires à la frontière. Ces déclarations interviennent alors que le Mali a rompu l’accord d’Alger de 2015 et relancé les hostilités contre les groupes armés du nord, qu’il accuse de terrorisme.

Dans un climat de violence renouvelée dans le nord malien, le président Abdelmadjid Tebboune a clarifié la position de son pays, en mélangeant fermeté et ouverture. « Nous ne voulons pas de mercenaires à nos frontières », a-t-il lancé le 18 juillet, visant directement la présence de Wagner et d’Africa Corps aux côtés des forces maliennes. Et d’ajouter : « Nous sommes prêts à faciliter un dialogue entre Bamako et les rebelles, mais à condition que les autorités maliennes en fassent la demande ».
Ces mots résonnent alors que l’armée malienne affronte depuis des mois les ex‑signataires de l’accord d’Alger, désormais regroupés au sein du Front de libération de l’Azawad (FLA). Ces anciens partenaires du processus de paix sont aujourd’hui qualifiés de « terroristes » par Bamako, qui a engagé des poursuites judiciaires contre leurs responsables. Cette évolution intervient après la dénonciation, en janvier 2024, de l’accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger, que Bamako jugeait « inapplicable » et « instrumentalisé ».
Signé en 2015 sous l’égide de l’Algérie et soutenu par la communauté internationale, l’accord visait à stabiliser durablement le septentrion malien grâce à une décentralisation, une meilleure représentation des populations et la réintégration des combattants. Pendant des années, il a permis d’éviter une guerre ouverte, mais n’a jamais été pleinement appliqué.
Depuis sa dénonciation par Bamako, les hostilités se sont intensifiées. Aux Nations unies comme à l’Organisation de la coopération islamique, des diplomates maliens ont accusé Alger d’abriter et de soutenir des responsables qu’ils considèrent aujourd’hui comme « terroristes ». Ces accusations ont été accompagnées d’une série d’incidents, dont l’abattage par l’armée algérienne d’un drone malien à la frontière en avril 2025, que Bamako a qualifié de « provocation ». Alger, de son côté, affirme qu’il s’agissait d’une réponse légitime à une violation de son espace aérien.
Dialogue conditionné, frontières sanctuarisées
Pour l’Algérie, la ligne reste inchangée en indiquant ne tolérer aucune intrusion de mercenaires, mais un dialogue reste possible si le Mali le sollicite. « La solution est politique, pas militaire, mais elle doit être décidée par les Maliens », répète Tebboune, rappelant la doctrine algérienne de non‑ingérence. Dans un communiqué d’avril 2025, Alger estime que le recours aux sociétés militaires étrangères était une erreur stratégique.
Sur le terrain, la multiplication des incidents — drones abattus, échanges d’accusations diplomatiques — illustre la détérioration des relations. Pourtant, les deux pays affirment être favorables au dialogue. Selon Tebboune, « la seule voie de sortie est celle d’une réconciliation entre frères, et l’Algérie peut aider, si elle est appelée à le faire ».
Méfiance persistante et avenir incertain
Dans cette relation ambiguë, Bamako se montre méfiant envers un voisin perçu tantôt comme partenaire, tantôt comme rival, tandis qu’Alger défend sa posture d’intermédiaire légitime dans la crise malienne. Pour les autorités maliennes, maintenir leur autonomie et leur stratégie sécuritaire actuelle est devenu une priorité pour assurer son intégrité territoriale. Pour l’Algérie, éviter la contagion des conflits à ses frontières est un impératif vital.
Le dilemme est désormais posé entre renouer le fil du dialogue sur la base de l’accord d’Alger, ou continuer à miser sur une solution militaire. La main algérienne reste tendue, mais la méfiance grandit des deux côtés, dans une région où la stabilité apparaît chaque jour plus fragile.

Coton : Une campagne déjà fragilisée par les retards et les ravageurs

Malgré un objectif ambitieux de production pour 2025-2026, la filière cotonnière est minée par des retards de paiements, des livraisons d’intrants insuffisantes et une nouvelle invasion de jassides. À quelques semaines des premières récoltes, les producteurs redoutent une nouvelle chute des rendements.

En ce mois de juillet 2025, la campagne cotonnière affiche un contraste saisissant entre les ambitions de l’État et les réalités des champs. Alors que le gouvernement a fixé un objectif de 682 000 tonnes de coton-graine, sur 672 000 hectares emblavés (+7,8% par rapport à la saison précédente), les difficultés s’accumulent sur le terrain. Pourtant, ces ambitions placeraient le Mali parmi les tout premiers producteurs africains, derrière le Bénin mais devant le Burkina Faso, consolidant son rôle stratégique dans la sous-région. Elles s’appuyaient sur une relance progressive de la production après la baisse de 17% enregistrée en 2024-2025, où seuls 569 300 tonnes ont été récoltées, contre 690 000 tonnes un an plus tôt.

La menace la plus immédiate est celle des jassides (Amrasca biguttula), déjà signalés début juillet dans la zone de Kadiolo. Ce ravageur, connu pour détruire le feuillage et freiner la croissance des plants, fait craindre aux producteurs une baisse significative des rendements, comme en 2021-2022. Leur présence a été confirmée dans les zones de Kadiolo et Yorosso, où l’espèce avait déjà provoqué d’importants dégâts lors d’épisodes antérieurs.

En parallèle, les retards de paiement continuent de peser. Au 24 juin 2025, la CMDT avait réglé seulement 63,4% des montants dus aux producteurs, soit plus de 36% d’arriérés encore en attente. Un décaissement de 23 milliards de francs CFA, effectué en fin de mois, visait à accélérer les paiements.

Des mesures pour la relance

Les intrants, indispensables à la bonne santé des cultures, connaissent également de sérieux retards. Fin juin, seulement 43% des engrais complexes et 39% des autres intrants avaient été distribués. Les organisations paysannes rappellent que ces livraisons auraient dû être finalisées dès avril pour garantir leur efficacité.

Pour apaiser la colère des exploitants et compenser partiellement les pertes attendues, le ministère de l’Agriculture a annoncé une annulation ciblée des crédits d’intrants pour les producteurs les plus touchés par les jassides. Cette mesure ne compense toutefois ni les pertes déjà observées sur le terrain, ni l’incertitude persistante dans les campagnes.

Sans réponses rapides sur les paiements, la lutte contre les ravageurs et les intrants, l’objectif 2025-2026 pourrait bien rester hors d’atteinte. La filière, qui emploie directement et indirectement près de quatre millions de personnes, représente plus de 15% des recettes d’exportation du pays, ce qui en fait un pilier vital pour l’économie nationale.

Diaspora malienne : un levier de développement à mieux organiser

Reconnue comme l’un des piliers du développement économique et social du Mali, la diaspora malienne joue un rôle central dans l’équilibre des communautés d’origine. Les fonds envoyés par les Maliens établis à l’extérieur soutiennent à la fois la consommation des ménages et la réalisation d’infrastructures de base. Pour mieux structurer cette participation et répondre aux attentes croissantes des acteurs, le ministère en charge de la diaspora organise la première édition du Forum international de la diaspora (FID), du 17 au 19 juillet 2025, à Bamako.

Pays de forte tradition migratoire, le Mali compte entre 4 et 6 millions de ressortissants vivant à l’extérieur selon les estimations disponibles, malgré l’absence de données exhaustives. Depuis la création en 2004 du ministère en charge de la diaspora, l’État malien a multiplié les efforts pour structurer les liens avec ses ressortissants expatriés. Aujourd’hui, cette communauté représente un atout économique, humain et symbolique essentiel pour le pays.

En 2023, selon la Banque mondiale, les transferts de fonds de la diaspora malienne ont atteint 1,15 milliard de dollars, soit environ 700 milliards FCFA, correspondant à 5 % du PIB national. D’après l’Institut national de la statistique (INSTAT), 18,3 % des ménages ruraux maliens ont reçu des fonds envoyés par un proche à l’étranger en 2022. Mais au-delà du soutien à la consommation, l’enjeu est désormais de canaliser ces envois vers des investissements durables.

Mobiliser l’épargne diasporique

Lancée en 2014, la Politique nationale de migration (PONAM) ambitionne de transformer la migration en levier de développement durable. Dotée d’un besoin de financement de 120 milliards FCFA, la PONAM vise notamment la valorisation du capital humain, la reconnaissance des compétences des migrants, le renforcement des relations institutionnelles et la lutte contre la migration irrégulière.

Parallèlement, de nombreuses organisations de la diaspora développent des projets dans leurs localités d’origine : électrification rurale, forages, écoles, centres de santé, ou encore coopératives agricoles. Ces dynamiques s’inscrivent souvent dans une logique communautaire ou thématique et traduisent une volonté de s’engager au-delà des simples transferts de survie. Le gouvernement malien prévoit d’actualiser la PONAM à l’horizon 2025 pour l’adapter aux défis contemporains liés aux crises sécuritaires, au changement climatique et à l’essor de la diaspora des jeunes diplômés. Cette nouvelle orientation vise aussi à inclure la migration interne, notamment les mobilités entre zones rurales et urbaines, de plus en plus observées ces dernières années.

Vers des investissements productifs

Selon une étude du Fonds international de développement agricole (FIDA) publiée en 2022, 82 % des organisations et 84 % des individus interrogés souhaitent réduire les transferts dédiés à la consommation directe, au profit d’investissements pérennes. Cette recherche, menée auprès de 90 associations et 210 particuliers établis en France, en Espagne et en Italie, montre un intérêt marqué pour les secteurs agricoles (préféré par 83 % des répondants), éducatifs, sanitaires, commerciaux ou encore immobiliers.

Certains villages maliens disposent aujourd’hui de centres de santé fonctionnels, de puits modernes et même de connexions solaires grâce à l’appui structuré d’associations diasporiques. À Kayes, Koulikoro ou Sikasso, plusieurs dizaines d’initiatives de cofinancement entre villages et ressortissants expatriés ont vu le jour, avec le soutien d’ONG internationales. Ces réussites restent cependant trop localisées et parfois peu visibles à l’échelle nationale.

Le potentiel global d’investissement annuel est estimé à 9 millions d’euros, mais reste largement sous-exploité, en raison du manque de produits financiers adaptés, d’un déficit d’accompagnement technique et d’un accès limité à l’information économique. Le FIDA plaide pour la mise en place de guichets d’investissement spécifiques, d’outils de garantie, et d’initiatives communes entre migrants, institutions et investisseurs professionnels.

Attentes et perspectives

Pour des entrepreneurs issus de la diaspora comme Abdrahamane Kébé, franco-malien dans le secteur du BTP, le forum international constitue une opportunité attendue. « Ce type de rencontre permet de créer des synergies entre ceux d’ici et ceux de là-bas, de favoriser les échanges d’expériences et de détecter des idées porteuses », explique-t-il. Lui-même a choisi d’investir au Mali après y avoir passé une partie de son enfance, une expérience qu’il qualifie de « globalement positive, malgré les obstacles ».

Selon lui, pour garantir la pérennité des investissements de la diaspora, il est indispensable de disposer de structures crédibles capables d’orienter les porteurs de projet, d’évaluer la viabilité des startups et d’assurer un accompagnement dans la durée. « Beaucoup ont tenté de monter des affaires ici, mais faute de repères fiables ou de partenaires sérieux, cela s’est mal terminé », regrette-t-il.

Défis structurels persistants

Les défis sont nombreux : déficit d’infrastructures (routes, énergie), incertitude sécuritaire, lenteur administrative, rareté de profils qualifiés dans certains secteurs. Ces facteurs freinent la croissance des entreprises locales et dissuadent certains investisseurs potentiels. Toutefois, le dynamisme d’une partie de la diaspora, notamment des jeunes, redonne espoir. « Il y a une nouvelle génération, formée, consciente des réalités des deux côtés, qui veut agir », estime Abdrahamane Kébé.

Le Forum de Bamako devrait ainsi offrir un cadre de discussions, d’opportunités et de solutions partagées. Il pourra aussi marquer un tournant dans la relation entre diaspora et institutions publiques, en posant les bases d’un partenariat mieux structuré. Des jeunes entrepreneurs de la diaspora investissent aussi dans les technologies numériques : applications de santé, plateformes éducatives, ou services financiers innovants. Ces initiatives, bien qu’encore embryonnaires, témoignent d’un changement de paradigme dans les formes d’engagement diasporique.

Un enjeu économique majeur

Selon la Banque mondiale, le Mali se classe au 9e rang des pays africains recevant le plus de transferts de sa diaspora, et à la 3e place dans l’espace francophone. Ces envois soutiennent non seulement les dépenses courantes, mais également l’agriculture familiale, la santé, la scolarisation et plus récemment des initiatives collectives à portée locale.

Le rôle des femmes de la diaspora, souvent sous-estimé, mérite une attention particulière. Très impliquées dans les transferts de fonds et les projets sociaux, elles contribuent activement à la solidarité familiale, à la scolarisation des enfants, à l’accès aux soins et à la stabilité des communautés d’origine. Leur engagement dans les coopératives, la santé ou les microfinances peut constituer un levier puissant de transformation locale, si des dispositifs adaptés sont mis en place pour structurer leur action.

Selon les économistes, près de 10 % des transferts sont désormais orientés vers des projets générateurs de revenus. Au-delà du montant, c’est donc l’impact socio-économique de ces flux qui doit être consolidé.

Le FIDA, en partenariat avec l’Union européenne, soutient ainsi le financement d’initiatives agricoles « climato-compatibles », associant migrants et entreprises locales. L’exemple de « Ciwara Capital », fonds de capital-risque détenu par des Maliens de l’étranger, est souvent cité. Il investit régulièrement dans SOPROTRILAD, une entreprise nationale de 400 employés, active dans la transformation du riz, et partenaire de plus de 160 coopératives.

Migration et gouvernance

Pour inscrire ces efforts dans une stratégie plus globale, le Mali souhaite parvenir à une gestion ordonnée de la migration. Il s’agit d’éviter les pertes humaines, les ruptures sociales et les déséquilibres dans les zones d’origine. La sensibilisation contre la migration irrégulière, notamment via des campagnes initiées en 2024, s’inscrit dans cette logique.

D’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le monde comptait en 2024 plus de 304 millions de migrants, dont plus de 83 millions déplacés de force. Ce fut aussi l’année la plus meurtrière jamais enregistrée : 8 938 décès sur les routes migratoires. Au Mali, 402 167 personnes déplacées internes ont été recensées en décembre 2024, ainsi que 88 783 rapatriés et 863 697 retournés.

Ces chiffres rappellent l’urgence d’encadrer les flux et de créer des alternatives viables sur place, afin que la migration ne soit plus un exil imposé, mais un choix volontaire.

Le Forum international de la diaspora de Bamako intervient à un moment stratégique. Les attentes sont fortes, les opportunités réelles, mais les défis restent immenses. Entre volonté politique, mobilisation des acteurs et renforcement des outils existants, c’est une nouvelle étape qui s’ouvre dans le partenariat entre le Mali et ses ressortissants établis à l’étranger. À condition que les promesses soient suivies d’actions concrètes.

Crise d’eau à Bamako : Un retour progressif à la normale

Depuis début juillet, Bamako fait face à une crise d’eau potable qui a durement éprouvé les habitants de plusieurs quartiers. Coupures prolongées, dégradation de la qualité de l’eau, inquiétudes sanitaires, etc. la capitale a vécu des jours difficiles avant un retour progressif à la normale ces derniers jours.

« La semaine dernière, nous avons passé trois jours sans une goutte d’eau dans les robinets. Nous étions obligés d’aller chercher de l’eau à la fontaine publique, après de longues heures d’attente », raconte avec amertume Aminata Tounkara, une habitante de Kalaban Coura.

Djénébou Doumbia, mère de famille à Lafiabougou, témoigne d’un autre aspect de la crise : « l’eau du robinet présentait des couleurs inhabituelles. Nous avions même peur de l’utiliser pour la cuisine. C’était vraiment préoccupant ».

Selon Mamadou Dembélé, Directeur de la Production d’eau à la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP – SA), cette situation résulte essentiellement de deux facteurs. D’abord, en saison des pluies, les matières en suspension et certains produits liquides sont drainés vers le fleuve Niger, source principale d’approvisionnement de Bamako. Ensuite, ce phénomène est aggravé par les activités d’orpaillage, notamment les dragues, qui polluent davantage l’eau.

« Pour renforcer le traitement et garantir la conformité aux recommandations de l’OMS, nous avons réduit le débit d’entrée afin de mieux traiter l’eau avant de la distribuer à la population », explique-t-il.

Une amélioration progressive

Depuis quelques jours, la situation s’améliore. Abdoul Karim Koné, Chargé de Communication de la SOMAGEP, se veut rassurant. « Il y a une grande amélioration, car la turbidité de l’eau du fleuve a commencé à baisser. Comme l’eau était très dégradée, presque jaune, nous étions obligés de réduire la quantité traitée. Mais présentement la qualité de l’eau brute s’est améliorée, ce qui nous a permis de reprendre un peu la vitesse de croisière », nous confie-t-il.

Koné précise par ailleurs que « le niveau de production est revenu à la normale », même si la distribution complète prend du temps. « Quand le réseau est déstabilisé, il faut un moment pour qu’il se regonfle. Avec la réduction de la production, le réseau s’est vidé. Même si la production est redevenue normale, il faut du temps avant que l’eau n’arrive chez tous les consommateurs », souligne-t-il.

Dans plusieurs quartiers de Bamako, les habitants confirment un retour progressif de l’eau potable depuis le week-end dernier. Toutefois, la crise aura dévoilé la vulnérabilité de l’approvisionnement de Bamako alors que la saison des pluies ne fait que commencer.

Mohamed Kenouvi

Dissolution des partis politiques : Quelle issue pour les procédures en justice ?

Alors que la justice malienne continue d’examiner la légalité de la dissolution des partis politiques décrétée le 13 mai dernier, l’issue des procédures engagées par les anciens responsables des formations politiques dissoutes est très attendue.

Plus de deux mois après la décision gouvernementale de dissoudre l’ensemble des partis politiques, le sort de cette mesure est, depuis quelques semaines, suspendu aux différentes juridictions nationales.

Cinq requêtes ont été introduites devant les tribunaux de grande instance des Communes I, III, IV, V et VI du District de Bamako, pour faire constater une atteinte grave aux libertés fondamentales, notamment la liberté d’association et le droit de participation politique garantis par la Constitution du 22 juillet 2023. Selon les requérants, il ne s’agit pas de contester un acte administratif, mais plutôt de protéger des droits fondamentaux que le juge civil est compétent à garantir.

Cependant, l’avancée de ces procédures varie selon les communes. Si les tribunaux des Communes III, IV et V se sont déclarés incompétents, orientant les affaires vers la section administrative de la Cour suprême, les tribunaux des communes I et VI avaient fixé des audiences aux 7 et 8 juillet derniers, avant que celles-ci ne soient finalement reportées aux 28 et 29 juillet 2025.

En Commune I, l’absence des avocats de l’État a entraîné le report, tandis qu’en Commune VI, malgré la présence de toutes les parties, le juge a estimé nécessaire de poursuivre l’examen avant de rendre un jugement.

Au-delà des juridictions civiles, une requête a été déposée devant la Section administrative de la Cour suprême. Conformément aux règles, elle a été transmise au Contentieux de l’État pour permettre au gouvernement d’apporter ses observations.

La Cour constitutionnelle en arbitre final

Quelle que soit l’issue devant les juridictions civiles ou la Section administrative de la Cour suprême, la dernière étape sera la saisine de la Cour constitutionnelle, seule habilitée à juger de la conformité d’une loi ou d’une décision aux dispositions de la Constitution du 22 juillet 2023.

Cette Cour constitutionnelle, qui sera alors face à sa propre crédibilité, confirmera-t-elle la dissolution, au risque d’être perçue comme un instrument politique ? Ou bien osera-t-elle l’invalidation, ouvrant ainsi une crise institutionnelle majeure ?

Depuis l’annonce de la dissolution des partis politiques, la question n’est plus seulement celle de l’avenir des formations concernées, mais celle de la capacité du système judiciaire à se positionner face à une décision politique d’une telle ampleur, même si très peu d’observateurs s’attendent à une décision de justice qui contredirait les autorités de la Transition.

Quel aboutissement ?

Pour Soumaila Lah, analyste politique, « il est difficile de se prononcer sur l’issue de cette affaire, car nous n’avons pas tous les éléments entre nos mains ». Il souligne cependant que la décision des tribunaux des Communes I et VI de juger l’affaire sur le fond constitue « une bonne avancée », rappelant qu’« il n’aurait pas été orthodoxe de laisser croire aux Maliens qu’un individu ou une poignée d’individus peut décider de dissoudre tous les partis politiques du pays par simple volonté ».

Par ailleurs, certains analystes soulignent que l’enjeu dépasse la question juridique. Une annulation de la dissolution relancerait immédiatement les anciennes formations, rétablirait leur capacité d’action et redonnerait vie aux oppositions politiques, dans un contexte sécuritaire et économique déjà tendu.

À l’inverse, une validation ouvrirait la voie à un système politique radicalement repensé, où la refondation annoncée prendrait forme par la création de nouveaux partis et la mise à l’écart des acteurs traditionnels.

Même si le droit est clair quant à la protection de la liberté d’association et du pluralisme politique, le contexte, marqué par une transition prolongée et les réformes institutionnelles et politiques issues des Assises nationales de la Refondation, ainsi que par les recommandations des forces vives de la Nation lors des consultations nationales en avril dernier, risque de peser sur la décision finale de la justice.

Mohamed Kenouvi

Mercato : Les Aigles en mouvement

Depuis début juillet, plusieurs joueurs maliens ont animé le marché des transferts européens, entre nouvelles signatures et départs actés.

L’attaquant Wilson Samaké, 21 ans, a officialisé son engagement avec Bandirmaspor, club turc de deuxième division, pour trois saisons. Formé au Stade Rennais, où il évoluait avec l’équipe réserve, Samaké a porté les couleurs maliennes aux Jeux Olympiques de Paris 2024 et récemment lors du tournoi Maurice Revello. Ce transfert marque une étape importante dans la carrière du jeune buteur, qui cherchera à s’imposer comme titulaire en Turquie.

Autre international malien du tournoi Revello, Souleymane Sagnan, défenseur, a signé son premier contrat professionnel avec le RC Lens. Il s’est engagé pour trois ans, jusqu’en juin 2028, un signal fort de la confiance placée en lui par les Sang et Or.

Soumaila Traoré, formé à l’Olympique de Marseille, devait initialement rejoindre Montpellier, relégué en Ligue 2, mais c’est finalement un retour au FC Versailles qui s’est concrétisé. Il y arrive sous forme de prêt avec option d’achat, après avoir déjà été prêté au club francilien en seconde partie de la saison dernière. L’international malien U23 devrait y bénéficier d’un temps de jeu plus conséquent.

Transferts et repositionnements en vue

Parmi les transferts les plus remarqués figure celui de Gaoussou Diarra, qui rejoint Feyenoord Rotterdam en provenance d’Istanbulspor. Le club néerlandais a officialisé l’opération début juillet pour un montant estimé à 3,5 millions d’euros. À 22 ans, l’attaquant malien va découvrir l’élite néerlandaise et pourrait participer à la prochaine Ligue des Champions, une belle vitrine pour ses ambitions internationales.

Dans un autre registre, Fousseyni Doumbia, défenseur de l’Eintracht Francfort, a signé son premier contrat professionnel avec l’équipe première après ses belles performances au tournoi Maurice Revello 2025. Régulier avec la réserve, il franchit un cap dans sa carrière en intégrant la Bundesliga.

Mauvaise nouvelle en revanche pour Moussa Djenepo. Le joueur de 27 ans et le Standard de Liège ont trouvé un accord à l’amiable pour résilier son contrat. Si le club belge réalise ainsi une économie salariale de 1,6 million d’euros annuels, l’attaquant malien se retrouve désormais sans club et libre sur le marché.

Quant à Yves Bissouma, milieu de terrain de Tottenham, il est très convoité. Fenerbahçe a ouvert des discussions, tandis que la Roma et la Juventus suivent également son dossier de près.

Mohamed Kenouvi

Moustapha Siby : « La légitimité d’un pouvoir repose sur le respect des libertés fondamentales »

Dans cet entretien, l’analyste politique Moustapha Siby livre son regard sur la révision de la Charte de la Transition et la crise sécuritaire persistante. Propos recueillis par Massiré Diop

Pourquoi jugez-vous que la nouvelle loi autorisant les membres de la Transition à se présenter est une rupture avec « le moindre bon sens » ?

Une période de transition repose sur un principe cardinal : celui de la neutralité institutionnelle. Elle constitue une étape exceptionnelle, destinée à restaurer l’ordre constitutionnel et à garantir l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives. Dès lors, l’adoption d’une loi autorisant les membres de la Transition à se porter candidats aux scrutins à venir constitue une entorse grave à l’éthique démocratique. Une telle disposition crée en effet un conflit d’intérêts manifeste. Les autorités de la Transition, en position de contrôle des leviers de l’État, disposent d’un pouvoir disproportionné leur permettant d’orienter le processus électoral à leur avantage – que ce soit à travers l’accès privilégié aux médias publics, l’usage détourné des ressources administratives ou la manipulation potentielle des règles électorales.

Pensez-vous qu’une solution durable à la crise sécuritaire peut exister sans passer par le dialogue avec certains groupes armés ?

Il serait illusoire de croire qu’une solution durable à la crise sécuritaire peut être trouvée en excluant systématiquement le dialogue avec certains groupes armés, qui sont en majorité nos compatriotes, dans un conflit d’une complexité asymétrique rarement égalée. L’histoire mondiale montre que ces conflits ne sont jamais gagnés uniquement par la force militaire, même par les armées les plus puissantes. Souvent, ces groupes s’enracinent dans des revendications locales, un sentiment d’abandon ou des fractures communautaires non résolues, recrutant au sein de populations marginalisées victimes d’injustices socio-économiques. Le dialogue peut alors permettre de désamorcer les tensions, d’instaurer des cessez-le-feu locaux et de favoriser la réintégration progressive dans le tissu social.

Quelle responsabilité les élites communautaires peules devraient-elles concrètement assumer face au discours djihadiste ?

Les élites communautaires peules occupent une position centrale dans la lutte contre le discours djihadiste. Elles ont la responsabilité d’être à la fois des relais de prévention et des agents de cohésion sociale. Elles doivent, en des termes sans équivoque, condamner fermement les idéologies extrémistes qui menacent la paix et la stabilité de leurs – nos – communautés. Leur parole, écoutée et respectée localement, peut contribuer à affaiblir la propagande djihadiste et à promouvoir des valeurs de tolérance, de dialogue et de vivre-ensemble.

À vos yeux, quel serait le seuil minimal de progrès économique permettant de légitimer la prolongation du pouvoir actuel ?

À mes yeux, aucun progrès économique, aussi significatif soit-il, ne peut justifier la prolongation d’un pouvoir qui suspend les partis politiques, interdit tout débat contradictoire et emprisonne des citoyens pour leurs opinions. La légitimité d’un pouvoir repose d’abord sur le respect des libertés fondamentales et le rétablissement d’un cadre démocratique. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer les indicateurs économiques, mais aussi de garantir l’expression libre des citoyens, la pluralité politique et la transparence des institutions.

Sénégal : restitution de la dernière base militaire française à Ouakam

Ce jeudi 18 juillet 2025, la France a officiellement remis au Sénégal le Camp Geille, situé dans le quartier de Ouakam à Dakar. Cette restitution marque la fin de la présence militaire permanente française au Sénégal, initiée en 1960 à la suite de l’indépendance du pays.

La cérémonie s’est déroulée en présence du chef d’état-major général des armées sénégalaises, le général Mbaye Cissé, et du commandant des forces françaises au Sénégal, le général Pascal Ianni. Le Camp Geille abritait les Éléments français au Sénégal (EFS), dernière structure militaire française encore active dans le pays.

Depuis mars 2025, plusieurs sites militaires français ont été restitués aux autorités sénégalaises. Il s’agit notamment du camp Maréchal, du quartier Contre-Amiral Protet, de la station interarmées de communications de Rufisque et du camp Saint-Exupéry. La restitution du Camp Geille complète ce processus.

La coopération militaire entre la France et le Sénégal a débuté en 1960, à travers un accord bilatéral prévoyant le stationnement de troupes françaises sur le territoire sénégalais. Cette coopération s’est poursuivie à travers les Forces françaises du Cap-Vert (FFCV), puis les Éléments français au Sénégal (EFS) créés en 2011. Ces structures avaient pour missions la formation, l’appui logistique et le soutien aux opérations extérieures dans la région.

Le retrait des forces françaises du Sénégal s’inscrit dans un contexte de révision générale du dispositif militaire français en Afrique de l’Ouest. Depuis 2022, la France s’est retirée de plusieurs pays de la région, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la Côte d’Ivoire.

La décision de mettre fin à la présence militaire permanente française au Sénégal fait suite à l’annonce du président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024, de fermer toutes les bases militaires étrangères d’ici fin 2025.

La restitution du Camp Geille a pour effet la fin du stationnement permanent de troupes françaises au Sénégal. Cependant, les autorités françaises et sénégalaises ont indiqué que la coopération militaire entre les deux pays se poursuivra sous une autre forme. Des discussions sont en cours pour établir un nouveau cadre juridique fondé sur l’accord de défense signé en 2012 entre les deux États.

La France conserve une présence militaire sur le continent africain, notamment à Djibouti. Aucune autre base française n’est actuellement active en Afrique de l’Ouest à la date de juillet 2025.

Fonds de soutien patriotique : 24 milliards de FCFA alloués au secteur de l’électricité

Le gouvernement malien a procédé, le mercredi 16 juillet 2025, à la remise officielle d’une enveloppe de 24 milliards de francs CFA au ministère de l’Énergie et de l’Eau. Ce financement provient du Fonds de Soutien aux Infrastructures de Base et de Développement Social, récemment institué, et vise à renforcer l’approvisionnement en électricité.

Cette décision fait suite à la première réunion du Comité de pilotage du Fonds, présidée le 14 juillet 2025 par le Chef de l’État, le Général de division Assimi Goïta, Président de la Transition. Elle marque la première opération concrète de décaissement dans le cadre de ce mécanisme.
Créé par l’ordonnance n°2025-008/PT-RM du 7 février 2025, ce Fonds a pour mission de soutenir les interventions de l’État dans les secteurs jugés prioritaires, en cas de besoin ou d’urgence. Conformément à son article 2, il contribue au financement de projets d’intérêt national, notamment dans les domaines des infrastructures et des services sociaux de base.
Le Fonds est alimenté par des prélèvements sur les recharges téléphoniques et les transactions financières effectuées via mobile money, conformément aux décrets d’application adoptés en juin 2025. Lors de la réunion du Comité de pilotage, le montant total collecté s’élevait à 34 723 704 013 FCFA.
Les 24 milliards remis au ministère de l’Énergie et de l’Eau sont destinés à la maintenance des équipements de production, à l’achat d’hydrocarbures pour les centrales, ainsi qu’au renforcement des capacités de production électrique. Ces actions s’inscrivent dans la continuité du Plan unique d’amélioration de la desserte en électricité, lancé en amont, notamment pendant le mois de Ramadan.
L’objectif affiché est de contribuer à une amélioration progressive de la fourniture d’électricité, tant en milieu urbain que rural, conformément aux normes techniques en vigueur. Le gouvernement souligne que les fonds seront utilisés de manière ciblée et traçable, en tenant compte des priorités définies.
Le Fonds est logé à la Présidence de la République et géré sous la supervision du Comité de pilotage, conformément aux décrets n°2025-0409/PT-RM, n°2025-0410/PT-RM et n°2025-0411/PT-RM publiés au Journal officiel en juin 2025. Ces textes définissent le cadre institutionnel, les règles de gestion, ainsi que les modalités de contrôle et de reddition de comptes.
D’après les autorités, d’autres secteurs sociaux pourront bénéficier à l’avenir des ressources mobilisées à travers ce dispositif, en fonction des disponibilités financières et des besoins identifiés.

Trafic de drogue : 4,2 kg de cocaïne saisie à l’aéroport de Bamako

Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2025, la Cellule Aéroportuaire Anti‑Trafics (CAAT) de l’Office Central des Stupéfiants (OCS) a saisi 4,2 kg de cocaïne dissimulés dans deux valises au départ de l’aéroport international Modibo‑Keïta. La passagère, une Malienne de 39 ans, était en partance pour Casablanca.

La drogue, soigneusement cachée dans un double fond, a été détectée avant l’enregistrement. La suspecte, M.C., a affirmé que ces bagages ne lui appartenaient pas et les attribuait à une autre femme résidant à Bacodjicoroni, sans en préciser l’identité. Selon l’OCS, son accent « étranger » laisse présumer des liens avec un réseau au‑delà des frontières.

Cette saisie s’inscrit dans une vague récente d’interceptions menées par l’OCS. Un communiqué du 26 juin 2025 indique que près de 128 tonnes de stupéfiants et de médicaments illicites ont été détruites entre juin 2024 et juin 2025, dont 76,6 tonnes à Bamako. Sur cette période, plus d’une tonne de cannabis et environ 18 kg de cocaïne auraient été saisis, confirmant un trafic important.

Les bilans antérieurs confirment cette tendance : en 2023, l’OCS a saisi 26,6 kg de cocaïne, 36,9 tonnes de cannabis et environ 6 tonnes de médicaments contrefaits, pour un total de 45 tonnes d’ensemble et 543 interpellations. En 2024, les autorités ont détruit plus d’une tonne de cannabis, avec des saisies régulières notamment dans les régions de Bamako, Kayes et Sikasso, comme le soulignait Maliweb en juin 2025.

Ces données établissent un constat clair : le trafic, aux méthodes de plus en plus sophistiquées (mules, cachettes, conteneurs), se renforce. L’enquête est en cours pour remonter la filière et identifier les commanditaires. L’OCS salue la vigilance de la CAAT et appelle à soutenir les efforts de lutte contre le trafic.

 

AES : à Niamey, les droits des femmes en quête de réalité

Les ministres de la Promotion de la femme et du genre du Mali, du Burkina Faso et du Niger se retrouvent les 17 et 18 juillet 2025 à Niamey, après la réunion préparatoire des experts les 13 et 14 juillet. Cette rencontre vise à harmoniser les législations et à élaborer un mécanisme régional pour faire respecter les droits des femmes dans l’espace AES.

Les trois pays du Sahel arrivent à cette réunion avec des textes ambitieux mais des résultats inégaux. Au Mali, la loi n° 2015‑052 impose depuis dix ans un quota minimum de 30 % de femmes dans les fonctions électives et nominatives, mais le gouvernement en place ne compte que 18 % de femmes et leur présence reste faible dans les instances locales.

Au Burkina Faso, une loi cadre adoptée en 2009 fixe le même seuil, mais la représentation parlementaire plafonne à environ 18 % et la participation ministérielle peine à dépasser 20 %.

Au Niger, la loi de 2020 prévoyait 25 % de femmes sur les listes électorales, mais seules 15 % siègeaient au Parlement, tandis que plus de 70 % des filles y sont toujours mariées avant 18 ans et que l’accès à l’éducation secondaire demeure très limité.

Les ministres sont attendus pour valider une feuille de route et un mécanisme de suivi communs, en ciblant notamment la lutte contre les mariages précoces, les violences basées sur le genre, l’éducation des filles et la mise en œuvre effective des quotas. Pour l’AES, ce rendez-vous est présenté comme une étape vers une intégration plus concrète de la dimension genre dans ses politiques de souveraineté et de développement.

Cameroun : Paul Biya brigue un huitième mandat après quarante ans de pouvoir

Le président camerounais Paul Biya a officiellement annoncé, ce samedi 12 juillet 2025, sa candidature pour un huitième mandat à la tête de l’État. À 92 ans, et après plus de quarante années passées au pouvoir, le doyen des chefs d’État en exercice dans le monde entend prolonger son règne, entamé le 6 novembre 1982.

Dans un bref message télévisé depuis le palais présidentiel d’Etoudi, à Yaoundé, Paul Biya a affirmé sa « disponibilité à continuer de servir le Cameroun » et a présenté sa candidature comme « une réponse aux attentes du peuple face aux défis sécuritaires, économiques et sociaux actuels ». Cette déclaration met fin à plusieurs semaines de spéculations sur son avenir politique et confirme sa volonté de rester à la tête du pays, malgré son âge avancé et des problèmes de santé récurrents.
Depuis son accession au pouvoir, Paul Biya a remporté toutes les élections présidentielles, avec des scores oscillant entre 70 et 90 %, et a toujours su tirer profit d’une opposition divisée et fragmentée. Déjà en 2018, il avait été réélu sans difficulté, profitant de la multiplication des candidatures et de l’incapacité de ses adversaires à s’unir. En 2025, le scénario semble se répéter. Plusieurs figures de l’opposition ont d’ores et déjà annoncé leur intention de se présenter, sans stratégie commune, ce qui devrait encore favoriser la victoire du président sortant.
Paul Biya détient aujourd’hui le record de longévité au pouvoir au Cameroun et figure parmi les dirigeants les plus anciens au monde. Son nouveau pari électoral, dans un contexte marqué par les tensions dans les régions anglophones et une économie fragile, conforte l’image d’un dirigeant qui ne semble pas envisager de céder la place, préférant incarner la stabilité face à l’incertitude.
La prochaine élection présidentielle est prévue pour octobre 2025. Sauf surprise majeure, elle devrait une nouvelle fois se jouer entre un chef d’État qui contrôle solidement les institutions et une opposition dispersée, offrant peu de chances à l’alternance.