2023 en sport : l’année de la restauration de la confiance ?

L’année 2023 sera charnière pour les deux plus importantes disciplines sportives au Mali, le football et le basket. Pour ce dernier, ce sera à cheval sur 2022 et 2023.

Depuis le 30 décembre 2022, la Fédération malienne de basket-ball a un nouveau Président avec l’élection de Me Jean Claude Sidibé. Une élection qui  comble un vide. Depuis le 25 juillet 2021 et la suspension par la FIBA d’Harouna B. Maïga, la fédération n’avait plus de Président. Maïga a été éclaboussé par le scandale des agressions sexuelles révélées en juin 2021 par une enquête de Human Rights Watch et du New-York Times. Me Jean-Claude Sidibé, ancien Président de la fédération (2014-2017) et ancien ministre des Sports s’est imposé 6 voix contre 3 face à Moustapha Touré, Président de la section basketball du Stade malien de Bamako.  Le nouveau Président élu a plusieurs défis à relever. Le défi de la redynamisation du basket-ball malien avec les sélections senior. Pour les Hommes, l’instauration d’un climat de confiance entre joueurs et dirigeants. Le triste épisode du 1er juillet 2021, lors duquel les joueurs de la sélection masculine ont boycotté les qualifications a mis en évidence un malaise qui peinait à être dissimulé. Notamment pour des primes impayées. Sept joueurs apparaissant sur la vidéo explicative de leur refus de jouer et jugée humiliante pour le pays ont été radiés de la sélection nationale et de toutes les activités liées au basket-ball au Mali par la fédération. Suite à cette décision, plusieurs autres joueurs, par solidarité, ont décidé de ne plus répondre à l’appel de la sélection jusqu’à ce que les choses « changent ». Du changement, c’est ce que prôneront sûrement aussi les adversaires potentiels de Mamoutou Touré. Élu en 2019 à la tête de la Fédération malienne de football après plusieurs années de crise, celui que l’on surnomme Bavieux n’a pas encore fait mention d’une candidature mais le contraire serait surprenant. Alors qu’il lui reste moins d’un an pour son mandat en cours, certains des objectifs fixés n’ont pu être atteints. Notamment ceux des qualifications historiques en Coupe du monde ou encore en phase de groupe de la Ligue des champions africaine. Les Aigles du Mali ont été éliminés dès les huitièmes de finale de la CAN 2021 (disputée en 2022) face à la Guinée Équatoriale. Au dehors, les sourires « forcés » affichés par les protagonistes d’il y a quatre ans lors de l’élection présageaient déjà de quelques tensions. Elles ont été peu importantes mais, tout de même, des contestations, sur la relecture des textes de la fédération notamment, ont opposés deux camps.

Confirmation ?

Sur les terrains, 2023 débutera par le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN). Les Aigles locaux feront leur entrée en lice le 16 janvier 2023 face à l’Angola, en Algérie. Après cette compétition, les Aigles d’Eric Sekou Chelle devront confirmer les belles dispositions entrevues lors des deux premières journées des qualifications à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Le Mali accueillera à Bamako la Gambie le 20 mars 2023, avant de se déplacer huit jours plus tard à Banjul pour y défier le même adversaire. Le Mali, en tête de son groupe avec six points, affrontera par la suite le Congo le 12 juin et le Soudan du Sud en septembre.

À Accra en août 2023 se dérouleront les 13ème Jeux africains. Plusieurs disciplines seront qualificatives pour les Jeux olympiques 2024 de Paris. Plusieurs athlètes maliens auront à cœur d’y valider leur qualification pour les Oolympiades parisiennes.

Sénégal : inauguration d’un camp militaire près de la frontière du Mali

L’armée sénégalaise renforce sa présence dans l’Est près de la frontière malienne.Face à la menace jihadiste, le Sénégal prend les devants, en renforçant la présence de ses forces de défense et de sécurité à l’est à travers la construction de camps militaires à Koungheul (région de Kaffrine) et à Goudiry (Tambacounda). Après deux ans de travaux, celui de Goudiry, à 618 kilomètres à l’est de Dakar, sera livré ce mardi 27 décembre en présence du président du Sénégal, Macky Sall.

Lors de la pose de la première pierre, en juillet 2020, le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba avait indiqué que « ce nouveau cantonnement entre dans le cadre des hautes autorités de densifier le maillage territorial des unités afin de s’adapter à l’évolution du contexte stratégique régional et répondre davantage aux besoins des populations en matière de sécurité ».

Implanté près de la frontière avec le Mali, ce nouveau camp militaire où sera redéployé le 4e Bataillon d’infanterie permettra aussi « de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières, tout en facilitant la coopération sécuritaires avec les forces des pays voisines ». L’avancée jihadiste depuis l’ouest malien constitue l’une des menaces transfrontalières les plus importantes. 

L’année dernière, un rapport de l’Onu alertait sur la présence « d’éléments  du GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) soutenus par des influenceurs islamistes radicaux, le long de la route de Kayes à Kaffrine, à Bakel, dans la réserve de Ferlo et dans la zone d’extraction aurifère de Saraya ». Quelques temps après, la gendarmerie sénégalaise a arrêté à Kidira, à la frontière avec le Mali, des individus qui seraient liés à la Katiba du Macina.

Contenir l’avancée jihadiste

Depuis quelques années, les jihadistes de la Katiba du Macina, branche la plus dynamique du GSIM, affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) progressent vers l’ouest malien à partir de leur fief du centre. Cette expansion se manifeste par des prêches dans plusieurs villages de la région de Kayes, mais aussi à travers des attaques contre des cibles militaires. Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, une double attaque jihadiste a visé le poste de Douane et le camp militaire de la ville de Yélimané, dans la région de Kayes. Ces assauts revendiqués par le GSIM ont fait deux morts, un civil et un militaire.

Climat social : tensions en vue

Malgré l’organisation de la Conférence sociale en octobre 2022 et l’accord sur l’application de l’article 39, le gouvernement doit faire face à de nouveaux mouvements. L’horizon ne semble pas serein pour le front social, malgré un apaisement apparent. Magistrats, gardiens de prison, médecins, tous menacent d’aller en grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Le 29 novembre 2022, les syndicats de la magistrature (SAM et SYLIMA) ont déclenché une grève de 5 jours qui devait se prolonger en grève illimitée si leurs revendications n’étaient pas prises en compte. Après des négociations, le mot d’ordre a été levé. Mais, suite à l’adoption par le Conseil national de transition (CNT), de la loi portant modification de la loi organique fixant l’organisation et les règles de fonctionnement de la Cour suprême, les magistrats ont remis à l’ordre du jour leur menace.

Quand au syndicat des gardiens de prison, il fait part d’une volonté d’aller en grève si sa demande d’amélioration des conditions de travail n’est pas considérée. Les syndicats des travailleurs des péages routiers ont aussi déposé un préavis pour le 5 janvier 2023. Le SYPESCO, l’un des membres de la Synergie des syndicats signataires du 15 octobre s’est refusé à signer l’accord sur l’application de l’article 39 et se réserve le droit de le dénoncer.

Au moment de la Conférence sociale, le gouvernement évoquait près de 400 préavis de grève. Pas sûr que tous aient trouvé une réponse favorable. La nouvelle année est donc celle de nouveaux défis sur ce plan.

Economie : 2023, une année « stress test » pour le Mali

Comptes de l’Etat dans le rouge, recettes fiscales en berne, montée en puissance de la dette intérieure, inflation galopante, etc. Sur le plan économique, le bilan des autorités de la transition laisse peu de place à la satisfaction. Mais malgré ce tableau, une bonne tenue des secteurs aurifère et cotonnier, principaux pourvoyeurs de devises et de revenus pour les agriculteurs, pourrait présager une année 2023 sous le signe de la résilience.

Après la levée des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA au début du mois de juillet 2022, l’économie malienne a bénéficié d’une bouffée d’oxygène à travers la réouverture des frontières et le déblocage des comptes de l’Etat du Mali à la BCEAO, ce qui a permis d’apurer les impayés de dette accumulés pendant 6 mois.

 Une économie nationale affaiblie par les crises

Ces sanctions ont contribué à affaiblir une économie déjà mise à mal par des années de crise sécuritaire, amplifiée par la pandémie et l’instabilité politique en 2020, ainsi que par l’inflation provoquée par la guerre en Ukraine depuis février 2022. Toutefois, elles n’ont pas conduit à un effondrement de l’économie nationale qui aurait pu entraîner des troubles socio-politiques, voire une déstabilisation des autorités de la transition.

 Au final, la croissance du PIB malien devrait atteindre 2% en 2022, selon la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, contre 3,1% en 2021, ce qui place le pays largement en dessous de la moyenne de l’UEMOA, prévue à 5,9% (BCEAO).

 Sur le plan budgétaire, la contraction de l’activité économique pendant les 6 premiers mois de l’année 2022 a eu pour conséquence une diminution des ressources de l’Etat avec des recettes douanières et fiscales en deçà des objectifs et une hausse de la charge de la dette consécutive aux impayés. Par conséquent, en dehors du secteur de la sécurité, tous les budgets de fonctionnement et d’investissement prévus dans la loi de finances 2022 ont été diminués, voire annulés, représentant une baisse globale de 148 milliards de francs CFA pour un budget dépenses rectifié à 1 982 milliards, selon la loi rectificative votée le 17 août 2022.

 L’Etat à la recherche de ressources

Pour boucler les fins de mois, l’Etat a entrepris une vaste campagne de mobilisation des recettes fiscales une forte pression sur des entreprises déjà fragilisées par leurs difficultés à se faire payer les créances dues par des structures publiques. En effet, la dette intérieure a atteint des niveaux inégalés et pourrait, en 2023, dépasser la dette extérieure, soit environ 30% du PIB selon la BAD.

En l’absence d’aide extérieure majeure depuis le coup d’Etat de 2020, l’Etat malien a depuis la levée de l’embargo, multiplié les sorties sur le marché financier de l’UMOA pour lever des fonds : 277 milliards le 9 août, 207 milliards au début septembre (appel public à l’épargne) et 33 milliards le 5 octobre, et 123 milliards le 2 décembre. Le succès relatif de ces différentes opérations témoigne que la signature du Mali reste crédible aux yeux des investisseurs régionaux, même si la majorité des souscriptions proviennent des établissements financiers maliens (BMS, BDM, BNDA).

 L’or et le coton à la rescousse ?

 La capacité de l’économie du Mali à redresser la barre en 2023 pourrait dépendre de plusieurs facteurs. Tout d’abord, la bonne tenue des cours de l’or et une production nationale élevée, qui a atteint 63 tonnes en 2022. Cette tendance va probablement se confirmer en 2023, même si la récente décision de l’Etat de suspendre jusqu’à nouvel ordre l’attribution de titres miniers pourrait entraîner des difficultés à moyen terme si elle devait perdurer. Deuxième facteur, la production agricole. L’ensemble des chiffres ne sont pas encore publics, mais la CMDT a déjà annoncé que la production cotonnière record de la campagne 2021/2022 (760 000 tonnes) ne serait sans doute pas renouvelée en 2023. En cause, la difficulté d’approvisionnement en engrais du fait de l’embargo et de la hausse des prix, les fortes pluies ayant entrainé des inondations, et l’invasion d’insectes. En conséquence, malgré un prix d’achat relevé à 285 francs CFA le kilo, au lieu de 280, près de 160 000 hectares n’auront pas été cultivés. Quant à la production céréalière, elle pâtira, dans une certaine mesure, des mêmes causes.

 Même si son impact est difficile à évaluer, il est probable que la décision du gouvernement de suspendre l’activité des ONG travaillant sur financement français aura des conséquences en matière de recettes fiscales pour l’Etat, mais aussi d’attractivité de la destination Mali dans un contexte déjà incertain.

Pourtant, le salut de l’économie malienne en 2023 passera par la fin de l’isolement politique à travers un retour de la confiance entre les dirigeants de la transition et les bailleurs de fonds multilatéraux, comme bilatéraux, pourvoyeurs d’appui budgétaire et capables de mobiliser dans leur sillage la communauté d’investisseurs.

La sécurité est aussi un défi de gouvernance

Au Mali, la politique sécuritaire n’ignore pas les contradictions. Bien au contraire, elle se forge depuis plusieurs années sur les défis inhérents à ces contradictions. Si ces contradictions ont plus ou moins été contenues suivant les épisodes, force est de reconnaître que depuis un peu plus d’une décennie la rapidité et la violence avec laquelle la situation s’est détériorée et enlisée interroge ! Les causes de cette détérioration sont multiples et ont pour racines à la fois des conjonctures ex situ et in situ qui participent, dans un sens ou dans l’autre, d’une crise de l’État.

En référence aux conjonctures ex situ, sur lesquelles nous n’allons pas nous appesantir, comme une impression de déjà vu : le monde est ébranlé par des tensions géopolitiques et géostratégiques qui prennent des allures de remake de la Guerre froide. Ces tensions se sont progressivement inscrites en filigrane dans le Sahel sous la forme de présences de groupes armés terroristes, sous la forme de défiance de l’autorité des États et sous la forme de la présence de forces étrangères et d’opérations militaires de sécurisation.

En référence aux conjonctures in situ, nous pouvons les schématiser et les caricaturer en trois temps. Un premier temps que nous pouvons qualifier de « sécurité sûre d’elle », ou le Mali, au lendemain de l’avènement du pluralisme, s’est quelque peu reposé sur ses lauriers. En atteste la politique tacite de déconstruction des forces de défense et de sécurité comme institutions toutes puissantes. En atteste également une certaine indifférence concernant le renforcement des capacités de ces forces. À titre d’exemple, sur la problématique des différentes politiques et prémices de vision stratégique mises en œuvre, à tort ou à raison, au lendemain de la chute du tout puissant régime militaire de Feu Moussa Traoré, une lecture du document de l’Étude prospective Mali 2025 réalisée en 1999 prouve, si besoin en est, que les questions sécuritaires ne constituaient plus ou pas une priorité pour les acteurs du mouvement démocratique.

Un deuxième temps que nous pouvons qualifier de prise de conscience, en ce sens que les événements, les conjonctures nationales et internationales et le contexte géopolitique et géostratégique ont progressivement imposé la nécessité d’apporter des réponses efficientes et durables aux différentes tensions et aux crises nées ou en gestation. Cette prise de conscience à naturellement imposé le choix du renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité face aux menaces qui se sont métastasées à une allure que beaucoup d’experts et de spécialistes n’ont pas vu venir. Des supposés velléités irrédentistes de 2006 en passant par la criminalité organisée, notamment l’affaire « Air cocaïne », les trafics en tous genres et les enlèvements contre rançons, la chute du régime Kadhafi, avec pour ramifications les multiples événements au Mali de 2011 à 2013 et la présence accrue des forces centrifuges, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, les conflits communautaires, l’extrémisme violent et la profusion des supposés milices d’autodéfense, la réforme du secteur de la Sécurité, dont la mise en œuvre est toujours en cours, a donné lieu à la Loi d’orientation et de programmation militaire. Autant d’évènements, de contextes et d’enjeux qui ont fini par mettre en lumière la fébrilité de l’architecture sécuritaire du Mali et la nécessité de changer de paradigme en outillant les forces de défense et de sécurité en général et la Grande muette en particulier de capacités de nature à leur permettre de faire face aux multiples défis sécuritaires qui se posaient au pays.

Un troisième temps, que nous pouvons qualifier de « temps du tâtonnement et de la marche timide», en ce sens que si les événements ont imposé le choix de réformes et si des efforts ont été consentis, donnant lieu à des résultats, fussent-ils des bribes au regard des défis et des enjeux, force est de reconnaître que nous sommes très en deçà de ce qu’auraient dû être les avancées comparativement à la complexité des maux. La sécurité a certes été réfléchie, mais pas suffisamment réfléchie dans sa dimension holistique. Elle est encore restée en grande partie la chose des militaires et du presque tout militaire. Or la nature du défi aujourd’hui impose une dynamique sécuritaire qui s’inscrive dans un cadre plus global de gouvernance vertueuse et de redistribution juste et équitable des ressources et des revenus. Une victoire ou un succès militaire qui ne s’inscrivent pas en filigrane dans une stratégie économique, sociale et solidaire resteront un court succès. Ceci pour dire qu’au-delà des capacités militaires et de leur complexité le véritable défi reste celui de la gouvernance.

Mali : le Centre relié au reste du pays et à la sous-région

Les ponts de Songho et Yawakanda, sabotés en août 2021 par des groupes jihadistes, ont été reconstruits par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).Pour les habitants de Mopti et Bandiagara, le 22 décembre dernier était un jour spécial. Coupées du reste du Mali et de la sous-région, ces deux localités ont vu la circulation des personnes, biens et services reprendre à la faveur de la reconstruction des ponts de Songho et Yawakanda.

« Les travaux ont été menés à bien grâce à une contribution au Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali de la Suède et du Danemark d’un montant de près de 339 millions F CFA », indique un communiqué de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Dans le détail, la Suède a décaissé près de 142 millions F CFA pour la réfection du pont de Songho, tandis que le Danemark a déboursé près de 198 millions F CFA pour celle du pont de Yawakanda. « Ces infrastructures, d’une importance capitale sur la Route nationale 15 », souligne le document, avaient été rendues impraticables par des mouvements jihadistes actifs dans cette partie du Mali.

« Connue de tous comme la route du poisson, la RN15 dessert Mopti, Bandiagara et Douentza. Elle est le seul corridor de la région qui permet l’interconnexion du Mali avec le Burkina Faso. Ainsi, les commerçants, transporteurs et autres usagers ont entre autres
accès aux ports du Togo et du Bénin », poursuit la source.

Avant la destruction desdits ponts, les 24 et 31 août 2021, le taux moyen de trafic journalier était de 822 véhicules. Gouverneur de Bandiagara, Sidi Mohamed El Béchir, a déclaré lors de la cérémonie de leur remise en service qu’ils permettront « d’augmenter la résilience des populations qui sont les premières victimes de cette crise » et aux communautés concernées « de jouir pleinement de leur liberté d’aller et de venir, de contribuer à la revitalisation de l’économie locale ».

En outre, 300 arbres ont été plantés autour des ponts, 33 lampadaires solaires installés et un forage creusé. Depuis 2014, a affirmé M. El Béchir, la Minusma a réalisé au moins 60 projets à Bandiagara (…) à hauteur de plus de 3 milliards F CFA.

Pour sa part, El-Ghassim Wane, Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Mali et Chef de la Minusma, a salué les « efforts inlassables des autorités régionales en vue d’assurer la sécurité et le bien-être des populations de Bandiagara ».

Mali : les enfants, premières victimes de la violence (Onu)

Les violations graves commises contre les tout-petits au Mali ont augmenté à un rythme alarmant, signale un rapport du Secrétaire général de l’Onu publié le 22 décembre 2022.Au Mali, les plus jeunes continuent de subir le poids de l’instabilité politique, de l’augmentation de la violence contre les civils et de la détérioration de la situation des droits humains. Cette situation est la résultante de l’escalade de la violence intercommunautaire et la recrudescence de l’activité des groupes armés. Un rapport du Secrétaire général de l’Onu sur les enfants et le conflit armé au Mali révèle en effet une forte augmentation du recrutement et de l’utilisation d’enfants, des attaques contre les écoles et les hôpitaux et des enlèvements, en particulier dans les régions de Mopti et de Gao. 

Selon le document publié jeudi 22 décembre, au total 2 095 violations graves contre 1 473 enfants ont été vérifiées entre le 1er avril 2020 et le 31 mars 2022, la majorité des violations ne pouvant être imputées à une partie spécifique au conflit. La plupart des autres violations (38 %) ont été attribuées à des groupes armés et 6 % aux forces de sécurité gouvernementales.

Le nombre réel est susceptible d’être plus élevé, car la capacité de l’Onu à vérifier les informations était parfois limitée en raison de l’insécurité, des restrictions d’accès et de la pandémie de Covid-19 en cours, souligne le rapport.

« Je suis consterné de voir une telle augmentation des violations graves contre les enfants au Mali. Une action urgente et déterminée est requise de la part des parties pour assurer leur protection », a déclaré Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés.

« Pour que les enfants conservent leurs droits, ils doivent être libérés des groupes armés, et protégés contre d’autres violations et abus. Mais les efforts ne peuvent pas s’arrêter là. Leur réintégration dans la société est également essentielle pour assurer durablement leur sécurité et leur avenir », a ajouté Mme Gamba en visite à Bamako.

Par ailleurs, signale l’enquête, plus de 900 garçons et filles ont été recrutés et utilisés par les groupes armés. Cela constitue la violation grave la plus fréquente au cours de la période considérée, indique le rapport, précisant que seules 616 personnes recrutées et utilisées ont été libérées et que plus de 50 % des auteurs étaient des groupes armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Cela démontre le peu de progrès dans la mise en œuvre des plans d’action visant à mettre fin à cette violation et à la prévenir, regrette l’Onu.

Les forces armées aussi ont utilisé des enfants

Selon la Représentante spéciale, l’utilisation d’enfants par les forces armées était également très répandue. Alors que la plupart de ces cas ont été attribués à des groupes armés, près d’une centaine d’enfants ont aussi été utilisés par les Forces armées maliennes (Fama) pour effectuer des tâches domestiques. « J’exhorte le gouvernement à faire cesser l’utilisation des enfants par les forces armées, à quelque titre que ce soit » a affirmé Virginia Gamba.

Elle demande, en outre, au gouvernement de renforcer d’autres mesures de protection, comme, entre autres, une révision du code de protection de l’enfance qui criminaliserait le recrutement et l’utilisation de mineurs âgés de 15 à 17 ans.

Des enfants tués et mutilés lors d’attaques par les groupes armés

Le rapport déplore aussi une recrudescence du nombre d’enfants tués et mutilés, principalement lors d’attaques menées par des groupes armés contre des civils. Les Engins Explosifs Improvisés (EEI) et les Restes Explosifs de Guerre (REG) comptent parmi les principales causes de décès ou de blessures touchant 94 des 408 enfants victimes de cette violation. On relève, de plus, que le nombre d’enlèvements d’enfants, principalement à des fins de recrutement ou d’exploitation sexuelle, a quadruplé par rapport à la période précédente.

Avec un total de 240 attaques contre des écoles et des hôpitaux, les systèmes de santé et d’éducation au Mali ont été profondément touchés par le conflit, privant les enfants de leurs droits fondamentaux à la santé et à l’éducation. Cent quatre-vingt-six écoles ont été attaquées au cours de la période, et 1 731 établissements fermés dans tout le pays à la fin du mois de mars 2022. 

Une collaboration néanmoins prometteuse entre l’Onu et le gouvernement de transition

Le rapport juge néanmoins prometteuse la poursuite de l’engagement entre le gouvernement de transition et l’Onu pour lutter contre ces violations graves, louant par exemple leur collaboration pour un plan national de prévention contre les violations par les forces armées. La Représentante spéciale a encouragé aussi la mise en œuvre du Protocole relatif à la libération et à la remise des enfants associés aux forces et groupes armés, à la libération des enfants détenus, et à la poursuite de la collaboration avec l’Onu.

Dialogue avec certains groupes armés

Tout au long de la période considérée, le groupe armé Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et l’Onu ont poursuivi le dialogue par le biais d’ateliers visant à accélérer la mise en œuvre de leur plan d’action de 2017 sur le recrutement et l’utilisation d’enfants et la violence sexuelle contre les enfants.

La Représentante spéciale du Secrétaire général s’est également félicitée de la signature de plans d’action par deux factions de la Plate-forme visant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants et à les prévenir.  «J’appelle maintenant toutes les parties à traduire immédiatement en actes leurs engagements et à mettre en place des mesures concrètes pour prévenir de nouvelles violations. Les Nations Unies sont prêtes à soutenir tous les efforts visant à mieux protéger les enfants au Mali », a-t-elle assuré.

Soldats ivoiriens détenus au Mali : enfin, le bout du tunnel ?

Abidjan et Bamako sont favorables à une résolution pacifique de l’affaire des 46 soldats ivoiriens.La libération des soldats ivoiriens détenus au Mali depuis juillet dernier serait-elle en voie de résolution ? En déplacement jeudi 22 décembre à Bamako, une délégation ivoirienne conduite par le ministre de la Défense et frère du président Alassane Ouattara, Ibrahima Téné Ouattara a été reçue en audience par le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goïta. La rencontre a été sanctionnée par la signature d’un mémorandum visant à « promouvoir la paix » et à renforcer « les relations d’amitié, fraternité et de bon voisinage entre les deux pays ».

Il s’agit en réalité, selon le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop d’aller ensemble vers « une dynamique positive de surmonter » le conflit né de l’arrestation en juillet dernier de 49 soldats ivoiriens inculpés pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » par le Procureur général près le tribunal de grande instance de la Commune VI Bamako. Accusation réfutée par Abidjan, précisant que les militaires en question appartiennent à l’effectif de l’armée et se sont rendus au Mali dans le cadre d’une mission onusienne.

Coup de théâtre 

En septembre, la médiation togolaise avait obtenu la libération des trois femmes du groupe. Mais aussitôt après, le chef de l’Etat malien qui recevait le ministre nigérian des Affaires étrangères, avait exigé l’extradition de personnalités maliennes en exil en Côte d’Ivoire en contrepartie de la libération des 46 militaires ivoiriens. Abidjan a réagi, qualifiant la demande de Bamako de « chantage » avant de décider d’impliquer la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans la recherche de solution à cette crise diplomatique l’opposant à son voisin du nord.

En session extraordinaire à New-York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies, l’institution sous-régionale, sous l’impulsion de son président en exercice, Umaro Sissoco Embalo, a exigé la libération des militaires ivoiriens. À cet effet, une délégation de « haut niveau » s’est rendue à Bamako fin septembre pour rencontrer l’officier qui gouverne le Mali depuis mai 2021, suite à un coup d’Etat contre le président de la colonel-major Bah N’dao que lui-même et ses compagnons d’arme avaient installé à la tête de la transition après le renversement d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) en août 2020.

Ce voyage de quelques heures n’a vraisemblablement pas donné les résultats espérés, d’où la nouvelle demande de libération formulée par les dirigeants ouest-africains à l’occasion du 62e sommet ordinaire, tenu le 4 décembre dernier à Abuja, au Nigeria, sous peine de nouvelles sanctions. La semaine qui a suivi, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a été dépêché à Bamako pour transmettre le message au colonel Goïta. Jeudi 22 décembre, M. Dussey a accompagné la délégation ivoirienne à Bamako.

Partis politiques : l’heure du réveil ?

La transition à l’œuvre au Mali depuis août 2020 a des répercussions négatives, en termes d’organisation et de visibilité, sur la vie des partis politiques, déjà confrontés à l’arrêt de leur financement public, à la défiance de l’opinion publique et à des divergences internes. Alors que les compétitions électorales sont annoncées pour 2023, ils entendent désormais « s’unir autour de l’essentiel ». État des lieux dans certains partis.

Double peine pour l’Union pour la République et la Démocratie (URD). Après le coup d’État de 2020 qui avait renversé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), une voie royale semblait ouverte pour le parti, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle, et pour son Président Soumaïla Cissé, revenu plus déterminé que jamais d’une captivité de plus de 6 mois. Mais le destin en a décidé autrement : le 25 décembre 2020, le Chef de file de l’opposition d’alors succombe à la Covid-19. Une disparition qui plonge le parti de la Poignée de mains dans la division et dans une guerre de clans. Autre coup dur pour le mouvement politique : l’ex Premier ministre Boubou Cissé et l’ancien ministre de l’Économie et des finances Mamadou Igor Diarra, qui avaient rejoint l’URD en 2021 et faisaient figure de potentiels candidats du parti à la présidentielle, sont poursuivis pour « des crimes de faux et usage de faux et d’atteinte aux biens publics » dans l’affaire du marché public d’achat d’équipements militaires dit Paramount. À l’orée de 2023, année d’élections, les initiatives se multiplient, par le Président Gouagnon Coulibaly (non reconnu par certains militants) pour unir les membres. Comme donner l’assurance qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle et un appel à « l’union autour du parti » lors d’une conférence, le 3 décembre dernier. « Il a mis en place une Commission de réconciliation qui va démarcher personnellement tous les grands cadres du parti », assure Mamadou Dicko, 2ème Secrétaire politique de l’URD.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) du défunt Président IBK est aussi à la croisée des chemins. En plus de la perte de son fondateur, la lutte de clans entre Bokary Treta et ses soutiens et Me Baber Gano avec l’éphémère Président de l’Assemblée nationale Moussa Timbiné obscurcit l’horizon de l’ancien parti au pouvoir.

« Le parti se porte bien, malgré les incompréhensions qui ont marqué ces derniers temps entre certains camarades », tient à rassurer d’emblée Sékou Niamé Bathily, Chargé de communication du parti. À en croire ce dernier, le RPM travaille dans le regroupement politique Ensemble Pour le Mali (EPM) au sein du Cadre d’échanges des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. Malgré ces « moments de turbulences, qui ne sont que des divergences politiques, le RPM sera au rendez-vous de toutes les élections futures dans notre pays et l’objectif est de confirmer notre place de première force politique au Mali », dit, confiant, M. Bathily.

Challenges

À la différence des deux « grands » partis orphelins de leurs chefs de file, à l’Asma-CFP, on assure que la disparition de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga n’a fait qu’accroître la détermination de ses partisans, qui entendent poursuivre « son combat » aux élections prochaines. « Dans le but d’honorer sa mémoire », souffle un cadre du parti qui ne digère toujours pas les circonstances de la mort en détention de son Président.

L’ADP- Maliba se prépare également « à grand pas » et « très bientôt » à entamer des sorties à l’intérieur et l’extérieur du pays pour les rentrées politiques des sections, fait savoir le Secrétaire général du parti, Me Abdoulaye Sidibé. « C’est l’animation statutaire de nos structures. Ces rentrées politiques sont des occasions pour les sections de débattre à bâtons rompus avec le Bureau national de la vie du parti, mais également des questions d’intérêt national », confie Me Sidibé.

À SADI, aussi privé de son Président, le Dr Oumar Mariko, vraisemblablement en exil à l’étranger lui aussi, l’heure est à la résilience. « Il est clair que l’absence de notre Président se fait sentir. Mais l’esprit collectif, la solidarité, la complémentarité nous aident à passer ces moments difficiles », assure Nouhoum Keïta, le Secrétaire administratif du parti. Par solidarité avec le dirigeant politique entré en clandestinité, le parti a suspendu toute participation aux débats organisés par le gouvernement sur les réformes politiques et institutionnelles. « En marge, nous travaillons à mettre en lumière les enjeux majeurs et l’intérêt général de la Nation. C’est à dire les questions de souveraineté populaire, la représentation inclusive, l’égalité réelle en droit de vote libérée de toute entrave de type censitaire, afin d’aider, à la fin de la Transition, les citoyens à agir consciemment et à choisir les candidats sur la base de leurs programmes et de leur capacité à mettre ceux-ci en œuvre avec efficacité », explique M. Keïta.

Les élections qui se profilent seront donc un challenge de taille pour les partis politiques. Le plus difficile sera de reconquérir la confiance de la société civile. Celle-ci a, pour une bonne part, opté pour une prolongation de cinq ans de la Transition lors des Assisses nationales de la refondation, fin 2021.

Accord pour la paix : des mouvements armés signataires suspendent leur participation

Les 20 et 21 décembre, les groupes armés signataires de l’accord pour la paix réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD) ont tenu une série de rencontres qui ont pris fin ce mercredi. La décision prise est sans appel : les membres du Cadre ont annoncé à « l’unanimité » dans le communiqué final de la réunion, la suspension de leur participation au sein des mécanismes de suivi et de mise en œuvre de l’APR jusqu’à la tenue d’une réunion avec la Médiation internationale en terrain neutre, « afin de statuer sur l’ Accord ».La cause ? Le CSP-PSD dit « regretter l’absence persistance de volonté politique des autorités de transition à appliquer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé depuis 2015 et l’inertie de celles-ci face aux défis sécuritaires ayant occasionnés des centaines de morts et de déplacés dans les régions de Ménaka, Gao et de Tombouctou ».

Une demande de réunion déjà formulée le 10 décembre dans une lettre du président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) envoyée au ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. La Médiation internationale dont l’Algérie assure la présidence avait appelé le 14 décembre dernier les parties à s’abstenir de toute déclaration qui risque de porter atteinte aux efforts inlassables d’instaurer un climat de confiance et à reprendre les travaux du comité de suivi de l’accord dont la dernière session avait été suspendue le 29 novembre dernier.

Dans le communiqué rendu public ce jeudi, il est indiqué que Fahad Ag Almahmoud a été remplacé par Alghabass Ag Intalla. Il sera pour un an, à la tête d’un bureau exécutif, d’une commission de réconciliation et d’une autre dédiée aux Affaires religieuses.

Sur le plan humanitaire, l’un des trois motifs de la rencontre, les groupes armés font savoir que la situation sécuritaire engendre « une crise humanitaire sans précèdent » dans les régions du Nord. Tout en annonçant prendre « des dispositions idoines pour la sécurisation des personnes et leurs biens victimes d’une barbarie sans précédent des forces du mal », la coalition a lancé un SOS à toutes les organisations humanitaires pour venir en aide aux populations en détresse.

Le Mali s’arme avec les drones turcs Bayraktar

Pour renforcer son arsenal aérien contre les groupes jihadistes, le Mali a acquis des drones Bayraktar TB2.Le Mali a rejoint les pays détenteurs des drones turcs de type Bayraktar (TB2). Selon un communiqué lu au journal télévisé du 21 décembre, ces équipements présentés au ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Colonel Sadio Camara lors d’un déplacement à Mopti, « ont été acquis grâce au partenariat » entre Ankara et Bamako. Les conditions d’acquisition n’ont pas été précisées ni le nombre d’aéronefs, mais on sait qu’en 2019, l’Ukraine a acheté un lot de six drones à 69 millions de dollars.

En Afrique de l’Ouest, le Mali est le cinquième pays à acquérir ces aéronefs sans pilote du fabricant turc Baykar. Avant lui, le Niger, le Nigeria, le Togo et récemment le Burkina Faso ont fait recours à ce type d’armes de dernière génération pour combattre efficacement les groupes jihadistes qui écument des pans entiers de leurs territoires. Pour le Mali, il s’agit de « renforcer le vecteur aérien », après le retrait définitif des forces françaises de Barkhane, sur fond de tension diplomatique entre Paris et Bamako.

Lire aussi- Sahel : les drones peuvent-ils vaincre les jihadistes

Moins cher que le modèle américain Reaper utilisé par l’armée française dans plusieurs de ses opérations au Sahel, le drone Bayraktar a fait ses preuves dans les récents conflits, dans les Balkans, en Europe et en Ethiopie ou encore en Libye, sur le continent africain.

Cependant, leur utilisation dans une guerre asymétrique peut s’avérer problématique en l’absence de renseignements de terrain fiables. En juillet dernier, l’armée togolaise a pris pour cible des adolescents qu’elle confondait à une colonne de jihadistes. Sept d’entre eux ont été tués par une frappe de drone TB2.

Situation humanitaire : une vulnérabilité croissante

La multiplication des affrontements cette année a provoqué de nouveaux déplacements de populations dans les parties centrale et nord du Mali. Ajoutant au nombre de déplacés internes, qui a dépassé les 420 000 personnes. En plus des conflits, les effets du changement climatique et la difficulté pour les populations des zones de conflit d’exercer leurs activités compliquent davantage une situation humanitaire critique qui touche 7,5 millions de personnes.

Estimé à 685,7 millions de dollars, le besoin de financement en 2022 a été couvert à hauteur de 258 millions. Par ailleurs 1,8 million de personnes était déjà en insécurité alimentaire aiguë entre juin et août 2022, avec plus de 370 000 déplacés internes dont 9 000 nouveaux ménages (54 000 personnes) dans la seule région de Ménaka, selon un rapport d’Ocha.

Selon un document de la Commission européenne datant du mois d’octobre, le nombre de déplacés internes a atteint 440 000 personnes. Pour la même source, depuis le début du conflit, en 2012, 1,3 million de personnes ont quitté leurs foyers, 696 000 les ont retrouvés et 85 000 sont revenues de l’étranger. Mais 181 000 continuent de vivre dans trois pays voisins. Des personnes devenues vulnérables.

Nécessaire réorganisation

Le 21 novembre 2022, le gouvernement de Transition malien a annoncé l’interdiction d’opérer pour les organisations bénéficiant d’un financement français, y compris celles agissant dans le domaine humanitaire. Dans un contexte tendu où la situation sur le terrain n’est guère reluisante. Outre l’insuffisance des moyens mobilisés, les acteurs humanitaires déplorent une implication insuffisante des autorités et une confusion entre interventions des gardiens de la paix et des acteurs humanitaires. Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Colonel Abdoulaye Maiga a rencontré les représentants de ces associations et organisations pour leur présenter les nouvelles conditions. Tout appui financier ou subvention accordée à une association ou fondation étrangère doit désormais requérir un avis de non objection du ministère chargé de l’Administration territoriale. En plus, elles doivent fournir tous les mois au ministre chargé de l’Administration territoriale, la situation de leurs comptes en banque au plus tard le 10 du mois suivant. Et ont également l’obligation de préciser l’origine des fonds lorsque leurs comptes sont crédités.      

Dans un rapport datant de fin 2019, Refugees International attirait déjà l’attention sur une inadéquate coordination civilo-militaire. Une coordination indispensable non seulement pour faire la distinction entre les actions civiles et militaires, mais aussi pour « protéger et promouvoir les principes humanitaires, minimiser les incohérences et, le cas échéant, poursuivre des objectifs communs ».

À l’heure du bilan, le plan de réponse humanitaire compte un niveau de couverture des besoins de financement d’environ 30%. Une situation qui laisse plusieurs programmes, comme l’appui à la mise en œuvre du Nexus Humanitaire-développement dans les régions de Mopti et Ségou ou le soutien en informations à la coordination humanitaire pour une meilleure planification, sans financement.

Il est donc urgent pour les autorités de trouver une stratégie adéquate pour gérer la présence « pléthorique d’ONGs et de militaires internationaux » afin que l’État puisse assumer pleinement son rôle de protection et d’assistance aux populations.

Biennale artistique et culturelle : un patrimoine en péril

Grande manifestation de l’art et de la culture datant de 43 ans, la Biennale, dans sa forme initiale, est à l’arrêt depuis l’édition 2010 à Sikasso. Alors que l’organisation de l’édition spéciale de 2017 avait suscité l’espoir de sa relance, elle n’a pas été pérennisée. Faisant craindre la disparation de cet évènement qui regroupait durant 10 jours à Bamako ou dans une capitale régionale les populations du Mali.

À Sévaré, depuis 2012, avec son sourire et sa main levée en guise de salutation, la statue de la Biennale artistique et culturelle attend toujours l’organisation de l’événement qui a nécessité sa construction. Après Bamako (2003), Ségou (2005), Kayes (2008) et Sikasso (2010), le Président Amadou Toumani Touré fondait l’espoir de finir son deuxième mandat avec une Biennale en 2012 dans sa ville natale, Mopti. Tel n’a pas été le cas. « Les évènements politico-sécuritaires de 2012 ont fait que la Biennale qui devait se tenir à Mopti n’a pas pu être organisée », regrette Alamouta Dagnoko, Directeur national de l’Action culturelle, structure chargée de l’organisation de la rencontre.

En 2017, « pour promouvoir le dialogue interculturel et intercommunautaire, la cohésion sociale et l’unité nationale », le ministère de la Culture avait initié une édition spéciale qui, pour diverses raisons (dont des « politico-sécuritaires encore », regrettent les acteurs culturels), n’ont pas permis de mettre en œuvre l’initiative.

Brassage

Alors que le pays est toujours confronté à l’instabilité politique et à la crise sécuritaire, la crainte de voir disparaitre la manifestation culturelle d’envergure nationale qui permettait depuis 1979 de « favoriser le brassage et l’interpénétration des populations et de contribuer à l’émergence d’une culture de paix et de citoyenneté », s’installe.

Elle inquiète d’autant plus que, sur l’aspect contenu artistique, la Biennale était une source d’émulation des savoirs culturels maliens. Elle mettait en compétition l’ensemble des régions du pays et le District de Bamako dans une large gamme de disciplines artistiques et culturelles : danse traditionnelle, orchestre, pièce de théâtre, ballet, ensemble instrumental traditionnel, orchestre moderne, exposition d’œuvres d’art, chœur, solo de chant, etc.

Ces compétitions entre les formations artistiques, les artistes et créateurs des différentes localités du Mali ont permis la création et la promotion de plusieurs orchestres locaux et nationaux : le Kanaga de Mopti, le Super Biton de Ségou, le Diaba de Tombouctou, le Kene Star de Sikasso… En outre, l’initiative a révélé de nombreux artistes maliens qui ont ensuite acquis une renommée internationale, entre autres Ali Farka Touré, Abdoulaye Diabaté, Oumou Sangaré, Babani Koné, Tata Bambo Kouyaté, Haïra Arby ou encore Kandia Kouyaté.

Relance

L’idée de l’événement, elle même, vient, de la Semaine nationale de la jeunesse initiée en 1962 par le Président Modibo Keïta. « Deux ans après l’indépendance, le Président Modibo Keïta, ayant vu l’importance, la nécessité et le rôle du patrimoine culturel national dans la conscientisation, a créé la Semaine nationale de la jeunesse, qui a existé jusqu’en 1968, année où il a été évincé du pouvoir. C’est de l’idée de ces manifestations qu’est née celle de la Biennale, créée par un arrêté en 1979 », raconte M. Dagnoko.

Le Directeur national de l’Action culturelle, pour avoir assisté « deux fois à l’arrêt puis à la relance de la Biennale (de 1968 à 1970 et de 1990 à 2003) », est optimiste quant à une « très prochaine reprise » de l’activité. « Nous sommes dans la perspective que la Biennale sera peut-être organisée en 2023. Je ne saurais le dire aujourd’hui avec exactitude, mais nous sommes dans la posture de faire en sorte que cet évènement, qui est un bien commun, une institution nationale, reprenne le plus tôt possible », assure le Directeur.

Si elle devait se tenir, ajoute-t-il, c’est sera à Mopti qui détient aujourd’hui le témoin de la Biennale. Selon Yacouba Poudiougou, de la Jeunesse régionale de Mopti, « toute la région l’attend avec impatience et ne perd pas espoir ». Tout comme la statue de la Biennale artistique et culturelle de Sévaré qui, malgré 10 ans d’attente, ne perd pas son sourire.

Lutte contre le jihadisme : deux options sur la table de la Cédéao

Les chefs d’état-major des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pesé le pour et le contre d’une « opération cinétique » et de « missions d’appui et de soutien ».Comment bouter le terrorisme hors de l’Afrique de l’Ouest. Voilà la préoccupation des chefs d’état-major des armées des pays de cette partie du continent noir où agissent de nombreux groupes jihadistes. Les haut gradés militaires du Bénin, de Cabo Verde, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, du Ghana, du Libéria, du Niger, du Nigeria, de la Sierra Léone, du Sénégal et du Togo se sont réunis en Guinée Bissau, autour de leur homologue, pour donner corps aux instructions de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

La Commission de l’organisation régionale, au sortir de la 62ème Session ordinaire, tenue le 4 décembre dernier à Abuja (Nigeria), avait pour mission d’offrir un cadre d’échanges aux chefs d’état-major sur la question du jihadisme. Leur rencontre a finalement eu lieu le 19 décembre en Guinée Bissau. Mais les Officiers des Opérations (17 décembre) et les chefs des Services de renseignements (18 décembre) ont amorcé la réflexion.

Dans un communiqué, la Cédéao détaille les deux options discutées par les chefs d’état-major. La première, précise le document, « consiste en une projection de force pour des missions offensives de recherche et destruction, de protection des populations civiles, de sécurisation de sites et d’infrastructures critiques ». Cependant, tempèrent les militaires, elle « comporte des difficultés politiques (nécessité de l’acceptation par le pays hôte et sensibilité des opinions publiques), d’importantes contraintes financières et son efficacité opérationnelle à long terme n’est pas garantie au vu des expériences antérieures ». 

La seconde option porte sur des « missions d’appui et de soutien reposant sur la mise en œuvre de capacités critiques (renseignement, appui aérien, logistique, commandement et conseil, formation et entraînement) au profit des États membres affectés ». Les représentants du Burkina, du Mali et de la Guinée, sous sanctions de la Cédéao à cause de la prise du pouvoir par les armes, n’ont pas assisté à la réunion des chefs d’état-major. Des absences déplorées par les participants « compte tenu de l’impact du terrorisme dans (les deux premiers pays précités) et du fait qu’ils ont un rôle important à jouer dans la recherche de solutions durables ».

C’est pourquoi l’une des recommandations à l’endroit de la Commission de la Cédéao est de convier « tous les États membres de la Cédéao, y compris ceux sous sanctions, à toutes les discussions relatives aux questions sécuritaires ». Il y a également la mise en place d’un groupe de planification pour affiner les options et faire des propositions qui seront présentées au Comité pour validation, l’examen des initiatives en cours en matière de lutte contre le terrorisme et la capitalisation sur les bonnes pratiques, la prise en compte et le soutien des initiatives existantes entre les États membres qui ont prouvé leur efficacité, et le renforcement des capacités nationales afin de permettre à chaque État membre de faire face à sa responsabilité première d’assurer la sécurité sur son territoire.

En outre, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao avait décidé de la mise en place d’une force régionale qui pourrait intervenir partout dans la sous-région en cas de coup d’État. À ce sujet, les chefs d’état-major considèrent que la Force en attente de la Cédéao « constitue déjà un cadre opérationnel dédié à toutes les formes d’intervention.
Toutefois, la restauration de l’ordre constitutionnel requiert de lui en donner mandat et de lui fournir les capacités nécessaires ».

Aussi, ils soulignent que « cette intervention est complexe et sa mise en œuvre pourrait s’avérer difficile notamment lorsque la population et/ou une grande partie des Forces armées adhèrent au changement anticonstitutionnel dans le pays concerné ».

Mali : 1,49 million de dollars du Fonds de l’Initiative Elsie à la Minusma

L’objectif de ce financement est de « créer un environnement plus inclusif afin de favoriser et de maintenir la participation active des femmes en uniforme » dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).L’annonce du Fonds de l’Initiative Elsie pour les femmes en uniforme dans les opérations de paix, effectuée hier mardi, « intervient alors que trois pays contributeurs en personnel de police – le Nigeria, le Sénégal et le Togo – se sont engagés à augmenter et à maintenir le déploiement de femmes dans les Unités de Police Constituées (UPC) », indique un communiqué reçu à APA.

En effet, précise le document, le Sénégal va augmenter le déploiement des femmes de 18 % actuellement à 26 % en 2025. Le Togo entend doubler le pourcentage de femmes déployées de 11 % actuellement à 25 % en 2025. Et le Nigeria vise à maintenir son déploiement de femmes à environ 24 %.

La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) est la deuxième mission onusienne à bénéficier de ce soutien financier. Elle utilisera le montant de 1,49 million de dollars pour construire sept unités de logement, dix-neuf installations sanitaires, quatre unités de buanderie et un espace de détente.

Les UPC mixtes, selon la Minusma, améliorent l’engagement auprès des communautés qu’elles servent et renforcent la capacité de la Mission à accomplir les tâches qui lui sont confiées, notamment le maintien de l’ordre public et les patrouilles à haute visibilité.

« Pour tirer parti des avantages découlant d’équipes plus diversifiées dans les opérations de paix, nous devons créer un environnement favorable à même de contribuer à la participation active des femmes », a déclaré Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire Général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix.

« Cette aide du Fonds favorise des opérations de paix tenant compte du genre, permettant d’aider plus efficacement à la consolidation et à la préservation de la paix et la sécurité dans le monde », a-t-il ajouté.

Seydou Bocar Yague, Inspecteur Général de la Police sénégalaise, a souligné que ce projet est une étape importante permettant d’augmenter durablement le déploiement de femmes au sein de la Minusma. Le Général de brigade Damehame Yark, ministre togolais de la Sécurité et de la Protection civile, a fait savoir que « l’efficacité opérationnelle et le professionnalisme du personnel féminin des forces de sécurité ne sont plus à démontrer ». Enfin, Alkali Baba Usman, Inspecteur Général de la Police du Nigeria, a remercié le Fonds de l’Initiative Elsie « dont le soutien aura d’importantes répercussions sur l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel de maintien de la paix ».

Afrique : 88 % de la population ressentent les effets du changement climatique (enquête)

L’étude de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur le climat, réalisée dans neuf pays du continent noir, révèle que « les changements climatiques ont déjà des répercussions sur le quotidien » d’au moins 6000 personnes âgées de 15 ans et plus interrogées.Maroc, Tunisie, Égypte, Kenya, Afrique du Sud, Angola, Cameroun, Côte d’Ivoire et Sénégal, ce sont les pays où la première édition africaine de l’enquête de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur le climat a eu lieu entre le 1er et le 25 août 2022. Cette initiative de l’institution financière vise d’après elle « à nourrir le débat général sur les comportements et les attentes en matière d’action en faveur du climat ».

« 61 % des Africains interrogés soutiennent que les changements climatiques et les atteintes à l’environnement ont affecté leurs revenus ou leurs moyens de subsistance », lit-on dans un communiqué reçu mardi à APA. Les pertes de revenus, rapporte la source, sont généralement liées à des sécheresses intenses, à l’élévation du niveau des mers ou à l’érosion côtière, ainsi qu’à des phénomènes météorologiques extrêmes tels que des inondations ou des ouragans.

« Nous appuyons depuis de nombreuses années les investissements dans les énergies propres en Afrique, comme l’énergie éolienne, l’hydroélectricité et les solutions hors réseau. Nous sommes prêts à déployer toute notre panoplie de services de conseil et d’instruments financiers et appuyer nos partenaires sur le terrain afin d’atténuer les changements climatiques, de nous adapter à leurs effets négatifs déjà palpables et de garantir une transition juste », affirme Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI.

À en croire le bras financier de l’Union Européenne (UE), les résultats de cette enquête arrivent à un moment critique pour l’Afrique, après la COP 27 où la mobilisation des ressources pour l’atténuation du réchauffement climatique et l’adaptation aux effets de celui-ci ont été au cœur des débats avec la conclusion d’un accord décisif sur un nouveau fonds « pertes et préjudices » pour les pays vulnérables durement touchés par les catastrophes climatiques.

L’Afrique, rappelle M. Fayolle, est la partie du monde la plus touchée par les changements climatiques, bien que ce soit celle qui contribue le moins au problème. Le continent fait face à une menace accrue de phénomènes météorologiques extrêmes et de changements climatiques chroniques, qui influencent les rendements agricoles, la sécurité alimentaire et hydrique, les écosystèmes, les moyens de subsistance, la santé, les infrastructures et les migrations.

Poursuivant son propos, il souligne que « les changements climatiques, par leurs effets néfastes sur les ressources vitales et la concurrence qu’ils entraînent pour les ressources naturelles, risquent d’accroître la pauvreté, les inégalités et le chômage ».

Ainsi, 76 % des Africains sondés ont déclaré que la priorité devrait donc être donnée dans leur pays aux énergies renouvelables, loin devant les combustibles fossiles (13 %).

Guterres relance la force africaine sous mandat robuste de l’Onu

Pour restaurer la paix et lutter contre le terrorisme en Afrique, António Guterres plaide pour le déploiement d’une force africaine robuste avec mandat de l’Onu.A la place des missions de maintien de la paix dans certains pays africains, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies (Onu), plaide pour « une force robuste d’imposition de la paix et de la lutte antiterroriste ». Les forces onusiennes sont sous le feu des critiques pour leur inefficacité dans certains théâtres d’opérations en Afrique.

En Afrique, les missions de maintien de la paix des sous l’égide des nations-unies sont souvent jugées inefficaces en raison de l’absence de robustesse de leur mandat. C’est par exemple le cas au Mali et en République démocratique du Congo (RDC) où interviennent des missions de stabilisation. En conférence de presse lundi 19 décembre à New-York, le secrétaire général de l’Onu a reconnu les limites de certaines missions de maintien de la paix.

« Nous assistons à des situations où nous avons des opérations de maintien de la paix où véritablement, il n’y a pas de paix à maintenir », a admis M. Guterres. Devant un tel état de fait, « c’est facile de manipuler les populations » en disant « voilà les casques bleus, ils ne sont pas capables de lutter contre les organisations terroristes ou des mouvements comme le M23 en RDC ».

Naissance d’Ecoforce

Ce souhait ardent du secrétaire général des Nations-unis coïncide avec l’ambition affichée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de se doter d’une force d’intervention contre le terrorisme et les coups d’États.

L’aggravation de la situation sécuritaire au Sahel avait motivé, le 4 décembre dernier, la décision des chefs d’Etat ouest-africains de créer une force régionale anti-terroriste qui aura également mandat de « restaurer l’ordre constitutionnel partout où il sera menacé dans la sous-région ».

Donnant suite à cette instruction, les chefs d’état-major des pays membres de la Cédéao se sont réunis lundi 19 décembre à Bissau pour concrétiser la mise en place de cette force qui, selon la ministre bissau-guinéenne des Affaires étrangères, Suzi Barbosa, s’appellera Ecoforce. Mais le mécanisme de financement de cette force d’intervention de la Cédéao n’est pas encore défini.

Soldats ivoiriens détenus: l’ONU met une nouvelle fois la pression sur les autorités maliennes

Le secrétaire général des Nations-Unies a demandé encore une fois aux autorités maliennes de libérer les soldats ivoiriens détenus depuis juillet dernier.L’Organisation des Nations unies met à nouveau la pression sur le pouvoir de Bamako sur la question des soldats ivoiriens détenus au Mali. L’Onu réaffirme sa position exprimée en septembre dernier par le secrétariat des Nations-Unies sur le sujet qui installe la tension les relations diplomatiques entre les autorités ivoiriennes et leurs homologues maliennes.

Face aux journalistes, à l’occasion de sa conférence de presse de fin d’année à New-York, lundi 19 décembre 2022, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a réclamé de nouveau la libération des 46 militaires accusés de « mercenariat » par la junte malienne. « Il faut régler le problème des ivoiriens qui sont détenus au Mali », martèle-t-il. Pour Guterres, le fait que l’arrivée à Bamako de ces soldats soit entachée de « quelques irrégularités bureaucratiques » ne pourrait expliquer « qu’ils soient en détention ». « Il faut qu’ils reviennent chez eux le plus rapidement possible ».

Cette nouvelle sortie d’Antonio Guterres intervient quelques jours après le 62ème sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tenu à Abuja, et au sortir duquel, il a été encore une fois demandé aux autorités maliennes de lâcher du lest dans cette affaire au risque de s’exposer à de nouvelles sanctions.

Abidjan parle de « chantage »

Le président de la Commission de la Cédéao, le Gambien Omar Touray a déclaré que le Mali avait jusqu’à janvier 2023 pour se soumettre aux exigences de l’organisation communautaire. À cet effet, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey a discrètement effectué un déplacement à Bamako et s’est entretenu avec le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta.

En juillet dernier, 49 soldats ivoiriens ont été interpellés à l’aéroport international Modibo Keita Bamako-Sénou. Ils sont dans la foulée accusés d’être des « mercenaires » dont le dessein serait de déstabiliser la transition en cours au Mali depuis mai 2021. Les autorités ivoiriennes ont immédiatement réagi, affirmant que les militaires en question sont inscrits dans l’effectif de l’armée et se trouvaient au Mali dans le cadre d’un mécanisme de l’Onu autorisant les appuis aux casques bleus, appelés NSE (Éléments nationaux de soutien).

Sur demande de Bamako, le président togolais, Faure Gnassingbé s’est impliqué pour un dénouement heureux de cette crise entre Bamako et Abidjan. Il a obtenu début septembre la libération de trois soldats, précisément les trois femmes du groupe. Mais au cours d’une audience accordée, quelques jours après, à Geoffrey Onyeama, ministre nigérian des Affaires étrangères, le colonel Assimi Goita a exigé à Abidjan l’extradition de personnalités maliennes poursuivies par la justice de leur pays. Ce que la Côte d’Ivoire a qualifié de « prise d’otage » et de « chantage » avant de saisir la Cédéao pour un arbitrage.

Uemoa : dynamique activité économique au troisième trimestre

Le Produit Intérieur Brut de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine a connu une progression de 5,7 % de juillet à août 2022.Malgré une conjoncture internationale marquée par un ralentissement de l’activité économique mondiale, l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa) garde le cap. « Au sein de l’Uemoa, l’activité économique restée dynamique au troisième trimestre de l’année 2022, avec une progression de 5,7 % du PIB (Produit Intérieur Brut) sur un an, soit le même taux de croissance enregistré le trimestre précédent », a déclaré lundi à Dakar, le président du Conseil des ministres de l’organisation sous-régionale, Sani Yaya, également ministre de l’Économie et des Finances du Togo.

S’exprimant à l’occasion de la 4e session ordinaire du Conseil des ministres de l’Union au titre de l’année 2022, M. Yaya a indiqué que cette évolution a été portée par la hausse de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs de production. De même, a-t-il ajouté, la demande, la consommation finale et les investissements sont demeurés soutenus.

Partant de là, il a fait savoir qu’en dépit des impacts négatifs de l’environnement international, les résultats économiques enregistrés par les pays de l’Uemoa au cours du troisième trimestre 2022 […] sont encourageants.

Mali : que cache l’interdiction d’activités des ONG ?

Bamako chercherait à renforcer son contrôle sur tous les financements internationaux destinés au pays selon Julien Antouly, doctorant en droit international au Centre de droit international de Nanterre (France).Le 21 novembre dernier, Bamako a suspendu les activités, sur le territoire malien, de toutes les organisations non gouvernementales qui bénéficient d’un soutien de Paris. Cette décision qui concerne à ce jour « 294 associations et ONG », faisait suite à la suspension de l’aide française au développement destinée à ce pays de l’Afrique de l’ouest. Dans cette même lancée, les autorités maliennes ont interdit, jeudi 15 décembre, l’ONG suisse, Appel de Genève, d’intervenir sur le territoire national à cause de « l’exercice d’activités illicites ».

Même si ces multiples interdictions s’inscrivent dans un contexte tendu entre les autorités de la transition du Mali et plusieurs pays occidentaux, Julien Antouly, doctorant en droit international au Centre de droit international de Nanterre, en France, y voit une volonté de Bamako de mieux contrôler les ressources financières des ONG.

« Au-delà de l’interdiction des financements français, le gouvernement souhaite en réalité renforcer le contrôle sur tous les financements internationaux. Ces dernières semaines, il a demandé à plusieurs États européens de fournir des listes des ONG financées au Mali », écrit-il sur Twitter.

Il rappelle que le 15 décembre dernier, le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a également annoncé de nouvelles « conditionnalités » pour les associations étrangères, qui doivent faire valider toutes leurs sources de financements, ainsi que les financements qu’elles donnent aux associations nationales.

De même, poursuit-il, une commission de « coordination, d’évaluation, de suivi et de contrôle des associations et ONG » a été créée pour renforcer le contrôle des activités. De nouvelles obligations de reporting (rapports activités et financier mensuel) sont également exigés des organisations non gouvernementales.

Julien Antouly relève que l’interdiction annoncée de Geneva Call (Appel de Genève) démontre que toutes les associations étrangères sont concernées, et que le gouvernement n’hésitera pas à prononcer des expulsions à l’encontre de certaines ONG.

« En bref, l’interdiction des financements français n’est pas seulement une réaction directe à la suspension de l’aide publique au développement par la France, elle s’inscrit dans une tendance plus large et plus profonde de renforcement du contrôle sur les ONG et les financements étrangers », analyse-t-il..

Le 29 novembre 2022, le ministère malien des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes avait demandé aux responsables de la grande mosquée de Bamako de clarifier la provenance des fonds destinés à la construction d’un bâtiment évalué à plus de deux cent millions de FCFA dans l’enceinte de ladite mosquée.

Mali : une ONG suisse interdite d’activités

Le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation du Mali évoque un « exercice d’activités illicites » d’Appel de Genève.Après avoir suspendu les activités de toutes les ONG en lien avec la France, Bamako vient de sévir contre une ONG suisse. « Est interdite d’exercer sur le territoire national de la République du Mali, l’association étrangère +Appel de Genève+ pour exercice d’activités illicites », lit-on dans un arrêté du ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation publié jeudi 15 décembre.

Dans une déclaration diffusée ce samedi 17 décembre, l’ONG dit avoir pris acte avec regret de l’arrêté du 15 décembre du ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation du Mali et suspend ses activités au Mali à compter de la même date.

« En tant qu’organisation humanitaire, neutre et impartiale, l’Appel de Genève agit toujours en toute transparence et en stricte conformité avec les obligations internationales des Etats », affirme-t-elle. .

Appel de Genève se dit déterminée à travailler sans relâche pour la protection des civils impactés par les conflits et en étroit dialogue avec toutes les parties prenantes.

Mali : deux Casques bleus tués à Tombouctou

Des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur une patrouille de la Police des Nations unies (UNPOL) à Tombouctou, tuant deux Casques bleus dont une femme.La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) continue de payer un lourd tribut dans sa lutte contre les groupes jihadistes. Vendredi 16 décembre, des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur une patrouille de la Police des Nations unies (UNPOL) à Tombouctou (Nord). L’attaque a fait deux morts parmi les Casques bleus dont une femme. Quatre autres Casques bleus ont été blessés, dont un grièvement. Ils ont été évacués à l’hôpital militaire de la Minusma à Tombouctou.

Selon la mission onusienne, un assaillant a été neutralisé et du matériel récupéré. De même, indique la Minusma, une Force de réaction rapide de a été immédiatement dépêchée sur les lieux pour sécuriser la zone.

Sur Twitter, le Chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, s’est dit « profondément choqué » par cet acte odieux qu’il a fermement condamné. Il a présenté ses condoléances les plus attristées au Gouvernement des défunts Casques bleus, ainsi qu’à leurs familles et frères d’armes, et a souhaité un prompt rétablissement aux quatre autres casques bleus blessés.

« Malgré un environnement opérationnel difficile, la Minusma ne ménagera aucun effort pour mener à bien son mandat », a-t-il assuré, soulignant la nécessité de tout faire pour identifier les auteurs de cet acte et les traduire en justice. 

Il a rappelé que les attaques contre les Casques bleus peuvent constituer des crimes de guerre au regard du Droit international.

Sahel : Washington pour une approche globale de la lutte contre le terrorisme

Le contre-terrorisme ne peut réussir par la seule force et les mesures de sécurité dures selon la sous-secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland.Dans le combat contre le jihadisme au Sahel, le recours exclusif à la force a montré ses limites. Les importants moyens militaires déployés sur le terrain n’ont pas permis de freiner l’expansion des groupes armés et l’amplification de leurs attaques. Partant de ce constat, la sous-secrétaire d’État américaine, Victoria Nuland, a plaidé, jeudi à Washington, pour un changement d’approche.

« Nous avons vu à maintes reprises que le contre-terrorisme ne peut réussir par la seule force et les mesures de sécurité dures. Comme on me l’a rappelé lors de mes récents voyages au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie et au Niger, pour être vraiment efficace, comme beaucoup l’ont dit, la lutte contre le terrorisme doit s’inscrire dans un effort de l’ensemble du gouvernement et de la société », a-t-elle déclaré.

Les limites du tout sécuritaire

S’exprimant lors d’un briefing de haut niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme mondial, Mme Nuland a indiqué que les partenaires internationaux doivent favoriser la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques s’ils veulent arriver à bout de ce fléau.

« Nous devons soutenir les gouvernements et leur capacité à répondre aux besoins de leurs citoyens. C’est la clé pour briser le cycle de l’extrémisme violent », a-t-elle insisté.

Citant l’exemple du Niger, Victoria Nuland a fait remarquer que le soutien aux forces de sécurité bien qu’important et primordial pour ralentir les activités groupes jihadistes, n’est pas suffisant dans un pays où la moitié des enfants ne sont pas scolarisés.

A l’en croire, le manque d’éducation est un moteur de la prochaine génération d’insécurité et de terrorisme. Elle a ainsi souligné la nécessité de faire en sorte que les femmes et les filles aient un accès sûr à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités économiques, et que leurs communautés et leurs pays soient plus stables et plus prospères.

« C’est pourquoi nous nous concentrons sur la mise en œuvre du cadre mondial actuel et solide de lutte contre le terrorisme, axé sur une approche globale de la société », a-t-elle dit.

Respect des droits humains 

Par ailleurs, la diplomate américaine a déploré les tentatives visant à saper les avancées en matière de genre, de société civile et de droits de l’homme réalisées dans les résolutions du Conseil de sécurité et dans la Stratégie antiterroriste mondiale, menées par certains Etats membres de l’Onu.

« Il est essentiel que les campagnes antiterroristes ne servent pas de prétexte aux États membres pour violer eux-mêmes les libertés fondamentales », a-t-elle soutenu.

La diplomate américaine a enfin annoncé que l’Assemblée générale de l’Onu examinera, l’année prochaine, la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme.

Présidentielle 2024 : L’Adema face à l’épineux choix de son candidat

La question de la candidature de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-Pasj) à la prochaine élection présidentielle suscite déjà des remous internes. Alors que la jeunesse du parti est montée au créneau fin novembre pour demander l’enclenchement du processus du choix du candidat avant février prochain, une Conférence nationale est annoncée pour le 17 décembre 2022.

Les tensions pré-congrès de 2021 au sein de l’Adema ont fini par s’estomper après l’élection de Marimantia Diarra à la tête du parti, en octobre dernier. La prolongation par la suite de la Transition avait également refroidi les remous qui s’annonçaient dans la Ruche entre les différents potentiels candidats à la candidature.

Mais, à moins d’un an et demi de la prochaine élection présidentielle, annoncée comme devant mettre fin à la Transition, la question refait surface. Et c’est la jeunesse du parti qui a donné le ton. Réuni en retraite le 20 novembre 2022, le Bureau national de la jeunesse, « soucieux de l’avenir et de la carrière politique de sa jeunesse et engagé pour la reconquête du pouvoir », a exhorté le Comité exécutif à enclencher le processus de désignation du candidat à l’élection présidentielle de 2024 d’ici le mois de février 2023.

« Le Bureau national de la Jeunesse Adema-Pasj estime que pour assurer une participation pleine, entière et satisfaisante de notre candidat à la prochaine élection présidentielle, il lui faudra un temps de préparation convenable et suffisant », souligne la déclaration des jeunes, qui disent avoir tiré toutes les leçons du « long et laborieux » processus de désignation du candidat du parti à l’élection présidentielle de juillet 2018 et de son « issue regrettable ».

Mais cette sortie du Bureau national de la jeunesse n’est pas du goût de certains membres du Bureau exécutif du parti. « C’était une sortie malencontreuse et contre-productive. Ce n’est pas l’approche indiquée et ils n’ont pas d’habilitation pour le faire », tance Yaya Sangaré, Secrétaire général de l’Adema. « La candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle est une recommandation forte du 6ème Congrès ordinaire et sa mise en œuvre appartient au Comité exécutif, où les débats se tiennent », recadre l’ancien ministre.

Poser le débat

Le 17 décembre 2022 aura lieu la Conférence nationale de l’Adema. L’occasion non seulement de présenter le rapport d’activités du parti sur les derniers mois mais aussi et surtout de poser le débat sur la stratégie à adopter en vue de la désignation du futur porte-étendard du parti. « Le sujet y sera certainement discuté », confie Yaya Sangaré.

Mais le débat promet d’être long, car si l’option d’une candidature interne au parti convient à certains membres, celle du soutien de l’Adema à la candidature d’une coalition plus large de plusieurs partis et regroupements politiques n’est pas écartée par d’autres.

« L’Adema est un parti de débats. Les gens essayent d’analyser en fonction du terrain. Moi je pense qu’un parti comme le nôtre ne peut pas ne pas avoir un candidat. Mais le contexte peut amener certains à hésiter. Chacun développe ses arguments, mais à la fin nous nous entendons et nous étudions le contexte. S’il est favorable, nous y allons. Dans le cas contraire, nous examinons les autres options », tranche M. Sangaré

À l’interne, selon nos informations, plusieurs intentions de candidature sont déjà recensées mais, la procédure de désignation n’étant pas encore enclenchée, le Comité exécutif a demandé que ces potentiels candidats fassent profil bas pour l’heure et que le parti travaille d’abord à reconstruire son union et sa cohésion.

Comme pour la course à la présidence du parti, l’année dernière, plusieurs membres du Bureau exécutif sont pressentis, à l’instar, entre autres, du Président Marimantia Diarra et de Moustapha Dicko, ancien ministre de l’Éducation nationale sous Alpha Konaré et de l’Enseignement supérieur sous IBK. Les noms de Adama Noumpounon Diarra de la section de Sikasso, de l’ancien ministre du Commerce Abdoul Kader Konaté dit Empé, aujourd’hui PDG de l’Office du Niger, ou encore de Mme Conté Fatoumata Doumbia de la section de la Commune I circulent aussi. Car dans la Ruche l’option d’un candidat « bon teint » est très prisée.

Mines : un potentiel inexploré

Outre ses 63 tonnes d’or de production en 2021 et son troisième rang en matière d’exploitation de l’or en Afrique, le Mali regorge d’énormes autres potentialités minières. Du lithium au fer en passant par le calcaire ou encore la bauxite, les ressources inexplorées sont nombreuses et leur potentiel important. Outre une politique minière à adapter, le pays doit aussi relever de nombreux défis, dont celui des ressources humaines qualifiées et celui de  l’amélioration des pratiques en matière de gestion.

Pour l’or, deuxième produit d’exportation après le coton, les recherches sont bien avancées, et cela même dans le domaine de l’orpaillage grâce au développement des technologies, explique Yacouba Traoré, Directeur de Geo Training, une société spécialisée dans la formation minière.

Mais pour des ressources comme le pétrole, par exemple, même s’il existe des indices, les recherches n’ont pu être menées à bout. En cause notamment la situation sécuritaire, qui a rendu difficile l’accès aux zones potentiellement riches.

Pour le lithium, dans la zone de Bougouni les recherches ont déjà abouti à la découverte d’un gisement, dont l’exploitation débutera avec la construction d’une usine qui devrait être effective d’ici à 2023.  Mais le problème à ce niveau est que la matière extraite sera traitée ailleurs, faute de possibilités sur place, ce qui constitue un important manque à gagner, déplore M. Traoré.

Le Mali regorge aussi de terres rares et d’énormes potentialités en calcaire. Le développement des usines de ciment et la mise en évidence d’autres ressources sont autant d’atouts dont l’exploitation pourrait rapporter davantage grâce à des études. Cependant, pour mener à bien les recherches il faut des personnes ressources qualifiées et des moyens techniques adéquats pour déterminer avec certitude le potentiel existant.

Si les indices sont les premiers pas qui permettent d’orienter, pour développer il faut rechercher en profondeur et déterminer avec précision la quantité et la valeur économique afin que les investisseurs puissent s’engager. Des travaux importants sont donc nécessaires avant d’envisager une éventuelle production.

Booster la recherche

Jusqu’à présent, concernant le pétrole, on n’a pas pu déterminer avec précision que l’on disposait de telle ou telle quantité. Les estimations sont celles faites à partir de ce qui est observé chez nos voisins. Dix conventions avaient été accordées à des sociétés pétrolières pour mener des recherches sur certains blocs dans le nord, à Taoudéni, considérée comme la plus prometteuse, à Gao également et à Nara. Mais la crise sécuritaire a entravé le développement et refroidi les ambitions des investisseurs. En 2014, le gouvernement a résilié ces contrats. Boubou Cissé, alors ministre des Mines, reprochait à ces sociétés l’absence de recherches sans motif justifié pendant un an ou encore le défaut de paiement des taxes et redevances. Outre le facteur crucial de l’insécurité, qui entrave toute velléité d’entreprise, le manque de moyens et de ressources humaines reste un problème récurrent. Même si le pays dispose de « géologues expérimentés qui peuvent mener des explorations, pour faire l’estimation de ressources, les statistiques de données et les calculs, nous sommes obligés de faire intervenir des expatriés », explique M. Traoré.

Cependant, aujourd’hui, grâce aux technologies de pointe qui servent à quantifier « nous effectuons aussi des estimations avec des niveaux de certitude », confie-t-il. Mais, en ce qui concerne également le lithium, les échantillons sont envoyés à l’extérieur pour des études.

Les recherches coûtent cher et sur le terrain les acteurs doivent toujours essayer « de revoir l’approche et la formation technique avec les nouvelles technologies », car, comme dans tous les domaines, les évolutions sont rapides et l’adaptation est indispensable.

Moderniser l’orpaillage

Mieux organisé, ce secteur pourrait être plus rentable pour la société. Confiée aux collectivités territoriales, la gestion de cette activité sur le terrain s’est avérée compliquée pour ses acteurs et menace les relations avec les investisseurs déjà installés.

Pourtant, selon la législation, les collectivités peuvent faire des demandes de « couloirs d’orpaillage ». Si, après vérification, il n’existe pas de permis sur ladite zone, un arrêté interministériel pris conjointement par le ministre en charge de l’Administration et celui des Mines accorde cette possibilité. Mais, généralement, dans la pratique les collectivités qui ont théoriquement le droit de gérer l’orpaillage accordent des espaces faisant déjà l’objet de permis, ce qui contrarie l’activité des détenteurs de droits et peut être de nature à rendre réticents les potentiels investisseurs.

Sur les 30 permis accordés pour les petites mines, « qui fonctionnent comme l’orpaillage », seules deux sont en activité. Il faut donc revoir la méthodologie. Intervenant à partir de la phase Recherche et développement, de l’exploitation jusqu’à produit fini, la société aide les opérateurs économiques à s’installer et à se développer afin d’obtenir des résultats positifs. Jusqu’à présent, 99% des recherches sont basées sur l’or, parce qu’il est le minerai le plus développé en termes de recherche et celui où le retour sur investissement est le plus rapide.

Mais à côté se développent aussi d’autres minerais, comme les matériaux de construction. Sur le plan géographique, les zones de l’ouest, comme Kayes et Kéniéba, sont les plus pourvues, comme celles du sud, Yanfolila et Kolondiéba. La zone de Kéniéba constitue une particularité, avec un accès plus facile à l’or, tandis que vers Sikasso il existe une profondeur de couches de latérite. D’où plus de zones en exploitation à Kayes que dans le sud.

Mais des zones auparavant classées comme peu favorables à l’exploitation de l’or sont en train de se révéler aussi riches en potentialités, comme Kidal, dans le nord, contrôlé par la CMA, un groupe armé signataire de l’Accord pour la paix.

Renforcer le cadre juridique

Le cadre juridique pour encourager la recherche existe mais doit être renforcé, selon les acteurs. Pour le moment, il n’existe pas de fonds spécifiques pour la recherche, mais certains partenaires initient des programmes, notamment pour la cartographie afin d’évaluer les potentialités. Un programme financé par la Banque mondiale, en cours d’exécution et  freiné par l’insécurité, doit bientôt être relancé.

En plus des projets de cogestion avec l’extérieur, selon des analystes, l’État doit mener des collaborations avec les universités pour la recherche, en leur donnant notamment des termes de référence afin qu’elles puissent travailler avec d’autres chercheurs pour avoir une idée claire du potentiel par zone, par exemple.

Le décalage entre les estimations et la production conduit souvent à des faillites pour les sociétés minières, ce qui peut conduire à des chômages techniques ou même à des licenciements. Il faut donc renforcer l’usage des technologies pour améliorer la récupération des données.

Pour assurer une participation nationale dans les sociétés d’exploitation minière qui opèrent sur le territoire, le Code prévoit une participation nationale de 5%. Mais, dans la pratique, les opérateurs n’y arrivent pas, confie un cadre du domaine. Parce qu’il faut se mettre à plusieurs, car individuellement l’importance des fonds à investir constitue un véritable frein. L’autre obstacle à une contribution locale efficiente est la mentalité, qui ne sied pas au domaine. En effet, dans la gestion des mines, il faut de la rigueur et privilégier les compétences.

Il faut aussi tenir compte du fait que « des investissements importants peuvent se révéler non rentables ». Ce qui permet de partager les risques lorsque l’on est plusieurs.  C’est ainsi que plusieurs permis ont été accordés à des nationaux dans le but de favoriser leur participation, mais il s’est avéré que beaucoup n’ont pas réussi à les rentabiliser. Or, le permis, qui n’est pas définitif, peut aussi être retiré. Selon les récents chiffres de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM) publiés le 5 décembre 2022, 1070 titres sont actifs sur 2 833 attribués, 1 623 permis sont expirés et 138 ont été annulés. L’État a en outre le 28 novembre dernier suspendu l’attribution des titres miniers afin de « mieux servir » les acteurs du secteur.

Cette suspension, de même que la création de la nouvelle société à capitaux 100% maliens sont vues comme de nouvelles opportunités afin que les ressources minières soient plus profitables aux Maliens.

Burkina : Le Président du Parlement de la transition à Bamako

Pour son premier voyage à l’étranger, Ousmane Bougouma a choisi le Mali où il va rencontrer le Chef de l’Etat, Colonel Assimi Goïta et participer à la clôture de la session du Conseil national de la Transition malien.Le président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Ousmane Bougma, accompagné d’une délégation de députés, est arrivé ce mercredi 14 décembre à Bamako, pour une visite de 72h, a rapporté le Parlement.

Il a été accueilli à l’aéroport par son homologue, le président du Conseil national de la transition, le Colonel Malick Diaw.

« Pour sa première sortie officielle, le Dr Ousmane Bougma a fait le choix du Mali, pour selon lui, renforcer les liens d’amitié entre ces deux peuples qui partagent une histoire et une géographie commune », a expliqué le Direction de la communication de l’ALT, précisant que le Dr Bougouma va rencontrer le président du Mali le colonel Assimi Goïta avant d’échanger avec la diaspora Burkinabè. Il participera aussi à la clôture de la session parlementaire du Conseil national de la Transition (CNT).

Ce voyage du président de l’ALT à Bamako alimente encore les débats sur les velléités de rapprochement entre Ouagadougou et Moscou.

Le capitaine Ibrahim Traoré avait également effectué sa première visite à l’étranger à Bamako où il avait parlé de lutte contre le terrorisme avec le colonel Assimi Goïta et de coopération avec la Russie, selon des sources concordantes.

Karim Keita : placé sous sanctions par les Etats-Unis pour corruption et violation des droits de l’Homme

Le Département du Trésor des États-Unis, a imposé vendredi 9 décembre des sanctions, à plus de 40 personnalités et entités accusées de corruption ou de graves violations des droits de l’homme dont Karim Kéita, le fils de l’ex président Ibrahim Boubacar Kéita qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis le coup d’Etat d’aout 2020.

Ces sanctions selon le chargé d’affaires de l’Ambassade des Etats-Unis au Mali Brian Neubert, sont un signal fort à l’endroit des responsables des pays que nul n’est au-dessus de la loi en cas de corruption ou de mauvaise gouvernance. Les sanctions annoncées gèlent tous les avoirs américains des personnes concernées et interdisent aux citoyens américains de traiter avec elles. Des restrictions de voyage sont également imposées.

Selon le communiqué publié par l’ambassade des États-Unis au Mali, Karim Keita président de la Commission de défense de l’Assemblée nationale du Mali de février 2014 jusqu’à juillet 2020, a utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, détourner des fonds gouvernementaux et renvoyer d’autres responsables qui ne soutenaient pas ses actions, ont déclaré les États-Unis. Karim Keita aurait également été impliqué dans l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent du journaliste Birama Touré qui enquêtait sur son implication dans la corruption toujours d’après le communiqué. Karim Keita a toujours nié son implication dans cette affaire pour laquelle il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis juillet 2021. Ces sanctions concernent plus de 40 personnalités dans le monde dont l’ancien président guinéen Alpha Condé selon la liste publiée par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis.

 

 

Sahel : libération d’un otage allemand enlevé depuis 2018

Jörg Lange, un humanitaire allemand de 63 ans détenu depuis 2018 au Sahel, va retrouver les siens.Jörg Lange arrive au bout de sa traversée du désert. Ce samedi 10 décembre, la directrice générale de l’ONG Help a fait état de la libération de son collaborateur allemand, détenu depuis plus de quatre années au Sahel, une région comprenant les territoires bordant le Sahara et dans laquelle opèrent plusieurs groupes jihadistes.

« Nous sommes très soulagés et reconnaissants que notre collègue Jörg Lange, après plus de quatre ans et demi, puisse retourner auprès de sa famille », estime la directrice générale de Help, Bianca Kaltschmitt, dans un communiqué.

Elle remercie « vivement toutes les personnes qui ont contribué à cette libération ou qui l’ont soutenue, en particulier la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, la police criminelle, ainsi que les autorités et des amis au Mali, au Niger et dans les pays voisins ».

Jörg Lange avait été enlevé le 11 avril 2018 dans l’ouest du Niger par des hommes armés à moto près d’Ayorou, dans une région frontalière du Mali en proie à des attaques jihadistes récurrentes. Son chauffeur nigérien avait été libéré peu de temps après, selon certaines sources.

Au moins quatre otages occidentaux sont encore détenus au Sahel, selon un décompte ne recouvrant que les cas rendus publics par leur entourage ou leur gouvernement : le Français Olivier Dubois, enlevé le 5 mai 2021, l’Américain Jeffery Woodke (14 octobre 2016), l’Australien Arthur Kenneth Elliott (15 janvier 2016) et le Roumain Iulian Ghergut (4 avril 2015).

Un autre Allemand, le père Hans-Joachim Lohre, dont on est sans nouvelles depuis fin novembre, est largement considéré comme ayant été enlevé, bien qu’aucune revendication n’ait été rapportée, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Nouvelle hausse des taux directeurs de la Bcéao

Cette nouvelle mesure vise la poursuite de la normalisation monétaire visant à baisser l’inflation dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao).Depuis le début de l’année 2022, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) a procédé à trois relèvements de ses taux directeurs. Le dernier a été décidé vendredi 9 décembre 2022 à Dakar au cours de la réunion ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de l’institution.

Cette instance chargée de la définition de la politique monétaire au sein de l’Union monétaire Ouest-africaine (Umoa) a ainsi pris la décision de relever de 25 points de base les taux directeurs de la Bcéao à compter du 16 décembre 2022.

« Ainsi, le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses ressources aux banques passe de 2,50% à 2,75%. Cette hausse, la troisième de cette année, s’inscrit dans le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022. Elle devrait contribuer à ramener progressivement l’inflation dans l’intervalle cible de la Banque Centrale (1% à 3%) sur le moyen terme », rapporte le communiqué final de la session du CPM lu au terme des travaux, en présence de son président, Jean-Claude Kassi Brou, également gouverneur de la Bcéao.

S’adressant à la presse après la lecture du texte, M. Brou a expliqué que la nouvelle hausse des taux directeurs de la Banque matérialise la poursuite de la normalisation monétaire afin de baisser l’inflation dans l’Umoa.

A l’en croire, la dynamique haussière de l’inflation s’est poursuivie dans l’Union au cours du troisième trimestre 2022, portant le taux d’inflation à son niveau le plus élevé depuis 2008, avec des disparités d’un pays à l’autre. « L’évolution des comptes extérieurs s’est également dégradée liée en partie à une faible mobilisation des ressources extérieures par les Etats », a révélé Jean-Claude Kassi Brou.

Rassurant que la liquidité bancaire dans l’Umoa reste adéquate et que les crédits octroyés à l’économie par le secteur bancaire ont augmenté de 16,5% à la fin du mois d’octobre 2022, le gouverneur de la Bcéao a précisé que le taux d’inflation dans l’Union, en hausse depuis plusieurs mois, a atteint 8,4% en octobre 2022.

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bcéao) a souligné que cette évolution est due essentiellement au renchérissement des produits alimentaires de grande consommation et du transport, avec l’ajustement des prix à la pompe des produits pétroliers par les pays de l’Union suite à l’envolée des cours du pétrole sur les marchés internationaux.

Il a indiqué que l’inflation sous-jacente, qui mesure l’évolution du niveau général des prix hors produits frais et énergie, s’est également maintenue à un niveau élevé de 5,4% en octobre 2022.

« Au cours des mois à venir, le Comité de Politique Monétaire de la Bcéao prendra, si nécessaire, les mesures idoines pour assurer la stabilité monétaire », conclut le communiqué.

Titres miniers : une suspension pour mieux agir

Dans un communiqué rendu public le 28 novembre 2022, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau a annoncé la suspension de l’attribution des titres miniers. Une « pause » indispensable pour y voir clair dans un secteur stratégique caractérisé par une anarchie et une insuffisance de contrôles préjudiciables sur le plan économique et social.

« Dans le cadre des travaux entrepris pour l’amélioration de la délivrance et du suivi des titres miniers, pour mieux servir les acteurs du secteur minier, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau informe la population, particulièrement les acteurs et opérateurs du secteur, que l’attribution des titres miniers est suspendue sur toute l’étendue du territoire à compter du 28 novembre 2022 », précise le communiqué.

Cette décision fait suite à un ensemble de faits, dont des audits menés par le gouvernement et une enquête récente du Conseil national de transition (CNT).

Il était donc urgent de mettre de l’ordre dans ce secteur, où règne « assez de flou », avoue M. Yacouba Traoré, consultant minier. Dans un contexte où le gouvernement « a compris qu’il ne maîtrise pas la situation sur le terrain », avec des conflits fonciers entre promoteurs, entre promoteurs et communautés et avec l’exploitation anarchique de certains opérateurs, qui ne respectent pas l’environnement, en complicité avec des responsables, le risque d’une dégradation impose une action mieux réfléchie.

Désordre et conflits latents

Il y a moins d’un mois, à Kangaba, il y a eu 2 morts. Des conflits violents aussi à Yanfolila entre communautés qui se disputent un permis délaissé par une société minière.  Des situations auxquelles il faut ajouter l’inactivité de plusieurs permis, alors que chaque trimestre de faux rapports font croire le contraire, précise un acteur. Cela engendre des manques à gagner, car lorsque le permis est en activité les promoteurs sollicitent des subventions, des exonérations. Selon les données de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM), sur 2 833 titres attribués, seuls 1 070 sont actifs. Des chiffres récents sur les gains de l’État par rapport à ces permis font état de 52 milliards contre des revenus de 1,5 milliard de francs CFA. Autant de facteurs qui poussent l’État « à réfléchir pour trouver des solutions » afin de mieux assainir le secteur. Pour un contrôle efficace, il faut une formation des agents et une lutte contre la corruption qui gangrène le secteur, suggère M. Traoré.