L’Office du Niger adopte un outil numérique pour une irrigation plus performante

L’Office du Niger (ON) vient de franchir une étape majeure dans la modernisation de la gestion de l’eau et le renforcement de la résilience agricole face au changement climatique. À l’issue de deux jours de formation ayant concerné plus de 40 agents et cadres, l’outil numérique IPON (Irrigation Performante de l’Office du Niger) a été officiellement remis à l’institution, mardi 30 septembre à Ségou.

L’Office du Niger vient d’adopter un outil moderne de gestion de l’eau. Ressource stratégique pour l’ON, la gestion de l’eau est une problématique majeure prise en charge avec l’outil numérique IPON ( Irrigation Performante de l’Office du Niger). L’IPON est le fruit d’un développement conjoint entre l’Institut International de Gestion de l’Eau (IWMI) et l’Office du Niger, avec un appui technique et financier de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le soutien de l’ambassade du royaume des Pays-Bas. Il s’inscrit dans le cadre du projet WaPOR, qui utilise la télédétection satellitaire pour améliorer la productivité de l’eau en agriculture. Basé sur les données satellitaires de la FAO et des technologies avancées de cartographie, l’outil permettra de suivre en temps quasi-réel les superficies cultivées, de mesurer la productivité de l’eau, de diagnostiquer les déficits hydriques et d’estimer les rendements.

« Avancée majeure »

Pour le président directeur général de l’Office du Niger, Badara Aliou Traoré, IPON représente « une avancée majeure qui place l’institution au cœur de l’innovation pour une agriculture irriguée plus performante ».

De son côté, la représentante de la FAO, Dr Virginie Gillet, a rappelé que l’outil est «  bien plus qu’un simple logiciel. Il incarne une volonté commune de renforcer la gestion durable de l’eau agricole et de soutenir la prise de décision sur la base de données fiables ».

L’IWMI, à travers son représentant régional adjoint, Dr Sander Zwart, a pour sa part mis en avant la co-conception avec les institutions nationales, gage de pertinence et d’appropriation locale.

Avec l’introduction de l’IPON, l’Office du Niger dispose désormais d’un instrument stratégique pour améliorer l’efficacité de la gestion de l’eau, soutenir la sécurité alimentaire du Mali et accroître la résilience des systèmes agricoles face aux défis climatiques.

Joseph Amara DEMBELE

 

RDC : Kabila face au poids de la justice congolaise

Le 30 septembre 2025, la Haute Cour militaire de Kinshasa a condamné par contumace l’ancien Président Joseph Kabila à la peine de mort pour trahison, crimes de guerre et violation de son devoir de réserve. Au-delà du verdict, les indemnisations exigées et les interrogations sur le processus de réconciliation placent la RDC au cœur d’un débat continental.

C’est une décision qui a stupéfié autant qu’elle a divisé. La justice congolaise a infligé la peine capitale à Joseph Désiré Kabila, à la tête du pays de 2001 à 2019, l’accusant d’avoir facilité l’action du mouvement rebelle M23, d’avoir couvert des violations graves des droits humains dans l’est du Congo et d’avoir manqué à son devoir de réserve après sa présidence. Le jugement va plus loin encore, imposant au condamné le paiement de plus de 33 milliards de dollars de dommages et intérêts aux victimes.

Pour la première fois, un ancien président congolais est jugé par une juridiction militaire nationale. Ce fait inédit nourrit les débats. Est-ce un signal de rupture avec l’impunité des puissants ou une opération politique destinée à solder un passé encombrant ? Plusieurs ONG saluent le principe de la condamnation, tout en exigeant plus de transparence sur les preuves et sur le respect des droits de la défense.

Ce verdict ne survient pas dans un vide politique. La RDC est encore engagée dans des processus de médiation menés à Doha, aux États-Unis et par d’autres partenaires régionaux, qui visent à ramener une paix durable dans l’est du pays, où les violences continuent de décimer les populations. La condamnation de Kabila risque de redistribuer les cartes de ces négociations. Certains y voient une opportunité de tourner la page en posant les bases d’une justice nationale forte, d’autres redoutent au contraire une crispation des clans et un affaiblissement du fragile processus de réconciliation.

Les Congolais, eux, oscillent entre espoir et doute. Beaucoup saluent une justice qui ose s’attaquer à l’un des symboles d’un système ayant engendré tant de souffrances. Mais d’autres craignent que l’histoire ne se répète et que le procès reste un geste spectaculaire sans suite concrète pour la paix et la réconciliation nationale. Comme l’ont montré les cas d’Hissène Habré, d’Omar el-Béchir ou d’Hosni Moubarak, les anciens dirigeants ne rendent que rarement des comptes de manière complète et transparente. La RDC vient de franchir une étape symbolique. Reste à savoir si cette condamnation sera un levier de vérité et de justice ou une nouvelle source de fractures dans un pays qui peine encore à se reconstruire.

MD

Mali – Algérie : Jusqu’où ira la discorde ?

La tension diplomatique entre Bamako et Alger ne faiblit pas depuis l’incident survenu dans la nuit du 31 mars au 1ᵉʳ avril 2025, lorsqu’un drone de reconnaissance malien a été abattu par les forces algériennes près de Tinzaouaten, une zone frontalière stratégique. Le différend est désormais bloqué par le refus de l’Algérie d’accepter la compétence de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Selon Bamako, le drone Bayraktar Akıncı menait une mission de surveillance contre des groupes armés près de la frontière et n’a jamais quitté l’espace aérien malien. Les autorités affirment que les débris ont été retrouvés à 9,5 kilomètres à l’intérieur du pays et que les données de trajectoire confirment cette version. Alger soutient de son côté que l’appareil a violé son espace aérien et que son interception relevait de la défense de son territoire.

Le différend a pris une dimension juridique le 4 septembre, lorsque Bamako a annoncé son intention de saisir la Cour internationale de Justice pour violation de sa souveraineté. La CIJ a confirmé avoir reçu la requête introductive d’instance le 16 septembre 2025 et rappelé, dans un communiqué publié le 19, qu’elle ne pouvait se prononcer sur le fond qu’avec l’accord des deux États, condition qu’Alger refuse pour l’instant, laissant la procédure suspendue.

Le 26 septembre, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a dénoncé ce qu’il qualifie « d’ingérences répétées » de l’Algérie dans les affaires internes du Mali. Dans son intervention, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a pour sa part critiqué la conduite des autorités de transition maliennes, mettant en cause leurs choix politiques et leur attitude vis-à-vis des partenaires régionaux. En réaction à ces propos, la Mission permanente du Mali a réaffirmé que le drone abattu n’avait jamais quitté son espace aérien, soulignant que les données de vol et la localisation de l’épave, retrouvée à 9,5 kilomètres à l’intérieur du pays, contredisent les affirmations algériennes. Le gouvernement indique également avoir réclamé des preuves à Alger, sans obtenir de réponse satisfaisante, estimant que ce silence, combiné au refus d’accepter la compétence de la CIJ, reflète un embarras évident. L’Algérie maintient pour sa part que l’appareil a violé son espace aérien et justifie son interception par la défense de sa souveraineté.

Leviers diplomatiques

Face au blocage juridique, Bamako mise désormais sur la diplomatie pour faire avancer son dossier. Il peut mobiliser ses alliés stratégiques, notamment la Russie, dont les relations économiques et sécuritaires étroites avec Alger – ainsi que son statut de membre permanent du Conseil de sécurité – pourraient lui permettre de peser sur les négociations ou de favoriser un dialogue indirect. Le Mali peut aussi s’appuyer sur la Confédération des États du Sahel (AES), qui réunit Bamako, Niamey et Ouagadougou, afin d’exercer une pression collective sur Alger, au-delà de leur coopération sécuritaire.

Parallèlement, Bamako peut saisir des instances régionales telles que l’Union africaine et ses organes, notamment le Conseil de paix et de sécurité ou la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples, afin de favoriser une médiation ou d’examiner la situation sous l’angle de la protection des droits garantis par la Charte africaine.

D’autres exemples

L’histoire récente montre d’ailleurs que des refus initiaux d’accepter la compétence de la CIJ n’ont pas toujours mis fin aux procédures. Dans les années 1980, les États-Unis avaient rejeté la compétence de la Cour dans leur différend avec le Nicaragua, mais celle-ci a tout de même rendu un jugement en leur absence. Dans l’affaire de la bande d’Aouzou, la Libye avait d’abord refusé de comparaître, avant de conclure un compromis avec le Tchad, permettant une décision en 1994. De même, le différend frontalier entre le Qatar et Bahreïn s’est soldé par un accord en 1997, après des discussions bilatérales.

Au-delà du cadre africain, d’autres mécanismes pacifiques restent envisageables, comme la médiation ou la conciliation sous l’égide des Nations unies, pour tenter d’aboutir à un règlement sans recourir à une procédure judiciaire classique.

Pour l’heure, le dossier est bloqué puisque, sans l’accord de l’Algérie, la CIJ ne peut se prononcer sur le fond. Bamako devra désormais miser sur la mobilisation de ses alliés et les canaux multilatéraux pour faire avancer le différend et défendre sa position.

MD

Droits humains : La situation de protection se dégrade au deuxième trimestre 2025

Le rapport du Cluster Protection pour le deuxième trimestre 2025 révèle une forte dégradation de la situation au Mali, avec une hausse significative des violations des droits humains. Le nombre de violations a plus que doublé par rapport au trimestre précédent, notamment en raison des violences croissantes et des déplacements forcés.

La situation sécuritaire au Mali continue de se détériorer, avec un total de 13 987 violations des droits humains enregistrées, contre 6 591 lors du trimestre précédent. Cette escalade des violences est alimentée par l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés (EEI) et de drones artisanaux, ainsi que par des blocus prolongés qui empêchent l’accès humanitaire et paralysent l’économie.

Le rapport souligne également une hausse de 286% des déplacements forcés, avec 6 765 personnes déplacées, principalement dans la région de Tombouctou. Bien que les violences basées sur le genre aient baissé de 27% par rapport au trimestre précédent, les 905 cas de violences sexuelles et autres formes de violence demeurent élevés, avec des femmes et des filles particulièrement exposées aux violences sexuelles, aux mariages forcés et aux privations de ressources essentielles.

Les violations des droits des enfants ont également augmenté de 318%, affectant 3 915 enfants, principalement en raison des déplacements forcés. Les tensions autour des terres et des propriétés se sont également accrues, avec une hausse de 12% des incidents liés aux expulsions forcées et aux conflits fonciers. Ces tensions, amplifiées par les pressions exercées par les groupes armés sur les agriculteurs et les éleveurs, ont perturbé les moyens de subsistance des populations locales, particulièrement en pleine saison agricole.

Les impacts humanitaires se font ressentir à travers des restrictions d’accès humanitaire et des pénuries alimentaires et médicales dans les zones sous blocus, comme Macina, Niono, Gossi et Ansongo. L’accès humanitaire sécurisé dans ces zones est devenu une priorité pour les acteurs humanitaires, qui appellent à la protection des civils et à un renforcement des actions en faveur des populations vulnérables, notamment les femmes et les enfants.

Le rapport appelle également à un soutien renforcé aux mouvements féministes locaux pour garantir la protection des femmes et des enfants, en mettant l’accent sur le financement des services médicaux, juridiques et psychosociaux pour les victimes de violences basées sur le genre.

Mali – France : Le divorce sécuritaire consommé

La France a annoncé le 19 septembre la suspension de sa coopération antiterroriste avec le Mali, invoquant l’arrestation d’un ressortissant français à Bamako en août. Cette décision marque la fin du dernier canal sécuritaire entre les deux pays, après plus d’une décennie de coopération militaire suivie d’une séparation progressive.

Tout est parti du 14 août 2025, lorsque les autorités maliennes ont annoncé l’arrestation d’un Français soupçonné d’être un agent travaillant pour les services de renseignements de Paris et accusé d’avoir participé à une tentative de déstabilisation des Institutions de la République. Pour Bamako, cette affaire est présentée comme une preuve supplémentaire de l’ingérence étrangère de la France, dans un contexte de défiance déjà très marqué.

La France a immédiatement réagi en dénonçant des « accusations sans fondement » et en rappelant que la personne arrêtée était un membre de son ambassade dûment accrédité par les autorités maliennes. Le Quai d’Orsay a exigé sa libération immédiate et dénoncé une violation flagrante du droit international. « Le Mali viole délibérément une des règles les plus fondamentales du droit international, s’agissant d’un agent diplomatique dûment accrédité par les autorités maliennes », a fustigé une source diplomatique française.

« Face à un acte d’une telle gravité et d’une telle hostilité, la France a décidé de suspendre la coopération avec le Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans ce pays, à laquelle contribuait jusqu’à son arrestation l’agent arbitrairement détenu », a poursuivi cette source.

Dans la foulée, la crise a pris un tour encore plus frontal sur le plan diplomatique. Bamako a déclaré persona non grata cinq employés de l’ambassade de France, les sommant de quitter le pays. En représailles, Paris a expulsé deux diplomates maliens en poste à Paris, identifiés par plusieurs sources comme Ousmane Houmani Camara, Lieutenant-colonel de gendarmerie affecté à la section consulaire et Batné Ould Bouh Coulibaly, Contrôleur général de police. Tous deux sont présentés comme liés aux services de renseignement maliens.

Des conséquences limitées sur le plan opérationnel

L’impact de la suspension de la coopération antiterroriste entre la France et le Mali reste limité sur le terrain. Comme le rappellent plusieurs observateurs, la France n’a plus de présence militaire au Mali depuis 2022. « Cette décision est avant tout symbolique, les deux pays n’ayant plus de collaboration opérationnelle sur le terrain depuis le retrait des forces françaises », explique un analyste sécuritaire.

Depuis plusieurs années déjà, les Forces armées maliennes (FAMa) conduisent seules leurs opérations, appuyées par leurs nouveaux partenaires étrangers, principalement russes. L’acquisition de drones, d’autres matériels militaires de pointe et un appui technique extérieur leur ont permis d’engranger des victoires lors de plusieurs offensives contre les groupes armés terroristes et de reprendre le contrôle de larges zones du territoire national.

Si la suspension française prive Bamako d’un accès à certaines sources de renseignement sophistiquées, elle ne modifie pas fondamentalement la conduite de la guerre contre les groupes terroristes. Selon certains observateurs, cette décision n’affaiblira pas la capacité des FAMa à poursuivre leurs opérations. « La vérité, c’est que cette prétendue coopération n’a jamais été une alliance, mais une tutelle déguisée. Sa fin ne doit pas être perçue comme une perte, mais comme une libération », estime Mohamed Famakan Keïta, analyste politique.

Une décennie de coopération militaire intense

Avant la dégradation continue des relations entre Bamako et Paris depuis 2021, le Mali et la France entretenaient un partenariat sécuritaire stratégique. En janvier 2013, la France déclenche l’opération Serval, sur demande de Bamako, pour empêcher l’effondrement du pays face à l’avancée des groupes terroristes et indépendantistes. En quelques semaines, les troupes françaises, appuyées par des forces africaines, libèrent plusieurs villes du Nord. L’opération est saluée comme un succès militaire, rétablissant provisoirement la stabilité dans le Septentrion malien.

Dès 2014, Serval cède la place à Barkhane, une force régionale élargie à cinq pays du Sahel, avec une forte présence au Mali. La coopération sécuritaire franco-malienne s’organise alors autour d’opérations conjointes, de formations, de l’équipement des forces armées maliennes et du partage de renseignements. Sur le plan tactique, les résultats sont réels, puisque des chefs terroristes sont neutralisés, que les FAMa acquièrent de l’expérience et que les opérations aériennes françaises empêchent de nouvelles percées vers le Sud.

La fin du partenariat de terrain en 2022

Malgré l’engagement massif de la France, l’insécurité ne cesse de s’étendre, notamment dans le centre du pays, où les tensions communautaires se mêlent à l’action des groupes armés. Les critiques se multiplient contre la France, accusée d’inefficacité. Le sentiment populaire se retourne et le coup d’État 2021 accélère la rupture.

Les militaires au pouvoir, portés par un discours souverainiste, dénoncent la tutelle française et cherchent de nouveaux partenaires. L’arrivée d’instructeurs russes dans le pays, présentés par Bamako comme des formateurs officiels mais perçus par Paris comme des membres du groupe paramilitaire Wagner, accentue la fracture.

En juin de la même année, le Président français Emmanuel Macron annonce la réorganisation du dispositif Barkhane, prélude à un retrait progressif. Le départ du dernier soldat français marque la fin de la coopération militaire directe en août 2022.

Malgré ce divorce, un canal discret subsistait, celui du renseignement antiterroriste. Paris et Bamako continuaient d’échanger des informations sensibles, notamment des écoutes téléphoniques sur les communications de groupes armés opérant au Sahel. Cette coopération, quoique discrète, consistait en fournir des renseignements et une assistance technique limitée.

Pour les FAMa, ces informations constituaient un atout, même si elles avaient appris à conduire leurs opérations de manière autonome. Pour Paris, ce partage offrait encore un regard sur une zone toujours stratégique pour ses intérêts.

Un bilan contrasté

Le bilan de la coopération sécuritaire entre le Mali et la France est contrasté. D’un côté, l’intervention française a sauvé le Mali d’un effondrement militaire en 2013 et permis des succès tactiques importants. Les FAMa ont bénéficié d’un renforcement de leurs capacités et d’un accompagnement dans la formation.

De l’autre, l’incapacité à stabiliser durablement le pays et à contenir la progression du terrorisme a nourri le sentiment d’échec. Pour Paris, l’aventure malienne s’est transformée en bourbier, illustrant les limites de son modèle d’intervention au Sahel. Pour Bamako, l’allié d’hier est devenu un symbole de dépendance à dépasser.

Une succession de crises diplomatiques depuis 2022

La suspension de la coopération antiterroriste entre la France et le Mali n’est en réalité que l’ultime épisode d’une série de tensions récurrentes qui ont jalonné les relations entre Bamako et Paris ces dernières années.

Le 31 janvier 2022, le Mali frappe un grand coup diplomatique en expulsant l’ambassadeur de France, Joël Meyer, après des propos jugés « hostiles et condescendants » tenus par des responsables français sur la légitimité des autorités de la Transition. Cette expulsion, rarissime entre deux pays liés par une longue histoire de coopération, marque une rupture symbolique profonde.

Quelques mois plus tard, le 2 mai 2022, Bamako franchit une étape supplémentaire en dénonçant officiellement les accords de défense qui le liaient à la France et à ses partenaires européens, notamment ceux engagés dans la Task Force Takuba. Ce geste traduisait la volonté assumée des autorités maliennes de tourner la page du partenariat militaire occidental et d’affirmer leur souveraineté sécuritaire.

Les tensions se sont poursuivies sur le terrain diplomatique et consulaire. Le 10 août 2023, Paris et Bamako suspendent réciproquement la délivrance de visas pour leurs ressortissants, une mesure, aux importantes conséquences directes pour des milliers de familles et d’étudiants, qui témoigne du niveau de défiance atteint entre les deux capitales. Le 16 septembre 2023, la France va plus loin en suspendant l’octroi de visas étudiants pour les ressortissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Ces suspensions ont duré plusieurs mois avant leur levée à partir d’avril 2024.

Avec l’arrestation d’un agent français, les expulsions croisées de diplomates et la suspension de la coopération antiterroriste, le dernier lien sécuritaire entre Bamako et Paris a volé en éclats. Le divorce, désormais consommé, illustre la rupture profonde entre deux pays liés hier par une histoire militaire et diplomatique intense mais aujourd’hui enfermés dans une défiance réciproque.

Mohamed Kenouvi

Femmes, Paix et Sécurité : Appel à la solidarité avec les femmes du Mali en zone de conflit

À l’occasion des débats annuels de l’ONU sur la question « Femmes, paix et sécurité » le 29 septembre, un groupe d’organisations féministes et de défense des droits humains a adressé une lettre ouverte aux représentants permanents de l’ONU. L’objectif est de rappeler l’importance de renforcer et protéger le programme Femmes, Paix et Sécurité (WPS), qui célèbre cette année ses 25 ans.

La lettre manifeste une solidarité claire avec les femmes du Mali, soulignant les difficultés auxquelles elles sont confrontées en période de guerre et d’instabilité. Les signataires rappellent que ces femmes, tout comme celles d’autres pays en conflit, subissent des violences graves, en particulier des violences sexuelles, en raison du conflit prolongé. Bien qu’elles jouent un rôle déterminant dans les processus de paix, elles sont souvent marginalisées des discussions officielles.
Le document évoque les défis spécifiques du Mali, où les violences sexuelles liées au conflit se sont multipliées ces dernières années. Cette situation est aggravée par une instabilité durable et une militarisation de plus en plus importante dans le pays. Le programme WPS, qui prône la participation des femmes à la paix, est perçu comme un élément clé pour parvenir à une paix véritable. Cependant, les signataires soulignent que ce programme est menacé par la réduction des financements et les pressions politiques croissantes.
Les organisations signataires demandent à l’ONU et à ses membres de renforcer les actions pour soutenir ce programme. Elles appellent à l’engagement des États pour interdire les ventes d’armements susceptibles de servir à la violence sexuelle ou à des crimes de guerre. Elles insistent aussi sur l’importance de respecter les engagements internationaux concernant les droits des femmes, notamment en appliquant le droit international humanitaire et en mettant fin à l’impunité.
Un autre point soulevé est la nécessité de soutenir davantage les mouvements féministes locaux, en particulier ceux qui œuvrent dans des zones de conflit. Ces organisations jouent un rôle crucial en garantissant la participation des femmes aux décisions politiques et dans les négociations de paix.
Le Mali est cité comme un exemple de la nécessité d’avoir une approche inclusive pour parvenir à la paix. Les femmes maliennes, bien qu’elles soient essentielles dans le processus de réconciliation, sont confrontées à des obstacles considérables, notamment en matière de violence sexuelle et d’accès à la justice. De plus, leur représentation politique reste limitée, ce qui empêche leur pleine participation dans les processus de paix.
La lettre rappelle que, même si des progrès ont été réalisés, les femmes maliennes et celles d’autres pays en crise sont souvent exclues des négociations de paix et des processus décisionnels. Il est impératif de garantir leur inclusion totale dans tous les aspects de la paix, pour construire une paix solide et équitable.

Rentrée scolaire 2025-2026 : plus de 2 000 écoles non fonctionnelles

Au Mali, des milliers d’élèves ont repris le chemin de l’école ce 1er octobre 2025. À Bamako, la cérémonie officielle s’est déroulée à l’école publique de Darsalam, un quartier de la commune III du district de Bamako. L’année scolaire 2025-2026 s’annonce avec des acquis, mais aussi de nombreux défis.

La cérémonie de lancement de la rentrée scolaire 2025-2026 était présidée par le ministre de l’Éducation nationale, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, ainsi que des partenaires de l’école, dont l’UNICEF et l’UNESCO. La leçon modèle de cette cérémonie, tenue à l’école publique de Darsalam, portait sur la valorisation du patrimoine culturel comme vecteur de cohésion sociale et d’unité nationale. L’UNICEF a saisi cette occasion pour rappeler son soutien aux autorités afin de garantir un « accès à une éducation équitable » pour tous les enfants du Mali. Cependant, ce combat de longue haleine se heurte depuis plusieurs années à des obstacles importants, rendant cet accès difficile, voire impossible, pour des milliers d’enfants.
Entre progrès et défis
Les investissements dans le secteur de l’éducation ont considérablement augmenté, selon l’UNICEF. De 233 milliards FCFA en 2010, ils sont passés à 558 milliards FCFA en 2025. Ces progrès n’occultent cependant pas les problèmes structurels de l’école malienne, qui se caractérise par une insuffisance des infrastructures scolaires, la répartition inégale des enseignants et les manifestations extrêmes du changement climatique, comme les inondations, les vents violents ou les vagues de chaleur, perturbant le calendrier scolaire. L’insécurité persistante est également un facteur aggravant qui compromet l’éducation des plus vulnérables, surtout dans les zones rurales.
À la veille de cette rentrée scolaire, 108 écoles avaient été endommagées par les pluies et les inondations, d’où la nécessité d’une planification sensible à ces risques climatiques.
En juin 2025, plus de 2 000 écoles restaient non fonctionnelles en raison de l’insécurité, touchant plus de 600 000 élèves et 12 000 enseignants, selon le Cluster Éducation, 2025. Les localités de Bandiagara, Douentza et Ségou étaient les plus touchées.
En outre, en décembre 2024, on dénombrait plus de 400 000 déplacés internes, dont la moitié étaient des enfants, ainsi que plus de 250 000 réfugiés. Certaines écoles demeuraient fermées en raison de leur occupation par des personnes déplacées.
En cette rentrée, l’UNICEF s’est également inquiétée de la baisse des financements mondiaux consacrés à l’éducation. Estimée à 3,2 milliards de dollars, soit une baisse de 24 % par rapport à 2023, cette réduction affecte particulièrement l’Afrique de l’Ouest et du Centre, où 1,9 million d’enfants risquent de perdre l’accès à l’éducation. Le Mali et la Côte d’Ivoire figurent parmi les plus affectés, avec des baisses potentielles de scolarisation estimées respectivement à 180 000 et 340 000 élèves.

Dissolution des partis : la requête déclarée irrecevable

Le 1er octobre 2025, le Tribunal de grande instance de la Commune VI de Bamako a rendu sa décision très attendue dans le dossier relatif à la dissolution de plusieurs partis politiques intervenue en mai dernier. Dans son jugement, la juridiction a déclaré la requête introduite par les représentants des formations dissoutes irrecevable, estimant qu’il n’y avait pas lieu de statuer sur le fond de l’affaire.

Cette procédure judiciaire trouve son origine dans le décret pris par les autorités de transition le 13 mai 2025, ordonnant la dissolution de l’ensemble des partis politiques et associations à caractère politique. Présentée par le gouvernement comme une mesure nécessaire pour réorganiser la vie politique nationale, cette décision avait aussitôt suscité de vives contestations. Plusieurs formations dissoutes avaient saisi différentes juridictions de la capitale pour contester la légalité du décret et en demander l’annulation, invoquant notamment la Constitution malienne qui garantit la liberté d’association et le droit de participation politique.

Depuis cette date, plusieurs tribunaux de Bamako ont été saisis de recours similaires. Certains se sont déclarés incompétents pour examiner le fond du dossier, considérant que le contrôle de constitutionnalité relevait d’autres juridictions. D’autres ont ordonné des mesures provisoires ou suspendu temporairement les effets du décret. La décision rendue par le Tribunal de la Commune VI s’inscrit dans ce contexte judiciaire complexe et très suivi.

En déclarant la requête irrecevable, la juridiction n’a pas examiné les arguments présentés par les plaignants. Selon des sources proches du dossier, l’irrecevabilité serait liée à des questions de procédure, notamment au défaut de qualité pour agir de certains requérants ou à des irrégularités formelles dans l’introduction de la demande. Le tribunal a ainsi considéré qu’il ne pouvait pas se prononcer sur le fond et a précisé qu’il n’y avait pas lieu de statuer.

Cette décision ne met toutefois pas un terme à l’affaire. Les avocats des formations politiques concernées ont indiqué qu’ils envisageaient d’interjeter appel, ce qui ouvrirait la voie à un nouvel examen du dossier par une juridiction supérieure. Parallèlement, d’autres procédures demeurent en cours, notamment devant la Cour suprême et la Cour constitutionnelle, qui pourraient être amenées à se prononcer sur la légalité du décret de dissolution.

L’enjeu dépasse largement le cadre judiciaire. La dissolution des partis politiques constitue l’un des épisodes les plus marquants de la période de transition en cours au Mali. Elle a profondément transformé le paysage politique national et suscité des interrogations sur l’avenir du pluralisme et de la participation citoyenne. Si la décision rendue le 1er octobre confirme que le tribunal de la Commune VI ne statuera pas sur le fond, le débat juridique et politique autour de cette mesure reste ouvert et pourrait se prolonger dans les mois à venir devant les plus hautes instances judiciaires du pays.

Besoins humanitaires : MSF renforce ses actions face à l’effondrement des financements

Dans un contexte marqué par la baisse des financements institutionnels et l’insécurité, Médecins Sans Frontières intensifie ses interventions dans plusieurs régions pour garantir l’accès aux soins dans les zones les plus vulnérables. L’organisation appuie désormais davantage de centres de santé communautaires afin de combler les vides laissés par le retrait d’autres acteurs.

La crise humanitaire s’aggrave alors que les besoins explosent et que les ressources se tarissent. Selon la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), 6,4 millions de personnes nécessitent une assistance multisectorielle en 2025. Pour y répondre, le gouvernement et ses partenaires avaient sollicité 771,3 millions de dollars afin d’apporter une aide à 4,7 millions de personnes vulnérables. Mais à la fin août, seulement 13,5 % de ce montant avait été mobilisé, dont 21,7 % pour la santé et 9,3 % pour la nutrition. L’arrêt brutal de l’aide américaine et la suspension de nombreux financements institutionnels ont encore aggravé la situation.

Cette chute des ressources a conduit plusieurs organisations à réduire ou à suspendre leurs activités. Dans les régions d’Ansongo, Kidal, Tombouctou, Douentza, Ténenkou ou Nampala, « certaines organisations humanitaires n’ont pas eu d’autres choix que de restreindre leurs soutiens et leurs interventions à cause de l’insécurité permanente et de récentes réductions budgétaires », explique Désiré Kimanuka, chef de mission de MSF au Mali. Les conséquences sont lourdes pour les communautés, privées d’une assistance vitale, alors que les déplacements de populations s’intensifient. Début septembre, dans le cercle de Niono, les habitants de Farabougou ont fui vers Dogofry et Sokolo, accentuant la pression sur les structures sanitaires.

Face à cette situation, MSF, dont plus de 90 % du financement provient de donateurs privés, intensifie sa présence pour combler les vides laissés par d’autres acteurs. « Face à la réduction de la réponse humanitaire dans certaines localités, nous avons décidé de renforcer notre intervention dans les structures communautaires afin de garantir la continuité de l’accès aux soins », précise Désiré Kimanuka. L’organisation soutient désormais plusieurs CSCOM dans les cercles d’Ansongo, Niafounké, Ténenkou, Niono et Douentza, en fournissant des soins de santé maternelle, des services nutritionnels, des soins pédiatriques, des activités de santé mentale, la prise en charge des victimes de violences ainsi que des références de cas graves.

Cet appui a permis d’augmenter considérablement la capacité de prise en charge des structures locales. « Avant notre partenariat, nous effectuions entre 200 et 300 consultations par semaine. Aujourd’hui, nous dépassons les 1 000 », témoigne Kadia Coulibaly, directrice technique du centre de santé communautaire central de Ténenkou. Entre janvier et juillet 2025, les neuf CSCOM soutenus par MSF ont réalisé 18 094 consultations générales, traité 14 392 enfants atteints de paludisme, soigné 11 849 cas de malnutrition, supervisé 262 accouchements et assuré 286 références vers des structures de santé de référence.

Dans un contexte d’insécurité persistante, de pressions financières accrues et d’effondrement de l’aide internationale, ces efforts permettent de maintenir un accès minimal aux soins dans des zones reculées et délaissées. Mais les besoins continuent d’augmenter, et la dépendance vis-à-vis d’organisations comme MSF ne cesse de croître, révélant la fragilité structurelle du système de santé face aux crises cumulées.

 

 

Barrick : changement de direction en pleine bataille judiciaire avec l’État malien

Le géant canadien de l’or Barrick Gold Corporation a annoncé ce 29 septembre la nomination de Mark Hill au poste de PDG par intérim. Depuis juin, le complexe Loulo-Gounkoto, l’un de ses plus importants sites d’exploitation en Afrique de l’Ouest, est placé sous administration provisoire avec Soumana Makadji à sa tête.

L’entreprise, considérée comme l’un des plus grands producteurs d’or au monde et un acteur majeur du secteur minier malien, traverse une étape décisive dans un contexte de contentieux avec l’État malien, actuellement examiné devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Le différend porte sur l’interprétation de clauses fiscales et contractuelles liées à ses activités aurifères, alors que Bamako a engagé une révision de ses accords miniers afin de renforcer la part de l’État dans l’exploitation des ressources naturelles.

Le conseil d’administration de Barrick a confirmé ce lundi la désignation de Mark Hill au poste de directeur des opérations et de président-directeur général par intérim, en remplacement de Mark Bristow, qui quitte ses fonctions après près de sept ans à la tête du groupe. Hill, en poste depuis 2006, a piloté plusieurs projets stratégiques dans différentes régions et aura pour mission d’assurer la transition jusqu’à la nomination d’un successeur permanent.

Le 16 juin 2025, le Tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire du complexe Loulo-Gounkoto pour une période de six mois. La gestion des opérations a été confiée à Soumana Makadji, chargé d’assurer la supervision quotidienne et de maintenir le dialogue avec les autorités nationales jusqu’à la résolution du contentieux.

Le litige porte notamment sur des arriérés fiscaux et dividendes non versés, estimés à environ 300 milliards de francs CFA (512 millions de dollars), réclamés par l’État malien. Barrick affirme pour sa part avoir déjà versé 50 milliards de francs CFA (environ 85 millions de dollars) à titre de paiement partiel, tout en contestant le reste des montants devant les juridictions compétentes.

Dans le cadre de la procédure engagée devant le CIRDI, l’État malien a désigné Sidibi Darankoum, enseignant de droit à l’Université de Montréal et ancien secrétaire permanent de l’OHADA (2019-2023), comme arbitre et conseil dans ce dossier. Barrick a pour sa part nommé Me Eric Schwartz, avocat spécialisé en arbitrage international. Conformément aux règles de l’arbitrage, un président du tribunal doit encore être désigné conjointement par les deux parties avant l’ouverture des audiences.

Barrick demeure l’un des plus importants investisseurs étrangers dans le secteur aurifère malien, ses activités représentant une part significative des recettes d’exportation. L’entreprise affirme respecter ses engagements contractuels et se dit déterminée à poursuivre ses opérations dans un environnement juridique stable.

La procédure en cours pourrait redéfinir les relations entre l’État et les sociétés minières opérant au Mali. Aucun calendrier précis n’a pour l’heure été communiqué quant à la suite du dossier, et ni Barrick ni les autorités n’ont fourni de commentaires détaillés sur l’évolution des discussions.

Depuis sa fusion avec Randgold en 2019, Barrick a investi dans plusieurs projets majeurs en Afrique et versé plus de 6,7 milliards de dollars à ses actionnaires, tout en réduisant significativement son endettement. L’issue du contentieux en cours sera déterminante pour l’avenir de ses activités au Mali et pour l’équilibre des relations entre l’État et les investisseurs internationaux dans le secteur minier.

 

Grin du Manager : la formation continue au cœur de la transformation des entreprises

Le Club Aliber et l’Institut Africain de Management (IAM) ont organisé, le 26 septembre à Bamako, un afterwork d’échanges baptisé « Grin du Manager », consacré aux enjeux de la formation continue des cadres. Cette rencontre, qui a réuni une trentaine de professionnels issus du secteur privé, du monde académique et de structures de formation, a été l’occasion d’un dialogue riche sur la place stratégique de l’investissement dans les compétences humaines pour soutenir la compétitivité des entreprises maliennes.

Autour de la table, plusieurs voix influentes du monde de l’entreprise ont partagé leurs analyses. Yacouba Souleymane, responsable du capital humain chez Coris Bank, Karamoko Dembélé, HR Business Partner à la Sonatam, Yacouba Baby, Country Manager de Simplon Mali, et Sidi Dagnoko, troisième vice-président délégué du Conseil national du patronat, ont tous convergé sur un point essentiel : l’avenir des entreprises dépend avant tout de la qualité de leurs ressources humaines. Sans compétences adaptées pour exploiter les équipements, piloter les innovations ou répondre aux exigences d’un marché de plus en plus concurrentiel, les investissements techniques et matériels perdent toute leur valeur.

Les participants ont souligné qu’au sein des grandes entreprises internationales, la formation continue fait partie intégrante de la stratégie de développement. Ces organisations réservent chaque année un budget dédié, représentant souvent entre deux et dix pour cent de leur chiffre d’affaires, pour financer des programmes de montée en compétences. Elles collaborent avec des écoles spécialisées, des cabinets externes ou des formateurs internes pour anticiper l’évolution des métiers et adapter leurs équipes aux nouvelles réalités économiques.

Si ce modèle reste encore peu répandu au Mali, il constitue selon les intervenants une nécessité absolue. Dans un environnement marqué par la transformation numérique, l’intégration des technologies et la complexification des marchés, la formation ne peut plus être perçue comme un coût, mais comme un investissement stratégique. Les entreprises qui y consacrent des moyens importants améliorent leur productivité, renforcent leur compétitivité et créent de nouvelles opportunités de croissance.

Le principal obstacle identifié reste toutefois le financement. L’absence de mécanismes adaptés empêche de nombreuses entreprises, notamment les PME, de planifier et de pérenniser leurs actions de formation. Les participants ont appelé à la création d’un cadre national de concertation associant l’État, le secteur privé, les établissements d’enseignement et les partenaires techniques pour concevoir un modèle de financement durable. Ils ont rappelé que dans d’autres pays, la combinaison de ressources fiscales, de contributions publiques et d’appuis extérieurs a permis de structurer de véritables écosystèmes de formation professionnelle, capables d’accompagner les transformations économiques.

Au-delà des moyens financiers, la question de l’adéquation entre formation et besoins réels du marché a également été débattue. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’impliquer les entreprises dans l’élaboration des programmes, de mieux valoriser les acquis de l’expérience professionnelle et d’encourager la certification des compétences. Ces mesures permettraient de garantir que les efforts consentis produisent des résultats concrets et contribuent réellement à la performance des organisations.

À l’issue des échanges, une conviction commune s’est dégagée. Investir dans le capital humain n’est plus un choix, mais une condition pour transformer durablement l’économie nationale. La formation continue, longtemps considérée comme un luxe, s’impose désormais comme un levier stratégique pour attirer les investissements, stimuler l’innovation et offrir de nouvelles perspectives aux jeunes talents. Le Grin du Manager s’est ainsi imposé comme un espace de réflexion et de propositions, ouvrant la voie à une mobilisation collective autour de l’ambition de bâtir un écosystème de formation capable d’accompagner le développement du pays.

 

Teriya Écologie Mali : une nouvelle dynamique pour la planète

Face aux défis environnementaux qui menacent ses écosystèmes, le Mali voit naître une initiative citoyenne ambitieuse. Il s’agit de Teriya Écologie Mali, une association engagée à promouvoir la biodiversité, l’économie verte et des solutions locales pour un développement durable.

La Faculté des Sciences et Techniques (FAST) de Bamako a abrité, le samedi 27 septembre 2025, la cérémonie officielle de lancement de Teriya Écologie Mali. L’événement a réuni un large public composé d’universitaires, de représentants des autorités publiques, de membres de la société civile, de journalistes ainsi que de nombreux sympathisants. Ce nouveau cadre associatif se veut une réponse concrète aux enjeux écologiques auxquels le pays fait face, dans un contexte de changement climatique, de déforestation accélérée et de pression croissante sur les ressources naturelles.
Placé sous le thème « Le lien entre l’humain, la nature et le développement », le lancement a été marqué par plusieurs interventions fortes. Mme Aissata Cissé, point focal genre et climat au ministère de l’Environnement, a salué l’émergence de cette structure, estimant qu’elle s’inscrit dans la dynamique d’une écologie inclusive et participative. Elle a assuré que les pouvoirs publics resteront ouverts à toute collaboration visant à renforcer la résilience écologique et à protéger les écosystèmes fragilisés.
Le professeur Aimé Ainin Somboro, fervent défenseur de l’environnement, a insisté sur la nécessité d’impliquer davantage les jeunes dans la transition écologique à travers la formation aux techniques de recyclage et la valorisation des ressources locales. Le Dr Mamadou Badiaga, membre d’honneur de l’association, a pour sa part appelé à développer l’économie verte comme moteur d’un nouveau modèle de croissance, tout en alertant sur la gestion préoccupante des déchets dans les centres urbains.
Très émue lors de son discours, la présidente fondatrice, Dr Niaboula Dembélé, a rappelé que l’Afrique ne devait plus être spectatrice face aux dérèglements climatiques mais actrice de solutions durables. Elle a présenté les ambitions de Teriya Écologie Mali, qui incluent notamment des programmes de formation en agriculture durable, des initiatives de restauration de la biodiversité et la création d’un jardin communautaire de plantes médicinales prévu pour 2026.
Les travaux se sont poursuivis par un panel réunissant des experts maliens et étrangers autour des interactions entre l’homme, la nature et le développement. Ces échanges ont permis d’identifier des pistes de collaboration et de poser les bases d’une action collective en faveur de l’environnement.
Forte de cette mobilisation et de la détermination de ses membres, Teriya Écologie Mali entend devenir un acteur incontournable de la transition écologique et un moteur d’initiatives locales au service de l’avenir.

La radio à l’épreuve de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans tous les secteurs et bouleverse les habitudes. Dans l’univers des médias, elle transforme la manière de produire, de diffuser et même de consommer l’information, notamment à la radio, où elle suscite autant d’espoirs que de craintes.

La révolution technologique n’a pas attendu l’IA pour transformer la production radiophonique. Le passage de l’analogique au numérique a profondément changé les pratiques, avec un montage simplifié, une qualité sonore améliorée et une plus grande autonomie pour les journalistes et les animateurs. Là où l’on manipulait autrefois des bandes magnétiques, des ciseaux et de lourds enregistreurs Nagra, quelques clics suffisent désormais pour créer, monter et diffuser un contenu. « La différence entre les deux époques, c’est de la lune à la terre », résume le journaliste Baba Djourté.

Mais l’arrivée de l’intelligence artificielle a ouvert une nouvelle étape. Voix synthétiques, textes générés, sons produits automatiquement… l’IA propose aujourd’hui une panoplie d’outils qui simplifient considérablement la production. De nombreuses radios disposent désormais de studios entièrement numériques capables de créer des éléments audio sophistiqués sans intervention humaine directe. Cependant, cette automatisation soulève une question essentielle : la radio peut-elle conserver son identité sans la voix humaine ?

Pour plusieurs professionnels, la réponse est claire. « L’IA peut aider, mais elle ne remplacera jamais l’émotion humaine », souligne Diakaridia Dembélé, journaliste et enseignant à l’École supérieure de journalisme et des sciences de la communication. Selon lui, la machine ne fait que répondre à ce qu’on lui demande, alors que l’humain reste capable d’interprétation, de nuance et d’intuition.

Cette différence reste déterminante pour les rédactions qui veulent préserver leur authenticité. À Radio Kledu, par exemple, l’IA n’est pas utilisée dans la production quotidienne. « Elle peut être utile pour des tâches ponctuelles, mais elle ne peut pas respecter les principes fondamentaux de notre métier, comme la rigueur, l’éthique, la déontologie et le recoupement de l’information », explique M. Kane, rédacteur en chef adjoint. La vérification des faits demeure, selon lui, une responsabilité humaine.

L’intelligence artificielle comporte également des risques. Ses contenus ne sont pas toujours fiables et peuvent entraîner la diffusion d’informations inexactes si le travail de vérification n’est pas réalisé avec soin. Même si des outils comme ChatGPT ou Gemini sont de plus en plus consultés pour la recherche documentaire, ils ne remplacent pas le jugement professionnel du journaliste.

Reste que l’IA offre aussi de réelles opportunités. En accélérant la recherche d’informations, en facilitant le montage ou en suggérant des contenus, elle peut devenir un allié précieux pour les rédactions prêtes à évoluer. « Dans l’avenir, ces outils pourront même nourrir nos émissions sur les réseaux sociaux », anticipe Harouna Tidiane Ba, journaliste à Radio Kledu.

L’intelligence artificielle est donc à la fois une promesse et un défi pour la radio. Elle apporte des solutions techniques puissantes, mais elle ne saurait remplacer la dimension humaine qui fait la richesse de ce média : la voix, l’émotion, la sensibilité. Dans un environnement de plus en plus automatisé, c’est sans doute là que se jouera l’avenir de la radio.

 

80e Assemblée de l’ONU : l’AES défend sa souveraineté

Le Premier ministre et chef du gouvernement Abdoulaye Maïga a pris la parole le 26 septembre à New York lors du débat général de la 80e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies.

Il s’est exprimé au nom de la Confédération des États du Sahel (AES), qui regroupe le Burkina Faso, le Niger et son pays, pour présenter la vision et les priorités de cette alliance née de la volonté des trois États de renforcer leur sécurité et de consolider leur souveraineté.

Dans son allocution, Abdoulaye Maïga a réaffirmé l’engagement des pays de l’AES à lutter ensemble contre le terrorisme, qu’il a qualifié de menace majeure à la paix et à la stabilité. Il a mis en avant la nouvelle approche sécuritaire adoptée par les trois États, fondée sur la mutualisation des forces, le renforcement des capacités militaires, le recrutement massif et l’équipement des armées. Il a estimé que cette dynamique, née après le retrait des forces internationales, a permis d’obtenir des résultats sur le terrain et de réduire la dépendance sécuritaire vis-à-vis de partenaires étrangers.

Le chef du gouvernement a accusé certains États d’ingérence dans la région, citant notamment la France, soupçonnée de soutien à des groupes armés, et l’Ukraine, qu’il a accusée d’avoir revendiqué une attaque contre une patrouille malienne en juillet 2024 et de fournir des drones aux groupes terroristes. Il a aussi dénoncé l’inaction des Nations unies face à la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel. Abdoulaye Maïga a annoncé que l’AES s’était retirée du Statut de Rome de la Cour pénale internationale le 22 septembre 2025 et qu’elle entendait désormais mettre en place des mécanismes de justice internes adaptés à ses valeurs et à ses réalités.

Le discours a insisté sur la nécessité d’une réforme profonde de l’Organisation des Nations unies, notamment du Conseil de sécurité, afin d’accorder à l’Afrique deux sièges permanents et cinq non permanents, conformément au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte. Le Premier ministre a plaidé pour un multilatéralisme plus équitable, capable de traduire les résolutions en actions concrètes et de garantir le respect du droit international. Il a également appelé à une refondation de la gouvernance mondiale pour mieux répondre aux défis sécuritaires et économiques, citant les initiatives des BRICS comme alternatives au modèle actuel.

Le Premier ministre a abordé les tensions diplomatiques avec l’Algérie, accusée d’avoir permis la planification d’une attaque contre les forces maliennes à proximité de sa frontière et d’avoir abattu un drone malien le 1er avril 2025. Il a indiqué que son pays avait saisi la Cour internationale de justice et dénoncé le refus d’Alger de reconnaître la compétence de cette juridiction. Il a averti que toute agression future ferait désormais l’objet d’une réponse par réciprocité.

Sur le plan du développement, Abdoulaye Maïga a présenté la stratégie économique de l’AES fondée sur l’exploitation de ses ressources naturelles, l’investissement dans les infrastructures, l’énergie et l’industrialisation, ainsi que la création d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement. Il a souligné l’importance d’un modèle économique endogène et la volonté de rompre avec la dépendance extérieure.

Il a réaffirmé l’attachement de la Confédération des États du Sahel aux principes de la Charte des Nations unies, tout en insistant sur l’urgence d’une réforme du système multilatéral. Il a appelé la communauté internationale à reconnaître les efforts de l’AES dans la lutte contre le terrorisme et à soutenir une alliance qui, selon lui, œuvre pour la stabilité de l’Afrique et, au-delà, pour celle du monde entier.

 

Deux Maliens parmi les migrants expulsés des États-Unis et transférés du Ghana vers le Togo

Onze ressortissants d’Afrique de l’Ouest expulsés des États-Unis ont été transférés début septembre vers le Ghana, avant qu’au moins six d’entre eux ne soient envoyés vers le Togo, selon leurs avocats. Parmi eux figurent deux Maliens dont la situation demeure incertaine, aucune confirmation officielle n’ayant été donnée sur leur lieu de détention actuel ou leur statut.

Ces personnes, originaires notamment du Mali, du Nigeria, du Libéria, de la Gambie et du Togo, ont été rapatriées par les autorités américaines dans le cadre d’une opération d’expulsion coordonnée avec plusieurs États africains. À leur arrivée au Ghana, elles ont été placées dans des installations sous contrôle militaire, selon leur avocat Oliver Barker-Vormawor, qui dénonce une détention sans base légale claire. Il affirme que ses clients n’ont reçu aucune information sur les procédures en cours et que plusieurs d’entre eux ont signalé des conditions de détention difficiles, incluant des problèmes de santé et un accès limité aux soins.

Toujours selon la défense, au moins six des migrants ont été transférés vers le Togo sans notification préalable ni décision judiciaire apparente. Les autorités ghanéennes ont de leur côté indiqué que les personnes concernées avaient « quitté le pays pour rejoindre leurs États d’origine », sans fournir de précisions sur les conditions de ce départ ni sur les pays vers lesquels elles ont été envoyées. L’avocat affirme par ailleurs avoir perdu le contact avec plusieurs d’entre elles, ce qui renforce l’incertitude sur leur sort.

La présence de deux ressortissants maliens parmi ce groupe confère à cette affaire une portée particulière au niveau national. Aucune réaction officielle n’a pour l’heure été enregistrée à Bamako concernant leur prise en charge ou d’éventuelles démarches consulaires. Leur situation s’inscrit dans un contexte plus large de renvois de migrants d’origine africaine depuis les États-Unis, souvent effectués dans des conditions dénoncées par les organisations de défense des droits humains, qui appellent à davantage de transparence et de garanties juridiques dans les procédures de retour.

À ce jour, la localisation précise des deux Maliens n’a pas été confirmée. Les procédures judiciaires engagées au Ghana devraient permettre d’apporter des éléments supplémentaires sur leur situation dans les prochaines semaines.

Rentrée scolaire : Entre difficultés économiques et déficit en enseignants

Le 1er octobre 2025 marque la reprise des cours sur l’ensemble du territoire malien. L’annonce, faite par le ministère de l’Éducation nationale le 3 septembre, intervient dans un contexte tendu, où les familles et les enseignants font face à des obstacles majeurs.

À Bamako comme en régions, les préparatifs sont loin d’être à la hauteur des attentes. Dans plusieurs écoles, l’administration et les Comités de gestion scolaire (CGS) assurent l’essentiel, mais la fréquentation des parents reste faible. Beaucoup retardent l’inscription faute de moyens financiers. Certains recourent même à des crédits bancaires pour payer fournitures et frais scolaires. Dans certaines zones reculées, la situation est encore plus préoccupante, les établissements n’ayant pas reçu à temps les manuels scolaires ni les fournitures pédagogiques de base.

Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH) a placé en détresse 36 151 fonctionnaires, dont environ 5 000 enseignants concernés par des problèmes d’identification. La fusion de plusieurs directions scolaires dans des établissements, comme le groupe Marie Diarra d’Hamdallaye, a aussi pesé sur les préparatifs. « Avec la démoralisation liée au SIGRH, il y a un vrai risque de perturbations, malgré les compromis entre syndicats et gouvernement », confie Odiouma Sinayoko, professeur dans cet établissement. Les syndicats enseignants ont d’ailleurs réitéré leur appel à une régularisation rapide, soulignant que l’instabilité du personnel compromet directement la qualité de l’enseignement dès les premières semaines.

D’autres responsables affichent néanmoins plus d’optimisme. Aïchatou Camara, Directrice du groupe scolaire Mamou Goundo Simaga à Badalabougou, souligne que son école dispose des outils pédagogiques nécessaires grâce au fonds ADARS et à l’appui du CGS. Le Président du CGS local, Oumar Aboubacar Coulibaly, évoque des efforts d’entretien (désherbage, réparation des bancs, renoircissage des tableaux), mais regrette que « seuls deux à cinq parents par jour viennent inscrire leurs enfants », un chiffre insuffisant à la veille de la rentrée.

Au-delà des difficultés logistiques, l’insécurité continue d’aggraver la crise éducative. De nombreux enfants sont déscolarisés ou réfugiés avec leurs familles. Selon le rapport du Cluster Éducation Mali (juin 2025), 610 800 élèves et 12 216 enseignants restent directement touchés par la fermeture de près de 20% des écoles du pays.

Ce constat illustre un défi de taille, celui de garantir à chaque enfant son droit fondamental à l’éducation malgré la pauvreté et les violences. Comme le rappelait Nelson Mandela, « détruire un pays n’a pas besoin d’utiliser les armes, il suffit de priver ses enfants d’éducation ».

Ali Sankaré

Hausse du prix du carburant : L’insécurité mise en cause

Mahina, Niafunké, Yorosso : plusieurs localités du Mali connaissent une flambée du prix du carburant. Ces hausses, imputables à la situation sécuritaire, varient d’une zone à l’autre. En attendant des mesures durables, les populations s’adaptent, entre inquiétude et résignation.

Le prix du carburant connaît depuis quelques jours une hausse importante dans certaines localités du pays. Cette augmentation est une conséquence directe des difficultés d’approvisionnement, notamment après l’attaque d’un convoi de camions citernes dont certains ont été incendiés.

Selon des médias locaux, le 17 septembre à Mahina, le bidon de 20 litres d’essence est passé de 13 000 à 15 000 francs CFA, soit 850 francs CFA le litre contre 750 francs auparavant. Le détournement d’une citerne, vidée de son contenu, serait à l’origine de cette hausse, selon les acteurs. Ces derniers craignent désormais des difficultés d’approvisionnement dans les semaines à venir, ce qui fait planer un risque de pénurie de carburant dans cette localité.

Si ces localités partagent une augmentation subite et anarchique du prix du carburant, les raisons invoquées diffèrent d’une ville à l’autre. À Niafunké, l’augmentation s’est appliquée de manière anarchique. « Dès que les citernes ont été attaquées sur la route de Kayes, ils ont changé les prix », témoigne un habitant. Le litre est passé de 800 à 1 500 francs CFA, seul un vendeur ayant maintenu ses prix habituels. Pour protester, certains habitants ont arrêté leurs motos. Le 23 septembre, un nouveau ravitaillement a mis fin à la pénurie qui s’installait, offrant un répit aux usagers.

À Yorosso, le litre d’essence est entre 1 500 et 2 000 francs CFA depuis le 22 septembre. En cause, l’insécurité sur la route entre le Burkina Faso et Yorosso, via Kouri. Cet axe est soumis à des braquages et enlèvements, dissuadant les commerçants d’emprunter cette route.

Situation instable

À Bamako, certaines stations-services ont enregistré des hausses de 25 francs CFA à 50 francs CFA, sans dépasser les prix officiels en vigueur depuis mars 2025. En effet, le 26 mars 2025, les prix à la pompe pour le super carburant et le gasoil sont passés respectivement de 800 à 775 francs CFA et de 750 à 725 francs CFA, soit une baisse de 25 francs CFA par litre.

Ces hausses locales du prix du carburant représentent un défi supplémentaire et sont le reflet des conséquences de la tension sécuritaire, qui cible de plus en plus l’économie malienne.

Fatoumata Maguiraga

El Bachir Thiam retrouve la liberté après plus de quatre mois d’absence

L’activiste et journaliste El Bachir Thiam est réapparu après une disparition qui aura duré plus de cent vingt jours. Sa libération a été rendue publique ce vendredi 26 septembre 2025 par le Collectif des Amis et Camarades d’El Bachir Thiam, qui a salué la fin d’une épreuve marquée par l’incertitude et l’attente.

Connu pour ses prises de position sur les questions de gouvernance et de droits fondamentaux, Thiam avait été aperçu pour la dernière fois le 8 mai dernier à Kati, avant que toute trace de lui ne disparaisse. Pendant plus de quatre mois, sa famille et ses proches ont multiplié les démarches pour obtenir des nouvelles, en vain. Cette absence prolongée avait suscité une mobilisation importante, notamment de la part d’organisations nationales et internationales réclamant des informations sur sa situation.

Le communiqué publié vendredi annonce qu’il a été libéré sain et sauf et qu’il a pu rejoindre les siens. Le Collectif a exprimé sa gratitude envers les autorités pour leur implication dans ce dénouement, ainsi qu’envers l’ensemble des personnes et organisations qui ont manifesté leur solidarité tout au long de cette période.

Le retour d’El Bachir Thiam met fin à une parenthèse de plusieurs mois qui avait profondément marqué ses proches et mobilisé de nombreuses voix de la société civile. Les circonstances exactes de son absence n’ont pas été précisées, mais sa libération apporte un soulagement largement partagé.

Demba Mamadou Traoré : « Il faut aller chercher la qualification et le trophée »

Le Mali abrite du 5 au 18 octobre prochain le tournoi UFOA-A U17 2025, qualificatif pour la CAN de la catégorie, prévue en 2026 au Maroc. À quelques jours du début de la compétition, le sélectionneur national des Aigles U17, Demba Mamadou Traoré, s’est confié à Journal du Mali. Propos recueillis par Mohamed Kenouvi

À une semaine du début du tournoi, où en êtes-vous avec les préparatifs de l’équipe ?

Les préparatifs vont bon train. Il y a d’abord eu la phase de détection, suivie d’une première mise au vert à Kabala. Nous étions rentrés avec 35 joueurs. À l’issue de cette phase, 5 joueurs sont partis et nous avons entamé la seconde phase. Lors de la première phase, nous avons disputé 3 matchs amicaux et, pour la 2ème phase, nous allons jouer 2 autres matchs amicaux pour finir avec 25 joueurs. Je pense que dans l’ensemble la préparation se déroule bien. Nous continuons notre petit bonhomme de chemin.

Qu’est-ce qui est prévu pour la suite d’ici le début du tournoi ?

Nous aurons une troisième phase de préparation, qui sera ponctuée par un match amical qui nous mènera directement au tournoi.

Peut-on avoir une idée du groupe de joueurs disponibles actuellement ?

Nous avons aujourd’hui 30 joueurs sous la main (24 septembre 2025, Ndlr), mais au final nous arrêterons une liste de 28 joueurs, dont 3 réservistes, pour entamer la compétition. La liste définitive sera disponible très bientôt.

Que pensez-vous de la Poule A, où le Mali est logé aux côtés du Libéria, de la Gambie et de la Guinée-Bissau ?

Nous avons deux pays anglophones et un pays lusophone. Les cultures footballistiques diffèrent forcément. Nous allons nous adapter et faire avec. C’est une compétition de jeunes. Le Mali a un rôle à jouer et nous n’allons pas déroger à cette règle. Il faut aussi être conscient que toutes les équipes qui participent à cette compétition ont un bon niveau.

Le Mali abrite le tournoi. Cela met-il un peu plus de pression sur les Aiglonnets ?

Forcément, cela met de la pression. Mais c’est à nous de positiver cette pression. La compétition se joue chez nous. Il faut aller chercher la qualification et faire tout pour aller jusqu’au bout pour le trophée. Nous allons rester très professionnels et travailler dans ce sens.

Au vu de la préparation entamée depuis un moment et qui se poursuit, pensez-vous que vos joueurs seront fin prêts pour la compétition ?

Je pense qu’ils sont prêts. Il y a encore de petits réglages que nous allons continuer à faire jusqu’au début du tournoi, mais globalement l’essentiel est déjà fait.

Alger refuse de comparaître devant la CIJ dans l’affaire du drone abattu

La Cour internationale de Justice a mis fin à la procédure engagée contre l’Algérie après que cette dernière a refusé de reconnaître sa compétence dans l’affaire du drone malien détruit par son armée. Une décision qui relance les tensions diplomatiques entre Bamako et Alger.

Le gouvernement de la transition a confirmé, dans un communiqué rendu public le 19 septembre 2025, que la Cour internationale de Justice (CIJ) a notifié la fin de la procédure judiciaire ouverte à la suite de la destruction d’un drone de reconnaissance malien par les forces armées algériennes. L’Algérie a en effet officiellement refusé de reconnaître la compétence de la Cour dans ce différend, bloquant ainsi toute poursuite de la procédure.

L’appareil malien avait été abattu dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025 alors qu’il effectuait une mission de surveillance dans l’espace aérien national, à proximité de la frontière algérienne. Bamako considère cet acte comme une violation de sa souveraineté et avait saisi la CIJ pour obtenir reconnaissance et réparation.

Une décision perçue comme un « aveu de culpabilité »

Dans sa réaction officielle, le gouvernement a vivement critiqué l’attitude d’Alger, la qualifiant de « négation de la justice internationale » et de « fuite en avant ». Selon les autorités, ce refus traduit « le mépris de la junte algérienne pour la légalité internationale » et constitue « un aveu implicite de culpabilité ».

Le communiqué va plus loin, accusant Alger de soutenir certains groupes extrémistes opérant dans le Sahel. « Plutôt que de répondre aux faits documentés, le régime algérien choisit les invectives pour tenter de masquer ses liens avec des chefs terroristes, notamment ceux visés par l’appareil détruit », affirme le texte.

Des relations de plus en plus tendues

Cette affaire s’inscrit dans un contexte de relations déjà dégradées entre les deux pays. Bamako reproche depuis plusieurs mois à Alger d’intervenir dans ses affaires intérieures, notamment en tentant de relancer un dialogue politique avec les groupes armés signataires de l’accord de 2015 sans concertation.

Ce climat de méfiance grandissant s’ajoute à un contexte régional particulièrement fragile, alors que les groupes armés multiplient leurs attaques dans les zones frontalières. Avec plus de 1 300 kilomètres de frontière commune, la coopération sécuritaire entre les deux pays reste pourtant un élément clé de la stabilité régionale.

Un appel à la coopération régionale

Malgré la fin de la procédure devant la CIJ, le gouvernement réaffirme sa détermination à défendre l’intégrité du territoire et à garantir la sécurité nationale. Sous l’autorité du président de la Transition, le général Assimi Goïta, il assure qu’« aucun effort ne sera ménagé pour assurer la paix, la stabilité et le développement durable ».

Le communiqué appelle enfin les autorités algériennes à « mettre un terme à leurs ingérences » et à « travailler de bonne foi pour la sécurité collective et la stabilité régionale ». Dans un Sahel de plus en plus exposé aux menaces transnationales, Bamako considère que seule une coopération sincère entre pays voisins permettra d’inverser la tendance.

 

Retrait de la CPI : Une décision politique aux effets juridiques limités

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé le 22 septembre 2025 leur retrait « avec effet immédiat » de la Cour pénale internationale, dénonçant une justice sélective et néocoloniale. Une décision au fort poids politique, mais dont la portée juridique est encadrée et différée dans le temps.

Les trois pays sahéliens ont adhéré au Statut de Rome peu après son adoption : le Mali en août 2000, le Niger en avril 2002 et le Burkina Faso en avril 2004. Ils avaient alors conclu des accords facilitant l’installation et le travail de la Cour, une coopération qu’ils jugent aujourd’hui devenue une contrainte. Dans leur communiqué, ils accusent la CPI de pratiquer une « justice sélective » et de garder un « mutisme complaisant » face à certains crimes, tout en s’acharnant contre ceux exclus du « cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale ». Parmi eux, seul le Mali a formellement déféré une situation à la Cour, en juillet 2012, après la chute du Nord face aux groupes armés. L’enquête avait été ouverte en janvier 2013, sur la base de l’article 13 du Statut, permettant à un État partie de saisir la juridiction pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocide.

Deux affaires emblématiques ont suivi. Ahmad Al Faqi Al Mahdi a été condamné le 27 septembre 2016 pour la destruction des mausolées de Tombouctou, sur le fondement de l’article 8-2-e)iv) relatif aux atteintes aux biens culturels. Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud a été reconnu coupable le 26 juin 2024 de crimes de guerre et crimes contre l’humanité et condamné le 20 novembre 2024 à dix ans d’emprisonnement, peine réduite de douze mois le 23 juillet 2025.

Réparations en cours

L’affaire Al Mahdi a marqué un tournant en devenant en 2016 le premier procès pour destruction de biens culturels. En août 2017, la Chambre de première instance a ordonné 2,7 millions d’euros de réparations, financées en partie par le Fonds au profit des victimes, qui a mobilisé 1,35 million d’euros. Près de 989 victimes ont déjà bénéficié de réparations individuelles et une phase collective a été engagée en juillet 2022 à Tombouctou, incluant la réhabilitation de sites et un soutien communautaire.

Dans l’affaire Al Hassan, la décision sur les réparations est toujours attendue. Selon Mme Margo du bureau de l’information de la CPI à Bamako, « l’affaire Al Hassan est au stade des réparations pour les victimes. Nous attendons d’ailleurs une décision prochaine sur le type de réparations », soulignant que le processus reste pleinement en vigueur malgré l’annonce du retrait. Conformément à l’article 127 du Statut de Rome, ce retrait « ne libère pas l’État des obligations contractées » et « n’affecte pas la compétence de la Cour sur les affaires déjà engagées ».

Un retrait juridiquement limité

Le communiqué de l’AES parle d’un retrait « avec effet immédiat », alors que l’article 127-1 prévoit qu’il n’entre en vigueur qu’un an après notification au Secrétaire général de l’ONU. Comme le rappelle Mme Margo, ce délai implique que les obligations de coopération se poursuivent jusqu’en septembre 2026 et que les crimes commis jusque-là restent dans le champ de compétence de la Cour. Amnesty International a également réagi, soulignant que « le retrait du Statut de Rome n’aurait aucune incidence sur l’enquête en cours au Mali ni sur les obligations de coopération de l’État envers la Cour, mais il compromettrait l’accès futur des victimes de crimes graves à la justice internationale », selon Marceau Sivieude, Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Pour Dr Jean-François Marie Camara, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques, cette annonce s’inscrit dans la dynamique des retraits précédents mais surprend au moment où le Mali saisit la CIJ. Il avertit que la souveraineté ne doit pas conduire à l’isolement et plaide pour le renforcement de juridictions nationales compétentes et impartiales.

Les précédents du Burundi, sorti en octobre 2017, et des Philippines, en mars 2019, confirment que la CPI conserve sa compétence pour les crimes commis avant le retrait. D’autres pays africains avaient amorcé la même démarche avant de reculer : la Gambie de Yahya Jammeh, dont la notification d’octobre 2016 a été annulée après l’alternance politique, et l’Afrique du Sud, où la justice a jugé la procédure inconstitutionnelle. Ces exemples illustrent que les annonces de dénonciation du Statut de Rome peuvent être réversibles.

Dynamique régionale

Au-delà du droit, l’annonce du 22 septembre 2025 s’inscrit dans le repositionnement politique de l’AES, marqué par le retrait du G5 Sahel en 2022, la sortie de la CEDEAO en janvier 2024, puis la suspension de sa participation à l’Organisation internationale de la Francophonie en 2024. Quelques jours plus tôt, du 15 au 17 septembre 2025 à Niamey, les ministres de la Justice avaient évoqué la création d’une Cour pénale sahélienne des droits de l’Homme pour juger les crimes internationaux, le terrorisme et la criminalité organisée. Présentée comme une justice « endogène », cette initiative reste entourée d’incertitudes, tant sur son financement que sur l’indépendance des juges, les garanties procédurales et le calendrier de sa mise en œuvre.

Relation complexe

L’Afrique compte 33 États parties au Statut de Rome, soit plus d’un quart des membres, mais est la région la plus concernée, avec neuf situations ouvertes depuis 2002. Plusieurs dirigeants africains ont été visés, d’Omar el-Béchir à Uhuru Kenyatta, tandis que Laurent Gbagbo avait été transféré à La Haye avant son acquittement en 2021. Plus récemment, la Cour a émis des mandats d’arrêt contre Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu, montrant que sa compétence peut s’étendre à des États non signataires par renvoi du Conseil de sécurité ou selon la reconnaissance territoriale.

Mme Margo rappelle que « la CPI est une cour de dernier recours », complémentaire des juridictions nationales, et cite les saisines du Mali, de la RDC, de l’Ouganda ou encore de la Centrafrique. Elle insiste aussi sur le fait que la Cour mène des enquêtes bien au-delà de l’Afrique, « notamment en Palestine, au Venezuela, en Géorgie, en Ukraine, au Bangladesh / Myanmar ou encore en Afghanistan ».

Les victimes, premières concernées

La question des victimes reste centrale. Les réparations de l’affaire Al Mahdi se poursuivent malgré le retrait, mais le Fonds au profit des victimes, qui dépend de contributions volontaires, pourrait être fragilisé par des difficultés d’accès au terrain. Dans l’affaire Al Hassan, la décision sur les réparations est encore attendue et les victimes maliennes resteront sous la compétence de la Cour jusqu’en septembre 2026. « La CPI a permis à de nombreuses victimes de voir les présumés auteurs de crimes jugés et, dans les affaires où des condamnations ont été prononcées, de recevoir des réparations », rappelle Mme Margo.

Aucun impact sur la CIJ

La décision de l’AES n’affecte pas les procédures devant d’autres juridictions internationales, comme la Cour internationale de Justice de La Haye, où le Mali a déposé le 16 septembre une plainte contre l’Algérie pour la destruction d’un drone à Tinzaouaten. La CIJ, qui juge les différends entre États en vertu de son Statut, est une juridiction distincte de la CPI. Le retrait annoncé ne change rien à cette procédure.

En tout état de cause, l’annonce du 22 septembre marque une rupture politique forte, l’AES affirmant sa volonté de se distancier d’une institution jugée partiale et d’envisager une alternative régionale. Sur le plan juridique, l’article 127 du Statut limite toutefois les effets du retrait, puisque les affaires maliennes se poursuivent, que les condamnations et réparations demeurent et que la compétence de la Cour reste valable jusqu’en septembre 2026. Cette tension entre souveraineté et obligations pose la question de savoir si une future Cour sahélienne pourra garantir aux victimes le même niveau de justice que la CPI.

MD

CPI : L’AES annonce son retrait du Statut de Rome

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé lundi soir, à travers un communiqué conjoint, leur retrait immédiat du Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale. La décision a été rendue publique à Bamako par le président de la Transition du Mali et président en exercice de la Confédération des États du Sahel (AES), le général Assimi Goïta.

Les trois pays rappellent avoir souverainement ratifié le Statut de Rome au début des années 2000 et soulignent avoir coopéré avec la Cour sur la base des dispositions prévues et d’accords conclus pour faciliter ses activités sur leur territoire. Mais ils affirment avoir constaté, au fil du temps, que la juridiction s’était transformée en « instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme », devenant « l’exemple mondial d’une justice sélective ». Dans leur communiqué, ils accusent la CPI de s’être révélée incapable de juger certains crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crimes de génocide et crimes d’agression, tout en « s’acharnant contre des acteurs qui ne relèvent pas du cercle fermé des bénéficiaires de l’impunité internationale ».

La décision de retrait, présentée comme un choix de « souveraineté », s’inscrit dans une dynamique déjà amorcée. Du 15 au 17 septembre, les ministres de la Justice des trois pays réunis à Niamey avaient proposé à leurs chefs d’État de réexaminer la coopération pénale internationale et d’accélérer la mise en place des instances juridictionnelles prévues par le traité constitutif de l’AES. Les discussions avaient porté sur la création d’une Cour pénale sahélienne des droits de l’homme, compétente pour juger les crimes internationaux, le terrorisme et la criminalité organisée, comme alternative aux mécanismes actuels.

Dans le communiqué de Bamako, les gouvernements affirment désormais leur volonté de recourir à des mécanismes endogènes de règlement des conflits, de consolidation de la paix et de promotion de la justice. L’AES réaffirme dans le même temps son engagement à défendre les droits de l’homme « en adéquation avec ses valeurs sociétales » et à lutter contre l’impunité.

Tout en exprimant leur gratitude aux Nations unies et à leurs États membres, les trois pays assurent qu’ils continueront à coopérer dans d’autres cadres jugés appropriés pour la promotion et la protection des droits humains, dans le respect de la souveraineté des États.

Cette rupture marque une nouvelle étape dans le repositionnement diplomatique et institutionnel des régimes sahéliens. Après avoir quitté successivement le G5 Sahel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Organisation internationale de la Francophonie, la Confédération des États du Sahel claque désormais la porte d’une autre grande organisation internationale, la Cour pénale internationale.

Coupes CAF : large victoire du Stade Malien, nul prometteur du Djoliba

Les représentants maliens ont bien entamé leur parcours continental ce dimanche 21 septembre 2025. Le Stade Malien s’est imposé largement en Ligue des champions, tandis que le Djoliba AC a décroché un nul précieux à l’extérieur en Coupe de la Confédération.

À Bangui, le Stade Malien a dominé Tempête MOCAF sur le score sans appel de 5-0. Les buts ont été inscrits par Ousmane Coulibaly (11ᵉ et 60ᵉ minutes), Zoumana Simpara (38ᵉ), Taddeus Nkeng (76ᵉ) et Daouda Coulibaly (89ᵉ). Grâce à cette victoire, les Bamakois prennent une option quasi définitive pour la qualification avant le match retour, prévu à Bamako le week-end prochain.

De son côté, le Djoliba AC a réussi à accrocher Abia Warriors au Nigeria dans le cadre de la Coupe de la Confédération. Menés dès la 22ᵉ minute sur un but de Chukwuemeka Obioma, les Rouges ont arraché l’égalisation à la 87ᵉ minute. Ce résultat nul 1-1 permet aux Maliens d’aborder le match retour du 28 septembre au Stade Mamadou Konaté avec un léger avantage psychologique et la possibilité de valider leur billet à domicile.

En perspective, le Stade Malien devra confirmer sa supériorité devant son public. Une qualification lui ouvrirait les portes du second tour préliminaire de la Ligue des champions, dernière étape avant la phase de groupes. Quant au Djoliba AC, il lui faudra s’imposer à Bamako pour franchir ce premier obstacle et atteindre le second tour préliminaire de la Coupe de la Confédération, où se joue l’accès aux barrages qualificatifs pour la phase de groupes.

 

Afflux de réfugiés burkinabè à Koro : près de 51 000 arrivées depuis avril

Le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, fait face depuis avril 2025 à une arrivée massive de réfugiés venus du Burkina Faso. En l’espace de cinq mois, près de 51 000 personnes se sont installées dans la zone, doublant le nombre de réfugiés déjà présents. Les autorités locales, le HCR, la Commission nationale chargée des réfugiés (CNCR) et plusieurs partenaires humanitaires s’efforcent de répondre à une situation qualifiée d’urgence.

Les évaluations multisectorielles menées sur le terrain font ressortir plusieurs besoins prioritaires. Dans le domaine de l’éducation, plus de 200 ménages réfugiés occupent encore des salles de classe, qui doivent être libérées avant la rentrée prévue le 1er octobre. La question des abris reste centrale, des milliers de familles vivant dans des conditions de surpopulation, dans des écoles, des maisons de fortune ou auprès de familles hôtes.

La santé est également un secteur critique : le bloc opératoire du centre de référence de Koro fonctionne sans source d’électricité fiable, ce qui a de graves conséquences lors des interventions chirurgicales, notamment les césariennes. Le centre de traitement de la malnutrition manque par ailleurs de produits essentiels. Les structures locales sont soutenues par Médecins Sans Frontières, tandis que l’UNICEF, l’OMS, le PAM et l’UNFPA participent au renforcement des services.

Sur le plan alimentaire, le PAM a déjà distribué des vivres à plus de 4 500 familles, soit environ 22 000 réfugiés. Dans le domaine des abris, le HCR a lancé, le 19 septembre, la construction de 200 logements transitoires à cinq kilomètres au nord de Koro. L’objectif est de reloger 200 ménages actuellement installés dans des classes, afin de permettre la reprise de l’année scolaire. Le HCR a également distribué des articles essentiels à plus de 2 000 familles.

Les besoins en eau, assainissement et hygiène demeurent un défi majeur, accentué par l’augmentation rapide de la population. Les réfugiés manquent aussi d’articles non alimentaires tels que vêtements, ustensiles de cuisine, moustiquaires ou kits d’hygiène menstruelle. L’énergie et la protection figurent également parmi les priorités, avec une demande d’installation de lampadaires et lampes solaires pour réduire les risques liés à l’insécurité et limiter la pression sur l’environnement.

Le HCR a déjà enregistré plus de 65 000 personnes avec l’appui de la CNCR, du PAM et d’ONG partenaires, garantissant ainsi leur identité et l’accès à l’assistance. L’UNICEF travaille parallèlement à l’intégration des enfants réfugiés dans le système éducatif malien. Selon les derniers chiffres, 203 cas de vulnérabilités ont été référés, dont 172 femmes enceintes bénéficiant désormais d’un suivi prénatal.

Face à cette crise, le HCR appelle les donateurs et les partenaires à mobiliser davantage de ressources afin de soutenir la réponse humanitaire et de renforcer la résilience des communautés hôtes, déjà fortement sollicitées par l’afflux.

 

65ᵉ anniversaire de l’indépendance : Goïta insiste sur la souveraineté, l’économie et l’unité nationale

À la veille du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance, le président de la Transition, le général Assimi Goïta, a adressé un message à la nation. Son discours a mêlé hommage aux pères fondateurs, bilan sécuritaire, perspectives économiques et appel à l’unité autour du projet de « Mali Kura ».

Dans son intervention, il a salué la mémoire des figures de l’indépendance, notamment Modibo Keïta, présentées comme des sources d’inspiration pour la consolidation de la souveraineté nationale.

Le chef de l’État a insisté sur le rôle central des forces armées. Il a dénoncé les attaques terroristes et mis en garde contre la désinformation, tout en soulignant la montée en puissance de l’armée. À ce titre, il a cité l’acquisition d’avions Su-24, Casa C-295, L-39 Albatros, d’hélicoptères Mi-24 et de drones Bayraktar TB2. Il a également évoqué deux opérations militaires : Dougoukoloko, destinée à renforcer l’autorité de l’État, et An Siguignogon, menée avec les pays de l’Alliance des États du Sahel pour améliorer la coordination régionale.

Sur le plan économique, Assimi Goïta a annoncé une croissance estimée à 6 % pour 2025. Il a mis en avant la digitalisation des finances publiques et les réformes en cours dans le secteur minier, incluant la création d’une raffinerie d’or pour mieux valoriser les ressources nationales. Le président a aussi insisté sur l’amélioration de l’accès à l’électricité grâce à de nouvelles centrales solaires, dont celles de Safo, Sanankoroba et Tiakadoukou.

Dans le domaine social, il a cité la construction et l’équipement de nouveaux hôpitaux de district, la modernisation d’universités et la création de centres de formation professionnelle. Il a rappelé le lancement du Centre d’intelligence artificielle et de robotique (CIAR-Mali), destiné à préparer la jeunesse aux métiers du futur.

Enfin, il a souligné l’adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, présentée comme un cadre essentiel pour consolider l’unité et la stabilité. Le président a conclu en invitant chaque citoyen à s’engager dans la construction du « Mali Kura », avant de souhaiter une bonne fête de l’indépendance à l’ensemble de la population.

Compétitions CAF : Le Stade Malien et le Djoliba AC prêts pour l’aventure continentale

Le Stade Malien de Bamako et le Djoliba AC représenteront le Mali en Ligue des champions et en Coupe CAF pour la saison 2025 – 2026. Après des semaines de préparation active, les deux clubs entrent en lice ce week-end avec le début des tours préliminaires.

Le premier tour préliminaire des deux compétitions sera joué en matchs aller-retour, qui se tiendront respectivement du 19 au 21 et du 26 au 28 septembre 2025. Les clubs victorieux se qualifieront pour le deuxième tour préliminaire, prévu du 17 au 19 octobre, avec les matchs retour programmés une semaine plus tard, du 24 au 26 octobre.

Objectif : phase de groupes

Pour lancer son aventure en Ligue des champions, le Stade Malien, champion du Mali en titre, se déplace pour affronter en match délocalisé à Douala les Centrafricains de Tempête MOCAF ce dimanche 21 septembre.

Après une mise au vert à Bougouni, suivie de la participation au tournoi de pré-saison à Kankan, en Guinée, du 31 août au 6 septembre, les Blancs de Bamako ont terminé leur préparation en disputant plusieurs matchs amicaux, soldés par des victoires, à Bamako. L’objectif pour les pensionnaires de Sotuba est d’intégrer pour la première fois la phase de groupes de la Ligue des champions et d’y réaliser un parcours honorable.

« Nous avons eu le temps de nous préparer pour la compétition. Avec l’arrivée de nouveaux joueurs qui renforcent l’équipe, nous pouvons affronter n’importe quel adversaire sans crainte », assure le milieu de terrain Haman Mandjan.

De son côté, le Djoliba AC, finaliste de la Coupe du Mali la saison passée et représentant du pays en Coupe CAF, démarre également sa campagne ce 21 septembre, avec un déplacement au Nigéria pour défier Abia Warriors FC.

Les Rouges de Hérèmékono visent aussi une qualification en phase de groupes de cette compétition, après une première historique en Ligue des champions la saison passée, et semblent bien affûtés pour atteindre cet objectif.

En effet, sous la houlette du nouvel entraîneur ivoirien Boudo Mory, après un stage bloqué à Koulikoro, le Djoliba AC a remporté le tournoi de Kankan en Guinée et la West Africa Champions Cup, avec une équipe en reconstruction mais en pleine montée en puissance.

Ali Sankaré

SENARE : Quatre éditions sans réconciliation réelle

La 4ème édition de la Semaine Nationale de la Réconciliation se déroule du 15 au 21 septembre 2025 à Bamako. Trois ans après sa création, ce rendez-vous, voulu comme un temps fort pour panser les plaies du Mali, peine encore à traduire ses promesses en résultats concrets.

Instituée par la Loi d’Entente Nationale de 2019, la SENARE a été lancée pour la première fois en 2022. Elle devait servir de cadre symbolique et pédagogique pour sensibiliser les citoyens aux valeurs de paix, de cohésion et de vivre-ensemble. Chaque année, la semaine est marquée par des conférences, des débats, des émissions en langues nationales, des expositions artistiques, des prières collectives, des campagnes de reboisement et des panels sur le rôle des femmes. L’édition 2025, ouverte au Centre international de conférences de Bamako, a pour thème « Héritage culturel : facteur de paix et de cohésion sociale dans l’espace AES », dans une volonté affichée de puiser dans les ressources culturelles pour renforcer l’unité.

Au fil des quatre éditions, les organisateurs ont multiplié les activités de sensibilisation et les symboles de rassemblement. Pourtant, les résultats tangibles restent limités. Aucun élément ne montre que la SENARE ait permis de renouer un dialogue direct avec les groupes armés hostiles à l’État. Ni le Front de libération de l’Azawad, ni les organisations jihadistes comme le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM), lié à Al-Qaïda, ou la branche sahélienne de l’État islamique n’ont pris part au processus. Tous, qui se combattaient parfois entre eux, semblent désormais considérer l’État comme leur adversaire commun. Le dialogue reste donc rompu et les lignes de fracture demeurent inchangées.

L’insécurité monte en flèche

La situation sécuritaire illustre cette impasse. Plusieurs axes stratégiques restent sous la menace de blocus imposés par les groupes armés. La route Bamako – Diéma – Kayes, celle de Nioro, la RN16 reliant Sévaré à Gao, la RN17 menant vers le Niger ou encore la RN20 en direction de Koutiala, Sikasso et Bougouni, sont régulièrement citées parmi les corridors les plus exposés. Les opérations militaires menées par l’armée, appuyées par des couvre-feux locaux, témoignent de la gravité des menaces. Mais la violence n’a pas été circonscrite et la libre circulation reste compromise dans plusieurs régions.

Tensions politiques

Le contexte politique ajoute à la complexité. La dissolution de tous les partis, la détention de figures politiques et l’exil de leaders d’opinion pèsent sur le climat national. Dans ces conditions, la réconciliation prônée pendant la SENARE peine à trouver un écho concret. D’ailleurs, la remise en juillet 2025 de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation, texte de 16 titres, 39 chapitres et 106 articles, devait offrir un cadre de référence. Mais une interrogation demeure : combien d’opposants ou de groupes hostiles à l’État se reconnaissent dans ce document ? À ce jour, aucun indicateur ne permet de confirmer son appropriation réelle.

La SENARE a donc mis en avant des initiatives de sensibilisation, des activités culturelles et des gestes symboliques, mais elle n’a pas encore permis de réduire les violences ni de poser les bases d’un dialogue politique inclusif. Elle a surtout fonctionné comme un instrument de communication nationale, sans créer l’espace attendu de médiation entre l’État et les groupes armés.

Des succès

Des comparaisons internationales offrent des points de repère. En Côte d’Ivoire, après la crise de 2010 – 2011, le Dialogue politique avait intégré des représentants d’anciens groupes armés et abouti à des libérations conditionnelles. Au Rwanda, les juridictions communautaires Gacaca ont été instaurées après le génocide pour favoriser une justice de proximité et une réconciliation enracinée dans les communautés. Ces expériences montrent que la réconciliation durable exige des mécanismes inclusifs, continus et institutionnalisés, allant au-delà d’une simple semaine commémorative.

Après quatre éditions, la SENARE demeure un espace de sensibilisation utile, mais elle n’a pas encore produit les résultats attendus en termes de paix et de cohésion nationale. Le risque est que cette initiative devienne une cérémonie parmi d’autres, sans la portée particulière qu’elle mérite. L’urgence, pour l’État comme pour les acteurs de la société, est de transformer cette semaine en un véritable levier de dialogue et d’actions concrètes afin qu’elle s’inscrive dans le quotidien des Maliens bien au-delà de ses dates officielles.

MD

La Haye confirme avoir reçu une plainte du Mali visant l’Algérie

La Cour internationale de Justice (CIJ) a annoncé le 19 septembre 2025 avoir reçu, trois jours plus tôt, une requête introductive d’instance du Mali contre l’Algérie. Le différend porte sur la destruction alléguée d’un drone de reconnaissance malien dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, au nord du territoire malien.

Selon Bamako, la plainte a été transmise dès le 4 septembre. Les autorités maliennes soutiennent que l’acte imputé aux forces algériennes constitue une violation flagrante du principe de non-recours à la force, un acte d’agression au regard de la résolution 3314 de l’Assemblée générale des Nations unies, et une atteinte aux textes fondateurs de l’Union africaine, dont le Pacte de non-agression et de défense commune adopté en 2005.

Le 13 septembre, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a formellement démenti l’existence de cette plainte, affirmant qu’aucune notification officielle n’avait été adressée à son pays par la CIJ. Ce déni s’explique par le décalage entre la date avancée par Bamako et la date effective d’enregistrement confirmée par le greffe. Le 16 septembre, la Cour a formellement accusé réception de la requête et en a donné publicité trois jours plus tard.

La CIJ a précisé que la requête malienne est transmise à l’Algérie conformément à l’article 38, paragraphe 5, de son Règlement. Elle ne sera pas inscrite au rôle général de la Cour tant qu’Alger n’aura pas accepté sa compétence pour ce différend. Aucune procédure ne pourra donc débuter sans un consentement exprès du gouvernement algérien, qui continue de nier toute implication dans la destruction de l’appareil.

L’affaire s’inscrit dans un contexte de tensions bilatérales persistantes, marqué par des désaccords sur la médiation algérienne dans le processus de paix au Mali et par la fragilité sécuritaire des zones frontalières. Elle illustre aussi les limites du règlement judiciaire des différends lorsqu’une partie refuse la compétence de la juridiction internationale.

Ce type de contentieux n’est pas inédit à La Haye. En 1984, le Nicaragua avait saisi la CIJ contre les États-Unis pour des opérations militaires sur son territoire, affaire dans laquelle la Cour s’était déclarée compétente. En 1999, la République démocratique du Congo avait porté plainte contre l’Ouganda pour occupation de son sol, obtenant une condamnation en 2005. À l’inverse, la Géorgie n’avait pas vu sa requête contre la Russie prospérer en 2008, faute de base suffisante pour établir la compétence de la Cour. Ces précédents rappellent que l’issue dépendra avant tout de la position d’Alger, seule habilitée à reconnaître ou non la compétence de la CIJ dans cette affaire.

 

Koutiala : Fin de course pour des voleurs de bétail

Le Commissariat de Police de Koutiala, sous la houlette du Commissaire Divisionnaire de Police Fousseynou DIAKITÉ, a procédé à l’interpellation, entre le 31 août et le 15 septembre, d’un présumé voleur et de son complice dans une affaire de vol de bétails.

 

La lutte contre l’insécurité, notamment le vol de bétail est une préoccupation majeure des autorités en charge de la sécurité. Particulièrement dans les zones de provenance des animaux. Ces vols récurrents sont aussi l’une des causes de l’augmentation du coût d’acquisition de ces animaux. Ce qui contribue au renchérissement du prix de la viande.

C’est au cours d’une mission de patrouille menée par une équipe de la brigade de recherches policières que le suspect, en possession d’un troupeau de sept (07) moutons  a été arrêté dans le quartier de Médina Coura. Soumis à un interrogatoire, le mis en cause n’a pas tardé à faire son mea-culpa en affirmant avoir dérobé ces animaux sous la pluie, à proximité du cimetière, tout en dénonçant son complice. Tous deux, identifiés par les initiales M.D. (32 ans) et B.C. (46 ans), ont été déférés devant la justice. L’enquête se poursuit selon les sources sécuritaires afin de déterminer d’éventuelles complicités et de vérifier leur implication dans d’autres affaires similaires. À travers cette opération, la Police régionale de Koutiala réaffirme son engagement constant à assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, conformément aux orientations du ministre de la Sécurité et de la Protection Civile.

Le Commissaire de police Fousseynou DIAKITÉ a tenu à féliciter ses équipes pour leur travail et a invité la population à faire preuve de vigilance et à renforcer sa collaboration avec les Forces de l’ordre, condition sine qua none pour une lutte efficace contre la criminalité sous toutes ses formes.

Joseph Amara DEMBELE

Dr. Amidou Tidiani : « C’est du fait que l’AES ait permis à ses États membres de résister collectivement face à la CEDEAO qu’a résulté l’idée d’en faire un outil politique et idéologique ».  

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont crée l’Alliance des Etats du Sahel, devenue confédération AES en juillet 2024. De quoi raviver le rêve fédéral du Mali. Dr Amidou Tidiani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13, répond à nos questions. Propos recueillis par Mohamed Kenouvi.

65 ans après l’échec de la Fédération du Mali, la Confédération AES pourrait-elle aboutir à une Fédération des États du Sahel ?

Par comparaison à la fédération du Mali, l’AES a une construction paradoxale. Initialement, il s’agissait d’une alliance d’infortune et de circonstance, dans un contexte d’opposition à la CEDEAO. Cette alliance n’avait initialement aucune consistance politique, ni idéologique.

C’est du fait que l’AES ait permis à ses États membres de résister collectivement face à la CEDEAO qu’a résulté l’idée d’en faire un outil politique et idéologique. On est ainsi passé d’une alliance de protection de régimes militaires à un projet politique.

Aujourd’hui, force est de constater que ce projet se renforce, se concrétise et prend un air beaucoup plus concret. Cependant, on est encore loin d’un véritable État fédéral comme le Mali d’il y a 65 ans.

En tant que précurseur de l’aspiration fédérale sous Modibo Keita, quel rôle pourrait jouer le Mali dans la concrétisation d’un État fédéral sahélien ?

Le Mali fait déjà office de locomotive de l’AES. C’est le précurseur de la résistance d’un régime militaire issu d’un coup d’Etat face à la CEDEAO. Les autres ont capitalisé sur l’expérience malienne. À cet égard, le Mali détermine le tempo de l’Alliance. Tant que l’AES restera gouvernée par des régimes militaires comme c’est le cas aujourd’hui, la dynamique malienne perdurera.

La consistance politique et idéologique de la fédération au sens de Modibo Keita est totalement différente de celle de Assimi Goita. Mais il me semble effectivement que l’AES inspire l’intégration sous régionale, idée chère à Modibo Keita.

Aujourd’hui, un peu plus d’un an après la création de la Confédération AES, quel regard portez-vous sur son évolution ?

S’il faut faire bilan, force est de constater que l’AES a réussi son  premier combat : celui de la résistance de ses membres face à la CEDEAO.

Cependant, le second volet sur lequel s’est construite l’AES (le volet sécuritaire) offre un bilan assez mitigé. La communication est importante mais les résultats restent à percevoir. Si l’AES atteint l’objectif de la sécurisation des territoires de ses Etats membres, elle s’inscrira définitivement dans le décor institutionnel sous-régional comme un acteur incontournable et attirera alors de nouveaux membres.