Alexei Doulian : « Le rôle de l’armée malienne doit être renforcé et la Russie peut y contribuer »

Ils seraient plus de 6 millions à souhaiter une implication de la Fédération de Russie, partenaire de longue date du Mali, pour gérer la crise malienne. Son Excellence Alexei Doulian, Ambassadeur de la Fédération de Russie, s’est entretenu avec le Journal du Mali pour exposer son point de vue sur la situation malienne actuelle et expliquer les axes de la coopération russo-malienne.

Quelle analyse faites-vous du processus de paix et de la situation sécuritaire que traverse le Mali ?

La situation sécuritaire n’est pas très rassurante. Elle s’est dégradée depuis l’Accord de paix, mais ce n’est pas la faute de celui-ci, que nous soutenons, comme toute la communauté internationale. Mais, pour aller vers la paix, il faut que les parties soient de bonne foi. Ceux qui ont signé l’Accord, au lieu de se combattre, devraient unir leurs efforts et avancer. Ce n’est malheureusement pas ce que nous constatons, même aux réunions du Comité de suivi, où ils règlent leurs comptes, non seulement entre eux mais aussi au sein de certains mouvements, comme la CMA. Ça n’ajoute pas à l’efficacité de l’application de l’Accord. Mais il y a eu quand même certains progrès pour mettre en pratique les dispositions de l’Accord. Dès que l’on s’approche, à petits pas, de la paix, il y a une provocation, il y a un recul. Ce n’est pas ce que le Mali et ses partenaires attendent. Notre vœu le plus ardent est que la paix puisse revenir au Mali, martyrisé depuis des années. Nous soutenons le pouvoir central, car nous sommes conscients des difficultés auxquelles il doit faire face.

Nombre de Maliens réclament votre soutien dans la résolution de la crise et en particulier la reprise de Kidal. La Russie répondra-t-elle à l’appel ?

Nous ne sommes pas insensibles à cette campagne. D’ailleurs, nous y voyons un signe de l’amitié profonde enracinée dans les esprits des Maliens. C’est plaisant, surtout dans ces temps tumultueux ; avec toutes les calomnies proférées contre la Russie. Cependant, une action militaire directe de la Russie n’est pas envisageable. Nous nous sommes dès le début profondément engagés dans la résolution de la crise malienne, essentiellement sur le terrain politique. Il y a une partie que les Maliens eux-mêmes doivent faire. Le rôle de l’armée malienne doit être renforcé et la Russie peut y contribuer.

Qu’en est-il aujourd’hui de la coopération militaire entre la Russie et le Mali ? Sera-t-elle amenée à évoluer ?

Nous avons une coopération traditionnelle avec le Mali dans le domaine de la Défense et nous souhaitons étoffer davantage cette coopération. Il faut renforcer le renseignement, avec éventuellement des drones, du matériel sophistiqué pour avoir un rayon d’action beaucoup plus large, beaucoup plus efficace. Le service de renseignement doit être fort, efficace et bien armé. Il y a des formations à ce niveau et des échanges réguliers entre services de renseignements maliens et russes. Des contingents maliens sont formés en Russie dans la lutte antiterroriste, dans le combat pour de l’armée de terre, dans le pilotage des appareils qui ont été commandés. Nous faisons aussi de la formation pour les agents du maintien de l’ordre, la police, la gendarmerie, les services antistupéfiants, à travers des stages annuels. Vous verrez très bientôt les résultats de cette action bilatérale dans ce domaine assez sensible qu’important.

Dans la prochaine décennie, le Mali devra investir 2 milliards de dollars dans sa défense. La Russie est-elle en lice pour être l’un des partenaires principaux du Mali à ce niveau ?

Nous espérons l’être. De ce que je vois de notre action dans ce secteur, il est évident que nous sommes parmi les partenaires du Mali qui font partie de cette liste, écrite ou non. Nous sommes un partenaire de longue date, qui est à la base de l’équipement et de l’entraînement des troupes maliennes qui étaient à l’époque parmi les plus importantes dans la région.

Pourquoi la Russie était-elle opposée à un régime de sanction des Nations unies afin de punir ceux qui font obstruction à l’Accord de paix de 2015 ?

La Russie de manière générale juge que les sanctions en tant que telles sont un instrument inefficace. En Centrafrique, au Yémen, ça n’a pas donné les résultats escomptés. Cela risque d’antagoniser encore plus les acteurs. Au Mali, si l’une des parties, à son initiative, applique des sanctions sur une ou les autres parties, cela pourrait à la longue envenimer les choses. Mais nous prêtons toujours une oreille attentive à ce que nous disent à Bamako nos amis maliens. Ils ont souhaité que la résolution soit adoptée et nous avons suivi le mouvement. Il n’y a pas de difficulté. Cela ne nous pose pas de problème d’adopter ou pas un régime de sanctions, mais nous avons partagé nos doutes et nos craintes d’une manière générale avec nos amis maliens.

 

La ligne diplomatique de la Russie est d’aider les États à préserver leur souveraineté et à lutter contre la menace terroriste. Pensez-vous aussi que les problèmes africains doivent être résolus par les Africains et comment voyez-vous la mise en place de la force du G5 Sahel ?

Nous ne pouvons que féliciter les pays du Sahel de se réunir et de coordonner leurs actions en formant la force du G5 Sahel pour contrecarrer l’activité des terroristes extrémistes, qui sont très présents dans le Sahel, et pas seulement au Mali. Mais le Mali est un pays-clé de la région. Si le problème malien est résolu, cela présagera, en bonne partie, de la résolution du problème du Sahel dans son ensemble. Cette force pourrait être vraiment un bon instrument de lutte contre ce mal à l’échelle sous-régionale. La Russie a toujours été partisane de réunir les efforts le plus vite possible, et de la façon la plus profonde possible, pour coordonner les actions.

Kidal : Le retour de l’administration pose question

Les forces de la CMA et de la Plateforme ont observé sur la ligne de front, ces 15 derniers jours, dans un climat de méfiance mutuelle, le cessez-le-feu, sans quitter leurs positions, même pour fêter la Tabaski. Alors qu’à Bamako on s’évertue à trouver un consensus entre ces deux signataires de l’Accord pour parvenir à la signature d’une paix définitive et envisager le retour de l’administration. La CMA a fait montre d’une certaine volonté d’accélérer les choses en accueillant le Gouverneur de Kidal, fin août. Mais son installation prochaine et le possible retour de l’administration sont aussi souhaités que redoutés dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas.

Je retournerai à Kidal en début de semaine prochaine », confirme Sidi Mohamed Ag Ichrach, Gouverneur de la région. « Une fois là-bas, je vais travailler à l’installation de l’administration, à la réouverture des écoles, qui est une priorité, et à la réconciliation entre les différentes communautés. Ce ne sont vraiment pas les occupations qui vont me manquer », ajoute-t-il, enthousiaste.

Si le court séjour du gouverneur fin août s’est bien passé, certains à Kidal ne sont pas encore convaincus du changement que son installation pourrait apporter. « Il va prendre ses fonctions à Kidal en tant que gouverneur, mais pour gouverner qui et quoi ? Pourra-t-il seulement prendre des décisions ici ? », s’interroge un sympathisant de la Plateforme. « Vous savez, les notabilités qu’il a rencontrées ici ne sont pas reconnues par toutes les communautés. Ce sont les mêmes visages, des leaders de la CMA qui deviennent chefs de fractions quand ils le veulent, chefs de tribus, etc. Durant son séjour, il n’a pas parlé de la Plateforme, or on ne peut parler du retour de l’administration sans la Plateforme. Ag Ichrach, c’est plus un bonus concret et officiel pour la CMA ! », poursuit-il

Adhésion populaire ? Sur l’installation du gouverneur et le retour de l’administration, les Kidalois sont eux aussi divisés, entre les pro-Mali, qui espèrent que son installation marquera le début du changement tant espéré, et ceux qui conservent encore le souvenir vivace de la lutte pour un État de l’Azawad libéré du Mali. « Au sein de la CMA, il y a aussi des divisions. Il y a beaucoup de clash à ce sujet sur les réseaux sociaux. Ils insultent leurs chefs. Beaucoup leur reprochent, maintenant que le GATIA a été chassé, de ramener le Mali. Pour eux, c’est le royaume des Ifoghas qu’ils veulent construire avec l’État malien. Le Mali redevient fréquentable, son gouverneur revient, son armée va revenir, certains jurent que cela ne se fera pas », confie cette source. Pour Almou Ag Mohamed, porte-parole du HCUA, « comme partout il n’y a jamais d’unanimité. Mais je peux vous affirmer que ceux qui ne sont pas dans la logique de la CMA aujourd’hui ne sont pas très nombreux. Elle a pris un engagement au nom des populations qu’elle représente dans l’accord qu’elle a signé. Cet engagement, même s’il n’a pas l’adhésion de tous, la CMA fera en sorte de l’honorer ».

À Kidal, il est notoire que les populations suivent toujours la décision des chefs. Pour autant, est-ce que cela marchera ? « Ça dépend. Le gouverneur sera là-bas sécurisé par les forces de la CMA. Donc la CMA joue le rôle de la force publique et celle de l’État. Si l’État ne veut exister que par procuration, ça marchera un temps, mais ça ne va pas tenir », objecte une humanitaire basé à Kidal. « Cette installation peut être le début d’une nouvelle dynamique positive, qui risque d’être aussi influencée par des troubles ou des affrontements sur le terrain. Mais il y a quand même le début d’une nouvelle dynamique » admet un officiel malien sous couvert d’anonymat.

Autre élément de réponse qui penche en faveur d’un retour facilité de l’administration, la ferveur des entreprises de BTP à Kidal, qui voient dans la mise en œuvre de l’Accord des contrats juteux, avec tous les marchés qui ne manqueront pas de tomber. « Ça se joue aussi au niveau économique, avec toutes les reconstructions qu’il y aura. Ces marchés seront généralement attribués aux entreprises de BTP des différents chefs de la CMA et de quelques combattants. Ils bénéficieront de ces retombées sans les partager avec les autres entrepreneurs de la Plateforme. Ça motive leur volonté d’un retour de l’État et de l’administration. Ce qui est recherché, c’est le contrôle du terrain, mais aussi de capter les dividendes de la paix », souligne avec malice cette source proche des mouvements armés.

 

 

Giresse démissionne !

 

Critiqué pour ses choix qui impactent les performances de l’équipe du Mali, le sélectionneur Alain Giresse a démissionné de son poste de sélectionneur du Mali.

Les supporteurs le réclamaient, Alain Giresse s’est exécuté. Le tant décrié sélectionneur des Aigles, a démissionné de ses fonctions à seulement deux mois de la fin de son contrat. « Il m’a remis sa lettre de démission hier (mercredi 6 septembre) » confirme le président de la fédération malienne de football. La vindicte des supporteurs dont une grande frange a boycotté le match du mardi 5 septembre face au Maroc, et les piètres prestations de l’équipe ont finalement eu raison du français, qui sort par la plus petite des portes.

Héros à zéro En 2010, Alain Giresse prend les rênes de la sélection nationale, après avoir réalisé de belles choses sur le banc gabonais. Lors de la CAN 2012, il termine sur le podium avec une équipe séduisante. Une première pour le Mali, depuis 1972, dès lors naissent des espoirs grandeur nature pour cette équipe. L’équipe et le sélectionneur sont accueillis en rock-star à leur retour à Bamako. La même année, suite à des problèmes avec la fédération malienne de football, il décide de ne pas renouveler son contrat, et quitte donc son poste d’entraîneur. Les supporteurs qui vivent mal cette décision, le soutiennent et prennent à parti la FEMAFOOT. Il revient en 2015, après une expérience ratée au Sénégal. Le retour de l’enfant prodigue. Un come-back totalement manqué, puisque d’année en année, les performances de l’équipe ne cessent de décliner. Lors de la CAN 2017, le Mali est éliminé dès le premier tour, avec un seul but marqué et aucune victoire. Pour les qualifications à la Coupe du monde 2018, le Mali est dernier de son groupe, avec zéro victoire au compteur, et des performances indignes. L’équipe s’est même pris un 6-0 face au Maroc, un tel écart n’était plus arrivé aux Aigles depuis 30 ans. Déjà, après la CAN 2017, la fédération avait tenté de le faire partir, mais le ministère des sports, qui paye Giresse, ne pouvait pas s’aligner sur les indemnités de départ du français. Cette fois-ci, c’est l’intéressé lui-même qui a décidé de s’en aller, enlevant une épine du pied à tous.

 

 

Gao : La population mécontente de Barkhane

Ces derniers jours, les populations de Tacharane et d’Arhabou dans la commune de Gounzoureye, le long du fleuve Niger sont en colère à cause des opérations de la force Barkhane. A Gao ville également, les bruits d’explosion venant du camp de la force française. Ils dénoncent la proximité des exercices réguliers que mènent les troupes cantonnées dans la zone et leur impact sur les habitations.

Depuis quelques jours les patrouilles aériennes de la force Barkhane s’intensifient le long du fleuve Niger en allant vers Ansongo. Une nouvelle stratégie que la force anti-terroriste aurait adopté pour sécuriser l’axe Gao-Ansongo-Ménaka. Sur cet axe, notamment entre Ansongo- Ménaka, le banditisme s’est accru sur fond d’insécurité chronique. Les transporteurs et les passagers sont quasi quotidiennement braqués et dépossédés de tous leurs biens. Quelques jours avant la fête de Tabaski, des passagers allant à Ménaka ont ainsi été dépouillés par des malfrats. A travers ces  surveillances aériennes, Barkhane veut dissuader les bandits de circuler librement sur ces tronçons. Une initiative à saluer en effet.

Mais dans les localités de Tacharane et Arhabou, près de la ville de Gao, les  habitants se plaignent des inconvénients de cette action. Et particulièrement du bruit des appareils qui selon eux volent à basse altitude.  Moussa Boureima Maiga, porte parole des jeunes patrouilleurs de Gao,  se demande pourquoi ces avions survolent si près des populations, «  ils peuvent percuter des choses, c’est un danger » craint-il. D’après les témoignages d’un habitant à Gao, ces « avions larguent des soldats au bord du fleuve,  retournent à  Gao, puis reviennent pour les récupérer ». En plus du danger qu’ils représentent, ces exercices causent un grand bruit  qui provoque un désagrément auprès des populations. A Gao, «  chaque matin ils font exploser des engins à proximité des habitations, on ressent la force de l’explosion en ville, c’est dangereux pour les maisons. Même le deuxième jour de la fête il y a eu plusieurs explosions, avant-hier aussi »  témoigne Moussa Boureima.

La présence constatée ces dernières semaines des soldats de Barkhane et des matériels  laissent prévoir une intensification des manœuvres dans les jours à venir. Bharkane aurait même prévu d’installer une base à Ménaka pour contrôler le long de la frontière malienne avec   le Niger où des terroristes sévissent en toute tranquillité.  Pour minimiser les effets négatifs de cette action somme toute bénéfique pour la population de la région et les usagers des routes qui la traversent, les leaders des jeunes ont rencontré les responsables de la force pour attirer leur attention. Il a été question des conséquences sur  la tranquillité des habitants. Des responsables de Barkhane auraient par ailleurs passé l’information dans les radios pour faire comprendre à la population l’objet de ces détonations.

 

Recette pour la Tabaski : Le Navarin de mouton

Pour la Tabaski prévue pour ce 1er septembre 2017, que préparer d’originel chez soi ? Inoussou Traoré, malien  âgé de 35 ans, chef cuisinier formé chez le chef étoilé français Joel Robuchon, nous dévoile la recette du  « navarin de mouton » un plat facile à faire, avec la viande du mouton, pour régaler la famille et les amis pour la fête de Tabaski.

Navarin de mouton :

Recette pour 6 personnes

2kg de viande

3 oignons ciselés

5 poivrons rouge émincé

5 poivrons jaune émincé

5 poivrons vert émincé

250 cl d’huile végétal

250 grammes de concentré de tomate

3 tomates fraîches couper en cube

2 têtes d’ail écrasé

2 litre d’eau

7 cubes de bouillon de volaille

Thym, laurier

Pour la réalisation:

1/ Faire rôtir la viande (puis la laisser reposer)

2/Faire revenir les oignons et mélanger avec les poivrons au moment de la coloration des oignons

3/Mettre dans les 2 litres d’eau les cubes de volaille et le concentré de tomate et les têtes d’ail faire bouillir le tout

4/Pressez 2 citron jaune et une orange dans le bouillon

5/Mettre la viande dans une sauteuse et incorporer le bouillon à la viande et cuire à feu doux pendant 1h30 et rajouter les oignons et les poivrons à la fin et laisser cuire 30 min à feu doux toujours. Cette recette peu être accompagner de pomme de terre ou de riz.

Bon appétit.

1ère cotation de l’emprunt obligataire au Mali : Une grande réussite

Le Mali a abrité une cérémonie sur la 1ère cotation de l’emprunt obligataire du pays. En présence de nombreux invités dont le directeur général de la BRVM Edoh Kossi Amenouve, les acteurs de cet emprunt ont présenté les résultats de l’opération.

« Le fait de tenir cet événement à Bamako revêt une importance toute particulière. Tout d’abord cela contribue à vulgariser et démocratiser les instruments des marchés financiers auprès du public malien et de mieux faire connaître la BRVM et les nombreuses opportunités d’investissement qu’elle offre » fait savoir Amadou Cissé, directeur général de la société de gestion et d’intermédiation du Mali (SGI-Mali) dans son allocution.

Après le succès retentissant du premier emprunt obligataire de son histoire en 2016, le Mali a lancé en avril 2017, un nouvel emprunt obligataire sur le marché financier de l’UEOMA et ce, dans le but de lever 100 milliards de FCFA pour le financement de projets notamment, la construction de routes et des aménagements agricoles. « En quelques mois, nous avions eu 102 milliards, nous avons donc décidé d’arrêter, ceci démontre encore une fois la confiance des investisseurs en notre pays » confie le DG de la SGI-Mali. C’est sa structure qui a été mandaté par la direction nationale du trésor public et de la comptabilité pour conduire l’opération de mobilisation des fonds. « La réussite de ces emprunts réside dans le fait que nos finances publiques sont désormais assainies, c’est pourquoi nous avons autant d’investisseurs, nous devons garder cette crédibilité » explique le directeur national du trésor public et de la comptabilité Amadou Baba Cissé. Le pays est en tête des principaux souscripteurs (71%) et les institutions financières ont été les principaux (banques et assurances) souscripteurs de cet emprunt obligataire au Mali. Cissé a tenu à « féliciter » l’association des professionnelles de banque et des établissements financiers (APBF).

 

La Belgique réaffirme son engagement au Mali

Le vice premier ministre et ministre des Affaires Etrangères Belge a séjourné au Mali du 28 au 29 août 2017. L’occasion de renforcer la coopération bilatérale entre les 2 pays et aussi de solliciter le soutien du Mali à la Belgique pour l’obtention d’un siège non-permanent au Conseil de Sécurité.

Cette visite de 2 jours qui est la deuxième visite officielle du ministre belge Mr Didier Reynders, a été marquée par les rencontres avec les plus hautes autorités du pays, en l’occurrence le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, mais aussi des visites sur le terrain à Koulikoro où le ministre a rendu visite aux militaires européens et maliens du camp militaire de cette région. Sur le plan sécuritaire, environ 200 soldats belges sont présents sur le sol malien et ce sont des Généraux de l’armée belge qui commandent les troupes de la MINUSMA et de l’EUTM (la mission européenne de formation de l’armée malienne).

Le ministre malien des affaires étrangères Mr Abdoulaye Diop, souhaite en tout cas la poursuite de cet « accompagnement de la Belgique, aussi sollicité dans le cadre du soutien européen pour l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel », selon le ministre. Et la tenue à Bruxelles à la mi-décembre de la conférence des donateurs, préconisée par la résolution 23-59 du conseil de sécurité est, à cet effet, une bonne occasion.

Le ministre belge a, quant à lui, annoncé la signature de plusieurs accords bilatéraux dans le domaine du transport aérien et de la défense. « Nous allons appuyer toutes les initiatives car nous sommes convaincus qu’il faut rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire en sachant que les zones frontalières sont particulièrement délicates avec leur lot de trafics », a indiqué Mr Reynders.

Outre la lutte contre le djihadisme au Sahel, la crise migratoire est également l’un des sujets d’intérêt commun entre la Belgique et le Mali, pays de migration.

Sur la candidature belge au Conseil de Sécurité, le ministre malien des Affaires étrangères Mr Abdoulaye DIOP, a réaffirmé que le soutien du Mali ne fera pas défaut.

Le ministre belge a annoncé, au cours de sa visite, que l’actuel bureau diplomatique de la Belgique serait prochainement élevé au rang d’ambassade. Après l’étape malienne, le ministre Belge a poursuivi sa visite au Tchad où il s’est rendu les 29 et 30 août 2017.

Des pluies torrentielles font des ravages au Niger

Depuis le mois de juin, des pluies torrentielles s’abattent sur le pays faisant au passage de nombreux dégâts et de nombreuses victimes. Un dernier bilan communiqué par les autorités du pays fait état de 44 morts et 77 225 sinistrés.

Le bilan s’alourdit au Niger suite aux pluies torrentielles qui s’abattent sur le pays depuis juin. A la mi-juillet l’ONU avait estimé à 23 le nombre de morts et aussi 19 459 sinistrés. « Nous totalisons 44 pertes en vies humaines et le nombre de sinistrés est de 9 523, soit 77 225 personnes concernées » a précisé le directeur de la protection civile nationale le 30 août dernier à la radio. Sur les 44 morts, 41 ont péri dans l’effondrement de leurs habitations et trois sont décédés par noyade. En fin de semaine dernière (dimanche 27 août), les autorités nigériennes ont appelé des milliers d’habitants de Niamey à évacuer leurs maisons, menacées par une montée des eaux. Elles ont demandé aux sinistrés de se reloger temporairement dans les écoles. Les fortes pluies ont également détruit plus de 8000 habitations. Outre les dégâts matériels et les pertes en vies humaines, 4360 têtes de bétails ont également été décimées par les eaux, des champs de céréales, des vergers et des routes ont également été détruits.

Face à l’urgence de la situation, le pays et ses partenaires avaient ‘’élaboré’’ un plan de soutien’’ de 6,5 millions de dollars. En 2016 déjà, au moins 50 personnes avaient péri dans des inondations qui avaient touché 145.000 personnes, notamment dans les régions désertiques de Tahoua et d’Agadez.

 

Ouragan Harvey : lourd bilan humain et matériel au Texas

Le Texas, déjà meurtri par la découverte des corps de six membres d’une même famille, craint désormais que la décrue après le passage de Harvey ne révèle plus de morts et des dégâts d’une ampleur gigantesque, qui prendront des années et des milliards de dollars à réparer.

Trente-trois personnes ont déjà trouvé la mort depuis que le sud du Texas a été frappé vendredi soir par des pluies torrentielles, qui ont provoqué l’évacuation de dizaines de milliers de personnes.

Le décès de dix personnes a été confirmé dans plusieurs comtés du sud-est du Texas, tandis que 23 décès supplémentaires « sont potentiellement liés à Harvey », a annoncé le bureau des médecins légistes de Harris, le comté qui comprend la ville de Houston.

L’Amérique a été ébranlée par la macabre découverte de six membres d’une même famille, portés disparus depuis dimanche, et retrouvés morts dans leur camionnette submergée mercredi.

Inondations au Texas © Gal ROMA AFP
Inondations au Texas © Gal ROMA AFP

Parmi eux se trouvaient quatre enfants, âgés de six à 16 ans, qui étaient accompagnés de leurs arrière-grands-parents.

« Nos pires peurs se sont réalisées », a annoncé le shérif du comté d’Harris Ed Gonzalez lors d’une conférence de presse.

Alors que l’eau commence à se retirer à Houston, après que 41 trillions de litres se sont abattus en cinq jours sur l’Etat du Texas, les autorités craignent maintenant de retrouver d’autres corps de personnes coincées par la montée des eaux.

Couvre-feu sur la ville de Houston, après le passage de la tempête Harvey, le 29 août 2017 © Brendan Smialowski AFP
Couvre-feu sur la ville de Houston, après le passage de la tempête Harvey, le 29 août 2017 © Brendan Smialowski AFP

La Maison Blanche a annoncé que le vice-président Mike Pence se rendrait jeudi au Texas pour rencontrer des personnes évacuées, chose que le président Donald Trump, n’a toujours pas faite.

Risques d’explosion

Outre les pertes humaines, l’Etat est concerné par les dégâts matériels causés par Harvey, qui pourraient s’élever entre 30 et 100 milliards de dollars, selon l’agence Bloomberg.

Inondations sans précédent à Houston © Laurence CHU AFP
Inondations sans précédent à Houston © Laurence CHU AFP

Surtout, une usine chimique du groupe français Arkema située à Crosby est confrontée à des risques catastrophiques pouvant aller jusqu’à une explosion, après les inondations qui ont touché le site.

« Nous nous préparons à Crosby à ce que nous estimons être un scénario du pire », a indiqué Kenneth Rowe, le PDG de la filiale américaine du groupe.

Arkema, qui fabrique des peroxydes organiques sur ce site, avait indiqué mardi soir que les produits chimiques qui y étaient stockés devaient être réfrigérés, mais que l’électricité avait été coupée par les pluies torrentielles et les générateurs de secours noyés.

Le Texas, importante région pétrolière, craint également de voir son économie handicapée, alors que 15 raffineries de la région, comptant pour 20,9 % des capacités totales de raffinage aux Etats-Unis, étaient fermées ou en cours de fermeture mercredi.

‘Aller de l’avant’

Une rue inondée de Houston après le passage de la tempête Harvey, le 29 août 2017, au Texas © Brendan Smialowski AFP
Une rue inondée de Houston après le passage de la tempête Harvey, le 29 août 2017, au Texas © Brendan Smialowski AFP

Certains résidents ont commencé à quitter les abris pour rentrer chez eux, et le nombre de personnes privées d’électricité a également été réduit à 59.000.

Plusieurs autoroutes ont également rouvert à la circulation, tout comme les deux principaux aéroports de la ville.

Des secouristes bénévoles évacuent des habitants d'un quartier inondé de Houston, le 29 août 2017, au Texas, après le passage de la tempête Harvey © Brendan Smialowski AFP
Des secouristes bénévoles évacuent des habitants d’un quartier inondé de Houston, le 29 août 2017, au Texas, après le passage de la tempête Harvey © Brendan Smialowski AFP

« J’espère que malgré la puissance de cette tempête, la ville de Houston va vite pouvoir redevenir comme elle était et aller de l’avant », a martelé le maire démocrate Sylvester Turner mercredi soir lors d’une conférence de presse.

Pluies sur New Orleans en Louisiane, le 29 août 2017 © Shawn FINK AFP
Pluies sur New Orleans en Louisiane, le 29 août 2017 © Shawn FINK AFP

Beaucoup de Texans, qui multiplient les actes de solidarité avec leurs voisins depuis la catastrophe, partageaient son optimisme.

« Ici, si vous voyez quelqu’un, vous allez le voir et vous faites ce que vous pouvez pour aider », a raconté à l’AFP Cynthia Guillory, 51 ans, une conductrice de camions originaire de Louisiane, qui s’est retrouvée coincée dans les inondations alors qu’elle rentrait de vacances.

« C’est normal au Texas. Tout le monde se rassemble autour d’une cause commune », a expliqué Bernard Redeo, un conducteur de train de 58 ans.

Des élans de solidarité similaires ont été observés à La Nouvelle Orléans, ville frappée par Katrina en 2005, et désormais également menacée par Harvey.

Donald Trump, le 29 août 2017 à Corpus Christi au Texas © JIM WATSON AFP
Donald Trump, le 29 août 2017 à Corpus Christi au Texas © JIM WATSON AFP

« On se sent liés aux gens qui sont là-bas », a expliqué à l’AFP Henry Cambre, ancien officier des garde-côtes à la retraite. « Les deux tempêtes sont similaires à bien des égards », a-t-il avancé. Harvey a retouché terre en Louisiane, mais La Nouvelle-Orléans, certes touchée par les pluies, échappe jusqu’ici aux inondations.

Caravane de la paix sur Kidal : le nouveau défi du mouvement ‘’Trop c’est Trop’’

Le mouvement ‘’Trop c’est Trop’’, après s’être illustré à travers des sit-in dénonçant l’immobilisme du gouvernement face aux problèmes sociaux, la position ambigüe de la France sur la question de Kidal et la récente victoire face à la révision constitutionnelle, explore un nouveau terrain : celui de la paix et de la réconciliation. Il compte à présent faire partir une caravane pour la paix jusqu’à Kidal le 23 septembre prochain. Un défi qui nécessite l’implication de toutes les parties signataires de l’Accord de paix.

Le mouvement ‘’trop c’est trop’’ n’est plus à présenter. Très actif depuis juillet 2016, le mouvement, qui au début n’était pas du tout populaire, ne cesse de s’imposer comme le porte-parole des populations maliennes. Ce fut l’un des premiers a organisé des manifestations contre la révision constitutionnelle. Plusieurs mouvements l’ont rejoint et ont finalement contraint le Président IBK à surseoir à ce projet qui faisait polémique. Pour le mouvement, des priorités existent, l’une d’elle est la réconciliation entre les Maliens. C’est pourquoi, il vont organiser une caravane pour la paix à Kidal qui quittera Bamako le 23 septembre prochain.

Le chargé de communication du mouvement, Malick Konaté, justifie la date du 23 septembre, le lendemain de la fête de l’indépendance du Mali : « Nous avons initié le 23 septembre pour une raison symbolique. La caravane aussi est pour consolider la paix et les liens sociaux entre les jeunes maliens. C’est le moment propice pour mobiliser l’ensemble de la population malienne surtout nous les jeunes pour aller vers une paix définitive » a-t-il expliqué.

Pour atteindre un tel objectif, pas de catimini. Un appel a été lancé à tous les citoyens maliens pour aider dans l’organisation de ce projet. «  Nous avons fait appel à tous les mouvements, à toutes les organisations qui souhaitent accompagner ce projet. Nous allons faire appel à toutes les parties signataires pour nous aider. Nous avons déjà été reçus par la CMA, pour les écouter, nous conseiller et avoir un appui financier auprès d’eux » soutient Malick Konaté.

Le porte-parole de la CMA, Ilad Ag Mohamed, a confirmé que le mouvement avait pris contact avec eux dans le cadre d’une « caravane de la paix qui a pour objectif de passer par Gao, Ménaka et Kidal ». Pour la CMA, l’action était salutaire, c’est pourquoi elle a aussi profité de l’occasion pour demander au mouvement de clarifier ses intentions. « Au départ c’était un mouvement qui était contre la CMA et qui a des accointances avec des milices pro-gouvernementales », souligne Ilad Ag Mohamed.Mais la CMA n’est pas contre cette initiative, «  Il faut que ce mouvement oeuvre réellement pour la paix, et la cohésion sociale » a martelé Ilad Ag Mohamed, «  Kidal n’est pas une ville fermée à qui que ce soit, n’importe qui peut prendre son véhicule aller à Kidal » mais « il y a certes des problèmes d’insécurité, liés aux enlèvements des véhicules ou on dépouille les personnes de leurs biens » reconnaît-il. Avec un budget prévisionnel de cinq cent à six cent millions de franc CFA, le mouvement compte sur la contribution surtout en nature, les matériels notamment. L’accompagnement de tout un chacun est sollicité par le mouvement. «  Cinq franc n’est pas petit et cinq mille francs n’est pas trop » souligne Malick Konaté. « Nous allons demander à la région de Kayes et Koulikoro de rejoindre les gens qui sont à Bamako pour prendre le départ ; les régions de Ségou, Sikasso iront à Mopti. C’est à Mopti que vont se rencontrer ces régions pour prendre départ là bas aussi pour Gao. Les régions de Tombouctou, Taoudeni et Ménaka viendront à Gao. C’est à Gao que le départ pour Kidal sera pris, on verra aussi si la jeunesse de Kidal viendra à Gao pour qu’on puisse aller à Kidal ensemble», détaille Malick Konaté. Les participants à cette caravane sont estimés, y compris les équipes techniques et médicales, à 1120 (mille cent vingt) personnes. Le mouvement ‘’trop c’est trop ‘’ est convaincu de l’utilité de cette initiative, qui n’a rien à voir avec la politique. « Après cinq ans, il y a une fracture entre nous les jeunes. Ils sont eux là-bas, nous aussi nous sommes là, on veut consolider les liens, s’asseoir et discuter et voir les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour leur apporter des solutions, ensemble » confie le leader du mouvement. Une fois à Kidal, les jeunes de toutes régions du Mali, pendant trois jours, organiserons des visites, colloques, des matchs de football et des rencontres diverses avec les notabilités, les jeunes etc. Toujours selon Konaté, il ne s’agit pas seulement de voyager pour voyager mais l’objectif c’est de voir le terrain « nous-mêmes » et voir ce qu’il faut apporter.

L’aspect sécuritaire n’est pas en reste, et des mesures seront prises assure t-il, «  Nous n’allons pas faire de parti pris, nous allons demander le concours tout le monde, la MINUSMA, Barkhane, le gouvernement du Mali et les mouvements signataires de l’Accord d’Alger ». Bien que prudent pour le moment le porte-parole de la CMA, insiste sur la clarification du projet car «  il nous faut savoir la lecture même de ce mouvement par rapport à l’Accord de paix » disait-il. « Aujourd’hui, un mouvement qui s’inscrit à l’encontre de l’Accord de paix n’est pas le bienvenu à Kidal », a-t-il fait remarquer. «  la CMA où qu’elle se trouve peut apporter quelque chose, notamment l’accompagnement des forces qui se montreraient disponible pour la sécurisation de la caravane, que ce soit la MINUSMA, Barkhane ou même les FAMas si c’est possible ; avec la plateforme cela serait un peu difficile dans la mesure où on n’est pas parvenu à un cessez-le-feu encore » indique Ilad Ag Mohamed. Aussi la CMA pourrait faciliter sur le plan politique et social, les contacts avec les populations locales.

Pour l’heure, le mouvement est à pied d’œuvre pour réunir les conditions à la tenue de cette caravane nationale. Une initiative visant selon les organisateurs a apporté leur pierre à l’édifice de la résolution des conflits et de la réconciliation au Mali.

Vous avez dit « Tabaski » ?

L’Aïd el-Kébir la grande fête, de son vrai nom Aïd-al Adha, c’est à dire la fête du sacrifice, sera célébrée par les Maliens le 1er septembre 2017.C’est  une fête qui commémore l’alliance d’Ibrahim avec Dieu. Pour autant, beaucoup de Maliens ne savent pas d’où vient le mot « Tabaski », petit éclairage.

Le mot Tabaski serait emprunté d’une langue sénégalaise qui est le sérère, une langue parlée au Sénégal ainsi qu’en Gambie. Le mot a connu un grand succès dans les pays du sahel du Sénégal au Tchad, en passant par le Mali, le Burkina le Niger, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Nigéria, et le Cameroun. Le mot aurait rayonné jusqu’au Mali parce que les Wolofs ont adopté l’islam dès le XIe siècle et que le Sénégal, pays d’importance dans colonisation française, a été le pôle de référence de la région pendant plusieurs siècles.

La Tabaski c’est une fête qui est  marquée traditionnellement par l’immolation

D’un mouton, voire d’une chèvre ou d’un veau seuls les chevaux, les ânes et les chameaux ne peuvent être sacrifiés.

La fête, qui a lieu le dixième jour de dhou l-hijja, le douzième mois du calendrier de l’Hégire, soit cinquante jours après la fin du ramadan, signe la fin du pèlerinage après waqfat Arafa, ou station sur le Mont Arafat  à La Mecque.

Si le rite est à peu près le même dans toute l’immensité du monde musulman, les appellations de cette fête sont très variables.

Les Maghrébins, l’appellent Aïd el-Kebir grande fête. En Asie, on parle de Bayram alors qu’au Mali c’est la Tabaski.

Les leçons de l’échec de la révision constitutionnelle au Mali

Sans soutien populaire, la mise en œuvre de l’accord pour la paix ainsi que les réformes au Mali n’auront pas d’effets stabilisateurs.

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a finalement décidé, le 18 août dernier, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision de la Constitution. Cette décision a été prise sous la pression d’une partie de la classe politique et de la société civile, réunies au sein de la Plateforme « Antè Abanna », qui signifie « On ne veut pas, c’est tout » en langue nationale Bambara.

Elle est intervenue dans une atmosphère tendue après des semaines de violence verbale entre partisans et opposants au projet, alors que la réconciliation et l’unité nationales demeurent fragiles dans ce pays  qui traverse une crise sécuritaire depuis 2012.

« Les chefs traditionnels et religieux ont joué un véritable rôle d’amortisseurs sociaux »

Pour le gouvernement, la réforme constitutionnelle répond à trois exigences principales : tirer les leçons de la crise sécuritaire qui a débuté en 2012 ; corriger les lacunes et les insuffisances révélées par l’application de la Constitution ; et mettre en œuvre les réformes prévues dans l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, signé en 2015.

La plateforme « Antè Abanna », quant à elle, estime que la révision envisagée non seulement augmente considérablement les pouvoirs du président de la République, mais viole également l’article 118 de la Constitution de 1992 qui interdit notamment toute révision en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale. Or, pour la plateforme, l’absence de l’État dans la région de Kidal et certaines localités du Centre constitue une atteinte à l’intégrité territoriale du pays.

La décision du président, à court terme, a contribué à apaiser le climat social. Cependant, le débat autour de la révision constitutionnelle a révélé de profondes dynamiques sociales auxquelles les autorités maliennes et leurs partenaires devraient être attentifs. Trois aspects en particulier méritent leur intérêt.

« Les arguments en faveur de la mise en œuvre de l’accord laissent encore certains Maliens dubitatifs »

Premièrement, cet échec illustre le fossé existant entre les attentes des Maliens et l’action publique. Pour rappel, l’installation du Parlement malien, à la suite de l’élection législative de décembre 2013, avait marquée une étape cruciale dans le processus de sortie de crise du pays. L’une des principales préoccupations des populations étaient de voir cette institution, longtemps perçue comme une « caisse de résonance » du gouvernement, jouer un rôle plus déterminant dans le processus législatif. L’action du Parlement était donc très attendue dans la mise en œuvre des réformes envisagées.

Or, le 3 juin 2017, avant la décision du président, le Parlement avait adopté le projet de révision de la Constitution avec 111 voix pour et 35 contre. L’Assemblée nationale, alors même qu’elle disait avoir mené des consultations, n’avait pas su prendre la mesure des réticences et des réserves face à cette révision constitutionnelle mettant ainsi en perspective sa déconnexion des attentes de nombreux Maliens.

Deuxièmement, la polarisation de l’opinion publique nationale entre le « oui » et le « non » à cette réforme avait fini par créer une tension palpable dans la population. Pour apaiser le climat, les chefs traditionnels et religieux ont joué un véritable rôle d’amortisseurs sociaux en entamant une médiation qui a abouti au sursis du projet de révision.

« La réconciliation et l’unité nationales demeurent des défis majeurs dans ce pays en proie à une crise sécuritaire depuis 2012 »

Le rôle de ces derniers serait passé inaperçu si, au cours du débat sur la révision de la Constitution, leur participation aux instances de gouvernance du pays n’avait pas été mentionné, notamment en ce qui a trait au Sénat dont la création est proposée dans le projet de révision. Il est important, après cet épisode, de s’interroger sur les conséquences de l’institutionnalisation à un niveau politique du rôle de ces autorités traditionnelles.

Troisièmement, la révision constitutionnelle, malgré qu’elle soit présentée par le président de la République et le gouvernement comme une « exigence » de l’Accord pour la paix et la réconciliation, fait l’objet de contestations populaires. Ces manifestations ont rappelé celles, réprimées dans la violence, qui se sont déroulées à Gao, en juillet 2016, lors de la mise en place des autorités intérimaires, également prévue par l’accord.

À la suite de ces événements, le président de la République avait déclaré, en juillet 2016, que « ces incidents regrettables (Gao, NDLR) sont une illustration manifeste d’une méconnaissance des aspects féconds du contenu de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ». Ce constat témoigne du fait que, même s’il y a eu très peu de contestations ouvertes au moment de sa signature, les arguments en faveur de la mise en œuvre de l’accord  laissent encore certains Maliens dubitatifs. Il rappelle également qu’une phase de pédagogie et d’explication de l’accord demeure indispensable.

Le gouvernement ainsi que les parties prenantes peuvent prendre les dispositions pour l’application des réformes législatives en attendant que les conditions soient réunies pour la révision de la Constitution qui s’impose, au-delà des « exigences » de l’accord pour la paix.

L’annonce du sursis de la révision constitutionnelle, sans qu’une nouvelle date n’ait été fixée, et les clivages majorité / opposition, « oui » / « non » dans le débat autour du projet ont rappelé certaines limites du processus de paix au Mali, notamment l’absence d’appropriation populaire pourtant nécessaire à sa réussite.

La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation ainsi que les réformes qui en découleront sont nécessaires, mais elles ne pourront avoir un effet stabilisateur que si la population y adhère.

Il incombe non seulement aux parties signataires, mais aussi aux autorités maliennes et aux partenaires engagés dans le processus de paix, d’impliquer davantage toutes les sensibilités de la société malienne dans les différentes mesures envisagées et ce, dès leur conception.

Cet article est d’abord paru sur le site de l’Institut d’études de sécurité

 

Quarante pays africains pour un pacte mondial des migrations

Quarante pays africains se sont retrouvés les 28 et 29 août 2017 à Bamako dans le cadre des consultations africaines sur le pacte mondial des migrations. L’objectif était d’aboutir à une position commune du continent sur la question des migrations.

Environ 50 organisations de la société civile du continent ont participé à ces consultations. Les thèmes abordés étaient relatifs aux causes profondes des migrations, aux facteurs de la mobilité en Afrique (la pauvreté, les conflits ou les changements climatiques…), les questions de droit de l’Homme, d’inclusion sociale, d’intégration et aussi les questions relatives à la xénophobie et au racisme entre autres. Il faut rappeler que 80% de la migration en Afrique se fait entre pays africains. Raison de plus pour le ministre malien des Affaires étrangères, Mr Abdoulaye DIOP, « (…) pour que l’Afrique puisse parler d’une seule voix et voir comment faciliter la migration au sein du continent (…) et aussi que la migration ne soit pas seulement perçue comme un problème mais surtout aussi comme une opportunité ».

Le Pacte Mondial sur les Migrations Sûres Ordonnées et Régulières (PMM) est né du sommet de haut niveau sur les Réfugiés qui s’est tenu le 19 septembre 2016 à New York. Pour la première fois les chefs d’État et de gouvernement du monde se sont réunis à l’ONU pour améliorer la coopération et la gouvernance autour des questions de migration et des réfugiés. A l’issue de ce sommet, 193 États se sont engagés à négocier un pacte mondial sur la question migratoire

Parmi ces engagements figurent la protection de la sécurité et de la dignité de tous les migrants quel que soit leur statut migratoire et à tout moment.

Un pacte qui doit être élaboré à travers un processus inclusif impliquant, la société civile, les institutions comme l’OIM (Organisation Internationale Des Migrations). La résolution invite notamment les commissions économiques régionales (CER) en collaboration avec l’OIM notamment d’engager les discussions avec les États et les parties prenantes afin de contribuer aux processus préparatoires et d’inventaire du Pacte Mondial.

Pour ce qui concerne le Continent, la Commission Économique et Sociale pour l’Afrique (CEA), se réunira du 18 au 20 octobre 2017 à Addis Abeba avec les experts de toutes les sous-régions.

Presse écrite au Mali : « Il faut sortir les journalistes de la précarité si vous ne voulez pas recevoir de la propagande »

Le centre d’étude et de renforcement des capacités d’analyse et de plaidoyer (Cercap) a présenté mardi 29 août son rapport sur l’état de la presse écrite au Mali. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas reluisant. Abdoulaye Shaka Bagayogo, expert macro-économiste au Cercap nous explique les grandes lignes de ce rapport.

Qu’est ce qui a motivé ce rapport ?

Il y a très peu de données économiques sur l’état de la presse écrite au Mali. Par données économiques, nous entendons la richesse créée, les emplois, les rémunérations, la distribution, également le lectorat, il n’y en a quasiment pas. Ce sont des éléments qui sont indispensables quand il s’agit de prendre des décisions du côté des acteurs de la presse ou en interaction avec le pouvoir. Pour commencer à combler ce vide, nous avons eu l’idée de faire ce travail qui permettrait de dresser le portrait des entreprises de presse, et également d’en tirer des leçons, des recommandations qui pourraient intéresser les décideurs. C’est là l’idée de base qui nous a motivés à faire ce rapport.

Quelles sont les grandes lignes du rapport ?

Vous avez des informations sur l’ensemble de la presse écrite au Mali, quand je dis l’ensemble, c’est vraiment l’ensemble. Nous avons procédé à un recensement de tous les organes de presse, à la suite de cela, par rapport à nos préoccupations, nous leur avons adressé un questionnaire, dont le traitement nous a permis de connaître les effectifs des journalistes, leurs statuts, c’est-à-dire ont–ils des contrats (oraux ou écrits), leurs rémunérations, le nombre d’exemplaires vendus, le tirage, le niveau d’équipement, sont-ils propriétaires de leurs locaux, louent-ils ou sont-ils hébergés gratuitement et également le bilan financier, ce sont ces informations qui sont présentes dans le rapport. Cela nous permet de dresser un portrait-robot de la presse écrite au Mali. Un ensemble de questions relatives à la vie économique de la presse et tous ces résultats sont consignés dans le rapport.

Il y a une certaine omerta lorsqu’il s’agit de divulguer des informations sensibles, pensez-vous que ces patrons de presse ont réellement fait preuve de bonne foi ?

Beaucoup d’entre eux ne disposent même pas d’une comptabilité simplifiée et donc même s’ils sont de bonne foi, il leur sera difficile de fournir des informations exactes. D’autres étaient réticents à reconnaître qu’ils ne payaient pas leurs employés, ou encore les journalistes qu’ils emploient ne disposent pas de contrat. Il y en avait d’autres qui surestimaient le nombre de leurs employés, mais nous avons travaillé, dans un sens, de manière journalistique. Nous avons été épaulés par des journalistes, dont le premier à trente ans d’expérience dans le métier et le second au moins une dizaine d’années. Ils connaissent pratiquement tous les organes et grâce à leurs connaissances approfondies du milieu, nous avons pu recouper les informations et en les croisant nous nous sommes rendus compte que certaines n’étaient pas vraies donc nous avons pu les corriger.

Le tableau de la presse que dresse le rapport est assez inquiétant. 60% des organes de presse seraient déficitaires, qu’est qui explique cet état de fait ?

Sur ce plan, nous ne sommes pas allez trop en profondeur, enfin d’une manière simplifiée, nous pouvons dire que les revenus ne servent pas à couvrir les dépenses et pourtant le journal vit, cela veut dire qu’ils ont sûrement d’autres revenus qui ne sont pas déclarés. Et ces revenus non déclarés proviennent souvent de ce que les journalistes eux-mêmes appellent la prédation, qui consiste à faire les louanges d’une personne moyennant argent, ou à attaquer des personnes sur commande, aucun journaliste qui s’adonne à de telles pratiques ne s’en vanteraient. Ce sont ce genre de ressources qui arrivent à combler les journaux qui sont structurellement déficitaires mais qui continue à paraître.

Quels sont les problèmes récurrents auxquelles la presse écrite doit faire face ?

La presse à un moment est devenue un fourre-tout. Toute personne qui a la capacité d’écrire s’y installe et fait des sous en faisant de la prédation. Il y a eu un moment, c’est encore le cas, où les articles qui se terminaient par « à suivre » n’étaient en fait que des menaces implicites. Le journaliste laissait même son numéro à la fin, pour que la personne visée puisse faire cesser « ses attaques’’ en échange d’argents. Beaucoup de gens sont également entrés dans le métier, car il ne voulait pas rester oisif après leurs études.

Avec l’avènement de nouveaux supports, la presse écrite est-elle encore viable ?

L’informatique a changé la manière dont on consomme la presse écrite. Nous sommes un pays à forte tradition orale, cela signifie que l’on aime utiliser un certain langage lorsque l’on parle. Écouter une personne nécessite moins d’effort que de lire et d’interpréter soi-même. Là où la presse écrite ne disparaîtra pas, c’est que l’essentiel des informations diffusées au Mali et sur Internet ou dans les radios, sont des reprises de la presse écrite, donc si elle disparaît, ce sont les sources des radios ou des sites internet qui vont disparaître, il y aura donc du changement aussi bien pour la radio que pour Internet.

Quelle est l’alternative ?

Il faut que les syndicats de journalistes s’organisent pour l’application de la convention collective des journalistes. Cela aura pour effet d’en sortir plusieurs de la précarité. Il faut sortir les journalistes de la précarité si vous ne voulez pas recevoir de la propagande. Le gouvernement du Mali doit réfléchir de manière stratégique pour qu’il y ait de grands groupes de presse au Mali, capable de racheter ces journaux ou d’employer ces journalistes. De grands groupes qui par la qualité de leur analyse feront disparaître tous les autres. Des groupes qui auront également vocation à dominer le marché sous-régional. L’État est le principal bailleur de la presse au Mali, il faut donc qu’il commence à rationaliser la gestion de ses abonnements, de ses contrats. Il faut que l’État mette en place des incitations fiscales, il faut qu’il sépare sa fonction de régulation de fonction de propagande pour les partis qui sont au pouvoir.

 

 

Plus de deux millions de musulmans en pèlerinage à La Mecque

Plus de deux millions de musulmans venus des quatre coins du monde ont entamé mercredi le grand pèlerinage à La Mecque: un parcours en plusieurs étapes qui se déroule au coeur de la première ville sainte de l’islam et dans ses environs.

Les autorités saoudiennes ont mobilisé d’importants moyens, dont 100.000 membres des forces de sécurité, et se sont dites prêtes à parer à toute éventualité alors qu’il y a deux ans, une gigantesque bousculade avait fait près de 2.300 morts.

A l’aube, l’effervescence est déjà palpable sur l’esplanade de la Grande mosquée. Chacun se prépare à rallier Mina, à cinq kilomètres à l’est de La Mecque.

Valises prêtes et scellées, des pèlerins attendent leur bus sur un trottoir. D’autres accomplissent le tawâf, les sept tours rituels autour de la Kaaba. La Kaaba est cette construction cubique enveloppée d’une lourde étoffe de soie noire brodée au fil d’or de versets coraniques. C’est dans sa direction que les musulmans du monde entier se tournent pour prier et autour de laquelle les pèlerins effectuent le tawâf.

Des pélerins musulmans à proximité de la Kaaba, à La Mecque, le 28 août 2017 / AFP

Des pélerins musulmans à proximité de la Kaaba, à La Mecque, le 28 août 2017 / AFP

Nour, une Saoudienne de 30 ans, presse le pas, le souffle court. « Je dois encore finir le tawâf » avant de rejoindre Mina, lâche-t-elle sans marquer de pause.

Risvana, elle, semble plus apaisée. Assise sur une chaise pliante au milieu de l’esplanade, elle berce son bébé de six mois avec lequel elle compte effectuer le pèlerinage. « J’ai tout prévu pour lui », dit la jeune maman en montrant une bouteille d’eau dépassant de son sac.

« Chaque fois, ce sont de nouvelles émotions », lance de son côté Tidjani Traoré, consultant dans la fonction publique originaire du Bénin.

Au fil des ans, « il y a eu des innovations en terme d’organisation et d’accueil des pèlerins. Aujourd’hui, les tentes sont climatisées », ajoute-t-il en assurant effectuer son 22e pèlerinage à l’âge de 53 ans.

« priorité » à la sécurité

Le hajj / AFP

Le hajj / AFP

Sur l’esplanade de la Grande mosquée, appelée en arabe Masjid al-Haram (la mosquée sacrée), des brumisateurs rendent la chaleur plus supportable.

Assis à l’ombre d’arbres ou de ponts en béton armé, des fidèles attendent patiemment l’appel de la prochaine prière. D’autres, plus téméraires, poursuivent leur marche, protégés par un tapis de prière ou un petit parapluie fixé sur la tête par un bandeau élastique.

Plusieurs fois dans la journée, des équipes bien rodées d’employés, majoritairement asiatiques, nettoient l’esplanade, à coups de jets d’eau.

Cette année, le pèlerinage est marqué par le retour des fidèles iraniens, absents l’an dernier.

La bousculade meurtrière de 2015 avait fait 464 victimes iraniennes et, quelques mois plus tard, Ryad et Téhéran avaient rompu leurs relations après l’exécution d’un dignitaire chiite en Arabie et l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes en Iran.

« Assurer la sécurité des pèlerins est notre priorité », a insisté mardi le général Mansour Al-Turki, porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Le hajj intervient aussi dans un contexte de crise diplomatique entre l’Arabie saoudite et ses alliés d’un côté, et le Qatar de l’autre. Les premiers reprochent au petit émirat gazier son soutien à des groupes extrémistes et son rapprochement avec l’Iran, grand rival régional de Ryad.

Le boycott imposé au Qatar depuis le 5 juin, qui comprend notamment la fermeture des liaisons maritimes et aériennes, a empêché de nombreux Qataris de venir au hajj cette année, même si Ryad a assoupli les conditions d’entrée par la voie terrestre à deux semaines du pèlerinage.

En fauteuil roulant 

Le grand rassemblement religieux intervient également à un moment où le groupe jihadiste Etat islamique (EI) recule dans ses fiefs irakiens et syriens mais continue à répandre la terreur, notamment au Moyen-Orient et en Europe.

A quelques pas de la Kaaba, Fatiya Taha, 67 ans, ne cache pas sa joie. « J’espérais faire ce pèlerinage depuis quatre ans », assure la doyenne d’un groupe d’Egyptiennes, enfoncée dans son fauteuil roulant.

Le moment fort du hajj aura lieu jeudi avec l’ascension du mont Arafat pour une journée de prières et d’invocations.

Avant même le début des premiers rites, les allées marchandes ne désemplissaient pas. Une jeune femme installée à la table d’un grand glacier prie, assise, les mains croisées posées sur les genoux.

Des effluves de musc embaument les allées. Gandouras, farachas et jellabas –tenues traditionnelles dans les pays d’origine des pèlerins– aux couleurs chatoyantes font fureur.

Le pèlerinage est incontestablement une source de revenus pour le royaume saoudien.

Le plan de réformes économiques « Vision 2030 », dessiné dans un contexte de chute du prix du pétrole, comprend l’essor du tourisme religieux. Selon des chiffres officiels, le nombre de pèlerins venus de l’étranger est en augmentation par rapport à 2016

Pourquoi la France a-t-elle imposé le franc CFA ?

Kémi Séba a été interpellé le 19 août au Sénégal pour avoir brûlé à Dakar, en public, un billet de 5 000 francs CFA (soit 7,60 euros). Son interpellation a relancé la polémique sur l’intérêt de conserver ou non l’usage du franc CFA dans les 15 pays d’Afrique centrale et de l’Ouest.

Créé officiellement le 26 décembre 1945 sous la France du Général de Gaulle, le franc CFA est aujourd’hui la dernière monnaie coloniale encore en activité. Quinze pays africains l’utilisent toujours et sont tenus de verser 50 % de leurs recettes d’exportation à la Banque de France. Un système monétaire régulièrement critiqué par des hommes politiques ou des économistes qui estiment qu’il freine le développement du continent.

 

Kémi Séba relaxé après avoir brûlé un billet de 5 000 francs CFA

Le polémiste français Kémi Séba a été acquitté mardi par un tribunal de Dakar, où il était poursuivi pour avoir brûlé un billet de 5.000 francs CFA lors d’une manifestation contre la « Françafrique » le 19 août dans la capitale sénégalaise.

A l’issue de plus de deux heures de débats parfois houleux, le président du tribunal des flagrants délits a prononcé la relaxe de Kémi Séta et d’un membre de son mouvement poursuivi pour complicité pour lui avoir fourni un briquet.

Le parquet avait réclamé une peine de 3 mois de prison avec sursis contre Kémi Séba et la relaxe de son coprévenu.

Le polémiste, qui réside au Sénégal et s’est présenté comme « chroniqueur politique », était poursuivi sur la base d’une plainte de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dont le siège est à Dakar.

La BCEAO est l’institut d’émission en Afrique de l’Ouest du franc CFA, monnaie de 14 pays francophones de l’ouest et du centre du continent, totalisant 155 millions d’habitants, réclamait pour sa part un franc symbolique en guise de dommages et intérêt.

Kémi Séta, en détention préventive depuis son arrestation à Dakar le 25 août, a revendiqué devant le tribunal un acte « symbolique ».

« L’objet de la manifestation était d’exposer les méfaits de la Françafrique », a-t-il dit, se comparant à la militante américaine des droits civiques Rosa Parks.

Une centaine de ses partisans, évacués de la salle d’audience pour avoir applaudi une intervention de l’ex-leader de la Tribu Ka, groupuscule dissous en France en 2006 pour antisémitisme et incitation à la haine raciale, ont bruyamment salué l’annonce de la relaxe, scandant des slogans comme « A bas la Françafrique », « A bas le CFA ».

« Il n’y avait pas de condamnation possible.Il n’a pas brûlé des billets, il a brûlé un billet qui lui appartenait », a réagi son épouse, Etuma Séba.

Les avocats du militant l’ont emporté grâce à un point de droit : le code pénal sénégalais punit la destruction « des » billets de banque, mais non d’un seul.

Mais ils ont aussi porté le débat sur la légitimité du franc CFA ou sur le rôle des anciennes puissances coloniales en Afrique, en particulier la France.

Ceux de la BCEAO avaient pour leur part accusé Kémi Séba de « semer la confusion » sur la politique monétaire de l’institution et affirmé qu’il était « archi-faux » de dire que Paris disposait d’un « droit de véto » sur ses décisions.

Les représentants de la banque centrale ont aussi dit craindre que ses émules brûlent des billets en francs CFA, comme certains l’ont fait lundi à Cotonou, au Bénin, le pays dont est originaire M. Séba.

« On est quand même dans des pays pauvres.On ne peut pas s’amuser à brûler des billets.Cinq cents francs, c’est déjà un début de petit-déjeuner.Donc c’était symbolique, comme (Nelson) Mandela brûlant son passeport.Mais ça ne veut pas dire que ça va se multiplier », a dit l’un de ses avocats, Cheikh Koureyssi Bâ.

« Il n’a rien à faire en prison.Ceux qui devraient aller en prison, ce sont ceux qui affament et pillent un continent depuis des siècles », a soutenu au milieu d’une petite foule Hery Djehuty, coordinateur stratégique de l’ONG Urgences Panafricanistes fondée par Kemi Séba.

« C’est la jeunesse qui pose le débat sur la table et qui veut juste que l’Afrique puisse décider elle-même de son sort, de son avenir, de sa politique économique, et que ce ne soit plus le fait d’une puissance tierce, d’une puissance étrangère comme la France », a ajouté M. Djehuty.

« Les questions impérieuses de la souveraineté et de l’autonomie des Etats africains postcoloniaux, des rapports de domination qui persistent dans les relations entre les anciennes puissances coloniales et les pays africains, méritent d’être posées, et Kémi Séba les pose », estimait lundi dans Le Monde Afrique l’économiste et écrivain sénégalais Felwine Sarr, tout en qualifiant de « simpliste » le discours de Kémi Séba.

L’Ouganda achète une « machine de détection de la pornographie »

L’Ouganda a acheté une « machine de détection de la pornographie » dans le cadre de sa répression des contenus explicites, a annoncé mardi le ministre de l’éthique et de l’intégrité du pays.

Simon Lokodo a déclaré que la nouvelle machine de détection va scanner les téléphones mobiles et d’autres appareils électroniques pour détecter les images pornographiques, vidéos et images, ce qui permettra à son comité anti-pornographie de traquer et de poursuivre les contrevenants.

Il est illégal de produire, publier ou partager de nombreuses formes de contenu pornographique en Ouganda, et les contrevenants peuvent être condamnés à une amende ou à une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’ à 10 ans.

Le gouvernement a acheté la machine à une entreprise sud-coréenne pour le prix de 300 millions de shillings ougandais (environ 88 000 dollars), a déclaré M. Lokodo au journal public ougandais New Vision. Elle arrivera bientôt dans le pays.

Le ministre de l’Éthique a donné d’autres détails sur la machine et son fonctionnement. MrLokodo parle de ce détecteur de pornographie depuis le mois d’avril dernier, quand il a annoncé un budget de 2,6 milliards de shillings ougandais (environ 770 000 $) pour les logiciels de détection de pornographie. Il a souligné le « succès » de la Chine, de la Corée du Sud et du Rwanda en bloquant l’accès de leurs citoyens à de tels contenus.

Le plan a suscité l’indignation et  sarcasme en avril et à nouveau cette semaine, de nombreux Ougandais soulignant sur les médias sociaux qu’il serait plus éthique de dépenser l’argent pour remplacer la seule machine de radiothérapie du pays, qui n’est pas fonctionnelle.

Le ministres Lokodo, un ancien prêtre catholique, est connu pour être le fer de lance des lois draconiennes ougandaises criminalisant l’homosexualité. Il a attiré l’attention de la communauté internationale lorsqu’il a menacé d’arrêter le comédien britannique gai, Stephen Fry, au cours d’une interview en 2014.

Cette même année, l’Ouganda a adopté une loi anti-pornographie de grande envergure. Le ministre Lokodo a suggéré qu’une interdiction sur les mini jupes tombaient sous le coup de la loi. Les femmes devraient « s’habiller décemment », a-t-il déclaré, parce que « les hommes sont si faibles que s’ils voyaient une femme vêtue de façon indécente, ils sauteraient sur elle. »

En avril de cette année, le gouvernement a précisé que la loi anti-pornographie n’interdit pas le port de la jupe courte, mais qu’elle interdit la diffusion d’images explicites et de discours « vulgaires ». Les groupes ougandais de défense des droits de l’homme affirment que cela reste une définition dangereusement large, qui permet au gouvernement de supprimer la liberté d’expression. Ils ont contesté la loi.

La loi anti-pornographie est, en grande partie, une loi antiédition « , a déclaré Nicholas Opiyo, directeur du groupe ougandais de libertés civiles au WorldPost.

La loi donne au gouvernement des pouvoirs indéfinis pour perturber la communication et définit la pornographie de manière à couvrir toutes sortes de choses, comme les spectacles publics, les arts et le théâtre « , a averti M. Opiyo.

La France lance son Conseil présidentiel pour l’Afrique

En France, l’exécutif a d’annoncé, mardi 29 août, la constitution du conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA). Cette institution directement rattaché au président français aura pour but de permettre à la France de « retrouver des canaux de discussion avec cette réalité africaine que l’on a un peu perdue de vue ces dernières années » indique une source proche de l’Elysée, dont les propos ont été rapportés par le journal Le Monde.

Au nombre de onze, les membres de ce conseil devront aider le président français à mieux cerner les enjeux africains et la partition que pourra y jouer la France. « Nous devons avoir un esprit de hussards, être en mode vigie, ce que les institutionnels ne savent ou ne peuvent plus faire », estime l’ex-ambassadeur du Bénin près la France, Jules-Armand Aniambossou qui préside le CPA.

L’entité contribuera également au répositionnement de la France en Afrique. « Tout le monde court vers l’Afrique. Nous avons une proximité qu’il faut savoir utiliser. A nous d’expliquer pourquoi avec la France, ce sera mieux qu’avec d’autres » poursuit celui qui a été l’ex-camarade de promotion du président Emmanuel Macron à l’ecole nationale d’administration (ENA).

Outre le diplomate, on retrouve dans ce conseil des profils divers allant de l’entrepreneur (Karim Sy, Sarah Toumi) au cadre dirigeant, (Diane Binder), en passant par le juriste (Yves-Justice Djimi) et la scientifique (Yvonne Mburu). Si le pouvoir élyséen a indiqué avoir préféré la répartition par genre à une autre, plus géographique, on notera la présence dans ce conseil de deux Béninois (Jules-Armand Aniambossou et Jean-Marc Adjovi-Boco).

Moringa : un arbuste aux vertus multiples

Originaire de l’inde, le Moringa Oleifera est un arbuste qui s’adapte parfaitement au climat malien. Introduit dans le pays depuis longtemps, il est plutôt connu en cuisine où ses feuilles sont utilisées pour la préparation d’une sauce accompagnant le couscous, d’où son nom « Bassi Yirinin ».

Pour Amadou Niane, pépiniériste amoureux des plantes qui a découvert certaines vertus de cette plante lors d’une formation en Tanzanie, le Moringa est un arbuste tout bénéfice de bout en bout qui gagnerait à être mieux connu.

Pour cet économiste de formation, amoureux des plantes, son histoire d’amour avec le Moringa date d’il y a 7 ans. « Je l’ai rencontré il y a 7 ans en Tanzanie, et depuis j’en suis tombé amoureux. Et j’ai commencé à faire la culture du Moringa. » Une plante assez peu connue ici selon Mr Niane et dont  « nous avons intérêt à ce qu’elle soit mieux connue en raison de ses vertus thérapeutiques  », souligne le pépiniériste. Utilisée par plusieurs personnes souffrant, d’hypertension ou de diabète, cette plante aide à équilibrer ces maladies. Que ce soit en infusion ou alors à mâcher de façon naturelle, Niane avoue avoir adopté cette plante qui lui fait beaucoup de biens. Elle aide aussi à lutter contre l’hypotension et les maux d’estomac.

Même s’il en a expérimenté quelques vertus, Niane tient à préciser qu’il est pépiniériste pas tradithérapeute. « Moi je produis des plants pour les vendre. Mon intérêt c’est de rester dans ce canevas. C’est à la demande des gens que je vends les feuilles de Moringa transformées que je ne produis pas. »

Des racines aux feuilles en passant par les fruits ou l’écorce toutes les parties de cette plante sont utiles. C’est en tout cas la conviction de l’ONG Kilabo qui travaille au Mali depuis 1987 avec le monde rural dans les domaines de l’agriculture et la sécurité alimentaire notamment.

Si elle n’est pas encore homologué par l’OMS en tant que médicament, la plante contient de nombreuses vitamines et nutriments essentiels à l’organisme. C’est dans ce cadre qu’en collaboration avec « Solidarité Internationale », une ONG canadienne et après plusieurs études menées dans plusieurs laboratoires au Mali et au Canada que kilabo a mis en œuvre un programme d’aide aux enfants malnutris dans la commune de Sanankoroba à 40 Km de Bamako. « Nous avons fait des tests avec des enfants souffrant de malnutrition. En trois mois, les enfants ont récupéré », déclare Oumar Sanogo, gestionnaire à l’ONG Kilabo. Des résultats qui ont conforté l’ONG et l’ont amené à établir une collaboration avec des structures comme l’ANSSA ( l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire des Aliments) et d’autres partenaires afin d’établir leur champ d’action et mettre en place notamment une unité de transformation.

L’ONG qui travaille avec l’ANSSA, veut aboutir à la certification de ses produits.

En plus de ses vertus thérapeutiques, les tiges du Moringa servent à fabriquer du savon. La plante est aussi un engrais organique qui permet d’avoir un rendement supplémentaire de 30%. Il agit aussi comme insecticide et permet de protéger la plante.

Cette plante venue d’Inde s’adapte aussi très bien aux conditions climatiques du Mali.

« Elle vient d’une zone aride et n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Elle ne résiste pas à deux choses : l’absence de soleil et aux dents des animaux qui la mangent », précise Mr Niane.  Elle prend peu d’espace et peut être contenue dans un pot. Tant que ses racines sont en contact avec le sol, elle ne meurt pas », ajoute-t-il . En Casamance on l’appelle d’ailleurs « Never Die » (Ne meurt jamais).

Mais ceux qui l’utilisent même pour ses vertus thérapeutiques achètent plutôt les produits transformés.

« Parce qu’en ville, à cause de plusieurs contraintes, les gens n’achètent pas les plants », explique le pépinièriste.

Pour les spécialistes de la pharmacopée traditionnelle au Mali, en l’absence d’étude sur les vertus thérapeutiques de la plante, il faut se fier à ses qualités alimentaires déjà utilisées par les populations. Mais des études sont en cours, notamment une thèse de doctorat pour connaître davantage les composantes de la plante et ses effets sur telle ou telle maladie.