Tournoi UFOA-A U17 2025 : Un bilan satisfaisant

Le tournoi de l’UFOA-A U17 2025 s’est achevé le 18 octobre à Bamako, après deux semaines de matches intenses et riches en émotions. Huit sélections de la sous-région étaient en lice pour décrocher le titre et les deux places qualificatives pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations U17.

Champion en titre, le Sénégal a conservé son trophée avec autorité. Invaincus tout au long de la compétition, les Lionceaux ont affiché une solidité collective impressionnante. Emmenés par Souleymane Commissaire Faye, auteur d’un doublé en finale, ils ont dominé le Mali 2–0 pour s’adjuger une troisième couronne zonale après celles de 2018 et 2024.

De son côté, le Mali n’a pas démérité. Logés dans le groupe A avec la Gambie, la Guinée-Bissau et le Libéria, les Aiglonnets ont entamé le tournoi par une large victoire 6–0 face au Libéria avant d’enchaîner avec deux matches nuls (1–1 contre la Guinée-Bissau et 2–2 face à la Gambie).

En demi-finale, les jeunes Maliens ont éliminé la Guinée (2–1) grâce à une belle réaction collective, avant de s’incliner face à un Sénégal plus expérimenté lors de la finale.

Malgré la déception du dernier match, les protégés du sélectionneur Demba Mamadou Traoré ont atteint leur principal objectif : la qualification pour la CAN U17 2026, aux côtés du Sénégal.

Derrière les finalistes, la Guinée-Bissau a décroché la troisième place en venant à bout de la Guinée lors de la petite finale, confirmant ainsi sa montée en puissance dans les catégories de jeunes.

Une vitrine pour la jeunesse ouest-africaine  

Sur le plan individuel, le Sénégalais Souleymane Commissaire Faye a été élu à la fois meilleur joueur et meilleur buteur de la compétition, tandis que son coéquipier Assane Sarr a remporté le trophée de meilleur gardien.

Côté malien, même si la force du collectif a été la clé du parcours, plusieurs talents se sont distingués, à l’image du capitaine Ismaël Kamissoko des Étoiles du Mandé, ainsi que des attaquants Mohamed Sogodogo du FC Malikoura et Fousseyni Sidibé du CSB.

L’organisation de ce tournoi, unanimement saluée par les délégations participantes, a confirmé la capacité du Mali à accueillir de grands rendez-vous sportifs. Au-delà du sacre sénégalais, la compétition a démontré la vitalité et le potentiel du football de jeunes en Afrique de l’Ouest.

Le rendez-vous est désormais pris pour la CAN U17 2026, où le Sénégal et le Mali tenteront de porter haut les couleurs de la sous-région, aux côtés des représentants de l’UFOA-B, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Mohamed Kenouvi

Reprise des cours : Paix fragile dans les écoles publiques

Les élèves des écoles publiques ont repris les cours ce 20 octobre 2025. Près de trois semaines après la rentrée, les enseignants ont accepté de lever leur mot d’ordre d’arrêt de travail consécutif à la suspension de leurs salaires à la suite des conclusions du Système de gestion des ressources humaines (SIGRH). Une reprise bienvenue, mais qui reste suspendue au respect par le gouvernement de ses engagements.

Après dix-neuf jours d’arrêt de travail, les élèves des écoles publiques de Bamako et de plusieurs localités du pays ont enfin retrouvé le chemin de l’école. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 avait officiellement eu lieu le 1er octobre, la Synergie des syndicats de l’éducation avait lancé un mot d’ordre d’arrêt de travail pour exiger la régularisation des salaires suspendus. À la suite de discussions avec les autorités, la Synergie a annoncé le 13 octobre la suspension de son mot d’ordre et fixé la reprise effective des cours au 20 octobre. Partout, l’enjeu est désormais le rattrapage des semaines perdues accumulées.

Une paix précaire

Mais cette reprise s’effectue dans un climat tendu. Outre la course contre la montre que devront désormais mener enseignants et élèves pour rattraper le retard accumulé, les syndicats préviennent que la trêve reste fragile. Dans une lettre datée du 17 octobre et adressée au Gouverneur du District de Bamako, la Coordination des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 félicite ses militants tout en invitant les autorités « au respect du chronogramme des traitements de salaires établi le 14 octobre 2025 ». La coordination syndicale prévient : en cas de non-respect des engagements, une grève sera déclenchée automatiquement le 27 octobre 2025.

Si cette reprise est un soulagement pour les parents d’élèves, la stabilité de l’année scolaire demeure incertaine. Certaines représentations régionales de la Synergie dénoncent la lenteur dans la régularisation des salaires et conditionnent la reprise effective des cours à une satisfaction totale de leurs revendications. D’autres continuent le processus d’enrôlement des enseignants concernés.

Pour mémoire, le rapport du SIGRH, remis aux autorités le 15 août 2025, avait révélé plus de 36 000 fonctionnaires fictifs, entraînant la suspension de leurs salaires à partir du mois de septembre. Une mesure qui continue de provoquer de vives tensions dans le secteur éducatif.

Franc CFA : Une monnaie en sursis ou en transition ?

À quatorze mois du lancement annoncé de la monnaie unique Eco et à la veille du quatre-vingtième anniversaire du franc CFA, la question de l’avenir de la monnaie ouest-africaine revient sur le devant de la scène. Entre héritage historique, stabilité économique et souveraineté politique, la région cherche à définir les contours d’une nouvelle ère monétaire.

Créé le 26 décembre 1945, le franc CFA demeure, près de quatre-vingts ans plus tard, l’une des devises les plus anciennes en circulation sur le continent. Instrument de stabilité pour certains, symbole de dépendance pour d’autres, il est au cœur des débats sur la souveraineté et l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest.

Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, « le débat sur le franc CFA s’inscrit dans une dynamique plus large, celle d’une réorganisation des zones monétaires ouest-africaines ». Il rappelle : « il existe aujourd’hui deux blocs – l’UEMOA et la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) – qui devraient converger vers une monnaie unique, l’Eco, prévue pour 2027 ».

Souvent présenté comme un vestige du passé colonial, le franc CFA a pourtant connu plusieurs mutations majeures. D’abord baptisé franc des Colonies Françaises d’Afrique, il devient à l’indépendance franc de la Communauté Financière Africaine pour l’UEMOA et franc de la Coopération Financière en Afrique centrale pour la CEMAC.

La dévaluation de 1994 et la réforme de 2019 ont transformé sa gouvernance. Les pays de l’UEMOA ne déposent plus leurs réserves au Trésor français et la France ne siège plus dans les instances de la BCEAO.

Stabilité monétaire

De plus, l’arrimage à l’euro (1 € = 655,957 franc CFA) demeure un choix de stabilité monétaire comparable à d’autres régimes de change dans le monde. Des pays comme le Danemark, le Maroc ou le Qatar arriment également leur monnaie à une devise forte sans y voir une atteinte à leur souveraineté.

Ce système assure la prévisibilité des prix et la confiance des investisseurs, mais limite la marge de manœuvre monétaire des États membres.

Selon la BCEAO, la zone UEMOA – huit pays dont le Mali – a enregistré en 2024 une croissance moyenne de 5,7% et une inflation de 3,4%, parmi les plus faibles du continent. Les réserves de change, estimées à 16,1 milliards d’euros, couvrent environ quatre mois et demi d’importations, tandis que la dette publique moyenne atteint 52% du PIB.

Réformes inachevées et enjeux régionaux

L’accord signé en décembre 2019 entre la France et les États membres de l’UEMOA visait à moderniser la Zone franc avec le retrait des représentants français, la création d’un compte de garantie à la BCEAO et l’autonomie soutenue de la banque centrale. Ces réformes ont renforcé la gouvernance régionale sans remettre en cause la parité fixe avec l’euro.

L’Eco en ligne de mire

En parallèle, la CEDEAO poursuit le projet de monnaie unique Eco, dont le lancement est prévu pour 2027. Les chefs d’État ont confirmé cette date lors du sommet d’Abuja de juillet 2024, sous réserve du respect des critères de convergence : déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB, inflation maîtrisée, réserves couvrant au moins trois mois d’importations et ratio dette/PIB inférieur à 70. À ce jour, seuls deux pays remplissent durablement ces conditions.

Selon Modibo Mao Makalou, « l’Eco sera une monnaie ouest-africaine émise par une banque centrale fédérale, dotée d’un taux de change flexible adossé à un panier de devises ». Il précise que « seuls les pays respectant les critères de convergence macroéconomique fixés par la CEDEAO seront éligibles », une condition qui rendra la mise en œuvre progressive.

Souveraineté monétaire en débat

Pour l’économiste Étienne Fakaba Sissoko, la question du franc CFA dépasse les frontières de la technocratie. « Le débat sur le franc CFA est à la fois économique, politique et symbolique. Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la Zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies. Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ? ».

Sissoko estime que les réformes menées depuis 2019 ont renforcé la forme plus que le fond : « la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues. L’arrimage est une source de crédibilité, mais aussi une contrainte : il protège contre l’instabilité mais limite la capacité d’adaptation ».

Il plaide pour une transition graduelle : « l’enjeu n’est pas de rompre brutalement, mais de redéfinir la relation monétaire dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional et une coordination budgétaire renforcée ».

Le Mali à la croisée des chemins

La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO en janvier 2025 et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) redessinent la carte institutionnelle régionale. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur position au sein du futur Eco reste incertaine.

Pour Étienne Fakaba Sissoko, cette situation crée une zone grise monétaire : « le Mali se trouve à la croisée de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture avec la CEDEAO et son adhésion à l’AES. Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire ».

Pour Modibo Mao Makalou, « aucune incompatibilité n’existe pour le moment entre l’AES et l’UEMOA ». Il estime que « ces deux cadres peuvent coexister, car l’UEMOA repose sur un traité solide d’intégration économique et monétaire, avec des politiques sectorielles harmonisées et un Tarif extérieur commun ».

Certains analystes, comme Madou Cissé, appellent à la prudence face à une monnaie propre à l’AES. Dans une analyse publiée récemment, il souligne que ces pays « affichent une balance commerciale déficitaire » et que « près de 40% des importations devraient être couvertes par un stock supplémentaire de devises ». Il estime qu’une monnaie autonome mal préparée pourrait accroître les coûts de transaction et fragiliser les échanges dans une économie encore dépendante des importations.

Makalou souligne, quant à lui, qu’une monnaie nationale « doit reposer sur la solidité de l’économie réelle et sur un appareil institutionnel crédible ». Il rappelle qu’une banque centrale indépendante devrait « assurer la stabilité des prix, gérer les réserves de change et garantir la sécurité du système bancaire ».

Pour autant, des experts s’accordent néanmoins sur la nécessité d’une préparation concertée : « le Mali devra préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Sans discipline budgétaire et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine – fût-elle rebaptisée Eco », conclut Sissoko.

Les précédents guinéen et mauritanien

Rappelons que la Guinée et la Mauritanie faisaient partie de la Zone franc avant de la quitter respectivement en 1960 et 1973. La Guinée, première à se retirer, a connu une crise de liquidité et une inflation rapide après la création du franc guinéen. La Mauritanie, avec l’introduction de l’ouguiya, a subi plusieurs années d’instabilité avant de retrouver un équilibre. Ces expériences illustrent les risques d’une transition monétaire précipitée sans réserves ni instruments de stabilisation suffisants.

Perspectives pragmatiques

La transition vers l’Eco, prévue pour 2027, s’annonce progressive. Plusieurs scénarios sont évoqués : maintien d’un CFA réformé, adoption partielle de l’Eco par les pays les plus préparés ou création de mécanismes parallèles au sein du Sahel.

Pour Modibo Mao Makalou, la réussite de la transition dépendra aussi du rôle du secteur privé. Il appelle à « mobiliser l’épargne régionale, créer des marchés financiers intégrés et allonger la durée des crédits » afin de financer les investissements productifs et environnementaux.

La BCEAO rappelle que l’objectif premier demeure la stabilité macroéconomique et la protection du pouvoir d’achat. Selon ses données 2025, la Zone UEMOA conserve « des fondamentaux solides » malgré les pressions sécuritaires et climatiques.

À l’aube de ses 80 ans, le franc CFA en est aujourd’hui à une étape décisive de son histoire, entre autonomie institutionnelle et dépendance structurelle. Pour les experts, l’enjeu n’est pas la rupture, mais la construction d’une souveraineté monétaire pragmatique conciliant stabilité, intégration régionale et indépendance économique.

MD

Hiérarchie militaire : Des changements au sommet pour une nouvelle dynamique

Trois officiers supérieurs prennent désormais la tête de postes stratégiques au sein des Forces armées. Cette réorganisation, décidée en Conseil des ministres, intervient dans un contexte sécuritaire tendu et traduit une volonté d’adaptation du commandement.

Le Conseil des ministres du 22 octobre 2025 a procédé à d’importants changements au sein de la hiérarchie militaire. Trois nouvelles figures ont été nommées à des postes clés de l’appareil de défense nationale. Le Général Élisée Jean Dao devient Chef d’état-major général adjoint des Armées, en remplacement du Général Kéba Sangaré. Le Général Toumani Koné prend la tête de l’Armée de Terre, succédant au Général Harouna Samaké, tandis que le Général Sambou Minkoro Diakité est désormais Directeur de la Sécurité militaire, en lieu et place du Général Nouhoum Ouattara.

Cette recomposition intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques armées, notamment contre les convois de ravitaillement et les infrastructures stratégiques. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement opérationnel visant à renforcer la discipline, le renseignement et la coordination sur le terrain. Selon plusieurs sources militaires, les profils choisis reflètent la priorité accordée à l’expérience du combat et à la maîtrise des réalités opérationnelles.

Le Général Élisée Jean Dao, ancien ambassadeur au Gabon et officier reconnu pour son rôle dans la bataille de Konna en 2013, est rappelé pour mettre son expérience au service du commandement central. Le Général Toumani Koné, ancien commandant de région militaire, est réputé pour sa connaissance du terrain et son approche tactique. Quant au Général Sambou Minkoro Diakité, ancien directeur de la Gendarmerie nationale, il hérite d’une direction sensible, celle du renseignement et de la sécurité militaire, pivot de la lutte contre les infiltrations et les défaillances internes.

Cette réorganisation du haut commandement marque une étape importante dans la stratégie de défense nationale. Elle intervient à un moment où l’armée concentre ses efforts sur la sécurisation des grands axes économiques et sur la stabilisation des zones en proie à l’insécurité. En confiant la direction des forces à des officiers de terrain, les autorités entendent renforcer la réactivité et la cohésion au sein des structures militaires, dans un contexte de guerre asymétrique où l’adaptation reste la clé de l’efficacité opérationnelle.

Innovation agricole : MITA 2025 mise sur la durabilité

Bamako accueille la 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA), centrée sur la gestion intégrée des sols. La rencontre, présidée par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, met l’accent sur la modernisation et la résilience du secteur agricole face aux changements climatiques.

La 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA) s’est ouverte lundi 20 octobre 2025 à Bamako. La cérémonie d’inauguration, placée sous la présidence du Premier ministre Abdoulaye Maïga, marque également le lancement de la 2ᵉ édition du Prix d’Innovation Agricole Abdoulaye Touré. L’événement est organisé par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) autour du thème « Technologies et innovations agricoles pour la gestion intégrée des sols », selon les informations publiées par le CORAF.
Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé l’importance stratégique du secteur agricole, qui contribue à 40 % du Produit Intérieur Brut, emploie plus de 70 % de la population active et représente la principale source de revenus pour 80 % des populations rurales. L’agriculture génère également près de 30 % des recettes d’exportation. Le Mali dispose, selon les chiffres officiels, de 43,7 millions d’hectares de terres agricoles utilisables dont 4,5 % seulement sont cultivés, et de 2,2 millions d’hectares aménageables exploités à 23,5 %. Le pays compte un cheptel estimé à 14 millions de bovins, 58 millions d’ovins et de caprins, 1,3 million de camelins et 63 millions de volailles, ainsi qu’un potentiel hydrique évalué à 70 milliards de mètres cubes d’eaux de surface et 2 720 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines.
Le projet structurant « Farafinna Jiginɛ » — « Nourrir le Mali et la Sous-région » — a également été cité parmi les priorités du gouvernement. Inscrit dans la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) sur la période 2024-2033, il vise à renforcer la sécurité alimentaire nationale et régionale grâce à une production agricole accrue et durable.
Selon le CORAF, le MITA 2025 constitue une plateforme régionale destinée à promouvoir les pratiques écologiques et les innovations agricoles adaptées aux conditions sahéliennes. L’événement réunit durant cinq jours chercheurs, producteurs et entrepreneurs venus notamment du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. Plus de cent technologies sont présentées, parmi lesquelles des biofertilisants, des systèmes de compostage rapide, du biochar et des capteurs intelligents destinés à améliorer la gestion des sols et la productivité agricole.
Le ministre de l’Agriculture, plusieurs membres du gouvernement, des représentants du secteur privé et des organisations paysannes ont pris part à la cérémonie. Les discussions s’articulent autour de panels techniques et de sessions de partenariat visant à renforcer la coopération scientifique et commerciale entre les pays de la sous-région. Selon les organisateurs, cette édition s’inscrit dans la continuité des efforts régionaux pour promouvoir des innovations capables de répondre aux défis conjoints de la dégradation des terres, de la sécurité alimentaire et du changement climatique en Afrique de l’Ouest.

Soudan : la guerre relance le trafic d’armes et redessine les routes du Sahel

La guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide bouleverse les équilibres sécuritaires régionaux. Un rapport de la Global Initiative, publié le 19 octobre 2025, révèle comment ce conflit a ravivé un vaste commerce d’armes, reliant désormais le Soudan à tout le Sahel.

La guerre au Soudan ne se limite plus à Khartoum ou au Darfour. Depuis plus de deux ans, le fracas des combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) résonne bien au-delà des frontières. Selon un rapport publié le 19 octobre 2025 par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), le conflit a profondément réorganisé le trafic d’armes sur le continent africain.

L’étude décrit deux circuits parallèles d’approvisionnement. Le premier, officiel, repose sur des transferts soutenus par certains États alliés du gouvernement soudanais. Des convois militaires, des avions cargos et la redistribution d’arsenaux existants alimentent directement les forces en présence. Le second réseau, informel, se nourrit des routes anciennes du commerce saharien, animées par des trafiquants, des familles transfrontalières et des groupes criminels. Ces filières, réactivées par la guerre, passent par le Darfour, l’est du Tchad et le sud de la Libye, avant d’atteindre le Niger et parfois le Mali.

Les marchés tchadiens et libyens regorgent aujourd’hui d’armes plus modernes et plus puissantes qu’avant le conflit. Le rapport cite notamment la mitrailleuse DShKM, version modernisée d’un modèle soviétique, vendue jusqu’à 11 400 dollars dans la zone frontalière entre l’Algérie, la Libye et le Niger. Trois villes du Tchad — Tiné, Abéché et Adré — sont devenues des plaques tournantes du commerce illégal. De là, les cargaisons prennent la direction de l’ouest, rejoignant les routes du désert qui traversent le Niger avant d’alimenter les marchés du Sahel.

Pour la Global Initiative, ces flux ne se limitent pas à une logique de contrebande. Ils traduisent la naissance d’une économie de guerre continentale, où acteurs étatiques et réseaux criminels se croisent et se complètent. La guerre du Soudan agit comme un catalyseur, réactivant des circuits anciens et en ouvrant de nouveaux.

Le phénomène inquiète les observateurs régionaux. Les armes issues du conflit soudanais se retrouvent déjà entre les mains de groupes armés opérant au Mali et au Niger, deux pays fragilisés par la multiplication des insurrections et des zones échappant au contrôle de l’État. Cette circulation transfrontalière complexifie la lutte contre le terrorisme et renforce les économies parallèles dans un espace déjà saturé de trafics.

Derrière ces flux invisibles, c’est une autre géographie du pouvoir qui se dessine. Le Soudan devient le point d’origine d’un système où chaque cargaison nourrit un nouvel affrontement. Dans ce vaste marché de la survie et des armes, le Sahel n’est plus une destination finale, mais une extension naturelle d’un conflit devenu continental.

Mali–Sahel, la paix sous écoute : quand les populations reprennent la parole

Un rapport d’Oxfam révèle la réalité vécue par les civils du Mali et du Sahel face à la violence persistante. Derrière les bilans diplomatiques, une parole s’élève pour réclamer une paix adaptée aux réalités locales, plus humaine et plus inclusive.

Les civils du Mali, comme ceux du Sahel en général, vivent au cœur d’une insécurité chronique où les armes dictent souvent la loi. Le rapport Seen but Not Heard, publié par Oxfam en octobre 2025, plonge dans leur quotidien. Il s’appuie sur les témoignages de 1 601 personnes réparties entre le Mali, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, dont 765 femmes et 836 hommes. L’enquête, menée entre juillet 2024 et mars 2025, restitue leurs expériences face aux acteurs censés les protéger.

Au Mali, les récits recueillis montrent à quel point la population reste prise entre plusieurs forces. Toutes jouent un rôle, mais la confiance qu’on leur accorde varie d’un village à l’autre. Beaucoup de Maliens disent avoir perdu foi dans un système qui promet la paix sans la livrer.

L’exemple de la MINUSMA, déployée de 2013 à 2023, illustre cette ambivalence. Dans le nord, notamment à Gao, plusieurs habitants reconnaissent que la mission a contribué à stabiliser certaines zones et à créer de l’emploi. Plus au centre, dans les régions de Mopti et de Ségou, la perception est tout autre : les habitants se disent déçus d’une présence jugée distante et trop bureaucratique. Certains estiment que les casques bleus n’ont pas su écouter les besoins des populations ni s’adapter à leurs priorités.

Depuis son départ, les Maliens oscillent entre fierté et inquiétude. Fierté, parce que la fin de la mission est perçue par une partie de l’opinion comme un acte de souveraineté retrouvée. Inquiétude, parce que l’État reste fragile et que la protection des civils repose souvent sur des initiatives locales. Dans plusieurs localités, Oxfam a observé la montée de comités de veille, de groupes de médiation et de collectifs de femmes qui préviennent les tensions ou réparent les liens entre communautés. Ces structures, parfois soutenues par des ONG, s’imposent comme des relais essentiels de la cohésion sociale.

Le rapport situe ce phénomène dans un contexte régional plus large. À travers tout le Sahel, la confiance envers les forces internationales s’est érodée. Les missions onusiennes, tout en ayant contribué à contenir la violence, ont fini par se heurter aux attentes de populations qui veulent désormais construire leur propre sécurité. Dans le même temps, les États revendiquent un contrôle total de leurs territoires, préférant miser sur des partenariats bilatéraux ou sur des forces régionales.

Oxfam conclut que le modèle actuel du maintien de la paix est à bout de souffle. Les populations ne rejettent pas l’idée d’une présence internationale, mais elles réclament d’être entendues. Pour beaucoup de Maliens, la paix ne viendra pas d’un mandat ni d’une base militaire, mais d’une écoute plus attentive et d’un soutien réel aux initiatives communautaires.

Au-delà des institutions, ce sont donc les habitants du Sahel qui, malgré la fatigue et les blessures, réinventent la paix à leur manière — avec les moyens du bord, et la volonté farouche de continuer à vivre.

UFOA A U17 : le Sénégal reprend la couronne

Les jeunes Lionceaux du Sénégal ont battu le Mali en finale du tournoi de la zone Ouest A U17, renouant avec le titre. Cette victoire confirme leur domination régionale.

La grande finale du tournoi U17 de la zone Ouest A (UFOA A), disputée samedi 18 octobre 2025 à Bamako, a opposé le Mali, pays hôte, à son voisin sénégalais. Le Sénégal est reparti vainqueur sur le score de 2-0. L’affiche, attendue depuis la phase de groupes, a tenu toutes ses promesses sur le plan de l’engagement et de l’intensité. Le Mali avait su éliminer la Guinée en demi-finale, ce qui lui avait ouvert la voie vers cette finale.
Le Sénégal, quant à lui, avait assuré sa présence en finale et obtenu son ticket pour la phase finale de la CAN U17.
Dès l’entame, les Sénégalais ont affiché une volonté ferme d’imposer leur rythme, et ils ont pris l’avantage avant la pause. En seconde période, gardant un bloc compact et profitant d’espaces dans la défense malienne, ils ont su creuser l’écart. Le public malien, venu nombreux, a senti filer l’occasion d’un sacre à domicile. Cette victoire marque un retour au sommet pour le Sénégal dans cette catégorie, qui avait déjà pris le trophée l’an dernier. L’édition 2024 avait vu, en effet, le Sénégal s’imposer face au Mali après prolongation et tirs au but.
Pour le Mali, cette finale perdue reste un coup d’arrêt après une compétition solide. Le fait d’accueillir l’évènement et de se hisser jusqu’à la finale laisse entrevoir un potentiel qu’il faudra traduire en victoire prochaine. Le Sénégal, de son côté, confirme que son travail de formation produit déjà des résultats tangibles à l’échelle régionale.

Coupes CAF : Stade Malien accroche le nul en Mauritanie, Djoliba s’impose à Ouagadougou

Le week-end du 18–19 octobre 2025 a souri aux représentants maliens sur la scène africaine, avec un nul obtenu par le Stade Malien chez le FC Nouadhibou et une victoire de Djoliba AC sur la pelouse de l’USFA. Les deux confrontations ne sont qu’à mi-parcours et ouvrent la voie à des retours brûlants à Bamako pour la qualification en phase de groupes.

En Ligue des champions CAF, le Stade Malien a ramené un résultat de parité de son déplacement à Nouadhibou, en Mauritanie. La première manche s’est jouée le dimanche 19 octobre 2025 en nocturne et s’est terminée sur le score de 1–1, un résultat qui laisse l’issue totalement ouverte avant le match retour à Bamako. La CAF a fixé la fenêtre des deuxièmes manches du deuxième tour préliminaire entre le 24 et le 26 octobre 2025 ; la programmation indique un retour Stade Malien – FC Nouadhibou au stade du 26 Mars le dimanche 26 octobre 2025. Le vainqueur de cette double confrontation accédera à la phase de groupes de la Ligue des champions.

En Coupe de la Confédération, Djoliba AC a pris une option en s’imposant 1–0 à Ouagadougou face à l’US Forces Armées le dimanche 19 octobre 2025. Comme pour la C1, la CAF encadre les retours du deuxième tour préliminaire du 24 au 26 octobre ; la feuille de route prévoit un Djoliba AC – USFA au stade Mamadou-Konaté le vendredi 24 octobre 2025. Là encore, l’enjeu est limpide : la qualification offrira une place en phase de groupes de la compétition.

Concours de reportage humanitaire : la Croix-Rouge malienne récompense les lauréats de la première édition  

La Croix-Rouge malienne a distingué le 16 octobre 2025 les lauréats de la première édition du Concours de reportage humanitaire, organisé à l’occasion du soixantième anniversaire de l’institution. La cérémonie s’est tenue au siège de la Croix-Rouge à Bamako, sous le haut parrainage du ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.

Ce concours avait pour objectif de promouvoir un journalisme engagé au service de l’humanité. Il portait sur des thématiques essentielles telles que la réponse aux urgences humanitaires, la santé communautaire et les premiers secours, le volontariat, l’engagement des communautés et l’adaptation aux effets du changement climatique.

À travers cette initiative, la Croix-Rouge malienne souhaite mettre en lumière les réalités du terrain, donner la parole à ceux que l’on entend peu et valoriser le rôle déterminant des médias dans la construction d’une société plus solidaire.

Quatre journalistes se sont distingués dans leurs domaines respectifs : Jessica Dembélé de *L’Essor* pour la presse écrite, Imirana Maïga de *Studio Tamani* pour la radio, Cheick Oumar Mariko de *Joliba TV* pour la télévision et Amadou Kodio d’*Afrikinfos* pour la presse en ligne. Chacun a reçu en récompense un ordinateur portable et un trophée symbolisant son engagement.

« Ce prix, au-delà de la distinction, est une véritable source de motivation, a confié Imirana Maïga, porte-parole des lauréats. Il nous encourage à continuer à produire des contenus de qualité capables de sensibiliser les populations et d’interpeller les décideurs sur les grands défis humanitaires et environnementaux de notre pays ».

La présidente de la Croix-Rouge malienne, Assitan Traoré, a félicité les lauréats pour leur travail et leur engagement. Selon elle, leurs productions rendent compte avec fidélité des réalités vécues sur le terrain et contribuent à renforcer la conscience collective.

« Vos récits sont des ponts entre les réalités du terrain et la conscience collective. Vous êtes, à votre manière, des humanitaires de l’information », a-t-elle souligné.

Le chef de cabinet du ministère de la Communication, Mohamed Ag Albachar, a pour sa part salué l’engagement de la Croix-Rouge malienne en faveur d’une information plus responsable et plus proche des citoyens. Il a rappelé que son département attache une attention particulière à toute initiative visant à élever la qualité de l’information et à encourager une parole libre, professionnelle et porteuse de sens, avant de féliciter les lauréats et les membres du jury.

Mohamed Kenouvi

Éliminatoires Coupe du Monde 2026 : Le parcours décevant des Aigles

Les éliminatoires africaines de la Coupe du Monde 2026 se sont achevées le 14 octobre 2025 sur une nouvelle désillusion pour le Mali. Malgré une fin de parcours encourageante, les Aigles terminent 3èmes de leur groupe, privés une nouvelle fois d’une qualification pour la Coupe du Monde.

Le Mali avait pourtant démarré ces éliminatoires sous de bons auspices. Le 17 novembre 2023, les Aigles s’imposaient 3-1 face au Tchad au Stade du 26 Mars, lançant idéalement leur campagne. Mais, dès la deuxième journée, les premiers doutes apparaissaient. Un nul frustrant (1-1) à Bamako contre la Centrafrique, alors que la domination malienne avait été nette. Ces deux points perdus à domicile allaient peser lourd dans la course à la qualification.

Les difficultés se sont confirmées quelques mois plus tard. Le 6 juin 2024, les Aigles s’inclinaient à domicile contre le Ghana (1-2), après avoir pourtant ouvert le score. Ce revers face à un concurrent direct a marqué un tournant psychologique, avant un second nul stérile face à Madagascar (0-0) à Johannesburg. Puis, en mars 2025, malgré un éclatant succès de 3-0 face aux Comores, le Mali retombait dans ses travers quatre jours plus tard, incapable de battre une nouvelle fois la Centrafrique (0-0) à Casablanca.

Ces deux matchs nuls face aux Fauves de Bas-Oubangui représentent sans doute le véritable échec des Aigles dans cette campagne. Quatre points perdus face à un adversaire abordable, alors que le Ghana ne laissait aucune miette. Même les victoires suivantes, 3-0 contre les Comores, 2-0 au Tchad et 4-1 face à Madagascar,  n’ont pu permettre de combler le retard accumulé. La défaite 1-0 à Accra en septembre 2025 n’a fait que confirmer la tendance : un Mali solide mais incapable de gagner lorsque l’enjeu s’élève.

Au final, les Aigles terminent 3èmes de leur groupe, derrière un Ghana plus constant et une équipe malgache opportuniste. Cette nouvelle élimination prolonge la « malédiction » du Mali, toujours en quête d’une première participation à la Coupe du Monde.

Pour de nombreux observateurs, cet échec est avant tout celui de l’inconstance. « Le Mali a payé cher son manque de réalisme face aux équipes dites moyennes. Ce n’est pas contre le Ghana qu’on se qualifie, mais en battant ceux qu’on doit battre », estime un analyste sportif.

Mohamed Kenouvi

Handicap : Le long chemin vers l’inclusion

En octobre, Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le Mali met en avant la situation des personnes handicapées. La deuxième semaine leur est dédiée, rappelant que, malgré les avancées, l’inclusion est un défi quotidien.

Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS-VI) 2018, 6,4% des Maliens de 18 ans et plus vivent avec un handicap, un taux qui atteint 27,6% entre 70 et 79 ans et 45,5% au-delà de 80 ans. Malgré des avancées législatives, l’inclusion reste incomplète. Les personnes handicapées rencontrent davantage de difficultés d’insertion économique et sociale, notamment les femmes, plus touchées (6,8% contre 6,2% chez les hommes) et plus nombreuses à souffrir de troubles visuels ou moteurs.

Pour mieux comprendre les disparités, il est utile d’observer les écarts entre les personnes vivant avec handicap et celles qui n’en ont pas. Plus de huit adultes sur dix (81,6%) vivant avec handicap n’ont aucun niveau d’instruction, contre 64,2% chez les personnes sans handicap.

Parmi ces dernières, 22,4% ont un niveau secondaire ou plus, alors que chez les personnes vivant avec handicap, cette proportion ne dépasse pas 9,3%.

Encore du chemin

Au Mali, des efforts sont faits pour assurer l’intégration socioprofessionnelle des personnes vivant avec handicap. Cependant, les acquis restent à consolider pour une meilleure inclusion. Si le quota de 15% au niveau de la fonction publique est un acquis, des progrès sont attendus dans le secteur privé, relèvent les intéressés.

Parmi les avancées figure la Loi du 12 juin 2018 sur la promotion et la protection des droits des personnes vivant avec handicap. Au niveau de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle ou de l’emploi, elle prévoit des mesures spécifiques, notamment sur l’âge limite pour l’inscription à l’école et la participation aux concours.

Mais l’accès à l’éducation est toujours limité. Pour les personnes atteintes de surdité, l’accès à l’enseignement secondaire demeure difficile en raison de l’absence d’établissements spécialisés dans le pays.

La CNDH (Commission nationale des droits de l’Homme) souligne que, malgré les progrès, plusieurs défis persistent : la non-prise en compte de la formation professionnelle dans les politiques publiques, le manque d’informations accessibles en braille ou en langue des signes et l’insuffisance de données statistiques fiables.

Les estimations actuelles situent les personnes vivant avec handicap à environ 10% de la population malienne.

Madagascar : Le retour des fantômes de l’histoire

Une fois de plus, Madagascar replonge dans un cycle politique déjà connu. Entre répétition de l’histoire et éveil d’une jeunesse connectée, la grande île questionne encore sa démocratie fragile.

L’armée a pris le pouvoir le 14 octobre 2025, après le départ précipité du Président Andry Rajoelina, mettant fin à plusieurs semaines de tensions politiques. La Cour constitutionnelle a aussitôt constaté la vacance du pouvoir, tandis que l’Assemblée nationale votait sa destitution, ouvrant la voie à une transition militaire. L’épisode ravive le souvenir du 17 mars 2009, lorsque Rajoelina, alors Maire d’Antananarivo, avait conduit un soulèvement populaire contre Marc Ravalomanana, entraînant sa chute. Quinze ans plus tard, les rôles s’inversent, mais le même scénario se dessine. On assiste à un pouvoir contesté, un pays divisé et une transition à nouveau dominée par l’armée, désormais menée par le Colonel Michael Randrianirina, issu du Corps d’administration du personnel et des services techniques (CAPSAT).

Depuis son indépendance, proclamée le 26 juin 1960, Madagascar connaît des alternances interrompues et des transitions forcées marquées par le retour récurrent de l’armée sur la scène politique. Élu en 2018 puis réélu en 2023, Andry Rajoelina a vu son mandat fragilisé par une crise sociale persistante, la hausse du coût de la vie et la défiance d’une jeunesse connectée.

Force de mobilisation

Dans ce contexte, le mouvement Gen Z Madagascar, né sur les réseaux sociaux début 2025, s’est imposé comme une nouvelle force de mobilisation. Rassemblant des milliers de jeunes autour d’exigences de transparence et de responsabilité, il est passé du virtuel à la rue, avant d’être partiellement récupéré par des acteurs politiques.

Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large, qui traverse plusieurs régions du monde. Inspiré de mobilisations en Asie, le concept « Gen Z » trouve un écho croissant au Maroc, en Algérie et dans plusieurs pays africains. Il rappelle l’esprit du Printemps arabe de 2011 et les mouvements citoyens nés sur le continent africain comme Y’en a marre au Sénégal (2011), Balai Citoyen au Burkina Faso (2013), Lucha et Filimbi en République démocratique du Congo (2012). Tous traduisent une même aspiration à une gouvernance plus proche des citoyens.

Madagascar semble ainsi renouer avec son histoire tout en entrant dans une ère nouvelle, où la jeunesse numérique tente de transformer la colère en conscience civique. Entre espoir et répétition, la Grande Île se retrouve une fois de plus face à son destin politique, suspendue entre passé et renouveau. L’avenir nous dira si le cap sera maintenu ou si les vieux démons continueront de stopper la marche démocratique malgache.

Production aurifère : Une baisse problématique

Le Mali a enregistré une baisse de 23% de sa production aurifère entre 2023 et 2024. Une baisse consécutive aux tensions entre l’État et la société Barrick Gold, exploitante du gisement de Loulo-Gounkoto. Si cette baisse met le secteur sous tension, c’est aussi une opportunité pour mieux orienter la stratégie minière.

De 65,9 tonnes en 2023, la production aurifère a chuté à 51 tonnes en 2024. Les facteurs de cette baisse sont liés en partie aux tensions persistantes entre l’État et la société canadienne Barrick Gold, qui détient 80% de la mine de Loulo-Gounkoto. Depuis l’adoption du nouveau Code minier, en 2023, l’État entretient un bras de fer avec la compagnie. La mine de Loulo-Gounkoto contribue à environ 25% de la production nationale, avec une production qui a atteint 750 000 onces d’or par an, soit environ 25 tonnes, pour une production moyenne de 60 tonnes. L’arrêt de la plus grande mine a des conséquences sur les recettes de l’État, constituées à environ 25% par le secteur minier.

Pour les observateurs, cette baisse de la production va se poursuivre, parce que les mines qui pourraient combler le déficit n’ont pas encore la capacité de le faire. La mine de Fekola, avec environ 17 tonnes, n’y arrivera pas.

Il faut donc s’attendre à des conséquences sur les recettes fiscales et les emplois, environ 10 000 menacés. C’est pourquoi « il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès », explique un membre de la société civile, pour sortir de cette situation qui impacte aussi négativement les sous-traitants, lesquels n’arrivent plus à honorer leurs engagements envers les banques auprès desquelles ils se sont endettés.

Cette baisse intervient aussi à un moment où le prix de l’or a atteint le niveau historique de 4 000 dollars l’once. Une opportunité dont le pays aurait dû profiter pour doubler les recettes de l’État.

Réorienter la politique minière

D’autres projets en gestation, comme la mine de Kobada, des mines moyennes d’une capacité d’une à deux tonnes d’or ou celle de Morila, pourraient contribuer à maintenir la production aux alentours de 50 tonnes. Mais la non-maîtrise de la production des orpailleurs constitue également un manque à gagner.

Pour tirer davantage parti de ses ressources minérales, le Mali doit mettre en valeur d’autres minerais comme le calcaire, le fer ou encore le lithium, surtout pour assurer la transition énergétique et moins dépendre des carburants.

L’État doit mieux s’impliquer dans la chaîne et ne pas se contenter des impôts et des dividendes qui ne profitent pas aux communautés locales. Une bonne politique consistera donc à se servir des ressources minières comme tremplin pour le développement.

Fatoumata Maguiraga

Mme Rokiatou Diakité : « Donner à chaque fille la chance de briller »

Alors que le Mali consacre le mois d’octobre à la solidarité et à l’inclusion, Mme Rokiatou Diakité, Présidente du Réseau des Femmes Leaders d’Afrique Francophone, appelle à un engagement renouvelé pour les droits des filles. Trente ans après Beijing, elle estime que les promesses doivent enfin se traduire en actions concrètes.

Quel regard portez-vous sur la situation des filles au Mali aujourd’hui ?

Les filles du Mali continuent de faire face à de multiples obstacles pour accéder à leurs droits fondamentaux. L’abandon scolaire, les mariages précoces, les violences basées sur le genre et le manque d’accès à la santé reproductive limitent encore leur plein épanouissement. Près d’une fille sur deux quitte l’école avant le secondaire et dans les zones rurales beaucoup restent enfermées dans des traditions qui freinent leur autonomie. Pourtant, je rencontre chaque jour des filles déterminées, créatives et ambitieuses, qui prouvent que le changement est possible.

Où se situent selon vous les principaux manquements dans la protection de leurs droits ?

Les inégalités persistent, malgré les cadres légaux existants. Le manque de ressources, la faible application des lois et l’insuffisance de données freinent les avancées. Trop souvent, les politiques publiques ne tiennent pas compte de la réalité des filles sur le terrain. L’éducation est la clé : lorsqu’une fille a accès à l’école et à la formation, elle gagne en indépendance et contribue au développement de toute sa communauté. L’enjeu aujourd’hui, c’est de rendre ces droits effectifs et accessibles à toutes.

Vous venez de participer au Sommet des Filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Qu’en retenez-vous ?

C’était un moment fort. Ce sommet a donné la parole aux filles de la région, leur permettant de partager leurs expériences et leurs aspirations. Elles ont parlé de pauvreté, de violences, mais aussi d’espoir et de leadership. J’ai vu une jeunesse déterminée à ne plus subir, mais à agir. Cette énergie, il faut l’accompagner. Les gouvernements et les partenaires doivent écouter ces voix, intégrer leurs priorités et soutenir leurs initiatives locales.

Trente ans après la Déclaration de Beijing, les progrès sont jugés lents. Pourquoi selon vous ?

Les promesses de Beijing ont inspiré toute une génération, mais les résultats sont fragiles faute de volonté politique et de moyens suffisants. Il est temps de renforcer les budgets consacrés à l’éducation des filles, à la santé reproductive et à la lutte contre les violences. Et, surtout, de garantir leur place dans les espaces de décision. Donner à chaque fille la possibilité d’apprendre, de s’exprimer et de diriger, c’est construire un avenir plus juste et plus fort pour notre pays et pour l’Afrique.

Dialogue doctrinal : Une piste pour la réconciliation nationale ?

Alors que les attaques et les pénuries rappellent la fragilité du pays, l’idée d’un dialogue doctrinal refait surface. Entre réalités sécuritaires et quête de réconciliation, de nombreuses voix appellent à désarmer les esprits avant les armes.

Les longues files devant les stations-service de Bamako reflètent la pénurie de carburant causée par les attaques contre les camions-citernes, paralysant une partie du pays. Cette recrudescence des violences perturbe les échanges économiques et la sécurité des populations, ravivant le débat sur la nécessité d’un dialogue avec les groupes armés.

C’est dans ce contexte que le Professeur Ali Nouhoum Diallo, ancien Président de l’Assemblée nationale, s’est récemment exprimé avec insistance sur la nécessité d’un dialogue doctrinal. Dans une tribune  largement relayée, il appelle à une clarification religieuse conduite par les érudits maliens pour déconstruire les interprétations erronées du Coran qui servent de fondement idéologique aux violences. Selon lui, le retour à la paix passe par la réappropriation du discours religieux et par la parole de ceux qui détiennent l’autorité spirituelle.

L’idée d’un tel dialogue a trouvé un écho particulier lors de plusieurs rencontres nationales, y compris le Dialogue inter-Maliens de 2024, dont le rapport final recommande l’ouverture de discussions doctrinales et communautaires avec toutes les parties, notamment les mouvements armés se réclamant du Jihad.

Les participants y ont vu une étape vers la réconciliation nationale, à condition que le processus soit conduit par des acteurs crédibles et proches du terrain. Des chercheurs jugent cette approche pertinente, mais difficile à mettre en œuvre dans un climat marqué par la méfiance et la fragmentation des acteurs.

Des exemples à dupliquer

Sur le continent, plusieurs pays ont adopté des approches comparables. En Mauritanie, dès 2010 des théologiens ont dialogué avec des détenus radicalisés, permettant à certains de renoncer à la violence et de se réinsérer. En Algérie, la réconciliation nationale après la décennie noire des années 1990 a favorisé des amnisties encadrées et une désescalade durable.

Au Maroc, le programme Moussalaha lancé en 2017 combine rééducation religieuse, accompagnement psychologique et réinsertion socioéconomique. Au Nigeria, Operation Safe Corridor propose un parcours de déradicalisation et de formation professionnelle pour d’anciens membres de Boko Haram. Ces initiatives démontrent qu’un dialogue fondé sur la foi et la raison peut efficacement compléter l’action militaire.

Au Mali, le prêtre allemand Ha-Jo Lohre, enlevé à Bamako en 2022 puis libéré un an plus tard, a partagé son expérience et ses échanges avec de jeunes ravisseurs animés d’un idéal religieux mal compris. Il estime qu’un débat doctrinal mené par des érudits dans les langues locales pourrait les amener à douter de leurs convictions. Il préconise aussi l’usage des médias et des réseaux sociaux pour promouvoir des messages de paix, à l’image des vidéos d’érudits maliens répondant aux discours extrémistes.

Des pistes à explorer

Sur le plan économique, la crise sécuritaire a aggravé les difficultés du pays. Le Président du Conseil national du Patronat, Mossadeck Bally, a récemment souligné les effets de l’insécurité et de la pénurie de carburant, rappelant que la paix ne se conquiert pas par les armes. Il appelle à un dialogue national réunissant gouvernement, secteur privé, société civile et groupes armés pour traiter les causes profondes du conflit et rétablir la confiance. Il estime que la survie du pays passe par une mobilisation collective et une refonte économique et sociale pour combattre la précarité.

Mécanismes endogènes

Pourtant, le ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes dispose d’un Secrétariat permanent chargé d’appliquer la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (2021 – 2025). Cette structure forme Imams et enseignants coraniques, promeut la tolérance religieuse et encourage des prêches axés sur la paix et la cohésion sociale, établissant ainsi un cadre institutionnel favorable à un futur dialogue doctrinal.

Ce mécanisme pourrait, en collaboration avec le Haut Conseil islamique et avec l’appui de personnalités indépendantes ou de leaders communautaires respectés, constituer un cadre privilégié pour initier et encadrer ce dialogue doctrinal.

Les appels au dialogue se multiplient parmi les leaders religieux, politiques et économiques, unanimes sur un point : la réponse militaire, bien que nécessaire, ne suffit pas à instaurer une paix durable.

Le dialogue doctrinal s’impose alors comme une voie essentielle pour comprendre et désamorcer l’idéologie de la violence, redonner sens à la foi et restaurer les liens communautaires. En alliant parole religieuse et raison politique, cette approche pourrait restaurer la paix par la connaissance et l’écoute, là où les armes ont échoué.

MD

Projets sanitaires : l’Union européenne appuie la préparation du Mali face aux urgences

Le ministère de la Santé et du Développement social, la Délégation de l’Union européenne au Mali et l’Organisation mondiale de la Santé ont lancé, ce mercredi, une nouvelle initiative destinée à renforcer les capacités nationales de préparation et de réponse aux urgences sanitaires.

Ce projet, financé par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (DG ECHO), s’inscrit dans le cadre du programme SURGE de renforcement de la résilience des systèmes de santé. Il prévoit la création d’une Équipe médicale d’urgence nationale (EMU) capable d’intervenir dans un délai maximal de 72 heures en cas de catastrophe ou d’épidémie.

La Chargée d’affaires de l’Union européenne au Mali, Bettina Muscheidt, a rappelé que cette initiative illustre une priorité humanitaire de l’UE : « accompagner nos partenaires dans la transition entre réponse d’urgence et préparation, afin d’anticiper les crises ». Elle a souligné que ce projet intervient dans un contexte marqué par des défis persistants — insécurité, déplacements de population, épidémies et effets du changement climatique — et qu’il contribuera à une réponse nationale rapide, efficace et coordonnée au bénéfice des populations les plus vulnérables.

La ministre de la Santé et du Développement social, le médecin colonel-major Assa Badiallo Touré, a salué l’appui constant de l’Union européenne et de l’OMS dans le renforcement du système sanitaire malien. Elle a indiqué que cette initiative permettra de mieux structurer les interventions d’urgence, d’assurer la disponibilité des ressources médicales essentielles et de consolider la coordination entre les acteurs de santé publique.

Le projet EMU – Équipes médicales d’urgence couvrira l’ensemble des régions sanitaires du Mali, ainsi que les points d’entrée frontaliers. Sa mise en œuvre, prévue de juin 2025 à juin 2027, vise à renforcer la formation, l’équipement et la préparation opérationnelle des équipes nationales et régionales.

La Mauritanie, le Mali et plusieurs autres pays de la région bénéficient de ce programme dans le cadre d’une approche sous-régionale soutenue par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la Santé.

Lutte contre les cancers féminins : Le Mali progresse mais reste vulnérable

En ce mois d’Octobre Rose, le Mali dresse un état des lieux contrasté de la lutte contre les cancers féminins. Malgré des progrès notables en matière de sensibilisation, de dépistage et de traitement, le pays reste confronté à d’importantes limites structurelles et socio-économiques.

Les cancers du sein et du col de l’utérus demeurent les deux formes de cancer les plus répandues chez les femmes au Mali. En 2020, le pays a recensé plus de 14 000 nouveaux cas de cancers, dont près de 4 400 cas de cancers du sein et du col de l’utérus.

En 2022, ces chiffres ont encore grimpé, avec 2 278 nouveaux cas de cancer du sein et 2 436 cas de cancer du col, selon les données officielles du ministère de la Santé. Cette progression, bien qu’inquiétante, s’explique en partie par l’amélioration du dépistage et une plus grande visibilité des campagnes de prévention menées à l’échelle nationale.

Ces deux cancers, longtemps restés silencieux dans l’espace public, sont désormais au cœur des politiques de santé et des programmes de lutte contre les maladies non transmissibles.

Sensibilisation en hausse

Selon le Dr Madani Ly, cancérologue au Centre international d’oncologie de Bamako et Président de l’association Onco-Mali, les dix dernières années ont marqué un tournant dans la sensibilisation.

« Il y a une avancée énorme sur le plan de la sensibilisation. De plus en plus de femmes ont l’information. Dans presque toutes les structures sanitaires, à Bamako ou à l’intérieur du pays, elles sortent en grand nombre pour se faire dépister. Cela a fait baisser, par exemple, le nombre de cas du cancer du col de l’utérus, parce que beaucoup de lésions précancéreuses ont été dépistées et traitées », affirme-t-il.

Les statistiques confirment cette tendance. En 2024, plus de 91 000 femmes ont été dépistées dans le pays, dont 43 236 pour le cancer du sein et 47 791 pour celui du col de l’utérus.

Parmi elles, 384 cas suspects de cancer du sein ont été enregistrés, dont 134 référés pour un suivi spécialisé. Concernant le col de l’utérus, 751 cas suspects ont été identifiés, aboutissant à 284 biopsies, 394 lésions précancéreuses détectées et 22 cas traités.

« Octobre Rose », une initiative impactante

Cette progression est aussi le fruit des campagnes annuelles « Octobre Rose », initiées par le ministère de la Santé et du Développement social, en partenariat avec l’Office national de la santé de la reproduction (ONASR) et diverses associations de femmes.

Depuis sa première édition, cette campagne vise à informer, dépister et accompagner les femmes à travers des actions concrètes de proximité. Placée sous le thème « Inclusion et engagement pour atteindre les groupes vulnérables », l’édition 2025, organisée du 1er au 31 octobre, ambitionne de toucher un million de femmes, en mettant l’accent sur celles vivant dans des conditions précaires : femmes déplacées, handicapées ou issues de zones enclavées.

Cette campagne s’inscrit dans le thème mondial choisi cette année par l’OMS : « Closing the Care Gap » (Réduire les inégalités d’accès aux soins).

Prise en charge renforcée

Outre les hausses de la sensibilisation et du dépistage, le Mali a aussi accompli des avancées considérables dans la prise en charge. « Il faut noter l’apport du gouvernement du Mali, qui a subventionné en partie depuis des années la chimiothérapie, facilitant ainsi l’accès au traitement, même si cela reste encore largement insuffisant », explique le Dr Madani Ly. Un autre acquis majeur est la création du centre de radiothérapie à l’Hôpital du Mali, offrant des traitements pour les cancers du sein et du col. « Il y a parfois quelques difficultés techniques, mais cela reste une avancée majeure », souligne-t-il.

La formation du personnel médical s’est également renforcée. Selon notre interlocuteur, le Mali compte de nos jours huit oncologues médicaux, qui exercent à Bamako, et de plus en plus de chirurgiens cancérologues et de radiothérapeutes sont formés, tandis que d’autres sont en cours de formation, suscitant un grand espoir de délocalisation du traitement des cancers vers les régions dans les prochaines années.

L’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) en novembre 2024, soutenue par l’OMS et l’Alliance GAVI, constitue elle aussi un jalon important. Elle vise à réduire à long terme les nouveaux cas de cancer du col de l’utérus, particulièrement chez les jeunes filles âgées de 9 à 14 ans.

MSF en appui

À ces efforts s’ajoute l’appui déterminant de Médecins Sans Frontières (MSF), qui depuis 2018 intervient dans le domaine de la lutte contre les cancers féminins. L’organisation a mis en place des programmes de dépistage et de traitement gratuits du cancer du col de l’utérus et du cancer du sein à Bamako, notamment au Centre de santé de référence de la Commune I.

Grâce à MSF et à son centre d’oncologie pilote, plusieurs femmes ont pu bénéficier d’un dépistage précoce et de soins adaptés. L’organisation contribue également à la formation du personnel soignant, à la fourniture d’équipements de diagnostic et à la mise à disposition de médicaments essentiels.

Ces actions ont permis, selon les données de MSF, de doubler le nombre de diagnostics précoces entre 2019 et 2022 et de réduire sensiblement la part des patientes arrivant à un stade terminal de la maladie.

Des obstacles structurels et sociaux encore tenaces

Malgré ces progrès, les défis restent considérables. Le taux de survie à trois ans du cancer du sein demeure extrêmement faible, estimé à seulement 12,69% selon une étude menée en 2015.

Cette situation s’explique par un diagnostic souvent tardif et par le fait que la majorité des patientes arrivent en soins à un stade avancé de la maladie. Les formes agressives, notamment les cancers triples négatifs, compliquent encore la prise en charge.

Les contraintes logistiques et financières aggravent la situation. « L’une des principales difficultés est d’ordre financier. La chimiothérapie coûte excessivement cher, même si le gouvernement en subventionne une partie », souligne le Dr Ly. Par ailleurs, le Mali ne dispose que d’un seul appareil de radiothérapie et l’accès aux analyses histochimiques et aux laboratoires d’anatomopathologie est très limité.

Les barrières socioculturelles jouent aussi un rôle majeur. « Souvent, les femmes ont peur de se rendre à l’hôpital parce qu’elles craignent la biopsie du sein. D’autres, en raison de la pudeur ou de convictions religieuses, évitent le dépistage du col de l’utérus. Nous devons faire des efforts de sensibilisation pour que ces tabous ne soient plus un frein », insiste le cancérologue.

Ces freins, combinés à la pauvreté et au manque de structures de proximité, expliquent le faible recours au dépistage préventif dans les zones rurales.

Renforcer le financement et décentraliser les soins

Pour améliorer la situation, les experts s’accordent sur plusieurs leviers d’action. D’abord, renforcer le diagnostic précoce et promouvoir une prise en charge multidisciplinaire afin d’assurer un meilleur suivi des patientes. Ensuite, développer l’offre de radiothérapie dans les régions et améliorer l’accès aux analyses histochimiques.

Le Dr Madani Ly plaide également pour un meilleur financement public. « Concernant l’accessibilité au traitement, l’idéal serait d’inclure dans la liste de l’Assurance Maladie Obligatoire les médicaments spécifiques du cancer, qui coûtent très cher. Nous ne gagnerons jamais la bataille contre les cancers sans ce mécanisme », déclare-t-il.

Au-delà de la question des ressources, le renforcement de la formation continue du personnel de santé et la sensibilisation communautaire est indispensable. Car, comme le rappelle le cancérologue, « les avancées sont encourageantes, mais la bataille est loin d’être terminée ».

Mohamed Kenouvi 

Le Mali adhère à l’Accord sur les subventions à la pêche 

Le Mali a déposé le 8 octobre 2025, son instrument d’acceptation de  l’Accord sur les subventions à la pêche de l’OMC, devenant le 114ème membre de l’OMC à le faire. L’Accord sur la pêche entré en vigueur le 15 septembre 2025 vise à assurer la durabilité des ressources en réduisant les subventions pour mettre fin à la surexploitation.

Lors d’une réunion spéciale du Conseil général le 15 septembre, les Membres de l’OMC ont célébré l’entrée en vigueur de l’Accord sur les subventions à la pêche.

Premier instrument multilatéral de l’OMC, il vise à assurer la durabilité environnementale. En interdisant le soutien public aux activités de pêche illégales et à la surexploitation des stocks, il contribue à la protection de la vie marine.

Au cours de cette réunion, la Directrice générale Ngozi Okonjo-Iweala a reçu les instruments d’acceptation de l’Accord de la part du Brésil, du Kenya, du Viêt Nam et de Tonga, portant le nombre total d’acceptations au-delà du seuil des deux tiers des Membres de l’OMC requis pour l’entrée en vigueur de l’Accord.

 

« À un moment où le système commercial international fait face à des défis profonds, l’Accord sur les subventions à la pêche envoie un signal fort : les Membres de l’OMC peuvent œuvrer ensemble, dans un esprit de coopération et de responsabilité partagée, pour apporter des solutions aux défis mondiaux. L’entrée en vigueur de cet Accord rappelle que beaucoup des plus grands défis que nous affrontons se traitent plus efficacement au niveau multilatéral. Les peuples et les nations ont besoin d’un multilatéralisme qui produit des résultats — c’est pourquoi cette journée est si rassurante », s’est réjouie la Directrice Générale de l’OMC.

 

En établissant des règles qui prohibent les formes les plus nuisibles de subventions à la pêche, l’Accord de l’OMC aidera à protéger les stocks de poissons mondiaux et les moyens de subsistance de centaines de millions de personnes qui dépendent de la pêche pour se nourrir, gagner un revenu et être employées.

 

Adopté par consensus lors de la 12ᵉ Conférence ministérielle de l’OMC en juin 2022, les disciplines de l’Accord interdisent les subventions pour la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), pour les stocks surexploités, et pour la pêche en haute mer non régulée.

 

En 2021, 35,5 % des stocks de poissons mondiaux étaient surexploités, contre 10 % en 1974. Il est estimé que les subventions à la pêche marine s’élèvent à environ 35 milliards USD par an à l’échelle mondiale, dont près de 22 milliards sont considérées comme nocives, contribuant à l’épuisement des stocks marins.

 

 

 

Mali – Madagascar : les Aigles plient l’affaire, cap sur la CAN 2025

Victoire nette 4–1 à Bamako pour conclure les éliminatoires. Un test décisif avant la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc.

Le Mali a dominé Madagascar 4–1, dimanche 12 octobre 2025 au Stade du 26-Mars à Bamako. Le tableau des buteurs malien affichair Lassine Sinayoko (doublé), Néné Dorgelès et Gaoussou Diarra dans les arrêts de jeu, après que J. N’Zi ait réduit l’écart pour Madagascar à la 90ᵉ minute.

Malgré cette victoire, le Mali était éliminé avant la dernière journée. Madagascar totalisait 19 points contre 15 pour les Aigles. Le Ghana, pour sa part, s’est imposé 1–0 face aux Comores et a validé sa qualification pour le Mondial 2026, verrouillant ainsi l’enjeu du haut du groupe.

Le technicien belge Tom Saintfiet, en poste depuis 2024, a utilisé cette rencontre comme un banc d’essai pour ajuster ses choix tactiques à quelques semaines de la CAN 2025. Il a pu tester des associations offensives, faire des rotations et observer la capacité de son collectif à maîtriser les temps faibles.

Pour Madagascar, la défaite brise partiellement les espoirs. Les Bareas comptent désormais sur les résultats d’autres groupes. Leur avenir dépend du classement des meilleurs deuxièmes et d’un mini-tournoi qualificatif qui n’est pas encore défini.

Le Mali tourne désormais ses regards vers la Coupe d’Afrique des Nations au Maroc. Cette dernière rencontre, jouée dans un climat de répétition, aura permis d’éprouver des pistes tactiques et de renforcer la cohésion collective en vue d’un objectif à savoir décrocher enfin un premier titre continental.

France : Sébastien Lecornu reconduit mais déjà fragilisé malgré ses gestes d’ouverture

Le nouveau gouvernement peine à trouver sa stabilité malgré les appels au dialogue. Les gestes d’apaisement du Premier ministre ne suffisent pas à dissiper les menaces politiques qui planent sur Matignon.

Sébastien Lecornu a été reconduit à la tête du gouvernement le 10 octobre 2025, moins d’un mois après la chute de son premier cabinet. Le président de la République lui a renouvelé sa confiance dans un contexte de forte tension parlementaire. Le chef du gouvernement a tenté de composer une équipe plus large, intégrant des personnalités venues du centre droit et du centre gauche, tout en conservant la ligne politique de la majorité présidentielle. Cette ouverture, présentée comme une main tendue, visait à consolider une coalition plus stable et à ramener une forme de sérénité institutionnelle.

Malgré ces ajustements, le climat demeure incertain. Le gouvernement ne dispose toujours pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale et reste dépendant de soutiens ponctuels. Les discussions engagées avec les différentes formations politiques n’ont pas permis d’aboutir à un accord durable. Les principaux partis d’opposition, notamment la France insoumise et le Rassemblement national, ont réaffirmé leur refus catégorique de toute collaboration. Du côté du Parti socialiste, le dialogue engagé avec Matignon n’a pas débouché sur un compromis. Le PS a maintenu la possibilité d’une motion de censure si ses demandes sur les salaires, la fiscalité et la protection sociale ne trouvaient pas d’écho.

Dans ce contexte, la fragilité du nouvel exécutif reste manifeste. Chaque vote important, à commencer par celui du budget 2026, pourrait devenir une épreuve décisive. Les appels de Sébastien Lecornu à la responsabilité collective n’ont pour l’heure pas inversé la dynamique. L’Assemblée demeure fragmentée, partagée entre des blocs politiques irréconciliables. Les Républicains se montrent divisés, certains élus refusant tout rapprochement tandis que d’autres privilégient une abstention de prudence. Le parti Horizons, dirigé par Édouard Philippe, participe au gouvernement mais conserve une attitude critique, demandant davantage de concertation et de visibilité dans les arbitrages.

La composition du nouveau cabinet illustre cette volonté d’équilibre. Autour de Sébastien Lecornu figurent des ministres issus de Renaissance, du MoDem et d’Horizons, mais aucun représentant des forces d’opposition. Laurent Nuñez conserve l’Intérieur, Roland Lescure reprend l’Économie et Catherine Vautrin s’installe aux Armées. Jean-Noël Barrot, proche d’Édouard Philippe, hérite des Affaires étrangères tandis que Monique Barbut prend la Transition écologique. Cette configuration traduit une ouverture limitée, davantage centrée sur la consolidation du socle présidentiel que sur un véritable élargissement politique.

Les signes d’apaisement envoyés par le Premier ministre n’ont pas suffi à désamorcer les tensions. L’abandon de certaines mesures contestées et les engagements symboliques autour du dialogue social n’ont pas convaincu une opposition qui reste vigilante. Le climat parlementaire demeure tendu, et la possibilité d’une censure n’est pas écartée. Le gouvernement, reconduit à peine installé, évolue dans un équilibre précaire entre concessions mesurées et nécessité de gouverner.

 

Sous la lumière d’un second mandat à haut risque, Sébastien Lecornu tente de préserver l’autorité de l’exécutif tout en évitant une nouvelle crise politique. Le temps dira si ces gestes d’ouverture suffiront à stabiliser un pouvoir en quête de souffle dans un paysage politique plus fragmenté que jamais.

Mali/États-Unis : Bamako réplique à la caution de visa imposée par Washington

Dans un communiqué en date du 11 octobre, le gouvernement malien a dénoncé la nouvelle mesure américaine exigeant une caution de plusieurs milliers de dollars pour les demandeurs maliens de visas B-1 et B-2. Le Mali annonce en réponse l’instauration d’un régime similaire pour les citoyens américains, au nom de la réciprocité diplomatique.

 

Bamako, 12 octobre 2025 — Les relations entre Bamako et Washington traversent une zone de turbulence depuis l’annonce par les autorités américaines d’un programme pilote imposant une caution aux ressortissants maliens sollicitant un visa d’affaires ou de tourisme. Selon la réglementation publiée au Federal Register le 8 octobre, cette caution remboursable, d’un montant variable de 5 000, 10 000 ou 15 000 dollars, sera exigée à compter du 23 octobre dans les consulats américains.

 

Le ministère malien des Affaires étrangères a aussitôt réagi, jugeant la décision américaine « unilatérale » et « contraire aux dispositions de l’accord bilatéral sur les visas de longue durée à entrées multiples », en vigueur depuis 2005. Dans son communiqué, Bamako affirme avoir « pris acte » de la mesure, tout en annonçant « l’instauration d’un programme de visa identique », appliquant aux citoyens américains les mêmes conditions financières et administratives.

 

Du côté américain, le Département d’État justifie cette réforme par la nécessité de lutter contre les dépassements de séjour et de renforcer la conformité des visas temporaires. La mesure s’accompagne d’un nouveau droit baptisé Visa Integrity Fee (VIF), d’un montant de 250 dollars, instauré depuis le 1ᵉʳ octobre 2025 pour la majorité des visas non-immigrants. Le droit de demande standard reste fixé à 185 dollars et la durée de validité à 60 mois à entrées multiples pour les demandeurs maliens.

 

Les titulaires de ces visas devront désormais entrer et sortir des États-Unis exclusivement par les aéroports de Boston (BOS), New York (JFK) ou Washington Dulles (IAD), selon les directives publiées sur Travel.State.Gov.

 

À Bamako, les autorités estiment que cette nouvelle procédure complique inutilement les démarches pour les voyageurs maliens. Le ministère rappelle que le pays « a toujours collaboré avec les États-Unis d’Amérique dans la lutte contre l’immigration irrégulière, dans le respect du droit et de la dignité humaine ». En soulignant sa volonté de maintenir « des relations de coopération fructueuses fondées sur le dialogue et le respect mutuel », le gouvernement malien affirme cependant son attachement au principe de souveraineté et d’équilibre dans ses relations extérieures.

 

Au-delà de l’aspect consulaire, cette controverse illustre la nouvelle dynamique diplomatique engagée par Bamako, qui défend une approche plus affirmée face à ses partenaires traditionnels. Dans un contexte international marqué par le durcissement des politiques migratoires occidentales, la réciprocité décidée par le Mali se veut un signal politique fort : celui d’un État qui entend faire respecter ses accords et traiter d’égal à égal avec ses interlocuteurs.

 

Pour l’heure, aucune réaction officielle n’a encore été publiée par le Département d’État américain ou l’ambassade des États-Unis à Bamako. Mais dans les milieux diplomatiques, l’affaire est suivie de près, tant ses implications dépassent la seule question des visas. Elle met à l’épreuve la solidité d’une coopération ancienne, fondée sur la sécurité, le développement et la mobilité, et ouvre un nouveau chapitre dans la relation entre les deux capitales.

Mort de Boubacar Demougui : un coup dur pour l’État islamique au Sahel  

Le 8 octobre 2025, les Forces armées de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont réalisé une frappe aérienne décisive à Inarabane, une localité située au sud-ouest de Ménaka, visant l’État islamique au Sahel (EIS). Cette opération a permis de neutraliser plusieurs responsables de premier plan du groupe, parmi lesquels Boubacar Demougui, chef redouté de la branche locale de l’EIS et principal acteur de la terreur au nord du Mali.

Dans la matinée du 8 octobre, les forces de l’AES ont mené une frappe stratégique, en se basant sur des renseignements fiables et confirmés. Des drones ont ciblé une réunion de commandement de l’EIS dans la zone d’Inarabane. Cette intervention a permis d’éliminer plusieurs responsables de l’organisation, dont Boubacar Demougui, adjoint direct de l’émir Issa Barrey et un acteur central du dispositif militaire du groupe dans la région.
Boubacar Demougui, originaire du nord de Ménaka, dirigeait depuis plusieurs années les opérations sur un large secteur s’étendant de Tidermène à Ikadewan, en passant par Tedjererte. Il était responsable de la gestion logistique des unités combattantes et de la coordination des ressources du groupe. Sa réputation de violence s’est particulièrement renforcée après qu’il ait exécuté, en 2022, Sidi Barka, le président de la société civile de Ménaka, un crime qui avait profondément affecté la population locale.
L’opération a également permis de neutraliser plusieurs de ses lieutenants, dont Ismaël Ould Habib Ould Choghib et Ahmed Ould Alwane Ould Choghib. Ces derniers, également actifs dans la région de Ménaka, étaient impliqués dans de nombreuses exactions contre les civils et dans des enlèvements d’otages, incluant une ressortissante suisse et une autrichienne, capturées entre Agadez et Ménaka. Selon les renseignements, ces individus participaient à une réunion de coordination au moment de l’attaque.
Boubacar Demougui, connu pour sa mobilité et son expertise tactique, était l’un des stratèges les plus redoutés de l’EIS dans la région du Sahel. Il avait pris part à plusieurs attaques majeures, notamment l’embuscade de Tongo Tongo au Niger en 2017, l’attaque du camp d’Indelimane en 2019 et l’assaut sur Labbezanga en 2023. Sa mort est considérée comme un succès militaire majeur par les forces de l’AES, affaiblissant la structure de commandement de l’EIS dans le nord du Mali, déjà fragilisée par les actions militaires récentes menées à Ménaka et à Gao.
Au-delà de son impact militaire, cet événement a une portée symbolique importante dans la lutte psychologique contre les groupes armés. Dans une région marquée par la terreur, l’élimination de l’un des responsables les plus cruels de la violence pourrait bien marquer un tournant. Cependant, les autorités demeurent prudentes. Bien que cette victoire porte un coup sévère à l’appareil de l’EIS, la menace reste présente, les réseaux de soutien restant opérationnels et susceptibles de se réorganiser rapidement.

SAHABA 2025 : ouverture de la 8ᵉ édition à Bamako

Le Salon de l’Habitat de Bamako a ouvert ses portes ce jeudi 9 octobre 2025, sous la présidence du Premier ministre, le Général de Division Abdoulaye Maïga. Placée sous le thème « La résilience face aux crises urbaines », cette 8ᵉ édition, qui se tient jusqu’au 11 octobre, met en lumière les défis du logement et les solutions pour un développement urbain durable.

Organisé par le Gouvernement de la Transition, SAHABA 2025 se veut un cadre d’échanges entre acteurs publics et privés, chercheurs, promoteurs immobiliers, institutions financières et citoyens. L’événement, accueilli au Centre international de conférences de Bamako, vise à encourager la concertation sur l’accès au logement, la planification urbaine et la valorisation des matériaux locaux.

Dans son allocution d’ouverture, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a rappelé que le logement constitue un droit fondamental reconnu par l’article 10 de la Constitution du 22 juillet 2023, au même titre que l’éducation, la santé et la protection sociale. Il a souligné la volonté du Gouvernement de rendre ce droit effectif pour chaque Malien, conformément à la lettre de cadrage du Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta.

Le chef du Gouvernement a également évoqué la Politique nationale de la Ville, adoptée en 2014, qui encadre la planification urbaine, la gestion du foncier et la promotion d’un habitat durable. Cette politique s’inscrit dans un contexte de croissance démographique soutenue et d’urbanisation rapide, particulièrement à Bamako et dans les capitales régionales.

Selon le Centre for Affordable Housing Finance in Africa (CAHF), le Mali connaît un déficit important en logements abordables. L’Office malien de l’Habitat (OMH) poursuit plusieurs programmes pour y remédier : en 2024, 1 200 logements ont été mis en vente directe et plus de 12 500 unités sont en cours de cession dans le district de Bamako. Ces efforts s’accompagnent d’une coopération accrue avec la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) et d’autres partenaires pour le financement de projets d’habitat social.

Au-delà du logement, SAHABA 2025 sert de plateforme d’innovation. Plusieurs exposants y présentent des solutions techniques pour réduire les coûts de construction et améliorer la durabilité des bâtiments, notamment par l’utilisation de briques stabilisées et de matériaux locaux adaptés aux conditions climatiques.

En clôturant la cérémonie d’ouverture, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a réaffirmé la détermination du Gouvernement à promouvoir un habitat digne, accessible et résilient. Il a souligné que la politique du logement doit demeurer un levier de stabilité sociale et un pilier du développement national.

Révision annuelle des listes électorales : Un exercice sans les acteurs politiques

La révision annuelle des listes électorales a démarré le 1er octobre et se poursuivra jusqu’au 31 décembre 2025. Mais cette année, pour la première fois, l’exercice se déroule sans la participation des partis politiques, dissous depuis mai dernier. Une situation qui soulève des questions sur la transparence et l’inclusivité de cette révision.

La révision annuelle des listes électorales (RALE) est une opération inscrite dans la Loi électorale, modifiée par l’Ordonnance N°2024-022 du 31 décembre 2024. Elle confère à l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) la responsabilité d’actualiser le fichier électoral, avec l’appui du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.

Concrètement, il s’agit d’inscrire les nouveaux majeurs, de radier les personnes décédées, de corriger les erreurs matérielles et de prendre en compte les changements de résidence ou de circonscription électorale.

L’opération se déroule dans les 845 communes du pays, dans les 7 arrondissements de Bamako et dans 48 missions diplomatiques et postes consulaires à l’étranger.

Les partis politiques absents

Si, sur le plan technique, la RALE 2025 suit son calendrier habituel – du 1er octobre au 31 décembre – le contexte politique actuel la rend particulièrement sensible.

Depuis la dissolution de tous les partis politiques, en mai dernier, aucune formation n’est plus habilitée à participer aux commissions locales de révision, qui regroupaient traditionnellement les représentants de l’administration, de la société civile et des partis. Désormais, seuls les représentants des services techniques et des autorités administratives supervisent les opérations.

Transparence incertaine ?

Ce changement modifie l’équilibre du contrôle citoyen et alimente des inquiétudes sur la transparence du processus. Selon le Premier ministre et ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Général Abdoulaye Maïga, « toutes les dispositions logistiques et administratives ont été prises pour assurer le bon déroulement des opérations ».

Mais pour de nombreux analystes la réussite et la transparence de la révision des listes ne dépendent pas seulement des moyens techniques et administratifs. « Il faut un contrôle pluraliste du processus, or celui-ci n’existe plus », estime Omar Sidibé, analyste politique. « Même la société civile ne peut pas jouer pleinement ce rôle, car elle n’a ni les moyens logistiques ni la légitimité populaire des formations politiques », affirme-t-il.

De nombreuses conséquences

Selon un autre analyste politique qui a requis l’anonymat, cette absence d’acteurs politiques crée également « un vide démocratique qui affaiblit la crédibilité de la révision ». Il ajoute que « la présence des partis dans les commissions locales permettait une forme de contre-pouvoir et de vigilance citoyenne. Leur exclusion laisse le champ libre à une administration déjà perçue comme dépendante du pouvoir ».

Sur le terrain, plusieurs observateurs craignent également un ralentissement du rythme d’inscription des nouveaux électeurs, notamment dans les zones rurales. Sans les relais locaux des partis, souvent les plus actifs pour mobiliser les citoyens, la sensibilisation à l’inscription pourrait être moins dynamique.

À l’intérieur du pays, des campagnes de sensibilisation ont démarré depuis le 3 octobre dernier dans certaines localités pour encourager la participation massive des populations, mais l’affluence reste timide dans les communes. « Dans notre commune, les gens ignorent même que la révision a commencé », confie une source locale à Douentza. Selon elle, « les partis, malgré leurs défauts, jouaient un rôle-clé de relais entre l’administration et les électeurs ».

Un test pour la crédibilité des futures élections

Dans un contexte de transition prolongée et de désorganisation du champ partisan, la réussite ou l’échec de la révision annuelle des listes électorales en cours, ainsi que dans les années à venir, sans participation des acteurs politiques, pèsera lourd sur la crédibilité des futurs scrutins, même si les élections ne sont envisagées au plus tôt qu’à partir de 2030.

Pour Omar Sidibé, « si l’AIGE parvient à garantir une révision rigoureuse et transparente, ce sera un signal positif. Mais si le processus est opaque, il accentuera la méfiance des citoyens envers les institutions ».

Mohamed Kenouvi

Quand les camions de vidange empoisonnent la route

Chaque jour, à Bamako, on aperçoit des camions chargés de boues de vidange circulant dans les rues, leurs tuyaux mal fermés laissant échapper des effluents nauséabonds avant même d’atteindre les sites de dépotage.

Sur les grands axes comme dans les quartiers périphériques, ces véhicules, censés assainir la ville, laissent derrière eux des traces d’eaux usées mêlées d’odeurs suffocantes. Les passants, les motocyclistes et les automobilistes partagent malgré eux cette contamination de l’air et du bitume, dans une capitale où la densité urbaine rend la situation d’autant plus insupportable.

Selon les données de la Direction nationale de l’Assainissement, Bamako produit plus de 2 000 mètres cubes de boues de vidange par jour, dont une grande partie est évacuée par des opérateurs privés. Mais l’absence de contrôle strict et le manque de centres de traitement fonctionnels conduisent nombre de camions à déverser illégalement leurs charges ou à circuler sans dispositifs d’étanchéité. Ces pratiques exposent la population à des risques sanitaires majeurs tels que la contamination des eaux souterraines, la prolifération bactérienne et l’insalubrité chronique.

Les autorités municipales reconnaissent des difficultés de suivi, notamment liées à l’insuffisance des infrastructures et à la vétusté du parc de véhicules d’assainissement.

En attendant des mesures concrètes, Bamako continue de respirer au rythme des relents d’eaux usées, symbole d’un service public d’assainissement débordé, voire défaillant. Ce désordre visible interroge la capacité collective à faire de la propreté urbaine un droit effectif et non un luxe, dans une ville où la croissance démographique dépasse désormais les moyens de la gestion quotidienne des autorités du District.

MD

Triangle du Balafon : Sikasso s’apprête à vibrer

Le Festival International Triangle du Balafon se tient du 9 au 11 octobre 2025 à Sikasso. Trois jours de spectacles, de compétitions et de débats consacrés au balafon, instrument central de l’Année de la Culture.

La neuvième édition débute ce jeudi après un lancement organisé le 4 octobre au Centre international de conférences de Bamako. Porté par le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, en partenariat avec le Gouvernorat de Sikasso, le festival bénéficie également du soutien des plus hautes autorités du pays. Le thème retenu cette année est « Le Balafon, symbole de la transformation sociale dans un nouvel espace souverain ».

Les pays historiquement associés au Triangle – Mali, Burkina Faso et Côte d’Ivoire – participent à l’événement. La Guinée est également annoncée parmi les délégations. La sélection malienne a retenu la troupe Siguidia à l’issue d’un casting organisé par la Direction nationale de l’Action culturelle le 24 septembre 2025. Parmi les artistes confirmés figure Souleymane Traoré dit Néba Solo, accompagné de l’orchestre régional Kéné Star, déjà présent lors du lancement pour une prestation d’ouverture.

Le programme couvre des compétitions de balafonistes, des concerts, des expositions, des visites de sites culturels et un forum consacré au rôle social du balafon dans la cohésion communautaire. Le jury est composé de personnalités issues des milieux culturels du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire.

Les organisateurs ont annoncé un dispositif de récompenses pour valoriser les participants. Ainsi, le Grand prix Lamissa Bengaly est doté de 1 500 000 francs CFA, le prix de l’Intégration de 1 000 000 francs CFA, le prix de la Ville de Sikasso de 750 000 francs CFA. S’y ajoutent un prix spécial de l’AES de 500 000 francs et une prime de participation de 400 000 francs CFA par troupe.

Créé en 2004, le Triangle du Balafon vise à préserver et à promouvoir un patrimoine musical partagé entre plusieurs États ouest-africains. Le festival se présente comme une scène de transmission où se rencontrent maîtres, jeunes talents et publics venus de différentes régions. À Sikasso, la manifestation réunit institutions, acteurs culturels et habitants autour d’une programmation conçue pour favoriser l’échange, la formation et la diffusion des pratiques traditionnelles.

Pour les autorités, ce festival illustre la place accordée à la culture dans l’agenda national en 2025. Au public il offre une occasion de redécouvrir le balafon dans sa dimension sociale et symbolique. Pendant trois jours, Sikasso sera la vitrine d’un patrimoine vivant et d’un dialogue culturel qui transcende les frontières.

MD

Coton : Vers une relance prudente de la filière

La Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT) a lancé la phase d’égrenage de la campagne 2025 – 2026 avec la première balle de coton fibre produite à Koutiala le 30 septembre 2025. Ce démarrage symbolise la relance d’une filière-clé pour les exportations maliennes et les revenus de millions de ruraux.

Pour cette campagne, la CMDT prévoit 672 000 hectares de coton graine, en hausse par rapport à l’an dernier. Le prix d’achat du premier choix est fixé à 300 francs CFA le kilogramme, selon la décision du Conseil supérieur de l’Agriculture du 6 mai 2025. Pour soutenir la filière, l’État subventionne les intrants. Ainsi, le sac de 50 kg d’engrais minéraux revient à 14 000 francs et le kilogramme de semences de maïs hybride à 1 500 francs. Ces mesures visent à contenir les coûts et à préserver la rentabilité des producteurs face aux tensions du marché mondial.

La CMDT, détenue majoritairement par l’État malien, assure la transformation du coton graine en fibre et son acheminement vers les ports d’Abidjan et de Dakar. En 2023 – 2024, le Mali a produit 445 000 tonnes de coton fibre, se plaçant derrière le Bénin (587 000 tonnes) et le Burkina Faso (480 000 tonnes), mais devant la Côte d’Ivoire (320 000 tonnes) et le Tchad (125 000 tonnes). Les prévisions pour 2025 – 2026 tablent sur environ 700 000 tonnes, selon les conditions climatiques et la maîtrise des ravageurs.

Au plan international, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a représenté le Mali à la Journée mondiale du Coton tenue à Rome les 6 et 7 octobre 2025, avant de participer à une réunion du groupe C4+ au Brésil. Ces rencontres ont porté sur la valorisation du coton africain et la recherche d’un meilleur accès aux marchés mondiaux pour les producteurs de la sous-région.

Malgré des perspectives favorables, la filière fait face à plusieurs défis. Les jassides ont déjà touché plus de 2 000 hectares dans le sud du pays. En mars 2025, un incendie à l’usine CMDT de Bamako a détruit 1 026 balles de coton, causant environ 250 millions de francs CFA de pertes. Pour contenir ces impacts, l’État a mobilisé 9,938 milliards pour la lutte phytosanitaire et la sécurisation de la campagne.

La relance du coton malien demeure donc prudente, soutenue par l’investissement public, la résilience des producteurs et une coordination régionale renforcée autour du C4+.

MD

Enseignement primaire et secondaire : Vers une grève générale ?

Depuis la rentrée scolaire du 1er octobre 2025, le climat est tendu dans les écoles. Une grève de 72 heures la semaine dernière, reconduite pour 120 heures, perturbe les cours à Bamako et dans certaines régions. Malgré les engagements du gouvernement, le bras de fer se poursuit et une grève générale plane à l’horizon.

La rentrée 2025-2026 n’a pas commencé sous les meilleurs auspices. Dans les établissements du primaire et du secondaire à Bamako et dans certaines régions, les enseignants observent depuis le 1er octobre un arrêt de travail pour protester contre la suspension des salaires de milliers d’entre eux, enrôlés ou non dans le Système intégré de gestion des ressources humaines (SIGRH).

Le mouvement est initié par certaines coordinations régionales de la Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, malgré les engagements pris par le gouvernement à l’issue de la réunion du 30 septembre 2025.

Les autorités avaient formulé plusieurs promesses, notamment le rétablissement immédiat des salaires pour les enseignants disposant de récépissés d’enrôlement, la constitution d’une réserve de fonds au Trésor public pour payer les 6 000 agents concernés et la mise à disposition d’un budget pour le déploiement des équipes d’enrôlement dans les régions.

« Des avancées, mais trop lentes »

La Synergie des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 s’était donné jusqu’au 10 octobre 2025 pour déclencher une grève générale sur l’ensemble du territoire national si les engagements du gouvernement n’étaient pas tenus.

À deux jours de l’échéance, Ousmane Almoudou, Porte-parole de la Synergie, souligne qu’il y a eu des avancées, mais trop lentes. « Il y a eu un petit progrès sur le terrain, parce que les listes ont été envoyées et que les salaires de certains enseignants sont déjà traités ». Toutefois, poursuit-il, « ces listes partent au compte-gouttes et, à ce rythme, certains enseignants percevront leur salaire alors que d’autres devront encore attendre ».

Le syndicaliste souligne également que les promesses de déploiement des équipes d’enrôlement dans les régions tardent à se concrétiser. « En principe, elles devaient quitter Bamako le lundi, mais cela reste à vérifier », explique-t-il, déplorant le manque de visibilité sur les actions réellement entreprises sur le terrain.

Concernant la question d’une éventuelle accalmie, Ousmane Almoudou est catégorique : « nous allons nous donner jusqu’à la fin de semaine pour analyser les avancées et évaluer l’évolution de la situation. Mais la grève générale annoncée sera toujours d’actualité si tous les enseignants ne perçoivent pas effectivement leurs salaires », prévient le Porte-parole de la Synergie.

Mohamed Kenouvi

Pénurie de carburant : Bamako en panne sèche

Depuis plusieurs semaines, les stations-service maliennes tournent à vide. Dans la capitale comme à l’intérieur du pays, les files s’allongent, les prix flambent et la colère gronde. Entre perturbations sécuritaires et faibles capacités de stockage, la crise du carburant met à genoux une économie déjà fragilisée.

Plusieurs localités du pays sont confrontées depuis quelques semaines à une pénurie de carburant. Des difficultés d’approvisionnement perturbent fortement la distribution de l’essence et du gasoil. L’insuffisance de ces produits, indispensables à la vie économique et sociale, conduit à une flambée des prix et à une forte affluence dans les points de vente. En attendant une sécurisation de l’approvisionnement, les populations craignent une nouvelle crise.

Selon les chiffres de l’Office malien des produits pétroliers (OMAP), la consommation quotidienne moyenne du pays est estimée à 3,5 millions de litres, dont près de 60% destinés à la seule capitale. Cette dépendance logistique accrue explique la rapidité avec laquelle la moindre rupture d’approvisionnement se répercute sur l’ensemble du territoire.

Le 7 octobre 2025, plusieurs stations-service et points informels de vente de carburant sont pris d’assaut par des centaines de citoyens. L’attente est interminable et certains s’impatientent. Écoliers, commerçants ou conducteurs de moto-taxis, ils ont besoin de carburant pour se rendre à l’école, au travail ou pour exercer leur activité. Pendant ce temps, le circuit parallèle fonctionne à plein régime : ceux qui ont flairé une opportunité achètent du carburant pour le revendre plus cher à des usagers sans alternative. Dans certains quartiers de Bamako, notamment à Faladié et à Magnambougou, des revendeurs clandestins exposent désormais leurs bidons à la vue de tous. Les ventes se font à la sauvette, parfois à proximité immédiate des stations-service, sans contrôle ni mesures de sécurité.

Médecin au centre de santé de référence de Kalaban Coro, le Dr Assitan Sidibé observe avec inquiétude le tableau de bord de son véhicule. « la quantité de carburant que j’ai peut m’amener au service. Au retour, si je n’ai pas de carburant, je prendrai si possible un transport en commun », se résigne-t-elle. Comme elle, des dizaines de travailleurs ne savent pas s’ils auront le lendemain de quoi se déplacer. Certains étaient déjà en panne sèche faute d’avoir pu s’approvisionner.

Les hôpitaux et les centres de santé sont parmi les premiers touchés par cette pénurie. Certains établissements ont dû réduire les services de nuit ou recourir à des générateurs alimentés par des réserves limitées.

« Il n’y a plus d’essence », c’est la réponse la plus courante que l’on entend dans les quelques stations encore ouvertes. « Nous attendons du carburant d’ici ce soir », espère un pompiste. Dans celles qui disposent encore de carburant, les files d’attente s’allongent, créant une certaine tension et obligeant les gérants à faire appel aux forces de l’ordre pour éviter les débordements.

Des affrontements ont d’ailleurs été signalés dans plusieurs stations de la rive droite, où des automobilistes, excédés par les longues files, ont exprimé leur colère. Les forces de sécurité ont dû intervenir à plusieurs reprises pour disperser des attroupements.

Cette situation, qui risque de durer encore quelques semaines, impacte fortement la vie des citoyens, déjà éprouvés par la cherté de la vie. Par un effet domino, le prix de certains produits a grimpé en flèche, à l’image du gaz butane, dont la bouteille de 6 kilos revient désormais à 10 000 francs CFA contre 6 000 auparavant. Selon certaines sources, cette flambée pourrait se prolonger si les flux d’importation ne reprennent pas rapidement.

Tension palpable

« C’est seulement ces derniers jours que les citoyens ont touché du doigt le manque. Nous, nous le vivons depuis des semaines » estime un acteur du secteur des hydrocarbures. Depuis les attaques de camions-citernes sur l’axe Kayes – Bamako en septembre 2025, l’approvisionnement du pays est gravement perturbé. Des centaines de camions, bloqués aux frontières, n’entrent plus qu’au compte-goutte et  sous escorte. La faiblesse du stock, qui ne couvre qu’une courte période de consommation, met le marché sous pression.

Pour remédier à la situation, les autorités ont annoncé leur volonté de tout mettre en œuvre pour éviter la rupture. Mais, malgré les assurances, la pénurie redoutée a gagné la capitale. Lors d’un point de presse, le 7 octobre, la Direction générale du Commerce et de la Concurrence a dénoncé les acteurs ne respectant pas les prix plafonds et promis des sanctions. Sur le terrain, cependant, les spéculations persistent. Selon les zones, le bidon d’un litre et demi se négocie entre 2 000 et 4 000 francs CFA.

Conséquence immédiate, les transports en commun – notamment les moto-taxis, très sollicités à Bamako – ont révisé leurs tarifs. Des trajets habituellement facturés 1 000 francs CFA coûtent désormais entre 1 500 et 2 000 francs. « L’essence coûte cher », ses justifient les conducteurs.

Environ 300 camions-citernes sont arrivés en fin de journée le 7 octobre, selon la télévision nationale. Une arrivée qui n’a pas mis fin aux longues files d’attente, visibles dès le lendemain matin dans les stations approvisionnées.

Effets redoutés

Les attaques de citernes ont occasionné des pertes considérables en carburant et en matériel, estimées à plusieurs centaines de millions de francs CFA. À cela s’ajoutent les frais liés aux escortes sécurisées, qui alourdissent encore les coûts de distribution et risquent de provoquer une hausse générale des prix.

Pour l’heure, les tarifs officiels restent fixés à 775 francs CFA le litre de super et 725 francs CFA pour le gasoil, mais le marché informel fait déjà grimper le litre d’essence à plus de 1 300 francs CFA à Bamako. Une nouvelle pression sur le pouvoir d’achat d’une population déjà éprouvée.

Rationnement nécessaire

Dans ce contexte de pénurie, chaque litre de carburant est devenu vital. Le fonctionnement de plusieurs services essentiels, notamment la santé et l’énergie, dépend directement de sa disponibilité. En 2024, les besoins du Mali en carburant avaient été estimés à 500 millions de litres, soit 309 milliards de francs CFA.

Depuis plusieurs semaines, les clients d’Énergie du Mali (EDM) subissent une chute brutale de la fourniture d’électricité : de 12 heures quotidiennes, la moyenne est passée à 6, voire 4 heures, rappelant les lourds délestages du début d’année. Cette absence d’énergie pénalise directement les entreprises et l’économie urbaine.

Pour répartir équitablement les quantités disponibles, les distributeurs s’efforcent de servir d’abord les secteurs prioritaires comme la santé, l’énergie ou les administrations publiques. Une rationalisation rendue difficile par la spéculation. « Le pire, c’est le comportement de certains spéculateurs », déplore un distributeur. « Ils achètent un bidon de 20 litres 15 000 francs CFA en station et le revendent aussitôt  30 000 francs ».

Renforcer le stockage

Avec une consommation annuelle estimée à 1,3 million de m³, le Mali ne dispose que d’une capacité de stockage de 53 853 m³, soit à peine l’équivalent d’un mois de consommation. Cette insuffisance structurelle et les perturbations logistiques expliquent la tension actuelle.

Pour pallier ces difficultés, les autorités envisagent de créer un stock national de sécurité, projet déjà à l’étude depuis plusieurs années. Son objectif : garantir une autonomie minimale de deux à trois mois en cas de crise régionale. Parmi les mesures prioritaires figurent l’élargissement des dépôts de stockage dans les zones stratégiques et la diversification des corridors d’importation, notamment via la Mauritanie.

L’axe Kayes – Bamako, qui représente plus de 50% du trafic national de carburant, reste le principal cordon d’approvisionnement du pays. De sa vitalité dépend la stabilité de toute l’économie.

Fatoumata Maguiraga