Détenu depuis août : Moussa Mara écope de deux ans de prison

L’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, a été condamné ce lundi à deux ans d’emprisonnement, dont un an ferme et un an avec sursis, par le Tribunal du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité (PNLC).

Le parquet avait poursuivi M. Mara pour atteinte au crédit de l’État et opposition à l’autorité légitime, à la suite de publications effectuées sur le réseau social X (anciennement Twitter). Ces messages, diffusés au cours de l’été 2025, avaient suscité l’ouverture d’une enquête pour propos jugés contraires aux lois encadrant la communication en ligne.
L’audience s’est tenue à Bamako sous la présidence du juge du PNLC. Le tribunal a également condamné M. Mara à verser une amende de 500 000 francs CFA et à payer un franc symbolique à l’État, constitué partie civile.
L’ancien chef du gouvernement, en poste entre 2014 et 2015, avait été incarcéré le 1er août 2025, après son inculpation formelle. Ses avocats, dont Me Mountaga C. Tall, avaient déposé plusieurs demandes de mise en liberté provisoire, toutes rejetées par le juge d’instruction.
Le ministère public avait requis deux ans de prison à l’encontre de l’accusé, conformément aux dispositions du nouveau Code pénal adopté en 2024. La défense a annoncé son intention de faire appel du jugement dans les délais légaux prévus.
Moussa Mara demeure détenu dans l’attente de la procédure d’appel.

LCCP : Un levier de 100 milliards FCFA pour bâtir les champions miniers maliens

AFG Bank Mali a lancé ce lundi son Local Content Champion Program, dotant les sous-traitants locaux du secteur minier d’un outil de financement et d’accompagnement sans précédent. L’initiative, qui porte l’engagement total du groupe Atlantique, ambitionne de créer 2 000 emplois et de faire émerger trente entreprises nationales de classe mondiale.

​L’hôtel Radisson Collection de Bamako a accueilli ce lundi 27 octobre 2025 le lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative stratégique d’AFG Bank Mali. L’événement, présidé par le Professeur Amadou Keïta, Ministre des Mines, a réuni les figures importantes de l’écosystème minier et financier du Mali. Autour des dirigeants d’AFG Bank et d’AFG Assurances, les échanges se sont déroulés en présence de personnalités éminentes comme le Président de la Commission mine du CNT, le Ministre de l’Énergie et de l’Eau, un membre du Conseil d’Administration du Groupe Atlantique, le Secrétaire permanent du Contenu local et le Vice-Président du CNPM. Pour ne citer que celles-ci.
​C’est avec une immense fierté que Sayouba Ouédraogo, Directeur Général d’AFG Bank Mali, a ouvert la cérémonie. Il a souligné que le LCCP est né d’une conviction simple mais puissante : « Le développement du Mali passe par ses acteurs locaux et leur capacité à innover et à collaborer ».
Le DG a rappelé que ce programme, annoncé une première fois en février au Mining Indaba, est la traduction concrète de l’engagement de la banque à être proche du terrain, notamment en renforçant son réseau d’agences et en investissant dans le digital. Saluant la présence du Ministre des Mines, M. Ouédraogo y a vu la confirmation de « sa vision et son engagement en faveur d’un secteur minier plus inclusif ».
​L’impact potentiel du LCCP repose sur une enveloppe financière exceptionnelle de 100 milliards de francs CFA, dédiée à stimuler la participation des entreprises maliennes dans la chaîne de valeur minière. L’approche d’AFG Bank Mali va au-delà du simple crédit, proposant un appui structuré et combiné pour les sous-traitants et fournisseurs. Cet accompagnement inclut des financements sur mesure utilisant des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage et les solutions de capital-risque, ainsi que des sessions de renforcement de capacités techniques et managériales.
​Le programme se fixe des objectifs ambitieux pour les trois prochaines années. D’ici 2027, AFG Bank Mali s’engage à créer 2 000 emplois directs, à accompagner la structuration de 150 entreprises locales, et surtout, à faire émerger une trentaine de champions nationaux capables d’opérer aux standards mondiaux. Ce dispositif est conçu pour aider les entreprises à surmonter le défi principal identifié à savoir la difficulté d’accéder au financement et à la structuration nécessaire pour répondre aux exigences des opérations minières.
​L’ancrage panafricain au service du développement local
​Poursuivant les allocutions, Sionlé Yéo, Directeur Général d’AFG Holding, le pôle financier du Groupe Atlantique, a souligné la dimension stratégique du LCCP. Il a insisté sur le fait que l’initiative malienne s’inscrit parfaitement dans la vision globale du Groupe visant à  contribuer significativement au développement des économies africaines en soutenant l’émergence de champions. M. Yéo a rappelé que le Groupe Atlantique, présent dans 13 pays et couvrant la banque, l’assurance, l’industrie et l’agriculture, est par nature le partenaire du développement national.
​Le DG du Holding a félicité les équipes maliennes pour leur performance remarquable. Il a notamment souligné que depuis le rachat en 2020, AFG Bank Mali est passée de la 13e à la 8e position des banques du pays. Il a rendu hommage au travail de M. Sayouba Ouédraogo et de Madame Adam Cissé, Directrice Générale d’AFG Assurances Mali, saluant la convergence et les synergies entre les deux entités. Pour M. Yéo, le contenu local est une « source prodigieuse d’opportunités économiques » que le Groupe est déterminé à répliquer dans d’autres pays miniers comme la Côte d’Ivoire ou la Guinée.
​Un allié stratégique de la puissance publique
​Clôturant les prises de parole, le Ministre des Mines, le Professeur Amadou Keïta, a chaleureusement salué cette initiative. Il a rappelé que si le Mali a fait le « fort effort politique » d’adopter une loi sur le contenu local, l’efficacité de cette loi repose sur des outils concrets. Le LCCP apporte précisément cet élément de solution en répondant à la nécessité de financement et d’accompagnement des prestataires et fournisseurs locaux.
​Le Ministre a insisté sur le fait que ces « standards mondiaux » ne sont pas des contraintes, mais une « opportunité pour nos acteurs de s’aguerrir » avec l’objectif de conquérir les marchés régionaux et internationaux. Il a d’ailleurs cité plusieurs entreprises maliennes qui, par leur sérieux, « nous rendent fiers » en s’exportant déjà. Le Professeur Keïta a conclu en affirmant que le LCCP fait la preuve que le secteur privé est un allié stratégique de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques. Il a assuré les acteurs de l’engagement total des autorités : « L’État, je peux vous l’assurer, se tiendra aux côtés d’AFG Bank pour accompagner cette dynamique », dont l’objectif ultime est de créer plus d’emplois et d’opportunités pour la nation.

Coupes CAF : le football malien signe un doublé historique

Le Stade Malien de Bamako et le Djoliba AC se sont tous deux qualifiés pour la phase de groupes des compétitions africaines interclubs. Une performance pleine qui offre au pays un taux de réussite de 100 % à ce stade de la saison.

À l’issue des deux tours préliminaires des compétitions africaines interclubs 2025-2026, les clubs maliens ont réalisé un exploit retentissant. Le Stade Malien de Bamako, engagé en Ligue des champions de la CAF, a validé sa qualification historique pour la phase de groupes après sa victoire 2-0 face au FC Nouadhibou de Mauritanie, ce dimanche 26 octobre au Stade du 26-Mars. Ce succès, obtenu après un nul encourageant (1-1) à l’aller, permet aux « Blancs de Bamako » d’accéder pour la première fois de leur histoire à ce niveau de la compétition. Il s’agit également de la seconde présence d’un club malien à ce stade, après le Djoliba AC la saison passée.

En Coupe de la Confédération, le Djoliba AC a lui aussi confirmé sa solidité. Après avoir gagné 1-0 à Ouagadougou à l’aller, les « Rouges » ont récidivé à domicile en s’imposant 2-1 face à l’USAFA du Burkina Faso. Ce deuxième succès consécutif leur ouvre les portes de la phase de groupes et confirme leur statut parmi les équipes les plus régulières du continent.

Avec ces deux qualifications, le Mali réalise un parcours sans faute et conserve son indice continental en progression. Cette performance collective reflète la montée en puissance du football national, portée par une nouvelle génération ambitieuse et mieux préparée pour rivaliser sur la scène africaine. Les supporters espèrent désormais voir leurs clubs briller dans les phases de groupes et prolonger cet élan victorieux.

 

Transition : Une union sacrée est-elle possible ?

Dans un message adressé le 15 octobre dernier au Président de la Transition, le Président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) dissous, Yeah Samaké, appelle à une union des forces pour sauver le Mali. Son initiative relance le débat sur la possibilité d’une union sacrée des Maliens dans un contexte de crise multidimensionnelle profonde.

Dans son message, Yeah Samaké invite à « dépasser les clivages » afin de bâtir ensemble un Mali fort, souverain et prospère. « Je viens en paix, avec le cœur d’un patriote sincère », écrit-il, avant de tendre « une main fraternelle pour le Mali ».

Cet appel à l’unité intervient dans une période où la cohésion nationale est plus que jamais mise à l’épreuve. Mais une union sacrée rassemblant acteurs politiques et forces vives autour des autorités de la Transition est-elle réellement possible dans le climat actuel ?

Méfiance 

L’appel de Yeah Samaké, au-delà de sa portée symbolique, ravive le débat sur les conditions d’un dialogue inclusif dans un Mali fragmenté par les tensions politiques et sociales.

Depuis plusieurs mois, une partie de la population réclame un retour à un ordre institutionnel normal, tandis qu’une autre affiche un soutien indéfectible aux autorités actuelles, convaincue que les anciens dirigeants ont failli. Cette fracture du corps social s’accompagne d’une crispation politique qui rend toute initiative d’union nationale difficile à concrétiser. Comme le souligne un analyste politique, « il ne suffit pas de tendre la main, encore faut-il qu’elle soit saisie. Or, aujourd’hui, la main de la réconciliation se heurte au mur de la méfiance et du ressentiment ».

Depuis la dissolution des partis politiques en mai dernier, la scène politique est figée, et les relations entre la Transition et les anciens acteurs politiques restent tendues. Bien avant cette mesure, plusieurs leaders d’opinion, anciens ministres, Présidents de partis et figures religieuses avaient été arrêtés, réduits au silence ou contraints à l’exil.

Dans ce contexte, l’appel à l’union sonne à la fois comme une exhortation patriotique et comme un rappel de la nécessité du pardon. « L’union des forces est possible, mais elle exige un changement profond des attitudes et des pratiques. Elle suppose un leadership capable d’inclure plutôt que d’exclure, de réconcilier plutôt que de punir, et surtout une confiance mutuelle qui fait aujourd’hui défaut », souligne notre interlocuteur.

Les conditions d’une union nationale crédible 

Malgré les obstacles, plusieurs observateurs considèrent que l’union sacrée de tous les Maliens demeure une nécessité stratégique pour sortir le pays de l’impasse actuelle.

Cependant, pour qu’une telle union soit possible, elle doit reposer sur des bases sincères. La libération des anciens responsables politiques et des leaders d’opinion incarcérés constituerait un signal fort d’apaisement.

« Le Mali a besoin de tous ses fils. L’Imam Mahmoud Dicko, Moussa Mara, Ras Bath, Ben le Cerveau, Rose « la vie chère », Mamadou Traoré dit Le Roi, l’Imam Sékou Sidibé, l’Imam Bandiougou Traoré, etc., ont tous leur utilité dans la gestion de la crise actuelle », estime Sékou Niamé Bathily, élu local et cadre de l’ancien parti RPM.

Par ailleurs, la restauration du débat public permettrait de retisser le lien entre dirigeants et citoyens. Pour M. Bathily, « il faut accepter qu’il y a des Maliens qui souffrent de la gouvernance actuelle du pays et que d’autres ont le droit d’en parler ».

Enfin, la mise en place d’un cadre de concertation réellement inclusif — associant acteurs politiques, religieux, militaires et société civile — pourrait donner corps à l’idée d’un consensus national.

« Le Mali a déjà connu des moments d’unité dans l’adversité, notamment lors de la crise de 2012. Si la Transition actuelle veut réussir, elle doit comprendre que la force d’un État réside dans sa capacité à écouter et à rassembler, non à imposer et à diviser », conclut un ancien responsable politique.

Mohamed Kenouvi

Mali/États-Unis : Washington lève la caution de visa imposée aux voyageurs

Le Département d’État américain a officiellement retiré, le 23 octobre 2025, le Mali de la liste des pays concernés par son Programme pilote de caution de visa, une mesure qui exigeait des voyageurs un dépôt de garantie pouvant atteindre 15 000 dollars. Cette annonce, faite discrètement à travers une mise à jour sur le site officiel du Département d’État, met fin à une tension diplomatique née entre Bamako et Washington depuis la mise en œuvre de ce dispositif jugé pénalisant.
Le programme, instauré pour cibler les nations dont les ressortissants dépassaient fréquemment la durée légale de séjour aux États-Unis, imposait à certains demandeurs de visas de tourisme ou d’affaires (B-1/B-2) de verser une somme comprise entre 5 000 et 15 000 dollars. Ce montant, placé sur un compte du Trésor américain, n’était restitué qu’à condition que le voyageur quitte le territoire américain dans les délais autorisés. Cette exigence avait immédiatement suscité la réaction du ministère malien des Affaires étrangères, qui avait riposté par une mesure de réciprocité stricte, imposant la même caution aux citoyens américains souhaitant se rendre au Mali.

En retirant désormais le Mali de la liste intitulée Countries Subject to Visa Bonds, Washington rétablit les procédures consulaires ordinaires et rend caduque la mesure de réciprocité malienne. Plusieurs pays africains, comme la Tanzanie, la Mauritanie ou la Zambie, demeurent toutefois soumis au programme. Pour Bamako, cette levée constitue un geste diplomatique fort, perçu comme une reconnaissance de la bonne foi du pays en matière de coopération migratoire.

Ce revirement américain s’inscrit dans une dynamique d’apaisement des relations bilatérales, après plusieurs mois de crispation sur fond de différends politiques et sécuritaires. Il permet de faciliter la mobilité des étudiants, hommes d’affaires et familles, tout en levant une barrière financière et psychologique importante pour les citoyens maliens. En toile de fond, cette décision traduit la volonté des deux capitales de préserver un dialogue constructif, malgré un contexte international parfois tendu.

Éveil Mali lance les « Ateliers Citoyens II » : La jeunesse et les femmes, vecteurs de bonne gouvernance

Le lancement officiel de la Phase II du projet « Les Ateliers Citoyens » d’Éveil Mali, sous la direction de son Coordinateur national Hamma Cissé, s’est déroulé à Bamako le 25 octobre 2025. Ce projet, financé par le Fonds d’Appui aux Moteurs du Changement (FAMOC) du royaume du Danemark, vise à renforcer la participation citoyenne et le leadership des jeunes et des femmes maliennes dans la gestion des affaires publiques.

​L’événement a rassemblé de nombreuses personnalités, soulignant l’importance nationale du projet. On notait la présence de membres éminents du Conseil National de Transition (CNT), dont Amadou Diallo, ainsi que des guides religieux influents tels que Iba Haïdara, Bandjougou Doumbia, et Mohamed Cheick Oumar Coulibaly. Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako, le représentant du FAMOC, le Président du Conseil National de la Jeunesse du Mali (CNJ-Mali), et le représentant des étudiants maliens au Burkina Faso ont également pris part à la cérémonie.
​Le représentant de la mairie de la Commune V de Bamako a félicité Éveil Mali pour son engagement citoyen et a exhorté les autres organisations à suivre cet exemple pour un Mali plus prospère. Il a également adressé ses remerciements à M. Kaboré, représentant du FAMOC, pour son « engagement constant aux côtés de la jeunesse malienne ».
​« Ateliers Citoyens II » : Une feuille de route pour l’autonomisation
​Éveil Mali est une organisation citoyenne et patriotique, apolitique et inclusive, dont la mission centrale est de contribuer à la promotion de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne des jeunes et des femmes.
​Le Coordinateur national, Hamma Cissé, a présenté la Phase II, un projet de douze (12) mois, dont les objectifs spécifiques visent à renforcer le leadership des jeunes et des femmes, contribuer à l’appropriation par les populations des grandes réformes de la transition et de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, et consolider leur connaissance et leur respect des institutions et symboles de l’État.
​Le projet ciblera plus de 102 000 bénéficiaires finaux dans plusieurs zones, notamment l’ensemble du district de Bamako, et les communes de Niono (région de Ségou) et de Goundam (région de Tombouctou) pour les activités physiques.
​Le FAMOC : Un soutien structuré aux moteurs du changement
​M. Kaboré du FAMOC a rappelé que le Fonds, financé par le royaume du Danemark, a pour vocation de favoriser l’émergence d’une société malienne plus résiliente et respectueuse des droits humains par des actions focalisées sur la citoyenneté active, la lutte contre l’extrémisme violent et les droits humains.
​Le processus de sélection a été rigoureux, avec 89 projets retenus sur 124 candidatures soumises, dont celui d’Éveil Mali. Le FAMOC propose différents niveaux de subvention pour ses bénéficiaires : les Organisations à grande capacité peuvent obtenir un financement allant de 25 à 125 millions de FCFA pour des projets d’une durée de deux ans ; les Projets d’une année peuvent bénéficier d’un financement allant jusqu’à 80 millions de FCFA ; et les individus et structures informelles peuvent obtenir une subvention allant jusqu’à 20 millions de FCFA pour un projet d’un an.
​Pour finir, Hamma Cissé a lancé un appel vibrant à la responsabilité collective, insistant sur le fait que « Chacun compte » et que « il n’y a pas de petit effort » dans l’édification de la nation. Il a également réitéré la confiance et le soutien total d’Éveil Mali aux Forces Armées Maliennes (FAMA) pour leur rôle crucial.

AFG Bank Mali prépare le lancement du LCCP pour soutenir les entreprises locales

AFG Bank Mali procédera ce lundi 27 octobre 2025, à partir de 9h00, à l’hôtel Radisson Collection, au lancement officiel du Local Content Champion Program (LCCP), sous la présidence du Ministre des Mines, le Professeur Keïta.

Cette initiative ambitieuse vise à renforcer la compétitivité des entreprises maliennes du secteur minier et à faire émerger de véritables champions nationaux grâce à un accompagnement financier structuré.

Plusieurs activités marqueront cette journée, notamment un panel sur “Financement et compétitivité locale : bâtir des champions du contenu local” et des rencontres B2B entre acteurs du secteur, institutions financières et entreprises locales.

À travers ce programme, AFG Bank Mali entend confirmer son rôle de catalyseur du développement économique, en mettant le financement au service du conteu local.

Niger : enlèvement d’un pilote humanitaire à Niamey et libération de l’ancien préfet d’un département du nord-est

Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2025, un ressortissant américain, pilote de l’ONG Serving In Mission (SIM) présent au Niger depuis 2010, a été enlevé à Niamey. Le lendemain, le 22 octobre, le commandant Amadou Torda, ancien préfet du département de Bilma, ainsi que quatre de ses compagnons (deux gendarmes, deux soldats de la Garde nationale) ont été libérés après plus d’un an de captivité.

Le pilote américain, âgé de 48 ans selon plusieurs sources, a été retiré de son domicile situé dans le quartier Château 1, un secteur sécurisé près de l’hôtel Bravia et du palais présidentiel. Trois hommes armés non identifiés l’ont emmené. Le Département d’État des États-Unis a indiqué que l’ambassade américaine à Niamey travaille avec les autorités nigériennes pour obtenir sa libération. Aucune revendication n’a encore été faite, et les forces de sécurité nigériennes ont engagé des recherches dès le mercredi 22 octobre. Il s’agit, selon les médias, du premier enlèvement d’un ressortissant étranger à Niamey depuis 2011.
Le pilote enlevé exerçait des missions de transport aérien d’urgence humanitaire pour SIM International, organisation active dans plusieurs pays du Sahel. SIM confirme sa présence au Niger, en soulignant les défis sécuritaires grandissants dans la région.

La seconde situation concerne la libération du commandant Amadou Torda et de ses quatre compagnons qui avaient été enlevés le 21 juin 2024 alors qu’ils revenaient vers Bilma, dans la région d’Agadez. L’enlèvement avait été attribué à un groupe armé non identifié. Des documents de l’époque mentionnaient la mort d’un membre de la délégation et la mise en œuvre d’une vaste opération de recherche par les forces de défense et de sécurité nigériennes. Leur libération, intervenue le 22 octobre 2025 après plus de 16 mois de détention, marque un soulagement dans la communauté locale mais s’inscrit dans un contexte d’insécurité récurrente dans cette zone du nord-est du pays.

Ces deux affaires reflètent la persistance des risques sécuritaires au Niger où les enlèvements – tant de ressortissants étrangers que de représentants de l’État – interviennent dans un contexte de dégradation de la sécurité, en particulier dans les régions du Sahel et du nord-est. L’enlèvement à Niamey d’un humanitaire opérant dans un quartier hautement sécurisé illustre notamment l’extension des menaces urbaines. De son côté, la libération des otages de Bilma souligne la lenteur du processus de réponse, mais aussi la capacité de l’État à conduire des opérations de recherche et de négociation.

L’ONG humanitaire concernée, active depuis des années au Niger, signale que le contexte opérationnel s’est durement complexifié ces dernières années, avec une multiplication d’attaques et d’enlèvements dans les zones rurales et frontalières. Les otages libérés de Bilma étaient détenus dans des conditions qui restaient obscures jusqu’à récemment, et leur retour pose la question de la prise en charge et de la réinsertion de personnels de sécurité confrontés à de tels conflits.

Enfin, la multiplication de ces opérations d’enlèvement met en lumière les défis de l’État nigérien en matière de sécurisation de ses frontières, de protection des humanitaires et de maintien de l’ordre dans des zones de faible densité administrative. Le retour à la normale pour les familles et les organisations concernées va nécessiter une gestion psychologique, matérielle et institutionnelle.

Étienne Fakaba Sissoko : “L’Eco ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous contrainte politique

Alors que la mise en circulation de la monnaie unique “Eco” est annoncée pour 2027, les incertitudes économiques et politiques fragilisent toujours le projet. L’économiste Étienne Fakaba Sissoko estime que cette transition ne sera pas une rupture brutale, mais une recomposition institutionnelle sous fortes contraintes régionales.

Où en est selon vous le projet de passage du franc CFA à la monnaie unique “Eco” annoncé pour 2027 ?

Le calendrier de 2027 reste celui inscrit dans la feuille de route officielle de la CEDEAO. Mais il faut reconnaître que cette échéance relève davantage de l’ambition politique que de la réalité économique.
La plupart des pays ne remplissent pas encore durablement les critères de convergence fixés — déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, inflation maîtrisée, réserves suffisantes pour trois mois d’importations.
La succession de chocs — pandémie, guerre en Ukraine, crise énergétique, insécurité régionale — a repoussé les ajustements nécessaires.

De plus, la recomposition géopolitique actuelle, marquée par la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, complexifie l’architecture du projet monétaire commun. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur arrimage politique à la CEDEAO est désormais suspendu, ce qui fragilise la gouvernance collective.

En réalité, 2027 sera sans doute une étape symbolique, marquant le lancement d’un noyau d’États “prêts” sur le plan macroéconomique et institutionnel, plutôt qu’un basculement simultané de l’ensemble de la région.

Quelles différences majeures distinguent le futur Eco du FCFA actuel, sur le plan technique et institutionnel ?

Il faut distinguer deux trajectoires : la réforme déjà engagée au sein de l’UEMOA et le projet d’Eco plus large porté par la CEDEAO.

La réforme UEMOA, amorcée en 2019, a été importante sur le plan institutionnel :
• suppression du compte d’opérations logé au Trésor français ;
• fin de l’obligation de dépôt de 50 % des réserves de change en France ;
• retrait des représentants français des instances de la BCEAO et de la Commission bancaire.

Cependant, cette réforme n’a pas modifié le cœur du régime monétaire : la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues, désormais sous la forme d’une ligne de crédit.

Le futur Eco de la CEDEAO, en revanche, suppose un changement d’échelle et de philosophie. Il devrait inclure des pays aux structures économiques très différentes — Nigeria, Ghana, Sierra Leone, Cap-Vert — ce qui nécessitera de repenser entièrement la gouvernance, les règles de convergence, et le régime de change.
C’est sur ce terrain institutionnel que se jouera la véritable rupture avec le modèle actuel.

L’arrimage à l’euro reste-t-il une garantie de stabilité ou un frein à la souveraineté monétaire ?

C’est à la fois une source de crédibilité et une contrainte systémique.
L’arrimage à l’euro a permis de préserver la stabilité des prix, de limiter les dérapages monétaires et de maintenir la confiance des investisseurs. En 2024, la BCEAO affichait l’une des inflations les plus faibles du continent et un niveau de réserves satisfaisant : c’est la face vertueuse du système.

Mais cette stabilité a un coût : la perte d’autonomie de décision. La BCEAO ne peut pas ajuster son taux de change pour soutenir ses exportations, ni utiliser pleinement la politique monétaire pour amortir les chocs.
Donc, l’arrimage protège contre l’instabilité, mais il verrouille la capacité d’adaptation.

L’enjeu aujourd’hui n’est pas de rompre brutalement avec le peg, mais de le redéfinir dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional, des marchés financiers intégrés et une coordination budgétaire renforcée.

Quelle place occupe aujourd’hui la France dans la gouvernance du système monétaire ouest-africain ?

Formellement, la France n’exerce plus de pouvoir décisionnel dans la gouvernance monétaire de l’UEMOA. Elle ne siège plus dans les conseils de la BCEAO ni dans les comités de politique monétaire.
Son rôle se concentre désormais sur la garantie de convertibilité, assurée par une ligne de crédit, et sur la parité fixe avec l’euro.

Autrement dit, l’influence directe a disparu, mais l’influence structurelle demeure.
Tant que la stabilité de la zone dépendra de l’ancrage à l’euro et du soutien de Paris en cas de crise de liquidité, la relation restera asymétrique.
C’est ce que j’appelle une indépendance encadrée : l’Afrique de l’Ouest a gagné en autonomie institutionnelle, mais pas encore en souveraineté stratégique.

Quels défis spécifiques le Mali devra-t-il affronter dans cette transition, notamment après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) ?

Le Mali se trouve aujourd’hui au carrefour de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture politique avec la CEDEAO et son adhésion à l’Alliance des États du Sahel.
Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire.

Techniquement, Bamako reste adossé à la BCEAO, donc au système du franc CFA, mais la sortie de la CEDEAO complique son intégration à la future monnaie Eco.
Politiquement, l’AES évoque la création d’une architecture économique autonome, voire de mécanismes de paiement intra-Sahel, mais sans cadre technique ou institutionnel concret à ce jour.

Le Mali devra donc préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Cela suppose de renforcer la discipline budgétaire, la transparence financière et la résilience économique interne, faute de quoi toute ambition de souveraineté monétaire resterait illusoire.

Selon vous, le débat sur le FCFA est-il avant tout économique, politique ou symbolique ?

C’est un débat éminemment total : à la fois économique, politique et symbolique.

Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies.
Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ?
Et sur le plan symbolique, il touche à la mémoire postcoloniale, à la quête de dignité et à la légitimité des institutions héritées.

En vérité, le débat sur le franc CFA est le miroir des contradictions africaines : vouloir la souveraineté sans en assumer les disciplines internes.
Changer de monnaie n’aura de sens que si nous changeons notre rapport à la production, à la dépense publique et à la gouvernance.
Autrement, l’Eco ne serait qu’un rebranding monétaire, sans transformation économique réelle.

Finalement, le passage du franc CFA à l’Eco ne doit pas être vu comme un acte de rupture, mais comme un processus d’ajustement institutionnel vers une souveraineté monétaire effective.
Le véritable enjeu n’est pas de savoir quand l’Eco sera lancé, mais dans quelles conditions il sera viable.
Car sans discipline budgétaire, sans convergence macroéconomique et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine — fût-elle rebaptisée Eco.

AFG Bank Mali lance le LCCP pour soutenir les entreprises locales du secteur minier

AFG Bank Mali a annoncé le lancement du Local Content Champion Program (LCCP), une initiative ambitieuse visant à renforcer la participation des sous-traitants et fournisseurs locaux dans le secteur minier malien.

​Doté d’une enveloppe de 100 milliards de FCFA, le programme vise à identifier, accompagner et valoriser des champions locaux à fort potentiel. Ces entreprises bénéficieront d’un appui structuré combinant financement sur mesure, renforcement des capacités et conseil en investissement. Les financements proposés incluent des mécanismes innovants tels que le leasing, l’affacturage, les garanties et des solutions de capital-risque.

​Le LCCP cible principalement les sous-traitants locaux opérant dans les services, la logistique, la sous-traitance ou la fourniture de biens liés aux opérations minières.

​À travers ce programme, AFG Bank Mali ambitionne de créer 2 000 emplois d’ici 2027 et de faire émerger une trentaine de champions nationaux.

​Le lancement officiel est prévu le 27 octobre 2025 à Bamako. Cette rencontre réunira les acteurs du secteur minier, les institutions publiques et les partenaires techniques.

Loulo-Gounkoto : la mine d’or redémarre après neuf mois d’arrêt

Suspendues depuis janvier 2025, les activités du complexe aurifère Loulo-Gounkoto, dans la région de Kayes, ont officiellement repris à la mi-octobre. Ce redémarrage met fin à plus de neuf mois d’interruption provoquée par un différend fiscal et contractuel entre l’État malien et la société Barrick Gold Corporation, jusque-là opératrice principale du site.

Selon plusieurs sources industrielles, la production a redémarré progressivement sous la supervision d’une administration provisoire malienne nommée en juin. Les premières extractions de minerai ont déjà repris sur la mine de Loulo, tandis que les opérations de traitement sont en phase de montée en puissance. Le complexe, considéré comme le plus important du pays, avait produit près de 723 000 onces d’or en 2024 avant la suspension des activités.

La reprise marque un tournant pour le secteur minier national, dont les recettes avaient connu une forte contraction au premier semestre 2025. Les autorités maliennes, qui entendent renforcer leur contrôle sur les ressources naturelles, affirment vouloir garantir la continuité de la production tout en renégociant les conditions d’exploitation pour mieux préserver les intérêts de l’État.

Barrick Gold, tout en réaffirmant sa volonté de dialogue, n’a pas encore annoncé de retour officiel à la gestion du site. Le complexe Loulo-Gounkoto emploie plusieurs milliers de travailleurs maliens et constitue l’un des piliers des exportations du pays. Sa relance devrait contribuer à stabiliser les revenus aurifères et à soutenir les réserves budgétaires dans un contexte économique tendu.

Côte d’Ivoire : Un scrutin sans suspense mais à forte portée régionale

À deux jours de la présidentielle du 25 octobre, la Côte d’Ivoire se prépare à un vote marqué par l’absence de ses grandes figures d’opposition. Face à une scène politique recomposée, Alassane Ouattara aborde ce rendez-vous décisif dans une région en pleines turbulences.

Cinq candidats sont officiellement en lice pour la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025, validés par le Conseil constitutionnel au terme d’un processus tendu. Le Président sortant Alassane Ouattara, 83 ans, brigue un quatrième mandat sous les couleurs du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix. Face à lui, quatre visages aux parcours contrastés tentent de rompre la logique d’un pouvoir solidement installé. Simone Ehivet, ancienne Première Dame et ex-compagne de Laurent Gbagbo, veut incarner un retour moral et patriotique après des années de silence politique. Jean-Louis Billon, homme d’affaires et ancien ministre du Commerce, mise sur la souveraineté économique et la bonne gouvernance. Ahoua Don Mello, proche de l’ancien Président Gbagbo, prône une alternative nationaliste, tandis que Henriette Lagou ADJOUA, indépendante, s’appuie sur sa réputation de ténacité politique. Malgré la présence de ces profils contrastés, la campagne s’est déroulée dans un calme relatif, sans grands rassemblements, révélant à la fois la discipline du pouvoir et la résignation d’une partie de l’électorat.

Mais, derrière la diversité affichée, la compétition semble déjà pliée. Plusieurs figures majeures de la vie politique ivoirienne – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam et Pascal Affi N’Guessan – ont été écartées de la course pour des raisons judiciaires ou administratives. Ces exclusions nourrissent la contestation et fragilisent la perception de légitimité du scrutin. Le véritable enjeu pourrait alors résider dans le taux de participation. Entre lassitude électorale et sentiment d’inutilité du vote, la mobilisation populaire déterminera la portée politique du résultat.

Au-delà des frontières ivoiriennes, ce scrutin résonne dans une Afrique de l’Ouest en recomposition. La CEDEAO, affaiblie par le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, tente de restaurer son autorité morale en prônant l’alternance et la bonne gouvernance. Les tensions frontalières, la pression migratoire venue du Sahel, l’inflation et la menace jihadiste complètent un paysage d’incertitudes. Dans ce contexte, la stabilité de la Côte d’Ivoire est un enjeu collectif pour la région, entre promesse de continuité et besoin d’exemplarité démocratique.

À l’heure où la CEDEAO tente de restaurer son image d’espace d’alternance et de stabilité, la Côte d’Ivoire, par son poids économique et politique, reste observée comme le baromètre de la démocratie ouest-africaine.

Crise de carburant : Les revendeurs sur la sellette

Le Mali tente d’enrayer la pénurie de carburant qui paralyse l’économie depuis plusieurs semaines. Les autorités ont restreint la vente aux acteurs informels, une mesure qui accentue les difficultés des populations rurales et de milliers de petits opérateurs.

La crise du carburant affecte désormais tous les secteurs d’activité. Depuis les attaques de camions-citernes survenues mi-septembre, l’approvisionnement est fortement perturbé, aggravant la pénurie jusque dans la capitale. Face à l’ampleur de la situation, les autorités ont annoncé des mesures destinées à stabiliser le marché et à sécuriser la chaîne logistique. Parmi celles-ci, la restriction de la vente par les revendeurs, censée éviter les spéculations et limiter le détournement du produit vers les groupes armés. Une mesure jugée nécessaire mais difficile à appliquer dans un contexte de forte demande et de hausse continue des prix.

De plus, cette crise a déjà provoqué une baisse sensible du transport des marchandises et du trafic urbain, entraînant des pertes économiques estimées à plusieurs milliards de francs CFA. Le Mali, dont la consommation mensuelle avoisine 65 millions de litres pour une capacité de stockage de 53 853 m³, est dépendant à plus de 90% des importations transitant principalement par le port de Dakar. Toute perturbation logistique sur cet axe ou aux frontières fragilise l’ensemble du système énergétique national.

Gestion à long terme

La pénurie a révélé les limites structurelles du dispositif de gestion et de distribution des produits pétroliers. Pour résoudre durablement la crise, les autorités annoncent le renforcement des escortes des camions-citernes, la surveillance accrue de la distribution afin d’éviter les pratiques spéculatives et une politique de stockage plus ambitieuse.

À Bamako, les files d’attente s’allongent devant les stations-service tandis que les revendeurs informels prospèrent. Entre 1 500 et 2 000 francs CFA le litre, les consommateurs n’ont guère le choix. Dans les villes de province, les autorités tentent de rationner la distribution quand le produit est disponible. À Ségou, un conducteur de mototaxi confie : « cela fait trois jours que j’attends. Les stations disent qu’il n’y en a plus. » En attendant le prochain ravitaillement, il espère que « les autorités reprendront le dessus ».

Dans d’autres localités comme Fana ou Moussala, les habitants évoquent les mêmes difficultés d’approvisionnement. Les revendeurs, désormais exclus du circuit, peinent à s’adapter tandis que les populations redoutent une crise prolongée. Au-delà de la gestion immédiate, la situation interroge sur la soutenabilité du modèle énergétique national et le coût croissant des subventions publiques dans un contexte de tensions budgétaires.

Tournoi UFOA-A U17 2025 : Un bilan satisfaisant

Le tournoi de l’UFOA-A U17 2025 s’est achevé le 18 octobre à Bamako, après deux semaines de matches intenses et riches en émotions. Huit sélections de la sous-région étaient en lice pour décrocher le titre et les deux places qualificatives pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations U17.

Champion en titre, le Sénégal a conservé son trophée avec autorité. Invaincus tout au long de la compétition, les Lionceaux ont affiché une solidité collective impressionnante. Emmenés par Souleymane Commissaire Faye, auteur d’un doublé en finale, ils ont dominé le Mali 2–0 pour s’adjuger une troisième couronne zonale après celles de 2018 et 2024.

De son côté, le Mali n’a pas démérité. Logés dans le groupe A avec la Gambie, la Guinée-Bissau et le Libéria, les Aiglonnets ont entamé le tournoi par une large victoire 6–0 face au Libéria avant d’enchaîner avec deux matches nuls (1–1 contre la Guinée-Bissau et 2–2 face à la Gambie).

En demi-finale, les jeunes Maliens ont éliminé la Guinée (2–1) grâce à une belle réaction collective, avant de s’incliner face à un Sénégal plus expérimenté lors de la finale.

Malgré la déception du dernier match, les protégés du sélectionneur Demba Mamadou Traoré ont atteint leur principal objectif : la qualification pour la CAN U17 2026, aux côtés du Sénégal.

Derrière les finalistes, la Guinée-Bissau a décroché la troisième place en venant à bout de la Guinée lors de la petite finale, confirmant ainsi sa montée en puissance dans les catégories de jeunes.

Une vitrine pour la jeunesse ouest-africaine  

Sur le plan individuel, le Sénégalais Souleymane Commissaire Faye a été élu à la fois meilleur joueur et meilleur buteur de la compétition, tandis que son coéquipier Assane Sarr a remporté le trophée de meilleur gardien.

Côté malien, même si la force du collectif a été la clé du parcours, plusieurs talents se sont distingués, à l’image du capitaine Ismaël Kamissoko des Étoiles du Mandé, ainsi que des attaquants Mohamed Sogodogo du FC Malikoura et Fousseyni Sidibé du CSB.

L’organisation de ce tournoi, unanimement saluée par les délégations participantes, a confirmé la capacité du Mali à accueillir de grands rendez-vous sportifs. Au-delà du sacre sénégalais, la compétition a démontré la vitalité et le potentiel du football de jeunes en Afrique de l’Ouest.

Le rendez-vous est désormais pris pour la CAN U17 2026, où le Sénégal et le Mali tenteront de porter haut les couleurs de la sous-région, aux côtés des représentants de l’UFOA-B, la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Mohamed Kenouvi

Reprise des cours : Paix fragile dans les écoles publiques

Les élèves des écoles publiques ont repris les cours ce 20 octobre 2025. Près de trois semaines après la rentrée, les enseignants ont accepté de lever leur mot d’ordre d’arrêt de travail consécutif à la suspension de leurs salaires à la suite des conclusions du Système de gestion des ressources humaines (SIGRH). Une reprise bienvenue, mais qui reste suspendue au respect par le gouvernement de ses engagements.

Après dix-neuf jours d’arrêt de travail, les élèves des écoles publiques de Bamako et de plusieurs localités du pays ont enfin retrouvé le chemin de l’école. Alors que la rentrée scolaire 2025-2026 avait officiellement eu lieu le 1er octobre, la Synergie des syndicats de l’éducation avait lancé un mot d’ordre d’arrêt de travail pour exiger la régularisation des salaires suspendus. À la suite de discussions avec les autorités, la Synergie a annoncé le 13 octobre la suspension de son mot d’ordre et fixé la reprise effective des cours au 20 octobre. Partout, l’enjeu est désormais le rattrapage des semaines perdues accumulées.

Une paix précaire

Mais cette reprise s’effectue dans un climat tendu. Outre la course contre la montre que devront désormais mener enseignants et élèves pour rattraper le retard accumulé, les syndicats préviennent que la trêve reste fragile. Dans une lettre datée du 17 octobre et adressée au Gouverneur du District de Bamako, la Coordination des syndicats de l’Éducation signataires du 15 octobre 2016 félicite ses militants tout en invitant les autorités « au respect du chronogramme des traitements de salaires établi le 14 octobre 2025 ». La coordination syndicale prévient : en cas de non-respect des engagements, une grève sera déclenchée automatiquement le 27 octobre 2025.

Si cette reprise est un soulagement pour les parents d’élèves, la stabilité de l’année scolaire demeure incertaine. Certaines représentations régionales de la Synergie dénoncent la lenteur dans la régularisation des salaires et conditionnent la reprise effective des cours à une satisfaction totale de leurs revendications. D’autres continuent le processus d’enrôlement des enseignants concernés.

Pour mémoire, le rapport du SIGRH, remis aux autorités le 15 août 2025, avait révélé plus de 36 000 fonctionnaires fictifs, entraînant la suspension de leurs salaires à partir du mois de septembre. Une mesure qui continue de provoquer de vives tensions dans le secteur éducatif.

Franc CFA : Une monnaie en sursis ou en transition ?

À quatorze mois du lancement annoncé de la monnaie unique Eco et à la veille du quatre-vingtième anniversaire du franc CFA, la question de l’avenir de la monnaie ouest-africaine revient sur le devant de la scène. Entre héritage historique, stabilité économique et souveraineté politique, la région cherche à définir les contours d’une nouvelle ère monétaire.

Créé le 26 décembre 1945, le franc CFA demeure, près de quatre-vingts ans plus tard, l’une des devises les plus anciennes en circulation sur le continent. Instrument de stabilité pour certains, symbole de dépendance pour d’autres, il est au cœur des débats sur la souveraineté et l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest.

Pour l’économiste Modibo Mao Makalou, « le débat sur le franc CFA s’inscrit dans une dynamique plus large, celle d’une réorganisation des zones monétaires ouest-africaines ». Il rappelle : « il existe aujourd’hui deux blocs – l’UEMOA et la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) – qui devraient converger vers une monnaie unique, l’Eco, prévue pour 2027 ».

Souvent présenté comme un vestige du passé colonial, le franc CFA a pourtant connu plusieurs mutations majeures. D’abord baptisé franc des Colonies Françaises d’Afrique, il devient à l’indépendance franc de la Communauté Financière Africaine pour l’UEMOA et franc de la Coopération Financière en Afrique centrale pour la CEMAC.

La dévaluation de 1994 et la réforme de 2019 ont transformé sa gouvernance. Les pays de l’UEMOA ne déposent plus leurs réserves au Trésor français et la France ne siège plus dans les instances de la BCEAO.

Stabilité monétaire

De plus, l’arrimage à l’euro (1 € = 655,957 franc CFA) demeure un choix de stabilité monétaire comparable à d’autres régimes de change dans le monde. Des pays comme le Danemark, le Maroc ou le Qatar arriment également leur monnaie à une devise forte sans y voir une atteinte à leur souveraineté.

Ce système assure la prévisibilité des prix et la confiance des investisseurs, mais limite la marge de manœuvre monétaire des États membres.

Selon la BCEAO, la zone UEMOA – huit pays dont le Mali – a enregistré en 2024 une croissance moyenne de 5,7% et une inflation de 3,4%, parmi les plus faibles du continent. Les réserves de change, estimées à 16,1 milliards d’euros, couvrent environ quatre mois et demi d’importations, tandis que la dette publique moyenne atteint 52% du PIB.

Réformes inachevées et enjeux régionaux

L’accord signé en décembre 2019 entre la France et les États membres de l’UEMOA visait à moderniser la Zone franc avec le retrait des représentants français, la création d’un compte de garantie à la BCEAO et l’autonomie soutenue de la banque centrale. Ces réformes ont renforcé la gouvernance régionale sans remettre en cause la parité fixe avec l’euro.

L’Eco en ligne de mire

En parallèle, la CEDEAO poursuit le projet de monnaie unique Eco, dont le lancement est prévu pour 2027. Les chefs d’État ont confirmé cette date lors du sommet d’Abuja de juillet 2024, sous réserve du respect des critères de convergence : déficit budgétaire inférieur à 3% du PIB, inflation maîtrisée, réserves couvrant au moins trois mois d’importations et ratio dette/PIB inférieur à 70. À ce jour, seuls deux pays remplissent durablement ces conditions.

Selon Modibo Mao Makalou, « l’Eco sera une monnaie ouest-africaine émise par une banque centrale fédérale, dotée d’un taux de change flexible adossé à un panier de devises ». Il précise que « seuls les pays respectant les critères de convergence macroéconomique fixés par la CEDEAO seront éligibles », une condition qui rendra la mise en œuvre progressive.

Souveraineté monétaire en débat

Pour l’économiste Étienne Fakaba Sissoko, la question du franc CFA dépasse les frontières de la technocratie. « Le débat sur le franc CFA est à la fois économique, politique et symbolique. Sur le plan économique, il interroge la performance réelle du système : la Zone CFA a assuré la stabilité nominale, mais pas la transformation structurelle des économies. Sur le plan politique, il pose la question du pouvoir : qui décide de la politique monétaire africaine, selon quelles règles et au profit de qui ? ».

Sissoko estime que les réformes menées depuis 2019 ont renforcé la forme plus que le fond : « la parité fixe avec l’euro et la garantie de convertibilité par la France ont été maintenues. L’arrimage est une source de crédibilité, mais aussi une contrainte : il protège contre l’instabilité mais limite la capacité d’adaptation ».

Il plaide pour une transition graduelle : « l’enjeu n’est pas de rompre brutalement, mais de redéfinir la relation monétaire dans un cadre africain maîtrisé : un système plus flexible, appuyé sur un fonds de stabilisation régional et une coordination budgétaire renforcée ».

Le Mali à la croisée des chemins

La sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO en janvier 2025 et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) redessinent la carte institutionnelle régionale. Ces pays demeurent membres de l’UEMOA, mais leur position au sein du futur Eco reste incertaine.

Pour Étienne Fakaba Sissoko, cette situation crée une zone grise monétaire : « le Mali se trouve à la croisée de trois dynamiques contradictoires : son appartenance à l’UEMOA, sa rupture avec la CEDEAO et son adhésion à l’AES. Cette triple appartenance pose un défi de cohérence monétaire ».

Pour Modibo Mao Makalou, « aucune incompatibilité n’existe pour le moment entre l’AES et l’UEMOA ». Il estime que « ces deux cadres peuvent coexister, car l’UEMOA repose sur un traité solide d’intégration économique et monétaire, avec des politiques sectorielles harmonisées et un Tarif extérieur commun ».

Certains analystes, comme Madou Cissé, appellent à la prudence face à une monnaie propre à l’AES. Dans une analyse publiée récemment, il souligne que ces pays « affichent une balance commerciale déficitaire » et que « près de 40% des importations devraient être couvertes par un stock supplémentaire de devises ». Il estime qu’une monnaie autonome mal préparée pourrait accroître les coûts de transaction et fragiliser les échanges dans une économie encore dépendante des importations.

Makalou souligne, quant à lui, qu’une monnaie nationale « doit reposer sur la solidité de l’économie réelle et sur un appareil institutionnel crédible ». Il rappelle qu’une banque centrale indépendante devrait « assurer la stabilité des prix, gérer les réserves de change et garantir la sécurité du système bancaire ».

Pour autant, des experts s’accordent néanmoins sur la nécessité d’une préparation concertée : « le Mali devra préserver la stabilité de sa monnaie actuelle tout en préparant sa position stratégique dans les recompositions à venir. Sans discipline budgétaire et sans vision partagée du développement, aucune monnaie ne peut être souveraine – fût-elle rebaptisée Eco », conclut Sissoko.

Les précédents guinéen et mauritanien

Rappelons que la Guinée et la Mauritanie faisaient partie de la Zone franc avant de la quitter respectivement en 1960 et 1973. La Guinée, première à se retirer, a connu une crise de liquidité et une inflation rapide après la création du franc guinéen. La Mauritanie, avec l’introduction de l’ouguiya, a subi plusieurs années d’instabilité avant de retrouver un équilibre. Ces expériences illustrent les risques d’une transition monétaire précipitée sans réserves ni instruments de stabilisation suffisants.

Perspectives pragmatiques

La transition vers l’Eco, prévue pour 2027, s’annonce progressive. Plusieurs scénarios sont évoqués : maintien d’un CFA réformé, adoption partielle de l’Eco par les pays les plus préparés ou création de mécanismes parallèles au sein du Sahel.

Pour Modibo Mao Makalou, la réussite de la transition dépendra aussi du rôle du secteur privé. Il appelle à « mobiliser l’épargne régionale, créer des marchés financiers intégrés et allonger la durée des crédits » afin de financer les investissements productifs et environnementaux.

La BCEAO rappelle que l’objectif premier demeure la stabilité macroéconomique et la protection du pouvoir d’achat. Selon ses données 2025, la Zone UEMOA conserve « des fondamentaux solides » malgré les pressions sécuritaires et climatiques.

À l’aube de ses 80 ans, le franc CFA en est aujourd’hui à une étape décisive de son histoire, entre autonomie institutionnelle et dépendance structurelle. Pour les experts, l’enjeu n’est pas la rupture, mais la construction d’une souveraineté monétaire pragmatique conciliant stabilité, intégration régionale et indépendance économique.

MD

Hiérarchie militaire : Des changements au sommet pour une nouvelle dynamique

Trois officiers supérieurs prennent désormais la tête de postes stratégiques au sein des Forces armées. Cette réorganisation, décidée en Conseil des ministres, intervient dans un contexte sécuritaire tendu et traduit une volonté d’adaptation du commandement.

Le Conseil des ministres du 22 octobre 2025 a procédé à d’importants changements au sein de la hiérarchie militaire. Trois nouvelles figures ont été nommées à des postes clés de l’appareil de défense nationale. Le Général Élisée Jean Dao devient Chef d’état-major général adjoint des Armées, en remplacement du Général Kéba Sangaré. Le Général Toumani Koné prend la tête de l’Armée de Terre, succédant au Général Harouna Samaké, tandis que le Général Sambou Minkoro Diakité est désormais Directeur de la Sécurité militaire, en lieu et place du Général Nouhoum Ouattara.

Cette recomposition intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques armées, notamment contre les convois de ravitaillement et les infrastructures stratégiques. Elle s’inscrit dans une logique de redéploiement opérationnel visant à renforcer la discipline, le renseignement et la coordination sur le terrain. Selon plusieurs sources militaires, les profils choisis reflètent la priorité accordée à l’expérience du combat et à la maîtrise des réalités opérationnelles.

Le Général Élisée Jean Dao, ancien ambassadeur au Gabon et officier reconnu pour son rôle dans la bataille de Konna en 2013, est rappelé pour mettre son expérience au service du commandement central. Le Général Toumani Koné, ancien commandant de région militaire, est réputé pour sa connaissance du terrain et son approche tactique. Quant au Général Sambou Minkoro Diakité, ancien directeur de la Gendarmerie nationale, il hérite d’une direction sensible, celle du renseignement et de la sécurité militaire, pivot de la lutte contre les infiltrations et les défaillances internes.

Cette réorganisation du haut commandement marque une étape importante dans la stratégie de défense nationale. Elle intervient à un moment où l’armée concentre ses efforts sur la sécurisation des grands axes économiques et sur la stabilisation des zones en proie à l’insécurité. En confiant la direction des forces à des officiers de terrain, les autorités entendent renforcer la réactivité et la cohésion au sein des structures militaires, dans un contexte de guerre asymétrique où l’adaptation reste la clé de l’efficacité opérationnelle.

Innovation agricole : MITA 2025 mise sur la durabilité

Bamako accueille la 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA), centrée sur la gestion intégrée des sols. La rencontre, présidée par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, met l’accent sur la modernisation et la résilience du secteur agricole face aux changements climatiques.

La 5ᵉ édition du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (MITA) s’est ouverte lundi 20 octobre 2025 à Bamako. La cérémonie d’inauguration, placée sous la présidence du Premier ministre Abdoulaye Maïga, marque également le lancement de la 2ᵉ édition du Prix d’Innovation Agricole Abdoulaye Touré. L’événement est organisé par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (CORAF) autour du thème « Technologies et innovations agricoles pour la gestion intégrée des sols », selon les informations publiées par le CORAF.
Dans son allocution d’ouverture, le chef du gouvernement a rappelé l’importance stratégique du secteur agricole, qui contribue à 40 % du Produit Intérieur Brut, emploie plus de 70 % de la population active et représente la principale source de revenus pour 80 % des populations rurales. L’agriculture génère également près de 30 % des recettes d’exportation. Le Mali dispose, selon les chiffres officiels, de 43,7 millions d’hectares de terres agricoles utilisables dont 4,5 % seulement sont cultivés, et de 2,2 millions d’hectares aménageables exploités à 23,5 %. Le pays compte un cheptel estimé à 14 millions de bovins, 58 millions d’ovins et de caprins, 1,3 million de camelins et 63 millions de volailles, ainsi qu’un potentiel hydrique évalué à 70 milliards de mètres cubes d’eaux de surface et 2 720 milliards de mètres cubes d’eaux souterraines.
Le projet structurant « Farafinna Jiginɛ » — « Nourrir le Mali et la Sous-région » — a également été cité parmi les priorités du gouvernement. Inscrit dans la Stratégie Nationale pour l’Émergence et le Développement Durable (SNEDD) sur la période 2024-2033, il vise à renforcer la sécurité alimentaire nationale et régionale grâce à une production agricole accrue et durable.
Selon le CORAF, le MITA 2025 constitue une plateforme régionale destinée à promouvoir les pratiques écologiques et les innovations agricoles adaptées aux conditions sahéliennes. L’événement réunit durant cinq jours chercheurs, producteurs et entrepreneurs venus notamment du Burkina Faso, du Niger, du Ghana, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Tchad et du Togo. Plus de cent technologies sont présentées, parmi lesquelles des biofertilisants, des systèmes de compostage rapide, du biochar et des capteurs intelligents destinés à améliorer la gestion des sols et la productivité agricole.
Le ministre de l’Agriculture, plusieurs membres du gouvernement, des représentants du secteur privé et des organisations paysannes ont pris part à la cérémonie. Les discussions s’articulent autour de panels techniques et de sessions de partenariat visant à renforcer la coopération scientifique et commerciale entre les pays de la sous-région. Selon les organisateurs, cette édition s’inscrit dans la continuité des efforts régionaux pour promouvoir des innovations capables de répondre aux défis conjoints de la dégradation des terres, de la sécurité alimentaire et du changement climatique en Afrique de l’Ouest.

Soudan : la guerre relance le trafic d’armes et redessine les routes du Sahel

La guerre entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide bouleverse les équilibres sécuritaires régionaux. Un rapport de la Global Initiative, publié le 19 octobre 2025, révèle comment ce conflit a ravivé un vaste commerce d’armes, reliant désormais le Soudan à tout le Sahel.

La guerre au Soudan ne se limite plus à Khartoum ou au Darfour. Depuis plus de deux ans, le fracas des combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) résonne bien au-delà des frontières. Selon un rapport publié le 19 octobre 2025 par la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC), le conflit a profondément réorganisé le trafic d’armes sur le continent africain.

L’étude décrit deux circuits parallèles d’approvisionnement. Le premier, officiel, repose sur des transferts soutenus par certains États alliés du gouvernement soudanais. Des convois militaires, des avions cargos et la redistribution d’arsenaux existants alimentent directement les forces en présence. Le second réseau, informel, se nourrit des routes anciennes du commerce saharien, animées par des trafiquants, des familles transfrontalières et des groupes criminels. Ces filières, réactivées par la guerre, passent par le Darfour, l’est du Tchad et le sud de la Libye, avant d’atteindre le Niger et parfois le Mali.

Les marchés tchadiens et libyens regorgent aujourd’hui d’armes plus modernes et plus puissantes qu’avant le conflit. Le rapport cite notamment la mitrailleuse DShKM, version modernisée d’un modèle soviétique, vendue jusqu’à 11 400 dollars dans la zone frontalière entre l’Algérie, la Libye et le Niger. Trois villes du Tchad — Tiné, Abéché et Adré — sont devenues des plaques tournantes du commerce illégal. De là, les cargaisons prennent la direction de l’ouest, rejoignant les routes du désert qui traversent le Niger avant d’alimenter les marchés du Sahel.

Pour la Global Initiative, ces flux ne se limitent pas à une logique de contrebande. Ils traduisent la naissance d’une économie de guerre continentale, où acteurs étatiques et réseaux criminels se croisent et se complètent. La guerre du Soudan agit comme un catalyseur, réactivant des circuits anciens et en ouvrant de nouveaux.

Le phénomène inquiète les observateurs régionaux. Les armes issues du conflit soudanais se retrouvent déjà entre les mains de groupes armés opérant au Mali et au Niger, deux pays fragilisés par la multiplication des insurrections et des zones échappant au contrôle de l’État. Cette circulation transfrontalière complexifie la lutte contre le terrorisme et renforce les économies parallèles dans un espace déjà saturé de trafics.

Derrière ces flux invisibles, c’est une autre géographie du pouvoir qui se dessine. Le Soudan devient le point d’origine d’un système où chaque cargaison nourrit un nouvel affrontement. Dans ce vaste marché de la survie et des armes, le Sahel n’est plus une destination finale, mais une extension naturelle d’un conflit devenu continental.

Mali–Sahel, la paix sous écoute : quand les populations reprennent la parole

Un rapport d’Oxfam révèle la réalité vécue par les civils du Mali et du Sahel face à la violence persistante. Derrière les bilans diplomatiques, une parole s’élève pour réclamer une paix adaptée aux réalités locales, plus humaine et plus inclusive.

Les civils du Mali, comme ceux du Sahel en général, vivent au cœur d’une insécurité chronique où les armes dictent souvent la loi. Le rapport Seen but Not Heard, publié par Oxfam en octobre 2025, plonge dans leur quotidien. Il s’appuie sur les témoignages de 1 601 personnes réparties entre le Mali, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, dont 765 femmes et 836 hommes. L’enquête, menée entre juillet 2024 et mars 2025, restitue leurs expériences face aux acteurs censés les protéger.

Au Mali, les récits recueillis montrent à quel point la population reste prise entre plusieurs forces. Toutes jouent un rôle, mais la confiance qu’on leur accorde varie d’un village à l’autre. Beaucoup de Maliens disent avoir perdu foi dans un système qui promet la paix sans la livrer.

L’exemple de la MINUSMA, déployée de 2013 à 2023, illustre cette ambivalence. Dans le nord, notamment à Gao, plusieurs habitants reconnaissent que la mission a contribué à stabiliser certaines zones et à créer de l’emploi. Plus au centre, dans les régions de Mopti et de Ségou, la perception est tout autre : les habitants se disent déçus d’une présence jugée distante et trop bureaucratique. Certains estiment que les casques bleus n’ont pas su écouter les besoins des populations ni s’adapter à leurs priorités.

Depuis son départ, les Maliens oscillent entre fierté et inquiétude. Fierté, parce que la fin de la mission est perçue par une partie de l’opinion comme un acte de souveraineté retrouvée. Inquiétude, parce que l’État reste fragile et que la protection des civils repose souvent sur des initiatives locales. Dans plusieurs localités, Oxfam a observé la montée de comités de veille, de groupes de médiation et de collectifs de femmes qui préviennent les tensions ou réparent les liens entre communautés. Ces structures, parfois soutenues par des ONG, s’imposent comme des relais essentiels de la cohésion sociale.

Le rapport situe ce phénomène dans un contexte régional plus large. À travers tout le Sahel, la confiance envers les forces internationales s’est érodée. Les missions onusiennes, tout en ayant contribué à contenir la violence, ont fini par se heurter aux attentes de populations qui veulent désormais construire leur propre sécurité. Dans le même temps, les États revendiquent un contrôle total de leurs territoires, préférant miser sur des partenariats bilatéraux ou sur des forces régionales.

Oxfam conclut que le modèle actuel du maintien de la paix est à bout de souffle. Les populations ne rejettent pas l’idée d’une présence internationale, mais elles réclament d’être entendues. Pour beaucoup de Maliens, la paix ne viendra pas d’un mandat ni d’une base militaire, mais d’une écoute plus attentive et d’un soutien réel aux initiatives communautaires.

Au-delà des institutions, ce sont donc les habitants du Sahel qui, malgré la fatigue et les blessures, réinventent la paix à leur manière — avec les moyens du bord, et la volonté farouche de continuer à vivre.

UFOA A U17 : le Sénégal reprend la couronne

Les jeunes Lionceaux du Sénégal ont battu le Mali en finale du tournoi de la zone Ouest A U17, renouant avec le titre. Cette victoire confirme leur domination régionale.

La grande finale du tournoi U17 de la zone Ouest A (UFOA A), disputée samedi 18 octobre 2025 à Bamako, a opposé le Mali, pays hôte, à son voisin sénégalais. Le Sénégal est reparti vainqueur sur le score de 2-0. L’affiche, attendue depuis la phase de groupes, a tenu toutes ses promesses sur le plan de l’engagement et de l’intensité. Le Mali avait su éliminer la Guinée en demi-finale, ce qui lui avait ouvert la voie vers cette finale.
Le Sénégal, quant à lui, avait assuré sa présence en finale et obtenu son ticket pour la phase finale de la CAN U17.
Dès l’entame, les Sénégalais ont affiché une volonté ferme d’imposer leur rythme, et ils ont pris l’avantage avant la pause. En seconde période, gardant un bloc compact et profitant d’espaces dans la défense malienne, ils ont su creuser l’écart. Le public malien, venu nombreux, a senti filer l’occasion d’un sacre à domicile. Cette victoire marque un retour au sommet pour le Sénégal dans cette catégorie, qui avait déjà pris le trophée l’an dernier. L’édition 2024 avait vu, en effet, le Sénégal s’imposer face au Mali après prolongation et tirs au but.
Pour le Mali, cette finale perdue reste un coup d’arrêt après une compétition solide. Le fait d’accueillir l’évènement et de se hisser jusqu’à la finale laisse entrevoir un potentiel qu’il faudra traduire en victoire prochaine. Le Sénégal, de son côté, confirme que son travail de formation produit déjà des résultats tangibles à l’échelle régionale.

Coupes CAF : Stade Malien accroche le nul en Mauritanie, Djoliba s’impose à Ouagadougou

Le week-end du 18–19 octobre 2025 a souri aux représentants maliens sur la scène africaine, avec un nul obtenu par le Stade Malien chez le FC Nouadhibou et une victoire de Djoliba AC sur la pelouse de l’USFA. Les deux confrontations ne sont qu’à mi-parcours et ouvrent la voie à des retours brûlants à Bamako pour la qualification en phase de groupes.

En Ligue des champions CAF, le Stade Malien a ramené un résultat de parité de son déplacement à Nouadhibou, en Mauritanie. La première manche s’est jouée le dimanche 19 octobre 2025 en nocturne et s’est terminée sur le score de 1–1, un résultat qui laisse l’issue totalement ouverte avant le match retour à Bamako. La CAF a fixé la fenêtre des deuxièmes manches du deuxième tour préliminaire entre le 24 et le 26 octobre 2025 ; la programmation indique un retour Stade Malien – FC Nouadhibou au stade du 26 Mars le dimanche 26 octobre 2025. Le vainqueur de cette double confrontation accédera à la phase de groupes de la Ligue des champions.

En Coupe de la Confédération, Djoliba AC a pris une option en s’imposant 1–0 à Ouagadougou face à l’US Forces Armées le dimanche 19 octobre 2025. Comme pour la C1, la CAF encadre les retours du deuxième tour préliminaire du 24 au 26 octobre ; la feuille de route prévoit un Djoliba AC – USFA au stade Mamadou-Konaté le vendredi 24 octobre 2025. Là encore, l’enjeu est limpide : la qualification offrira une place en phase de groupes de la compétition.

Concours de reportage humanitaire : la Croix-Rouge malienne récompense les lauréats de la première édition  

La Croix-Rouge malienne a distingué le 16 octobre 2025 les lauréats de la première édition du Concours de reportage humanitaire, organisé à l’occasion du soixantième anniversaire de l’institution. La cérémonie s’est tenue au siège de la Croix-Rouge à Bamako, sous le haut parrainage du ministère de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.

Ce concours avait pour objectif de promouvoir un journalisme engagé au service de l’humanité. Il portait sur des thématiques essentielles telles que la réponse aux urgences humanitaires, la santé communautaire et les premiers secours, le volontariat, l’engagement des communautés et l’adaptation aux effets du changement climatique.

À travers cette initiative, la Croix-Rouge malienne souhaite mettre en lumière les réalités du terrain, donner la parole à ceux que l’on entend peu et valoriser le rôle déterminant des médias dans la construction d’une société plus solidaire.

Quatre journalistes se sont distingués dans leurs domaines respectifs : Jessica Dembélé de *L’Essor* pour la presse écrite, Imirana Maïga de *Studio Tamani* pour la radio, Cheick Oumar Mariko de *Joliba TV* pour la télévision et Amadou Kodio d’*Afrikinfos* pour la presse en ligne. Chacun a reçu en récompense un ordinateur portable et un trophée symbolisant son engagement.

« Ce prix, au-delà de la distinction, est une véritable source de motivation, a confié Imirana Maïga, porte-parole des lauréats. Il nous encourage à continuer à produire des contenus de qualité capables de sensibiliser les populations et d’interpeller les décideurs sur les grands défis humanitaires et environnementaux de notre pays ».

La présidente de la Croix-Rouge malienne, Assitan Traoré, a félicité les lauréats pour leur travail et leur engagement. Selon elle, leurs productions rendent compte avec fidélité des réalités vécues sur le terrain et contribuent à renforcer la conscience collective.

« Vos récits sont des ponts entre les réalités du terrain et la conscience collective. Vous êtes, à votre manière, des humanitaires de l’information », a-t-elle souligné.

Le chef de cabinet du ministère de la Communication, Mohamed Ag Albachar, a pour sa part salué l’engagement de la Croix-Rouge malienne en faveur d’une information plus responsable et plus proche des citoyens. Il a rappelé que son département attache une attention particulière à toute initiative visant à élever la qualité de l’information et à encourager une parole libre, professionnelle et porteuse de sens, avant de féliciter les lauréats et les membres du jury.

Mohamed Kenouvi

Éliminatoires Coupe du Monde 2026 : Le parcours décevant des Aigles

Les éliminatoires africaines de la Coupe du Monde 2026 se sont achevées le 14 octobre 2025 sur une nouvelle désillusion pour le Mali. Malgré une fin de parcours encourageante, les Aigles terminent 3èmes de leur groupe, privés une nouvelle fois d’une qualification pour la Coupe du Monde.

Le Mali avait pourtant démarré ces éliminatoires sous de bons auspices. Le 17 novembre 2023, les Aigles s’imposaient 3-1 face au Tchad au Stade du 26 Mars, lançant idéalement leur campagne. Mais, dès la deuxième journée, les premiers doutes apparaissaient. Un nul frustrant (1-1) à Bamako contre la Centrafrique, alors que la domination malienne avait été nette. Ces deux points perdus à domicile allaient peser lourd dans la course à la qualification.

Les difficultés se sont confirmées quelques mois plus tard. Le 6 juin 2024, les Aigles s’inclinaient à domicile contre le Ghana (1-2), après avoir pourtant ouvert le score. Ce revers face à un concurrent direct a marqué un tournant psychologique, avant un second nul stérile face à Madagascar (0-0) à Johannesburg. Puis, en mars 2025, malgré un éclatant succès de 3-0 face aux Comores, le Mali retombait dans ses travers quatre jours plus tard, incapable de battre une nouvelle fois la Centrafrique (0-0) à Casablanca.

Ces deux matchs nuls face aux Fauves de Bas-Oubangui représentent sans doute le véritable échec des Aigles dans cette campagne. Quatre points perdus face à un adversaire abordable, alors que le Ghana ne laissait aucune miette. Même les victoires suivantes, 3-0 contre les Comores, 2-0 au Tchad et 4-1 face à Madagascar,  n’ont pu permettre de combler le retard accumulé. La défaite 1-0 à Accra en septembre 2025 n’a fait que confirmer la tendance : un Mali solide mais incapable de gagner lorsque l’enjeu s’élève.

Au final, les Aigles terminent 3èmes de leur groupe, derrière un Ghana plus constant et une équipe malgache opportuniste. Cette nouvelle élimination prolonge la « malédiction » du Mali, toujours en quête d’une première participation à la Coupe du Monde.

Pour de nombreux observateurs, cet échec est avant tout celui de l’inconstance. « Le Mali a payé cher son manque de réalisme face aux équipes dites moyennes. Ce n’est pas contre le Ghana qu’on se qualifie, mais en battant ceux qu’on doit battre », estime un analyste sportif.

Mohamed Kenouvi

Handicap : Le long chemin vers l’inclusion

En octobre, Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, le Mali met en avant la situation des personnes handicapées. La deuxième semaine leur est dédiée, rappelant que, malgré les avancées, l’inclusion est un défi quotidien.

Selon l’Enquête démographique et de santé (EDS-VI) 2018, 6,4% des Maliens de 18 ans et plus vivent avec un handicap, un taux qui atteint 27,6% entre 70 et 79 ans et 45,5% au-delà de 80 ans. Malgré des avancées législatives, l’inclusion reste incomplète. Les personnes handicapées rencontrent davantage de difficultés d’insertion économique et sociale, notamment les femmes, plus touchées (6,8% contre 6,2% chez les hommes) et plus nombreuses à souffrir de troubles visuels ou moteurs.

Pour mieux comprendre les disparités, il est utile d’observer les écarts entre les personnes vivant avec handicap et celles qui n’en ont pas. Plus de huit adultes sur dix (81,6%) vivant avec handicap n’ont aucun niveau d’instruction, contre 64,2% chez les personnes sans handicap.

Parmi ces dernières, 22,4% ont un niveau secondaire ou plus, alors que chez les personnes vivant avec handicap, cette proportion ne dépasse pas 9,3%.

Encore du chemin

Au Mali, des efforts sont faits pour assurer l’intégration socioprofessionnelle des personnes vivant avec handicap. Cependant, les acquis restent à consolider pour une meilleure inclusion. Si le quota de 15% au niveau de la fonction publique est un acquis, des progrès sont attendus dans le secteur privé, relèvent les intéressés.

Parmi les avancées figure la Loi du 12 juin 2018 sur la promotion et la protection des droits des personnes vivant avec handicap. Au niveau de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle ou de l’emploi, elle prévoit des mesures spécifiques, notamment sur l’âge limite pour l’inscription à l’école et la participation aux concours.

Mais l’accès à l’éducation est toujours limité. Pour les personnes atteintes de surdité, l’accès à l’enseignement secondaire demeure difficile en raison de l’absence d’établissements spécialisés dans le pays.

La CNDH (Commission nationale des droits de l’Homme) souligne que, malgré les progrès, plusieurs défis persistent : la non-prise en compte de la formation professionnelle dans les politiques publiques, le manque d’informations accessibles en braille ou en langue des signes et l’insuffisance de données statistiques fiables.

Les estimations actuelles situent les personnes vivant avec handicap à environ 10% de la population malienne.

Madagascar : Le retour des fantômes de l’histoire

Une fois de plus, Madagascar replonge dans un cycle politique déjà connu. Entre répétition de l’histoire et éveil d’une jeunesse connectée, la grande île questionne encore sa démocratie fragile.

L’armée a pris le pouvoir le 14 octobre 2025, après le départ précipité du Président Andry Rajoelina, mettant fin à plusieurs semaines de tensions politiques. La Cour constitutionnelle a aussitôt constaté la vacance du pouvoir, tandis que l’Assemblée nationale votait sa destitution, ouvrant la voie à une transition militaire. L’épisode ravive le souvenir du 17 mars 2009, lorsque Rajoelina, alors Maire d’Antananarivo, avait conduit un soulèvement populaire contre Marc Ravalomanana, entraînant sa chute. Quinze ans plus tard, les rôles s’inversent, mais le même scénario se dessine. On assiste à un pouvoir contesté, un pays divisé et une transition à nouveau dominée par l’armée, désormais menée par le Colonel Michael Randrianirina, issu du Corps d’administration du personnel et des services techniques (CAPSAT).

Depuis son indépendance, proclamée le 26 juin 1960, Madagascar connaît des alternances interrompues et des transitions forcées marquées par le retour récurrent de l’armée sur la scène politique. Élu en 2018 puis réélu en 2023, Andry Rajoelina a vu son mandat fragilisé par une crise sociale persistante, la hausse du coût de la vie et la défiance d’une jeunesse connectée.

Force de mobilisation

Dans ce contexte, le mouvement Gen Z Madagascar, né sur les réseaux sociaux début 2025, s’est imposé comme une nouvelle force de mobilisation. Rassemblant des milliers de jeunes autour d’exigences de transparence et de responsabilité, il est passé du virtuel à la rue, avant d’être partiellement récupéré par des acteurs politiques.

Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique plus large, qui traverse plusieurs régions du monde. Inspiré de mobilisations en Asie, le concept « Gen Z » trouve un écho croissant au Maroc, en Algérie et dans plusieurs pays africains. Il rappelle l’esprit du Printemps arabe de 2011 et les mouvements citoyens nés sur le continent africain comme Y’en a marre au Sénégal (2011), Balai Citoyen au Burkina Faso (2013), Lucha et Filimbi en République démocratique du Congo (2012). Tous traduisent une même aspiration à une gouvernance plus proche des citoyens.

Madagascar semble ainsi renouer avec son histoire tout en entrant dans une ère nouvelle, où la jeunesse numérique tente de transformer la colère en conscience civique. Entre espoir et répétition, la Grande Île se retrouve une fois de plus face à son destin politique, suspendue entre passé et renouveau. L’avenir nous dira si le cap sera maintenu ou si les vieux démons continueront de stopper la marche démocratique malgache.

Production aurifère : Une baisse problématique

Le Mali a enregistré une baisse de 23% de sa production aurifère entre 2023 et 2024. Une baisse consécutive aux tensions entre l’État et la société Barrick Gold, exploitante du gisement de Loulo-Gounkoto. Si cette baisse met le secteur sous tension, c’est aussi une opportunité pour mieux orienter la stratégie minière.

De 65,9 tonnes en 2023, la production aurifère a chuté à 51 tonnes en 2024. Les facteurs de cette baisse sont liés en partie aux tensions persistantes entre l’État et la société canadienne Barrick Gold, qui détient 80% de la mine de Loulo-Gounkoto. Depuis l’adoption du nouveau Code minier, en 2023, l’État entretient un bras de fer avec la compagnie. La mine de Loulo-Gounkoto contribue à environ 25% de la production nationale, avec une production qui a atteint 750 000 onces d’or par an, soit environ 25 tonnes, pour une production moyenne de 60 tonnes. L’arrêt de la plus grande mine a des conséquences sur les recettes de l’État, constituées à environ 25% par le secteur minier.

Pour les observateurs, cette baisse de la production va se poursuivre, parce que les mines qui pourraient combler le déficit n’ont pas encore la capacité de le faire. La mine de Fekola, avec environ 17 tonnes, n’y arrivera pas.

Il faut donc s’attendre à des conséquences sur les recettes fiscales et les emplois, environ 10 000 menacés. C’est pourquoi « il vaut mieux un mauvais arrangement qu’un bon procès », explique un membre de la société civile, pour sortir de cette situation qui impacte aussi négativement les sous-traitants, lesquels n’arrivent plus à honorer leurs engagements envers les banques auprès desquelles ils se sont endettés.

Cette baisse intervient aussi à un moment où le prix de l’or a atteint le niveau historique de 4 000 dollars l’once. Une opportunité dont le pays aurait dû profiter pour doubler les recettes de l’État.

Réorienter la politique minière

D’autres projets en gestation, comme la mine de Kobada, des mines moyennes d’une capacité d’une à deux tonnes d’or ou celle de Morila, pourraient contribuer à maintenir la production aux alentours de 50 tonnes. Mais la non-maîtrise de la production des orpailleurs constitue également un manque à gagner.

Pour tirer davantage parti de ses ressources minérales, le Mali doit mettre en valeur d’autres minerais comme le calcaire, le fer ou encore le lithium, surtout pour assurer la transition énergétique et moins dépendre des carburants.

L’État doit mieux s’impliquer dans la chaîne et ne pas se contenter des impôts et des dividendes qui ne profitent pas aux communautés locales. Une bonne politique consistera donc à se servir des ressources minières comme tremplin pour le développement.

Fatoumata Maguiraga

Mme Rokiatou Diakité : « Donner à chaque fille la chance de briller »

Alors que le Mali consacre le mois d’octobre à la solidarité et à l’inclusion, Mme Rokiatou Diakité, Présidente du Réseau des Femmes Leaders d’Afrique Francophone, appelle à un engagement renouvelé pour les droits des filles. Trente ans après Beijing, elle estime que les promesses doivent enfin se traduire en actions concrètes.

Quel regard portez-vous sur la situation des filles au Mali aujourd’hui ?

Les filles du Mali continuent de faire face à de multiples obstacles pour accéder à leurs droits fondamentaux. L’abandon scolaire, les mariages précoces, les violences basées sur le genre et le manque d’accès à la santé reproductive limitent encore leur plein épanouissement. Près d’une fille sur deux quitte l’école avant le secondaire et dans les zones rurales beaucoup restent enfermées dans des traditions qui freinent leur autonomie. Pourtant, je rencontre chaque jour des filles déterminées, créatives et ambitieuses, qui prouvent que le changement est possible.

Où se situent selon vous les principaux manquements dans la protection de leurs droits ?

Les inégalités persistent, malgré les cadres légaux existants. Le manque de ressources, la faible application des lois et l’insuffisance de données freinent les avancées. Trop souvent, les politiques publiques ne tiennent pas compte de la réalité des filles sur le terrain. L’éducation est la clé : lorsqu’une fille a accès à l’école et à la formation, elle gagne en indépendance et contribue au développement de toute sa communauté. L’enjeu aujourd’hui, c’est de rendre ces droits effectifs et accessibles à toutes.

Vous venez de participer au Sommet des Filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Qu’en retenez-vous ?

C’était un moment fort. Ce sommet a donné la parole aux filles de la région, leur permettant de partager leurs expériences et leurs aspirations. Elles ont parlé de pauvreté, de violences, mais aussi d’espoir et de leadership. J’ai vu une jeunesse déterminée à ne plus subir, mais à agir. Cette énergie, il faut l’accompagner. Les gouvernements et les partenaires doivent écouter ces voix, intégrer leurs priorités et soutenir leurs initiatives locales.

Trente ans après la Déclaration de Beijing, les progrès sont jugés lents. Pourquoi selon vous ?

Les promesses de Beijing ont inspiré toute une génération, mais les résultats sont fragiles faute de volonté politique et de moyens suffisants. Il est temps de renforcer les budgets consacrés à l’éducation des filles, à la santé reproductive et à la lutte contre les violences. Et, surtout, de garantir leur place dans les espaces de décision. Donner à chaque fille la possibilité d’apprendre, de s’exprimer et de diriger, c’est construire un avenir plus juste et plus fort pour notre pays et pour l’Afrique.

Dialogue doctrinal : Une piste pour la réconciliation nationale ?

Alors que les attaques et les pénuries rappellent la fragilité du pays, l’idée d’un dialogue doctrinal refait surface. Entre réalités sécuritaires et quête de réconciliation, de nombreuses voix appellent à désarmer les esprits avant les armes.

Les longues files devant les stations-service de Bamako reflètent la pénurie de carburant causée par les attaques contre les camions-citernes, paralysant une partie du pays. Cette recrudescence des violences perturbe les échanges économiques et la sécurité des populations, ravivant le débat sur la nécessité d’un dialogue avec les groupes armés.

C’est dans ce contexte que le Professeur Ali Nouhoum Diallo, ancien Président de l’Assemblée nationale, s’est récemment exprimé avec insistance sur la nécessité d’un dialogue doctrinal. Dans une tribune  largement relayée, il appelle à une clarification religieuse conduite par les érudits maliens pour déconstruire les interprétations erronées du Coran qui servent de fondement idéologique aux violences. Selon lui, le retour à la paix passe par la réappropriation du discours religieux et par la parole de ceux qui détiennent l’autorité spirituelle.

L’idée d’un tel dialogue a trouvé un écho particulier lors de plusieurs rencontres nationales, y compris le Dialogue inter-Maliens de 2024, dont le rapport final recommande l’ouverture de discussions doctrinales et communautaires avec toutes les parties, notamment les mouvements armés se réclamant du Jihad.

Les participants y ont vu une étape vers la réconciliation nationale, à condition que le processus soit conduit par des acteurs crédibles et proches du terrain. Des chercheurs jugent cette approche pertinente, mais difficile à mettre en œuvre dans un climat marqué par la méfiance et la fragmentation des acteurs.

Des exemples à dupliquer

Sur le continent, plusieurs pays ont adopté des approches comparables. En Mauritanie, dès 2010 des théologiens ont dialogué avec des détenus radicalisés, permettant à certains de renoncer à la violence et de se réinsérer. En Algérie, la réconciliation nationale après la décennie noire des années 1990 a favorisé des amnisties encadrées et une désescalade durable.

Au Maroc, le programme Moussalaha lancé en 2017 combine rééducation religieuse, accompagnement psychologique et réinsertion socioéconomique. Au Nigeria, Operation Safe Corridor propose un parcours de déradicalisation et de formation professionnelle pour d’anciens membres de Boko Haram. Ces initiatives démontrent qu’un dialogue fondé sur la foi et la raison peut efficacement compléter l’action militaire.

Au Mali, le prêtre allemand Ha-Jo Lohre, enlevé à Bamako en 2022 puis libéré un an plus tard, a partagé son expérience et ses échanges avec de jeunes ravisseurs animés d’un idéal religieux mal compris. Il estime qu’un débat doctrinal mené par des érudits dans les langues locales pourrait les amener à douter de leurs convictions. Il préconise aussi l’usage des médias et des réseaux sociaux pour promouvoir des messages de paix, à l’image des vidéos d’érudits maliens répondant aux discours extrémistes.

Des pistes à explorer

Sur le plan économique, la crise sécuritaire a aggravé les difficultés du pays. Le Président du Conseil national du Patronat, Mossadeck Bally, a récemment souligné les effets de l’insécurité et de la pénurie de carburant, rappelant que la paix ne se conquiert pas par les armes. Il appelle à un dialogue national réunissant gouvernement, secteur privé, société civile et groupes armés pour traiter les causes profondes du conflit et rétablir la confiance. Il estime que la survie du pays passe par une mobilisation collective et une refonte économique et sociale pour combattre la précarité.

Mécanismes endogènes

Pourtant, le ministère des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes dispose d’un Secrétariat permanent chargé d’appliquer la Politique nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme (2021 – 2025). Cette structure forme Imams et enseignants coraniques, promeut la tolérance religieuse et encourage des prêches axés sur la paix et la cohésion sociale, établissant ainsi un cadre institutionnel favorable à un futur dialogue doctrinal.

Ce mécanisme pourrait, en collaboration avec le Haut Conseil islamique et avec l’appui de personnalités indépendantes ou de leaders communautaires respectés, constituer un cadre privilégié pour initier et encadrer ce dialogue doctrinal.

Les appels au dialogue se multiplient parmi les leaders religieux, politiques et économiques, unanimes sur un point : la réponse militaire, bien que nécessaire, ne suffit pas à instaurer une paix durable.

Le dialogue doctrinal s’impose alors comme une voie essentielle pour comprendre et désamorcer l’idéologie de la violence, redonner sens à la foi et restaurer les liens communautaires. En alliant parole religieuse et raison politique, cette approche pourrait restaurer la paix par la connaissance et l’écoute, là où les armes ont échoué.

MD

Projets sanitaires : l’Union européenne appuie la préparation du Mali face aux urgences

Le ministère de la Santé et du Développement social, la Délégation de l’Union européenne au Mali et l’Organisation mondiale de la Santé ont lancé, ce mercredi, une nouvelle initiative destinée à renforcer les capacités nationales de préparation et de réponse aux urgences sanitaires.

Ce projet, financé par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de l’Union européenne (DG ECHO), s’inscrit dans le cadre du programme SURGE de renforcement de la résilience des systèmes de santé. Il prévoit la création d’une Équipe médicale d’urgence nationale (EMU) capable d’intervenir dans un délai maximal de 72 heures en cas de catastrophe ou d’épidémie.

La Chargée d’affaires de l’Union européenne au Mali, Bettina Muscheidt, a rappelé que cette initiative illustre une priorité humanitaire de l’UE : « accompagner nos partenaires dans la transition entre réponse d’urgence et préparation, afin d’anticiper les crises ». Elle a souligné que ce projet intervient dans un contexte marqué par des défis persistants — insécurité, déplacements de population, épidémies et effets du changement climatique — et qu’il contribuera à une réponse nationale rapide, efficace et coordonnée au bénéfice des populations les plus vulnérables.

La ministre de la Santé et du Développement social, le médecin colonel-major Assa Badiallo Touré, a salué l’appui constant de l’Union européenne et de l’OMS dans le renforcement du système sanitaire malien. Elle a indiqué que cette initiative permettra de mieux structurer les interventions d’urgence, d’assurer la disponibilité des ressources médicales essentielles et de consolider la coordination entre les acteurs de santé publique.

Le projet EMU – Équipes médicales d’urgence couvrira l’ensemble des régions sanitaires du Mali, ainsi que les points d’entrée frontaliers. Sa mise en œuvre, prévue de juin 2025 à juin 2027, vise à renforcer la formation, l’équipement et la préparation opérationnelle des équipes nationales et régionales.

La Mauritanie, le Mali et plusieurs autres pays de la région bénéficient de ce programme dans le cadre d’une approche sous-régionale soutenue par l’Union européenne et l’Organisation mondiale de la Santé.