Mali : L’Onu regrette l’expulsion de Guillaume Nguefa

L’Organisation des nations unies (Onu) déplore la décision du gouvernement malien d’expulser Guillaume Nguefa, son responsable des droits de l’homme dans le pays, a appris APA mercredi.Le 5 février, le gouvernement de transition du Mali a déclaré Guillaume Nguefa Nguefa-Atondoko ANDALI « persona non grata » en sa qualité de Directeur de la division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), et de représentant du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. Dans la foulée, M. Ngueffa a été sommé de quitter le pays dans les 48 heures. 

L’Organisation des Nations Unies (Onu) a affirmé qu’il avait été la cible de harcèlement et de menaces en raison de son travail au Mali, un pays en proie à une insurrection jihadiste menée par des groupes affiliés à Al Qaida ou à l’Etat islamique. 

Les autorités maliennes lui reprochent d’être lié au choix d’un membre de la société civile qui est intervenue lors de l’examen du rapport du secrétaire général de l’Onu au Conseil de sécurité sur la situation du Mali. Dans son intervention, Aminata Dicko qui fait partie de l’organisation non gouvernementale, Kisal, a dénoncé les exactions contre les populations civiles dans le centre du Mali. 

Le Secrétaire général de l’Onu souligne le besoin crucial pour les autorités maliennes de préserver les droits de l’homme, y compris en particulier la liberté d’expression, qui est cruciale pour le fonctionnement d’une société démocratique, indique un communiqué de l’Onu.

Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a exprimé « sa pleine confiance dans la Minusma et dans l’engagement et le professionnalisme de son personnel pour mettre en œuvre le mandat de la mission visant à soutenir le Mali et son peuple, y compris dans la promotion et la protection des droits de l’homme ».

Selon le patron de l’Onu, la doctrine de la « persona non grata » ne doit pas s’appliquer au personnel des Nations Unies et va à l’encontre du cadre juridique applicable à cette même organisation, notamment en ce qui concerne les obligations découlant de la Charte des Nations Unies et celles relatives aux privilèges et immunités de l’Onu et de son personnel.

Olivier Dubois : 22 mois de captivité

Cela fait 22 mois soit 669 jours que le journaliste Olivier DUBOIS, ancien collaborateur du Journal du Mali est retenu en otage par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans lié à Al-Qaïda. Il a été enlevé à Gao dans le nord du pays le 8 avril 2021. La dernière apparition d’Olivier Dubois remonte au 13 mars 2022 sur les réseaux sociaux, sans précision de la date à laquelle les images avaient été tournées. Olivier Dubois, père de deux enfants est le journaliste français dont la détention est le plus longue depuis 30 ans. Le Parquet national antiterroriste français (PNAT) avait ouvert une enquête préliminaire pour « enlèvement en bande organisée » et « en relation avec une entreprise terroriste ». Les investigations ont été confiées à des juges d’instruction le 3 octobre, a fait savoir une source judiciaire, mardi 10 janvier.

 

« La Russie est ici à la demande du Mali » (Abdoulaye Diop)

Le ministre malien des Affaires étrangères assure que le séjour de son homologue russe, Sergueï Lavrov, découle de la volonté de Moscou et Bamako de renforcer leurs relations diplomatiques.Abdoulaye Diop, qui recevait mardi matin Sergueï Lavrov, a souligné « le caractère historique » de cette visite de 48 heures au Mali. C’est en effet la première fois que le chef de la diplomatie russe foule le sol malien.

Selon le ministre malien des Affaires étrangères, ledit séjour « s’inscrit dans le cadre de la nouvelle dynamique, enclenchée par le gouvernement, consistant à élargir et diversifier les partenariats du Mali en vue d’une réponse efficace, et dans la sincérité, aux défis auxquels nous sommes confrontés ».

Pour le diplomate, son pays a fait le choix de « renforcer » sa coopération avec la Russie pour « démontrer » qu’il est libre de décider avec qui cheminer sur la base des piliers essentiels définis par le président de la transition : « le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix stratégiques et le choix des partenaires du Mali, mais aussi la prise en compte des intérêts du Mali dans toutes les décisions ».

Ainsi, le ministre malien des Affaires étrangères a insisté sur le fait que « la Russie est ici à la demande du Mali ». Et elle « répond de façon efficace aux besoins du Mali en termes de renforcement de capacités de ses forces de défense et de sécurité » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Car ce qui importe, a ajouté M. Diop, c’est de voir « comment travailler ensemble pour lutter contre le jihadisme », rappelant que « dans certains cas, le terrorisme est fabriqué pour déstabiliser nos pays ».

Dans ce sens, il a déploré l’instrumentalisation et la politisation des droits humains pour des « agendas cachés » ou « à peine cachés » visant souvent « à renverser le régime pour pouvoir atteindre un certain nombre d’objectifs ».

La veille de la visite de Sergueï Lavrov, le Mali a expulsé le directeur de la division des droits de l’Homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à qui il est reproché d’avoir choisi Aminata Dicko pour parler au nom de la société civile malienne lors du récent examen du rapport du Secrétaire Général des Nations Unies sur le Mali. Celle-ci, dans son intervention par visioconférence, a dénoncé les exactions commises contre les civils peuls par l’armée et ses supplétifs russes.  

Dans sa communication, le ministre malien des Affaires étrangères a aussi tenu à se féliciter de « l’intérêt » que la Russie accorde à « l’approvisionnement régulier du Mali en produits de première nécessité dans un contexte particulièrement difficile ».  

« Vous avez pris des décisions importantes afin de permettre au Mali d’accéder à des quantités importantes d’engrais, de blé et aussi d’hydrocarbures », a salué l’hôte de Sergueï Lavrov, non sans dire que « nous comptons travailler de façon générale pour renforcer la coopération économique et commerciale ».

Pour finir, Abdoulaye Diop a exprimé sa solidarité à la Russie subissant des sanctions des pays de l’Ouest en réponse à la guerre qui l’oppose à l’Ukraine. « Les sanctions ne règlent pas fondamentalement les problèmes. Il faut s’asseoir pour dialoguer. Il faut identifier les causes des problèmes et y apporter des solutions, mais aussi éviter la sélectivité dans le traitement des questions internationales », a-t-il préconisé.

Fana : le récit de l’arrestation du principal suspect dans l’affaire des décapitations

Les autorités judiciaires de Fana ont annoncé l’arrestation du principal suspect dans la série de décapitations qui a créé la psychose dans cette ville. Récit d’une affaire hors norme.

Serait-ce l’épilogue du mystère des décapitations de Fana ? Depuis avril 2018 et le début de la série de décapitations dans la ville, les enquêtes n’avaient pas encore abouti. Pis, le mystère ne cessait de s’épaissir. Mais, en fin de semaine dernière, un suspect du nom d’Aldiouma Djibo, 42 ans, a avoué être l’auteur des crimes, selon les autorités judiciaires de la localité. 11 décapitations en tout, 10 à Fana et 1 à Bamako, d’après ce qu’il a affirmé aux enquêteurs. « Les détails qu’il donne des crimes correspondent à ce qui s’est passé » précise Boubacar Moussa Diarra, Procureur près du tribunal de Fana. Il ajoute que le suspect avait déjà été interpellé par le passé pour l’un des meurtres mais mis hors de cause faute d’éléments à charge probants.

En prison depuis 2021

L’enquête a commencé à évoluer après le 2 août 2021. Ce jour-là, Aguibou Bagayoko, un repris de justice d’une vingtaine d’années, avait été retrouvé décapité dans la concession qu’il occupait à Fana. La victime partageait une chambre avec Aldiouma Djibo et ce dernier avait rapidement disparu après le meurtre. Bagayoko, déjà condamné par la justice pour association de malfaiteurs et vol qualifié, fréquentait un groupe qui s’illustrait par ses larcins. Aux premières heures de l’enquête, tous les membres du groupe ont été arrêtés par la Police judiciaire. Mais les recherches se sont poursuivies, notamment pour retrouver Djibo. Dans un premier temps, les enquêteurs cherchaient à savoir s’il n’avait pas lui-même été victime du ou des assassin(s). Après plusieurs jours de traque, il sera localisé à Bamako, au niveau du quartier de Faladiè. Alors que les soupçons des enquêteurs à son égard grandissaient, il sera arrêté le 18 août 2021 dans une station d’essence près de la Tour de l’Afrique par le Commissariat du 7ème arrondissement. Transféré à Fana pour les besoins de l’enquête, pendant plusieurs mois il réfutera les accusations portées à son encontre et assurera ne pas être lié aux meurtres. Il restera cependant en prison et, depuis sa cellule, selon des sources proches de l’affaire, il essayera de semer le trouble. Il reconnaîtra les faits devant le Procureur Boubacar Moussa Diarra, avant de se rétracter devant le juge d’instruction en charge du dossier. Plusieurs semaines durant, les enquêteurs n’en tireront rien, mais une certitude se dégagera. Depuis l’arrestation de Djibo, plus aucune décapitation n’a été signalée. Ce n’est que début 2023 que la justice entrapercevra le bout du tunnel. Il assurera plus tard avoir choisi cette stratégie car craignant la peine qui lui serait infligée. Selon notre source, il est conscient qu’elle sera très lourde. « Des voleurs de bétails prennent plusieurs années, alors quelqu’un qui a tué… » se serait-il exprimé. Notre source poursuit en affirmant que les enquêteurs sont arrivés à le « persuader » de passer aux aveux. Comment s’y sont-ils pris ? Un voile couvre encore la réponse à cette interrogation.

Bemba Traoré, le facteur X

Dans la semaine du 23 janvier 2023, Aldiouma Djibo, avoue 11 meurtres, dont 1 dans la capitale. Il donne des précisions, avec des dates que seul le tueur ou un complice peuvent connaître. Les enquêteurs sont alors confortés dans la piste qu’ils exploitent depuis deux ans. L’assassinat de Bemba Traoré, un réparateur de radio d’une quarantaine d’années, sera le facteur X. Djibo raconte avoir remis sa radio et payé 1500 francs CFA à Traoré pour réparer son appareil. Mécontent du travail, il demandera quelques jours plus tard à ce dernier de le rembourser, ce que celui-ci refusera. D’après son récit, le réparateur de radio s’emportera contre lui et le menacera. Les jours suivants, il les passera à filer Traoré et à s’imprégner de ses habitudes. Il passera à l’acte dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre 2020, jour de Maouloud. Traoré, marié, dort seul dans sa chambre alors que son épouse et ses quatre enfants dorment dans une autre pièce à côté. Djibo s’introduira chez lui et le surprendra dans son sommeil en lui assénant de violents coups de gourdin sur la tête, avant de le décapiter. Après le crime, il raconte avoir emporté avec lui le téléphone, la radio ainsi que la volaille de la victime. Les enquêteurs ont effectivement constaté que tout ceci manquait après le meurtre.

Sain d’esprit ?

Les motivations avancées par Djibo pour expliquer ses crimes tournent toutes autour de la vengeance. Le 13 mai 2018, une petite fille de 5 ans atteinte d’albinisme, Ramata Diarra est décapitée, éventrée et son sang et sa tête emportés. Aldiouma Djibo assure face au Procureur que c’est la mère de la petite fille qu’il visait. Quelques jours plus tôt, il aurait eu une altercation avec elle au marché. Mais, lorsqu’il s’est rendu dans leur maison, elle était absente. Il a donc pris sa fille pour se venger. Djibo connait bien la ville et ses habitants. Aux yeux de ces derniers, il est considéré comme un malade mental. Ses actions incohérentes ont contribué à cette conclusion. Il porte trois tenues les unes par-dessus les autres, avec de manière plus apparente une veste toute fripée et sale dans laquelle il garde des grains de mil. Muni d’un bâton, il appâtait des poules avec ce mil avant de leur taper dessus. La population locale l’a alors catalogué comme étant un malade mental qui se nourrissait de cadavres d’animaux. Avant cela, cet ancien talibé écumait les différents quartiers de la ville pour chercher l’aumône. Il était déjà décrit à cette époque comme étant à fleur de peau, supportant mal un « non » ou qu’on lui « manque de respect ». Grand amateur de reggae, il aimait cuisiner en écoutant ce genre musical.

Zones d’ombres

De multiples interrogations subsistent encore sur cette affaire et les investigations se poursuivent pour tenter d’y répondre. Djibo est-il vraiment sain d’esprit ? Se comportait-il ainsi simplement pour tromper la vigilance des locaux ? Le mobile des crimes était-il de la vengeance ou un rituel ? Est-il le seul impliqué ou a-t-il des complices ? Autant de questions dans une affaire qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Devant les autorités en charge du dossier, il assure par exemple avoir tué Binafou Touré, un gardien d’une antenne relais de la SOTELMA parce que ce dernier l’avait visé avec un lance-pierre. La famille de Touré a déposé plainte contre lui dans la ville, même si certains estiment ce mobile si léger qu’ils peinent à y croire. À la question « pourquoi décapite-t-il ses victimes ? », il aurait, d’après une source proche de l’enquête, assuré que c’était pour se protéger. Selon Djibo, un mort conserve dans ses yeux l’image de la dernière personne qu’il a vue. Ce serait pour cette raisons qu’il décapite ses victime et emporte leurs têtes avec lui. Toutefois, cette version n’a pas totalement convaincu les enquêteurs et la piste des crimes rituels n’est pas écartée. Car, en plus de la tête, le sang des victimes est prélevé. À quelles fins ? Les crimes rituels sont d’ailleurs l’hypothèse très vite le plus souvent avancée pour expliquer la série de décapitations. Et cela est renforcé par le profil de certaines victimes. Une jeune fille atteinte d’albinisme, une malade mentale et sa fille ou un ex-militaire décrit aussi comme un esclave. Mais, au-delà de ces cas spécifiques, les autres victimes n’ont rien qui les lie et aucune particularité. Les enquêteurs essayent encore de démêler tous les fils de cette affaire, qui n’a pas encore fini de faire parler d’elle.

Commerce : TradeMark Africa se déploie en Afrique de l’Ouest

TradeMark Africa, organisation non lucrative d’aide au commerce financée par les agences de développement des pays développés (essentiellement d’Amérique du Nord et d’Europe) a lancé ses activités en Afrique de l’Ouest ce 30 janvier, avec comme objectif d’y faciliter le commerce. La structure, créée en 2010 et dont le siège se situe à Nairobi au Kenya, avait jusque là opéré seulement en Afrique de l’Est, où elle a aidé, à l’en croire, à fluidifier le commerce (réduction des temps de transit des marchandises, amélioration de l’efficacité des frontières et réduction des obstacles aux commerce) et à favoriser l’intégration régionale en travaillant avec les organisations intergouvernementales régionales (UA, EAC, IGAD, COMESA, SADC), ainsi que le secteur privé et la société civile. Avec une enveloppe d’environ 80 millions de dollars, TradeMark East Africa (TMEA) qui devient TradeMark Africa (TMA) en se déployant en Afrique de l’Ouest, entend soutenir le Secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et travaillera avec les organismes régionaux comme la Cedeao et ses États membres. En outre, TMA, dont le nouveau siège se situera au Ghana, « se concentrera sur le développement de corridors commerciaux numériques et verts », fait savoir l’organisation.

Sambou Yatabaré : l’ex-international malien incarcéré en France

Sambou Yatabaré, l’international malien du club français de ligue 2 Sochaux, a été incarcéré après une condamnation à de la prison ferme dans une affaire de violences remontant à 2017. 

Âgé de 33 ans, le footballeur malien Sambou Yatabaré a été interpellé et incarcéré à Besançon, dans l’est de la France, après une condamnation à de la prison ferme prononcée par le tribunal correctionnel de Bobigny, près de Paris, a annoncé le parquet hier vendredi 04 février 2023.

L’ex-international malien a été condamné à 12 mois de prison ferme le 4 janvier pour avoir frappé en 2017 un policier en civil lors d’une altercation sur un parking de l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

Yatabaré, qui jouait alors au Werder Brême, en première division allemande, avait été mis en examen pour violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique ayant occasionné une interruption totale de travail supérieure à huit jours, en l’occurrence 21 jours.

Selon le site internet du quotidien L’Équipe, qui cite des « sources concordantes », le joueur a été interpellé « mi-janvier peu avant l’entraînement de l’après-midi, alors que Sochaux venait de jouer au Havre ». Son club, Sochaux, a confirmé l’information, dans un communiqué publié ce jeudi, en ajoutant qu’«  aucun autre commentaire sur cette situation d’ordre privé, sans rapport avec le FCSM, ne sera fait par le club ».

Il n’avait pas pu assister à son procès, notamment en raison du fait qu’il avait omis de notifier un changement d’adresse au tribunal et n’était pas au courant de la tenue de l’audience, a indiqué Me Bouaou à L’Équipe. Son avocat dénonce une peine « incompréhensible » au regard de la nature des faits, très anciens et âprement contestés par son client. Une demande de mise en liberté a d’ores et déjà été déposée. Un nouveau procès dont la date reste encore à déterminer devrait bientôt se tenir. Sambou Yattabaré, frère cadet de Moustapha, a disputé 32 matchs avec les Aigles pour cinq buts inscrits entre 2008 et 2018.

 

GSIM – MSA : ce qui se joue derrière « l’alliance» de circonstance

Un peu plus de deux ans après sa dernière apparition, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, s’est montré dans une vidéo le 22 janvier dans la région de Ménaka. Selon plusieurs sources, il y était pour accepter l’allégeance de notables issus de tribus de la zone et membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Ce ralliement, qui conforte un peu plus l’ancrage Al-Qaïda dans la zone, pourrait affaiblir le MSA et présager de nouveaux combats contre le groupe État islamique.

Selon nos informations, ces nouveaux membres du GSIM sont des notables de la communauté Daoussahak de la région de Ménaka. Une communauté issue de la tribu Tamasheq géographiquement présente dans une grande partie de la région de Ménaka et une partie du cercle d’Ansongo.

L’État islamique au Grand Sahara Sahel (EIGS) mène une offensive dans la région de Ménaka depuis mars 2022. Cette offensive, qui a conduit à des affrontements armés avec le GSIM, a occasionné des attaques non seulement contre les civils daoussahaks mais aussi contre les groupes armés, dont le MSA.

Systématiquement ciblés par l’État islamique depuis mars dernier (plusieurs tués) ceux-ci auraient préféré s’allier à « l’ennemi de leur ennemi », le GSIM, pour se défendre contre ces attaques.

L’analyste sécuritaire Ibrahim Maiga expliquait dans nos colonnes en avril dernier que les divergences entre les Daoussahaks, qui constituent le fer de lance du MSA, et la communauté peul Tolebe, fortement représentée au sein de l’EIGS, alimentaient le conflit entre le MSA et l’EIGS, au-delà des querelles d’ordre idéologique entre les deux camps.

« Ces derniers mois, ils (la communauté Daoussahak, ndlr) ont été meurtris par les attaques des groupes djihadistes, en l’occurrence l’État islamique. Pour sauver leur tête ils ont adhéré au GSIM. Iyad Ag Ghaly serait dans la zone depuis un moment et ils ont profité de cette présence pour lui prêter allégeance », explique Abdoul Nassir Idrissa, journaliste de la région. Il précise que ce n’est pas l’aile politique du MSA, mais plutôt « des notables, des chefs de tribus et fractions qui se sentent chaque jour persécutés ».

Le MSA impacté ?

Cette allégeance d’anciens membres du MSA au chef du GSIM n’a que peu surpris. Mais elle aura plusieurs implications dans l’évolution de la dynamique des forces en présence sur le terrain dans cette zone en proie à des combats pour son contrôle depuis des mois.

« Iyad Ag Ghaly marque sa présence à Ménaka. On sait tous qu’Al-Qaïda y était présent, mais d’une manière très timide, et c’est à la faveur de la guerre avec l’État islamique que le groupe s’est impliqué de plus en plus là-bas, à cause des échecs des autres factions face à l’État islamique. C’est sa façon à lui de montrer qu’il est soutenu dans la guerre contre l’État islamique », analyse une source spécialiste des mouvements djihadistes.

Si le chef terroriste y gagne dans l’ancrage d’Al-Qaïda dans la région de Ménaka, le MSA en revanche risque de s’affaiblir et de voir son influence réduite sur le terrain. Selon Abdoul Nassir Idrissa, la jeunesse daoussahak, qui constitue la branche armée du MSA, pourrait le déserter au profit du GSIM et le MSA pourrait devenir une coquille vide.

« Ces notables vont donner la majorité des jeunes daoussahak du MSA au GSIM et donc à Iyad Ag Ghaly », craint-il, soulignant aussi que le ralliement aux groupes terroristes de certains membres des groupes armés pro-gouvernement va créer « d’autres situations plus compliquées » sur le terrain.

Combats en vue

En relative accalmie depuis quelques semaines, les combats entre le GSIM et l’EIGS dans les régions du Nord pourraient reprendre très prochainement. Ce qui justifierait le renforcement des rangs du GSIM, qui, tout comme le groupe rival, a perdu beaucoup de combattants.

Dans une lettre attribuée à l’émir du GSIM de la région de Tombouctou en date du 16 janvier, ce dernier demande aux habitants de la localité d’Acharane (10 km de Tombouctou) de quitter les lieux pour ne pas être des victimes collatérales lors d’éventuels futurs affrontements.

Assistance humanitaire : un besoin de plus de 454 milliards de francs CFA

À travers le Plan de réponse humanitaire, la communauté internationale envisage apporter une assistance multisectorielle d’urgence répondant aux besoins vitaux et permettant aux populations des zones en crise au Mali de rester dignes, en assurant un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et en préparant les bénéficiaires à mieux résister aux chocs. Ce Plan a été présenté le mardi 31 janvier 2023 par le Bureau du Mali de la Coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Visant à apporter une assistance humanitaire à 5,7 millions de personnes affectées par les conflits et les chocs climatiques, le Plan de réponse humanitaire 2023 pour le Mali nécessite pour sa mise en œuvre la mobilisation de 751,4 millions de dollars américains, soit 454,8 milliards de francs CFA. Malgré les efforts de l’État et de ses partenaires, qui ont assisté plus de 2,9 millions de personnes sur les 5,3 millions ciblées par la réponse humanitaire en 2022, par la mobilisation de 260 millions de dollars sur les 686 millions recherchés, la tendance des besoins est toujours croissante, avec une hausse de 17% par rapport à janvier 2022.

Interdiction de la chicha : un écran de fumée ?

Le 15 août 2022, un arrêté interministériel du gouvernement interdisait l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha sur toute l’étendue du territoire national. Les six mois accordés pour se conformer aux dispositions arriveront à terme ce 15 février 2023. Alors que les autorités réaffirment leur détermination à faire appliquer la mesure, les distributeurs ne semblent pas se précipiter. Le défi reste de savoir si les autorités parviendront à faire respecter la réglementation cette fois-ci.

L’arrêté interministériel n°2022-3597/MSPC/MJDH/MSDS/MEF/MIC/MJSCICCC-SG Gouvernement du 15 août 2022, portant interdiction de l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha ou tout autre appareil similaire sur l’étendue du territoire, est la suite logique d’un combat que les autorités mènent contre une « toxicomanie banalisée ».

En effet, c’est suite à plusieurs investigations et à des certificats d’analyses du Laboratoire national de la santé que l’Office central de lutte contre les stupéfiants (OCS) a conclu que la chicha permettait de « dissimuler la consommation de plusieurs drogues, dont le cannabis » et de médicaments détournés de leur usage. Il a donc initié cette décision d’interdire ce phénomène, qui favorise selon lui la consommation précoce de drogues chez les jeunes.

Mesure discriminatoire ?

« Nous n’avons pas pu évacuer nos stocks. Nous n’avons pas échangé avec les autorités et nous avons déposé une plainte le 14 octobre contre l’arrêté d’interdiction », s’indigne Mahamadou Diawara, Président des Distributeurs de chicha du Mali. Après avoir demandé un sursis à la décision avant le jugement au fond, la Cour suprême a rejeté ce 26 janvier 2023 la requête de l’association.

Mais celle-ci n’en démord pas pour autant. « Nous avons appelé des experts, nous appellerons d’autres experts d’ici pour démontrer que la chicha n’est pas une drogue », clame le Président de l’association. « La chicha est un tabac, pourquoi les autorités n’ont-elles pas touché au tabac ou à l’alcool », s’interroge-t-il ? Si la chicha est nuisible à la santé, l’alcool et la cigarette aussi.

Quant à l’usage « déguisé de drogue » auquel se livreraient les adeptes de la chicha, M. Diawara se défend d’être responsable d’un tel phénomène. « Nous n’avons rien à voir dans cela. Nous ne sommes pas des vendeurs de drogue », rétorque-t-il, ajoutant que la lutte devrait plutôt se concentrer sur l’interdiction d’entrée de la drogue. Parce que si elle « n’entre pas, elle n’est pas consommée ». Dénonçant des « analyses partiales », il nie que le tabac de la chicha soit plus nocif.

En outre, le secteur absorbe une partie du chômage. Selon le Président des Distributeurs, le secteur emploie des milliers de personnes, environ 3 000 emplois directs au moins, d’après les chiffres qu’il avance, difficilement vérifiables. Serveurs, cuisiniers, sociétés de gardiennage et de nettoyage, la chicha étant un point de convergence dans beaucoup d’espaces, comme les bars ou les night-clubs. S’ils ne souhaitent pas d’affrontement, les distributeurs promettent que l’application de la mesure sera difficile dans ces conditions. Ils sont prêts à aller en prison plutôt que de perdre leur travail. Déplorant l’absence de concertations, ils reprochent aux autorités de n’avoir pas mesuré toutes les conséquences de leur décision. « La chicha aujourd’hui est plus positive que négative dans l’économie. Pour toucher au tabac chicha, il faut toucher à la cigarette et à l’alcool, parce que tout est nuisible à la santé », même à des degrés différents.

Le bâton après la carotte

Dans une communication, ce 31 janvier, l’OCS rappelle que c’est à partir du 15 février 2023 que « l’importation, la vente, la distribution et la consommation de chicha seront interdites sur toute l’étendue du territoire national ». Signé de la Direction de l’Office Central des Stupéfiants – OCS », elle souligne que « les contrevenants s’exposeront à des lourdes sanctions d’emprisonnement et d’amende ». C’est pourquoi l’Office, sous le leadership du ministère de la Sécurité et de la Protection civile, ainsi ses collègues signataires de l’arrêté interministériel interdisant la chicha ou tout appareil similaire au Mali, invite à se conformer à l’arrêté interministériel d’ici le 15 février 2023.

Si les termes du communiqué ne permettent pas d’équivoque sur la volonté des autorités de faire appliquer l’arrêté, ils doivent compter avec celle des distributeurs de faire valoir leurs droits. Ils ont à cet effet attaqué l’arrêté interministériel devant la Cour suprême le 15 octobre 2022. D’abord pour demander la suspension de son exécution, avant de demander son annulation. Une demande de suspension rejetée le 26 janvier 2023.

Estimant qu’après 6 mois de campagne de sensibilisation les populations sont suffisamment informées, le Directeur général adjoint de l’OCS, le Contrôleur général de police Bassirou Bamba souligne que les autorités vont « sévir sans faiblesse », parce qu’il faut que « force reste à la loi ». Et, pour ce faire, des dispositions seront prises et les autres services en charge seront mobilisés pour faire respecter l’arrêté interministériel. Dans une interview accordée à la télévision TM1 le 1er février 2023, il rappelle aux commerçants, consommateurs et distributeurs de chicha que cette interdiction décidée par l’État dans le cadre de « l’impérieuse nécessité de préserver la santé de la population », s’impose à tous et sera respectée.

En attendant, l’arrêté prévoit des peines d’emprisonnement allant de 1 à 10 jours et des amendes de 300 à 18 000 francs CFA pour la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’usage de la chicha.

Selon une étude menée par le service de Pneumologie de l’Hôpital du Point G auprès d’un échantillon de 3 000 lycéens, 71% d’entre eux fumaient la chicha « et certains présentaient des symptômes respiratoires », selon le Pr Yacouba Toloba, chef dudit service. Concernant la dangerosité de la chicha, une autre étude de l’OMS avait déjà alerté, dans une note publiée en 2017, en rappelant les résultats de plusieurs études réalisées une dizaine d’années plus tôt. Compte tenu de la gravité du « tabagisme par pipe à eau », l’organisme mondial de la Santé suggérait aux autorités de régulation de prendre des mesures fiscales ou encore d’interdire ce tabagisme dans les espaces publics, tout en poursuivant la sensibilisation sur les effets nocifs.

Une substance dangereuse surtout pour des jeunes censés être l’avenir du pays. L’une des raisons ayant conduit la Mairie de la Commune IV du District de Bamako à interdire le produit dès 2019. « Si l’avenir d’un pays dépend de sa jeunesse, il faut qu’elle soit saine », expliquait le Maire de la Commune IV, M. Adama Bérété. Pas question pour lui donc de laisser la jeunesse se « détruire ». Car, assez souvent, ce sont des produits de substitution, comme l’alcool et ses dérivés ou la drogue, qui sont utilisés, rendant « les conséquences de cette fumée incalculables ».

Diversement appréciée, la mesure a d’abord été « incomprise », selon le Maire. Mais, entre approbation et réticence, la Mairie a souvent dû faire intervenir les forces de l’ordre pour faire appliquer la mesure. En dépit de tout cela, elle a beaucoup de mal à être respectée, plusieurs « chicha houses » se trouvant dans la commune couverte par elle. L’interdiction étant désormais étendue à l’ensemble du territoire, le maire espère que « nul n’est et ne sera au-dessus de la loi », qu’il faut appliquer avec la dernière rigueur.

Le défi du respect

Pour assurer la mise en œuvre et obliger les acteurs à se conformer, outre l’OCS, la Direction générale des Douanes, la Direction générale du Commerce, de la concurrence et de la consommation (DGCC), la Direction générale de la Police et la Direction générale de la Gendarmerie sont chargées de veiller à l’effectivité de la mesure d’interdiction. Même si les différentes entités concernées n’ont pas encore dévoilé leurs plans, selon certains les forces de l’ordre vont sévir afin que cela serve de dissuasion. Mais, pour un observateur qui a requis l’anonymat, ces actions seraient comme « suer sous la pluie ». Les boutiques de chicha ou encore les chicha houses seront les premières touchées, puisque très visibles, appuie-t-il. Mais qu’en sera-t-il dans les différents clubs, lounges ou restaurants, sans parler des domiciles et espaces privés ? Les forces de sécurité feront-elles des descentes ? Des questions qui trouveront sûrement un début de réponse lors des premiers jours du début effectif de l’interdiction. Ce qui sera déjà impossible à faire pour les autorités, c’est de contrôler totalement la consommation, notamment dans un cadre privé. À moins que grâce aux Douanes, ces produits ne soient réellement interdits d’entrée sur le territoire. Ce que certains clients craignent déjà, c’est que cette interdiction n’entraîne des coûts supplémentaires sur la chicha, avec des revendeurs et tenanciers de boutiques qui mettraient en avant les difficultés pour augmenter leurs prix. À moins de deux semaines de la date retenue pour l’interdiction effective, de nombreux clients et des personnes qui sont dans le milieu de la chicha n’envisagent nullement que la décision puisse être respectée.

Quid chez nos voisins ?

L’exemple chez nos voisins n’incite pas non plus à l’optimisme pour l’effectivité de la décision. L’exemple ivoirien est le plus illustratif. Dans le cadre de l’application d’un décret de 2012 interdisant de fumer dans les lieux publics, les autorités ivoiriennes ont essayé de sévir en 2022. Les forces de l’ordre ont mené des opérations d’envergure, mais cela n’a pas duré deux mois. Les opérations ont cessé, les contrôles aussi. Un journaliste sur place à Abidjan nous confirme que les consommateurs de la chicha fument partout comme si de rien n’était. Au Sénégal, l’interdiction décidée en 2020 est somme toute similaire à celle du Mali. Les autorités sénégalaises avaient également donné six mois aux importateurs et distributeurs de chicha pour s’y conformer. Mais, deux ans plus tard, les autorités n’ont pas réussi à faire respecter la décision. La raison, selon une source au Sénégal, est que les consommateurs ne s’affichent que rarement en public et que le degré de consommation est moindre que celui du Mali. Mais, après la décision des autorités maliennes, le Président de la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), Amadou Moustapha Gaye, a saisi l’occasion pour interpeller le chef de l’État Macky Sall pour qu’il s’implique. À partir du 15 février, les capacités des autorités compétentes à faire respecter la décision seront scrutées, afin de déterminer si ce n’est ou non qu’un simple écran de fumée qui finira par se dissiper.

Mali : Sergueï Lavrov attendu à Bamako ce lundi

Le Mali s’est rapproché de la Russie, sur fond de brouille diplomatique avec la France. Le Ministre des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov sera en visite d’amitié et de travail, à Bamako, à partir de ce lundi 6 février.

Pour son premier déplacement dans la capitale malienne, le chef de la diplomatie russe y passera quarante-huit heures. Il répond ainsi à une invitation qui lui a été adressée par son homologue malien, Abdoulaye Diop lors de son séjour à Moscou, en mai 2022.

Durant son séjour au Mali, outre son homologue malien, Sergueï Lavrov rencontrera également le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga et le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta.

Pour les autorités maliennes «cette visite de haut niveau s’inscrit en droite ligne du choix politique opéré par le Gouvernement de la Transition d’élargir et de diversifier les partenariats stratégiques, conformément aux principes clés guidant désormais l’action publique au Mali. A cet égard, elle matérialise la volonté ferme des deux Chefs d’Etat malien et russe d’impulser une nouvelle dynamique aux relations d’amitié et de coopération bilatérale, avec un accent particulier sur le renforcement du partenariat dans les domaines prioritaires, notamment de la défense et de la sécurité ainsi que de la coopération économique, commerciale et culturelle ».

De plus, elles estiment que cette visite permettra « de renforcer le dialogue politique de haut niveau entre les deux pays et de renouveler l’engagement mutuel de consolider le partenariat stratégique en faveur de la paix, de la sécurité et du développement ».

Le renforcement des liens russo-maliens intervient après que les relations avec l’ex-puissance coloniale, la France, s’est nettement détériorée depuis l’arrivée des nouvelles autorités à la faveur de deux coups d’Etat en août 2020 et mai 2021.

Cette brouille diplomatique avec Paris a été marquée par l’expulsion en janvier 2022 de l’ambassadeur de France au Mali et les forces françaises de Barkhane et Takuba. Une situation qui fait suite aux nombreuses accusations formulées par les autorités françaises contre celles de Mali d’entretenir des relations avec « les mercenaires de la société privée de sécurité russe Wagner ». Des accusations reprises par d’autres pays occidentaux ainsi que des organisations internationales. Cependant, Bamako continue à nier ces accusations, affirmant entretenir avec la Russie une coopération d’Etat à Etat qui remonte aux années de l’indépendance en 1960. Une coopération axée selon les autorités maliennes sur l’instruction et l’équipement de l’armée malienne, justifiant notamment les récentes nombreuses acquisitions de matériels militaires par les autorités maliennes de la part de la Russie.

Après Bamako, Sergueï Lavrov se rendra à Nouakchott et à Khartoum.

Déclaré « persona non grata » Guillaume Nguefa sommé de quitter le Mali dans 48 heures

L’annonce a été faite dans l’édition du Journal télévisé de 20 heures sur la chaine nationale par un communiqué lu par le porte-parole du Gouvernement, le Colonel Abdoulaye Maïga.Le Directeur de la division des droits de l’homme de la MINUSMA, Guillaume Nguefa-Atondoko ANDALI a été déclaré « persona non grata ». Par conséquent, il est sommé « de quitter le territoire national dans un délai de 48 heures ».

Le gouvernement l’accuse de s’adonner à des « agissements déstabilisateurs et subversifs (…) en violation flagrante des principes et obligation que doivent observer les fonctionnaires des Nations Unies et tout diplomate accrédité au Mali, conformément aux conventions internationales pertinentes ».

Parmi les griefs retenus contre M. ANDALI figure la sélection « des usurpateurs s’arrogeant le titre de représentant de la société civile malienne en ignorant les autorités et institutions nationales (…) à l’occasion des différentes sessions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Mali ». Le gouvernement indique que M. ANDALI « n’a jamais réussi à prouver les critères qui lui ont permis d’identifier les représentants de la société civile qu’il a utilisés ».

Le communiqué fait notamment allusion au dernier examen du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Mali, le 27 janvier dernier, au cours Aminata Cheick Dicko, membre de l’Organisation Kissal, est intervenue pour attirer l’attention de la communauté internationale sur les exactions contre les civils peuls commises par les jihadistes et les forces armées régulières et leurs partenaires russes.

A en croire le communiqué, ce rôle avait été confié à une première personne par M. ANDALI qui l’a refusé.

Selon les autorités « la conspiration est d’autant plus grande que l’organisation dont se réclame l’usurpatrice est une association étrangère non déclarée et ne disposant d’aucun droit d’exercer au Mali. A titre de rappel, ce forfait a été dénoncé respectivement par plusieurs acteurs dont le Conseil national de la société civile et la coordination des associations et ONG féminines du Mali (CAFO) ».

Tout en réitérant « sa disponibilité à maintenir le dialogue » le gouvernement entend « poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires, conformément aux 3 principes de Goïta à savoir : le respect de la souveraineté ; le respect des choix stratégiques et des choix de partenaires opérés par le Mali ; la prise en compte des intérêts vitaux du Peuple malien dans les décisions prises » souligne le communiqué.

C’est le deuxième responsable de la MINUSMA à être expulsé par les autorités de la Transition au Mali. En juillet dernier suite à l’arrestation des 49 militaires ivoiriens finalement graciés par le colonel Assimi Goïta après avoir été condamnés à 24 ans de réclusion criminelle, le porte-parole de la mission, Olivier Salgado avait connu le même sort suite à des tweets qu’il avait fait soutenant que les autorités étaient informées de leur arrivée en tant que membres des Eléments Nationaux de Soutien (NSE).

Cette réaction  des autorités de Transition était attendue dans la mesure où elles ont tout le temps reproché à la mission onusienne d’«instrumentaliser » la question des droits de l’homme. D’ailleurs, lors du vote de la résolution renouvelant le mandat de la MINUSMA d’un an supplémentaire en juin  2022, le gouvernement avait clairement dit qu’il ne respecterait certaines dispositions notamment celles accordant la liberté de mouvement aux agents de la mission qui souhaiteraient mener des enquêtes sur les allégations de violations des droits humains.

Le Premier ministre burkinabé prône la création d’ « une fédération » avec le Mali

Le Premier ministre du Gouvernement burkinabè, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla a clôturé, le jeudi 2 février dernier sa visite de travail de 48 heures au Mali.C’est la deuxième visite effectuée par un responsable de la transition burkinabé au Mali en trois mois. Le 2 novembre dernier, soit un peu plus d’un mois après son installation au pouvoir, le nouvel homme fort du Burkina Faso, Ibrahim Traoré a consacré au Mali son premier voyage à l’extérieur.

L’enjeu de ces visites est de renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako sur plusieurs plans, mais principalement sur notamment la situation sécuritaire.

Toutefois, Me Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, lors de sa visite de travail de 48 heures entamée, le mardi 31 janvier, est allé beaucoup plus loin que son président.  Le chef du gouvernement de la transition burkinabè a proposé la création d’une « fédération » entre son pays et le Mali. Une entité, à ses yeux qui pourrait également regrouper la Guinée, voire le Togo où il a fait un détour avant son séjour au Mali.

Dans sa vision de la nouvelle dynamique de la coopération maliano-burkinabé, il a indiqué que « nous pouvons constituer une fédération souple, qui peut aller en se renforçant et en respectant les aspirations des uns et des autres chez eux ».

Cette démarche est loin d’être la première du genre à être expérimentée. Déjà, entre 1958 et 1960, durant les années des indépendances, de nombreux pays tels que le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Benin, la Guinée, le Ghana avaient tenté en fédération ou en union, mais ces tentatives se sont soldées par des échecs obligeant chacun de ces Etats à proclamer son indépendance.

Apparemment, la volonté des actuels dirigeants burkinabé et maliens est de ressusciter ces projets profitant d’une opinion africaine qu’ils espèrent acquise à leur cause et n’étant pas très édifiée sur les raisons ayant conduit à l’échec de ces initiatives expérimentées par les pères des indépendances.  

Pour les actuels dirigeants de ces deux pays, le fait de disposer d’importantes ressources naturelles (or, coton, bétail) est suffisant pour concrétiser ce projet même si celles-ci ne sont pas transformées sur place. Mais pour le premier ministre burkinabé, Me Apollinaire Kyélem de Tambela, « c’est un chantier que nous devons essayer de tracer pendant la période de transition, parce que si les politiciens reviennent au pouvoir, ce serait difficile ».

Le Mali et le Burkina ont en commun le fait d’être confronté au terrorisme qui sévit de plus en plus sur la bande frontalière entre les deux pays.

Issues de coups d’Etats respectivement en mai 2021 et en septembre 2022, les transition en cours au Mali et au Burkina ont également mis fin à la présence militaire française sur leurs territoires. Si le Mali a été le premier dans ce cas depuis le 15 août dernier, les autorités burkinabé n’ont pris cette décision que très récemment donnant aux militaires français un délai d’un mois pour quitter le pays.  De plus, depuis décembre 2021, les autorités de la Transition au Mali ont décidé de se tourner vers la Russie au détriment de la France. Un partenariat orienté vers le renforcement de l’équipement et l’instruction, même si des pays occidentaux soutiennent un déploiement des « mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner ». Le même reprochent est fait aux nouvelles autorités burkinabé.

Avant d’avoir demandé aux militaires français de partir, les autorités en avaient fait de même avec l’ambassadeur français, Luc Hallade rappelé depuis fin janvier dernier par les autorités de son pays pour « consultations ». Comme pour sonner le glas de cette coopération militaire avec  la France, dans une récente sortie médiatique, le chef du gouvernement de Transition au Burkina Faso avait déclaré que « nos partenaires traditionnels (NDRL : La France) ne voulaient pas que nous ayons des armes. Ils les bloquaient… ».

Burkina : Mali, nouvel invité d’honneur du FESPACO

Le Togo n’est plus le pays invité d’honneur de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).Le Mali est désormais le pays invité d’honneur de la biennale du cinéma africain qui se tiendra du 25 février au 7 mars 2023 à Ouagadougou, a annoncé le président du Comité national d’organisation, Fidèle Tamini, jeudi 02 février 2023. 

Bamako remplace ainsi Lomé (Togo), à trois semaines de l’événement placé sous le thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ». 

M. Tamini a expliqué qu’il n’y avait pas de problèmes avec le Togo mais au regard des défis du moment, « il n’y a pas meilleur partenaire que le Mali pour être pays invité d’honneur ». Pour lui, le Mali est également un pays de cinéma et partage des visions communes avec le Burkina Faso.

Le Chef du gouvernement burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla a séjourné à Bamako, mercredi et jeudi dernier. En se rendant au bord du Joliba, il a fait une escale à Lomé où il s’est entretenu avec les autorités Togolaises, rassurant de l’excellence des relations diplomatiques entre les deux pays.

Depuis septembre 2022, Ouagadougou s’est beaucoup rapproché de Bamako, sur fond de crise diplomatique avec Paris. 

Vers un retrait anticipé du contingent allemand de la MINUSMA ?

La déclaration a été faite par le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, nommé le mardi 17 janvier dernier à la place de Christine Lambrecht qui a démissionné la veille.L’Allemagne qui avait prévu en novembre dernier de maintenir son contingent au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) au moins jusqu’en mai 2024, pourrait finalement le retirer plus tôt. Pour le nouveau ministre allemand de la défense « le déploiement est actuellement une perte de temps et d’argent ».

Le ministre de la Défense Boris Pistorius – un social-démocrate – envisage un retrait anticipé de la Bundeswehr (les forces armées allemandes) du Mali. Pour lui, « dans les conditions actuelles, rester au Mali jusqu’en mai 2024 n’a aucun sens ». Il a ajouté dans un entretien avec le média allemand Süddeutsche Zeitung, que l’une des conditions pour que le contingent allemand soit maintenu au sein de la MINUSMA est que les casques bleus de la Bundeswehr ne soient pas empêchés d’utiliser à nouveau des drones pendant une période plus longue. Avant de déclarer que « la dernière fois que les drones ont volé c’était avant Noël ».

« Si nos soldats ne peuvent pas quitter le camp ou ne peuvent se déplacer que dans un petit rayon parce que les drones ne sont pas autorisés à voler, alors ils ne remplissent pas leur mission » a-t-il indiqué. Selon lui, « cette opération est une perte d’argent et de temps, surtout pour les soldats qui sont là, séparés de leurs familles et amis ».

Depuis l’incident qui avait conduit à l’arrestation des 49 militaires ivoiriens au Mali, l’utilisation de drones, comme les avions et les hélicoptères de la MINUSMA doit préalablement être approuvée par les autorités de Transition. Cependant, à plusieurs occasions, ces appareils ont été empêchés de quitter le sol et même s’ils ont été autorisés à le faire, c’est avec du retard.

Avec le retrait des forces antiterroristes sous le leadership de la France (Barkhane et Takuba) sur fond de crise diplomatique entre Bamako et Paris, la MINUSMA a perdu près de 40% de ses moyens puisque la sécurisation de ses convois et la fourniture de bien d’autres de ses services étaient assurées par ces forces.

Une décision devrait être prise en mai prochain par les autorités allemandes sur l’avenir de leur contingent déployé au Mali. Avant cela, le ministre Pistorius est attendu au Mali dans les prochaines semaines pour s’enquérir directement de la situation.

Mali – Burkina Faso : le fédéralisme au menu de la visite du Premier ministre burkinabè

Nourrissant déjà l’espoir de venir au Mali qui, selon lui, fait la fierté de toute l’Afrique depuis l’avènement au pouvoir du colonel Assimi Goïta, le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyélem a lors de sa rencontre avec ses compatriotes à l’Ambassade du Burkina Faso ce mercredi 1er février 2023, trouve opportun sa visite au Mali pour mettre à profit l’idée du fédéralisme entre les deux pays.

Selon le chef du gouvernement burkinabé, si cette fédération parvient à se créer, elle pourrait être une puissance sur le plan économique vu les potentialités dont regorgent les différentes villes des deux pays.

Pour lui, être ensemble pour constituer une fédération ne veut pas dire une unicité ou une uniformisation, mais plutôt une gestion d’ensemble des aspects de la souveraineté.

Convaincu, le Premier ministre Burkinabé avoue que d’autres pays n’attendent qu’un déclic pour rejoindre cette Fédération Mali-Burkina. Il a même cité le Sénégal et le Togo qui ont déjà montré leur intérêt à cette idée, au cours de ses échanges avec certains responsables de ces pays. Le Premier ministre ajoute que la Guinée Conakry sera aussi favorable à une telle démarche.

 

Mali : Le plan de réponse humanitaire 2023 lancé

Au Mali, les besoins d’assistance humanitaire ont connu une hausse en raison de la dégradation de la situation sécuritaire.Bamako a abrité ce mardi 31 janvier, le lancement du plan de réponse humanitaire pour l’année en cours. Selon ce document, un peu plus d’un tiers de la population soit 8,8 millions de Maliens sont dans le besoin humanitaire, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année dernière où le nombre de personnes à assister au Mali était de 7,5 millions.

Pour faire face à ce défi, le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) au Mali cherche à mobiliser plus de 450 milliards de FCFA (751,4 millions de dollars). Ce qui n’est pas gagné d’avance au regard du peu d’engouement suscité par le volet humanitaire. Sans compter l’augmentation des foyers de tensions dans d’autres régions du monde et des aléas causés par les changements climatiques.

L’année dernière, sur les 686 millions de dollars requis pour financer les besoins humanitaires, seuls 38% des fonds (environ 260 millions) ont pu être mobilisés. Parmi les personnes dans le besoin ciblées par cette assistance on note des déplacés, des retournés, des communautés hôtes, des réfugiés, etc.

Selon Alain Noudehou, Coordonnateur Résident et Coordonnateur Humanitaire au Mali, ces fonds ont trois objectifs, à savoir sauver et préserver la vie et la dignité des populations avec des besoins critiques dans les zones de crise ; assurer un accès minimum et équitable aux services sociaux de base et conditions de vie des personnes et enfin renforcer la préparation aux urgences des ménages vulnérables exposés ou affectés par des chocs dans les zones de crise. L’Union européenne, à travers le chef de sa délégation au Mali, Bart Ouvry a promis de mettre dans la cagnotte un montant de plus de 32 milliards de FCFA au Mali pour soutenir les citoyens dans le besoin.

Les Américains, à travers l’Agence pour le développement international (USAID) ont promis de soutenir ce plan de réponse humanitaire sans préciser le montant de leur contribution. Les États-Unis sont d’ailleurs le premier des dix bailleurs à financer l’aide humanitaire au Mali. En 2021, ils ont accordé plus de 170 milliards de FCFA au Mali à travers l’USAID.

Toutefois, de réelles difficultés pourraient survenir à cause de la tension diplomatique opposant le Mali à la France dont le dernier épisode en date est l’interdiction depuis le mois de novembre dernier des activités de toutes les organisations non-gouvernementales financées ou soutenues par la France, y compris celles opérant dans le domaine humanitaire.

Mali : troisième visite du président de la Commission de l’UA

Les autorités de la transition malienne ont prévu d’organiser des élections présidentielles en 2024 pour un retour à l’ordre constitutionnel.Le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a clôturé ce mardi 31 janvier, sa troisième visite officielle au Mali depuis le début de la Transition en août 2020. Une visite visant à constater le travail effectué par les autorités pour un retour à l’ordre constitutionnel normal prévu en mars 2024.

Il en a profité pour s’enquérir de la situation humanitaire du pays qui a connu une grande dégradation à cause de l’insécurité. Au cours de son séjour, le président de la Commission de l’Union a eu des échanges avec les autorités de la Transition, à leur tête le chef de l’Etat le Colonel Assimi Goïta ainsi que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Il a ainsi pris connaissances des avancées réalisées par le processus de Transition telles que la mise en place de l’Autorité Indépendant de Gestion des Elections (AIGE) l’adoption de la Loi électorale, la création d’une commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution…

Lors de son séjour, le président de la Commission de l’UA a également eu une réunion de travail avec le Comité local de suivi de la Transition mis en place par l’Institution continentale, en partenariat avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et des Nations Unies. Il a rendu hommage à ce comité « pour le travail remarquable qu’il a accompli » dans l’accompagnement de la Transition.

« Nous sommes venus aujourd’hui faire le point avec les autorités de la Transition sur les étapes franchies et nous sommes heureux de constater que des progrès réels ont été accomplis par la transition malienne », s’est réjoui le Président de la Commission de l’UA. Evoquant l’audience que lui a accordée le Président de la Transition, Moussa Faki Mahamat a indiqué qu’à cette occasion, il a réaffirmé « le soutien de l’Union africaine au succès de la transition et notre désir ardent de voir la solidarité africaine s’exprimer en faveur de ce pays ».

Cette visite a aussi été l’occasion pour les autorités de la Transition d’exhorter l’Union africaine à lever les sanctions qu’elle a imposées au Mali, le 14 janvier 2022, s’alignant alors sur la décision de la Cédéao d’isoler Bamako en réponse au refus d’alors des autorités d’aller vers un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais. L’institution sous régionale a finalement levé l’embargo sur le Mali en juillet dernier après que la junte a accepté une transition de 24 mois.

Pour faire face aux défis humanitaires importants auxquels le Mali est confronté suite à la crise sécuritaire, les autorités ont sollicité la solidarité continentale à travers l’appui du Fonds humanitaire de l’Union Africaine. Pour toutes ces demandes, le président de la Commission a indiqué avoir pris bonne note et qu’il fera le point à son organisation pour la suite à réserver.

Burkina : le Premier ministre à Bamako

Me Apollinaire Kyélem de Tambèla doit rencontrer le président de la Transition malienne, Assimi Goita.Le Chef du gouvernement Burkinabè est attendu, ce mardi 31 janvier 2023, à Bamako, ont rapporté des sources concordantes.

Il doit y effectue une visite officielle de travail et d’amitié de 48 heures, ont précisé nos sources.

Elles ont indiqué qu’il devrait rencontrer son homologue malien Choguel Maïga ainsi que le président de la Transition, le colonel Assimi Goita.

C’est sa première visite officielle dans le pays après s’y être rendu en catimini en décembre dernier pour continuer en Russie, tout aussi secrètement.

Il s’agit de la 3e visite d’officiels burkinabè au bord du Joliba, après les visites du président de la Transition, Ibrahim Traoré et du président de l’Assemblée législative de transition, Dr Ousmane Bougma.

Depuis l’arrivée du capitaine Traoré au pouvoir en septembre 2022, Ouagadougou s’est rapproché de Bamako qui joue les intermédiaires avec Moscou.

Les deux pays ont récemment affiché leur volonté de lutter contre le terrorisme. En mi-janvier 2023, le Mali avait aidé le Burkina dans la recherche d’une soixante de femmes enlevées, le 11 janvier, par des jihadistes présumés à Arbinda puis retrouvées après une semaine de captivité, à Tougouri, par l’armée burkinabè.

Mali : Polémique autour du projet de Constitution

Le président de la Transition a pris un décret nommant les membres « de la Commission chargée de la finalisation du projet de Constitution ». Certains membres désignés ont décliné leur participation.Le 19 décembre dernier, le président le Colonel Assimi Goïta, président de la Transition au Mali avait rendu public un décret de création d’une commission chargée de la finalisation du projet de Constitution. Elle devrait avoir comme outil de travail l’avant-projet de Constitution remis au chef de l’Etat en octobre dernier par une commission mise en place à cet effet depuis juin dernier.

Dans ce décret, il était prévu de désigner 51 personnes dans la commission chargée de la finalisation du projet de Constitution. Toutefois, dans la liste publiée le 27 janvier, elles étaient plutôt 69 à avoir été nommée, soit 18 personnes de plus que le nombre prévu par le décret portant création de ladite commission.

Cette situation est qualifiée « incohérence » par des leaders politiques.

Président de la commission de rédaction de la Constitution, le professeur Fousseyni Samaké a été nommé coordinateur général de la nouvelle structure chargée de finaliser le projet qu’il a eu à piloter pendant plusieurs mois.

Le gouvernement est représenté dans cette commission par les ministres Alousséni Sanou des Finances, Ibrahim Ikassa Maïga de la Refondation de l’Etat, Fatoumata Sékou Dicko, ministre déléguée auprès de la primature, Mamoudou Kassogué, ministre de la Justice et le Colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale. Parmi les cinq représentants du Conseil National de Transition ( CNT, parlement provisoire ), figurent Mamadou Diarassouba, Souleymane Dé, Abdoulmadjid Ag Mohamed Ahmed, Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune.

Bien qu’ayant rejeté l’avant-projet de Constitution, le Cadre des Partis politiques pour le Retour à l’Ordre constitutionnel (opposition) fait son entrée dans cette nouvelle Commission avec deux représentants: l’ex ministre Amadou Koïta du parti Socialiste (PS-Yeleen Kura) et Amadou Aya secrétaire général adjoint du parti CODEM (Convergence pour le développement du Mali).

La nomination de ce dernier a suscité la réaction de son parti, qui, dans un communiqué, dit avoir « été surpris de voir le nom d’un de ses membres figurer sur le décret ». Ce parti, qui rejette toute idée de l’élaboration d’une nouvelle Constitution, estime que son secrétaire général adjoint a été plutôt désigné sur proposition du Cadre des partis politiques. Il exprime son désaccord sur le choix des membres et rejette d’emblée toutes les conclusions qui sortiront des travaux de la commission.

Par contre, un des leaders du Cadre, Laya Amadou Guindo considère pourtant l’intégration dans cette commission comme une opportunité de faire entendre leur position tout en plaidant pour une révision à minima de la Constitution de février 1992.

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) – ex-rébellion – qui a aussi vu l’un de ses cadres nommé dans cette commission, a tout simplement informé l’opinion « qu’elle ne prendra pas part à la Commission chargée de la finalisation du projet de Constitution ». Pourtant, elle a confirmé avoir proposé un nom bien avant sa décision de suspendre sa participation aux organes de mise en œuvre de l’Accord prise fin décembre 2022. Elle a ainsi réitéré « avec insistance sa demande de réunion en un lieu neutre avec la médiation internationale pour discuter de la viabilité de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ».

Selon le décret du 27 janvier dernier, les membres de la commission « bénéficieront des avantages ». Pourtant, les dix membres représentants le gouvernement et le CNT qui y siègeront, perçoivent déjà des indemnités.  

Ce décret a été pris à moins de deux mois d’un vote populaire prévu le 19 mars prochain.

Le document soumis sera directement voté au cours dun référendum sans être examiné ou adopté par le CNT.

Lutte contre le terrorisme : ce que propose Gbagbo à la Cedeao

L’ancien président ivoirien, en visite à Bayota, dans le Centre-est de la Côte d’Ivoire, a lancé un appel à la Cedeao dans la lutte contre le jihadisme en Afrique de l’Ouest.« Pourquoi le colonel Assimi Goïta a pris le pouvoir au Mali et il est soutenu par la population, il faut étudier çà ; pourquoi Ibrahim Traoré (au Burkina Faso) a pris le pouvoir et puis il est soutenu par la population, il faut étudier cela », a-t-il lancé.

L’ancien chef de l’Etat ivoirien a déclaré que « c’est parce qu’ils ont promis de lutter contre les jihadistes et qu’ils luttent contre les jihadistes », faisant observer que le capitaine Ibrahim Traoré, le président de la Transition au Burkina Faso « n’est même plus à son bureau, il est sur le terrain ».

« Donc, au lieu que la Cedeao prenne des communiqués pour leur donner des ordres méchants et les obliger à faire des élections comme si les élections pouvaient régler le problème du jihadisme, non, je propose à la Cedeao de créer une brigade anti-jihadiste », a-t-il suggéré.

Cette force comprendra « tous les militaires de tous les pays de la Cedeao et que ceux-ci se mettent en mouvement et en patrouille pour lutter contre le jihadisme », car « si on ne fait pas ça, c’est qu’on a rien fait », a-t-il poursuivi.

Selon M. Gbagbo, « en créant la brigade anti-jihadiste, on résout deux problèmes, premièrement on lutte contre le jihadisme, (notamment) contre le banditisme terroriste et deuxièmement, on évite d’appeler au secours des troupes européennes ».

De ce fait, « on n’appellera pas les troupes européennes parce que nous-mêmes, nous nous mettons en mouvement pour régler nos problèmes », a-t-il relevé, admettant toutefois « qu’il y a des problèmes pour lesquels on est obligé d’appeler des pays européens ».

« Pour lutter contre le jihadisme, on peut se mettre en mouvement pour créer notre brigade anti-jihadiste de la Cedeao en vue de lutter contre le fondamentalisme jihadiste », a insisté l’ancien président ivoirien.

Il s’est inscrit en faux contre « tous ceux qui ne pensent pas à ce problème-là, qui ne pensent pas aux solutions qu’il faut trouver pour ce problème et qui se mettent à engueuler les jeunes dirigeants », tout en indiquant que lui-même est « contre les coups d’Etat militaires et civils ».

Les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se sont engagés le 4 décembre 2022, à Abuja, à créer une force régionale face au jihadisme et aux coups d’État afin de ramener la sécurité et la stabilité dans la région. 

Religion / Etat : quelle laïcité pour le Mali ?

Inscrit au Préambule de l’avant-projet de nouvelle Constitution, le terme est devenu hautement sensible dans les débats politiques. Et pour cause : plusieurs leaders religieux sollicitent sa suppression de la Loi fondamentale. Sur la scène publique et dans les mosquées, l’indignation s’intensifie.

Sous les ventilateurs fatigués de la petite mosquée de Sirakoro Meguetana, ce 20 janvier 2023, la température est un peu chaude. Tout comme le discours de l’Imam de ce lieu de culte, toujours en construction. « Au nom de la laïcité, au Mali on réfute les enseignements du Coran », lâche le religieux en plein sermon du vendredi. « Dans ce pays, on se dit tous Musulmans, à commencer par les plus hautes autorités du pays, mais nous refusons de le montrer aux yeux du monde. Par exemple, pourquoi, avant de commencer leurs discours, elles [les autorités] ne commencent pas par invoquer Allah et le Prophète Mohamed (PSL) ? Tout cela à cause de cette soi-disant laïcité importée des pays non Musulmans. Il faut que ça change », s’exaspère-t-il.

À quelques mètres du prêcheur, un fidèle hoche la tête pour marquer son assentiment. Un autre, tout de blanc vêtu, acquiesce à son tour et murmure : « l’Imam dit vrai, les Musulmans doivent se montrer plus fermes sur cette histoire de laïcité ».

De même que dans la petite mosquée de Sirakoro, ces discours s’amplifient dans la capitale malienne. Quelques jours plutôt, le 7 janvier, une dizaine de personnes se regroupait à l’invitation du Collectif des associations musulmanes du Mali, à la Maison de la presse, pour débattre d’une laïcité « négative, sectaire, agressive et intolérante », qui, selon elles, marginalise et exclut délibérément la communauté musulmane de presque toutes les instances de décision du pays.

« La laïcité est un système qui exclut les églises de tout pouvoir politique, administratif,  spécifiquement de l’organisation de l’enseignement. Dans notre cas, il faut remplacer église par la religion. Étant définie comme cela, qu’est-ce qui reste à la religion dans la gestion de l’État ? », s’interrogeait Mohamed Kimbiri. Déterminé, le Président du mouvement haranguait la foule : « tout ce qui se fait sans toi se fait contre toi. Nous n’allons plus quitter la scène politique soi-disant que ça ne nous concerne pas. Et, pendant ce temps, au moment des élections, nous devenons des bêtes électorales dont on sollicite les votes et après on les exclut de la vie politique ».  L’assistance approuve. Le religieux enchaîne : « on constate que depuis l’indépendance tous ceux qui ont essayé de réviser la Constitution ne se réfèrent pas à nos réalités, telles que définies dans la Charte de Kurukanfuga, mais font plutôt un copier-coller de la Constitution française. Alors que nos réalités diffèrent. Par exemple, la loi de 1905 qui a institué la laïcité en France, dans son article 2, dit que « la République ne reconnaît, ne salarie et ne subventionne aucun culte ». Cette forme de laïcité est antireligieuse et ne se conforme pas à notre histoire et à notre tradition », certifie-t-il. Même son de cloche au niveau du Dr Ahmadou Bolly. Également membre du Collectif, il estime qu’on ne peut pas construire le Mali Kura avec l’héritage colonial. « La souveraineté idéologique doit être cherchée via la Constitution », renchérit-il.

Le plus farouche des religieux et le plus connu, qui se mobilise contre la présence de la notion de laïcité dans la Constitution est Mohamed Mahi Ouattara. L’Imam de Sébénikoro, l’un des prédicateurs les plus suivis sur les réseaux sociaux au Mali, multiplie les prêches depuis novembre 2022 pour dénoncer « une laïcité qui constitue une entrave pour la religion musulmane » et « au nom de laquelle on se permet de tout faire dans le pays ».

Les raisons d’une révolte

Musulmane, chrétienne, animiste, athée… Plusieurs croyances sont pratiquées au Mali et la religion n’a jamais divisé le pays. De même que la notion de laïcité, qui a été toujours présente dans les anciennes Constitutions. Alors, pourquoi une polémique maintenant sur le sujet ?

« Au niveau de la communauté musulmane, vu qu’on estime le nombre de musulmans à plus de 90% de la population, on veut que la Constitution leur confère un pouvoir dans l’optique de prévenir tout ce qui pourrait faire entrave à leur religion. C’est ce qui suscite la révolte de certains leaders religieux. La laïcité telle que définie par la France ne leur convient pas. Ils pensent que si on laisse le mot laïcité dans la Constitution, tout peut être voté sur la base de ce terme. Je pense par exemple à l’homosexualité. C’est pourquoi ils veulent que cela soit carrément supprimé de la Constitution », explique l’enseignant-chercheur Mady Ibrahim Kanté, instructeur temporaire à l’École de maintien de la paix Alioune Blondin Bèye.

Ainsi, depuis octobre 2022 plusieurs leaders religieux se montrent de plus en plus critiques envers la laïcité, ce principe qui sépare la société civile et la société religieuse. À la fin de ce mois était apparue sur les réseaux sociaux une vidéo mettant en scène Mamadou Dembélé, un adepte du kémitisme, piétinant le Coran après avoir tenu des propos blessants sur l’Islam. L’acte avait provoqué une grande polémique au sein de la société et une vive colère des Musulmans.

« S’il est vrai qu’un mouvement de ce genre, qui insulte Allah, notre prophète et le Coran, existe au Mali, nous demandons aux autorités du pays de déchirer le récépissé dès demain. Si le mouvement continue d’exister, cela prouvera que les autorités ont failli à leur mission. À ce moment-là, les Musulmans agiront en conséquence », avait réagi le président du Haut conseil islamique du Mali, Ousmane Cherif Madani Haidara, suite à la publication des images blasphématoires. Dans une vidéo, sur la question de la laïcité, sans l’évoquer directement, il s’était montré ouvert aux différentes religions, estimant que nous avons hérité nos obédiences de nos ascendants et qu’en conséquence il était nécessaire de laisser les autres, notamment les Chrétiens, pratiquer leurs cultes en paix.

Vers un bras de fer ?

Engagées dans un processus d’adoption d’une nouvelle Constitution et d’une loi pour encadrer les prêches, les autorités de la Transition risquent de se confronter aux religieux, en plus des acteurs politiques qui demandent son abandon. Déjà, fin décembre, le Collectif des associations musulmanes du Mali, estimant être écarté du Comité d’Observation Stratégique (COS), de la Commission de Rédaction de la Nouvelle Constitution (CRNC), de l’Autorité Indépendante de la Gestion des Élections (AIGE) et de la liste additive des membres du CNT, avait indiqué via un communiqué qu’il entendait rester « mobilisé » pour « répondre au besoin » aux appels, à tout moment et en tous lieux, pour militer contre « une Constitution copie-conforme certifiée du modèle colonial ».

Le risque est grand et les autorités le savent. Depuis l’avènement de la démocratie et la création du Haut conseil islamique du Mali, en 2002, la réussite de plusieurs manifestations politiques a été rendue possible par la capacité de mobilisation des leaders religieux. Avec presque toujours l’Imam Mahmoud Dicko en première ligne. Le soulèvement contre le projet de loi portant Code des personnes et de la famille en 2009, c’est lui. Les manifestations ayant conduit à l’éviction de Soumeylou Boubèye Maïga de la Primature en 2019, c’est encore lui. De même, l’Imam à la barbe grisonnante a fortement contribué à la chute de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keïta, qu’il avait pourtant soutenu en 2013. Va-t-il de nouveau se dresser contre l’Exécutif pour la suppression de la laïcité dans la nouvelle Constitution ? La question suscite débat. Début janvier, lors d’un sermon du vendredi, le natif de Tonka, 69 ans, a montré son désaccord face à ce principe. « Partout dans le monde, les pays se glorifient d’être des pays laïcs, c’est à dire qu’ils gèrent leurs affaires sans Dieu. C’est le projet qui est en cours. Ils veulent diriger le monde sans Allah, le Créateur de ce monde. Ça ne marchera jamais », a-t-il fustigé. La CMAS, Coordination de mouvements et associations portant son nom, et dont il est le parrain, a également appelé les autorités de la Transition à surseoir à la révision de la Constitution le 9 janvier dernier, estimant « qu’aucune disposition du droit positif ne donne compétence au Président de la Transition pour élaborer une nouvelle Constitution et la faire aboutir par voie de referendum ».

Un modèle de laïcité à la malienne ?

Au Mali, où la religion occupe une place considérable dans l’espace public, la laïcité « à la française » est remise en cause. Sans autant militer pour un État islamique, certains religieux optent pour une laïcité à la Malienne, « qui respecte nos traditions, nos cultures et croyances », s’exclame Mohamed Kimbiri. Par exemple, comme celle de la Suisse, où la Constitution commence par le nom de Dieu, ou celle de l’Allemagne, où dans le préambule il est écrit « devant Dieu et devant le peuple allemand ». Nous souhaiterons aussi que le nom de Dieu paraisse dans notre Constitution ».

Dans une chronique publiée en novembre dans « Opinion Internationale », l’ancien Premier ministre Moussa Mara trouve aussi qu’il est indispensable de définir « notre propre voie » de la laïcité. « Cela contribuera à faire en sorte que les citoyens sachent que la religion est aussi un facteur de stabilité si elle est bien comprise. Seule la religion bien comprise permettra de lutter efficacement contre l’intégrisme religieux et les intolérances religieuses. En se fermant à la religion, on détourne son regard d’elle et on la confine dans un espace qui facilitera la radicalisation et, à terme, la violence », explique l’homme politique, selon lequel « plus que jamais l’État doit sortir de sa léthargie face à la religion, la considérer comme une donne incontournable et un facteur d’harmonie sociale. Donc une chance plutôt qu’une menace ! ».

Cela suffira-t-il à faire baisser la tension ? « Peut être que oui, peut être que non. Mais l’option d’un modèle de laïcité à la Malienne mérite d’être soigneusement réfléchie par les autorités du pays. Ne serait-ce que pour contenir la colère des religieux, capables d’élire un Président, de le démettre de ses fonctions ou de faire annuler une loi votée par l’Assemblée nationale », signale l’enseignant-chercheur Mady Ibrahim Kanté.

G5 Sahel : une redynamisation presque impossible sans le Mali

Depuis quelques semaines, les pays membres du G5 Sahel affichent une volonté de redynamisation de l’organisation sahélienne, dont le fonctionnement était au ralenti ces dernières années. Multiplication des rencontres ministérielles, appels du pied au Mali, qui s’en est retiré en mai dernier, Sommet extraordinaire des Chefs d’États en vue, le G5 Sahel semble tourné vers une difficile « renaissance » sans le Mali.

L’année 2023 est-elle partie pour être celle de la redynamisation du G5 Sahel ? Depuis son début, les réunions se multiplient entre les 4 pays membres restants pour « préserver et redynamiser » l’organisation.

Le 10 janvier, les ministres en charge de la Défense des pays membres se sont retrouvés en Séance extraordinaire à N’Djamena, au Tchad, pour parler du fonctionnement de l’organisation et faire des recommandations pour la lutte efficace contre le terrorisme dans le Sahel, vocation première du G5 Sahel depuis sa création, en 2014.

Dans le cadre du redimensionnement du Commandement et du renforcement des capacités de combat de la Force conjointe du G5 Sahel, pour la rendre plus opérationnelle et efficace, ils ont décidé de l’augmentation du nombre de bataillons à 14. Le Burkina Faso va désormais compter 5 bataillons, de même que le Niger, et la Mauritanie et le Tchad, 2 chacun.

Toujours dans la capitale tchadienne, les ministres des Affaires étrangères des pays membres du G5 Sahel se sont rencontrés le 18 janvier pour faire l’état des lieux de l’organisation, « en relation notamment avec le retrait du Mali », auquel ils ont à nouveau exprimé leur « souhait de voir rejoindre sa famille naturelle qu’est le G5 Sahel ». Ces diplomates ont également recommandé une mobilisation des ressources croissantes, organisées et efficaces des États-membres.

Inefficace sans le Mali 

Si la volonté de redynamisation de l’instance sahélienne est clairement affichée, plusieurs analystes s’accordent à dire qu’elle sera difficile et inefficace sans le Mali. Cela semble d’ailleurs être le cas des autres pays membres du G5 Sahel, qui ne cessent de plaider pour son retour dans l’organisation.

Le Mali, de par sa position géographique, était le seul pays qui se retrouvait dans 2des 3 fuseaux du G5 Sahel (Fuseaux Ouest avec la Mauritanie et Centre avec le Burkina Faso et le Niger).

« Sans le Mali, le G5 Sahel perd son élément le plus essentiel dans la lutte qu’il entend mener pour la sécurisation du Sahel. Aucune redynamisation sans ce pays et sans une capacité de financement propre aux États membres ne saurait donner à l’instance ses lettres de noblesse », tranche Soumaila Lah, Coordinateur national de l’Alliance pour la réforme du secteur de la Sécurité.

« Le Mali est frontalier de 3 des 4 autres pays membres du G5 Sahel et partage une superficie quadrilatère de plus de 300 000 km² avec deux d’entre eux. Cette portion constitue aujourd’hui l’épicentre du terrorisme dans le Sahel et aucun succès dans cet espace commun entre 3 pays ne saurait être viable et durable sans une véritable coordination entre eux », poursuit-il.

Mahamadou Sawadogo, chercheur burkinabè spécialiste des questions de sécurité, abonde dans le même sens. « Le Mali, le Burkina et le Niger forment le Fuseau central du G5 Sahel. Avec le retrait du Mali, il est difficile que ce Fuseau central survive. Ce qui veut dire que l’organisation a besoin du Mali pour contrôler ce Fuseau central, qui est d’ailleurs l’épicentre de la menace terroriste, parce que c’est à ce niveau que se trouve la Zone des 3 frontières », souligne-t-il.

Selon Soumaila Lah, le retrait du Mali de l’organisation constitue un véritable casse-tête  parce que le pays était jusque-là le maillon à partir duquel il était possible d’affirmer une certaine puissance sur les groupes armés terroristes et le banditisme transnational. Un retour du Mali, comme le souhaitent les autres pays membres, apparait comme essentiel pour une redynamisation efficace du G5 Sahel.

Mais cette possibilité a déjà été écartée par les autorités de la Transition, qui estiment que cette instance est noyautée par l’étranger. Dès lors, pour beaucoup d’observateurs, la « mort » annoncée du G5 Sahel semble inévitable.

Mali : que sait-on des nouvelles recrues du GSIM à Ménaka ?

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) veut renforcer son ancrage dans la région de Ménaka, considérée comme le fief de l’Etat islamique au Sahel (EIS).La dernière fois qu’il avait donné signe de vie, c’était à Taglith, dans la région de Kidal, pour célébrer la libération d’une centaine de membres du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) à la faveur de l’échange de prisonniers intervenue octobre 2020 entre Bamako et la filiale sahélienne d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Cette transaction qui a permis à l’humanitaire française Sophie Pétronin aux mains du GSIM depuis décembre 2016 de recouvrer la liberté de même que l’homme politique malien, Soumaila Cissé, décédé de la Covid-19 le 25 décembre 2020.

Dimanche dernier, Iyad Ag Ghali est réapparu une nouvelle fois à Ménaka, dans le nord-est du Mali, entouré de deux de ses plus importants lieutenants, Abdallah alBakay et  l’émir de Ménaka, Abou Daoud, selon Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialistes des mouvements jihadistes. Le chef jihadiste s’y est rendu pour accepter l’allégeance au GSIM de « notables » appartenant à des tribus de l’Azawagh dans l’est de Ménaka, non loin de la frontière nigérienne.

Des frustrés du MSA-D

Il s’agit, selon nos informations d’anciens membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad tendance Daoussahak (MSA-D), né d’une scission du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). 

En conflit avec les leaders de ce mouvement touareg qu’ils accusent de les avoir abandonnés à leur sort après un revers face à l’Etat islamique au Sahel (EIS) anciennement appelé État islamique au Grand Sahara (EIGS), ils se sont rapprochés du GSIM. Les discussions avec la coalition jihadiste dirigée par Iyad Ag Ghali, touareg de la puissante tribu des Ifoghas, ont commencé l’année dernière et se sont poursuivies jusqu’au début de cette année. Des sources sécuritaires indiquent que c’est « au début du mois de janvier que l’allégeance » de ces chefs de guerre touaregs a été acceptée par Iyad Ag Ghali. Le journaliste Housseyne Ag Issa, affirme sur Twitter que la vidéo a été tournée le 21 janvier 2023.

Un « deal » gagnant-gagnant

Il explique que l’adhésion de ces « notables » au GSIM était prévisible car « ces communautés subissent facilement des massacres de masses » de « l’Etat islamique et de ses milices alliées depuis des années », faisant allusion à une série d’exactions menées par l’EIS depuis mars contre les Daoussahak. En octobre dernier, Human Rights Watch, une organisation de défense des droits humains, a publié un rapport faisant état de la mort de plusieurs centaines de civils issus de cette communauté qui est systématiquement ciblée par l’EIS alors que des sources locales évoquent un millier de civils tués dans la même période. Le même mois, le GSIM et l’EIS se sont affrontés dans des localités de Ménaka. Des combats au sortir desquels chaque groupe a revendiqué la victoire sans en apporter la preuve.

Cependant, ce qui ne souffre d’aucune ambiguïté, c’est l’importance que revêt pour la filiale d’Al Qaida, la région de Ménaka considérée comme le fief du groupe rival. Toutefois, pour asseoir une influence et « affirmer davantage son ancrage local afin de contrer l’avancée de l’EIS vers le nord, Iyad Ag Ghali avait besoin d’ « hommes du sérail ». Ce qu’il vient de trouver à travers ces anciens « notables » du MSA- D et leurs combattants lourdement armés à bord de leurs pickups. 

Mali : pourquoi l’insurrection jihadiste est aux portes de Bamako

Les jihadistes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont multiplié les attaques dans l’ouest, mais aussi dans la périphérie de Bamako.Au Mali, le nouvel an est marqué par une prolifération des incidents sécuritaires. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), fédération d’organisations jihadistes proches d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) multiplie les attaques dans le centre et l’ouest du pays. Le 2 janvier, les jihadistes ont été à l’origine de deux opérations à Kassela et à Marka Coungo, faisant au moins quatre morts dont trois sapeurs-pompiers maliens et un agent de la protection de l’environnement et des forêts.

Un peu plus d’une semaine après, le même groupe a revendiqué deux attaques contre deux checkpoints de la gendarmerie à Didiéni et à Sébikoro, toujours dans le centre et l’ouest malien. Un gendarme a été tué dans ces assauts. Les insurgés récidivent le 12 janvier à Siby, à quelque 50 kilomètres de Bamako. Le 13 janvier, c’est la ville de Nara, toujours dans la région de Koulikoro qui a été la cible d’une attaque dans laquelle deux soldats maliens ont été tués. Deux jours après, le GSIM est responsable d’une opération ayant visé une mission de sécurisation de l’armée sur Kwala-Mourdiah, dans la région de Koulikoro. Quatre militaires et un civil y ont perdu la vie. Dans sa revendication, la filiale sahélienne d’AQMI affirme avoir récupéré deux véhicules des Forces armées maliennes ainsi que des armes et munitions.

Les jihadistes aux portes de la capitale

Toutes ces attaques ont la particularité d’être menées, soit à l’ouest ou à proximité de la capitale, Bamako. Après la double attaque de Sébékoro et Didiéni, les jihadistes affiliés à AQMI ont d’ailleurs assuré s’installer dans les « faubourgs de Bamako ». Chercheur sénior au Think tank marocain Policy Center for the News South (PCNS) basé à Rabat, Rida Lyammouri décèle à travers cette série de raids une certaine résilience des jihadistes. « Les jihadistes sont loin d’être affaiblis, voire vaincus », analyse-t-il. « Pire, le JNIM (acronyme arabe du GSIM) a pu cibler des lieux proches de la capitale Bamako, ce qui indique la continuité de l’expansion du groupe et la menace en général », ajoute-t-il.

En juillet dernier, la coalition jihadiste avait lancé une offensive contre le camp Soundiata Keita de Kati, à moins d’une vingtaine de kilomètres de la capitale. Le groupe avait déclaré avoir mené ce raid contre le cœur du pouvoir malien car considéré comme le centre de décision des militaires au pouvoir depuis mai 2021, en réponse aux opérations de l’armée malienne et des « mercenaires de Wagner », avant d’annoncer une série d’actions dans les centres urbains.

Mais une relative baisse des attaques contre des cibles militaires maliennes a été notée dans le dernier trimestre de l’année dernière. Le fait est rare pour être souligné par plusieurs observateurs de l’insurrection jihadiste à laquelle est confronté ce pays d’Afrique de l’ouest depuis une dizaine d’années. Nombre d’entre eux, expliquait cette « accalmie » par la guerre fratricide dans la même période entre groupes jihadistes.

Des affrontements ont été notés entre le GSIM et l’Etat islamique au Sahel (EIS), pour le contrôle de localités des régions de Gao et de Ménaka, dans le nord du pays. Pour d’autres, c’est le fruit des opérations conjointes entre l’armée malienne et ses « coopérants » russes dans le centre même si beaucoup d’allégations d’exactions contre des civils sont rapportés par des organisations de défense des droits humains. Des sources ont aussi évoqué la reprise des négociations entre le groupe jihadiste proche d’AQMI et les autorités de la transition.

Le dialogue interrompu ?

Cette approche a été assumée pour la première fois par le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK). En mars 2020, les autorités maliennes ont reconnu avoir envoyé des émissaires au GSIM pour négocier. Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa, les principaux leaders de cette coalition jihadiste sahélienne ne s’étaient pas opposés au principe de pourparlers. Cependant, ils avaient réclamé le départ des forces françaises. En août 2020, IBK est renversé par de jeunes colonels, suite à une série de manifestations du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5 – RFP), sous le leadership du religieux, Imam Mahmoud Dicko.

L’arrivée de militaires au pouvoir n’enterre pas l’option du dialogue avec les jihadistes malgré le désaccord de Paris, alors premier partenaire du Mali dans la guerre contre les jihadistes et dont les forces ont quitté le Mali en août 2022 après neuf ans de présence dans un contexte de rapprochement entre Bamako et Moscou.

En octobre 2021, soit six mois après la « rectification » de la transition, portant le colonel Assimi Goïta au pouvoir que « mandat » est donné au Haut Conseil islamique (HCI) de nouer le contact avec les islamistes radicaux. Quelques jours après, et à la surprise générale, le gouvernement de transition se rétracte. Ce rétropédalage de fait ne signifie pas cependant une absence de volonté de parler aux jihadistes. Selon nos informations, des tentatives de « rétablir » le contact entre les deux parties ont été notées hors du territoire malien au début de l’année dernière.

Mais après le regain de violence de ces derniers jours dans le centre et l’expansion de la menace vers l’ouest, des sources sécuritaires sont persuadées que « cela résulte du blocage dans les négociations », sans plus de détails. Si tel est le cas, qui en est le responsable ? Pour l’heure, pas de réponse à cette question. Ce qui est par contre visible, c’est la volonté des deux camps à gagner la guerre sur le terrain militaire. Alors que le GSIM multiplie les assauts, l’armée malienne continue ses acquisitions de moyens aériens dont des drones armés de type Bayraktar du constructeur Baykar dans sa lutte contre le terrorisme.

Moussa Mara : « Il faut qu’on travaille à la réussite de la Transition plutôt que de s’ériger en opposant »

Alors qu’il a prononcé le premier discours du Cadre des partis politiques pour la réussite de la Transition, désormais Cadre pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’ancien Premier ministre Moussa Mara le dit d’emblée : il n’est plus en phase avec certaines décisions de ce regroupement politique. Il en explique les raisons.

Pourquoi avez vous pris vos distances avec le Cadre ?

Personnellement, il y a des positions que le Cadre a pris que je ne partage pas. Cela n’engage que moi. Par exemple, en février dernier, quand ses acteurs ont donné un ultimatum aux autorités de la Transition pour leur dire que dans quelques temps, si les choses ne bougeaient pas, ils n’allaient plus les reconnaître. Pour moi, ce n’est pas une position constructive. Quand le Cadre a changé de nom récemment, pour dire que ce n’est plus le Cadre pour la réussite de la Transition mais le Cadre pour le retour à l’ordre constitutionnel, j’ai dit que ce n’était pas conforme à l’esprit même de la création du collectif. Il a été créé pour aider les autorités de la Transition à réussir, et dans cela il y a les élections, mais pas que. Il faut aujourd’hui qu’on essaie de travailler à la réussite de la Transition plutôt que de s’ériger en opposant. Une transition ne doit pas avoir d’opposants.

Mais pourtant vous étiez, à sa création, au devant de ce collectif…  

C’est vrai que j’ai prononcé le premier discours de présentation du Cadre, avec la permission du Président de Yelema et de tous ceux des partis politiques qui constituent le regroupement. Étant un initiateur du regroupement, ils m’ont laissé présenter le premier discours, mais depuis cette présentation je n’ai pas parlé une seule fois au nom du Cadre, parce que je ne suis plus Président de parti.

Vous revenez d’une tournée dans la région de Kita. Est-ce déjà la mobilisation pour les élections futures ?    

Depuis 12 à 13 ans, avant même que je ne sois Premier ministre, je tourne dans le pays tout le temps. Un acteur politique doit être constamment en action, aller là où les citoyens vivent, discuter avec eux, comprendre ce qu’ils vivent pour trouver des solutions. La politique, c’est essayer de trouver des solutions aux problèmes des gens. On ne peut pas le faire si on ne connaît pas les gens et on ne peut pas connaître les gens en étant à des milliers de kilomètres d’eux. C’est pour cela que je tourne tout le temps, même en dehors de toute période électorale. C’est dans ce cadre que je suis allé à Kita.

Croissance économique : l’Afrique devant le reste du monde en 2023 et 2024

Dans son rapport semestriel, la Banque africaine de développement (Bad) estime à environ 4 % en moyenne le Produit Intérieur Brut réel du continent noir en 2023-2024.L’Afrique n’est pas toujours le dernier de la classe. Si les moyennes du reste de la planète devraient s’établir à 2,7 et 3,2 % en 2023-2024, ledit continent table sur une croissance d’environ 4 % de son Produit Intérieur Brut (PIB) réel.

Grâce à une analyse complète de la croissance régionale, le rapport semestriel de la Banque africaine de développement (Bad), publié hier jeudi, a montré que « les cinq régions du continent, confrontées à d’importants vents contraires résultant des chocs socio-économiques mondiaux, restent résilientes avec des perspectives stables à moyen terme ».

D’après le document, « la croissance moyenne estimée du PIB réel en Afrique a ralenti à 3,8 % en 2022, contre 4,8 % en 2021, dans un contexte de défis majeurs consécutifs au choc de la Covid-19 et à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Néanmoins, a ajouté la source, 53 des 54 pays de l’Afrique ont affiché une croissance positive et « les perspectives pour 2023-2024 devraient être stables », indique la Bad.

Cinq économies africaines, parmi les plus dynamiques du monde avant la pandémie du nouveau coronavirus, devraient connaître une croissance de plus de 5,5 % en moyenne en 2023-2024. Il s’agit du Rwanda (7,9 %), de la Côte d’Ivoire (7,1 %), du Bénin (6,4 %), de l’Éthiopie (6,0 %) et de la Tanzanie (5,6 %). D’autres pays africains, sur la période considérée, devraient enregistrer une croissance supérieure à 5,5 % : République démocratique du Congo (6,8 %), Gambie (6,4 %), Libye (12,9 %), Mozambique (6,5 %), Niger (9,6 %), Sénégal (9,4 %) et Togo (6,3 %).

Les cinq régions africaines dans le vert

Dans le détail, la croissance en Afrique centrale, soutenue par des cours favorables des matières premières, a été la plus rapide du continent à 4,7 % contre 3,6 % en 2021. À l’opposé, la croissance de l’Afrique australe est celle qui a le plus ralenti, passant de 4,3 % en 2021 à environ 2,5 % en 2022. « Ce ralentissement résulte de la faiblesse de la croissance en Afrique du Sud, où la hausse des taux d’intérêt, la faiblesse de la demande intérieure et les coupures de courant persistantes ont pesé sur l’économie », a expliqué l’institution financière.

En Afrique de l’Ouest, la croissance devrait passer à 3,6 % en 2022 contre 4,4 % en 2021. « Cela tient à des ralentissements en Côte d’Ivoire et au Nigeria, les deux plus grandes économies de la région. La croissance du Nigeria en 2023 – bien qu’affectée par la Covid-19, l’insécurité et la faiblesse de la production pétrolière malgré la hausse des prix internationaux de l’or noir – pourrait bénéficier des efforts en cours pour rétablir la sécurité dans la région productrice de pétrole en proie à des troubles », a avancé le document.

La croissance de l’Afrique du Nord devrait baisser de 1,1 %, passant de 5,4 % en 2021 à 4,3 % en 2022 à cause « de la forte contraction en Libye et de la sécheresse au Maroc », mais elle devrait se stabiliser à 4,3 % en 2023 grâce au « fort rebond attendu dans ces deux pays et une croissance soutenue ailleurs dans la région ».

Pour l’Afrique de l’Est, la Bad s’attend à 4,2 % de croissance en 2022 contre 5,1 % en 2021. « Bien que la structure de production (de cette partie du continent) soit relativement diversifiée, les pays de la région, en grande partie des importateurs nets de produits de base, subissent de plein fouet la hausse des prix internationaux, en plus des chocs climatiques récurrents et de l’insécurité, notamment dans la Corne de l’Afrique », a relevé l’institution dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« Avec 54 pays à différents stades de croissance, différentes structures économiques et diverses dotations en ressources, les effets des chocs mondiaux varient toujours en fonction de la région et du pays. Le ralentissement de la demande mondiale, le durcissement des conditions financières et la perturbation des chaînes d’approvisionnement ont donc eu des répercussions différentes sur les économies africaines », a déclaré Akinwumi Adesina, le président du Groupe de la Bad.

De son côté, l’économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l’université de Columbia (États-Unis), a fait savoir que « l’Afrique peut et va atteindre une croissance de 7 % ou plus par an de manière constante dans les décennies à venir. Ce que nous verrons, en nous fondant sur la résilience que nous constatons dans ce rapport, c’est une véritable accélération du développement durable de l’Afrique, qui fera du continent la composante à croissance rapide de l’économie mondiale. L’Afrique est l’endroit où il faut investir ».

Décisions audacieuses pour atténuer les risques

La Banque africaine de développement a appelé « à des mesures monétaires et fiscales robustes, soutenues par des politiques structurelles » à l’échelle nationale, régionale et mondiale face aux risques cumulés.

Ceux-ci « comprennent la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, le durcissement des conditions financières mondiales et l’augmentation connexe des coûts du service de la dette intérieure. Les changements climatiques – avec leurs effets néfastes sur l’approvisionnement en denrées alimentaires et le risque potentiel d’un changement de politique dans les pays où se tiendront des élections en 2023 – représentent des menaces tout aussi redoutables », a prévenu l’institution financière, non sans préciser les mesures fortes nécessaires.

Il y a « un resserrement rapide et agressif de la politique monétaire dans les pays à forte inflation, et un resserrement modéré dans les pays où les pressions inflationnistes sont faibles », « le renforcement de la résilience grâce à la stimulation du commerce intra-africain afin d’amortir les effets de la volatilité des prix des produits de base sur les économies », « l’accélération des réformes structurelles pour renforcer les capacités de l’administration fiscale et investir dans la numérisation et la gouvernance électronique afin d’améliorer la transparence, de réduire les flux financiers illicites et d’accroître la mobilisation des ressources intérieures ».

Mais aussi « l’amélioration de la gouvernance institutionnelle et l’adoption de politiques susceptibles de mobiliser les financements du secteur privé, en particulier dans le cadre de projets entièrement nouveaux, à l’épreuve des changements climatiques et des pandémies, et mobiliser les ressources de l’Afrique pour un développement inclusif et durable », « la prise de mesures décisives pour réduire les déficits budgétaires structurels et l’accumulation de la dette publique dans les pays confrontés à un risque élevé de surendettement ou déjà en situation de surendettement ».

Nouvelle Constitution : Assimi Goïta va-t-il céder à la pression politique ?

Enclenché en juin 2022, le processus d’adoption d’une nouvelle Constitution, en remplacement de celle du 25 février 1992, se poursuit. Mais, à l’approche du référendum prévu pour mars prochain, de plus en plus d’acteurs politiques s’y opposent, appelant à un abandon du projet. Le Président de la Transition, déjà tourné vers la finalisation du texte de l’avant-projet de nouvelle Constitution, va-t-il céder à cette pression et surseoir à l’adoption de cette nouvelle Loi fondamentale du Mali ?

C’était l’une des recommandations fortes des Assises nationales de la refondation (ANR), fin 2021. L’adoption d’une nouvelle Constitution figure également dans le Plan d’action du gouvernement de transition approuvé par le Conseil national de transition en août 2021.

Mais, dès le départ, le sujet a toujours divisé la classe politique. Si le constat est unanime sur les limites de l’actuelle constitution et la nécessité de la réviser ou de la remplacer, les positions sont par contre très tranchées sur la période et le contexte de l’adoption d’une nouvelle Constitution et sur le contenu de l’avant-projet rendu par la Commission de rédaction en octobre dernier.

Vague d’oppositions

Au sein de la classe politique, quelques partis sont farouchement opposés à l’adoption d’une nouvelle Constitution. C’est le cas de Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS Faso Hèrè). Dans un communiqué, le 10 janvier 2023, le parti de l’ancien Premier ministre de transition de 1991, Zoumana Sacko, s’est une nouvelle fois insurgé contre l’adoption d’une « Constitution octroyée » dont le « peuple militant du Mali » n’a pas besoin.

« La CNAS-Faso Hèrè invite à nouveau les autorités issues du double coup de force militaire du 18 août 2020 et du 25 mai 2021 à renoncer définitivement et sans condition à leur entreprise antirépublicaine et antidémocratique de démolition de la Constitution démocratique, dont le Peuple malien s’est librement doté au prix des larmes, de la sueur et du sang, en tant qu’acquis essentiel de la lutte de plusieurs générations contre la dictature CMLN/UDPM », écrit le parti, pour lequel le retour à l’ordre constitutionnel doit se faire dans le « cadre inchangé de la Constitution adoptée le 12 janvier 1992 ».

Même son de cloche au parti FARE An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, où l’on estime que toute révision de la Constitution actuelle devrait être limitée et rigoureusement encadrée par les dispositions déjà prévues. « Le parti FARE demande au Président de la Transition d’abandonner le projet de nouvelle Constitution en cours et l’invite à reprendre l’initiative en créant les conditions d’inclusivité autour des forces politiques et sociales pour une refondation réelle du Mali en crise », indique son  Secrétariat exécutif national.

Cette position est partagée par la plateforme politique « Espérance Nouvelle – Jigiya Kura » autour de la Codem de l’ancien ministre de l’Éducation nationale Housseini Amion Guindo, qui avait demandé dès juillet 2022 aux autorités de transition de surseoir à la rédaction d’une nouvelle Constitution, en raison des « motivations floues » qui entouraient cette démarche. Pour ce regroupement politique, le contexte de « crise multidimensionnelle, où la sécurité des personnes et des biens est plus que jamais menacée », n’est pas propice à modification de la Constitution.

Pour la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’Imam Dicko, « aucune disposition du droit positif ne donne compétence au Président de la Transition pour prendre l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle Constitution et de la faire aboutir par voie de référendum ».

Ballan Diakité, analyste politique, pense que plusieurs facteurs expliquent les appels à l’abandon du projet qui se multiplient. « D’abord, les partis politiques ne sont pas rassurés par le contenu du texte de la nouvelle Constitution. Ensuite, au-delà du contenu, je pense qu’il y a un climat défavorable entre les partis politiques et les militaires au pouvoir. On sait que depuis le début de la Transition les militaires ont tout fait pour écarter les partis politiques de la gestion du pouvoir, ce qui a conduit à l’instauration d’une méfiance entre les deux parties », analyse-t-il.

Pour autant, selon lui, le Président de la Transition ne doit pas surseoir au projet d’adoption de la nouvelle Constitution mais plutôt établir un cadre de dialogue plus sincère avec les partis politiques, plus participatif, de sorte que leurs préoccupations puissent être prises en compte dans l’élaboration du nouveau texte.

« En  période de mandature normale, le Président qui va conduire cette révision de la Constitution risque de revoir son mandat présidentiel repartir à zéro. Pour éviter des tensions sociopolitiques dans les années à venir, il est important que la Transition puisse conduire cette révision de la Constitution ».

Revoir l’avant-projet

Certains partis politiques sont favorables au principe d’adoption de la nouvelle Constitution mais ont relevé des insuffisances dans le texte de l’avant-projet et apporté d’importants amendements, sur la forme et le fond, qu’ils entendent soumettre à la Commission chargée de la finalisation du projet.

« Nous pensons que la période de transition est la période idéale pour aller vers une nouvelle Constitution. Pour l’APR, la Constitution du 25 février 1992 a atteint ses limites au cours de ces dernières années et n’a pas permis d’apporter des atténuations aux crises répétitives qu’a connues le Mali. Elle doit être réformée pour faire face aux circonstances changeantes du moment et tenir compte de l’évolution de la société et de la matière constitutionnelle », clame Oumar Ibrahim Touré, Président de l’Alliance pour la République (APR).

Le parti a relevé les dispositions encourageantes contenues dans l’avant-projet, à l’instar de la saisine du Conseil supérieur de la magistrature par les citoyens, la révocation du Premier ministre sans que celui-ci ne présente sa démission ou encore la fixation du nombre de membres du gouvernement au maximum à 29.

Mais l’APR pointe des dispositions « problématiques », comme le « bicamérisme inégalitaire » et la disparition du contrôle parlementaire de l’action gouvernementale, un risque de constitutionnalisation des coups d’État jugé « dangereux ». Il souligne en outre plusieurs dispositions manquantes, parmi lesquelles « l’absence d’un mécanisme de révision parlementaire » ainsi que de « démocratisation dans la saisine de la Cour constitutionnelle » et la « non constitutionnalisation des candidatures indépendantes ».

De son côté, la Coalition des forces patriotiques (COFOP), regroupement de partis politiques, propose entre autres que le poste de Premier ministre soit remplacé par celui d’un Vice-président, élu au même titre que le Président de la République, qui peut exercer le pouvoir en cas d’empêchement de ce dernier, que le Conseil économique, social, culturel et environnemental soit supprimé ou encore qu’avant leur nomination par le Président de la République les postulants à une responsabilité ministérielle présentent et défendent avec succès un « projet de société relatif au poste qu’ils désirent occuper ».

L’Union pour la République et la Démocratie (URD) affiche également son accord avec le gouvernement de transition pour l’adoption de la nouvelle Constitution. « Au Mali, toutes les Constitutions ont été faites dans des situations exceptionnelles. Aujourd’hui, nous sommes dans une transition et il est mieux pour nous de trouver la solution maintenant pour faire passer cette Constitution que d’attendre une prochaine fois », déclare son Président, Gouagnon Coulibaly.

Une finalisation très attendue

Beaucoup d’espoirs d’aboutir à un projet de Constitution consensuel reposent désormais sur la Commission chargée de la finalisation du projet, où les politiques souhaitent la prise en compte effective de leurs différentes suggestions et recommandations.

Créée par décret présidentiel le 19 décembre 2022, cette Commission, qui a pour mission d’examiner et d’amender, le cas échéant, l’avant-projet de Constitution, sera composée de 51 membres, parmi lesquels des représentants du Président de la Transition, du gouvernement, du CNT, des partis et regroupements politiques, des organisations de la société civile et du Conseil national des jeunes, entre autres.

Les membres de cette Commission n’ont pas encore été nommés. Selon nos informations auprès de quelques structures qui doivent la composer, ces dernières n’ont pas encore été sollicitées pour envoyer les noms de leurs représentants.

Comme lors des trois tentatives de révision constitutionnelle par le passé (1999, 2008 et 2017) qui n’ont pas abouti, le Président de la Transition va-t-il reculer devant les opposants ? Pour l’heure, aucun signe ne laisse présager d’un abandon du processus d’adoption de la nouvelle Constitution.

Selon une source proche du gouvernement, les autorités de la Transition ne sont pas dans l’optique d’y renoncer. « Elles peuvent essayer de discuter et de prendre en considération quelques amendements, mais le projet en soi ne sera pas abandonné ». Le ministre d’État Abdoulaye Maïga a clairement affiché le 12 janvier dernier, lors de la rencontre du Cadre de concertation avec les partis politiques, l’intention du gouvernement de poursuivre et d’achever l’adoption de la nouvelle Loi fondamentale avec l’organisation du référendum.

« Je voudrais dire à ceux qui pensent qu’il faut surseoir au référendum que c’est hors mandat. L’idée d’avoir une nouvelle Constitution est antérieure à la transition. Le DNI (Dialogue national inclusif) en a parlé. Bien avant le DNI, nous avons d’anciens Chefs d’État qui ont essayé de le faire. Cela n’a pas abouti. Les ANR l’ont très clairement mentionné. Je pense que la vision politique du chef de l’État est d’appliquer systématiquement, autant que faire se peut, toutes les recommandations des ANR », a-t-il clarifié, insistant sur le fait que la Transition « ne peut pas laisser le soin à un parti politique d’entraver ce processus ».

Mais, comme pour illustrer le peu d’engouement de la classe politique sur le sujet, seulement 50 partis politiques sur 281 saisis par le ministère de l’Administration ont pris part à cette rencontre.  Certains analystes n’excluent pas la possibilité de création d’un grand bloc de partis politiques pour empêcher le référendum, qui, au vu du retard accusé, pourrait faire l’objet d’un glissement de date.

À N’Djaména, le G5 Sahel veut se « redynamiser »

Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’alliance militaire ont été reçus ce mercredi par Mahamat Idriss Déby Itno, le président du Tchad.Depuis le retrait du Mali, le 15 mai 2022, à cause du refus qui lui était opposé d’assurer la présidence, le G5 Sahel « bat de l’aile », souligne un communiqué de la Présidence de la République du Tchad.

Réunis autour du chef de l’État Général Mahamat Idriss Déby Itno, les chefs de la diplomatie de la Mauritanie, du Tchad, du Burkina et du Niger entendent « apporter un appui politique » afin de « donner un nouveau souffle » à l’institution communautaire.

En compagnie notamment de Mohamed Salem Ould Merzoug, le Secrétaire exécutif du G5 Sahel et de l’ambassadeur Mahamat Saleh Annadif, ministre coordonnateur, ils « sont venus rendre compte de l’état d’avancement de leurs travaux et recueillir les orientations du président en exercice du G5 Sahel », indique le document.

Le texte rappelle qu’ « en marge du Sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA), le 25 novembre 2022 en terre nigérienne, le chef de l’État tchadien et président en exercice du G5 Sahel, Général Mahamat Idriss Déby Itno, avait présidé une réunion de concertation des chefs d’État des pays membres » avec pour objectif d’impulser un nouvel élan qui permettra de lutter efficacement contre les groupes jihadistes présents au Sahel.

Mali : Des centaines de Burkinabè « en détresse » à Gao

Les exactions des groupes jihadistes ont poussé plusieurs burkinabè à s’exiler dans les pays voisins.Des Burkinabè qui avaient trouvé refuge dans le village de N’Tillit, dans le cercle de Gao, au Mali, ont reçu un ultimatum de présumés jihadistes d’abandonner ces lieux, a annoncé le représentant HCR à Bamako, Mohamed Askia Touré.

Il a ajouté que plusieurs centaines de déplacés et réfugiés burkinabé se sont rendus dans la ville de Gao, suite aux menaces des membres de ces groupes armés non étatiques.

« Des centaines de déplacées internes et réfugiés burkinabés en provenance de N’Tillit sommés par les groupes terroristes de quitter leur localité se retrouvent en détresse à Gao », a expliqué M. Touré, dans un Tweet, ce mercredi 18 janvier 2023.

Il a soutenu qu’ils ont bénéficié de « l’assistance d’urgence » de la part des acteurs humanitaires incluant le HCR.

Les exactions des groupes jihadistes ont poussé plusieurs burkinabè à se réfugier dans les pays voisins.

 Dans un rapport publié le 03 janvier dernier, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a alerté sur les « vagues croissantes de déplacement vers les pays [voisins], d’où l’apparition de besoins urgents et l’aggravation des vulnérabilités sous-jacentes ».

A la fin d’octobre 2022, 943 réfugiés burkinabè étaient recensés au Bénin, 4 958 au Togo, 4 042 en Côte d’Ivoire, 2 000 au Ghana et 2 458 au Mali, peut-on lire dans le même rapport.

Le pays vit une crise humanitaire sans précédent, avec près de deux millions de personnes déplacées internes du fait du terrorisme.

Mali : l’armée perd des soldats dans une attaque

Une attaque terroriste a visé dimanche 15 janvier une mission de sécurisation de l’armée sur Kwala-Mourdiah, dans la région de Koulikoro au centre du pays.Selon des sources sécuritaires, quatre soldats maliens et un civil, un charretier de passage dans la zone au moment de l’attaque, y ont perdu la vie.

Selon l’état-major des armées « des unités terrestres et l’aviation ont été vite engagées dans la zone pour des ratissages et des interventions aériennes dont le bilan fait état de 2 véhicules traités et 15 morts côté terroristes ».

Pour le moment, l’attaque n’a pas encore été revendiquée. Même si les yeux sont tournés sur le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM) allié à Al-Qaïda.

Le groupe avait déjà revendiqué le dimanche 8 janvier dernier, une attaque contre un poste militaire à Sibi Koro, près de Didieni, toujours dans la région de Koulikoro (centre), où un militaire a été tué et de nombreux dégâts matériels enregistrés.

Preuve que l’insécurité gagne de plus en plus cette région, le vendredi 13 janvier dernier, en début de soirée, un policier a été tué et son arme emportée alors qu’il était en poste dans un établissement de micro-finance, à Nara.

Rappelons qu’en revendiquant l’attaque contre le poste de Didieni, le groupe jihadiste GSIM a promis de s’installer dans les faubourgs de Bamako où ils entendent intensifier leurs actions afin d’isoler la capitale malienne.

Ceci explique notamment les attaques terroristes perpétrées simultanément dans la nuit du 2 au 3 janvier, par le même groupe, dans les localités de Kassela et Markacoungo, à quelques dizaines de kilomètres à l’est de la capitale malienne, Bamako.