Toumani Diabaté : La kora a perdu son maître

Toumani Diabaté a définitivement quitté la scène le 19 juillet 2024. Après une carrière couronnée de succès, le maître de la kora, qui a fait de son instrument de prédilection un lien avec le monde, est décédé à l’âge de 58 ans. Élevé au grade de Commandeur de l’Ordre national du Mali le 7 avril 2023, un dernier hommage sera rendu à l’artiste ce 26 juillet 2024 lors d’une cérémonie au CICB de Bamako. La cérémonie sera retransmise en direct à partir de 16h sur TM1.

« Le roi intemporel de la Kora », « le Maestro », « la légende », les hommages à l’artiste musicien, joueur émérite de kora Toumani Diabaté se sont multipliés à l’annonce de son décès, le vendredi 19 juillet 2024 à Bamako. Né le 10 août 1965, il est initié très tôt à jouer de la kora, instrument magique « appartenant » à sa famille depuis des générations. Après les notes de « Kayira » son premier album solo, en 1988, Toumani n’a cessé d’émerveiller des milliers de fans, bien au-delà des frontières nationales. À ce talent, l’artiste a toujours associé d’autres musiciens, dont ceux de sa propre famille, avec lesquels il signe « Songhoï 1 » en 1989. En 1993, il entreprend avec Kélétigui Diabaté (Kora) et Bassékou Kouyaté (Ngoni) un voyage à trois où il transporte la musique du Mandé à travers le monde.

L’universel

Avec Salif Keita et Souleymane Doumbia, il réussit un autre trio et enchaîne avec un duo en compagnie de Ballaké Sissoko. « Songhoï 2 » suit en 1994, avant l’album « Kulandjan », une collaboration avec Taj Mahal et un hommage aux esclaves en 1999. Un album ouvert, à l’image de Toumani et de sa kora, qui invitent tour à tour Afel Bocoum, Kassemadi Diabaté, Mangala Camara, Youssou N’dour, la liste n’est pas exhaustive. Toumani joue également avec Sidiki, son fils, et d’autres de la jeune génération comme Fatoumata Diawara ou encore Mathieu Cheddid.

L’album « In the Heart of the Moon » obtient le Grammy Awards du meilleur album traditionnel de musique du monde en 2006 et « Ali et Toumani », avec Ali Farka Touré, remporte le Grammy Awards du meilleur album de musique traditionnelle en 2011. Au total, 15 albums et un parcours riche au cours duquel le maître de la kora a porté le son de son instrument pour ouvrir le Mandé et sa tradition, qu’il a su sauvegarder, au reste du monde. « Toumani, Friends and Family », l’un de ses projets dont la sortie est prévue le mois prochain, traduit l’engagement de l’artiste à ouvrir la musique et la kora à tous. L’ambassadeur de la musique africaine, salué par ses pairs, laisse un héritage immense que son fils, Sidiki Diabaté, et ses autres enfants ont la responsabilité de perpétuer.

SOMAGEP : incertitudes sur la qualité de l’eau

L’eau fournie par la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) est-elle propre à la consommation ? La question reste toujours posée malgré les assurances données par la direction. Depuis l’alerte donnée le 18 juillet par le Syndicat autonome de la SOMAGEP, l’inquiétude persiste.

Dans une lettre d’information adressée au Directeur général de la SOMAGEP, le Syndicat autonome de la SOMAGEP (SASO) a attiré l’attention de la structure sur la qualité de l’eau fournie à la population. Évoquant un rapport du Laboratoire national des Eaux qui conclut que l’eau produite par la société n’est pas propre à la consommation, le syndicat se dit inquiet pour l’image du service et invite la direction à prendre les mesures idoines pour remédier à la situation.

Des réactions peu rassurantes

Dans une interview sur la télévision nationale, la Directrice du Laboratoire national des eaux a tenté de rassurer sur la qualité de l’eau. Expliquant qu’alors que le prélèvement se fait régulièrement tous les derniers jeudis du mois, EuCAP Sahel, alors sur le départ, aurait mis deux mois avant d’effectuer l’analyse. Ce qui pourrait expliquer le taux anormalement élevé de chlore au moment de celle-ci. Toute chose corrigée depuis, selon la Directrice, car le second prélèvement effectué n’a montré aucune anomalie. Intervenant à sa suite, le Directeur général de la société des eaux a assuré que la SOMAGEP était certifiée aux normes Iso 9001 depuis 2015, ce qui atteste que la qualité de l’eau distribuée par elle est conforme aux normes internationales.

Malgré ces sorties, les consommateurs restent sceptiques sur la qualité de l’eau en cette période d’hivernage. Car il est habituel en cette période que la coloration et même le goût de l’eau du robinet soient affectés.

Dans une autre adresse à leur direction, certains travailleurs représentés par leur intersyndicale se sont désolidarisés de ce qu’ils nomment une campagne visant à ternir l’image de la société. S’insurgeant contre les allégations du Comité syndical, ils indiquent que ces accusations infondées visent à semer le doute dans la tête des clients. Des clients pour le moment un peu laissés à eux-mêmes. En effet, en l’absence officielle de réaction de la part des organisations de défense des consommateurs, ces derniers se contentent de ce qu’ils ont. Car, en plus de l’incertitude sur la qualité de l’eau, c’est sa disponibilité qui continue d’être un casse-tête pour un bon nombre de citoyens. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les robinets continuent de fournir l’eau au compte-goutte.

Retrait de la CEDEAO : L’AES face à la pression internationale

Alors que la fin de l’échéance pour le retrait effectif du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO approche à grands pas, la médiation de la dernière chance tentée par la communauté sous-régionale se prépare. En attendant son issue, l’Union africaine et les Nations unies, dans une moindre mesure, maintiennent une certaine pression sur les dirigeants de la Confédération de l’AES. 

La médiation annoncée par la CEDEAO à l’issue de son sommet du 7 juillet 2024 pour dialoguer avec les pays de l’AES, qui avaient annoncé fin janvier leur retrait de l’institution sous-régionale, n’est pas encore entrée dans sa phase active.

Désigné facilitateur, aux côtés du Président Faure Gnassingbé, par ses pairs de la CEDEAO, le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a indiqué le 13 juillet dernier qu’il allait se rendre, sans préciser de date, chez son homologue togolais pour « définir ensemble les voies et moyens pour trouver au moins une plage de discussion » avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Bassirou Diomaye Faye, qui s’exprimait lors d’une interview avec la presse nationale à l’occasion de ses 100 jours au pouvoir, ne se « fait pas d’illusions » et ira chez ses homologues de la Confédération AES « avec beaucoup d’humilité ».

« J’ai eu la chance ou la malchance de ne pas être là quand les sanctions étaient prises par la CEDEAO contre les États de l’AES.  Ces États ne me regardent pas comme quelqu’un qui était parmi ceux qui les ont sanctionnés, donc ils ont une facilité à me parler plus qu’ils ne peuvent en avoir pour les autres. C’est un atout qu’il faut mettre au service de la communauté pour faire en sorte que la réconciliation renforce l’objectif d’intégration », a souligné par ailleurs le Président sénégalais.

« Inacceptable pour l’UA »

Lors de son allocution d’ouverture du 65ème Sommet de la CEDEAO, le 7 juillet à Abuja, le Président de la Commission de l’institution ouest africaine, Omar Alieu Touray, avait mis en garde les pays de la Confédération de l’AES sur les éventuelles conséquences négatives qui pourraient découler de leur retrait du bloc sous-régional. Une sorte d’intimidation envers eux, selon certains analystes. Le Chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, avait d’ailleurs dénoncé cette démarche comme une tentative de retournement des populations contre les dirigeants de l’AES.

« Le retrait des 3 pays de la CEDEAO est inacceptable pour l’Union africaine et nous croyons en une seule CEDEAO », avait déclaré de son côté le représentant de l’Union africaine à ce sommet, Bankole Adeoye, Commissaire en charge des Affaires politiques, paix et sécurité. Ces propos ont provoqué le courroux des États de l’AES, que les ministres des Affaires étrangères ont souligné dans une déclaration commune en date du 11 juillet 2024.

« Les ministres des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel désapprouvent et condamnent avec la dernière rigueur cette attitude, contraire au devoir de réserve et à l’obligation d’impartialité qui incombe à tout fonctionnaire d’une organisation intergouvernementale », ont-ils répliqué.

L’ONU pour l’unité régionale

Le 12 juillet, le Chef du Bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Représentant spécial du Secrétaire général, Leonardo Santos Simão, a également appelé à la préservation de l’unité régionale en Afrique de l’ouest, tout en s’inquiétant de la réduction de la participation des pays de l’AES aux mécanismes régionaux de coopération en matière de sécurité.

« La position de L’Union Africaine, comme celle des Nations Unies, se comprend. Ce sont des réactions tout à fait normales dans le sens où c’est l’architecture même des organismes internationaux qui est ainsi faite », estime l’analyste en stratégie internationale et ancien ambassadeur du Mali en Turquie Birahim Soumaré.

« En dehors d’un compromis avec la CEDEAO, j’ai bien peur qu’il y ait une sorte d’isolement qui s’installe au niveau des pays de l’AES par rapport aux organisations internationales, tant au niveau de l’Union Africaine que du Système des Nations Unies », craint l’ancien diplomate.

Le ton est tout autre chez le Premier ministre burkinabé. Dans une intervention, le 10 juillet lors d’une rencontre avec les Directeurs régionaux des Nations Unies, Dr. Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambèla a déclaré que son pays (membre de l’AES) n’hésiterait pas à quitter l’Union africaine et l’ONU si elles se comportaient comme la CEDEAO.

Dr. Mahamadou Konaté : « L’AIGE doit faire de son mieux pour que les autorités entendent raison »

Accusés de tentative de déstabilisation, atteinte à la sûreté de l’État et troubles à l’ordre public, 11 leaders politiques issus de la Coalition des partis signataires de la Déclaration du 31 mars 2024 sont détenus depuis le 20 juin. Cette Coalition a décidé le 15 juillet de suspendre sa participation au Cadre d’échanges AIGE – Partis politiques jusqu’à leur libération. Entretien avec Dr. Mahamadou Konaté, Président du Comité stratégique du M5-RFP Malikura, membre de la Coalition.

Pourquoi avez-vous choisi de conditionner votre participation au Cadre d’échanges avec l’AIGE à la libération de vos camarades détenus ?

C’est par obligation morale. Nous ne pouvons pas participer à ce cadre de concertation politique, proposer des idées, analyser, au moment même où une bonne partie de nos camarades est en prison. Eux aussi ont leur mot à dire dans ce qui doit se mettre en place comme mesures idoines d’organisation des scrutins à venir.

Ne craignez-vous pas les conséquences éventuelles de cette politique de la chaise vide ?

Je ne considère pas cela comme la politique de la chaise vide, parce qu’il y a quelque chose dans la chaise, elle n’est pas vide. Nous avons dit notre besoin de solidarité de la part des partis politiques frères, mais aussi de l’AIGE, pour faire aboutir notre demande de libération de nos camarades qui sont de diverses formations politiques. Nous n’avons ni renoncé ni exclu notre participation aux travaux si nos camardes recouvraient la liberté. Nous pensons qu’un vrai environnement crédible d’organisation des élections ne peut advenir que si la confiance est établie entre les acteurs politiques, si la majorité des acteurs politiques, surtout des formations politiques les plus importantes de notre pays, y prennent part. La Coalition que nous représentons, signataire de la Déclaration du 31 mars 2024, comprend les 10 premiers partis politiques du Mali et une quarantaine d’autres partis. À mon sens, il est du devoir moral même de l’AIGE de faire de son mieux. Tout ce que nous demandons à l’AIGE c’est de faire son mieux pour que les autorités entendent raison et accèdent à cette doléance, ce qui n’est pas de la mer à boire.

Mais l’AIGE est une structure uniquement appeler à organiser des élections, elle n’a pas vocation à régler des problèmes politiques…

La tenue d’un scrutin électoral, c’est un problème politique. Le cadre  de concertation visant à échanger entre l’AIGE et les partis politiques, les questions liées au fichier électoral, au calendrier électoral, sont des problèmes politiques. Donc il n’est pas correct de dire que l’AIGE n’a pas vocation à résoudre des problèmes politiques. Au contraire, c’est son rôle, mais bien sûr dans le cadre spécifique de la tenue des élections. C’est dans cette perspective que nous sollicitons de la part de l’AIGE de contribuer à l’apaisement du climat politique en conseillant les autorités dans le sens de la libération de nos camarades. Nous ne demandons pas autre chose.

Êtes-vous confiants pour l’aboutissement de votre demande ?

Nos camarades ont été arrêtés dans l’exercice de leurs libertés fondamentales, de leurs droits démocratiques. Ce ne sont pas des criminels, ni des terroristes. Par le passé, par soucis d’apaisement politique et social, des terroristes ont pu recouvrer la liberté. Si on peut libérer d’un côté des gens qui ont pris des armes contre notre pays dans le but de promouvoir la réconciliation et l’apaisement, je me demande ce qui empêche les autorités d’abandonner les poursuites contre des politiques qui n’ont commis aucun crime, n’ont pas pris d’armes, n’ont pas appelé à la désobéissance civile et étaient tout simplement en train de discuter entre eux, dans un domicile privé, sur des projets de document concernant leur unité d’action.

Envisagez- vous d’autres actions ?

Bien sûr. Outre la demande de facilitation à l’AIGE et aux partis politiques frères, en parallèle il y a la procédure judiciaire qui est en cours pour la libération de nos camarades. Sauf qu’il n’y a pas de date prévue pour le moment pour le jugement alors que cela fait un mois qu’ils sont en prison. Je pense que d’autres actions seront engagées à l’avenir si jamais les choses stagnent. C’est le contexte de l’évolution du dossier qui décidera.

Classe politique : une remise en selle au goût d’inachevé

Trois mois après son entrée en vigueur, le gouvernement a levé le 10 juillet dernier la mesure d’interdiction des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations. Réduite au silence depuis plusieurs mois, la classe politique pourrait retrouver un poids dans le débat public pour la suite de la Transition. Mais les marges de manœuvre des partis politiques, surtout en rapport avec les élections à venir, sont assez réduites.

C’était une grande demande des partis politiques, mais peu s’y attendaient à ce moment-là. Le 10 juillet 2024, trois mois jour pour jour après sa décision initiale, le gouvernement a décidé de lever la mesure de suspension qui frappait les partis politiques et les activités à caractère politique des associations. Une décision, selon le communiqué du Conseil des ministres, qui intervient « en cette phase de mise en œuvre des recommandations du Dialogue, dans un climat de maitrise de la situation sécuritaire, politique et sociale ».

« Par cette mesure dissuasive, le gouvernement a pu contenir toutes les menaces de troubles à l’ordre public qui planaient sur cet évènement majeur (Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale, Ndlr) pour la vie de la Nation », a par ailleurs précisé le Conseil des ministres concernant la suspension.

Plusieurs partis ou personnalités politiques ont réagi suite à cette levée de la décision. « L’URD se félicite de cette décision des autorités, car elle répond à la forte préoccupation exprimée par notre parti dans son communiqué en date du 12 avril 2024 », souligne le parti de la Poignée de mains dans un communiqué, le 11 juillet. Pour l’URD, cette décision contribue à « un apaisement du climat politique et social en vue d’un rassemblement des Maliens, condition indispensable à la réussite des réformes institutionnelles et politiques en cours ».

Pour sa part, l’ancien Premier ministre Moussa Mara, tout en saluant  une « décision raisonnable demandée par la majorité des forces vives du pays », appelle  les autorités à « engager des mesures d’apaisement de l’environnement sociopolitique et à travailler avec les acteurs politiques en vue de la mise en place d’un chronogramme crédible vers le retour de notre pays à l’ordre constitutionnel ».

Même son de cloche à la Coalition des Forces patriotiques (COFOP). « La Conférence des Présidents de la COFOP profite de cette occasion pour demander aux autorités judiciaires du Mali d’examiner avec bienveillance les dossiers de tous les détenus politiques. Cela permettra à tous les acteurs politiques de participer pleinement à l’édification de notre pays conformément aux lois et règlements en vigueur », indique un communiqué de la Coalition en date du 15 juillet 2024.

Reprise et malentendus

Quelques jours seulement après la levée de la mesure suspendant les activités des partis politiques, l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) a convié la classe politique, le 15 juillet 2024, à une rencontre pour la relance des activités du Cadre de concertation AIGE – Partis politiques.

Alors que les partis politiques s’attendaient lors de cette rencontre à un début de discussion autour d’un chronogramme électoral pour l’élection présidentielle qui devrait mettre fin à la Transition, les débats ont certes tourné autour des avancées de l’AIGE pour l’organisation des scrutins à venir mais aucune indication de calendrier électoral n’en est ressortie.

Bien qu’ils soient restés sur leur faim, la plupart des partis politiques présents à la rencontre ont salué l’initiative de l’AIGE et appelé à sa poursuite. Sauf les partis signataires de la Déclaration du 31 mars 2024. Présents à la rencontre, les représentants de ces formations parmi lesquels, entre autres, les FARE Anka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, l’ADEMA-PASJ, le PARENA, le parti Yelema ou encore le PS-Yeleen Koura ont décidé de suspendre leur participation à la rencontre ainsi qu’aux autres à venir jusqu’à l’obtention de la libération de leurs 11 camarades politiques « détenus injustement ». Ces leaders politiques avaient été arrêtés le 20 juin 2024 lors d’une réunion politique dans un domicile privé, alors que les activités politiques étaient encore interdites.

« L’AIGE ne peut pas se porter garant, porte-parole ou interlocuteur de citoyens, quel que soit leur rang, qui ont des difficultés avec eux-mêmes, avec la justice ou avec des tiers. À l’AIGE nous n’interférons pas dans la marche de la justice. Cela ne fait pas partie de nos prérogatives », a clamé le Président de l’AIGE, Maitre Moustapha Cissé.

Back in business ?

La levée de la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations, suivie dans la foulée de la sollicitation des partis politiques par l’AIGE, pourrait ouvrir la voie à une remobilisation au sein d’une classe politique devenue l’ombre d’elle-même depuis plusieurs mois.

À nouveau libre de mener des activités et initiatives politiques sous le régime de la Transition, les partis politiques pourraient revenir au devant de la scène nationale. Mais le contexte actuel ne permet pas réellement aux hommes politiques de redorer leur blason, comme l’analyse le politologue Ballan Diakité.

« À mon avis, la levée de la suspension des activités des partis politiques ne nous permet pas dans l’immédiat d’aboutir à une revitalisation des activités des partis politiques, pour au moins deux raisons principales. D’abord, aujourd’hui, en l’absence de financement de l’État, beaucoup d’entre eux, même si on leur donne le droit de reprendre leurs activités, sont confrontés à un problème financier. Or, sans moyens financiers, difficile de mener des activités politiques », argue-t-il.

« Ensuite, dans la conjoncture politique actuelle, les partis politiques sont généralement réticents quant à l’organisation de certaines activités à caractère massif. Les leaders politiques sont dans une sorte de psychose sur la garantie même d’un certain nombre de libertés, surtout en termes de manifestions ou de réunions. Cet état général lié à la situation actuelle du pays fait que même si les partis politiques sont amenés à organiser des activités, elles ne pourront pas être d’une certaine envergure », poursuit M. Diakité.

Marges de manœuvre réduites

Largement discréditée auprès de l’opinion nationale et très souvent indexés comme responsables de plusieurs années de mauvaise gestion ayant abouti à la crise multi-dimensionnelle que vit le Mali depuis plusieurs années, les politiques sont loin de pouvoir imposer des élections dans un délai raisonnable aux militaires de la Transition.

Si une partie de la classe politique, en l’occurrence les partis membres de la COFOP, appelle à l’organisation de la présidentielle avant la fin de l’année 2024, il est certain que le gouvernement fixera lui-même en temps voulu un chronogramme électoral, même s’il revient à l’AIGE de convoquer le collège électoral. Selon certaines informations, des dates devraient être proposées très prochainement.

Pour Ballan Diakité, cette absence de perspectives immédiates pour l’organisation des élections réduit considérablement les marges de manœuvres des partis politiques pour les élections à venir, avec l’éventualité d’une candidature du Président de la Transition lui-même, comme recommandé dans les conclusions du Dialogue inter-Maliens.

« C’est une situation qui met mal à l’aise les partis politiques. Comme on le sait, un parti politique est créé pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Mais encore faudrait-il qu’il y ait des élections et que les dates soient connues pour que les partis puissent se mobiliser et préparer les campagnes », confie le politologue.

« À défaut de précisions sur l’organisation des élections dans un futur proche, les seules marges de manœuvre qu’ont les partis politiques sont la poursuite des activités ordinaires, la participation au débat politique et la prise de position vis-à-vis de certaines décisions prises par le gouvernement », renchérit-il.

Certains analystes estiment par ailleurs que les autorités de Transition pourraient prendre la classe politique de court en dévoilant un calendrier électoral à un moment où les politiques s’y attendraient le moins et ne seraient pas suffisamment prêts pour la compétition électorale.

Transport aérien : pénurie de kérosène à l’aéroport de Sénou

À l’aéroport de Sénou, à Bamako, une pénurie de kérosène perturbe depuis quelques jours le déroulement normal des vols, entraînant des annulations et des reprogrammations. L’annonce provient d’un communiqué de l’Agence nationale de l’aviation civile du Mali (ANAC), ce 8 juillet 2024.

Dans une correspondance adressée à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), l’Agence nationale de l’aviation civile (ANAC) invite l’ASECNA à prendre les dispositions pour informer les usagers de la non disponibilité du Jet A1 à l’aéroport international Président Modibo Keïta de Sénou pour la période allant du 9 juillet 2024 au 15 juillet 2024.

Cette situation, préjudiciable aux compagnies de transport aérien, a entraîné une baisse de fréquence des vols au niveau de l’aéroport de la capitale malienne. Dans un communiqué rendu public ce 9 juillet, la compagnie Sky Mali, qui dessert quelques villes maliennes, a annoncé l’annulation de ses vols prévus pour le 10 juillet en direction de Kayes et de Tombouctou. Une situation regrettable pour la compagnie, pour laquelle il ne s’agit pas d’une première. Bamako étant sa base, elle  espère que d’ici le délai de 6 jours annoncé il y aura une solution. Mais cette situation entraînera forcément un coup sur l’exploitation, explique la compagnie.

Compagnies impactées

Ce n’est pas la première fois que l’aéroport de Sénou est confronté à une situation de manque de kérosène. Cette difficulté à fournir du carburant est consécutive à un problème d’approvisionnement, selon un acteur du domaine, qui souligne tout de même qu’ils ne sont pas en rupture. La contrainte serait due aux retards dans la livraison de Jet A. À cela s’ajoutent les travaux d’entretien sur les cuves de stockage de carburant.

Pour les compagnies aériennes, il s’agit de se réadapter en fonction des circonstances. Alors que la compagnie Ethiopian Airlines a été contrainte de modifier son horaire de départ pour son vol de ce 10 juillet, la compagnie Sky Mali a annulé ses vols à destination de Kayes et de Tombouctou et Turkish Airlines a annulé tous ses vols de la semaine.

Cette pénurie de kérosène à l’aéroport de Bamako au Mali oblige, selon le responsable de la communication de l’ASECNA – Mali, les avions à aller se ravitailler au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou au Sénégal. Ce n’est pas la première fois que l’aéroport de Sénou est confronté à ce genre de dysfonctionnements. En 2011, une situation similaire avait contraint les vols commerciaux desservant le Mali à se ravitailler au Burkina Faso et au Sénégal, deux pays voisins.

AES – CEDEAO : l’inévitable divorce

L’adoption le 6 juillet 2024 à Niamey du traité instituant la Confédération « Alliance des États du Sahel », regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger, lors du 1er sommet des Chefs d’États de l’Alliance, marque une étape décisive dans la séparation des trois pays d’avec la CEDEAO. Même si le bloc sous-régional ouest-africain s’active toujours pour leur retour au sein de la Communauté, le divorce entre les deux entités semble de plus en plus inévitable et pourrait bouleverser les dynamiques d’intégration politique et institutionnelle en Afrique de l’ouest.

C’était attendu depuis quelques mois. Le 1er sommet des Chefs d’États des pays membres de l’Alliance des États du Sahel, tenu à Niamey le 6 juillet, a consacré la naissance de la Confédération « AES » entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, après la volonté commune des trois pays, en septembre 2023, de mettre en place une architecture de défense collective.

« Les Chefs d’États ont décidé de franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les pays membres. À cet effet, ils ont adopté le traité instituant une Confédération entre le Burkina Faso, la République du Mali et la République du Niger, dénommée Confédération « Alliance des États du Sahel », en abrégé Confédération AES », indique le communiqué final du sommet.

Outre la concrétisation de la Confédération, les trois chefs d’États, le Capitaine Ibrahim Traoré, le Colonel Assimi Goïta et le Général Abdourahamane Tiani, ont souligné la nécessité d’une coordination de l’action diplomatique ainsi que l’importance de parler d’une seule voix et celle de mutualiser leurs moyens en vue de mettre en place des projets structurants et intégrateurs dans des secteurs stratégiques, tels qu’entre autres l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’énergie et les mines, la communication et les télécommunications, ainsi que l’éducation et la formation professionnelle. Ils ont par ailleurs décidé de la création d’une Banque d’investissement de l’AES et de la mise en place d’un fonds de stabilisation.

Rupture presque consommée

Alors qu’en parallèle au sommet des Chefs d’États des pays membres de l’AES le 65ème sommet ordinaire des Chefs d’États et de gouvernements de la CEDEAO, tenu le 7 juillet 2024 à Abuja, aurait pu définitivement prendre acte du retrait annoncé des pays de l’AES, les dirigeants de l’institution ouest-africaine ont décidé de poursuivre la dynamique de discussion avec les trois pays concernés en vue d’éviter leur départ du bloc sous-régional.

En reconnaissant le « manque de progrès dans les interactions avec les autorités des trois pays », la Conférence des Chefs d’États et de gouvernements de la CEDEAO a décidé d’entamer une « approche plus vigoureuse » et a désigné le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, en collaboration avec son homologue togolais Faure Gnassingbé, comme facilitateur de la CEDEAO dans les discussions de la Communauté avec l’AES.

Pour Bassirou Diomaye Faye, qui avait déjà rencontré les Présidents de transition Goïta et Traoré lors de sa visite au Mali et au Burkina Faso le 30 mai dernier, le retrait des pays de l’AES de la CEDEAO serait « le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme que les pères fondateurs nous ont légué et que nous avons la responsabilité historique de sauvegarder et de transmettre aux générations futures ».

Mais si le Président sénégalais affiche son optimisme par rapport à un rapprochement des positions d’ici la fin du délai du « préavis » de retrait, la plupart des analystes jugent infimes les chances d’un retour des pays de l’AES au sein de la CEDEAO. D’ailleurs, pour les militaires aux commandes de la Confédération AES, comme souligné pendant les prises de paroles et consigné dans le communiqué final, le retrait de la CEDEAO est « irrévocable et sans délai ».

« Par rapport à la CEDEAO, nos Chefs d’États ont été très clairs à Niamey en indiquant que le retrait des trois pays de la CEDEAO est irrévocable et qu’à partir de cet instant nous devons cesser de regarder dans le rétroviseur », a clamé lundi à la télévision nationale le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Selon Boubacar Bocoum, analyste politique au Centre d’études stratégiques Sénè, la voie prise par les dirigeants des pays de l’AES est un chemin de non-retour, parce que, soutient-il, la CEDEAO a été arrogante envers ces trois pays et a montré son incapacité à aller vers un une intégration économique.

« Nous ne sommes pas isolés, ni sortis de l’esprit de fédéralisme et de solidarité entre les peuples prônés par les pères fondateurs de la CEDEAO. L’AES, au contraire, est l’embryon d’une nouvelle CEDEAO, propulseuse des États Unis d’Afrique », affirme-t-il.

Quelle cohabitation ?

Si les dirigeants de l’AES et de la CEDEAO sont loin d’un compromis pouvant permettre un maintien du Burkina Faso, du Mali et du Niger dans la communauté sous-régionale ouest africaine, ils sont conscients, d’un côté comme de l’autre, de la nécessité d’une cohabitation pacifique entre deux blocs partageant le même espace géographique.

« Nous restons ouverts à un travail avec nos voisins et d’autres organisations, avec lesquelles nous partageons cet espace et avec lesquelles nous sommes condamnés à vivre. Nous allons devoir maintenir les discussions avec les autres pour avancer », a déclaré le ministre Abdoulaye Diop. « Dans tous les cas, dans un processus d’intégration, il y a des gains et des pertes pour tout le monde. Mais nous devons travailler à en minimiser l’impact pour nos populations et c’est à cela que s’attèlent nos autorités », a assuré le Chef de la diplomatie malienne.

La Conférence des Chefs d’États et de gouvernements de la CEDEAO, parallèlement à la mission de facilitation assignée au Président Diomaye Faye, qui sera épaulé par le Président Faure Gnassingbé, se prépare aussi au changement de nature des relations de l’institution avec les pays membres de la Confédération AES après l’effectivité de leur retrait, en janvier 2025. Ainsi, les dirigeants ouest-africains ont demandé à la Commission d’élaborer un plan d’urgence prospectif à leur intention pour « faire face à toutes les éventualités dans les relations avec les pays de l’AES », en tenant compte des exigences de l’article 91 du Traité révisé de la CEDEAO de 1993.

Parmi les conséquences du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, le Président de la Commission de la CEDEAO, Omar  Alieu Touray, avait  évoqué, lors de l’ouverture du sommet d’Abuja du 7 juillet, l’éventualité pour les ressortissants des trois pays de devoir mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région et la fin pour eux du bénéfice des facilités de la CEDEAO pour résider ou créer librement des entreprises dans les différents pays où ils seraient alors soumis à diverses lois nationales.

Pour l’analyste Ousmane Bamba, modérateur du « Forum du Kenoudougou », de telles mesures, si elles venaient à être prises par les pays de la CEDEAO, vont entraîner de facto le principe de réciprocité du côté des pays de la Confédération AES.

« On peut divorcer en sauvant les meubles. Nous avons intérêt à nous entendre », glisse-t-il, prenant l’exemple sur l’importance de l’espace aérien de l’AES pour les vols de la sous-région vers l’Europe, dont l’imposition d’un contournement entraînerait un véritable renchérissement des billets d’avion.

Le sociologue Bréhima Ely Dicko souligne pour sa part la nécessité d’aller vers des accords en termes de relecture du protocole de libre circulation des personnes et des biens de la CEDEAO, 84% des Maliens vivant à l’étranger étant installés dans les pays de la CEDEAO. « Si nous sortons de la CEDEAO, il faut aller vers des accords avec les pays membres pour que nos populations qui résident dans ces pays ne soient pas victimes des mesures que la CEDEAO pourrait être amenée à prendre », alerte-t-il.

Sécurité : l’inquiétante recrudescence des attaques au Centre

Plusieurs attaques attribuées aux groupes armés terroristes ont été perpétrées ces dernières semaines dans la région de Bandiagara. Ces attaques récurrentes, à intervalles réguliers, qui ont fait plusieurs victimes civiles et occasionné des déplacements de personnes, suscitent des inquiétudes dans la zone.

Une vingtaine de morts et d’importants dégâts matériels, selon plusieurs sources locales. C’est le bilan de la dernière attaque en date, le 1er juillet 2024, dans le village de Guédjibombo, dans la commune de Doucombo, région de Bandiagara. Selon les mêmes sources, deux autres personnes ont été également tuées dans la même zone dans une attaque simultanée sur le village de Sokolo Kanda.

Quelques jours plus tôt, le 25 juin, dans cette même commune de Doucombo, le village de Tégourou a subi une attaque d’hommes armés non identifiés, faisant deux morts et des dégâts matériels importants.

Le 18 juin, le même village avait été déjà la cible d’une attaque au cours de laquelle le chef du village a été tué et une autre personne portée disparue, selon des sources locales. À en croire les mêmes sources, la totalité des maisons a été incendiée et du bétail emporté. Conséquence, le village se vide de ses habitants, la majorité, notamment les femmes et les enfants, fuyant vers d’autres localités de la région, certains vers le village voisin de Djombolo et d’autres vers la ville de Bandiagara.

Le 25 mai 2024, une attaque de grande envergure avait été déjà perpétrée par des hommes armés dans la localité de Inssagou, dans la commune de Diallasagou. Selon une source policière citée par une agence de presse étrangère, elle avait fait 19 morts et 21 blessés, tous des civils « accusés d’être complices de l’armée malienne ».

Par ailleurs, arrêtés le 16 avril dernier à bord de 3 bus par des « jihadistes », qui ont contraint les véhicules et leurs passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass, plus d’une centaine de civils ne sont toujours pas réapparus et seraient aux mains de ces groupes armés.

Alertes

Ces attaques terroristes dans la région de Bandiagara sont récurrentes. Chaque année, à la même période de l’hivernage, elles se multiplient dans les différents villages de la région faisant planer des menaces sur la campagne agricole dans ces localités.

« Ces attaques pendant la période hivernale constituent un moyen pour les terroristes de maintenir les populations dans la famine en les empêchant de cultiver », explique Adama Diongo, Président du Collectif des associations de jeunes du pays dogon. Pour ce dernier, l’État doit mobiliser davantage tous les efforts pour sécuriser les populations dans cette région en proie à l’insécurité permanente depuis plusieurs années.

Dans une déclaration en date du 27 juin 2024, suite à l’attaque de Tégourou du 25 juin 2024, l’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon Ginna Dogon est également montée au créneau pour inviter les autorités du pays à « redoubler d’ardeur pour mieux assurer la sécurité des personnes et des biens, particulièrement dans le Centre, conformément aux engagements par elles pris à l’occasion de plusieurs audiences et au devoir régalien de l’État d’assurer équitablement et promptement la sécurité des personnes et des biens ».

La situation d’insécurité récurrente dans la région de Bandiagara avait d’ailleurs conduit en août 2023 à la manifestation d’un ras-le-bol généralisé des forces vives de la région, qui avaient décrété une Journée Ville morte et organisé une manifestation pacifique qui avait par la suite dégénéré, causant des blessés dans les rangs des forces de l’ordre et un mort parmi les manifestants.

Conseil national de la jeunesse : vers un nouveau départ ?

Après des années de crise au sein du Conseil national de la jeunesse du Mali (CNJ), le top départ de la mise en place des nouveaux organes sera donné le 6 juillet 2024 avec l’élection des bureaux communaux sur toute l’étendue du territoire national. Si ce processus de renouvellement des organes de la faîtière de la jeunesse malienne suscite beaucoup d’espoirs pour la reprise normale de ses activités, certains acteurs dénoncent des irrégularités considérées comme les germes de nouveaux lendemains agités.

Le processus de renouvellement des organes du CNJ était menacé de blocage quand, dans un communiqué en date du 15 mai 2024, les Présidents des Conseils régionaux de Kayes, Tombouctou , Gao, Ségou, Sikasso, Koulikoro, Taoudenit, Mopti et Ménaka avaient rejeté la décision de son démarrage prise par le ministre de la Jeunesse et des sports et dénoncé une « volonté manifeste d’instrumentalisation de la jeunesse malienne pour un agenda inavoué ».

Mais le différend n’a pas duré. À l’issue d’une réunion entre les différents Présidents des Conseils régionaux et le ministre Abdoul Kassim Fomba, le 30 mai, les différentes parties prenantes sont parvenues à un accord pour une organisation plus inclusive du processus de renouvellement.

Cet accord, qui a mis fin aux tensions entre la Commission nationale chargée de la mise en place des organes du CNJ, les Présidents des Conseils régionaux et ceux des Conseils communaux, contenait trois mesures concrètes : l’implication de tous les acteurs dans le processus (Les Présidents régionaux, communaux et locaux), la diffusion des nouveaux textes, à travers la tenue d’ateliers de restitution organisés dans les régions et les communes de Bamako, et la mise en place de Commissions régionales et communales, composées d’un représentant de l’État, de membres du bureau sortant, d’experts et de représentantes des organisations féminines, pour superviser le processus de renouvellement.

Vieux démons

Si, dès lors, le processus de mise en place des organes du CNJ suit son cours normal, il n’est pas exempt « d’irrégularités » que certains jeunes candidats au niveau communal dénoncent. À Kayes, un collectif de candidats à la présidence du Conseil communal de la ville est monté au créneau le 23 juin dernier pour s’opposer à des tentatives d’ingérence, selon lui, de représentants du ministère de la Jeunesse et des sports dans le processus électoral.

À en croire ce collectif, le ministère en charge de la Jeunesse tente de manipuler le processus électoral en imposant un candidat au niveau communal, dans le but d’affaiblir les autres en vue des élections régionales à venir.

« Nous étions 9 candidats au niveau communal, mais lors du dépouillement toutes les candidatures ont été rejetées à l’exception d’une seule. Nous savons que c’est une manœuvre visant à nous affaiblir avant les élections régionales », a clamé l’un des membres du collectif dans une prise de parole en vidéo sur les réseaux sociaux.

Selon lui, les représentants locaux du ministère de la Jeunesse et des sports auraient tenté de favoriser le candidat en question en demandant aux autres responsables des associations de la jeunesse de former un consensus autour de sa candidature.

Par ailleurs, pour le collectif, qui demande la reprise des travaux de la Commission communale « conformément aux dispositions statutaires et au règlement intérieur du CNJ », le « candidat favorisé », étant déjà membre du collège local de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), est frappé par les textes de cette structure, qui interdit à tout membre de postuler à des postes électif, politique ou syndical.

À l’instar de ce collectif de Kayes, un autre, réunissant des candidats aux postes du Conseil communal de la jeunesse de Kita a également vivement critiqué le processus électoral dans cette commune, dénonçant de nombreuses anomalies. Dans  une déclaration vidéo, le 29 juin 2024, le porte-parole de ce collectif s’est indigné de la violation par la Commission communale des 3 principes du CNJ, l’unité dans la diversité, la participation inclusive et l’équité dans l’effort, arguant que beaucoup de dossiers de candidatures au poste de Président avaient été rejetés « juste parce que les postulants ne faisaient pas partie du bureau sortant ».

Dans la commune urbaine de Ségou, en revanche, le processus semble plus inclusif, malgré des difficultés auxquelles a fait face au départ la Commission communale lors de sa mise en place. « Pour désigner les cinq représentants du Bureau communal sortant devant siéger au sein de la Commission communale, étant donné qu’il existait deux bureaux parallèles, nous avons dû trouver un consensus en choisissant deux représentants par bureau existant et le 5ème représentant du côté du RECOTRADE », explique Ibrahim Monzon Diarra, Vice-président de la Commission de la commune urbaine de Ségou.

« Mais dans d’autres communes rurales de la région de Ségou, cette situation  cause d’énormes problèmes, parce que le processus qui a abouti au consensus que nous avons pu avoir dans la commune urbaine n’a pas continué dans ces communes rurales. Cela fait que jusqu’à présent, dans certaines communes rurales, les dépouillements des dossiers de candidatures ne sont toujours pas effectifs », reconnaît-il.

Chronogramme en marche

Conformément à l’Accord du 30 mai, la Commission nationale chargée de la mise en place du CNJ a été mise sur pied et a établi son chronogramme. Suivant celui-ci, le dépôt des dossiers de candidature aux différents niveau des communes a débuté le 30 mai et a pris fin le 22 juin 2024. Le processus s’est poursuivi avec le dépouillement et la validation des dossiers de candidature sur toute l’étendue du territoire national.

« Le processus se passe très bien. Les jeunes ont postulé dans toutes les communes du Mali. Les Commissions ont étudié les dossiers et affiché les listes des candidats. Sur les fiches de dépouillement, il y a les dossiers validés et les dossiers rejetés, avec les motifs. Les dossiers rejetés ont eu 72h pour faire une réclamation. Ces réclamations ont été étudiées, certaines ont eu des suites favorables et d’autres non », indique Sidi Dicko, Président de la Commission nationale de mise en place des organes du CNJ.

« Les Assemblées générales électives des Bureaux communaux auront lieu ce samedi 6 juillet 2024 sur toute l’étendue du territoire national. Le vote se fera poste par poste », poursuit-il. Après les élections des Bureaux communaux, le processus de renouvellement des organes du CNJ se poursuivra avec, entre le 7 et le 10  juillet, le dépôt des dossiers de candidatures au niveau régional.

Le 13 juillet 2024 se tiendront les Assemblées générales électives au niveau des régions, du District de Bamako et de la diaspora. Les dépôts de dossiers de  candidature au niveau national auront lieu du 16 au 23 juillet et l’Assemblée générale élective du Bureau exécutif national du CNJ se tiendra le samedi 27 juillet 2024.

La suite du chronogramme prévoit la validation des listes des membres du Bureau exécutif national et des Bureaux régionaux, communaux et de la diaspora par une  décision du ministre en charge de la Jeunesse le 29 juillet 2024, suivie de l’organisation d’une cérémonie solennelle de la rentrée des élus le 1er août.

De cette date jusqu’au 10 août, la Commission nationale procédera à l’élaboration du rapport général de mise en place des organes, achevant ainsi le processus.

La Côte d’Ivoire organise le 1er salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE) à Abidjan

Le Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie de la République de Côte d’Ivoire est heureux d’annoncer la première édition du Salon International des Ressources Extractives et Énergétiques (SIREXE), adopté en Conseil des Ministres le 17 avril dernier. Placé sous le thème « Développement durable des industries extractives et énergétiques : quelles politiques et stratégies ? », le SIREXE 2024 se tiendra du 27 novembre au 2 décembre 2024 au Parc des Expositions d’Abidjan. Ce salon réunira les acteurs des secteurs des mines, du pétrole et de l’énergie du monde entier, offrant des opportunités uniques de collaboration, d’échange et d’investissement pour les leaders de ces industries, contribuant ainsi à une croissance durable des économies africaines.
Organisé sous le haut parrainage du Premier Ministre de Côte d’Ivoire, M. Robert Beugré Mambé, le SIREXE 2024 réunira des experts et des leaders des secteurs minier, pétrolier et énergétique du monde entier notamment d’Afrique, d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Océanie. La Norvège, reconnue pour son expertise dans les hydrocarbures et les technologies énergétiques, sera le pays à l’honneur de cette première édition.

Le salon vise à encourager les investissements privés internationaux, régionaux et nationaux dans les secteurs des ressources extractives et énergétiques sur le continent, en créant une plateforme d’échange, de collaboration et d’investissement pour les leaders de ces industries en Afrique et dans le monde. Le Ministre du Pétrole et de l’Énergie, M. Sangafowa-Coulibaly, a ainsi souligné : « Nous devons mettre en valeur les potentialités du continent et attirer des investissements pour stimuler nos économies. ».

Cette initiative majeure s’inscrit dans la vision du Président de la République, Son Excellence M. Alassane Ouattara, qui a souligné lors de son discours à la nation le 18 juin 2024 : « La richesse exceptionnelle de notre sous-sol, notamment en or et en manganèse, ainsi que le potentiel prometteur pour l’exploitation de minéraux stratégiques tels que le nickel, le coltan et le lithium, doit être le moteur d’une croissance soutenue et durable de notre économie. ». Il a aussi ajouté : « Le potentiel industriel de notre pays sera renforcé par la découverte récente des gisements pétroliers et gaziers Baleine et Calao, les deux plus gros gisements qu’a connus le pays. Ces gisements contribueront à concrétiser notre ambition de faire de la Côte d’Ivoire une puissance énergétique et un hub dans la sous-région, tout en ayant le souci de la protection de l’environnement. ».

Le SIREXE 2024 ouvrira également ses portes au grand public, offrant ainsi aux populations une occasion unique de s’informer sur les enjeux des secteurs extractifs et énergétiques dans le monde et notamment en Afrique et en Côte d’Ivoire à travers des activités ludiques et des présentations interactives.

La promotion du contenu local sera un axe central de cette première édition, avec le double objectif de présenter les opportunités de carrière dans ces secteurs pour la jeunesse ivoirienne et de dévoiler les opportunités d’affaires offertes aux entrepreneurs locaux.

Le Ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie de Côte d’Ivoire, M. Sangafowa-Coulibaly, lance un appel chaleureux à tous les acteurs des industries concernés, aux pays africains et d’autres continents, aux entités internationales et au grand public pour participer à cet évènement d’envergure.

A PROPOS DU SIREXE :

Pour la première fois en Afrique, un salon international réunira les trois secteurs des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Organisé tous les 2 ans, le SIREXE a vocation à devenir la plateforme d’échange, de collaboration et d’investissement incontournable pour tous les acteurs des mines, des hydrocarbures et de l’énergie en Afrique et dans le monde. Il permettra aux entreprises, aux investisseurs et aux décideurs politiques de se rencontrer, de partager leurs expériences et de nouer de nouveaux partenariats sud-sud et nord-sud. La première édition du SIREXE se tiendra du 27 novembre au 02 décembre 2024. Placé sous le haut parrainage du Premier Ministre de Côte d’Ivoire, M. Robert Beugré Mambé, le SIREXE est une initiative du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. L’événement respectera les normes et les standards de qualité des plus grands salons internationaux. Les exposants et les visiteurs du SIREXE 2024 bénéficieront notamment des installations flambant neuves du Parc des Expositions d’Abidjan.

Pour plus d’informations :

Consulter notre site internet – https://sirexe.ci

Fb In X
Contacts

Guy-Stephane Guede

guystephane.guede@2aconsulting-ci.com

+225 07 67 10 9143

Maëlys Adom

mad@concerto-pr.com

+225 05 44 38 80 99

Insécurité alimentaire : le Japon apporte son appui

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a procédé au lancement de 2 projets en faveur de la sécurité alimentaire au Mali, ce 2 juillet 2024. Ce nouveau partenariat entre le Programme alimentaire mondial et le Japon vise à soutenir les efforts du gouvernement malien à travers le commissariat à la sécurité alimentaire. L’appui d’un montant de plus de 2,5 milliards FCFA est constitué de dons non remboursables de la coopération économique entre le Mali et le Japon.
Les projets financés permettront de venir en aide à plus de 100 000 personnes dont environ 31 000 déplacées et apporter une assistance alimentaire et nutritionnelle à environ 74 000 personnes dans 7 régions ainsi qu’aux comités d’accueil. Le soutien contribue également à la mise sur le marché du riz à un prix concessionnel, permettant au commissariat à la sécurité alimentaire de faire face à ses engagements pour endiguer l’insécurité alimentaire. Les régions de Kayes, Koulikoro, Mopti, Ségou, Tombouctou, Gao et Ménaka seront couvertes par les dits projets.
Solutions à long terme
L’aide permettra aussi au PAM d’appuyer notamment par des bons d’achat, les personnes vulnérables, particulièrement durant la période actuelle qui constitue jusqu’au mois d’août la période de soudure qui contribue à accroître la vulnérabilité des personnes vivant majoritairement de l’agriculture. L’activité, source de revenus de la majorité de la population est touchée par les chocs climatiques et la crise. En outre, les déplacements de population occasionnés par les crises accentuent les besoins et la fragilité de ces personnes. Pour lutter contre cette insécurité alimentaire et permettre aux personnes les plus vulnérables de surmonter ces difficultés, le PAM préconise des solutions durables. Une agriculture résiliente, des techniques innovantes et un accès au marché pour garantir des revenus substantiels aux producteurs. Pour le Famine Early Warning Systems Network (FEWS NET), 1,5 à 2 millions de personnes auront besoin d’une assistance alimentaire d’urgence de juin à août 2024. Malgré une baisse prévue du nombre de personnes dans le besoin, le nombre restera élevé dans les zones du Nord, notamment dans les ménages très pauvres. Des ménages affectés par la hausse des prix des denrées alimentaires et la baisse globale de leurs revenus.

Iyad Ag Ghaly : dans le viseur de la justice internationale

Le 21 juin 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a rendu public un mandat d’arrêt international à l’encontre d’Iyad Ag Ghaly. La levée des scellés de ce mandat d’arrêt, émis depuis le 17 juillet 2017 mais gardé secret, va-t-elle accélérer la capture et le jugement du chef du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) ?

Selon le mandat d’arrêt, Iyad Ag Ghaly est suspecté d’être responsable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis à Tombouctou entre janvier 2012 et janvier 2013 (Meurtre des soldats hors de combat à Aguelhoc, viols, esclavage sexuel et toute autre forme de violences sexuelles, emprisonnements ou autre forme de privation grave de liberté physique, torture et persécution des femmes et jeunes filles pour des motifs sexistes, entre autres).

Ce mandat d’arrêt, initialement émis en juillet 2017, était jusqu’alors resté secret, en raison des « risques potentiels pour les témoins et les victimes , mais avait été transmis aux autorités maliennes et françaises à l’époque où la France déployait la force Barkhane dans le pays.

Les raisons derrière sa publication maintenant restent confidentielles, selon le Procureur de la CPI Karim Khan, qui avait demandé la levée de scellée dès juillet 2022.

Possible procès ?

« La Chambre a ordonné au Greffier de la Cour de préparer une demande de coopération pour l’arrestation et la remise du suspect et de l’adresser aux autorités compétentes de tout État pertinent et/ou toute autre autorité pertinente », précise le communiqué de la CPI.

Ne disposant pas de police propre, la CPI doit en effet compter sur la coopération des pays pour parvenir à l’arrestation d’Iyad Ag Ghaly. Mais ce dernier, dont les traces de déplacement sont peu visibles, reste très difficilement  atteignable par les forces de sécurité.

Depuis le 28 février 2024, le chef du JNIM est d’ailleurs également sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la justice malienne pour des « faits d’association de malfaiteurs, d’actes de terrorisme, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre, de financement du terrorisme, de blanchiment de capitaux, d’assassinats, d’incendies volontaires, de blessures volontaires, de violences et voies de fait et de dommages à la propriété d’autrui ». Sa dernière apparition vidéo remonte à décembre 2023. Le chef terroriste le plus recherché du Sahel y annonçait une nouvelle étape du djihad ans dans la région contre les forces armées maliennes et leurs partenaires russes de Wagner.

La levée du secret sur le mandat d’arrêt de la CPI pourrait toutefois permettre la tenue d’audiences de mises en accusation, même en l’absence de l’accusé, dans le but  d’auditionner des témoins et d’enregistrer des preuves.

« Aujourd’hui, personne ne se hasarderait à dire que ce mandat d’arrêt pourrait aboutir, mais il pourrait pousser les États qui abriteraient Iyad Ag Ghaly  à penser par deux fois avant de le garder sur leur sol », souligne l’universitaire et analyste politique Pierre Claver Bakoroba Traoré.

« Ce sera extrêmement compliqué de capturer Iyad Ag Ghaly vivant et de le traduire en justice. Pour cela, il faudrait une coopération très poussée entre les États où il est susceptible de se cacher pour lui mettre la main dessus, mais c’est très peu probable », estime un autre analyste.

Passe de trois ?

Si la Cour pénale internationale arrivait à mettre la main sur Iyad Ag Ghaly, ce dernier  serait le troisième terroriste malien à être jugé par cette juridiction internationale. Elle avait jugé et condamné à 9 ans de prison le 27 septembre 2016 Ahmad Al Faqi, ancien membre d’Ançar dine et Aqmi.

Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, ancien chef de la police islamique jihadiste, a également été condamné le 26 juin 2024 pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la ville de Tombouctou en 2012 et 2013.

La peine infligée au terroriste malien, qui encourt une une possible lourde condamnation sera déterminée à une date ultérieure.

FEMAFOOT – Aigles : jusqu’où ira la crise ?

Entre la fédération malienne de football et les joueurs de l’équipe nationale, les  Aigles du Mali, le courant ne passe plus. Les résultats défavorables sur le terrain lors des 3ème et 4ème journées des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, couplés aux mauvaises conditions de préparation des Aigles, ont tendu les relations entre les joueurs et les responsables de l’instance dirigeante du football national.

« Encore une nouvelle situation chaotique pour notre sélection malienne. Nos joueurs ont dû subir un véritable périple pour arriver à Johannesburg seulement quelques heures avant un match capital. Nous avons de fortes ambitions pour la Coupe du Monde, mais ces conditions ne nous mettent pas, nous les joueurs, ainsi que le staff, dans les meilleures dispositions pour jouer des matchs aussi cruciaux pour notre nation », a déploré le capitaine de la sélection nationale Hamari Traoré dans une déclaration sur ses réseaux sociaux, au nom de l’équipe nationale, le 11 juin, quelques minutes avant le début de la rencontre face à Madagascar.

Cette sortie a été très peu appréciée par le Comité exécutif de la fédération malienne de football. Dans un communiqué publié le 13 juin, dans la foulée du limogeage du sélectionneur national Éric Sékou Chelle, il a indiqué « constater avec regret des sorties malheureuses sur les réseaux sociaux de certains joueurs » et les a appelés à un « devoir de réserve ».

Voyage de la discorde

Selon nos informations, l’organisation du voyage des Aigles en Afrique du sud est l’élément déclencheur de l’atmosphère aujourd’hui tendue entre joueurs et dirigeants. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. « Ce voyage en Afrique du sud a été le manque de professionnalisme de trop et l’élément déclencheur de la situation actuelle entre les dirigeants et les joueurs », confie une source proche de l’équipe nationale.

Alors qu’ils devaient rallier Johannesburg depuis le 8 juin pour ce match délocalisé face aux Malgaches, les Aigles n’ont pu finalement fouler le sol sud-africain que la veille du match, après deux reports de leur vol. Après le 2ème report, le ton est vite monté entre un haut cadre de la fédération et un joueur, soutenu par l’ensemble de ses coéquipiers qui exigeaient des explications sur la situation. L’incident, encaissé dans un premier temps pour se consacrer au match, constituera toutefois l’une des raisons qui expliquent la nouvelle déclaration des Aigles du 21 juin, non signée mais partagée simultanément par quasiment l’ensemble des joueurs de l’équipe nationale sur les réseaux sociaux.

« Nous reconnaissons les efforts de l’État pour améliorer nos infrastructures, mais les résultats stagnent aussi à cause de la mauvaise gestion de nos dirigeants. Nous appelons les cadres de la fédération à prendre urgemment leurs responsabilités », écrivent les Aigles, qui se réservent par ailleurs le « droit de ne pas honorer la sélection et de ne pas participer aux prochains matchs de qualification ».

« Par amour pour le Mali, nous prenons cette décision délicate mais nécessaire pour les prochaines générations », poursuivent les joueurs. Dans la foulée, le 24 juin, le capitaine Hamari Traoré, invité par le Comité exécutif de la FEMAFOOT à se présenter sous 48h devant lui pour des explications, ne s’y rendra pas, selon nos informations,  après concertation avec ses coéquipiers.

Positions tranchées

Si le Comité exécutif de la  fédération malienne de football, en dehors de l’invitation à s’expliquer adressée au capitaine des Aigles, n’a pour l’heure pas officiellement réagi au contenu de la déclaration des joueurs, cette sortie provoque diverses réactions dans le monde du football national.

« Pour ma part, j’apporte mon soutien total aux joueurs de la sélection malienne et je demande à notre peuple de les soutenir. Ensemble, on va permettre de faire du Mali une nation importante dans le football africain », a réagi sur son compte Instagram  l’ancien international malien Mohamed Lamine Sissoko. « C’est une décision pas facile à prendre mais qui est obligatoire. C’est l’histoire du football malien qui s’écrit, c’est aussi l’avenir de tout un peuple et c’est ensemble que l’on fait bouger les choses », a-t-il ajouté.

Comme lui, d’autres anciens internationaux maliens, à l’instar de Cédric Kanté et de Brahim Thiam, ont manifesté leur soutien à l’endroit des Aigles. En plus de ces soutiens personnels, la démarche du capitaine Hamari Traoré et de ses coéquipiers de la sélection nationale est également soutenue par certaines associations sportives.

Dans un communiqué en date du 23 juin, l’Union des footballeurs du Mali (UFM) réitère son « appui indéfectible » à l’initiative des joueurs, tout en plaidant pour « une famille du football unie et tournée vers les mêmes objectifs ».

Le Collectif de défense des intérêts du football malien (CDIFM) est également monté au créneau pour saluer « le courage et la détermination des joueurs à défendre les intérêts du football malien face aux défis actuels ». « Nous appelons les autorités sportives nationales à écouter attentivement les préoccupations légitimes des joueurs et à engager un dialogue constructif pour résoudre ces questions de manière équitable et transparente », souligne le collectif dans un communiqué en date du 24 juin.

Contrairement à ses anciens coéquipiers de la sélection nationale, l’ancien capitaine des Aigles et actuel sélectionneur national des Aiglons (Sélection U20), Soumaïla Coulibaly, fustige l’attitude de la bande à Hamari Traoré. « L’équipe nationale, c’est notre force. Tous ceux qui veulent parler, il faut les dégager. Ces joueurs n’ont encore rien fait pour le Mali. Les autorités doivent prendre des décisions. Nous avons la chance de créer l’histoire avec d’autres joueurs, mais pas avec ce groupe qui ne nous a rien apporté depuis qu’il participe à la CAN », s’est-il indigné sur les ondes d’une radio de la place, allant jusqu’à évoquer une radiation pure et simple de « tous les infiltrés de ce groupe, y compris des membres du staff ».

Quel avenir pour la sélection ?

Alors que le Mali est en quête d’un nouveau sélectionneur en vue du début des éliminatoires de la CAN 2025, en septembre prochain, et la reprise des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, en mars 2025, l’incertitude plane sur l’ossature de l’équipe nationale pour ces rendez-vous futurs. Le Comité exécutif de la fédération malienne de football devrait se réunir dans les prochains jours pour « prendre des décisions », selon une source interne.

« Si la fédération n’analyse pas bien la situation, avec beaucoup de discernement, elle peut empirer, parce que si sanction il y a à l’encontre d’Hamari Traoré, les autres joueurs seront solidaires avec leur capitaine », estime un journaliste sportif.

Avec la menace des joueurs de ne pas participer aux prochains matchs de qualification, l’épée de Damoclès plane d’ores et déjà sur l’équipe nationale. « Le nouvel entraineur aura la lourde tâche de rassembler les joueurs. Mais est-ce qu’il prendra le risque de se passer de tout ce lot de joueurs en partant sur une nouvelle équipe composée majoritairement de U23 et de joueurs locaux ? » s’interroge un analyste.

Pour M. Niono, même s’il pense que la situation n’arrivera pas au point où les joueurs mettront leur menace à exécution, l’avenir de l’équipe nationale dépendra de la gestion de cette crise au niveau de la fédération. « Si les dirigeants de la fédération se radicalisent et que les joueurs font pareil de leur côté, la sélection nationale sera détruite », alerte-t-il.

« On peut se retrouver dans une situation de traversée du désert comme après 2005, avec la génération des Kanouté, où il a fallu attendre jusqu’en 2012 pour aller chercher une médaille de bronze à la CAN après notre absence en 2006 et les éliminations aux premiers tours en 2008 et 2010 », prévient l’analyste.

AFG Lease : le produit d’AFG Bank pour répondre aux besoins en équipements

AFG Bank a procédé ce 20 juin 2024 au lancement de sa nouvelle offre de crédit-bail, appelé AFG Lease. Un produit qui s’appuie sur 6 années d’expérience de leasing et s’inscrit dans une nouvelle dynamique enclenchée par la banque.

La nouvelle dynamique enclenchée par la BICIM, devenue le 9 mai  2024 AFG Bank « se caractérise par une approche basée sur le client ». Un nouvel élan qui lui permet de « repenser l’offre de crédit-bail », plus « agile, personnalisée et plus compétitive ». Conçue pour soutenir les entreprises dans un environnement en constante évolution, la nouvelle offre propose des conditions financières plus avantageuses, une simplification des démarches, un élargissement de l’éventail des produits et un accompagnement sur mesure.

Avec les années d’expérience, AFG Lease promet d’offrir des solutions pour chaque type d’entreprise. Des PME aux grandes entreprises en passant par les professionnels, parmi lesquels notamment les professionnels de la santé. Avec AFG Lease, la banque entend renforcer sa place de leader dans le financement d’actifs pour les acteurs des secteurs miniers et réaffirme sa mission de soutenir le développement économique de ses clients, convaincue que la nouvelle offre leur apportera les ressources nécessaires pour atteindre leurs objectifs.

Partenaires stratégiques

Mode de financement basé sur l’accompagnement à travers un crédit-bail, cette offre permet d’acquérir des équipements à travers la location contre le paiement de loyers et assorti d’une possibilité d’achat après le paiement total.

La nouvelle offre s’est élargie à travers une déclinaison de 6 produits portant sur le matériel roulant, les matériels de BTP, les équipements d’exploitation industrielle, les équipements high-techs médicaux, les équipements professionnels d’impression et les équipements d’énergie solaire. Une offre particulièrement prisée en cette période de crise énergétique. AFG Lease ambitionne d’être un service simple, rapide et flexible. C’est une offre adaptée aux besoins et à la trésorerie du client  et lui donne la facilité d’un paiement échelonné.

Il bénéficie en outre d’une gamme complète avec AFG Assurances, parce que les matériels financés doivent être assurés ainsi qu’une offre de géolocalisation pour garantir le suivi du matériel qui est d’ailleurs matérialisé à travers un contrat avec les partenaires d’AFG Bank.

Pour mener à bien un tel projet, AFG Bank s’appuie sur des partenaires stratégiques reconnus dans le domaine pour la fourniture des équipements qui répondent à des normes standards. Le leasing est « un produit non contraignant qui permet d’atteindre l’objectif fixé », témoigne un client ayant déjà fait appel à ce type de contrat. Une offre qui lui a en outre permis d’élargir ses activités.

 

Éric Sékou Chelle et les Aigles : l’aventure aura duré deux ans

Le monde du football est très exigeant. Une accumulation de mauvais résultats coûte très souvent cher. Nommé en mai 2022 en remplacement de Mohamed Magassouba, le sélectionneur des Aigles Eric Sékou Chelle a été limogé de son poste le 13 juin.

La décision a été prise par le Comité exécutif de la Fédération malienne de football réuni en session extraordinaire. Les responsables de la FEMAFOOT n’ont pas dévoilé les raisons du limogeage de Chelle dans leur communiqué. Mais ce dernier paie très certainement les résultats des deux derniers matchs des Aigles, ainsi que sa communication, jugée approximative. Pourtant, le bilan chiffré d’Éric Sékou Chelle a la tête des Aigles est assez flatteur. En 23 matchs, il en a remporté 14, pour 6 matchs nuls et 3 défaites, 42 buts inscrits et 12 encaissés. Mais cela n’a pas suffi. Depuis la cruelle élimination face à la Côte d’Ivoire lors de la CAN, où sa responsabilité a été engagée par plusieurs acteurs, la pression s’était intensifiée autour du sélectionneur. Beaucoup lui ont reproché ses changements face aux Eléphants et plus récemment, à domicile, contre les Black Stars du Ghana (Défaite 1-2). Le match nul face à des Malgaches réduits à 10 depuis la 15ème minute, qui fait stagner les Aigles à la 4ème place de leur groupe de qualification pour le Mondial 2026 restera donc comme la dernière rencontre dirigée par Chelle. Il est à noter que les conditions de voyage chaotiques n’ont pas favorisé une bonne prestation de l’équipe, arrivée en Afrique du Sud seulement quelques heures avant le match. Éric Sékou Chelle fait aussi certainement les frais de sa mauvaise communication en tant que sélectionneur. Il avait déclaré qu’Yves Bissouma, l’une des stars de l’équipe, était légèrement en dessous d’autres joueurs dans son système en losange. Il a par la suite regretté ses propos sur une radio. Lors de ce passage médiatique, il a confié avoir été surpris comme tout le monde de voir Adama Noss Traoré prendre le ballon pour tirer le penalty face à la Côte d’Ivoire. Un penalty raté que beaucoup de Maliens ont du mal à digérer. Certains ont estimé qu’il jetait son joueur en pâture. La FEMAFOOT est désormais en quête d’un nouveau sélectionneur pour les échéances à venir. Le nom de Florent Ibenge, ancien coach de la RDC, a été évoqué, mais des sources proches de la fédération ont démenti tout contact avec le Congolais.

EDM-SA : aux trousses des mauvais payeurs

Énergie du Mali (EDM-SA), qui assure la fourniture de l’électricité dans le pays, croupit sous le poids des dettes depuis des années. Plusieurs services de l’Administration publique doivent beaucoup d’argent à cette société, dont la direction semble désormais résolue à se faire payer. Alors que la crise énergétique perdure depuis bientôt une année, le recouvrement de ces débits, de plus de 90 milliards de francs CFA, pourrait contribuer en partie à l’amélioration de la distribution du courant électrique et à la diminution des délestages.

Halte aux mauvais payeurs ! Le geste en a surpris plus d’un et continue de faire couler beaucoup d’encre. Le  11 juin 2024, EDM a coupé l’alimentation en électricité dans certaines agences de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP), en raison d’importants arriérés de factures.

« Les services de recouvrement d’EDM sont passés à la SOMAGEP. Quelques agences commerciales ont été coupées. Cependant, la Direction générale et les unités de production n’ont pas été touchées. Des actions sont en cours pour faire face aux factures impayées », a confirmé dans la foulée à Studio Tamani Abdoul Karim Koné, Chargé de communication de la SOMAGEP. Selon nos informations, les impayés cumulés de la SOMAGEP, à eux seuls, s’élèveraient à plus de 33 milliards de francs CFA.

Cette société sœur d’EDM-SA est-elle la première sur la liste d’une campagne de recouvrement en vue ? Contacté par nos soins, le département de la Communication d’EDM-SA n’a pas donné suite à nos sollicitations. Mais tout porte à croire que la Direction générale de la société ne s’arrêtera pas en si bon chemin, d’autant plus que la liste des mauvais payeurs de la société est longue.

Plus de 90 milliards dus

Départements ministériels et même Présidence de la République, établissements publics à caractère administratif, structures relevant du Budget national et des budgets régionaux ou autonomes. Presque toute l’Administration publique malienne cumule des mois, voire des années, de factures impayées à EDM-SA, pour de l’électricité déjà consommée ou des travaux réalisés pour son compte.

Selon une enquête menée par nos confrères de l’hebdomadaire Le Soft en mars dernier, les factures impayées d’électricité des services publics du Mali se chiffraient  à la somme de 90 213 726 071 francs CFA à la date du 7 février 2024. La Présidence de la République, la Primature et les départements ministériels cumuleraient plus de 21 milliards de factures impayées, plus d’un milliard au niveau de la Présidence et plus de 200 millions à la Primature.

Dans le lot des services administratifs regroupant les directions nationales, les services déconcentrés de l’État, les directions d’académies d’enseignement, les camps militaires, entre autres, la seule Direction de l’académie d’enseignement de la Rive gauche du District de Bamako présente à elle seule une ardoise de 3 471 360 470 francs CFA. La Direction générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique suit, avec 1 757 697 969 francs de factures impayées.

Alors qu’elle croupit sous le poids de la dette auprès des banques, selon certains  analystes, EDM-SA pourrait améliorer sa trésorerie et mettre fin, ou du moins diminuer significativement, les coupures d’électricités auxquelles elle est contrainte depuis des mois, si la totalité des montants qui lui sont dus sont recouvrés. D’où la nécessité d’inclure une campagne de recouvrement des impayés parmi les actions amorcées pour la résolution de la crise énergétique.

Problème récurrent

De gros montants de factures impayées à EDM-SA par l’administration malienne, la situation n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, le problème persiste sans être véritablement résolu. Non seulement les structures concernées ne règlent pas les anciennes factures, mais elles continuent de les accumuler au fil des mois et des années.

En 2017, Dramane Coulibaly, alors Directeur Général d’EDM-SA, avait amorcé une vaste campagne de recouvrement des créances, estimées alors à plus de 40 milliards de francs CFA. Sous sa direction, l’entreprise publique de distribution de l’électricité avait élaboré des orientations stratégiques parmi lesquelles, entre autres, le renforcement du contrôle et de la lutte contre la fraude et les déviances, le dimensionnement des investissements par la planification stratégique, la réduction des tensions de trésorerie et des risques fiscaux et l’amélioration substantielle du niveau des recouvrements. « EDM SA est une société commerciale qui distribue de l’électricité aux clients et, en retour, ceux-ci doivent s’acquitter de leurs factures pour la bonne marche de la société. Le but n’est pas d’humilier quelqu’un, mais de faire en sorte de maintenir EDM-SA debout. À Énergie du Mali, tous les clients sont égaux. C’est pour cette raison que chacun doit s’acquitter de ses factures afin de mieux contribuer au fonctionnement, à la distribution et à la performance financière de la société », avait tancé l’ancien Directeur général.

Plusieurs institutions de la République, à l’instar de l’Assemblée nationale et de départements ministériels, ainsi que de grandes entreprises de la place avaient fait les frais de cette campagne de recouvrement en étant momentanément privés d’électricité par EDM-SA. À l’époque, seuls la Présidence de la République, la Primature, le ministère des Affaires étrangères ou encore les services de l’Armée malienne étaient en règle avec Énergie du Mali.

Mais cette politique de recouvrement des créances fera long feu. Dramane Coulibaly sera relevé de son poste de Directeur général d’EDM-SA en mars 2018, après juste deux années aux commandes. Selon certaines indiscrétions, sa gestion, bien qu’ayant permis à la société de recouvrer d’importantes sommes, aurait provoqué l’ire de certains caciques du régime de l’époque.

Pour certains, la période actuelle de transition, où la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des biens publics est érigée publiquement en combat prioritaire des autorités, est un moment propice pour recouvrer les sommes que l’Administration publique doit à EDM-SA.

Actions diverses

Outre les montants faramineux des factures impayées qui handicapent significativement la bonne marche d’EDM-SA, la situation de crise énergétique à laquelle elle n’arrive pas à faire face efficacement depuis des mois est due à plusieurs autres facteurs dont, entre autres, l’augmentation de la demande en énergie et les difficultés d’approvisionnement en hydrocarbures.

Avec l’engagement des plus hautes autorités de la Transition, certaines pistes de solutions ont été amorcées sur le court et le moyen terme. Le 7 mars 2024, un protocole d’accord de gestion de la dette bancaire d’EDM-SA a été signé entre le ministère de l’Économie et des finances et l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF-Mali), consistant à atteler la période de remboursement de ladite dette (plus de 300 milliards de francs CFA), sur une période de 10 ans, à un taux voisin du taux du guichet marginal de la BCEAO, avec un différé de paiement d’une période d’un an.

« Cette  restructuration de la dette bancaire nous permettra d’avoir plus de trésorerie disponible », avait salué le Directeur général d’EDM-SA, Amadou Djibril Diallo, qui avait par ailleurs annoncé une  poursuite de l’amélioration de la gouvernance, la diminution des charges et la digitalisation des services pour les flux d’encaissement essentiels dans la gestion de la crise.

Dans le cadre des efforts consentis vers la souveraineté énergétique dans les prochaines années, le Président de la Transition a également récemment lancé la construction d’au moins trois centrales solaires dans le pays (200 MW sur 314 hectares à Sanankoroba, 100 MW sur 228 hectares à Safo et 100 MW sur 120 hectares à Tikadougou-Dialakoro).

Par ailleurs, pour renforcer le parc de production de la société Énergie du Mali, le Chef de l’État a remis au département de l’Énergie le 6 juin 2024 un premier lot de 15 groupes électrogènes, qui sera complété par un second lot de 10 groupes pour un total d’une capacité totale de 27,25 MW.

Euro : L’Allemagne accueille l’Europe

C’est ce vendredi que l’Allemagne ouvre le bal de son « Euro » face à l’Écosse. À l’Allianz Arena de Munich, la Nationalmannschaft va lancer une compétition  de football très attendue.

La sélection nationale allemande ambitionne de faire mieux que les clubs de Bundesliga qui ont disputé et perdu des finales européennes cette saison (Dortmund, Bayer Leverkusen). Mais les Allemands ne préparent de la meilleure des manières ce championnat d’Europe. Après un nul contre l’Ukraine (0-0 le 3 juin), puis une victoire étriquée contre la Grèce (2-1 le 7 juin), une altercation a éclaté entre deux de ses joueurs le 10 juin, Antonio Rüdiger et Niclas Füllkrug. Ce dernier n’a pas apprécié un tacle trop appuyé de son coéquipier, adversaire en finale de Ligue des Champions. Proches d’en venir aux mains, ils ont été séparés par le staff technique. L’Allemagne n’a plus remporté l’Euro depuis 1996 et reste sur des derniers tournois très décevants. La France, l’une des favorites, s’avance avec un peu plus de certitude. Finalistes de l’Euro en 2016, Champions du monde en 2018, finalistes du Mondial 2022, Didier Deschamps et ses joueurs sont habitués à performer lors des grandes compétitions. L’équipe, qui sera emmenée par Kylian Mbappé, le néo-madrilène, est logée dans le groupe D avec la Pologne, l’Autriche et les Pays-Bas. La Fédération française de football a fixé comme objectif à l’équipe d’atteindre au minimum les demi-finales. Selon l’observatoire du football CIES, qui a procédé à une analyse de la compétitivité des équipes engagées, la France, l’Angleterre, l’Espagne et l’Allemagne sont les mieux placées pour atteindre le dernier carré de la compétition. Si les Three Lions anglais sont parmi les grands favoris, leur sélectionneur Gareth Southgate s’est montré lucide sur son avenir après la compétition. « Si nous ne gagnons pas, je ne serais probablement plus là. C’est peut-être ma dernière chance », a-t-il assuré. Après avoir manqué le titre de peu à domicile il y a trois ans, tout autre résultat qu’une victoire finale serait considéré comme un échec pour les Anglais. L’étude du CIES exclut l’Italie, Championne d’Europe en titre, et également le Portugal. La Seleçao de Cristiano Ronaldo, qui va disputer son sixième Euro, un record, dispose pourtant d’une très bonne équipe sur le papier. Les Lusitaniens ont remporté l’intégralité de leurs rencontres de qualification en étant la meilleure attaque (36 buts inscrits) et la meilleure défense (2 buts encaissés).

Boni : blocus ou pas blocus ?

Depuis plusieurs mois, la ville de Boni, dans la région de Douentza, est soumise à un blocus imposé par les terroristes de la Katiba Serma, affiliée au JNIM. Malgré les alertes, la désertion de plusieurs habitants de la ville vers les localités avoisinantes et même la présence de l’armée malienne dans la zone, la situation perdure depuis près d’un an.

Le 3 juin dernier, lors de la traditionnelle conférence de presse mensuelle de la DIRPA, le Colonel-major Souleymane Dembélé a indiqué que les FAMa ne constataient pas de blocus à Boni et que dans cette ville l’armée avait sa réalité et les populations la leur. Loin d’être avancés pour nier la réalité sur le terrain, ces propos du Chef de la DIRPA font ressortir la complexité de la situation dans cette ville depuis de longs mois.

En effet, certes les combattants de la Katiba Serma maintiennent Boni sous blocus en bloquant l’axe Sévaré-Gao, empêchant les camions d’entrer ou de sortir de la ville, mais ils ne s’en prennent pas directement à l’armée malienne. Selon des informations recoupées auprès de sources locales, le blocus sur Boni a été initié en représailles contre les habitants de la ville et comme un moyen de pression indirect de la part du JNIM pour obtenir des concessions de la part de l’armée.

Départ exigé de « Wagner »

À en croire nos sources locales, la Katiba Serma a imposé et maintient le blocus en raison de la présence de partenaires russes dans la ville aux côtés de l’armée malienne. « Avec l’arrivée des Russes, la population se réjouissait, parce qu’il y avait de plus en plus de liberté de mouvements. Pour la Katiba Serma, cette joie des populations en raison de la présence des Russes est mal passée. C’est donc pour cela qu’ils ont décidé de faire souffrir la ville en imposant ce blocus », explique une de nos sources.

Après des discussions avec des émissaires de la ville, les combattants de la Katiba Serma ont exigé le départ des partenaires russes de la zone comme principale condition pour la levée du blocus. Mais pas que. Ils exigeraient également, selon nos informations, que les populations de Boni se mobilisent pour obtenir la libération de leurs hommes à chaque fois qu’ils sont capturés par l’armée et qu’elles cessent  toute collaboration avec les FAMa. Des conditions que les habitants de Boni ne peuvent satisfaire.

« Jusque-là, toutes les voies de négociation n’ont rien donné. Les habitants ne cherchent donc qu’à sortir de la ville, là aussi avec des risques de tomber sur des EEI ou d’être arrêtés et pris en otage », glisse une autre source.

Radicaux étrangers

Outre la présence des partenaires russes à Boni, qui dérange les terroristes de la  Katiba Serma, le groupe serait influencé, selon nos sources, par les positions de certains de ses membres étrangers, très radicaux.

Le 30 août 2022, certains combattants avaient accepté de lever  un premier blocus qui était alors en vigueur sur la ville depuis quelques mois. Cette levée du blocus avait été effective après qu’un accord verbal ait été trouvé entre eux et des émissaires de Boni. La Katiba Serma demandait notamment en retour aux habitants de ne plus communiquer d’informations aux FAMa, mais aussi de permettre à ses combattants d’accéder au marché de la ville pour s’approvisionner sans être dénoncés et de ne pas s’interposer entre eux et l’armée malienne.

L’accord durera un peu moins d’un an, avant que le blocus ne reprenne à partir de juillet 2023. « Les premiers acteurs qui avaient accepté la levée du blocus étaient des combattants jeunes, issus pour la plupart de la localité. Mais, après, ils ne se seraient pas compris avec les autres membres du groupe, majoritairement étrangers, qui ont décidé d’imposer à nouveau le blocus », révèle notre source.

Grève des Banquiers : la fin du bras de fer ?

Le Syndicat national des Banques, Assurances, Établissements Financiers et commerces du Mali (SYNABEF) a mis fin à son mouvement de grève le 10 juin 2024. Déclenché le 5 juin 2024 suite à l’arrestation et à la mise sous mandat de dépôt de son Secrétaire général, Hamadoun Bah, suite à une plainte pour faux et usage de faux. Cet énième mouvement, entamé à quelques jours de la fête de Tabaski, met à mal les droits des usagers. Au-delà, il traduit un malaise croissant entre les autorités et le syndicat et une forme de pression qui menace la paix et la justice sociale.

Pour protester contre l’arrestation le 5 juin 2024 du Secrétaire général du SYNABEF, Hamadou Bah, le syndicat a déclenché un arrêt de travail de 72 heures, décidé le 6 juin. Un mouvement largement suivi qui a été prolongé jusqu’au 10 juin. Exigeant la libération de son leader, le syndicat n’a mis fin à la grève qu’après la libération de ce dernier, qu’il considère plutôt comme victime de son action syndicale.

Mais la grève de 5 jours a eu des conséquences importantes sur les nombreuses opérations en cette veille de fête. « On est en pleine campagne de Prêt Tabaski.  C’est vrai qu’il y avait un service minimum, et cela pas dans toutes les banques, et qu’il ne concerne souvent que le ravitaillement des GAB ou l’ouverture d’un ou deux guichets », constate un cadre de banque. Cet arrêt a donc sérieusement ralenti les opérations, surtout en ce qui concerne les demandes, qui en principe ne prennent que 48 heures. Une situation qui fera que certains ne toucheront leurs Prêts Tabaski qu’après la fête.

Pour ceux qui devaient effectuer des opérations de retrait, il fallait être très patient le 11 juin. Des centaines de personnes ont d’assaut très tôt les différentes agences des banques. Arrivé aux environs de 8 heures, un client d’une des grandes banques de la place patiente. « Il y a 299 personnes avant moi », dit-il avec le sourire. À voir le nombre de personnes en attente, les agents risquent de travailler bien au-delà des heures de service, qui n’ont pas changé, confie un agent de sécurité.

Conséquences fâcheuses

Dans un communiqué publié le 9 juin 2024, les associations de consommateurs s’étaient indignées de la situation et avaient condamné ce mouvement, qui portait atteinte aux droits des consommateurs. L’Association des Consommateurs du Mali (ASCOMA), l’Association pour l’Assistance et la Défense des Consommateurs du Mali (ADAC – Mali) et le Regroupement des Consommateurs du Mali (REDECOMA) avaient regretté la fermeture de certaines banques et établissements financiers et de  certaines stations « dans un mépris total des usagers de ces secteurs économiques ». Dénonçant cette façon d’agir de ces structures, qui « violent les droits élémentaires des consommateurs, dont celui à l’information et celui à la satisfaction des besoins élémentaires », les associations s’étaient engagées à agir avec les moyens légaux pour remettre les consommateurs dans leurs droits.

Pour Abdrahamane Tamboura, économiste, l’une des conséquences de cette grève pourrait être l’effritement de la confiance des usagers dans les services bancaires. En ces périodes d’incertitude, ceux-ci pourraient avoir le réflexe de préférer garder des liquidités sur eux plutôt que dans les banques. Pour l’État et les entreprises, cela pourrait aussi entraîner des retards de paiement et provoquer des tensions en cette période de forts besoins. Pour les acteurs économiques, ces retards influencent l’activité de façon générale. Pour l’État, qui compte plusieurs fournisseurs en attente, la poursuite du mouvement aurait signifié un risque supplémentaire de tensions, d’où son intervention « contre son gré », puisqu’il s’agit d’une affaire judiciaire. Les banques sont aujourd’hui dans une position de force par rapport à l’État car au niveau de la sous-région, pour ses levées de fonds, ce sont principalement les établissements bancaires qui répondent à ses sollicitations. Compte tenu de cette situation et de la défaillance de l’État dans la gestion de certains aspects, l’autorité est sous la menace de la « tentation » à la grève. Et, avec cette première « victoire », les banques n’hésiteront plus à répéter leur mouvement pour demander la satisfaction de leurs revendications. Un recours qui n’est d’ailleurs pas exclu par les responsables du SYNABEF, qui estiment que la trêve sociale n’est pas synonyme de renoncement au droit de grève.

Apaisement

Reçu par les plus hautes autorités dès les premières heures de la grève, le Secrétaire général de la principale centrale syndicale, par ailleurs Président du Conseil Économique, Social, Culturel et Environnemental, s’est réjoui du dénouement de la crise. « Nous sommes responsables à l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM). Nous avons toujours agi avec la manière pour atteindre les résultats », s’est exprimé Yacouba Katilé à l’issue de la remise en liberté le 10 juin du Secrétaire général du SYNABEF, également Secrétaire général adjoint de l’UNTM. Une joie et un soulagement sans triomphalisme cependant, avait tenu à préciser le Secrétaire général de l’UNTM. « Son retour est un moment de satisfaction et prouve la force de notre engagement commun ». « Vous avez démontré que l’UNTM est une force unie et résiliente. Elle est capable de surmonter les épreuves avec dignité et fermeté. Il est crucial d’aborder cette victoire avec une attitude d’apaisement et de conciliation », avait encore insisté M.Katilé, qui a en outre salué  le respect par les autorités de leurs engagements. Pour le Secrétaire général du SYNABEF, il s’agit d’un « sentiment de fierté d’appartenir à un syndicat responsable ». Et de « prouver au monde que nous pouvons être solidaires dans l’unité et dans l’action ». Même si pour les syndicalistes ce compromis est une contribution à la préservation de la paix sociale, il s’agit pour certains observateurs d’une « victoire » et d’une « pression » au détriment de l’indépendance de la justice. En effet, la plainte pour faux et usage de faux, bien qu’ayant été retirée par la partie civile, est une action publique qui suit normalement son cours. Une affaire encore en instruction sur laquelle ne se prononce pas Maître Ladji Traoré, l’avocat de la partie civile.

Rebondissement à craindre ?

Fallait-il aller déclencher un mouvement de grève pour une affaire de faux et usage de faux impliquant deux particuliers, même syndicalistes ? Si les choses continuent de cette façon, il est à craindre une immixtion de l’État dans une affaire privée, au risque d’influencer la décision judiciaire, s’inquiète M. Tamboura. D’ailleurs, les deux syndicats de magistrats, à savoir le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA) et le Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM), s’étaient exprimés le 7 juin 2024 dans un communiqué. Déclarant suivre « avec une particulière attention l’évolution du traitement par le Pôle national économique et financier de la procédure pénale mettant en cause un individu pour des faits de faux et d’usage de faux », ils ont invité leurs collègues magistrats à « rester sereins », tout en leur donnant l’assurance que « force restera à la loi et que l’égalité de tous devant la justice pénale sera également respectée ».

En situation de force, les banques n’ont pas hésité à créer une paralysie sans tenir compte des besoins des usagers, déplore M. Tamboura. Un choix peu appréciable de « mettre l’État en état de faiblesse ». Or, il s’agit plutôt d’une période à mettre à profit pour redonner à l’État son autorité et empêcher que des individus ne lui en imposent. Outre le syndicat des banques, d’autres pourraient s’impliquer, remettant du coup en cause l’esprit du Pacte de stabilité signé entre l’État et les partenaires sociaux en août 2023. Une situation à ne pas encourager. Il faut plutôt faire la part des choses et instaurer une véritable communication entre l’État et ces partenaires sociaux afin de gérer les éventuels conflits et surtout pour éviter à l’avenir que la justice soit à la merci de n’importe quelle pression.

Transition : quel bilan 3 ans après la « rectification » ?

Le 7 juin 2021, le Colonel Assimi Goïta était investi Président de la Transition, après avoir mis deux semaines plus tôt, le 25 mai 2021, « hors de leurs prérogatives » le Colonel-major à la retraite Bah N’Daw et Moctar Ouane, alors respectivement Président et Premier ministre de la Transition. 3 ans plus tard, le nouvel attelage Goïta – Maïga a réalisé des avancées notables, non sans quelques points négatifs. Alors que la période transitoire devrait encore s’étendre sur plusieurs mois, retour sur le bilan de la rectification et les perspectives futures.

L’an III de la Transition s’amorce sur les prémices d’une éventuelle rupture entre les alliés stratégiques depuis la rectification de mai 2021 : les militaires de l’ex CNSP et le M5-RFP. Cela pourrait constituer un tournant majeur dans la nouvelle année qu’elle entame. La tendance de ce mouvement proche du Premier ministre a publié le 24 mai dernier un mémorandum assez critique sur la gestion des militaires durant les 12 derniers mois. Le signataire du mémorandum, Boubacar Karamoko Traoré, Président par intérim du M5 tendance Choguel a été interpellé quelques jours plus tard dans les locaux de la Primature. Il a été placé sous mandat de dépôt le 28 mai pour outrage à magistrat, atteinte au crédit de l’État et diffusion de propos mensongers attribués à des tiers. Son jugement est prévu pour le 1er juillet. Cette arrestation, la deuxième d’un très proche du Premier ministre après Abdel Kader Maïga, ainsi que « l’assentiment » donné à une tendance du M5 dirigée par l’Imam Oumarou Diarra et Mountaga Tall, illustre les tensions entre les militaires et le Premier ministre. Dans le mémorandum, il est dénoncé une rupture du pacte le 1er juillet 2023, lors du remaniement ministériel qui a débarqué les ministres du M5-RFP du gouvernement « sans consultation ni proposition de Dr. Choguel K. Maïga, en sa double qualité de Premier ministre et de Président du M5-RFP ».

Pour le politologue Dr. Bréhima Mamadou Koné, une éventuelle rupture entre le M5 et les militaires n’aurait aucune conséquence pour la suite de la Transition parce que « le M5 a été surestimé, en réalité, aujourd’hui c’est une coquille vide, sans contenu ».

Si la 3ème année de la rectification s’ouvre sur cette détérioration apparente des relations entre la branche du M5-RFP fidèle au Premier ministre et les autorités militaires de la Transition, elle aura été, tout comme les deux années précédentes, marquée par plusieurs évènements majeurs.

An III dans la continuité

Après avoir mis fin à l’opération Barkhane, tourné le dos à la France, après une série de brouilles diplomatiques entre les deux pays, et annoncé le retrait du Mali du G5 Sahel, les autorités de la Transition sont restées dans la dynamique de rupture enclenchée depuis le second coup de force de mai 2021.

Le 16 juin 2023, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Abdoulaye Diop demande devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le retrait sans délai de la MINUSMA, accusant la mission onusienne d’être devenue une partie du problème malien en alimentant les tensions communautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et arguant que la MINUMSA n’avait pas atteint son objectif fondamental. Cette demande sera approuvée deux semaines plus tard par le Conseil de sécurité, qui décidera le 30 juin 2023 de mettre fin au mandat de la mission onusienne après 10 ans de présence dans le pays. Ce retrait de la MINUSMA est effectif depuis le 31 décembre 2023, mais la phase de liquidation est encore en cours.

Dans la foulée de ce départ des forces onusiennes, l’armée malienne reprend les différents camps de la Mission et entame une reconquête du territoire marquée par la reprise de la ville de Kidal, le 14 novembre 2023. Deux mois après, le 25 janvier 2024, le gouvernement de transition annonce la fin de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, signé en 2015 avec les groupes armés indépendantistes.

Le 16 Septembre 2023, le Burkina Faso, le Niger et le Mali signent la Charte du Liptako-Gourma, actant la création de l’Alliance des États du Sahel, avec pour objectif d’établir une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle entre les 3 pays, qui annonceront plus tard, le 28 janvier 2024, leur retrait de la CEDEAO.

Sur un autre plan, longtemps voulu mais toujours abandonné par la suite par les anciens Présidents, le passage à la 4ème république a été acté le 22 juillet 2023, avec la promulgation par le Président de la Transition de la nouvelle Constitution, largement plébiscitée lors du référendum du 18 juin 2023.

« Pour moi, le bilan positif de l’an III 3 de la transition se limite à la réussite de la récupération de Kidal. C’est une vraie victoire militaire et politique, un symbole fort et le couronnement d’une volonté politique clairement affichée. Mais en dehors de Kidal, pour le reste c’est un désespoir profond. La Transition navigue à vue, sans vision ni perspectives, et on avance en essayant de communiquer pour occulter les vrais sujets », estime Dr. Amidou Tidiani, enseignant-chercheur à l’Université Paris-13.

Bilan global mitigé

Pour les proches du Premier ministre, depuis la rectification de la trajectoire de la Transition, les résultats du changement pour la refondation du Mali sont « irréfutables, visibles et tangibles à tous les niveaux ».

 « C’est un bilan satisfaisant. Quand on prend les 5 axes principaux du Plan d’action gouvernemental approuvé par le CNT en août 2021, on se rend compte qu’il y a eu des avancées dans presque tous les axes. Il n’y a que sur l’axe de l’organisation des élections générales qu’on peut estimer d’une certaine manière que les autorités de la Transition n’ont pas réussi », argue un collaborateur du Premier ministre. Toutefois, lors de son dernier passage devant le CNT, en avril 2022, les membres de l’organe législatif de la Transition s’étaient montrés très critique à l’égard du Premier ministre. Il est de nouveau convoqué par le CNT à une date qui n’est pas encore connue.

Dr. Amidou Tidiani résume pour sa part ce bilan en quatre étapes : l’étape du tâtonnement, l’étape de la résistance, celle de la victoire militaire et ensuite les « déconvenues de la gestion politique et économique ». Pour lui, cette dernière étape jette un « gros point négatif » sur le bilan global de la Transition. « Les opposants se retrouvent malmenés. On essaye de faire taire toute forme d’opposition politique et toute idéologie contraire est opprimée. En plus, aujourd’hui, économiquement nous avons un État dont les finances publiques sont calamiteuses, privé de toute capacité d’investissement et qui a du mal à résoudre la crise énergétique qui secoue le pays », déplore l’universitaire. Le 10 avril dernier, les autorités de la Transition ont annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations.

Perspectives

Le Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a recommandé une prolongation de 2 à 5 ans de la durée de la Transition et formulé plusieurs autres recommandations, dont certaines pourraient être prioritaires pour la suite de la Transition en fonction de la décision des plus hautes autorités.

L’organisation de l’élection présidentielle semble être reléguée au second plan et pour beaucoup la question sécuritaire doit continuer d’être prioritaire sous la Transition. « La priorité reste la sécurisation de l’ensemble du territoire national. Il faudra la poursuivre jusqu’à la stabilisation du pays, parce qu’il n’est pas facile de combattre le terrorisme, malgré les capacités opérationnelles renforcées de l’armée sur les théâtres d’opérations », souligne Dr. Bréhima Mamadou Koné.

« Après, il reviendra aux autorités de juger d’organiser ensuite des élections si les contextes sécuritaire et sociopolitique le permettent et si elles jugent être en capacité de mobiliser les ressources financières nécessaires », poursuit-il.

Au-delà de la question des élections, qui ne semble pas prioritaire, le Mali, le Burkina Faso ainsi que le Niger vont amorcer l’après CEDEAO à partir de janvier 2025. Un retrait de l’instance sous-régionale qui pourrait avoir un effet papillon sur les acquis entre les différents États et s’étendre à la question monétaire, le franc CFA étant très souvent pris pour cible.

Mais, pour Dr. Tidiani, si la Transition devait se poursuivre, il faudrait un « changement d’hommes ». « Quand on regarde aujourd’hui le gouvernement de Transition, on ne voit personne avec de véritables perspectives susceptibles de sortir le pays de la crise. Ce n’est pas tant le résultat des trois années passées qui pose problème, mais beaucoup plus l’absence de perspectives pour la suite », glisse l’enseignant-chercheur.