Ras Bath : le chroniqueur porte plainte contre le procureur Idrissa Touré

En détention provisoire à la prison centrale de Bamako, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath porte plainte auprès du Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako contre le Procureur de la commune IV, Idrissa Hamidou Touré, en protestation de son arrestation.

La plainte de Ras Bath contre, ldrissa Hamidou Touré, Procureur de la République du tribunal de grande instance de la commune IV et toutes autres personnes que l’enquête découvrira date du 29 mai dernier.  Il accuse le Procureur de la commune IV de «forfaiture, de simulation d’infraction, arrestation illégale et séquestration ». Le chroniqueur et ses conseillers protestent contre les chefs d’accusations que le procureur de la commune IV a retenu contre lui.

Le plaignant estime que le procureur s’est servi de sa fonction de procureur pour l’arrêter de façon illégale pour une infraction qu’il n’a jamais commise.  « Ce qui rend mon arrestation illégale et transforme ma détention en séquestration, faits prévus et réprimés par l’article 237 du Code Pénal », souligne Ras Bath.  Tout en protestant contre la « simulation d’infraction » utilisée pour l’arrêter.

Pour, l’Avocat, Me Mahamadou Camara, cette plainte pose un problème de fond. Car ayant un conseil d’avocats pour sa défense, la plainte est signée de lui. Alors que le plaignant est déjà sous le coup d’un mandat de dépôt, avec des faits bien définis. Selon Me Camara, en accusant le Procureur des mêmes faits qui lui sont reprochés, Mohamed Bathily, excelle plus dans la communication, afin d’attirer l’opinion nationale et internationale sur son incarcération.

Me Camara rappele qu’il sera difficile que cette plainte aboutisse, pour la simple raison qu’un procureur dans l’exercice de sa fonction ne peut faire l’objet de poursuite judiciaire.

Pour rappel, le 11 mars dernier,Ras Bath déclarait lors de la troisième conférence nationale du parti ASMA-CFP que l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a été assassiné. Ces propos lui ont valu d’être interpellé par le procureur de la République de la Commune IV le 13 mars 2023, puis placé sous mandat de dépôt pour « simulation d’infraction ». Après son audition, le mercredi 29 mars dernier, il est également poursuivi pour « association de malfaiteurs, atteinte au crédit de l’Etat pris dans sa gouvernance judiciaire et politique ». Des poursuites passibles d’une peine allant à une dizaine d’années d’emprisonnement ferme.

Enlèvements : comment se déroulent les négociations ?

Qu’ils soient Occidentaux ou Africains, les otages des groupes terroristes au Sahel sont rarement libérés sans contreparties. Avant d’aboutir aux libérations, des négociations sont menées. Parfois longues et à rebondissements, elles sont conduites dans une grande discrétion.

Dès la prise d’otages, une première revendication est généralement faite par le groupe qui détient les captifs. « Une  vidéo dans laquelle l’otage s’exprime et qui fait en même temps office de preuve de vie », explique une source proche des négociations avec le JNIM.

À l’en croire, à partir de ce moment, le pays d’où est originaire l’otage cherche un médiateur. Ce dernier se dirige ensuite vers les ravisseurs. « Cela peut être aussi des coups de téléphone, mais c’est plutôt rare, parce que tout le monde écoute tout le monde dans la zone », nous glisse-t-elle.

Les ravisseurs posent ensuite leurs conditions au médiateur, qui  rend compte à son tour à un représentant des pays concernés ou à un diplomate. Les services de renseignement de certains pays sont généralement impliqués, selon notre source.

Le médiateur repart à nouveau vers les ravisseurs, avec une réponse qui est souvent la demande d’une preuve de vie particulière des otages, à travers des questions intimes auxquelles seuls ces derniers peuvent répondre. « Par exemple, la date de son mariage, ou celle de la naissance de son premier fils ». Il revient vers ses employeurs avec les réponses et repart avec de nouvelles questions.

« Cela peut prendre des semaines, voire des mois. Généralement ça bloque sur deux choses. Le montant, parce qu’il n’y a pas de prix fixe. On fait monter les enchères. Ensuite, comme preuve de bonne foi, on peut amener des médicaments à l’otage jusqu’à sa libération ».

Une fois que les deux parties tombent d’accord, le processus de libération est enclenché. Un dispositif de sécurité est mis en place pour s’assurer que toutes les conditions sont réunies. Selon notre interlocuteur, tout est calibré. « Les djihadistes ont le temps de compter l’argent et de se mettre en sécurité et l’otage repart avec le médiateur ou l’intermédiaire ».

Dans la plupart des cas, les otages sont très peu tenus au courant de l’évolution des négociations. Olivier Dubois, otage français libéré des mains du JNIM en mars dernier après près de 2 ans de captivité, assurait dans la longue interview qu’il nous a accordée ensuite qu’il était maintenu dans le flou.

« Seul moment où je comprends qu’il y a des négociations, c’est en novembre 2021. Parce qu’ils viennent me voir pour tourner une vidéo preuve de vie. On me dit qu’ils sont en train de discuter avec les Français et que ces derniers demandent cette vidéo. Mais je n’étais pas tenu au courant de ce qui se passait ».

JNIM : le lucratif business des enlèvements

Même s’il n’en détient pas le monopole, le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) a érigé au fil des années les enlèvements au Sahel en modus operandi. Depuis que sa rivalité s’est accentuée, à partir de février 2020, avec l’EIGS (État islamique au grand Sahara), le groupe d’Iyad Ag Ghaly a multiplié les rapts. Expatriés européens, nationaux de divers profils, la liste des otages passés, ou qui sont encore dans les mains du JNIM au Mali, est longue. Que tire ce groupe terroriste de ces enlèvements ?

Officiellement, pour la libération le 20 mars 2023 de l’ex-dernier otage français dans le monde, Olivier Dubois, détenu pendant près de deux ans par le JNIM, et de l’humanitaire américain Jeffrey Woodke, enlevé au Niger en 2016, les autorités françaises et américaines sont catégoriques : aucune rançon n’a été versée et aucune libération de prisonniers n’a servi de monnaie d’échange.

Mais difficile de s’en tenir à ces versions quand on sait que dans la plupart des enlèvements d’Occidentaux en Afrique, la libération n’intervient qu’après des paiements de rançons et/ou la remise en liberté de terroristes prisonniers. À en croire certaines sources issues du renseignement malien et relayées par des médias locaux, au moins quelques millions d’euros auraient été versés pour obtenir la libération des deux ex-otages.

L’ancien Président François Hollande reconnaissait en 2016  que des rançons avaient été payées pour certains Français retenus en captivité, en l’occurrence les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier, enlevés en Afghanistan en 2009 et libérés en 2011, et  Florence Aubenas, enlevée en 2005 en Irak puis libérée quelques mois après.

Comme pour Olivier Dubois, près de 3 ans plus tôt, Paris a toujours démenti avoir payé, en plus d’échange de prisonniers,  pour la libération de Sophie Pétronin, autre otage française longtemps détenue au Mali et libérée en octobre 2020 en même temps que l’ancien Chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé et 2 Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli.

Dans la foulée, sur RFI, Ahmada Ag Bibi, ancien membre d’un groupe djihadiste qui sert quelquefois d’intermédiaire lors des négociations, affirmait que 2 millions d’euros avaient été versés comme rançon au JNIM  pour l’ancien Président de l’URD, décédé depuis.

De l’argent et des concessions

La manne financière que le JNIM et les groupes terroristes tirent des enlèvements est très importante. Une source spécialiste de ces mouvements djihadistes l’estime à « 40 à 50 milliards de francs CFA perçus de 2003 à aujourd’hui ». « La prise d’otages européens  a fait des djihadistes au Sahel des milliardaires en francs CFA, cela ne fait aucun doute », avance cette source, qui a requis l’anonymat. De son point de vue, c’est d’ailleurs pour cette raison que les Occidentaux, et plus particulièrement les Européens, sont les cibles privilégiées du JNIM, parce que les pays d’où ces derniers sont originaires entament vite des négociations pour obtenir leur libération.

« Lorsqu’ils prennent des Européens et des Africains, ils libèrent plus rapidement les Africains pour deux raisons. D’abord, parce que ces derniers n’ont pas de valeur marchande, leurs États n’ont pas d’argent pour payer. Ensuite parce qu’ils font attention à ne pas enlever des locaux dans les zones qu’ils occupent. Cela pourrait amener des relations difficiles entre eux et les autochtones », explique notre source.

En dehors de l’argent qu’il perçoit à travers les rapts, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al Qaeda, tire d’autres avantages. « Les enlèvements rapportent soit de l’argent, soit une occasion de négocier pour aboutir à des concessions ou obtenir des accords. Souvent, ils enlèvent des chefs de villages pour faire un forcing afin d’obtenir un accord local ou un avantage quelconque », affirme un ex-otage malien.

« Dans le centre du Mali, quand le JNIM enlève des personnalités locales, politiques ou influentes dans un village ou dans une ville, il négocie des concessions qui peuvent être endogènes. Si, par exemple, on les empêche de se ravitailler en carburant dans un village qui fait de l’autodéfense, s’ils y enlèvent quelqu’un ils poussent les pions pour qu’on leur ouvre la route, qu’ils puissent quelquefois venir à la foire se ravitailler en denrées, acheter des engins ou vendre leur bétail », confie celui qui a passé deux mois au centre du Mali en 2018 dans les mains d’un groupe affilié au JNIM.

Selon lui, d’autres profils en dehors des Occidentaux intéressent le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly. Administrateurs civils, militaires, politiques ou encore journalistes, « dès  qu’ils jugent pouvoir tirer contrepartie d’une cible, ils n’hésitent pas ». Dans plusieurs cas, les libérations d’otages interviennent aussi après celle de prisonniers, de certaines voies ou encore l’obtention d’une garantie de non coopération avec l’armée de la part des populations.

Manque de ressources ?

C’est inédit. Quatre vidéos de revendication d’otages enregistrées et diffusées sur les réseaux sociaux en l’espace de quelques jours (entre le 28 et le 30 mai 2023). Jamais le JNIM n’avait autant « exhibé » ses captifs dans un délai aussi court. Comme à l’accoutumée dans ce genre de vidéos, le message de fond reste le même. Les otages, 1 Sud-africain et 3 Maliens, appellent les autorités de leurs pays et leurs familles à négocier leur libération.

Dans deux vidéos enregistrées le 26 mai et diffusées deux jours plus tard, le Sud-africain Gert Jacobus van Deventer, 48 ans, demande d’urgence de l’aide ou toute forme d’assistance pour faciliter ou activer toute action qui puisse conduire à sa libération.

Pour sa part Abdou Maïga, ancien député, et proche du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga selon certaines sources, appelle également le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, et le Chef du gouvernement à tout faire pour négocier sa libération, affirmant souffrir de glaucome, de diabète et de tension.

« J’ai été arrêté par les djihadistes le 18 mars 2023 entre Koala et Nara et actuellement je suis en vie. J’étais blessé le jour où l’on m’a arrêté. Actuellement, je suis en bonne santé. Je veux que le gouvernement m’aide pour que je rentre à la maison », implore de son côté, dans une autre vidéo enregistrée le 28 mai, le Caporal Oumar Diakité, élément du 34ème Bataillon du Génie militaire.

Tout comme lui, le même jour, Abdoulaye Kanté, garde forestier enlevé fin mars dans un poste à Kita, demande dans une autre vidéo de l’aide des autorités, à ses collègues et à sa famille pour recouvrer la liberté.

La nouvelle méthode employée par le JNIM, d’autant plus avec des otages relativement peu connus, suscite des interrogations. Le groupe est-il en manque de ressources financières et est-il en train d’activer des leviers de négociations pour le combler ? Est-il en train d’expérimenter une nouvelle stratégie ? Pour l’analyste sécuritaire, spécialiste des groupes djihadistes du centre et du nord du Mali, Yida Diall, la réponse à ces deux interrogations est négative.

« Pour moi, ces vidéos ne sont  pas pour chercher de l’argent, parce que en général les otages africains ne sont pas susceptibles de faire gagner beaucoup aux terroristes. Je pense qu’ils sont en train de le faire pour un autre motif, un échange de prisonniers. Ces derniers mois, ils ont eu certains lieutenants importants arrêtés, certains, pendant que Barkhane était encore là et d’autres avec la montée en puissance de l’armée ».

Quelques otages occidentaux, dont la « valeur marchande » est réputée plus grande, sont toujours aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Parmi eux, entre autres, le quadragénaire roumain Iulian Ghergut, enlevé en avril 2015 au Burkina Faso puis transféré vers le Mali, et trois Italiens, Rocco Antonio Langone et Maria Donata Caivano, 64 et 62 ans, et leur fils Giovanni, 43 ans, capturés au Mali  le 19 mai 2022.

Abdramane Niama Togora : « L’arrêt n’a pas beaucoup impacté le monde humanitaire »

Il y a maintenant plus de six mois que l’aide publique française au développement a été suspendue au Mali. Cela a-t-il eu un impact sur le monde humanitaire ? Abdramane Niama Togora, Coordinateur national des sites de déplacés internes à la Direction nationale du Développement social répond à nos questions.                                                   

Quel est votre constat sur le fonctionnement des ONG humanitaires qui bénéficiaient de l’appui de la France depuis l’arrêt des financements de l’AFD au Mali ?

Suite à l’arrêt des activités des ONG qui opéraient sur financement français, nous avons tout de suite fait une évaluation et il s’est avéré qu’il y en avait à l’époque une vingtaine. Mais très peu opéraient dans le monde humanitaire, dans lequel nous évoluons. Il y avait des programmes dont les sources de financement étaient variées, donc, du coup nous n’avons pas constaté d’arrêt d’ONG qui avaient un financement français. D’autres partenaires financiers se sont proposés pour soutenir celles qui opéraient dans le monde humanitaire.

Quelle a été votre stratégie pour éviter tout impact ?

Après la décision, on a tenu une réunion rapidement avec OCHA, le Bureau de  coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Mali pour évaluer l’impact que cela pouvait avoir. Il s’est trouvé qu’il y avait très peu d’impact. Nous évoluons dans un système de clusters, c’est-à-dire si un acteur se trouve dans l’incapacité de soutenir une population malgré ses engagements, un autre acteur  peut se positionner pour combler le vide. C’est avec ce système qu’on a vraiment pu soutenir les populations qui étaient dans le besoin suite à l’arrêt des financements français.

Quelles sont les ONG qui bénéficiaient de ces financements ?

Les financements étaient surtout orientés vers des ONG qui étaient là généralement pour soutenir les collectivités dans les actions de développement, comme la réalisation d’infrastructures communautaires ou des activités sociales.

Quel sont les rapports actuels entre l’État et les ONG ?

Ces ONG continuent d’évoluer. Récemment, on a une réunion de coordination autour des sites de Bamako, où il y a beaucoup d’ONG qui ont des staffs français et qui ont leur siège social en France. Mais ce n’est pas un problème, parce que les ONG sont là pour soutenir le gouvernement dans la protection générale de sa population. Il n’y a pas de rapport ambigu. Ces ONG continuent d’évoluer normalement, même si certaines ont quand même dû libérer un certain nombre de personnes parce qu’à leur niveau le recrutement est lié à des financements.

Festival grillade de Bamako : l’événement reporté sine die

Le rendez vous culinaire initialement prévu du 1 au 4 juin 2023 a été repoussé à une date ultérieure. L’annonce a été faite par ses organisateurs ce jeudi 25 mai lors d’un point de presse.

 Les passionnés du Festi grille (Festival grillade de Bamako) devront prendre leur mal en patience. L’événement annoncé pour jeudi prochain a été reporté sine die par ses initiateurs. Pour cause : un contentieux entre les organisateurs du Festival et d’autres promoteurs d’un évènement du même genre. « Nous sommes engagés actuellement dans une procédure judiciaire, cela étant en cours, nous avons décidé de reculer la date de notre festival. Après la décision de la justice, nous annoncerons les nouvelles dates », explique Ousmane Barry promoteur du festival grillade de Bamako.

Le festival culinaire, qui est à sa huitième édition cette année, a vu le jour en 2015. Sous le thème « la cohésion sociale et la paix » lors de sa première édition, « l’évènement avait pour but de réunir les Maliens de tout bord autour d’une table à manger afin de faire la paix », justifie son promoteur. Initié par l’association Afric’art Culture, il a surtout pour objectif principal de créer un cadre de rencontres pour faire la promotion de la cuisine africaine et malienne.

Convention 189 de l’OIT : le MTC plaide pour sa ratification par le Mali

Avec pour objectif d’amener les autorités politiques du Mali à ratifier et mettre en application la Convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT) permettant aux travailleurs et travailleuses domestiques de jouir effectivement de leurs droits à la protection sociale, le Mouvement des travailleurs croyants du Mali (MTC-Mali) a organisé jeudi 25 mai 2023 une journée de plaidoyer à Bamako. Plusieurs travailleuses domestiques de la capitale, des membres du CNT et des représentants des pouvoirs publics y ont pris part.

« Oui à la valorisation des droits des travailleurs domestiques par la ratification de la C189, stop aux violences basée sur le genre ». C’est le thème de cette journée de plaidoirie tenue à l’hôtel Millénium de Bamako. Pour le MTC-Mali, et l’Etat malien et le groupe cible (travailleurs et travailleuses domestiques) gagneraient si la Convention 189 de l’OIT est ratifiée. Parmi les retombées possibles, le mouvement met en avant, entre autres, la conformité de l’Etat malien avec les engagements pris au niveau international, la réduction des conflits sociaux de travail, ce qui va contribuer à créer un climat de paix sociale propice à la productivité, l’extension des systèmes de prévoyance sociale aux travailleurs et travailleuses domestiques grâce à leur immatriculation, ou encore l’amélioration de l’image de marque du pays.
La Conférence Internationale du Travail de l’OIT a adopté le 16 juin 2011, la convention 189 sur le travail décent pour les travailleurs et travailleuses domestiques qui est entrée en vigueur depuis le 5 septembre 2013. Le Mali, qui compte plus d’un million de travailleurs et travailleuses domestiques dans différents secteurs d’activité sur son territoire et plus d’un million de maliens expatriés dont certains travaillant comme des travailleurs ou travailleuses domestiques dans d’autres pays d’accueil, n’a pas encore ratifié cette convention.
« Nous interpellons le gouvernement, les membres du CNT et les délégués des ministères à s’associer à nous afin que cette convention qui est en vigueur soit ratifiée et mise en œuvre au Mali pour que les travailleurs et travailleuses domestiques soient mis dans leurs droits », a plaidé Mme Sanou Hortense Dembélé, présidente du Mouvement des travailleurs croyants du Mali
« Après le plaidoyer, nous attendons de nos ministères, qu’ils le prennent à bras le corps, et se disent que cette lutte n’est pas seulement pour ce mouvement qui se bat à travers ses petites forces mais que c’est une lutte de tout un peuple parce qu’aujourd’hui nous défendons un Mali nouveau et cela ne peut voir le jour que lorsque tous les maliens sont mis dans leurs droits, vivent dans la paix et bénéficient des avantages de leur travail », a-t-elle insisté.
Cette journée de plaidoirie, à laquelle étaient présentes en masse des travailleuses domestiques de Bamako, a été mis à profit pour véhiculer des messages de sensibilisation à travers des sketchs, non seulement pour la ratification de la convention 189 de l’OIT mais également sur l’arrêt des violences basées sur le genre dont sont victimes certaines de ces travailleuses domestiques.
Pour l’ancien Premier ministre Moussa Mara, parrain de la journée de plaidoirie, il faudrait « tout faire pour que cette convention 189, si elle ratifiée, qu’elle puisse être appliquée, contrôlée et surveillée à travers des interpellations régulières du ministre au niveau du CNT ». « Ces travailleurs et travailleuses à domicile sont d’abord des citoyens qui ont les même droits que tous et ils sont indispensables dans nos vies et domiciles. Je voudrais que nos autorités fassent de cette question une question majeure », a-t-il souligné
Quant à Adama Fomba, membre du CNT, représentant le président de la Commission Culture, Magma Gabriel Konaté, il a assuré que le CNT ne ménagera aucun effort et fera tout son mieux pour le respect des droits de tous les Maliens. « Il est important que nous nous donnions la main pour l’amélioration de vie et des conditions de ces travailleuses. Elles méritent un meilleur traitement. Le Mali que nous voulons n’est pas possible si nous ne respectons pas le droit de tout un chacun », a-t-il indiqué.
Le Mouvement des Travailleurs Croyants du Mali est un mouvement d’action catholique crée en 1985 au Mali. Il est affilié au Mouvement Mondial des Travailleurs Chrétiens qui a été créé dans les années 1967 et regroupant 156 pays sur 4 continents. Le MTC milite au sein de deux réseaux nationaux, le réseau de défense de droit des travailleurs domestiques et le Réseau Multi-acteurs droit à la protection Sociale, International Network for Social Protection Rights Mali (INSPIR-Mali). De 2017 à nos jours plus de 3 000 travailleurs et travailleuses domestiques ont bénéficié des formations dans ses centres au Mali.

Union africaine : 60 ans après, quel bilan ?

La date est symbolique. Ce 25 mai 2023, le continent célèbre les 60 ans de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA) en 2002. Avec quelques avancées, même si elle peine encore dans la mise en œuvre de ses priorités stratégiques, dont le cap est fixé à l’horizon 2063, l’Union africaine doit aujourd’hui également faire face à d’autres défis.

« Notre Afrique, notre futur ». Ce slogan, consacré pour la célébration de la Journée de l’Afrique cette année, où le continent fête les six décennies de la création de l’Organisation de l’unité africaine, montre à quel point l’espoir d’un avenir meilleur pour l’Afrique reste encore une priorité, même s’il l’était déjà lorsque les Pères des indépendances africaines portaient l’Organisation sur les fonts baptismaux le 25 mai 1963.

Des avancées

Certains analystes soulignent des avancées dans la marche du continent vers le progrès et l’unité depuis 1963. Pour Seidik Abba, journaliste et écrivain, elles sont beaucoup plus visibles sur les plans de l’intégration des communautés économiques régionales et de la volonté politique des États-membres.

À l’en croire, les choses sont lentes, mais elles avancent. « Il y a beaucoup de résultats qui ont été obtenus depuis que l’Union africaine a remplacé l’Organisation de l’unité africaine en 2002 », soutenait-il en juillet dernier sur un média étranger lors des 20 ans de l’UA.

Dr. Abdoul Sogodogo, spécialiste des relations inter-États, est du même avis. « On constate un changement de paradigme. Si l’OUA avait mis la focale sur l’indépendance du continent, l’UA a travaillé à la mise en place d’un système de sécurité collective sur le continent africain et initié un Nouveau partenariat pour le développement (Nepad). Le Nepad et les mécanismes de sécurité collective (Aspa) marquent la volonté du continent de prendre en main son destin ».

Dans son rapport de mandat 2017 – 2021, la Commission de l’Union africaine faisait ressortir en matière d’intégration régionale, son attachement à stimuler le commerce intra-africain, à faciliter la libre circulation des personnes et à renforcer les mécanismes de responsabilisation dans le domaine de l’agriculture.

Comme étapes importantes vers cette intégration, le rapport mettait en exergue l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine ( Zlecaf), le lancement du Marché unique du transport aérien africain (Saatm), la création du Mécanisme africain de coopération policière (Afripol), dont le siège est en Algérie, l’adoption du Protocole sur la libre circulation et du passeport africain et la mise en place du Mécanisme d’examen biennal pour l’Agriculture.

Encore du chemin

Si l’OUA avait montré ses limites dans l’atteinte de ses objectifs et donné naissance à l’UA, qui a depuis pris le relais, cette dernière a été vite confrontée aussi à un handicap majeur, celui de la multiplication des conflits sécuritaires sur le continent. Au début des années 2000, il n’y avait pas de crise aussi grave que celle que connaît le Sahel aujourd’hui. Cette situation a, selon certains observateurs, ralenti les efforts de l’Union dans d’autres domaines vers l’atteinte de ses objectifs, puisque désormais la résolution des crises sécuritaires sur le continent s’est imposée en priorité au fil des années.

Par ailleurs, selon Dr. Abdoul Sogodogo, l’unité du continent, l’un des objectifs majeurs de l’Union africaine, n’a pas encore été atteinte et l’organisation reste dépendante d’autres puissances mondiales. « L’Afrique est encore un objet du jeu international. D’autres acteurs, plus influents sur la scène internationale, sont encore déterminants dans les choix politiques et économiques de l’UA. En fait, l’UA reste dépendante du financement des puissances occidentales (UE, OCDE, USA, etc.) et même asiatiques (Sommet Chine – Afrique) », regrette le Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP).

Pour autant, cet enseignant-chercheur n’est pas pour une réforme de l’Union africaine. « Je ne pense pas que des réformes soient nécessaires. Il faut juste plus de courage politique aux dirigeants africains, surtout aux chefs d’États », préconise-t-il

Conférence internationale sur la RSE : une 3ème édition axée sur la finance verte

 

« La finance verte et les investissements responsables : facteur de développement durable au Mali ». C’est le thème de la 3ème édition de la Conférence internationale sur la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) tenue le 23 mai 2023 à la Pyramide du souvenir de Bamako.

L’objectif de cette édition était de favoriser la transition énergétique et écologique afin de lutter contre la dégradation environnementale et le réchauffement climatique au Mali.

Organisée par l’IRSE (l’institut dédié à la thématique au Mali), elle a mobilisé, comme lors des éditions précédentes, de nombreux participants à travers trois panels de haut niveau.  L’ouverture officielle des travaux de la conférence a été suivie d’une visite des différents stands d’entreprises présentes pour l’occasion.

« L’Afrique et plus précisément le Mali dispose d’énormes potentialités qu’il faut exploiter et cette exploitation doit se faire avec l’implication de tous sans exception, car ceux qui ont misé sur ces technologies en recueillent aujourd’hui les fruits en termes d’emploi et de croissance », a souligné Souleymane Ben Deka Diabaté, promoteur de la Conférence.

« Je pense que notre devoir est de prendre conscience de notre responsabilité vis-à-vis de l’impact de nos activités sur le développement durable. La réussite de cette préparation passe avant tout par la communication, sensibilisation, et les entreprises du secteur privé devront y jouer un rôle essentiel », a-t-il insisté.

Divers panels

Le premier panel, animé par le représentant de M. Mossadeck Bally, par ailleurs haut patron de l’édition de cette année était axé sur  le thème principal de la conférence, avec d’autres intervenants à l’instar du Directeur général de l’AER, Dr Souleymane Berthé, Daouda Coulibaly, PDG de Sama Money et du CEO Cluster Digital Africa, Amadou Diawara.

« L’impact des TICs sur les problématiques du développement durable ». C’est le thème lors du 2ème panel animé par le Professeur en science de gestion Boubacar Sakho, Mohamed Diawara, DG de Computech et le Directeur général de Malinova Sarl, Abida Mahamane Touré.

Le troisième panel a été consacré au « leadership des femmes pour la résilience, l’investissement dans la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique ». Il a été animé par le représentant d’ONU Femmes, M. Hady Sangaré, le fondateur de l’Institut RSE, Moussa Ben deka Diabaté et l’ancienne ministre de l’environnement, Directrice de Energia, Mme Keita Aida M’bo.

« Cette conférence va impulser une nouvelle dynamique dans la prise en compte de la RSE par le secteur privé. Nous souhaitons fortement votre engagement à nos côtés pour une synergie d’actions afin qu’un maximum de sociétés et entreprises maliennes s’approprient ce concept qui contribue à l’atteinte des Objectifs de développement durable », a déclaré, par ailleurs, cette dernière, à l’endroit du président du CNPM.

L’IRSE , créée 2009, a pour vision, un réseau de cabinets avec une synergie des compétences qui crée des opportunités aux institutions, collectivités, États et autres partenaires pour une maîtrise de leur environnement économique et social par la création de valeur ajoutée. Elle a pour mission d’y parvenir à travers des expertises.

Promotion du livre et de la lecture : les journées internationales du livre au Mali lancées

C’est une édition spéciale qui sert de trait d’union entre l’organisation des journées nationales du livre qui a déjà connu quatre éditions et le Salon internationale du livre de Bamako (Saliba) dont la relance est prévue pour mai 2024. Ouvertes mercredi 24 mai 2023, les journées internationales du livre du Mali initiées par l’Organisation malienne des éditeurs de livres (OMEL) se tiennent jusqu’au 28 mai prochain à la Bibliothèque nationale.

« Rôle et place du livre dans le processus de refondation du Mali ». C’est le thème retenu pour cette édition spéciale qui cible en particulier, en dehors du grand public, les professionnels du livre, les scolaires et les universitaires et dont l’objectif général est non seulement de promouvoir la lecture mais aussi l’industrie du livre et la protection de la propriété intellectuelle au Mali.

Durant ces 5 jours autour du livre et de la lecture et à son issue, l’OMEL espère créer un espace de visibilité des productions maliennes, produire un effet médiatique majeur sur la nécessité de l’adoption de la politique nationale du livre et de la lecture et mieux mobiliser les décideurs nationaux sur son urgence.

Pour l’écrivain Samba Niaré, le livre a bel et bien une place et un rôle dans le processus de refondation en cours du Mali. « Les raisons de notre défaillance ne sont pas que politiques, elles sont d’ordre intellectuels », a-t-il soutenu devant quelques personnalités littéraires et politiques présentes à la cérémonie d’ouverture  qui s’est achevée par une visite des stands des maisons d’éditions présentes à ces journées à l’instar, entre autres des éditions Prince du Sahel, Harmattan du Mali,  Figueira, et Asselar. « Il faudrait que le livre contribue à la mise en place des autres sécurités vitales pour le pays », a-t-il ajouté.

Placées sous le haut parrainage du président de la Transition, Colonel Assimi Goita, ces journées internationales du livre au Mali, dont la marraine est Aicha Baba Keita, Présidente de la Forsat Civile s’articuleront autour de plusieurs activités telles que des expositions de livres, des table-rondes, des conférences débats sur le thème générique et des sous-thèmes et des animations autour de la lecture et de l’écriture.  La journée du 25 mai sera dédiée à une visite des Institutions du Mali, le 26 mai aux anciens ministres auteurs pour la plupart et le 27 mai aux Ambassades.

Forum de Bamako 2023 : des recommandations à concrétiser

Les rideaux sont désormais tombés sur la 23ème édition du Forum de Bamako. Les travaux, comme à chaque édition, se sont soldés par une présentation de la synthèse des échanges mais aussi et surtout des points autour  desquels s’articulent les  recommandations et propositions issus du Forum, lors de la cérémonie de clôture tenue samedi 20 mai 2023.

Durant trois jours des experts venus du Mali, du continent africain et d’autres contrées du monde se sont planchés sur des questions liées au développement local. Des échanges que le Pr. Alioune Sall a résumés en 3 étapes analytiques. A l’en croire, après avoir procédé à une clarification conceptuel du terme « développement local », les participants du Forum de Bamako ont ensuite posé un diagnostic avant d’essayer au final d’identifier des éléments de réponses aux différents maux repérés.

Les 8 panels et 2 side events qui ont meublé les trois jours du forum se sont accentués autour de 4 axes majeurs à savoir la prise en compte importante de la démographie, la  transformation structurelle des économies, les dynamiques socio-spatiales et de structures sociales, ainsi que gouvernance la territoriale.

Plusieurs allocutions ont été prononcées au cours de la cérémonie de clôture, notamment celles des représentants diplomatiques (Canada et Suède) et du ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, ou encore du Haut Représentant du Président de la Commission de l’UA, entres autres. Tous ont insisté sur la pertinence du thème autour duquel se sont tenus les échanges du forum et appelé l’Etat du Mali à une prise en compte des recommandations et propositions qui en sont issues.

Toutes ces  différentes recommandations et propositions du Forum n’ont pas été communiquées de manière exhaustive. Dans son résumé, le Professeur Alioune Sall  a surtout effleuré quelques points autour desquels elles seront effectuées plus tard et disponibles dans le rapport détaillé dans les jours qui suivent la fin du forum.

Il s’agit entre autres, d’ « accroitre la compréhension du développement local, expliquer, transformer le monde,  avec une implication plus importante des communautés dans leur propre développement », a-t-il souligné.

« Le niveau local est à investir, et doit être un espace d’actions privilégié pour l’Etat. Cela ne peut être dissocié de la problématique globale de la gouvernance national », a indiqué pour sa part El Ghassim Wane, le Chef de la Minusma qui a par ailleurs proposé que le thème de la prochaine édition porte sur la culture et la paix.

Sécurité alimentaire: le PAM vient en aide aux personnes déplacées internes à Sénou

Afin de leur porter une assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence, le Programme alimentaire mondial (PAM) au Mali, avec le soutien financier du gouvernement du Brésil et en collaboration avec la Direction nationale du développement social  et l’ONG G-Force,  a procédé lundi 22 mai 2023 à une distribution de vivres à 305 ménages de personnes déplacées internes à Sénou dans la région de Koulikoro.

Au total, 2208 personnes déplacées internes sur le site de Sénou bénéficient de cette distribution de vivres à travers un système de carte électronique, chaque ménage bénéficiaire ayant reçu un bon d’achat de 42.000FCFA qu’il va échanger contre les vivres de son choix auprès des commerçants locaux contractés par le PAM pour les desservir sur le site d’accueil.

Ces vivres acquis grâce à la contribution financière du Brésil à hauteur de 80.000 dollars américains,  sont constitués de sacs de riz, de mil, de sucre, de bidons d’huile, de cartons de pâtes alimentaires, de lait en poudre et de savons.

En guise de remise symbolique, cinq femmes représentant leurs ménages ont reçu leurs cartes d’achat électronique des mains de différentes personnalités présentes à la cérémonie en l’occurrence, entre autres, l’Ambassadeur du Brésil au Mali, et le Directeur pays du PAM.

Les bénéficiaires, à travers leurs représentants, ont témoigné du soulagement que leur apporte cette distribution de vivres à leur endroit et remercié l’ensemble des initiateurs, la Direction nationale du développement social, le PAM et le gouvernement du Brésil.

« Je m’incline devant votre courage et votre résilience, en souhaitant que la situation redevienne à la normale pour que vous retrouviez votre famille et puissiez reprendre une vie normale dans laquelle vous sortirez de l’assistance d’urgence à des activités de renforcement de vos capacités de résilience face aux chocs et d’augmentation de vos moyens d’existence », a indiqué Eric Perdison, Directeur pays du PAM au Mali

« Je voudrais réitérer l’engagement du PAM a rester aux côtés du Mali et à multiplier les efforts pour appuyer le Gouvernement malien dans la recherche de moyens et de solutions durables pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des communautés affectées en vue de l’atteinte de l’objectif « Faim Zéro», a-t-il assuré.

Depuis avril dernier, le PAM et ses partenaires apportent une assistance alimentaire d’urgence à 650,000 personnes à travers le Mali, en soutien aux efforts du gouvernement de soulager les populations vulnérables, au nord, au centre et au sud-ouest du pays.

Coton : le Mali veut retrouver sa première place

Après une mauvaise campagne 2022-2023, le Mali a perdu sa première place de producteur de coton au profit du Bénin. Avec 389 700 tonnes produites, il est même troisième, derrière le Burkina Faso. Mais pour la campagne à venir et les prochaines, les acteurs de la filière ont de grandes ambitions.

Ces dernières années, la production cotonnière du Mali ressemble aux montagnes russes. De 700 000 tonnes en 2019, le Mali a chuté l’année suivante à 147 000 tonnes. Une campagne catastrophique et un mauvais souvenir que beaucoup d’acteurs ne souhaitaient plus revivre. Après la reprise en main en 2021, avec un chiffre record de 777 120 tonnes et une prévision de 820 000 tonnes, l’euphorie est retombée face à la réalité du terrain. En début de campagne de la saison 2022-2023, du fait de la hausse des prix des intrants, la filière coton a dû revoir ses ambitions à la baisse et viser l’objectif de 780 000 tonnes. La valeur des intrants placés était de 68,84 milliards de francs CFA contre 86,23 milliards en 2021. En sus, les livraisons ont accusé du retard, ce dont les différents protagonistes se sont accusés, alors que le niveau de production baissait ostensiblement. La production réalisée sera de 389 700 tonnes contre 777 120 en 2021, soit une baisse de 50% due en partie à l’abandon d’environ 150 000 hectares par les producteurs à cause de la pullulation des jassides, repérés pour la première fois au Mali, selon le ministère de l’Agriculture. Il faut y ajouter l’inondation de certaines parcelles, au bord de certains cours d’eau et dans les bas-fonds. Conséquence, le Mali a perdu sa première place au profit du Bénin, qui a enregistré une production de 587 656 tonnes. Le Burkina Faso se classe à la deuxième place avec 411 969 tonnes.

La CMDT place la nouvelle campagne sous le signe du redressement de la production cotonnière, avec un seul objectif, retrouver la place de leader du continent. La production nationale pour la campagne 2023 est estimée à 780 000 tonnes de coton graine, alors qu’au Bénin elle est projetée à 768 000 tonnes. Pour cela, la CMDT espère « un approvisionnement correct des producteurs en engrais ainsi qu’en produits anti-jassides ainsi qu’une bonne pluviométrie ». Alors que la nouvelle campagne devrait démarrer ce mois-ci, les projections pour les prochaines sont déjà connues. Elles sont de 860 000 tonnes pour 2024 et de 910 000 tonnes en 2025. Toutefois, elles peuvent se heurter à l’insécurité et l’augmentation des prix des intrants agricoles avec la guerre en Ukraine. Le coton est avec l’or la principale source de devises du Mali.

Intelligence artificielle : menace ou opportunité ?

Elle est actuellement au centre des débats dans le monde entier. L’intelligence artificielle, qui connait un véritable essor depuis un moment, fascine autant qu’elle inquiète. Au Mali, les évènements et conférences se multiplient pour lever le voile sur les avantages et inconvénients de l’utilisation de ce nouvel outil technologique. Quel impact l’IA pourra-t-elle avoir sur notre vie professionnelle et / ou personnelle ?

L’intelligence artificielle, processus d’imitation de l’intelligence humaine qui repose sur la création et l’application d’algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique, est en train de révolutionner le monde.

Pour partager les dernières avancées et découvertes, enclencher le débat sur son utilisation et proposer des solutions adaptées au contexte malien, l’agence de développement Voolinks, proposant des services de digitalisation et de bases de données, a initié une conférence immersive sur le sujet le 16 mai 2023 à Bamako.

Nouvelles opportunités

Dans le monde professionnel, de plus en plus de personnes s’inquiètent et s’interrogent sur l’avenir de la main d’œuvre humaine, dont les tâches peuvent aujourd’hui toutes ou presque être exécutées par des logiciels ou machines grâce à l’intelligence artificielle.

Mais pour Moussa Kondo, Directeur exécutif de l’Institut sahélien pour la démocratie et la gouvernance, l’IA ne menace pas le secteur professionnel. Elle représente plutôt une opportunité.

« Elle va permettre de recenser beaucoup de données, d’informations et de connaissances en un même endroit. Mais c’est au monde du travail de se réinventer pour être à l’heure de l’intelligence artificielle », plaide-t-il. « Il y a des boulots qui existent aujourd’hui où les gens se font des millions tous les jours mais qui n’existaient pas il y a 5 ans. Il faut juste réfléchir à ce qu’il faut faire pour que les gens répondent à cette nouvelle demande, être à la hauteur et l’adopter dans nos quotidiens », poursuit M. Kondo.

Même son de cloche chez Gabriel Alassane Traoré, Associé-Gérant de Voolinks, qui pense pour sa part que ces inquiétudes se dissiperont avec le temps. Pour lui, l’utilisation de l’intelligence artificielle est beaucoup plus bénéfique dans le monde professionnel qu’elle n’apporte d’inconvénients. « Avec l’intelligence artificielle, je ne vois que des opportunités. En tant qu’entreprise, je pense que les outils qui sont à notre disposition aujourd’hui ne peuvent pas être un frein à notre développement et ne sont que positifs » renchérit-il.

Mais les craintes sont loin d’être levées. Sam Altman, le patron d’OpenAI (le vrai), créateur de l’interface ChatGPT, assure que « l’intelligence artificielle a le potentiel d’améliorer à peu près tous les aspects de nos vies, mais elle crée aussi des risques sérieux ». « L’une de mes plus grandes peurs, c’est que nous, cette industrie, cette technologie, causions des dommages significatifs à la société ».

Forum de Bamako : développement local, paix et sécurité au cœur de la 23ème édition

C’est un rendez-vous devenu important au fil des années pour mener des réflexions et proposer des solutions dans plusieurs secteurs d’activités au Mali et en Afrique. La 23ème édition du forum de Bamako s’est ouverte jeudi 18 mai dans la capitale malienne, réunissant  pendant 3 jours, comme chaque année depuis son institution, d’importantes personnalités autour de différents panels.

« Développement local comme facteur de paix et de sécurité ». C’est le thème retenu pour cette 23ème édition du Forum de Bamako, dont l’ouverture des travaux s’est déroulée à l’Hôtel Azalai en présence de nombreuses personnalités.

« Le développement local signifie donner aux citoyens la possibilité de maitriser leur propre développement en apportant des solutions partagées à des problèmes existentiels concrets. Il n’est plus question de dire à nos populations dans nos contrées éloignées : Je vous développe, cela ne vous regarde pas ! », a souligné Abdullah Coulibaly, Président de la Fondation Forum de Bamako dans son allocution d’ouverture.

« Ce développement autocentré s’appuie tout normalement sur un dialogue permanent entre toutes les composantes de nos sociétés. Agriculteurs, pécheurs, éleveurs, jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, tous unis, mobilisés dans un même élan, animés par une volonté commune de vivre en commun », a-t-il poursuivi.

Dans sa conférence inaugurale, Pr. Alioune Sall, Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, est longuement revenu sur le concept, expliquant ses contours et en mettant en exergue son importance et sa place primordiale dans une bonne gouvernance des Etats.

Programme diversifié

Au menu des échanges pendant les 72h de durée du forum, différents thèmes en lien avec le développement local, seront abordés à travers 8 panels de haut de niveau.

Deux de ces panels, respectivement sur l’ « Aménagement du territoire, de la gouvernance territoriale et du développement local en Afrique : sens, enjeux et défis » et « Dividende démographique, croissance urbaine et dynamiques socio-spatiales des territoires » se sont tenus le premier jour du forum.

La « Disponibilité des services sociaux de base et du capital humain », les  « Enjeux et défis de l’accès à la santé », l’ « Intégration de la dimension genre dans le processus de développement local » et les  « Projets structurants et innovants et leurs impacts sur le développement régional et local », seront au cœur des échanges le 19 mai.

Deux autres panels prévus le 20 mai, dernier jour du forum, sur  les Approches  « sécuritaire, prévention et de paix et  « gouvernance territoriale et locale » clôtureront les échanges du forum avant leur synthèse suivie d’une  présentation des recommandations et propositions  à l’adresse des autorités de transition.

D’ores et déjà, M. Youba Ba, Ministre de l’élevage, représentant le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, a assuré  que le gouvernement ne ménagerait aucun effort dans la prise en compte des recommandations qui seront issus des échanges du forum.

Axé sur les enjeux du développement de l’Afrique, le Forum de Bamako est un lieu et un temps d’échange d’idées et de dialogue où se rencontrent depuis 23 ans, chefs d’entreprise, hommes et femmes politiques, décideurs publics, universitaires, experts, représentants de la société civile et des médias, du continent africain et des autres continents. Il a pour ambition de favoriser le métissage de connaissances et le partage des savoirs dans une approche participative.

Listes électorales ivoiriennes : Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé recalés

À l’ouverture de la révision des listes électorales, en décembre 2022, le Président de la Commission électorale indépendante annonçait les couleurs. Ne jouissant toujours pas de leurs droits civiques, Laurent Gbagbo et son ex codétenu Charles Blé Goudé n’ont pas la qualité d’électeurs.

S’ils sont de retour en Côte d’Ivoire et ont repris, chacun de son côté, leurs activités politiques, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé connaissent des fortunes diverses. Après avoir lancé un nouveau parti politique, Laurent Gbagbo s’apprête à engager ses partisans dans la première élection locale depuis plus de dix ans d’absence sur le terrain politique. Charles Blé Goudé, quant à lui, s’est engagé dans une campagne de « réconciliation » et préfère attendre avant d’engager son parti dans une élection.  Tous deux ont fait acte de réinscription sur les listes électorales en décembre dernier mais n’auront pas gain de cause.

Impasse Selon le Président de la Commission électorale indépendante (CEI), le Code électoral précise qu’on ne s’inscrit qu’une seule fois sur les listes électorales et que l’inscription, en principe, se fait à vie, « sauf dans deux cas ». Elle est suspendue quand l’on est «  déchu de ses droits civils et politique » et est « suspendue définitivement en cas de décès ». Dans le cas de celui qui est déchu de ses droits civils et politiques, après exécution ou bien si le motif qui justifiait sa déchéance disparaît, soit la Commission électorale prend l’initiative de l’inscrire, soit lui-même vient le faire à l’occasion du contentieux lorsqu’il aura constaté que son nom n’y figure pas.

Après avoir obtenu une grâce présidentielle en août 2022, Laurent Gbagbo   continue de réclamer « une amnistie » afin de lui permettre de participer pleinement au différents processus électoraux à venir. Si cette situation perdure, il sera écarté d’office de l’élection présidentielle de 2025 pour laquelle il se prépare, le Code électoral ivoirien stipulant que nul ne peut être éligible s’il n’est électeur. Une sorte d’épée de Damoclès qui pèse au-dessus de sa tête et qui lui impose un « autre combat ». Des observateurs politiques s’interrogent aussi sur la participation ou non de son parti aux élections locales à venir. Un boycott, qu’il soit « actif ou pacifique », pourrait à nouveau crisper un climat politique largement apaisé depuis le retour de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé.

Référendum : comment les partis politiques se préparent ?

Le référendum constitutionnel, prévu pour le 18 juin prochain, approche à grands pas. À deux semaines de l’ouverture de la campagne référendaire, la classe politique continue d’être divisée sur la légalité de ce scrutin, mais aussi sur la consigne de vote à donner. Malgré les divisions apparentes, les partis politiques ne comptent pas le boycotter. Si certains affichent déjà leur option pour le « Oui », d’autres, opposés au projet pour la plupart, jouent la carte de la prudence.

Le compte à rebours est bien lancé dans les partis politiques depuis l’annonce de la convocation du collège électoral le 5 mai dernier. Répondant à l’appel du Président de la Transition pour contribuer à la vulgarisation du texte du projet de nouvelle Constitution, certains s’investissent auprès de leurs bases pour une meilleure imprégnation de leurs militants. C’est le cas de l’URD, dont le « Oui » au référendum était un secret de polichinelle, ou encore de l’ADP-Maliba de l’ancien candidat à la présidentielle Aliou Boubacar Diallo.

Le parti de la Poignée de mains est d’ailleurs déjà dans l’arène, avec la Forsat Civile, pour la campagne de vulgarisation et surtout pour une victoire du « Oui » le 18 juin. Le 13 mai 2023, le Forum des forces du changement  (FFC), dont le Président de l’URD Gouagnon Coulibaly avait annoncé la gestation en début d’année, lors de la présentation de ses vœux à la presse, a été officiellement lancé. Outre ces deux fers de lance, il regroupe près d’une vingtaine d’organisations de la société civile, dont, entre autres, Yerewolo Debout sur les remparts et le Mouvement Mali Espoir (MME). Selon les responsables du FFC, une stratégie efficace de campagne sera définie dans les prochains jours pour atteindre une « victoire écrasante du Oui » à l’issue du référendum.

Même combat, approche différente. À l’ADP-Maliba, on mise beaucoup plus sur l’appropriation du document du projet de nouvelle Constitution au niveau des bases du parti. « Notre travail de vulgarisation se  matérialise au niveau de nos rentrées politiques à Nioro du Sahel, à Yanfolila et à Dioïla. Nous avons saisi l’occasion de ces différentes rencontres pour remettre symboliquement des copies du projet de Constitution à nos représentants qui viennent de ces sous-sections pour qu’ils le vulgarisent auprès de nos militants à la base », confie Me Abdoulaye Sidibé, Secrétaire général du parti.

« Prudence »

Au Rpdm comme chez les Fare An ka wuli, le ton est tout autre. Le parti de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui a déjà appelé les autorités de la Transition à abandonner le projet d’adoption d’une nouvelle Constitution, estime qu’il n’est pas encore question d’appeler au Oui ou au Non tant « que nous ne serons pas sûrs que la version finale du document est effectivement celle dont nous disposons ». À  en croire une source au sein du parti, plusieurs versions du projet de Constitution circulent et le risque que les partis politiques se prononcent sur la base d’un document non officiel est réel.

Le Rpdm de Cheick Modibo Diarra, malgré ses réserves sur le changement de Constitution, compte bien lui se plier à la volonté de la majorité des Maliens, mais continue toujours de plancher en interne sur la conduite à tenir face à ce « cas spécial, que le parti doit aborder avec sagesse », selon son Vice-président Yagaré Baba Diakité.

Reconquérir l’opinion

Selon Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13 (Sorbonne – Paris Nord), les partis politiques ne pourront pas se préparer en seulement un mois pour aller à ce référendum dans les conditions maximales. Mais, au-delà du timing, ils doivent faire également face à un défi de taille, celui de la reconquête de l’opinion populaire parce que, avance-t-il, « aujourd’hui ces partis politiques sont discrédités et c’est aussi en partie l’échec de cette classe politique qui justifie l’important soutien des populations au gouvernement de transition ».

À l’en croire, par ailleurs, rares sont les partis politiques qui oseront faire campagne pour le « Non » au risque d’être confrontés à un rejet de la population. « À mon sens », conclut-il, « ceux qui sont opposés au projet opteront pour l’option du silence plutôt que pour une véritable campagne ».

Trachome : le Mali a éliminé la maladie selon l’OMS

L’organisation mondiale de la santé a annoncé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Mali et au Bénin. Le trachome devient ainsi la première maladie tropicale négligée à être éliminée au Mali. 

Le trachome est une infection oculaire bactérienne due à la bactérie nommée Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet d’une personne à une autre par l’intermédiaire des doigts, des objets ou des mouches contaminés ayant été en contact avec des écoulements provenant des yeux ou du nez d’une personne infectée. Car les facteurs de transmissions du trachome comprennent une mauvaise hygiène, la promiscuité, un accès insuffisant à l’eau et à des installations sanitaires appropriées.  Non traité, le trachome peut provoquer une cécité irréversible.

Selon l’OMS, en Afrique, le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 84 millions, passant de 189 millions en 2014 à 105 millions en juin 2022, ce qui représente 84% du fardeau mondial du trachome. La maladie se rencontre principalement dans les zones les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient.

Au niveau mondial, le Bénin et le Mali rejoignent ainsi 15 autres pays qui ont été validés par l’OMS pour avoir éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. Il s’agit du Cambodge, de la Chine, de la Gambie, du Ghana, de la République islamique d’Iran, de la République démocratique populaire lao, du Malawi, du Maroc, du Mexique, du Myanmar, du Népal, d’Oman, de l’Arabie saoudite, du Togo et de Vanuatu. Cependant, affirme l’organisation, le trachome reste endémique dans 23 pays en Afrique.

Pour arriver à l’éradication, Bamako a appliqué des interventions chirurgicales pour traiter les complications tardives du trachome, des antibiotiques pour éliminer l’infection, la propreté du visage et l’amélioration de l’environnement, en particulier l’accès à l’eau et à l’assainissement, pour réduire la transmission. « La charge du trachome pesait lourdement quand le programme a démarré et, néanmoins, le Mali a montré ce qu’on pouvait réaliser sous le sceau de la collaboration et du partenariat. Je suis fier de prendre part à cet incroyable accomplissement avec mes concitoyens et souhaite que ce soit une inspiration pour d’autres pays engagés dans une même lutte » indique le Professeur Lamine Traoré, Coordinateur du Programme National de la Santé Oculaire (PNSO) du Mali. Une enquête faite en 1996 constatait la présence du trachome dans la quasi-totalité du pays avec presque 10 millions de personnes courant le risque de devenir aveugle.

L’infection touche essentiellement les enfants. Chez les adultes, les femmes courent jusqu’à deux fois plus de risques que les hommes d’être touchées par les complications cécitantes du trachome selon l’OMS. L’organisation mondiale se fixe désormais 2030 comme la nouvelle échéance pour l’élimination mondiale du trachome en tant que problème de santé publique.

Plateau technique : prise en charge difficile de certaines maladies

Le système de santé malien fait face à de nombreux défis, notamment le faible taux du rehaussement des plateaux techniques, la vétusté et l’inadaptation des infrastructures, l’insuffisance et l’obsolescence des équipements. Des écueils qui compliquent la prise en charge des certains malades.

La ministre de la Santé et du développement social a effectué une visite, le 15 mai dernier, à l’unité de radiothérapie de l’hôpital du Mali pour s’enquérir de l’avancée des travaux d’installation du nouvel accélérateur linéaire. Cet appareil, qui utilise des ondes électromagnétiques, traite plus efficacement les cas de cancers, car, selon des experts, il s’attaque directement aux cellules cancéreuses. Revers de la médaille, cet appareil est le seul de ce type dans tout le Mali, où la prise en charge du cancer se fait essentiellement par chimiothérapie. Double revers, l’appareil n’est pas encore opérationnel car des travaux additionnels sont nécessaires. À terme, il va remplacer un accélérateur disponible depuis 2012 mais vétuste et le plus souvent en panne. « Dès ma toute première visite, j’ai remarqué qu’il était vétuste. D’où l’achat du tout nouvel appareil. Mais je reconnais que le processus a pris du retard à cause de l’embargo », a déploré la ministre de la Santé lors de sa visite.

Les derniers chiffres disponibles sur le cancer remontent à 2020. Cette année-là, plus de 14 000 personnes ont été diagnostiquées comme souffrant de cette pathologie, majoritairement des femmes atteintes de cancer du sein ou du col de l’utérus. Au-delà du cancer, la prise en charge d’une autre maladie qui touche beaucoup de personnes est également problématique. C’est l’accident vasculaire cérébral, qui dans le monde est la première cause d’handicap moteur et la troisième cause de mortalité après le cancer et les cardiopathies chimiques.

Au Mali, des chiffres fiables à ce sujet ne sont pas encore disponibles. Une personne victime d’un AVC doit être transférée dans une unité neurovasculaire, ce qui, selon des professionnels de la santé, n’existe pas dans le pays. De fait, « c’est une neurochirurgie basique qui est pratiquée », confie un médecin sous anonymat. L’une des seules avancées constatées ces dernières années concerne la prise en charge de l’insuffisance rénale, avec des appareils de dialyse qui se multiplient. Il y a deux ans, seul l’hôpital du Point G en disposait, mais aujourd’hui, assurent des professionnels de la santé, plusieurs autres établissements sanitaires publics et privés en ont, même dans les régions, excepté Gao, Tombouctou ou Kidal.

Hôpitaux publics : grands corps malades

Manque d’équipements, de personnel, de formation… Les structures étatiques de santé maliennes vivent une crise sans fin, occasionnant une multiplication des grèves des agents, à bout de souffle. Leurs maux impactent leurs capacités à soigner leurs patients.

« Le Mali était un grand corps malade auquel le traitement prescrit n’était pas adapté ou inefficace ». La formule est du Premier ministre Choguel Kokkala Maïga, qui la répétait tel un mantra durant les premières semaines de la « Rectification ». À l’interne, le grand corps malade médical peine encore dans sa rééducation. Des parties du corps sont gangrenées et ces gangrènes ont pour noms : grèves incessantes dans les structures sanitaires, plateau technique inadapté, personnel insuffisant. Le système de santé n’est ni adapté ni à la hauteur, selon des responsables syndicaux.

La Loi hospitalière malienne donne par exemple la possibilité à chaque citoyen de choisir le médecin de son choix alors que « l’idéal », selon les médecins, serait de respecter la pyramide de la santé. Cette pyramide souhaiterait que le malade passe d’abord par le CSCOM (Centre de santé communautaire), « qui est proche de lui et de son environnement », avant de passer au Centre de référence (CSRéf) au niveau de la commune, puis aux centres de troisième référence, les CHU (Centres hospitaliers universitaires).

« C’est l’un des premiers problèmes. Le malade quitte directement son quartier de résidence pour aller au CHU, avant même de passer au CSCOM. Cela pose énormément de problèmes. Il en a le droit parce que la loi lui donne cette possibilité. La pyramide n’est pas respectée, ce qui fait qu’il y a des détails qui peuvent échapper au médecin que le malade vient voir en troisième référence », explique le syndicaliste Djimé Kanté, Président de Globale Santé Solidarité.

Une autre difficulté, qui revient incessamment dans les justifications des mots d’ordre de grèves des syndicats de la santé, est le manque de personnel, « à tous les niveaux », dans les hôpitaux. Depuis près de trois ans, elle figure en bonne place dans les 12 revendications des médecins grévistes de l’hôpital du Point G. « Au service d’urgence, par exemple, nous n’avons que deux médecins qui se relaient. S’il faut qu’une seule personne gère une dizaine de lits en plus des urgences qui peuvent arriver, c’est compliqué. Ce qui fait que la prise en charge de certains malades ne se fait bien. Et cela pourrait être la cause de certains décès », regrette le Pr Guida Landouré, Secrétaire général adjoint du Syndicat national de la Santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille au Point G.

Hygiène

Pour pallier l’obstacle, alors que « le marché est rempli de diplômés en médecine sans emploi », les syndicalistes appellent à leur insertion, « directement », dans la Fonction publique, « comme cela se fait dans plusieurs pays ». Au manque de personnel qualifié s’ajoute un problème d’hygiène. « Si nous prenons l’ensemble de nos structures de santé, elles sont toutes sales », fustige Djimé Kanté. « Quand je parle d’hygiène, je ne parle pas de ce que tout le monde voit, mais de bien plus. Par exemple, pour le nettoyage des matériels de blocs, des blouses… toutes les conditions ne sont pas respectées ». Ceci engendre, à l’en croire, comme conséquence la multiplication des maladies nosocomiales (contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins). « Vous venez souvent en tant qu’accompagnant d’un malade, mais vous-mêmes attrapez des maladies. Et il arrive souvent que les accompagnants de certains malades meurent et laissent leur patient. Il y a tous ces aspects. C’est pourquoi, j’aime le dire, nous n’avons pas un système de santé digne de soigner des êtres humains. Sous d’autres cieux, vous verrez des animaux mieux traités, mieux soignés que nous les Maliens », déplore le syndicaliste.

Les grands hôpitaux font aussi face au manque de financements. De l’avis des acteurs, le budget alloué aux structures de santé est « insignifiant » par rapport à ce qui doit y être injecté. « Gabriel Touré, par exemple ne trouve même pas 15% du budget dont il a besoin pour la bonne marche de l’hôpital auprès des décideurs, alors que les matériels médicaux coûtent énormément cher », atteste un ancien comptable de la structure sanitaire. Outre la cherté du matériel, des « malversations » dans les procédures d’achats et la gestion des appareils sont pointées du doigt par certains militants. « Des marchés sont passés n’importe comment. C’est à dire que si vous devez acheter un scanner, vous avez forcément besoin de l’avis du manipulateur, de celui qui va être responsable de sa maintenance. Mais ceux qui doivent doter les hôpitaux des matériels adéquats prennent ce qui leur tombe sous la main, là où ils ont un certain pourcentage, sans l’avis des experts. C’est pourquoi beaucoup ne font pas confiance aux analyses des hôpitaux publics », s’attriste un médecin syndicaliste.

Au tableau des difficultés hospitalières également, « des conditions d’accueil qui laissent à désirer ». Comme au CHU Gabriel Touré, dont même l’accès relève souvent du parcours du combattant à cause de l’encombrement du Grand marché. « L’accueil fait défaut et le nombre de caisses est insuffisant. Si vous venez à 8h dans cet hôpital,  souvent à 10h vous n’avez pas encore votre simple ticket de consultation. Vous perdez toute une journée pour une consultation qui ne prend pas plus de 10 à 15 minutes », déplore Bakary Konaté, Venu pour une consultation au CHU ce lundi 15 mai 2023, l’enseignant attend depuis longtemps dans la file d’attente. À Gabriel Touré, l’un des plus réputés hôpitaux au Mali, les difficultés sont légion. « Ici, souvent, même pour délivrer une ordonnance à quelqu’un vous ne trouverez pas de papier. Le personnel est totalement démotivé », charge un syndicaliste, d’après lequel la situation fait énormément de « mécontents » au niveau de la structure. « Bientôt nous allons déposer un nouveau préavis de grève, parce que des engagements ont été pris et n’ont jamais été respectés ».

Bras de fer

Grever face à leurs mille et une difficultés, c’est « l’arme » préférée des syndicats de la Santé. « C’est la seule arme dont nous disposons et nous l’utiliserons tant que les autorités continueront à refuser de satisfaire nos revendications », indique le Pr Guida Landouré. Ces revendications sont entre autres le retour du Secrétaire général du syndicat à l’hôpital du Point G, l’amélioration du plateau technique de l’hôpital, le recrutement de personnel et le paiement intégral des primes de garde. Depuis trois ans, le bras de fer persiste entre ce syndicat et les autorités. Il n’est pas sans conséquences. Dans une note datée du 3 avril 2023, Dr Brahima Dicko, médecin légiste au CHU du Point G, faisait état de plus de 600 décès entre janvier et mars 2023, dans « le contexte particulier de grève ou arrêt de travail » dans plusieurs services hospitaliers.

« Ce chiffre majeur de décès enregistrés (200 cas par mois en moyenne, dont certains évitables) exige une résolution diligente et holistique des problèmes au bénéfice des usagers désespérés, en attente anxieuse de soins », indiquait-il. Un rapport a été demandé aux différents services de l’hôpital pour faire la lumière sur cette affaire.

Les syndicats nient toute responsabilité et refusent de lier cela à leur grève, du moins « jusqu’à preuve du contraire ». Selon le Secrétaire général adjoint du Syndicat du Point G, « il y avait un problème de groupe électrogène au Point G. Quand le groupe électrogène part en panne et qu’il y a une coupure d’électricité dans des endroits comme le service de réanimation, cela engendre directement la mort des patients qui s’y trouvent, parce que ce sont des machines qui les maintiennent en vie ».

Insécurité alimentaire : le Japon et le PAM au chevet des Maliens

Avec l’objectif affiché de lutter contre l’insécurité alimentaire, l’Etat japonais et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont procédé à la signature d’un nouvel accord de partenariat ce mercredi 17 mai 2023 à travers leurs représentants respectives au Mali. L’accord signé au siège du Commissariat à la sécurité alimentaire vise à porter assistance à plus de 43 000 personnes vulnérables au Mali.     

3 millions de dollars américain soit 1,7 milliards de FCFA : c’est le montant octroyé par l’Etat du Japon au PAM pour lutter contre l’insécurité alimentaire au Mali. Sous forme de don, il servira, selon le Ministre, commissaire à la sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, à porter assistance à 43 050 Maliens vulnérables.

« Plus de deux millions de personnes sont touchées par la crise alimentaire au Mali. 76 000 personnes sont en phase d’urgence et plus de 2 500 personnes sont en phase de catastrophe. Ce don vient donc à un moment très important surtout à l’approche de la période de soudure agro-pastorale qui s’étale de juin à Septembre. », justifie l’Ambassadeur du Japon au Mali, Uezono Hideki.

Le projet nommé « Assistance alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables au Mali » durera 12 mois. Il sera effectué dans les régions de Gao, Kayes, Kidal, Koulikoro, Ménaka, Mopti, Ségou, Sikasso et Tombouctou. 21 956 femmes et filles et 17 000 personnes déplacées internes en bénéficieront à en croire les initiateurs du projet.

« Malgré nos efforts conjugués, les communautés les plus vulnérables continuent à faire face à des chocs qui fragilisent davantage leurs moyens d’existence. Le PAM au Mali est aujourd’hui plus que jamais engagé à accompagner les autorités maliennes dans sa mission de renforcer la sécurité alimentaire pour toutes les couches de la population », assure Eric Perdison, représentant Pays du PAM. Il s’agit « d’une tâche ardue », selon ce dernier, « mais cruciale que nous devons ensemble mener, face aux défis contextuels faits d’aléas climatiques récurrents, de diminution des espaces cultivables, et d’autres menaces persistantes (dont les violences intercommunautaires et la hausse des prix des produits de première nécessité) », plaide-t-il.