Sébastien Philippe : un historien du Mali

L’architecte-auteur franco-malien Sébastien Philippe travaille sur des projets de livres sur l’histoire du Mali, qui le passionne tant.

Le 19 juillet 2023, Sébastien Philippe a reçu des mains du Chargé d’affaires permanent de l’ambassade de France au Mali les insignes de Chevalier des Arts et Lettres. Une distinction qui vient s’ajouter à celles de Chevalier de l’Ordre national du Mali et de Chevalier de l’Ordre national du mérite français. Ces distinctions récompensent le travail, notamment dans le domaine de la culture, de ce Franco-malien installé ici depuis plus de deux décennies. Architecte et auteur, Sébastien Philippe est un homme occupé par les nombreux projets qu’il mène de front. Il travaille actuellement à la réédition de son livre « Une histoire de Bamako », en rupture de stock. Sorti en 2009, ce livre de 262 pages retrace l’histoire de la ville au travers de documents d’archives, de traditions orales et d’images inédites. « Des éléments vont changer », confie l’auteur, qui précise qu’il va ajouter un chapitre traitant de la période de 2009 à nos jours. « Ce qui me passionne dans cette histoire est qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver, des archives inexploitées. L’histoire de Bamako est issue de mes recherches dans les archives pour comprendre comment la ville s’est créée, comment elle a évolué, comment les quartiers se sont formés. Il y a encore des sujet de recherche ».

Un siècle d’architecture

Parallèlement à la réédition de l’histoire de Bamako, Sébastien Philippe écrit un nouveau livre qui alliera son métier et sa passion pour l’écriture. Il portera sur l’architecture malienne issue de la période coloniale dite néo-soudanaise. « Ce sera un livre épais qui va s’intéresser à l’architecture militaire et civile dans toutes les régions du Mali. Un siècle d’architecture, depuis la construction du fort de Médine, en 1855, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1960 », dévoile l’auteur. Pour lui, ce sera aussi un devoir de mémoire. « C’est utile d’écrire, puisque cette architecture disparaît. Des bâtiments sont vendus, détruits. Au nord du pays, où l’architecture était de terre, elle a tendance à disparaître avec le temps ». Tirer les « enseignements » de cette période, notamment de la « gestion et du traitement des matériaux utilisés », motivent l’écriture de l’ouvrage. Si les projets ne manquent pas, la diffusion et la démocratisation des livres dans les écoles se posent. Ce qui permettrait aux Maliens, dont trop peu sont imprégnés de l’histoire de leur pays, d’avoir une précieuse documentation à portée de pages.

Niger : Mohamed Bazoum appelle à l’aide, échec de la mission de la CEDEAO

Le coup d’Etat au Niger pourrait avoir des conséquences « dévastatrices » pour le monde et faire passer la région du Sahel sous « influence » de la Russie, via les « mercenaires » du groupe Wagner, a écrit le président déchu Mohamed Bazoum dans une tribune parue jeudi dans le Washington Post. « J’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel », écrit-il, « à titre d’otage ». Tard jeudi, dans un communiqué lu à la télévision, les militaires du CNSP ont dénoncé « les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France ». La France a un contingent de 1500 militaires déployés au Niger. Le CNSP a aussi promis une « riposte immédiate » à « toute agression » de la part d’un pays de la CEDEAO, hors  membres « amis » suspendus (Mali, Burkina Faso, Guinée) eux aussi dirigés par des militaires.

Arrivée jeudi à Niamey pour trouver une sortie de crise au Niger, la délégation de la CEDEAO conduite par l’ancien président du Nigeria Abdulsalami Abubakar est repartie quelques heures plus tard, sans avoir rencontré le chef du CNSP. Le président du Nigeria Bola Tinubu, aussi président en exercice de la CEDEAO qui se montre intransigeant avait toutefois demandé à la délégation, de « tout faire » pour trouver une « résolution à l’amiable ». L’organisation, qui a notamment suspendu les transactions financières avec le Niger, a dit se préparer à une opération militaire, même si elle a souligné qu’il s’agissait de « la dernière option sur la table ». Les chefs d’état-major de la CEDEAO sont réunis à Abuja jusqu’à vendredi. Plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à intervenir si l’ultimatum n’est pas respecté dimanche.

Niger : l’Occident veut conserver son dernier allié au Sahel

3ème coup d’État au Sahel depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso, et 4ème en Afrique de l’Ouest avec la Guinée, le renversement du Président Mohamed Bazoum au Niger, le 26 juillet 2023, passe mal dans la communauté internationale. Dans ce pays, considéré comme le dernier allié de l’Occident dans la région, la pression des puissances occidentales s’accentue pour une réhabilitation sans délai du Président déchu.

Le coup d’État au Niger suscite depuis une semaine une vague de condamnations à travers le monde. En première ligne contre le coup de force du Général Abdourahamane Tchiani, à l’heure où nous mettions sous presse certains pays occidentaux brandissaient la menace de suspension de leur coopération et/ou soutenaient les sanctions et les efforts de la CEDEAO et de l’Union Africaine pour un retour à l’ordre constitutionnel.

La France, qui a une présence militaire importante au Niger, où sont stationnés 1 500 militaires dans le cadre de la nouvelle formule de Barkhane après le retrait de l’opération du Mali, a annoncé le 29 juillet suspendre, avec effet immédiat, « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire, demandant le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien autour du Président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens ».

La veille, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken avait assuré du « soutien indéfectible » de Washington au Président déchu et souligné que le renversement de son pouvoir remettait en cause des centaines de millions de dollars d’aide américaine au profit du peuple nigérien.

À l’instar de la France, les États-Unis disposent de près d’environ un millier de militaires au Niger et surtout de deux bases aériennes, l’une à Niamey et l’autre à Agadez, dans le nord du pays, équipée de drones et faisant office de pivot pour l’armée américaine. Les Etats-Unis ont évacué le personnel non nécessaire de leur ambassade. Le président Joe Biden a appelé jeudi 3 août à la libération immédiate du président Mohamed Bazoum.

Par ailleurs, l’Allemagne, dont l’armée possède aussi une base militaire dans la capitale nigérienne, qui lui sert de plateforme pour le retrait de ses forces du Mali et où opèrent actuellement une centaine de soldats, a apporté son « plein soutien à l’évolution démocratique du Niger ».

« Avec l’Union européenne, nous avons soutenu le gouvernement civil et restons persuadés que seul un gouvernement démocratique pourra apporter des réponses aux défis du pays », a martelé Annalena Baerbock, la Cheffe de la diplomatie allemande.

Dans la foulée, Joseph Borell, Chef de la diplomatie européenne, a assuré de son coté que l’Union Européenne « ne reconnait pas et ne reconnaitra pas » les autorités issues du putsch du 26 juillet. L’institution a en outre décidé de la suspension, avec effet immédiat, de toute aide budgétaire et de toute coopération dans le domaine sécuritaire avec le Niger.

CEDEAO – Coups d’État : le tournant Niger ?

Le renversement du pouvoir du Président Mohamed Bazoum au Niger, le 26 juillet 2023, 4ème coup d’État en Afrique de l’Ouest en 3 ans, plonge la région dans un climat de tension exacerbé par les prises de positions tranchées de certains dirigeants vis-à-vis des nouvelles autorités de Niamey. La CEDEAO, soutenue par une grande partie de la communauté internationale, se montre intransigeante sur un retour immédiat à l’ordre constitutionnel dans le pays. Alors que l’ultimatum donné aux militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) prend fin ce dimanche, les jours prochains  s’annoncent incertains au Niger et dans le Sahel.

Tolérance zéro. C’est le maitre-mot des chefs d’États de la CEDEAO face au putsch du Général Abdourahamane Tchiani, 59 ans, chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011, devenu le nouvel homme fort du pays depuis le 28 juillet 2023. Pour joindre l’acte la parole, les dirigeants ouest-africains n’ont pas hésité le 30 juillet, lors d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO, à prendre de sévères sanctions contre les militaires nigériens du CNSP.

Déclarant prendre toutes les mesures au cas où les exigences de la Conférence des Chefs d’États ne seraient pas satisfaites dans un délai d’une semaine pour assurer le rétablissement de l’ordre constitutionnel en République du Niger, ce qui n’exclut pas un usage de la force, ils ont décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger et de la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres et Niamey.

Outre ces sanctions, les Chefs d’États de la CEDEAO ont également décidé du gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la BCEAO, de celui de toutes les transactions de service, y compris les services publics, ainsi que des avoirs de l’État du Niger et des entreprises publiques et parapubliques logées dans les banques commerciales, de la suspension du Niger de toutes les formes d’assistance financière et de transactions avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD, et de l’interdiction de voyage et du gel des avoirs des officiers militaires impliqués dans la « tentative de coup d’État ».

Bola Tinubu, le Président « anti-putsch »

S’il y a un signal fort que la CEDEAO veut désormais envoyer dans la sous-région, c’est l’image d’une institution forte qui ne laissera plus le champ libre aux renversements de pouvoirs démocratiquement installés.

Dès son arrivée à la tête de l’institution sous-régionale, le 9 juillet dernier, le Président nigérian Bola Tinubu, qui a affiché son intransigeance face aux auteurs de coups d’État, avait donné le ton. « Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État en Afrique de l’Ouest », avait-il martelé devant ses pairs pour sa première prise de parole en tant que nouveau leader de la communauté. L’un des premiers dirigeants du continent à condamner officiellement le coup d’État contre Mohamed Bazoum, Tinubu, « homme à poigne », est connu pour ses phrases « choc ». Le 30 juillet, à l’ouverture du Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au Niger, le septuagénaire n’y est pas allé de main morte. « L’un de nous est retenu en otage par sa garde présidentielle. Quelle calamité (…). C’est une insulte pour chacun de nous. Nous devons agir fermement pour restaurer la démocratie », a lâché le Président de la plus grande économie du continent, arrivé au pouvoir en mai dernier après avoir remporté dès le premier tour la présidentielle de février 2023.

Le 31 juillet, le chef d’État-major des armées du Nigéria, Christopher Musa, a réitéré sur un média étranger cette position. « Nous allons faire exactement ce que dit le Président Nous sommes prêts et dès que nous recevrons l’ordre d’intervenir nous le ferons. Nous sommes absolument sûr de réussir », a-t-il affirmé.

Des mots à l’action, le Chef d’État nigérian, et par ricochet toute la CEDEAO, est attendu au tournant sur le dossier nigérien. Même s’il semble résolument engagé dans une voie de réhabilitation de son homologue déchu, certains analystes soutiennent que Bola Tinubu court le risque de devenir un « tigre de papier », fort sur le discours mais peu influent et pragmatique en réalité. D’autant que les conséquences sécuritaires d’une intervention pourraient s’avérer dramatiques. Les groupes terroristes Boko Haram, État islamique ou encore JNIM pourraient profiter du chaos ambiant pour asseoir leurs emprises et étendre l’hydre terroriste à d’autres pays de l’organisation.

Issues incertaines

Avant la fin de l’ultimatum de la CEDEAO, le 6 août 2023, des actions sont en cours pour une solution à la crise politique au Niger. Après l’échec de la médiation tentée par le Président béninois Patrice Talon, c’est Mahamat Idriss Déby, Président de la Transition au Tchad, qui s’est rendu dans le pays et a rencontré les principaux protagonistes. Mais les lignes n’ont pas bougé suite à cette visite. Une nouvelle délégation de l’instance sous-régionale est depuis ce mercredi à Niamey pour tenter de trouver une issue pacifique.

En attendant de voir ce qu’il pourra se passer à partir de la semaine prochaine et l’expiration de l’ultimatum « ouest-africain », les analystes avancent plusieurs scénarios pour la suite des évènements au Niger. Allant de l’organisation d’un « coup d’État contre le coup d’État » à une intervention militaire de la CEDEAO avec des pays africains comme le Tchad et soutenue par les Européens, en passant par le soutien à un mouvement populaire de protestation interne contre le coup d’État ou encore des négociations avec les militaires du CNSP pour l’instauration d’une transition, les options sont aussi diverses que risquées pour la stabilité du pays et de la région.  Les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum ont envoyé une délégation conduite par le numéro 2 du CNSP, le général Salifou Mody au Mali et au Burkina le 2 août pour rencontrer les autorités de la transition. Les échanges ont porté sur le renforcement de la coopération sécuritaire notamment alors que les chefs d’état-major de la CEDEAO sont réunis à Abuja au Nigéria au même moment pour plancher sur une éventuelle intervention militaire. La Côte d’Ivoire a déjà fait savoir qu’elle enverrait des troupes si l’intervention était actée.

Incidences sur le Mali ?

Bien avant que le Niger ne tombe dans le cercle des pays de la CEDEAO qui sont dans une rupture de l’ordre constitutionnel, l’institution sous-régionale avait commencé par remettre la pression sur les pays en transition dans l’espace communautaire. Elle prévoyait d’envoyer le Président béninois Patrice Talon au Mali, au Burkina Faso et en Guinée pour relancer le dialogue au plus haut niveau avec leurs autorités respectives, en vue du respect des délais impartis aux transitions. Un nouveau sommet allait d’ailleurs être consacré début août à la situation dans ces 3 pays, selon une source proche de la CEDEAO, comme nous l’évoquions dans notre numéro précédent.

Les évènements au Niger vont-ils amener la CEDEAO, qui n’excluait d’ailleurs déjà pas de nouvelles sanctions, à durcir sa position vis-à-vis des autorités de transition maliennes quant au respect du chronogramme arrêté selon laquelle le pouvoir devrait être remis aux civils en février 2024 ?

Les relations entre le Mali, le Burkina Faso et la CEDEAO semblent à nouveau se dégrader. En réaction aux décisions de la Conférence des Chefs d’États de la CEDEAO du 30 juillet, les deux pays ont indiqué dans un communiqué conjoint le 31 juillet 2023, refuser d’appliquer ces « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériens ».

« Les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali », poursuit par ailleurs le communiqué, dans lequel les deux pays préviennent aussi qu’une intervention militaire contre le Niger entrainerait leur retrait de la CEDEAO et l’adoption de « mesures de légitime défense en soutien aux Forces armées et au peuple du Niger ».

« La CEDEAO, avec le leadership de Bola Tinubu, ne comptait pas tolérer le non-respect du chronogramme de la Transition au Mali et une éventuelle nouvelle prolongation. Avec la nouvelle donne, le cas du Niger et la position des militaires au pouvoir au Mali, elle voudra prendre des mesures pour un retour dans les délais à l’ordre constitutionnel dans le pays, y compris de nouvelles sanctions », glisse un observateur.

Référendum : les Forces de défense et de sécurité donnent le ton

Dans le cadre du référendum du 18 juin 2023, les forces de défense et de sécurité ont voté par anticipation dimanche 11 juin. Un vote sans incidents majeurs qui, au-delà de permettre à l’armée de sécuriser le scrutin populaire à venir, a aussi servi de répétition générale à l’Autorité unique de gestion des élections (AIGE).

A Bamako comme à l’intérieur du pays, les Forces de défense et de sécurité se sont massivement mobilisés pour accomplir leur devoir civique. A l’Ecole nationale de police où le vote a démarré à 8h précise, le Directeur de la formation, le Contrôleur général Sory Keita a glissé le premier son bulletin dans l’urne, quelques minutes après l’ouverture du premier bureau de vote sur les 10 que compte le centre.

C’est dans le même centre de vote, peu après, que le ministre de la sécurité et de la protection civile, Daoud Aly Mohammedine a également participé au scrutin référendaire, invitant dans la foulée l’ensemble de ses compagnons d’armes à « sortir massivement pour voter le « oui » et à faire passer le message au niveau des différentes structures des Forces de défense et de sécurité ».

« Nous avons aujourd’hui besoin de cette nouvelle Constitution pour jeter les bases d’un nouveau Mali, un Mali uni, solide avec des Institutions fortes. Nous devons aujourd’hui mettre le Mali au-dessus de tout, nous unir autour de l’essentiel aujourd’hui qu’est le Mali. La chose que nous avons la plus chère, c’est ce pays », t-il insisté

Pour le Chef du département sécurité, le vote par anticipation des Forces de défense et de sécurité est la preuve que, contrairement à ce qu’avancent certains acteurs de la vie politique nationale, la tenue du référendum à sa date fixée, est tenable.

A l’instar du ministre de la sécurité, le Colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des anciens combattants a accompli de son coté son devoir civique à l’Etat-major de la Garde nationale, peu après 9h et s’est ensuite longuement adressé à la presse.

« Une étape importante a été franchie mais nous devons rester vigilants, car les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur sont toujours à l’œuvre. Nous devons rester patients, être solidaires, et nous donner la main » a-t-il confié.

« Le Mali aujourd’hui traverse l’un des moments les plus difficiles de son histoire. Ce que nous arrivons à réussir aujourd’hui, nous devons en être fiers et rendre grâce à Allah le tout puissant parce que cela n’était pas gagné d’avance », a ajouté le ministre de la Défense et des Anciens combattants.

Le président de l’AIGE, Maitre Moustapha Cissé, en compagnie du ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga, a fait le tour de quelques centres de vote à Bamako où il a constaté le bon déroulement du vote.

« L’ensemble des membres du Collège de l’AIGE sont déployés sur les 10 régions administratives aujourd’hui pour suivre le déroulement de ce processus et nous sommes pratiquement en parfaite symbiose avec les autorités de l’Administration générales », a-t-il précisé.

Après celui des Forces de défense et de sécurité, tous les regards sont désormais tournés vers le vote du reste de l’ensemble des citoyens régulièrement inscrits sur les listes électorales.

Ces derniers sont appelés à se prononcer sur le « oui » ou le « non » vis-à-vis de l’adoption du projet de nouvelle Constitution. La campagne référendaire prend fin vendredi 16 juin 2023 suivi de la tenue du scrutin le 18 juin.

 

 

 

Référendum : la loi électorale revue à plusieurs reprises

Chronogramme de la Transition oblige, en vue de la tenue dans les délais du référendum du 18 juin 2023, quelques dérogations ont été portées à la Loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant Loi électorale. Introduites par le gouvernement, elles ont été pour beaucoup déjà ratifiées par le Conseil national de transition, l’organe législatif transitoire.

Le 26 mai 2023, le gouvernement a pris une ordonnance, ratifiée par la suite par le Conseil national de Transition (CNT), portant dérogation à la Loi électorale,  exclusivement pour l’organisation du référendum constitutionnel de 2023.

Cette ordonnance No2023-018/PT-RM autorise l’utilisation de la carte d’électeur biométrique à la place de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée. Elle permet en plus aux électeurs, en cas de non disponibilité de la carte d’électeur biométrique, l’utilisation  du passeport, de la carte NINA, de la carte nationale d’identité, de la carte consulaire, du permis de conduire, du livret militaire et du livret de pension civile ou militaire pour accomplir leur devoir civique.

« Vu l’imminence du déroulement du référendum constitutionnel, dont le collège électoral vient d’être convoqué par le décret No 2023-0276/PT-RM du 5 mai 2023 pour le dimanche 18 juin 2023, l’utilisation de cartes nationales d’identité biométriques sécurisées pour le scrutin à venir devient hypothétique et nécessite la prise de mesures alternatives », expliquait le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga dans une correspondance adressée au Président du CNT le 16 mai dernier.

Pour rappel, la Loi No2022-019 du 24 juin 2022 portant Loi électorale avait été déjà modifiée par la Loi No2023-001 du 13 mars 2023 pour, entre autres, remplacer la carte d’électeur biométrique par la carte nationale d’identité biométrique sécurisée comme l’unique document d’identification de l’électeur dans le bureau de vote.

L’Ordonnance du 26 mai rend aussi possible la mise à jour du fichier électoral sur la base de la révision annuelle des listes électorales arrêtée au 31 décembre 2022. Outre ces dérogations, le 7 juin, à l’issue du Conseil des ministres, le gouvernement a décidé d’accorder également le bénéfice du vote par procuration aux personnes qui souhaitent accomplir leur pèlerinage aux lieux saints, la période coïncidant avec la tenue du référendum.

« Le vote par procuration, régi par l’article 116 de la loi électorale, n’autorise pas pour l’instant cette éventualité, d’où la nécessité de déroger aux dispositions de cet article en complément des articles concernés. Le projet d’ordonnance est adopté dans ce cadre. Il autorise les personnes effectuant leur pèlerinage aux Lieux saints à exercer le droit de vote par procuration à l’occasion du scrutin référendaire », explique le communiqué du Conseil des ministres.

Mali- Politique : quelle opposition face à la transition ?

Alors même que la nouvelle Constitution qu’elles veulent faire adopter est contestée par une frange de la classe politique et de la société civile, les autorités de la Transition du Mali, surtout depuis la prise totale du pouvoir par le Colonel Assimi Goïta, ne semblent faire face à aucune opposition majeure. Ni politique, ni sociale et encore moins parlementaire.

Le référendum à venir a mis en exergue plusieurs réalités. Une première étant une « remise sur pied » d’une vieille garde politique qui conteste le projet de nouvelle Constitution. Rassemblée au sein d’un mouvement lancé le 11 juin dernier et qui comprend également des associations hétéroclites (voir Page 3), elle dénonce le référendum. Même si ce mouvement entend mener des actions, rien n’est encore acté, et la contestation dans la rue dans le style Antè A Bana en 2017 ne semble pas être une option. Une deuxième réalité est que le processus lié à la Constitution a suffi à fractionner le Cadre des partis pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’un des rares rassemblement qui était présenté comme menant une « Opposition » à la Transition, même s’il a toujours lui-même réfuté ce mot. Déjà fragilisé par l’ADEMA, qui s’est rangée du côté de la transition depuis le changement au niveau de son directoire et les positions à contre-courant de Moussa Mara, il vit sonner son hallali lorsqu’en février les noms d’Amadou Koïta et d’Amadou Haya sont apparus sur la liste des membres de la Commission de finalisation. Koïta et plusieurs autres membres du Cadre ont par la suite appelés à voter Oui. Bien que le M5 Malikura soit opposé à la Constitution et aux « actions » des autorités la Transition, il s’approprie tout de même le terme. « Étant donné que les militaires qui ont pris le pouvoir en août 2020 disent qu’ils sont venus parachever l’œuvre du M5-RFP, nous considérons que c’est donc nous la Transition. C’est nous qui l’avons souhaitée en sollicitant le départ d’IBK », explique Bréhima Sidibé, Secrétaire Général du parti FARE An Ka Wuli et membre de la coalition politique. Selon unanalyste qui a requis l’anonymat, les affaires judiciaires visant des politiques et les ayant poussés à l’exil, le décès en détention de Soumeylou Boubeye Maiga ou encore la grande popularité du Colonel Assimi Goïta contraignent les politiques à la prudence. Sur ce dernier point, il assure que ceux-ci ont leur part de responsabilité. « Des politiques n’ont jamais cessé de critiquer les autorités. Mais les critiques se sont concentrés sur le Premier ministre Choguel Maïga, en ignorant soigneusement les militaires au pouvoir, qui sont pourtant  qui dirigent ».

Pour le Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), lorsqu’un pays traverse une crise politique comme celle que connaît le Mali, l’opposition politique peut jouer un rôle important dans la résolution de la crise ou, au contraire, l’aggraver en alimentant la polarisation et la violence.

« L’opposition politique peut jouer un rôle essentiel dans la restauration de la démocratie et de l’État de droit. En s’opposant aux auteurs du coup d’État et en exigeant un retour à l’ordre constitutionnel, à l’instar du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) en 2012. L’opposition peut également aider à garantir que les droits civils et politiques des citoyens soient protégés et défendus ».

Outre les politiques, le pouvoir législatif, le Conseil national de transition (CNT), ne fait non plus pas office de contre-pouvoir à l’Exécutif. Des observateurs regrettent que ses membres n’interpellent pas les autorités de la Transition sur des questions importantes, notamment liées à l’électricité ou la sécurité. Certains conseillers nationaux, comme Adama Ben Diarra ou encore le Dr Amadou Albert Maïga, affichent même clairement leur soutien aux autorités. Finalement, le plus grand bras de fer que mènent les autorités de la transition est contre les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix. Les coups de chaud se sont multipliés ces dernières semaines et la médiation internationale semble prêcher dans le désert.  Certains de ces groupes, qui ne se reconnaissent pas dans le projet de nouvelle Constitution, menacent même la tenue du référendum dans les zones sous leur contrôle.

Black AD : du Mali à la conquête du monde

Le titre « Mali », extrait de son EP Idjidja 1, sorti en 2021, qui l’a propulsé en 2022, laisse rarement le mélomane indifférent. Sa voix imposante, mélangée au rythme « afro-mandingue » auquel elle s’identifie, est en train de conquérir le monde entier. Prix Découvertes RFI 2022, la Malienne a depuis entamé un nouveau chapitre de sa carrière.

Elle rêve d’une collaboration avec ses aînés et compatriotes Fatoumata Diawara et Salif Keita. Mais peut-être est-elle appelée à les « dépasser » ? Black AD suit son chemin. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il semble bien tracé. D’étudiante au Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako à Paris, où elle va se produire prochainement dans le cadre de la tournée internationale du Prix Découvertes RFI, celle qui chante la paix, la cohésion, l’amour et surtout l’entente ne se fixe aucune limite.

« Le Prix RFI est un grand prix. J’essaye de combler les petits défauts que j’ai pour vraiment être à la hauteur des personnes qui m’ont choisie », confie-t-elle. Ce prix qui, assure la Malienne, lui a tant apporté. « Cela a été une très bonne chose pour moi, parce qu’il  me pousse chaque jour à travailler plus, à me donner à fond ».

En février, pour son concert à Dakar Musique Expo, Black AD a tenu le public sénégalais en haleine, comme elle en a le secret. Présence scénique impeccable, communion avec les fans, Hawa Diallo, de son nom à l’état-civil, qui vient de souffler sa 20ème bougie, est, selon presque tous les spécialistes culturels, promise à une brillante carrière.

Elle a lancé le clip de son nouveau single, « Bountouroulé », en mai dernier. C’est le premier après sa consécration par RFI le 18 novembre 2022. Cette chanson d’un peu moins de 3 minutes (2’44) est bien partie pour être l’un des tubes des vacances cette année. Sur sa chaine Youtube, où le clip cumule déjà beaucoup de vues, les commentaires élogieux s’enchaînent.

Avant d’entamer sa tournée internationale, Black AD, qui a à son actif deux EP (Extended Play), n’a pas oublié son Mali, ce pays qui « m’a tout donné ». Elle sera en concert 100% live le 23 juin au Palais de la Culture de Bamako, pour, dit-elle, remercier les Maliens de l’avoir soutenue et accompagnée.

« Le Mali, c’est là où tout a commencé, c’est un lieu exceptionnel pour moi. Je dois tout à ce pays », clame l’étoile montante de la musique malienne.

Mouvement Mali propre : cinq ans au service de l’environnement

Deux en une. Pour la 5ème édition de son « Brunch vert », rendez-vous annuel consacré à l’environnement, tenu samedi 3 juin au Musée national du Mali à Bamako, le Mouvemenet Mali propre a également célébré son 5ème anniversaire.

Comme à chaque édition, plusieurs personnalités et jeunes engagés pour la cause environnementale n’ont pas manqué à cette édition spéciale du Brunch vert dont le thème était, par ailleurs, « Jeunesse engagée sur les défis climatiques au Mali ».

Le panel qui y a été consacré a réuni 4 jeunes dynamiques aux profils divers mais pour la cause commune de la sauvegarde de l’environnement, en l’occurrence Mme Bagayoko Kadidia Diarra, ingénieure en génie énergétique, Ousmane Birama  Konaté, Mme Diallo Oumou Modibo Keita, Directrice Exécutive de « Jeunes volontaires pour l’environnement (JVE-Mali) et Mody Adama Kamissoko, journaliste et fondateur  de 2 Celsius Medias. Chacun d’eux a partagé avec le public ses expériences en la matière, parlé de ses actions et proposé des solutions durables pour la préservation de l’environnement.

Placé sous le parrainage de M. Adama Sangaré, maire du district de Bamako, et de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, parrain d’honneur, la 5ème édition du Brunch vert » dont la marraine était Mme Assiétou Anna Touré, militante écologique,  avait pour invité d’honneur le Président du Conseil national du Patronnat du Mali, Mossadeck Bally et invitée spéciale l’ancienne ministre de l’environnement, Mme Keita Aida M’bo.

« Nous savons que l’homme est environ à 90% à la base du dérèglement climatique. C’est pour cela qu’il est indispensable de faire d’avantage entendre la voix des jeunes sur la crise climatique en elle-même. La jeunesse malienne doit être plus engagée en matière de protection de l’environnement mais surtout dans la mise en œuvre d’actions de lutte contre les changements climatiques », a indiqué cette dernière.

Bilan

Au cours de ses  5 ans d’existence, le Mouvement Mali propre a mené plusieurs actions sur à 95% sur fonds propres, à en croire ses responsables. « Femmes et environnement », « Jeunes ambassadeurs pour l’Environnement », sont entre autres des initiatives prises.

Le mouvement a également réalisé 10 grands évènements, reçu des  récompenses nationales, remporté des prix  nationaux et internationaux ainsi que  de nombreuses certificats de reconnaissance pour ses engagements.

Le Mouvement Mali Propre a aussi participé à des rencontres nationales et internationales à l’instar de la COP27, réalisé  30 campagnes digitales pour sensibiliser et  éduquer  à l’environnement, 3 programmes, 10 formations avec les femmes et les jeunes filles, et sensibilisé  20 localités régions, cercles villes, communes et villages avec à la clé 15 de ses  ambassadeurs présents sur le territoire national. Il a en outre distribué plus de 500 poubelles à Bamako et dans les régions, accompagné  20 bâtiments en système avancé de nettoyage et formé plus de 500 jeunes ambassadeurs et femmes.

« Notre approche a été durant ses 5 ans d’agir et de faire du mouvement Mali propre une vision et une conviction partagée au sein de la jeunesse malienne et qui à terme va faire transformer les menaces en opportunités », a souligné Ousmane Tangara, Secrétaire général du Mouvement Mali Propre.

« Nous avons un sentiment de satisfaction. Nous ne prenons que du positif. Nous espérons que dans les années à venir, nous aurons l’accompagnement de l’Etat, et des autres organisations jeunes pour ensemble créer une synergie d’actions », a confié pour sa part la présidente du Mouvement, Fatoumata Boubou Koita.

A l’en croire, le Mouvement Mali propre a en perspectives, entre autres, d’étendre son initiative « Jeunes ambassadeurs pour l’environnement » au-delà de Bamako et atteindre les autres régions du Mali et d’impliquer plus de femmes dans son programme « Femmes et environnement ».

Football : une nouvelle ère de démesure

Les chiffres s’affolent dans le milieu du football avec l’apparition d’un nouvel acteur qui dépense sans compter. L’Arabie Saoudite, qui compte bien attirer les stars dans son championnat, met les moyens.

Le football s’apprête à entrer dans une nouvelle ère. Celle de la démesure des salaires. Fin décembre 2022, Cristiano Ronaldo a quitté Manchester United pour signer un contrat de deux ans et demi avec Al Nassr, pour un montant estimé à plus de 400 millions d’euros. Une brèche dorée dans laquelle plusieurs stars vont s’engouffrer, d’après plusieurs médias. En premier lieu, Karim Benzema. Le dernier Ballon d’Or a fait ses adieux au Real Madrid dimanche dernier, après 14 saisons. Le lendemain après s’être entretenu avec les dirigeants d’Al Ittihad, il a signé un contrat de trois ans pour un salaire de 200 millions d’euros par an, soit 600 millions en tout. Le nom du champion du monde argentin Lionel Messi a été un temps associé au championnat saoudien. Mais « La Pulga » a finalement choisi de rejoindre l’Inter Miami, le club de David Beckham aux États-Unis. Toutefois, l’Arabie Saoudite, qui souhaite organiser la Coupe du monde dans un horizon de 10 ans et rehausser son image à l’international, ne lésine pas sur les moyens. Le contrat de tous les records. Au-delà, les clubs saoudiens visent aussi, d’après de nombreux médias, les Français Hugo Lloris et N’golo Kanté qui aurait déjà signé à Al Ittihad, l’Espagnol Sergio Ramos, le Croate Luka Modric et le Brésilien Roberto Firmino.

Une démesure croissante

Ces chiffres pharaoniques pourraient apporter un nouveau paradigme au milieu du football qui a durant la dernière décennie atteint des sommets avec des transferts à plus de 100 millions d’euros, 14 depuis 2013, pour la plupart des flops. Le plus onéreux fut celui de Neymar, transféré en 2017 du FC Barcelone au Paris Saint-Germain pour 222 millions d’euros. Un record encore inégalé. Et un montant qui aujourd’hui est un salaire annuel. Une nouvelle démesure du football. Jusqu’à où ?

Référendum : entre le « Oui » et le « Non », les jeux sont ouverts

Débutée le 2 juin dernier, la campagne en vue du référendum constitutionnel du 18 juin prochain bat son plein. Venant des partisans du « Oui » ou du « Non », les arguments en faveur ou contre l’adoption du projet de Constitution sur lequel le peuple malien est amené à se prononcer abondent.

Aussitôt ouverte, aussitôt révélatrice du rapport des forces en présence avant la tenue de ce scrutin référendaire, à bien des égards essentiel pour le respect du chronogramme de la Transition.

Ce rapport, qui semble en faveur des partisans du « Oui », n’est pas définitif, selon certains analystes, même si son évolution jusqu’à la fin de la campagne ne saurait être a priori renversante en faveur du « Non ».

Vague blanche

La majorité de la classe politique se positionne pour un « vote massif pour le Oui ». Les appels en ce sens se suivent et se ressemblent. « L’Adema a décidé de mobiliser ses militants et l’ensemble du peuple souverain du Mali pour un vote massif pour le Oui en faveur de la nouvelle Constitution », a déclaré sans ambages son Président, Marimantia Diarra, le 3 juin.

Un choix « démocratique, partagé, réfléchi et assumé », qui résulte d’une « longue consultation populaire des militants à la base et d’une analyse approfondie du contenu  du projet », soutient le numéro un de la Ruche, par ailleurs membre du CNT.

Tout comme l’Adema, l’URD, qui a d’ailleurs toujours affiché son approbation du projet de Constitution, mais aussi le nouveau parti issu de sa branche dissidente, l’EDR, appellent tous deux les Maliens à donner leur quitus au nouveau texte constitutionnel. « J’appelle l’ensemble du peuple malien à faire du 18 juin, jour du vote de la nouvelle Constitution, une grande fête nationale, républicaine et démocratique, en votant massivement Oui pour son adoption », a indiqué le Pr. Salikou Sanogo, lors d’un point de presse tenu le 3 juin.

De son côté, le CNID – Faso Yiriwaton va plus loin. Son Président, Me Moutanga Tall, s’est prêté à un exercice de décorticage du texte du projet de Constitution qui sera soumis au vote. Pour lui, le résultat sera sans appel. Au moins 10 raisons majeures motivent l’option du « Oui » de son parti. À en croire cette figure du mouvement démocratique, la nouvelle Constitution a certes des imperfections, comme toutes les Constitutions du monde, mais elle comporte plusieurs avancées. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga n’a d’ailleurs pas manqué lui aussi de « booster » la campagne pour le « Oui » lors de célébration du 3ème anniversaire du M5-RFP, le 5 juin dernier.

Résistance rouge

Même si la voie semble dégagée pour les partisans du « Oui » et que ceux du « Non » ne sont pas aussi  visibles qu’eux, les partis et / ou personnalités politiques, ainsi que les organisations de la société civile qui se dressent contre l’adoption de la nouvelle Constitution, n’en défendent pas moins leur choix.

À la télévision nationale le jour de l’ouverture de la campagne, Mohamed Kimbiri, mandataire national du « Non », a avancé quelques raisons. « Non à la laïcité, non à la référence aux valeurs  occidentales et à la notion des droits de l’Homme comme sources référentielles de notre législation », a-t-il déclaré.

« À mon humble avis, la nouvelle Constitution ne répond pas à l’idéal républicain que nous avons défendu lors de notre lutte contre le projet de Constitution du régime précédent », argue de son côté, de façon personnelle  Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema.

Ce fervent partisan du « Non », même si son parti ne semble donner aucune consigne, pointe du doigt le fait que le gouvernement ne soit plus responsable que devant le Président et non plus devant le Parlement. « Ce point dénote de la volonté des constituants de créer un monarque républicain à la tête de l’État et non de faire prévaloir un équilibre sain des pouvoirs », fustige-t-il.

Le M5-RFP Mali Kura s’est également vite positionné dans le camp du Non. L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé est sans équivoque : « le Comité stratégique du M5-RFP Mali Kura ne soutient pas ce processus et dit Non au projet de nouvelle Constitution ».

Jeamille Bittar : « Le M5 est un mouvement, pas une formation politique »

Le M5-RFP a célébré ses 3 ans d’existence le 5 juin 2023. Bilan, parcours, poids actuel du mouvement, entre autres, son Porte-parole Jeamille Bittar, répond aux questions du Journal du Mali.

Quel bilan faites-vous de ces 3 ans ?

Le bilan est mitigé, je veux dire qu’il y a du positif comme du négatif. Aujourd’hui, c’est vrai,  la gouvernance n’est pas au top, pas comme nous l’avions souhaité. Mais à ce niveau il faut quand même noter des avancées significatives, notamment pour les réformes politiques et institutionnelles. Notre accession à la Primature a permis l’organisation des ANR. Il y a également le projet de Constitution actuel qui faisait partie de nos 10 points. Aujourd’hui, on peut aussi dire que le premier point qu’on avait évoqué à l’époque, la sécurité, est pris en compte. Tout le monde reconnaît que le Mali est maintenant nanti dans le renforcement sécuritaire. Par rapport à nos forces armées et de sécurité, il y a eu une montée considérable. Mais le fait que certaines organisations se soient muées en adversaires ne nous a pas facilité la tâche. La marmite a souffert entre-temps. L’économie a pris un coup sérieux.

Le changement pour lequel vous vous battiez est-il aujourd’hui une réalité sous la Transition ?

Le changement est un processus continuel. Je disais tantôt qu’il y a eu des améliorations. La lutte contre la corruption s’est intensifiée. Au niveau de la gestion des finances publiques,  il y a eu une nette amélioration par rapport aux dépenses de l’État. Aujourd’hui, l’armée est équipée et les recrutements que nous avons faits prouvent à suffisance qu’il y a de nettes améliorations. Il y a surtout eu un regain de confiance, tant sur le plan national qu’international. Aujourd’hui, le Mali n’est plus à la solde de qui que ce soit.

Le M5 s’est divisé chemin faisant. Cela n’impacte-t-il pas votre poids ?

C’est regrettable. Moi je pars du principe que « quand on commence ensemble, on doit terminer le boulot ensemble ». Vous avez vu que le Président du Comité stratégique, non moins Premier ministre du Mali, a encore lancé un appel à nos camarades qui ont quitté le navire. Ceci étant, la nature ayant horreur du vide, il y a certains qui sont partis, il y a certains qui sont venus. C’est un mouvement, ce n’est pas une formation politique en soi. Mais ils est évident que cela n’a entaché en rien la ferveur et l’engagement de tous ceux qui se battent aujourd’hui pour le Mali.

Perturbations des cours : l’impact sur les étudiants

Voilà maintenant plus d’un semestre que l’enseignement est perturbé dans les facultés et grandes écoles maliennes. Avec son lot de répercussions importantes sur les apprenants.

Balkissa Maïga a le spleen. Et pour cause : « je n’étudie plus », se lamente-t-elle. Depuis août 2022 elle a son bac mais n’a toujours pas débuté l’université. Pour elle qui nourrit l’espoir de faire Pharmacie, l’heure est à la patience. « Les bacheliers de l’année 2021-2022, nous, inscrits à la FMPOS, n’avons pas encore commencé les cours. C’est une situation qui nous attriste fortement, surtout que dans moins de deux semaines aura lieu le bac 2023 ».

À la faculté de Médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie (FMPOS), cela fait quelques mois que les cours sont à l’arrêt. « En Pharmacie et en Médecine, fin janvier début février 2023 on a passé notre examen, session unique, le Numerus Clausus. Jusqu’à maintenant (lundi 5 juin 2023), nous n’avons pas nos résultats. Dans les normes, ils sont publiés dans les deux mois. Cette année, on en est à plus de quatre mois », regrette Bernadette Keïta, étudiante en 1ère année Pharmacie.

En novembre dernier, lors d’une conférence sur la dépression organisée par l’association estudiantine Winners, plusieurs étudiants ont témoigné « souffrir de cette pathologie ». « Les contraintes liées aux études de Médecine, les efforts importants fournis par les étudiants… Lorsque l’organisation chargée de les accueillir n’est pas efficace, ils sont souvent débordés », explique le Dr Souleymane Papa Coulibaly, responsable du service de Psychiatrie du CHU du Point G.

Insuffisances

Autre faculté, même problème. À la Faculté des Sciences économiques et de gestion (FSEG) ce n’est qu’en mai dernier que les admis au bac 2022 ont commencé les cours. Ils forment une classe parallèle à celle des bacheliers 2020 et 2021, qui sont toujours en 1ère année. Les responsables universitaires imputent la situation, entre autres, à l’insuffisance des salles de classe. Par manque d’amphithéâtres, certains apprenants n’étudient parfois que deux heures par jour pour céder ensuite la place à d’autres. « Cela nous met en retard. J’ai un bac 2020. Mes camarades qui sont allés dans les universités privées ont déjà leur licence. J’ai assisté récemment à la soutenance de l’un d’eux. Il a terminé alors que nous n’avons même pas atteint la 2ème année. C’est triste », déplore l’étudiant Hamidou Touré.

Outre les facultés, les grandes écoles subissent aussi des perturbations. Notamment L’École normale supérieure (ENSUP). Les professeurs étant en grève depuis mars, elle est à l’arrêt. Ce qui provoque une double peine pour Mariam Camara. L’élève-enseignante en Lettres a abandonné les cours qu’elle donnait dans des lycées pour se consacrer pleinement à ses études. « Maintenant, cela fait trois mois que je ne gagne plus cet argent. Et toujours pas de cours », s’attriste-telle.

FIERES : un projet pour l’autonomisation des femmes

Le projet (Filles et éducation résilientes) FIERES est financé par Affaires mondiales Canada pour une durée de 5 ans (2022-2027). D’un montant de plus de 5 milliards de FCFA, il vise à accroître l’autonomisation des femmes à travers l’éducation.

Depuis 2012, la crise a accru la vulnérabilité des filles plus exposées aux violences basées sur le genre qui les empêchent de jouir de leurs droits à l’éducation. Ces maux sont entre autres le déplacement interne, la pauvreté, la violence .

Né dans ce contexte, le projet FIERES est géré par le consortium constitué de la Fondation Paul Gerin La Joie et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), en partenariat avec 6 ONG locales, ayant des expertises techniques avérées dans les régions d’intervention

Le but ultime du projet est  la prise en compte de l’autonomisation  de 20 442 filles, adolescentes, femmes, ( 13 942 de 8 à 24 ans ; 6 500 de 24 à 60 ans) notamment celles dans des conditions de grande vulnérabilité, comme les déscolarisées, les nomades, déplacées ou ayant vécu des grossesses précoces dans les régions de San, Mopti et Tombouctou. Le projet visera notamment à accroître l’accès à l’éducation pour les filles et adolescentes à une éducation ou un apprentissage de niveau fondamental 1 et 2, améliorer les conditions d’apprentissage et renforcer la participation des filles et des adolescentes dans les processus décisionnels dans les lieux d’apprentissage, les communautés, les lieux de travail.

Cette autonomisation par l’éducation permettra à ces femmes d’être plus résilientes et à devenir des actrices du changement positif au sein de leurs communautés, selon les responsables du projet.

Le nombre total d’écoles fermées dans les zones concernées s’élève à 1 752 sur un total de 9 021 selon un rapport cluster éducation de janvier 2023.

Le nombre total d’écoles fermées représente 19% . Le nombre d’enfants affectés par ces fermetures est de 525 600, le nombre d’enseignants concerné de plus de 10 000. Ces facteurs s’ajoutent à d’autres socio culturels peu favorables à l’éducation et au maintien des filles à l’école.

Le projet veut apporter une amélioration substantielle de 3% par an à la scolarisation des filles soit un objectif de 15% à la fin de projet. Celles qui n’ont pas l’âge scolaire auront accès à des alternatives et des apprentissages adaptés pour les former de façon professionnelle.

Le second objectif phare du projet est de faire des filles, adolescentes, femmes des actrices du développement et de changement de leur milieu de vie.

Le projet interviendra dans 70 écoles des trois zones concernées, 25 465 cibles seront touchées, dont 50,6% sont des adolescentes. L’inscription directe touchera 3 420 dont 45% de filles, les adolescentes bénéficiaires d’alternatives éducatives seront 2 000 dont 1 200 filles de 9 à 14 ans. 765 femmes et filles bénéficieront de formation professionnelle qualifiantes, ainsi que des accompagnements. Et 6 500 femmes seront sensibilisées sur les droits des femmes et enfants. Le programme touchera aussi du personnel administratif et scolaire et des femmes mentors.

Hadj 2023 : le premier contingent de pèlerins maliens déjà en Arabie Saoudite

Le premier contingent de pèlerins maliens pour le hadj 2023 s’est rendu dimanche 4 juin en Arabie Saoudite. Depuis, les différentes agences s’activent afin d’acheminer leurs pèlerins vers le royaume saoudien pour accomplir le 5ème pilier de l’Islam qui débute le 26 juin prochain. Alors que certains y sont déjà, les démarches de visas sont en cours pour d’autres groupes.

Le Mali aura cette année 13 323 pèlerins contre 6000 en 2022. Ces pèlerins ont tous déboursé 4 166 425 FCFA pour la filière gouvernementale et 4 675 000 FCFA pour la filière privée. Les préparatifs du hadj de cette année ont été marqués par une polémique. Se sentant lésées dans la répartition du quota des pèlerins maliens, des agences de voyage regroupées au sein d’un collectif de 57 membres ont animé une conférence de presse le 29 avril dernier. Selon eux, ils doivent bénéficier de 20 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence de voyage, 300 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence ou groupement d’agences de voyage. La Maison du Hadj avait répliqué assurant le quota n’appartient pas au privée mais au gouvernement, et les autorités saoudiennes ne reconnaissent pas selon elle les agences de voyage.

Orpaillage : agir face aux conséquences

L’orpaillage occupe une part importante de l’exploitation minière, qui est la deuxième ressource d’exportation du Mali. Mais la mauvaise organisation du secteur constitue un enjeu majeur. Outre son impact sur l’économie et la société, les acteurs attirent l’attention sur des conséquences « irréversibles », contre lesquelles il faut vite agir.

L’orpaillage occupe environ 2 millions de personnes et constitue une grande opportunité d’emplois pour les jeunes dans ses zones. Mais, pour en bénéficier et  réduire ses conséquences néfastes, il faut « savoir l’organiser et en profiter au mieux », suggère Djibril Diallo, géologue, Président de l’Association pour la promotion et la valorisation des ressources minières (APVRM-Mali Dugukolo nafa)

Selon lui, la production avoisine les 20 tonnes par an. Un manque à gagner énorme, encore mal cerné à cause notamment de l’inexistence de statistiques fiables et surtout d’un caractère informel qui empêche l’État d’avoir un contrôle et un encadrement efficaces du secteur. Une organisation qui permettrait aux populations locales de mieux bénéficier des retombées de l’activité.

Sécuriser l’activité 

L’État a entrepris depuis quelques années la fermeture des sites d’orpaillage entre juin et septembre pour permettre aux jeunes de se consacrer aux activités agricoles et minimiser les risques sécuritaires. « Le Mali est un pays à vocation agro-sylvo-pastorale. Il faut essayer de développer d’autres secteurs et former les jeunes », ajoute le Président de l’APVRM-Mali. La mécanique, la menuiserie et d’autres secteurs d’activité sont à ce titre indiqués pour réorienter ces jeunes.

Aly Diarra est membre du Groupement des professionnels des mines, créé en 2000 et constitué de plusieurs acteurs, dont ceux intervenant dans la sous-traitance.

Il estime que pour lever l’une des contraintes majeures de l’orpaillage, il faut formaliser le secteur, « passer par un système d’organisation et recentrer l’activité au niveau du ministère ». En effet, c’est le transfert de l’activité aux collectivités sans un accompagnement technique qui cause des dommages. Il faut, par exemple créer une cellule transversale de gestion.

En dehors du secteur agricole, l’activité impacte fortement l’économie.  Une étude de  2021 révèle que plus de 140 tonnes d’or ont  été reçues à Dubaï en provenance du Mali, alors que la même année le pays n’enregistrait officiellement que 22 tonnes, cite M. Diarra. « L’État perd des sommes colossales ».

Sur le plan social, il faut noter la dépravation des mœurs. La prostitution, l’alcool industriel, la drogue, des conséquences devenues banales. Et « souvent irréversibles », alerte M. Diarra.

Dramane Diarra : « nous voulons contraindre les autorités à surseoir au référendum »

Dans leur volonté d’empêcher la tenue du référendum, les associations de magistrats AMPP et REFSYMA entendent « user de tous les moyens légaux » pour que le scrutin ne se tienne pas. À cet effet, elles ont adressé une lettre à la CEDEAO le 26 mai. Jusqu’où iront-elles ? Entretien avec Dramane Diarra, magistrat, expert électoral, membre des associations susmentionnées et de la coalition Appel du 20 février.

Pourquoi avoir envoyé une lettre à la CEDEAO ?

C’est devant elle que tous les engagements ont été pris par les autorités de la Transition. Et c’est derrière la CEDEAO que s’aligne toute la communauté internationale. Qui mieux qu’elle pour recevoir une correspondance ayant trait justement au retour à l’ordre constitutionnel ? Tout le processus pour l’organisation du referendum est illégal et, la date est intenable à cause de l’impréparation totale des autorités de la Transition : pas de cartes biométriques, pas de fichier électoral, pas de démembrements de l’AIGE prêts. Donc c’est une parodie d’opération référendaire qui est projetée. Il nous revenait de porter cela à l’attention de la CEDEAO et de toute autre partie intéressée.

Qu’attendez-vous de la CEDEAO, qui est loin de faire l’unanimité chez les Maliens ?

Nous comptons sur nous-mêmes pour contraindre les autorités à surseoir à la tenue de ce référendum inconstitutionnel. Mais la CEDEAO à son mot à dire. Avec ce forcing pour faire ce référendum, c’est le respect de la date de fin de la Transition qui est menacé, car il ne nous reste que 8 mois environ pour organiser au moins une élection présidentielle transparente et crédible. Ce n’est pas acquis avec le temps restant et le niveau d’impréparation affiché. Cela interpelle la CEDEAO et toute la communauté internationale. Mieux, nous avons déjà déposé des recours au niveau de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême pour l’annulation de ces opérations. La CEDEAO est aussi informée de ces procédures.

Depuis quelque temps, vous utilisez plusieurs moyens pour que le référendum ne se tienne pas. Jusqu’où ira votre détermination ?

Nous usons de tous les moyens légaux pour que l’illégalité et le mensonge qui ont abattu ce pays ne continuent pas au risque de l’ensevelir. Il mérite mieux. Dieu merci, les Maliens ont compris la vérité. Mais, puisque les autorités s’entêtent dans ces manœuvres, nous avons eu recours à des procédures judiciaires à ce stade. D’autres  suivront. C’est une question d’étapes et d’opportunités. Et toutes ces procédures sont bien fondées. Il revient à chacun, où qu’il soit, de prendre toutes ses responsabilités afin que le pays ne sombre pas de ce fait.

Sécurité routière : adaptation des instruments de lutte

Le Conseil national de transition a adopté, lors de sa séance plénière du 29 mai 2023, le projet de loi portant modification de l’ordonnance N°09-003/P-RM du 09 février 2009 portant création de l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER).

Malgré les actions entreprises pour la réduction des accidents de circulation routière, les statistiques sont demeurées préoccupantes. Ainsi, depuis 2015, le Mali connaît un taux de mortalité routière de l’ordre de 25 tués pour 100 000 habitants, selon l’annuaire statistique de l’ANASER. Et les victimes sont principalement des jeunes.

Pour inverser la tendance et se référer aux bonnes pratiques internationales en la matière, les autorités ont adopté une stratégie nationale basée sur l’approche dite « système sûr », qui permet de traiter le problème de façon intégrée. Cette stratégie vaut pour la décennie 2021-2030 et son plan d’action pour 2021-2025.

Mais le diagnostic, établi en 2017 avant l’élaboration de la stratégie, a révélé des lacunes. C’est pourquoi il est apparu nécessaire de procéder à la modification de l’ordonnance de création de l’ANASER pour préciser les attributions de l’agence et redéfinir son rôle de coordination des actions de sécurité routière.

L’agence est confrontée à l’insuffisance des moyens techniques de contrôle de l’excès de vitesse, de la conduite sous l’emprise de l’alcool ou des drogues et de l’usage du téléphone au volant/guidon. À ce jour, le Mali ne dispose que de 4 radars portatifs vétustes et d’une dizaine d’éthylotests. Or il ressort des enquêtes que les conducteurs imprudents consomment plus de drogues qu’ils ne boivent d’alcool. Un testeur de drogue coûte en moyenne 20 000 francs CFA pour un usage unique.

PS Yelen Kura – Référendum : le parti célèbre ses 10 ans et appelle à voter « oui »

Créé le 25 mai 2013, le parti socialiste PS Yelen Kura a eu 10 ans d’existence le 25 mai 2023. Pour célébrer ce dixième anniversaire, le parti a tenu une cérémonie mercredi 31 mai à son siège au cours de laquelle il a appelé ses militants à voter pour le « oui » lors du Référendum Constitutionnel du 18 juin 2023.

C’est dans une ambiance festive que plusieurs militants et militantes du Parti socialiste PS Yelen Kura se sont retrouvés dans les locaux du parti sis à Badialan III en commune III du district de Bamako pour fêter les 10 ans d’existence de la formation politique. Plusieurs membres du Bureau exécutif  national étaient également au rendez-vous, avec à leur tête, le président du parti, l’ancien ministre Amadou Koita.

« Pendant 10 ans, nous avons apporté notre pierre à l’édification d’un Mali nouveau pour le renforcement de nos Institutions et surtout pour la consolidation de la démocratie. Malgré les difficultés que nous avons connues, les turbulences que nous avons traversées, le parti est resté solide, debout et engagé  pour les causes du Mali», s’est félicité M. Koita, saluant le sens élevé de militantisme, la bravoure et le don de soi des militants et militantes du parti durant ces 10 années.

« Le parti est resté solide parce qu’au cœur du parti, au cœur du patrimoine politique du parti, le militant PS Yelen Kura a deux grandes vertus. La première c’est la fidélité et la deuxième, la résilience », a-t-il souligné.

Bilan politique

Durant ces 10 ans, le PS Yelen Kura a participé à l’animation de la vie sociopolitique nationale. En 2016, le parti a pris part aux élections municipales et a obtenu des Conseillers municipaux et des maires dans les localités de Sadiola, Konna, Soufroulaye, Bamba et dans la commune III du district de Bamako.

Après avoir activement participé en 2018 à la réélection pour le second mandat de l’ex-Président IBK, il a également participé aux élections législatives deux ans plus tard , en 2020, dans les circonscriptions électorales de Kati, Tominian, Kayes,Mopti, Sikasso, Kolondiéba, Communes III et VI du district de Bamako, avec à la clé un député élu.  Après le coup d’Etat du 18 août 2022, le PS Yelen Kura a participé aux échanges et au processus d’élaboration de la charte de la transition

Appel au « oui »

Alors que la dernière ligne droite pour le Référendum est entamée, le PS Yeleen Kura a rejoint le large camp du « oui » qui est en train de se constituer depuis l’annonce de la date du référendum du 18 juin prochain.

« Après avoir analysé le contenu de ce projet de Constitution et après consultation des militantes et militants, le parti constate des avancées qui renforcent les Institutions de la République et consolident la démocratie. Eu égard à ces constats, le Bureau exécutif national du parti invite l’ensemble des militantes et militants du pari à se mobiliser pour un vote massif pour le « Oui » au Référendum constitutionnel du 18 juin 2023 », indique la déclaration du parti lue par le Secrétaire général, Beydi Diakité.

Pour beaucoup, cette décision paraît surprenante vu l’appartenance du PS Yelen Kura au Cadre des partis et regroupements politiques, qui ne cesse de demander aux autorités de la transition l’abandon du projet d’adoption d’une nouvelle Constitution.

« Nous avons convoqué une réunion importante du parti où tous les cadres étaient présents, nous avons également interrogé nos représentants dans les régions. Ils ont tous souhaité que pour le renforcement de la démocratie et surtout pour le retour à l’ordre Constitutionnel, nous soutenions l’adoption du projet de Constitution », a expliqué le président du parti, Amadou Koita.

URD – EDR : forces et faiblesses

L’un veut maintenir l’Union, l’autre, insuffler un nouvel Espoir avec la création d’un nouveau parti politique. Le divorce étant désormais acté entre les partisans de Gouagnon Coulibaly et ceux de Salikou Sanogo, que peuvent représenter les deux tendances ? Focus sur leurs atouts et handicaps.

Ce que l’on annonçait comme « inévitable » s’est produit : l’URD se scinde en deux. Le 20 mai dernier, Salikou Sanogo et ses partisans ont annoncé la création d’un nouvel appareil politique, Espoir pour la Démocratie et la République (EDR). En attendant son lancement officiel, les statuts et le règlement intérieur du parti ont déjà été adoptés. Les logo et nom également. Irréconciliables, les deux tendances doivent désormais faire cavalier seul sur l’échiquier politique. Quels sont les forces et faiblesses de chacune ?

Prenons Gouagnon Coulibaly en premier. L’ancien député de Kati conserve l’URD, vieux parti de 20 ans dont le nom est très connu sur l’ensemble du territoire malien. Une des raisons pour laquelle plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats aux élections à venir jouent encore la carte de la prudence.

« Tout ceux qui espèrent un poste électif vont vouloir consulter leurs sections avant de faire un choix. En plus, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau national. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont officiellement quitté le parti de la Poignée de mains.

Financièrement aussi, le camp Gouagnon pourrait s’en sortir. Plusieurs grands bailleurs de fonds lui sont restés fidèles, notamment Sékou Abdoul Kadri Cissé, oncle maternel de l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. Ancien député de Djenné et voix influente à l’URD, selon une source interne, il était du temps de Soumaïla Cissé l’un des principaux bailleurs de la formation politique. Boubou Cissé lui-même, ainsi que l’ancien ministre de l’Économie Mamadou Igor Diarra, sont du côté de Gouagnon Coulibaly et représentent des bailleurs potentiels pour son camp.

Capacités

Autre atout pour la tendance Gouagnon, elle est soutenue par de nombreux cadres du parti qui ont une forte capacité de mobilisation. Au nombre desquels le 5ème Vice-président, Amadou Cissé dit Djadjiri, qui jouit d’une grande popularité, principalement dans la zone de Ténenkou, ou encore Abdrahamane Diarra. Longtemps Président de la Jeunesse de l’URD, ce dernier est en mesure de mobiliser les jeunes militants. Tout comme l’expert en communication Racine Thiam, qui s’est également engagé auprès de l’actuel Président de l’URD.

Le camp Gouagnon a toutefois des faiblesses, dont certaines pourraient sérieusement l’impacter. Il ne semble pas bénéficier du soutien de la famille de l’ancien Chef de file l’Opposition du Mali, bien que ses militants se réclament « héritiers de feu Soumaïla Cissé » animés d’une volonté de « perpétuer ses idéaux ». Sans se prononcer publiquement, sa veuve, Mme Cissé Astan Traoré, s’est plusieurs fois affichée aux côtés du camp Salikou Sanogo, notamment le 20 mai, lors de l’annonce de la création de l’EDR. Des nostalgiques de Soumaïla Cissé s’indignent contre le camp Gouagnon Coulibaly, qu’ils accusent « de vendre l’URD au plus offrant ». Certains d’entre eux ne digèrent toujours pas l’adhésion à l’URD de Boubou Cissé, qui a été partisan du pouvoir d’IBK qu’ils ont combattus.

Ténors

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-on. De son côté, la grande force du camp Salikou Sanogo est bien évidement la famille de Soumaïla Cissé. « Sa femme est présidente d’honneur du nouveau parti EDR et l’un de ses enfants est Secrétaire national chargé des Maliens de l’Extérieur dans le Directoire provisoire. Aujourd’hui, personne ne peut revendiquer le nom de Soumaïla Cissé plus que sa femme et ses enfants », estimait dans Journal du Mali (N°424) Nouhoum Togo, un ancien très proche du défunt politicien. La tendance Salikou Sanogo peut se targuer en plus de bénéficier de l’accompagnement de plusieurs ténors de longue date de l’URD, dont Daouda Touré, membre fondateur et Secrétaire général du parti, ou encore de l’éloquent avocat Me Demba Traoré, à l’URD depuis 2007. Mais la faiblesse du camp Salikou Sanogo réside aussi dans sa force. « La plupart de ces anciens ténors sont des vieux du parti qui ne pèsent plus lourd au niveau de leur base et ne possèdent pas de fonds conséquents pour financer une campagne électorale », signale un membre du BN. Incapables de rester ensemble, les deux camps doivent à présent batailler dur l’un sans l’autre, avec leurs forces et faiblesses respectives, pour peser sur la scène politique malienne.