CPI : Une session décisive face aux critiques et aux attentes de réforme

Du 1ᵉʳ au 6 décembre 2025, l’Assemblée des États parties au Statut de Rome tient sa 24ème session à La Haye pour discuter de l’avenir de la Cour pénale internationale. Dans un contexte de fortes contestations, les délégations doivent défendre la Cour, répondre aux critiques et améliorer son fonctionnement.

Créée pour juger les crimes les plus graves, la CPI arrive à cette session avec un bilan fortement scruté. Depuis 2023, elle a franchi un seuil politique en émettant un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation d’enfants ukrainiens, une première visant un dirigeant d’un membre permanent du Conseil de sécurité. En 2024, elle a aussi visé Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant et Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité liés à la guerre de Gaza et aux attaques du 7 octobre.

Ces décisions ont ravivé les critiques contre la CPI. La Russie, Israël et les États-Unis l’accusent de dérives politiques, tandis que plusieurs pays africains maintiennent leurs reproches de « justice sélective ». En septembre 2025, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait du Statut de Rome, qu’ils qualifient d’instrument « néocolonial », même si ce retrait ne sera effectif qu’au bout d’un an et ne suspend pas les enquêtes en cours, notamment celles visant les crimes commis au Mali depuis 2012.

À La Haye, les États parties examineront le budget 2026, renouvelleront plusieurs organes techniques et passeront en revue les chantiers de réforme déjà engagés. Les discussions porteront aussi sur la coopération des États, la protection des témoins et l’avenir du Fonds au profit des victimes. Plusieurs délégations et ONG réclament une Cour plus visible sur le terrain, mieux comprise des communautés affectées et capable de rendre effectives les réparations ordonnées.

Dans le même temps, les États parties doivent gérer des pressions croissantes. Les sanctions américaines visant des juges impliqués dans les mandats contre les dirigeants israéliens rappellent la fragilité d’une Cour théoriquement indépendante mais toujours tributaire de la coopération de ses membres pour appliquer ses décisions.

Cette 24ème session constitue une double épreuve. Les États parties doivent défendre un outil essentiel contre l’impunité dans un contexte international fragmenté, tandis que la Cour cherche à démontrer sa capacité à se réformer, à élargir réellement le champ de ses poursuites au-delà des États les plus exposés et à rester une instance crédible pour les victimes lorsque les juridictions nationales échouent.

 

Enseignement : Des retards de salaires qui fragilisent tout le système

L’arrêt de travail déclenché par les syndicats de la région de Dioïla le 26 novembre a pris fin ce 1er décembre 2025, mais la crise révèle un malaise bien plus profond. Le retard récurrent dans le paiement des salaires des enseignants des collectivités, à l’origine de la paralysie dans cette région, touche en réalité plusieurs localités du pays et menace une année scolaire déjà marquée par des perturbations.

Le mouvement spontané des enseignants fonctionnaires de Dioïla, qui a mis toutes les écoles à l’arrêt pendant plusieurs jours, repose sur un point de rupture bien connu. Il s’agit de l’application de la décision de 2011 du ministère des Finances qui prévoit le paiement des salaires des enseignants des collectivités au plus tard le 25 du mois. Lorsque cette date n’est pas respectée, les syndicats observent traditionnellement un arrêt de travail. Les organisations locales affirment que, malgré la patience observée ces derniers mois en raison des difficultés liées au SIGRH et à la pénurie de carburant qui a perturbé la rentrée, les retards persistent.

Selon M. Famoussa Keita, Secrétaire général du SYNEM et Porte-parole de la Synergie régionale, la situation n’est plus tenable. Il estime que les efforts consentis jusque-là n’ont pas permis de corriger les dysfonctionnements dans la chaîne de traitement des salaires.

Casse-tête

À peine la crise de Dioïla suspendue, une autre localité est entrée en mouvement. Les enseignants de Koutiala ont entamé le 1er décembre un arrêt de travail similaire, pour les mêmes motifs. Cette simultanéité illustre que les perturbations liées au paiement des salaires ne relèvent pas d’un simple incident administratif régional, mais d’un problème structurel.

Des rapports syndicaux consultés récemment évoquent des retards répétitifs dans plusieurs cercles, notamment dans certaines communes de Sikasso, Koulikoro et Ségou. Les mêmes griefs reviennent, à savoir lenteurs administratives, circuits de validation trop longs, absence de remontées systématiques des services déconcentrés, surcharge persistante du Bureau central des soldes.

Les mesures annoncées par l’État – obligation pour les représentants de rendre compte du traitement dans les délais et réflexion sur une recentralisation du paiement des enseignants – ne se sont pas encore traduites par des résultats visibles sur le terrain.

Si l’arrêt de travail à Dioïla n’a duré que trois jours, ces interruptions répétées, cumulées aux retards de rentrée, représentent des heures de cours perdues pour des milliers d’élèves du public. La multiplication de ces mouvements confirme que la question du paiement des enseignants des collectivités est désormais un enjeu national, au cœur de la stabilité du calendrier scolaire.

Afrique de l’Ouest : les femmes de plus en plus visibles sur les routes migratoires

Publié début décembre 2025 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un nouveau rapport intitulé « Women on the move » analyse les déplacements de 15 360 voyageuses en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2024.

Cette étude, fondée sur le dispositif de Flow Monitoring de l’OIM, documente les profils, les itinéraires et les risques auxquels sont exposées les femmes, notamment au Mali et au Niger.

Le document repose sur des données collectées à 27 points de suivi des flux dans sept pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le long de principaux axes de transit. Il s’inscrit dans un dispositif lancé par l’OIM en 2016 pour observer les mouvements intra et interrégionaux. En 2024, 22 % des personnes interrogées dans la région sont des femmes, dont la majorité a entre 25 et 59 ans, et une part plus réduite appartient à la tranche des 18–24 ans.
Les informations fournies par les autorités nationales montrent que trois pays dominent les pays d’origine des voyageuses interrogées : le Nigeria représente 26 % des cas recensés, devant le Burkina Faso (18 %) et le Niger (15 %). Les destinations déclarées restent d’abord régionales dans la mesure où 68 % des femmes interrogées projettent de rester en Afrique de l’Ouest, près de la moitié d’entre elles mentionnant le Niger comme pays de destination. Près de 29 % disent se diriger vers l’Afrique du Nord, tandis que des proportions plus faibles citent l’Europe ou l’Afrique centrale.
Les raisons avancées pour le départ sont principalement économiques. Selon le rapport, 61 % des voyageuses déclarent se déplacer pour des motifs liés au travail, au commerce ou à la recherche d’opportunités professionnelles. Les mouvements de regroupement familial, qu’ils soient permanents ou de courte durée, représentent 19 % des motifs évoqués. D’autres facteurs apparaissent dans les réponses, comme la poursuite d’une formation, l’accès à certains services, les effets des conflits, des catastrophes ou du changement climatique, mais dans des proportions plus réduites.
Le Mali est directement concerné par cette dynamique. Le rapport souligne qu’entre 2020 et 2024, la part des femmes parmi les migrants interrogés a augmenté de 10 points de pourcentage au Mali et de 6 points au Niger, illustrant une féminisation progressive des flux sur ces axes. Ces deux pays concentrent à eux seuls 35 % de l’ensemble des voyageurs recensés dans l’étude. Au sein des programmes d’aide au retour volontaire et à la réintégration vers l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les femmes sont également plus nombreuses. En effet, leur proportion a augmenté de 8 points entre 2020 et 2024, tandis que leur nombre a presque été multiplié par cinq. Parmi les bénéficiaires féminins de ces retours, 49 % se réinstallent au Niger et 27 % au Mali, les autres se répartissant entre le Burkina Faso, la Mauritanie, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et d’autres pays.
L’étude aborde aussi les situations de vulnérabilité. Lors des entretiens menés au Tchad, au Mali et au Niger, moins de 1 % des femmes interrogées se sont identifiées comme victimes de travail forcé. Parmi ces dernières, seulement 44 % disposaient de documents d’identité au moment de l’enquête. Les personnes concernées mentionnent principalement la confiscation de leurs papiers, non restitués ensuite, et, dans une moindre mesure, la perte des documents. Ces éléments restent limités en proportion mais apportent des indications sur les risques spécifiques rencontrés par une partie des voyageuses sur les routes migratoires.
En rassemblant ces indicateurs pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le rapport de l’OIM fournit un cadre statistique commun sur la présence des femmes dans les flux migratoires régionaux. Il offre aux autorités nationales et aux partenaires un outil de suivi pour comparer les situations entre pays, observer les tendances dans le temps et ajuster les dispositifs d’assistance et de gestion des mouvements de population.

Thé malien à l’ère du numérique : Une startup innove

Au Mali, où le thé est au cœur de la vie sociale, Abdoulaye Farota et Bakary Bengaly, deux jeunes ingénieurs, ont décidé de moderniser un rituel profondément ancré. Avec leur startup Mandé Tech, ils ont créé une machine automatique capable de préparer le thé malien en respectant les préférences de chaque consommateur. Baptisée Mandé Barrada, cette invention compacte et accessible attire déjà une forte attention et pourrait transformer la manière dont les Maliens partagent leur boisson favorite.

Dans un Mali où l’écosystème technologique national se développe rapidement, la Mandé Barrada s’impose comme une innovation à la fois surprenante et cohérente avec les usages locaux. Présentée au Salon des entrepreneurs de la Confédération des États du Sahel, elle a immédiatement suscité la curiosité du public. Les fondateurs expliquent que l’idée leur est venue presque spontanément en observant l’importance du thé dans les « grins », ces espaces de sociabilité où les discussions se prolongent souvent autour de plusieurs services traditionnels.

L’appareil, léger et facile à transporter, reprend le principe des machines à café, mais avec une adaptation au thé malien, dont la préparation exige habituellement du temps, de la précision et un véritable savoir-faire. La Mandé Barrada permet de choisir la force de la préparation – premier, deuxième ou thé plus corsé – ainsi que la quantité de sucre, allant du très sucré au sans sucre, le tout pour un prix fixé à 200 francs CFA, pensé pour rester accessible.

Depuis les premières démonstrations, l’engouement est palpable. Dans les grins de Bamako, les curieux se succèdent pour découvrir cette machine qui allie tradition et modernité sans dénaturer l’esprit convivial du thé malien. Plusieurs consommateurs affirment y voir une manière pratique de gagner du temps tout en retrouvant les saveurs auxquelles ils sont attachés.

Les deux ingénieurs travaillent déjà sur de nouvelles améliorations, notamment une production plus large et des déclinaisons destinées à d’autres boissons locales. À terme, ils espèrent faire de leur invention une référence nationale, voire sous-régionale.

Avec la Mandé Barrada, Mandé Tech démontre qu’innover peut naître de gestes quotidiens. Une belle promesse forte pour la technologie « Made in Mali » et pour l’avenir d’une tradition bien vivante aujourd’hui.

Ibrahim Baby

Stabilité financière : premier rapport commun des banques centrales africaines

À Yaoundé, la 47ᵉ Assemblée des Gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines (AACB) a été marquée par la présentation du premier Rapport africain sur la stabilité financière, élaboré à l’échelle du continent.

Le document couvre quarante-six pays représentant près de 90 % du produit intérieur brut africain et se veut un outil commun de suivi des vulnérabilités financières et de comparaison entre systèmes bancaires nationaux.
Ce rapport est le résultat des travaux du Comité africain de stabilité financière mis en place par l’AACB. La coordination a été assurée par la Banque de Maurice, qui a présidé ce comité jusqu’à la fin de son mandat à la tête de l’Association. La gouverneure mauricienne, Priscilla Muthoora Thakoor, a supervisé l’achèvement de ce premier exercice en tant que présidente sortante de l’AACB.
Les gouverneurs des banques centrales se sont réunis le 28 novembre 2025 dans la capitale camerounaise pour examiner les conclusions de ce rapport et discuter des suites à donner. Selon les éléments rendus publics, le document agrège des données fournies par les autorités monétaires nationales à partir d’un canevas méthodologique harmonisé validé en amont par l’Association. Il s’agit d’une première mise en commun structurée d’indicateurs de stabilité financière à l’échelle du continent.
Vulnérabilité
Le rapport recense les principales sources de vulnérabilité auxquelles sont confrontés les systèmes financiers africains. Les contributions évoquent l’impact de la volatilité des conditions financières mondiales, les pressions inflationnistes, les niveaux d’endettement public et privé, la dépendance à un nombre limité de produits d’exportation, la faible profondeur de certains marchés financiers et l’exposition aux chocs externes. L’objectif affiché est de fournir aux banques centrales un outil de diagnostic partagé pour repérer les canaux de transmission des risques et comparer les situations nationales.
Le document examine aussi les cadres prudentiels en vigueur dans les juridictions couvertes. Il relève les écarts par rapport aux standards internationaux de supervision bancaire, notamment en matière de dispositifs macroprudentiels, de collecte et de diffusion des données, de gouvernance et de coordination entre autorités. Ces constats doivent alimenter un programme de renforcement de la supervision, notamment à travers le programme 2026–2028 de la Communauté des superviseurs bancaires africains, mentionné dans les travaux de Yaoundé.
Union monetaire continentale en vue
Les échanges tenus en marge de l’Assemblée ont mis en relation ce premier rapport et les projets d’intégration monétaire en Afrique. Les responsables des banques centrales ont rappelé que la création de l’Institut monétaire africain, étape préparatoire à une éventuelle union monétaire continentale, suppose une capacité partagée d’évaluer les risques financiers et de prévenir les crises systémiques. La mise en place d’un cadre continental d’analyse de la stabilité financière est présentée comme un socle technique pour ces évolutions.
La question des systèmes de paiement a également été abordée. Plusieurs interventions ont souligné l’importance d’une meilleure interopérabilité entre les infrastructures de paiement nationales et régionales, afin de faciliter les règlements transfrontaliers et de soutenir les échanges intra-africains. L’articulation entre un suivi coordonné des risques et l’intégration progressive des systèmes de paiement est apparue comme un des axes de travail identifiés par l’AACB.
Selon les informations diffusées à l’issue de la réunion, le rapport entend s’aligner sur les pratiques internationales en matière de rapports de stabilité financière tout en tenant compte de caractéristiques propres aux économies africaines, comme le poids des matières premières dans les recettes d’exportation, l’ampleur du secteur informel, les contraintes de gouvernance et la sensibilité aux chocs climatiques. Les éditions suivantes devraient permettre de suivre l’évolution de ces paramètres dans le temps et de mesurer l’effet des réformes engagées dans les différents pays.
La présidence de l’Association des banques centrales africaines a été confiée, à l’issue de l’Assemblée, au gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, Yvon Sana Bangui. Il est chargé de conduire la prochaine phase du chantier, qui comprend la préparation des futures éditions du rapport africain sur la stabilité financière, le suivi des décisions prises à Yaoundé et le renforcement de la coopération entre banques centrales autour de la surveillance prudentielle et de la gestion des risques.

Karidia Sangaré, Cheffe du projet Citoyenneté 2.0 :  « Ma sécurité numérique est mon devoir »

L’explosion des risques en ligne – cyberharcèlement, hameçonnage, désinformation, violation de données – pousse aujourd’hui les acteurs des médias et de la société civile à renforcer leurs pratiques numériques. À Bamako, Women Tech Mali mobilise ces professionnels autour d’une démarche visant à mieux protéger les informations, les sources et les utilisateurs. Propos recueillis par Massiré Diop.

Vous portez aujourd’hui un plaidoyer fort autour de la sécurité numérique. Quel en est l’enjeu principal ?

La sécurité numérique est désormais un devoir pour chacun. Avec le projet Citoyenneté 2.0, financé par les Affaires étrangères du Danemark à travers le Fonds d’appui aux moteurs du changement, nous travaillons à renforcer la capacité des organisations de la société civile et des médias à évoluer dans un environnement numérique qui expose leurs données, leurs communications et leurs sources. L’objectif est d’amener ces acteurs à maîtriser les outils essentiels pour se protéger et protéger les personnes qu’ils représentent.

Qu’est-ce qui rend cette démarche urgente aujourd’hui au Mali ?

La circulation rapide et massive des informations sur les réseaux sociaux a fait émerger de nouveaux risques. Nous observons une multiplication des contenus non vérifiés, des tentatives d’hameçonnage, des cyberescroqueries et des atteintes à la vie privée. Les organisations de la société civile et les professionnels des médias relaient beaucoup d’informations sans toujours disposer des connaissances nécessaires pour vérifier leur authenticité ou détecter les manipulations. Il est indispensable qu’ils puissent identifier les menaces, sécuriser leurs comptes, comprendre les techniques de phishing et mesurer l’impact d’une publication sur la protection des données à caractère personnel.

Quels résultats attendez-vous de cette mobilisation autour du numérique responsable ?

Nous attendons un engagement concret des participants à adopter des pratiques plus sûres et à devenir des relais de prévention dans leurs communautés. Nous voulons que chacun comprenne qu’un simple partage peut exposer une personne, une organisation ou même une communauté entière. La sécurité numérique n’est plus un choix, c’est une responsabilité. Il s’agit d’intégrer les bonnes pratiques de cybersécurité, d’appliquer systématiquement les règles de vérification des sources, de refuser la diffusion de données personnelles sans consentement. L’idée est de créer un environnement où chacun maîtrise les risques et agit en connaissance de cause.

Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la vision portée par Women Tech Mali ?

Elle s’inscrit dans notre volonté d’accompagner une société malienne plus informée, plus consciente des enjeux numériques et capable de défendre ses droits en ligne. Protéger les données, lutter contre le cyberharcèlement et freiner les manipulations sont des responsabilités collectives. Nous voulons que cette démarche devienne un réflexe partagé.

 

Bénin : tentative de coup d’État déjouée

Une tentative de coup d’État menée par un groupe de militaires a été déjouée dimanche au Bénin. Si le président Patrice Talon reste en place, l’épisode révèle la fragilité du climat politique à l’approche de la fin de son mandat.

Dans la nuit de samedi à dimanche, puis à l’aube du 7 décembre 2025, des éléments des Forces armées béninoises attaquent la résidence du président Patrice Talon, à Porto-Novo, avant de se tourner vers les médias publics. Peu après, au moins huit soldats apparaissent à la télévision nationale. Casques sur la tête pour certains, treillis impeccables, ils lisent un communiqué solennel annonçant la « destitution » du chef de l’État, la suspension de la Constitution, la dissolution des institutions et la fermeture des frontières. Ils se présentent comme le « Comité militaire pour la refondation », dirigé par le lieutenant-colonel Pascal Tigri, promu de facto figure du putsch.
Le signal de la télévision et de la radio publiques est brièvement interrompu, renforçant l’impression que le pouvoir bascule. Au même moment, l’ambassade de France signale des coups de feu au camp Guezo, près de la résidence présidentielle, à Cotonou, tandis que des positions stratégiques de la capitale économique sont tenues par des militaires. Dans leur déclaration, les putschistes justifient leur acte par la gestion du pays, promettent une « nouvelle ère » et affirment parler au nom de l’armée et du peuple.
Tentative avortée
Mais la séquence bascule très vite. Dans la matinée, le ministre des affaires étrangères, Shegun Adjadi Bakari, intervient pour affirmer qu’il s’agit d’un « petit groupe » de militaires n’ayant réellement pris le contrôle que de la télévision, tandis que « la plus grande partie de l’armée » reste loyale. Quelques heures plus tard, c’est le ministre de l’intérieur, Alassane Seidou, qui prend la parole dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il annonce que la tentative de coup a été « déjouée », parle de mutinerie et insiste sur le fait que les forces armées et leur état-major ont « maintenu le contrôle de la situation ».
La présidence assure alors que Patrice Talon est sain et sauf et que l’armée loyaliste reprend progressivement la main sur les points sensibles. Des sources proches du palais soulignent que les putschistes n’ont jamais réussi à s’emparer du siège de la présidence, ce qui a limité leurs capacités réelles. Dans les rues de Cotonou, la vie reprend par endroits son cours, même si certains quartiers autour des bâtiments officiels, de la télévision nationale et de la résidence présidentielle restent sous forte surveillance. Aucun bilan humain précis n’est rendu public dans l’immédiat, les autorités se gardant d’avancer des chiffres de victimes ou d’arrestations.
Fin de mandat
L’épisode intervient dans un moment politique particulièrement sensible. Patrice Talon est au pouvoir depuis 2016 et a répété à plusieurs reprises qu’il quitterait la présidence en 2026, conformément à la limitation à deux mandats inscrite dans la Constitution. Son camp prépare déjà sa succession, avec le nom de l’ancien ministre des Finances Romuald Wadagni régulièrement cité comme dauphin potentiel, tandis que des figures de l’opposition ont été écartées de la compétition ou emprisonnées ces dernières années. Le Bénin, longtemps présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, est ainsi entré dans une zone de turbulences politiques où la confiance entre pouvoir, opposition et une partie de l’opinion s’est nettement érodée.
La tentative de coup de ce 7 décembre s’inscrit aussi dans une séquence régionale lourde. Du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso et plus récemment la Guinée-Bissau, les renversements ou tentatives de renversement par la force se sont succédé, au point que certains parlent désormais d’une « ceinture des coups d’État » qui progresse vers le golfe de Guinée. Le Bénin était jusqu’ici cité comme l’un des États qui parvenaient à tenir ce phénomène à distance, malgré la pression des groupes armés dans le nord du pays. La journée de dimanche rappelle que même les régimes se voulant stables ne sont pas à l’abri de fractures internes, y compris au sein de l’appareil sécuritaire.
Condamnation
La réaction des partenaires régionaux et internationaux ne se fait pas attendre. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest condamne rapidement la tentative de renversement de l’ordre constitutionnel et réaffirme son soutien au président Talon. Des chancelleries occidentales appellent leurs ressortissants à la prudence, certains pays recommandant d’éviter les déplacements non essentiels dans la capitale pendant que la situation se stabilise.
Pour l’instant, le pouvoir à Porto-Novo et Cotonou cherche à projeter l’image d’un État qui a su résister à une dérive militaire. Mais derrière les déclarations officielles, de nombreuses questions restent ouvertes. Qui, au-delà de la figure de Pascal Tigri, a inspiré ou soutenu ce coup manqué ? Jusqu’où des frustrations politiques, économiques ou internes à l’armée ont-elles nourri le passage à l’acte ? Et comment le régime Talon entend-il répondre à ces signaux d’alerte, alors que s’ouvre la dernière ligne droite de son mandat ?
En ce 7 décembre 2025 au soir, le coup d’État a échoué, le président est toujours en place et les institutions n’ont pas été renversées. Mais le Bénin sort de cette journée avec une évidence : le vernis de stabilité cache des tensions qui, si elles ne sont pas prises en compte, pourraient resurgir demain sous d’autres formes.

Axe Bougouni–Bamako : tirs contre un convoi de citernes escorté par les FAMa

Un convoi de camions-citernes escorté par les Forces armées maliennes a été visé ce samedi sur l’axe Bougouni-Bamako.

Cet incident intervient après plusieurs semaines d’amélioration relative de l’approvisionnement en carburant, consécutive à une baisse des attaques qui avaient provoqué de longues pénuries depuis mi-septembre.
L’État-Major Général des Armées indique qu’une escorte FAMa accompagnant un convoi de citernes a essuyé des tirs « des terroristes » ce 6 décembre. Le communiqué fait état d’une réaction « vigoureuse et prompte » des unités engagées et affirme que « la situation est sous contrôle ». L’armée mentionne également que « les citernes endommagées ont été prises en charge par les forces » avant que le reste du convoi ne soit escorté jusqu’à destination sans autre incident. Aucune précision supplémentaire n’a été fournie quant à la nature des dégâts ni sur d’éventuelles pertes. L’État-Major appelle les citoyens à signaler toute activité suspecte tout en assurant que la sécurisation de ces escortes demeure une priorité opérationnelle.
Cet épisode survient dans un contexte marqué par plusieurs mois d’attaques visant les camions-citernes transportant du carburant vers Bamako et d’autres villes du pays. Depuis la mi-septembre, ces attaques ont fortement perturbé les flux logistiques et entraîné une pénurie marquée par des files d’attente interminables devant les stations-service. La diminution récente de ces incidents avait en partie permis une amélioration progressive de la distribution, perceptible dans la capitale où le carburant commençait à revenir de façon plus régulière.
La reprise de tirs contre un convoi de citernes soulève des interrogations quant à la stabilité de cette amélioration. Après plusieurs semaines d’accalmie relative sur les axes d’approvisionnement, l’incident de ce samedi rappelle que la sécurisation des convois reste un enjeu déterminant dans le processus de sortie de crise, sans que l’on puisse encore mesurer l’impact de cette nouvelle attaque sur l’acheminement du carburant dans les jours à venir.

Projet de loi de finances 2026 : un budget de 3 578 milliards adopté à l’unanimité

Le Conseil national de Transition a adopté ce 4 décembre la première partie du projet de loi de finances 2026, qui porte les dépenses de l’État à 3 578 milliards de FCFA.

Cette validation unanime intervient alors que les recettes projetées, estimées à 3 057,7 milliards, restent étroitement liées à la capacité de l’administration à mobiliser des ressources dans un environnement économique sous pression.
La plénière du CNT, présidée par le chef de cette institution, Malick Diaw, a entériné un déficit de 520,4 milliards de FCFA, présenté comme soutenable au regard des indicateurs macroéconomiques officiels. Le président de la Commission des Finances, l’Honorable Mamadou Touré, a rappelé que le déficit représentait 2,2 % du PIB et que la dette, estimée à 43 % du PIB, demeurait sous les seuils de l’UEMOA. Ces chiffres, qualifiés de « prudents » par les responsables, contrastent toutefois avec un contexte marqué par des incertitudes sur la croissance, la volatilité des recettes minières et les tensions persistantes sur les importations d’hydrocarbures.
Le caractère « souverain » du budget, financé presque entièrement sur ressources internes, renforce l’enjeu porté par les régies financières à un moment où les recettes douanières et fiscales font l’objet d’attentes élevées. Les augmentations simultanées des budgets de la Présidence, du CNT, de la Primature et de la Sécurité d’État interviennent alors que d’autres secteurs demeurent confrontés à des besoins importants, notamment en matière d’énergie, de sécurité et de services sociaux. Les projections reposent également sur une stabilité des prix et une croissance soutenue, dans un environnement où les aléas climatiques et sécuritaires pèsent encore sur les performances économiques.
L’adoption de ce premier volet ouvre la voie à l’examen, le 8 décembre, de la seconde partie consacrée aux programmes sectoriels. Elle devra préciser les marges de manœuvre réelles de l’État pour financer les politiques publiques dans un contexte où la dépendance à l’or, les contraintes budgétaires et les pressions sur la dépense publique demeurent des facteurs de vulnérabilité pour l’exercice à venir.

Lutte contre le terrorisme : Les violences progressent malgré les initiatives régionales

La région ouest-africaine fait face à une intensification des violences armées qui oblige les organisations sous-régionales à renforcer leurs dispositifs collectifs de sécurité. Les attaques répétées contre les corridors maliens et les données alarmantes publiées par la CEDEAO, l’AES et divers organismes spécialisés témoignent d’une menace désormais pleinement transfrontalière.

La coordination sécuritaire en Afrique de l’Ouest se trouve à un moment charnière. Selon les chiffres présentés en novembre 2025 au Conseil de sécurité de l’ONU par le Président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, l’espace communautaire a enregistré environ 450 incidents terroristes et plus de 1 900 morts entre janvier et novembre. Le Sahel central concentre à lui seul près de 80% des attaques et plus de 85% des victimes, confirmant les tendances relevées par l’ACLED et l’Index mondial du terrorisme.

Les attaques contre les convois de carburant reliant le Mali à ses ports ont mis en évidence une fragilité logistique qui dépasse les frontières nationales. Cette pression a précipité la mise en place de réponses collectives mieux structurées, fondées sur un renseignement partagé et une coordination opérationnelle renforcée.

Dans ce contexte, l’Alliance des États du Sahel s’affirme comme un acteur central, même si sa force unifiée est en phase de mise en place et loin de son plein potentiel. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger multiplient néanmoins les opérations coordonnées pour sécuriser les corridors vitaux et commencent à mutualiser plus systématiquement leurs capacités de renseignement et de riposte.

Parallèlement, la CEDEAO poursuit ses propres initiatives, malgré les tensions politiques qui l’opposent à certains États sahéliens. Sa Force d’intervention régionale, annoncée en 2023, dispose d’une capacité initiale de 1 650 personnels et pourrait atteindre 5 000 hommes selon les contributions des États membres. Touray a rappelé que le terrorisme constitue désormais une menace existentielle, y compris pour les pays côtiers, où des cellules dormantes ont été détectées. Le mécanisme d’alerte précoce de la CEDEAO demeure un instrument majeur d’anticipation et d’analyse.

Des mécanismes déjà disponibles

La région bénéficie également du Processus de Nouakchott, lancé en 2013 par l’Union africaine pour renforcer la coopération sécuritaire sahélienne. Ce mécanisme facilite la circulation des renseignements et l’harmonisation des stratégies de surveillance frontalière tout en intensifiant les formations spécialisées destinées aux forces des pays membres. Son rôle est devenu plus visible à mesure que les groupes armés étendaient leurs zones d’influence.

Par ailleurs, le CEMOC, basé à Tamanrasset et réunissant l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, est un cadre de coopération axé sur le partage du renseignement et la surveillance des zones frontalières. Bien que moins visible ces dernières années, il continue d’alimenter les échanges stratégiques entre États sahéliens, en complément des autres dispositifs régionaux.

À ces dispositifs s’ajoutent l’Initiative d’Accra et la Force Multinationale Mixte du Lac Tchad, deux architectures complémentaires dans la lutte contre l’expansion djihadiste. L’Initiative d’Accra, regroupant notamment le Ghana, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire, mène des opérations coordonnées pour contenir la progression des groupes armés vers le Golfe de Guinée. Tandis que la Force du lac Tchad, engagée contre Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest, est l’un des cadres opérationnels les plus actifs du continent.

Violences armées

Pourtant, les données d’ACLED montrent que le Sahel central était en 2024 et au premier semestre 2025 l’un des foyers de violences les plus meurtriers hors zones de guerre. Les attaques visent aussi bien les villages que les forces armées et les axes économiques. L’Index mondial du terrorisme classe le Mali, le Burkina Faso et le Niger parmi les pays les plus touchés au monde.

Ces dynamiques mettent en relief à la fois la multiplication des initiatives régionales et les tensions qui subsistent entre certaines organisations. Les divergences institutionnelles ne masquent toutefois pas une réalité largement partagée. En effet, il est évident qu’aucune réponse strictement nationale ne peut enrayer une menace qui ignore les frontières et exploite les vulnérabilités structurelles des États.

Les attaques visant les civils, les services locaux et les infrastructures économiques rappellent l’urgence d’une action régionale réellement coordonnée. La protection des corridors maliens a montré que l’efficacité collective repose avant tout sur la mutualisation des moyens, la rapidité de réaction et le partage du renseignement. Malgré les dispositifs complémentaires qui se renforcent, la réponse reste encore insuffisante face à l’ampleur de la menace.

Massiré Diop

Secteur minier : Un rapport qui rebat les cartes

Le rapport présenté le 1ᵉʳ décembre par la commission de négociation et de renégociation marque une étape décisive dans la refonte de la relation entre l’État et les sociétés minières. Ses conclusions, attendues depuis plusieurs mois, replacent les enjeux du secteur au cœur de l’actualité alors que les discussions autour de Loulo-Gounkoto et l’accord signé avec Barrick ont dominé les derniers jours.

La commission fait état de 761 milliards de francs CFA recouvrés, alors que l’objectif initial était fixé à 400 milliards. Elle annonce également que toutes les sociétés auditées seront désormais assujetties au Code minier de 2023, ce qui devrait générer une hausse prévisionnelle de 585,7 milliards de francs CFA par an pour les recettes publiques. Le rapport précise que le coût total de la mission s’élève à 2,87 milliards de francs CFA.
Ces résultats interviennent dans un contexte marqué par l’accord conclu le 24 novembre entre l’État et Barrick Mining, qui met fin à deux années de contentieux autour de l’exploitation de Loulo-Gounkoto. La migration des deux sociétés vers le Code minier de 2023 et la garantie d’un cadre opérationnel stable devraient permettre une reprise des activités en janvier 2026. La mine, sous administration provisoire depuis juin, doit être restituée à l’opérateur, tandis que les sous-traitants se préparent à reprendre leurs opérations.
L’impact économique de l’accord est estimé à 220 milliards de francs CFA par an, dans un secteur qui avait affiché 835,1 milliards de francs CFA de revenus en 2024, en progression de 52,5%. Les emplois associés à la production, près de 7 000 postes directs et indirects, constituent également un enjeu social majeur pour les régions concernées.
La libération, le 29 novembre, des employés de Barrick détenus depuis environ un an a été perçue comme un signe d’apaisement supplémentaire. Avec la remontée de Loulo-Gounkoto et les perspectives ouvertes par le rapport, l’État entend désormais inscrire la renégociation minière dans une trajectoire plus large, centrée sur la souveraineté économique et la sécurisation durable des recettes nationales.

Journalistes enlevés : une inquiétude renouvelée après la preuve de vie de deux agents de l’ORTM

Une vidéo récente attribuée au JNIM a ravivé les inquiétudes autour des journalistes disparus. La situation des professionnels capturés ces dernières années demeure entourée d’incertitudes.

La diffusion d’un enregistrement montrant Daouda Koné, directeur régional de l’ORTM à Douentza, a rappelé la persistance des risques auxquels sont exposés les acteurs des médias dans les zones d’insécurité. Lui et son caméraman Salif Sangaré ont été enlevés le 14 octobre 2025 sur l’axe Sévaré–Konna alors qu’ils rentraient d’une mission. Dans la vidéo, Daouda Koné confirme leur capture et évoque leurs conditions de détention, sans donner d’indication sur l’état de santé de son collègue. Depuis la publication de cette séquence, aucune information officielle n’a été communiquée, laissant leur sort en suspens et maintenant l’incertitude pour leurs familles comme pour leur rédaction.

Ce nouvel épisode survient dans un contexte marqué par plusieurs disparitions non résolues. Hamadoun Nialibouly, journaliste de la radio Dandé à Douentza, est porté disparu depuis le 27 septembre 2020, date à laquelle il avait été enlevé lors d’un déplacement sur l’axe Douentza–Boni. Les recherches menées au fil des années n’ont permis d’établir ni les conditions de sa détention ni l’identité de ses ravisseurs, et aucune revendication n’a été confirmée. Malgré les appels répétés des associations professionnelles, aucune évolution publique n’a été signalée.

Le cas de Moussa M’Bana Dicko, disparu également dans la région de Boni, illustre les mêmes incertitudes. Les informations disponibles sur les circonstances de son enlèvement demeurent limitées et aucune trace de vie n’a été rendue publique depuis sa disparition. Son nom figure régulièrement dans les mobilisations en faveur des journalistes introuvables, mais aucun élément récent n’a permis de relancer les recherches.

La diffusion de cette vidéo a mis en évidence la fragilité persistante des journalistes travaillant dans les régions du centre, où les déplacements restent risqués et les informations difficiles à vérifier. Elle intervient alors que plusieurs d’entre eux manquent toujours à l’appel, sans indication fiable sur leur situation. Les rédactions et les proches poursuivent leurs démarches pour obtenir des nouvelles, mais l’absence de communication officielle et l’accès limité aux zones concernées compliquent toute tentative d’éclaircissement.

Douane malienne : une transition sous pression

Le gouvernement a nommé un nouveau directeur général des Douanes lors du conseil des ministres du 3 décembre, à un moment où l’institution se trouve au centre d’enjeux économiques majeurs.

Cette transition intervient alors que les débats sur la gestion des flux d’hydrocarbures, les projections de recettes et les perspectives de réforme se multiplient.

La nomination marque la fin officielle des fonctions d’Amadou Konaté, appelée à intervenir quelques semaines avant la date à laquelle il devait atteindre la limite d’âge dans la fonction publique. Au-delà de l’aspect administratif, ce départ s’inscrit dans une période où la Douane occupe une place sensible dans la dynamique économique nationale. Les derniers mois ont été marqués par une série d’opérations de saisies mises en avant comme significatives, par des communications régulières soulignant des prévisions de recettes dépassées et par une forte visibilité de l’institution dans la lutte contre la fraude et la régulation des flux commerciaux. Ces éléments avaient contribué à renforcer l’image d’une administration en activité constante, dans un contexte où la performance douanière demeure directement liée à la capacité de l’État à sécuriser ses ressources intérieures.

Cette transition s’opère également dans un climat particulier, marqué par la pénurie de carburant qui a touché le pays depuis mi-septembre 2025. Les autorités avaient assuré que le nombre de camions-citernes entrant sur le territoire, après les mesures de déblocage, était supérieur aux volumes observés avant la crise. Cette affirmation avait déclenché de nombreuses interrogations sur la chaîne d’approvisionnement, la fluidité des contrôles et la capacité des administrations concernées à garantir une distribution régulière. Plusieurs acteurs économiques avaient relevé que, malgré l’augmentation des volumes déclarés, la disponibilité du carburant demeurait inégale selon les zones, révélant des décalages entre les flux enregistrés et l’impact réel sur le marché intérieur. Dans ces discussions, la Douane apparaissait comme l’un des maillons essentiels dont l’action conditionnait l’issue d’une crise devenue un test de coordination et de gouvernance.

Succession

Le départ d’Amadou Konaté intervient donc au moment où la Douane cristallise de fortes attentes. Les discussions autour de son avenir professionnel, sa présence dans les instances régionales des administrations douanières et la perspective de sa retraite avaient alimenté des interrogations sur la continuité de la direction. Sa participation active à des structures internationales avait été perçue comme le signe d’une installation durable dans le paysage institutionnel, tandis que la succession restait largement ouverte jusqu’à la décision gouvernementale.

La désignation de Cheickna Amala Diallo replace désormais l’attention sur les orientations à venir. Inspecteur des Douanes, il connaît les services et les contraintes techniques qui structurent l’institution, ainsi que les exigences opérationnelles liées à la surveillance des corridors et à la collecte des ressources. Sa prise de fonction survient dans un contexte où la Douane demeure un pilier de l’équilibre budgétaire, dans un pays où les recettes intérieures constituent un levier essentiel face au recul des appuis extérieurs et à la pression des dépenses sécuritaires. La capacité de l’administration à maintenir un niveau de mobilisation des ressources conforme aux projections sera suivie de près, tout comme son rôle dans la sécurisation des flux commerciaux, la transparence des procédures et l’accompagnement des mesures destinées à stabiliser les approvisionnements stratégiques, notamment en hydrocarbures.

Au-delà du changement à la tête de l’institution, les prochains mois montreront si cette transition ouvre une nouvelle phase de modernisation ou s’inscrit dans la continuité des pratiques engagées. Dans un environnement où les crises successives rappellent l’importance de chaque maillon de la chaîne économique, la direction des Douanes se retrouve une nouvelle fois face à la nécessité d’assurer la régularité des flux, de renforcer la confiance des opérateurs et de soutenir la prévisibilité de l’activité économique. L’évolution des décisions, des résultats et du rythme des réformes permettra de mesurer la manière dont l’institution répondra aux défis immédiats tout en se projetant dans une dynamique durable.

Lutte contre le Sida : Des avancées indéniables mais un financement incertain

À l’occasion du lancement, le 1ᵉʳ décembre 2025, du Mois national de lutte contre le VIH – Sida, la situation révèle une riposte marquée par des progrès réels mais fragilisée par la crise du financement extérieur. La baisse de la prévalence, l’amélioration de la prise en charge et le renforcement des capacités nationales contrastent aujourd’hui avec des menaces persistantes.

Depuis le début des années 2000, la lutte contre le VIH au Mali s’est progressivement structurée autour de politiques publiques plus efficaces, de l’implication active de la société civile et de l’appui constant des partenaires techniques et financiers. Cette dynamique collective a permis de réduire significativement la mortalité, d’améliorer l’accès au dépistage, de renforcer les services de prévention et d’augmenter le nombre de personnes sous traitement antirétroviral.

La prévalence au Mali, autrefois préoccupante, a régulièrement reculé, passant de 1,3% en 2010 à 0,76% en 2024. Cette évolution traduit les progrès accomplis dans la sensibilisation, la prévention et la prise en charge. Parallèlement, la couverture thérapeutique a connu une progression notable, passant de 5% au début des années 2000 à 68% aujourd’hui. La mortalité liée au VIH a quant à elle diminué d’environ 60% en vingt ans.

Lors de la cérémonie du 1ᵉʳ décembre, le Secrétaire général de la Présidence, Dr Alfousseyni Diawara, a salué ces avancées, affirmant que le pays avait accompli des progrès considérables, tout en soulignant que l’épidémie était concentrée au sein de groupes vulnérables, ce qui exige une vigilance constante.

Il a rappelé que la réduction de la prévalence, la baisse des décès et le recul des nouvelles infections montrent que la majorité des personnes vivant avec le VIH connaissent désormais leur statut, sont traitées et vivent mieux.

Malgré des résultats encourageants, les autorités reconnaissent que des poches de vulnérabilité persistent et qu’il reste beaucoup à faire pour consolider les acquis et éliminer le Sida comme problème de santé publique dans les prochaines années.

Une épidémie maîtrisée mais toujours présente

Le Mali se distingue par une prévalence relativement faible, comparée à certains pays de la sous-région, mais l’épidémie reste significative dans plusieurs groupes de population, notamment les femmes, les jeunes et les enfants.

Le Secrétaire exécutif du Haut Conseil national de lutte contre le Sida (HCNLS), Dr Ichiaka Moumine Koné, a rappelé lors de la cérémonie qu’il fallait garder en tête une double réalité : celle des progrès indéniables et celle de la fragilité persistante de la riposte.

Il a indiqué que 62% des adultes séropositifs au Mali sont des femmes et que le pays a enregistré en 2024 un total de 4 003 nouvelles infections, contre 5 800 en 2022. Les décès liés au VIH ont également diminué, passant de 4 300 en 2022 à 3 236 en 2024.

Sur les 111 000 personnes vivant avec le VIH recensées dans le pays, 75 000 sont aujourd’hui sous traitement. Toutefois, les performances de la cascade 95-95-95 restent insuffisantes, avec 71% des personnes connaissant leur statut sérologique, 68% sous traitement et 58% présentant une charge virale supprimée. Les écarts sont particulièrement marqués chez les enfants, dont seulement 56% sont sous traitement et 49% ont une charge virale contrôlée.

L’un des défis majeurs est la prévention de la transmission mère-enfant (PTME). En 2024, sur 4 361 femmes enceintes séropositives attendues dans les structures de santé, seules 2 003 ont été mises sous traitement, soit une couverture de 46%.

Selon Dr Koné, cette situation reflète des efforts réels mais également des limites structurelles à surmonter, notamment en matière de prévention, de prise en charge pédiatrique et de protection de la femme enceinte.

La stigmatisation, les pesanteurs sociales, les lourdeurs administratives dans la chaîne d’approvisionnement et l’insuffisance du dépistage ciblé chez les jeunes et les femmes continuent de freiner la riposte. Le Mali bénéficie néanmoins d’un cadre multisectoriel dynamique, d’un tissu associatif actif et d’avancées significatives dans l’accès au dépistage et au traitement.

En 2025, le HCNLS a ainsi conduit plusieurs actions majeures : promotion du dépistage et de la connaissance du statut sérologique, extension et renforcement des sites de prise en charge pédiatrique, amélioration du diagnostic précoce et des laboratoires et intensification du dépistage parmi les femmes en âge de procréer et dans les services de santé reproductive.

Le renforcement continu des structures de prise en charge s’est traduit par l’amélioration des équipements, l’élargissement de l’offre thérapeutique et la disponibilité des médicaments pédiatriques. Par ailleurs, plusieurs organisations communautaires soulignent que l’implication des associations de personnes vivant avec le VIH a joué un rôle déterminant dans l’amélioration du suivi, la réduction de l’abandon de traitement et la sensibilisation des populations rurales, encore confrontées à des barrières sociales et géographiques importantes.

Un contexte mondial qui fragilise les acquis

Les progrès réalisés par le Mali interviennent dans un environnement international marqué par un recul du financement de la lutte contre le VIH. De nombreux pays d’Afrique subsaharienne subissent déjà les effets de coupes budgétaires importantes. La réduction progressive des financements américains, notamment ceux de l’Agence américaine pour le développement international et du programme PEPFAR, a également pesé lourdement sur les services de prévention, de dépistage communautaire et de prise en charge pédiatrique, traditionnellement soutenus par ces partenaires.

À l’échelle mondiale, près de 2,5 millions de personnes ont été privées de médicaments de prophylaxie pré-exposition et les programmes de prévention connaissent une pression croissante. Les projections indiquent que 3,3 millions de nouvelles infections supplémentaires pourraient survenir d’ici 2030 si cette tendance se poursuit.

Le Mali, dont plus de 80% du financement de la riposte dépend de partenaires extérieurs tels que le Fonds mondial, est particulièrement vulnérable à cette situation. « Cette dépendance fragilise notre capacité de planification à long terme et nous expose aux fluctuations des aides internationales », alerte Dr Koné.

Cette vulnérabilité menace la continuité de nombreux programmes essentiels : dépistage communautaire, prise en charge pédiatrique, prévention ciblée chez les jeunes et les femmes, approvisionnement en antirétroviraux et tests de diagnostic. L’une des principales inquiétudes est que les avancées scientifiques et techniques des dernières années ne puissent être maintenues faute de ressources. Cette incertitude pèse également sur les programmes de formation du personnel de santé, dont la mise à jour des compétences constitue pourtant un maillon essentiel pour maintenir la qualité de la prise en charge dans tout le pays.

Vers une riposte souveraine et durable

Face à ce contexte, la question du financement endogène s’impose comme une priorité stratégique. Le thème retenu pour le mois national de mobilisation 2025, « Sida, crise de financement extérieur, une opportunité pour promouvoir le financement souverain », traduit pleinement cette orientation. « Si la solidarité internationale est précieuse, notre lutte pour la santé de notre peuple ne peut plus reposer uniquement sur l’aide extérieure. Il est temps de faire du financement souverain un pilier de notre riposte », souligne Mme Djiré Mariam Diallo, Maire de la Commune III du District de Bamako.

Pour le Haut Conseil national de lutte contre le Sida également, cette crise doit être transformée en levier d’action. « Nous ne pouvons plus considérer la crise financière extérieure uniquement comme un choc négatif. Elle doit devenir une opportunité de rationaliser, réorienter et nationaliser notre riposte », insiste Dr Koné. Cette vision exige une refonte des mécanismes nationaux, un engagement renforcé de l’État, une gestion optimisée des ressources et une meilleure intégration de la lutte contre le VIH dans les systèmes de santé.

La ministre de la Santé et du Développement social, le Colonel-Major Assa Badiallo Touré, partage cette analyse. Selon elle, la raréfaction du financement constitue un obstacle majeur qui menace les progrès, mais « nous devons tout mettre en œuvre pour lui opposer des mécanismes et des sources de financement innovants ». Elle rappelle que le ministère a déjà élaboré plusieurs documents normatifs, renforcé les plateaux techniques et décentralisé les soins pour améliorer l’accès aux services.

Protéger les avancées scientifiques et consolider la riposte

Les innovations récentes dans la prévention et le traitement ont renforcé l’efficacité de la lutte contre le VIH. De nouveaux médicaments offrent davantage d’options préventives et thérapeutiques, tandis que l’intégration progressive de la prophylaxie pré-exposition et des autotests dans les systèmes nationaux a contribué à réduire les risques d’infection.

Selon plusieurs observateurs, le Mali doit impérativement maintenir l’accès à ces outils, car l’épidémie reste présente et les nouvelles infections touchent encore plus de 4 000 personnes par an. Le pays se trouve aujourd’hui à un moment décisif, où la qualité de la riposte dépendra de sa capacité à préserver les avancées, surmonter la crise financière et construire une véritable souveraineté sanitaire.

Pour garantir une réponse durable, les autorités doivent intensifier les efforts dans le dépistage communautaire, l’accompagnement des jeunes, la réduction de la transmission mère-enfant et la prise en charge pédiatrique. La consolidation des acquis passe également par une meilleure articulation entre les structures nationales, les collectivités, la société civile et les partenaires techniques, afin de renforcer une réponse plus intégrée, résiliente et équitable.

Comme le rappelle Dr Alfousseyni Diawara, la lutte contre le Sida exige de renforcer les capacités locales, de soutenir la recherche, d’améliorer la logistique et de garantir la disponibilité continue des antirétroviraux. La pérennité de ces progrès dépendra enfin de la capacité collective à anticiper les ruptures de financement, à renforcer la mobilisation citoyenne et à inscrire durablement la lutte contre le VIH au cœur des priorités nationales.

Mohamed Kenouvi

Stabilité et développement économique : un appui de 2,4 milliards CFA lancé

Le Japon a lancé à Bamako deux projets destinés à soutenir les populations déplacées et à renforcer la filière textile. Annoncées le 1ᵉʳ décembre 2025, ces initiatives marquent une nouvelle étape dans la coopération engagée avec les autorités nationales et les partenaires du développement.

L’ambassadeur du Japon, Murata Yukuo, a présidé la cérémonie en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le premier projet vise une réponse multisectorielle en faveur des femmes et des jeunes déplacés internes dans les régions du centre. Le second s’attache à renforcer la durabilité et la compétitivité du secteur textile, à travers une collaboration plus étroite avec les acteurs privés d’une filière essentielle pour l’économie locale.

Le programme consacré aux déplacés met l’accent sur la stabilisation, l’accès aux services essentiels et la relance des moyens de subsistance dans les zones les plus touchées, notamment à Bandiagara. Celui dédié au textile entend moderniser une filière porteuse mais vulnérable, en soutenant l’innovation, la formation et une meilleure structuration des unités de production.

Dans son allocution, Murata Yukuo a rappelé que ces initiatives concrétisent les engagements pris par le Japon lors de la TICAD9, où Tokyo avait réaffirmé sa volonté de promouvoir la coexistence pacifique entre communautés, de renforcer l’agenda « Femmes, Paix et Sécurité » et d’appuyer le développement du secteur privé africain. Les communications en bamanankan et en japonais présentées lors de la cérémonie ont également souligné l’importance du double appui pour renforcer la résilience sociale et stimuler le développement économique.

Avec ce financement de 2,4 milliards de francs CFA, le Japon confirme son rôle de partenaire engagé dans les efforts de stabilisation et d’accompagnement économique. Les deux projets, désormais entrés en phase de mise en œuvre, sont attendus pour leurs contributions concrètes à la cohésion sociale et à la dynamisation d’un secteur productif clé.

Le Pr Daman-Guilé Diawara, premier Docteur Honoris Causa de l’USSGB

Pour la première fois, l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB) voit l’un de ses enseignants-chercheurs recevoir le titre de Docteur Honoris Causa. La distinction, attribuée au professeur Daman-Guilé Diawara, marque une étape importante pour son institution et souligne une trajectoire académique reconnue au Mali comme à l’étranger.

Le professeur Diawara, économiste du développement et spécialiste des politiques économiques, a été élevé au grade de Docteur Honoris Causa 2025 par l’Institut Africain de Recherche Pluridisciplinaire Appliquée et le Centre de Valorisation Professionnelle de Tunis. La cérémonie s’est tenue le 19 novembre 2025 à Dakar. Il devient ainsi le premier enseignant-chercheur de l’USSGB à recevoir cette distinction, attribuée en reconnaissance de ses travaux sur le développement, le capital humain et l’enseignement supérieur. Cette attribution intervient quelques mois après son admission, en juillet 2025, au grade de Maître-assistant du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur, ainsi que son élection à la présidence du Réseau des Économistes du Développement (REDEV) en décembre 2024.
Le parcours du professeur Diawara s’est construit au fil d’une activité scientifique régulière et diversifiée. Ses récentes missions l’ont conduit à évaluer des travaux académiques au Maroc, à contribuer à des modules de formation sur l’intégration des changements climatiques dans les politiques locales au Mali et à intervenir comme examinateur, rapporteur ou formateur auprès de plusieurs institutions africaines. Il est également membre du Réseau Francophone International en Conseil Scientifique de l’Université Laval depuis 2024, où son expertise est sollicitée pour des activités d’analyse et de conseil.
Selon un collègue de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FSEG), cette distinction « valorise le travail accompli par les chercheurs maliens et renforce la visibilité de leurs contributions dans les débats académiques internationaux ». Les recherches du professeur Diawara portent notamment sur le développement économique et les politiques publiques, avec des travaux consacrés à la croissance, au capital humain, à la durabilité et à l’impact des politiques publiques.
Auteur de plusieurs publications, il a signé des contributions sur le changement climatique, l’enseignement supérieur, le capital humain et les investissements directs étrangers. Son ouvrage « Enseignement, capital humain et croissance économique du Mali » figure parmi ses travaux les plus connus. Il enseigne aujourd’hui à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’USSGB, où il poursuit ses activités de recherche et de formation.

ODD : une nouvelle carte des investissements voit le jour

L’Agence pour la Promotion des Investissements (API-Mali) a dévoilé ce mardi une carte nationale des investissements alignée sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), lors d’une cérémonie organisée à l’hôtel Maëva Palace.

Présidée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, aux côtés du directeur général de l’agence, Ibrahim A. Touré, la rencontre a marqué l’aboutissement d’un partenariat mené avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
L’outil présenté offre une lecture structurée des opportunités économiques du pays et les relie directement aux priorités de développement durable. Il met en évidence les secteurs où les besoins demeurent importants—agro-industrie, énergie, infrastructures, transformation locale, services sociaux—et propose une manière plus lisible d’orienter les investisseurs vers des projets à la fois rentables et porteurs d’impact. Pour les institutions publiques, il s’agit également d’un instrument de cohérence permettant d’harmoniser les interventions et d’éviter les chevauchements dans un contexte de ressources limitées.
Cette démarche intervient à un moment où les signaux économiques du pays, bien que contrastés, montrent une certaine capacité d’attraction. Selon les données de la Banque mondiale, les investissements directs étrangers ont représenté 2,7 % du PIB en 2024, soit près de 710 millions de dollars, tandis que la croissance devrait atteindre 4,9 % en 2025, portée notamment par le secteur des services et les nouveaux gisements miniers. Ces indicateurs offrent un terreau favorable, même si le niveau d’investissement reste insuffisant au regard des besoins d’infrastructures, de transformation industrielle ou de modernisation agricole.
Au-delà de sa dimension informative, la carte constitue une étape importante dans la modernisation des outils de planification économique. Elle traduit une volonté d’adopter des standards internationaux d’investissement durable et de renforcer l’alignement entre les priorités nationales et les exigences des bailleurs. Mais sa portée dépendra de sa capacité à devenir un instrument réellement opérationnel. Plusieurs défis se dessinent : la nécessité de structurer davantage les projets pour les rendre finançables, la prise en compte des contraintes locales—accès à l’énergie, sécurité, logistique, fluidité administrative—ou encore l’obligation de maintenir l’outil à jour pour garantir sa crédibilité.
Les spécialistes rappellent qu’une cartographie seule ne suffit pas à déclencher un investissement. Pour transformer les opportunités recensées en projets bancables, il faudra produire des fiches techniques complètes, des analyses financières et des études de faisabilité, autant d’éléments attendus par les investisseurs institutionnels et les bailleurs de fonds. Dans un environnement international plus compétitif, marqué par une baisse globale des flux d’investissements, les pays à forte demande en capitaux doivent proposer des dispositifs d’accompagnement solides et des incitations adaptées.
Plusieurs pistes émergent déjà telles que les mécanismes de garantie pour réduire le risque perçu, les exonérations ciblées pour les projets à fort impact, la création d’un guichet dédié aux investissements alignés sur les ODD ou la mise en place de zones pilotes où les conditions d’exécution sont réunies. L’essentiel, selon les observateurs, est de bâtir autour de la carte un écosystème cohérent, capable d’accueillir, d’orienter et de sécuriser les investisseurs à chaque étape du cycle de projet.
En mettant à disposition une plateforme claire, actualisable et orientée vers l’impact, API-Mali et le PNUD posent les fondations d’une nouvelle dynamique. La réussite de cette initiative dépendra cependant de la capacité collective à en faire un outil vivant, alimenté régulièrement et résolument tourné vers la mise en œuvre. L’ambition affichée est de faire de la cartographie des opportunités un levier réel de développement durable et d’attraction de capitaux structurants.

Un an à la Primature : Bilan nuancé pour Abdoulaye Maïga

Un an après sa nomination, Abdoulaye Maïga dirige la Primature avec un style axé sur la discipline et l’action de terrain. Cette année a été marquée par des réformes en cours et par la gestion de tensions énergétiques et politiques persistantes.

Nommé Premier ministre le 21 novembre 2024, Abdoulaye Maïga avait déjà occupé cette fonction par intérim du 21 août au 5 décembre 2022, durant l’indisponibilité médicale de Choguel Maïga. Cette première expérience a contribué à sa connaissance du poste et à la continuité administrative observée lors de sa prise de fonction officielle.

Sa première année s’articule autour du Programme d’Action du Gouvernement 2025 – 2026 (PAG), adopté par le Conseil national de transition (CNT) le 19 mai 2025. Ce document s’appuie sur huit missions prioritaires définies par le Président de la Transition : défense et sécurité, réformes institutionnelles, gouvernance et lutte contre la corruption, relance économique, amélioration des services sociaux de base, cohésion sociale, diplomatie et organisation d’élections transparentes. En matière de suivi, les données communiquées pour le premier semestre 2025 mentionnent 57 activités réalisées, 57 en cours et 18 non exécutées.

Sur le plan sécuritaire, les forces nationales, appuyées par l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé la sécurisation de plusieurs axes et la neutralisation de nombreux combattants. Malgré ces opérations, certaines zones du pays demeurent exposées à des incidents récurrents, avec des effets sur l’approvisionnement, les transports et certaines activités économiques.

Par ailleurs, l’Exécutif met en avant une dynamique axée sur la souveraineté économique, avec la révision du cadre minier, des discussions avec les sociétés aurifères et des investissements annoncés dans les infrastructures, l’énergie et la santé. La Primature indique avoir consacré une part importante de son fonds de souveraineté aux actions sociales.

Le Premier ministre a multiplié les missions dans les régions pour suivre des projets et échanger avec les populations. Cette présence régulière sur le terrain contraste avec le style plus politique de son prédécesseur et s’inscrit dans une approche administrative et alignée sur les orientations présidentielles.

Des tensions

L’adoption de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale, le 30 juillet 2025, constitue un autre jalon du mandat. Le texte fixe un cadre de référence pour les politiques relatives à la paix, la cohésion, la réconciliation et l’unité nationale. Sa mise en œuvre opérationnelle se poursuit dans plusieurs départements sectoriels, avec des initiatives à différents niveaux territoriaux.

Cette première année a aussi été marquée par de fortes difficultés. Depuis juillet 2025, Bamako et plusieurs localités subissent de longues coupures d’électricité, EDM-SA ayant réduit l’activité de certaines centrales faute de carburant, avec des fournitures limitées à environ six heures par jour. Le pays a également connu des pénuries de carburant, des rationnements et une hausse des prix, touchant les transports, la chaîne du froid, les petites industries et le quotidien des ménages.

Hausse du coût de la vie

Par ailleurs, le coût de la vie constitue un autre point sensible. La combinaison des difficultés logistiques, des tensions sur l’énergie, de l’inflation régionale et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement exerce une pression notable sur les ménages. Plusieurs mesures de soutien ont été annoncées, mais la situation économique continue d’être un défi majeur.

Selon l’analyste Moulaye Sidibé, la présence régulière du Premier ministre dans les régions n’a pas compensé l’effet des difficultés énergétiques, qui « altèrent fortement la perception de l’action publique ». La juriste Fatoumata Konaté souligne que les réformes engagées en 2025 ont profondément reconfiguré le paysage politique. Pour le politologue Amadou Sabaly, ce style de gouvernance, fondé sur l’exécution, reste fortement contraint par le contexte économique et sécuritaire.

Sur le plan institutionnel, la dissolution des partis et associations politiques en mai 2025, ainsi que l’abrogation de la charte qui les régissait, a recentré l’action publique autour des institutions de la Transition. Les autorités invoquent l’ordre public, tandis que la mesure réduit le pluralisme organisé.

Dans un paysage politique désormais dépourvu de partis et sans échéances électorales annoncées, la suite du mandat d’Abdoulaye Maïga s’inscrit dans une dynamique où l’Exécutif occupe seul le terrain. Les prochains mois seront marqués par plusieurs chantiers sensibles, notamment la poursuite des réformes institutionnelles, la gestion de la crise énergétique, les tensions sécuritaires, ainsi que les dossiers diplomatiques ouverts au sein de la Confédération des États du Sahel. Autant d’enjeux qui détermineront la capacité du Premier ministre à consolider l’action gouvernementale dans un contexte où l’espace politique, économique et sécuritaire est sous forte pression.

Enlevés début novembre : trois Égyptiens désormais libres

L’ambassade d’Égypte à Bamako a annoncé, samedi 29 novembre 2025, que trois de ses ressortissants enlevés au début du mois ont été remis aux autorités et placés sous protection consulaire. Cette libération intervient après plusieurs semaines d’échanges entre le Caire et Bamako, en coordination avec les services diplomatiques installés dans la capitale malienne.

Selon les informations rendues publiques par le ministère égyptien des Affaires étrangères, les trois hommes avaient disparu alors qu’ils circulaient séparément entre Ségou et Bamako. Quelques jours après leur disparition, le groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin, affilié à Al-Qaïda, avait revendiqué leur enlèvement en indiquant détenir trois ressortissants égyptiens. Le même groupe avait affirmé avoir formulé une demande de rançon dans le cadre de cette détention. Les autorités égyptiennes avaient alors publié un avertissement à destination de leur communauté vivant au Mali, appelant à éviter les déplacements hors de Bamako et à suivre les consignes de sécurité établies par les autorités maliennes.
À la suite de cette alerte, un contact régulier s’était établi entre les deux pays. Le ministre égyptien des Affaires étrangères avait échangé avec son homologue malien sur les démarches à entreprendre et sur les informations disponibles concernant les trois hommes. L’ambassade d’Égypte à Bamako avait poursuivi les discussions avec plusieurs institutions maliennes impliquées dans le suivi du dossier.
Dans son communiqué du 29 novembre, le ministère égyptien indique que les trois ressortissants ont été récupérés et transférés sous la responsabilité des services consulaires. Aucun détail n’a été donné sur l’endroit où ils étaient détenus ni sur les conditions exactes de leur libération. Les autorités égyptiennes n’ont pas commenté la demande de rançon évoquée par leurs ravisseurs ni fourni d’éléments sur d’éventuelles négociations.
Cette affaire intervient alors que plusieurs enlèvements d’étrangers ont été rapportés ces derniers mois dans différentes zones du pays. À la fin du mois d’octobre, deux ressortissants des Émirats arabes unis et un citoyen iranien avaient également été récupérés après avoir été enlevés au Mali. Ces cas ont conduit plusieurs pays à rappeler à leurs ressortissants les mesures de prudence à observer, en particulier lors des déplacements par route en dehors de Bamako.
Dans son dernier communiqué, l’ambassade d’Égypte rappelle que les instructions de sécurité restent en vigueur. Les ressortissants égyptiens présents au Mali sont invités à rester dans la capitale, à conserver leurs documents d’identité et à rester en contact régulier avec la représentation diplomatique. Les échanges entre Bamako et l’ambassade se poursuivent pour assurer le suivi de la situation et accompagner la communauté égyptienne résidant dans le pays.

30 000 tonnes de carburant à bord : dispositif d’urgence déclenché au large de Dakar

Les autorités sénégalaises ont activé un dispositif d’urgence dans la nuit du 27 au 28 novembre 2025 après un incident survenu à bord du pétrolier MERSIN, en opération au large de Dakar. Une entrée d’eau a été signalée dans la salle des machines, entraînant le déclenchement immédiat des procédures de sécurité.

Dès la réception de l’alerte, la Haute Autorité chargée de la sécurité maritime (HASSMAR) a mis en place une cellule de crise en coordination avec la Marine nationale, l’Agence nationale des affaires maritimes et le Port autonome de Dakar. Des remorqueurs, des équipes d’intervention spécialisées et un navire militaire ont été dépêchés sur zone. L’ensemble des membres d’équipage a été secouru sans incident.

Selon les informations recueillies, le MERSIN transporte environ 30 000 tonnes de carburant. Les premières évaluations techniques portent sur l’identification et l’obturation des voies d’eau afin de stabiliser le bâtiment. Les autorités étudient également les modalités d’un transfert sécurisé de la cargaison si les conditions l’exigent.

Par mesure de précaution, un barrage antipollution est en cours d’installation autour du navire pour prévenir tout rejet d’hydrocarbures. Des équipes spécialisées poursuivent l’inspection de la structure et le suivi de l’évolution de la situation en mer. Les services compétents indiquent que la priorité porte sur la sécurisation du navire, la protection du personnel et la préservation de l’environnement marin.

Les institutions impliquées annoncent qu’une information régulière sera fournie au public au fur et à mesure de l’avancée des opérations.

Le Gouvernement habilité à légiférer durant l’intersession

Le 26 novembre 2025, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi autorisant le Gouvernement à légiférer par ordonnance jusqu’à la prochaine session du CNT, prévue le 13 avril 2026. Cette mesure vise à garantir la continuité de l’action publique dans une période de transition institutionnelle et de réformes en cours.

Le Gouvernement disposera de la faculté de légiférer par ordonnance durant toute la période d’intersession parlementaire, à la suite de l’adoption d’un projet de loi présenté le 26 novembre 2025 au Conseil des ministres. Le dispositif, fondé sur l’article 121 de la Constitution et l’article 13 de la Charte de la Transition, permettra à l’Exécutif d’intervenir dans des domaines relevant en temps normal du législateur, notamment l’organisation des services publics, la gestion du personnel, la production ainsi que la conclusion de traités et d’accords internationaux.
Cette habilitation est présentée par les autorités comme indispensable pour éviter l’interruption des réformes inscrites dans le plan d’action gouvernemental piloté par le Premier ministre Abdoulaye Maïga. Elle intervient dans un contexte de transition marqué par la nécessité de maintenir la stabilité administrative et d’assurer la continuité des politiques publiques. L’expérience récente montre que les périodes d’intersession prolongées peuvent retarder des décisions techniques attendues, notamment dans les secteurs régaliens ou les domaines soumis à des impératifs de calendrier.
Toutefois, cette démarche comporte des limites relevées par plusieurs experts, qui rappellent qu’un recours étendu aux ordonnances réduit l’espace de débat parlementaire. Des observateurs  soulignent également l’importance de préserver des mécanismes de contrôle institutionnel. La Constitution prévoit d’ailleurs que toutes les ordonnances devront être soumises à ratification lors de la session du CNT d’avril 2026, seule garantie permettant un contrôle démocratique a posteriori.
Le recours aux ordonnances demeure un outil fréquent du droit public malien, déjà utilisé lors de précédentes périodes de transition. Pour l’Exécutif, il s’agit d’un moyen d’assurer la poursuite des réformes prioritaires, qu’il s’agisse de la modernisation de l’administration, du renforcement des services publics ou de la mise à jour de textes sectoriels. Les prochains mois permettront de mesurer l’usage qui sera fait de cette habilitation et la manière dont le CNT exercera son pouvoir de ratification au printemps 2026.

Coupes CAF : soirée contrastée pour le football malien

Le Stade Malien s’est relancé lors de la deuxième journée en Ligue des champions, tandis que le Djoliba AC s’enfonce un peu plus en Coupe de la Confédération. Les deux clubs abordent désormais la suite de leurs parcours continentaux avec des dynamiques opposées.

En Ligue des champions, le Stade Malien a d’abord démarré sa phase de groupes par un nul solide le 24 novembre 2025 sur la pelouse de l’Espérance sportive de Tunis, un partage des points obtenu au terme d’un match fermé où les Maliens avaient choisi de contenir avant de contrer. Le même jour, le Petro Atlético de Luanda s’était imposé 1-0 sur le terrain de Simba SC, grâce à un but inscrit en fin de match, ce qui avait permis aux Angolais de prendre les premiers points du groupe D.
La deuxième journée disputée ce 30 novembre 2025 à Bamako a offert au Stade Malien l’occasion de se repositionner. Les Blancs se sont imposés 2-1 face à Simba SC après une entame de match maîtrisée et deux buts rapprochés, signés Taddeus Nkeng à la seizième minute puis Ismaïla Simpara à la vingt-troisième. Neo Maema a réduit le score pour Simba à la cinquante-quatrième minute, mais le Stade a tenu son avantage jusqu’au coup de sifflet final. Avec cette victoire, le club malien totalise quatre points, à égalité avec le Petro de Luanda, tandis que l’Espérance reste à deux points et Simba ferme la marche avec zéro unité après deux revers.
La suite du parcours s’annonce décisive. La troisième journée est programmée pour le 18 janvier 2026, avec un choc Stade Malien – Petro de Luanda à Bamako, une rencontre qui pourrait peser lourd dans la qualification. La quatrième journée est fixée au 25 janvier 2026 et enverra les Maliens à Tunis pour y affronter de nouveau l’Espérance. La phase de groupes se conclura le 1ᵉʳ février 2026 avec un déplacement à Dar es Salaam pour affronter Simba SC dans un match qui pourrait encore jouer un rôle important dans le classement final.
La tendance est beaucoup plus sombre du côté du Djoliba AC en Coupe de la Confédération. Les Rouges avaient manqué leur entrée en lice le 23 novembre 2025 à Bamako en s’inclinant 0-1 face à l’Olympique de Safi, un but encaissé à la vingt-neuvième minute qui avait plombé leur première sortie. L’autre rencontre de cette première journée, disputée le même jour, avait vu l’USM Alger s’imposer 3-2 contre le FC San Pedro dans un match riche en rebondissements.
Ce 30 novembre 2025, pour la deuxième journée, le Djoliba s’est rendu à San Pedro où il a subi un second revers, cette fois 2-0, avec un doublé de Kamagaté Dramane qui a scellé l’issue du match. Dans l’autre opposition du groupe A, l’USM Alger a confirmé sa supériorité en s’imposant 1-0 sur le terrain de l’Olympique de Safi grâce à un but marqué en toute fin de rencontre. Cette nouvelle victoire permet aux Algériens de totaliser six points, tandis que Safi et San Pedro passent à trois unités et que le Djoliba reste dernier avec zéro point, sans but marqué et déjà trois encaissés.
La troisième journée de la Coupe de la Confédération est programmée pour le 19 janvier 2026, avec un déplacement délicat du Djoliba à Alger pour y défier l’USM, un match qui pourrait peser lourd si les Maliens veulent encore espérer se relancer. La rencontre retour Djoliba AC – USM Alger est fixée au 2 février 2026 à Bamako. La phase retour proposera ensuite un déplacement à Safi le 9 février 2026 avant une dernière journée à domicile contre San Pedro le 16 février 2026.
Cette soirée continentale laisse donc deux trajectoires opposées. Le Stade Malien nourrit désormais l’espoir d’une qualification après une victoire fondatrice, tandis que le Djoliba AC se retrouve face à l’urgence de redresser son parcours pour éviter une élimination qui se profile déjà à l’horizon.

Administration pénitentiaire : une conférence sous forte pression sécuritaire à Koulikoro

Réunis du 27 au 29 novembre à Koulikoro, les responsables de l’administration pénitentiaire ont passé en revue le fonctionnement des établissements et les enjeux liés à la gestion des personnes détenues. Cette rencontre intervient dans un contexte où les prisons doivent s’adapter au défi posé par le radicalisme violent et à la montée des risques de sécurité.

La 9ᵉ Conférence annuelle de l’Administration pénitentiaire et de l’Éducation surveillée a rassemblé cadres centraux, régies pénitentiaires, responsables régionaux et acteurs judiciaires pour dresser le bilan 2025 et définir les priorités de 2026. Dans un environnement marqué par les violences armées et l’augmentation du nombre de détenus liés au terrorisme, les autorités ont rappelé la nécessité de renforcer les méthodes de travail, la coordination entre services et la capacité de réponse interne face aux situations sensibles.
Le thème choisi – « L’administration pénitentiaire à l’épreuve du terrorisme, du radicalisme et de l’extrémisme violent » – reflète les pressions auxquelles sont confrontés les établissements carcéraux. Plusieurs prisons du pays accueillent désormais un nombre important de détenus pour faits de terrorisme, ce qui modifie les équilibres internes, accroît les risques de tension et impose une vigilance renforcée des équipes.
Des orientations pour 2026
Les participants ont examiné les conditions de détention, l’organisation du travail pénitentiaire, la gestion des incidents, la formation des agents et la coordination avec la justice. Ils ont également partagé les expériences de terrain liées à la surveillance, au suivi des profils sensibles et à la prévention de l’influence idéologique entre détenus.
Les travaux ont insisté sur la nécessité d’améliorer les capacités opérationnelles du personnel, de renforcer les équipements de sécurité, de moderniser les procédures internes et de mieux protéger les agents exposés. La question du renseignement pénitentiaire, devenue indispensable dans la gestion des détenus radicalisés, a été abordée comme un axe de consolidation institutionnelle.
Des défis structurels qui persistent
Si la conférence a permis d’identifier des pistes d’amélioration, elle a aussi dévoilé les défis profonds du secteur : effectifs insuffisants, infrastructures vieillissantes, surcharge dans certains établissements, besoins importants en formation spécialisée et forte pression liée aux profils dangereux. Dans un contexte institutionnel sensible, où les priorités sécuritaires occupent une place importante dans l’action publique, la question de l’articulation entre sécurité, garanties fondamentales et transparence du secteur pénitentiaire appelle une approche mesurée et rigoureuse.
Les conclusions des travaux alimenteront les orientations pour 2026, avec l’objectif de rendre l’appareil pénitentiaire plus robuste, mieux préparé et davantage capable de répondre aux nouvelles formes de criminalité et de radicalisation.

Renouveau du contrat social : une journée pour revisiter les valeurs fondatrices du Mali  

Chercheurs, acteurs communautaires et organisations citoyennes se sont réunis jeudi à Bamako pour réfléchir aux valeurs qui doivent porter la refondation du Mali. La rencontre s’appuyait sur une note approfondie de l’OCGS, devenue le fil conducteur des échanges.

La réflexion sur le Mali Kura progresse et demeure au centre des préoccupations citoyennes. Jeudi 27 novembre 2025, l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité a réuni chercheurs, figures communautaires, organisations de terrain et responsables d’associations pour une journée consacrée au renouveau du contrat social. L’objectif n’était pas de discuter abstraitement, mais de s’appuyer sur une note de réflexion élaborée par l’OCGS, un document dense analysant les ruptures qui fragilisent le pacte entre l’État et les citoyens, et proposant les valeurs susceptibles de soutenir une refondation crédible.
La note, largement évoquée au fil de la journée, dépasse la simple analyse institutionnelle. Elle explore l’effritement des repères culturels, la faiblesse de la transmission intergénérationnelle, les transformations du comportement citoyen et l’affaiblissement du sens du bien commun. Ses auteurs y expliquent que le pays ne pourra pas se refonder uniquement à travers des réformes administratives. La reconstruction du contrat social exige une revitalisation des valeurs partagées et une compréhension fine des attentes de la population.
Le chercheur Dr Baïla Niang, l’un des contributeurs du document, est revenu sur l’ambition de la note. Il a rappelé qu’elle ne part pas d’un constat pessimiste, mais d’une analyse lucide : les réformes successives n’ont pas suffi à rétablir la confiance parce qu’elles n’ont pas été accompagnées d’une dynamique morale et citoyenne. Selon lui, les valeurs ne peuvent pas être proclamées depuis un bureau ; elles doivent se vivre et se transmettre. Il a insisté sur la nécessité de replacer l’éthique publique, le respect de la parole donnée et la responsabilité individuelle au cœur du vivre-ensemble.
L’intervention d’Anicet Allamadjingaye, également chercheur à l’OCGS, a prolongé cette réflexion en insistant sur la dimension territoriale des valeurs. Il a rappelé que le contrat social malien s’est construit historiquement dans l’équilibre entre institutions et communautés, et que cet équilibre s’est fragilisé sous l’effet des crises successives. Pour lui, la note de l’OCGS doit servir d’outil de dialogue, non seulement avec les autorités, mais aussi avec les acteurs qui incarnent la cohésion au quotidien : familles, leaders locaux, associations et cercles de solidarité. Il a souligné que la refondation nécessite d’écouter les territoires, d’intégrer leurs spécificités et de tenir compte des mémoires collectives, sans quoi les valeurs évoquées resteront théoriques.
La modération de Baba Dakono a permis de tisser un lien entre les différentes interventions. Sa compréhension des enjeux de gouvernance a donné de la cohérence à l’ensemble, en rappelant que la refondation doit clarifier les engagements réciproques entre l’État et les citoyens. Il a insisté sur la nécessité de relier les analyses de la note aux réalités que vivent les Maliens dans les services publics, les marchés, les quartiers et les espaces communautaires. Cette approche a apporté une profondeur supplémentaire aux débats, en renforçant l’idée que la refondation est autant sociale que politique.
La présentation de la charte consacrée au retour aux valeurs et à l’éthique, assurée par M. Diakité, a constitué un moment clé. Cette charte reprend les grandes lignes de la note de l’OCGS et les traduit en repères concrets. Elle évoque la responsabilité individuelle, l’intégrité dans la gestion publique, l’engagement communautaire, le respect de la parole donnée et l’importance de la transmission. Diakité a expliqué que cette charte n’a pas vocation à imposer des normes, mais à proposer une base commune autour de laquelle les citoyens peuvent se reconnaître et agir.
La dimension citoyenne de la rencontre a été renforcée par l’intervention de Djelika Maïga, coordinatrice de Case Citoyenne du Mali. Elle a rappelé que les valeurs qui portent une nation prennent leur force dans les comportements quotidiens, dans les familles, les espaces communautaires et les associations de proximité. Pour elle, la refondation ne peut réussir sans une mobilisation sociale large, capable de transformer les valeurs en pratiques réelles.
Au fil des échanges, l’idée centrale s’est imposée : le Mali Kura ne peut pas se construire uniquement par des textes institutionnels. Il doit s’appuyer sur un socle moral partagé, nourri par la mémoire collective et les attentes des citoyens. La note de l’OCGS apporte une grille de lecture essentielle pour comprendre les fragilités actuelles et identifier des leviers crédibles pour y répondre.
La journée s’est achevée sur une perspective de travail. Les contributions recueillies seront intégrées dans une version enrichie de la note afin d’alimenter un plaidoyer plus large à destination des autorités et des partenaires du pays. Si la refondation demeure un chantier complexe, cette rencontre a eu le mérite de replacer les valeurs au centre du débat national et d’ouvrir un espace de réflexion où le vivre-ensemble redevient une priorité partagée.

Crise du carburant : Un choc humanitaire silencieux mais profond

Alors que le Mali fait face à une crise aiguë d’approvisionnement en carburant depuis plusieurs semaines, les opérations humanitaires se retrouvent entravées à grande échelle. Le manque d’hydrocarbures dans un pays immense, où l’accès aux populations dépend largement de la mobilité terrestre et aérienne, crée un goulot d’étranglement logistique qui menace la continuité d’une aide vitale.

La crise du carburant qui secoue le Mali frappe durement le secteur humanitaire, déjà affaibli par l’insécurité, les restrictions de mouvements et les conditions d’accès difficiles. Le dernier tableau de bord du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA) révèle qu’en octobre dernier 51 incidents d’accès ont été recensés, soit une hausse de 13% par rapport au mois précédent. Dans ce contexte déjà tendu, la pénurie d’hydrocarbures agit comme un multiplicateur de contraintes, obligeant les organisations à revoir leurs plans de déploiement et à réduire considérablement leurs activités dans des zones où les besoins restent critiques. Les acteurs humanitaires signalent que la situation actuelle survient à un moment où la demande d’assistance n’a cessé de croître depuis le début de l’année, avec plus de 7,1 millions de personnes nécessitant une aide multisectorielle, selon les données des Nations unies pour 2025.

Action humanitaire versus contraintes logistiques

Les régions de Ségou, San, Koutiala, Mopti et Bandiagara figurent parmi les plus affectées. Faute de carburant, les partenaires humanitaires ont dû réduire drastiquement leurs opérations. Les cliniques mobiles, pourtant indispensables pour atteindre les localités enclavées, sont désormais limitées à un rayon de 10 km autour de leurs bases. Ce chiffre, devenu un symbole de la crise, illustre une réalité brutale, à savoir que l’aide n’atteint plus les populations éloignées, notamment dans les zones marquées par les violences, les déplacements et la dégradation des conditions de vie.

Le secteur de la santé n’est pas épargné. Selon une note du Cluster Santé publiée en octobre, les services publics et leurs partenaires subissent de plein fouet les conséquences de la pénurie. Le ralentissement général de la réponse affecte directement les activités sanitaires, avec un risque de non-respect des planifications et d’un recul de l’accès aux soins, surtout dans les zones où la sécurité est déjà compromise. Le cluster estime que 1,83 million de personnes auront besoin d’une assistance sanitaire en 2026, alors que seulement 23% des financements requis ont été mobilisés avant la fin de 2025.

Les premiers effets sont déjà perceptibles : absentéisme intense dans les structures, réduction des activités des cliniques mobiles et des postes de santé avancés, baisse des supervisions. Les hôpitaux régionaux, bien qu’équipés de groupes électrogènes, peinent à maintenir une alimentation électrique stable. La chaîne du froid, indispensable aux vaccins et produits médicaux sensibles, est fragilisée, augmentant les risques de détérioration des stocks. Plusieurs organisations préviennent également que les ruptures de carburant pourraient perturber les campagnes de vaccination de routine, notamment pour la rougeole et la poliomyélite, dont la couverture est déjà en dessous des seuils recommandés. À moyen terme, la réduction du déploiement sanitaire pourrait entraîner une hausse des complications médicales, une augmentation de la morbidité et un affaiblissement significatif du système de santé. Selon les experts du Cluster Santé, sans amélioration d’ici fin décembre, 257 702 personnes vulnérables risquent de se retrouver sans accès aux soins essentiels, dont 19 001 femmes enceintes et allaitantes et 56 695 enfants de 0 à 5 ans, parmi lesquels 5 670 souffrant de malnutrition aiguë sévère avec complications.

Pression grandissante sur la sécurité alimentaire

La crise du carburant exerce également une pression sur la sécurité alimentaire. Le rapport du Cluster Sécurité alimentaire, publié le 18 novembre, décrit un impact multidimensionnel sur l’économie, la production agricole et la distribution des denrées. La pénurie ralentit les transports, perturbe les chaînes d’approvisionnement et augmente les coûts logistiques. Si les prix des denrées n’ont pas encore explosé, selon l’analyse du Système d’alerte précoce (FEWS NET), les spécialistes évoquent un risque réel d’inflation rapide.

Les zones les plus touchées sont des pôles agricoles essentiels. À Bamako, les motos tricycles assurant l’essentiel du transport du Grand Marché vers les détaillants sont souvent immobilisées, provoquant des ruptures ponctuelles de stocks et une baisse de disponibilité de produits frais. Dans plusieurs régions, l’acheminement des fruits, légumes, produits laitiers ou poissons fumés devient imprévisible. Les réseaux de commerçants confient également que la fluctuation des arrivages provoque une instabilité des volumes disponibles sur les marchés hebdomadaires, compliquant l’organisation des circuits de distribution basés sur la régularité des flux.

Une agriculture fortement bousculée

Dans les zones rurales, la pénurie perturbe le calendrier agricole. Le riz est la culture la plus affectée, avec des retards de récoltes, des parcelles qui se dessèchent faute d’irrigation et des pertes post-récoltes provoquées par le manque de carburant pour les moissonneuses, motoculteurs et batteuses. Des filières comme l’échalote à Bandiagara ou le maraîchage dans les zones péri urbaines sont également touchées. Si les céréales sèches – mil, maïs, sorgho – sont momentanément moins affectées, elles demeurent vulnérables à une crise prolongée.

Les difficultés de transport des intrants agricoles ralentissent la préparation des prochaines campagnes. Les unités de transformation font face à une hausse des coûts énergétiques tandis que les capacités de stockage sont fragilisées. Dans certaines zones irriguées, les associations paysannes alertent également sur la baisse de performance des motopompes alimentant les périmètres agricoles, ce qui pourrait compromettre les activités de contre-saison attendues début 2026. À moyen terme, la réduction des superficies cultivées et la baisse des volumes récoltés pourraient entraîner une diminution des stocks, une hausse durable des prix et un appauvrissement accru des petits producteurs. Dans certaines localités, ces dynamiques risquent d’amplifier l’exode rural, notamment chez les jeunes.

Un contexte sécuritaire qui aggrave la crise

La pénurie survient alors que le climat sécuritaire continue de se dégrader. En octobre, les incidents liés aux engins explosifs improvisés ont augmenté de 40%, atteignant 28 cas. Les violences contre les humanitaires ont conduit à l’enlèvement de 9 travailleurs dans les régions de Ségou et Gao. Pour éviter les routes les plus dangereuses, certaines équipes empruntent des itinéraires alternatifs, parfois avec des conséquences tragiques. À Douentza, 2 agents humanitaires ont perdu la vie dans le chavirement d’une pinasse sur le fleuve Niger, un accident reflétant les risques auxquels sont confrontées les équipes lorsqu’elles contournent les zones d’insécurité. Les restrictions de mouvement imposées par l’insécurité limitent aussi la capacité des équipes humanitaires à effectuer des évaluations rapides des besoins, un élément pourtant essentiel pour ajuster les réponses dans un environnement en constante évolution.

Dans certaines localités, comme à Léré, dans la région de Tombouctou, l’accès humanitaire est entièrement bloqué. Depuis le 27 octobre, selon OCHA, des acteurs armés empêchent toute entrée ou sortie, limitant les interventions aux seules organisations encore présentes. Les blocages aggravent les conditions de vie des populations, déjà confrontées à une pénurie de produits essentiels.

Les vols humanitaires ne sont pas épargnés. En septembre, les difficultés d’approvisionnement en carburant ont perturbé plusieurs rotations, affectant 236 passagers et près de 900 kg de cargaison vers Kidal, Ménaka et Ansongo. Malgré la réhabilitation de la piste de Ménaka en octobre, les contraintes persistent, compromettant l’acheminement des médicaments, kits nutritionnels et intrants vitaux. Plusieurs organisations rappellent qu’un accès humanitaire fiable dépend d’une disponibilité minimale de carburant, condition indispensable au fonctionnement des flottes de véhicules, des générateurs et des systèmes de communication déployés dans les zones reculées.

Selon plusieurs observateurs, si la crise du carburant perdure, l’impact cumulatif de ses effets pourrait aggraver durablement les conditions de vie de milliers de personnes dépendantes de l’aide dans des zones éloignées et sous forte pression sécuritaire.

Orphelinat Nelson Mandela : Canal+ rénove les locaux

Le 26 novembre 2025, l’orphelinat « Nelson Mandela » a abrité une cérémonie de remerciement suite à la rénovation de ses locaux par la société Canal+. Une cérémonie sobre mais pleine de significations pour le donateur et les bénéficiaires. Le centre qui accueille des enfants en situation difficile offrira désormais un cadre plus accueillant à ses pensionnaires.

 

Après deux semaines de travaux, l’orphelinat Nelson Mandela fait peau neuve et offre à ses pensionnaires un cadre plus convivial et plus agréable. Les travaux ont consisté en la rénovation des locaux, la peinture, la réhabilitation de la salle commune et l’installation d’un téléviseur et d’un décodeur. Une mini-bibliothèque a également été construite, accompagnée de livres et de tables-bancs. Cette intervention s’est faite en collaboration avec la Fondation SAER, qui a fourni des matelas et d’autres matériels. L’initiative a été saluée par Mah Sacko, coordinatrice du centre Nelson Mandela. Ce centre d’éducation et d’hébergement existe depuis une dizaine d’années et accueille des enfants abandonnés, des enfants dont les mamans sont en détention, ainsi que des enfants égarés.

 

Âgés de 0 à 12 ans, les 110 enfants hébergés sont scolarisés dans une école privée située non loin du centre, leur scolarité étant prise en charge par un système de parrainage. Le centre entretient aussi un partenariat technique avec l’Ambassade d’Afrique du Sud. En plus des vivres, dont le lait infantile pour les nourrissons, les responsables rappellent la nécessité de non-vivres et d’appuis divers pour soutenir le personnel, qui travaille principalement de manière bénévole.

 

 

AFG Bank Mali inaugure une nouvelle agence à Titibougou

La banque a renforcé son réseau le 26 novembre 2025 en ouvrant une agence à Titibougou, dans la commune rurale de N’Gabacoro. Avec cette implantation, AFG Bank Mali affirme sa volonté d’être plus proche des acteurs économiques locaux et de soutenir la dynamique de la zone.

Le nouveau site bancaire se présente comme une agence complète, moderne et accueillante, pensée pour répondre aux besoins les plus variés des populations.

Elle est équipée de deux distributeurs automatiques de billets accessibles 24h sur 24, ainsi que d’un salon VIP dédié au confort et à la confidentialité, marquant la volonté d’offrir un service bancaire de proximité adapté aux standards actuels.

Une agence conçue pour les ambitions locales

Dans son intervention, le Directeur général Sayouba Ouédraogo a rappelé le sens stratégique de cette ouverture. Il a souligné l’essor que connaît la localité et l’engagement d’AFG Bank à soutenir son développement.

« Si AFG Bank Mali a choisi Titibougou pour y installer cette agence, ce n’est pas le fruit du hasard. Titibougou est une zone en plein essor, pleine d’énergie, d’opportunités et d’ambitions. En nous installant ici, nous faisons un choix assumé, celui d’être au plus près de vous, de soutenir vos activités et de vous accompagner dans vos projets », a-t-il déclaré.

S’adressant aux futurs usagers, il a ajouté que l’agence devait devenir un espace où chaque projet trouve un allié fiable. « Nos équipes mettront tout en œuvre pour que cette agence devienne un lieu où vos projets, personnels comme professionnels, trouvent un allié solide et engagé. »

Un réseau en expansion

Cette inauguration s’inscrit dans une stratégie globale d’élargissement du réseau national d’AFG Bank Mali, qui compte aujourd’hui 14 agences et entend atteindre 16 agences d’ici fin 2025, avec les prochaines ouvertures annoncées à Bougouni et Kéniéba, deux zones identifiées pour leur potentiel économique.

La nouvelle agence de Titibougou est présentée comme un maillon essentiel dans cette dynamique, destinée à accompagner autant les professionnels, entrepreneurs, commerçants, artisans, étudiants, que les porteurs d’idées, sans distinction de profil.

La cérémonie s’est achevée par une visite guidée des locaux, permettant aux invités de découvrir les espaces de service de la nouvelle agence après la coupure symbolique du ruban.

 

Mohamed Kenouvi

 

« 16 jours d’activisme » : Le Mali mobilisé contre les violences numériques

Du 25 novembre au 10 décembre 2025, le Mali vivra au rythme des « 16 jours d’activisme » contre les violences faites aux femmes et aux filles (VFF). Cette édition met l’accent sur la lutte contre les violences numériques, dans un contexte national toujours marqué par l’assassinat de la jeune influenceuse de Tonka Mariam Cissé.

L’édition 2025 des « 16 jours d’activisme » contre les violences faites aux femmes et aux filles intervient dans un climat de forte émotion collective. Le meurtre brutal de Mariam Cissé, créatrice de contenus sur TikTok, à Tonka, dans la région de Tombouctou, le 7 novembre dernier, reste un traumatisme national. Avant son assassinat, la jeune femme avait été la cible d’une campagne de harcèlement numérique.

C’est dans ce contexte que le Mali a retenu comme thème national : « L’utilisation responsable des réseaux sociaux, gage de protection, de promotion et de préservation des valeurs culturelles des femmes et des filles au Mali ». Cette orientation rejoint le thème international, qui appelle à l’unité face à la violence numérique.

Éradiquer la violence en ligne

L’objectif est d’amener les autorités politiques, administratives, religieuses et traditionnelles, ainsi que la population, à prendre conscience des violences numériques afin de les prévenir et d’y apporter des réponses adéquates, à travers une utilisation saine et responsable des réseaux sociaux par toutes les femmes et filles au Mali.

« Le combat contre les violences faites aux femmes ne se limite pas aux corps. Il s’étend désormais aux écrans. L’unité, la responsabilité et la solidarité doivent être nos réponses face à la haine », souligne Maître Nadia Myriam Biouele, Présidente fondatrice de Hera Foundation, une ONG engagée dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) au Mali. Elle invite les organisations féminines, les médias et les leaders d’opinion à unir leurs voix pour éradiquer la violence en ligne et promouvoir une culture numérique éthique et respectueuse.

Comme lors des précédentes éditions, la campagne 2025 sera rythmée par une série d’activités, telles que des conférences publiques, des campagnes de sensibilisation et des marches, ainsi que des plaidoyers auprès des autorités.

Cette édition ambitionne ainsi de transformer les réseaux sociaux en espaces plus sûrs, plus responsables et plus respectueux. À travers la mobilisation des institutions, des organisations féminines et du grand public, le Mali souhaite faire de cette campagne un moment fort de réflexion, d’éducation et d’action pour une société où les femmes et les filles évolueront en toute dignité, tant hors ligne qu’en ligne.

Mohamed Kenouvi

Guinée-Bissau : un commandement militaire annonce la suspension du processus électoral

Un communiqué diffusé ce mercredi après-midi sur les médias publics bissau-guinéens a annoncé la mise en place d’un commandement militaire chargé de « prendre le contrôle de la situation » en Guinée-Bissau. Cette déclaration intervient quatre jours après la présidentielle du 23 novembre, dont les résultats provisoires devaient être proclamés le 27 novembre.

Selon plusieurs sources concordantes, le nouveau commandement affirme avoir suspendu le processus électoral, ainsi que certaines prérogatives institutionnelles, en attendant un « retour à l’ordre ». Les autorités militaires indiquent que les frontières du pays sont fermées jusqu’à nouvel ordre.

Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, a de son côté déclaré avoir été arrêté ce mercredi vers midi au palais présidentiel, affirmant être la cible d’un « coup d’État ». Il assure avoir remporté l’élection avec 65 % des suffrages selon son propre comptage, tandis que son rival, Fernando Dias da Costa, revendique lui aussi la victoire.

Dans la capitale, des tirs nourris ont été entendus autour du palais présidentiel et un dispositif militaire important a été observé sur les principaux axes. Plusieurs personnalités politiques, dont Fernando Dias da Costa et Domingos Simões Pereira, ont été retenues dans des lieux non divulgués, selon des sources politiques locales.

La situation reste évolutive et aucun bilan officiel n’a encore été communiqué.

Mali/Barrick : Vers une normalisation autour du complexe Loulo-Gounkoto

Barrick Mining Corporation a annoncé être parvenue à un accord de règlement avec le gouvernement malien afin de mettre fin au différend autour de la mine d’or de Loulo-Gounkoto. La signature de cet accord a été confirmée le 24 novembre 2025 par le ministère des Mines, qui a indiqué que les deux parties avaient trouvé un compromis après plusieurs mois de négociations.

Selon le communiqué officiel, toutes les charges visant Barrick et ses employés seront abandonnées. Les autorités s’engagent également à engager les procédures judiciaires nécessaires à la libération des employés encore détenus. La mise sous administration provisoire instaurée par le gouvernement prendra fin, et le contrôle opérationnel du complexe Loulo-Gounkoto sera intégralement restitué à Barrick. En contrepartie, la compagnie retire sa demande d’arbitrage introduite devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), l’un des volets majeurs du litige.

Cet accord intervient dans un contexte où le site demeure l’un des actifs aurifères les plus importants du pays. Loulo-Gounkoto avait produit environ 723 000 onces d’or en 2024, un niveau qui illustre son poids stratégique tant pour l’économie nationale que pour Barrick. À l’échelle du groupe, la société a annoncé une production de 829 000 onces d’or au troisième trimestre 2025, confirmant la solidité de ses opérations malgré les perturbations enregistrées au Mali. Le secteur aurifère malien, pour sa part, a vu sa production industrielle chuter à environ 26,2 tonnes à fin août 2025, soit une baisse d’environ 32 % sur un an, un recul largement attribué à la suspension des activités de Loulo-Gounkoto.

Le ministère des Mines souligne que la résolution de ce différend marque la fin d’une période de tensions entre l’État et la compagnie, et ouvre la voie à la reprise prochaine des opérations normales. Le gouvernement insiste sur l’impact positif attendu pour les employés, les communautés locales et l’économie malienne, fortement dépendante des revenus aurifères.

Les deux parties ont indiqué que l’accord, désormais formalisé, permettra de rétablir un climat de confiance et de relancer durablement l’activité du complexe Loulo-Gounkoto, essentiel au secteur minier national.