Nouvelle offre Canal+ Mali : Netflix désormais accessible via les abonnements

Canal+ Mali a organisé une conférence de presse ce jeudi 10 juillet 2025 pour mettre en lumière ses dernières offres, notamment l’accès à la plateforme de streaming Netflix, désormais intégrée dans ses différentes formules.

Depuis le 7 juillet 2025, les abonnés Canal+ au Mali peuvent accéder à l’offre de contenus de Netflix via leur abonnement, bénéficiant ainsi d’une expérience utilisateur simplifiée et d’un accès illimité à un catalogue de contenus.

Pour célébrer ses abonnés de la meilleure manière, Canal+ Mali lance également une nouvelle version de sa formule « Tout Canal+ », qui réunit, en plus de tout le catalogue de Netflix, plus de 400 chaînes, radios et services, y compris toutes les chaînes Canal+ et toutes les chaînes de l’option DStv English Plus, dont 4 chaînes SuperSport.

Cette nouvelle formule Tout Canal+ enrichie est désormais disponible au tarif de 25 000 FCFA au lieu de 40 000 FCFA, soit une réduction de 15 000 FCFA. « Quelqu’un qui payait 40 000 FCFA, plus par exemple notre option à 2 000 FCFA et prenait Netflix à 8 000 FCFA, se retrouvait à payer quasiment 50 000 FCFA par mois. Aujourd’hui, avec le nouveau Tout Canal+, il ne paiera que 25 000 FCFA, donc à moitié prix », a expliqué Yaye Sidibé, Directrice des ventes de Canal+ Mali.

En plus de la nouvelle formule Tout Canal+, les autres abonnés Canal+ qui souhaiteraient souscrire à Netflix pourront également le faire via une option additionnelle à 3 000 FCFA dans leurs différentes offres, dès la formule Access à 5 000 FCFA.

« La venue de Netflix sur Canal+ est une très bonne chose pour nous, les clients. Maintenant, nous y aurons accès plus facilement via le décodeur Canal à 25 000 FCFA, alors que l’offre Tout Canal était à 40 000 FCFA », s’est réjoui Ibrahima Ba, client de Canal+ Mali.

Bien qu’avec le décodeur HD classique, les abonnés puissent avoir accès à Netflix à travers l’offre Canal+ et accéder aux contenus sur d’autres supports, Canal+ met également à leur disposition le nouveau décodeur connecté à partir de 10 000 FCFA, avec Netflix intégré et donnant accès à un catalogue de plus de 50 000 contenus.

« Le décodeur connecté donne l’avantage d’avoir accès à tous les contenus via internet. C’est comme l’application Canal+ où c’est le client qui décide quand et où suivre un programme. Même en cas d’intempéries, il n’y a pas de rupture des images », a souligné Yacouba Diallo, Responsable Marketing et Réabonnement de Canal+ Mali.

Fondée il y a 40 ans en tant que chaîne de télévision française payante, Canal+ est aujourd’hui un groupe de médias et de divertissement mondial. Le groupe compte 26,9 millions d’abonnés à travers le monde, avec plus de 400 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur ses plateformes de streaming vidéo.

Netflix, avec plus de 300 millions d’utilisateurs payants dans plus de 190 pays, profite de séries, films et jeux dans une multitude de genres et de langues, et est l’un des leaders mondiaux du divertissement.

Mohamed Kenouvi

Bamako : les États-Unis et le Mali réaffirment leur amitié et leur volonté de dialogue

À l’occasion du 249ᵉ anniversaire de l’indépendance des États-Unis, l’ambassade américaine à Bamako a organisé, le mardi 8 juillet 2025, une réception officielle qui a réuni diplomates, membres du gouvernement malien et partenaires économiques et culturels. La soirée, marquée par un climat de convivialité et de franchise, a permis à l’ambassadrice Rachna Sachdeva Korhonen et au ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, d’échanger avec la presse sur l’état et l’avenir des relations bilatérales.

Dans son intervention, l’ambassadrice Korhonen a rappelé la profondeur des liens qui unissent les deux pays depuis plus de six décennies. « C’est un moment merveilleux de célébrer l’indépendance de mon pays ici, à Bamako, avec nos amis maliens », a‑t‑elle déclaré. Saluant les félicitations du président Assimi Goïta et la présence des ministres maliens, elle a insisté sur le caractère indéfectible des liens entre les peuples malien et américain.
Elle a également reconnu que les dernières années n’ont « pas été les plus faciles », en raison de contextes régionaux et internationaux complexes, mais elle a souligné que « les Maliens et les Américains aiment vraiment travailler ensemble », et que les relations humaines transcendent les divergences politiques.
Un message d’amitié et de solidarité du Mali
Prenant la parole au nom des plus hautes autorités maliennes, le ministre Abdoulaye Diop, accompagné de sa collègue de la Santé, Assa Badiallo Touré, a adressé ses « sincères félicitations au gouvernement et au peuple américains » et a formulé des vœux de bonheur et de prospérité pour les États-Unis. Il a aussi présenté ses condoléances pour les pertes en vies humaines causées par les récentes inondations au Texas.
Le chef de la diplomatie malienne a salué la tenue prochaine de consultations politiques bilatérales et l’engagement commun à promouvoir les investissements et la croissance économique à travers des initiatives telles que SelectUSA. Il a également noté une « convergence de vues » entre le Mali et les États-Unis sur les risques d’une utilisation inappropriée de l’aide publique au développement comme instrument de déstabilisation.
Coopération sécuritaire et vision géopolitique
Sur le plan sécuritaire, M. Diop a mis en avant les « efforts communs » et les « progrès militaires » réalisés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), qu’il a décrite comme une « nouvelle entité géopolitique au service de la paix, de la stabilité et du développement intégré ». Il a aussi souligné la grandeur historique du Mali, terre d’empereurs et d’explorateurs, comme Abubakar II, ainsi que ses vastes potentialités économiques, réaffirmant que le pays reste ouvert à tous les partenariats dans le respect des trois principes constitutionnels qui fondent l’action publique.
La réception s’est déroulée dans une atmosphère détendue et festive, ponctuée de discours, de poignées de main et d’échanges chaleureux. L’ambassadrice a remis un tableau symbolique au ministre Diop, en signe d’amitié et de coopération renouvelée. La soirée a démontré que le Mali et les États-Unis entendent préserver leur amitié, renforcer leur dialogue et œuvrer ensemble pour un avenir plus sûr et prospère pour leurs peuples.

Canal+ Mali offre un forage et des kits scolaires aux élèves de Sibiribougou

L’école fondamentale de Sibiribougou, en commune IV du district de Bamako, dispose désormais d’un forage autonome grâce à Canal+ Mali, qui a également remis une centaine de kits scolaires aux élèves, soulignant ainsi son engagement citoyen et éducatif.

L’ambiance était festive ce mercredi 9 juillet 2025 à l’école fondamentale de Sibiribougou, où Canal+ Mali a procédé à l’inauguration d’un forage d’un coût global de 4,5 millions FCFA et à la remise d’une centaine de kits scolaires aux élèves.
La cérémonie a réuni plusieurs personnalités, dont des membres de la direction générale de Canal+, le Président de la délégation spéciale de la Commune IV et d’autres autorités locales.
Idrissa Diallo, Directeur général de Canal+ Mali, a rappelé la vision RSE de la société, qui vise à soutenir les communautés, encourager l’éducation et favoriser des projets à impact positif et durable.
« L’éducation est un levier essentiel de développement. Et pour qu’elle soit efficace, il faut aussi garantir un environnement sain, sûr et propice à l’apprentissage. L’accès à l’eau potable et à des installations sanitaires fonctionnelles en fait partie », a-t-il déclaré.
Le forage inauguré, 100 % autonome, va améliorer considérablement les conditions d’apprentissage, comme l’a souligné Ousmane Dante, Directeur de l’école et porte-parole des quatre directeurs du groupe scolaire de Sibiribougou.
« Un point d’eau fonctionnel dans un établissement est un gage de dignité, de confort et de meilleures conditions d’apprentissage. À travers ce geste de haute portée humaine, vous démontrez non seulement votre sens du devoir citoyen, mais aussi votre attachement à l’éducation, pierre angulaire du développement durable », a-t-il salué.
Cependant, le directeur a profité de l’occasion pour formuler d’autres doléances, notamment la construction d’une clôture pour assurer la sécurité des enfants, du personnel et du matériel pédagogique. En réponse, Idrissa Diallo a pris l’engagement d’étudier chaque année dans quelle mesure Canal+ Mali pourra accompagner la mairie pour continuer à améliorer le cadre de vie des élèves.
La cérémonie a également été marquée par la remise d’attestations de reconnaissance au Directeur général de Canal+ Mali et au Président de la délégation spéciale de la Commune IV, Siaka A. Camara, en guise de remerciement pour leur implication.
Pour Canal+ Mali, cette action s’inscrit dans une démarche de proximité, traduisant sa volonté d’être un « acteur engagé, utile et proche des populations » à travers ses interventions sociales et éducatives au Mali.
Mohamed Kenouvi

Procès de l’avion présidentiel et des équipements militaires : Mahamadou Camara acquitté, Bouaré Fily Sissoko condamnée à dix ans de prison

La Cour d’assises de Bamako a rendu, ce mardi 8 juillet, son verdict dans le très médiatisé dossier du Boeing présidentiel et des équipements militaires, mettant un terme à une procédure qui aura tenu le pays en haleine pendant près de deux ans.

L’ancienne ministre de l’Économie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko, a été condamnée à dix ans de prison ferme et à une amende de 500 000 francs CFA pour malversations liées à l’acquisition de l’avion présidentiel et d’équipements militaires, pour un montant total dépassant 88 milliards de francs CFA. À ses côtés, le colonel-major Nouhoum Dabitao a écopé de sept ans d’emprisonnement assortis d’une amende de 300 000 francs CFA.

En revanche, l’ancien ministre de la Communication, Mahamadou Camara, ainsi que le général Moustapha Drabo, ont été relaxés. Le tribunal a estimé que les preuves à leur encontre n’étaient pas suffisantes pour les condamner, malgré leur mise en cause initiale. Cinq autres accusés, toujours recherchés à l’étranger, ont été jugés par contumace.

Ce procès emblématique avait été émaillé de nombreux incidents et reports, notamment pour raisons médicales, et avait été relancé en juin dernier après plusieurs mois d’interruption. Le ministère public avait alors promis une justice « transparente » dans ce dossier symbolique de la lutte contre la corruption.

Le verdict de ce 8 juillet vient clore ce feuilleton judiciaire commencé en novembre 2023, déjà marqué par le décès en détention de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et par des mandats d’arrêt toujours en cours contre plusieurs coaccusés.

Clôture du Symposium du NIMD : Quatre nouvelles promotions d’Alumni prêtes à agir pour le Mali Kura

La première édition du Symposium des Alumni du NIMD Mali s’est achevée le 5 juillet 2025 par la cérémonie de sortie des quatre dernières promotions des Écoles citoyennes. Un moment d’émotion et d’engagement renouvelé pour ces jeunes désormais appelés à contribuer activement à la refondation du pays.

La salle plénière du Centre international de conférence de Bamako a résonné d’applaudissements et de joie ce samedi, marquant la fin de la première édition du Symposium des Alumni du NIMD Mali. La cérémonie de clôture a consacré la sortie des promotions Ramatoulaye Dembélé et Victor Sy de Bamako, Bintou Sanankoua de Mopti et Tiemoko André Sanogo de Sikasso.
Célia d’Almeida, Représentante pays du NIMD Mali, a salué la richesse de ces trois jours, estimant qu’ils ont été à la hauteur des attentes, remplis de réflexions, d’échanges, de partages d’expériences et d’idées nouvelles pouvant inspirer le NIMD au Mali ainsi que ses collègues d’autres pays pour poursuivre leur action commune. Elle a également exprimé sa conviction que chacun repartait de ce Symposium « avec une nouvelle énergie, une envie plus forte d’agir ».
La représentante des majors des quatre promotions, Sanaba Diakité, a, quant à elle, rendu hommage à la formation reçue. « Durant ces mois de formation, nous n’avons pas simplement suivi des modules. Nous avons remis en question nos habitudes, enrichi nos visions et aiguisé nos esprits. Les écoles du NIMD nous ont offert un espace pour douter, débattre, comprendre et apprendre », a-t-elle affirmé, avant d’assurer que ce flambeau sera porté « avec responsabilité, humilité et détermination, non pas comme une simple distinction mais comme un devoir de redevabilité envers notre Mali ».
La cérémonie a également été marquée par la remise d’attestations aux Alumni les plus méritants, aux formateurs ainsi qu’aux partenaires techniques et financiers. Une vidéo a retracé le parcours des écoles politiques et démocratiques du NIMD, avant que les représentants des familles des parrains n’apportent leurs témoignages sur ces figures qui inspirent désormais les promotions sorties.
Pour l’Ambassadeur de l’Union européenne au Mali, Thomas Eckert, cette initiative s’inscrit pleinement dans l’action de l’UE. « L’engagement de l’Union européenne est et restera, en toutes circonstances, d’une part la promotion de la citoyenneté pour encourager tout le monde à participer activement dans la vie politique et civique, et d’autre part la sensibilisation des citoyens à leurs responsabilités et à leurs droits afin de renforcer l’action publique », a-t-il rappelé, formulant le vœu que « le Mali retrouve la paix et la prospérité, car c’est tout ce que veut le peuple et il le mérite ».
Enfin, le Directeur exécutif du NIMD a salué le parcours des Alumni, réaffirmant la détermination de l’organisation à accompagner la jeunesse malienne sur la voie de la participation citoyenne et du renouveau démocratique.
Depuis 2021, l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), dans le cadre de son Programme dédié à la formation citoyenne (PREFODEP), financé par l’Union européenne au Mali, a formé 860 jeunes femmes et hommes de 18 à 35 ans à Bamako, Mopti et Sikasso. Fondé sur le triptyque « Connaissances/Compétences/Valeurs », le curriculum de 11 modules est élaboré et dispensé par des formateurs locaux.
Mohamed Kenouvi

AES : la session des chefs d’État reportée à décembre 2025

Initialement prévue en juillet 2025 à Bamako, la deuxième session du Collège des Chefs d’État de la Confédération des États du Sahel se tiendra finalement en décembre.

L’annonce a été faite le 4 juillet par le Général d’armée Assimi Goïta, président de la Transition malienne et président en exercice de la Confédération, à l’issue de consultations avec ses homologues le Capitaine Ibrahim Traoré et le Général Abdourahamane Tiani.

Ce report intervient un an après la création officielle de la Confédération le 6 juillet 2024 à Niamey, où les trois chefs d’État avaient signé les textes fondateurs, désigné le général Goïta à sa présidence et fixé la feuille de route.

Depuis lors, plusieurs initiatives ont marqué son mandat : le lancement officiel du passeport biométrique commun en janvier 2025, la présentation à Bamako le 12 mai 2025 de l’hymne confédéral intitulé « La Confédérale » et de la devise, la confirmation le 17 septembre 2024 de la création d’une banque d’investissement et d’un fonds de stabilisation pour financer les infrastructures et la planification d’une force militaire conjointe de cinq mille hommes annoncée début 2025 pour sécuriser les zones frontalières. Du 21 au 28 juin 2025, Bamako a accueilli la première édition des Jeux de l’AES, réunissant des délégations sportives des trois pays.

Ce report survient alors que le Conseil national de Transition du Mali a adopté, le 3 juillet 2025, en clôture de sa session ordinaire, la révision de la charte de la Transition accordant au Général Assimi Goïta un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable jusqu’à la pacification du pays et l’érigeant au rang de président de la République, alignant ainsi le Mali sur le Burkina Faso et le Niger qui avaient déjà pris cette orientation institutionnelle.

Cette décision intervient aussi dans un climat marqué par une intensification des attaques armées visant les trois pays, renforçant les enjeux sécuritaires qui devraient figurer en bonne place lors de la session de décembre.

Accord de paix entre RDC et Rwanda : L’espoir sous haute vigilance

Signé à Washington fin juin 2025, l’accord de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda marque une avancée diplomatique majeure. Mais, derrière l’engagement affiché, les cicatrices des conflits passés, la méfiance mutuelle et les intérêts croisés rendent l’avenir incertain. Selon le HCR, plus de 118 500 personnes ont fui l’est de la RDC depuis janvier 2025, s’ajoutant aux 6,7 millions de déplacés internes recensés dans le pays.

Le texte prévoit le respect mutuel de l’intégrité territoriale, la neutralisation du FDLR par Kinshasa et le désengagement militaire rwandais de l’est congolais. Le FDLR compterait encore entre 1 000 et 1 500 combattants actifs dans les Kivu, selon une estimation de l’ONU datant de décembre 2024, ce qui complique toute neutralisation effective. Pour autant, ce texte institue un Mécanisme conjoint de sécurité incluant les États-Unis, le Qatar et l’Union africaine, pour superviser les engagements sous 90 jours. Le plan d’action, issu du « CONOPS » d’octobre 2024, fixe quatre phases, à savoir le désengagement, la démobilisation, l’évaluation et la stabilisation. Le retour volontaire des réfugiés et un cadre économique régional complètent l’ensemble.

Mais l’accord n’aborde pas directement le cas du M23, groupe rebelle au cœur des violences actuelles. Kigali nie tout lien avec lui, malgré des preuves documentées par l’ONU. Pour Kinshasa, ce silence est une faille majeure. « On ne peut pas traiter un abcès en contournant la plaie », glisse un diplomate congolais. Faute de dialogue direct avec les groupes armés, le risque de reprise des hostilités demeure élevé.

Ce n’est pas le premier accord entre les deux pays. De Pretoria (2002) à Addis-Abeba (2013), plusieurs engagements ont échoué faute d’application réelle. Le contexte sécuritaire a certes changé, mais la méfiance est tenace. « La paix ne se décrète pas, elle se construit avec du courage politique », rappelle un responsable de l’Union africaine.

Les États-Unis, très présents dans la négociation, ne cachent pas leurs intérêts. Ils cherchent à contenir le FDLR, classé comme groupe d’extrême dangerosité, et sécuriser l’accès aux minerais critiques dont regorge le sous-sol congolais. Le cobalt, le coltan et le lithium sont devenus des ressources stratégiques pour les industries occidentales.

Cet accord fait écho aux tensions entre États voisins au Sahel : Mali et Algérie, Niger et Bénin, Burkina Faso et Côte d’Ivoire. Le même syndrome de défiance bilatérale menace la stabilité régionale.

Accès à l’eau : Un levier de croissance structurant pour le Mali

Le Mali vient de faire un pas majeur dans la sécurisation de l’accès à l’eau potable, un enjeu économique et social important. Le projet d’appui à la sécurité de l’eau, financé à hauteur de 100 millions USD (environ 60 milliards de FCFA) par l’Association internationale de développement (IDA), a récemment été approuvé par le Conseil national de transition.

Ce financement servira à moderniser les infrastructures hydriques dans six grandes villes, dont la capitale Bamako, Mopti, San, Ouélessébougou, Dioïla et Bafoulabé.

À Bamako, l’accent sera mis sur le renforcement du système d’approvisionnement en eau, avec la construction de nouvelles stations de pompage, d’un château d’eau de 2 000 m³ et la modernisation des réseaux existants. Ce projet ambitieux prévoit également la production de 24 400 m³ d’eau par jour pour les villes secondaires. Un réservoir semi-enterré de 1 000 m³ et des bornes fontaines seront installés afin de garantir l’accès à l’eau pour une population croissante, notamment en milieu urbain et rural.

Le projet vise directement 500 000 personnes, dont près de 50% de femmes et 19% de jeunes, apportant une réponse significative à la demande en eau potable. Il aura également des retombées positives pour les 227 000 bénéficiaires d’un service de base en eau, tout en améliorant la qualité de service pour environ 270 000 personnes supplémentaires. En outre, des actions de restauration des écosystèmes touchant les bassins hydrographiques des fleuves Niger et Sénégal bénéficieront à 30 000 personnes vivant en zone rurale.

D’un point de vue économique, le projet affiche des indicateurs positifs. Le taux de rentabilité interne (TRI) atteint 11,3%, avec une valeur actuelle nette (VAN) de 44,9 millions USD. Les bénéfices attendus pour la productivité agricole et l’emploi sont considérables, notamment pour les femmes, qui représentent une part importante de la population bénéficiaire. L’amélioration de l’approvisionnement en eau permettra également de renforcer la stabilité économique, en réduisant les coûts liés aux pénuries et aux pertes d’eau.

Ce projet s’inscrit pleinement dans les objectifs de Vision 2063 du Mali, visant à stabiliser les finances publiques et à stimuler la croissance économique. Il représente un levier majeur pour assurer l’accès universel à l’eau potable et pour soutenir le développement durable du pays à long terme. Le Mali montre ainsi qu’il peut se saisir des défis du climat et de l’eau pour construire une économie plus résiliente, inclusive et prospère.

3ème Semaine artistique et culturelle de Mopti : L’art comme vecteur de cohésion sociale

Du 23 au 29 juin 2025, la Venise malienne, Mopti, a accueilli la troisième édition de sa Semaine artistique et culturelle. Organisé par la Commune urbaine avec le soutien du centre Sudu Baba, l’événement s’est déroulé sur le thème « La culture comme moteur de résilience et d’autonomisation des femmes en période de conflit », dans le cadre de l’Année de la Culture 2025.

Cette nouvelle édition s’inscrit dans la continuité du succès enregistré lors de la Biennale artistique et culturelle de Mopti, tenue en juillet 2023, qui avait attiré près de 10 000 participants, confirmant définitivement Mopti comme pôle culturel de référence au Mali.

Cette édition 2025 a rassemblé environ 15 000 visiteurs, selon les estimations de la mairie de Mopti. Une mobilisation notable pour une ville de quelque 330 000 habitants en 2024.

La programmation offrait un large éventail d’activités telles que des concerts, des expositions artisanales, des projections photographiques, des ateliers de cohésion sociale, des défilés de mode traditionnelle et des concours inter-quartiers. Le quartier Komogeul a remporté le premier prix, doté de 200 000 francs CFA, suivi de Bougoufié et de Toguel.

La cérémonie d’ouverture, organisée le 26 juin au Centre d’architecture en terre, a été présidée par le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé. Le Général Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, s’est joint à l’événement après son arrivée le lendemain. À cette occasion, l’Orchestre Kanaga a proposé une prestation saluée par le public, tandis que le groupe Abarbarbahaye a animé la soirée du lancement, le 23 juin.

Le concert de clôture, le 29 juin, a été assuré par la chanteuse engagée Hawa Maiga, qui a interprété un répertoire centré sur les droits des femmes. Un artisan présent a partagé : « cette semaine m’a redonné espoir et clientèle, après des mois très difficiles ». Cette citation reflète l’impact social de la manifestation.

Au cours de la cérémonie finale, le ministre Mamou Daffé a affirmé que Mopti « devient l’épicentre de la culture malienne », remerciant le Général Wagué pour son soutien actif. L’événement réunissait ministres, autorités administratives, politiques et coutumières.

L’organisation était pilotée par la mairie de Mopti, le Conseil de cercle et le centre Sudu Baba. La manifestation a renforcé le dialogue communautaire au sein d’une région confrontée à des défis sécuritaires. Elle démontre que la culture constitue un levier concret pour la paix, la cohésion sociale et la résilience régionale.

Coupe du monde de Basket U19 2025 : Le Mali s’arrête en huitièmes

Le Mali a été éliminé en huitièmes de finale de la Coupe du monde U19 de basketball masculin, qui se déroule en Suisse du 28 juin au 7 juillet 2025. Avec une seule victoire en quatre rencontres, les Aiglons se contentent de finir le tournoi avec un classement honorable.

Les Aiglons avaient pourtant bien entamé la compétition dans le groupe A, aux côtés de la Serbie, de la Nouvelle-Zélande et de l’Argentine. Pour leur premier match, le 28 juin, ils ont battu la Serbie sur le fil, dans un match très disputé jusqu’à la dernière seconde, 72 – 70. Cette victoire serrée a révélé la détermination de l’équipe, avec un Sékou Bagayoko impressionnant à la mène et un collectif solide, notamment au rebond.

Lors du deuxième match, le 29 juin, le Mali a affronté la Nouvelle-Zélande. Moins efficaces offensivement, les Aiglons se sont inclinés 73 – 50. Malgré un double-double de Youssouf Traoré (11 points, 10 rebonds) et la créativité d’Ibrahim Doumbia (6 passes décisives), l’équipe a souffert face à l’adresse extérieure des Néo-Zélandais.

Les Aiglons ont bouclé la phase de poules sur une nouvelle défaite le 1er juillet contre l’Argentine. Ils ont perdu 77 -6 6, dominés physiquement et techniquement par des Argentins bien organisés. Ce revers place le Mali à la 3ème place de son groupe, avec un bilan d’une victoire et de deux défaites.

Rêve brisé

Malgré ces deux défaites, le Mali s’est qualifié pour les huitièmes de finale grâce à un format qui qualifie les quatre équipes de chaque groupe. Mais en huitièmes de finale le 2 juillet 2025 face au Canada, un adversaire redoutable avec des prospects évoluant en NCAA et qui a terminé 2ème du groupe B derrière l’Allemagne, les Aiglons n’ont pas pu rehausser leur niveau de jeu.

Après avoir remporté le premier quart-temps sur le fil (17 – 15), les protégés du technicien Moussa Cissé ont été dominés tout le reste du match, s’inclinant à l’arrivée 100 à 75.

Avec cette élimination, les Aiglons voient leur rêve de faire au moins aussi bien que leurs prédécesseurs, Vice-champions du monde en 2019 après une finale perdue face aux États-Unis, s’envoler.

Pour la suite de la compétition, ils disputeront des matchs de classement qui détermineront le classement final de chaque pays participant.

Mohamed Kenouvi

Faisons la part des choses

Le mercredi 2 juillet 2025, une scène dérangeante s’est produite au marché à bétail de Djicoroni Coura, en périphérie bamakoise. Des agents d’une société privée de gardiennage y ont mené une descente, prétendant sécuriser les lieux au nom de l’État, après les attaques terroristes meurtrières du 1er juillet. Pourtant, ce marché ne figurait pas parmi ceux officiellement visés par les mesures post-attentats de septembre 2024 et ces agents n’étaient mandatés par aucune autorité légitime.

Au Mali, la loi n°96‑020, modifiée en 2017, et son décret d’application interdisent explicitement à toute société privée de sécurité d’exercer des missions de police ou de contrôle public. Ces entreprises, même agréées, n’ont ni pouvoir de fouille ni droit d’interpellation. L’intervention de civils armés non habilités dans un contexte post-attentat peut semer la confusion, créer des amalgames et parfois aggraver la situation.

Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Après chaque attaque, certaines personnes s’improvisent justicières, altèrent des scènes de crime ou, pire, accusent à tort. Pourtant, des numéros verts sont disponibles pour alerter les forces de défense et de sécurité, les seules compétentes pour intervenir. À Bamako, l’argument de l’isolement ou de défaut de réseau ne tient pas.

Le témoignage d’un internaute évoque à juste titre le danger de ces réactions irréfléchies. La foule, la colère ou la rumeur ne doivent jamais dicter la conduite. L’émotion ne peut supplanter la loi. Trop souvent, des innocents en paient le prix, pendant que les véritables auteurs disparaissent.

Faire face au terrorisme, c’est aussi refuser la confusion et respecter les procédures. Il en va de la crédibilité de l’État, de la sécurité collective et des droits fondamentaux de chaque citoyen. Le civisme, ce n’est pas l’instinct. C’est la maîtrise.

Ada Diawara : « Le citoyen doit dénoncer toutes les pratiques corruptives »

La lutte contre la corruption est l’un des chantiers phares de la transition depuis quelques années. Dans cet entretien, Mme Ada Diawara, Vice-présidente de la Coalition des organisations de la société civile pour la lutte contre la corruption et la pauvreté (COSCLCCP), aborde les avancées enregistrées. Propos recueillis par Mohamed Kenouvi

Quel état des lieux général peut-on dresser de la corruption au Mali ?

Je peux dire que des efforts ont vraiment été faits, tant de la part de l’État que de la société civile. Dix ans en arrière, on ne pouvait pas parler de dénonciations. La lutte contre la corruption était même un tabou. Mais aujourd’hui on en parle. Dans l’année, il y a des journées dédiées à la lutte contre la corruption, notamment le 11 juillet, qui est la Journée africaine de lutte contre la corruption et le 9 décembre, la Journée mondiale. Ce sont des occasions pour les organisations de la société civile et les structures étatiques de diffuser l’information sur la lutte contre la corruption, ses causes et ses conséquences sur la population, ainsi que sur le développement durable du pays. Auparavant, ce n’était pas évident.

Êtes-vous satisfaite des différentes réformes dans la lutte contre la corruption ces dernières années ?

Je salue la mise en œuvre de plusieurs réformes, telles que la Stratégie nationale de lutte contre la corruption et le renforcement de nombreuses structures de lutte contre la corruption. Toutes ces structures travaillent et font des rapports, mais ce ne sont pas des structures de répression. La seule structure de répression reste la justice.

Quel est le rôle des organisations de la société civile dans la prévention et la lutte contre la corruption ?

Le rôle de la société civile a toujours été d’informer et de former la population sur ses droits et devoirs, ainsi que sur la manière dont les gens doivent se comporter face à des pratiques corruptives. Le citoyen doit prendre sa destinée en main en dénonçant toutes les pratiques corruptives à son égard et celles qui freinent le développement de la communauté. Aujourd’hui, nous sommes parvenus à sensibiliser près d’un million de personnes avec un seul projet de la coalition, qui est le projet Kenekanko, une plateforme dédiée à la dénonciation, mise en œuvre dans toutes les régions du Mali, en plus du District de Bamako.

La plateforme Kenekanko a-t-elle donné des résultats encourageants dans la lutte ?

Elle a permis de recueillir plusieurs dénonciations, à travers des images et des données. Nous avons créé des Comités de veille et des Comités de contrôle citoyen de l’action publique (CCAP) dans de nombreuses localités. Chaque communauté doit suivre les investissements qui arrivent et les projets auxquels ils sont destinés. Avec les CCAP, les détournements de fonds peuvent diminuer. C’est pourquoi nous exhortons chaque commune à avoir ces Comités. Au niveau de la Coalition, c’est notre outil phare de lutte contre la corruption.

Charte pour la paix : Espoirs et défis après la finalisation

Après des mois de consultations nationales, la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale sera remise au Président de la Transition dans les prochains jours. Considérée comme un texte fondateur pour la cohésion nationale, elle suscite cependant des interrogations sur sa mise en œuvre et son impact réel sur la paix au Mali.

Le projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation sera remis au Général Assimi Goïta, Président de la Transition, courant ce mois de juillet selon nos informations. La Commission chargée de son élaboration a achevé ses travaux le 30 juin 2025, après une dernière séance plénière le 27 juin pour décider de certains détails relatifs à la cérémonie officielle de remise.

Ce texte, présenté comme un instrument majeur de stabilisation, ambitionne d’instaurer un climat de confiance entre les communautés et de réparer les fractures sociales héritées de la crise qui frappe le Mali depuis 2012, tout en garantissant justice et équité pour les victimes.

Structuré en 16 titres, 39 chapitres et 105 articles, le projet de Charte repose sur des valeurs fondamentales propres à la société malienne, telles que le respect des parents, l’amour de la patrie, le travail bien fait, le pardon, la solidarité et le vivre-ensemble.

Il vise à jeter les bases d’une paix durable, à renforcer la sécurité, à favoriser la cohésion nationale, à reconstruire le tissu social et met également l’accent sur l’éducation à la paix, la tolérance religieuse et le respect des différences culturelles.

Contrairement à l’Accord pour la paix et la réconciliation de 2015, souvent jugé inadapté et difficile à appliquer, cette nouvelle Charte se veut une alternative endogène portée par les Maliens eux-mêmes. Elle est appelée à devenir le nouveau socle de la politique de paix et de réconciliation, remplaçant ainsi l’ancien accord.

Un tournant pour la paix

Une fois remise au Chef de l’État, la Charte devrait être adoptée officiellement avant sa mise en œuvre effective. « Après cette étape, une véritable campagne de vulgarisation sera enclenchée pour que tous les Maliens, où qu’ils soient, puissent connaître la Charte dans ses moindres détails pour mieux l’expliquer à leur tour à leur niveau », confie un membre de la Commission de rédaction.

Pour certains observateurs, la Charte représentera une étape historique si elle est appliquée de façon inclusive, car elle pourra contribuer à réduire les tensions intercommunautaires, à restaurer la confiance entre l’État et les populations et à renforcer l’autorité de l’État dans les zones de crise.

« La Charte pour la paix et la réconciliation est une initiative à saluer. Elle peut servir de socle à un véritable contrat social basé sur la vérité, la justice et la réconciliation », affirme Ibrahim Sidibé, analyste politique.

Une mise en œuvre freinée ?

Quelques insuffisances sont cependant déjà pointées, notamment l’absence de mécanismes contraignants. La Charte est un texte d’orientation et non un instrument juridique à portée obligatoire, ce qui pourrait limiter son impact, à en croire certains analystes.

Le contexte sécuritaire reste également un obstacle majeur. Les attaques persistantes pourraient annihiler tous les efforts de paix si la sécurité n’est pas rétablie parallèlement. Comme le résume M. Sidibé, « aucune charte, aussi bonne soit-elle, ne pourra produire des résultats durables si l’État ne sécurise pas d’abord les zones où la réconciliation doit s’opérer ». Ce dernier déplore la persistance de l’insécurité, « malgré les efforts indéniables et la montée en puissance des FAMa ».

Enfin, la dissolution des partis politiques et la division que cette décision a entraînée parmi les Maliens, même si ces partis avaient été consultés dans l’élaboration du projet, risquent de fragiliser l’adhésion nationale autour du texte. De plus, les belligérants, à savoir les rebelles et les djihadistes, n’ont pas pris part aux concertations.

Dialogue permanent

La finalisation du projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation constitue un pas important vers la pacification du pays. Même si elle ne saurait, à elle seule, résoudre les crises multiples que traverse le Mali depuis plus d’une décennie, une mise en œuvre efficace pourrait tracer la voie vers une stabilisation durable. Toutefois, pour qu’elle porte ses fruits, les autorités devront relever certains défis, dont celui du dialogue permanent.

« L’État devra veiller à maintenir un dialogue permanent et inclusif avec l’ensemble des communautés, leaders religieux, politiques et acteurs armés, tout en évitant la politisation du texte, qui doit demeurer un instrument national au-dessus des intérêts partisans », souligne un observateur.

Symposium des Alumni du NIMD : Cap sur une jeunesse citoyenne et actrice du changement

Le Centre international de conférence de Bamako a abrité, ce jeudi 3 juillet 2025, la cérémonie d’ouverture de la première édition du Symposium des Alumni du NIMD Mali, placé sous le thème « Maliden Kura, Citoyen du monde et Acteur du changement ». Durant trois jours, plus de 1 000 participants échangeront sur la contribution des jeunes Alumni à la refondation du pays, à travers des panels, des expositions et des partages d’expériences.

Organisé par l’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD), ce symposium vise à capitaliser les expériences de formation citoyenne, à renforcer le réseautage des Alumni venus de Bamako, Mopti et Sikasso, et à présenter leurs nombreuses initiatives en faveur du renouveau démocratique malien.

Depuis 2021, le programme PREFODEP du NIMD, financé par l’Union européenne, a en effet formé 860 jeunes femmes et hommes à la citoyenneté active à travers un curriculum de onze modules couvrant connaissances, compétences et valeurs démocratiques. Lors de son intervention, Thomas Eckert, Ambassadeur de l’Union européenne au Mali, a exprimé l’espoir que cette expérience commune du symposium serve de catalyseur pour les idées et les valeurs des Alumni.

Tijmen Rooseboom, Directeur exécutif du NIMD, s’est dit fier de voir ces jeunes devenir des acteurs du changement et de renouveau positif à travers la mise en œuvre de projets citoyens. « Les écoles de formation contribuent à ce changement en profondeur pour une construction collective de l’édifice démocratique », a-t-il souligné.

Pour Célia d’Almeida, Représentante pays du NIMD au Mali, « ce symposium est bien plus qu’une simple rencontre. Il est le symbole vivant d’une dynamique que nous avons entreprise depuis 2020. Il est aussi la preuve que la jeunesse malienne, dont certains désespèrent, est prête à s’engager, à prendre des initiatives et à devenir un moteur de changement partout où elle se trouve ». Elle a également salué la capacité d’action des Alumni qui, selon elle, montrent chaque jour qu’il est possible d’agir concrètement pour un Mali plus inclusif, plus démocratique et plus résilient.

Le représentant du ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, a insisté sur l’importance de l’engagement des Alumni, estimant qu’ils doivent s’impliquer dans la gestion publique, en dénonçant la corruption et en promouvant la culture de la redevabilité.

La cérémonie d’ouverture du symposium a été suivie d’une conférence inaugurale articulée autour de deux communications phares. La première, animée par Dr Azizou Chabi Imorou, expert international et maître de conférences à l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin, portait sur les conditions de l’émergence d’un nouveau citoyen engagé. La seconde, assurée par le Professeur Ibrahim Iba N’diaye, a approfondi la réflexion sur le rôle des Alumni dans un Mali en refondation.

Cette première journée du symposium, qui se poursuivra jusqu’au 5 juillet, s’est clôturée par une visite des stands d’exposition des projets des Alumni, mettant en lumière des initiatives telles que « Vision Femme Mali », « Femmes Leaders Engagées pour le Développement », « Espace Djemu », « Drogue Kèlè Ton » ou encore le « Réseau d’Assistance et de Déradicalisation au Mali ».

Ces projets illustrent la dynamique impulsée par le PREFODEP, qui a permis aux Alumni d’agir dans divers domaines tels que la gouvernance locale, l’éducation, l’environnement et la santé.

Le NIMD, présent au Mali depuis 2002 et dans la région sahélienne depuis 2018, œuvre pour l’avènement d’une gouvernance démocratique pacifique, inclusive et représentative. À travers ses programmes Power of Dialogue (POD), PREFODEP et PREDIRE, il accompagne l’émergence de jeunes leaders porteurs de solutions pour un Mali en pleine refondation.

Mohamed Kenouvi

Mali – Russie : Une coopération stratégique

Du 21 au 26 juin 2025, le Président de la Transition, Assimi Goïta, a effectué une visite officielle en Russie. Le chef de l’État était accompagné de plusieurs membres du gouvernement pour cet évènement destiné à donner un nouvel élan à une coopération sécuritaire et économique déjà dynamique.

L’axe Bamako – Moscou amorce un nouveau tournant avec la visite de quatre jours effectuée par le Président Assimi Goïta en compagnie d’une dizaine de ministres. Pour la deuxième fois depuis son arrivée au pouvoir en 2021, le Président de la Transition s’est rendu en Russie. Après plus d’une décennie de crise, les nouvelles autorités maliennes ont fait le choix d’un partenariat stratégique avec le pays de Vladimir Poutine. Cette visite avait donc pour but, deux ans après la première, de « revisiter » ce partenariat, selon les termes du Président Goïta.

La défense et la sécurité, la coopération économique, l’enseignement supérieur, les mines, les transports et l’énergie ont été au centre des discussions entre les deux parties. À l’issue de cette visite, trois accords majeurs ont été signés.

Le premier concerne la création d’une commission intergouvernementale sur la coopération commerciale, économique, scientifique et technique. Ce cadre structurant vise à favoriser des projets à forte valeur ajoutée pour les deux pays. À terme, il pourrait permettre d’ouvrir le Mali à des investissements russes dans des secteurs clés du développement, donner accès aux technologies de pointe et renforcer la diplomatie multipolaire malienne.

Le deuxième accord porte sur le renforcement de la coopération sécuritaire et militaire. Fondé sur les principes de respect mutuel et de non-ingérence, il prévoit la formation, la fourniture d’équipements et un appui opérationnel pour soutenir les capacités nationales de défense et de sécurité. Il s’agit d’un axe central de la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme, dans un contexte de retrait des anciennes missions internationales et de pression persistante des groupes armés.

Le troisième accord concerne le nucléaire à but civil, en partenariat avec la société d’État russe Rosatom. Ce projet vise à répondre à la crise énergétique que traverse le Mali depuis 2022, en renforçant l’indépendance énergétique du pays, en réduisant la dépendance aux importations de combustibles et en favorisant l’industrialisation. Il prévoit la construction d’infrastructures, la formation de spécialistes maliens, la radioprotection et l’utilisation de radio-isotopes dans la médecine, l’agriculture et l’industrie.

Partenariat gagnant – gagnant

Jugé « modeste » par le Président russe Vladimir Poutine, le niveau des échanges commerciaux entre le Mali et la Russie est en croissance. En 2023, le Mali a reçu de la Russie 55 000 tonnes de blé, 60 000 tonnes d’hydrocarbures et 22 000 tonnes d’engrais, en plus de 25 000 tonnes de blé en janvier 2024.

Selon les autorités maliennes, les échanges ont représenté en 2023 près de 1,5 milliard de francs CFA, essentiellement consacrés à l’achat de matières premières russes, dont des hydrocarbures. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont même augmenté de 20% en un an, selon les autorités russes.

Une coopération universitaire en plein essor

La rupture avec les alliés traditionnel a offert une opportunité à la Russie pour renforcer sa relation dans d’autres domaines, notamment la coopération universitaire. Ainsi, suite à sa visite de juin 2025 en Russie, le Président de la Transition a confirmé l’augmentation du nombre de boursiers maliens en Russie, passé de 35 en 2023 à 290 en 2025. Cette dynamique contribuera à former une nouvelle génération de cadres et spécialistes capables d’accompagner les ambitions de développement du Mali.

Par ailleurs, le 16 juin 2025, le Président de la Transition a posé la première pierre de la toute première raffinerie d’or nationale à Sénou, codétenue à 62% par l’État malien et à 38% par le groupe russo-suisse Yadran. Cette installation, implantée sur 5 hectares, vise une capacité initiale de 100 tonnes par an, extensible à 200 tonnes, avec pour objectif de rapatrier les revenus annuels estimés à environ 275 milliards de francs CFA via l’exportation brute d’or non raffiné. Le site ambitionne une certification internationale (LBMA) pour s’imposer sur le marché mondial.

« Il est temps que l’or du Mali profite d’abord aux Maliens », a souligné le Président Assimi Goïta lors de la cérémonie de lancement, rappelant que ce projet répond à une exigence populaire de contrôle national sur les ressources naturelles.

Irek Salikhov, Président de Yadran, a précisé : « Cette raffinerie n’est pas seulement un outil industriel, mais aussi le symbole d’une coopération Sud – Sud ambitieuse et d’un véritable partenariat gagnant – gagnant entre la Russie et l’Afrique ».

À ce jour, aucune raffinerie d’or malienne ni russe en activité n’est certifiée LBMA. Les raffineries russes ont perdu leur accréditation en 2022, suite aux sanctions internationales, et la nouvelle raffinerie de Sénou, bien qu’ambitieuse, « vise la certification LBMA dans les prochaines années, mais doit d’abord démontrer sa capacité de production et sa conformité aux standards internationaux », précise un expert des questions minières.

Un expert du marché de l’or souligne : « la certification LBMA est un processus exigeant, qui nécessite au moins trois ans de production stable et des audits rigoureux. Le Mali a encore du chemin à parcourir avant de pouvoir exporter de l’or raffiné reconnu sur le marché international ».

Ce projet s’ajoute à celui de la centrale solaire de Sanankoroba, dont les travaux ont été lancés en mai 2024. Ce champ solaire d’une capacité de 200 MW, pour un coût de plus de 120 milliards de francs CFA, doit contribuer à l’amélioration du mix énergétique malien. Sa mise en service est prévue pour fin 2025.

Un futur prometteur malgré les défis

Saluant une « coopération efficace et une confiance renouvelée », le Président Assimi Goïta s’est dit « satisfait » à l’issue de sa visite en Russie. D’autres projets, notamment dans le domaine énergétique, sont prévus et un cadre de suivi pour leur exécution sera mis en place, même si les détails sur ces futurs investissements restent à préciser.

En plus d’une coopération bilatérale qui a permis au Mali de s’équiper et de « retrouver une liberté d’action », la coopération avec la Russie s’étend désormais à l’Alliance des États du Sahel (AES). Outre les relations bilatérales entretenues par les pays membres avec la Russie, les enjeux du nouvel espace ont été abordés lors de la visite du Président Goïta, Président en exercice de la Confédération.

Après la création de l’Alliance, en septembre 2023, et l’annonce de la naissance de la Confédération, en juillet 2024, plusieurs projets structurants sont en discussion, dont la création d’une Banque de développement et d’une force unifiée de 5 000 hommes. La Banque de développement, bien qu’annoncée officiellement, est en voie d’opérationnalisation. Les États membres travaillent à la définition de ses statuts et à sa mise en place effective. De même, la force conjointe de 5 000 hommes est en cours de préparation. Ses modalités ont été validées et des opérations conjointes ont débuté, mais son déploiement complet reste à finaliser.

Un repositionnement stratégique assumé

Malgré les « difficultés », le partenariat avec la Russie est un « repositionnement stratégique », assumé par les autorités de Bamako depuis 2021. Un choix qui s’est manifesté par le renforcement des liens militaires et économiques entre Bamako et Moscou. Dès leur première rencontre en juillet 2023 lors du sommet Russie – Afrique à Saint-Pétersbourg, le Président russe avait fait du Mali l’un de ses partenaires-clés sur le continent, saluant l’indépendance stratégique de Bamako. Ou plutôt une « dépendance » envers un partenaire jugé plus respectueux par Bamako, rétorquent certains. Pour les autorités maliennes, c’est bien la réaffirmation d’un choix de partenaires multiples, pragmatiques, capables d’aider à répondre aux défis auxquels fait face le Mali.

CNT : 131 voix pour une transition de cinq ans renouvelable

Réuni en session plénière le 3 juillet 2025, le Conseil national de transition (CNT) du Mali a adopté à l’unanimité – 131 voix pour, aucune contre, aucune abstention – la révision de la Charte de la Transition. Ce vote entérine une série de réformes majeures annoncées lors du Conseil des ministres du 12 juin 2025, et aligne le pays sur les trajectoires similaires du Burkina Faso et du Niger, les deux autres membres de la Confédération AES.

La durée de la transition est désormais fixée à cinq ans, renouvelable autant de fois que nécessaire jusqu’à la pacification du territoire national. Le président de la Transition, les membres du gouvernement ainsi que ceux du CNT deviennent éligibles à la présidence de la République et aux élections générales. La Charte modifiée intègre la Constitution du 22 juillet 2023, et précise que cette dernière prévaut en cas de conflit d’interprétation.

Autre rupture notable c’est la suppression explicite du M5-RFP et des partis politiques, écartés du dispositif institutionnel transitoire. Cette reconfiguration politique officialise un modèle AES où la stabilité sécuritaire prime désormais sur les échéances électorales classiques. À travers cette charte amendée, le Mali adopte une architecture de pouvoir recentrée autour de l’actuelle transition, tout en ouvrant la voie à une éventuelle candidature du général Assimi Goïta.

États-Unis : dissolution de l’USAID officialisée le 1er juillet 2025

L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a été officiellement dissoute le 1er juillet 2025, suite à une décision de l’administration Trump. Ses missions principales sont désormais transférées au département d’État, dirigé par le secrétaire d’État Marco Rubio.

Le 20 janvier, le président Trump avait signé l’Executive Order 14169, instituant un gel des aides étrangères pour soixante‑dix jours. Après un examen de six semaines, Rubio a annoncé en mars l’annulation d’environ 83 % des programmes gérés par l’USAID (5 200 sur 6 200), avec le reste réintégré sous la houlette du département d’État. Le gouvernement a licencié près de 94 % des effectifs (environ 10 000 emplois), laissant moins de 300 agents en place.

Conséquences anticipées

La décision a été vivement critiquée par les anciens présidents George W. Bush et Barack Obama, ainsi que par divers experts. Ils mettent en garde contre un risque létal, estimant que ces coupes pourraient provoquer environ 14 millions de décès supplémentaires d’ici 2030, particulièrement dans les pays en développement. Une étude publiée dans The Lancet évoque aussi un possible impact de 2,4 millions de décès par an.

Transition et avenir

Avec la suppression de son statut autonome, l’USAID n’est plus une agence indépendante depuis juillet 2025, et ses budgets, initialement proches de 40 milliards de dollars en 2023, relèvent désormais du département d’État. Rubio a déclaré que l’assistance américaine restera ciblée, orientée vers des pays autosuffisants via le commerce et l’investissement.

 

Guinée : la nouvelle Constitution remise au président Doumbouya suscite des débats

Le président de la Transition en Guinée, le général Mamadi Doumbouya, a reçu fin juin le projet de nouvelle Constitution élaboré par le Conseil national de la Transition (CNT). Ce texte de 199 articles, remis officiellement lors d’une cérémonie à Conakry, doit être soumis à référendum le 21 septembre prochain.

Présenté par le président du CNT, Dansa Kourouma, le projet propose d’instaurer un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, et définit les conditions de candidature à la magistrature suprême. Parmi ces conditions figurent la nationalité guinéenne, un âge compris entre 40 et 80 ans, la résidence en Guinée, la capacité physique et morale ainsi qu’une déclaration de patrimoine. Le texte prévoit également un retour à un scrutin présidentiel à deux tours.

Si les rédacteurs affirment que ce projet reflète le résultat de larges consultations et vise à restaurer un ordre constitutionnel durable, certains observateurs notent que certaines dispositions ont soulevé des interrogations. Des médias locaux et internationaux relèvent notamment que le mandat de sept ans, bien qu’encadré, pourrait ouvrir la voie à une candidature du général Doumbouya, malgré ses engagements initiaux à ne pas se présenter à l’issue de la transition.

Les principaux partis d’opposition, réunis au sein des Forces vives de Guinée, avaient déjà boycotté les consultations nationales en 2023, dénonçant un processus unilatéral et craignant une prolongation implicite de la transition. Ces formations politiques estiment que certaines dispositions du texte pourraient restreindre l’accès à la candidature pour les acteurs de l’opposition ou de la société civile, et risquent de compromettre l’inclusivité annoncée par les autorités de transition.

Le gouvernement, pour sa part, assure que le projet de Constitution sera soumis au peuple guinéen dans des conditions transparentes et équitables. Une Direction générale des élections a été mise en place pour superviser le référendum ainsi que les élections législatives et présidentielle prévues d’ici la fin de l’année.

La remise du texte marque une étape majeure dans le processus de transition, mais la controverse qu’il suscite souligne les attentes et les inquiétudes d’une partie de la classe politique et de la société civile quant à l’avenir démocratique du pays.

Côte d’Ivoire : mandat de dépôt pour Mamadou Hawa Gassama après propos offensants contre Ouattara

Mamadou Hawa Gassama, ancien député malien et membre du Conseil national de transition (CNT), a été arrêté début juillet à Séguéla, en Côte d’Ivoire, et placé sous mandat de dépôt. Il est poursuivi pour des propos tenus sur les réseaux sociaux jugés « discourtois et offensants » à l’encontre du président Alassane Ouattara.

Selon plusieurs témoignages, Gassama aurait posté des messages sur Facebook qualifiant le chef de l’État ivoirien de « tyran » et condamnant son régime, des contenus perçus comme incitant à la haine et à la déstabilisation. La justice ivoirienne a retenu contre lui des chefs d’outrage à l’autorité publique, incitation à la haine et atteinte à la sécurité de l’État.

Cadre juridique ivoirien

Le Code pénal de Côte d’Ivoire prévoit que quiconque offense publiquement ou outrage un chef d’État étranger encourt une peine d’emprisonnement de trois mois à deux ans et une amende de 300 000 à 3 000 000 FCFA . Si l’offense est dirigée contre le président en personne, les mêmes peines s’appliquent . De plus, l’outrage envers les autorités publiques est passible d’un emprisonnement de un à deux ans et d’une amende de 200 000 à 2 000 000 FCFA . Les accusations de « déstabilisation des institutions » pourraient constituer une infraction liée à la sûreté de l’État, pour laquelle la peine peut atteindre cinq ans de prison.

Précédent diplomatique

Ce dossier rappelle la longue crise diplomatique née de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens en juillet 2022 à Bamako, jugés pour tentative de coup d’État. Condamnés à 20 ans, ils ont finalement été libérés en janvier 2023 après des négociations impliquant la junte malienne, la Côte d’Ivoire, la Cédéao et le Togo . Cette résolution pourrait servir de référence pour envisager un accord similaire dans le cas de Gassama, même si les circonstances sont différentes.

 

Audiovisuel: 109 autorisations attribuées à des radios, télévisions, un distributeur

La Haute Autorité de la Communication (HAC) a publié le 2 juillet les résultats définitifs de l’appel à candidatures lancé le 19 mars pour attribuer des fréquences et autorisations aux services privés de communication audiovisuelle.

Cet appel a suscité un réel engouement, avec 138 dossiers déposés, représentant l’ensemble des régions et du district de Bamako, excepté Taoudéni, Ménaka et Nioro du Sahel.

Au terme de la délibération du Collège de la HAC, 109 dossiers ont été retenus : 94 relatifs à des radios, 14 à des télévisions et un pour un distributeur. Les promoteurs sélectionnés sont invités à se rapprocher, sans délai, des services de la HAC pour finaliser les autorisations d’exploitation et conventions nécessaires.

Le paysage audiovisuel malien recense environ 373 radios et 23 chaînes de télévision, publiques et privées, selon l’annuaire médiatique de 2019 relayé par Media Landscapes . La radio demeure le média dominant, avec 65 % des Maliens qui l’écoutent au moins quelques fois par semaine et 41 % quotidiennement, tandis que la télévision atteint 19 % d’audience quotidienne selon les enquêtes Afrobarometer menées entre 2021 et 2023 .

Fait notable, la chaîne privée Joliba TV News a repris officiellement ses émissions le 30 juin, à l’issue d’une suspension de six mois décidée par la HAC à la suite d’une plainte du Burkina Faso en novembre 2024. La suspension avait été levée le 22 mai dernier, la chaîne ayant profité d’un mois supplémentaire pour préparer son retour . Ce retour renforce le cadre de pluralisme audiovisuel sur fond d’un secteur média fragilisé.

Avec l’attribution de ces 109 licences, la HAC renforce la couverture médiatique sur l’ensemble du territoire et donne un nouvel élan à un secteur mis à l’épreuve par la crise sécuritaire et l’incertitude économique.

 

Jeux de l’AES : Clap de fin sur la première édition

La première édition des Jeux de l’Alliance des États du Sahel (AES) s’est achevée le 28 juin 2025 au Palais des Sports Salamatou Maïga de Bamako, au terme d’une semaine de compétition placée sous le signe de la fraternité, de la résilience et de l’unité sahélienne.

La cérémonie de clôture, présidée par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, a rassemblé autorités, athlètes, encadreurs et un public nombreux venu saluer la réussite de cet événement inédit. Elle a été marquée par des prestations artistiques qui ont mis en lumière des talents venus des trois pays.

Durant une semaine, les athlètes maliens, burkinabè et nigériens se sont affrontés dans différentes disciplines, telles que le judo, le karaté, la lutte traditionnelle, le taekwondo, le kung-fu, le bras de fer, l’athlétisme, le tir à l’arc et le football, affichant un esprit de fraternité et de solidarité entre les trois pays membres.

« Pendant ces quelques jours, bien qu’il s’agisse d’une compétition, nous avons vu des regards complices, des mains tendues, des hymnes chantés à l’unisson. Nous avons vu des peuples se reconnaître au-delà des frontières, des accents ou des drapeaux burkinabé, nigérien, malien », a salué le ministre Fomba devant les trois ambassadeurs des JAES : Cheick Ahmed Alhassan Sanou dit Iron Biby du Burkina Faso, qui porte le titre de l’homme le plus fort du monde, Daba Modibo Keïta du Mali, double champion du monde de taekwondo, et Abdoulrazak Issoufou Alfaga du Niger, champion du monde de taekwondo en 2017 dans la catégorie des 87 kg.

« Nous avons couru, lutté, combattu, mais jamais seuls. Nous avons formé un seul bloc, une seule équipe, une seule famille : la grande famille du Sahel, unie et solidaire », a-t-il poursuivi, soulignant que l’AES, tracée par les plus hautes autorités des trois pays, n’était pas seulement une entité politique, mais « une communauté de cœur, une union de valeurs, un destin commun ».

Un bilan sportif dominé par le Mali

Au plan sportif, le Mali termine premier avec 59 médailles, dont 27 en or, 21 en argent et 11 en bronze, suivi du Niger avec 48 médailles (20 or, 10 argent, 18 bronze). Le Burkina Faso se classe troisième malgré un total supérieur de 55 médailles, mais seulement 14 en or, 28 en argent et 13 en bronze.

« Tous les trois pays ont remporté des médailles d’or. Pour moi, il n’y a donc pas de perdant, c’est l’AES qui a gagné. L’objectif était de réunir les fils et les filles d’un même espace pour rivaliser d’audace et de talent », a indiqué Roland Somda, ministre des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi du Burkina Faso.

Un projet d’intégration au-delà du sport

Ces premiers Jeux de l’AES se referment sur un espoir : celui d’un Sahel debout, résilient et uni autour de sa jeunesse sportive, prête à porter haut le flambeau de l’alliance.

Au-delà des performances, ces jeux restent un symbole fort d’intégration et de résilience pour l’AES. Ils ont permis de renforcer les liens fraternels entre les trois pays et d’affirmer leur volonté commune d’avancer unis. La prochaine édition se tiendra en 2026 au Burkina Faso.

Mohamed Kenouvi

Développement durable : lancement du programme « Chinfinw Ka Baara Sira » au Mali

Le gouvernement, en partenariat avec l’Union européenne et LuxDev, a récemment lancé « Chinfinw Ka Baara Sira », un programme de formation professionnelle destiné aux jeunes de 15 à 35 ans, financé à hauteur de 17 millions d’euros dans le cadre de la Vision 2063 « Mali Kura ».

La ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Oumou Sall Seck, a présidé la cérémonie de lancement du projet « Chinfinw Ka Baara Sira » (« Le chemin des jeunes vers l’emploi »), dans le cadre de la Vision 2063 du Mali Kura. Ce programme vise à former et insérer professionnellement 5 500 jeunes âgés de 15 à 35 ans. Il s’inscrit dans la stratégie nationale de renforcement du capital humain pour un développement durable du pays.

Le projet, financé par l’Union européenne à hauteur de 17 millions d’euros, soit plus de 11 milliards de francs CFA, propose une double orientation : dix pour cent des bénéficiaires seront formés pour occuper un emploi salarié, tandis que quatre-vingt-dix pour cent seront accompagnés dans la création d’activités indépendantes . Les profils ciblés incluent des jeunes non scolarisés, déscolarisés, diplômés, techniciens, personnes en situation de handicap et migrants de retour.

Lors de son intervention, Oumou Sall Seck a souligné que ce dispositif répond à la demande du marché du travail tout en tenant compte des réalités locales. Le programme prévoit dès le démarrage la mise en place d’un comité de pilotage chargé de lancer un plan opérationnel doté d’un budget consacré à l’élaboration de modules adaptés, la sélection et la formation initiale de jeunes, ainsi qu’à l’étude des besoins du marché.

Aux côtés de LuxDev, acteur de la coopération luxembourgeoise, les premières activités de formation et d’accompagnement se sont tenues, dans une dynamique de renforcement des capacités et de soutien à l’emploi .

Le lancement de « Chinfinw Ka Baara Sira » marque une étape majeure dans la mise en œuvre de la Vision 2063, qui vise à transformer le capital humain en moteur du développement durable du Mali.

 

Lutte antiterroriste au Sahel : Abou Dahdah tué à Chamane, Oubel se rend à Tessit

Deux figures de l’État islamique au Sahel (EIS, ex-EIGS) ont été mises hors d’état de nuire en moins de 24 heures dans le nord-est du Mali, marquant un affaiblissement stratégique du groupe dans la région de Ménaka et du Liptako.

Le samedi 28 juin 2025, une opération des Forces armées maliennes (FAMa) a visé un groupe armé affilié à l’EIS dans la localité de Chamane, à 38 km au nord de Ménaka. Selon plusieurs sources sécuritaires et des canaux spécialisés dans le suivi du terrorisme au Sahel, l’opération a abouti à la neutralisation de six combattants, dont Abou Dahdah, identifié comme un cadre étranger du groupe. Cet individu, connu pour son rôle idéologique et technique – en particulier dans la fabrication d’engins explosifs improvisés (IED) – serait impliqué dans de nombreuses attaques transfrontalières au Mali et au Niger.

Le lendemain, Oubel, un autre cadre de l’EIS opérant dans le cercle d’Ansongo, s’est rendu volontairement aux autorités maliennes à Tessit, dans la région de Gao, accompagné de dix de ses éléments armés. Bien que cette reddition n’ait pas fait l’objet d’un communiqué officiel au moment de la rédaction, plusieurs sources concordantes au sein de la sécurité malienne l’ont confirmée, et elle a été largement relayée sur des plateformes de veille sécuritaire en arabe et en anglais.

Ces deux événements se sont produits dans une région où l’EIS a longtemps maintenu une présence active, notamment dans le couloir Ménaka–Ansongo, théâtre de multiples affrontements avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à al-Qaïda. Ces dernières années, le JNIM a nettement pris l’ascendant dans le Liptako malien, en partie grâce à une stratégie d’ancrage local, reléguant l’EIS à des positions défensives.

Toutefois, l’EIS, désormais désigné sous l’appellation « État islamique au Sahel » (EIS), reste loin d’être éradiqué. Il conserve une forte capacité de nuisance, en particulier au Niger, comme l’a démontré l’attaque meurtrière de Banibangou le 19 juin 2025, où 34 soldats nigériens ont été tués. Au Burkina Faso, le groupe poursuit également ses incursions, notamment dans les provinces frontalières de l’est.

Plus inquiétant encore, plusieurs analystes évoquent la possibilité d’une restructuration transfrontalière : une jonction stratégique avec d’autres factions de l’État islamique dans la région, comme ISWAP (province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique, active au Nigeria et autour du lac Tchad), pourrait offrir à l’EIS un second souffle sur le territoire malien. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que les pressions militaires subies par ces groupes dans leurs bastions initiaux les poussent à envisager des reconfigurations régionales.

La neutralisation d’Abou Dahdah et la reddition d’Oubel sont, pour l’instant, des succès tactiques indéniables pour les FAMa. Mais leur portée stratégique dépendra de la capacité des autorités à stabiliser durablement ces zones, à empêcher les reconstitutions de cellules, et à restaurer les services de base pour les populations, durement éprouvées par des années de violences, de déplacements et de ruptures d’accès humanitaire.

Dr. Amidou Tidiani, enseignant-chercheur à l’Université Paris 13

Quel regard portez-vous sur l’audit annoncé du financement des partis politiques après leur dissolution ?

En réalité, c’est une manœuvre politiquement inadaptée, mal calculée et irréalisable. Elle est aussi juridiquement infondée. La Cour suprême, en publiant le communiqué invitant les partis politiques à fournir leur bilan, piège le gouvernement et se piège elle-même dans un bourbier juridique.

Cet audit pourrait-il aboutir ?

Les anciens responsables des partis politiques ne prendront pas de risques et peuvent délibérément refuser de communiquer les bilans. S’ils acceptent de jouer le jeu et fournissent à la Cour suprême les bilans de leurs activités sur la période indiquée et qu’on constate qu’il y a des fonds qui ont été détournés, les personnes qui se seront rendues coupables d’infractions risqueraient des poursuites pénales.

Quelles conséquences pourraient subir les anciens Présidents de partis sollicités par la Cour suprême si ces documents ne sont pas fournis ?

L’obligation de dépôt des bilans qui était faite aux partis politiques résultait de la loi portant Charte des partis politiques. Or cette loi a été abrogée et l’obligation qui en découlait disparaît. Si les partis politiques décident de ne pas se conformer au communiqué de la Cour suprême et de ne pas fournir de bilan, ils ne peuvent pas subir une plus grande sanction que la dissolution. Or ils sont déjà dissous.

Hausse du prix du ciment : Les revendeurs inquiets face à un marché sous pression

Depuis avril 2025, le prix du ciment connaît une nouvelle hausse significative au Mali. En cause : l’interdiction des véhicules hors gabarit, entrée en vigueur le 1er avril, qui a désorganisé la chaîne d’approvisionnement. Entre tensions logistiques, plafonds de prix imposés par l’État et réalités du marché, les revendeurs dénoncent un déséquilibre de plus en plus insoutenable.

Le stationnement prolongé des camions hors gabarit à la frontière sénégalaise a provoqué une pénurie de ciment sur plusieurs marchés maliens, selon les professionnels du secteur. Cette pénurie s’est immédiatement traduite par une envolée des prix. Alors qu’avant la mesure la tonne de ciment coûtait entre 90 000 et 105 000 francs CFA, selon qu’il soit local ou importé, les prix ont bondi jusqu’à 130 000 francs, voire plus dans certaines localités.

Pour tenter d’endiguer cette flambée, le gouvernement a convoqué le 9 juin les principaux acteurs de la filière – industriels, transporteurs et revendeurs – dans l’objectif de « normaliser durablement le marché ». Les discussions ont débouché sur des plafonds de prix : 110 000 francs CFA la tonne pour le ciment local et 115 000 francs CFA pour le ciment importé. Ces plafonds reprennent ceux de l’arrêté ministériel toujours en vigueur depuis septembre 2022.

Prix consensuels ?

Mais sur le terrain ces mesures sont jugées déconnectées des réalités logistiques et commerciales. « On nous impose un prix de vente alors que nous ne sommes ni consultés ni approvisionnés à ce tarif », déplore un revendeur de Bamako. D’autres évoquent des frais additionnels ignorés par les autorités : transport, main-d’œuvre, marges minimes face à des grossistes qui eux-mêmes ne respecteraient pas les prix fixés.

Selon les données du Centre for Affordable Housing Finance in Africa (CAHF), la tonne de ciment au Mali coûtait en moyenne 119 500 francs CFA en juin 2024, contre 5 265 francs CFA le sac en 2023. En avril 2025, des enquêtes de terrain ont relevé des prix allant de 78 000 à 78 500 francs CFA à Kayes, contre 104 000 francs CFA à Bamako pour la même période.

Cette volatilité s’explique aussi par la forte dépendance à l’importation. Le Mali consomme 3,6 millions de tonnes de ciment par an, alors que la production nationale reste limitée à environ 2,6 millions de tonnes, assurées par trois unités industrielles.

Faute d’un approvisionnement régulier et de mesures de compensation sur les coûts logistiques, plusieurs points de vente ont temporairement cessé leurs activités, aggravant la pénurie. Les consommateurs finaux, petits entrepreneurs et ménages en construction paient le prix fort.

Chiffres

Prix de la tonne de ciment

Prix fixé : Entre 110 000 et 115 000 francs CFA

Prix pratiqué : Entre 120 000 et 130 000 francs CFA

Bogo Bara : La passion de l’art au cœur du LAC de Lassa

Du 28 au 29 juin 2025 se tiennent les ateliers LAC de Lassa, sur les hauteurs de Bamako, dans le quartier réputé être celui des « Rastas ». Depuis cinq ans, ces ateliers regroupent, le dernier weekend de chaque mois, les passionnés d’art et de créativité.

Les ateliers « Bogo Bara », en bamanankan le travail de la terre, ont été initiés il y a cinq ans pour aider les artisans à pouvoir vivre de leur art. C’est un espace d’échanges et de partage où se rencontrent passionnés, artistes et artisans confirmés ou en herbe.

Les ateliers sont un espace de formation pour des jeunes scolaires attirés par l’art et la culture. De la peinture au jardinage, en passant par la menuiserie métallique et en bois, la sculpture ou le bogolan, le LAC de Lassa propose six ateliers de formation, avec comme formateurs des artisans professionnels en activité ou à la retraite. La plupart sont des professionnels spécialisés dans divers domaines, ayant aussi enseigné dans des structures de formation formelles comme l’Institut national des arts.

Aider les artisans

L’idée, c’est « d’aider les artisans à vivre de leur art et aussi leur permettre de partager leurs expériences », explique Sékou Djiguiba, Chargé de Logistique au centre. Même s’il ne connaît plus le même engouement qu’au début, le rendez-vous continue d’offrir aux visiteurs la possibilité d’acquérir des objets d’art, mais aussi de s’initier à la pratique, afin de mieux apprécier le travail des artisans. Malgré l’absence des touristes, les ateliers continuent de former les élèves dans le cadre d’un partenariat. À terme, le souhait des initiateurs est de devenir un centre de formation agréé par l’État. Pour le moment, ils travaillent sur fonds propres.

Pour le présent atelier, douze artisans exposants sont attendus. Il y aura aussi au programme de cette célébration de l’art un concert dont le but est de faire découvrir des artistes peu connus. À cette occasion, des artistes, notamment des griots de la diaspora, viendront faire une prestation afin de communier dans le cadre d’une soirée mandingue et d’un retour aux sources.

Normalement mensuelles, les éditions lors de l’hivernage sont programmées tous les deux mois afin de permettre au public de se déplacer et aux artisans de mieux se préparer. Contrairement aux ateliers d’initiation d’un jour pour les participants, les élèves sont formés en résidence pendant six mois grâce au soutien du Fonds Maaya pour la Culture. Une formation au bout de laquelle ils bénéficient d’une attestation.

Lutte contre le terrorisme : Vers une nouvelle doctrine de la guerre asymétrique

Le Mali a dévoilé sa nouvelle réponse à la multiplication des attaques djihadistes avec la mise en place d’un Commandement des Opérations Spéciales (COS) décidée en Conseil des ministres. Cette initiative traduit un engagement inédit pour rationaliser la réponse militaire et renforcer la souveraineté nationale face à la violence persistante.

En 2024, le Mali déplorait environ 600 morts lors de 201 attaques terroristes, selon le Global Terrorism Index, soit une baisse de 21% par rapport à l’année précédente. Pourtant, le Sahel reste l’épicentre mondial du terrorisme, rassemblant plus de la moitié des décès liés à ces actes. L’armée malienne, jusqu’alors fragmentée à travers diverses composantes, entend désormais centraliser ses unités d’élite – forces spéciales, antiterroristes, composante aérienne, reconnaissance – afin de déployer des offensives coordonnées et robustes.

Plus qu’une copie du modèle français, le Mali observe aujourd’hui des initiatives africaines plus ancrées. Le Nigeria, avec Amotekun, alloue environ 1,5 milliard de nairas (environ 3 milliards de francs CFA) à cet organe régional de sécurité. Cette force de 10 000 volontaires mobilise des ressources locales pour sécuriser les communautés, exploitant un ancrage socioculturel fort. Une piste pour le Mali, qui pourrait ainsi professionnaliser ses unités tout en nourrissant leur légitimité auprès des populations, sans reproduire les impasses telles que la politisation excessive ou le manque de supervision civile observées au Nigeria.

D’autres modèles africains

L’initiative du Mali semble également s’inspirer d’approches plus technocratiques, comme celle du Rwanda. À Kigali, le Commandement des opérations de sécurité intérieure a été structuré autour d’un renseignement intégré, combinant bases de données numériques, surveillance territoriale et actions préventives à l’échelle communautaire. Les résultats sont notables. Ainsi, entre 2015 et 2023, les incidents sécuritaires liés aux groupes armés y ont diminué de plus de 40%, selon les données du Centre d’analyse stratégique de l’Afrique. Le Mali, avec ses vastes régions frontalières, pourrait s’inspirer de cet ancrage local appuyé par des outils de veille et de coordination.

Au Kenya, la coordination interarmées s’appuie sur des centres d’opérations interconnectés, appuyés par des technologies de géolocalisation et de communication sécurisée. Ces dispositifs permettent une réponse rapide et ciblée aux menaces. Leurs résultats ont contribué à réduire significativement les incursions armées transfrontalières dans le Nord-Est du pays.

Atouts et défis

L’idée d’un COS confère au Mali une avancée en termes de planification stratégique et de réactivité opérationnelle, en synchronisant les divers éléments du renseignement, du combat et du soutien aérien. L’intégration avec certains partenaires comme les instructeurs russes, maintenant incontournable dans la logistique locale, augmente l’effet de levier militaire.

Cependant, la réussite du projet dépendra aussi d’un financement stable, d’un cadre de formation continue – idéalement interne ou en partenariat – et de mécanismes de contrôle civil rigoureux. Sans ces piliers, le risque est de voir le COS devenir une structure formelle sans substance, une simple vitrine à usage politique.

Une autre question importante est celle du financement. Le budget de la Défense a certes connu une hausse ces trois dernières années, atteignant plus de 400 milliards de francs CFA en 2024 (contre 312 milliards en 2021), mais les besoins restent immenses pour équiper, former et maintenir une force spéciale d’élite sur la durée. Le coût d’un déploiement mobile permanent, avec appui logistique, systèmes de communication sécurisés et dispositifs de renseignement, dépasse souvent les 100 millions de francs CFA par compagnie et par trimestre, selon des estimations d’experts militaires.

Une cohérence régionale à consolider

L’initiative du Mali pourrait inspirer ses voisins sahéliens qui n’ont pas encore franchi le pas d’un commandement ainsi structuré. Dans le cadre de la Confédération des États du Sahel (AES), il pourrait constituer un exemple à suivre, notamment si le financement, la gouvernance et les partenariats avec la société civile demeurent au cœur de cette construction militaire.

Faire vivre un tel commandement est un défi complexe, que peu de nations africaines ont relevé. Mais si le Mali parvient à combiner expertise militaire, soutien national et transparence politique, ce COS pourrait transformer la réponse sécuritaire dans une région en lutte permanente. Dans le Sahel, un dispositif de cette ampleur porte en lui l’espoir d’un virage réellement efficace pour contenir une menace qui dépasse largement les simples frontières nationales.

Dialogue humanitaire au Mali : le FONGIM initie le Café des ONG  

Dans le cadre de la campagne ‐ Le Mali en action, la contribution des ONG internationales – le Forum des ONG internationales au Mali (FONGIM), qui regroupe 110 organisations, a organisé la première édition du Café des ONG internationales ce 24 juin 2025. Ce cadre d’échange a permis aux acteurs d’aborder les défis et les perspectives des ONG dans un contexte difficile, où malgré les efforts, les besoins restent supérieurs aux moyens.

Le Mali traverse depuis plus d’une décennie une crise multidimensionnelle, dont les conséquences ont contribué à une dégradation de la situation socio-économique des communautés dans plusieurs localités du pays. Déplacement de populations, fermeture d’écoles ou de centres de santé, inaccessibilité à l’eau ou absence d’activité économique : ces maux ont aggravé la vulnérabilité de certaines couches sociales.
Pour répondre à leurs besoins et appuyer l’État dans ses missions, plusieurs organisations internationales, dont celles regroupées au sein du FONGIM, ont apporté leur assistance dans divers secteurs. C’est ainsi qu’en 2024, les organisations membres du FONGIM ont appuyé 880 écoles en kits et équipements scolaires, scolarisé 122 851 enfants dans le système classique, inscrit 10 925 enfants dans les Centres de Stratégie de Scolarisation Accélérée – Passerelle (SSAP) et construit ou réhabilité 295 salles de classe.
Dans le domaine de la santé, plus de 556 centres ont reçu des appuis en médicaments, vaccins ou autres équipements.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, 868 789 personnes ont bénéficié d’une assistance alimentaire d’urgence, et 67 271 personnes ont été soutenues dans des activités génératrices de revenus. En matière de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et dans le cadre de la cohésion sociale, les ONG ont également apporté leur soutien à de nombreuses personnes, ainsi que dans la création d’emplois.
Mais malgré ces réalisations, les défis sont immenses, et les attentes envers les ONG restent grandes.
Défis persistants
Confrontées à la persistance de la crise, et donc à la croissance des besoins, ces organisations doivent faire face à de multiples défis, dont des préjugés qui ont la vie dure. Tantôt perçues comme des sauveurs, elles sont souvent vues comme des « espions » ou des acteurs qui contribuent à la dépravation des mœurs. Les ONG sont surtout « confrontées à trois crises majeures : politique, sécuritaire, environnementale », selon un responsable du FONGIM, ce qui fait que l’écart reste important entre les moyens disponibles et les besoins à satisfaire.
Elles en ont conscience : désormais, les ONG « ont la lourde responsabilité de transformer les perceptions négatives en perceptions positives », en rappelant qu’elles interviennent dans un cadre légal et qu’elles n’ont pas vocation à remplacer l’État, mais à l’appuyer.

Forum du développement durable : Vers une structuration du marché carbone

Face à la crise climatique et aux engagements internationaux, la transition vers un modèle économique « bas carbone » devient une priorité. Si le mécanisme ouvre des perspectives pour le secteur privé, sa mise en place au Mali pose encore des défis. C’est l’enjeu de la 5ème édition du Forum pour le développement durable (FDD), organisé par le Centre international pour le conseil et la formation (CICF) les 24 et 25 juin 2025 à Bamako.

Axé sur le thème « Le marché du carbone, une opportunité pour le secteur privé », le forum réunit institutions publiques, entreprises, bailleurs et experts pour une stratégie adaptée au contexte malien et à ses contraintes économiques et institutionnelles spécifiques. Il vise à mobiliser les acteurs économiques autour du développement bas carbone, en mettant l’accent sur la sensibilisation des entreprises aux impacts économiques, l’analyse du cadre réglementaire et les conditions d’engagement du secteur privé. Innovation et technologies vertes sont identifiées comme leviers.

À ce jour, les projets de cuisson propre au Mali ont déjà généré plus de 1,4 million de tonnes de crédits carbone certifiés, selon Climate Focus, preuve de la faisabilité d’un marché carbone structuré et de l’intérêt croissant des bailleurs pour ce type d’initiatives vertueuses. Le potentiel malien est considérable, dans un secteur mondial estimé à 2,7 milliards de dollars en 2024 pour 430 millions de tonnes de CO échangées.

Développement responsable

Le marché carbone européen lancé en 2005 repose sur un système de quotas d’émissions : les entreprises qui polluent moins que le seuil alloué peuvent vendre leur excédent à celles qui dépassent leurs limites. Ce mécanisme incitatif permet d’investir dans la décarbonation tout en réduisant les émissions globales. Ce système a montré ses effets positifs sur la réduction progressive des émissions dans plusieurs secteurs à forte empreinte. Il offre un modèle reproductible, y compris pour les pays à faibles émissions comme le Mali, qui subissent néanmoins de plein fouet les effets des dérèglements climatiques.

À l’instar des autres États, le Mali doit honorer ses engagements climatiques. Plusieurs secteurs sont jugés porteurs dans le cadre du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) : énergie, reboisement, lutte contre la déforestation, biomasse, industrie, gestion des déchets ou encore transports.

En février 2025, un atelier national a posé les bases d’un cadre structurant conforme à l’Article 6 de l’Accord de Paris, pour mobiliser entre 45 et 125 millions de dollars grâce aux crédits carbone. Ce dispositif vise à renforcer la résilience climatique du pays tout en ouvrant de réelles perspectives économiques pour les acteurs locaux, notamment les PME rurales, souvent exclus des dispositifs de financement classique.

Bamako : Quand les « lives » virent à l’arnaque

Ce qui devait n’être qu’un outil de promotion commerciale est en train de se transformer en piège numérique. À Bamako, les sessions « live » sur TikTok, devenues populaires pour la vente en ligne, font émerger un phénomène aussi inquiétant que pervers. C’est de l’escroquerie en temps réel.

Le mécanisme est aussi simple qu’efficace. Une vendeuse – ou un vendeur – présente ses articles en direct. Un internaute intéressé commente, souvent en laissant son numéro de téléphone pour être recontacté. C’est à ce moment-là que les arnaqueurs rôdent. Ils appellent dans la foulée, se faisant passer pour un soi-disant « livreur » ou « collaborateur », exigeant un paiement mobile money immédiat pour une commande fictive. Le client, pris de court, s’exécute. Mais la marchandise n’arrivera jamais. Quant au compte TikTok responsable du live, il niera toute implication.

Ce phénomène alarmant révèle un trou béant dans la régulation du commerce en ligne au Mali. Aucun cadre légal n’oblige aujourd’hui les vendeurs à vérifier l’identité des acheteurs ou des commentateurs. Les réseaux sociaux, quant à eux, n’ont ni la volonté ni la capacité de sécuriser ces échanges informels. Résultat : ce sont les citoyens, souvent modestes, qui paient le prix fort.

Il est urgent d’alerter l’opinion publique, de lancer des campagnes de prévention massives et d’imaginer un cadre juridique adapté à l’économie numérique locale. Car derrière chaque live se cache désormais une possible escroquerie. Il en va de la confiance numérique, mais aussi de la dignité de vendeurs honnêtes désormais discrédités malgré eux. À Bamako comme ailleurs, la technologie ne doit pas être un prétexte à l’impunité.

Massiré Diop