CAN 2025 : Dernière ligne droite pour les Aigles

À quelques jours du coup d’envoi de la CAN 2025, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc, les Aigles du Mali affinent les derniers détails de leurs préparatifs sous la houlette du sélectionneur national Tom Saintfiet.

La dynamique s’accélère cette semaine, marquée d’abord par l’annonce très attendue de la liste finale des joueurs retenus pour la compétition continentale, faite ce jeudi 11 décembre au journal télévisé de l’ORTM. Le technicien belge a confirmé la présence de ses cadres, fidèles au projet depuis sa nomination.

Dès le lendemain, ce vendredi 12 décembre,  Tom Saintfiet en conférence de presse, a dressé les grandes lignes de la préparation et fixé le cap : hisser le Mali parmi les sélections les plus performantes du tournoi. Finalistes en 1972, les Aigles courent depuis derrière un premier sacre africain.

Cap sur Casablanca

Un premier groupe d’une dizaine de joueurs et une partie du staff technique, s’est envolé dès le 13 décembre pour Casablanca. C’est dans la capitale économique marocaine que se déroulera le stage final.

Le lendemain, les Aigles ont entamé leur première séance d’entraînement, avec l’arrivée progressive d’autres joueurs les 14 et 15 décembre, avant que le groupe ne soit enfin au complet le 16 décembre. Ainsi réunis, les Aigles entreront dans le vif du sujet, alternant séances tactiques et mises en place techniques pour affiner les automatismes. Ce planning non officiel pourrait toutefois évoluer.

Le Mali reste sur un match amical disputé le 18 novembre dernier face à la Jordanie qui s’est soldé par un score nul et vierge (0-0). Vu le timing serré, l’équipe ne livrera plus aucun autre match amical avant son entrée en lice face à la Zambie le 22 décembre prochain.

Objectif « demi-finales »

Tous les regards se tournent désormais vers le calendrier du premier tour. Le Mali, logé dans le groupe A, entrera dans la compétition le 22 décembre face à la Zambie, avant d’enchaîner avec un choc très attendu contre le Maroc le 26 décembre. Les Aigles clôtureront la phase de groupes le 29 décembre face aux Comores.

Pour le sélectionneur national Tom Saintfiet, « ce sont trois équipes très fortes ». « Nous allons nous concentrer sur chaque match. Notre ambition est claire : nous voulons aller au 2ème tour et atteindre au minimum les demi-finales », assure-t-il.

Mouvement des populations : la pression humanitaire s’accentue au Mali

Entre juillet et septembre 2025, le Mali a connu une hausse marquée des déplacements internes et des arrivées de réfugiés, dans un contexte sécuritaire dégradé. Ces données sont issues de la mise à jour opérationnelle de l’UNHCR Mali pour le troisième trimestre 2025.

Au 30 septembre 2025, la situation des mouvements de populations au Mali demeure caractérisée par des niveaux élevés de déplacements internes et par une augmentation notable de la population réfugiée. Selon les données consolidées par les autorités nationales et l’UNHCR, 334 167 réfugiés maliens vivaient dans des pays d’asile tandis que 831 réfugiés maliens étaient rentrés au pays. À l’intérieur du territoire, le nombre de personnes déplacées internes s’élevait à 402 167, avec 194 236 personnes déplacées ayant regagné leur localité d’origine. Dans le même temps, le Mali accueillait 165 700 réfugiés enregistrés et 85 774 en attente d’enregistrement, portant la population réfugiée totale à plus de 251 000 personnes.

Cette évolution est étroitement liée à la persistance de l’insécurité dans certaines zones du pays et le long des frontières. Depuis le 5 août 2025, le cercle de Koro, dans la région de Bandiagara, a enregistré des afflux significatifs de réfugiés burkinabè fuyant les violences. Ces arrivées ont contribué à plus que doubler la population réfugiée au Mali en un an, celle-ci étant estimée à environ 123 000 personnes en septembre 2024. Les nouveaux arrivants sont majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées, arrivant dans des conditions de grande vulnérabilité et présentant des besoins immédiats en abris, en alimentation, en eau potable, en hygiène, en assainissement et en articles ménagers essentiels.

Urgence niveau 1

Face à cette situation, l’UNHCR a déclaré une urgence de niveau 1 en septembre 2025 et a ouvert une nouvelle unité de terrain à Koro afin de renforcer la coordination et la réponse humanitaire. Au cours du trimestre, plus de 27 700 nouveaux arrivants ont bénéficié d’un enregistrement biométrique dans cette zone, dont près de 90% de ressortissants burkinabè. Les enfants représentaient 58% des personnes enregistrées. Par ailleurs, cinq réfugiés ont obtenu des titres de voyage délivrés par la Commission nationale chargée des réfugiés.

Les activités de protection ont également été renforcées durant la période. L’UNHCR a apporté un appui technique aux autorités nationales pour la finalisation de la feuille de route sur l’asile. Cent trois survivants de violences basées sur le genre ont bénéficié d’une assistance multisectorielle comprenant un accompagnement médical et psychosocial ainsi que des références vers des services spécialisés. Des kits de dignité ont été distribués à 327 femmes et 73 filles. Des actions de sensibilisation ont touché 2 753 réfugiés, personnes déplacées internes et membres des communautés d’accueil, tandis que 160 leaders communautaires ont participé à des sessions de renforcement des capacités.

Diverses assistances malgré des moyens limités

Dans le secteur de l’éducation, 14 000 kits scolaires ont été distribués à des élèves réfugiés, déplacés internes et issus des communautés d’accueil dans les régions de Tombouctou, Gao et Ménaka. À Bamako, dix étudiants réfugiés ont bénéficié d’une prise en charge de leurs frais de scolarité à travers le programme de bourses DAFI.

L’assistance en abris et en articles non alimentaires a concerné 1 458 ménages réfugiés, déplacés internes et familles vulnérables des communautés d’accueil. Les interventions ont porté sur la construction de 617 abris de transition, 250 abris d’urgence et 91 abris résilients au climat, ainsi que sur une assistance en espèces destinée à la réhabilitation ou à la reconstruction de 500 abris endommagés. En complément, 2 752 ménages ont reçu des kits d’articles essentiels comprenant notamment des nattes, des ustensiles de cuisine, des jerrycans et des couvertures.

Dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, un forage équipé d’un système solaire, d’un réservoir et de bornes-fontaines a été installé sur le site de Kenewe, dans le cercle de Koro, au bénéfice des réfugiés et des communautés d’accueil. Neuf blocs de latrines et une douche d’urgence ont également été construits sur le site.

Sur le plan des solutions durables, les autorités maliennes ont adopté une décision ministérielle instituant un comité d’orientation chargé de la stratégie nationale sur les solutions durables, au sein duquel l’UNHCR est membre. Durant le trimestre, 136 réfugiés maliens sont rentrés volontairement, principalement depuis le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. Quatre personnes ont quitté le Mali dans le cadre de programmes de réinstallation vers le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Sur le plan financier, l’appel de fonds de l’UNHCR pour le Mali en 2025 s’élève à 85 millions de dollars. Au 30 septembre 2025, seuls 32% de ce montant étaient financés, laissant un déficit de 68%. L’UNHCR indique avoir engagé des mesures d’efficience visant à rationaliser les opérations et à limiter l’impact des contraintes budgétaires sur l’assistance aux populations concernées.

Femmes et leadership : Un mémorandum pour la citoyenneté

L’Institut néerlandais pour la démocratie multipartite (NIMD) a réuni les 12 et 13 décembre 2025 à Bamako des femmes de différentes générations autour d’un dialogue consacré au leadership et à la citoyenneté au féminin. Les échanges ont abouti à l’adoption d’un mémorandum final proposant des recommandations concrètes pour renforcer l’inclusion des femmes dans la vie publique et communautaire.

Organisé autour du thème « Leadership et citoyenneté au féminin : bâtir une société inclusive et paisible », ce dialogue intergénérationnel s’inscrit dans une dynamique de réinterrogation des stratégies en faveur de la participation des femmes.

L’objectif affiché était de renforcer le rôle des femmes et des jeunes filles comme actrices du changement, capables de porter des initiatives innovantes et solidaires au sein de leurs communautés.

La rencontre intervient dans la continuité du projet « L’école des élues », mis en œuvre par le NIMD, qui a permis la formation de 105 jeunes femmes et filles sur des thématiques clés telles que le leadership féminin, l’histoire des luttes des femmes, l’éducation aux médias, les techniques de négociation, l’entrepreneuriat, le dialogue et le plaidoyer. Ces acquis ont servi de socle aux discussions et aux propositions formulées durant le symposium.

Une centaine de participants ont pris part aux travaux, parmi lesquels des partenaires techniques et financiers, des personnes ressources, des bénéficiaires du projet, des représentants d’organisations de la société civile, ainsi que des partenaires du NIMD.

Les échanges se sont tenus en format hybride, associant des participantes de Bamako et celles connectées depuis Ségou, Koutiala, Mopti et Tombouctou, favorisant ainsi une diversité de points de vue et d’expériences.

Les travaux ont été structurés autour de deux panels de haut niveau : le premier sur le thème « Investir sur les femmes, bâtisseuses de paix », et le second consacré au « Leadership et engagement civique des femmes », mettant en lumière les leviers nécessaires pour renforcer l’inclusion sociale.

Ces panels ont été suivis de travaux de groupe thématiques, orientés vers l’identification de priorités de plaidoyer.

Un mémorandum final au cœur du plaidoyer

Point d’orgue de la rencontre, le mémorandum final constitue une synthèse des défis structurels auxquels les femmes sont confrontées et propose des solutions opérationnelles.

Cinq axes majeurs y sont développés : l’engagement socio-économique, l’engagement des communautés, l’engagement des femmes elles-mêmes, l’engagement des médias et l’engagement des institutions.

Sur le plan socio-économique, les participantes recommandent le renforcement des capacités techniques et émotionnelles des femmes, ainsi que la multiplication des opportunités de subvention et de mentorat.

Concernant les communautés, l’accent est mis sur la création de cadres de collaboration avec les acteurs d’influence, notamment les leaders coutumiers et religieux, et sur la mise en place de réseaux de plaidoyer au niveau politique.

Le mémorandum insiste également sur la nécessité pour les femmes de consolider leurs réseaux d’entraide et d’influence, en exploitant davantage les outils numériques pour informer, mobiliser et partager les ressources.

Dans le domaine des médias, il préconise le renforcement des partenariats entre les organisations féminines et les faîtières de médias, ainsi que l’organisation de sessions de formation médiatique dédiées aux femmes.

Enfin, au niveau institutionnel, il appelle à une meilleure vulgarisation et application des textes relatifs à la participation des femmes à la gestion publique, à travers l’implication de leaders identifiés.

Destiné aux femmes, à leurs organisations, aux leaders d’influence, aux institutions publiques et aux partenaires, ce mémorandum se veut un outil de plaidoyer stratégique. Comme l’a souligné Célia d’Almeida, Représentante pays du NIMD au Mali, les recommandations seront partagées avec des acteurs clés tels que le Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE), reconnu pour son influence sociale, ainsi qu’avec les ministères concernés et les partenaires techniques et financiers, entre autres.

Cette démarche confirme la volonté du NIMD de traduire les échanges du dialogue intergénérationnel en actions concrètes et durables en faveur du leadership féminin au Mali.

Mohamed Kenouvi

 

 

Cérémonie de montée des couleurs : « Éveil Mali » promeut le civisme en Commune V

68e sommet de la CEDEAO : un réveil sous pression

Réunis à Abuja le 14 décembre 2025, les dirigeants ouest-africains ont acté une série de décisions sécuritaires, politiques et économiques pour tenter de reprendre la main dans une région fracturée. Le communiqué final révèle une volonté de fermeté et d’accélération, sur fond de crises récentes au Bénin et en Guinée-Bissau et d’une CEDEAO désormais à douze États.

Le 68e sommet ordinaire de la CEDEAO s’est tenu à Abuja, sous la présidence du chef de l’État sierra-léonais Julius Maada Bio, avec un agenda officiellement centré sur l’avenir de la Communauté, la paix et la sécurité, l’intégration et la transformation économique et numérique.

Dans le communiqué final, l’axe sécuritaire prend une place dominante, au point de donner le ton politique de la rencontre. Les chefs d’État y réaffirment leur engagement à endiguer le terrorisme dans l’espace communautaire et condamnent la recrudescence des enlèvements, notamment d’écoliers dans le nord du Nigeria. Surtout, ils arrêtent une mesure chiffrée immédiatement lisible : la Commission est instruite de décaisser en urgence 2 850 000 dollars au profit de chacun des États membres “affectés”, à savoir le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigeria et le Togo, via le Fonds régional de sécurité. Cette décision, inhabituelle par sa précision budgétaire dans un communiqué de sommet, vise à matérialiser un tournant opérationnel que l’organisation a longtemps peiné à afficher, alors même que la pression sécuritaire s’est déplacée du Sahel vers les pays côtiers.

Le communiqué s’inscrit aussi dans une logique de doctrine : l’épisode béninois est explicitement traité, avec une condamnation de la tentative de coup d’État et une mise en avant de la Force en attente. Les chefs d’État demandent en outre à la Commission de proposer des textes encadrant cette Force afin de permettre une intervention plus rapide en cas d’urgence. Cette séquence, replacée dans la chronologie des crises récentes, nourrit l’idée d’un “réveil” qui se veut désormais assumé, mais qui intervient après des années durant lesquelles la CEDEAO a été accusée de réagir tard et sous contrainte.

C’est toutefois le dossier bissau-guinéen qui donne au sommet une gravité particulière. Le communiqué ne se contente pas d’un appel général au dialogue dans la mesure où il exige la libération immédiate des détenus politiques, demande la mise en place d’une transition courte dirigée par un gouvernement inclusif, et fixe clairement un levier coercitif, en prévoyant des sanctions ciblées contre les individus ou groupes qui feraient obstacle au retour à l’ordre constitutionnel. Le texte va plus loin en autorisant la mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau à assurer la protection des dirigeants politiques et des institutions nationales, tout en annonçant un renforcement de la mission d’appui à la stabilisation et l’envoi de démarches de haut niveau, y compris auprès des autorités militaires. À la lecture, la CEDEAO veut signifier que la “tolérance zéro” n’est plus seulement un slogan de circonstance mais un cadre d’action, même si la crédibilité se jouera, ensuite, dans l’exécution et la constance.

Au-delà des crises, le communiqué cherche à réinstaller la CEDEAO sur ses fondamentaux économiques et d’intégration, avec des messages politiques très concrets. Sur la monnaie unique ECO, les dirigeants constatent des retards et une convergence macroéconomique jugée insuffisante, et chargent la Commission de réactiver la task force présidentielle sur le programme de monnaie unique. Sur la libre circulation, ils saluent le Nigeria pour le déploiement de la carte d’identité biométrique CEDEAO, tout en relevant que sept États seulement l’ont déployée et en exhortant les autres à accélérer. Dans le commerce, la CEDEAO et l’UEMOA sont mandatées pour harmoniser les règles d’origine et traiter le dossier sensible de la taxe de solidarité communautaire.

Un autre marqueur, plus technique mais politiquement utile, concerne l’énergie : le communiqué relève la synchronisation “historique” des réseaux électriques ouest-africains interconnectés le 8 novembre 2025, tout en avertissant que les défauts de paiement des États menacent le fonctionnement du WAPP (Système d’échanges d’énergie électrique de l’Afrique de l’Ouest) et le lancement du marché régional de l’électricité. Enfin, sur le transport aérien, la Commission est chargée de travailler avec les ministères compétents pour appliquer un acte additionnel prévoyant, à compter du 1er janvier 2026, une réduction de 25 % de certaines redevances passagers et de sécurité et la suppression de taxes sur les services de transport aérien.

Le sommet assume aussi une recomposition institutionnelle de la CEDEAO à douze, sans rompre tous les liens avec les pays de l’AES. Le communiqué acte en effet la poursuite de la participation du Burkina Faso, du Mali et du Niger à la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO comme membres non-régionaux, et leur accorde un statut de membres non-CEDEAO au GIABA. Dans la même logique de réagencement, le transfert du siège de l’OOAS (Organisation Ouest-Africaine de la Santé) en Côte d’Ivoire est également acté.

Mali Média Awards 2025 : La Fondation Tuwindi honore dix icônes de la presse malienne

A l’occasion de la célébration de ses 10 ans d’existence, la Fondation Tuwindi a initié une édition spéciale des Mali Média Awards pour distinguer dix icônes de la presse malienne. La cérémonie de remise des distinctions s’est tenue le 11 décembre 2025 à Bamako.
Baptisée « Le Panthéon », cette distinction exceptionnelle vise à saluer des parcours professionnels exemplaires ayant contribué, durant plusieurs décennies, à la construction et à la consolidation du paysage médiatique national.
La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités du monde institutionnel, diplomatique et médiatique. Elle était présidée par Mohamed Ag Albachar, chef de cabinet du ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’administration.
Des représentants des ambassades, des institutions publiques, des partenaires de la Fondation Tuwindi, ainsi que des étudiants en journalisme et communication ont également pris part à l’événement.
Un panthéon pour célébrer des parcours d’exception
Dix journalistes, considérés comme des références et des pionniers de la presse malienne, ont été élevés au rang de dignitaires du Panthéon des Mali Média Awards.
Il s’agit de Gaoussou Drabo, ancien journaliste au quotidien national « L’Essor » ; Ramata Dia, fondatrice de la Radio Guintan ; Tiona Mathieu Koné, ancien journaliste à l’ORTM et ancien conseiller à la communication à la présidence de la République ; Baba Djourthé, ancien journaliste à Radio Mali ; Sadio Touré, ancienne journaliste à Radio Mali et à l’ORTM ; Tiégoum Boubeye Maïga, fondateur du journal « La Nouvelle République » ; Daouda N’diaye, ancien journaliste à Radio Mali ; Daouda Mariko, ancien directeur de la Radio Kénédougou ; Fily Keita, ancien directeur de la radio rurale de Kayes ; et Diomansi Bomboté, ancien journaliste à « L’Essor » et à Radio Mali.
Prenant la parole, Hawa Coulibaly Cissé, directrice des opérations de la Fondation Tuwindi, a souligné la portée symbolique de cette reconnaissance. Selon elle, l’entrée de ces journalistes dans le Panthéon rend hommage à « une vie entière consacrée au service de l’information, à l’intégrité professionnelle et à la construction de l’espace civique », saluant des carrières marquées par la rigueur, la constance et le sens du devoir.
Le fondateur et président de la Fondation Tuwindi, Tidiani Togola, a pour sa part rendu hommage aux lauréats, les qualifiant de « consciences vivantes du pays » et de repères dans les moments de doute. Il a insisté sur le fait que le Panthéon n’est pas destiné à figer le passé, mais à éclairer l’avenir et à servir de référence pour les jeunes générations de journalistes.
Dans son intervention, Mohamed Ag Albachar a rappelé que cette distinction engage désormais les récipiendaires à continuer d’incarner un journalisme professionnel, éthique et exigeant, les érigeant officiellement en modèles pour la jeunesse.
De son côté, Diomansi Bomboté, l’une des personnalités honorées, a exprimé sa gratitude, dédiant son prix à ses confrères, à ses formateurs et à toutes les générations de journalistes convaincues que « les mots et les images justes peuvent faire bouger les lignes ».
La cérémonie s’est achevée dans une ambiance festive par la coupure d’un gâteau marquant les dix ans d’existence de la Fondation Tuwindi.
Mohamed Kenouvi

Ahmed Ag Abdoulaye : « Les deux groupes (JNIM et EIS) étudient les faiblesses de chaque zone avant de s’y implanter »

Dans son ouvrage intitulé « Sahel, terrain de concurrence entre le JNIM et l’État islamique » paru fin novembre 2025, le chercheur Ahmed Ag Abdoulaye compare les deux groupes armés. Il revient ici sur leurs doctrines, leurs modes de gouvernance, leurs ressources et la concurrence qu’ils se livrent pour contrôler territoires et populations. Propos recueillis par Massiré Diop.

Dans cet ouvrage, vous comparez les deux principales mouvances djihadistes actives au Sahel. Pourquoi cette approche croisée maintenant ?

La motivation principale est d’explorer les angles morts de la recherche sur ces deux entités qui endeuillent le Sahel. Jusqu’ici, les études les abordaient isolément et sur des aspects limités. Nous avons voulu ratisser large en analysant leurs relations de coexistence, leurs histoires communes, leurs idéologies, leurs modalités de gouvernance et leurs modes opératoires. L’objectif était d’être précis sur des aspects peu étudiés : l’idéologie qui sous-tend leurs actions, leurs sources de financement et surtout les relations qu’ils entretiennent avec les populations, notamment les minorités ethniques et religieuses. Il s’agit de mieux comprendre ce qui les rapproche, ce qui les oppose et ce que cela produit sur le terrain sahélien.

Au plan idéologique, quelles sont les différences les plus structurantes entre le JNIM et l’État islamique au Sahel ?

Nous avons comparé trois éléments : la doctrine du djihad, l’application de la charia et la doctrine du tamkine, c’est-à-dire la territorialisation. Pour le djihad, l’EIS fonde sa pratique sur le takfirisme, l’excommunication, construite autour du murtadisme, l’apostasie : tout Musulman qui n’est pas de son bord peut être qualifié de « grand apostat », et son sang, ses biens et ses femmes deviennent licites. Le JNIM, lui, fonde sa doctrine sur le taghout, le « tyran » ou « oppresseur », terme utilisé pour qualifier les régimes démocratiques et les États du Sahel afin de légitimer son combat. Ces choix doctrinaux expliquent que l’EIS cible davantage les civils, alors que le JNIM vise prioritairement les États et leurs institutions.

S’agissant de la charia, l’EIS applique strictement les hudud, les châtiments, via des tribunaux et un bureau chargé des sentences, tandis que le JNIM, marqué par sa mauvaise expérience de 2012 dans le nord du Mali, applique ces châtiments de manière graduelle, en insistant aujourd’hui davantage sur les habitudes vestimentaires. Enfin, la doctrine du tamkine est centrale pour l’EIS, qui conçoit la stabilisation de territoires comme première étape de son « État islamique », alors que le JNIM vise la libération totale du territoire pour établir un émirat sur le modèle taliban.

Votre livre décrit un JNIM plus flexible dans sa gouvernance locale face à un EIS plus centralisé. En quoi cette différence pèse-t-elle sur leur ancrage ?

Cette flexibilité se comprend par contraste avec l’EIS. Nous parlons, pour le JNIM, de « stratégie des petits pas », centrée sur les populations, considérées comme le centre de gravité du conflit. Le mouvement met en place des mécanismes qui donnent davantage de marge de manœuvre aux communautés : choix du cadi par les habitants, libéralisation de certains espaces fauniques et forestiers, gestion plus souple des sites d’orpaillage, présence moins coercitive, prélèvement « conciliant » de la zakat. Ces dispositifs lui ont permis de s’ancrer dans les communautés et de coopter des figures locales qui deviennent des relais de recrutement.

L’EI-Sahel, lui, est marqué par une logique plus centralisée dictée par la maison-mère, avec la figure du wali, le gouverneur, pesant sur la plupart des décisions. Depuis 2023, il amorce toutefois une normalisation de ses relations avec les populations dans certaines zones de Ménaka et de Gao, après le chaos de 2022, afin de stabiliser des espaces qui produisent des ressources et soutiennent ses campagnes d’expansion, notamment vers le Niger.

Sur le terrain, vos recherches montrent aussi des modes opératoires distincts. Quels éléments vous paraissent les plus révélateurs ?

L’analyse montre que l’EIS accorde une grande importance au nombre de combattants engagés comme signe de son modèle unitaire. Il privilégie les embuscades et les attaques de masse contre les emprises militaires, qui exigent coordination et participation de plusieurs zones. Le modèle fédéral du JNIM, fondé sur l’autonomie d’action des katibas, a conduit à la généralisation des engins explosifs improvisés, les EEI, dans toutes ses zones d’opération. Les deux groupes utilisent largement les motos comme moyen de locomotion, de combat et, pour le JNIM, comme engin piégé.

L’étude met aussi en évidence chez les deux une stratégie en plusieurs temps combinant différentes tactiques, mais avec une sophistication psychologique plus aboutie chez le JNIM pour l’usage des véhicules piégés, qui suppose de convaincre des combattants de participer à ce type d’attaque.

Vous consacrez un chapitre important aux ressources financières et aux dynamiques locales. En quoi ces dimensions nourrissent-elles leur concurrence ?

Nous partons du postulat que le financement se fait du bas vers le haut : le temps où les maisons-mères finançaient directement les groupes affiliés semble révolu. Nous avons étudié sept mécanismes : la zakat, les rançons, le vol de bétail, l’exploitation minière, le commerce et les trafics, les contributions communautaires et les taxes routières et impôts villageois. Les deux groupes partagent un modèle économique collectiviste que nous résumons par « Extorsion – Production – Répartition », avec un modèle unitaire pour l’EIS et fédéral pour le JNIM. Les méthodes de prélèvement et de gestion ne sont pas linéaires et chacun s’inspire de l’autre : par exemple, les enlèvements d’Occidentaux, que le JNIM semble délaisser depuis 2023 sont utilisés par l’EIS depuis 2024, alors que le bétail, sa principale ressource, se raréfie.

Sur le plan local, nos recherches montrent que les deux groupes étudient les faiblesses de chaque zone avant de s’y implanter, jouent sur les équilibres entre villages, se posent ensuite comme arbitres de la violence et adaptent leurs discours : égalité et justice sociale au Sahel, accès aux ressources dans les zones forestières.

Au-delà des rivalités internes, que révèle cette concurrence sur l’évolution du djihadisme au Sahel ?

L’évolution de cette concurrence, parfois très intense, parfois moins, traduit une transformation structurelle. Les conquêtes et les succès idéologiques ont grisé les deux groupes, qui se positionnent pour la conquête du pouvoir en se présentant comme une alternative. Tout en s’inspirant l’un de l’autre, ils ont développé des stratégies de contrôle territorial et de gestion administrative qui se veulent proches des populations, sur la base d’offres et d’exigences.

Mon analyse se veut utile pour la communauté scientifique et pour les décideurs. Il s’agit de comprendre chaque acte posé par ces groupes, sa visée, la stratégie derrière et la finalité, afin de donner un coup d’avance à la lutte contre le terrorisme. Connaître finement le JNIM et l’EIS, c’est mieux identifier les leviers sur lesquels il faudrait agir pour extraire la menace lorsque c’est la solution et recourir à d’autres mécanismes lorsque la situation le permet.

Réconciliation nationale : reprise du dialogue entre deux leaders communautaires

Ce vendredi 12 décembre 2025, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le général de corps d’armée Ismaël Wagué, a réuni deux chefs de communautés engagés dans le processus de paix. Cette rencontre intervient après le communiqué publié le 10 décembre annonçant la suspension de leur collaboration avec les autorités.

Le ministère avait auparavant reçu séparément, le jeudi 11 décembre, Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed, dit Nasser, et Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun. Ces entretiens individuels ont ouvert la voie à une séance de dialogue direct organisée le lendemain entre les deux personnalités et le ministre.

Selon les autorités, les échanges ont porté sur des questions essentielles liées à la paix, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble, dans le respect des principes de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation. À l’issue des discussions, les deux leaders communautaires ont exprimé leur volonté de dépasser leurs divergences et de travailler ensemble pour renforcer la cohésion sociale.

Le général Ismaël Wagué a salué l’esprit de dialogue et de responsabilité observé au cours de cette rencontre. Il a réaffirmé l’engagement de son département à accompagner toute initiative favorisant l’apaisement du climat social et le renforcement de l’unité nationale.

La suspension annoncée le 10 décembre faisait suite à des propos et échanges jugés incompatibles avec les principes de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation, cadre de référence des actions de réconciliation engagées par les autorités. Le ministère avait alors appelé les acteurs concernés à faire preuve de retenue et de responsabilité dans l’expression publique.

Les deux personnalités concernées occupent des positions influentes dans le paysage politique et social du Nord. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun est impliqué dans plusieurs initiatives liées aux processus de paix et siège au Conseil national de la Transition, tandis qu’Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed, dit Nasser, est chef général de la tribu Kel Ansar et également membre du CNT.

À travers cette médiation, le ministère de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale réaffirme le choix du dialogue comme levier central pour prévenir les tensions, consolider la paix et renforcer la cohésion entre les différentes composantes de la société.

Armées : le colonel Alpha Yaya Sangaré radié des effectifs

Un décret présidentiel publié au Journal officiel met fin au statut militaire du colonel Alpha Yaya Sangaré, officier de la Direction générale de la Gendarmerie nationale. La décision, signée le 12 décembre 2025, intervient à l’issue d’une procédure disciplinaire engagée au sein des Forces armées et de sécurité.

Le décret n°2025-861/PT-RM prononce la cessation de l’état de militaire de l’officier et sa radiation des effectifs par mesure disciplinaire, avec effet à compter de la date de signature du texte. La décision s’appuie sur la Constitution, la Charte de la Transition révisée, la loi portant organisation générale de la Défense nationale ainsi que le Statut général des militaires. Le décret mentionne également le procès-verbal du Conseil d’enquête en date du 1er décembre 2025, sans apporter de précisions sur les faits reprochés.
Cette décision administrative intervient dans un contexte marqué par une controverse liée à la publication, à la fin de l’année 2023, d’un ouvrage intitulé « Mali : le défi du terrorisme en Afrique ». Le livre, signé par le colonel Alpha Yaya Sangaré, avait suscité de vives réactions dans l’espace public et institutionnel, notamment au sein de la hiérarchie militaire, sans que le décret publié ne fasse référence à son contenu.
Le 2 mars 2024, l’officier avait été interpellé à Bamako. Les autorités avaient confirmé son arrestation, sans communiquer publiquement sur les détails de la procédure à ce moment-là. Depuis lors, la situation administrative du colonel faisait l’objet d’une procédure interne, ayant conduit à la tenue d’un Conseil d’enquête.
Avec la publication du décret du 12 décembre 2025, les autorités actent officiellement la fin de la carrière militaire de l’officier. À compter de cette date, il ne relève plus des dispositions applicables aux membres des Forces armées et de sécurité, conformément aux textes en vigueur.
La procédure s’étend
Cette radiation s’inscrit dans une période où plusieurs décisions disciplinaires touchant des officiers et sous-officiers ont été rendues publiques. Le 7 décembre 2025, un collectif d’avocats, conduit par Me Mountaga C. Tall, a saisi la Section administrative de la Cour suprême d’une requête visant l’annulation de décrets et d’un arrêté pris le 7 octobre 2025, portant cessation de l’état de militaire de plusieurs personnels des Forces armées maliennes.
Dans cette requête, les conseils demandent l’ »annulation des sanctions prononcées » et la « réintégration des officiers et sous-officiers concernés », avec le « rétablissement de leurs droits, grades et avantages ». Ils invoquent notamment des « violations des droits de la défense », le « non-respect des procédures disciplinaires » et l’ »absence de matérialité de faute ». La démarche concerne, entre autres, des officiers supérieurs cités dans des affaires de tentative présumée de déstabilisation depuis le mois d’août 2025.
À ce stade, les autorités n’ont pas communiqué sur les suites réservées à cette saisine. Les procédures administratives et judiciaires engagées suivent leur cours, dans un contexte où les questions de discipline militaire, de sécurité nationale et de respect des procédures légales demeurent particulièrement sensibles.

Lutte contre la désinformation : la riposte s’organise face à la guerre informationnelle

Réunis le 11 décembre 2025 à Bamako, responsables institutionnels, acteurs des médias publics et privés et experts ont débattu des réponses à apporter aux campagnes de désinformation visant le pays. Organisé par le Centre d’Information Gouvernementale du Mali, la Direction de l’Information et des Relations publiques des Armées et la Maison de la Presse, le panel a mis en avant le rôle stratégique de l’information dans un contexte de guerre asymétrique.

À l’Hôtel de l’Amitié, les échanges se sont ouverts sous la modération de Salif Sanogo, ancien directeur général de l’ORTM, qui a donné le ton en appelant à un dialogue direct et responsable entre institutions, forces de défense et professionnels des médias. Dès les premières interventions, la nécessité d’une réponse collective et structurée face aux narratifs hostiles s’est imposée comme fil conducteur des débats.

Prenant la parole au nom du CIGMA, Ibrahim Traoré a rappelé que la communication institutionnelle ne peut plus se limiter à la valorisation de l’action publique. Dans un environnement marqué par la manipulation de l’information, elle devient un instrument de défense et d’influence, fondé sur la rapidité, la transparence et la crédibilité des sources officielles. Il a souligné les efforts engagés pour renforcer la présence de l’État sur les plateformes numériques, du site gouvernemental aux réseaux sociaux, afin de toucher des publics diversifiés, y compris en langues nationales. Dire la vérité aux populations, même en période de crise, a-t-il insisté, reste une obligation pour préserver la confiance.

Présidant la rencontre, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, a replacé les échanges dans le cadre plus large de la guerre informationnelle. Il a dénoncé la diffusion massive de rumeurs, de montages et de fausses informations, souvent amplifiées sur les réseaux sociaux, qui cherchent à affaiblir l’opinion publique et à saper la confiance envers les Forces armées maliennes. Pour le ministre, une information rigoureuse et responsable constitue aujourd’hui un rempart stratégique, appelant les médias à mesurer l’impact de chaque contenu diffusé.

La voix des médias publics s’est également fait entendre. M. Traoré, directeur de la Radio rurale et représentant la direction générale de l’ORTM, a insisté sur le rôle de proximité joué par ce réseau à travers le pays. Il a mis en avant l’importance d’une information accessible, contextualisée et diffusée dans les langues nationales pour toucher les populations rurales, souvent exposées à la désinformation. Selon lui, renforcer les médias de proximité participe directement à la résilience informationnelle du pays.

Pour Alassane Souleymane, directeur général de l’Agence Malienne de Presse et de Publicité, la responsabilité des médias publics est d’autant plus grande dans un environnement saturé d’informations non vérifiées. Il a rappelé que le journalisme reste avant tout un travail de terrain, consistant à témoigner de la réalité quotidienne, à couvrir les faits de société et à fournir des éléments de compréhension face aux récits produits depuis l’extérieur par des acteurs éloignés du terrain.

Bandjougou Danté, président de la Maison de la Presse, a plaidé pour une union nationale des acteurs de l’information et de la communication. Revenant sur l’évolution du paysage médiatique et l’essor des réseaux sociaux, il a souligné la nécessité de dépasser les clivages entre médias publics, privés et acteurs numériques. Pour lui, seule une cohésion fondée sur le professionnalisme et la responsabilité permet de déconstruire les narratifs défavorables et de défendre une information ancrée dans les faits.

Intervenant au nom de la presse privée, Alexis Kalambry, directeur de publication du journal Mali Tribune, a insisté sur la place des médias indépendants dans ce combat informationnel. Il a rappelé que la crédibilité de la presse repose sur la vérification, la contextualisation et l’indépendance éditoriale, même dans un contexte de forte pression. Selon lui, la lutte contre la désinformation ne doit pas affaiblir l’exigence professionnelle, mais au contraire la renforcer.

Apportant un éclairage sécuritaire, le colonel-major Souleymane Dembélé, directeur de la DIRPA, a expliqué que dans une guerre asymétrique, l’adversaire mise autant sur l’impact psychologique que sur l’affrontement armé. La communication opérationnelle vise ainsi à accompagner les actions sur le terrain, à informer sans compromettre la sécurité et à contrer les récits hostiles par des faits vérifiés.

Au terme des échanges, un consensus s’est dégagé autour de la nécessité de faire bloc face à la désinformation. Dans un contexte où chaque mot, chaque image et chaque silence peuvent peser, les participants ont réaffirmé leur volonté de renforcer la coordination entre institutions et médias afin de défendre une information fondée sur la vérité, la pédagogie et la responsabilité, au service de la cohésion nationale.

 

Souveraineté sanitaire : les chantiers ouverts après le sommet africain de Dakhla

Organisé fin novembre à Dakhla, le premier sommet africain consacré à la souveraineté sanitaire a ouvert une séquence qui dépasse le cadre de l’événement. Les échanges ont surtout mis en lumière des chantiers structurants appelés à orienter les politiques de santé en Afrique dans les prochaines années.

La réduction de la dépendance extérieure des systèmes de santé figure au premier rang des priorités identifiées. Les débats ont rappelé la vulnérabilité persistante du continent face aux importations de médicaments, de vaccins et d’équipements médicaux, soulignant la nécessité pour les États africains de renforcer leurs capacités de conception, de production et de gouvernance en matière de santé publique.

Ces thématiques ont été portées par plusieurs experts africains impliqués dans les réflexions sur l’autonomie sanitaire. Parmi eux, le Dr Samir Kaddar, médecin et dirigeant dans le secteur de la santé, président fondateur du Réseau international des compétences médicales et scientifiques des Marocains du monde (C3M) et directeur du Centre médical de La Hulpe en Belgique. Actif sur les questions de gouvernance des systèmes de soins, de formation et d’innovation, il a contribué aux échanges portant sur la place du capital humain et du numérique dans la construction de politiques sanitaires durables en Afrique.

Le financement des systèmes de santé constitue un autre chantier central mis en avant. Les discussions ont souligné la nécessité de renforcer les mécanismes nationaux, d’améliorer la gouvernance budgétaire et d’articuler les appuis extérieurs avec des priorités définies localement, afin de garantir la pérennité des politiques publiques de santé.

La formation et la rétention des compétences apparaissent également comme des leviers déterminants. Le déficit de personnels qualifiés reste un obstacle majeur à l’accès équitable aux soins. Les participants ont plaidé pour des investissements accrus dans la formation médicale, la recherche appliquée et la valorisation des compétences africaines, tant sur le continent qu’au sein de la diaspora.

Le développement de la recherche et de l’innovation locales a enfin été identifié comme un axe structurant. Les échanges ont insisté sur la production de données adaptées aux réalités africaines et sur l’intégration des outils numériques pour améliorer la prévention, le diagnostic et la gestion des systèmes de santé.

Au-delà du sommet, l’enjeu réside désormais dans la traduction concrète de ces orientations, avec un horizon de travail fixé à 2030. Les chantiers ouverts à Dakhla posent les bases d’une réflexion de long terme, où experts, institutions et réseaux professionnels sont appelés à jouer un rôle d’appui aux politiques nationales et régionales de santé.

Mali : Saintfiet dévoile une liste de 28 joueurs pour la CAN au Maroc

La liste des Aigles du Mali dévoilée jeudi 11 décembre par le sélectionneur Tom Saintfiet confirme une orientation claire à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026 au Maroc. Le technicien belge a opté pour un groupe de 28 joueurs mêlant cadres expérimentés, profils en pleine progression et éléments capables d’apporter des solutions spécifiques dans une compétition qui s’annonce exigeante.

Dans les buts, le trio composé de Djigui Diarra, Ismaël Diawara et Mamadou Samassa offre des garanties en matière d’expérience et de connaissance du football africain. Djigui Diarra, longtemps titulaire lors des précédentes campagnes, conserve un statut de référence, tandis que Diawara et Samassa constituent des alternatives habituées aux contextes de pression.

La défense apparaît comme l’un des secteurs les plus fournis de la sélection. Autour du capitaine Hamari Traoré, Tom Saintfiet s’appuie sur des profils polyvalents tels que Sikou Niakaté, Abdoulaye Diaby, Fodé Doucouré ou encore Mamadou Fofana. Cette densité traduit une volonté de solidité et d’adaptabilité, un paramètre clé dans une compétition où la rigueur défensive condition souvent la longévité dans le tournoi.

Le milieu de terrain s’impose comme le véritable socle du groupe. Amadou Haidara, Lassana Coulibaly, Mohamed Camara, Aliou Dieng et Mahamadou Doumbia apportent impact, volume de jeu et discipline tactique. La présence d’Yves Bissouma, malgré une période récente marquée par une indisponibilité en club, illustre le poids accordé à l’expérience internationale et à la capacité à gérer les temps forts d’un match. Ce secteur constitue l’un des atouts majeurs du Mali dans la perspective de la CAN.

En attaque, la sélection privilégie la complémentarité plutôt que l’éclat individuel. El Bilal Touré demeure l’une des principales références offensives, tandis que Néné Dorgeles, Kamory Doumbia, Gaoussou Diakité ou Lassine Sinayoko apportent mobilité, pressing et variété dans les options. Ces profils offrent au sélectionneur plusieurs schémas possibles selon les adversaires.

Placés dans un groupe comprenant la Zambie, le Maroc, pays hôte, et les Comores, les Aigles entreront en lice le 22 décembre. Cette phase de groupes exigera une montée en régime rapide, notamment face au Maroc, dans un contexte marqué par la pression du public et l’enjeu symbolique du statut de favori à domicile.

Sur le plan des chances, le Mali aborde la CAN 2025 avec une ambition particulière. Malgré plusieurs campagnes solides et des parcours réguliers dans le dernier carré continental, la sélection nationale court toujours après un premier sacre en Coupe d’Afrique des Nations. Cette quête constitue un fil conducteur pour cette génération, qui dispose aujourd’hui d’un effectif équilibré, expérimenté et plus profond que lors de certaines éditions précédentes.

La capacité du groupe à transformer cette stabilité en efficacité offensive, à gérer les moments clés des rencontres et à maintenir une concentration défensive constante sera déterminante. Sans statut officiel de favori, le Mali se présente comme un candidat crédible, décidé à jouer pleinement sa chance dans un tournoi où l’objectif reste clair : enfin inscrire son nom au palmarès continental.

Festival international Chant des Linguère : Bamako au rythme de l’engagement féminin

Du 10 au 12 décembre 2025, le Centre international de conférences de Bamako (CICB) accueille la 2ème édition du Festival international Chant des Linguère. L’événement, devenu un rendez-vous majeur pour la valorisation du leadership féminin en Afrique, met cette année en lumière la culture comme moteur essentiel du développement.

Porté par la chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo, la « Diva à la voix d’or », le festival international Chant des Linguère revient avec l’ambition de créer un espace d’échange, de solidarité et de promotion des femmes dont l’engagement transforme la société, après une première édition réussie en 2024. « Notre objectif est de passer par la musique, qui est un excellent vecteur de communication, pour véhiculer des messages forts », souligne l’artiste.

Sur le thème « La culture, levier et facteur de développement », cette 2ème édition aborde une série de sous-thèmes qui renvoient aux défis majeurs auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles au Sahel. Les échanges s’articuleront autour de l’autonomisation féminine, du leadership, de l’entrepreneuriat, de la santé maternelle et infantile, de la prévention des violences basées sur le genre, de la scolarisation et du maintien des filles à l’école, de la migration, de la cohésion sociale, de la lutte contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines, ainsi que de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH.

Un programme engagé

Le festival s’est ouvert le 10 décembre par une conférence de presse au CICB, au cours de laquelle l’équipe d’organisation a dévoilé la vision globale de l’édition et rappelé les actions majeures prévues durant les trois jours.

Pour la suite, un forum prévu le 11 décembre offrira un cadre de réflexion où artistes, penseuses, militantes et actrices du changement uniront leurs voix pour mettre en avant la paix, la dignité humaine, l’éducation et la place centrale des femmes dans le développement des sociétés africaines.

Côté artistique, plusieurs grandes voix féminines du continent sont attendues, parmi lesquelles Mariam Ba Lagaré, Djeneba Seck et Delphine Mounkoro du Mali, ainsi que Kalam, la Reine du Kundé, venue du Burkina Faso.

La clôture du festival, le 12 décembre, prendra la forme d’un dîner de gala qui rassemblera artistes invitées, personnalités culturelles et partenaires engagés. Cette soirée sera marquée par la mise en valeur des « Linguère du développement », des femmes considérées comme sources d’inspiration pour leurs communautés et récompensées pour leur courage, leur engagement et la portée de leurs actions.

Mohamed Kenouvi

Inégalités mondiales : L’avantage discret des pays riches documenté

Ces dernières semaines, un rapport remis au G20 et une étude du World Inequality Lab ont ravivé le débat sur la concentration de la richesse au sommet. Ils montrent comment une partie de la valeur produite dans les pays pauvres continue de remonter vers les économies les plus riches.

Le World Inequality Lab a publié le 9 décembre un nouveau bilan sur la répartition de la richesse entre pays à hauts revenus et pays pauvres. Ce centre de recherche, basé à la Paris School of Economics, coordonne un large réseau de chercheurs. Il gère aussi la principale base de données mondiale sur les inégalités de revenus et de patrimoine, la World Inequality Database. Ses travaux décrivent un mécanisme discret mais puissant : les pays dont la monnaie est jugée sûre peuvent s’endetter à faible coût et attirer l’épargne internationale dans des proportions que les pays du Sud ne peuvent pas égaler.

Selon les calculs du laboratoire, l’équivalent d’environ 1% du produit intérieur brut mondial quitte chaque année les pays les plus pauvres pour les pays les plus riches. Ce flux passe par les intérêts de la dette, les revenus d’investissements et les réserves de change placées en dollars ou en euros. Autant de ressources qui ne financent ni écoles, ni hôpitaux, ni infrastructures dans les pays du Sud, mais qui renforcent la position financière des économies déjà dominantes. Ce mouvement prolonge sous des formes nouvelles des rapports de force anciens dans l’économie mondiale.

Ces déséquilibres entre pays ont aussi leur pendant au niveau des personnes. Le rapport global sur les inégalités dirigé par l’économiste Joseph Stiglitz et fondé sur les séries du World Inequality Lab apporte cet éclairage. Il montre qu’entre 2000 et 2024 le 1% le plus riche de la population mondiale a capté 41% de la richesse nouvelle créée, contre 1% pour la moitié la plus pauvre. En moyenne, une personne membre de ce 1% a vu son patrimoine augmenter d’environ 1,3 million de dollars sur la période, contre 585 dollars pour une personne parmi les 50% les plus modestes.

Face à ce constat, les auteurs proposent la création d’un panel international permanent sur les inégalités, sur le modèle du GIEC, pour suivre les données et guider les décisions publiques. Ils prônent aussi une fiscalité plus exigeante sur les très grands patrimoines et des transferts mieux ciblés. Selon eux, le 1% de la production annuelle des pays riches suffirait à doubler les budgets des États les plus pauvres.

Mauritanie : l’Espagne accorde deux millions d’euros pour soutenir les réfugiés à M’Berra

Le Conseil des ministres espagnol a approuvé, mardi 9 décembre 2025, une contribution de deux millions d’euros au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), destinée à soutenir les réfugiés dans le camp de M’Berra, situé dans la région du Hodh Ech Chargui, en Mauritanie.

Cette enveloppe doit financer les programmes du HCR en matière de protection, de services essentiels et de développement local au profit des populations réfugiées et des communautés hôtes, selon le communiqué publié à l’issue de la réunion gouvernementale.

Le Conseil a souligné que la stabilité de la Mauritanie, voisine directe de l’Espagne et de l’Union européenne, est désormais menacée par la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Sahel. Il a indiqué que la position géographique du pays en a fait un pays de transit, et de plus en plus un pays de destination, ce qui a provoqué un afflux important de réfugiés vers le Hodh Ech Chargui.

Selon les données du HCR, la Mauritanie accueille des centaines de milliers de réfugiés et demandeurs d’asile, majoritairement originaires du Mali. À la mi-2025, environ 309 000 réfugiés et demandeurs d’asile étaient présents sur le territoire mauritanien, dont près de 177 000 enregistrés par l’agence onusienne, la grande majorité en provenance du Mali.

Dans la région du Hodh Ech Chargui, d’importantes populations réfugiées sont installées dans et autour du camp de M’Berra, dont plus de 110 000 personnes dans le camp même selon les estimations disponibles, tandis que d’autres vivent dans des localités voisines sous diverses formes d’hébergement.

Ce contexte humanitaire est le résultat de plusieurs années d’instabilité au Sahel, qui ont conduit à des déplacements massifs de populations fuyant les conflits armés, l’insécurité et les violences prolongées. Le HCR signalait déjà, en septembre 2024, que la région du Hodh Ech Chargui hébergeait plus de 242 000 réfugiés maliens, dont une grande part autour de M’Berra.

La situation a généré une pression considérable sur les ressources locales, aggravée par les conditions climatiques difficiles et l’insuffisance des infrastructures de base. Dans ce contexte, de nombreux réfugiés vivent dans des conditions précaires, tandis que les populations hôtes font face à une demande accrue de services essentiels.

La contribution espagnole s’inscrit dans une logique de soutien renforcé à la réponse humanitaire dans la région, en s’ajoutant aux efforts d’autres partenaires internationaux engagés auprès du HCR et des autorités mauritaniennes. Elle intervient alors que les besoins en financement restent élevés pour garantir l’accès à l’eau, à l’alimentation, à la santé et à l’éducation pour les populations réfugiées et leurs communautés d’accueil.

CEDEAO : des mesures adoptées pour réduire le coût des billets d’avion à partir de 2026

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a arrêté une réforme destinée à alléger le coût du transport aérien dans l’espace communautaire. Adoptée par les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet tenu à Abuja en décembre 2024, la décision entrera en application à compter du 1er janvier 2026.

La réforme prévoit l’abolition des taxes appliquées au transport aérien ainsi qu’une réduction de 25 % des redevances passagers et de sécurité. Ces dispositions sont encadrées par un Acte additionnel relatif aux redevances, taxes et frais aéronautiques, adopté au niveau communautaire. À l’approche de l’entrée en vigueur des mesures, la CEDEAO a procédé, en décembre 2025, à des communications et rappels institutionnels portant sur les modalités de mise en œuvre de la réforme.

Les charges concernées relèvent du cadre fiscal et parafiscal appliqué aux billets d’avion et aux services aéroportuaires. Elles se distinguent des tarifs commerciaux fixés par les compagnies aériennes, qui demeurent de leur ressort. La réforme vise à agir sur les composantes réglementaires du prix du billet, identifiées par les institutions communautaires comme un facteur de renchérissement des déplacements aériens dans la région.

La décision concerne les États membres de la CEDEAO au moment de l’entrée en vigueur de la réforme. Les pays ayant formellement quitté l’organisation, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ne sont pas concernés par l’application de ces mesures.

La Commission de la CEDEAO est chargée du suivi de la mise en œuvre à travers un mécanisme régional de surveillance économique du transport aérien. Ce dispositif a pour mission de vérifier l’application effective des mesures par les États concernés et d’en évaluer les effets sur le secteur aérien régional.

Les autorités communautaires indiquent que l’allègement des taxes et redevances devrait contribuer à une baisse des tarifs aériens, à une augmentation du trafic passagers et à un renforcement des compagnies opérant dans l’espace communautaire. La réforme s’inscrit dans les objectifs de facilitation de la mobilité et des échanges entre les États membres.

Ces mesures sont l’aboutissement de plusieurs années de travaux menés au sein des institutions de la CEDEAO, notamment au niveau des commissions techniques et du Parlement communautaire, qui avaient relevé le poids des charges fiscales dans le coût des billets d’avion. Leur entrée en vigueur en 2026 constituera une étape importante dans l’évolution du cadre réglementaire du transport aérien ouest-africain.

Mali/Niger : le Premier ministre nigérien à Bamako pour les préparatifs du sommet de l’AES

Le Premier ministre du Niger s’est rendu à Bamako le 11 décembre dans le cadre des préparatifs du deuxième sommet de l’Alliance des États du Sahel. La visite a porté sur les dossiers institutionnels de la Confédération, dont l’état d’avancement de la Banque confédérale pour l’investissement et le développement.

Reçu à l’aéroport Modibo Keïta-Sénou par le général Abdoulaye Maïga, le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine a rejoint Bamako.

Il a pris part à des échanges de travail avec les responsables économiques de l’Alliance des États du Sahel..

Ce déplacement ne constitue pas une première pour le chef du gouvernement nigérien à Bamako. Depuis la création de l’Alliance, Ali Mahaman Lamine Zeine a déjà effectué plusieurs visites de travail dans la capitale malienne. La séquence d’hier intervient toutefois à un moment particulier, à l’approche du deuxième sommet des chefs d’État de l’AES prévu les 22 et 23 décembre, et s’inscrit dans une phase de consolidation des dossiers appelés à être examinés à ce niveau.

Les discussions ont principalement porté sur la Banque confédérale pour l’investissement et le développement, conçue comme l’instrument financier commun de la Confédération. Selon les informations communiquées à l’issue des échanges, les statuts de la banque ont été validés et signés, ouvrant la voie à la mise en place des organes de gouvernance et à la désignation des responsables chargés de conduire l’institution. Ces avancées s’inscrivent dans la continuité des travaux menés ces derniers mois par les ministres des Finances de l’AES.

La question du capital de la banque demeure toutefois peu détaillée dans les communications officielles. Lors de l’annonce de sa création, un capital initial de 500 milliards de francs CFA avait été évoqué, ce qui a parfois nourri des interprétations divergentes. À ce stade, les autorités indiquent qu’un capital est validé et partiellement libéré, sans précision publique sur les montants effectivement mobilisés ni sur le calendrier exact de démarrage des activités opérationnelles.

La visite s’inscrit enfin dans un agenda institutionnel plus large, marqué par une série de réunions techniques et ministérielles organisées en amont du sommet. Ces rencontres visent à examiner les textes confédéraux, les mécanismes de coordination et les projets communs appelés à être consolidés avant leur présentation aux chefs d’État.

Ali Mahaman Lamine Zeine a quitté Bamako à l’issue de cette mission de travail. Cette étape s’ajoute aux consultations engagées par les États membres de l’Alliance dans la phase préparatoire du sommet, appelé à marquer une nouvelle étape dans la structuration institutionnelle et économique de la Confédération des États du Sahel.

 

Période de fraîcheur et d’harmattan : Prévenir les maladies respiratoires

Avec l’installation de la fraîcheur depuis le mois de novembre, plusieurs maladies respiratoires typiques de la saison réapparaissent. Connaître ces affections courantes et adopter de bons gestes sont essentiels pour réduire les risques durant cette période.

Chaque année, la période de froid au Mali s’accompagne d’une série de maladies courantes touchant aussi bien les enfants que les adultes. Les pathologies les plus fréquentes sont les infections respiratoires, comme la grippe, la toux sèche, la bronchite, la rhinite, les angines et les crises d’asthme.

Depuis quelques semaines, plusieurs centres de santé à travers le pays signalent déjà une augmentation des cas de ces maladies, favorisées par la fraîcheur et la poussière, qui irritent les voies respiratoires et fragilisent les défenses naturelles.

Selon le Dr Abdoul Karim Traoré, médecin généraliste, ces maladies s’expliquent en partie par les variations de température. « Les matinées sont très fraîches, les journées un peu plus chaudes, puis les nuits redescendent en température. Ce choc thermique perturbe l’organisme et expose à des irritations des voies respiratoires et à des infections saisonnières », explique-t-il.

Il rappelle également que la poussière, souvent plus présente en cette saison, accentue les symptômes chez les asthmatiques et les personnes allergiques. « Le froid rétrécit les bronches et la poussière les irrite davantage. Cette combinaison provoque beaucoup de toux et de difficultés respiratoires chez les personnes sensibles », ajoute-t-il.

Adopter les bons gestes

Pour traverser cette période sans trop de désagréments, le Dr Traoré recommande plusieurs mesures simples et accessibles. La première consiste à bien se protéger du froid. « Il faut couvrir la poitrine, le cou et la tête, surtout le matin et le soir. Pour les enfants, un pull léger ou un bonnet peut faire une réelle différence », souligne-t-il.

Il insiste également sur l’importance d’aérer les pièces en journée, même si l’air est frais, afin de renouveler l’air intérieur souvent chargé de poussière et de microbes. Il rappelle aussi la nécessité de boire suffisamment d’eau, car l’air sec peut déshydrater et irriter la gorge.

Le médecin met par ailleurs en garde contre l’automédication. « Les sirops, antibiotiques ou anti-inflammatoires pris sans avis médical peuvent masquer les symptômes ou entraîner des complications », prévient-il. En cas de fièvre persistante, de toux prolongée ou de difficultés respiratoires, il conseille de consulter rapidement un professionnel de santé.

Enfin, le Dr Traoré recommande d’adopter de bonnes pratiques d’hygiène, notamment le lavage fréquent des mains au savon, un réflexe essentiel pour limiter la transmission des virus saisonniers.

Mohamed Kenouvi

 

Biennale de Tombouctou : Entre enthousiasme et défis

À l’image de Tombouctou, la ville qui l’accueille, l’édition 2025 de la Biennale Artistique et Culturelle (BAC) se veut historique. Après Mopti en 2023, c’est la Cité des 333 saints qui recevra le Mali culturel du 18 au 28 décembre 2025. Malgré les multiples défis, cet événement, qui clôture l’année dédiée à la Culture, vise à ancrer des valeurs pour construire le Mali de demain.

C’est le 4 août 2024 que la région de Mopti, hôte de la Biennale 2023, a officiellement remis le flambeau à la ville de Tombouctou pour l’organisation de la Biennale artistique et culturelle (BAC) 2025. Placée sous le thème « La culture, pilier pour bâtir le Mali nouveau », l’édition 2025 s’inscrit dans la dynamique de l’année de la Culture.

« Tombouctou a déjà illuminé le monde et nous pensons qu’elle peut encore le faire. » C’est la conviction profonde du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, lors d’une visite de terrain dans la Cité des 333 saints le 1er décembre 2025. À l’issue de sa visite des différentes infrastructures devant accueillir l’événement, le ministre en charge de la Culture s’est dit « satisfait » des avancées, avant d’exhorter les équipes à peaufiner les derniers réglages pour une organisation réussie.

Enthousiasme

Le rendez-vous majeur doit, au-delà de la culture, être un facteur d’unité nationale et célébrer la paix, tant au Mali que dans le monde, espèrent les autorités. L’événement sera le point de départ d’une « renaissance culturelle » qui s’inscrit dans la dynamique de l’année de la Culture, censée redonner vitalité aux territoires culturels.

Dans le cadre de cette année, décrétée par le Président de la Transition, et des activités de la Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025, le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme organise les 19 et 20 décembre 2025 le premier Forum Mondial des Civilisations, sur le thème : « Dialogue, paix et prospérité partagée ».

Le Forum Mondial des Civilisations, une rencontre de haut niveau, sera un espace international de dialogue, d’échanges, de partage d’idées et de bonnes pratiques entre les différentes civilisations autour des valeurs de paix et de prospérité partagée. Il réunira des universitaires, des décideurs politiques, des acteurs culturels, des chercheurs, des artistes, des leaders communautaires et des organisations internationales venus d’Afrique et du monde.

De la salle Ali Farka, qui doit accueillir le Forum Mondial des Civilisations, au stade, en passant par l’Institut Ahmed Baba ou encore la Place de la Mascotte, le ministre s’est réjoui de l’avancée des travaux. Cependant, avec des défis encore importants, les acteurs restent partagés entre leur désir de voir la ville rayonner de nouveau et les contraintes réelles qui empêcheraient la tenue d’une biennale sereine.

Attentes non comblées

Sane Chirfi Alpha est historien et membre de la société civile. Face aux défis de l’organisation de la Biennale à Tombouctou, il a tenu à « tirer la sonnette d’alarme au vu de la tournure prise par les choses ». Lorsque Tombouctou a demandé et obtenu d’accueillir la Biennale de Mopti, le Président de la Transition a offert un stade de 7 000 places, rappelle-t-il. La Biennale, présentée comme un projet de développement, promettait aussi un nouveau pôle d’attraction, avec une cité Assimi de 40 villas, une cité Alfarouk de 40 villas, une mosquée, une église, un centre culturel, des goudrons, etc. Malheureusement, à ce jour, ces projets n’ont pas vu le jour. Le stade ne serait plus lié à la Biennale et ce n’est pas un projet de développement, déplore M. Chirfi Alpha.

L’organisation, entre Bamako et Tombouctou, manquerait de coordination, estime un autre acteur. « Ne me demandez pas d’être enthousiaste pour la tenue d’une Biennale qui n’aura aucune retombée », se désole M. Chirfi Alpha. « L’après Biennale sera comme l’avant Biennale et je ne me réjouis pas parce que la tenue d’une Biennale n’est pas une fin en soi. » Il déplore aussi le déplacement de la chorégraphie, qui se prépare à Bamako avec des chorégraphes sélectionnés dans la capitale. Probablement, quelques-uns de Tombouctou « prendront le train en marche ». Or, il est d’usage que ces derniers soient recrutés sur place, là où se déroule la Biennale.

Parce que la localité ne manque pas de talents et de « jeunes capables d’apprendre ». Dénonçant « une vaste scène où des acteurs viennent se produire », dans l’indifférence, il souhaite que cela ne soit plus le cas. Les exemples précédents, où les acteurs locaux se sentaient exclus, doivent servir de leçon et permettre que la ville profite de l’organisation de tels événements.

C’est pourtant le vœu des organisateurs, pour lesquels le choix de cette ville représente plusieurs symboles. Tombouctou est la première région du nord à abriter l’événement après sa relance. C’est une ville berceau de plusieurs monuments et sites historiques inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité. Le retour, en août 2024, des manuscrits restaurés, soustraits à la destruction lors de la crise, et la célébration des 700 ans de la mosquée de Djingareyber, sont autant d’illustrations de la grandeur et de la valeur de la ville. « Tombouctou est une référence spirituelle, intellectuelle et culturelle, elle doit le demeurer », plaide M. Chirfi Alpha.

Objectifs compromis ?

Monsieur Sane Chirfi n’est pas le seul à avoir des réticences concernant la tenue de la Biennale. Souleymane A. Cissé est également un ressortissant de la ville de Tombouctou. Il ne voit simplement pas d’intérêt à la tenue de la Biennale. « Je ne vois pas ce que la Biennale va servir. Pourquoi continue-t-on à harceler les gens pour organiser une Biennale que l’État n’a pas les moyens de financer ? », se plaint-il. L’impact de cette Biennale serait nul pour une ville qui a besoin de beaucoup de choses. « Je ne suis pas dans une logique de spectacle pour la ville de Tombouctou. »

Même sur le plan de la culture, il estime que l’annulation de certains numéros est regrettable, surtout dans le contexte d’une année de la Culture. Outre la salle promise, qui ne sera pas à l’ordre du jour, il estime que si les projets promis ne sont pas réalisés maintenant, ils ne le seront probablement jamais. Il y a beaucoup de priorités.

Malgré ce contexte d’incertitude, les troupes se préparent et celle de Dioïla, qui est à l’internat depuis un mois, n’entend pas rester en marge. Plutôt dans un bon état d’esprit avant le départ pour Tombouctou, la troupe de Dioïla ne vise pas moins que la première place pour faire mieux que sa troisième place lors de la précédente édition. Malgré les défis et les « difficultés inhérentes à ce genre de regroupement », le Directeur régional de la Culture de Dioïla espère pouvoir atteindre ses objectifs.

Impliqué dans l’organisation, Monsieur Traoré est assistant au ministère de la Culture. En personne-ressource, il reste extérieur mais donne son avis. Interrogé sur les délais, il estime que l’organisation se met en place doucement, « une organisation un peu cloisonnée, où les différentes commissions ne collaborent pas ». Or, il faut mettre ensemble les énergies. Pour sa part, il a donné des consignes pour attirer l’attention sur tout ce qui pourrait constituer un frein.

Albakaye Bolo est un acteur culturel et journaliste. Il estime que, pour sa part, les « préparatifs vont bon train, les quartiers s’apprêtent à accueillir les différentes délégations. » Les jeunes, à travers le Conseil régional de la Jeunesse, ainsi que la presse locale, se mobilisent également. Les travaux de réhabilitation se poursuivent. L’enthousiasme est réel, car après tout ce que Tombouctou a vécu elle veut renaître. C’est un honneur pour la ville. Mais il comprend les réticences, car Tombouctou est une ville sous couvre-feu depuis trois ans, ce qui suscite le doute chez certains. Les rédactions se mobilisent avec ferveur et la presse collabore afin de planifier et peaufiner la manière dont elle va couvrir cet événement.

De son côté, la société civile continue également de s’activer. Malgré « un blocage » à Bamako en raison de l’absence de vols, Fatouma Founé Adiawiakoye, assistante à l’organisation de « Vivre ensemble », coordonne le village artisanal, où environ 90 stands sur la centaine prévue ont déjà été réservés. Des produits agricoles transformés aux objets artisanaux, c’est une exposition de produits qui mettra en valeur les productions de Tombouctou et d’autres régions du Mali. « Nous attendons un moment fort de valorisation de nos cultures. Un espace de dialogue, de créativité et de rencontre qui contribuera à renforcer la paix et l’unité nationale. Cela permettra surtout une expression artistique et une opportunité de révéler les talents locaux ».

Mais, ce 10 décembre, le décès de l’Imam de la grande mosquée Djingareyber de Tombouctou a créé une nouvelle donne, dont on ignore encore les retombées sur la tenue de la Biennale.

 

Élan de solidarité : Corsair offre 600 kits aux centres de dialyse de Bamako  

La compagnie aérienne française Corsair, en collaboration avec le ministère de la Santé et du Développement social, a remis, le 9 décembre 2025, un lot de 600 kits de dialyse destinés aux centres de dialyse de Bamako.

La remise des kits, d’une valeur totale d’environ 20 millions de francs CFA, s’est déroulée au Centre de dialyse du CSRéf de la Commune V, lors d’une cérémonie empreinte d’émotion et de gratitude, en présence de nombreuses personnalités. Elle était présidée par Dr Bouyagui Traoré, conseiller technique au ministère de la Santé et du Développement social, représentant le ministre.
Membres du CNT, représentants du corps diplomatique, autorités locales et partenaires de la santé ont également répondu présents pour saluer cet élan de solidarité envers les patients insuffisants rénaux.
Destinés à 200 patients suivis dans les centres de dialyse des communes IV, V et du Génie militaire de Bamako, ces kits constituent un soutien essentiel dans un contexte de forte pression sur les services d’hémodialyse à Bamako.
Un geste pour « accompagner le quotidien des patients »
Au nom de Corsair, Oumar Kouyaté, représentant de la compagnie au Mali, a insisté sur la dimension humaine de cette initiative. Il a rappelé que ce don s’inscrit dans « la volonté d’accompagner le quotidien des patients et de soutenir les équipes médicales qui se battent chaque jour pour sauver des vies ».
Il a également souligné que Corsair souhaite agir « dans un esprit de solidarité », aux côtés des autorités sanitaires, afin de contribuer à alléger la charge pesant sur les centres de dialyse.
M. Kouyaté a ajouté que cette remise de kits traduit l’engagement de la compagnie à demeurer « un partenaire responsable, proche des familles et des réalités du pays », affirmant que Corsair entend poursuivre des actions « porteuses d’espoir » au bénéfice des populations les plus fragiles.
De son côté, Gilles Marigliano, directeur commercial Afrique de Corsair, a rappelé l’ampleur des besoins. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 15 000 patients sous hémodialyse et plus de 700 en attente. L’accès aux kits est vital », a-t-il déclaré.
Pour lui, ce geste vise à soutenir directement les malades, mais aussi à saluer « le travail admirable des équipes de santé », qui œuvrent chaque jour dans des conditions souvent difficiles.
Un soutien salué par les autorités et les bénéficiaires
Au nom du ministère de la Santé, Dr Bouyagui Traoré a salué une initiative qui, selon lui, dépasse la simple remise de matériel médical.
« Votre geste est plus qu’un don. C’est un acte de foi dans notre système de santé et une marque d’amitié inestimable », a-t-il déclaré, assurant que ce soutien contribuera à améliorer la qualité de vie des patients concernés.
La cérémonie a été marquée par la remise symbolique d’un kit au représentant des malades dialysés du Point-G, Seydou Nour Guissé, visiblement ému.
« Je suis animé par un sentiment de joie et de soulagement. Qui connaît la dialyse sait que ce n’est pas facile pour un malade sans kit. Cette donation est vraiment la bienvenue et nous en remercions Corsair », a-t-il témoigné.
Une visite guidée du centre de dialyse a mis fin à la cérémonie, permettant aux partenaires et invités de constater la réalité du fonctionnement des services, d’échanger avec le personnel médical et de rencontrer quelques patients.
En offrant ces 600 kits de dialyse, Corsair pose un acte de solidarité salué à l’unanimité, un geste qui contribue à soulager les familles et à renforcer les efforts des structures de santé engagées dans la prise en charge de l’insuffisance rénale au Mali.
Mohamed Kenouvi

Réconciliation nationale : deux membres du CNT suspendus

Le ministère de la Réconciliation a annoncé, ce 10 décembre, la suspension de sa collaboration avec deux membres du CNT après des échanges jugés contraires à la Charte nationale pour la paix. Cette décision intervient alors que la Transition met officiellement en avant le rôle des chefferies et légitimités traditionnelles dans la mise en œuvre de cette Charte.

Le communiqué du ministère de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale annonce la suspension de toute collaboration avec Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun et Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed dit Nasser, ainsi qu’avec leurs représentants, dans le cadre des activités de paix et de cohésion nationale. Le texte évoque des échanges « inamicaux, voire insultants » entre les deux personnalités, jugés contraires à l’esprit et aux principes de la Charte nationale pour la paix et la réconciliation, adoptée par le Conseil national de Transition comme référentiel des actions de réconciliation.
Les deux hommes occupent des positions centrales dans l’espace politique et social du Nord. Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun est présenté comme acteur des processus de paix, ancien responsable de la Coalition du peuple pour l’Azawad et membre du CNT, à la tête d’une coordination d’associations à référence chérifienne. Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmed, dit Nasser, se présente comme chef général de la tribu Kel Ansar, également membre du CNT, et intervient régulièrement dans les médias et les rencontres publiques sur les questions de paix, de sécurité et d’unité nationale.
Le différend mis en cause par le communiqué intervient dans un contexte où la Transition a officiellement revalorisé les autorités traditionnelles. Une Journée nationale des Légitimités traditionnelles est célébrée chaque 11 novembre, en vertu d’un décret qui consacre leur rôle dans la prévention des conflits, la médiation sociale et l’appui aux politiques publiques de réconciliation. Les chefferies et autres légitimités sont ainsi reconnues comme partenaires institutionnels de l’État dans la mise en œuvre de la Charte nationale pour la paix.
Légitimité en question
En arrière-plan, la question de la tribu et des chefferies renvoie à une histoire plus ancienne. Après l’indépendance, l’État malien a mené des politiques de centralisation qui ont retiré aux chefferies traditionnelles leur statut d’autorités administratives, avant qu’elles ne soient partiellement réintégrées comme acteurs consultatifs et relais locaux dans le cadre de la décentralisation. Aujourd’hui, les structures de type chefferie et les coordinations associatives coexistent dans plusieurs régions, chacune revendiquant une forme de représentation des communautés.
La suspension annoncée par le ministère concerne ainsi deux figures associées, chacune à sa manière, au discours de paix et de cohésion, à un moment où les légitimités traditionnelles sont officiellement appelées à porter la Charte nationale sur le terrain. L’incident s’inscrit dans un contexte de débats sur la nature de la légitimité – tribale, associative ou institutionnelle – et sur la manière dont ces différents registres coexistent dans le dispositif de réconciliation mis en place par la Transition.

Ségou : couvre-feu reconduit sur fond d’insécurité persistante

Décidée le 8 décembre 2025, l’autorité régionale de Ségou a prorogé pour trente jours le couvre-feu instauré en juin dernier. La mesure s’applique chaque nuit de 23 h à 5 h du matin sur l’ensemble de la région.

Par la décision n° 2025-505/GRS-CAB en date du 8 décembre 2025, le gouverneur de la région de Ségou a prorogé le couvre-feu institué par la décision n° 2025-233/GRS-CAB du 4 juin 2025. Le texte prévoit une nouvelle période de trente jours, reconductible, allant du lundi 8 décembre 2025 au mardi 6 janvier 2026, de 23 h à 5 h, sur tout le territoire régional.

La décision rappelle que, pendant la durée du couvre-feu, la liberté de circulation des personnes et de tous les engins de transport est restreinte. Seuls les véhicules et autres engins des forces de défense et de sécurité, ainsi que les ambulances bénéficiant d’un ordre de mission, ne sont pas concernés par la mesure. Le document précise que le couvre-feu prend effet à compter de sa date de signature et qu’il doit être publié et communiqué partout où le besoin se fait sentir.

L’acte énumère les autorités chargées de l’application de la mesure : le commandant de la zone de Défense n° 2, le commandant de la région de Gendarmerie n° 5, le commandant de la quatrième région de la Garde nationale, ainsi que les directeurs régionaux de la Police nationale et de la Protection civile. Chacun est mandaté, dans son domaine de compétence, pour veiller à l’exécution du couvre-feu. La décision est signée au nom du gouverneur par le directeur de cabinet, membre du corps préfectoral.

Cette prorogation intervient après plusieurs mois de restrictions nocturnes. Une première décision de couvre-feu avait été prise début juin 2025, pour une durée initiale de trente jours, renouvelable, avec des limitations de circulation visant les personnes, les motos et les véhicules sur l’ensemble de la région. Les reconductions successives traduisent la volonté des autorités d’encadrer les déplacements nocturnes dans un contexte que les services de sécurité décrivent comme marqué par la multiplication d’incidents dans plusieurs zones de la région.

Les données collectées sur le premier semestre 2025 illustrent ce climat sous tension. Une note du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) consacrée aux restrictions sécuritaires et de mouvement au Mali, arrêtée au 30 juin 2025, indique que la région de Ségou a enregistré 323 incidents sécuritaires et 736 victimes civiles entre le 1ᵉʳ janvier et le 30 juin 2025. Le même document précise qu’un couvre-feu y a été instauré à partir du 4 juin 2025, avec des restrictions de circulation pour les personnes, les motos et les véhicules, assorties d’exceptions pour les forces de défense et de sécurité et les ambulances, et la possibilité d’autorisations spéciales.

En reconduisant le couvre-feu jusqu’au début du mois de janvier 2026, les autorités régionales de Ségou maintiennent ainsi un dispositif qui combine limitation des mouvements nocturnes et mobilisation des forces de défense et de sécurité, dans une région où les indicateurs de sécurité du premier semestre ont mis en évidence un nombre élevé d’incidents et de victimes civiles.

Visite du Premier ministre en Guinée : économie, rail et transhumance au menu des échanges

En visite d’amitié et de travail à Conakry le 9 décembre 2025, le Premier ministre Abdoulaye Maïga a rencontré son homologue guinéen Amadou Oury Bah. Les discussions ont porté sur l’interconnexion ferroviaire, les corridors de transit et la transhumance entre les deux pays.

Arrivé dans la matinée à Conakry à la tête d’une délégation gouvernementale, le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le général de division Abdoulaye Maïga, a pris part à une séance de travail avec le chef du gouvernement guinéen, Amadou Oury Bah. La délégation malienne comprend notamment le ministre de la Défense et des Anciens Combattants, le ministre de l’Économie et des Finances, la ministre des Transports et des Infrastructures et le ministre de l’Élevage et de la Pêche.

Au cours de la réunion, les deux parties ont examiné plusieurs dossiers jugés prioritaires pour la coopération bilatérale. Les échanges ont porté sur le projet d’interconnexion ferroviaire entre les deux pays, destiné à faciliter l’acheminement des marchandises vers l’hinterland malien, sur l’opérationnalisation de nouveaux corridors de transit et sur la gestion de la transhumance du bétail à la frontière. À l’issue de la séance de travail, le gouvernement guinéen a réaffirmé sa disponibilité à accompagner le gouvernement malien sur ces différents volets et un point de presse conjoint a été animé par les deux Premiers ministres.

Le volet des corridors s’inscrit dans la continuité des efforts engagés autour de l’axe Conakry–Bamako. Ces dernières années, les administrations douanières des deux pays ont renforcé leur coopération pour améliorer la fluidité du transit et sécuriser les recettes, notamment à travers l’installation d’une représentation permanente des Douanes maliennes dans les entrepôts maliens au port autonome de Conakry. Ce dispositif vise à consolider le rôle du port guinéen comme point de passage majeur pour les marchandises à destination du Mali.

Le dossier de la transhumance constitue un autre aspect structurant des discussions. En 2025, des décisions prises au niveau local en Guinée avaient entraîné le départ de troupeaux maliens de la région de Kankan et limité l’accès des éleveurs aux pâturages guinéens, avant la conclusion d’un accord bilatéral encadrant la circulation du bétail et la gestion des flux pastoraux le long de la frontière. La présence du ministre de l’Élevage et de la Pêche au sein de la délégation malienne s’inscrit dans ce contexte de recherche de mécanismes stabilisés pour la transhumance.

La visite du Premier ministre en Guinée et la séance de travail tenue à Conakry s’insèrent ainsi dans une série d’initiatives destinées à renforcer la coopération économique et commerciale entre les deux pays. Les autorités des deux côtés mettent en avant la volonté d’accélérer les projets d’infrastructures, de consolider les corridors de transit et de sécuriser la gestion de la transhumance, sur la base des accords déjà conclus et des engagements pris au niveau bilatéral.

CPI : Une session décisive face aux critiques et aux attentes de réforme

Du 1ᵉʳ au 6 décembre 2025, l’Assemblée des États parties au Statut de Rome tient sa 24ème session à La Haye pour discuter de l’avenir de la Cour pénale internationale. Dans un contexte de fortes contestations, les délégations doivent défendre la Cour, répondre aux critiques et améliorer son fonctionnement.

Créée pour juger les crimes les plus graves, la CPI arrive à cette session avec un bilan fortement scruté. Depuis 2023, elle a franchi un seuil politique en émettant un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour la déportation d’enfants ukrainiens, une première visant un dirigeant d’un membre permanent du Conseil de sécurité. En 2024, elle a aussi visé Benjamin Netanyahu, Yoav Gallant et Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité liés à la guerre de Gaza et aux attaques du 7 octobre.

Ces décisions ont ravivé les critiques contre la CPI. La Russie, Israël et les États-Unis l’accusent de dérives politiques, tandis que plusieurs pays africains maintiennent leurs reproches de « justice sélective ». En septembre 2025, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait du Statut de Rome, qu’ils qualifient d’instrument « néocolonial », même si ce retrait ne sera effectif qu’au bout d’un an et ne suspend pas les enquêtes en cours, notamment celles visant les crimes commis au Mali depuis 2012.

À La Haye, les États parties examineront le budget 2026, renouvelleront plusieurs organes techniques et passeront en revue les chantiers de réforme déjà engagés. Les discussions porteront aussi sur la coopération des États, la protection des témoins et l’avenir du Fonds au profit des victimes. Plusieurs délégations et ONG réclament une Cour plus visible sur le terrain, mieux comprise des communautés affectées et capable de rendre effectives les réparations ordonnées.

Dans le même temps, les États parties doivent gérer des pressions croissantes. Les sanctions américaines visant des juges impliqués dans les mandats contre les dirigeants israéliens rappellent la fragilité d’une Cour théoriquement indépendante mais toujours tributaire de la coopération de ses membres pour appliquer ses décisions.

Cette 24ème session constitue une double épreuve. Les États parties doivent défendre un outil essentiel contre l’impunité dans un contexte international fragmenté, tandis que la Cour cherche à démontrer sa capacité à se réformer, à élargir réellement le champ de ses poursuites au-delà des États les plus exposés et à rester une instance crédible pour les victimes lorsque les juridictions nationales échouent.

 

Enseignement : Des retards de salaires qui fragilisent tout le système

L’arrêt de travail déclenché par les syndicats de la région de Dioïla le 26 novembre a pris fin ce 1er décembre 2025, mais la crise révèle un malaise bien plus profond. Le retard récurrent dans le paiement des salaires des enseignants des collectivités, à l’origine de la paralysie dans cette région, touche en réalité plusieurs localités du pays et menace une année scolaire déjà marquée par des perturbations.

Le mouvement spontané des enseignants fonctionnaires de Dioïla, qui a mis toutes les écoles à l’arrêt pendant plusieurs jours, repose sur un point de rupture bien connu. Il s’agit de l’application de la décision de 2011 du ministère des Finances qui prévoit le paiement des salaires des enseignants des collectivités au plus tard le 25 du mois. Lorsque cette date n’est pas respectée, les syndicats observent traditionnellement un arrêt de travail. Les organisations locales affirment que, malgré la patience observée ces derniers mois en raison des difficultés liées au SIGRH et à la pénurie de carburant qui a perturbé la rentrée, les retards persistent.

Selon M. Famoussa Keita, Secrétaire général du SYNEM et Porte-parole de la Synergie régionale, la situation n’est plus tenable. Il estime que les efforts consentis jusque-là n’ont pas permis de corriger les dysfonctionnements dans la chaîne de traitement des salaires.

Casse-tête

À peine la crise de Dioïla suspendue, une autre localité est entrée en mouvement. Les enseignants de Koutiala ont entamé le 1er décembre un arrêt de travail similaire, pour les mêmes motifs. Cette simultanéité illustre que les perturbations liées au paiement des salaires ne relèvent pas d’un simple incident administratif régional, mais d’un problème structurel.

Des rapports syndicaux consultés récemment évoquent des retards répétitifs dans plusieurs cercles, notamment dans certaines communes de Sikasso, Koulikoro et Ségou. Les mêmes griefs reviennent, à savoir lenteurs administratives, circuits de validation trop longs, absence de remontées systématiques des services déconcentrés, surcharge persistante du Bureau central des soldes.

Les mesures annoncées par l’État – obligation pour les représentants de rendre compte du traitement dans les délais et réflexion sur une recentralisation du paiement des enseignants – ne se sont pas encore traduites par des résultats visibles sur le terrain.

Si l’arrêt de travail à Dioïla n’a duré que trois jours, ces interruptions répétées, cumulées aux retards de rentrée, représentent des heures de cours perdues pour des milliers d’élèves du public. La multiplication de ces mouvements confirme que la question du paiement des enseignants des collectivités est désormais un enjeu national, au cœur de la stabilité du calendrier scolaire.

Afrique de l’Ouest : les femmes de plus en plus visibles sur les routes migratoires

Publié début décembre 2025 par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un nouveau rapport intitulé « Women on the move » analyse les déplacements de 15 360 voyageuses en Afrique de l’Ouest et du Centre en 2024.

Cette étude, fondée sur le dispositif de Flow Monitoring de l’OIM, documente les profils, les itinéraires et les risques auxquels sont exposées les femmes, notamment au Mali et au Niger.

Le document repose sur des données collectées à 27 points de suivi des flux dans sept pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, le long de principaux axes de transit. Il s’inscrit dans un dispositif lancé par l’OIM en 2016 pour observer les mouvements intra et interrégionaux. En 2024, 22 % des personnes interrogées dans la région sont des femmes, dont la majorité a entre 25 et 59 ans, et une part plus réduite appartient à la tranche des 18–24 ans.
Les informations fournies par les autorités nationales montrent que trois pays dominent les pays d’origine des voyageuses interrogées : le Nigeria représente 26 % des cas recensés, devant le Burkina Faso (18 %) et le Niger (15 %). Les destinations déclarées restent d’abord régionales dans la mesure où 68 % des femmes interrogées projettent de rester en Afrique de l’Ouest, près de la moitié d’entre elles mentionnant le Niger comme pays de destination. Près de 29 % disent se diriger vers l’Afrique du Nord, tandis que des proportions plus faibles citent l’Europe ou l’Afrique centrale.
Les raisons avancées pour le départ sont principalement économiques. Selon le rapport, 61 % des voyageuses déclarent se déplacer pour des motifs liés au travail, au commerce ou à la recherche d’opportunités professionnelles. Les mouvements de regroupement familial, qu’ils soient permanents ou de courte durée, représentent 19 % des motifs évoqués. D’autres facteurs apparaissent dans les réponses, comme la poursuite d’une formation, l’accès à certains services, les effets des conflits, des catastrophes ou du changement climatique, mais dans des proportions plus réduites.
Le Mali est directement concerné par cette dynamique. Le rapport souligne qu’entre 2020 et 2024, la part des femmes parmi les migrants interrogés a augmenté de 10 points de pourcentage au Mali et de 6 points au Niger, illustrant une féminisation progressive des flux sur ces axes. Ces deux pays concentrent à eux seuls 35 % de l’ensemble des voyageurs recensés dans l’étude. Au sein des programmes d’aide au retour volontaire et à la réintégration vers l’Afrique de l’Ouest et du Centre, les femmes sont également plus nombreuses. En effet, leur proportion a augmenté de 8 points entre 2020 et 2024, tandis que leur nombre a presque été multiplié par cinq. Parmi les bénéficiaires féminins de ces retours, 49 % se réinstallent au Niger et 27 % au Mali, les autres se répartissant entre le Burkina Faso, la Mauritanie, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Sénégal et d’autres pays.
L’étude aborde aussi les situations de vulnérabilité. Lors des entretiens menés au Tchad, au Mali et au Niger, moins de 1 % des femmes interrogées se sont identifiées comme victimes de travail forcé. Parmi ces dernières, seulement 44 % disposaient de documents d’identité au moment de l’enquête. Les personnes concernées mentionnent principalement la confiscation de leurs papiers, non restitués ensuite, et, dans une moindre mesure, la perte des documents. Ces éléments restent limités en proportion mais apportent des indications sur les risques spécifiques rencontrés par une partie des voyageuses sur les routes migratoires.
En rassemblant ces indicateurs pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le rapport de l’OIM fournit un cadre statistique commun sur la présence des femmes dans les flux migratoires régionaux. Il offre aux autorités nationales et aux partenaires un outil de suivi pour comparer les situations entre pays, observer les tendances dans le temps et ajuster les dispositifs d’assistance et de gestion des mouvements de population.

Thé malien à l’ère du numérique : Une startup innove

Au Mali, où le thé est au cœur de la vie sociale, Abdoulaye Farota et Bakary Bengaly, deux jeunes ingénieurs, ont décidé de moderniser un rituel profondément ancré. Avec leur startup Mandé Tech, ils ont créé une machine automatique capable de préparer le thé malien en respectant les préférences de chaque consommateur. Baptisée Mandé Barrada, cette invention compacte et accessible attire déjà une forte attention et pourrait transformer la manière dont les Maliens partagent leur boisson favorite.

Dans un Mali où l’écosystème technologique national se développe rapidement, la Mandé Barrada s’impose comme une innovation à la fois surprenante et cohérente avec les usages locaux. Présentée au Salon des entrepreneurs de la Confédération des États du Sahel, elle a immédiatement suscité la curiosité du public. Les fondateurs expliquent que l’idée leur est venue presque spontanément en observant l’importance du thé dans les « grins », ces espaces de sociabilité où les discussions se prolongent souvent autour de plusieurs services traditionnels.

L’appareil, léger et facile à transporter, reprend le principe des machines à café, mais avec une adaptation au thé malien, dont la préparation exige habituellement du temps, de la précision et un véritable savoir-faire. La Mandé Barrada permet de choisir la force de la préparation – premier, deuxième ou thé plus corsé – ainsi que la quantité de sucre, allant du très sucré au sans sucre, le tout pour un prix fixé à 200 francs CFA, pensé pour rester accessible.

Depuis les premières démonstrations, l’engouement est palpable. Dans les grins de Bamako, les curieux se succèdent pour découvrir cette machine qui allie tradition et modernité sans dénaturer l’esprit convivial du thé malien. Plusieurs consommateurs affirment y voir une manière pratique de gagner du temps tout en retrouvant les saveurs auxquelles ils sont attachés.

Les deux ingénieurs travaillent déjà sur de nouvelles améliorations, notamment une production plus large et des déclinaisons destinées à d’autres boissons locales. À terme, ils espèrent faire de leur invention une référence nationale, voire sous-régionale.

Avec la Mandé Barrada, Mandé Tech démontre qu’innover peut naître de gestes quotidiens. Une belle promesse forte pour la technologie « Made in Mali » et pour l’avenir d’une tradition bien vivante aujourd’hui.

Ibrahim Baby

Stabilité financière : premier rapport commun des banques centrales africaines

À Yaoundé, la 47ᵉ Assemblée des Gouverneurs de l’Association des banques centrales africaines (AACB) a été marquée par la présentation du premier Rapport africain sur la stabilité financière, élaboré à l’échelle du continent.

Le document couvre quarante-six pays représentant près de 90 % du produit intérieur brut africain et se veut un outil commun de suivi des vulnérabilités financières et de comparaison entre systèmes bancaires nationaux.
Ce rapport est le résultat des travaux du Comité africain de stabilité financière mis en place par l’AACB. La coordination a été assurée par la Banque de Maurice, qui a présidé ce comité jusqu’à la fin de son mandat à la tête de l’Association. La gouverneure mauricienne, Priscilla Muthoora Thakoor, a supervisé l’achèvement de ce premier exercice en tant que présidente sortante de l’AACB.
Les gouverneurs des banques centrales se sont réunis le 28 novembre 2025 dans la capitale camerounaise pour examiner les conclusions de ce rapport et discuter des suites à donner. Selon les éléments rendus publics, le document agrège des données fournies par les autorités monétaires nationales à partir d’un canevas méthodologique harmonisé validé en amont par l’Association. Il s’agit d’une première mise en commun structurée d’indicateurs de stabilité financière à l’échelle du continent.
Vulnérabilité
Le rapport recense les principales sources de vulnérabilité auxquelles sont confrontés les systèmes financiers africains. Les contributions évoquent l’impact de la volatilité des conditions financières mondiales, les pressions inflationnistes, les niveaux d’endettement public et privé, la dépendance à un nombre limité de produits d’exportation, la faible profondeur de certains marchés financiers et l’exposition aux chocs externes. L’objectif affiché est de fournir aux banques centrales un outil de diagnostic partagé pour repérer les canaux de transmission des risques et comparer les situations nationales.
Le document examine aussi les cadres prudentiels en vigueur dans les juridictions couvertes. Il relève les écarts par rapport aux standards internationaux de supervision bancaire, notamment en matière de dispositifs macroprudentiels, de collecte et de diffusion des données, de gouvernance et de coordination entre autorités. Ces constats doivent alimenter un programme de renforcement de la supervision, notamment à travers le programme 2026–2028 de la Communauté des superviseurs bancaires africains, mentionné dans les travaux de Yaoundé.
Union monetaire continentale en vue
Les échanges tenus en marge de l’Assemblée ont mis en relation ce premier rapport et les projets d’intégration monétaire en Afrique. Les responsables des banques centrales ont rappelé que la création de l’Institut monétaire africain, étape préparatoire à une éventuelle union monétaire continentale, suppose une capacité partagée d’évaluer les risques financiers et de prévenir les crises systémiques. La mise en place d’un cadre continental d’analyse de la stabilité financière est présentée comme un socle technique pour ces évolutions.
La question des systèmes de paiement a également été abordée. Plusieurs interventions ont souligné l’importance d’une meilleure interopérabilité entre les infrastructures de paiement nationales et régionales, afin de faciliter les règlements transfrontaliers et de soutenir les échanges intra-africains. L’articulation entre un suivi coordonné des risques et l’intégration progressive des systèmes de paiement est apparue comme un des axes de travail identifiés par l’AACB.
Selon les informations diffusées à l’issue de la réunion, le rapport entend s’aligner sur les pratiques internationales en matière de rapports de stabilité financière tout en tenant compte de caractéristiques propres aux économies africaines, comme le poids des matières premières dans les recettes d’exportation, l’ampleur du secteur informel, les contraintes de gouvernance et la sensibilité aux chocs climatiques. Les éditions suivantes devraient permettre de suivre l’évolution de ces paramètres dans le temps et de mesurer l’effet des réformes engagées dans les différents pays.
La présidence de l’Association des banques centrales africaines a été confiée, à l’issue de l’Assemblée, au gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale, Yvon Sana Bangui. Il est chargé de conduire la prochaine phase du chantier, qui comprend la préparation des futures éditions du rapport africain sur la stabilité financière, le suivi des décisions prises à Yaoundé et le renforcement de la coopération entre banques centrales autour de la surveillance prudentielle et de la gestion des risques.

Karidia Sangaré, Cheffe du projet Citoyenneté 2.0 :  « Ma sécurité numérique est mon devoir »

L’explosion des risques en ligne – cyberharcèlement, hameçonnage, désinformation, violation de données – pousse aujourd’hui les acteurs des médias et de la société civile à renforcer leurs pratiques numériques. À Bamako, Women Tech Mali mobilise ces professionnels autour d’une démarche visant à mieux protéger les informations, les sources et les utilisateurs. Propos recueillis par Massiré Diop.

Vous portez aujourd’hui un plaidoyer fort autour de la sécurité numérique. Quel en est l’enjeu principal ?

La sécurité numérique est désormais un devoir pour chacun. Avec le projet Citoyenneté 2.0, financé par les Affaires étrangères du Danemark à travers le Fonds d’appui aux moteurs du changement, nous travaillons à renforcer la capacité des organisations de la société civile et des médias à évoluer dans un environnement numérique qui expose leurs données, leurs communications et leurs sources. L’objectif est d’amener ces acteurs à maîtriser les outils essentiels pour se protéger et protéger les personnes qu’ils représentent.

Qu’est-ce qui rend cette démarche urgente aujourd’hui au Mali ?

La circulation rapide et massive des informations sur les réseaux sociaux a fait émerger de nouveaux risques. Nous observons une multiplication des contenus non vérifiés, des tentatives d’hameçonnage, des cyberescroqueries et des atteintes à la vie privée. Les organisations de la société civile et les professionnels des médias relaient beaucoup d’informations sans toujours disposer des connaissances nécessaires pour vérifier leur authenticité ou détecter les manipulations. Il est indispensable qu’ils puissent identifier les menaces, sécuriser leurs comptes, comprendre les techniques de phishing et mesurer l’impact d’une publication sur la protection des données à caractère personnel.

Quels résultats attendez-vous de cette mobilisation autour du numérique responsable ?

Nous attendons un engagement concret des participants à adopter des pratiques plus sûres et à devenir des relais de prévention dans leurs communautés. Nous voulons que chacun comprenne qu’un simple partage peut exposer une personne, une organisation ou même une communauté entière. La sécurité numérique n’est plus un choix, c’est une responsabilité. Il s’agit d’intégrer les bonnes pratiques de cybersécurité, d’appliquer systématiquement les règles de vérification des sources, de refuser la diffusion de données personnelles sans consentement. L’idée est de créer un environnement où chacun maîtrise les risques et agit en connaissance de cause.

Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la vision portée par Women Tech Mali ?

Elle s’inscrit dans notre volonté d’accompagner une société malienne plus informée, plus consciente des enjeux numériques et capable de défendre ses droits en ligne. Protéger les données, lutter contre le cyberharcèlement et freiner les manipulations sont des responsabilités collectives. Nous voulons que cette démarche devienne un réflexe partagé.

 

Bénin : tentative de coup d’État déjouée

Une tentative de coup d’État menée par un groupe de militaires a été déjouée dimanche au Bénin. Si le président Patrice Talon reste en place, l’épisode révèle la fragilité du climat politique à l’approche de la fin de son mandat.

Dans la nuit de samedi à dimanche, puis à l’aube du 7 décembre 2025, des éléments des Forces armées béninoises attaquent la résidence du président Patrice Talon, à Porto-Novo, avant de se tourner vers les médias publics. Peu après, au moins huit soldats apparaissent à la télévision nationale. Casques sur la tête pour certains, treillis impeccables, ils lisent un communiqué solennel annonçant la « destitution » du chef de l’État, la suspension de la Constitution, la dissolution des institutions et la fermeture des frontières. Ils se présentent comme le « Comité militaire pour la refondation », dirigé par le lieutenant-colonel Pascal Tigri, promu de facto figure du putsch.
Le signal de la télévision et de la radio publiques est brièvement interrompu, renforçant l’impression que le pouvoir bascule. Au même moment, l’ambassade de France signale des coups de feu au camp Guezo, près de la résidence présidentielle, à Cotonou, tandis que des positions stratégiques de la capitale économique sont tenues par des militaires. Dans leur déclaration, les putschistes justifient leur acte par la gestion du pays, promettent une « nouvelle ère » et affirment parler au nom de l’armée et du peuple.
Tentative avortée
Mais la séquence bascule très vite. Dans la matinée, le ministre des affaires étrangères, Shegun Adjadi Bakari, intervient pour affirmer qu’il s’agit d’un « petit groupe » de militaires n’ayant réellement pris le contrôle que de la télévision, tandis que « la plus grande partie de l’armée » reste loyale. Quelques heures plus tard, c’est le ministre de l’intérieur, Alassane Seidou, qui prend la parole dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il annonce que la tentative de coup a été « déjouée », parle de mutinerie et insiste sur le fait que les forces armées et leur état-major ont « maintenu le contrôle de la situation ».
La présidence assure alors que Patrice Talon est sain et sauf et que l’armée loyaliste reprend progressivement la main sur les points sensibles. Des sources proches du palais soulignent que les putschistes n’ont jamais réussi à s’emparer du siège de la présidence, ce qui a limité leurs capacités réelles. Dans les rues de Cotonou, la vie reprend par endroits son cours, même si certains quartiers autour des bâtiments officiels, de la télévision nationale et de la résidence présidentielle restent sous forte surveillance. Aucun bilan humain précis n’est rendu public dans l’immédiat, les autorités se gardant d’avancer des chiffres de victimes ou d’arrestations.
Fin de mandat
L’épisode intervient dans un moment politique particulièrement sensible. Patrice Talon est au pouvoir depuis 2016 et a répété à plusieurs reprises qu’il quitterait la présidence en 2026, conformément à la limitation à deux mandats inscrite dans la Constitution. Son camp prépare déjà sa succession, avec le nom de l’ancien ministre des Finances Romuald Wadagni régulièrement cité comme dauphin potentiel, tandis que des figures de l’opposition ont été écartées de la compétition ou emprisonnées ces dernières années. Le Bénin, longtemps présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, est ainsi entré dans une zone de turbulences politiques où la confiance entre pouvoir, opposition et une partie de l’opinion s’est nettement érodée.
La tentative de coup de ce 7 décembre s’inscrit aussi dans une séquence régionale lourde. Du Mali au Niger, en passant par le Burkina Faso et plus récemment la Guinée-Bissau, les renversements ou tentatives de renversement par la force se sont succédé, au point que certains parlent désormais d’une « ceinture des coups d’État » qui progresse vers le golfe de Guinée. Le Bénin était jusqu’ici cité comme l’un des États qui parvenaient à tenir ce phénomène à distance, malgré la pression des groupes armés dans le nord du pays. La journée de dimanche rappelle que même les régimes se voulant stables ne sont pas à l’abri de fractures internes, y compris au sein de l’appareil sécuritaire.
Condamnation
La réaction des partenaires régionaux et internationaux ne se fait pas attendre. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest condamne rapidement la tentative de renversement de l’ordre constitutionnel et réaffirme son soutien au président Talon. Des chancelleries occidentales appellent leurs ressortissants à la prudence, certains pays recommandant d’éviter les déplacements non essentiels dans la capitale pendant que la situation se stabilise.
Pour l’instant, le pouvoir à Porto-Novo et Cotonou cherche à projeter l’image d’un État qui a su résister à une dérive militaire. Mais derrière les déclarations officielles, de nombreuses questions restent ouvertes. Qui, au-delà de la figure de Pascal Tigri, a inspiré ou soutenu ce coup manqué ? Jusqu’où des frustrations politiques, économiques ou internes à l’armée ont-elles nourri le passage à l’acte ? Et comment le régime Talon entend-il répondre à ces signaux d’alerte, alors que s’ouvre la dernière ligne droite de son mandat ?
En ce 7 décembre 2025 au soir, le coup d’État a échoué, le président est toujours en place et les institutions n’ont pas été renversées. Mais le Bénin sort de cette journée avec une évidence : le vernis de stabilité cache des tensions qui, si elles ne sont pas prises en compte, pourraient resurgir demain sous d’autres formes.