Axe Douentza-Boni : les raisons de la levée du blocus

L’annonce a été faite ce mercredi par des sources locales : le blocus sur la route nationale 16 a été levé. Mettant ainsi fin à un calvaire qui aura duré plus de quatre mois.

Bloqué entre Boni et Douentza par des terroristes depuis mai dernier, l’arrêt du traffic a eu comme conséquences, entre autres, la limitation des déplacements des populations de la zone, l’arrêt des foires hebdomadaires de ces localités. Et à Gao plus récemment, il a causé une pénurie de médicaments dans les pharmacies de la ville. Malgré les cris de cœur des populations de la Cité des Askia dont la Coalition des organisations et associations de culture sédentaire, Songhoy Chawara Batoo qui a organisé une conférence le 2 juin dernier pour dénoncer la situation auprès des autorités du Mali, le problème est resté sans solution.

C’est dans ce contexte que « les habitants de la zone ont décidé de prendre les choses en main en allant discuter avec les coupeurs de route », explique une source bien introduite. Selon cette dernière, les populations de Boni ont délégué trois jeunes ressortissants pour aller rencontrer les terroristes qui seraient de la Katiba Serma.

Les discussions qui, ont aboutit à un accord local et a permis la levée du blocus, ont eu lieu dans la forêt de Serma.

« Tout a été discuté et convenu par ces trois personnes qui ont représenté le village. Il n’y a pas eu un document écrit. L’accord a été verbal et est reste un secret entre les djihadistes et les envoyés ainsi que les légitimités du village », explique notre source. Une autre source affirme que le blocus a levé suite à un accord financier avec les terroristes. Le montant de cet accord n’a pas encore été révélé, mais sur cette base assure notre seconde source, les terroristes se sont engagés à lever le blocus et déminer les routes des engins explosif improvisé. Le trafic aurait repris depuis mardi « sans problème », constatent des habitants de la localité.

 

Hombori : le nouveau no man’s, no justice land ?

Il n’est caché de personne que le centre du Mali, principalement la région de Mopti, depuis 2015 est devenu un foyer actif de banditisme dont la violence est traduite par plusieurs attaques, prises d’otages, intimidation et assassinat de populations civiles, innocentes.

Plus de 52 attaques en deux ans

Les études sur la problématique de l’insécurité à laquelle fait face le Mali, dans son septentrion et sa région centre, dénombrent plus de 52 attaques depuis 2015, contre des militaires et populations civiles. Des attaques perpétrées par divers milices auto-proclamées, qui ont causé plusieurs morts. Le climat insécuritaire au Nord a fini par déteindre sur la quiétude en région de Mopti, réveiller des anciennes appréhensions intra et inter-communautaires, qui ont conduit à la propagation de menaces en bande armée. Sévaré et Douentza sont à ce jour l’épicentre des tensions, également les plus touchés par les trafics en tout genre.

Mopti dans le tourbillon djihadiste

Les attaques s’intensifient dans la zone du Delta intérieur du Mali, depuis près deux ans. Les créations actives de milices d’auto-défense se transformant en Katiba, prêtant aussitôt allégeance à des groupes djihadistes, démontrent la réalité du danger de ces zones, ce constat n’est que la partie immergée de l’iceberg, de la violence dont sont confrontés les habitants des zones de conflits. La tension est palpable, les menaces, prise d’otage font désormais partie du quotidien des habitants.

Doit-on se formaliser avec l’inacceptable ?

Des échos remontés de témoins directs découvrent l’impuissance de nos concitoyens de l’intérieur, les victimes et parents de victimes sans défense, rentrent en rupture pour la plupart dans leur foi en l’État et la justice, par conséquent se murent dans le fatalisme. La ceinture insécuritaire qui les tenaillent, angoisse les populations de la région de Mopti, pris en étau entre deux tourbillons : confrontation entre bandes armées d’un côté, combats de riposte entre les armées officielles engagées dans la lutte contre le terrorisme et les narco-djihadistes, de l’autre.

Est-il qu’en entendant, c’est une autre section du Mali qui est en train de perdre espoir en l’état malien. C’est le cas de cette famille de Hombori dont le chef, non moins chef religieux a été pris en otage. Les habitants du quartier (…) et ses ressortissants à Bamako, sont ébranlés et sous le choc, depuis quelques jours par l’annonce d’une éventuelle exécution de leur ami, frère, père et guide religieux. Cette commune du cercle de Douentza est en proie aux exactions d’hommes armés jouant aux caïds dans toute la zone. Ils sont identifiés des habitants que la peur muselle.

Une éventuelle exécution

Monsieur (…) aurait été exécuté il y a deux jours par ces ravisseurs. Pour l’heure la mort n’est pas constatée par le retour du corps. Ce qui nous convie à la prudence. La nature de sa prise d’otage ne saurait être définie ou difficilement définissable, tant les familles des victimes remettent leur sort entre les mains de Dieu, désarmées , face à des sans foi ni loi. De source familiale et traçable, Monsieur (…) a été fait otage au retour d’une mission maraboutique dans un village à quelques kilomètres de sa ville. Il était en compagnie de son chauffeur, lorsque des hommes surgissent de nulle part, extraie le chauffeur de la 4X4, et partent avec le bien et son propriétaire. Dans ce trafic humain, le mode opératoire reste idem à celui du rapt à Youwarou en avril 2017, sur la personne d’Amadou Ndjoum, agent de l’I.N.P.S toujours entre les mains de ses ravisseurs. Monsieur (…) à sa capture avait une conséquente somme d’argent sur lui. Le mobile demeurant le même, l’argent. L’échange d’otage leur fonds de commerce principal.

Dernièrement plusieurs attaques dans le cercle de Douentza

Les dernières attaques depuis 2016 recensées dans la localité de Hombori découvrent peu à peu comment la violence fait rage, s’installe dans cette ville. La dernière en date est l’attaque d’un poste de la douane et d’une brigade territoriale de la gendarmerie. Hombori est victime des soubresauts du conflit du Nord, qui se déplace vers l’épicentre du Mali depuis 2013. Cette ville de la région de Mopti, se rappelle au bon souvenir des touristes par l’authenticité de son rocher caméléon, dont les couleurs se ravivent au coucher du soleil. Aujourd’hui Hombori tremble de peur, ses femmes maltraitées par les bandits armés, ses enfants enlevés pour les utilisés contre les leurs, prise d’otage et disparition sont plus que tout le quotidien de cette commune du cercle de Douentza. Hombori la ville aux 25.527 âmes se trouve actuellement balafré par diverses attaques. Le sublime visage rayonnant est défiguré par la peur de ses habitants tant la nature des violences ne leur était pas une habitude.

Le Mont hombori le nostalgique dont le flan gaude découvre la poétique Main de Fatma (Garmi Tondo), pour laquelle plusieurs touristes à la découverte du Mali faisait le détour pour le massif imposant de 1153 mètres, ne sait plus sur quel pied danser. Hombori comme Sévaré sont des zones à sécuriser d’urgence. Ne nous conformons pas à l’habitude de la barbarie chaque innocent tombé est une perte regrettable pour le Mali.

La reprise des villes aux proies à l’insécurité est infailliblement un gage de reprise d’une santé économique. Puissions-nous un jour sortir de la spirale infernale !

 

Polémique autour de la visite du président IBK à Ouagadougou

Le Président de la République IBK s’était rendu le mardi 15 août 2017 au Burkina Faso pour témoigner de sa solidarité après l’attentat du dimanche à Ouagadougou qui a fait 18 victimes. Ce déplacement apparait normal, mais il a fait polémique par le fait qu’à Douentza et à Tombouctou, le lendemain, le terrorisme à fait aussi des victimes, sans qu’IBK ne se déplace sur le terrain.

L’attentat du dimanche dernier qui a fait 18 morts au Café restaurant Aziz Istanbul de Ouagadougou a motivé le déplacement du président IBK dans la capitale burkinabé. Le geste était fort et symbolique. Il s’agissait de témoigner de son soutien à son homologue Roch Marc Christian Kaboré et au peuple burkinabé en des moments aussi tragiques. Sur place, IBK a déclaré que « le G5 sahel est uni dans ces circonstances » face au terrorisme. Il a en outre visité avec son homologue, les décombres du restaurant Aziz Istanbul. Pour Ibrahim Boubacar Keita, « le doux temps de l’insouciance est terminé » et que «  nous sommes obligés d’accepter aujourd’hui, qu’à tout moment nous pouvons être agressés » a t-il souligné. Quoi de plus normal qu’un président aille s’incliner devant la mémoire des victimes d’un fléau devenu mondial et en plus s’il s’agit du Burkina, pays frontalier et membre du G5 Sahel. Seulement, la même barbarie qui a arraché la vie à des innocents n’a pas épargné le Mali.

Tombouctou et Douentza Au lendemain de l’attaque d’Ouagadougou, lundi 14 août, le camp de la Minusma à Douentza au centre du Mali, a subi une attaque terroriste qui a coûté la vie à (1) un soldat des casques bleus et à (1) un autre de l’armée malienne. Quelques heures plutard, c’est le camp de la mission internationale des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Tombouctou qui a été pris pour cible. Là aussi des victimes à l’issu des combats ont été déplorées. Neuf personnes, toutes maliennes, ont trouvé la mort dans cette attaque contre la mission onusienne. En dénombrant tout les morts dans les deux attaques y compris les assaillants, les pertes seraient de 19 morts. Sur les réseaux sociaux, certains internautes reprochent au président son «  manque de considération » aux morts du Mali. En se rendant dans ce pays voisin, IBK s’est attiré, comme le plus souvent ces derniers temps, le mépris de ceux qui pensent qu’ils auraient pu rendre hommage à « ceux qui sont morts en défendant la patrie ». Le premier ministre Idrissa Abdoulaye Maiga et le Représentant spécial du secrétaire général de Nations unies, Mahamet Saleh Annadif, ont effectué le déplacement le 15 août dans la ville de 333 saints pour constater les dégâts et témoigner leur solidarité et soutien aux blessés et aux forces en présence. Une fausse note pour le président IBK dont la côte de popularité a considérablement baissé depuis 2013.

Au centre du Mali, c’est le Far west…

Cette nuit-là, Ibrahima Maïga, s’est couché tôt, harassé par une journée de travail bien remplie passée entre Sévaré et Ngouma. Vers 2h du matin, dans un sommeil profond, il sent qu’on le secoue. Grognant, il lance son bras pour chasser l’importun, un objet froid et métallique stoppe la course de sa main le faisant sortir d’un coup de sa torpeur. Une puissante lumière l’éblouit, une torche fixée sur un fusil que braque sur lui une silhouette noire, un homme, portant un treillis de l’armée de terre. Un autre, derrière lui, s’active bruyamment à retourner ses affaires. « J’ai d’abord cru que c’était des militaires qui avaient besoin d’essence », raconte Ibrahima, animateur radio à Ngouma, assis sur un petit tabouret de bois dans la pénombre d’une arrière salle de la radio FM de Douentza. « Ils m’ont dit qu’ils voulaient de l’argent, mais je n’avais rien ! ». Les deux hommes fouillent la pièce puis s’en vont, laissant Ibrahima tremblant de peur. Vingt minutes plus tard, une fusillade éclate, un cri perce la nuit, des moteurs démarrent en trombe, puis plus rien. Ce soir-là, les bandits sont repartis avec un butin 5 millions de francs CFA et un véhicule. Nul ne sait d’où ils sont venus, qui ils étaient, mais dans la 5e région du Mali, cette scène tragique fait désormais partie du quotidien. Incursion au cœur de la région de Mopti, véritable « Far west » malien.

La route qui mène à Douentza, chef-lieu du cercle aux portes de la région Nord du Mali, est chaotique et défoncée, comme oubliée des pouvoirs publics. Les trous et crevasses y côtoient les sparadraps de goudron, ralentissant considérablement la progression des véhicules. Sur cet unique axe qui mène à la ville, on peut ne pas croiser âme qui vive pendant des kilomètres. Dans cette zone de la région de Mopti, règne un anarchique chaos où seul prévaut la loi du plus fort résultant de la faible présence ou de l’absence totale d’institutions gouvernementales. Ici, la peur ne semble pas changer de camp, les groupes armés sévissent et les citoyens fatalistes craignent chaque jour pour leurs vies et leurs biens. « Si tu as une arme, c’est toi qui fait la loi, c’est toi qui dirige ! On est confronté à ce problème d’insécurité, surtout dans le secteur nord et est du cercle. Il y a les djihadistes réunis en plusieurs groupuscules, des groupes armés peuls qui s’affrontent dans des règlements de compte pour l’argent, le bétail ou l’accès aux terres arables, et le banditisme, avec les ex-combattants des mouvements armés qui, au sortir de la crise, ont gardé leurs armes et sèment la terreur », explique Amadou, un journaliste local, qui depuis ces dernières années, observe une situation qui ne cesse de se dégrader.

Bien que les langues à Douentza se délient difficilement, au gré des rencontres, force est de constater que le problème d’insécurité dans la zone est complexe. « Certains sont en train de se venger pour ce qui s’est passé il y a des années. Les gens qui ont pris les armes, des Peuls pour la plupart, ont rejoint les islamistes pour être protégés et se faire justice. Il y a eu beaucoup de chefs de village attaqués ou tués, même des imams. On les soupçonne de parler avec les autorités, d’être des complices de l’État, donc on les élimine. Pour sauver ta peau, si tu ne fais pas partie de ces groupes, tu dois donner quelque chose, un garçon, de l’argent, du bétail, tout ce que tu as. Ils ont les armes et font comme bon leur semble », déplore l’animateur radio Ibrahima Maïga.

La tentation djihadiste Avant la crise de 2012, des prêcheurs comme Amadoun Kouffa, un prédicateur peul fondateur du Front de libération du Macina, groupe djihadiste qui sévit dans la région, ont silloné la zone pour le compte de la secte Dawa, prônant une ré-islamisation de la population. « Ils viennent à plusieurs en moto et bien armés. Ils parlent de la défense de l’Islam et nous disent de refuser tout ce qui n’en fait pas partie. Ces prêcheurs racontent ce que les éleveurs peuls veulent entendre, que l’Islam interdit de payer le droit d’accès aux pâturages qui autrement peut se négocier à des centaines de milliers de francs CFA. Ils adhèrent à ces groupes aussi pour ça. Beaucoup les ont rejoint dans le Macina », explique Issa Dicko, frère d’Amadou Issa Dicko, chef du village de Dogo, assassiné par les djihadistes en 2015.

Écoles fantômes et maires en fuite Dans ces zones reculées, désormais sous la coupe des prêcheurs, l’éducation nationale est délaissée au profit de l’éducation coranique. « Ces communautés ne sont pas prises en compte dans le système éducatif national », dénonce pour sa part, Ibrahima Sankaré, secrétaire général de l’ONG Delta Survie, qui a mis en place des écoles mobiles pour ramener les enfants en classe. « La communauté peule de ces zones est réfractaire à l’école formelle pour des raisons moins féodales que religieuses. Pour eux, s’ils mettent leur enfant à l’école française, il ira en enfer », explique Ibrahima Maïga, qui cite le cas du village de Tanan, à 60 km de Douentza où depuis 2006, aucune classe n’est ouverte, « même les portes et les fenêtres ont fini par être emportées »…

Si dans beaucoup d’endroits l’école est en panne, d’autres représentations étatiques comme les mairies sont aussi visées. Dans la ville de Kéréna, située à une trentaine de kilomètres de Douentza, les « occupants » comme ils sont aussi appelés ici, ont interdit à tous ceux qui travaillent à la mairie d’habiter la commune, sous peine de mort. Depuis ces derniers ont fui. « Durant les élections communales, les gens étaient angoissés et vivaient dans la peur d’une attaque », se rappelle Sidi Cissé, enseignant à Douentza. Le nouveau maire de Kéréna, Hama Barry, n’a pu exercer son mandat ne serait-ce qu’un jour. Il a dû se réfugier à Douentza avec son adjoint pour sa sécurité. Plusieurs parmi la population l’ont suivi. Le vieil homme est aujourd’hui méfiant, car dit-il, « ici on ne sait pas qui est qui ». Après maintes discussions, il accepte une rencontre. À côté de lui, son adjoint affiche un perpétuel sourire et un regard inquiet durant la courte entrevue qu’il accorde au Journal du Mali. « Je vais bientôt retourner à Kéréna, tout va bien, ce ne sont que quelques querelles », se borne-t-il à dire en pulaar, pour éluder les questions trop précises, avant de saluer chaleureusement et de prendre congé.

Peur sur la ville À Douentza, l’omerta règne aussi. L’assassinat d’une parente de l’ancien adjoint au maire de Kéréna, froidement abattue à son domicile, à moins de 200 mètres du camp de la MINUSMA, il y a quelques mois, a marqué les esprits et imposé de facto le silence. « Ceux qui ont fait ce coup ont réussi. Ils ont fait en sorte que tous sachent que même à côté des forces de l’ordre, on n’est pas sécurisé », explique cet autre élu, également forcé à l’exil. Ce qu’ils veulent, ces groupes l’obtiennent avec leur fusil ou à la pointe de leur couteau, celui qui n’est pas d’accord avec eux ne peut que se taire. « Les gens ont peur. Ils ont peur pour leur vie. Moi qui vous parle, je me suis un peu trop avancé dans cette conversation. Je n’ai rien dit mais j’en ai déjà trop dit », ajoute-t-il, assis dans son salon, où trône sur le mur derrière lui, un portrait le représentant arborant l’écharpe aux couleurs du drapeau national. Triste rappel d’une fonction aujourd’hui vide de sens.

Cette peur ambiante freine les populations dans leur désir de collaborer avec les autorités. « Les gens veulent collaborer mais ils ne sont malheureusement pas protégés en retour », affirme Madame Diarra Tata Touré, membre active de la société civile et secrétaire générale de l’ONG ODI Sahel, à Sévaré. « Il y a le laxisme de la gendarmerie, la corruption. Quand les forces de l’ordre prennent des djihadistes ou des bandits, il suffit qu’ils versent de l’argent pour qu’on les relâche. Les gens collaboraient avec l’armée et la gendarmerie avant, mais c’est un marché lucratif et ce sont ces mêmes autorités qui, après avoir relâché les bandits ou djihadistes, leur disent que c’est un tel qui a donné l’information. Ensuite, ils sont assassinés. Même si je vois un bandit, je ne dirai rien parce que je sais qu’après il viendra me tuer ! », résume Amadou, journaliste à Douentza, qui ajoute sur la foi de renseignements de terrain, que si l’État ne fait rien, « il va y avoir une révolte social. Les gens s’organisent et s’arment. Ça peut éclater à tout moment ». Pour Sidi Cissé, qui faisait partie du groupe d’auto-défense de la ville de Douentza en 2012 et qui a eu à négocier avec les djihadistes durant cette période, la situation actuelle est vraiment déplorable. « Après la crise, l’État est revenu mais ça continue. On tue froidement des gens, on les harcèle, malgré la présence de la gendarmerie et de la MINUSMA. Ça ne se passait pas comme ça même durant la crise », témoigne-t-il. « Je ne sais pas ce qu’il faut faire pour arrêter ça. Est-ce que c’est l’État qui a failli ? Est-ce que ce sont les forces de l’ordre ? », s’interroge-t-il.

Sur le retour, nous dépassons Sévaré. Sur la route qui mène à Bamako, il n’est pas rare de croiser des pickup aux couleurs camouflage, transportant 5 ou 6 militaires casqués et bien armés. Ils finissent par disparaître de notre rétroviseur. De Mopti à Douentza jusqu’à Tombouctou, ils ont aussi disparus. Comme si la ville de Mopti était un point, une ligne charnière au-delà de laquelle la sécurité n’existe plus.

 

 

 

Douentza, encore un pas en arrière pour la paix

On dira ce qu’on voudra, mais il est difficile d’occulter le fait que le problème des mouvements d’autodéfense est lié au tribalisme qui est devenu un mal profond dans cette partie du pays, et qui fait qu’on ne pense plus en Malien, mais plutôt en Imghad, Ifoghas, etc.

C’est un fait, dans le Nord, le Mali est loin de sortir du désordre. Rien ne le prouve mieux que les affrontements, sanglants, qui ont opposé samedi 11 juin, le Groupe d’autodéfense Imghads Touaregs et alliés (Gatia) au Groupe d’autodéfense Ganda Izo, à Ndacki, dans le Gourma. Le bilan fait état de 8 à 10 morts. Cet affrontement intervient dans un contexte de blocage de l’Accord de paix dont tout le monde attend la mise en œuvre pour fermer la page de la crise. Mais dans le Nord, les affrontements entre les groupes armés, les embuscades et tirs d’obus terroristes visant souvant les forces armées, les assassinats et pillages font partie du quotidien de ces populations qui se sentent abandonnées et absentes des préoccupations du pouvoir central.

Les derniers affrontements entre groupes d’autodéfense prouvent à suffisance que les obstacles sur le chemin de la stabilité sont encore nombreux. Car ce n’est pas la première fois que ces deux groupes décident d’en découdre. Depuis le début du mois de mai, les hostilités, entre eux, sont ouvertes. Dans son communiqué de ce matin, le mouvement Ganda Izo reproche au Gatia ses « velléités communautaristes longtemps cachées », mais « bien connues des autres communautés vivant dans la zone ». Le mobile de l’attaque serait que le Gatia voulait désarmer les éléments du mouvement Ganda Izo. Pour nombre d’observateurs, cela fait ressurgir la question qui était sur toutes les lèvres les jours qui ont suivi la création dumouvement : Faut-il se méfier du Gatia ?

À l’époque, nombreux sont ceux qui étaient d’avis que le Gatia avait été créé pour devenir « une force incontournable sur le terrain capable de s’imposer, d’exister, dans le dessein, éventuellement, de supplanter le leadership Ifoghas, la tribu dominante qui se trouve à la tête de la pyramide des Kel Adagh à Kidal. », écrivait le journaliste et écrivain touareg Intagrist El Ansari. Il est difficile d’occulter le fait que ce problème des mouvements d’autodéfense est lié au tribalisme, qui est devenu un mal profond dans cette partie du pays, et qui fait qu’on ne pense plus en Malien, mais plutôt en Imghad, Ifoghas…

Le plus grave reste que personne à l’heure actuelle, pas même l’État malien, ne peut obtenir de ces groupes qu’ils désarment, car tout reste suspendu désormais à l’accord de paix. Alors que l’insécurité va crescendo aussi bien au nord qu’au sud du pays. On imagine mal comment tout cela aboutira à une solution globale, à partir du moment où, dans cette situation de ni-paix ni guerre, l’Etat reste limité dans sa capacité d’intervention au nord du Mali. Alors que sa mission, des plus complexes, reste de réconcilier les « Maliens » de cette partie du territoire, sur fond de vengeance et de rivalités.

La prison de Douentza en cours de réhabilitation

« C’’est suite à  la demande des autorités pénitentiaires maliennes et les constats de nos propres missions sur le terrain que nous avons élaboré et financé la réhabilitation de la maison d’arrêt de Douentza », a déclaré Mme Melvina Thomas de la Minusma. Le lancement solennel des travaux a été fait en présence du Capitaine Lamissa Berthé, Directeur Régional de l’Administration Pénitentiaire et de l’Education Surveillée de Mopti. En réhabilitant la Maison d’Arrêt de Douentza, l’objectif de ce QIP est de faciliter le retour de l’état de droit dans la région afin de contribuer à  la lutte contre l’impunité; promouvoir la reprise du travail du personnel pénitentiaire et améliorer les conditions de détention pour rendre la prison conforme aux normes internationales des droits humains en vigueur. Selon M. Nasser Zakr, le responsable de la Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires de la Minusma de Mopti, « La prison de Douentza se trouve dans un état alarmant. Par exemple, la clôture est délabrée, elle est trop faible, ce qui pose des risques de sécurité. La prison n’a pas de tours de guet, aucune zone de recherche, pas de parloir et pas de cuisine ; les toilettes sont inexistantes. La maison d’arrêt avait été détruite par les djihadistes lors de l’occupation. C’’est pour toutes ces raisons que nous avons décidé de prendre en charge ce projet.» Les travaux qui ont débuté vendredi dernier vont concerner la construction de nouvelles toilettes, la rénovation des six cellules, la construction de la fosse septique, la construction de la salle de visite et enfin la rénovation de la cuisine ainsi que l’achat de divers équipement. La réalisation de ce projet est prévue pour une durée de 5 mois. « Nous remercions très sincèrement la Minusma pour être intervenue dans le cadre de la réhabilitation de la maison d’arrêt de Douentza. Nous les avions contactés pour nous aider. Et la Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires de la Minusma de Mopti vient de répondre à  notre demande et aujourd’hui nous avons eu le financement ainsi que le début des travaux » a déclaré le Capitaine Lamissa Berthé, Directeur régional de l’Administration pénitentiaire de Mopti. Au-delà  des prisonniers et des autorités qui en sont les premiers bénéficiaires, ce projet va également profiter aux communautés. En effet, C’’est entreprise locale qui a été retenue pour assurer les travaux, avec à  la clef, des emplois et des retombées directes et indirecte pour l’économie de la locale. « Je remercie grandement la Minusma. Avant son arrivée nous avions tout perdu. Il n’y avait plus d’économie. Quand J’ai décroché ce marché J’ai remis en place mon entreprise ! » a confié Hama Sawadogo l’entrepreneur chargé des travaux. La Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires de la Minusma de Mopti envisage aussi de réhabiliter très prochainement, toujours dans le même cadre, les maisons d’arrêt de Ténénkou et de Djenné.

Douentza remercie ses bons samaritains

Samedi, 26 octobre 2013, la place d’indépendance de Douentza a été le théâtre de la cérémonie de remerciement et de reconnaissance des actions menées par le comité de crise et de la brigade de vigilance pendant l’occupation de la ville par les groupes armés terroristes. La cérémonie était présidée par le Préfet de Cercle Monsieur Issaka BATHILY. On notait la présence des représentants des quartiers de la ville et de représentants des 21 villages de la commune, à  savoir le chef de village, un représentant des jeunes et une représentante des femmes, les membres du comité de crise et une foule nombreuse. La cérémonie a été marquée par les témoignages de la Préfecture, de la Mairie et de notables de la commune, qui ont tenus à  rappeler d’une manière solennelle les actions menées par le comité de crise et la brigade de vigilance durant l’occupation. Le comité et la brigade de vigilance, composée au total de dix-neuf personnes, ont été mis en place en juin 2012 suivant l’occupation de la commune par les rebelles du MNLA. Parmi les réalisations du comité de crise, on compte l’assistance aux élèves et aux maitres afin de permettre la poursuite des classes et la participation aux examens au même moment que les écoles des zones non occupées. Sur le plan de la santé, le comité a mobilisé la population autour des activités de vaccination et a facilité les évacuations d’urgence vers Mopti. En termes d’assistance humanitaire, le comité a accompagné les ONG dans la distribution des vivres et autres produits. Le Préfet de Douentza a salué dans son intervention le courage et l’abnégation des membres du comité de crise et de la brigade de vigilance et a loué les divers services qu’ils ont rendus à  la population. Selon ses dires, cette cérémonie se voulait avant tout une marque de reconnaissance de l’Etat aux citoyens qui se sont mobilisés d’une façon ou d’une autre durant l’occupation pour assister les populations, souvent au péril de leur vie. Il a également invité chaque citoyen à  s’inscrire dans la dynamique de dialogue, de paix et de réconciliation affirmée par le Gouvernement. De passage, le Préfet a loué le travail remarquable des forces armées maliennes, de la MINUSMA et de la force Serval pour la sécurisation des personnes et leurs biens. Il a décerné au nom de la République du Mali une attestation de reconnaissance à  tous les membres du comité de crise et de la brigade de vigilance. Le Président du comité de crise, monsieur Sidy CISSE, s’est dit honoré par l’organisation d’une telle cérémonie, et a adressé la reconnaissance à  l’Etat pour cette initiative. Une mention spéciale a été adressée au Programme d’Appui à  la Transition au Mali (PAT-Mali) pour son assistance financière et technique à  l’organisation de cet événement. La cérémonie s’est achevée par le partage d’un déjeuner bien garni au bureau de la préfecture.

Diabali et Douentza libérées (Le Drian)

C’’est de Paris qu’est venue la confirmation d’une information annoncée puis infirmée la semaine dernière. Après avoir frappé pendant plusieurs jours les positions des Djihadistes dans Diabali, l’armée malienne soutenue par les militaires français est entrée dans la localité ce lundi matin. Plusieurs sources ont indiqué le vendredi dernier que les soldats maliens avaient repris le contrôle de cette ville située en zone Office du Niger et prise pendant une semaine par les islamistes armés. Information démentie par des habitants de la localité. Kader, qui vit à  Diabali affirmait samedi «nous n’avons vu aucun militaire pour le moment. Les islamistes sont partis mais il n’y a pas encore de militaires maliens ni français ici». Depuis, la situation sur le terrain a évolué puisque ce lundi, C’’est le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui a confirmé l’entrée des troupes dans la ville. Une colonne d’une trentaine de véhicules blindés dans laquelle se trouvaient quelque 200 soldats maliens et français est entrée à  Diabali, à  400 km au nord de Bamako, sans rencontrer de résistance, a confirmé un journaliste de l’AFP accompagnant les militaires. Des habitants sont sortis saluer l’arrivée des soldats qui avançaient avec prudence, craignant notamment la présence de mines ou de pièges posés par les islamistes qui se sont repliés hors de la ville après avoir subi de nombreuses pertes en vies humaines et avoir abandonné armes et matériels sur place. Bonnes nouvelles depuis Paris Le ministre français de la Défense a également évoqué la reprise du contrôle de Douentza, à  800 km au nord-ouest de Bamako. Douentza était tombée sans combats le 1er septembre aux mains du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). « Cette avancée de l’armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations », a déclaré M. Le Drian dans un communiqué. Plusieurs sources ont fait état d’un repli des islamistes depuis le centre du pays vers Kidal, dans l’extrême nord-est, à  1.500 km de Bamako, près de la frontière algérienne. Kidal avait été la première ville du Nord conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes, qui en avaient ensuite évincé leurs anciens alliés. A Bamako, de plus en plus, on s’interroge sur le fait que les informations « fiables » sur les opérations sur le terrain n’émanent pas des officiels maliens mais des autorités françaises. On se souvient de l’épisode de la libération de la ville de Konna, annoncée par l’armée malienne pendant plusieurs jours avant qu’un communiqué de Paris n’y apporte un démenti formel, et qu’une publication des islamistes sur le réseau social Twitter ne mette à  mal la thèse de l’armée. Ce ne sera que quelques jours plus tard, soit le 17 janvier, que la ville sera véritablement reprise. Et une fois encore, la confirmation est venue de Paris. La communication de guerre, une autre façon de faire la guerre…

Hollande annonce que la France est « prête à arrêter l’offensive des terroristes »

Lors de ses vœux aux diplomates, vendredi 11 janvier à  l’à‰lysée, le président François Hollande a déclaré que la France était désormais « prête à  s’engager aux côtés de ses partenaires africains pour arrêter l’offensive des terroristes ». L’appel du président intérimaire malien Dioncounda Traoré a été entendu par l’à‰lysée. Jeudi soir, après plusieurs heures de combats à  l’arme lourde et la prise de Konna par les islamistes radicaux, l’hôte du palais de Koulouba a lancé un appel à  l’aide à  son partenaire français. Dans une lettre envoyée à  François Hollande, il sollicite l’aide militaire rapide de la France pour contrer l’offensive des jihadistes vers le sud du pays, encore sous contrôle de Bamako. Vendredi matin, lors de ses voeux aux diplomates à  l’à‰lysée, le président français a répondu favorablement à  cette demande. « La France répondra (…) strictement, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, à  la demande d’aide militaire des autorités maliennes face aux groupes islamistes armés ». « Je le dis devant vous, nous sommes devant une agression caractérisée qui met en cause l’existence même du Mali », a-t-il ajouté. D’après le quotidien français Libération, la brusque détérioration de la situation au Mali a été évoquée vendredi matin, à  l’à‰lysée, lors d’un Conseil restreint de défense réuni en urgence avant les voeux aux diplomates. à‰taient réunis autour du président François Hollande le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et celui de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Embuscade des islamistes : l’armée malienne prête à réagir ?

Cette fois, il ne devrait pas y avoir de repli stratégique. C’’est du moins ce qu’espère la population de Mopti o๠l’angoisse serait perceptible depuis quelques jours, selon un habitant. Après l’annonce de la descente rapide des islamistes vers Douentza, C’’est l’armée malienne qui semble prendre les devants, en avançant aussi vers Douentza, la ville tampon avant Mopti et Sévaré. Les troupes stationnées à  la ligne de front à  Konan auraient ainsi grignoté du terrain. Et repoussé l’ennemi qui aurait reculé, précisent les agences de presse. Si la prise de Mopti serait dramatique pour l’évolution de la situation, la piste d’aéroport est aussi visée pour empêcher l’arrivée au sol de quelconques troupes panafricaines ou de la CEDEAO. Mais il est certain que sur place, il y a du mouvement. Si les djihadistes opèrent par embuscade, cette fois, ils ont eu affaire à  une réponse de l’armée. Des tirs de sommation ou tirs de dissuasion de la part de nos forces armées, ont été rapportés entre lundi et mardi dans la soirée. Comme un message à  l’ennemi, qui on a l’impression, teste aussi nos soldats par des rondes et files de véhicules patrouillant aux abords ces villes tampons. Et ce sont toujours des habitants qui les voient et témoignent. Autre information plus inquiétante, mais toujours invérifiée et confirmée par les autorités, celle de la capture de 12 soldats maliens par les djihadistes, et que nous révèle la chaà®ne d’information Qatari. On le sait le Qatar est accusé de financer les islamistes au Nord et ce genre de nouvelles est de nature à  semer la panique chez les habitants de Mopti ou à  créer la propagande. Mais il faut tenter de relativiser. Pour l’heure, le face à  face n’a pas encore eu lieu et les autorités sont sur le Qui-vive. Les choses pourraient-elles se précipiter et la guerre commencer plus vite que prévue ? Une réunion des Etats majors devrait avoir lieu ce mardi précise RFI. Cette fois, il faudra des décisions au sommet, et ne pas laisser des généraux livrés à  eux-mêmes sur le terrain. Pour l’heure, les deux fronts se surveillent. Pour rappel, Mopti est à  600 km de la capitale malienne. Notre dernier bastion contre les fous armés.

A Douentza et Youwarou, les enfants de moins de 5 ans exposés à la mort

La caravane de presse pour la capitalisation des résultats de la mise en œuvre des soins essentiels dans la communauté organisée par l’UNICEF a poursuivi sa visite dans la région de Mopti du 19 au 23 décembre. Dans la Venise malienne, les soins essentiels de la santé donnent des résultats encourageants sauf dans le cercle de Douentza et Youwarou. Le constat est amer dans les trois régions sous occupation (Tombouctou Kidal et Gao) o๠le manque criard de soins essentiels de la communauté destinés aux enfants de 0 à  5ans pénalise la survie. Insécurité à  Douentza et Youwarou l’importance des soins essentiels n’est plus à  démontrer pour sauver les enfants du paludisme, des infections respiratoires aigues(IRA) et des maladies diarrhéiques qui constituent les premières causes de la mortalité infanto-juvénile au Mali. Dans les districts sanitaires de Mopti, les agents de santé communautaire ont pris en charge 16069 cas de paludisme, 3838 cas de diarrhée simple, 4372 cas d’IRA, 2834 cas de malnutrition aigues modérés et 1589 nouveau nés. En bref, les SEC couvrent une population totale de 331792 habitants ce qui représente 15% de la population totale de la région. Ces résultats vont de mai 2012 au 30 octobre 2012. Grace aux services d’ASC qui opèrent dans ces localités éloignées du centre de santé communautaire (CSCOM), ces enfants ont été sauvés. Mais à  cause de l’insécurité le cercle de Douentza et Youwarou n’ont pu bénéficier de cette approche sanitaire très appréciée et saluée par les populations rurales. Selon le représentant de la direction régionale de la Santé , ces chiffres seraient encore plus importants si le processus de mise en œuvre de la stratégie n’avait pas connu de perturbation dans les districts de Douentza et Youwarou. « En effet dans ces deux districts sanitaires, les agents de santé communautaire n’ont pu être installés compte tenu de l’insécurité et de l’occupation par les groupes armés » explique t-il. Et pourtant les sites SEC par district sanitaire de la région de Mopti à  la date du 30 octobre 2012 étaient de 52 pour Douentza et 39 pour Youwarou. Aujourd’hui tous ces sites sont non fonctionnels pour des raisons d’insécurité. On peut deviner que le sort de ces enfants demeure la fatalité, a souligné le professeur Abdoulaye Touré expert en Sec et point focal de l’UNICEF. Les autorités de Mopti font des efforts Par contre les cercles de Mopti qui ne sont pas sous occupation ont fait des résultats remarquables par rapport à  la mise en œuvre des SEC. De Syn jusqu’à  Sogara en passant par Docoumbo respectivement dans le cercle de Djenné, Bankass et Bandiagara, les soins essentiels sont appréciés par les bénéficiaires. Syn est un village enclavé à  cause du fleuve qui le sépare de la ville de Djenné. Dans ce village situé à  7 km du CSCOM de Djenné, les populations avaient peine à  traverser le fleuve avec les malades. Cependant l’arrivée de l’ASC a réduit le calvaire de ses populations. Le chef du village Amadou Sobo confirme ainsi , « pour amener nos enfants malades à  Djenné, il fallait faire des heures pour attendre le bac qui traverse le fleuve. Actuellement nous avons un agent de santé à  notre disposition et Dieu merci ». Dans cette bourgade, le poids de l’islam a fait échouer la planification familiale selon l’ASC Fatoumata Coulibaly. Il en est de même à  Sogara située à  16 km de la ville de Bankass o๠les soins essentiels sont indispensables pour les besoins de santé dans ce milieu dogon. Concernant le village de Docoumbo dans le cercle de Bandiagara, le rôle prépondérant des soins essentiels a conduit les autorités à  inscrire la prise en charge dans le budget de la mairie. Les autorités administratives locales et sanitaires sont fortement engagées pour la pérennisation des ASC. Ce qui a été confirmé par le président du Conseil du cercle de Mopti : « Nous n’allons pas attendre le retrait des partenaires. Les villages bénéficiaires des SEC et leurs mairies ainsi que les Asaco vont se réunir dans un bref délai pour la prise en charge des ASC ». Modibo Fofana, envoyé spécial

Après la reprise de Douentza, les Maliens entre peur et questionnements

Les Maliens ont appris à  la fois avec stupéfaction et indignation la nouvelle de la prise, samedi dernier de Douentza ( à  160 km de Mopti) par le MUJAO. La nouvelle vient en rajouter aux couleuvres déjà  avalées par les Maliens depuis la chute des 2/3 du territoire national. Beaucoup sont partagés entre psychose et questionnements. Faut-il croire à  la vertu du dialogue ? Qu’attend l’Etat pour passer à  l’offensive ? La prise de Douentza marque-t-elle celle imminence d’une attaque de Mopti ? Autant de questions qui hantent nos compatriotes dépités par la situation. Tout sauf la négociation Certains y voient la limite, voire l’incongruité des initiatives citoyennes qui prônent le dialogue pour recouvrer le nord du pays, comme le cas de la «Â Coalition pour le Mali«Â . «Â Ces coalitions travaillent pour leur propre promotion. Le dialogue est un projet onirique. On a fait que cela depuis des années avec le résultat que l’on sait. Dans le cas actuel du pays, il est illusoire d’engager le dialogue quand on est en position de faiblesse. Ces gens nous font perdre du temps », analyse ce professeur d’histoire et géographie du secondaire. Fanta Doumbia, ménagère, n’a appris la nouvelle que ce matin sur les ondes d’une radio privée. Pour elle «Â C’’est la faute à  ceux qui prêchent le dialogue au lieu de la guerre. A ce rythme, le Mali tombera encore plus bas » D’autres déversent leur bile sur l’Etat dont l’attitude est jugée pusillanime. «Â On a l’impression que l’Etat affiche une indifférence déconcertante face à  l’avancée des terroriste du nord qui prennent le temps de s’enraciner », peste Madou Diarrra qui croit dur comme fer que les forces d’occupation ne connaissent que le langage des armes. « On a déposé le régime de ATT sous prétexte qu’il ne combattait pas les bandits armés. Pourquoi faire comme lui ? C’’est aberrant ! », maugrée Adama Samaké, vendeur de son état. Joint par nos soins, un militaire malien en poste à  Sévaré, actuelle base après la chute de Gao, informe que le MUJAO avait armé les jeunes pour lutter contre le MNLA. Ils ont comblé, explique –il, le vide laissé par le MNLA en désarmant les jeunes du Ganda Iso considérés comme des complices de l’Etat. Le MUJAO peut-il progresser ? Le porteur d’uniforme est formel : «Â Il est hors de question que le MUJAO arrive à  Mopti ? On se tient sur le qui-vive. Le moral de la troupe est au beau fixe malgré les tergiversations des plus hautes autorités ».

Edito : Douentza, dernier vestibule avant la guerre ?

La prise de Douentza n’en est pas une. Mais une simple consolidation de la présence du Mujao dans cette zone, o๠il circulait déjà . l’effet de communication est malgré tout bien passé. La nouvelle, relayée par les médias internationaux, a une fois de plus réussi, à  créer l‘inquiétude chez les Maliens. Après Douentza, que va-t-il se passer ? Jusqu’o๠comptent -ils s’arrêter ? A quelle résistance feront face nos assaillants? Des préoccupations nationales qui ne semblent pas alarmer un gouvernement d’Union nationale, plus occupé à  s’installer à  Bamako, qu’à  gérer véritablement la question du nord. On nous rabâche pourtant l’option négociation, les pourparlers, du reste, engagés par des initiatives citoyennes comme celle de la «Â Coalition pour le Mali », en lieu et place des autorités de transition. Quels sont les urgences du gouvernement, alors que les groupes armés sont désormais positionnés à  170 km de Mopti et que l’armée compte des éléments à  Konan, une ville située à  120 km de Douentza. l’affrontement est-il pour bientôt ? Côté gouvernement, on assure que les hommes sont à  l’entraà®nement, sont formés, rééquipés, en vue de cette libération tant attendue du nord. Du côté, des occupants, la provocation elle n’a plus de limites. En témoigne l’annonce de la mort présumée d’un diplomate algérien retenu depuis le 5 Avril, par le Mujao. En attendant, il faut négocier. Mais que négocier lorsque des populations subissent tous les jours des violations de leurs droits des brimades quotidiennes. A défaut des milices d’autodéfense ou des groupes de jeunes, qui s’entraà®nent en catimini à  Bamako, l’histoire retiendra la longue hésitation de Bamako face à  ses assaillants.

Mali : les islamistes armés occupent une autre ville du pays

Un instituteur de la ville, Moussa Dicko, a indiqué que des membres du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) avaient pénétré dans la ville samedi matin. «Les gens de Mujao sont arrivés à  bord de neuf véhicules 4×4. Ils ont désarmé les gens de Ganda Iso, une milice locale», a-t-il expliqué. «Ils ont pris toutes les armes, ensuite ils les ont chassés», a-t-il ajouté, précisant que les islamistes avaient ensuite tenu «une réunion» avec les notables de la ville au cours de laquelle ils avaient expliqué que les milices de Ganda Iso – qui avaient promis de travailler avec eux – étaient des «traà®tres». D’après ce témoin, ils auraient pris les différentes entrées et sorties de la ville. Un autre habitant de Douentza, un agriculteur, a confirmé ces propos. «Il n’y a pas eu de morts. Maintenant, ils sont à  l’entrée est et ouest de la ville», a expliqué cet habitant. Les trois régions administratives de Tombouctou, Gao et Kidal, dans le Nord du Mali, sont occupées depuis cinq mois par le Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam). Deux groupes islamistes alliés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamiste (Aqmi) qui en ont évincé leurs anciens alliés rebelles touareg, sécessionnistes et laà¯cs.

Douentza a son festival !

« Ce festival est une initiative patriotique, et témoigne de la volonté de ses initiateurs de sauvegarder l’un de leur patrimoine les plus chers. Un peuple qui ne revisite pas sa culture, est un peuple qui est appelé à  disparaitre… ». C’’est en ces termes que le maire de la commune urbaine de Douentza a exprimé son adhésion au projet d’organisation de la 1ère édition du Festival Daoula Pulaaku. Prévue du 17 au 20 décembre prochain, cette importante manifestation artistique et culturelle se veut un projet de développement pour la localité. Valoriser la culture Peulh Organisé par l’Association Promotion Art Culture et Développement au sahel (APACD), le Festival Daoula Pulaku de Douentza est une première du genre dans la localité autour de la promotion et la valorisation du patrimoine peulh. Pour les initiateurs, le choix de Douentza n’est nullement fortuit. Composée de 6 arrondissements et de 15 communes, cette localité est majoritairement peulh. Le festival Daoula Pulaaku entend être une tribune pour tous les Sahéliens autour de la richesse artistique et culturelle du monde peulh. Ce qui fera dire à  la directrice du festival, que l’objectif est de créer un cadre d’expression culturelle pour les peuples du sahel, e valoriser la musique du sahel et de participer au développement socioculturel du cercle Douentza en encourageant la promotion de la paix et des jeunes talents. En clair, poursuit Mme Djénéba Bolly, le festival Daoula Pulaaku se propose de réunir les peuples sahéliens de la sous-région ouest-africaine autour de plusieurs activités culturelles, notamment la danse, la musique, l’art vestimentaire, l’art capillaire et les produits artisanaux. Carrefour d’intégration et de brassage des peuples Pour cette première édition, une brochette d’activités sont au programme : concerts, foires exposition-vente, foire animale, les jeux de société et des sports divers. Le festival Daoula Pulaaku C’’est aussi des conférence-débats sur des thèmes liés au développement de la zone et à  la promotion de la paix. Bref, ce festival offre l’occasion aux populations de la région du sahel et aux festivaliers de découvrir le riche patrimoine de la culture des peuples sahéliens. Les autorités politiques et administratives de la localité, qui ont exprimé leur entière adhésion à  l’initiative, ont salué le projet de promotion de la culture. Pour cette 1ère édition, les participants viendront de nombreux pays du Sahel comme le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, etc. Avec le Festival Daoula Pulaku de Douentza, C’’est la culture qui gagne.