Peuls du centre du Mali : Une crise qui vient de loin

Les premiers signaux forts datent de plusieurs années déjà. Depuis l’apparition du Front pour la Libération du Macina, mené par le prédicateur peul Amadou Koufa, les Peuls sont pris pour cible par tous les acteurs sur le terrain. Une situation qui désormais semble échapper à tout contrôle.

C’est du moins ce que soutiennent les différents mouvements de défense de ce qu’il est convenu d’appeler « la cause peule ». La situation a complètement dérapé, déplorent ces groupes et associations, qui rappellent qu’ils tirent la sonnette d’alarme depuis 2015. Tabital Pulaku et Kisal, entre autres, ainsi que plusieurs personnalités de la communauté avaient relaté de nombreux cas d’attaques de hameaux peuls ou de bergers, avec un schéma récurrent, aboutissant à l’enlèvement du bétail. « On nous tue pour nous voler nos animaux », assure Amadou (pseudonyme), joint au téléphone dans la région de Mopti. Extrêmement révolté par la situation, il affirme avoir vécu la dernière attaque à Nantaka et se dit de moins en moins sûr que ce soit des « chasseurs » qui s’en prennent à sa communauté. « Nous avons toujours vécu en bonne entente avec les Bambaras, les Bozos, les Dogons. Pourquoi cela a-t-il changé ?», se questionne également Boubacar Bah, agent comptable à Bamako. « Nous ne devons pas payer pour Koufa. Ils savent où il est, qu’ils aillent le chercher et qu’ils nous laissent tranquilles »….

Crise négligée Début 2015, commentant les résultats d’une étude menée par l’Institut Macina, qu’il dirige, Adam Thiam déclarait « plusieurs mouvements locaux et des organisations des droits de l’homme rapportent et dénoncent des exactions dont les forces de l’ordre se rendraient souvent coupables contre des éléments peuls sur le simple fait qu’ils sont Peuls. S’y ajoutent les violences des groupes de chasseurs traditionnels, les Dozos, contre des éléments peuls ». Le journaliste-chercheur disait déjà à cette époque son inquiétude de voir s’installer un  « cycle de vendetta ou de colère », portant les « germes de conflits interethniques encore plus inquiétants ». « Enjeux et dangers d’une crise négligée », tel était le titre de l’étude. Trois ans et demi plus tard, les prédictions les plus pessimistes se concrétisent. Le cycle attaque – vengeance redouté s’est installé. L’une des recommandations de l’Institut Macina était une plus forte présence de l’État. « Mieux d’Etat », expliquait M. Thiam. « C’est pour cela que je parle de la force, de la présence et de la légitimité de l’État. Ce n’est que l’État qui peut régler cette question, ou il en subira les conséquences », conclut Abdelhak Bassou, chercheur spécialiste à l’OCP Policy Center des questions de sécurité et de terrorisme au Sahel.

Étienne Poudiougou : « C’est une manœuvre pour m’évincer de la mairie de Koporo-Na »

Étienne Poudiougou, maire de Koporo-Na (cercle de Koro) a été suspendu le 14 avril dernier de ses fonctions pour avoir rédigé une lettre intimant à la communauté peule de quitter sa commune. L’élu, traité de « raciste » par certains, qui vit aujourd’hui caché, a expliqué à Journal du Mali les tenants et aboutissants d’une affaire qui a secoué le pays tout entier.

Dans quelles circonstances avez-vous été amené à rédiger cette lettre ?

Je tiens d’abord à dire qu’il n’y avait pas de confrontation entre Peuls et Dogons dans mon village, pas de situation conflictuelle. Le samedi 7 avril, il y a eu une réunion sur la paix et la réconciliation à Pel Maoudé. À l’issue de la rencontre, les participants étaient convaincus que ces histoires de conflits entre Peuls et Dogons allaient prendre fin et étaient satisfaits. Parallèlement se tenait à Koro une autre réunion, rassemblant les chasseurs de Koro et de Koporo-Na. Peu de temps après, des soi-disant chasseurs de Koporo-Na sont revenus avec un papier, qu’ils ont distribué aux chefs de village, leur intimant de chasser les Peuls de leurs localités.

Il y avait donc déjà eu un appel à chasser les Peuls ?

Oui, et j’en ai été le premier surpris quand j’ai été saisi de la diffusion de cette propagande. J’ajoute que le dimanche j’avais reçu des appels disant que, pendant notre réunion, j’avais demandé à ce que l’on chasse les Peuls de la commune. Dès le lundi 9 avril, j’ai convoqué d’urgence tous les chefs de village. Je leur ai dit que cette situation était inacceptable, car nous vivons avec les Peuls depuis toujours et que les chasser était impensable. Ils étaient d’accord et nous avons décidé d’envoyer une mission à Koro pour avertir de ce qu’il se passait. Nous avons contacté les chasseurs pour qu’ils préviennent leur coordination à Koro. Il y avait 7 personnes dans la délégation, dont moi-même. Le 10 avril, tout le monde était présent, sauf les chasseurs. Nous sommes repartis. Durant notre trajet, nous les avons appelés plusieurs fois, mais ceux que nous avons contacté ont refusé de décrocher leur téléphone.

Vous pensez que les chasseurs sont derrière cette propagande ?

Le chef des chasseurs de Koporo-Na, ainsi que l’adjoint de la coordination des chasseurs, que nous avons rencontrés, nous ont fait savoir que leur confrérie n’était pas au courant et n’avait rien à voir avec cela. Je doute que ceux qui ont décidé ça soient vraiment des Dozos. Toujours est-il que je suis revenu à Koporo-Na pour y passer la nuit. J’ai été appelé par un proche qui m’a dit que deux personnes étaient venues le voir et lui avaient dit que je devais faire un communiqué demandant aux Peuls de quitter le territoire de la commune. Si je refusais, je serais tué, ainsi que ma famille et tous les Peuls. J’ai eu peur et j’ai écrit la lettre, pour me protéger, protéger ma famille et protéger les Peuls de ma commune.

Pourquoi ne pas en avoir d’abord parlé aux autorités ?

J’ai agi sous la menace et parce que je n’avais aucune protection. Je suis d’ailleurs toujours menacé. Je me désengage de cette lettre. C’est parce que j’ai refusé que le message de propagande soit diffusé partout dans ma commune que j’ai été considéré comme un ennemi. Les Peuls de Koporo-Na peuvent témoigner que ce n’est pas mon genre de tenir de tels propos. Je n’ai aucun sentiment xénophobe envers eux, nous avons toujours vécu en harmonie.

L’avis manuscrit rédigé le 12 avril dernier par Etienne Poudiougou, maire de Koporo-Na.

Selon vous, qui se cache derrière ces menaces et dans quel intérêt ?

Je suis visé par des personnes mal intentionnées. Pour que leur propagande soit crédible, elles m’ont forcé à écrire cette lettre en tant que maire. C’est une manœuvre politicienne pour m’évincer de la mairie, en faisant peser sur moi de graves accusations. Les deux personnes qui ont proféré ces menaces de mort sont connues, ce sont des émissaires de mes concurrents politiques. Je fais partie de l’UDD (Union pour la Démocratie et le Développement), le Président de la section de Koro, à laquelle j’appartiens, est Maître Hassan Barry. Comment peut-on me considérer comme raciste alors que le Président de la section locale de mon parti est un Peul ?

Qui sont ces concurrents politiques ?

Je ne peux pas les citer. Cela a commencé lorsque le maire élu est décédé. J’ai été désigné pour être le nouveau maire, ce qui a créé des contestations et des jalousies. Certains ont refusé ma nomination. L’affaire est allée jusqu’à la Cour suprême, mais leur requête n’a pas abouti. L’UDD a conservé la mairie. Les perdants n’ont jamais accepté cela malgré la décision de la Cour suprême.

La communauté peule a-t-elle commencé à quitter le commune ?

les Peuls sont toujours là , aucun chasseur n’est venu leur dire de partir. Aucun peul n’est venu me visiter à ce sujet.

Craignez-vous toujours qu’on attente à votre vie et comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai quitté Koporo-Na pour me protéger. J’ai quitté ma maison et je suis parti loin. Je ne peux pas vous dire où je me trouve. Je reviendrai, mais actuellement la situation ne le permet pas. Je suis victime d’une conspiration et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve.

Talataye : Vivre dans la peur

Depuis une dizaine de jours, la commune rurale de Talataye, une localité isolée située dans le cercle d’Ansongo, est en proie à de vives tensions. Terrorisme ou conflit interethnique, enjeu sécuritaire et jeux d’intérêts entre groupe armés, ont installé un climat délétère dans cette commune, restée longtemps dans le giron de la CMA et qui vit depuis des années comme repliées sur elle-même.

En ville, quand ils sortent, les gens ne s’attardent plus, le marché de Talataye d’habitude très fréquenté qui attire les samedi, forains, éleveurs et commerçants des alentours, comme du Niger et de l’Algérie a désempli, la peur et l’incertitude ont gagné la population depuis l’attaque par des hommes armés non-identifiés, le 2 février dernier, du village voisin d’Inwelane, qui a fait 4 victimes, dont l’imam de la mosquée pris en otage puis égorgé par les assaillants. La présence d’un important contingent du Mouvement pour le Salut de l’Azawad ( MSA ) épaulé par le GATIA ( Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés ), qui ont pris en chasse ces hommes armés qualifiés de djihadistes, au lieu d’amener la sécurité et l’apaisement semble avoir exacerbé les tensions. « Le MSA, après avoir pourchassé les présumés djihadistes, est revenu en armes à Talataye quatre jours plus tard. Ils nous ont dit que ceux qui ont attaqué Inwelane étaient des djihadistes et qu’ils avaient été guidés par des gens de Talataye. Ils cherchaient 5 personnes, mais ils ne les ont pas trouvées, car la plupart des hommes apeurés ont quitté le village ne laissant que les femmes et les enfants. C’est là que le harcèlement, les arrestations et les violences ont commencé et ont duré 3 jours », confie amèrement ce commerçant, affecté psychologiquement et qui songe depuis ces événements à quitter la commune. Pour le MSA, dans cette localité où l’on tient à la mosquée des prêches rigoristes, où on contraint les femmes à ne pas se rendre au marché et à se vêtir convenablement, la proximité de certains habitants avec les djihadistes ne semblait faire aucun doute.

Pourtant, dans la commune, bien que l’on ne sache pas réellement qui sont les assaillants, la thèse d’une attaque commise par des éléments djihadistes ne convainc pas vraiment. Les regards se tournent plutôt vers Inwelane où quelques semaines auparavant un éleveur peul a été assassiné et son bétail volé par des hommes armés du village, un état de fait loin d’être rare dans la zone.

Djihadistes ou conflit interethnique ?

« Les gens d’Inwelane et de Talataye appartiennent à la même communauté, les Daoussahak. La majorité des combattants du MSA viennent du village d’Inwelane et ils sont tous armés là-bas. Les gens de Talataye ont désapprouvé l’assassinat de ce Peul, ils en ont même appelé à la justice pour dire qu’ils ne veulent pas de ça chez eux, qu’ils ne veulent pas de problème avec d’autres communautés, une position qui n’a pas vraiment été appréciée à Inwellane. Je pense que cette attaque était surtout un règlement de compte. Si le MSA préfère dire que ce sont des terroristes, c’est peut-être qu’en disant cela ils pensent pouvoir obtenir un soutien du gouvernement ou de la communauté internationale», affirme cet habitant de la commune sous anonymat.

Un avis partagé par Salah Ag Ahmed, le maire de Talataye : « Je ne peux pas dire que ceux qui ont attaqué Inwelane sont des terroristes. Mais ils étaient majoritairement composés de Peuls et malheureusement les gens, dans l’ignorance, considèrent que tous les Peuls sont avec les terroristes. Quand les gens ont appris qu’un Peul avait été assassiné et volé, ils ont tout de suite su qu’il y aurait une réaction et ça n’a pas tardé », explique-t-il.

En dehors de cette attaque qui semble être à forte connotation ethnique, un autre enjeu, en forme de bras de fer, oppose la population de Talataye au MSA : la sécurisation de la commune, dans laquelle le mouvement armé aimerait implanter un poste de sécurité.

Sécurité et jeux d’intérêts

À Talataye, on voit d’un très mauvais œil l’installation d’une force armée dans le village, qui pourrait remettre en question la paix relative qui règne dans la commune. « La population de Talataye était en parfaite entente avec tous ses voisins, l’arrivée d’un groupe armé va créer plus de problèmes. S’il y a des attaques, la population dans sa grande majorité préfère que ce soit résolu d’une autre manière que par la force, parce qu’avec la force des représailles s’ensuivront. », soutient le maire de la commune. « Je n’ai aucune confiance dans les groupes armés, car ils sont comme les terroristes, ils ne suivent aucune loi, ils font ce qu’ils veulent », assène cet autre habitant.

Reste que la commune de Talataye demeure une zone convoitée par les groupes armés car elle est en quelque sorte une plaque tournante entre l’Algérie et le Niger. Le marché y est très important d’un point de vue économique et ces retombées conséquentes pourraient permettre à ces groupes de financer certaines de leurs activités. « C’est une zone qui a longtemps échappé au contrôle des mouvements armés qui sont vers Ménaka, le GATIA et le MSA , ça devient même un défi pour eux de la contrôler », explique Salah Ag Ahmed

« Moussa Ag Acharatoumane, le Général Gamou, Alghabass Ag Intalla, ils sont tous venus à Talataye, ils ont fait des réunions avec les responsables de la localité. ils veulent avoir leur part dans la gestion de la commune, car c’est une zone importante. Je pense que la population préférerait être sécurisée par le HCUA ( Haut conseil pour l’unité de l’Azawad ) puisque le maire est de ce mouvement. Il habite à Kidal et vient très rarement ici. Il doit certainement y avoir une rivalité entre la CMA ( Coordination des mouvements de l’Azawad ) et le MSA pour contrôler la zone », ajoute cet élu d’un village voisin.

À Talataye, un des villages où le drapeau du MNLA ( Mouvement national de libération de l’Azawad ) a flotté pour le première fois avant même l’éclatement de la rébellion, cette question de la sécurisation de la commune a pour le moment engendré un statu quo. Le MSA est parti avec armes et bagages, en début de semaine, en direction d’Indelimane, mais la population sait déjà qu’ils reviendront. La gestion de cette petite localité du cercle d’Ansongo reste un enjeu pour ces groupes armés qui ne semblent considérer la population que comme un faire-valoir à sécuriser, posant par la même des questions qui pour le moment restent sans réponse : peut-on protéger une population contre son gré ? et qui protégera cette population de ses protecteurs ?

Ménaka : Le MSA se désagrège

Il y régnait un calme quasi-exceptionnel, mais, depuis quelques semaines, la région de Ménaka tombe dans l’insécurité, avec des affrontements entre le MSA et des groupes armés vers la frontière nigérienne. Ces affrontements ont créé une fissure au sein du mouvement, avec la démission, le 11 octobre dernier, de  certains chefs de fractions de la communauté Daoussahak, au profit du HCUA, membre de la CMA. L’un d’eux, Siguidi Ag Madit, de la fraction Idoguiritan, a expliqué au Journal du Mali les raisons qui les ont poussé à faire ce choix.

Quels sont les chefs de fractions qui ont démissionné du MSA pour le HCUA ?

Le maire de la commune  d’Inekar, Almahmoud Ag Hamad Taha ; Alhassane Ag Afoya, ancien Président du conseil de cercle de Ménaka ; le marabout Hamad Ehya Ag Alwafi,  Rhissa Ag Mahmoud, chef de la fraction Tabhaw, et moi-même, chef de la fraction Idoguiritan, la plus grande fraction de la région de Ménaka, avons décidé de démissionner du MSA avec nos fractions.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à quitter le mouvement ?

La principale raison est directement liée à Moussa Ag  Acharatoumane, le chef du MSA. Quand il y a eu les affrontements entre la CMA et le GATIA, il avait dit que nous, les Daoussahaks, n’étions pas concernés et qu’il faut que nous ayons notre propre un mouvement. C’est ce que nous avons fait. Almahmoud Ag Hamad Taha et moi étions les seuls à le soutenir, ce jour-là. Depuis, il n’a fait que prendre des décisions sans nous consulter, il n’y a pas eu un seul jour où il nous a appelés pour  que nous prenions des décisions ensemble. Une de ces décisions nous a causé tous les problèmes du monde.

Laquelle ?

Quand il est allé au Niger, nous avons appris qu’il avait signé un accord pour combattre les Peulhs et les Arabes. Depuis, ces communautés nous font la guerre et nous n’avons pas les moyens de nous défendre. Il nous a aussi mis en guerre avec  les Imajaghans, dont le chef traditionnel est le député Bajan Ag Hamatou. Tous ces affrontements nous ont affaiblis et maintenant nos populations ne peuvent plus retourner chez elles, car les Daoussahaks ont tué un nombre important de Peulhs. Je n’ai jamais vu une telle catastrophe arriver à Ménaka. Ce problème-là nous préoccupe au plus haut niveau. C’est la paix que nous voulons. Il  ne va plus nous mettre en guerre contre les autres.

Quand Moussa est allé au Niger, qu’est ce qu’il a signé exactement ?

Nous avons appris qu’il nous avait engagés, nous, les Daoussahaks, dans une guerre contre les Peulhs pour aider à combattre le MUJAO, alors que le MUJAO est en guerre contre les forces étrangères. Si nous nous mettons en travers du chemin du MUJAO, il nous chassera de notre terroir. Le MSA ne peut plus faire face à ces gens-là, il ne peut plus nous protéger. Les  déplacés et les morts dont vous entendez parler, c’est à cause de cela.

Donc, ces Peulhs qui vous combattent font partie du MUJAO ?

Moi je ne sais pas vraiment. Je sais seulement que ce sont des Peulhs et des Arabes. Nous cohabitions ensemble paisiblement mais maintenant ils nous font la guerre à cause de ces décisions.

Quelles seront les conséquences de votre démission pour  le MSA ?

Je ne sais pas, mais nous ne sommes plus d’accord avec le leadership de Moussa. On ne peut plus tolérer que des gens d’ailleurs viennent travailler à Ménaka puis nous laissent. Moussa Ag Acharatoumane ne prenait que des personnes originaires de Talatayte (commune d’Ansongo – NDLR), pour tout ce qu’il faisait, et personne parmi nous, à Ménaka.

Vous étiez auparavant au MNLA. Pourquoi avoir choisi le HCUA?

Oui, c’est vrai, nous étions au MNLA. Notre engagement était avec le MNLA car c’est là-bas que nous étions et avions combattu. Mais nous ne nous sommes rendu compte de notre choix qu’après avoir déjà donné notre parole au HCUA. En même temps, il se trouvait que c’est avec Alghabass Ag Intallah (chef du HCUA – ndlr) que nous étions en contact. Nous avons intégré le HCUA aussi pour nous protéger de toutes ces guerres. Ce n’est pas pour l’argent ou autre chose.

Qu’espérez-vous de ce ralliement à la CMA ?

On n’aurait jamais dû quitter la CMA, surtout au moment où il y a eu des avantages,  avec l’Accord de paix. Le MSA n’est pas un grand mouvement, comme la CMA et la Plateforme. Nos enfants n’auront pas de place dans l’intégration, ni de  travail. C’est pour cela aussi que nous avons pris cette décision.

Songhaï et peuls enterrent la hache de guerre

À Tassiga, samedi 26 août, s’est achevé une rencontre intercommunautaire rassemblant une centaine de participants de la commune de Bourra pour mettre un terme aux conflits qui opposent la communauté Songhaï à la communauté peule de la commune. À l’issue de cette rencontre, les deux communautés ont décidé de cesser les hostilités et de travailler ensemble pour le retour de la paix.

Le climat de suspicion et de terreur qui régnait dans la commune de Bourra pourrait être en passe de n’être plus qu’un mauvais souvenir. C’est du moins ce que les populations de la commune, habituées aux attaques et braquages espèrent. Alors que s’est achevé, samedi dernier, une rencontre qui a réuni, autour de l’ancien premier ministre Ousmane Issoufi Maiga, natif de Bourra, les leaders des communautés peules et songhaï, les chefs traditionnels, marabouts, chef des mouvements armés, jeunes et femmes de la commune et des alentours.

Durant ce forum, tous ont pris l’engagement d’arrêter les affrontements pour privilégier la paix et s’en remettre aux mécanismes de résolution des conflits en cas de problèmes. « Si par hasard, il y a des dérapages par-ci par-là, ils devront s’adresser immédiatement aux leaders communautaires, aux chefs traditionnels, à la commune, pour toujours essayer de résoudre les problèmes à l’amiable et qu’il n’y ai plus jamais ça », explique Ahmadou Cissé, ancien maire d’Ansongo.

Dans le cercle d’Ansongo, affrontements et violences entre les communautés daousak, peules et songhaï, sont fréquentes. Le GATIA intervient souvent lors des événements comme les foires pour sécuriser et dissuader le banditisme. Beaucoup de jeunes de ces communautés ont rejoint les mouvements armés qui sont aussi en conflit ouvert. La signature récente d’une entente entre Imghad et Daousak semble s’inscrire aussi dans une dynamique de paix dans cette zone qui vit dans une insécurité quotidienne, même si certains préfèrent rester prudents. « Je crois que tout ira bien, mais il y aura quand même des dérapages, parce que le vol de bétails c’est devenue une sorte de coutume par ici. Avant, ça se faisait sans armes mais aujourd’hui avec les armes ça donne une autre dimension. Mais bon, en tous cas, il se sont engagés », lance cet habitant de la commune de Bourra, joint au téléphone, qui attend «quand même de voir ».

Une trentaine de morts dans de nouvelles violences au centre du Mali

De nouvelles violences intercommunautaires ont fait une trentaine de morts dans le centre du Mali. Les affrontements ont pour l’heure cessé mais la tension reste toujours vive.

Un nouveau carnage intercommunautaire. Dans la nuit du vendredi 16 juin, Souleymane Guindo, chasseur dogon perd la vie dans le cercle de Koro situé dans la région de Mopti. Selon son fils d’une vingtaine d’année qui l’accompagnait, il a été assassiné par un peul. C’est ce dernier qui réussit à s’échapper qui alla donner l’alerte dans son village. Le lendemain (samedi 17), une expédition punitive est lancée par les dogons pour venger la mort de leur « frère ». « Les chasseurs dogons se sont rendus dans deux villages peuls où ils ont massacré et brulé des greniers de mils » affirme Madio Dame, maire de Dioungani. Le bilan est lourd. Selon les autorités, 31 personnes ont péri dont 27 peuls et 4 dogons.

Un détachement de l’armée malienne s’est rendu sur les lieux dimanche 18 pour essayer d’apaiser la situation. « Nous avons fait une expédition avec le gouverneur de Mopti (Sidi Samake) pour voir les différents protagonistes et les demander de calmer le jeu, et de ne pas se provoquer mutuellement » explique Dame. Les différentes parties ont fait montre de leur bonne volonté, mais la situation serait toujours précaire. « Il y’a toujours des tensions, ils ont promis d’arrêter, mais c’est toujours tendu » estime le maire. Pour éviter de nouveaux affrontements, les localités ont demandé l’appui du gouvernement. « Nous avons besoin d’une présence militaire qui pourrait prévenir d’éventuels débordements » souhaite Dame. Une enquête serait en cours pour situer les différentes responsabilités et punir les fautifs.

Les violences se multiplient dans le centre du Mali depuis plus d’un an maintenant. Le 14 février 2017, des affrontements ethniques avaient causé la mort de 20 personnes dans le centre du pays.

 

Formation d’un nouveau groupe armé de défense des peuls

Un nouveau groupe armé qui entend défendre les peuls est en formation. Le groupe actif dans les régions d’Ansongo , Fafa et Haire, arbore sur leur drapeau les couleurs rouges vert et blanc et se disent non-djihadiste et non séparatiste. Ils reconnaissent l’État malien et ne revendique aucun territoire.

Abderrahmane Cissé, un ancien commandant de Ganda Izo et Obel Bréhima un ex membre duGATIA serait des personnalité de premier plan de ce nouveau mouvement créé pour pour défendre la communauté peule contre les abus des forces de sécurité malienne, des groupes armés et de la pression djihadistes dans la région

Ce groupe entend rassembler les petits mouvements actifs au sein de leur zone d’opération pour renforcer leur mission. Ils appellent également les leaders des mouvements de la communauté peule à les soutenir matériellement et financièrement pour mener leur mission à bien.

Interrogé sur la formation de ce nouveau mouvement, Oumar Aldjana, secrétaire général de l’ANSIPRJ à déclaré au Journal du Mali, « l’ANSIPRJ est plus soudé que jamais, ce groupe s’il n’est pas créer par Bamako devra prouver ces déclarations sur le terrain, la cause des peules a besoin de plus que les déclarations d’intention d’un énième mouvement de défense, pour l’instant j’attends de voir ».

Cycle de violence et de vengeance au centre du Mali

13 personnes ont perdu la vie ce weekend à Ké-Macina, dans des affrontements intercommunautaires

Ce week-end, un violent affrontement a eu lieu près de la région de Ségou, à Ké-Macina, entre des éleveurs peulhs et des agriculteurs bambaras. Une dizaine de personnes ont trouvé la mort, et plusieurs habitations ont été incendiées. Le bilan s’est alourdi, le maire de Macina, Békaye Samaké avait au préalable annoncé 7 morts, tandis que le ministère de la sécurité affirme que 13 personnes en tout ont péri dans l’affrontement.

La cause de toute cette violence est l’assassinat, ce samedi, de Cheickna Traoré, agriculteur bambara. Accusés d’être responsables du forfait, les peuls ont donc été pris pour cible par la communauté bambara, pour se venger. Par contre, une autre thèse est avancée, selon laquelle Cheickna Traoré aurait été assassiné par de présumés djihadistes. Un détachement militaire a été déployé dans la zone ce lundi, pour calmer les tensions et les dissuader d’un autre affrontement.

Le centre du Mali fait l’objet de terribles affrontements entre ces deux peuples. En plus, ils sont souvent soupçonnés de collusion avec les djihadistes, à cause de la présence, depuis deux ans, du mouvement armé fondé par Amadou Koufa, le prédicateur radical peulh allié au groupe djihadiste Ansar dine du chef touareg Iyad Ag Ghaly. La semaine dernière, une opération avait d’ailleurs été menée par l’armée malienne contre une base arrière des fidèles d’Amadou Koufa à Dialloubé, toujours au centre du Mali. L’opératon a fait en tout plusieurs bléssés, des arrestations et au moins 1 mort.

Schisme au sein de l’ANSIPRJ 

L’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), ce mouvement politico-armé fondé en juin dernier par Oumar Aldjana, a connu samedi 24 septembre une scission. Son vice-président, aurait claqué la porte du mouvement pour «rejoindre le processus de paix» dans le pays.

L’ANSIPRJ, mouvement politico-armé de défense visant à protéger la communauté peule contre l’armée et les milices, fondé en juin dernier et qui a revendiqué, à l’instar d’Ançar Eddine, en juillet, une attaque contre une base de l’armée malienne à Nampala où 17 soldats ont péri, a connu des défections massives, samedi dernier, avec le départ d’environ 200 combattants (alors que le mouvement en revendique 700) dirigé par, Sidi Bécaye Cissé, vice-président du mouvement. « Désormais, il y a une scission au sein de l’ANSIPRJ. Avec près de 200 combattants, j’ai décidé de rejoindre le processus de paix », a déclaré Sidi Bécaye Cissé, faisant état de « divergences » avec le président du mouvement, Oumar Aldjana, qu’il accuse de « négocier avec les présumés djihadistes du centre » du Mali. Ce dernier a démenti « toute accointance avec les djihadistes ».

L’anthropologue-chercheur Bréma Ély Dicko, fin connaisseur de la région et des groupes armés du Centre Mali, doute de l’effectivité de cette scission, « Bécaye et Oumar avaient les mêmes convictions sur le problème peul, ils ont pris les armes pour être entendu et pour que l’État se préoccupe de la situation. S’il y a une scission réelle alors ça doit être pour une question de leadership. Bien qu’en accord sur de nombreux points, Bécaye n’a pas la même connaissance et les même relations qu’Oumar Aldjana. L’association avec les djihadistes même si elle est réfutée par Aldjana est plausible, si l’État malien ne coopère pas avec ces groupes armés qui entendent défendre la cause peule, il est possible qu’ils s’associent ponctuellement avec les djihadistes, l’objectif restant toujours le même : faire que la cause peule soit reconnue et prise en compte par les autorités maliennes », explique-t-il. « L’ANSIPRJ est tout de même l’avant-dernier mouvement créé avant le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) de Moussa Ag Achatouramane, je pense que comme pour le MSA, Sidi Bécaye Cissé, a créé son mouvement pour obtenir une certaine considération et représenter au mieux ses intérêts ce qui n’était certainement pas possible au sein du mouvement fondé par Oumar Aldjanah », analyse le chercheur.

Au centre du Mali opèrent une multitude de groupuscules armés, qui profitent de la faible présence de l’État pour se venger sur tout ce qui le représente, le considérant comme une force d’oppression. On touve aussi des djihadistes comme les gens de Kouffa aussi appelé Front de libération du Macina, du prédicateur peul radical et très populaire dans la région Hamadoun Kouffa, vient s’ajouter d’anciens combattants du MUJAO, arrivés après la crise du nord. Les conflits récurrents autour des terres arables, les frustrations générées par les injustices, l’afflux des armes, la nébuleuse de groupes armés qui pullulent dans la zone, sont autant de facteurs qui font du centre du Mali une zone opaque et complexe pour le gouvernement malien, qui peine a gérer et solutionner les problèmes de cette région malienne qui est désormais, le second foyer d’insurrection et de chaos sur son territoire.

Retour au calme en région de Mopti

La mission gouvernementale qui s’est rendu jeudi dernier dans la région de Mopti, o๠une trentaine de civils ont été tués suite à  des conflits intercommunautaires violents opposants bambaras et peuls, est rentré dimanche à  Bamako. Une quarantaine de personnes composaient cette mission officielle accompagnée des forces armées maliennes. Les ministres de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, de la décentralisation et de la Réforme de l’à‰tat, Mohamed Ag Erlaf, de la réconciliation nationale, Ould Sidi Mohamed et de la Défense, Tiéman Huberrt Coulibaly, avaient fait le déplacement ainsi que des élus locaux et des représentants de la Minusma. à€ l’issue de ces 3 jours, côté bambara on s’est engagé à  ne plus prendre les armes et du côté peul, le maire de Nampala, dans le cercle de Niono, composé d’une forte communauté Peule, s’est engagé à  sensibliser les populations pour faire taire les armes. Une commission a été créée ce week-end à  Dioura, elle est composée de 24 membres incluant des bambaras, peuls, tamasheqs et bellas. Cette commission a pour but de favoriser la paix et le dialogue entre les deux communautés, pour restaurer le vivre ensemble. La commission arrivée à  Bamako hier, se réunira autour du ministre de la réconciliation Ould Sidi Mohamed dès mardi matin 10 h pour trouver des solutions aux problèmes. Dans le cercle de Ténenkou, la situation est actuellement au calme. Durant leur séjour, les autorités se sont déplacées sur les lieux des évènements tragiques et ont pu rencontrer les différentes parties, peuls comme bambaras, ainsi que les familles des victimes. Dimanche ils se sont rendus avec les familles dans les cimetières o๠sont enterrées les victimes pour adresser des prières aux disparus. Pour rappel, une trentaine de personnes majoritairement peules sont décédées suite aux conflits intercommunautaires entre peuls et bambaras. Rien que dans la commune de Kareri, on dénombrait le 1er mai, plus d’une vingtaine de victimes peules, en représailles du meurtre du troisième adjoint Bambara de la commune de Kareri par des peuls. Ce dernier était membre de l’association des chasseurs locale, qui ont décidé de le venger. Selon une souce sur place, ce conflit ne serait pas dû à  la confrontation entre agriculteurs bambaras et éleveurs peuls, comme on a pu l’entendre ou le lire ici ou là , « Actuellement, il n’y a pas de culture. Les animaux vont partout o๠ils veulent. Les cultures commencent à  partir de l’hivernage, il n’y a même pas de pluies, agriculteurs et éleveurs n’ont pas de raison particulière de s’opposer ». Une autre piste serait l’amalgame entre peuls et djihadistes. Le front de libération du Macina, actif dans la région, compte quasi-exclusivement dans ses rangs des peuls, ce qui aurait renforcé le rejet de cette communauté et l’amalgame. Les peules avaient massivement fui la zone après ces exactions. « ils ont encore peur. La mission officielle a promis qu’elle mettra en place des forces de l’ordre au niveau de Dioura. Nous avons demandé à  chacun de retourner chez soi. Les peuls nous ont répondu que si l’armée est présente, ils sont prêts à  revenir », affirme Mamadou Coulibaly, maire de Kareri. Ces récents événements violents qui ont frappé la région de Mopti sont pris très au sérieux par le gouvernement qui semble prêt à  tout mettre en œuvre pour que les tueries cessent et installer la paix entre ces communautés dans la région.

Amkoullel, l’enfant peul du hip-hop malien

ll a choisi un nom symbolique pour rendre hommage à  la culture peule Mais Amkoullel, C’’est d’abord un artiste engagé qui croit en son pays et est conscient des potentialités de l’Afrique. Il a embrassé le rap très jeune avant de se positionner sur la scène du Hip Hop malien. C’’était en 1993 : première scène avec le groupe Smooth Movers. Influencé par le rap américain, Amkoullel multiplie les collaborations et crée avec Alien D le groupe « Kouma Guerya », littéralement les guerriers de la parole. Mais loin de se limiter au rap, Amkoullel s’ouvre à  d’autres styles de musique et fusionne sans toutefois s’éloigner des rythmiques traditionnelles. Il intègre alors la troupe de Cheikh Tidiane Seck, participe deux fois au Nice Jazz Festival o๠il côtoie des stars comme Manu Dibango, Keziah Jones, Rokia Traoré et fait des prestations avec Alpha Blondy, Lobi Traoré ou Tiken Jah Fakoly… Autour de lui, il y a les rappeurs ultra militants Tata Pounds, Lassy King Massassy, Al Peco, Doudou Masta tous très appréciés au Mali. Une figure de la nouvelle génération rap du Mali Entre deux scènes, Amkoullel fait des études de Droit, mais très vite la musique reprend le dessus. Son premier album, Infaculté, sort en 2002, avec des textes dérangeants contre l’ignorance. Suivront Sourafin en 2003 et Waati Sera, (Il est temps !), autoproduit avec le label Woklo Barka en 2007, un opus qui milite contre l’image dévalorisante qu’ont les Africains d’eux-mêmes. Y figure la jeune génération du rap malien : Amy D, Mickee 3000 ou Dop pour ne citer que ceux là . Avec plusieurs compilations et mixtapes à  son actif, Amkoullel a managé des artistes chez Mali K7 un temps, mais il reste avant tout un créatif. Il a ouvert une école de danse hip-hop : le Farafina Club. A la tête de l’Association pour le Rap au Mali, il réunit artistes, Djs, grafeurs, danseurs et a aussi lancé une marque de vêtement, Poulo Wear avec des amis. Positiver l’image de l’Afrique par la culture Chacune de ses apparitions lors des primes de Case Sanga 2, au palais de la culture Hampaté Bâ, déclenche l’hystérie chez les jeunes maliennes. La récompense de Meilleur groupe de Rap, obtenue aux Trophées de la Musique malienne en 2007, a certainement amplifié le phénomène. « C’’est Ander Baba Diarra et Pape Wane de Fanaday Productions qui m’ont contacté pour animer la deuxième saison de la Case ». Un show pour découvrir les jeunes talents de la musique africaine. « comme quoi, on est pas obligé de partir pour réussir », explique Amkoullel. Le titre Farafina parle d’ailleurs de respect ! « En Afrique, le respect ne se mendie pas. Il se mérite par le travail. Dans mes textes, je lutte contre l’image négative qu’on donne de l’Afrique », ajoute l’artiste. Cela passe donc par la culture, le rap et la lecture certainement. Est-ce pour cela qu’il a choisi de s’appeler Amkoullel ? Tendez l’oreille pour entendre cet artiste qui n’a pas lâché son dernier « beat » ! Amkoullel en cinq dates : 1993 : Premier concert de rap ! 2002 : Sort Infaculté son premier album 2004 : Intègre la troupe de Cheikh Tidiane Seck 2007 : Tamani d’or du meilleur groupe de rap avec le titre ‘Farafina’. 2008 : Anime Case Sanga 2 sur Africable… Son dernier album : Waati Sera, Wolko Barka Production, 2007, Le Myspace d’Amkoullel : www.myspace.com/amkoullel