Crise malienne : quid de l’Accord d’Alger ?

Six ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, sa mise en œuvre balbutie. Un débat sur le sujet a eu lieu mardi au Sénat français. Récit.En 2015, le gouvernement malien et certains groupes armés s’étaient engagés à taire les armes. Plusieurs années plus tard, le constat est tout autre. Le sang coule toujours au Mali. 

Lors d’un débat organisé  mardi 9 février au Sénat français, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a distingué « les groupes signataires et les groupes terroristes », non sans préciser que le groupe de nationalistes touaregs a l’origine en 2012 de la crise qui sévit toujours au Mali, « le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) est partie à l’accord (car) il accepte d’inscrire son action dans le cadre de l’État malien ». 

Est-il en faveur d’une révision ou d’un ajustement de ce fameux accord ? C’est ce que réclame une bonne partie des acteurs maliens mais aussi des observateurs étrangers comme le sénateur Pierre Laurent. Devant ses collègues de  la chambre haute du parlement français, l’ancien directeur du journal L’Humanité et leader du Parti communiste français, a estimé que « l’Accord d’Alger n’est pas l’unique solution politique. Il doit être profondément révisé ».

Un point de vue que ne partage pas M. Le Drian qui n’est « pas favorable à l’idée de reconsidérer l’Accord d’Alger » puisque « c’est le cadre dans lequel nous pouvons avancer politiquement. Cet accord comprend des coopérations locales, une refonte de l’armée malienne et un effort de développement du Nord ». 

Le sénateur Bruno Retailleau a, lui, appelé de ses vœux une implication accrue de l’Algérie « pour garantir une réelle application » de cet accord de paix. Au Mali, ce dernier a soutenu qu’il n’y aura pas « de reconstruction sans réconciliation », d’où son appel au renforcement du dialogue « entre le Nord et le Sud, entre peuples peul et dogon ». 

En tout cas, « le dénouement de cette crise ne sera pas militaire », d’après l’analyse de Christian Cambon, président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées au Sénat. M. Cambon a défendu l’idée selon laquelle « la solution ne peut être que politique. Or l’Accord d’Alger n’est toujours pas appliqué et le coup d’État au Mali donne une impression de retour en arrière ».

 

A l’initiative de l’Algérie, le Comité de suivi de l’Accord d’Alger doit, en principe, se réunir ce 11 février. « C’est un signe positif » pour Jean-Yves Le Drian. Enfin, le sénateur Guillaume Gontard a estimé que « l’Algérie, la France et l’Onu, signataires, doivent contribuer » à redonner « son souffle à l’accord d’Alger ».

 

Depuis la destitution d’Ibrahim Boubacar Keïta, par les militaires le 19 août dernier, le Mali est dirigé par un général à la retraite, Bah N’daw, chef de l’Etat dans le cadre d’une transition censée durer dix-huit mois. Au terme de cette période, des élections générales devraient avoir lieu pour une transition civile du pouvoir.

Mali: les Casques bleus repoussent une attaque à Kéréna

Des soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ont repoussé, mercredi matin, une attaque à Kéréna.« Ce matin vers 7h, une base temporaire de la Minusma à Kéréna, située dans les environs de Douentza, dans le Centre du Mali, a été la cible d’une attaque complexe », rapporte un communiqué de la mission onusienne au Mali.

Elle ajoute que la réponse robuste des Casques bleus a eu pour effet de repousser les assaillants, qui ont pris la fuite. Suite à l’attaque et selon un bilan provisoire, une vingtaine de Casques bleus ont été blessés.

Le Représentant spécial du Secrétaire des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif « condamne fermement cette attaque lâche contre les soldats de la paix ».

« Nous menons depuis plusieurs mois de nombreuses opérations de sécurisation dans cette partie du Mali, dont l’objectif principal est de contribuer à réduire les violences sur les populations, à ramener le calme dans les zones où les tensions communautaires sont signalées, et à réduire la menace des engins explosifs improvisés, comme c’est le cas dans la région de Douentza. Ces opérations dérangent les ennemis de la paix, mais nous restons engagés aux côtés des maliens, pour les Maliens », a-t-il déclaré.

M. Annadif a assuré que toutes les mesures seront prises pour que les blessés reçoivent rapidement les soins appropriés, auxquels il souhaite un prompt et complet rétablissement.

Covid-19/Vaccins: la FIFA et l’OMS s’unissent pour l’accès équitable

La Fédération internationale de football association (FIFA) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se liguent contre le coronavirus.Des stars du football feront la promotion de l’accès mondial équitable aux vaccins, aux traitements et aux produits de diagnostic

« La FIFA s’associe à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour promouvoir la nécessité d’un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux produits de diagnostic dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, et pour encourager chacun à continuer à appliquer au quotidien les mesures de santé publique salvatrices afin de prévenir la propagation du coronavirus et de protéger la santé », rapporte un communiqué publié sur le site internet de l’OMS visité mardi à APA.

Ainsi, parallèlement à la Coupe du monde des clubs de la FIFA 2020, qui se tiendra au Qatar du 4 au 11 février 2021, la FIFA et l’OMS lancent une campagne de sensibilisation du public à laquelle participeront des stars du football. Cette campagne s’effectuera par la diffusion de messages à la télévision et dans les stades, afin de continuer à promouvoir le Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19.

« Nous devons tous jouer le rôle qui est le nôtre dans la lutte contre le coronavirus. Nous appelons également la communauté internationale à unir ses forces (sous le hastag #ACTogether), et à garantir l’équité en matière d’accès aux vaccins, aux traitements et aux tests de diagnostiques dans le monde entier », a déclaré le président de la FIFA, Gianni Infantino.

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a affirmé que « le principe d’équité constitue le fondement du football et de tous les autres sports, et il doit en être de même en ce qui concerne la santé ». 

« En matière de lutte contre la Covid-19, a dit le patron de l’OMS, les règles sont simples : toutes les personnes exposées à un risque, dans tous les pays, doivent avoir un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux produits de diagnostic vitaux. En seulement neuf mois, le monde a mis en place ces trois lignes de défense efficaces contre la COVID-19. Mais notre objectif consiste désormais à assurer un accès équitable et à continuer à améliorer ces outils ».

Il a ajouté : « L’OMS est reconnaissante à la FIFA de s’être associée à des partenaires du secteur de la santé du monde entier en vue de promouvoir la nécessité d’une distribution équitable des outils nécessaires pour vaincre le coronavirus ».

Chan 2021 : quatre prétendants pour le sacre

Les quarts de finale du Championnat d’Afrique des nations (Chan) organisé au Cameroun ont livré leur verdict à l’issue des rencontres jouées ce week-end.Mali, Cameroun, Maroc et Guinée forment le carré d’as de la 6è édition du Chan dont les demi-finales sont programmées mercredi. Les affiches des quarts étalées samedi et dimanche ont réservé un plateau de rêve pour les demi-finales.

Maroc / Cameroun, finale avant l’heure

Jamais deux sans trois, l’adage s’est encore vérifié entre le Cameroun et la RD Congo au Chan. Les Lions indomptables devant un public acquis à leur cause, ont pris le meilleur sur les Léopards (2-1) qui avaient pourtant ouvert le score. Une qualification méritée sur l’ensemble de la partie pour des Camerounais qui retrouveront sur leur chemin le tenant du titre, le Maroc. Les Lions de l’Atlas expéditifs en quarts, ont plié la Zambie (3-1) rapidement réduite à 10 dès la 20e minute de jeu au stade la Réunification de Douala.

Cette demi-finale au sommet au stade Limbe Omnisports Stadium, promet de belles empoignades entre deux favoris au sacre final. Et la jauge des 50 % imposée par le Comité d’organisation pour la vente des billets, pourrait bien en prendre un sacré coup devant la capacité du stade (20.000 places). Le quart entre le Cameroun et la RD Congo s’est déroulé dans un stade bien rempli malgré la jauge fixée à 25 % des 50 000 places habituelles pour cause de coronavirus.

Mali / Guinée, le derby ouest-africain

L’autre demi-finale opposera le Mali, victorieux au bout du suspense devant le Congo aux tirs au but (0-0, tab 5-4), à la Guinée qui a écarté une vaillante sélection rwandaise (1-0) dans une rencontre heurtée, avec un carton rouge de chaque côté. Ce derby ouest-africain est un remake de la demi-finale du Chan de 2016 au Rwanda, qui avait vu les Aigles du Mali prendre le dessus sur le Syli local (1-0, 88′) sur la fin sur un but de Yves Bissouma.

C’est dire qu’à côté de l’objectif d’atteindre une première finale dans cette compétition, les hommes de Lappé Bangoura tenteront de prendre leur revanche sur ceux de Nouhoum Diané qui caressent le rêve d’aller au bout cette année, après la désillusion de la finale perdue en 2016 devant la RD Congo à Kigali.

Programme des demi-finales :

Mercredi 3 février 2021

Stade Japoma de Douala

Mali vs Guinée, 15h GMT.

Limbe Omnisports Stadium

Maroc vs Cameroun, 19h GMT.

Chan 2021, le sprint final

Après une dizaine de jours de compétition, huit sélections ont décroché de haute lutte leur ticket pour les quarts de finale du Championnat d’Afrique des nations (Chan) prévus ce week-end.Les meilleures équipes nationales locales du Chan 2021 vont en découdre samedi et dimanche. Objectif, s’inviter dans le dernier carré de la 6e édition de cette joute réservée aux joueurs évoluant sur le continent.

RD Congo / Cameroun, duel de fauves

Les Léopards, double vainqueurs de l’épreuve (2009 et 2016), ont tenu leur rang en s’adjugeant la première place de la poule B avec 7 points au compteur. Décimée par plusieurs cas de Covid-19 au premier tour, la RD Congo devrait néanmoins enregistrer le retour de plusieurs cadres pour ce choc à Douala.

Les Lions Indomptables, de leur côté, ont frôlé le pire lors de la dernière journée de la phase de poule en arrachant un nul chanceux face au Burkina Faso (0-0). Un accroc qui leur a coûté la première place du groupe A.

Mais l’historique de leurs confrontations avec les Léopards au Chan a toujours tourné en leur faveur. En 2011, au Soudan, le Cameroun avait battu pour son entrée en matière la RD Congo (2-0). Même scénario en 2016 au Rwanda où les Lions Indomptables avaient pris le dessus en phase de groupe sur Léopards (3-1), futurs vainqueurs du tournoi.

Mali / Congo, les Diables rouges en quête d’exploit

Les Aigles du Mali ont réussi un tour de force en terminant en tête de la poule A devant le pays hôte, le Cameroun. Ils se présentent donc dans ce duel décisif en position de favori. Les Diables rouges se sont sublimés pour battre la Libye lors de l’ultime match de groupe. Mais, en quart de finale, ils devront hausser leur niveau de jeu pour surprendre le Mali, finaliste de l’édition 2016 et annoncé comme un candidat au sacre final.

Maroc / Zambie, les Chipolopolo défient le tenant du titre

Les Lions de l’Atlas ont fait respecter la hiérarchie en terminant en tête de la poule C devant le Rwanda. Les hommes de Houcine Ammouta ont la faveur des pronostics face à la Zambie, dont la meilleure performance reste une troisième place en 2009.

Parmi les meilleures attaques de ce Chan, le Maroc (7 buts) misera sûrement sur l’attaquant du Raja Casablanca, Sofiane Rahimi, pour perforer l’hermétique défense des Chipolopolo (1 but encaissé). Ce dernier a déjà inscrit deux buts dans la compétition.

Guinée / Rwanda, les paris sont ouverts

Au vu des statistiques du premier tour, la Guinée, meilleure attaque (6 buts) et comptant dans ses rangs le meilleur buteur Yakhouba Barry (3 buts), a un léger avantage. Mais la prudence s’impose.

Car les Amavubis, après avoir contraint le Maroc au nul vierge avant de se qualifier en renversant le Togo (3-2), ont tout l’air d’une sélection imprévisible.

Le premier tour du Chan a été riche en rebondissements. En effet, 46 buts ont été inscrits en 24 rencontres disputées. C’est une moyenne de 1,91 but par match.

Sur le plan financier, le gagnant va percevoir un chèque de 675 millions F CFA (environ 1,2 million de dollars US). La prime du vainqueur a été revue à la hausse puisque le Maroc avait reçu 580 millions F CFA en 2018.

D’ores et déjà, les huit quarts de finalistes empochent 162 millions F CFA supplémentaires alors que les équipes éliminées en demi-finale toucheront 216 millions F CFA.

Programme des quarts de finale :

Samedi 30 janvier 2021

Stade Amadou Ahidjo de Yaoundé

Mali vs Congo, 16h GMT.

Stade Japoma de Douala

Cameroun vs RD Congo, 19h GMT.

Dimanche 31 janvier 2021

Stade de la Réunification de Douala

Maroc vs Zambie, 16h GMT.

Limbe Omnisports Stadium

Guinée vs Rwanda, 19h GMT.

Mali : Bah N’daw en visite de travail en France

Le chef de l’Etat a quitté, ce mardi matin, la capitale Bamako pour se rendre à Paris (France), annonce un communiqué de la Présidence de la République malienne.Le président Bah N’daw effectuera une visite de travail de 72 heures sur l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron. 

« Les échanges vont porter sur la coopération franco-malienne et sur le Sommet du G5 Sahel prévu à Ndjamena (Tchad) en février prochain », précise la Présidence malienne.

Mali : Bah N’daw en visite de travail en France

Le chef de l’Etat a quitté, ce mardi matin, la capitale Bamako pour se rendre à Paris (France), annonce un communiqué de la Présidence de la République malienne.Le président Bah N’daw effectuera une visite de travail de 72 heures sur l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron. 

« Les échanges vont porter sur la coopération franco-malienne et sur le Sommet du G5 Sahel prévu à Ndjamena (Tchad) en février prochain », précise la Présidence malienne.

Hommage national aux 4 Casques bleus ivoiriens tués au Mali

Un hommage national a été rendu lundi aux quatre Casques bleus ivoiriens tués au Mali, lors d’une cérémonie à l’Etat-major des armées à Abidjan, en présence de Alassane Ouattara et du représentant spécial des Nations Unies au Mali.

La cérémonie d’hommage a eu lieu à la Place d’armes général de corps d’armée Ouattara Thomas D’Acquin, au sein de l’Etat-major des armées au Plateau, le centre des Affaires d’Abidjan, en présence des parents des défunts, d’officiers supérieurs, de présidents d’institutions et du Premier ministre.

Ces quatre soldats tombés au champ d’honneur à Tombouctou, dans le Nord du Mali le 13 janvier 2021, à la suite d’une attaque terroriste, ont été promus à des grades supérieurs et décorés à titre posthume. Ils ont été faits,  chacun, chevalier de l’Ordre national.

Il s’agit du sergent chef Bakayoko Adama, promu au grade d’adjudant, du sergent chef Doumbia Yacouba, élevé au grade d’adjudant et du sergent Guieguy Amian Jean-Bernard, promu au grade de sergent-chef, tandis que le caporal Bamba Moustapha, a été fait caporal-chef.

L’attaque d’un contingent ivoirien survenue le 13 janvier 2021, au Nord de Tombouctou, au Mali, dans le cadre de la Minusma et de sa mission de remobilisation, a fait quatre morts et trois blessés dont l’état reste stable. 

La colonne des soldats ivoiriens, partie de Tombouctou, devrait rallier la localité de Bambara Maoudé située à 120 Km, plus au Sud. Mais, 15 Km avant cette destination, le blindé de tête saute sur un « engin explosif improvisé », puis suivent des rafales d’armes automatiques de terroristes.

L’affrontement entre le contingent ivoirien et les terroristes est violent. Au bout de 30 minutes, la riposte s’intensifie et l’adversaire est mis en déroute, a relaté le général de corps d’armée, Lassina Doumbia, chef d’Etat-major général des armées ivoiriennes.

« Vous êtes de retour chez vous, sur la terre de vos ancêtres (…) Partez, apaisés, parce que vous avez réussi votre mort. Ce qui vous donne droit à tous ces honneurs », a déclaré le général de corps d’armée Lassina Doumbia. 

M. Ouattara, chef suprême de l’armée, a apporté sa compassion aux forces armées, accompagné du Premier ministre Hamed Bakayoko, et plusieurs membres du gouvernement. Il a remis officiellement les corps aux familles des défunts. 

La Côte d’Ivoire, avec près de 1000 Casques bleus à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Munisma), est le deuxième pays à avoir le plus de personnel militaire au sein de cette mission onusienne. 

Kemi Seba : « Les premiers responsables de notre situation, c’est nous les Africains »

De passage à Bamako dans le cadre d’une tournée contre le néocolonialisme, l’activiste et panafricaniste Kemi Seba a au cours d’un long entretien répondu à nos questions. France, Russie, intégration africaine, IBK, le président de l’ONG Urgences Panafricanistes n’élude comme à son habitude aucun sujet.

Durant votre tournée de  sensibilisation sur la question du Franc CFA, vous avez été à Cotonou, interdit d’embarquement le 8 janvier 2020 pour Bamako. Selon vos dires, à l’époque, c’était sur ordre du gouvernement malien.  Une année après, vous revenez au Mali. Vous considérez-vous cela déjà comme une victoire ?

C’est très clairement une victoire. Je tiens à préciser que c’était dans le cadre d’une tournée contre la France-Afrique. En effet, j’avais été interdit d’embarquer devant témoins à l’aéroport. Les responsables m’avaient dit clairement que c’était une demande qui venait des autorités maliennes et que par conséquent ils ne pouvaient que s’exécuter. Et je reviens, autorisé, un an plus tard au Mali. Je ne vous cache pas que j’étais tendu en prenant l’avion parce que je ne voulais pas revivre évidemment la même situation, mais j’étais très ému de pouvoir rentrer. Je ne peux pas comprendre qu’un certain nombre de criminels aient le droit de rentrer sur nos sols, des touristes non africains qui n’ont parfois pas de très bonnes mentalités qui peuvent venir où ils veulent sur le continent, et des Africains qui, eux sont interdits de rentrer parce qu’ils veulent la souveraineté pour leur population. Je pense que c’était un non-sens. Je suis très touché de cette démarche des autorités maliennes.

Quel est votre regard sur le départ du président IBK, renversé par un coup d’Etat militaire ?

Chacun son tour chez le coiffeur. Comme le dirait l’autre chacun son tour chez le barbier. Je crois qu’il n’a ni cheveux ni barbe, je ne suis pas sûr. Mais ce qui est certain, c’est que la roue tourne. Il faut que les dirigeants n’oublient jamais qu’ils sont à la base des citoyens. Il n’y a qu’une seule entité qui est éternelle sur terre et c’est le Tout Puissant quel que soit le nom que chacun veuille lui donner. Il faut que nous soyons humbles.

Aujourd’hui on est devant, demain on peut tomber. Il faut faire attention à la manière dont on se comporte avec les concitoyens. La brutalité avec laquelle j’avais été interdit d’embarquer l’année dernière m’avait profondément blessé. D’autant plus que j’avais payé un billet d’avion cher. Et être autorisé à rentrer à Bamako et voir qu’il n’est plus là, est clairement une victoire qui est symbole de l’effort de la population malienne.

Vous approuvez la manière par laquelle il est parti ?

Je suis à un milliard de pour cent derrière la démarche de la population. Je pense que quelqu’un qui se comporte en étant, comme le dit mon professeur de philosophie, dans une logique de « mésécoute » vis-à-vis de son peuple ne peut que récolter le fruit de cette « mésécoute ». Si vous décidez de débrancher cette connexion que vous avez avec votre population alors que vous êtes censé être son président, dès lors qu’elle se rebelle vous en paierez le prix en premier. Il est parti et on souhaite qu’il puisse aller le mieux possible sur le terrain de la santé et que s’il y a un certain nombre d’actions qui doivent être poursuivies vis-à-vis de lui, qu’il en soit ainsi ou à l’encontre de son fils Karim.

Vous êtes présent aujourd’hui au Mali pour afficher votre soutien à « Yerewolo Debout sur les remparts » qui réclame le départ de la force Barkhane.  Pourquoi l’armée française doit-elle quitter le Mali ?

Je suis là dans le cadre de la sensibilisation contre le néocolonialisme. Et nous nous appuyons toujours sur des partenariats ou des fédérations fiables. Yerewolo est une plateforme qui nous paraît rigoureuse, sérieuse, dynamique, animée par de jeunes courageux, notamment Ben le cerveau et d’autres. En ce qui concerne la base militaire, on essaie d’être le plus lucide dans notre grille d’analyse. Quand quelqu’un contribue à mettre le feu dans une zone voisine de votre maison, une zone voisine qui par hasard s’appelle la Libye et que ce feu finit par se propager partout dans la zone où vous vivez, est-ce que vous allez venir par la suite demander à ce quelqu’un, qui a mis le feu, qu’il puisse venir quelque part s’occuper de la sécurité dans votre maison ? Non ? Vous aurez tendance à vous dire qu’il vaut mieux se méfier du pyromane. Donc l’un des grands pyromanes dans le Sahel, c’est l’armée française. Et malheureusement l’armée française, ce sont des gens qui sont souvent instrumentalisés et qui ne se rendent pas forcément compte. Les responsables, ce sont l’oligarchie française et on ne peut pas lui faire confiance.

C’est une oligarchie qui a déstabilisé le Sahel et par conséquent notre responsabilité, c’est de demander au déstabilisateur de plier bagage.

 Quelle est votre réaction suite à la répression de la manifestation du 20 janvier appelant au départ de Barkhane ?

Quand on fait une analyse prospective, on se disait depuis une semaine que le contexte politique et social faisait qu’il était à craindre que les autorités maliennes cèdent aux pressions des autorités françaises. Il y a un an justement sous la pression j’avais été arrêté au Burkina Faso, un pays où j’ai énormément de sympathisants et où le président m’avait reçu avec les honneurs avant. C’est lorsqu’il y a eu  le sommet de Pau, quand Macron a tapé sur la table, que tous les dirigeants ont commencé à serrer la vis. Ils (les autorités de la transition, ndlr)  sont soumis à une pression internationale qui dépasse l’entendement. Et donc, ils ont le choix entre être fidèles à leurs principes et essayer de se conformer aux attentes de l’extérieur. C’est extrêmement dommage cette répression mais elle était prévisible. Elle ne fait que matérialiser notre dénonciation puisque notre but était d’illustrer le néocolonialisme français, de le dénoncer, de l’exposer aux yeux du monde. On interdit une mobilisation pour des motifs fallacieux, parce que partout dans le monde les gens se réunissent malgré la covid. Ces gaz lacrymogènes prouvent qu’on veut faire taire une dénonciation qui vise juste.

Dans des zones en proie aux violences terroristes, des populations se sentent en sécurité au regard seul des forces françaises présentes là où leur propre armée n’est pas. Est-ce que demander le départ de Barkhane dans ce contexte n’est pas problématique ?

Qui est-ce qui a fait ce constat ? Je pense que les populations de ces régions fragilisées demandent la sécurité. Elles n’ont pas cherché à savoir quelle est l’entité qui applique cette sécurité. Mais je peux vous assurer qui si elles peuvent être sécurisées par leurs semblables dès lors qu’ils ont une égalité en termes des armes, c’est quelque chose qui leur rassurerait profondément. Ce qui doit rassurer la population, c’est une armée régulière avec suffisamment d’armes. Alors que les rebelles sont surarmés par des entités qui ont tout intérêt que le chaos puisse prospérer et ces entités sont liées aux autorités françaises.

Plusieurs forces étrangères sont sur le territoire malien. MINUSMA, Takuba. Est-ce que vous appelez également à leur départ ?

Les choses ne sont pas si simples que ça. Il y a des mécanismes sur le terrain militaire, politique ou diplomatique qui font que ça ne se termine pas en 24 heures simplement. L’armée malienne est souvent raillée par des membres de sa propre population. Une propagande a été faite pour la décrédibiliser, pour justifier la présence d’armées étrangères sur le sol malien, qui sont là souvent pour sécuriser les diverses ressources maliennes. Qu’à la limite, il y ait une contribution de l’Union Africaine pour que l’armée malienne soit beaucoup plus soutenue par ses pairs. Cela va beaucoup plus dans le sens d’une véritable sécurisation parce qu’il en va de l’intérêt du continent africain. Les armées étrangères dès lors que le chaos perdure, c’est une possibilité pour elles de pouvoir sécuriser leurs ressources pour un certain temps.

Ben le cerveau souhaite la signature d’un accord de défense militaire avec la Russie. Le Groupement des jeunes Patriotes, un mouvement de la société civile malienne, demande l’intervention de la Russie en remplacement de la France. Est-ce que cela n’est pas le même interventionnisme ?

En tant que président d’ « Urgences Panafricanistes », nous soutenons toutes les démarches du petit frère Ben le cerveau. Maintenant, j’ai la possibilité de parler avec expérience. Je suis allé en Russie une cinquantaine de fois. J’ai de très bons amis au sein de l’appareil de l’Etat et même l’un des préfaciers de mon dernier livre (L’Afrique libre ou la mort, ndlr) est l’un des conseillers de Vladimir Poutine. Dans la Russie, il y a du bon mais aussi du mauvais. Sur le terrain de la géopolitique froide, il y a un constat et des victoires matérielles. La réalité c’est que la Russie aussi est une nation qui va à la recherche de ces contrées pour les ressources. Et le comportement de certains Russes ne va pas dans le sens, objectivement, de la souveraineté des populations locales aussi. Et donc si on veut des résultats pour faire taire des conflits, les Russes sont beaucoup plus efficaces que les Français. C’est une réalité. Mais à long terme, on ne peut pas compter sur les Russes parce qu’on ne va pas toujours être assisté par l’extérieur alors qu’on n’est pas inférieur à d’autres populations dans le monde. La Russie peut être une étape intermédiaire mais ne doit pas être une finalité. Sinon on va passer d’un colon à un autre.  

Vous êtes très proche de certains cadres russes. Et plusieurs personnes vous soupçonnent d’être un de leurs agents.  Qu’avez-vous à répondre?

Ça me fait doucement sourire. Dès lors que  Frantz Fanon était opposé à l’impérialisme occidental, on disait de lui que c’était un agent des forces anti-occidentales. Ça a toujours été ça. On disait que Lumumba était un pion des Russes, Malcom X, un communiste. Dès que quelqu’un s’oppose à l’hégémonie occidentale, il est qualifié d’agent russe. J’aime les anathèmes contre nous. Qu’on parle en bien ou en mal de nous, on s’en fout. L’essentiel c’est que notre message passe. Je suis un agent de mon ancêtre. C’est la seule réalité qui est la mienne et je dis que l’Afrique ne pourra s’en sortir que par elle-même. Certainement pas par Poutine. J’ai beau l’aimer sur le plan géopolitique, ce n’est pas quelqu’un qui sera un messie pour l’Afrique.

Considérez-vous les Africains ne partageant pas votre lutte comme des Oncle Tom ?

Je n’emploie jamais cette terminologie qui est anglo-saxonne. Nous, on parle plutôt de « bounty » (noir à l’extérieur blanc à l’intérieur, ndlr). Je pense qu’il y a du tout. Il y a des personnes qui font un travail actif pour les intérêts français dans nos pays et puis il y a des gens qui, peut-être par manque d’information ou par lassitude, finissent par se dire que les autres doivent être là.  Quand j’étais plus jeune, j’étais peut-être plus franc-tireur, radical. Et aujourd’hui j’essaie d’avoir beaucoup plus « d’empathie » et essayer de comprendre qu’il y a différents mécanismes qui poussent des gens à avoir des sentiments de résignation.

Vous êtes un panafricaniste. Et selon vous il s’agit d’une unité dans la diversité et dont l’objectif doit être la souveraineté. Que pensez-vous de l’Union Africaine aujourd’hui ?

C’est l’union d’un gang de dirigeants, un club de golf d’autocrates qui n’a aucune incidence sur la vie des Africains. C’est l’union des autocrates africains. Je pense qu’on devrait changer le sigle (UA) en UAA. Ce n’est pas l’Union africaine. L’Union africaine, c’est ce que nous essayons de faire en allant partout sur le continent pour prôner l’unité entre nous, la solidarité et le respect de nos populations.

On a aujourd’hui la zone de libre-échange économique (Zlecaf), des efforts sont en train de se faire pour la création de la monnaie commune de la CEDEAO, l’Eco. Comment jaugez-vous l’intégration africaine ?

Je regarde plus l’intégration africaine dans le cadre de nos ressources humaines, notamment les capacités des populations à migrer les unes aux autres. Avec la Zone de libre-échange, j’ai toujours un problème par rapport à l’implication du néolibéralisme dans les enjeux africains. Qu’on le veuille ou pas elle est une plaie qui est la résultante contemporaine d’un processus de prédation qui est le capitalisme, qui nous a entraîné dans des situations que nous avons connus auparavant. Le libre-échange, si ça peut permettre de faciliter le commerce entre nos nations, c’est positif. Mais si c’est en réalité une zone de libre-échange faite pour favoriser quelque part le commerce d’entités étrangères qui vont bénéficier de nos règles sur notre continent, on ne va pas s’en sortir. Et j’ai l’impression que c’est vers cette direction que nous allons.

Pour ce qui est de l’Eco, qui est un maquillage extrême du franc CFA, les autorités françaises ont pris peur parce qu’elles ont vu notre capacité de mobilisation en Afrique francophone à travers l’ONG Urgences Panafricanistes et son extension qui est le front anti CFA. Par conséquent, ils ont essayé de faire un changement cosmétique. Il y a eu des changements  notables qu’on ne peut pas nier, mais ils ont gardé un point crucial qui est l’arrimage à l’euro. Ce qui fait que l’euro est une monnaie beaucoup trop forte pour les économies locales et cela anéantit tout processus de compétitivité. Donc on a un problème de fond par ce système qui arrange les multinationales occidentales et françaises mais qui ne facilite pas le processus d’élévation économique pour les populations africaines.

N’est-ce pas un peu simpliste de dire toujours  que le problème vient de « l’oligarchie occidentale », alors que nous sommes pour la plupart indépendant depuis une soixantaine d’année. Qu’en est-il du rôle de nos dirigeants à nous, de nos peuples aussi ?

Je suis le premier à dire qu’une civilisation est détruite par l’extérieur que si elle est rongée de l’intérieur. Les premiers responsables de notre situation, c’est nous autres Africains. Il y a ce passage du coran qui dit que Dieu ne change pas les conditions d’un peuple tant que le peuple ne change pas lui-même. On peut toujours se plaindre de l’autre qui a besoin de toute façon de piller nos ressources pour exister. Mais pourquoi nous qui devrions être les premiers garants de notre souveraineté, nous sommes les premiers à laisser cette souveraineté être trouée ? Je ne suis anti personne. Je suis pour le changement, pour l’évolution de nos populations. Je suis à un stade de mon combat où je n’arrive plus à en vouloir au colon de vouloir nous coloniser parce que le capitalisme, comme le disait El-Hadj Malik El-Shabazz (Malcom X, ndlr), c’est le vautour. Certaines nations ont besoin de piller pour exister. Très bien, c’est leur rôle. Le nôtre doit être de résister. Pourquoi nos dirigeants se courbent ainsi même s’il y a des pressions au lieu de jouer leur rôle comme d’autres ont pu le faire auparavant. Et ce qui est triste, ce sont les gens de la société civile comme nous qui jouons leur rôle.

Le combat que vous menez  »l’Afrique aux africains » est le combat de plusieurs vies, depuis que vous avez commencé, estimez-vous avoir fait bouger les lignes?

En termes de prise de conscience de la population en Afrique francophone sur les questions relatives au néocolonialisme, sur la nouvelle génération, on a eu une incidence considérable à différents endroits de telle sorte qu’aujourd’hui la problématique de la France-Afrique dans la zone Franc est devenue plus prépondérante. Nous avons une grosse responsabilité dedans. Deuxième chose, c’est que le basculement Franc CFA-Eco qui, pour moi n’est qu’un changement de façade pour l’instant mais qui n’aurait jamais lieu si on n’avait pas été capable d’embrayer la machine. C’est une course de fond, ce n’est pas un sprint. Le combat continue, mais le simple fait aujourd’hui qu’il y ait des changements mécaniques qui ont été effectués à la suite de nos mobilisations est la preuve que la France-Afrique est en train de commencer à vaciller même si le chemin est encore long.

Avez-vous songé à faire la politique pour porter haut votre combat ?

Je fais de la politique, la participation à la vie de la cité. Mais est-ce que j’irai un jour sur le terrain institutionnel ? C’est une possibilité. A titre d’exemple, lors des dernières élections législatives un peu tronquées au Benin, le seul parti de l’opposition qui a pu se présenter, les FCBE (Forces cauris pour un Bénin émergent, ndlr) m’avait proposé d’être dans les postes à responsabilité parmi les candidatures et j’avais refusé. J’estime que nous sommes dans une démarche où nous devront prendre le temps. Je ne suis ni de l’opposition ni du pouvoir, nous sommes une troisième voix qui va au-delà de cette dichotomie.

Nous essayons de poser un schéma qui va simplement de l’idéologie prépondérante de ce 21ème siècle, de la Russie à Cuba, l’Iran et partout, qui est le souverainisme. C’est notre ligne politique et pour l’instant nous exploitons ses idées, nous les diffusons, nous les matérialisons à travers la société civile qui nous laisse une liberté de ton malgré les répressions. Je n’ai que 39 ans, peut-être qu’il arrivera un temps où je me lancerai sur le terrain institutionnel, mais ce n’est même pas sûr que ce soit essentiel. Il y a des gens qui n’ont jamais été politiciens au sens institutionnel du terme qui ont beaucoup plus laissé une empreinte sur le monde.  Je nuance ma réflexion toujours là-dessus. C’est une hypothèse, mais certainement pas une thèse.

Covid-19 : le Mali prévoit une campagne de vaccination en avril

Le Mali va lancer sa campagne de vaccination contre le coronavirus en avril selon un communiqué du gouvernement.Une commande de 8,444 millions de doses est déjà lancée par les autorités maliennes pour une population d’environ 20 millions. 

Le coût des vaccins sera de 47,65 millions d’euros (31 milliards francs cfa ) ajoute le gouvernement.

Cette campagne sera soutenue par l’Organisation infime de la sante (OMS) et l’Alliance pour les vaccins (Gavi) qui ont mis sur pied le mécanisme Covax pour distribuer des doses aux pays défavorisés. 

«Les premières doses de vaccin seront livrées fin mars 2021 et le début de la vaccination est prévu au mois d’avril», selon le communiqué du gouvernement jeudi.

Le Mali a enregistré 321 décès de cas de Covid-19 au soir du 22 janvier 2021. Le pays compte 7.937 de cas de contamination pour 5.683 guéris.

Arrivée à Abidjan des corps des 4 Casques bleus ivoiriens tués au Mali

Les corps des quatre Casques bleus ivoiriens tués dans le Nord Mali, suite à une attaque terrosriste, sont arrivés vendredi à la base aérienne de l’armée à Abidjan, à bord d’un aéronef, en présence du Premier ministre Hamed Bakayoko.

L’avion transportant ces dépouilles, frappé de l’insigne UN (Nations Unies), a atterri à 16h53 (GMT, heure locale) sur le tarmac du Groupement aérien de transport et de liaison (GATL), la base aérienne de l’armée ivoirienne, située à l’aéroport d’Abidjan. 

M. Hamed Bakayoko qui a accueilli l’équipage, a, au nom du gouvernement et de la nation ivoirienne, adressé ses condoléances au commandement de la Minusma (Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali ) et à l’ensemble des forces onusiennes.

Il a également exprimé ses condoléances au chef d’Etat major des forces armées de Côte d’Ivoire et à l’ensemble des grands commandements,  ainsi qu’à tous les militaires et les forces de sécurité de Côte d’Ivoire. 

« Le gouvernement a été très sensible à l’hommage que la Minusma a rendu à nos hommes, à l’occasion de cette cérémonie au Mali. Ici, en Côte d’Ivoire, votre présence nos réconforte », a ajouté le Premier ministre ivoirien. 

La nation toute entière, rendra un « hommage mérité à nos héros le lundi 25 janvier 2021 à l’Etat major des armées de Côte d’Ivoire; et ce sera l’occasion de traduire à toutes les familles éplorées, l’honneur et la fierté que nous éprouvons à l’égard de ces frères », a-t-il annoncé. 

En dépit de ce « qu’ils ont payé le sacrifice suprême pour leur engagement pour la paix, le pays et la sous-région, la mort tragique de nos soldats renforcera notre engagement à continuer à travailler pour la paix dans la sous-région », a-t-il déclaré.

Le commandant de la Minusma, le général Dennis Gyllenspore, venu avec une délégation pour honorer la mémoire des Casques bleus ivoiriens tués, a affirmé que le décès de ces soldats de la paix était une perte pour la mission onusienne au Mali.

Les forces de la Minusma continueront à travailler de manière pro-active au Mali, un pays de l’Afrique de l’Ouest qui fait face à un défi sécuritaire. Des terroristes, présents dans le nord du pays, font souvent incursion, semant la mort et la désolation. 

L’attaque d’un contingent ivoirien survenue le mercredi 13 janvier 2021, au Nord de Tombouctou, au Mali, dans le cadre de la Minusma et de sa mission de remobilisation, a fait quatre morts et 3 blessés dont l’état reste stable. 

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a instruit le Premier Ministre à l’effet d’organiser un hommage national, à l’honneur de ces « braves et vaillants soldats, le lundi 25 janvier 2021, à la Place d’armes de l’État-Major général des armées ». 

Covid-19: l’Afrique doit disposer tôt de vaccins sûrs (OMS)

Le continent africain doit très tôt disposer de vaccins sûrs et efficaces contre la Covid-19.L’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui porte ce plaidoyer, souligne que même si le développement et l’approbation de vaccins sûrs et efficaces moins d’un an après l’apparition de la Covid-19 représente une spectaculaire réussite, l’Afrique court le risque d’être laissée de côté alors que les pays des autres régions concluent des accords bilatéraux, faisant ainsi grimper les prix.

Depuis le début de cette semaine, 40 millions de doses de vaccins ont été administrées dans 50 pays, la plupart à revenu élevé, selon l’OMS, déplorant qu’« en Afrique, la Guinée est l’unique nation à faible revenu à fournir des vaccins et, à ce jour, ceux-ci ont été administrés à seulement 25 personnes. Les Seychelles, pays à revenu élevé, est le seul sur le continent à avoir lancé une campagne nationale de vaccination ».

« Nous d’abord, pas moi d’abord : c’est la seule façon de mettre fin à la pandémie. La thésaurisation des vaccins ne fera que prolonger l’épreuve et retarder le relèvement de l’Afrique. Il est profondément injuste que les Africains les plus vulnérables soient forcés d’attendre des vaccins alors que des populations présentant moins de risques dans les pays riches sont mis en sécurité », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique.

Citée par un communiqué de presse, Dr Moeti estime que « les personnels de la santé et les personnes vulnérables en Afrique ont urgemment besoin d’un accès à des vaccins contre la COVID-19 sûrs et efficaces ».

Le Mécanisme Covax (codirigé par la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, Gavi et l’OMS) a garanti la fourniture de 2 milliards de doses de vaccin auprès de cinq producteurs, avec des options d’achat de plus d’un milliard de doses supplémentaires, poursuit le communiqué.

Ce qui fait dire à Thabani Maphosa, directeur exécutif des programmes de Gavi, que « le Covax est en bonne voie pour commencer à livrer les doses de vaccins et à garantir un accès mondial aux vaccins ».

A son avis, cet immense engagement international a été rendu possible par les dons, le travail autour d’accords de partage des doses et des accords avec les producteurs qui ont permis d’obtenir la garantie de 2 milliards de doses.

En Afrique, la coalition s’est engagée à vacciner au moins 20 % de la population d’ici à la fin de 2021, en fournissant un maximum de 600 millions de doses, sur une base de deux doses par individu, distribuées par phases.

Initialement, 30 millions de doses devraient commencer à être livrées dans les pays d’ici le mois de mars, avec l’objectif de couvrir 3 % de la population en donnant la priorité aux professionnels de la santé et à d’autres groupes prioritaires. La couverture vaccinale sera ensuite étendue à d’autres groupes vulnérables comme les personnes âgées et celles présentant des maladies préexistantes.

Il est prévu que la majorité des doses soit livrée au cours de la seconde moitié de l’année. Ces délais et ces quantités pourraient changer si les vaccins candidats ne sont pas conformes aux conditions d’agrément réglementaires ou si la production, la livraison et le financement se heurtent à des difficultés.

D’après l’outil d’évaluation de l’OMS de la préparation à l’introduction du vaccin, les nations africaines sont prêtes en moyenne à 42 % pour des campagnes de vaccination de masse, ce qui constitue une amélioration par rapport aux 33 % notés il y a deux mois. Néanmoins, il reste un long chemin à parcourir avant d’atteindre le seuil souhaité de 80 %.

Conflits au Sahel: deux millions de personnes déplacées

Dans le Sahel, l’insécurité a poussé deux millions de personnes à se déplacer, rapporte le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).« Le HCR appelle à la fin des violences incessantes dans la région du Sahel (qui comprend le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et le Niger), où le nombre de personnes déplacées à l’intérieur des frontières de leurs pays dépasse désormais, et pour la première fois, les deux millions », a déclaré, vendredi à Genève (Suisse), son porte-parole, Boris Cheshirkov.

S’exprimant au cours d’une conférence de presse, M. Cheshirkov a souligné que le déplacement dans la région a quadruplé en deux ans seulement car le nombre de déplacés internes s’élevait à 490 000 au début de l’année 2019.

Plus de la moitié des déplacés internes dans la région sont des Burkinabés. La région du Sahel accueille également plus de 850 000 réfugiés, principalement originaires du Mali.

Depuis début 2021, les violences au Niger et au Burkina Faso ont déjà forcé plus de 21.000 personnes à fuir leur foyer et à chercher refuge ailleurs dans leurs propres pays.

Au Burkina Faso, depuis le 31 décembre 2020, une série d’attaques armées contre la ville de Koumbri et des villages voisins dans le nord du pays a déjà déplacé plus de 11.000 personnes. La plupart d’entre elles sont des femmes et des enfants qui ont fui de nuit, après que les assaillants ont commencé à tirer sur leurs maisons.

Ce qui fait que, de l’avis du porte-parole du HCR, les communautés qui accueillent des déplacés ont atteint un point de rupture.

« Les besoins augmentent dans une région où convergent de multiples crises, notamment les conflits armés, l’extrême pauvreté, l’insécurité alimentaire, les changements climatiques et la pandémie de Covid-19. L’extrême vulnérabilité du Sahel est exacerbée par l’impact du déplacement forcé, qui est causé par les violences généralisées et brutales perpétrées par des groupes armés et criminels », soutient Boris Cheshirkov.

Il souligne que la réponse humanitaire est « dangereusement débordée », et le HCR exhorte la communauté internationale à redoubler son soutien envers la région.

« Malgré la générosité de leurs hôtes, poursuit Boris Cheshirkov, de nombreux déplacés internes ne disposent même pas d’un abri de base et dorment en plein air. Ils ont d’urgence besoin d’abris décents, d’eau et d’articles de secours, ainsi que de soins de santé et d’installations sanitaires appropriées pour prévenir la propagation de Covid-19 ».

Trois soldats maliens tués par un engin explosif

Trois soldats du Mali ont trouvé la mort après que leur véhicule a sauté sur un explosif improvisé dans le centre pays, a appris APA ce vendredi de sources militaires.Les trois membres de Garde nationale, l’un des corps de l’armée malienne, ont trouvé la mort entre Koro et Mondoro, près de la frontière avec le Burkina Faso. Une zone considérée comme un des foyers de la violence au Sahel.

L’attaque attribuée au jihadistes a fait aussi cinq autres blessés dont l’un est dans un état critique, selon des sources militaires. 

Les engins explosifs  constituent l’une des armes de prédilection des jihadistes contre les forces armées dans la sous-région. 

Au cours du mois de janvier, cinq Casques bleu de la mission de l’Onu au Mali (Minusma) ont été tués. Avant eux, cinq autres soldats de la force anti-jihadiste française de l’opération Barkhane ont été victimes de ces engins entre le 28 décembre et le 2 janvier.

Lamine Savané : « à l’allure où vont les choses, la probabilité de tenir les 18 mois est un mirage »

Alors que la CEDEAO tient ce 23 janvier un sommet sur la transition au Mali,  le chercheur Lamine Savané en explique les enjeux.

La CEDEAO tient ce 23 janvier un sommet sur la transition au Mali, est-ce pour eux l’occasion de demander des clarifications ou de remettre un coup de pression sur les autorités de la transition ?

On ne peut pas dire que le début de cette transition,5 mois après le coup d’État qui a mis fin au pouvoir d’IBK soit une réussite parfaite eu égard aux premiers actes politiques posés. Les désignations du président de la Transition Bah N’Daw ou du Premier ministre MoctarOuane, ont été l’occasion d’âpres négociations de même que la Composition du gouvernement. Par rapport aux 18 mois fixés pour la transition, il ne reste qu’un an. C’est donc normal que la CEDEAO vienne s’enquérir de l’avancée des objectifs fixés, dont le principal reste l’organisation d’élections libres et transparentes pour le retour d’un pouvoir civil. Pour le moment, on ne voit pas l’ébauche d’un travail qui peut faire espérer la tenue de ce délai. La CEDEAO est l’organisation qui est censée faire respecter l’accord, sur ce point elle est dans son rôle. On en saura un peu plus dans 6 mois.

La feuille de route de la transition est assez ambitieuse et donnerait quelque part l’air d’un programme présidentiel, tant les chantiers prévus pour être exécutés sont immenses. L’idée de « refondation de l’Etat » qui s’en trouve au cœur n’a pas véritablement débuter, ce qui peut donner l’impression que la transition est partie pour durer au-delà des 18 mois précédemment fixés. Il s’agit là d’une éventualité que la CEDEAO ne voudrait pas voir s’opérer, d’où cette réunion qui ressemble effectivement à un coup de pression sur les autorités de la transition.

Lors de la dernière visite de l’émissaire de la CEDEAO au Mali, le M5-RFP lui a brossé un tableau bien sombre de la situation, cette stratégie peut-elle s’avérer payante pour le mouvement ?

La CEDEAO n’a pas besoin du M5-RFP pour s’apercevoir de la situation critique que traverse le Mali, car contrairement à ce que l’on peut penser, ils sont bien plus informés. On a tendance à penser naïvement que le Mali se limite à Bamako. Mais en dehors de Bamako où la sécurité est plus ou moins relative (les différents braquages qui ont couté la vie à des usagers à l’approche des fêtes de fin d’année), la sécurité est-elle revenue ? J’en doute fort. Sans parler du nord et du centre, sur la rive gauche de Ségou à 230 km de Bamako, les djihadistes font régner la loi.  Les écoles sont fermées, des bureaux de vote ont été saccagés lors des dernières élections législatives etc. La situation de Farabougou à côté du cercle de Niono est illustrative de ce tableau sombre. De plus, les différentes arrestations en dehors de tout cadre légal (point qui a été soulevé dans le communiqué final de La CEDEAO), pour tentative de coup d’état, font référence à des périodes autoritaires qu’on pensait révolues au Mali. Manifestement, l’histoire se répète beaucoup au Mali.

Dans ces conditions, ce n’est pas le M5-RFP non plus qui va faire le « service après vente » pour le gouvernement après tout le traitement dont il a été l’objet de la part du CNSP. De « partenaire stratégique », il est passé au statut de « partenaire  à abattre », au sens politique du terme. Le M5-RFP pensait que la primature lui reviendrait en raison du rôle qu’il a joué dans le changement de régime (qui jusque-là ne semble pas se traduire par un changement de système de gouvernance). Mais au final ses membres se sont aperçus que la demande des CV de la part du CNSP (plusieurs candidatures envoyées) n’était rien d’autre qu’une énième manière de les humilier.Il y avait déjà une stratégie politique qui était bien pensée, et qui consistait à débaucher un à un les membres du M5-RFP, même s’il a été constaté que certains de ses membres, se rendaient régulièrement à Kati auprès des putschistes, une manière pour eux de solliciter ces derniers. Les militaires n’ont peut-être pas parachevé le travail du M5-RFP, en revanche, ce qui est sûr,c’est qu’ils ont parachevé celui d’IBK. La posture du M5-RFP me semble donc logique. Le temps nous dira quelle stratégie a été payante, celle de s’associer avec le CNSP ou celle rester fidèle à l’idéal du M5-RFP qui est l’exigence d’un vrai changement, c’est à dire la fin de l’impunité et de l’injustice, pour un réarmement de l’Etat malien.

Le manque d’inclusivité et de clarté lors de cette transition est très décriée alors qu’il ne reste que 14 mois, est-il possible de voir une prolongation de cette transition ?

Dire que la stratégie de cette transition n’est pas claire est un doux euphémisme. À l’allure où vont les choses, la probabilité de tenir les 18 mois est un mirage. Nous pensons que cette transition va les déborder largement et qu’il y a un agenda caché. C’est peut-être la raison pour laquelle la CEDEAO veille au grain. Et le CNSP ne semble pas aussi pressé que cela, à organiser des élections pour retourner dans les casernes. Or, la révision du fichier électoral doit commencer maintenant pour pouvoir tenir le délai. Mais peut être que tout ceci n’est qu’une grossière orchestration visant à mettre l’opinion publique nationale et internationale devant le fait que le temps imparti (18 mois) est finalement insuffisant, et qu’il faille nécessairement le prolonger.

D’autres questions semblent prioritaires pour la transition, comme la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, issu du processus de paix, alors même que beaucoup de voix s’élèvent pour le décrier. Pour Nicolas Normand, ancien Ambassadeur de France au Mali, l’Accord d’Alger a créé plus de problèmes qu’il n’en a réglés. À notre humble avis, les autorités de la transition doivent se focaliser sur l’organisation d’élections crédibles et transparentes, tout en restant impartiales. Le candidat issu de ces élections aura toute la légitimité (s’il est bien élu) de se prononcer sur l’Accord ainsi que toutes les réformes qui s’imposent. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.  D’autres questions comme la sécurité, le fléau du djihadisme, la lutte contre la Covid19, la fin de l’impunité et de l’injustice etc. nous semblent plus prioritaires que la mise en place de l’Accord. Cela dit, certains actes du gouvernement sont à saluer, notamment celui du Ministère de la Communication et de l’Economie numérique, qui a procédé à la radiation de faux diplômés en son sein. Ce genre de mesure doit se généraliser. La fin de l’impunité pour tous est la seule règle qui vaille dans une République.

De nombreux politiquent plaident pour un organe unique de gestion des élections, cela pourrait-il régler les problèmes électoraux ?

Les problèmes du Mali sont tels que la transition ne pourra les résoudre tous bien évidemment. Encore moins le régime qui viendra après les élections. En revanche, la transition est une occasion formidable pour bâtir de bonnes bases pour le Mali de demain. Pour les élections à venir, la mise en place d’une commission indépendante acceptée par tous les protagonistes peut-être une piste. Mais des élections justes et crédibles nous semblent être un préalable. Car, mettre frauduleusement en place un président qui n’incarne pas la volonté de son peuple, peut se heurter perpétuellement à des blocages tels que nous l’avons vu avec IBK. La mise en place d’un organe indépendant est indispensable à l’organisation d’élections crédibles. Mais qu’est-ce que nous constatons dans les faits ? La mainmise des militaires sur le ministère de l’administration territoriale (qui organise les élections), combinée à la nomination des gouverneurs régionaux militaires (13/20) qui sont les représentants de l’exécutif dans les régions (qui supervisent donc les élections) démontrent très clairement que le CNSP (ou ex-CNSP) ambitionne de peser sur les prochaines élections.  Les défis à relever sont énormes pour les prochaines décennies, pour peut-être, sauver le Mali. Mais que les dirigeants de la transition jouent déjà leur partition.

Ligue des champions CAF : le plafond de verre

Pour la énième fois, une équipe malienne s’arrête aux portes de la Ligue africaine des champions, après l’élimination du Stade malien le 6 janvier 2021. Un mur qu’aucun club malien n’a encore escaladé.

L’espoir n’aura duré que 46 minutes, le temps pour le Stade malien de Bamako d’encaisser deux buts contre le Wydad de Casablanca. Un troisième viendra sceller la rencontre et le sort des Blancs, une nouvelle fois éliminés de la Ligue des champions de la CAF. Le Stade, victorieux à l’aller, nourrissait de grandes ambitions, joueurs et staff promettant une qualification historique. Mais ce fut la désillusion. Une nouvelle fois, les clubs maliens n’arriveront pas à briser le signe indien. Depuis l’avènement de la Ligue des champions CAF, en 1997, succédant à la Coupe des clubs champions, aucune équipe malienne n’a réussi à atteindre la phase de groupes. C’est déjà la 16ème élimination du Stade, contre 10 pour son rival du Djoliba AC. Rien d’étonnant pour le consultant sportif Mohamed Soumare. « Nos clubs tombent souvent contre des équipes historiques, ou qui ont beaucoup plus de moyens et ils se font éliminer. Cela est normal ». Les équipes du Maghreb notamment, mieux structurées et disposant d’installations de qualité. Mais pas que. Pour les 16 éliminations des Blancs, seules 5 l’ont été contre des formations d’Afrique du nord. Soumare regrette qu’à chaque élimination les clubs fassent porter la couronne d’épines à un bouc émissaire, sans s’attaquer à la racine du problème. « Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Nous avons en face de nous des clubs qui ont des stratégies à long terme, alors que nos équipes se préoccupent juste du lendemain. Il n’est pas possible des sauter les étapes et d’espérer le Graal ».

Lancinante crise

Pour ne rien arranger, le football malien est depuis cinq ans embourbé dans une crise dont les maux sont toujours visibles. Les meilleurs joueurs s’expatrient pour la suite de leur carrière, affaiblissant leurs équipes. Ceux qui sont restés ont longtemps manqué de compétition et le niveau de jeu a décliné. Un paradoxe révélateur pour le football malien, dont deux clubs ont disputé les deux premières finales de la Coupe des clubs champions africains. Le Stade malien en 1965 et l’AS Réal un an plus tard.

Covid-19 : l’Afrique face à une seconde vague

Ces dernières semaines, le virus se dissémine à une vitesse exponentielle sur le continent noir où la courbe des décès ne cesse de grimper.Pour la première fois depuis le début de la pandémie, l’Afrique est devenue selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le 8 janvier dernier, la deuxième région du monde où la progression du coronavirus est la plus rapide (+ 19 %).  Seule l’Amérique du Nord la devance.

De septembre 2020 au 21 janvier 2021, le continent est passé de 1,4 à 3,3 millions de cas recensés. Sur la même période, près de 50.000 décès supplémentaires ont été dénombrés.

La situation en Afrique du Sud est l’un des signes que le coronavirus prend des proportions importantes sur le continent noir. Si la nation arc-en-ciel a annoncé moins de 5000 cas un jour de novembre, la barre des 20.000 infections a été franchie en une journée, le 8 janvier dernier.

Il y a moins de deux mois, le Rwanda avait rouvert ses écoles mais il a dû à nouveau les refermer. Plusieurs autres pays ont également décrété l’état d’urgence ou proroger celui déjà en vigueur.

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Cette nouvelle donne confirme les prédictions du directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), Dr John Nkengasong. En effet, ce dernier affirmait, le 17 décembre dernier, qu’après les fêtes de fin d’année, le taux de contamination allait dépasser celui atteint lors du pic de l’épidémie en juillet-août 2020.

Mais qu’est ce qui explique cette seconde vague de la Covid aussi soudaine que dévastatrice ? La réponse du directeur du CDC est sans équivoque : « Quand vous levez les mesures de santé publique rapidement et sans contrôle, le virus revient à la charge ».

Dans certains pays, la tendance baissière avait poussé les gouvernants à desserrer l’étau autour des restrictions de liberté pour juguler la circulation du virus. Des décisions ayant provoqué un relâchement des populations. Au Sénégal, par exemple,  le port du masque n’était plus respecté même s’il était obligatoire dans les lieux de rassemblement et les transports en commun.

« En Guinée, les populations vivent dans une indifférence totale. Pour eux, c’est comme si le coronavirus n’existait plus », confiaient certaines personnes interrogées dans ce pays ouest-africain.

Pourtant, « les mesures préventives doivent être renforcées afin de limiter les risques d’infections durant la période des fêtes, mais aussi contenir à long terme la propagation de la Covid. Le relâchement n’a pas sa place dans le combat contre cette pandémie », prévenait le coordinateur du programme d’immunisation et du développement des vaccins au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Richard Mihigo.

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Sur toute l’étendue du continent, le respect des directives sanitaires n’est pas une priorité pour des millions d’individus plongés dans la pauvreté. Un boulevard pour le virus qui a muté notamment en Afrique du Sud, pays le plus touché.

La Covid-19 est apparue en Afrique il y a maintenant dix mois. A en croire le directeur de l’Africa CDC, John Nkengasong, elle est « mieux préparée qu’avant pour combattre la seconde vague ». Et en attendant l’arrivée des vaccins, son organisation invite les Etats à davantage dépister en utilisant les tests antigéniques. Ces derniers devraient permettre une accélération des tests qui restent encore faibles sur le continent.

Mercato d’hiver : du mouvement pour les Aigles

Changement d’air en ce mercato d’hiver pour deux Aigles. Capitaine de la sélection malienne lors de la CAN 2019, Abdoulaye Diaby se relance en Belgique. L’attaquant des Aigles s’est engagé avec Anderlecht, sous forme de prêt jusqu’à la fin de la saison. De prêt en prêt, puisque le joueur avait déjà été prêté par son club du Sporting Portugal à Getafe. Une aventure espagnole décevante, avec seulement trois petits matchs disputés. Diaby, 29 ans, s’est dit heureux de retrouver la Belgique, où il avait déjà évolué et marqué les esprits. Son compatriote Souleymane Diarra, s’est quant à lui engagé avec le club de Pau FC, en Ligue 2 française. Le club, actuellement 19ème du championnat, est dangereusement menacé de relégation. Passé par la Hongrie, la France et la Turquie, Diarra était sans club depuis septembre 2020, après avoir résilié son contrat avec Gazientep.

Ras Bath : sa vie derrière les murs

Le  chroniqueur  Mohamed Youssouf  Bathily, alias Ras Bath, est en détention provisoire depuis le 31 décembre 2020, pour des « faits d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État ». À la Maison centrale d’arrêt de Bamako, il est plutôt en forme et garde le contact avec ses soutiens, qui ne ménagent rien pour obtenir sa libération.

Même s’il n’a plus ses dreadlocks, Ras Bath garde sa tête froide. « Il a un moral d’acier », affirme Boubacar Yalcoué, Secrétaire administratif du CDR (Collectif pour la défense de la République). Depuis sa mise en détention provisoire, il a pu lui rendre visite plusieurs fois.

Selon lui, Ras Bath est détenu au « premier cabinet », « le lieu le plus confortable de la Maison centrale d’arrêt ». Il a une journée chargée. Après l’appel quotidien des prisonniers, vers 6 heures du matin, Ras Bath s’acquitte de sa prière. Ensuite, il vient à la rencontre de ceux qui viennent lui rendre visite, de huit heures jusqu’à dans l’après-midi. « Par moments il est même débordé ».

À la Maison centrale d’arrêt, il mange bien, grâce à sa famille et au CDR.  Souffrant de problèmes de genoux, il bénéficie également d’un suivi médical. « J’en ai été témoin quelques fois. Quand on arrive, on le trouve en train de checker son état de santé avec des médecins », témoigne Boubacar Yalcoué.

Ras Bath n’est pas déconnecté de l’actualité. À chaque fois que les membres du CDR lui rendent visite, ils en débattent. « Le guide » profite aussi de ces occasions pour mûrir la stratégie de ses soutiens qui se mobilisent pour sa libération.  « On a de tout temps échangé avec lui », explique Boubacar Yalcoué. « Le seul message qu’il ne cesse de nous répéter, c’est de rester républicains et démocrates, de ne jamais poser des actes qui portent atteinte aux lois maliennes. Nous sommes dans ce canevas. Quand nous souhaitons poser des actions, on échange avec lui sur ce qu’il y a lieu de faire. »

Le CDR prévoyait une marche qui a été interdite à cause de l’état d’urgence et de la pandémie de Covid-19. Ensuite, c’est une demande de sit-in au Camp I de la gendarmerie, à la sécurité d’État et au tribunal de la Commune III qui a été retoquée pour les mêmes raisons. Ce 21 janvier, le CDR prévoit une caravane à travers Bamako. « Nous en avons parlé à Ras Bath et il n’y a vu aucun inconvénient ».

Barkhane : à l’heure du choix

Huit ans après le début de l’intervention militaire française au Mali, le bilan est à bien des égards mitigé. L’opération Barkhane, qui a succédé à l’opération Serval en 2014, a engrangé des résultats, mais doit de plus en plus faire face à un rejet grandissant tant au Mali qu’en France, où, selon certains sondages, plus de la moitié des citoyens ne l’approuvent plus. Si un retrait immédiat, comme le souhaite une frange de la population malienne qui donne de la voix, semble ne pas être une option, certains faits laissent entrevoir une possible réorganisation du dispositif de la force au Mali.

73% d’opinions favorables en 2013 et 59% en 2019. Ils ne sont plus que 49% des Français à approuver l’opération Barkhane, selon un sondage Ifop réalisé début janvier 2021 et publié par Le Point le 11 janvier 2021. Une nette détérioration au fil des années de l’adhésion en France à cette opération, qui s’ajoute à une exigence accrue ces dernières semaines de certains Maliens d’un départ des forces étrangères du Mali, dont les troupes françaises.

Aux avant-gardes de cette position, le mouvement « Yèrèwolo, Debout sur les remparts », qui avait appelé à une mobilisation à Bamako le mercredi 20 janvier, jour symbolique du 60ème anniversaire de l’armée malienne, pour demander « le départ de l’armée française à travers l’opération Barkhane au Mali ». Mobilisation qui tourna finalement court après que les forces l’ordre aient gazé la poignée de personnes rassemblés pour cette manifestation interdite par les autorités.  Pour ce mouvement,qui s’appuyait sur l’activiste Kemi Séba, le chanteur Salif Keita et des représentants des « Gilets jaunes » français pour la réussite de la manifestation, « le Mali n’aura jamais la paix tant qu’il ne contrôlera pas son armée et ne jouira pas pleinement de sa souveraineté ».

Pour ce mouvement, appuyé pour cette manifestation par Kemi Séba, activiste, le chanteur Salif Keita et des représentants des « Gilets jaunes » français, « le Mali n’aura jamais la paix tant qu’il ne contrôlera pas son armée et ne jouira pas pleinement de sa souveraineté ».

Pointée du doigt

La relative impopularité de l’opération Barkhane aujourd’hui résulte d’un sentiment de lassitude des populations maliennes vis-à-vis d’elle, sentiment qui s’est développé au fil des années avec l’enlisement de la crise sécuritaire dans les régions du nord et du centre, mais aussi progressivement dans celles du sud du pays.

« C’est normal que l’opération Barkhane soit critiquée aujourd’hui. S’il y a une minorité agissante au Mali qui fait beaucoup de bruit pour le retrait des troupes françaises, c’est tout simplement  parce que  l’insécurité gagne de plus en plus de terrain dans le pays », constate le Dr. Abdoulaye Tamboura, géopolitologue.

Comme pour ne rien arranger, la polémique autour de la frappe de Barkhane à Bounti, dans le cercle de Douentza, région de Mopti, le 3 janvier 2021, est venue renforcer la vision des Maliens qui souhaitent le retrait de cette force.

Par ailleurs, même si comme l’affirmaient le 7 janvier, deux communiqués distincts de l’État-major des armées françaises et du ministère de la Défense et des anciens combattants du Mali, il n’y a pas eu de dommage collatéral, ni d’élément constitutif d’un rassemblement festif ou d’un mariage dans la zone des frappes, le parti SADI du Dr. Oumar Mariko a affirmé « sans ambages », dans une déclaration en date du 18 janvier 2021, que l’armée française avait commis « une tragique bavure, qui a coûté la vie à de nombreux innocents et décimé partiellement une lignée familiale ».

« Vouloir occulter cette réalité et conclure à la présence de Groupes Armés Terroristes pour justifier une quelconque frappe de l’armée française est une insulte à l’intelligence collective de notre peuple, profondément attristé par cette tragédie », lit-on dans le communiqué signé du Bureau politique.

Ajustement impératif 

Alors donc que l’opération Barkhane fait face aux critiques sur son efficacité, la France envisage de réduire l’effectif de son dispositif présent au Sahel. Les 600 soldats supplémentaires déployés en janvier 2020, à l’issue du sommet de Pau, devraient être prochainement rapatriés.

« Nous serons très probablement amenés à ajuster ce dispositif : un renfort, par définition, c’est temporaire », a affirmé Florence Parly, ministre française des Armées, au « Parisien », dans un entretien publié le 4 janvier. Le  sommet conjoint de la France et des pays du G5 Sahel, prévu pour février prochain à N’Djamena, sera l’occasion de prendre une décision. Le président français Emmanuel Macron a confirmé le 19 janvier ce réajustement qui se fera lors du sommet, où il se rendra.

Au-delà de cette réduction de l’effectif de l’opération Barkhane, des interrogations se posent sur l’opportunité d’une réorganisation de la force en vue d’un désengagement progressif de l’armée française au Sahel.

Une réduction et une possible réorganisation dont l’impact sur le terrain peut laisser entrevoir plusieurs options, selon Niagalé Bagayoko, politologue, Présidente de l’African Security Sector Network.

« Cette réduction sera peut-être vue comme un acte de bonne volonté qui pourrait permettre de faire avancer les négociations entre Bamako et les djihadistes,  mais elle peut être vue également comme un aveu de faiblesse et encourager au contraire d’avantages d’actions contre les effectifs restants de Barkhane ou de la Minusma. Et bien entendu contre les FAMa », analyse-t-elle.

La Task Force Takuba, qui vise à faire travailler les forces spéciales européennes en accompagnement et en formation des forces sahéliennes, pourrait en revanche bénéficier d’un renforcement.

Mais, là aussi, « on peut s’interroger, parce que les dernières attaques, qui ont été très meurtrières pour la Force Barkhane en fin d’année 2020 et en début d’année 2021, pourraient avoir dissuadé les partenaires européens, qui sont encore aujourd’hui très peu nombreux, déjà, de déployer des effectifs combattants sur le terrain », indique Niagalé Bagayoko.

Pour l’experte en sécurité en Afrique de l’Ouest et centrale, il parait de plus en plus difficile pour une opération extérieure de s’impliquer dans la résolution d’une crise dont les racines font qu’il est extrêmement difficile de n’avoir qu’une approche militaire.

« On voit très bien aujourd’hui que cette problématique terroriste ou djihadiste apparait comme très imbriquée dans d’autres questions, notamment celles des affrontements inter ou intra-communautaires ou plus largement  entre groupes djihadistes  et certains groupes ou milices d’auto-défense, ce qui tend à rendre la situation extrêmement complexe », souligne-t-elle.

Renforcement des FAMa

Les autorités de la transition malienne se sont inscrites dans la poursuite de la coopération militaire avec les forces étrangères présentes au Mali. C’est dire que l’option d’un retrait immédiat de l’armée française, qui vient en appui à des forces armées maliennes faisant face à de multiples défis sécuritaires, n’est pas à l’ordre du jour.

« Ceux qui prônent le discours d’un départ immédiat de la France ne feront que précipiter le Mali dans un désastre qui ne dirait pas son nom. Je comprends cette position, parce qu’il y a de plus en plus de morts et de victimes, mais c’est ensemble, avec la communauté internationale, qu’on pourra résoudre ce problème », argue Dr. Abdoulaye Tamboura.

« Le Mali peut diversifier sa coopération,  mais elle se construit, elle ne vient pas comme cela, du jour au lendemain. C’est dans le cadre d’une confiance mutuelle. Au sein de l’Europe, aujourd’hui, je ne vois pas d’autres pays, à part la France, qui est l’un des seuls qui puisse envoyer des troupes sur un terrain extérieur d’opération. Même la Grande-Bretagne a des difficultés et l’Allemagne n’a pas une armée aussi efficace que cela », relève le géopolitologue.

La véritable alternative ne serait autre qu’un renforcement des capacités des forces armées maliennes, à travers « une formation et des outils de guerre assez efficaces, même en matière de renseignement, ce qui prendra encore quelques années », ajoute celui qui soutient qu’à partir de Ségou les forces armées maliennes ne maîtrisent plus le terrain, contrairement aux djihadistes aguerris.

C’est pourquoi, la France n’ayant pas vocation à « rester éternellement » au Mali, comme l’a plusieurs fois répété Florence Parly, l’État malien doit se préparer à trouver des alternatives pour réduire dans un premier temps l’impact que pourrait avoir l’ajustement du dispositif de Barkhane.

Covid-19 : Mesures d’accompagnement en demi-teinte pour les acteurs culturels

La pandémie de la Covid-19 a fortement impacté les opérateurs culturels maliens. Pour édulcorer l’hémorragie, le gouvernement annonce plusieurs mesures d’accompagnement, insuffisantes par rapport au manque à gagner occasionné par la pandémie.  

Après une reprise qui tenait le pas, c’est un nouveau couperet qui est tombé sur la tête de l’industrie culturelle malienne le 19 décembre dernier. Au regard de la situation sanitaire qui se dégradait, le gouvernement a institué l’état d’urgence, occasionnant la suspension de toutes les activités artistiques, culturelles et touristiques. Cette décision fait suite à une première, prise le 18 mars dernier, où elles avaient été interdites et les lieux de loisirs et restaurants fermés pour finalement reprendre cinq mois plus tard.

Selon le ministère de la Culture, le manque à gagner, de mars à septembre 2020, des acteurs de la culture est estimé à 21 milliards de francs CFA. Les démarches du département afin de mobiliser des mesures d’accompagnement ont été vaines jusqu’à cette deuxième interdiction. « Lors de la première interdiction, on avait demandé autour de 5 milliards comme mesures d’accompagnement. Malheureusement, on n’a pas eu d’écho favorable et finalement on a attendu cette fois-ci. Le gouvernement met aujourd’hui à la disposition du département un milliard de francs CFA », explique Yamoussa Fané, Chef de cabinet du ministère de la Culture.

Il poursuit qu’une commission a été mise en place le 28 décembre dernier et qu’elle a en charge de « définir les critères d’attribution des mesures d’accompagnement et d’identifier les bénéficiaires des trois types de mesures, c’est-à-dire le fonds alloué au ministère de la Culture, les allègements fiscaux et le fonds des filets sociaux Jigisèmèyiri ».

Ce dernier est une forme d’appui qui se concrétisera par des dépôts cash de 90 000 francs CFA à un million de Maliens faisant partie des couches les plus vulnérables.  Et certains artistes qui n’ont pas réellement de structures bien organisées pourraient en bénéficier. Cependant il concerne toutes les couches vulnérables, pas seulement les acteurs culturels. D’ores et déjà, plusieurs faîtières de la culture font la queue pour bénéficier de ces mesures d’accompagnement. La dernière en date, la fédération des artisans et des artistes du nord, venue le 7 janvier dernier « solliciter l’assistance sociale du département pour soulager la souffrance des acteurs ».

Pour le fonds d’accompagnement du département de la Culture, ce sont les opérateurs culturels qui sont en règle avec les impôts et qui les paient régulièrement  qui en bénéficieront. « Ce n’est pas du tout facile. C’est une tâche très délicate », reconnaît Yamoussa Fané.

Covid-19 : l’Unicef contre une nouvelle fermeture des écoles

Les écoles ne doivent pas fermer, malgré la nouvelle vague du coronavirus, plaide l’Unicef.Le Fonds des Nations unies pour l’enfance, généralement désigné par l’acronyme (Unicef) soutient que les enfants ne peuvent pas se permettre de vivre une année supplémentaire sans école.

« Alors que nous entamons la deuxième année de pandémie de Covid-19, et que les cas continuent de monter en flèche dans le monde entier, aucun effort ne doit être ménagé pour que les écoles restent ouvertes ou pour leur accorder la priorité dans les plans de réouverture », plaide Henrietta Fore, Directrice générale de l’Unicef.

Elle ajoute, dans une déclaration parvenue à APA, qu’en dépit des effets largement documentés de la fermeture des écoles sur les enfants et de la présence d’un nombre croissant de données probantes sur le fait que les écoles ne constituent pas des vecteurs de la pandémie, trop de pays ont choisi de maintenir leurs écoles fermées, parfois pendant près d’un an.

« Les fermetures d’écoles, qui ont affecté 90 % des élèves à travers le monde lorsque les mesures de confinement prises en riposte à la pandémie ont atteint leur paroxysme et qui ont laissé plus d’un tiers des écoliers sans accès à l’enseignement à distance, ont eu des conséquences dévastatrices », souligne Mme Fore.

Elle informe que quelque 24 millions d’enfants supplémentaires devraient être déscolarisés, ce qui portera le nombre d’enfants déscolarisés à un niveau jamais atteint depuis plusieurs années et que nous n’avions réussi à faire baisser qu’au prix de durs efforts.

« La situation mine la capacité des enfants à lire, à écrire et à réaliser des calculs de base et les empêche de développer les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans l’économie du XXIe siècle. Leur santé, leur développement, leur sécurité et leur bien-être sont menacés. Et ce sont les plus vulnérables d’entre eux qui paieront le plus lourd tribut », indique la Dg de l’Unicef.

Elle déplore que privés de repas scolaires, les enfants sont exposés à la faim et voient leur état nutritionnel se détériorer. Privés d’échanges quotidiens avec leurs pairs et d’occasions de se dépenser, ils voient leur condition physique se dégrader et montrent des signes de détresse mentale. Privés du filet de sécurité que leur offre souvent l’école, ils sont plus vulnérables aux abus ainsi qu’au mariage et au travail des enfants.

« Pour toutes ces raisons, la fermeture des écoles doit uniquement constituer une mesure de dernier recours, après que toutes les autres possibilités ont été envisagées. L’évaluation du risque de transmission à l’échelle locale doit constituer un facteur déterminant dans les décisions touchant au fonctionnement des écoles. Les fermetures d’écoles à l’échelle nationale doivent être évitées autant que possible », conclut Henrietta Fore.

Covid-19: l’Afrique à l’heure des stratégies vaccinales

En Afrique, le choix des stratégies de vaccination contre le nouveau coronavirus diffère d’un pays à un autre.La théorie de l’immunité collective avait fini d’habiter une grande partie de l’opinion sur le continent quand, depuis quelques semaines, surgit une deuxième vague de contamination plus meurtrière.

Jusqu’à la mi-janvier, plus de 81.000 patients sur 3,2 millions ont été emportés par la pandémie. La contamination a connu une progression particulièrement significative dans l’ouest et le sud. Si la campagne de vaccination a déjà débuté dans les pays développés, les pays africains commencent à poser des jalons pour recevoir leurs premières doses.

Directeur du Centre de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) de l’Union Africaine (UA), le virologue camerounais John Nkengasong note que le continent compte actuellement sur trois mécanismes de vaccination.

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« D’abord, le Covax, coordonné par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en collaboration avec l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (Cepi), qui a pour but de vacciner 20 % des personnes les plus vulnérables dans 92 pays à faible revenu, dont la plupart sur le continent », a-t-il déclaré dans Jeune Afrique.

Ainsi, la Team Europe (Commission européenne, Etats membres de l’Union Européenne et Banque Européenne d’Investissement) a annoncé lundi avoir octroyé un appui de 850 millions d’euros, soit plus de 556 milliards F CFA en faveur de cette initiative mondiale qui vise un accès équitable aux vaccins.

Ce programme a passé des accords pour se procurer deux milliards de doses que l’agence onusienne veut commencer à livrer dès la fin de ce mois de janvier.

Acquisition

L’objectif de l’UA est de vacciner « au moins 60 % de la population africaine » pour atteindre l’immunité collective et ralentir la propagation du coronavirus. En outre, l’organisation panafricaine assure que les gouvernements seraient, dans les jours à venir, en mesure de commencer à passer commande via sa plateforme.

« Pour combler cet écart de 40%, l’Union Africaine a lancé sa propre initiative. L’équipe spéciale pour l’acquisition de vaccin en Afrique (African Vaccine Acquisition Task Team, AVATT) vient d’acquérir 270 millions de doses, dont 50 millions seront disponibles en avril et juin. Enfin, certains pays comme le Maroc et l’Égypte ont opté pour des essais cliniques sur leur sol, après avoir négocié avec des laboratoires pharmaceutiques étrangers », a poursuivi M. Nkengasong.

A l’instar de ces deux pays du Maghreb, le Kenya et l’Afrique du Sud ont opté pour la même stratégie. Ils veulent retrouver la vie normale, surtout pour les pays nord-africains dont les activités touristiques sont fortement impactées par la pandémie.

La nation arc-en-ciel est, pour sa part, le pays africain le plus touché avec plus d’un tiers des malades recensés. Le ministre de la Santé, Docteur Zweli Mkhize, a confié qu’il visait « février » pour doter son pays de ses premiers vaccins. Il a expliqué, lors d’une conférence de presse, être en négociations avec plusieurs fabricants dont Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson, ainsi qu’avec des laboratoires russes et chinois.

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Le Sénégal, qui a franchi la barre des 500 morts et enregistrant depuis quelques semaines des centaines de nouvelles contaminations par jour, parie également sur cette double stratégie qui comprend l’initiative Covax et la négociation directe avec des laboratoires pharmaceutiques.

Stratégies et avantages

Dans un tweet publié mardi dernier, mais retiré quelques heures plus tard, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a évoqué un « don » de 200.000 doses du chinois Sinopharm, avant de rétropédaler. Les autorités sénégalaises ont expliqué par la suite que les deux parties continuaient de discuter.

Elles ont ciblé, pour la vaccination, trois groupes prioritaires qui représentant environ 20% de la population, soit 3,5 millions de personnes. Il s’agit des personnels de santé, des personnes souffrant de comorbidité et des sujets âgés. Le ministère de la Santé avait déclaré précédemment que le pays allait disposer de ses premières doses de vaccins en mars 2021, après homologation par l’OMS.

Il projette ainsi de commencer la campagne vaccinale avant fin mars là où le Maroc espère le faire d’ici début février. Pour le moment, en Afrique, seul l’archipel des Seychelles vaccine sa population. Le gouvernement local veut protéger ses 95.000 citoyens avec le vaccin chinois Sinopharm.

Par ailleurs, la double stratégie est « un marché qui profite à tout le monde », selon Mamady Traoré, médecin et référent vaccination et réponses aux épidémies chez Médecins Sans Frontières. « Pour les entreprises, il s’agit de tester leur vaccin dans un contexte différent, sur des populations différentes. De plus, cela permet de faire grandir l’échantillon afin qu’il soit toujours plus représentatif. En échange, les pays accueillant les tests reçoivent un accès prioritaire au vaccin », explique-t-il sur France 24.

Dans ce contexte sanitaire, le choix d’un vaccin n’est pas anodin. Surtout avec la problématique de la logistique. En effet, plusieurs pays africains ne disposent pas d’équipements adaptés pour stocker des vaccins à – 20 ou – 70 degrés.

Conservation

Par exemple, il n’y a « pas de chambres froides au Sénégal pour conserver des vaccins à – 80 degrés », a confié à la presse locale le Docteur Annette Seck, directrice de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA). En revanche, a-t-elle précisé, « celui de Moderna peut l’être au Sénégal car sa conservation répond aux normes actuelles dans le pays ». Ce dernier peut être conditionné en effet à – 20 degrés.

Par ailleurs, « le vaccin de Pfizer/BioNTech n’est pas adapté au contexte africain », a noté Mamady Traoré, qui attend davantage d’autres vaccins, à commencer par celui du laboratoire AstraZeneca.

L’efficacité de ce produit est inférieure (62 %) à celles des vaccins de Moderna (94 %) et de Pfizer (95 %). Mais selon certains spécialistes, il présente deux avantages majeurs pour les pays africains : sa température de stockage se situe entre deux et huit degrés et les doses sont beaucoup moins chères, entre deux et trois dollars par injection contre vingt-cinq au minimum pour les deux autres.

En revanche, l’UA a jeté son dévolu sur les vaccins de Pfizer-BioNTech, AstraZeneca et Johnson & Johnson, en plus de ceux qui seront fournis via Covax. Dans ce cadre, le directeur d’Africa CDC a appelé les Etats africains à agir rapidement pour organiser les sites de stockage dans les grandes villes, former les personnels de santé, sécuriser l’approvisionnement de matériel comme les aiguilles, et créer des systèmes efficaces de suivi des vaccinations effectuées.

Covid-19 : une peur bleue du vaccin en Afrique

Le continent noir bruisse de rumeurs sur la prétendue dangerosité des vaccins mis sur le marché mondial créant une paranoïa. Eclairage.Un vent de frayeur souffle à Dakar et dans de nombreuses mégalopoles africaines. Pour cause, l’imminence de l’administration des vaccins contre le nouveau coronavirus suscite de plus en plus de la méfiance.

« Me faire vacciner ? Jamais de la vie. Ni moi, ni mes enfants. C’est trop risqué », rabâche Emile (nom d’emprunt), vigile dans la capitale sénégalaise et ressortissant d’un pays ouest-africain. Cet exemple est loin d’être un cas isolé.

En effet, un tour sur Internet permet de mesurer l’ampleur de la réticence envers les vaccins censés protéger de la Covid-19. La théorie du complot est savamment entretenue sur la toile à coup de vidéos, photos et textes.

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Au Sénégal, des citoyens attendent des plus hautes autorités qu’elles montrent le chemin. « Pour moi, il y a des non-dits. C’est pourquoi je veux que le président de la République et toute sa famille se vaccinent. Je me donnerai ensuite un délai afin que la plupart des gens le fassent pour voir les conséquences sur leur santé », prévoit l’étudiant Pierre Mademba Badji.

Le jeune homme avoue être influencé, entre autres, par le patron de Pfizer qui aurait refusé de recevoir son propre vaccin. A y regarder de plus près, la déclaration d’Albert Bourla a été sortie de son contexte.

Le PDG du laboratoire américain a simplement dit qu’il « préfère attendre » car ne faisant pas partie des cibles prioritaires que sont les personnes âgées, celles souffrant de certaines pathologies, le personnel soignant…

Traumatisés par le passé récent du continent où des expérimentations médicales sur l’Homme n’ont pas été effectuées dans les règles de l’art, des Africains se braquent dès qu’on fait allusion aux injections.

« Des fake-news circulent sur les dangers du vaccin dans une perspective complotiste.
Actuellement, il s’agit de recadrer les perceptions souvent négatives autour des décisions en lien avec la maladie et surtout par rapport à l’acceptation du vaccin », explique Sahite Gaye, enseignant-chercheur en Sciences de l’information et de la communication.

Alors que l’Occident est déjà en plein dans la campagne de vaccination, la majeure partie des Etats africains n’en sont qu’aux préparatifs. L’Union Africaine (UA) ambitionne de vacciner au moins 60 % de la population du continent pour atteindre l’immunité collective. La réussite de cette mission passera donc par la déconstruction d’idées préconçues.

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Pour rétablir la confiance, M. Gaye propose notamment de « passer par les autorités religieuses et coutumières. Car leurs sorties médiatiques faciliteront le travail communicationnel. Mais il faut beaucoup de pédagogies ».

A ce jour, une dizaine de vaccins ont été homologués. Leur développement express par les laboratoires pharmaceutiques s’explique par l’urgence de vaincre un virus mortifère dans le monde entier.

Mali : Un Casque bleu tué à Tessalit

Un soldat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a été tué à Tessalit.Le Casque bleu, dont la nationalité n’a pas été révélée, est décédé dans l’attaque à l’engin explosif (IED/mine) perpétrée contre un camion-citerne de la Minusma

« Le Représentant spécial du Secrétaire-général (RSSG) et Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, a appris avec consternation l’attaque à l’engin explosif (IED/mine) perpétrée contre un camion-citerne de la Minusma, qui faisait partie d’un convoi logistique, (…) aux environs de Tessalit, dans la région de Kidal », renseigne un communiqué de la mission onusienne.

Elle souligne que suite à l’explosion, deux Casques bleus ont été grièvement blessés. L’un d’eux a malheureusement succombé à ses blessures durant son évacuation médicale. Le deuxième reçoit actuellement les soins appropriés.

« Lors de la sécurisation du site, un autre engin explosif a été détecté puis neutralisé à proximité du site de l’explosion. Le RSSG condamne fermement de tels actes ayant pour but de paralyser les opérations de la Minusma sur le terrain et de toucher indistinctement le personnel des Nations Unies, de ses partenaires, ou des civils innocents », poursuit le communiqué.

Le 13 janvier dernier, quatre Casques bleus ivoiriens ont été tués au sud de Tombouctou par un engin explosif (IED).

Assane Sidibé : « Nous n’avons qu’un seul Mali, personne n’a intérêt à ce qu’il chavire»

Ancien maire et député, Assane Sidibé siège depuis début décembre 2020 au Conseil national de la Transition (CNT). Dans un entretien accordé à Journal du Mali, il évoque les raisons de ce choix, mais aussi Yelema, le parti politique dont il préside la section en Commune IV du District de Bamako.

On vous entend souvent être très critique, pourtant vous être au CNT. Pourquoi  avoir fait ce choix?

Pour moi, le choix n’était même pas discutable par rapport à ce que j’ai fait dans l’ancienne législature. C’était une occasion de continuer le boulot. Le Mali est en train de vivre une période cruciale de son existence. J’ai été sollicité et j’ai accepté d’apporter ma contribution à l’édification de mon pays. Je me suis dit aussi que c’était une occasion inouïe pour les Maliens. Le CNT étant l’organe le plus important de la Transition, il était donc impératif pour moi d’y être. Nous n’avons qu’un seul Mali, personne n’a intérêt à ce qu’il chavire.

Est-ce pour vous une continuité du mandat de député ?

C’est une occasion de continuité parce que pleins étaient de l’Assemblée nationale dissoute mais n’ont pas eu l’occasion d’être au CNT. Au-delà de cela, pour moi, le plus important  c’est simplement de parfaire le boulot que j’avais commencé, faire la politique autrement. En cela, c’est même plus qu’une continuité, c’est une occasion de refaire.

Votre parti, Yelema, prône « la politique autrement ». En quoi traduisez-vous concrètement cette aspiration ?

La politique autrement n’est autre que de servir le peuple et non de se servir. C’est ce que nous avons toujours dit et que nous sommes en train de démontrer. Il y a eu l’alternance au sein du parti. Lors de l’ancienne législature, Moussa Mara et moi avions décidé de créer une caisse de solidarité au profit des femmes et des jeunes de la Commune IV avec nos salaires, ce qui continue d’ailleurs avec mon salaire au CNT. C’est autant de faits qui concrétisent notre aspiration.

Comment se prépare votre parti pour les élections ?

Nous sommes en train de parcourir le pays pour aller à la rencontre des futurs sympathisants et électeurs et leur proposer notre solution pour le Mali et l’expérience de la jeunesse. Aujourd’hui, nous pensons que notre heure est arrivée. Nous l’espérons,  par la grâce de Dieu.

Des primaires au sein de votre parti pour la désignation du futur candidat à la présidentielle ?

Bien sûr qu’il y en aura, si en plus de Moussa Mara, qui n’a pas encore déclaré sa candidature, il y a d’autres camarades qui se présentent. Nous sommes un parti de démocrates.

Calendrier électoral : la grande inconnue

Le chronogramme des élections à venir dans les prochains mois n’est pas encore totalement ficelé. Des dates indicatives ont été communiquées par le gouvernement, le 22 décembre 2020, pour au moins quatre scrutins à tenir d’ici au premier trimestre 2022 pour la fin de la transition. À moins de six mois de la première de ces échéances, un calendrier électoral détaillé, avec les dates précises du processus, est toujours attendu.

« L’essence de la Transition réside dans la préparation et la tenue d’élections incontestablement propres, où un vainqueur accepté et congratulé conduira les destinées du pays, renouant avec le projet démocratique, pour notre honneur à tous, pour notre bonheur à tous. Des élections tenues à date, des élections méthodiquement organisées, des élections préparées de manière transparente et inclusive », déclarait le Président de la Transition Bah N’Daw dans son discours à la Nation le 31 décembre 2020.

S’il a affirmé que le calendrier de ces élections était toujours en discussion, quelques jours plus tôt le gouvernement s’était penché sur la question lors d’une réunion par visioconférence du Cadre de concertation national entre lui et les chefs des partis politiques ou leurs représentants.

Il a été annoncé à cette occasion un référendum constitutionnel prévu pour le 2ème trimestre 2021, l’élection des conseillers des collectivités au 4ème trimestre 2021 et d’éventuelles élections des conseillers nationaux ou des sénateurs, suivies de la présidentielle couplée aux législatives, courant 1er trimestre 2022.

Esquisse imprécise

« Je considère cela comme une simple esquisse de programme à discuter. Nous attendons à notre niveau plus de précisions, parce que pour nous ce n’est pas encore un calendrier clair », a réagi Housseini Amion Guindo, Président de la CODEM.

Dans certains partis, à l’instar de l’ADEMA-Pasj ou encore des Fare An Ka Wuli, il n’y a pas eu de réunion formelle pour se pencher sur les dates proposées par le gouvernement. « Nous pensons qu’il y avait des préalables avant la publication de ce chronogramme, parce que selon nous tout doit découler d’un consensus entre les acteurs et les partenaires », déplore Bréhima Sidibé, Secrétaire général adjoint du parti Fare An ka Wuli.

Mais pour Cheick Oumar Diallo, ppésident de la jeunesse de l’ADP-Maliba, même si son parti estime que c’est un calendrier « très ambitieux », qui nécessite que le travail commence dès à présent pour davantage le préciser, c’est déjà « un premier pas vers une meilleure compréhension de l’agenda électoral national ». « En ce début d’année, nous attendons que le cadre de concertation se réunisse à nouveau pour dégager un consensus sur des dates plus précises ».

Enjeux divers

Si l’ensemble des partis politiques est d’accord sur la nécessité du retour à un ordre constitutionnel normal dans les délais consentis, les priorités divergent, allant des réformes à mener avant d’aller aux élections pour certains à une refondation totale de l’État pour d’autres. « Le premier des enjeux, c’est de réussir à trouver un consensus avec les partis politiques », soutient Cheick Oumar Diallo.

Comme pour rappeler la contrainte du peu de temps restant, Housseini Amion Guindo évoque pour sa part des enjeux liés au respect scrupuleux de l’engagement du président de la Transition à tout organiser au cours des 18 mois convenus.

Pour le Président de la CODEM, il ne faut prioriser que les élections présidentielle et législatives, « parce qu’on ne peut pas tout organiser, les élections coûtant cher et la situation financière du pays ne le permettant pas ».

« Un chronogramme ne se fait pas dans le vide mais après avoir posé des actes susceptibles de faire réussir sa mise en œuvre. Pour le moment, rien n’est encore fait dans ce sens », constate par ailleurs Assarid Ag Imbarcawane, Secrétaire général de l’ADEMA et membre du Conseil national de la Transition.

Il affirme d’ailleurs qu’aucun texte portant chronogramme électoral du gouvernement n’a été pour l’heure proposé pour adoption au CNT.

La ZLECAF est opérationnelle (responsable)

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) est entrée dans sa phase opérationnelle.Son Secrétaire général, Wamkele Mene, a affirmé que « le voyage de l’Afrique vers l’intégration des marchés a commencé sérieusement avec le début des échanges commerciaux » depuis le 1er janvier 2021.

Au cours d’une conférence de presse virtuelle, hier mercredi, M. Mene a rejeté l’idée selon laquelle l’accord la ZLECAF est précipité, affirmant qu’il n’existe pas d’accord commercial où tous les membres sont prêts en même temps.

« Des pays comme le Ghana, l’Égypte et l’Afrique du Sud sont en fait prêts avec des infrastructures douanières requises pour assurer le démarrage d’échanges commerciaux significatifs », a-t-il déclaré, ajoutant que le Ghana a officiellement annoncé le 4 janvier dernier la première expédition de marchandises à exporter dans le cadre de la ZLECAF, un événement que d’autres pays reproduiront bientôt pour marquer l’étape.

« Le point le plus important que je veux souligner est que l’Afrique fait maintenant du commerce selon de nouvelles règles, de nouvelles préférences, parce que nous voulons construire un marché unique intégré sur le continent africain. Il faudra peut-être un certain temps avant que chacun d’entre nous en perçoive les avantages directs. Nous ne nous laisserons pas dissuader par nos détracteurs qui disent ne pas voir la preuve que les échanges commerciaux ont réellement commencé », a expliqué Mene.

Selon lui, l’intégration des marchés n’est pas un événement, mais un processus qui prend du temps, soulignant qu’il a fallu à l’Union européenne près de 60 ans pour atteindre son niveau d’intégration actuel.

« Je n’ai jamais entendu parler d’un accord commercial où tous les pays étaient prêts dès le premier jour […]. L’intégration des marchés africains prendra du temps, mais il faut bien commencer quelque part », a-t-il déclaré.

L’accord commercial continental devait officiellement entrer en vigueur le 1er juillet 2020, mais il a été reporté de six mois en raison de la pandémie de Covid-19.

La ZLECAF offre à l’Afrique la possibilité de créer la plus grande zone de libre-échange du monde, avec le potentiel de réunir plus de 1,2 milliard de personnes et d’ouvrir une nouvelle ère de développement. Elle a également le potentiel de générer toute une série d’avantages en favorisant la création d’échanges commerciaux, la transformation structurelle, l’emploi productif et la réduction de la pauvreté.

Sur les 55 pays du continent, seule l’Érythrée doit encore signer l’accord, qui a déjà été ratifié par 34 États membres.

Par l’intermédiaire de son Centre africain pour la politique commerciale (ATPC), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a travaillé avec la Commission de l’Union africaine (CUA) et les États membres afin d’approfondir l’intégration commerciale de l’Afrique et de mettre en œuvre efficacement l’accord par le biais de la promotion des politiques et de l’élaboration de stratégies nationales.

La CEA travaille également avec le Centre du commerce international (ITC), la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et des experts commerciaux indépendants, avec le soutien financier de l’Union européenne, pour soutenir la mise en œuvre de l’accord de libre-échange africain sur tout le continent.

Mali – Loi anti VBG : battue en brèche

Longtemps attendue par les défenseurs des droits de la femme, la loi anti Violences basées sur le genre (VBG) est encore loin de faire l’unanimité. Son processus d’adoption vient d’être suspendu par les autorités, sous la pression du Haut conseil islamique du Mali (HCI), opposé au texte. Outre la sensibilité des questions soulevées, comme les mutilations génitales féminines ou l’âge légal du mariage, l’ambigüité de certaines dispositions parasite le débat et empêche de poser de façon objective la problématique. Entre défenseurs « de nos coutumes et valeurs » et pourfendeurs « des violences basées sur le genre », le fossé est grand. Et le combat pour l’adoption de cette loi spécifique semble bien compromis.

« Dans tout ce qui concerne l’état des personnes, principalement les questions relatives à la succession en République du Mali, souvent les questions sont mal posées et lorsque les problèmes sont posés on le prend par le mauvais côté », estime Maître Abdrahamane Ben Mamata Touré, avocat.

Les  règles et la manière de vivre communes, censées régir notre vie en société, doivent donc être définies ensemble. Dans un tel contexte, les lois sociales qui émanent de diverses « forces créatrices » devront être en harmonie avec celles du droit. Les religieux étant une partie intégrante de ces forces, leur adhésion ou leur rejet détermine souvent le sort de ces règles.

Ainsi, « pour qu’une loi passe, que les gens s’y retrouvent et y adhèrent, il faut que ce soit conforme à leur façon de voir et d’être ». Parce que la loi ne vient que pour mettre en normes « un style et un mode de vie », poursuit Maître Touré.  Cette  loi qui nous est donc propre et que l’on s’applique n’est pas forcément celle que l’on amène d’ailleurs.

Même si le mimétisme n’est pas forcément mauvais, parce que les bonnes pratiques peuvent exister partout. Il nous faut cependant choisir entre nous battre « pour mettre en place un système normatif qui nous ressemble et dans lequel on se reconnaît » ou des règles venues d’ailleurs et que nous transposons dans notre dispositif.

Entraves à la lutte ?

Dans tous les cas, le sursis à l’adoption de cette loi est un coup dur pour le combat pour l’élargissement des droits de la femme, selon Dr Kontin Marie-Thérèse Dansoko, chargée des questions Genre au ministère de la Justice. « Parce que généralement, à chaque fois qu’il y a en vue l’élaboration d’un texte favorable à la promotion de la femme, le gouvernement capitule face aux religieux ».

Mais il ne  faut pas voir dans ce sursis « un simple recul », relève Maître Touré. Il est important de savoir quels sont les reproches faits au texte par « les forces religieuses et sur lesquels le gouvernement a reculé ». De cette façon le débat sera clairement posé et chacun « se fera sa religion ».

Parmi les associations qui ont lutté pour obtenir cette loi contre les VBG, Demeso, une clinique juridique qui assiste les victimes de violences, ne considère pas la décision du gouvernement de surseoir au processus d’adoption comme un recul. Elle veut plutôt y voir une opportunité pour continuer la concertation. « On peut se réunir avec ceux qui contestent. Certains articles, qui prêtent à confusion ou sont mal compris, peuvent être relus », estime Maïga Mariam Diawara,  coordinatrice Genre de Demeso. Sinon, « d’autres sont vraiment clairs et cruciaux et il est urgent d’avoir cette loi ».

Parmi les aspects reprochés à l’avant-projet de loi, l’article 3, dont ambiguïté laisse la place à toute sorte d’interprétations. « La présente loi protège toute personne, sans aucune forme de discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, l’identité ou l’expression de genre, l’état de grossesse, l’état-civil, l’âge, sauf dans la mesure prévue par la loi et en conformité avec les textes internationaux ratifiés, la religion, l’opinion politique, la langue, l’origine ethnique ou nationale, le handicap physique ou psychique, la situation matrimoniale, la situation sociale ou sur tout autre motif lié à l’identité d’une personne ». Certains y voyant une autorisation tacite de l’homosexualité.

Plusieurs griefs sont évoqués à l’encontre de l’avant-projet par le Haut conseil islamique du Mali, qui dénonce « l’esprit non malien » du texte. Pour M. Mohamed Macki Bah, Vice-président du HCI, « l’article 2, qui dit « aucune coutume, tradition, culture ou religion ne peut être invoquée pour justifier la perpétration d’une violence basée sur le genre, disculper un auteur quelconque de ce type de violence ou minimiser la peine applicable à l’encontre de celui-ci », justifie notre opposition à cette loi ».

Parce que « chaque Malien appartient soit à une coutume, soit à une religion, et dire qu’aucune d’elle ne peut s’opposer à cette loi dès qu’elle entre en vigueur » est inacceptable.

Ensuite, le HCI reproche aux autorités de remettre dans ce texte des dispositions qui avaient fait l’objet de discorde entre eux, lors de l’adoption du nouveau Code des personnes et de la famille, en 2009 puis 2011.  Alors même qu’un terrain d’entente avait été trouvé entre les deux parties.

Modèle consensuel

Il s’agit par exemple des règles relatives à la succession. Il avait été convenu que lorsque les gens le décident leur succession soit gérée selon la loi musulmane ou par le droit positif. Un compromis remis en cause dans l’avant-projet de loi anti VBG, qui garantit l’entièreté de la part successorale à la femme notamment. Concernant le mariage précoce, c’est-à-dire celui d’une personne âgée de moins de 18 ans, qui « va être criminalisé » par la nouvelle loi, c’est une véritable aberration pour le HCI. En effet, il avait été aussi convenu qu’avec l’accord des parents, « des enfants de moins de 18 ans ayant une certaine maturité », puissent se marier.

Déplorant de n’avoir « jamais été associé » au projet, le Vice-président du HCI explique qu’ils ont « été simplement invités lors de dernière journée de plaidoyer ». « Si nous avions été associés dès le début, nous aurions aidé le combat contre les violences faites aux femmes. Nous sommes engagés dans ce combat ».

Si le HCI approuve l’abandon par le gouvernement du projet, il estime qu’il « faut consulter les Maliens, pour lesquels la loi sera prise ». Ceux dont la coutume ou la religion est touchée doivent donner leur avis.

Et il est bien possible « d’en parler de manière apaisée et de trouver un compromis », selon Maître Touré. Autant pour le mariage précoce que pour l’excision.

Tout un arsenal

Mais pour lutter efficacement contre les VBG, une loi ne suffit pas. Il faut mettre en place tout un arsenal pour aboutir à une prise en charge rapide et efficiente des cas. En plus de la loi spécifique, il faut des juridictions spécifiques. Afin que quand un acte est commis la police soit directement saisie. Alors se tiendront des audiences de référé et l’homme ou la femme mis en cause sera directement jugé, explique Marie-Thérèse Dansoko. Or, ce dispositif n’existe pas encore.

Pour y arriver, il faut « se mettre ensemble pour adopter des textes qui correspondent à nos valeurs », suggère Madame Maïga. Il est donc possible de « retravailler le document » et surtout de se dire que ce n’est « pas une loi pour les femmes, mais les pour les deux sexes ». Pour des questions comme celles de l’excision ou du mariage précoce, « ce sont les professionnels de santé qui peuvent mieux expliquer les enjeux », ajoute Madame Maïga. Il faut donc les associer et « approcher ceux qui s’opposent ».

Parce « qu’à cause de deux sujets on remet en cause des dispositions protectrices pour les hommes et les femmes », déplore le Dr Kontin. Si le moment n’est pas propice pour remettre cette loi sur la table, « il faut, avant tout processus d’adoption, procéder à une large diffusion de la loi et de son contenu et se battre pour l’adhésion au lieu de se battre pour son adoption », suggère-t-elle.

Attaque contre les casques bleus ivoiriens: le bilan s’alourdit à quatre morts

Le bilan provisoire de trois morts de l’attaque terroriste perpétrée à 95 km au sud de Tombouctou au Mali contre un détachement des casques bleus ivoiriens de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation au Mali ( MINUSMA), s’est alourdit à quatre morts avec le décès du sergent-chef Doumbia Yacouba de l’armée de terre qui a succombé pendant son transfert à l’hôpital.

L’information a été donnée jeudi dans un communiqué par l’Etat-major général des Forces armées de Côte d’Ivoire ( FACI).  « Le sergent-chef Doumbia Yacouba de l’Armée de Terre, blessé au cours de cette attaque, a succombé à ses blessures pendant son transfert à l’hôpital. Le bilan s’établit désormais à quatre casques bleus décédés et trois blessés», a fait savoir le communiqué signé par le chef d’Etat-général des armées, le général de corps d’armée  Lassina Doumbia. 

Mercredi, aux environs de 12h30 ( heure locale et GMT), un détachement de casques bleus ivoiriens engagés au sein de la MINUSMA en mission de reconnaissance, a été l’objet d’une attaque d’un groupe armée terroriste à 95 km environ au Sud de Tombouctou.