Le paradoxe des données de la démocratie

Cette année électorale historique, au cours de laquelle le vote aura eu lieu dans des pays qui représentent la moitié de la population mondiale, a mis en évidence une sombre réalité : la vérité est attaquée. Qu’il s’agisse de l’ancien président américain Donald Trump, qui répand des mensonges sur la réponse fédérale à l’ouragan Helene, des politiciens d’extrême droite en Hongrie qui prétendent que leurs adversaires ont l’intention de déclencher la Troisième Guerre mondiale ou de la prolifération des « deepfakes » générés par l’intelligence artificielle, ce torrent de désinformation fait qu’il est difficile pour les électeurs de distinguer les faits de la fiction. Cela érode le fondement même de la gouvernance démocratique.

Au cœur de cette crise se trouve un paradoxe : les données, qui sont l’élément vital des démocraties modernes, peuvent devenir leur perte lorsqu’elles sont exploitées par de mauvais acteurs pour diffuser de la désinformation et saper les institutions démocratiques. Bien que cette menace soit particulièrement aiguë à l’approche d’élections majeures, il faut, pour y faire face, s’engager résolument en faveur de la vérité au-delà des campagnes électorales.

Les données jouent un rôle crucial dans le renforcement de la confiance du public dans les institutions politiques. Au fond, le contrat social entre les gouvernements démocratiques et leurs citoyens repose sur une compréhension commune de l’identité de ces citoyens. Les outils tels que les recensements et les cartes sont essentiels à ce processus, car ils reflètent la mesure dans laquelle les gouvernements reconnaissent les personnes qu’ils sont censés servir.

La transition de l’Afrique du Sud de l’apartheid à la démocratie en est un excellent exemple. Après des décennies d’exclusion et d’oppression systémiques, la construction d’une société démocratique nécessitait des informations fiables. À cet égard, le recensement de 1996 – le premier réalisé sous un gouvernement démocratique – a marqué un tournant décisif : un véritable effort a été fait pour dénombrer l’ensemble de la population. Les recensements précédents, conçus par le régime de l’apartheid, s’étaient concentrés sur les citoyens blancs tout en sous-estimant considérablement la majorité noire et d’autres groupes raciaux.

Comme l’immigration est au cœur des préoccupations des électeurs, la question de savoir qui peut être considéré comme un citoyen et comment traiter les non-citoyens se pose avec acuité. Des études montrent notamment que les électeurs européens surestiment systématiquement la taille des populations immigrées et que cette perception erronée alimente la demande pour des politiques qui sèment la discorde. Bien que l’immigration soit souvent une question controversée, ces débats pourraient être moins déstabilisants si les électeurs avaient une compréhension plus claire, basée sur des données, de la démographie de leur pays.

Pour que la démocratie s’épanouisse, les gouvernements doivent également rendre des comptes à leurs citoyens. Là encore, les données jouent un rôle essentiel. Des informations fiables permettent aux responsables politiques de prendre des décisions judicieuses et aux électeurs de demander des comptes aux dirigeants politiques.

Fournir ces informations est la tâche vitale – mais ingrate – des agences nationales de statistiques. Malgré un rendement remarquable de 32 dollars pour chaque dollar investi dans les données du secteur public, les gouvernements prvilégient les initiatives avec un attrait populaire plus immédiat, plutôt qu’investir dans l’infrastructure des données.

Mais il s’agit là d’un faux choix. Lorsqu’elles sont utilisées efficacement, les données peuvent augmenter les recettes fiscales et stimuler l’investissement privé, ce qui accroît les budgets publics et permet aux responsables politiques d’améliorer les services publics. Au Nicaragua, par exemple, une étude financée par la Banque mondiale a révélé que les projets d’égouts à grande échelle profitaient de manière disproportionnée aux ménages les plus riches. Les priorités en matière de dépenses ont donc été réorientées vers les latrines et les programmes d’éducation, qui ont profité aux communautés les plus pauvres à un coût moindre.

La responsabilité dépend également d’un échange continu d’informations entre les gouvernements et les citoyens. Pour que les démocraties fonctionnent, les gouvernements doivent investir dans la transparence, à la fois pour comprendre les attentes des électeurs et pour tenir le public informé de leurs propres actions. Comme l’a dit le vice-président ghanéen Mahamudu Bawumia, « les statistiques apportent à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles, mais les gouvernements efficaces ont besoin d’entendre les deux ».

Comme le montre bien l’année en train de s’écouler, il n’est pas facile d’empêcher les politiciens et les mauvais acteurs de répandre des mensonges pendant les campagnes électorales. Mais il est possible d’atténuer l’impact de ces mensonges. Alors que les organismes nationaux et internationaux se concentrent à juste titre sur la tâche urgente de réduire la désinformation sur les médias sociaux, les gouvernements peuvent aider les citoyens à naviguer dans l’écosystème de l’information d’aujourd’hui. En renforçant leur infrastructure de données, ils contribueraient à développer un système d’information public aussi résistant et efficace que les forces qui cherchent à l’affaiblir. Les gouvernements peuvent également promouvoir l’éducation aux médias, en dotant les citoyens des outils nécessaires pour identifier et rejeter la désinformation. L’intégration de ces compétences dans les programmes scolaires pourrait préparer les futurs électeurs à résister à la manipulation.

Des données crédibles et accessibles sont aussi essentielles à la gouvernance démocratique que les élections et les assemblées législatives. À l’heure où la démocratie elle-même est remise en question dans de nombreux pays, des données fiables sont essentielles pour préserver l’intégrité de nos écosystèmes d’information, permettre aux gouvernements de relever les défis les plus urgents et garantir que les institutions démocratiques puissent résister aux nouvelles menaces autoritaires.

 

Claire Melamed est directrice générale du Partenariat mondial pour les données du développement durable.

 

Project Syndicate, 2024.
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Dialogue avec les terroristes : Les divergences persistent

Alors que l’État malien mène la guerre contre le terrorisme pour recouvrer l’intégrité territoriale du pays, les appels au dialogue avec les groupes armés terroristes, en tant qu’alternative au retour de la paix, sont fréquents depuis plusieurs années. Cependant, cette question continue de diviser et les autorités de la transition sont loin d’entamer des démarches de discussion avec ces groupes, malgré les recommandations formulées lors de diverses assises nationales depuis 2017. La question revient avec insistance au fil des années. La crise sécuritaire que traverse le Mali depuis 2012 n’en finit pas, malgré les nombreuses actions entreprises pour l’endiguer.

Face à l’insuffisance des réponses apportées jusqu’à présent sur le plan militaire, certains leaders communautaires et religieux ont appelé au dialogue avec les groupes armés terroristes. Une partie importante des populations des zones touchées par l’insécurité manifeste également un grand intérêt pour ce dialogue, parmi les réponses envisagées face à ce fléau.
Depuis la Conférence d’entente nationale en 2017, le Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation en mai 2024, en passant par le Dialogue national inclusif en 2019 et les Assises nationales de la Refondation en 2021, toutes les rencontres de discussions au plan national ont recommandé le dialogue avec les groupes armés terroristes.
Le dernier appel d’envergure remonte au 15 août 2024. Lors d’une rencontre au ministère de la Défense, le président du Haut Conseil Islamique du Mali, Chérif Ousmane Madani Haidara a demandé aux militaires au pouvoir d’ouvrir le dialogue avec tous les groupes armés maliens, jihadistes ou non. Le leader religieux estime que le tout sécuritaire ne peut pas mettre fin aux violences. Dans la foulée, plusieurs partis politiques et associations ont soutenu cet appel.
Définir les contours du dialogue
Pour Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, ouvrir une possibilité de dialogue avec les acteurs armés, y compris les mouvements qualifiés de terroristes, est une piste à explorer. L’approche militaire menée jusqu’ici a montré certaines limites, autant qu’elle gèle les leviers endogènes pour mettre fin aux violences.
Maître Abdourahamane Ben Mamata Traoré n’est pas contre l’ouverture d’un tel dialogue. Mais pour cet avocat, il est nécessaire de définir avec qui et sur quoi l’État doit discuter. Il s’oppose catégoriquement à toute renégociation de l’architecture institutionnelle du Mali avec des groupes armés, quelle que soit leur puissance militaire.
« On peut négocier avec les groupes armés, non pas sur les questions politiques et institutionnelles ni sur la destinée de la nation, mais simplement sur les conditions du dépôt des armes et leur insertion dans la vie sociale, économique ou professionnelle », argue-t-il.
L’État opposé ?
Bien que les autorités de la transition, qui se sont engagées à mettre en œuvre toutes les recommandations issues des ANR ainsi que du Dialogue inter-malien, n’aient pas officiellement mis de côté le dialogue avec les groupes armés terroristes, elles ne semblent pas disposées à explorer cette option. Le 11 octobre dernier, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a exprimé son refus du dialogue avec les terroristes devant les membres de la Haute Administration et de la Haute Hiérarchie Militaire, lors de la session d’appropriation du Programme national d’éducation aux valeurs.
Pour le chef du gouvernement, il est hors de question de dialoguer avec ces groupes armés qui ont pris les armes contre l’État. « Nous ne négocierons pas avec les terroristes. Il faut les combattre », a-t-il tranché.
« Certains Maliens soutiennent que l’option militaire, à elle seule, ne suffit pas et qu’il faut négocier avec les terroristes. Personne ne dit le contraire. D’ailleurs, nous n’avons fait que négocier pendant 30 ans. Face au terrorisme, on se bat, on l’écrase et après on négocie. Un État qui se lance dans des négociations sans rapport de force favorable se voit imposer ce qu’on veut », a défendu le Premier ministre.
Mohamed Kenouvi

Système judiciaire : La transformation enclenchée

Le Conseil national de transition (CNT) a adopté le 31 octobre 2024 deux projets de loi portant sur le Code pénal et le Code de procédure pénale. En attente de promulgation, ces deux nouveaux codes, qui renferment plusieurs innovations, jettent les bases d’un renforcement de l’arsenal juridique du pays. Sept ans après le début de ce processus de longue haleine, les autorités doivent maintenant faire face à un autre défi : celui d’une mise en œuvre efficiente des dispositions des nouveaux textes pour une véritable transformation de la justice.

Adoptés en Conseil des ministres le 11 octobre 2023, les projets de loi portant sur le Code pénal et le Code de procédure pénale introduits par le gouvernement ont reçu le quitus des membres de l’organe législatif lors de la séance plénière ouverte le 31 octobre dernier.

Les deux textes, qui avaient été renvoyés lors de la précédente session du CNT à la session budgétaire en cours jusqu’au 31 décembre 2024, ont été largement approuvés par les parlementaires : 132 voix pour, 1 contre et 0 abstention pour le projet de loi portant sur le Code pénal, et 131 voix pour, 1 contre et 0 abstention pour celui portant sur le Code de procédure pénale. Avant de les adopter, les membres du CNT ont apporté au total 197 amendements aux textes initiaux proposés par le gouvernement.

Restaurer la confiance en la justice

Débuté en 2017, le processus de relecture des Codes pénal et de procédure pénale répond à la nécessité d’aboutir à des codes consensuels dont l’application contribuera non seulement à garantir la bonne gouvernance, la stabilité et la paix, mais aussi à restaurer la confiance des justiciables en la justice. En effet, les codes en vigueur depuis une vingtaine d’années ont soulevé des difficultés, tant dans leur architecture que dans leur contenu, en raison de l’évolution des enjeux et des défis concernant l’efficacité de la politique pénale face aux mutations significatives de la criminalité, ainsi que de la nécessité de prendre en compte les droits des personnes poursuivies, des témoins et des victimes et, par conséquent, des vides juridiques à combler.

Le rapport de la Commission des Lois constitutionnelles, de la législation, de la justice, des droits de l’Homme et des Institutions de la République, que nous avons consulté, souligne que la relecture de ces codes vise à équilibrer plusieurs impératifs, apparemment contradictoires mais complémentaires, tels que la sécurisation des personnes et des biens, la célérité et la fiabilité de la justice, ainsi que le respect des libertés individuelles et des droits de la défense.

« Cette démarche, en accord avec l’évolution des mœurs, de la société et du Droit en général, contribuera à renforcer l’État de droit, la confiance des citoyens dans les institutions de l’État et à mettre à la disposition des praticiens du Droit des instruments pertinents pour lutter contre la délinquance et la criminalité », soutient la Commission dans sa synthèse des auditions des personnes ressources.

Pour sa part, Dr. Boubacar Bocoum, Secrétaire général adjoint de l’Association malienne de Droit pénal (AMADP), estime que l’adoption du nouveau Code pénal et du nouveau Code de procédure pénale marque le début d’une nouvelle ère pour la justice au Mali.

« Ces réformes sont essentielles pour adapter le système judiciaire malien aux défis actuels et aux aspirations de la population. C’est une évolution majeure de paradigme dans la garantie des droits fondamentaux des citoyens », se réjouit celui qui est également Professeur de droit pénal à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako (USJPB).

Innovations majeures

Le projet de loi portant sur le Code pénal comporte 1 116 articles, répartis en 7 livres, 26 titres et 83 chapitres. Il traite, entre autres, des crimes et délits contre la Nation, l’État et la paix publique, des crimes et délits contre les personnes, des crimes et délits contre la propriété, ainsi que des contraventions de police.

Comparé à l’ancien Code pénal, en vigueur depuis 2001, le nouveau Code présente plusieurs innovations. Parmi celles-ci, on peut relever le renvoi à la Constitution pour la sanction de haute trahison, les mesures relatives à la protection des dénonciateurs, l’introduction du principe de responsabilité pénale des personnes morales, à l’exclusion de l’État et des collectivités territoriales, ainsi que la prise en charge de nouvelles infractions telles que l’esclavage, la traite des personnes, le trafic illicite de migrants et les infractions prévues par les actes uniformes de l’OHADA et de l’UEMOA.

Le nouveau Code pénal prévoit également l’introduction de règles de procédure, l’inscription des peines sur une échelle différente avec des peines plafonds, l’agrégation des textes épars dans un seul document, ainsi qu’une numérotation à quatre chiffres pour faciliter la mise à jour périodique des articles.

Quant au nouveau Code de procédure pénale, il comprend 1 373 articles, dont plus de la moitié (739) sont complètement nouveaux, répartis en 6 livres, 48 titres et 55 chapitres.

Traitant de l’action publique, de l’action civile, des autorités chargées de la conduite de la politique pénale et de l’instruction, des juridictions de jugement, des voies de recours contre les jugements, ainsi que des procédures d’exécution, le projet de loi renferme également de nombreuses innovations. Il renforce les principes directeurs du procès pénal, introduit la surveillance électronique comme alternative à la détention dans certains cas, ainsi que des procédures particulières, notamment les techniques spéciales d’enquête, et apporte des précisions sur l’extradition.

Ce nouveau Code de procédure pénale consacre également l’introduction du juge de l’application des peines (dont la mise en œuvre se fera progressivement en fonction du niveau de l’effectif des magistrats), l’actualisation des dispositions relatives au casier judiciaire et la création de trois pôles spécialisés autonomes en matière de lutte contre la délinquance économique et financière, contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, ainsi que contre la cybercriminalité.

L’institution du référé liberté, qui permet de demander la remise en liberté à tout moment et à toute étape de la procédure, la précision des pouvoirs de police judiciaire des maires et de leurs adjoints, l’introduction de sanctions contre les acteurs de la justice en cas de violations de certaines règles de procédure et la suppression des Cours d’assises au profit des Chambres criminelles au niveau des tribunaux de grande instance constituent également des nouveautés apportées par le projet de loi portant sur le Code de procédure pénale nouvellement adopté par le CNT.

Par ailleurs, le ministre de la Justice, Mahamadou Kassogué, a également annoncé la mise en place d’un collège des libertés et de détention qui, selon lui, permettra de réduire de manière considérable le nombre de mandats de dépôt.

Le défi de la mise en œuvre

Si l’ensemble des acteurs de la justice salue l’adoption des nouveaux Codes pénal et de procédure pénale comme une avancée majeure vers la mise en place d’un système judiciaire plus efficace et plus juste, il conditionne la réussite de sa mise en œuvre à l’application par l’État de certaines mesures d’accompagnement.

Parmi ces mesures, certains observateurs mettent l’accent sur la formation des acteurs judiciaires pour une bonne maîtrise des nouvelles dispositions légales, l’allocation de ressources nécessaires par l’État afin de garantir le bon fonctionnement du système judiciaire et la sensibilisation des populations pour leur faire connaître les nouvelles règles et encourager leur confiance dans la justice.

« Le succès de ces réformes dépendra de l’effectivité des textes adoptés et de la mobilisation de tous les acteurs concernés, que ce soit les pouvoirs publics, les acteurs de la justice, ou la société civile dans son ensemble », estime Dr. Boubacar Bocoum.

Lors d’un atelier de validation des avant-projets de loi des deux Codes en août 2022, l’ancien Président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily, préconisait des démarches auprès de toutes les forces vives du pays afin qu’elles s’approprient les documents des deux lois, car, soutenait-il, l’efficacité des lois dépend de leur connaissance par les populations et de leur adhésion.

Une fois promulgués, la prochaine étape pour le gouvernement devrait donc être, selon certains observateurs, celle de la vulgarisation des nouveaux textes.

Mohamed Kenouvi

Pour prospérer, l’Inde doit combler son retard en matière d’emploi des femmes

Si la participation des femmes à la vie active est toujours inférieure à celle des hommes au niveau mondial, il existe de profondes disparités régionales, les écarts les plus importants étant observés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena), ainsi qu’en Asie du Sud.

L’Inde est un exemple frappant de cette dynamique. Parmi les femmes âgées de 25 à 60 ans vivant dans les zones rurales, le taux de participation au marché du travail a fortement chuté, passant de 54 % en 1980 à 31 % en 2017 (National Sample Survey 1980 et Periodic Labor Force Survey 2017). Dans les zones urbaines, la baisse a été moins spectaculaire, passant de 26 % à 24 %. Dans le même temps, les taux d’emploi des hommes sont restés relativement stables, creusant davantage l’écart entre les sexes dans le pays le plus peuplé du monde.

Étant donné les avantages économiques bien documentés d’un taux d’emploi féminin plus élevé, les responsables politiques indiens sont désireux d’inverser cette tendance. Les projections suggèrent qu’une augmentation du taux de participation des femmes à la main-d’œuvre de seulement dix points de pourcentage pourrait accroître le PIB de l’Inde de 16 %. En fait, l’amélioration du taux d’emploi des femmes dans le monde entier pourrait ajouter 12 000 milliards de dollars au PIB mondial.

Pour encourager les femmes à entrer sur le marché du travail, les décideurs politiques doivent d’abord comprendre les causes profondes du faible taux d’activité des femmes en Inde. Les premières recherches font état d’une série d’obstacles liés à l’offre, tels que la relation en U entre le revenu et l’éducation, la division inégale du travail domestique (en particulier la garde des enfants et des personnes âgées) et les normes sociales qui découragent les femmes de travailler à l’extérieur du foyer. Le problème est également exacerbé par la préférence accordée aux femmes qui ne travaillent pas sur le marché du mariage, la mobilité limitée, la formation inadéquate et les problèmes de sécurité sur le lieu de travail et dans les espaces publics.

Nombre de ces obstacles sont enracinés dans la dynamique des ménages, mais les gouvernements peuvent encore jouer un rôle central pour les surmonter. L’un des moyens consiste à soutenir les industries orientées vers l’exportation. Alors que les contraintes liées à l’offre affectent les économies de la région Mena et de l’Asie du Sud, des pays comme le Bangladesh ont connu une augmentation de l’emploi féminin grâce à la demande croissante des secteurs axés sur l’exportation. Cela reflète l’expérience des pays d’Asie du Sud-Est, où l’industrie manufacturière orientée vers l’exportation a entraîné une augmentation du nombre de femmes entrant sur le marché du travail.

L’histoire offre également des indications précieuses. Aux États-Unis, le taux d’emploi des femmes a augmenté de façon spectaculaire en l’espace d’un siècle, passant de moins de 5 % en 1890 à plus de 60 % en 1990. Le tournant décisif s’est produit pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les pénuries de main-d’œuvre ont entraîné une augmentation des salaires, une plus grande acceptation des femmes dans des emplois traditionnellement dominés par les hommes et l’émergence d’options alternatives en matière de soins.

En Inde, une grande partie du débat politique s’est concentrée sur les obstacles liés à la demande auxquels les femmes sont confrontées sur le marché du travail. La demande de main-d’œuvre n’a pas été favorable aux Indiennes, car la mécanisation du secteur agricole renforce les disparités entre les sexes, tandis que le manque d’emplois décents et la prédominance des petites entreprises – dont beaucoup n’offrent pas les services essentiels tels que les congés de maternité et les services de garde d’enfants – limitent les possibilités d’emploi des femmes.

L’impact de ces obstacles est aggravé par un soutien insuffisant à l’esprit d’entreprise des femmes et par la discrimination généralisée des employeurs à l’égard des femmes mariées et des mères. En outre, des réglementations bien intentionnées comme la loi sur les prestations de maternité et la loi POSH, destinées à accroître le nombre de femmes dans la population active, augmentent également le coût de leur embauche, ce qui crée involontairement des obstacles supplémentaires.

Reconnaissant que le faible taux d’emploi des femmes entrave la croissance économique, le gouvernement indien a alloué un pourcentage sans précédent de 6,5 % de son dernier budget annuel à des programmes visant à promouvoir l’égalité des sexes dans les domaines du logement, des pensions, de l’éducation et des soins de santé. Le budget augmente également le financement d’initiatives visant à améliorer la sécurité, la mobilité et les options de soins des femmes, telles que la mise en place de programmes ciblés de formation professionnelle, de foyers et de structures de garde d’enfants pour les femmes qui travaillent, et l’élargissement de l’accès au marché pour les entreprises gérées par des groupes d’entraide communautaires dirigés par des femmes.

Mais le véritable test sera la qualité et la fiabilité de ces services. Si les services de garde d’enfants ne répondent pas aux normes ou si les foyers ne garantissent pas la sécurité des femmes, la participation restera faible. En outre, les programmes de formation professionnelle en Inde ont eu peu de succès en dehors des grandes villes. Une étude récente menée dans l’Uttar Pradesh a révélé que seuls 11 % des diplômés des instituts de formation industrielle étaient en mesure de trouver un emploi. Des études internationales suggèrent également que l’insuffisance des opportunités d’emploi peut limiter l’impact des initiatives de développement des compétences. La création d’emplois de qualité offrant des salaires plus élevés est essentielle pour que les mesures axées sur l’offre soient efficaces.

Lorsque les hommes peinent à trouver un emploi, l’intégration des femmes dans la population active devient encore plus difficile. Notamment, près de 12 % des hommes indiens âgés de 20 à 35 ans vivant dans les zones urbaines et ayant terminé leurs études étaient au chômage en 2022. C’est pourquoi le dernier budget du gouvernement comprend plusieurs initiatives visant à stimuler l’emploi. L’un de ces programmes vise à encourager les stages, le gouvernement fournissant aux entreprises une allocation mensuelle de ₹5 000 (60 $) et offrant aux nouveaux venus sur le marché du travail une subvention unique d’aide au salaire pouvant aller jusqu’à ₹15 000. Les employeurs pourront également recevoir jusqu’à 3 000 ₹ par mois pendant deux ans après chaque nouvelle embauche, en compensation de leurs cotisations de sécurité sociale. D’autres mesures visant à élargir l’accès des petites entreprises aux marchés du crédit comprennent le doublement de la limite des petits prêts accordés par les banques du secteur public aux microentreprises, qui passe de 1 million d’euros à 2 millions d’euros.

Mais l’efficacité de certaines de ces mesures reste incertaine, étant donné que les entreprises les plus performantes sont susceptibles d’embaucher les candidats les plus qualifiés même en l’absence d’intervention gouvernementale. Les employeurs n’augmenteront leurs embauches que si les avantages l’emportent sur les coûts. Tant que les réglementations lourdes, les lois du travail inflexibles, les goulets d’étranglement dans les infrastructures et les politiques industrielles et commerciales défavorables persisteront, la création d’emplois continuera de stagner. En favorisant une économie favorable aux entreprises – qui simplifie l’entrée et la sortie des entreprises et supprime les obstacles à la croissance –, l’Inde pourrait à la fois favoriser l’émancipation des femmes et libérer son potentiel économique. C’est une leçon que de nombreux pays n’apprendront jamais assez tôt.

 

Kanika Mahajan est professeur associé d’économie à l’université Ashoka.

 

Project Syndicate, 2024.
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Pour des financements climatiques adaptés aux économies en voie de développement

En 2011, l’accord de partenariat de Busan préconisait une plus grande appropriation nationale de l’agenda du développement, dans le cadre d’une initiative internationale en direction de politiques de développement plus efficaces. Cet accord marquait ainsi la reconnaissance positive du fait que les pays à faible revenu sont plus susceptibles d’améliorer l’allocation des ressources, et de parvenir à une croissance durable, lorsqu’ils définissent eux-mêmes leurs priorités de développement.

Plus de dix ans plus tard, l’approche dominante en matière de développement, une approche uniforme et imposée d’en haut, demeure obstinément en place. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les financements climatiques, très largement destinés à des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), y compris dans les pays qui ont le moins contribué à la crise climatique. À titre d’illustration, 58 % des 83,3 milliards $ de financements climatiques accordés par les pays du Nord aux pays en voie de développement en 2020 ont concerné des initiatives d’atténuation de ce type.

Le défi le plus urgent pour les pays à faible revenu consiste à renforcer la capacité de l’État et de la société à résister ainsi qu’à s’adapter aux effets dommageables du réchauffement climatique. Or, seulement 34 % des flux de financement climatique en direction des pays à faible revenu, soit un total de 28,6 milliards $, ont été alloués à des mesures d’adaptation en 2020. Ce pourcentage est tombé à environ 27 % en 2021 et 2022 (respectivement 24,6 milliards $ et 32,4 milliards $). Ces montants demeurent très éloignés des 160 à 340 milliards $ estimés nécessaires chaque année pour l’adaptation au changement climatique dans les pays en voie de développement.

Par ailleurs, près de trois quarts du total des financements climatiques fournis aux pays en voie de développement entre 2016 et 2022 ont été octroyés sous forme de prêts, ce qui risque d’aggraver l’instabilité macroéconomique et les vulnérabilités liées à la dette. Près de 60 % de ces pays sont déjà confrontés ou exposés à un risque élevé de surendettement, en raison du « péché originel » de l’emprunt étranger, lequel s’accompagne de taux d’intérêt écrasants qui alourdissent considérablement l’incidence budgétaire de la dette extérieure.

Si les investisseurs mondiaux sont attirés par les projets d’atténuation du changement climatique, c’est parce que ces projets génèrent des rendements plus immédiats, par opposition aux retombées à plus long terme des investissements dans l’adaptation. Or, cette approche déséquilibrée échoue à tenir compte de la nature du changement climatique : alors que les pays du Nord sont historiquement responsables d’une majeure partie des émissions de GES, c’est le Sud global (où les températures annuelles moyennes dépassent régulièrement le seuil de 24°C) qui en subit les pires effets, lui qui est également particulièrement vulnérable face aux futures augmentations de température qu’annoncent les prévisions.

Il est difficile d’imaginer comment les effets du changement climatique pourraient être plus graves encore pour les pays à faible revenu. En 2022, des inondations ont submergé un tiers du territoire du Pakistan, faisant 15 000 morts, plongeant dans la pauvreté plus de neuf millions de personnes, et provoquant des pertes économiques équivalant à 2,2 % du PIB. De même, en 2023, l’Afrique de l’Est (qui n’a contribué qu’à hauteur de 0,1 % aux émissions mondiales de GES) a connu des sécheresses extrêmes qui ont décimé pour environ 7,4 milliards $ de bétail, entraîné une terrible crise de la faim, et aggravé la pauvreté. Le refus des pays du Nord d’assumer leur responsabilité dans l’augmentation des températures, ainsi que de tenir compte des besoins spécifiques des pays vulnérables, risque d’amplifier les coûts économiques et sociaux déjà élevés de l’urgence climatique dans ces pays.

Aspect essentiel, les progrès dans l’adaptation ne dépendent pas entièrement de la réussite des mesures d’adaptation, en ce sens que la relation n’est pas unidirectionnelle. Certaines initiatives d’adaptation, telles que l’amélioration de l’isolation des bâtiments et les mesures de conservation de l’énergie, qui réduisent le recours aux centrales à charbon, peuvent dynamiser les efforts d’atténuation. Si nous n’adaptons pas nos comportements et nos systèmes pour modérer les effets dévastateurs des émissions de GES, les coûts sociaux et économiques du changement climatique continueront d’augmenter, et frapperont particulièrement les pays les plus vulnérables.

Plus largement, la construction d’infrastructures durables et résilientes permettrait de réduire la vulnérabilité des pays face aux chocs climatiques et autres risques associés. Non seulement ces infrastructures limiteraient l’impact budgétaire direct de tels chocs, ainsi que les passifs éventuels menaçant la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette, mais elles pourraient également permettre aux pays énergétiquement pauvres d’accomplir un bond vers une nouvelle ère d’énergie propre, accélérant ainsi la transition vers le zéro émission nette.

L’amélioration de la coordination entre les efforts d’adaptation et les efforts d’atténuation pourrait rendre les projets plus rentables et plus attrayants pour les investisseurs, catalysant ainsi davantage de financements d’adaptation au climat en direction des pays du Sud. Dans le même temps, la mobilisation de davantage de capitaux privés pour l’adaptation nécessite une augmentation du nombre de projets d’infrastructures résilientes prêts à recevoir des investissements, à un rythme durable et avec un partage approprié des risques entre les parties prenantes.

Selon une récente analyse de J.P. Morgan concernant les projets en phase de démarrage dans les économies émergentes et en voie de développement, on peut estimer dans ce pipeline à 1 200 milliards $ le montant des projets d’infrastructures durables à potentiel d’investissement, ce qui représente environ la moitié de l’investissement annuel dont ces économies ont besoin pour de telles infrastructures. Seulement voilà, nombre de ces projets n’en sont qu’aux toutes premières étapes de développement, et leur chantier ne sera pas prêt à être lancé avant plusieurs années. Il est ainsi clairement nécessaire que le côté demande de l’équation des financements pour l’adaptation soit renforcé de manière à diriger davantage de financements vers les pays à faible revenu, et que soit rééquilibrée l’allocation des financements climatiques par la communauté internationale, qui demeure trop axée sur l’atténuation.

Renforcer les financements pour l’adaptation du Sud global, c’est non seulement faire le bon choix pour la planète, mais également faire un choix intelligent sur le plan économique. Les premières estimations indiquent que chaque dollar investi dans l’adaptation pourrait générer jusqu’à 10 $ de gains économiques nets. Par ailleurs, reporter ou sous-estimer les investissements dans l’adaptation, ce serait prendre le risque de voir augmenter les coûts mondiaux, et compromettre les efforts internationaux visant à atteindre zéro émission nette d’ici 2050 ainsi qu’à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, objectif fixé dans l’accord de Paris sur le climat.

Le monde ne pourra pas remporter la lutte contre le changement climatique s’il néglige un front essentiel – celui de l’adaptation – sur lequel il risque des pertes considérables, notamment en termes de vies humaines. Pour éviter de se concentrer exclusivement sur l’atténuation, les pays riches doivent promouvoir un partenariat de développement plus inclusif, qui réduise le déficit de financement de l’adaptation dans les pays les plus vulnérables face au climat.

 

Hippolyte Fofack, ancien économiste en chef de la Banque africaine d’import-export, est membre du Réseau des solutions pour le développement durable à l’Université de Columbia, associé de recherche au Centre d’études africaines de l’Université d’Harvard, et membre de l’Académie africaine des sciences.

 

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Tournoi qualificatif UFOA-A U17 : Le Sénégal sacré au bout du suspens

Dans une finale haletante et au bout du suspense, le Sénégal s’est imposé face au Mali dans le tournoi qualificatif UFOA-A U17. Le score final, trois buts partout à l’issue du temps réglementaire, a mené les deux équipes aux tirs au but, où les jeunes Sénégalais ont arraché la victoire par cinq tirs contre quatre.

Le match a offert un scénario digne des plus grandes finales. Les Aiglonnets maliens ont ouvert la marque, prenant rapidement les devants avec un avantage de deux buts, avant de voir leur avance fondre sous la pression sénégalaise. Les jeunes Sénégalais, loin de se laisser abattre, ont répondu avec détermination en alignant trois buts successifs, renversant ainsi la situation en leur faveur. Mais, fidèles à leur réputation, les Maliens n’ont pas baissé les bras et sont parvenus à égaliser, forçant une issue aux tirs au but pour déterminer le vainqueur. Malgré cette défaite amère, le Mali ressort de cette compétition avec la tête haute et une collection impressionnante de distinctions individuelles.
Un palmarès individuel imposant malgré la défaite
Bien que finalistes malheureux, les Aiglonnets du Mali ont laissé une empreinte inoubliable sur cette compétition en raflant tous les trophées individuels majeurs.
Seydou Dembélé, une étoile montante, a été désigné meilleur joueur du tournoi. Son agilité, son intelligence de jeu et sa maîtrise technique ont non seulement fait de lui un pilier de l’équipe malienne, mais ont également capté l’attention de nombreux observateurs. Seydou Dembélé a brillé par sa capacité à construire le jeu et à créer des occasions, une influence déterminante pour les Aiglonnets tout au long du tournoi.
Au poste de gardien, Lamine Sinaba a démontré une solidité remarquable. Avec trois clean sheets et seulement cinq buts encaissés dans toute la compétition, il s’est illustré comme un mur infranchissable pour les adversaires. Ses réflexes et sa lecture de jeu ont été des atouts essentiels, consolidant la défense malienne et instillant un sentiment de sécurité parmi ses coéquipiers. Ce prix du meilleur gardien vient récompenser son talent et son engagement.
Enfin, Bakary Simpara a confirmé sa place en tant que meilleur buteur avec un total impressionnant de cinq réalisations. Sa détermination face aux filets adverses et son flair pour le but ont fait de lui une menace constante pour les défenses adverses, assurant une présence offensive déterminante et incisive pour les Aiglonnets. Simpara a su convertir des occasions décisives, assurant la qualification du Mali jusqu’en finale.
Grâce à leurs performances dans le tournoi, les deux équipes ont déjà assuré leur qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025. 

Une escalade probable du conflit entre Israël et l’Iran

Les récentes frappes menées par Israël contre des installations militaires iraniennes, en représailles à l’attaque de missiles balistiques de l’Iran contre Israël, ont été suivies d’une impression générale selon laquelle le risque de nouvelle escalade était contenu. Les premières déclarations du dirigeant suprême de la République islamique ont suggéré que l’Iran ne répondrait pas davantage, et les marchés financiers semblaient d’accord, les prix du pétrole ayant chuté de 5 % immédiatement après les frappes israéliennes (même s’ils sont ensuite légèrement repartis à la hausse après de nouvelles déclarations belliqueuses de certains commandants militaires iraniens).

 

Or, cette impression générale est probablement erronée. L’évaluation de la menace iranienne par Israël a en effet considérablement évolué au cours des derniers mois. Les positions se sont en effet durcies, et pas seulement celles du Premier ministre Benyamin Netanyahou et de ses alliés de droite, mais également celles de plusieurs acteurs importants de l’opposition centriste et de centre-gauche, parmi lesquels Benny Gantz et Yair Lapid, qui considèrent eux aussi qu’Israël doit aller plus loin que ses frappes récentes.

Que l’on partage ou non cette évaluation israélienne de la situation, un consensus règne désormais en Israël : le régime iranien représente une menace immédiate, claire et présente. Les proxies de l’Iran continuant d’attaquer Israël – Hamas, Hezbollah, Houthis et milices chiites en Irak et en Syrie – les dirigeants israéliens concluent à la nécessité de résoudre le problème à sa source. Cela pourrait signifier frapper les installations nucléaires iraniennes, ainsi qu’éliminer les principaux dirigeants militaires et politiques du régime, comme Israël l’a déjà fait avec le Hamas et le Hezbollah. En neutralisant le leadership du Hezbollah, et en détruisant une grande partie de ses capacités offensives, les Israéliens ont significativement réduit l’effet dissuasif que l’Iran exerçait sur eux.

Face à ce changement radical dans l’équilibre des forces, l’Iran n’a plus qu’une option pour dissuader Israël, puisque même ses missiles offensifs et autres armes n’ont pas permis d’infliger de dommages significatifs à l’ennemi : accélérer la mise au point de sa capacité nucléaire. Seulement voilà, Israël considérant qu’un Iran doté de l’arme atomique constituerait une menace existentielle, l’État hébreu n’aurait pas d’autre choix que de frapper les installations nucléaires iraniennes (et les dirigeants iraniens) avant que le régime de Téhéran ne parvienne à développer un dispositif opérationnel.

De nouvelles frappes aériennes israéliennes sont par conséquent hautement probables, quelle que soit la retenue affichée par l’Iran. Une victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine pourrait donner à Israël un feu vert encore plus clair pour des frappes contre l’Iran, mais il est également possible qu’une victoire de Kamala Harris n’empêche par Israël de s’attaquer à ce qu’il perçoit comme une menace existentielle.

Si Israël commençait à intensifier progressivement ses attaques contre l’Iran, potentiellement après de nouvelles attaques iraniennes contre l’État hébreu, une administration américaine quelle qu’elle soit continuerait inévitablement de soutenir celui-ci, directement ou indirectement. La question de la capacité d’Israël à détruire l’essentiel du programme nucléaire iranien, ou à précipiter un changement de régime en Iran, importe peu ici ; des dégâts même limités sur les installations nucléaires iraniennes pourrait retarder de plusieurs années les ambitions nucléaires de Téhéran, et ainsi instaurer la dissuasion souhaitée par Israël.

Compte tenu de cette probabilité d’escalade dans les semaines et mois à venir, un certain nombre de risques économiques et financiers devront être gérés. Une importante frappe israélienne contre l’Iran pourrait sérieusement perturber la production et les exportations énergétiques en provenance du Golfe. S’il était poussé jusqu’au désespoir, l’Iran pourrait tenter de miner le Golfe, de bloquer le détroit d’Ormuz, et de frapper les installations pétrolières saoudiennes. Dans un tel scénario, le monde connaîtrait des chocs stagflationnistes comparables à ceux qui suivirent la guerre du Kippour de 1973 et la révolution iranienne de 1979.

Une flambée des prix du pétrole serait désastreuse pour l’économie mondiale ainsi que pour le bien-être de plusieurs milliards de personnes, et les dirigeants politiques devraient alors songer à des mesures permettant d’atténuer le choc. Si un conflit majeur devait survenir, il faudrait qu’il soit aussi court que possible. Il faudrait qu’Israël frappe l’Iran très violemment et avec une précision extrême, plutôt que sur une période de plusieurs mois, et que des navires de déminage (du type de ceux que le Japon utilise) soient ensuite déployés en mer au plus vite.

Par ailleurs, dans un tel scénario, il serait nécessaire que les États-Unis fournissent à l’Arabie saoudite des technologies de défense avancées – par exemple des systèmes antimissiles Patriot supplémentaires – pour minimiser le risque de destruction par l’Iran des infrastructures saoudiennes de production et de livraison de pétrole. Parallèlement, le Royaume pourrait massivement accroître sa production pétrolière et ses exportations liées à sa capacité excédentaire, afin de réduire le risque d’explosion des prix au niveau mondial, tandis que les États-Unis et d’autres puissances puiseraient dans leurs réserves stratégiques de pétrole pour amortir davantage l’impact.

Les gouvernements des économies développées et des marchés émergents pourraient également mettre en place des subventions budgétaires temporaires pour les consommateurs d’énergie – à l’image de celles instaurées après la flambée des prix qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. De leur côté, les banques centrales pourraient répondre à un choc stagflationniste en maintenant leurs taux directeurs à un niveau stable, voire en les abaissant. Les anticipations d’inflation étant bien ancrées (ce qui n’était pas le cas dans les années 1970), les banques centrales ne devraient pas, dans ce scénario, surréagir en opérant un resserrement face à un choc susceptible de se révéler temporaire (d’une durée de quelques mois).

Bien entendu, étant donné le risque considérable associé à une importante attaque israélienne contre l’Iran, une administration Harris déconseillerait probablement très fortement une telle décision. Outre les répercussions économiques et financières mondiales, un échec dans la destruction des installations nucléaires iraniennes ne ferait que renforcer la détermination du régime à développer l’arme atomique.

Un succès, en revanche, pourrait produire des bienfaits considérables. Le régime iranien – depuis longtemps source majeure d’instabilité au Moyen-Orient – serait alors sérieusement affaibli, tout comme ses proxies dans la région par voie de conséquence. Une révolution populaire en Iran ne serait pas à exclure à la suite d’attaques israéliennes de grande ampleur. Le régime est d’ores et déjà fragilisé aujourd’hui, impopulaire et rejeté par la plupart des Iraniens. S’il venait à chuter, le contexte évoluerait favorablement en direction d’un cessez-le-feu à Gaza, d’une normalisation des relations israélo-saoudiennes, et à terme d’une reprise des discussions autour d’une solution à deux États pour Israël et la Palestine.

Ainsi, une potentielle attaque israélienne contre l’Iran constitue une stratégie à la fois à haut risque et susceptible de produire de très importants résultats favorables, une stratégie qui pourrait conduire soit à un désastre économique planétaire, soit à une reconfiguration positive du Moyen-Orient. C’est en tous les cas ainsi qu’Israël voit les choses, sachant qu’il faut s’attendre à de nouvelles provocations iraniennes contre l’État hébreu. Quelles que soient les opinions des uns et des autres concernant l’évaluation israélienne de la situation, une escalade du conflit est très probable.

 

Nouriel Roubini, conseiller principal chez Hudson Bay Capital Management LP, est professeur émérite d’économie à la Stern School of Business de l’Université de New York. Son ouvrage le plus récent s’intitule Megathreats: Ten Dangerous Trends That Imperil Our Future, and How to Survive Them (Little, Brown and Company, 2022). Il a été conseiller principal au Trésor des États-Unis (1999-2000).

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

11 leaders politiques arrêtés : Prolongation de leur séjour en prison

Plus de 4 mois après leur arrestation, les 11 leaders politiques issus des partis et regroupements signataires de la Déclaration du 31 mars 2024 n’ont toujours pas recouvré leur liberté. Malgré les appels incessants d’une partie de la classe politique et l’implication de certaines personnalités religieuses et de la société civile, ces leaders politiques restent en détention.

Si l’ordonnance de mise en liberté provisoire signée par le Juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Commune V du District de Bamako le 9 septembre dernier avait été exécutée, les 11 leaders politiques auraient regagné leurs familles respectives, en attendant la tenue d’un procès.

Mais le Procureur du Tribunal de la Commune V avait dans la foulée introduit un pourvoi en cassation de la décision du Juge. Les hommes politiques écroués sont donc restés en prison en attendant le jugement de la Cour d’appel. Celle-ci a entendu les parties le 29 octobre 2024 et le délibéré de la demande de mise en liberté provisoire des 11 détenus a été fixé au 12 novembre prochain, prolongeant ainsi leur séjour en prison pour au moins deux semaines supplémentaires.

« Le Juge a entendu les parties et a réservé sa décision pour un autre jour. C’est normal parce que généralement ils ne délibèrent pas sur le siège », explique l’avocat d’un des hommes politiques détenus.

Appels à la libération

Au sein de la coalition des partis signataires de la déclaration du 31 mars 2024, les dirigeants avaient cessé pendant quelques semaines de demander la libération de leurs camarades et s’étaient abstenus d’appeler à des actions dans ce sens. Selon une source au sein du regroupement, cette attitude visait à laisser une chance aux médiations des personnalités qui étaient en cours auprès des autorités. Mais celles-ci n’ont jusque-là pas abouti.

Par conséquent, la coalition a décidé de sortir de son silence en levant la voix à travers des actions de communication symboliques. Depuis le 21 octobre, une campagne est en cours sur les réseaux sociaux demandant la libération des 11 leaders politiques.

« Quand ça fait trop, ça fait désordre, libérez-les sans condition », « Nous ne devons pas oublier nos camarades politiques détenus », « Libérez nos leaders politiques, un jour de plus c’est trop, et trop c’est trop » sont entre autres les messages partagés, avec un décompte quotidien du nombre de jours de détention des leaders politiques (130 jours de détention au 30 octobre 2024).

« Pause-liberté »

Le 28 octobre 2024 à 11 h, plusieurs partis de la coalition ont observé 3 minutes de pause à leur siège pour demander la libération de leurs 11 camarades politiques arrêtés, ainsi que de « tous les innocents et prisonniers d’opinion, notamment Rose la vie chère, Ras Bath, Étienne Fakaba Sissoko et Ben le Cerveau ».

Près d’une vingtaine de membres de la plateforme « An ko Mali Dron », dont l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, se sont retrouvés au siège du parti FARE Anka Wuli pour l’occasion.

« Nos camarades ont été arrêtés et sont injustement détenus depuis plus de 4 mois. L’acte que nous avons posé est un acte pacifique par lequel nous voulons manifester d’abord notre solidarité à leur égard et ensuite demander leur libération immédiate et sans condition pour leur permettre de rejoindre leurs familles », a indiqué Bréhima Sidibé.

Yaya N’Diaye, un autre membre de la plateforme, a également confié qu’il s’agissait pour eux de demander aux autorités de relaxer leurs camarades arrêtés depuis plus de 4 mois « et, en dehors d’eux, d’autres combattants de la liberté d’opinion et de la démocratie au Mali qui sont aussi détenus ».

Les 11 leaders politiques ont été arrêtés le 20 juin dernier lors d’une réunion dans un domicile privé, alors que les activités des partis politiques avaient été suspendues par décret. Après 4 jours d’audition, ils ont été placés sous mandat de dépôt le 24 juin 2024. Ils sont inculpés notamment d’opposition à l’exercice de l’autorité légitime.

Mohamed Kenouvi

Rentrée scolaire: un defi relevé malgré les obstacles

Ce lundi 4 novembre 2024, les élèves maliens ont repris le chemin de l’école, marquant le début de l’année scolaire 2024-2025. Cette rentrée, initialement prévue le 1ᵉʳ octobre, avait été reportée en raison des graves inondations qui ont touché le pays, entraînant l’occupation de nombreuses écoles par des sinistrés.

Selon les données du ministère de l’Éducation nationale, à la date du 4 octobre 2024, 128 écoles étaient occupées par des sinistrés, 167 inondées et 256 partiellement ou totalement effondrées. Des efforts concertés ont permis de libérer une partie de ces établissements. Par exemple, à Mopti, sur les 19 écoles occupées, 8 ont été libérées. Cependant, de nombreux établissements restent inaccessibles, nécessitant des solutions alternatives pour assurer la continuité pédagogique.
Face à ces défis, les autorités ont mis en place plusieurs actions pour garantir une rentrée scolaire effective. Parmi celles-ci, on peut citer la réhabilitation des infrastructures; la relocalisation des sinistrés; la mise en place de classes temporaires : Dans les zones où les écoles restent inaccessibles, des tentes et autres abris provisoires ont été installés pour servir de salles de classe.
Défis persistants
Malgré ces initiatives, la situation demeure préoccupante. En juin 2023, environ 1 500 écoles étaient fermées au Mali en raison de l’insécurité, affectant près de 450 000 élèves. Cette situation s’est aggravée au fil des mois. En janvier 2024, le Cluster Éducation a rapporté que 1 657 écoles étaient fermées, impactant directement 497 100 élèves et 9 942 enseignants. En mai 2024, ce nombre a atteint 1 788 écoles non fonctionnelles, privant 540 000 élèves et 11 000 enseignants d’accès à l’éducation. Ces fermetures, principalement concentrées dans les régions du nord et du centre du pays, sont dues à l’insécurité persistante et aux crises humanitaires. Les autorités maliennes, en collaboration avec des partenaires internationaux, s’efforcent de trouver des solutions pour rétablir l’accès à l’éducation dans ces zones affectées.
Les autorités maliennes, en collaboration avec les partenaires internationaux, sont appelées à intensifier leurs efforts pour assurer la sécurité des élèves et du personnel éducatif, réhabiliter les infrastructures endommagées et promouvoir l’accès à l’éducation pour tous les enfants, y compris ceux des zones les plus touchées. La mobilisation de ressources et la mise en œuvre de stratégies adaptées sont essentielles pour relever ces défis et garantir le droit à l’éducation.

Lutte contre les cancers féminins au Mali : Solidaris223 célèbre son 10e anniversaire en réaffirmant son engagement

L’association Solidaris 223 a célébré, le samedi 2 novembre, son 10ᵉ anniversaire en organisant la cinquième édition de sa conférence annuelle dédiée aux cancers du sein et du col de l’utérus.

Placée sous le thème « L’accès aux soins des cancers du sein et du col de l’utérus au Mali », cette rencontre s’est tenue à l’Azalaï Grand Hôtel de Bamako, dans le cadre de la campagne Octobre Rose, désormais une tradition pour l’association.
La présidente de Solidaris 223, Mme Amina Dicko, a ouvert la cérémonie en rappelant l’engagement continu de l’association depuis une décennie pour améliorer la santé des femmes au Mali. Elle a souligné l’importance de l’accès aux soins pour les cancers féminins, mettant en avant les défis persistants et les efforts nécessaires pour les surmonter.
Parmi les invités de marque figuraient des professionnels de la santé, des représentants d’organisations non gouvernementales et des survivantes du cancer, témoignant de la diversité des acteurs mobilisés pour cette cause.
Situation des cancers du sein et du col de l’utérus au Mali
Les données récentes indiquent que le cancer du sein est le plus fréquent chez les femmes maliennes, représentant 34,6 % des cas de cancer en 2023, avec 319 nouveaux cas recensés. Le cancer du col de l’utérus suit avec 20,5 %, soit 189 nouveaux cas la même année. Malheureusement, plus de 70 % de ces cancers sont diagnostiqués à des stades très avancés, compliquant la prise en charge et réduisant les chances de survie.
Coût et prise en charge des cancers féminins
La prise en charge de ces cancers demeure un défi majeur en raison des coûts élevés et de l’accès limité aux infrastructures de santé. Ainsi, le coût total du diagnostic du cancer du sein peut varier entre 258 000 et 379 000 FCFA, selon que les examens sont réalisés dans le secteur public ou privé. Le traitement, incluant chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie, peut atteindre plusieurs millions de FCFA, rendant ces soins inaccessibles pour de nombreuses patientes.
Le Mali dispose de ressources limitées pour le traitement du cancer, avec seulement six oncologues médicaux pour l’ensemble du pays et un seul centre de radiothérapie. D’ailleurs, cette machine n’est toujours pas opérationnelle à 100%. Cette situation entraîne des délais dans le diagnostic et le traitement, aggravant le pronostic pour les patientes.
Lors de la conférence, Mme Bintou Sidibé, survivante du cancer du sein, a partagé son expérience. Diagnostiquée à un stade avancé, elle a bénéficié d’une prise en charge grâce à la collaboration entre Médecins Sans Frontières et les autorités maliennes. Son témoignage a mis en lumière l’importance du diagnostic précoce et de l’accès aux soins pour améliorer les chances de guérison.
La conférence a également permis de discuter des initiatives en cours pour améliorer l’accès aux soins, notamment le renforcement des infrastructures de santé, la formation de professionnels spécialisés et la mise en place de politiques de subvention pour les patientes.
En conclusion, la célébration du 10ᵉ anniversaire de Solidaris 223 a été l’occasion de réaffirmer l’engagement de l’association dans la lutte contre les cancers féminins au Mali. La présidente, Mme Amina Dicko, a appelé à une mobilisation collective pour surmonter les défis liés à l’accès aux soins et offrir un avenir meilleur aux femmes maliennes confrontées à ces maladies.

Renforcement du système judiciaire : De nouveaux Codes Pénal et de Procédure Pénale adoptés

Le 31 octobre 2024, le Conseil National de Transition (CNT) du Mali a adopté de nouveaux Codes pénal et de procédure pénale, introduisant des réformes majeures pour moderniser le système judiciaire.

Parmi les innovations notables figurent la création d’un Collège des libertés et de la détention, chargé de superviser les mandats de dépôt et l’institution du juge de l’application des peines, responsable du suivi des condamnations. L’introduction du bracelet électronique offre une alternative à l’incarcération, tandis que la suppression des cours d’assises vise à accélérer le traitement des affaires criminelles en les confiant aux chambres criminelles des tribunaux de grande instance. Les nouvelles dispositions reconnaissent également la responsabilité pénale des personnes morales, telles que les associations et entreprises et incriminent le recel ainsi que les produits issus du recel. La répression de la trahison est renforcée et les textes de l’UEMOA et de l’OHADA relatifs au droit pénal des affaires sont intégrés. Les dispositions pénales éparses ont été harmonisées et une renumérotation des articles facilite leur consultation. Notamment, l’esclavage par ascendance, la traite des personnes et l’homosexualité sont explicitement pris en compte. Le ministre de la Justice, Mamoudou Kassogué, a affirmé que toute personne pratiquant l’homosexualité ou en faisant l’apologie sera poursuivie, soulignant que le Mali n’acceptera pas que ses valeurs soient transformées par des influences extérieures. Ces réformes traduisent la volonté des autorités de promouvoir une justice plus efficace et adaptée aux réalités sociétales du pays.
Toutefois, selon certaines organisations, le Mali est signataire de plusieurs conventions internationales, dont la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (ratifiée en 1986), la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (ratifiée en 1973) et la Convention contre la torture (ratifiée en 2002). Ces conventions offrent une protection générale contre les mauvais traitements. Cependant, leur application reste limitée et des tensions subsistent entre les valeurs sociétales maliennes et certains principes de droits humains. En légiférant la repression contre certaines pratiques, il y a lieu de revoir la ratification de ces textes par les autorités maliennes.

Fin de l’impunité des crimes contre les journalistes : Une célébration marquée par la douleur et l’absence de justice

Le 2 novembre marque la célébration de la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes. Cette date symbolique, instaurée par l’ONU en 2013, fait écho à l’assassinat des journalistes de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, enlevés puis tués à Kidal. Onze ans après cette tragédie, l’enquête peine à avancer, minée par des tensions géopolitiques et des blocages judiciaires.

Ce drame, qui a secoué les défenseurs de la liberté de la presse à travers le monde démontre les dangers constants auxquels sont confrontés les journalistes en zone de conflit, souvent au prix de leur vie. En ce jour de commémoration, la quête de vérité pour Ghislaine Dupont et Claude Verlon demeure d’actualité.
Selon l’ONU, environ 90 % des assassinats de journalistes restent impunis. Aussi, plus de 1 000 journalistes ont été tués entre 2010 et 2022 dans le monde. S’y ajoute qu’entre 50 et 100 journalistes et lanceurs d’alerte meurent chaque année dans des conditions violentes ou périlleuses liées à leur travail.
En novembre 2013, Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient en mission à Kidal pour couvrir la situation au nord du Mali. Alors qu’ils s’apprêtent à quitter un entretien, ils sont enlevés par un groupe armé et tués peu de temps après. Ce double assassinat a suscité une vive émotion en France et une mobilisation internationale pour faire éclater la vérité.
Malgré les années écoulées, l’enquête n’a pas permis d’aboutir à des conclusions définitives, entravée par un climat diplomatique tendu entre Paris et Bamako. Depuis le retrait des troupes françaises de la région, la coopération entre les autorités françaises et maliennes est réduite à son minimum, rendant difficile l’accès aux témoins et aux informations locales.
Le blocage de l’enquête repose également sur des documents classés « secret-défense » en France, que les familles des journalistes et les organisations de défense de la presse réclament depuis des années. Ces informations, qui pourraient potentiellement éclairer certaines zones d’ombre sur les circonstances de l’enlèvement, demeurent protégées pour des raisons de sécurité nationale, selon les autorités françaises. Ce secret freine les efforts pour élucider les faits et entretient une douleur encore vive pour les familles, qui réclament inlassablement la transparence.
L’un des principaux suspects, Seidane Ag Hita, identifié comme membre influent d’un groupe terroriste local, reste introuvable. Considéré comme ayant participé activement à l’enlèvement, son rôle dans cette affaire demeure flou, bien que des témoins indiquent sa possible implication. L’absence de coopération entre la France et le Mali rend difficile toute tentative de localisation et d’arrestation.
Un message d’António Guterres pour la fin de l’impunité
À l’occasion de la journée du 2 novembre, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a renouvelé son appel à la communauté internationale pour mettre un terme à l’impunité des crimes contre les journalistes. « La liberté de la presse est un pilier de la démocratie et des droits humains », a-t-il déclaré, soulignant que « l’impunité engendre la répétition des violences ». Ce message vise à rappeler aux États leurs obligations de protéger les journalistes et de garantir une justice effective pour les crimes commis contre eux, notamment dans les zones de conflit.
Les statistiques de l’ONU font état de neuf crimes sur dix contre des journalistes qui restent impunis. Ce chiffre accablant révèle l’ampleur des défis à relever pour garantir un environnement sécurisé pour ceux qui risquent leur vie au service de l’information.
Malgré les entraves diplomatiques et le secret d’État, les familles de Ghislaine Dupont et Claude Verlon et les associations qui les soutiennent poursuivent leur combat pour la vérité.

Insécurité alimentaire : le PAM et la Russie soutiennent le Mali

Le gouvernement du Mali, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), a organisé, ce 30 octobre 2024, une cérémonie de remerciement à la Fédération de Russie pour son soutien dans l’assistance aux personnes en situation d’insécurité alimentaire.

Selon le PAM, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire atteint 1,4 million. Pour répondre à leurs besoins pendant les six prochains mois, le PAM doit mobiliser près de 98 millions de dollars.

Le don de la Russie fait partie des contributions essentielles, saluées par le PAM, qui aident les personnes les plus vulnérables. « Cette contribution d’un montant de deux millions de dollars américains ne se mesure pas seulement en termes financiers, mais aussi en termes d’espoir et de possibilités offertes à tant de personnes. Votre soutien nous permet donc de continuer à soutenir ceux qui comptent sur l’aide alimentaire pour satisfaire leurs besoins essentiels », a déclaré le représentant du PAM. Ces contributions volontaires sont nécessaires pour accompagner les efforts du gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au sein des communautés touchées par différents chocs. Elles permettent ainsi d’offrir des repas nutritifs à ceux qui en ont le plus besoin. Cette importante donation en denrées alimentaires, qui permettra au PAM de soutenir les personnes vulnérables, n’est pas la première, a rappelé le ministre commissaire à la sécurité alimentaire. Une solidarité qui s’était déjà exprimée en 2023 par un don de 75 000 tonnes de blé de la Russie en faveur du Mali, un précieux appui qui avait permis de contenir la flambée des prix des denrées de première nécessité.

Depuis quelques années, le Mali fait face à une situation marquée par l’insécurité et les chocs climatiques, entraînant des déplacements de population et compromettant la sécurité alimentaire.

Économie numérique : Une nouvelle politique pour corriger les lacunes

La place du numérique dans le développement socioéconomique est reconnue par le Mali, à l’instar d’autres pays du monde. Cependant, l’atteinte des objectifs en la matière se heurte à certains défis, dont un faible accès. C’est pourquoi les autorités envisagent à travers une politique de développement d’améliorer ces services afin de favoriser la digitalisation, la transparence et l’efficience des services publics, notamment.

Adoptés en 2015, la Politique nationale de développement de l’Économie numérique et son Plan d’actions ont mis en évidence certains faits. L’évaluation de « Mali numérique 2020 » fait ressortir un taux d’exécution global de 27,30%, soit 18 actions menées à terme sur les 66 programmées, avec un taux de mobilisation des ressources de 24,24%, soit 54,5 milliards sur les 224,792 prévus. Ces insuffisances soulignent la nécessité d’une nouvelle Politique nationale de développement de l’Économie numérique et de son Plan d’actions « Mali 2025-2029 », validés lors d’un atelier national le 24 octobre 2024. Selon ses auteurs, ce sont les attentes non comblées des précédentes politiques qui le justifient. En effet, la Politique de 2015 n’a pas été mise en œuvre parce que les organes prévus, notamment le Conseil national du Numérique et le Comité national de mise en œuvre, n’ont pas été créés et que la table-ronde des bailleurs n’a pas été organisée. Les mêmes absences de gouvernance et de financement expliquent l’échec de « Mali Numérique 2020 ».

Le nouveau document veut donc s’adapter à l’environnement actuel et permettre  « l’accès universel et aux normes internationales pour une économie numérique inclusive dans notre pays ».

Rattraper le retard

Le secteur de l’économie numérique est l’un des principaux moteurs de développement des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) par sa contribution au PIB. Le Mali fait partie des pays qui ont une faible contribution de cette économie numérique. L’Indice de développement des TIC (IDI-TIC) 2023 classe le Mali à la 5ème position avec 38,2%, derrière le Sénégal (66,5%), la Côte d’Ivoire (59%), le Togo (40,2%) et le Bénin (38,3 %), devant la Guinée-Bissau (33,1%) et le Burkina Faso (28,5%).

Dans l’utilisation d’Internet dans l’espace UEMOA, le Mali garde la même place avec 30,5% en 2023, derrière le Sénégal (55%), la Côte d’Ivoire (38%), le Togo (32,5%) et le Bénin (30,7%).

Le développement de l’économie numérique présente des opportunités pour le Mali, mais il révèle aussi des faiblesses, dont le manque d’infrastructures numériques adéquates, le coût élevé d’accès à Internet, les faibles compétences numériques et la faible qualité de la connexion Internet.

Fatoumata Maguiraga

Festival Bama Art : Une grande première à Kayes

La prochaine édition du festival culturel Bama Art se tiendra du 30 octobre au 3 novembre à Kayes. Sur le thème « Culture au service du développement et de la paix », c’est la première à se dérouler en dehors de la capitale. Présent dans le paysage culturel bamakois depuis six ans, Bama Art est devenu l’une des rencontres culturelles les plus incontournables du Mali.

Traditionnellement organisé chaque premier week-end du mois sur les berges du fleuve Niger ou Place du Cinquantenaire, le festival offre une belle opportunité aux jeunes artistes pour faire valoir leur talent. Cette année, il s’installera dans la Capitale des Rails, un tournant important pour l’événement.

Abou Guitteye, promoteur de Bama Art, souligne que cette édition à Kayes répond à plusieurs demandes des habitants de la région. « De nombreuses personnes quittent leur région pour assister à Bama Art. Au début, nous étions réticents à l’idée de nous éloigner de Bamako, craignant que cela n’attire pas autant de monde. Mais après six années d’hésitation, nous avons décidé de nous lancer ».

Il ajoute « cette édition à Kayes est une phase test. Si cela fonctionne, nous pourrons nous étendre à d’autres régions, comme Ségou, Mopti et même Tombouctou ». L’objectif est d’apporter la joie de Bama Art aux Kayésiens, afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes expériences culturelles que les Bamakois.

De nombreuses activités seront proposées : foires artisanales, agricoles et minières, grillades, jeux en plein air, sport, tourisme local et spectacles traditionnels et modernes. Cette année, le festival passe de deux à cinq jours, une décision qui répond aux attentes croissantes des participants. « Avec tous les sacrifices et matériels que nous transportons, il serait imprudent de rester à deux jours ».

L’événement réunira des artistes de renom, tels que Seydou Chee, Mohamed Diaby, Lil Dou et Fatim Diabaté. À travers Bama Art, M. Guitteye souhaite contribuer à l’attractivité et au rayonnement du Mali à l’international. Il aspire également à soutenir la création, la production et la circulation d’œuvres de qualité, tout en valorisant le potentiel touristique et culinaire du pays.

Le festival s’annonce comme un véritable carrefour de la culture malienne, promouvant les talents locaux et créant des espaces d’échange et de partage enrichissants pour tous.

Fatouma Cissé

Exploitation minière au Mali : L’or au cœur de la souveraineté

En quête d’une plus grande maîtrise de ses ressources aurifères, le Mali s’est engagé dans plusieurs réformes majeures pour renforcer sa souveraineté sur le secteur minier. Considéré comme le troisième producteur d’or en Afrique, le pays entend récupérer une part plus équitable des 1 926 milliards de francs CFA de recettes d’exportation générées par la vente de son or en 2023. Cette ambition s’accompagne de tensions croissantes avec des géants miniers comme Barrick Gold. Parallèlement, la révision des textes régissant le secteur et la création de la SOREM visent à renforcer la souveraineté nationale. Ces initiatives pourraient transformer le paysage minier, impactant non seulement les multinationales mais aussi l’avenir économique du Mali.

En 2023, le Mali a atteint une production record de 65,91 tonnes d’or (Rapport ITIE 2023). Cette production a généré des recettes d’exportation dépassant 1 926 milliards de francs CFA. La production d’or est concentrée principalement dans les régions de Kayes et Sikasso. Les mines de Loulo-Gounkoto (23,49 tonnes, Barrick Gold) et de Fekola (20,63 tonnes, B2Gold) dominent cette production, suivies de SOMISY (6,76 tonnes) et SEMOS (6,28 tonnes). Ces chiffres témoignent de la richesse du sous-sol malien, mais aussi de l’importance stratégique de l’exploitation industrielle, qui représente près de 95% de la production. Malgré cette dépendance envers les multinationales, l’État malien affiche une volonté de prendre en main la gestion de ses ressources.

La concentration minière à Kayes et Sikasso fait de ces régions des pôles de développement économique pour le Mali, représentant respectivement des productions valorisées à 1 318 et 597 milliards de francs CFA. Cependant, cette dépendance accrue soulève des questions sur la durabilité de cette exploitation intensive et l’urgence de diversifier l’économie nationale. En effet, avec environ 644 milliards de francs CFA de recettes issues de l’industrie extractive en 2023, dont 602 milliards ont été directement alloués au Trésor public, le Mali compte significativement sur l’or pour soutenir ses finances publiques et ses projets de développement.

Pourtant, les déséquilibres régionaux se creusent, car Kayes et Sikasso concentrent non seulement la production minière, mais aussi les principales infrastructures soutenant ce secteur. Face à cette situation, le gouvernement malien a renforcé ses exigences envers les entreprises étrangères par le biais d’une clause de « Contenu local » dans le nouveau Code minier. Cela oblige les entreprises à investir dans les infrastructures locales et à favoriser l’emploi de la main-d’œuvre malienne, réduisant ainsi la dépendance aux travailleurs étrangers et augmentant les bénéfices locaux.

L’État et Barrick Gold à couteaux tirés

Le différend entre l’État malien et Barrick Gold porte sur un montant significatif de 500 milliards de francs CFA d’arriérés que les autorités souhaitent mobiliser pour financer des projets d’infrastructure essentiels. Barrick, de son côté, affirme avoir déjà versé 50 milliards. Le gouvernement malien a donc commandé un audit pour clarifier les contributions des différentes mines, mais le rapport officiel est toujours attendu. Pour le Mali, ces arriérés représentent plus qu’une somme d’argent, en ce sens qu’ils incarnent une bataille pour la « transparence » et la « réappropriation » des richesses nationales.

En réponse aux critiques de faible contrôle de ses ressources, l’État a adopté en 2023 un nouveau Code minier. Dans ce Code, la part gratuite de l’État dans le capital reste à 10%. Mais l’État peut prendre d’autres parts contre des numéraires à hauteur de 20%. Les sociétés ont aussi l’obligation d’ouvrir leur capital à des investisseurs nationaux à hauteur de 5%. Ce changement manifeste la volonté de renforcer la souveraineté nationale sur l’exploitation des ressources naturelles. Recommandée lors des Assises nationales de la refondation en décembre 2021, cette réforme répond à une aspiration collective pour que les bénéfices des ressources minières soient redistribués équitablement, en particulier vers les communautés locales, souvent marginalisées.

La création de SOREM et la symbolique de Yatela

La création de la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-Mali), qui contrôle désormais la mine de Morila, illustre parfaitement cette gestion nationale des ressources. Ce modèle de gestion devrait permettre au Mali de mieux contrôler les retombées économiques de son secteur minier. De plus, la reprise par l’État de la mine de Yatela, suspendue depuis 2013, marque une avancée symbolique vers la récupération des actifs miniers nationaux. Bien que la production de Yatela soit actuellement limitée, ce geste témoigne d’une volonté de renforcement de la souveraineté économique.

Avec l’échéance de l’un des permis d’exploitation de Barrick Gold, prévue en 2026, la pression s’intensifie. Le gouvernement pourrait refuser son renouvellement en cas de désaccord prolongé sur les redevances, un mouvement qui affirmerait la position de l’État dans les négociations futures avec les multinationales.

Les contraintes des conventions internationales

Cependant, la route vers une autonomie complète du secteur minier reste semée d’obstacles. Les contrats signés avec des multinationales incluent souvent des clauses de stabilité visant à protéger les investissements étrangers contre les changements législatifs. Ces clauses, reconnues par les textes internationaux, limitent parfois l’application de nouvelles réformes aux exploitants actuels. Bien que légitimes sur le plan international, ces restrictions contraignent les actions de l’État malien, qui doit concilier ses ambitions de souveraineté avec le respect de ses engagements internationaux.

Il convient de rappeler qu’en 2023 les revenus générés par le secteur extractif se sont élevés à 644 milliards de francs CFA, dont 602 milliards à destination du Trésor public. Ces fonds, essentiels au Budget national, sont affectés à des secteurs vitaux tels que l’éducation et la santé. La contribution des industries extractives représente près de 27,8% des recettes de l’État et 9,2% du PIB (en 2022), révélant l’importance de ce secteur pour le développement national.

Les recettes collectées servent également à soutenir des programmes sociaux importants, incluant 30 milliards de francs CFA de cotisations sociales et 9 milliards pour les assurances obligatoires, ainsi que divers paiements sociaux. En augmentant sa participation dans les sociétés minières, le Mali choisit de renforcer son indépendance économique. Cependant, cette décision pourrait potentiellement dissuader certains investisseurs étrangers, préoccupés par la stabilité de leurs investissements dans un cadre de régulation de plus en plus strict.

Vers une exploitation minière mieux contrôlée et souveraine ?

Plutôt que de céder aux exigences des multinationales, le Mali semble déterminé à réguler de manière plus équitable son secteur minier. En 2023, l’État a réparti entre divers fonds et budgets de soutien aux collectivités une partie des recettes minières. Cette manne financière permet de soutenir des secteurs vitaux pour le pays, mais elle souligne également l’importance d’une régulation rigoureuse pour garantir une exploitation équitable et transparente des ressources naturelles.

L’établissement de partenariats avec des experts locaux et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée constituent des pistes prometteuses pour faire du secteur minier un pilier véritablement national. En diversifiant les activités minières et en optimisant les bénéfices pour le pays, le Mali pourrait réduire sa dépendance aux multinationales et renforcer sa souveraineté sur ses ressources.

En s’engageant résolument sur la voie de la souveraineté minière, le Mali affiche certes une ambition forte. Il s’agit de faire de ses ressources un levier de développement au service de tous. Bien qu’étant audacieux, ce choix comporte de nombreux risques. En effet, tourner le dos aux multinationales pourrait exposer le pays à des défis économiques et techniques majeurs, surtout avec des insuffisances techniques et des infrastructures encore insuffisamment développées. Les entreprises internationales, malgré leurs intérêts propres, apportent un savoir-faire et des moyens financiers dont le Mali pourrait difficilement se passer. Plutôt que de s’orienter vers un bras de fer aux issues incertaines, il serait peut-être plus sage de rechercher des partenariats « gagnant – gagnant », permettant d’avancer sans se couper de ressources précieuses.

Ainsi, pour le Mali, le principal défi pourrait résider dans l’équilibre entre indépendance et coopération. Si le pays parvient à maintenir une posture ferme tout en ouvrant la voie à des échanges équilibrés, l’exploitation de l’or pourra enfin servir non seulement les intérêts de quelques-uns, mais de tous les Maliens. En bâtissant des partenariats intelligents et des partenariats mutuellement profitables, en exigeant transparence et équité, le Mali pourrait atteindre une souveraineté minière qui profite réellement à sa population sans compromettre le développement du secteur. L’or malien, sous une gouvernance éclairée, pourrait devenir un véritable moteur de croissance et un pilier de stabilité pour le pays.

En tout état de cause, cette quête de souveraineté est une prise de position courageuse, mais elle doit être accompagnée de pragmatisme. L’indépendance, si précieuse, n’empêche pas de collaborer. Il s’agit pour le Mali de construire un modèle unique, un équilibre entre contrôle national et ouverture maîtrisée, où les richesses du sous-sol servent à construire un avenir solide pour tous les citoyens. Avec une vision à long terme et un pragmatisme réfléchi, le Mali pourrait démontrer qu’il est possible de transformer les ressources naturelles en un bien commun, durable et inclusif.

Journal du Mali

Développement et souveraineté multisectoriels du Mali : Le Centre Amadou Hampâté Bâ mène la réflexion

Le Centre Amadou Hampâté Bâ, en partenariat avec la Délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa, a tenu, le 28 octobre 2024, à Bamako, une journée de réflexion autour de plusieurs thèmes stratégiques pour le développement du Mali.

Réfléchir et bâtir ce que nous avons en commun : c’est l’objectif de cette rencontre intitulée « Journée de réflexion sur les humains et les communs ». Elle a réuni plusieurs experts de différents domaines autour de deux principaux panels.
Le premier s’est articulé autour de trois présentations. L’ancienne ministre Assétou Founé Samaké a intervenu sur le thème « De la révolution politique du rejet de la domination à la transition économique, sociale, culturelle et écologique ».
Pour sa part, Souleymane Satigui Sidibé, vice-président de la délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et ancien président du Conseil national de la jeunesse, s’est attardé sur le projet de plan d’action d’urgence communal Siguida Kura au service du Mali Kura et de l’AES, tandis qu’Alpha Mandé Diarra a abordé les « enjeux économiques, financiers, sociaux, culturels et environnementaux de la préservation des communs ».
Plusieurs personnalités ont également pris part à la cérémonie d’ouverture, parmi lesquelles Mme Aminata Dramane Traoré, présidente de la délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et directrice du Centre Amadou Hampâté Bâ, M. Ibrahim Togola, président de l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa, le gouverneur du district de Bamako et l’ambassadeur du Venezuela au Mali.
« Les objectifs escomptés de cette journée de réflexion concordent parfaitement avec les priorités de nos plus hautes autorités, soucieuses de compter sur nos valeurs pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés », s’est réjoui Adama Sissouma, secrétaire général du ministère de l’Administration et de la Décentralisation.
La problématique de la créativité politique, sociale, culturelle, artistique et intellectuelle, ainsi que celle du partenariat technique, économique et financier, a été abordée lors du deuxième panel.
Divers acteurs des secteurs concernés se sont également penchés sur le rôle des artistes et des intellectuels, des acteurs politiques, des opérateurs économiques ainsi que des médias dans le développement du Mali.
« Nous sommes tous Maliens et nous avons le Mali en commun. Nous avons énormément de ressources en commun. Ces ressources peuvent nous permettre de sortir de pas mal d’impasses : économique, sécuritaire, climatique », a souligné l’ancienne ministre de la Culture, Aminata Dramane Traoré.
Selon elle, la question du développement du Mali est aussi liée au savoir, au savoir-faire, mais aussi à la production de biens.
« Si aujourd’hui nous voulons gagner le pari de la souveraineté économique, politique, culturelle et militaire, il faut que nous regardions davantage ce que nous produisons et consommons », a-t-elle insisté.
Mohamed Kenouvi

Lutte contre l’insécurité alimentaire : le PAM et Royaume d’Espagne soutiennent le Mali

Le gouvernement du Mali, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), a organisé, ce 30 octobre 2024, une cérémonie de remerciement en l’honneur du royaume d’Espagne, qui a remis une aide destinée à assister les personnes en situation d’insécurité alimentaire.

Selon le PAM, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire atteint 1,4 million. Ce chiffre impressionnant démontre l’ampleur de la tâche à accomplir pour venir en aide à ces personnes très vulnérables. Pour répondre à leurs besoins pendant les six prochains mois, le PAM doit mobiliser près de 98 millions de dollars.
L’aide de l’Espagne, d’un montant de 3 millions d’euros (soit 1 967 871 000 FCFA), permettra d’offrir une assistance à 60 000 personnes. Un montant de 2,9 millions d’euros est prévu pour l’assistance alimentaire, tant pour les programmes d’urgence que pour les programmes de résilience, tandis que 100 000 euros seront destinés au service aérien en faveur de la communauté humanitaire, UNHAS. Cette aide du royaume d’Espagne s’inscrit dans le cadre du plan national de réponse à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.
Elle permettra d’appuyer des activités telles que la distribution de vivres, la supplémentation nutritionnelle, la prévention de la malnutrition aiguë, le renforcement du système d’alerte précoce et la promotion de pratiques agricoles durables. La majeure partie de cette aide permettra au PAM de soutenir chaque année, durant la période de soudure, plus de 40 000 personnes les plus touchées par les conflits et l’insécurité alimentaire dans les régions de Kayes, Ségou, Mopti, Tombouctou, Ménaka, Gao, Kidal et une partie de la région de Sikasso, a soutenu le ministre Commissaire à la sécurité alimentaire.
Fatoumata Maguiraga

Face à l’insécurité persistante : MSF suspend ses activités à Nampala

L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a récemment décidé de suspendre temporairement ses activités à Nampala, dans la région de Ségou. Cette suspension fait suite à une attaque ciblant l’une de ses équipes le 14 octobre dernier.

Selon les informations fournies par MSF, une équipe accompagnant des agents de santé locaux a été attaquée à la périphérie de Nampala par un groupe armé. En raison de ces tensions sécuritaires, MSF a jugé nécessaire de suspendre temporairement ses interventions médicales pour préserver la sécurité de son personnel.
Rappelons que sur place, les équipes de MSF prodiguaient des soins médicaux d’urgence, particulièrement pour les habitants déplacés par les conflits. Lors de l’attaque, des assaillants ont dépouillé les membres de l’équipe, mettant en péril à la fois leur sécurité et celle des patients. Le retrait temporaire de MSF laisse ainsi la localité sans accès à des soins de santé essentiels, dans une zone où l’aide humanitaire reste limitée.
Malgré leur neutralité, les organisations sont de plus en plus visées par des groupes armés. Dans son communiqué, MSF rappelle aux parties au conflit leur devoir de respecter les civils, les infrastructures de santé et les acteurs humanitaires. Cette situation souligne la nécessité de renforcer les dispositifs de sécurité pour les équipes opérant dans des zones de conflits.
Cette suspension des activités de MSF n’est pas la première dans cette zone. En novembre 2023, confrontée à une situation similaire, l’organisation avait temporairement déplacé une partie de ses opérations vers des localités moins exposées comme Molodo et Niono, dans le but de continuer à prodiguer des soins, mais dans des conditions moins risquées.
Depuis le début de ses opérations en 2022, MSF est la seule organisation internationale à offrir des soins gratuits aux résidents de Nampala. Ses interventions sont particulièrement vitales pour les jeunes enfants et les femmes enceintes, particulièrement exposés à des maladies saisonnières telles que le paludisme. La suspension de MSF crée ainsi un vide considérable dans l’accès aux soins pour cette population vulnérable.
Des garanties de sécurité réclamées pour une reprise des activités
En collaboration avec les autorités maliennes, MSF a entamé des discussions pour obtenir des assurances permettant un retour sur le terrain en toute sécurité. La reprise de ses activités reste conditionnée à la mise en place de mesures de sécurité claires pour éviter que des incidents similaires ne se reproduisent. Les négociations en cours visent à garantir la protection du personnel humanitaire conformément aux principes du droit international humanitaire.

Tracer la voie de la résilience du littoral

Environ 40 % de la population mondiale vit dans les zones côtières. Outre le fait qu’elles abritent 12 des 15 plus grandes villes du monde, ces régions constituent une ligne de vie essentielle pour d’innombrables petits villages et villes. Avec environ 80 % du commerce international transitant par les ports maritimes, les régions côtières jouent également un rôle économique majeur, représentant 60 à 70 % du PIB mondial.

Les températures mondiales augmentant à un rythme alarmant, les communautés côtières se retrouvent en première ligne des crises du climat et de la biodiversité. Rien que dans les douze derniers mois, les ouragans Beryl, Helene et Milton ont frappé les Caraïbes et la côte américaine du Golfe du Mexique, tandis que la tempête Daniel a fait des milliers de victimes en Libye, soulignant ainsi la vulnérabilité croissante des populations vivant le long des côtes de la planète.

La crise climatique s’aggrave, tout comme les menaces posées par l’élévation du niveau des mers, l’acidification et le réchauffement des océans. Ces dangers sont aggravés par la destruction des habitats, la surpêche et la pollution, qui érodent la santé et la biodiversité des écosystèmes marins. La disparition des mangroves et des récifs coralliens qui en résulte devrait entraîner d’énormes pertes économiques et déplacer de nombreuses communautés côtières, en particulier dans les petits États insulaires en développement où tous les aspects de la vie sont liés à la mer.

Compte tenu des enjeux, le renforcement de la résilience des communautés côtières et la protection des vies, des moyens de subsistance et des économies de leurs habitants ne constituent pas seulement une priorité régionale ou nationale, mais un impératif mondial. Pour y répondre, il faudra un effort coordonné des secteurs public et privé, en particulier des institutions financières capables de générer les investissements nécessaires pour soutenir des solutions durables et à long terme.

À cette fin, la conférence des Nations unies sur la biodiversité étudie les moyens de faire progresser le cadre mondial pour la biodiversité de 2022, qui vise à protéger 30 % de l’ensemble des zones terrestres et océaniques d’ici à 2030. La prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP29), qui se tiendra en Azerbaïdjan, se concentrera sur les solutions de financement. La conférence des Nations unies sur les océans, qui se tiendra l’année prochaine, ainsi que le premier forum sur l’économie et la finance bleues, pourraient contribuer à catalyser l’action urgente et coordonnée nécessaire à la sauvegarde des écosystèmes les plus vulnérables de notre planète.

Il est encourageant de constater que les institutions financières privées commencent également à reconnaître la nécessité de renforcer la résilience climatique. Un montant stupéfiant de 1 000 milliards de dollars d’obligations vertes, sociales et liées à la durabilité a été émis en 2023, reflétant l’intérêt croissant des investisseurs pour les projets alignés sur les objectifs de développement durable des Nations unies. Mais les investissements dans la régénération des océans et la résilience côtière restent bien en deçà des centaines de milliards de dollars nécessaires chaque année pour protéger les communautés et les villes vulnérables.

S’il est essentiel de combler ce déficit de financement, il est tout aussi important de s’engager auprès des communautés locales. En tenant compte du point de vue des populations autochtones, les décideurs politiques pourraient élaborer des mesures qui protègent la nature, favorisent le développement durable et garantissent que les investissements dans les infrastructures et la résilience des communautés sont à la fois équitables et efficaces.

Les partenariats intersectoriels seront essentiels pour constituer une réserve de projets susceptibles d’être investis. L’Ocean Risk and Resilience Action Alliance (ORRAA), dont je suis le directeur exécutif, cherche à mobiliser des financements pour la résilience des océans. En travaillant avec des partenaires engagés, nous visons à doter les banquiers et les assureurs des outils nécessaires pour tenir compte de la valeur des actifs naturels dans leurs bilans, tout en exploitant l’ingéniosité et l’esprit d’entreprise des dirigeants locaux, dont beaucoup sont des femmes.

Certes, il reste encore beaucoup à faire. Pour construire des communautés côtières véritablement résilientes, les risques climatiques doivent être pris en compte dans chaque projet d’infrastructure, proposition de politique et décision d’investissement affectant les régions vulnérables au climat. En outre, en encourageant les solutions basées sur la nature, telles que la restauration des mangroves et des récifs coralliens, les décideurs politiques pourraient renforcer les défenses naturelles contre les tempêtes et l’érosion tout en soutenant la biodiversité et les économies locales. Des initiatives telles que l’indice des risques côtiers – une plateforme interactive qui exploite les données pour aider les investisseurs, les assureurs et les décideurs politiques à évaluer les risques côtiers – seront essentielles à cet effort.

Étant donné que le financement public ne peut à lui seul générer le capital nécessaire à la protection des communautés côtières, une plus grande coopération entre les secteurs public et privé sera essentielle pour combler le déficit de financement actuel. Pour ce faire, il faudra développer des instruments financiers innovants afin de réduire les risques et d’encourager la participation du secteur privé. C’est dans cette optique que l’Orraa s’est associée au Groupe de garantie du développement, un garant qui soutient les projets d’adaptation au climat et d’atténuation de ses effets, pour créer un mécanisme visant à réduire les risques liés aux investissements durables dans les secteurs de « l’économie bleue ».

La conférence des Nations unies sur les océans, qui se tiendra l’année prochaine en France, et le forum sur l’économie et la finance bleues, qui aura lieu à Monaco, offrent une occasion unique d’unir ces différents efforts. En réunissant des chefs d’entreprise et des décideurs politiques, ces rencontres pourraient débloquer des financements à grande échelle pour la conservation et la résilience des océans, en veillant à ce que les communautés côtières bénéficient d’une approche globale et durable des défis complexes posés par la crise climatique.

Cependant, pour saisir cette opportunité, les investisseurs, les décideurs politiques et les dirigeants locaux doivent aligner leurs efforts. Grâce à une action climatique décisive et coordonnée, nous pouvons orienter des investissements ciblés vers la résilience des océans et assurer un avenir durable aux communautés côtières – et à l’économie mondiale qui en dépend.

 

Karen Sack est directrice exécutive de l’Ocean Risk and Resilience Action Alliance.

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

City Tour Rose : Découverte de Bamako et sensibilisation au cancer du sein lors de la 1ère édition

Pour allier la découverte de la ville de Bamako et la sensibilisation au cancer du sein durant ce mois d’octobre dédié à la lutte contre cette maladie, l’agence de voyage et de tourisme Galaxy Travel & Tour Services a organisé, le 26 octobre 2024, une journée de visite guidée de quelques monuments et lieux emblématiques de la capitale.

Une vingtaine de jeunes filles venues de Bamako et de la diaspora ont participé à cet événement, dont le point de départ a été donné au musée national du Mali.
Le premier arrêt a été la place de la Liberté, en face de la mairie du district de Bamako, pour découvrir le monument aux héros de l’armée noire. Ce monument, représentant un soldat blanc et quatre soldats noirs sur le champ de bataille en France lors de la Première Guerre mondiale, a été réalisé par Paul Moreau-Vauthier en 1922 et implanté à Bamako le 3 janvier 2024. Il se compose de deux parties : un piédestal en terre latérite compressée et la statue des combattants en bronze noir.
« Ce monument n’existe nulle part ailleurs qu’au Mali et en France. Cependant, en 1940, celui de France a été détruit lors de la Seconde Guerre mondiale. En 2010, les autorités françaises ont demandé l’autorisation au gouvernement malien de prélever des échantillons de banco pour en construire un nouveau à Reims, inauguré en 2018 », a expliqué Daouda Koné, historien-archéologue et chef de division des parcs publics et monuments à la Direction nationale du patrimoine culturel. Cet historien, agissant comme guide pour cette journée, a accompagné les participantes tout au long de la visite des sites.
Après le monument aux héros de l’armée noire, cap sur le musée de Bamako, où les jeunes visiteuses ont pu plonger dans l’histoire en découvrant le puits du fort colonial situé dans l’enceinte du musée, ainsi que des objets historiques et des photos dans les salles d’exposition, sans oublier la première prison de la capitale à l’époque coloniale.
Le monument de la maternité, situé au quartier Cité du Niger, a été le troisième lieu visité. Mettant en avant les seins d’une femme tenant un bébé, cette statue symbolise l’importance de la maternité et la sensibilisation à l’allaitement maternel.
À cet endroit, comme dans le bus tout au long du trajet entre les différents sites visités, Awa Diarra, sage-femme, a diffusé des messages de sensibilisation sur le cancer du sein. Elle a éclairé les participantes sur la maladie, insistant sur l’importance de la prévention et du dépistage précoce, qui augmentent les chances de survie, tout en les encourageant à pratiquer régulièrement l’autopalpation des seins.
La sage-femme Awa Diarra a été soutenue par les témoignages de Mme Oumou Traoré, promotrice du restaurant « La Vieille Marmite », qui a été victime du cancer du sein il y a quelques années, mais qui est désormais guérie. « La meilleure arme pour combattre le cancer du sein est de le prévenir. Plus tôt c’est détecté, meilleur est le traitement », a souligné Mme Traoré.
La journée de visite s’est clôturée au Mémorial Modibo Keïta, où les participantes ont revisité l’histoire du premier président de la République du Mali à travers des récits et des photos marquantes de sa vie, sous la direction de Moulaye Hassan Keïta, guide au Mémorial.
« Ce genre d’initiative est vraiment important, et j’ai été surprise qu’elle soit couplée avec le combat contre le cancer du sein. Je suis venue plusieurs fois au Mali, mais je n’avais jamais visité tous ces monuments et lieux », s’est réjouie Mme Dissa, participante venue de France pour un séjour à Bamako.
L’événement a été parrainé par Mohamed Cissé dit Toupé, jeune leader de la commune IV, très engagé pour la cause de la jeunesse, qui n’a ménagé aucun effort en mettant la main à la poche pour garantir la réussite de l’initiative de Moussa Diallo, promoteur de Galaxy Travel & Tour Services.
« Nous sommes en octobre, mois dédié à la lutte contre le cancer. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice de la nation. Nous sommes à Bamako, et beaucoup ne connaissent pas la signification des monuments. Cette journée est l’occasion de les découvrir tout en s’imprégnant de la lutte contre le cancer du sein », a confié M. Cissé.
Mohamed Kenouvi

Lutte contre le paludisme au Mali : l’ONG Médecins Sans Frontières présente ses stratégies d’actions

Très impliquée dans la lutte contre le paludisme au Mali, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) mène depuis des années plusieurs opérations à travers le pays, en collaboration avec le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Pour mettre en lumière ses actions et ses efforts dans la lutte contre cette maladie au cours des derniers mois, l’Organisation humanitaire internationale a tenu un café de presse le 24 octobre 2024 à Bamako.

Ce café de presse, auquel ont participé plusieurs journalistes représentant des organes de la presse nationale, s’est déroulé en présence de la Directrice du PNLP, le Médecin-colonel Aissata Koné. Elle était accompagnée du Chef de mission de Médecins Sans Frontières au Mali, Dr Innocent Kunywana, ainsi que d’une représentante d’OCHA.

Dans la lutte contre le paludisme au Mali, en termes de stratégies majeures, MSF prend en charge des cas de la maladie, en mettant l’accent sur les populations vulnérables. L’organisation offre également des soins gratuits, avec un accès facilité au plus près des ménages et s’active dans la prévention du paludisme pendant la grossesse. En termes de stratégie de soutien, MSF utilise les services de consultations et d’hospitalisation pour sensibiliser les familles sur la maladie et sur les mesures de prévention.

De janvier 2022 à septembre 2024, l’ONG Médecins Sans Frontières a effectué 1 283 970 consultations au Mali, dont 788 567 (61%) dans les régions du centre, 252 928 (20%) dans les régions du sud et 242 475 (19%) dans les régions du nord. Au total, 34% de ces consultations, soit 434 244, sont des cas de paludisme, touchant principalement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.

Ces cas de paludisme se répartissent comme suit : 247 175 cas dans les régions du centre, dont 45 797 cas graves avec une létalité de 0,11 % ; 138 800 cas dans les régions du sud, dont 28 009 cas graves avec une létalité de 0,23 % ; et 46 269 cas dans les régions du nord, dont 13 344 cas graves avec une létalité de 0,44 %.

De plus, l’organisation craint une augmentation du nombre de cas et une possible extension de la période de pic du paludisme à travers le pays, particulièrement pour l’année 2024, en raison des fortes pluies qui entraînent une augmentation du nombre de moustiques, ainsi que de la situation des blocus dans certaines régions, causant l’augmentation du nombre de déplacés internes fuyant les violences incessantes dues à l’insécurité.

Par ailleurs, pour faire face à cette période de pic, MSF a renforcé la capacité des « agents palu » et les a déployés dans les communautés pour la prise en charge des cas simples et le référencement des cas compliqués dans les CSCom et CSRef. Médecins Sans Frontières apporte également un soutien en médicaments et matériel médical aux sites communautaires, aux CSComs et aux CSRef.

Cependant, l’organisation humanitaire est confrontée à plusieurs difficultés. Parmi celles-ci, on note les problèmes d’accès à certaines zones, rendant les déplacements des agents difficiles, un approvisionnement irrégulier en médicaments et matériel, le manque de moyens de transport, notamment dans les zones marécageuses, ainsi que le manque d’approvisionnement en poches de sang.

Outre la présentation de ses stratégies d’action dans la lutte contre le paludisme au Mali, Médecins Sans Frontières vise également, à travers cette rencontre avec les médias, à exposer les résultats obtenus en termes d’indicateurs et d’impacts sur le système de santé national et sur la communauté.

 

« Les acquis et les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme doivent se maintenir et cela passe par une forte mobilisation de ressources et l’engagement des partenaires afin d’atteindre l’objectif « zéro palu » au Mali », a insisté Dr Innocent Kunywana, Chef de mission de MSF au Mali.

« Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel de renforcer nos actions sur le terrain. Notre partenariat avec Médecins Sans Frontières est un pilier fondamental dans cette lutte. MSF a apporté un soutien inestimable en matière de soins médicaux, de distribution de moustiquaires imprégnées et d’actions de sensibilisation dans les régions les plus touchées. Ces actions sont indispensables pour réduire la morbidité et la mortalité dues au paludisme afin de sauver des milliers de vies », a ajouté le Médecin-colonel Aissata Koné, Directrice du PNLP.

Le paludisme demeure un problème de santé publique au Mali, avec un taux de morbidité de 37 % et un taux de mortalité de 25 %, selon le DHIS2 2023. En 2023, 3 390 732 cas de paludisme confirmés ont été rapportés, dont 1 016 359 cas graves et 1 305 décès, selon la même source.

MSF intervient au Mali depuis 1985. Avec l’éclatement de la crise sécuritaire en 2012, l’organisation a intensifié ses interventions dans les régions du nord et du centre. Elle a des projets en cours dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal et dans le district de Bamako.

Mohamed Kenouvi

Après 4 jours de grève générale: les vendeurs de bétail de Bamako suspendent leur mot d’ordre

La grève générale qui paralysait la filière bétail et viande à Bamako, depuis le 23 octobre dernier, a été suspendue le dimanche 27 octobre 2023, après des jours d’incertitude et de négociations intenses.

 

Les vendeurs de bétail avaient suspendu leurs activités pour protester contre la décision gouvernementale de fermer sept marchés à bétail dans le district de Bamako, dans le cadre de mesures de sécurité.

Les vendeurs de bétail, opposés à la relocalisation de leurs activités en périphérie de Bamako, ont qualifié la mesure de « discriminatoire » et « injustifiée », soulignant l’importance économique et sociale de ces marchés dans les quartiers urbains. La fermeture des marchés de Lafiabougou, Koda, Sabalibougou et Faladié, entre autres, a engendré une situation de crise, affectant l’approvisionnement en viande, vital pour de nombreux Bamakois. En effet, la rareté de l’offre a entraîné une hausse des prix, contraignant plusieurs ménagères à trouver des alternatives alimentaires moins coûteuses.
La tension est montée d’un cran avec l’enlèvement, en fin de semaine dernière, dans des circonstances floues, de Boubacary Cissé, alias Boubou Tigal, président du marché de Niamana. Cette situation, perçue comme une tentative de pression sur les manifestants, a renforcé leur détermination dans la poursuite de leur mot d’ordre. La libération de M. Cissé a rapidement été inscrite parmi les revendications principales des commerçants.
Les bouchers et vendeurs de bétail ont ainsi conditionné la fin de leur grève à la libération de leur dirigeant, considérant son arrestation comme une intimidation visant à affaiblir leur mouvement. Finalement, après plusieurs heures de captivité, Boubou Tigal a été libéré, une victoire symbolique pour les manifestants, même si les circonstances de sa détention et de sa libération demeurent entourées de mystère.
Mystère autour du compromis
Bien que les détails de l’accord ayant conduit à la suspension de la grève n’aient pas encore été rendus publics, certaines sources estiment qu’un compromis aurait été trouvé entre les autorités et les représentants de la filière bétail-viande. Cet accord est un premier pas vers la résolution de la crise, même si des questions persistent quant à la possibilité de relocaliser effectivement les marchés hors de Bamako sans impact négatif pour les commerçants et les consommateurs. Selon nos sources, parmi leurs revendications, les représentants de la filière bétail-viande souhaitent surtout de meilleures garanties de sécurisation des endroits où ils seront redéployés, comme Zantiguila, Kati-Dral et Sanankoroba. Ces emplacements offrent respectivement des espaces de 57 hectares à Kati-Dral, 20 hectares à Sanankoroba et 33 hectares à Zaniguila, aménagés pour accueillir les activités de vente de bétail afin de décongestionner les zones urbaines.
Renforcement de la sécurité
Toutefois, les acteurs de la filière bétail-viande s’attendent à un renforcement des conditions de sécurité sur ces emplacements afin de les occuper. Ils ont ainsi suspendu leur mot d’ordre pour donner la chance à des négociations avec les autorités sur la sécurisation de ces lieux. Ils ont promis de reconduire leur grève en cas de désaccord.
Le retour à la normale de la vente de viande est un soulagement pour les habitants de Bamako, durement touchés par la crise de l’approvisionnement ces derniers jours.

Débloquer l’apprentissage par l’IA

L’intelligence artificielle a captivé l’imagination des chefs d’entreprise désireux de mettre en œuvre de nouvelles solutions technologiques dans leur secteur. Mais l’IA pourrait également être appliquée à des problèmes plus vastes et plus complexes, notamment dans le domaine de l’éducation. Cette vision est en passe de devenir une réalité, la technologie contribuant déjà à améliorer l’apprentissage des élèves, à créer de nouvelles voies vers des carrières gratifiantes et à aligner l’éducation d’aujourd’hui sur les emplois de demain.

 

Selon un rapport récent, près de la moitié des enseignants et des administrateurs scolaires interrogés aux États-Unis qui utilisent actuellement l’IA dans leur travail sont optimistes quant à son potentiel. Mais le manque de formation entrave l’adoption généralisée de l’IA.

Heureusement, il est relativement simple de surmonter cet obstacle. Pour commencer, les chefs d’entreprise et les décideurs politiques devraient collaborer pour offrir aux enseignants une formation gratuite sur les principes fondamentaux de l’IA et ses applications pratiques. Un module de formation des formateurs peut être mis en place par le biais d’un apprentissage en ligne gratuit ou peu coûteux et adapté à des niveaux d’enseignement spécifiques ou à des programmes d’études locaux. Cette approche permet aux éducateurs de prendre confiance en la nouvelle technologie et de commencer à expérimenter des applications pratiques dans leurs classes.

En outre, les enseignants formés à l’IA sont mieux armés pour aider les élèves qui souhaitent en savoir plus sur ce secteur. Une enquête d’IBM montre que de nombreux apprenants souhaitent occuper des emplois technologiques bien rémunérés, mais pensent qu’ils ne sont pas qualifiés parce qu’ils n’ont pas les diplômes nécessaires. D’autres disent qu’ils ne savent tout simplement pas par où commencer. C’est là que l’IA générative entre en jeu : elle peut recommander des cours qui correspondent aux niveaux et aux intérêts des apprenants, et offrir un retour d’information en temps réel au fur et à mesure qu’ils avancent dans la matière. Les solutions alimentées par l’IA peuvent même mettre les étudiants en contact avec des mentors qui peuvent les conseiller sur l’enseignement supérieur et la progression de leur carrière. Il en résulte une expérience éducative plus personnalisée et plus immédiate que l’apprentissage en ligne d’hier.

L’un des principaux obstacles à la réduction du déficit de compétences en matière d’IA est le rythme effréné de l’innovation, qui a entraîné une demande d’expertise non satisfaite considérable. Selon le Forum économique mondial, la moitié de la main-d’œuvre mondiale a besoin de se perfectionner ou de se recycler, mais le marché de la formation n’est pas à même de répondre à ce besoin. Il est encourageant de constater que de nouvelles offres sont déployées dans l’ensemble de l’écosystème de l’IA, qu’il s’agisse de cours sur l’éthique et l’ingénierie rapide ou de ressources expérimentales créatives pour les étudiants. Étant donné que la durée de vie des compétences techniques continue de se réduire, les jeunes étudiants et les apprenants permanents doivent être encouragés à investir dans la formation à l’IA.

Dans le même temps, l’IA entraîne des changements radicaux dans les industries et les marchés, et la vaste portée de cette transformation exige une réponse tout aussi globale – les efforts individuels ne suffiront pas. La première étape pour aider les apprenants à trouver leur voie vers les emplois de demain est de s’assurer que ces postes existent. Les dirigeants d’entreprise et les décideurs politiques doivent travailler ensemble pour créer des emplois qui offrent un travail de plus grande valeur aux candidats qualifiés, qui, à leur tour, seront mieux à même de subvenir aux besoins de leur famille.

Tout aussi importantes sont les collaborations multisectorielles telles que l’AI Alliance, qui vise à encourager l’ouverture sur ces systèmes et à accélérer le partage des connaissances, et le AI-Enabled Information and Communication Technology (ICT) Workforce Consortium, qui oriente les travailleurs vers des programmes de formation pertinents. Cette action collective permet de tirer parti de l’engouement pour l’IA afin d’élaborer des cadres communs et de développer une approche axée sur les compétences, capable d’identifier et d’éduquer les leaders technologiques de demain.

Le travail ne fait que commencer. Les leaders de l’industrie et les décideurs politiques doivent continuer à développer une approche commune de l’éducation et de la création d’emplois à l’ère de l’IA et encourager une formation plus répandue aux principes fondamentaux de la technologie. En tant que Chief Impact Officer d’IBM, je me demanderai comment mon organisation peut s’assurer que les étudiants, les enseignants, les employés et les demandeurs d’emploi bénéficient de ces avancées. Bien que nous ayons fait un pas dans cette direction avec IBM SkillsBuild, façonner les industries et les emplois du futur nécessite une foule de fonctions et de programmes alimentés par l’IA qui peuvent fournir aux apprenants des expériences éducatives personnalisées tout au long de leur vie.

 

Justina Nixon-Saintil est vice-présidente et directrice de l’impact chez IBM.

 

Project Syndicate, 2024.

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Réforme le FMI avant qu’il ne disparaisse

Le monde a besoin d’un Fonds monétaire international efficace. Les pays se sont lourdement endettés à la suite de la pandémie de Covid-19, et le risque de nouveaux chocs s’accroît à mesure que le monde se réchauffe et que de nouveaux agents pathogènes apparaissent. Le protectionnisme (parfois masqué par des intérêts sécuritaires) est en hausse, entravant les voies traditionnelles du développement. Alors que les économies vacillent, personne ne veut absorber les personnes désespérées qui bravent des jungles ou montent sur des bateaux branlants et surchargés à la recherche de moyens de subsistance décents.

 

Nous avons besoin d’un intermédiaire honnête pour aider les pays à négocier des règles équitables en matière d’échanges internationaux (y compris, dans l’immédiat, des règles sur les subventions), pour dénoncer les contrevenants, pour critiquer les mauvaises politiques et pour intervenir en tant que prêteur en dernier ressort pour les pays en détresse. Malheureusement, le FMI, malgré la grande qualité de sa direction et de son personnel, est de moins en moins bien placé pour accomplir ces tâches.

Les problèmes de l’institution résident dans sa gouvernance anachronique. La plupart des décisions clés, y compris sur les prêts aux pays, sont prises par le conseil d’administration du Fonds, où les membres du G7 détiennent l’essentiel du pouvoir. Les États-Unis exercent de facto un droit de veto, et le pouvoir de vote du Japon dépasse celui de la Chine, dont l’économie n’a rien à envier à celle du Japon. La part de voix de l’Inde est bien inférieure à celle du Royaume-Uni ou de la France, alors que son économie est plus importante et croît plus rapidement que ces deux pays.

Parce que les anciennes puissances dominantes du monde refusent de lâcher prise, la sous-représentation des économies émergentes à croissance rapide persiste. Dans le même temps, il n’est plus certain que les anciennes puissances aient toujours à cœur l’intérêt mondial. Dans l’époque immédiate d’après-guerre, on pouvait faire confiance aux États-Unis, seule superpuissance économique, pour faire respecter les règles du jeu et rester généralement au-dessus de la mêlée. Mais à mesure que leurs craintes d’être dépassés se sont accrues, ils sont passés du rôle d’arbitre à celui d’acteur. Autrefois championne de l’idée que l’ouverture profite à tous, elle souhaite de plus en plus que l’ouverture ne se fasse qu’à ses propres conditions.

La qualité des décisions de prêt du Fonds risque également de se détériorer. Chaque fois que le Fonds prête, il est naturel que les pays bien connectés en difficulté économique aient tendance à obtenir plus d’aide à des conditions plus faciles. Si les prêts du Fonds ont toujours été influencés par des considérations politiques, ils ont eu plus de chances d’aboutir dans le passé grâce à l’aide extérieure de membres puissants du conseil d’administration – ainsi, par exemple, de la crise mexicaine de 1994, pour laquelle les États-Unis ont apporté une part importante du plan de sauvetage.

Les ressources budgétaires étant désormais limitées, même au sein du G7, le FMI devra de plus en plus risquer son capital, car les membres puissants de son conseil d’administration, qui n’ont que peu d’enjeux, orientent les prêts vers leurs proches alliés et clients. Une faveur qui risque en outre de ne pas aider les pays bénéficiaires des prêts, qui ont souvent besoin de plus de rigueur.

En résumé, la structure de gouvernance du FMI nuira de plus en plus à son action. Mais la redistribution des droits de vote au FMI pour refléter la répartition actuelle du pouvoir économique ne conduira-t-elle pas au chaos ? La Chine ne va-t-elle pas bloquer les prêts à tout pays lié au G7, et vice versa ? Une gouvernance dysfonctionnelle ne vaut-elle pas mieux qu’une paralysie absolue ?

Peut-être, et c’est pourquoi toute réforme affectant les droits de vote des pays devrait s’accompagner d’un changement fondamental de la gouvernance du FMI. Le conseil d’administration ne devrait plus voter sur les décisions opérationnelles, y compris les programmes de prêts individuels. Au lieu de cela, la direction générale du Fonds devrait avoir toute latitude pour prendre des décisions opérationnelles dans l’intérêt de l’économie mondiale, le conseil d’administration fixant les grandes lignes directrices et examinant périodiquement si ces lignes directrices ont été respectées.

Plus précisément, le conseil d’administration devrait devenir un conseil de gouvernance, comme c’est le cas pour les entreprises. Il définirait le mandat opérationnel de l’organisation, nommerait et modifierait la direction et contrôlerait les performances globales, mais il ne contrôlerait pas les décisions quotidiennes. Toutes les décisions opérationnelles devraient être dépolitisées. C’est d’ailleurs ce que John Maynard Keynes aurait préféré voir à l’époque de la création du Fonds. Craignant l’influence excessive des États-Unis, il a proposé un conseil d’administration non résident, ce qui, à l’époque où les communications et les voyages en bateau à vapeur étaient médiocres, impliquait un conseil d’administration non exécutif et une direction dotée de pouvoirs étendus.

Cette proposition soulève quelques objections prévisibles. La première est que les pays puissants refuseront d’engager les ressources de leurs contribuables dans le Fonds s’ils ne peuvent pas exercer un contrôle total sur leur utilisation. Mais c’est précisément ce que les puissances dominantes au conseil d’administration attendent déjà du reste du monde. Rien de nouveau sous le soleil.

Une autre objection est que les puissances émergentes comme la Chine pourraient ne pas accepter un changement dans la structure du Fonds maintenant qu’elles sont elles-mêmes sur le point d’acquérir du pouvoir. Mais si elles n’acceptent aucun changement, les anciennes puissances ne le feront pas non plus. La récente 16e révision générale des quotes-parts n’a guère modifié la répartition des pouvoirs au sein du conseil d’administration. Il faut s’attendre à ce que la situation reste inchangée, à moins que les anciennes puissances et les puissances émergentes ne parviennent à un grand compromis.

Enfin, les pays membres seraient mal à l’aise si les ressources fiscales étaient dépensées par des bureaucrates non élus qui pourraient être insensibles aux besoins de la population mondiale. Mais les considérations politiques continueront à jouer un rôle. Les administrateurs, nommés par les gouvernements, désigneront les hauts responsables du FMI et leur donneront des ordres généraux, sur la base des évaluations politiques de leurs gouvernements. Par exemple, les règles régissant les prêts peuvent devenir plus souples si les administrateurs le jugent opportun. La différence est que les règles seront appliquées uniformément dans tous les pays. Les amis puissants des pays dans le besoin pourront toujours apporter leur aide, mais ils devront le faire en dehors du programme du Fonds, plutôt qu’en contournant les règles.

Huit décennies après la création du FMI, le monde peut – et doit – entamer les négociations pour réformer sa structure de gouvernance et faire face aux nouveaux défis. L’alternative est de ne rien faire et de regarder l’institution s’éteindre.

 

Raghuram G. Rajan, ancien gouverneur de la Reserve Bank of India et économiste en chef du Fonds monétaire international, est professeur de finance à la Booth School of Business de l’université de Chicago et coauteur (avec Rohit Lamba) de Breaking the Mold : India’s Untraveled Path to Prosperity (Princeton University Press, mai 2024).

 

Project Syndicate, 2024.
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Moussa Mara : « La Transition a échoué à unir les Maliens, elle les a divisés »

Dans cet entretien exclusif, l’ancien Premier ministre du Mali Moussa Mara revient sur sa décision de renoncer à ses avantages. Il partage son analyse sur la Transition, qui, selon lui, a échoué à unir les Maliens, et sur la nécessité de réformes profondes pour renforcer la gouvernance et assurer la stabilité du Sahel. Propos recueillis par Massiré Diop.

Vous avez renoncé à vos avantages d’ancien Premier ministre. Pourquoi cette décision maintenant ?

Moussa Mara : Face à la crise que traverse le Mali, il est important que les dirigeants donnent l’exemple. Nos dirigeants demandent aux citoyens de faire des sacrifices, donc il est naturel que nous, responsables publics, montrions la voie. L’État traverse des difficultés et la population souffre. Ce geste symbolique est destiné à redonner confiance à la population et à montrer notre solidarité.

L’État continue de vous verser des indemnités malgré votre renoncement. Comment réagissez-vous face à cette situation ?

MM : J’ai envoyé deux courriers formels au Premier ministre, mais je n’ai reçu aucune réponse. Il est incompréhensible qu’un citoyen, surtout un ancien Premier ministre, n’obtienne pas de réponse. Si l’État continue de me verser ces indemnités, je les rembourserai immédiatement. Ma décision est claire et je la respecterai pleinement.

Comment pouvez-vous vous assurer que ces fonds profitent aux plus vulnérables ?

MM : Mon action est avant tout symbolique. Je n’ai pas de contrôle direct sur l’utilisation des fonds, mais je veux inspirer une meilleure gestion des ressources publiques. Ce sont les structures de contrôle et les députés qui doivent veiller à une gestion transparente des fonds publics.

Vous avez plaidé pour un « Plan Marshall » pour le Sahel. Quels sont les domaines prioritaires ?

MM : Le Sahel fait face à des défis structurels graves. Le changement climatique est dévastateur : le Mali a perdu deux tiers de ses forêts en 30 ans et le lac Tchad a perdu 80% de ses eaux. Sans restaurer nos ressources naturelles, il sera impossible de garantir la paix. Ensuite, il faut investir dans l’éducation, la santé et l’emploi pour renforcer notre capital humain. Enfin, la gouvernance publique doit être consolidée pour faire face à ces crises.

Quel regard portez-vous sur la gestion actuelle de la Transition par les autorités en place ?

MM : La Transition a eu des aspects positifs, notamment un regain de patriotisme et l’amélioration des capacités militaires, avec l’achat de nouveaux équipements. Cependant, elle a échoué à unir les Maliens. Dès le départ, elle a choisi de travailler avec certains groupes, en marginalisant d’autres. Cela a créé des divisions profondes au sein de la population, tant au niveau politique que social. Aujourd’hui, ces divisions freinent la mise en place d’un projet commun pour le pays.

Vous avez critiqué les récentes promotions au grade de Général. Pourquoi ?

MM : L’autopromotion est problématique, car elle remet en question le mérite. Ces distinctions auraient dû être accordées par des autorités élues après la Transition. De plus, le timing est mal choisi. Nous traversons une période de crise économique et même si l’impact financier de ces promotions n’est pas énorme, cela envoie un mauvais signal à la population.

Quelles réformes proposez-vous pour améliorer la gouvernance au Mali ?

MM : Il faut rétablir un ordre constitutionnel, avec des institutions légitimes élues par la population. Je propose également des concours transparents pour nommer les fonctionnaires afin de garantir que seuls les plus qualifiés accèdent aux postes importants. Nous devons aussi renforcer les mécanismes de transparence et de reddition de comptes pour regagner la confiance des citoyens.

Le budget des élections a été inclus dans la Loi de finances 2025. Pensez-vous que cela garantit la tenue des élections l’année prochaine ?

MM : Oui, j’ai bon espoir que les élections auront lieu en 2025. Il est essentiel que la Transition et les acteurs politiques travaillent ensemble pour garantir un processus électoral inclusif et transparent. Cela marquerait la fin positive de cette transition.

Quelles réformes institutionnelles sont nécessaires pour stabiliser le pays ?

MM : Les lois organiques relatives à l’Assemblée nationale et au futur Sénat, prévues dans la Constitution de 2023, sont vitales. Ces institutions doivent être pleinement opérationnelles pour garantir la continuité démocratique. De même qu’il est urgent de les mettre en place pour renforcer la stabilité du pays.

Inondations au Mali : l’Union européenne mobilise plus de 3 milliards FCFA pour les sinistrés

Face aux graves inondations ayant frappé le Mali, l’Union européenne (UE) et ses États membres se mobilisent avec une aide humanitaire de plus de 3 milliards de francs CFA, pour soulager les populations en détresse. Cette aide vient en réponse à l’état de catastrophe nationale décrété le 23 août dernier et témoigne de la solidarité européenne envers les Maliens les plus durement touchés.

Cette assistance, provenant notamment de l’Allemagne (1,7 milliard de FCFA), de l’Espagne (427 millions de FCFA), et de la Commission européenne (754 millions de FCFA), vise à soutenir des organisations comme la Croix-Rouge malienne dans leurs actions de secours. Ces fonds permettront de répondre aux besoins essentiels des sinistrés : nourriture, abris, eau potable, hygiène et articles de première nécessité. La Belgique et le Luxembourg, via le Programme Alimentaire Mondial, contribuent également à l’effort, avec un appui de 164 millions de FCFA pour le Luxembourg.
En complément, la mission civile EUCAP Sahel Mali a fourni un soutien logistique et matériel au Centre de Coordination et de Gestion des Crises (CECOGEC) afin de renforcer la réponse locale face aux catastrophes. Cette aide d’urgence inclut des biens essentiels d’une valeur de 30,5 millions de FCFA, ainsi qu’un accompagnement en formation et en gestion de crise.
Les inondations, parmi les plus graves depuis 50 ans, ont touché plus de 255 000 personnes, détruit ou endommagé 263 écoles et en inondé 187 autres. En 2023, l’UE avait déjà mobilisé plus de 128 milliards de francs CFA pour des actions humanitaires au Mali, et près de 22 milliards de FCFA ont été engagés en 2024. L’UE et ses États membres, en tant que partenaires majeurs de l’aide internationale au Mali, continuent d’intensifier leur soutien en collaboration avec les agences des Nations Unies, essentielles dans cette réponse d’urgence.

200 milliards pour rembourser la dette intérieure : Un effort louable mais insuffisant


Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a récemment annoncé un engagement du gouvernement malien de mobiliser 200 milliards de francs CFA d’ici fin 2024 pour rembourser la dette intérieure. Bien que cette promesse soit perçue comme un geste positif, les données actuelles révèlent que ce montant est loin de suffire à résoudre les problèmes budgétaires du Mali.

Selon la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP), la dette intérieure du Mali s’élevait à 2 777,67 milliards de francs CFA à la fin du premier semestre 2023, en hausse de 8,20% par rapport à décembre 2022. Dans ce contexte, les 200 milliards promis représentent environ 7% du total, soulignant l’insuffisance de cet effort face à la taille et à la croissance rapide de la dette.

En effet, au premier semestre 2023, le gouvernement malien a levé 607,82 milliards de francs CFA en bons et obligations du Trésor, un chiffre presque trois fois supérieur aux 200 milliards annoncés pour 2024. Cela montre à quel point cette somme pourrait être rapidement absorbée par les besoins budgétaires courants. De plus, les paiements d’intérêts sur la dette intérieure ont atteint 365,28 milliards de pendant cette même période, dépassant les prévisions initiales. Par conséquent, les 200 milliards ne suffiraient même pas à couvrir ces intérêts, sans parler du remboursement du capital.

Avec un taux d’endettement intérieur atteignant 21,5% du PIB fin juin 2023, le Mali reste fortement dépendant des instruments de dette. Les bons du Trésor représentaient 255,67 milliards de francs CFA et les obligations du Trésor 2 552 milliards de francs. Cette dépendance indique une pression croissante sur les finances publiques et les 200 milliards annoncés risquent d’être rapidement consommés sans un effet durable sur la réduction de la dette.

Des voix, dont celle de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, ont appelé à une répartition équitable, avec une priorité donnée aux créanciers les plus fragiles, notamment les petites entreprises, souvent en grande difficulté financière en raison des retards de paiement.

L’annonce de 200 milliards pour rembourser la dette intérieure est certes un geste important, mais il est insuffisant au regard des besoins réels du pays. Pour stabiliser ses finances publiques et contenir la progression de sa dette, l’État malien devra impérativement mettre en place des réformes structurelles et trouver des solutions de financement plus pérennes.

Massiré Diop

Fixation de peine : La CPI annonce son verdict pour Al Hassan le 20 novembre prochainrendra sa décision le 20 novembre 2024

La Cour pénale internationale (CPI) se prépare à prononcer la peine d’Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, le 20 novembre 2024, à l’issue d’un long procès débuté en juillet 2020. Cet homme est jugé pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou, entre avril 2012 et janvier 2013, durant la période où la ville était sous le contrôle des groupes armés.

Le 26 juin 2024, la CPI a rendu un verdict qui a reconnu Al Hassan coupable de plusieurs chefs d’accusation, tels que la torture, les traitements inhumains et la persécution. Toutefois, il a été acquitté des accusations relatives aux crimes sexuels, dont le viol et l’esclavage sexuel. Compte tenu de la gravité des faits retenus contre lui, Al Hassan risque une peine maximale de 30 ans de prison, voire la réclusion à perpétuité si les juges estiment que la nature des crimes le justifie.

D’ailleurs, une audience s’est tenue le 4 septembre 2024 afin de permettre à la Défense, au Bureau du Procureur et aux représentants des victimes de présenter leurs observations finales. Le verdict sera annoncé par un panel de juges composé de Kimberly Prost (présidente), Tomoko Akane et Keebong Paek, en présence de l’accusé, de son équipe de défense, des représentants des victimes et des membres du Bureau du Procureur.

Cette affaire s’inscrit dans le cadre des multiples enquêtes de la CPI liées aux événements au Mali depuis 2012, année où les autorités ont officiellement saisi la Cour. Signalons qu’Al Hassan est le deuxième Malien à être jugé par la CPI après Ahmad Al Faqi Al Mahdi, condamné en 2016 pour des crimes de guerre, dont la destruction volontaire de monuments religieux et historiques à Tombouctou, commis en juin et juillet 2012.

Promotions militaires sous la transition : L’ère des Généraux

Promus au grade de Général lors du Conseil des ministres du 16 octobre 2024, les nouveaux officiers généraux, parmi lesquels le Président de la transition et ses compagnons d’armes de l’ex-CNSP, ont reçu leurs attributs lors d’une cérémonie officielle tenue à Koulouba le 21 octobre. Plongée au cœur de la haute hiérarchie de l’armée malienne, où le cercle des Généraux s’accroît depuis la rectification de la transition il y a 3 ans.

Comme recommandé lors des conclusions du Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale en mai dernier, les Colonels Assimi Goïta, Malick Diaw, Sadio Camara, Modibo Koné et le Colonel-major Ismaël Wagué, à l’origine du renversement du régime IBK en août 2020, viennent d’être élevés au grade de Général. Le Colonel Abdoulaye Maïga, qui ne faisait pas partie du CNSP mais est devenu au fil des années l’une des principales figures du régime de transition, a aussi été promu, portant à 6 le nombre de nouveaux généraux de l’armée malienne.

Du Général de brigade Abdoulaye Soumaré, 1er Général et 1er Chef d’état-major de l’armée en 1960, au Général d’armée Assimi Goïta en 2024, l’armée malienne a compté au moins 130 Généraux à divers échelons.

Avec sa promotion au grade de Général d’armée à titre exceptionnel, le Président de la Transition, Assimi Goïta, devient le militaire le plus haut gradé de l’armée malienne. Seuls les anciens Présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré avaient atteint ce grade.

Moussa Traoré avait été promu de Lieutenant à Général d’Armée en 1982, 14 ans après son coup d’État qui avait renversé le Président Modibo Keïta en 1968. Quant à Amadou Toumani Touré, il a été élevé du grade de Lieutenant-colonel à celui de Général d’armée en 1992 par le Président Alpha Oumar Konaré en guise de récompense pour sa bonne conduite de la transition de 1991.

35 Généraux en 2 ans

Avant la promotion au grade de Général des 6 Colonels et l’élévation de 5 Généraux de brigade au grade supérieur de Général de division le 16 octobre dernier, plusieurs autres officiers supérieurs avaient déjà été promus au grade de Général sous la Transition depuis sa rectification en mai 2021 et l’investiture du désormais Général d’armée Assimi Goïta, le 7 juin 2021.

Le 5 juin 2024, 20 Colonels-majors issus de différents corps des Forces armées et de sécurité, sont nommés au grade de Général de brigade par le Président de la Transition. Parmi eux, 2 femmes : Nana Sangaré, de la Direction des transmissions, des télécommunications et de l’informatique des armées, et Nema Sagara, de l’Armée de l’air. Avec 8 officiers supérieurs promus, l’armée de terre s’est taillé la part du lion. Il s’agit des Colonels-majors Toumani Koné, Issa Ousmane Coulibaly, Abass Dembélé, Amara Doumbia, Mamadou Massaoulé Samaké, Moussa Yoro Kanté, Moussa Soumaré et Makan Alassane Marra.

Les 10 autres promus sont les Colonels-majors Aly Annadji, Nouhoum Ouattara, Famouké Camara et Daouda Traoré de la Garde nationale du Mali, Faguimba Ibrahima Kansaye et Faraban Sangaré de la Direction du Génie militaire, Mohamed Amaga Dolo et Malick dit Yéro Dicko de l’Armée de l’air, Guédiouma Dembélé de la Direction centrale du service de santé des armées et Seydou Kamissoko de la Direction générale de la Gendarmerie nationale.

Deux ans plus tôt, en janvier 2022, 7 mois après avoir pris la tête de la Transition, le Président Assimi Goïta procédait à ses toutes premières nominations d’officiers supérieurs au grade d’officiers généraux. Par un décret en date du 19 janvier 2022, 15 Colonels-majors sont promus au rang de Général de brigade.

Les Colonels-majors Daoud Aly Mohameddine (promu une 2ème fois le 16 octobre 2024 au grade de Général de division), Harouna Samaké, Mamadou Laurent Mariko et Félix Diallo de l’Armée de terre sont élevés au grade supérieur.

Les Colonels Alou Boï Diarra et Oumar Yoro Sidibe, ainsi que le Colonel-major Branima Diabaté de l’Armée de l’air deviennent également Généraux de brigade, de même que les Colonels Badara Aliou Diop de la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports des armées, Moussa Toumani Koné et le Colonel-major Sambou Minkoro Diakité de la Direction générale de la Gendarmerie nationale, le Colonel El Halifa Coulibaly de la Direction des transmissions et des télécommunications des armées et Jean Elisé Dao de la Garde Nationale, ainsi que les Colonels-majors Mohamed Alpha Diaw de la Division centrale du service de santé des armées et Ousmane Wele et Bougouri Diatigui Diarra de la Direction du Génie militaire.

À titre comparatif, la Transition en cours depuis 2020 a déjà promu plus d’officiers généraux dans l’armée que durant toutes les années de pouvoir réunies (33 ans) du Général Moussa Traoré et du Président Alpha Oumar Konaré.

En effet, la 2ème République sous le Général d’armée Moussa Traoré, de 1968 à 1991 et les deux premiers quinquennats de la 3ème République sous le Président Alpha Oumar Konaré, de 1991 à 2002, sont les périodes au cours desquelles l’armée a enregistré le moins de nouveaux officiers généraux. Moins d’une dizaine d’officiers supérieurs ont été promus officiers généraux sous les deux régimes.

Promotions dans les normes ?

Selon l’Ordonnance N°2023-015/PT-RM du 21 mars 2023 portant Statut général des militaires, pour accéder aux grades de Général d’armée et Général de corps d’armée, il faut 40 ans de service au sein des Forces de défense et de sécurité. Cette condition est réduite de 5 ans (35 ans de service) pour accéder au grade de Général de division et de 10 ans (30 ans de service) pour celui de Général de brigade.

Mais la plupart, voire tous, des officiers qui accèdent aux grades de Général au sein de l’armée malienne bénéficient de nominations par distinction ou récompense du Président de la République, Chef suprême des armées.

L’article 90 de l’Ordonnance citée plus haut est sans équivoque. Il dispose : « les nominations et promotions peuvent être prononcées, à titre exceptionnel, pour récompenser les actions d’éclat et les services exceptionnels, sans considération de la durée et du diplôme minimum de service fixés pour l’accès au grade immédiatement supérieur ».

Ascension au fil des régimes

Entre 2002 et 2012, sous la présidence du Général Amadou Toumani Touré, l’armée malienne a enregistré 39 nouveaux Généraux de brigade. Durant la même période, 3 Généraux de brigade ont été élevés au grade de Général de division. Il s’agit des Généraux de division Youssouf Bamba de l’Armée de l’air et Souleymane Sidibé de la Gendarmerie nationale, le 1er janvier 2007, ainsi que du Général de division Gabriel Poudiougou de l’Infanterie, promu le 12 juin 2008.

La courte transition de 2012 – 2013 dirigée par Dioncounda Traoré a également fait 5 officiers généraux dans l’armée, avec comme fait le plus marquant l’élévation au grade de Général de corps d’armée de l’ancien Capitaine Amadou Aya Sanogo, meneur du coup d’État contre Amadou Toumani Touré. L’ancien putschiste est d’ailleurs resté le plus haut gradé de l’armée malienne jusqu’au 16 octobre 2024. Le régime du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui succèdera à cette courte transition en 2013, fera également quelques nouveaux officiers généraux l’armée. Il sera surtout marqué par un grand nombre d’élévations au grade supérieur de plusieurs officiers généraux.

Le 20 septembre 2018, 5 Généraux de brigade sont élevés au grade de Général de division. Parmi eux, l’actuel Gouverneur de la région de Kidal, le Général de division El Hadj Gamou (Général de brigade depuis le 18 septembre 2013) et l’ancien Gouverneur de la région de Taoudénit, Mohamed Abderrahmane Ould Meydou. Plus tôt, en mai 2018, l’ancien patron de la sécurité d’État Moussa Diawara (Général de brigade depuis le 22 octobre 2014), l’ancien ministre de la Sécurité Salif Traoré et les Généraux de brigade Oumar Dao (depuis le 22 octobre 2014) et M’Bemba Moussa Keïta avaient tous été promus au grade de Général de division.

Mohamed Kenouvi