Fixation de peine : La CPI annonce son verdict pour Al Hassan le 20 novembre prochainrendra sa décision le 20 novembre 2024

La Cour pénale internationale (CPI) se prépare à prononcer la peine d’Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, le 20 novembre 2024, à l’issue d’un long procès débuté en juillet 2020. Cet homme est jugé pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou, entre avril 2012 et janvier 2013, durant la période où la ville était sous le contrôle des groupes armés.

Le 26 juin 2024, la CPI a rendu un verdict qui a reconnu Al Hassan coupable de plusieurs chefs d’accusation, tels que la torture, les traitements inhumains et la persécution. Toutefois, il a été acquitté des accusations relatives aux crimes sexuels, dont le viol et l’esclavage sexuel. Compte tenu de la gravité des faits retenus contre lui, Al Hassan risque une peine maximale de 30 ans de prison, voire la réclusion à perpétuité si les juges estiment que la nature des crimes le justifie.

D’ailleurs, une audience s’est tenue le 4 septembre 2024 afin de permettre à la Défense, au Bureau du Procureur et aux représentants des victimes de présenter leurs observations finales. Le verdict sera annoncé par un panel de juges composé de Kimberly Prost (présidente), Tomoko Akane et Keebong Paek, en présence de l’accusé, de son équipe de défense, des représentants des victimes et des membres du Bureau du Procureur.

Cette affaire s’inscrit dans le cadre des multiples enquêtes de la CPI liées aux événements au Mali depuis 2012, année où les autorités ont officiellement saisi la Cour. Signalons qu’Al Hassan est le deuxième Malien à être jugé par la CPI après Ahmad Al Faqi Al Mahdi, condamné en 2016 pour des crimes de guerre, dont la destruction volontaire de monuments religieux et historiques à Tombouctou, commis en juin et juillet 2012.

Promotions militaires sous la transition : L’ère des Généraux

Promus au grade de Général lors du Conseil des ministres du 16 octobre 2024, les nouveaux officiers généraux, parmi lesquels le Président de la transition et ses compagnons d’armes de l’ex-CNSP, ont reçu leurs attributs lors d’une cérémonie officielle tenue à Koulouba le 21 octobre. Plongée au cœur de la haute hiérarchie de l’armée malienne, où le cercle des Généraux s’accroît depuis la rectification de la transition il y a 3 ans.

Comme recommandé lors des conclusions du Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale en mai dernier, les Colonels Assimi Goïta, Malick Diaw, Sadio Camara, Modibo Koné et le Colonel-major Ismaël Wagué, à l’origine du renversement du régime IBK en août 2020, viennent d’être élevés au grade de Général. Le Colonel Abdoulaye Maïga, qui ne faisait pas partie du CNSP mais est devenu au fil des années l’une des principales figures du régime de transition, a aussi été promu, portant à 6 le nombre de nouveaux généraux de l’armée malienne.

Du Général de brigade Abdoulaye Soumaré, 1er Général et 1er Chef d’état-major de l’armée en 1960, au Général d’armée Assimi Goïta en 2024, l’armée malienne a compté au moins 130 Généraux à divers échelons.

Avec sa promotion au grade de Général d’armée à titre exceptionnel, le Président de la Transition, Assimi Goïta, devient le militaire le plus haut gradé de l’armée malienne. Seuls les anciens Présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré avaient atteint ce grade.

Moussa Traoré avait été promu de Lieutenant à Général d’Armée en 1982, 14 ans après son coup d’État qui avait renversé le Président Modibo Keïta en 1968. Quant à Amadou Toumani Touré, il a été élevé du grade de Lieutenant-colonel à celui de Général d’armée en 1992 par le Président Alpha Oumar Konaré en guise de récompense pour sa bonne conduite de la transition de 1991.

35 Généraux en 2 ans

Avant la promotion au grade de Général des 6 Colonels et l’élévation de 5 Généraux de brigade au grade supérieur de Général de division le 16 octobre dernier, plusieurs autres officiers supérieurs avaient déjà été promus au grade de Général sous la Transition depuis sa rectification en mai 2021 et l’investiture du désormais Général d’armée Assimi Goïta, le 7 juin 2021.

Le 5 juin 2024, 20 Colonels-majors issus de différents corps des Forces armées et de sécurité, sont nommés au grade de Général de brigade par le Président de la Transition. Parmi eux, 2 femmes : Nana Sangaré, de la Direction des transmissions, des télécommunications et de l’informatique des armées, et Nema Sagara, de l’Armée de l’air. Avec 8 officiers supérieurs promus, l’armée de terre s’est taillé la part du lion. Il s’agit des Colonels-majors Toumani Koné, Issa Ousmane Coulibaly, Abass Dembélé, Amara Doumbia, Mamadou Massaoulé Samaké, Moussa Yoro Kanté, Moussa Soumaré et Makan Alassane Marra.

Les 10 autres promus sont les Colonels-majors Aly Annadji, Nouhoum Ouattara, Famouké Camara et Daouda Traoré de la Garde nationale du Mali, Faguimba Ibrahima Kansaye et Faraban Sangaré de la Direction du Génie militaire, Mohamed Amaga Dolo et Malick dit Yéro Dicko de l’Armée de l’air, Guédiouma Dembélé de la Direction centrale du service de santé des armées et Seydou Kamissoko de la Direction générale de la Gendarmerie nationale.

Deux ans plus tôt, en janvier 2022, 7 mois après avoir pris la tête de la Transition, le Président Assimi Goïta procédait à ses toutes premières nominations d’officiers supérieurs au grade d’officiers généraux. Par un décret en date du 19 janvier 2022, 15 Colonels-majors sont promus au rang de Général de brigade.

Les Colonels-majors Daoud Aly Mohameddine (promu une 2ème fois le 16 octobre 2024 au grade de Général de division), Harouna Samaké, Mamadou Laurent Mariko et Félix Diallo de l’Armée de terre sont élevés au grade supérieur.

Les Colonels Alou Boï Diarra et Oumar Yoro Sidibe, ainsi que le Colonel-major Branima Diabaté de l’Armée de l’air deviennent également Généraux de brigade, de même que les Colonels Badara Aliou Diop de la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports des armées, Moussa Toumani Koné et le Colonel-major Sambou Minkoro Diakité de la Direction générale de la Gendarmerie nationale, le Colonel El Halifa Coulibaly de la Direction des transmissions et des télécommunications des armées et Jean Elisé Dao de la Garde Nationale, ainsi que les Colonels-majors Mohamed Alpha Diaw de la Division centrale du service de santé des armées et Ousmane Wele et Bougouri Diatigui Diarra de la Direction du Génie militaire.

À titre comparatif, la Transition en cours depuis 2020 a déjà promu plus d’officiers généraux dans l’armée que durant toutes les années de pouvoir réunies (33 ans) du Général Moussa Traoré et du Président Alpha Oumar Konaré.

En effet, la 2ème République sous le Général d’armée Moussa Traoré, de 1968 à 1991 et les deux premiers quinquennats de la 3ème République sous le Président Alpha Oumar Konaré, de 1991 à 2002, sont les périodes au cours desquelles l’armée a enregistré le moins de nouveaux officiers généraux. Moins d’une dizaine d’officiers supérieurs ont été promus officiers généraux sous les deux régimes.

Promotions dans les normes ?

Selon l’Ordonnance N°2023-015/PT-RM du 21 mars 2023 portant Statut général des militaires, pour accéder aux grades de Général d’armée et Général de corps d’armée, il faut 40 ans de service au sein des Forces de défense et de sécurité. Cette condition est réduite de 5 ans (35 ans de service) pour accéder au grade de Général de division et de 10 ans (30 ans de service) pour celui de Général de brigade.

Mais la plupart, voire tous, des officiers qui accèdent aux grades de Général au sein de l’armée malienne bénéficient de nominations par distinction ou récompense du Président de la République, Chef suprême des armées.

L’article 90 de l’Ordonnance citée plus haut est sans équivoque. Il dispose : « les nominations et promotions peuvent être prononcées, à titre exceptionnel, pour récompenser les actions d’éclat et les services exceptionnels, sans considération de la durée et du diplôme minimum de service fixés pour l’accès au grade immédiatement supérieur ».

Ascension au fil des régimes

Entre 2002 et 2012, sous la présidence du Général Amadou Toumani Touré, l’armée malienne a enregistré 39 nouveaux Généraux de brigade. Durant la même période, 3 Généraux de brigade ont été élevés au grade de Général de division. Il s’agit des Généraux de division Youssouf Bamba de l’Armée de l’air et Souleymane Sidibé de la Gendarmerie nationale, le 1er janvier 2007, ainsi que du Général de division Gabriel Poudiougou de l’Infanterie, promu le 12 juin 2008.

La courte transition de 2012 – 2013 dirigée par Dioncounda Traoré a également fait 5 officiers généraux dans l’armée, avec comme fait le plus marquant l’élévation au grade de Général de corps d’armée de l’ancien Capitaine Amadou Aya Sanogo, meneur du coup d’État contre Amadou Toumani Touré. L’ancien putschiste est d’ailleurs resté le plus haut gradé de l’armée malienne jusqu’au 16 octobre 2024. Le régime du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui succèdera à cette courte transition en 2013, fera également quelques nouveaux officiers généraux l’armée. Il sera surtout marqué par un grand nombre d’élévations au grade supérieur de plusieurs officiers généraux.

Le 20 septembre 2018, 5 Généraux de brigade sont élevés au grade de Général de division. Parmi eux, l’actuel Gouverneur de la région de Kidal, le Général de division El Hadj Gamou (Général de brigade depuis le 18 septembre 2013) et l’ancien Gouverneur de la région de Taoudénit, Mohamed Abderrahmane Ould Meydou. Plus tôt, en mai 2018, l’ancien patron de la sécurité d’État Moussa Diawara (Général de brigade depuis le 22 octobre 2014), l’ancien ministre de la Sécurité Salif Traoré et les Généraux de brigade Oumar Dao (depuis le 22 octobre 2014) et M’Bemba Moussa Keïta avaient tous été promus au grade de Général de division.

Mohamed Kenouvi 

Secteur minier : Vives tensions entre le gouvernement et Barrick Gold

Le gouvernement malien et le groupe minier Barrick Gold sont au cœur d’une controverse concernant un accord signé entre les deux parties. Obtenu après plusieurs mois de négociations, cet accord, annoncé par Barrick dans un communiqué publié le 30 septembre 2024, visait à réviser les modalités d’exploitation des ressources minières au Mali. Cependant, un communiqué du gouvernement, daté du 23 octobre 2024, a exprimé des préoccupations majeures quant au respect de cet accord par Barrick Gold.

Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations formulées lors des Assises Nationales de la Refondation, les autorités ont engagé une révision en profondeur du secteur minier. C’est ainsi qu’un nouveau Code minier et une loi sur le contenu local ont été élaborés pour garantir une meilleure redistribution de la rente minière au profit des populations et de l’économie malienne. Par ailleurs, un audit a également été commandité par le Ministère de l’Économie et des Finances révélant plusieurs « manquements dans l’exploitation des ressources minières » du pays. Les résultats de cet audit n’ont toujours pas été rendus publics

En réponse à ces constats, une Commission de négociations a été mise en place pour entamer des discussions avec les sociétés minières. Acteur majeur dans le secteur minier au Mali, Barrick Gold a participé à ces négociations.

Ainsi, dans son communiqué du 30 septembre 2024, Barrick Gold a annoncé la signature d’un accord transactionnel avec le gouvernement malien. Cet accord prévoyait la mise en œuvre de mesures spécifiques pour répondre aux exigences du nouveau cadre réglementaire, notamment en matière de responsabilité sociétale et environnementale, ainsi que le respect des normes de réglementation des changes. A en croire les autorités, Barrick Gold s’était engagé à commencer l’application des termes de cet accord, dès le 4 octobre 2024.

Malgré cet engagement, le gouvernement malien a dénoncé le non-respect des engagements pris par Barrick Gold. A cet effet, plusieurs infractions ont été soulignées, notamment en matière de responsabilité sociétale, environnementale et de respect des normes de change. Ces manquements, considérés comme préjudiciables à l’économie nationale, ont conduit le Mali à envisager des mesures légales contre Barrick Gold. De plus, un permis d’exploitation détenu par Barrick Gold arrive à expiration au début de l’année 2026, soulevant des questions sur la continuité des activités de l’entreprise dans le pays.

En réponse aux infractions relevées, le gouvernement malien a annoncé son intention de tirer « toutes les conséquences juridiques découlant des actes posés » par Barrick Gold. Bien que la nature précise de ces mesures n’ait pas été détaillée, elles pourraient potentiellement affecter les opérations de Barrick au Mali.

Le bras de fer entre le gouvernement et Barrick Gold pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur minier au Mali. Avec l’adoption d’un nouveau Code minier et d’une loi sur le contenu local, les autorités maliennes entendent se positionner désormais avec fermeté face aux entreprises qui ne respectent pas leurs engagements. Barrick Gold, dont la présence au Mali est significative, devra répondre rapidement aux accusations portées par le gouvernement pour éviter de compromettre ses activités futures dans le pays.

 

Niger: Décès de l’ancien Premier ministre Hama Amadou

Hama Amadou, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale du Niger, est décédé, le mercredi 23 octobre, dans dans un hôpital de Niamey, à l’âge de 74 ans. Figure majeure de la politique nigérienne, son parcours a été marqués par de nombreux rebondissements.

Amadou, qui a été Premier ministre à deux reprises (de 1995 à 1996 et de 2000 à 2007), était une personnalité influente de la vie politique au Niger. Il a également présidé l’Assemblée nationale de 2011 à 2013. Bien qu’accusé dans une affaire de trafic de bébés, qu’il a toujours dénoncée comme un complot politique, Hama Amadou a continué à jouer un rôle de premier plan dans l’opposition. En 2016, alors qu’il était en prison, il a été candidat à l’élection présidentielle, où il est arrivé en deuxième position. À cette époque, malgré son absence de la campagne électorale en raison de son emprisonnement, il a réussi à obtenir 18 % des voix, témoignant de son influence politique considérable.
Après un exil en France pour des raisons de santé, il est retourné au Niger en 2021, mais n’a pas pu se présenter aux élections en raison d’une condamnation judiciaire. Sa carrière politique a été marquée par son opposition farouche aux régimes successifs, y compris celui de Mahamadou Issoufou, contre lequel il s’est opposé à plusieurs reprises. Son engagement pour le développement du Niger et son charisme ont marqué des générations d’électeurs et de militants.

Attentat terroriste à Ankara : Le Mali exprime sa solidarité avec la Turquie

Ce mercredi 23 octobre 2024, un attentat terroriste a visé les industries de défense turques à Ankara, causant des morts et plusieurs blessés. Cette attaque a été condamnée par le Président de la Transition du Mali, le Général d’Armée Assimi Goïta. À travers son compte X, le Président Goïta a réitéré sa « solidarité totale » envers la Turquie.

Les assaillants, identifiés comme deux individus lourdement armés, ont fait exploser des charges à l’entrée des locaux du TUSAS (Turkish Aerospace Industries), avant de s’introduire dans le bâtiment, causant des scènes de chaos. L’attaque, imputée aux militants du PKK, a visé une industrie de défense de la Turquie, particulièrement reconnue pour ses drones Bayraktar TB2, utilisés avec par l’armée malienne dans la lutte contre le terrorisme.
En effet, le Mali, dans sa stratégie de défense, bénéficie depuis plusieurs années du soutien militaire turc, en particulier grâce à l’acquisition de drones TB2 et autres équipements essentiels pour sécuriser ses territoires. L’alliance entre les deux pays s’est consolidée dans un contexte particulier où le Mali continue de combattre des groupes armés.
Le Président Goïta a exprimé ses condoléances aux familles des victimes tout en rappelant l’importance de ce partenariat dans le renforcement des capacités militaires maliennes, face à une menace terroriste de plus en plus transnationale.

Élection à la présidence de Tabital Pulaaku Mali : Sekou Mamadou Barry succède à Abou Sow

Le 20 octobre 2024, Sekou Mamadou Barry a été élu président de Tabital Pulaaku Mali, une organisation influente dédiée à la promotion de la culture peule. Originaire de Birga, dans le cercle de Koro, Barry succède à l’ancien ministre Abou Sow, qui a choisi de ne pas se représenter.

 

Cette élection a eu lieu dans le cadre du 3ème congrès ordinaire de l’association, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), après plusieurs reports liés à des tensions internes et à l’enlèvement de l’une des figures de la communauté.

Le scrutin, marqué par une forte rivalité entre Sekou Mamadou Barry et Maître Hassane Barry, a vu la participation de 123 votants sur 137 délégués inscrits. Sekou Mamadou Barry a remporté la présidence avec 66 voix, contre 57 pour son challenger, Me Hassane Barry. Ce dernier avait dénoncé des irrégularités dans le processus électoral, notamment des convocations tardives des délégués.
De plus, l’enlèvement d’Idrissa Allaye Sankaré, ancien député et 3ème vice-président de Tabital Pulaaku, a marqué un tournant dans la campagne. Fort soutien de Maître Hassane Barry, Sankaré avait été enlevé le 14 août 2024 à Bamako. Sa disparition avait forcé le report du congrès, initialement prévu en septembre. Heureusement, Sankaré a été libéré le 10 septembre 2024 après 24 jours de captivité, bien que des zones d’ombre persistent quant à l’identité des ravisseurs et les circonstances de sa libération.
Après son élection, Sekou Mamadou Barry a promis d’être un rassembleur.
Tabital Pulaaku Mali fait partie d’un réseau international, Tabital Pulaaku International, qui s’engage à préserver et promouvoir la culture peule à travers le monde. Sous la direction de Sekou Mamadou Barry, cette organisation continuera à jouer un rôle clé dans la défense des intérêts des Peuls, en renforçant la cohésion et l’unité au sein de la communauté, tout en poursuivant ses objectifs culturels et sociaux.

UFOA A U17 : La compétition reportee à une date ultérieure

Le tournoi UFOA A U17, initialement prévu pour commencer ce lundi 21 octobre au Sénégal, a été reporté à une date indéterminée en raison de fraudes liées à l’âge des joueurs.

La Confédération Africaine de Football (CAF) a en effet annoncé dimanche l’exclusion de trois équipes, à savoir la Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone, après avoir découvert des irrégularités concernant l’âge des participants. En conséquence, la première journée de la compétition, prévue pour ce lundi, a été suspendue et le format du tournoi modifié : au lieu de deux groupes, une seule poule de cinq pays devait être constituée.
Cependant, le démarrage du tournoi a de nouveau été reporté. Cette fois, c’est un recours déposé par la Guinée qui est à l’origine de ce nouveau retard. La CAF examine actuellement cette réclamation, ce qui empêche la compétition de débuter tant qu’une décision définitive n’aura pas été rendue.

Bilan des violences et de l’insécurité au Sahel : Près de 2000 morts en deux mois, selon OCHA 

Malgré une diminution continue des incidents sécuritaires, les populations du Sahel central subissent encore les conséquences de la violence, des conflits et de l’insécurité. Un rapport récent du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) révèle que, pour les mois d’août et septembre 2024, 569 incidents ont été enregistrés, entraînant la mort de 1 946 personnes.

À titre de comparaison, les mois de mai et juin 2024 avaient vu 2 864 décès liés à des violences. Depuis le début de l’année, le nombre total d’incidents sécuritaires a atteint 10 599, selon la même organisation.

Au-delà des pertes humaines, les conflits au Sahel central continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur des frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger s’élève désormais à 2,7 millions, soit une augmentation de 3 % par rapport à juin 2024. En parallèle, le nombre de réfugiés a légèrement diminué de 2 %, totalisant 319 500 individus.

Les populations déplacées, souvent les plus vulnérables, sont confrontées à une insécurité alimentaire sévère et à des niveaux critiques de malnutrition. L’accès aux services de base est limité, avec un impact aggravé par les inondations survenues pendant la saison des pluies de 2024. Le rapport précise que 8 218 écoles sont non fonctionnelles dans la région et que 494 centres de santé ne sont plus opérationnels. Le Burkina Faso est le pays le plus durement touché par ces fermetures.

Bien que les violences persistent et que les accès sont de plus en plus restreints, 310 organisations humanitaires demeurent actives sur le terrain, apportant une aide aux populations affectées. Cependant, les financements disponibles sont encore insuffisants pour répondre à l’ampleur des besoins. À ce jour, 885 millions de dollars ont été mobilisés, ce qui ne représente que 38 % des fonds requis pour soutenir 9 millions de personnes ciblées par les programmes d’aide.

Il convient de noter que ce rapport, publié par le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), repose sur des données collectées auprès de sources variées, telles que ACLED, l’UNICEF, l’OMS, ainsi que les gouvernements nationaux concernés.

 

Turquie : Décès du prédicateur musulman Fethullah Gülen

Le prédicateur musulman Fethullah Gülen est mort à l’âge de 83 ans, a annoncé lundi 21 octobre la télévision publique turque. Inspirateur du mouvement Gülen et autrefois allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, il était tenu responsable de la tentative de coup d’État de juillet 2016.

La télévision publique turque TRT a annoncé lundi 21 octobre la mort du prédicateur musulman Fethullah Gülen qui vivait aux États-Unis, citant les comptes X et sites Internet proches de son mouvement.
Selon la TRT, le prédicateur, âgé de 83 ans, accusé par Ankara d’avoir ourdi une tentative de coup d’État en Turquie en juillet 2016, est décédé « la nuit dernière à l’hôpital où il avait été emmené ».
Inspirateur du mouvement Gülen, aussi appelé le mouvement « Hizmet », Fethullah Gülen était installé en Pennsylvanie, aux États-Unis, depuis 1999.
En exil, il échappait depuis près de quinze ans au président Recep Tayyip Erdogan, autrefois son allié, qui l’accusait de « terrorisme ».
La Turquie l’avait déchu de sa nationalité turque en 2017.
Autrefois allié au mouvement güleniste, le président turc Recep Tayyip Erdogan en avait fait son ennemi juré après la tentative de coup d’État du 15 juillet 2016 et fait procéder depuis à des centaines d’arrestations dans les rangs des gülenistes.
Au Mali, comme dans beaucoup d’autres pays africains, Fethullah Gülen est surtout connu pour son réseau d’écoles « Collège Horizon », actuellement géré par la fondation Maarif, proche de l’État turc.

CAN U-17 : 3 équipes disqualifiées pour infraction aux règles d’éligibilité

La Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans (U-17) est en effervescence à l’aube du tournoi qualificatif WAFU A pour Sénégal 2024. Trois équipes nationales ont été disqualifiées pour non-conformité aux règles strictes d’éligibilité imposées par la Confédération Africaine de Football (CAF). La Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone ont été disqualifiées après la révélation des résultats des tests d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) de leurs joueurs.

Le tournoi qualificatif de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 de l’UFOA A, organisé cette année au Sénégal, repose sur des règles d’éligibilité particulièrement strictes. Ces règles, régies par l’article 27.4 du règlement de la compétition, visent à assurer que seuls les joueurs de moins de 17 ans participent à ce prestigieux championnat. À la suite des tests IRM obligatoires effectués sur les équipes participantes, trois sélections nationales ont été prises en défaut.

Le communiqué publié par la Commission d’organisation du Tournoi UFOA A, informe que le dépassement du nombre de joueurs jugés inéligibles dans les équipes de Guinée, de Guinée-Bissau et de Sierra Leone a entraîné leur disqualification immédiate. Selon l’article 27.4 du règlement de la CAN U17, si une équipe présente quatre ou plus de joueurs non conformes après les tests d’éligibilité, celle-ci est automatiquement exclue du tournoi. En se basant sur cette disposition, les équipes de Guinée, de Guinée-Bissau et de Sierra Leone ont été écartées de la compétition.

Ce durcissement de la règlementation par la CAF vise à garantir l’intégrité du tournoi et à empêcher toute tentative de fraude sur l’âge des joueurs. Cette politique, qui s’appuie sur des tests scientifiques précis, a souvent été un sujet de débats, mais elle reste aujourd’hui la norme pour les compétitions de jeunes catégories sur le continent africain.

Avec la disqualification de ces trois nations, la compétition va changer radicalement de format. Initialement prévu pour inclure plusieurs équipes en phase de groupes, le tournoi sera désormais organisé sous forme de poule unique. Les cinq équipes restantes – Sénégal, Gambie, Liberia, Mali et Mauritanie – s’affronteront directement pour décrocher la qualification tant convoitée pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations U17.

Un calendrier réaménagé du tournoi a été promis par les organisateurs et sera publié dans les prochaines heures, tandis que le coup d’envoi de la compétition est maintenu pour demain, le 21 octobre 2024. Les regards sont désormais tournés vers le Sénégal, hôte du tournoi et les autres équipes toujours en lice, qui auront à cœur de tirer profit de ces bouleversements pour avancer dans la compétition.

Une décision applaudie, mais controversée

Si la décision de disqualifier les équipes non conformes est largement saluée pour sa rigueur et son respect des règles, elle n’en est pas moins source de controverses. En Guinée et en Sierra Leone, des voix s’élèvent déjà pour contester les résultats des tests et dénoncer une injustice à l’égard de leurs jeunes joueurs. Toutefois, la CAF a jusqu’ici maintenu sa position, soulignant l’importance de respecter les normes d’âge dans les compétitions internationales.

Économie : L’État prevoit de mobiliser 200 milliards de FCFA pour réduire la dette intérieure

Le 18 octobre dernier, lors du journal télévisé du soir, le ministre de l’Économie et des Finances du Mali, Alhousseini Sanou a annoncé que le gouvernement prévoyait de mobiliser près de 200 milliards de FCFA d’ici la fin de l’année. Cet effort vise à réduire de manière significative la dette intérieure du pays. 

« Nous comptons engager presque 200 milliards de FCFA afin de réduire de manière très significative et exceptionnelle le niveau de la dette intérieure », a déclaré le ministre.
La dette intérieure du Mali concerne principalement les dettes dues aux entreprises locales pour les services et les travaux effectués pour le compte de l’État. Cette situation a affecté plusieurs secteurs de l’économie, notamment les infrastructures, l’agriculture et les services. Le ministre a souligné que cette mobilisation financière exceptionnelle répond à l’urgence de restaurer la confiance entre l’État et les opérateurs économiques locaux, souvent confrontés à des retards de paiement importants.
Il convient de noter que cette mesure intervient dans un contexte économique marqué par des défis sécuritaires et financiers pour le Mali, où les retards dans le paiement des dettes intérieures ont un impact direct sur le fonctionnement des entreprises locales. La mobilisation annoncée fait partie des efforts du gouvernement pour alléger ces contraintes et relancer l’activité économique nationale.
Toutefois, des observateurs estiment que ces 200 milliards ne représentent qu’une infime partie de la dette intérieure totale, dont les estimations varient. Les montants exacts de la dette intérieure accumulée par l’État malien ne sont pas publiquement disponibles de manière exhaustive, mais des chiffres non officiels évoquent des sommes bien plus élevées.
Le ministre n’a pas précisé comment le gouvernement financerait cet effort pour réduire la dette, mais des sources n’excluent pas la possibilité pour l’Etat de lever des fonds supplémentaires auprès d’institutions financières régionales.

Navigation aérienne : Air Sénégal et Sky Mali unissent leurs efforts pour améliorer l’offre de vols

La compagnie aérienne Air Sénégal a organisé, hier jeudi 17 octobre, un atelier collaboratif avec diverses agences de voyage pour présenter son nouveau partenariat avec la compagnie malienne Sky Mali.

Dans le cadre de son programme hiver, Air Sénégal a initié un partenariat commercial avec Sky Mali. Ce partenariat permettra d’enrichir l’offre de réseau et augmentera les fréquences de vol sur Bamako. Cette coopération, qui débutera le 27 octobre, permettra aux deux compagnies de passer de 3 vols par semaine à un vol quotidien sur Bamako.
« Ce partenariat est né de la vision des directeurs généraux des deux compagnies aériennes (Sky Mali et Air Sénégal). Ils souhaitent ainsi créer une coopération mutuelle afin de densifier le réseau domestique et le réseau régional de Sky Mali », a affirmé Mme Haidara Aïcha Doucouré, directrice générale de Sky Mali. « La concurrence sur le réseau régional s’intensifie, donc les compagnies aériennes doivent redoubler d’efforts pour maintenir leur compétitivité. Il est essentiel de multiplier les partenariats et les alliances stratégiques pour cela. C’est dans cet esprit de collaboration que nous avons engagé des discussions depuis septembre pour établir un partenariat commercial », a-t-elle poursuivi.
De son côté, Nabil Daoud, directeur commercial d’Air Sénégal, a déclaré que cet accord allait faciliter le transport des passagers et a donné plus de détails sur le programme de ce partenariat. Il a expliqué que celui-ci se traduira par un vol quotidien. En effet, Air Sénégal opérera les vols les mardis, vendredis et samedis, tandis que Sky Mali assurera les vols les samedis et dimanches. Il a également exprimé sa satisfaction concernant ce nouvel accord.  « Toutes les compagnies établissent des partenariats pour bien fonctionner et Sky Mali est un partenaire de confiance, bien établi, fiable et très professionnel, sur lequel on peut compter » a-t-il déclaré.
Rockaya Sireta, qui travaille dans une agence de voyage, s’est réjouie de cette nouvelle collaboration : « Je pourrai conseiller à mes clients de prendre plus de billets d’Air Sénégal avec Sky Mali. Air Sénégal est la compagnie la plus fréquentée par les Maliens sur le plan international, et dorénavant, ils pourront aussi effectuer des vols avec la compagnie malienne ».
Le clou de l’atelier a été marqué par une tombola qui a permis à deux heureux gagnants de bénéficier de billets offerts par Sky Mali et Air Sénégal.
Fatouma Cissé

SNIPIL : Le syndicat alerte sur la situation des travailleurs

Le Syndicat National de l’Information, de l’Informatique, de la Presse et de l’Industrie du Livre (SNIPIL) attire l’attention sur la situation difficile que traversent les structures réunies au sein de son regroupement. Retards de salaires, des crédits de fonctionnement, des prestations sociales, la liste des maux n’est pas exhaustive. Si le syndicat se dit disposé au dialogue, il entend donner l’alerte afin que des dispositions soient prises pour traiter ses doléances.

Lors d’un point de presse tenu le mardi 15 octobre 2024 les responsables du SNIPIL ont tiré la sonnette d’alarme, tout en réitérant leur volonté de maintenir le dialogue. Issu du 147ème congrès du SNIPIL, tenu le 25 janvier 2024, le bureau mis en place a présenté des recommandations en 13 points. Depuis, les responsables du syndicat, qui regroupe l’AGETIC, l’AMAP, l’ANCD, l’APDP, le Cabinet et la DFM du MCENMA, le CNCM, Graphique Industrie, l’ORTM et la SMTD, se sont engagés dans la recherche de solutions aux maux qui assaillent leur secteur. Ils ont ainsi été reçus par les responsables de leurs structures respectives ainsi que par leurs départements de tutelle.

Après ces rencontres, ils se disent surpris de l’absence d’ouverture de « canaux de discussion », malgré « l’urgence des sujets évoqués ». Ce qui, à leurs yeux, constitue « un mépris » et un manque d’intérêt pour l’apaisement du climat social.

Absence d’écoute

Rappelant qu’en réponse à la lettre circulaire du ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social relative à la communication de documents issus de congrès statutaires de syndicats, le SNIPIL avait réitéré sa volonté d’ouvrir les discussions sur des questions qui « mettent à mal la vie sociale des structures ». Il regrette que sa demande soit restée « lettre morte ».

Parmi ses doléances, le SNIPIL déplore que depuis plusieurs années beaucoup de ses membres soient injustement privés de leurs droits à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Et cela, avec une double peine, car si la cotisation est prélevée sur leur salaire, ils ne bénéficient ni des allocations familiales, ni des prestations AMO. Pour ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, si rien n’est fait ils ne pourront pas bénéficier de leurs pensions. À ces problèmes s’ajoutent l’inapplication par certaines structures de la grille salariale unifiée trois ans après son adoption, la crise énergétique qui tue les entreprises à petit feu, les retards de salaires ou encore des entreprises en manque de matériel de travail. Face à ces difficultés, le syndicat souhaite que l’État prenne ses responsabilités afin de rétablir les droits des salariés et d’éviter des mouvements de grève.

Fatoumata Maguiraga

Éliminatoires CAN 2025 : Mali – Guinée Bissau, une double confrontation au goût d’inachevé

Les Aigles du Mali ont affronté la Guinée-Bissau dans le cadre des 3ème et 4ème  journées des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025, prévue au Maroc. Ces rencontres, disputées à Bamako et à Bissau, ont permis aux deux équipes de se jauger, même si le Mali partait largement favori face à une équipe de Guinée-Bissau, plus modeste en termes de palmarès et d’expérience dans cette compétition continentale.

Le premier acte de cette double confrontation a eu lieu le mardi 8 octobre 2024 au Stade du 26 Mars de Bamako. Les Aigles du Mali, devant leur public, ont réussi à arracher une victoire précieuse par la plus petite des marges (1-0). Le but décisif a été inscrit par El Bilal Touré, de retour en sélection, offrant ainsi à son équipe 3 points essentiels. Cette rencontre, bien que marquée par une domination malienne, n’a pas convaincu les observateurs quant à la forme des Aigles. Les hommes du sélectionneur belge Tom Saintfiet ont montré un jeu en demi-teinte, manquant de créativité et de tranchant offensif malgré leur supériorité technique.

Pour le match retour, les Aigles se sont déplacés à Bissau le mardi 15 octobre 2024 pour affronter les Djurtus. Ce second acte s’est soldé par un score nul et vierge (0-0). Une rencontre disputée dans un contexte difficile, où les Bissau-guinéens, portés par leur public, ont opposé une résistance farouche aux offensives maliennes. Malgré plusieurs tentatives, les Aigles n’ont pas su trouver la faille pour s’imposer. Ce match nul a laissé un goût d’inachevé au Mali, qui, malgré une domination relative, n’a pas réussi à concrétiser ses actions.

Avec ce nul à l’extérieur, les Aigles ont engrangé 4 points sur les 6 possibles contre la Guinée-Bissau, portant leur total à 8 points après 4 journées. Le Mali partage ainsi la tête de son groupe avec le Mozambique, avec une différence de but favorable à ce dernier, qui a disposé de l’Eswatini sur le score de 3 buts à 0. Les deux équipes sont bien parties pour se qualifier pour la prochaine Coupe d’Afrique, prévue en décembre 2025 au Maroc, à deux journées de la fin des éliminatoires.

Massiré Diop

Financement du cinéma malien : Le FAIC attend sa dotation initiale

Le Fonds d’Appui à l’Industrie Cinématographique du Mali (FAIC) a organisé une conférence-débat sur le thème de la « Problématique du financement du cinéma malien, rôle et place du FAIC », au Centre International de Conférences de Bamako, le mardi 15 octobre.

Pour remédier au problème de financement du cinéma malien, le gouvernement a décidé de créer en 2017 une structure dont le rôle est de soutenir la production cinématographique en apportant un soutien financier aux œuvres. Cette rencontre, qui a réuni plusieurs réalisateurs, producteurs et acteurs du paysage cinématographique malien, n’a toutefois pas atteint son objectif, selon Bréhima Moussa Koné, Directeur général du FAIC. Lors de son mot introductif, il a déploré le manque d’affluence des cinéastes à la conférence.

De son côté, Mme Diarrah Sanogo, représentante du Secrétaire général par intérim du ministère de la Culture, a salué cette initiative qui, selon elle, permettra de pallier plusieurs difficultés. Elle a cependant souligné la problématique du financement du FAIC. En effet, chaque année, le FAIC est censé percevoir une dotation de 6 milliards de francs CFA pour financer des films. « À ce jour, ce fonds n’a pas été alimenté, alors qu’il est destiné à appuyer les réalisateurs dans leurs projets », a-t-elle regretté.

Malgré les difficultés, M. Koné a précisé que le FAIC a pu financer plusieurs films ces dernières années, grâce à ses fonds propres. Il a ajouté : « nous sommes en train de mettre en place les outils et les mécanismes nécessaires pour être prêts le jour où nous recevrons notre dotation initiale annoncée, d’une valeur de 6 milliards de francs CFA ».

Lors des débats, de nombreux questionnements ont émergé, notamment sur le rôle du cinéma dans la société. Présent à la conférence, M. Alou Konaté, Président de la Fédération Nationale du Cinéma et de l’Audiovisuel du Mali (FENACAM), a affirmé que : « le cinéma représente un enjeu sociétal et culturel majeur et constitue un puissant levier de développement de la vie socioéconomique et culturelle d’un pays ». De son côté, M. Salif Konaté, ancien Président de l’Union Nationale des Cinéastes Maliens, a dénoncé le manque de financement des productions, ce qui, selon lui, risque de condamner certains pays à la dépendance malgré leurs riches potentialités artistiques. Toutefois, il a exhorté les autorités à investir dans le secteur du cinéma, affirmant que « la culture est le socle, le poumon de tout État ».

La conférence s’est achevée sur la projection d’un court-métrage mettant en scène une petite fille dialoguant avec le Président Modibo Kéïta sur la situation actuelle du Mali, une séquence qui a enchanté le public.

Fatouma Cissé

Transition : La présidentielle en ligne de mire ?

Reportée sine die en septembre 2023, alors qu’elle était initialement prévue pour février 2024, la présidentielle censée mettre fin à la Transition pourrait finalement se tenir l’année prochaine, en 2025. Même si aucun calendrier officiel n’a encore été établi, les choses semblent évoluer à différents niveaux.

La réapparition du budget alloué aux élections dans la Loi de finances 2025, soumise à l’examen et à l’adoption du Conseil national de transition (CNT) lors de sa session budgétaire ouverte le 7 octobre dernier, constitue l’un des principaux signes avant-coureurs d’une probable tenue de la prochaine élection présidentielle en 2025. Cela témoigne, au moins, d’une volonté politique affirmée de retour à l’ordre constitutionnel dans les prochains mois, plus de quatre ans après le début de la Transition. Retiré à la dernière minute de la Loi de finances 2024 en décembre 2023, le budget pour les élections réapparaît dans le nouveau projet de Loi de finances de l’année à venir avec une hausse de 10 milliards, s’élevant désormais à 80,750 milliards de francs CFA. Les Conseillers de l’organe législatif de la Transition devront encore se prononcer pour valider ou non ces fonds alloués aux dépenses électorales. Ils ont jusqu’au 31 décembre prochain pour statuer sur le projet de texte.

Toujours en lien avec les prochains scrutins, le budget alloué à l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE), le principal organe en charge de l’organisation des élections, va également passer de 4,935 milliards de francs CFA à 6,093 milliards.

Actualisation des bureaux de vote

Au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, selon nos informations, des dispositions techniques et administratives sont déjà en cours de mise en œuvre pour préparer les futures élections.

En juillet, le ministère a initié des rencontres à l’intérieur du pays avec les élus locaux, les autorités traditionnelles et les représentants des partis politiques, notamment dans les cercles de la région de Tombouctou.

Les discussions ont porté sur la liste actualisée des bureaux de vote et celle des électeurs établie par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Ces rencontres devraient se poursuivre dans d’autres régions dans les semaines à venir, avant de s’achever dans le District de Bamako.

Chronogramme consensuel

Pour parvenir à un chronogramme électoral consensuel, certains acteurs politiques appellent déjà le gouvernement à privilégier la participation de toutes les forces vives du pays et la transparence dans le processus.

« Il faudra un calendrier électoral. Pour y parvenir, il sera nécessaire de rassembler les forces vives de la Nation afin qu’elles s’accordent non seulement sur une date pour la présidentielle, mais aussi sur la procédure à suivre pour y parvenir », souligne Sékou Niamé Bathily, porte-parole du RPM.

Mohamed Kenouvi

Une rentrée scolaire en eaux troubles !

Les pluies diluviennes de cette année ont provoqué de graves inondations, plongeant le secteur éducatif dans une crise sans précédent. Le report de la rentrée scolaire au 4 novembre, annoncé in extremis par le ministère de l’Éducation nationale, ne répond pas vraiment aux attentes.

Initialement prévue pour le 1er octobre, la rentrée a été repoussée en raison des fortes pluies, laissant de nombreuses familles dans l’incertitude. Plus d’une centaine d’écoles sont actuellement occupées par des sinistrés et d’autres sont submergées ou gravement endommagées.

Malgré les avertissements des syndicats, le ministère avait insisté sur la date initiale, ne changeant d’avis qu’à la dernière minute. Certes, le report était nécessaire, mais il ne suffit pas. À quelques semaines de la nouvelle date, force est de constater qu’aucune mesure concrète n’a été prise pour garantir une reprise des cours dans de bonnes conditions.

Les syndicats, en colère, exigent des garanties. Ils appellent à un dialogue pour s’assurer que les écoles soient prêtes à accueillir les élèves en toute sécurité. Malheureusement, le ministre semble préférer donner des ultimatums plutôt que de s’engager dans des discussions constructives avec les acteurs du monde éducatif. Pendant ce temps, outre les infrastructures scolaires qui restent à réparer, des familles sinistrées attendent toujours des solutions pour se reloger.

Le spectre d’une année blanche plane sur le secteur éducatif. Face à cette menace, enseignants, parents et élus locaux réclament une concertation immédiate. La rentrée scolaire ne doit pas se faire au détriment des conditions de sécurité et d’apprentissage des élèves.

Certes, les inondations ont bouleversé la vie de nombreuses familles, mais l’avenir de milliers d’enfants ne doit pas être sacrifié sur l’autel de l’impréparation. Il est encore temps d’agir, mais cela nécessite des actions concrètes, pas seulement des promesses en l’air !

Massiré Diop

Centre du Mali : L’interminable instabilité

Alors que la localité de Tinzawatène, dans l’extrême nord du pays, à la frontière avec l’Algérie, mobilise depuis plusieurs semaines les grands moyens de l’armée pour son contrôle, le Centre du Mali continue de s’enfoncer dans la crise. Les conséquences de l’insécurité généralisée qui règne dans les régions de cette partie du pays depuis des années se multiplient, faisant du Centre une zone en constante quête de stabilité.

Le Centre du Mali est-il condamné ad vitam æternam à croupir dans l’instabilité ? Depuis 2015, lorsque la crise sécuritaire s’est intensifiée, elle s’est métastasée au fil des années pour atteindre les régions de cette partie du territoire national. Bien que les régions de Mopti, Bandiagara, Douentza et Ségou, où les groupes armés terroristes subissent de plus en plus fréquemment les ratissages des Forces armées maliennes, continuent d’enregistrer quelques attaques sporadiques, celle de San fait face depuis quelques semaines à une augmentation des incidents sécuritaires visant les forces de sécurité, particulièrement dans le cercle de Tominian.

Le 9 octobre dernier, une mission d’escorte de la Garde nationale a été prise dans une embuscade entre Wena et Ganga, faisant un mort et des blessés dans les rangs de l’armée. Plus tôt, au début du mois d’octobre, une autre mission de la Gendarmerie nationale avait été visée par une embuscade dans la même zone, à Ouan. Fin juillet, une patrouille de la Gendarmerie nationale a également été attaquée par des éléments du JNIM au nord-est de Timissa, causant des morts et des dégâts matériels des deux côtés.

Les civils ne sont pas épargnés. Au cours des derniers mois, plusieurs forains ont été la cible d’attaques de groupes armés. Une église dans la localité de Mandiakuy a également été prise pour cible. Ces groupes armés ont multiplié les incursions dans d’autres villages de la région de San, notamment ceux qui ont refusé de conclure des pactes de soumission avec eux. En conséquence, plusieurs personnes ont été contraintes de se déplacer vers le chef-lieu de la région ou d’autres localités avoisinantes.

Déplacements massifs

Ces récents déplacements dans la région de San viennent accentuer l’épineux problème des personnes déplacées internes auquel est particulièrement confronté le Centre du Mali ces dernières années. Selon la Direction régionale du développement social et de l’économie solidaire (DRDSES) de Mopti, il a été enregistré concernant les personnes déplacées internes (PDI) dans la région au cours du premier semestre de l’année 2024, un total de 465 ménages, regroupant 2 522 personnes, 1 165 hommes et 1 357 femmes. Parmi eux, 1 455 enfants.

Sur la même période, la Matrice de suivi des déplacements (DTM) publiée par la Direction nationale du développement social (DNDS) a recensé plus de 11 500 personnes déplacées internes supplémentaires à Bandiagara, Douentza et Mopti, soit 33% du total des PDI identifiées dans le Centre. Plus globalement, à la date du 31 mai 2024, dans la région de Mopti, 17 611 ménages, soit un total de 57 524 personnes, étaient déplacés. C’est la région qui enregistre le plus grand nombre de ménages déplacés même si, en termes d’individus touchés, la région de Ménaka vient en première position. Avec respectivement 47 122, 38 940 et 15 741 personnes déplacées internes, les régions de Bandiagara, Ségou et San figurent parmi celles qui enregistraient le plus grand nombre de PDI à la même date. Au Centre, celle de Douentza est la moins touchée avec 6 931 personnes déplacées internes. Toutefois, ce chiffre a connu une évolution de 12,79%, puisque seules 6 145 personnes étaient concernées en décembre 2023.

Écoles fermées

Les mêmes raisons sécuritaires à l’origine du déplacement massif à l’intérieur des régions du Centre ont aussi conduit à la fermeture de plusieurs écoles. Dans la région de Mopti, la situation en juin 2024 montrait, selon les chiffres de l’Académie d’enseignement de la région, 262 écoles non fonctionnelles sur un total de 787, soit un taux de 33,29% dans les deux académies de Mopti et Tenenkou.

Selon la même source, 47% de ces écoles sont fermées en raison de la menace des groupes armés et 34% pour absence des enseignants par peur de l’insécurité. Au total, dans la région de Mopti, 745 enseignants ont abandonné leur poste.

À en croire la même source, dans la région voisine de Douentza, 223 écoles ont fermé leurs portes, privant 66 000 enfants d’accès aux classes. Une source locale contactée confirme cette situation mais affirme que la ville de Douentza n’est pas concernée. « À l’intérieur de la région, pratiquement toutes les écoles sont fermées. Mais à Douentza ville, elles ont toutes ouvert l’année passée et sont prêtes à ouvrir cette année » estime-t-il.

Économie au ralenti

La détérioration du climat sécuritaire dans le Centre du Mali a conduit au fil des années à la paralysie totale de l’économie locale. Avec la multiplication des attaques des groupes armés et la persistance de la menace terroriste dans cette zone, le tourisme, qui autrefois participait significativement à la vitalité économique des régions de Mopti et de Bandiagara notamment, ne prospère plus. Plusieurs autres activités génératrices de revenus sont également à l’arrêt.

« En ce qui concerne Bankass, on peut dire que l’économie locale est paralysée. Ni les commerçants ni les opérateurs économiques ne peuvent participer aux foires hebdomadaires des communes », se désole Mamoutou Guindo, Président du Conseil local de la jeunesse de Bankass.

« À cela s’ajoute l’arrêt des activités génératrices de revenus. Les activités des jeunes sont presque au point mort. Les femmes qui épaulaient leurs maris dans les charges des ménages ne peuvent plus tenir de petits commerces dans les foires », poursuit-il.

Ce porte-voix de la jeunesse locale de Bankass affirme par ailleurs que plus de la moitié des terres cultivables du cercle est abandonnée pour des raisons sécuritaires et, plus grave, que la plupart des champs ont été récemment affectés par les inondations. À l’en croire, l’élevage, l’autre principale activité pratiquée dans le cercle, est aussi impacté par la crise, tout le bétail ayant été emporté par les terroristes.

À Douentza, la situation est aujourd’hui un peu moins alarmante, selon une source locale qui confie qu’à l’exception d’une commune, Haïré, qui subit un blocus depuis un an et demi, sans entrée ni sortie de marchandises, « dans les autres localités, les marchés fonctionnent et les commerçants s’y rendent ».

Des initiatives sans résultats concrets

Face à la persistance de la crise sécuritaire au Centre du Mali, le gouvernement a adopté en février 2017 un Plan de sécurisation intégré des régions du Centre. Il concernait uniquement les régions de Mopti et de Ségou et avait pour objectif de pacifier ces régions et d’y réduire de manière significative, voire supprimer complètement, les causes de l’insécurité et du terrorisme par la mise en œuvre d’actions en matière de sécurité, de gouvernance, de développement local et de communication. Mais ce plan a connu des manquements dans la concrétisation des actions définies, au point que malgré son adoption, trois ans après, en 2020, la crise s’est élargie à d’autres localités.

En août 2022, deux ans après le renversement du régime du Président IBK, le gouvernement de transition a à son tour adopté une Stratégie nationale de stabilisation des régions du Centre, avec un lancement officiel en mars 2023 et un plan d’actions 2022-2024. Estimée à 956,1 milliards de francs CFA, elle s’articule autour de quatre axes : le rétablissement de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale ; l’amélioration de la gouvernance et le renforcement de la justice ; la gestion des questions humanitaires et le relèvement économique et la communication et la coordination des interventions. À l’instar du plan de sécurisation intégré des régions du Centre de 2017, cette Stratégie nationale peine également à résoudre définitivement la crise.

Pour Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, cela est dû à un certain nombre de paramètres. « La stratégie n’a jamais véritablement décollé. Elle a été élaborée principalement par le cadre politique pour la gestion de la crise sécuritaire au Centre. Ce cadre était principalement soutenu par des partenaires étrangers, dont la MINUSMA et d’autres acteurs. Avec le retrait de certains de ces partenaires, comme la mission onusienne, et le rétrécissement de l’appui au pays, le cadre politique lui-même a été fermé il y a peu plus d’un an, sans qu’on ait véritablement eu l’occasion d’implémenter cette stratégie », explique-t-il.

Pour cet expert des questions sécuritaires, la crise du Centre du Mali perdure parce que les autorités du pays peinent à trouver une réponse globale et multiforme qui inclurait, en plus de la réponse militaire, une stratégie politique, économique et sociale. « Tant qu’on n’aura pas une réponse intégrée qui prenne en compte les différentes dimensions, il sera difficile de venir à bout de cette insécurité », avertit Baba Dakono. « Il y a la nécessité d’avoir une stratégie globale de sécurisation du pays qui permettra de mettre un peu plus en avant les autres dimensions de la crise pour y apporter des réponses », conclut-il.

Mohamed Kenouvi

 

Modibo Mao Makalou : « La relance économique du Mali nécessite une gestion budgétaire rigoureuse »

Modibo Mao Makalou est un économiste formé au Canada et aux États-Unis, ayant occupé des postes clés à la Présidence de la République malienne de 2002 à 2017. Il a également travaillé dans les secteurs des hydrocarbures et des mines. Dans cette interview, il met en lumière l’importance de la session budgétaire du Conseil National de Transition et le projet de loi de finances 2025, soulignant que le budget est un outil crucial pour équilibrer les finances de l’État et soutenir les populations vulnérables face aux défis économiques. Propos recueillis par Massiré Diop.

  1. Une nouvelle session appelée « session budgétaire du Conseil National de Transition s’est ouverte depuis la semaine dernière. Parmi les points à l’ordre du jour de cette session figure le projet de Loi de finance 2025. Pouvez-vous revenir sur les grandes lignes et l’importance de cette session ?

Modibo Mao MAKALOU: Chaque Etat doit déterminer ses ressources et ses charges. Il est même fait obligation par la Constitution d’établir un équilibre budgétaire, c’est-à- dire que les charges soient déterminées, et que l’on doive aussi déterminer les ressources pour financer ces charges. En réalité, le budget est un acte politique symbolique très fort qui est adopté en Conseil des ministres puis voté par les députés. Il permet à l’Etat non seulement de lever l’impot, de s’endetter mais aussi de faire face à ses dépenses régaliennes et autres dépenses de fonctionnement et d’investissements. Le budget d’État est un document très important qui contient des priorités nationales dûment définies ainsi que les dotations budgétaires qui correspondent à ces priorités.

La session parlementaire d’octobre est appelée la session budgétaire et c’est durant cette période que le projet de loi de finances qu’on appelle aussi la loi de finances initiale devient la loi de finances, quand elle est approuvée par le parlement, autorisant ainsi l’Etat à prélever les recettes fiscales et budgétaires et à effectuer les dépenses budgétaires. La Constitution du 25 février 1992 détermine en ses articles. 70 et 77 que l’Etat doit déterminer ses charges et ressources dans un équilibre budgétaire et financier. Pour cela, l’Etat et ses démembrements expriment leurs besoins en termes des charges financières. Après on consolide tout cela ensuite, on détermine les ressources financières qui vont couvrir ses charges durant une année.

  1. Quelles sont vos impressions sur les grandes du projet de loi de finances 2025.

MMM: Le Gouvernement du Mali a adopté le mercredi 18 septembre 2024 lors du Conseil des Ministres un projet de loi de finances pour l’exercice 2025. Les dépenses budgétaires sont estimées à 3229,8 milliards FCFA en 2025 contre 3070,7 milliards FCFA en 2024, soit une progression de 5,18 milliards F contre une progression des recettes budgétaires de 10,93%, celles sont évaluées à 2648,9 milliards FCFA en 2025 contre 2387,8 milliards FCFA en 2024. Aussi, le déficit budgétaire est estimé à 581 milliards FCFA pour 2025 contre 682,8 milliards FCFA en 2024 soit une baisse de 14,92%.

Par ailleurs, les dépenses électorales sont estimées à 80,750 milliards FCFA et les dépenses de fonctionnement régulier de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) sont estimées à 6,093 milliards FCFA dans le projet de loi de finances 2025.

  1. Avec le défi de maintenir une croissance économique tout en faisant face à l’instabilité politique et sécuritaire, quelles stratégies budgétaires le Mali devrait-il adopter pour stabiliser son économie et soutenir la création d’emplois pour la jeunesse malienne?

MMM: Présentement, le pouvoir d’achat est en train de s’effriter et c’est partout dans le monde dans les pays les plus riches tout comme dans les pays aux revenus les plus faibles. Les prix de l’alimentation ont beaucoup augmenté, de même que ceux de l’énergie suite à la hausse du prix du baril de pétrole et de l’appréciation du dollar face à l’euro et au F CFA. L’Etat devra nécessairement continuer les subventions des produits de première nécessité de même que des transferts d’argent ciblés envers les couches de

population les plus vulnérables, et cela engendrera une hausse des dépenses publiques et de la dette publique. Il va falloir trouver des solutions pour améliorer le pouvoir d’achat, c’est-à-dire en subventionnant davantage et en diminuant certains prix des produits de première nécessité tout en surveillant étroitement que les subventions sont réellement bénéfiques aux populations. Les hausses de prix impactent de façon disproportionnée les ménages les plus pauvres, qui doivent dépenser une plus grande part de leurs revenus sur l’alimentation, par rapport aux ménages plus aisés.

Pour relancer son économie, le Mali devrait essentiellement utiliser la politique budgétaire ou fiscale qui constitue le meilleur instrument de politique économique conjoncturelle plutôt que la politique monétaire. Il s’agira essentiellement à travers les dépenses publiques de cibler les secteurs clés et les services de base essentiels, comme l’agriculture, l’éducation, la santé, la protection sociale, l’eau potable, l’industrie, les logements, le développement urbain et l’assainissement, de même que des infrastructures de base de qualité qui ont une forte incidence sur la réduction des inégalités, surtout parmi les couches les plus vulnérables, notamment le secteur informel, les femmes, les filles et les jeunes mais aussi d’augmenter, de diversifier et de transformer la production nationale, stimuler la production d’aliments et d’engrais, améliorer les systèmes alimentaires, soutenir les ménages les plus vulnérables et les producteurs vulnérables pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

  1. Pensez-vous que les prévisions budgétaires actuelles suffisent pour faire face aux défis posés par la dette publique et le service de la dette dans le contexte de la situation économique globale du Mali? Quels ajustements recommanderiez-vous?

MMM: Le gouvernement du Mali est en train d’exécuter son 7ème budget- programme de budget même si nous n’avons pas entièrement basculé dans le budget programme. Il y a des programmes avec leurs objectifs et indicateurs de performance, c’est la gestion axée sur les résultats. Avant, nous avions ce qu’on appelle un budget des moyens, c’est-à-dire on vous donne une somme et vous devriez la dépenser. Maintenant, c’est en termes d’objectifs. C’est ce qui explique les programmes, objectifs et les indicateurs. Cette approche permet de savoir si les institutions et ministères ont atteint les cibles ou pas. Dans presque tous les pays du monde, les dépenses budgétaires dépassent les recettes budgétaires. Le fonctionnement d’un Etat demande un certain nombre de choses. Il y a des missions régaliennes comme les services sociaux de base, la défense, la justice…. Le déficit budgétaire est financé par la dette publique (qui est constituée de la dette intérieure qui est libellée en monnaie locale et de la dette extérieure qui est libellée en monnaie étrangère qui lorsqu’elles ont librement convertibles sont appelées devises). Aussi certains pays qui bénéficient de l’assistance extérieure ou l’aide publique au développement l’utilise pour combler une partie des déficits budgétaires. Malheureusement cette aide publique au développement est en train de tarir car ceux qui fournissent l’aide sont eux-mêmes confrontés à des difficultés financières et budgétaires. Notons que les 8 pays membres de l’Union monétaire Ouest africaine (UMOA) qui ont en partage le FCFA en Afrique de l’Ouest utilisent constamment le marché sous-régional monétaire et financier pour financer la trésorerie des 8 États membres. La stratégie d’endettement de notre pays envisage d’emprunter environ 150 milliards de FCFA sur le marché financier de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) durant le 4ème  trimestre de 2024.

La dette extérieure du Mali demeure modérée selon le Fonds Monétaire International (FMI), avec une certaine marge pour absorber les chocs. La dette publique (extérieure et intérieure) se situe à 56,9% du PIB à fin 2023, contre 53,1% en 2022. Quant à la dette intérieure, elle est essentiellement composée de titres publics (85,7%). La dette publique était estimée à 51,6% du PIB en 2024 et devrait baisser à 50,6% du PIB en 2025. La hausse sur le court terme de la dette publique malien résulterait d’une hausse du service de la dette suite au resserrement de ma politique monétaire pour lutter contre l’inflation mais aussi d’une accumulation importante d’arriérés intérieurs envers les fournisseurs pour faire face au remboursement de la dette publique.

 

Mohamed Maïga : « Le Mali ne peut pas organiser des élections dans les circonstances actuelles »

Face à l’instabilité persistante au Mali, Mohamed Maïga, consultant – expert en Politiques sociales et territoriales, explique pourquoi les conditions actuelles ne permettent pas d’organiser l’élection présidentielle. Il explore les raisons de ce report, ses implications pour la transition politique et les réformes nécessaires pour stabiliser le pays. Propos recueillis par Massiré Diop.

Quel est votre point de vue sur la décision des autorités de reporter l’élection présidentielle prévue pour février 2024 ?

L’instabilité généralisée et l’insécurité au Mali rendent impossible l’organisation d’élections pour l’instant. Les ressources manquent et le fichier électoral n’est pas fiable. Avant de parler d’élections, les autorités doivent se concentrer sur la stabilisation politique et la mobilisation des fonds nécessaires.

Comment interprétez-vous l’absence d’une nouvelle date pour cette élection, malgré les engagements des autorités de la Transition ?

La lutte contre le terrorisme et la rébellion reste active, rendant difficile l’établissement d’une nouvelle date. Un dialogue constructif avec les acteurs locaux est essentiel pour avancer et le Mali doit éviter de devenir un terrain d’affrontement pour les puissances étrangères.

Quels sont les impacts immédiats de ce report sur la transition politique et sur la crédibilité des autorités aux yeux de la population et des acteurs internationaux ?

La crise actuelle nécessite des solutions durables. La crédibilité des autorités devrait se juger sur leurs efforts pour sécuriser le pays et apaiser le climat politique plutôt que sur le seul report des élections. Les acteurs internationaux doivent comprendre cette approche dans un contexte mondial tendu.

Comment ce report influence-t-il les relations du Mali avec la communauté internationale en général ?

La communauté internationale traverse une crise et n’accorde pas une priorité aux élections maliennes. Le Mali doit viser un compromis interne pour assurer une transition politique stable, sans se laisser influencer par des pressions extérieures.

Quelles réformes institutionnelles et politiques seraient nécessaires pour favoriser un retour à une gouvernance démocratique stable ?

La nouvelle Constitution est un bon point de départ. Sa mise en œuvre, la lutte contre la corruption et la décentralisation seront déterminantes pour offrir des services publics efficaces aux populations locales. La stabilité reposera sur l’accès des citoyens à ces services.

Dans quelle mesure les efforts des FAMa pour lutter contre les groupes extrémistes ont-ils été affectés par la situation politique ?

La lutte contre l’extrémisme reste une priorité. Pour des résultats durables, il faut intégrer une dimension politique à cette lutte, en engageant un dialogue avec les acteurs locaux, car l’absence de synergie a freiné les progrès.

Programme Entrepreneuriat Jeunesse : 146 jeunes entrepreneurs équipés à l’issue de la 2e phase

La deuxième phase du Programme Entrepreneuriat Jeunesse (PEJ), initié par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), sous la tutelle du ministère de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle et financé par le gouvernement du Luxembourg, vient de s’achever. Pour la circonstance, une cérémonie a eu lieu, à Bamako, le jeudi 10 octobre 2024, au cours de laquelle 146 jeunes entrepreneurs ont reçu divers équipements.

Avant cette cérémonie, une réunion du comité de pilotage du Programme a eu lieu, présentant les résultats globaux obtenus de 2022 à 2024.

La réunion du comité de pilotage du PEJ, ainsi que la cérémonie de remise officielle d’équipements aux jeunes entrepreneurs, ont été présidées par Mme Bagayoko Aminata Traoré, ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Elles ont eu lieu en présence de Maleye Diop, Représentant Résident du PNUD au Mali, de Marie-Anne Marx, Chargée d’Affaires de l’Ambassade du Royaume du Luxembourg au Mali, ainsi que d’autres personnalités de marque.
Au total, 146 entrepreneurs ont bénéficié de cette dotation. Parmi eux, 96 entrepreneurs ont vu leurs entreprises être reconnues comme économiquement viables, avec la capacité de s’intégrer dans les filières économiques et les chaînes de valeur via des groupements existants et opérationnels. Par ailleurs, 50 jeunes entrepreneurs ont été classés parmi les meilleurs dans le cadre du PEJ et ont reçu des équipements visant à améliorer la production et la productivité de leurs entreprises.
Les kits distribués aux entrepreneurs étaient adaptés aux besoins spécifiques de chaque secteur d’activité. Ils comprenaient notamment des motos tricycles, des congélateurs, des fours, des panneaux solaires, des ordinateurs bureautiques, des chaises, ainsi que des machines à laver, entre autres équipements.
Amadou Kanouté, représentant des entrepreneurs bénéficiaires, a exprimé sa gratitude en ces termes : « Nous tenons à témoigner notre profonde reconnaissance aux gouvernements du Mali et du Luxembourg ainsi qu’au PNUD pour cette initiative qui garantit l’employabilité des jeunes, conformément aux priorités nationales. » Il a poursuivi en déclarant : « Nous, bénéficiaires et lauréats du Programme Entrepreneuriat Jeunesse, nous engageons à appuyer les autres jeunes de nos communautés qui sont en attente d’opportunités, en partageant avec eux nos expériences, en les coachant et en les embauchant si nécessaire, afin de promouvoir l’entrepreneuriat et l’autonomisation des jeunes au Mali. »
De son côté, Mme Bagayoko Aminata Traoré, ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a réaffirmé la confiance du gouvernement en ces jeunes entrepreneurs, soulignant leur capacité à innover, à créer de la valeur, à générer des emplois et à contribuer de manière significative à la croissance économique nationale. Elle a également exhorté les entrepreneurs à faire un bon usage des équipements reçus, afin qu’ils puissent bénéficier à toute la communauté à travers l’offre de services de qualité, conformément aux objectifs fixés.
Maleye Diop, Représentant Résident du PNUD au Mali, a quant à lui déclaré : « Cette remise d’équipements est plus qu’un acte symbolique. C’est un pas supplémentaire vers le renforcement de votre résilience et de la productivité de vos entreprises. Soyez assurés de notre soutien, aux côtés du gouvernement malien et de nos partenaires. »
La deuxième phase du Programme Entrepreneuriat Jeunesse, financée à hauteur de 2,25 millions d’euros (environ 1,5 milliard de FCFA) par le Luxembourg, s’est déroulée de janvier 2022 à décembre 2023, avec une extension de six mois jusqu’en juin 2024. Au cours de cette période, 945 jeunes, dont 40 % de filles, ont bénéficié de sessions de renforcement des capacités en entrepreneuriat. Parmi eux, 702 jeunes ont été présélectionnés et 681 ont participé à des compétitions de pitch. À l’issue de ces compétitions, 500 jeunes ont reçu un financement de 2 500 dollars chacun pour développer leurs entreprises.
Le Programme a débuté en 2020 avec une première phase de 19 mois, allant de novembre 2020 à juin 2022.
Mohamed Kenouvi

Biennale africaine de la photographie : La 14ème édition lancée

La cérémonie de lancement de la 14ème édition des Rencontres de Bamako / Biennale africaine de la photographie s’est tenue le 4 octobre, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), présidée par le ministre de de la Culture, Andogoly Guindo.

Le thème choisi pour cette édition est « Kuma », qui signifie « Parole » en bamanankan. L’événement est prévu du 16 novembre 2024 au 16 janvier 2025 et regroupera une trentaine d’artistes venus d’Afrique et de la diaspora. Créées en 1994 sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, les Biennales de Bamako se sont imposées au fil des ans dans l’agenda photographique à l’échelle du continent. Véritable plateforme de visibilité pour les artistes photographes et vidéastes d’Afrique et de sa diaspora, elles ont contribué à développer la carrière de nombre d’entre eux et permis à certains d’acquérir un statut international, voire mondial. Elles participent ainsi à la fois à la reconnaissance et à la consécration de la photographie africaine. Cette année, plusieurs sites ont été retenus pour les expositions des photographies des différents lauréats, notamment le Musée National, le Palais de la Culture, le Musée du District, etc. Plus de 300 professionnels et une centaine de journalistes sont attendus. Parmi les 30 artistes sélectionnés sur plus de 500 candidatures figurent 4 Maliens, dont 2 femmes.

Des discours forts 

Dans son discours d’introduction, le ministre Guindo a expliqué le choix du mot « Kuma » comme thème principal de cette édition. Pour lui, « le choix du mot Kuma peut paraître étrange, mais c’est dans ce paradoxe que réside l’intérêt. La photographie parle sans mots. En observant et par la sensation, il est aisé de comprendre tout le langage qui y est déroulé ». De son côté, Lassina Igo Diarra, Directeur artistique de cette 14ème édition, a ajouté : « l’inspiration du mot Kuma est venue parce que nous avons estimé qu’il n’y avait pas assez de discours forts du continent africain, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. C’est par rapport à ce manque de voix que nous avons choisi le mot Kuma, pour que la voix de l’Afrique porte dans le monde et en Afrique ».

Lors de cette cérémonie, le Réseau des Communicateurs Traditionnels pour le Développement, à travers son porte-parole Amadou Dagamaissa, a exprimé sa volonté de voir revenir la parole aux mains des Niamakalaw afin de préserver la paix dans nos sociétés. Pour cette édition, l’artiste malien Salif Keïta a été choisi comme Ambassadeur.

Fatouma Cissé

Baisse du prix du carburant au Mali : Une mesure salutaire  mais sans impact sur les coûts de la vie quotidienne

À compter de ce vendredi 11 octobre, une nouvelle grille tarifaire pour le carburant entre en vigueur au Mali. Le prix du litre d’essence baisse de 850 F CFA à 800 F CFA, et celui du gasoil passe de 800 F CFA à 750 F CFA. Cette réduction, bien que modeste, a été accueillie avec satisfaction par les automobilistes et les transporteurs.

Toutefois, cette baisse n’a, pour l’heure, aucun impact sur les prix des denrées de première nécessité ni sur les tarifs des transports au Mali. Les consommateurs, qui espéraient un ajustement des prix des produits alimentaires et autres services liés au carburant, demeurent donc perplexes face à cette situation.

Cette décision de révision à la baisse du prix du carburant vise à soutenir le pouvoir d’achat des citoyens. Selon des experts, cette baisse s’explique par plusieurs facteurs, tels que les fluctuations du prix du pétrole sur le marché international.

Néanmoins, bien que le carburant joue un rôle important dans le coût des produits de première nécessité et des transports, aucune mesure n’a été annoncée pour adapter les prix de ces biens et services en conséquence. Nombreux sont les consommateurs déçus par le fait que cette baisse n’ait pas de répercussions visibles sur les prix des produits du quotidien.

Cette situation alimente les débats sur la nécessité d’une meilleure régulation des prix et sur l’importance d’une surveillance des marges appliquées par les distributeurs. Pour justifier cette situation, les acteurs du secteur des transports et les distributeurs alimentaires invoquent souvent des coûts fixes et des engagements financiers qui ne permettent pas une réduction immédiate de leurs tarifs.

Bien que la baisse des prix du carburant soit un premier pas important, son influence sur le panier de la ménagère et les coûts de transport demeure incertaine.

Enjeux stratégiques autour de Tinzaouatène : Trafics transfrontaliers versus contrôle de l’État

Située à environ 130 kilomètres au nord de Kidal, la localité de Tinzaouatène est au centre des préoccupations sécuritaires au Mali. Le 30 septembre dernier, une colonne de l’armée malienne s’est dirigée vers cette zone dans une tentative de reprendre son contrôle des mains des groupes armés rebelles, après une première offensive infructueuse en juillet. Dix jours plus tard, bien que la localité échappe toujours au contrôle de l’armée, cette dernière a déclaré le mardi 8 octobre, avoir récupéré les dépouilles de militaires tombés lors des affrontements de juillet. Cette annonce souligne la persistance des efforts de l’armée pour honorer ses soldats tout en luttant pour la reconquête de cette localité stratégique.

Depuis les violents combats de juillet, l’armée malienne a intensifié ses frappes aériennes et ses opérations terrestres contre les positions rebelles. Bien avant cette date, elle menait déjà des opérations dans cette localité. Ce qui avait permis en décembre 2023 la neutralisation de Hassan Ag Fagaga, un ancien militaire devenu figure centrale de la rébellion qui s’était réfugié à Tinzaouatène après avoir été délogé de Kidal. Cette localité est ainsi devenue un point focal dans la lutte entre l’armée malienne et les groupes armés, avec une intensification des opérations militaires et des enjeux géopolitiques dans la région.

Contrebande et trafics illégaux

Tinzaouatène est stratégique non seulement pour des raisons militaires, mais aussi en raison de sa position, au carrefour des routes de trafic transfrontalier. La localité est un centre névralgique pour des réseaux illégaux de drogue, d’armes, d’or et même d’êtres humains, avec des migrants qui s’y trouvent dans le but de rallier l’Algérie puis de rejoindre les côtes européennes. Les groupes armés qui contrôlent ces routes imposent des taxes sur les marchandises transitant par la région, utilisant ces revenus pour financer leurs activités et renforcer leur emprise sur le territoire. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), cette zone est l’un des principaux points de transit pour la cocaïne en provenance d’Amérique latine destinée aux marchés européens.

L’économie souterraine qui en découle prospère grâce à l’instabilité persistante, aux rivalités ethniques et à l’absence d’un solide contrôle étatique. Cette économie parallèle rend difficile toute tentative de pacification ou de stabilisation durable, alimentant un cercle vicieux d’insécurité dans la région.

Défis géographiques et militaires

Outre les menaces posées par les groupes armés, les défis géographiques de Tinzaouatène constituent une contrainte majeure pour l’armée malienne. La région est caractérisée par un terrain désertique parsemé de rochers et de grottes, favorable aux embuscades et aux tactiques de guérilla. Les conditions climatiques extrêmes, telles que les tempêtes de sable, compliquent davantage les opérations militaires, réduisant la visibilité et la mobilité des troupes.

Malgré ces obstacles, l’armée a intensifié ses opérations dans les localités avoisinantes, comme In-Tifirkit, Tin-Essako, Inakarot et En-Azerraf, probablement dans le but de sécuriser la zone et de préparer une offensive coordonnée. Pour certains observateurs, ces efforts soulignent la volonté des autorités de réaffirmer la souveraineté sur une zone stratégique pour la sécurité et de couper les routes de contrebande reliant le Mali à l’Algérie et au Niger.

Enjeux géopolitiques et implications internationales

L’implication d’acteurs internationaux rend la situation à Tinzaouatène encore plus  complexe. L’Algérie a renforcé sa présence militaire et intensifié sa surveillance le long de la frontière pour, dit-elle, prévenir toute incursion d’éléments armés sur son territoire. Et les tensions diplomatiques actuelles entre Alger et Bamako compliquent une éventuelle coopération sécuritaire.

De plus, le rôle de l’Ukraine a ajouté une nouvelle dimension géopolitique au conflit. Le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec ce pays en août dernier, accusant Kiev d’avoir soutenu les rebelles lors des affrontements de juillet. Le gouvernement malien a qualifié cette aide présumée de « soutien au terrorisme international ». Cette situation démontre comment les rivalités géopolitiques à l’échelle mondiale se répercutent sur les conflits régionaux.

Il est donc clair que Tinzaouatène incarne bien plus qu’une simple zone de conflit au Mali. Elle représente une intersection complexe où se mêlent contrebande, ambitions géopolitiques et luttes pour le contrôle territorial. Chaque acteur – local ou international – y voit une opportunité d’exploiter l’instabilité pour ses propres intérêts économiques et stratégiques. La reconquête de cette localité par l’armée malienne ne relève pas uniquement d’une question de souveraineté nationale, mais aussi de la nécessité de stabiliser une zone clé pour freiner les flux de commerce illicite et renforcer l’influence de l’État.

Massiré Diop

 

Vive le protectionnisme ?

En cette période de transition, le ministère de l’Industrie et du Commerce s’active sur une voie que l’on pourrait qualifier de protectionniste. Une politique interventionniste qui vise à protéger les productions locales et à en favoriser les acteurs locaux.

L’on retiendra deux mesures à apprécier diversement.

La première remonte à août 2023 et concerne l’interdiction d’importation de farine de blé et de pâtes alimentaires. Une décision dont l’effectivité a pris corps ces derniers mois et qui pourrait réellement booster les producteurs de pâtes locaux ainsi que les quelques minoteries dont est doté le pays. Cela dit, attention, nous continuerons à importer du blé puisque nous ne produisons qu’un peu plus de 10% de ce que nous consommons…

Une autre décision prise le 3 octobre dernier par le même ministère conjointement avec celui de l’Economie et des Finances, suspend l’exportation cette fois des noix de karité, du soja, des arachides et du sésame. L’ambition du gouvernement est de stimuler l’industrie locale et de protéger les productions nationales. Une démarche à saluer mais n’est-on pas en train de mettre la charrue avant les bœufs ? Mettons en place une industrie de transformation performante de ces matières premières avant de vouloir en faire la promotion ! Aujourd’hui nous ne disposons que d’une unité industrielle de transformation des noix de karité. Le reste de notre production qui est la deuxième d’Afrique de l’ouest, est transformée artisanalement ce qui compromet une exportation du beurre. La question se pose de façon plus prégnante encore pour le soja ou le sésame pour lesquels nous ne sommes pas équipés d’unités de transformation industrielle, l’essentiel de la production qui atteint 100 000 tonnes pour le sésame étant exportée.

Reste à connaître la durée de cette suspension qui pourrait faire grimper les prix de ces denrées sans pour autant favoriser le développement d’une industrie locale. Là est pourtant le préalable. Œuvrons !

Aurélie Dupin

 

Coton africain : La transformation reste faible

La Journée mondiale du coton a été célébrée le lundi 7 octobre 2024 dans un contexte toujours marqué par une faible capacité de transformation en Afrique et des productions vulnérables aux effets du changement climatique. Les acteurs, réunis pendant deux jours, doivent donc envisager des solutions pour améliorer la rentabilité et inscrire dans la durabilité la production, menacée par d’autres spéculations.

L’apparition des jassides lors de la campagne agricole 2022 – 2023 dans la plupart des pays producteurs de coton, en Afrique de l’Ouest notamment, a entraîné une baisse drastique de la production. Cette contrainte s’est ajoutée au coût élevé des intrants et à l’appauvrissement des sols. Ces difficultés ont favorisé l’émergence de cultures concurrentes au coton, comme le maïs, l’arachide ou encore le sésame.

Le cadre de réflexion que constitue cette rencontre annuelle doit donc permettre de trouver des solutions aux défis liés à la transformation et à la commercialisation de ce produit d’exportation.

Booster la transformation

« Aujourd’hui, seulement 10% du coton est transformé en Afrique. Le défi, c’est que d’ici 2035 50% de la production de coton de l’Afrique soit transformée sur le continent », a indiqué le ministre béninois du Commerce et de l’Industrie.

À l’instar des autres pays producteurs, le Mali transforme également une faible partie de sa production, estimée à environ 2%. Après plusieurs années d’arrêt, la Compagnie malienne des textiles (COMATEX), la principale unité industrielle dans le domaine, est en phase de relance.

Le Mali, après les pertes subies suite à l’invasion des jassides en 2022, a regagné sa première place en Afrique, avec une production de 690 000 tonnes. Pour la campagne 2024 – 2025, le pays prévoit une production de 765 000 tonnes de coton graine, soit une hausse de 11% par rapport à la campagne précédente. Les autorités ont également annoncé une augmentation du prix au producteur à 300 francs CFA le kilogramme, contre 295 francs lors de la dernière campagne. Parmi les mesures incitatives également annoncées, le maintien des subventions sur les intrants, ramenant le prix d’un sac de 50 kg d’engrais minéral à 14 000 francs CFA contre 19 000 francs antérieurement. Ces mesures n’occultent cependant pas les difficultés de la filière, dont les acteurs continuent de souffrir. Le retard observé dans le paiement de la production, ainsi que la faible disponibilité de l’engrais, ont entravé le démarrage de la saison pour beaucoup de producteurs. Reste à savoir si la campagne, tardive mais marquée par des pluies abondantes, aura un impact positif sur la filière.

Fatoumata Maguiraga

Affaire Al Mahdi : Des réparations collectives remises à la communauté par le Fonds au profit des victimes de la CPI

Le Mémorial Modibo Kéïta de Bamako a abrité, le jeudi 9 octobre, une conférence de presse, animée par les responsables du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI). Une occasion mise à profit par ces derniers  pour faire le point sur l’état d’avancement des réparations collectives destinées à la communauté de Tombouctou.

Cette rencontre faisait suite à une mission conjointe menée à Tombouctou avec les autorités maliennes dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de réparation initiées après les actes de destruction perpétrés par Ahmad Al Faqi Al Mahdi.

Au cœur de ces initiatives se trouve l’inauguration d’un monument mémoriel nommé Louha, symbolisant la résilience de la communauté de Tombouctou face aux crimes commis en 2012. Mme Aude Le Goff, responsable du Fonds a souligné lors de la conférence que « ce mémorial représente à la fois un lieu de mémoire et un hommage à l’érudition et à l’ouverture de la ville sur le monde ». Le monument a été érigé sur la place publique Diamane Hana sous l’égide du gouverneur de la région, Bakoun Kanté.

La conférence a également permis de détailler les efforts déployés pour la restauration du patrimoine détruit, incluant la reconstruction du mausolée du Cadi Cheick Mohamed Mahamoud Ben Cheick Al Arawani, restitué à ses descendants et la réhabilitation des murs de clôture des cimetières historiques, grâce à l’appui de l’UNESCO. M. Modibo Bagayoko, représentant de l’UNESCO, a déclaré que « ces mesures visent à renforcer la préservation du patrimoine culturel de Tombouctou et à prévenir de futures atteintes à ce riche héritage. »

En réponse aux préjudices subis par la communauté, le Fonds au profit des victimes et ses partenaires ont également mis en place des projets socio-économiques pour atténuer l’impact économique des crimes de 2012. Parmi les initiatives figure l’accompagnement de 42 projets locaux par la Fondation CIDEAL, avec un financement total de 273 millions de FCFA (environ 417 000 euros), visant à renforcer la cohésion sociale, protéger l’environnement et soutenir les activités économiques locales.

La présidente du conseil de direction du Fonds, Minou Tavárez Mirabal a précisé que « cette phase finale de réparation se concentrera sur des mesures d’appui à l’activité économique jusqu’en décembre 2025, pour permettre à la communauté de reprendre pleinement sa dynamique de développement ».

Sariya Bato : Renforcement des cliniques juridiques universitaires

Le projet Sariya Bato, financé par l’USAID, a organisé les 8 et 9 octobre, une conférence sur le rôle des cliniques juridiques universitaires dans la démocratisation de l’accès à la justice au Mali. L’événement s’est tenu à l’hôtel « Maeva Palace » de Bamako.

Le projet Sariya Bato, qui signifie « respect du règne de la loi », vise à soutenir les efforts du gouvernement malien pour instaurer des institutions judiciaires nationales plus efficaces, performantes et responsables. Lors de son discours d’introduction, Jean Lavoix, directeur du projet Sariya Bato a expliqué que « le projet est conçu pour répondre aux besoins urgents de la population malienne en renforçant la capacité du secteur judiciaire à offrir des services de qualité, accessibles et équitables ». Ce projet, qui s’étend sur une période de cinq ans (2024-2029), est structuré autour de quatre composantes : le renforcement des institutions du secteur judiciaire, l’amélioration de l’accès à la justice, la lutte contre la corruption, ainsi que la mise en place de mécanismes de contrôle et la protection et l’amélioration des droits de l’homme.

Les cliniques juridiques universitaires sont des structures qui permettent aux étudiants de mettre en pratique les connaissances acquises à l’école dans des situations réelles, en simulant des procès, des plaidoyers, etc. La conférence a réuni des étudiants en droit, des professeurs et des chercheurs. Lors de cette rencontre, les différents panélistes ont expliqué le rôle des cliniques juridiques universitaires dans la promotion de l’accès à la justice, notamment leur fonction d’accompagnateurs, de conseillers et de formateurs.

Mme Diarra Fatoumata Dembélé, présidente de l’Observatoire des droits de la femme, a ensuite énuméré les défis auxquels font face les cliniques juridiques, tels que la méconnaissance de leur existence et le désistement des clients lors des procès, entre autres. Par la suite, les représentants des cliniques juridiques universitaires de l’ISPRIC, de l’UCAO-UUBA et de l’Université des sciences juridiques et politiques ont, à tour de rôle, présenté leurs cliniques juridiques et les différentes activités qu’ils y ont menées.

Le deuxième jour de la formation était centré sur des travaux d’échanges, au cours desquels conférenciers et participants ont formé des groupes de travail pour discuter de différents thèmes, tels que les stratégies pour harmoniser les outils des cliniques juridiques et l’utilisation des cliniques juridiques pour améliorer leur efficacité. Ces échanges ont débouché sur l’élaboration d’un plan d’action commun visant à renforcer le rôle des cliniques juridiques.

 

Transition : Silencieuse, la classe politique condamnée à la pénombre

Trois mois après la levée de la mesure d’interdiction des activités des partis politiques, la classe politique malienne peine à reprendre la parole et à jouer pleinement son rôle dans l’espace public. La plupart des leaders restent dans l’ombre, absents des débats publics, et souffrent d’une perte de popularité auprès de l’opinion générale. Les partis politiques semblent avoir déserté l’animation de la vie publique, une attitude dictée par divers facteurs contextuels qui alimente le débat sur la survie des partis et l’avenir du système démocratique au Mali.

Les partis politiques, autrefois très vocaux dans leur opposition à l’interdiction de leurs activités, ont durement critiqué la décision prise par le gouvernement le 10 avril 2024. Ils réclamaient sans cesse la levée de cette mesure, qui empêchait toute forme d’activité politique, tant pour les partis que pour les associations politiques. Cependant, depuis que les autorités de la Transition ont fait marche arrière et levé cette interdiction, le 10 juillet dernier, les partis politiques, loin de se précipiter pour occuper à nouveau l’espace, semblent fonctionner au ralenti, suscitant des interrogations sur leur stratégie et leurs priorités.

Silence pesant et absence de leadership

Le manque d’activités publiques, les choix délibérés de ne pas se prononcer sur les sujets d’actualité, ainsi que l’absence de prises de position fortes de ses leaders montrent une classe politique qui affiche un profil bas. À l’exception de quelques formations, dont les responsables font de timides tentatives pour rester actifs et visibles dans la sphère publique, la majorité des partis politiques semble s’être repliées dans une posture d’attente et de silence.

Une partie de cette discrétion peut s’expliquer par la solidarité avec les 11 leaders politiques de la Coalition du 31 mars arrêtés depuis juin dernier. Les partis affiliés à cette coalition ont choisi de suspendre leur participation active à la vie politique, en signe de protestation et de solidarité, espérant obtenir la libération de leurs camarades. Cette situation crée une sorte de paralysie au sein de l’ensemble de la classe politique, freinant toute tentative d’autres acteurs de s’exprimer librement ou de s’engager dans des activités politiques visibles.

Diverses raisons à ce silence

Le silence actuel des partis politiques ne peut pas être attribué à une cause unique. Les motivations varient considérablement d’un parti à l’autre et sont influencées par des calculs politiques, des peurs ou des stratégies de positionnement. Hamidou Doumbia, Secrétaire politique du parti Yelema, l’un des rares partis encore actifs sur la scène politique, évoque des facteurs internes qui poussent à l’autocensure.

« L’autocensure est motivée par une certaine peur, mais aussi par un souci de positionnement stratégique. Certains pensent que les autorités de la Transition jouissent encore d’une certaine popularité, même si cette perception est erronée. Ils craignent qu’en prenant des positions impopulaires, ils ne risquent de perdre des soutiens électoraux », explique-t-il.

Hamidou Doumbia poursuit en détaillant d’autres attitudes observées parmi les partis : « certains adoptent une approche opportuniste, préférant attendre que le paysage politique se redessine avant de prendre des risques. Ils estiment qu’il est plus prudent de garder le silence et d’attendre le moment opportun, plutôt que de compromettre leurs chances futures. »

Rétrécissement et discrédit

Au-delà des raisons spécifiques à chaque parti, de nombreux observateurs s’accordent pour dire que l’espace politique au Mali s’est rétréci de façon significative depuis le début de la Transition. Ces restrictions limitent la capacité des partis politiques à mener des actions significatives et à s’exprimer librement. Soumaila Lah, chercheur et Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la réforme du secteur de la Sécurité, souligne que « les contraintes actuelles empêchent les partis politiques d’agir comme ils le devraient, les forçant à adopter une posture d’observation ».

Ce contexte difficile est également aggravé par la perception négative que l’opinion publique a des partis politiques, souvent perçus comme responsables des échecs de la gouvernance précédente. Dr. Bréhima Mamadou Koné, politologue, rappelle que : « le discrédit jeté sur la classe politique au cours des dernières années est en partie responsable du silence des partis. On les accuse d’être les seuls responsables de l’effondrement de l’État, ce qui est une vision simpliste et réductrice de la réalité ».

Nouhoum Togo, Président du parti USR (Union pour la sauvegarde de la République), ajoute : « on assiste à une campagne de discrédit contre les hommes politiques. Pourtant, malgré leurs défauts, ce sont eux qui ont l’expérience nécessaire pour gérer le pays. »

La démocratie mise en péril

L’absence de débats publics et la réduction de l’espace de liberté d’expression, accentuée par la loi sur la cybercriminalité, ont un impact direct sur le fonctionnement de la démocratie au Mali. Dr. Koné l’explique : « aujourd’hui, beaucoup ont peur de s’exprimer, de peur d’être accusés ou persécutés s’ils critiquent les autorités de la Transition ».

Cette situation a renforcé chez certains l’idée que la gestion militaire est préférable à un retour à un régime démocratique, souvent jugé inefficace et corrompu. Cependant, tous ne partagent pas cette opinion. « Remettre en question la démocratie, c’est se tromper de cible », déclare Soumaila Lah. « Ce n’est pas le principe de la démocratie qui pose problème, mais la manière dont elle a été appliquée au Mali ».

Hibernation ou extinction ?

La situation actuelle pose la question de la survie des partis politiques. Les critiques et les menaces de réduction de leur nombre, voire leur disparition, figurent parmi les recommandations des derniers forums nationaux, tels que les Assises nationales de la Refondation et le Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation. La question est de savoir si les partis politiques sont simplement en hibernation, attendant des temps meilleurs, ou s’ils sont voués à une disparition orchestrée par les autorités actuelles et soutenue par l’opinion publique.

Pour Soumaila Lah, « une République sans partis politiques n’est pas envisageable. Même si les circonstances actuelles sont difficiles, les partis politiques reviendront sur le devant de la scène lorsque la tempête se sera calmée ».

Hamidou Doumbia partage cet avis : « il est probable que la scène politique se reconfigure, que certains partis perdent de leur représentativité, mais la politique continuera, que ce soit avec les acteurs actuels ou avec de nouveaux visages ».

Mohamed Kenouvi

Le Djoliba et le Stade Malien dans le Gotha du football africain

 

Le 22 septembre fut non seulement l’occasion de célébrer le 64ème anniversaire de l’indépendance du Mali, mais aussi un jour de triomphe pour le football malien. En effet, les deux clubs les plus prestigieux du pays, le Djoliba Athletic Club (DAC) et le Stade Malien de Bamako (SMB), avec chacun 23 titres de champion national, ont ravi leurs supporters en se qualifiant pour les phases finales des deux compétitions africaines interclubs : la Champion’s League et la Coupe de la Confédération (Coupe CAF).

Après deux tours préliminaires rassemblant 58 clubs dans chaque compétition, les représentants maliens ont surclassé leurs adversaires respectifs. Le Djoliba a éliminé l’ASKO de Kara (Togo), tandis que le Stade Malien a pris le dessus sur Painesville FC du Liberia. Les deux équipes rejoindront les phases de groupes composées de 16 équipes chacune. Le Djoliba disputera la Champion’s League, tandis que le Stade tentera sa chance dans la Coupe de la Confédération. Les tirages au sort pour ces compétitions auront lieu le lundi 7 octobre. Le Djoliba devient ainsi le premier club malien à participer à la phase finale de la Champion’s League depuis la création de cette compétition en 1997, soit 27 ans après. Quant au Stade, il a déjà remporté la Coupe CAF en 2009.

Cette double qualification a insufflé un vent de fierté dans le football malien et au-delà, unissant les Maliens dans un élan patriotique. Des commentateurs enthousiastes n’ont pas hésité à qualifier cet exploit « d’historique ». Historique, sans doute, car après 27 ans d’absence le Djoliba a enfin brisé la malédiction qui semblait peser sur les clubs maliens, incapables jusque-là de figurer parmi l’élite du football continental. Néanmoins, il convient de modérer cet enthousiasme : battre une équipe relativement méconnue comme l’ASKO du Togo n’est peut-être pas un exploit aussi retentissant qu’il n’y paraît.

Le Djoliba peut-il rêver de dominer l’Afrique ? Beaucoup d’observateurs, notamment parmi les supporters et les dirigeants de l’équipe, affirment que « tout est possible » en football. Mais les ressources du Djoliba sont-elles à la hauteur de ses ambitions ? Sous la houlette d’un jeune entraîneur sérieux et ambitieux, Demba Mamadou Traoré, l’équipe malienne veut prouver sa soif de conquête. Son principal atout : la jeunesse de ses joueurs. Ces derniers sont déterminés à se surpasser, non seulement pour leur club, mais aussi pour attirer l’attention des recruteurs, présents en nombre lors des compétitions continentales.

Toutefois, les chances du Djoliba face aux géants du football africain comme Al Ahly SC (12 titres), le TP Mazembe de la République Démocratique du Congo, ou encore le club égyptien Zamalek (5 titres), l’Espérance de Tunis et les formations marocaines Raja et Wydad (WAC) semblent plus incertaines. Ces clubs bénéficient non seulement d’une grande expérience, mais aussi de moyens financiers considérables.

L’ambition n’est certes pas interdite, mais un excès d’optimisme sans réalisme peut être fatal. Le budget annuel de 2 milliards de francs CFA (3 millions d’euros) d’Al Ahly ferait tourner la tête à Tidiane Niambélé, l’honorable Président du Djoliba, dont le budget plafonne à seulement 100 millions de francs CFA.

Les finances demeurent le talon d’Achille du football malien. Selon une source proche de la Fédération Malienne de Football, Orange Mali verse 700 millions de francs CFA à la Fédération dans le cadre d’un contrat de sponsoring. Cependant, ces sommes sont modestes comparées à celles injectées dans le football d’autres pays africains. Chaque club bénéficie d’une subvention annuelle de 20 millions de francs CFA et chaque ligue régionale reçoit 4 millions.

Depuis plusieurs années, l’État malien a cessé de prendre en charge les frais des clubs participant aux compétitions internationales. Ainsi, le Djoliba et le Stade Malien doivent compter uniquement sur leurs propres ressources. La survie des clubs au Mali relève presque du miracle. Pourtant, une lueur d’espoir se profile à l’horizon : une récente rencontre entre la Fédération et le ministère de la Jeunesse et des Sports pourrait marquer un changement positif dans l’attitude de l’État vis-à-vis du soutien aux clubs en compétition.

Diomansi Bomboté