Autonomisation des femmes : un vaste programme

Processus complexe destiné à permettre aux femmes d’accéder à la jouissance de plusieurs droits, l’autonomisation est souvent malheureusement réduite à l’exercice d’activités génératrices de revenus. Ce qui entrave encore plus la possibilité pour les femmes d’espérer une amélioration de leur situation.

Grand acquis pour les femmes afin de s’épanouir, l’autonomisation est un programme leur permettant non seulement de se prendre en charge mais aussi d’être utile à toute la société, estime Madame Bouaré Bintou Founé Samaké, Présidente du réseau Femmes, droit et développement en Afrique (Wildaf Mali).

Il faut donc une véritable politique étatique, capable de mettre en œuvre toutes les problématiques relatives à l’accès des femmes à leurs droits. « Ce n’est pas une question d’argent », insiste Madame Bouaré. Car il faut aborder les questions de l’éducation, de la santé de la reproduction et de l’entrepreneuriat ensemble afin d’y apporter des réponses globales.

Au Mali, plus de 77% des femmes vivent en milieu rural, selon le 4ème Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH). Malgré un très faible accès aux ressources, comme la terre ou le crédit, elles représentent 49% de la population active agricole et assurent plus de 70% de la production alimentaire. L’appui à la réalisation d’activités génératrices de revenus à l’endroit des femmes n’est donc qu’un volet du vaste chantier de l’autonomisation.

Plusieurs facteurs défavorables hypothèquent l’émergence économique et sociale des femmes. Dans un contexte marqué par l’insécurité alimentaire et le changement climatique, les appuis consistent à leur offrir des moyens innovants de réduire non seulement la consommation des ressources naturelles, sources d’énergie, mais aussi la réduction du temps consacré aux tâches ménagères, afin de donner plus de temps à la production.

Violences persistantes

La question de l’autonomisation des femmes ne peut être abordée sans celle des violences, qui subsistent, surtout dans le contexte conjugal « lorsque tout repose sur une personne et que celle-ci n’arrive pas à tout résoudre », explique la Présidente de Wildaf. Résoudre les violences à l’égard des femmes constitue donc un pas réel vers l’autonomisation. Mais le défi, dans un environnement difficile marqué par de nombreuses crises, est d’assurer non seulement la pérennité des investissements réalisés, mais aussi de garantir une participation efficace des femmes à la vie sociale et leur épanouissement . Une étape essentielle pour l’atteinte de l’Objectif 50-50 d’ici 2030.

Facej sugu : montrer au grand public le made in Mali

Le Facej sugu prépare sa deuxième édition qui se tiendra du 24 au 27 novembre 2022 à Bamako. Mis en place en 2019, le Fonds d’appui à la création d’entreprises par les jeunes (Facej), a accompagné plus d’un millier d’entreprises. Son but est maintenant de les consolider afin qu’elles servent de repères à l’entrepreneuriat jeune.

L’objectif du Fonds d’appui à la création d’entreprise par les jeunes qui a débuté en 2019 était de financer 1 652 entreprises dans le District de Bamako, la région de Koulikoro, de Mopti, Tombouctou, Ségou, Sikasso et Kita, explique Chloé Rimmann, chargée de mission Genre, Plaidoyer et Communication. La structure dispose actuellement de trois guichets principaux. Celui pour la création d’entreprise pour des jeunes entre 18 et 30 ans et 35 ans pour les femmes, un pour les entreprises en croissance, et un dernier qui vient de démarrer avec pour objectif de financer des entreprises écologiques.

Le Facej travaille avec des partenaires « facilitateurs ». Ce sont des structures d’accompagnement, des ONG, des centres d’incubation qui sont une soixantaine.  Ce sont elles qui identifient les jeunes, et appuie dans l’élaboration d’un plan d’affaires. Il s’agit aussi de les accompagner dans l’obtention d’un prêt bancaire. Des prêts bancaires au taux d’intérêt de 8% avec quatre partenaires (BNDA, COFINA, CORIS, ORABANK) et le Fonds de garantie du secteur privé qui appuie.  Lorsque les jeunes obtiennent des prêts bancaires, ils sont accompagnés entre 12 mois pour les entreprises en croissance et 18 mois pour les startups pour les appuyer dans la consolidation de leur entreprise.  Ces derniers bénéficient aussi d’une formation en gestion d’entreprise.

Ils sont dans plusieurs domaines, sauf le commerce général. Le projet doit représenter une valeur ajoutée, comme l’agro business, le digital, la mode, les services, notamment.

Des contraintes récurrentes

L’une des contraintes des jeunes entrepreneurs reste l’écosystème même qui est peu « propice à l’entrepreneuriat formel », note notre interlocutrice. Or, l’une des conditions de l’accompagnement du Facej est cette formalisation. Aussi, même l’accès à l’information demeure difficile.

Les jeunes entrepreneurs ont souvent du mal à savoir s‘orienter sur le choix du type d’entreprise, ou encore la fiscalité. Il faut ajouter à cela les différentes crises que traverse le Mali. Mais nombre d’entre eux sont « très résilients ».

Outre l’âge qui reste déterminant, les jeunes doivent avoir un minimum de formation. Un CAP ou autre, pas forcément un diplôme supérieur. Le but ultime est de choisir des « jeunes qui ont vraiment l’esprit d’entrepreneuriat, sont sérieux et comprennent qu’un prêt bancaire doit être remboursé », précise la chargée de Communication.

Pour célébrer ces entreprises déjà créées, le Facej a initié Facej Sugu qui tient sa deuxième édition cette année avec plus de 1 500 entreprises.

La première édition ayant donné aux jeunes des opportunités de gagner en visibilité, Facej entend poursuivre cette initiative pour davantage valoriser ces entreprises et magnifier le made in Mali.  Facej sugu, permet en outre de mettre en valeur les entreprises d’autres régions, pas seulement de Bamako.

C’est aussi un espace d’apprentissage où les jeunes seront en contact avec des entrepreneurs aguerris et auront l’opportunité d’apprendre à mieux exposer et à améliorer les stratégies commerciales.

Cette année le nombre d’exposants a été doublé et porté à 200 dont une centaine de Bamako. Un grand panel sur l’entrepreneuriat, avec Mossadeck Bally, (le président du CNPM), une entrepreneure du Niger, du Burkina Faso et un entrepreneur influenceur de la Côte d’Ivoire sera organisé à l’intention des participants.

Avec un objectif « presqu’atteint », le Facej envisage plus de 1 600 entreprises accompagnées, qu’il va falloir « consolider et pérenniser ».

 Le domaine qui intéresse actuellement la structure est celui de l’écologie.  Il s’agit de rendre les entreprises existantes plus vertes et d’encourager d’autres à voir le jour. « Si on peut créer des entreprises qui participeront à relever les défis du réchauffement dont le Mali souffre déjà des conséquences ; cela peut être bien, surtout dans le domaine de l’agriculture », conclut madame Rismann.

Mali – Burkina Faso : les enjeux d’une coopération militaire renforcée

Pour contrer la menace terroriste à laquelle font face les deux pays, le Mali et le Burkina Faso sont dans une dynamique de renforcement de leur coopération bilatérale militaire depuis la prise de pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré.

Le 2 novembre 2022, pour son premier déplacement à l’étranger après sa désignation à la tête de la transition burkinabé, le Capitaine Ibrahim Traoré avait choisi le Mali pour échanger avec son homologue malien, le Colonel Assimi Goita, sur « comment renforcer notre coopération militaire et pouvoir mieux mener nos opérations pour sécuriser nos populations ». Un choix « normal » porté sur « un pays frère avec lequel nous partageons une très large frontière et avons beaucoup d’échanges de populations », s’était justifié le Capitaine Traoré.

Dans la foulée de cette visite, le 11 novembre le ministre de la Défense et des Anciens combattants, le Colonel Sadio Camara, accompagné du Chef d’État-major général des armées et de plusieurs officiers, a effectué une visite d’amitié et de travail à Ouagadougou.

« Nous avons reçu des instructions de nos chefs d’États de nous mettre ensemble, de mutualiser non seulement les efforts mais aussi les moyens pour faire face à cet ennemi commun (le terrorisme, ndlr) pour le bien-être de nos populations », a indiqué le Colonel Sadio Camara au sortir de la rencontre avec son homologue burkinabé.

Un rapprochement « gagnant – gagnant »

Pour plusieurs observateurs, depuis le retrait du Mali du G5 Sahel, un renforcement des relations bilatérales sur le plan militaire avec ses voisins que sont le Burkina Faso et le Niger était devenu indispensable. Selon le chercheur Mahamadou Sawadogo, spécialiste des questions sécuritaires, avec la mort programmée du G5 Sahel il était difficile que le fuseau central Mali – Burkina – Niger, qui constitue d’ailleurs l’épicentre de la menace terroriste, survive sans le Mali.

Pour lui, dans ce sens, le renforcement en cours de la coopération bilatérale militaire entre le Burkina Faso et le Mali est « gagnant – gagnant ». Il permettra d’une part au Burkina Faso de sécuriser ses frontières avec le Mali et d’autre part au Mali de prendre à revers les groupes armées terroristes qui attaquent le centre du pays.

« Le Mali est dans la traque des groupes terroristes depuis une dizaine d’années et le Burkina Faso pourrait bénéficier de son expérience et aussi des moyens techniques et des vecteurs aériens dont dispose le Mali dans ce domaine. De l’autre côté, le Burkina Faso est soutenu par la communauté internationale, ce qui pourrait, de façon indirecte, bénéficier au Mali si toutefois il continue à être ostracisé. Le Mali a besoin de partenaires et ne peut pas continuer à s’isoler. Le Burkina Faso peut donc lui servir un tant soit peu de bouclier », analyse M. Sawadogo.

« C’est une obligation de part et d’autre. En mettant en commun les capacités militaires, cela ne peut que renforcer la lutte anti-terroriste. Le Burkina Faso a une majeure partie de son territoire située dans la zone des 3 frontières. Ce renforcement est donc d’abord au bénéfice du Burkina, même si le Mali y a aussi une partie non négligeable de son territoire », souligne pour sa part Boubacar Salif Traoré, analyste politique et sécuritaire, Directeur du Cabinet Afriglob Conseils.

Rendre la lutte anti-terroriste plus efficace

Pour que la dynamique de renforcement de la coopération sur le plan sécuritaire entre le Mali et le Burkina Faso aboutisse à des résultats probants, Boubacar Salif Traoré pense que les deux pays doivent partager des renseignements. « Il va falloir travailler assez rapidement sur cette question afin que les deux pays mettent en place des canaux d’échange assez dynamiques et des relations de confiance », suggère l’analyste, pour lequel des formations communes doivent également être envisagées au niveau des deux armées, qui doivent travailler ensemble, afin qu’elles se comprennent dans les différentes unités.

Dans le cadre de cette coopération militaire renforcée entre le Mali et le Burkina, les opérations conjointes des deux armées au niveau des frontières, arrêtées il y a plus d’un an, pourraient reprendre dans la zone. Toutefois, pour Mahamadou Sawadogo, « il est impératif que les opérations conjointes dans cette zone impliquent le Niger. Sans quoi il sera difficile d’engranger des résultats ».

Guinée – Mali : une dynamique de coopération qui se poursuit

La neuvième session de la Grande commission mixte de coopération Guinée-Mali qui se tient à Conakry depuis ce mercredi 16 novembre 2022, et qui doit clore ses travaux ce vendredi 18 novembre. La rencontre de Conakry est un important rendez-vous qui s’inscrit dans la dynamique de raffermissement et de diversification des relations entre la Guinée et le Mali.

Les échanges commerciaux continuent de se renforcer entre les deux pays. La neuvième session de la grande commission mixte de coopération Mali Guinée, a permis aux deux parties de signer des partenariats pour les potentialités économiques et commerciales dont disposent les deux pays aux fins de promouvoir une économie plus intégrée, au bénéfice des populations. Plusieurs importants projets d’infrastructures permettront en outre d’intensifier la coopération économique entre les deux voisins, notamment l’achèvement très bientôt des travaux de l’axe Conakry Bamako. Elle contribuera aussi à la suppression des barrières commerciales non tarifaires liées à l’exploitation de la route. Longue d’environ 937 km, cette liaison permettra d’améliorer la compétitivité de l’économie des deux pays et partant de la sous-région en assurant une circulation plus fluide des personnes, des biens et des productions agro-pastorales. La coopération entre le Mali et la Guinée se retrouve également dans un projet de ferroutage pour faciliter l’accès du port de Conakry. Car la Guinée souhaite devenir le point d’accès maritime de la région, en améliorant le transit des marchandises à travers le Mali via le Burkina Faso et le Niger.

Le Dr Morissanda Kouyaté, ministre des affaires étrangères de la Guinée et co-président de la commission mixte de coopération a rappelé que cette session permettra de prendre de nouvelles mesures en faveur du développement, en renforçant les activités de coopération et de sécurité entre les deux pays. Selon les responsables des deux pays, cette rencontre vise à développer et renforcer la coopération bilatérale entre Conakry et Bamako dans plusieurs secteurs. Ce, dans l’intérêt exclusif des populations. Abdoulaye Diop a exhorté les experts des deux pays à faire des propositions concrètes et réalistes dans les domaines d’intérêt commun en vue de hisser les relations bilatérales guinéo-maliennes à un seuil plus haut.

En marge de cette 9ème session, le Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, a présidé la cérémonie d’inauguration des infrastructures réalisées dans le cadre de la modernisation du port de Conakry. L’aménagement concerne la réalisation de la pénétrante routière d’environ 4 km ainsi que d’un parking de stationnement de 1200 camions, dont un espace de 250 places dédiées uniquement aux camions maliens, sans oublier la construction d’une auberge moderne de 70 lits pour les chauffeurs maliens.

 

 

Carte biométrique sécurisée : l’opérationnalisation se précise

Presque devenue une Arlésienne, la carte nationale d’identité biométrique sécurisée conforme aux normes de la CEDEAO est en phase de voir le jour au Mali. La volonté a été annoncée le 3 novembre dernier via un décret présidentiel qui liste les dispositions pour sa mise en œuvre.

C’est un vieux rêve de la communauté ouest-africaine qui refait surface et pourrait enfin être réalisé au Mali. Le 3 novembre dernier, par un décret signé par le Président de la Transition Assimi Goïta, les autorités ont mis à jour leur volonté d’instituer la carte biométrique sécurisée, une recommandation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) depuis 2014. Elles font même de cette mesure une « réforme essentielle » avant la tenue des élections.

« À la faveur des prochaines échéances électorales, la question de l’identification des Maliens refait surface, avec en ligne de mire la crédibilité de l’ensemble du processus électoral, qui constitue un axe stratégique du Gouvernement de Transition. Dans cette perspective et à l’effet d’apporter une solution durable à cette importante question, le Gouvernement a décidé, à partir de la base de donnée du RAVEC, de doter les Maliens d’une carte nationale d’identité biométrique sécurisée », peut-on lire dans le communiqué du Conseil des ministres. L’objectif est de promouvoir la mobilité intra-régionale tout en offrant un titre sécurisé permettant de lutter contre les trafics et migrations irrégulières et de répondre aux enjeux de la lutte contre le terrorisme.

Spécificités de la nouvelle carte

Elle est plus petite que l’actuelle carte d’identité nationale, dotée d’une puce et valable 5 ans. La carte est fabriquée à partir d’une matière plastique en polycarbonate comprenant tous les dispositifs de sécurité destinés à limiter les risques de falsification ou de contrefaçon. Sa première dotation est gratuite pour chaque citoyen.

Les changements

Le Dr Fousseynou Ouattara, Vice-Président de la Commission Défense nationale, sécurité et protection civile du Conseil national de la transition (CNT), compare sa forme à celle d’une carte bancaire. « Elle sera facile à garder et même à conserver dans un porte-monnaie, contrairement à l’actuelle carte, qui est trop volumineuse », explique le Dr Ouattara, aussi Président du Collectif pour la refondation du Mali (COREMA).

Le nouveau document va comporter un certain nombre de données personnelles. Il s’agit, entre autres, « de son numéro d’identification nationale NINA, du nom de famille ou du nom du père, du prénom, du sexe, de la date et du lieu de naissance du titulaire, de l’adresse de son domicile, de sa taille, de sa profession, de sa photo et de la couleur des yeux », détaille-t-on dans le décret paru début novembre.

Autre innovation majeure, la durée de validité de la nouvelle carte est de cinq ans, contre trois pour l’actuelle carte. Tout citoyen malien âgé de cinq ans au moins pourra s’en procurer une gratuitement la première fois.

Pour le mineur, la demande est effectuée par une personne exerçant l’autorité parentale. La carte est exigible à partir de l’âge de 15 ans, contre 18 ans actuellement, et sa présentation obligatoire lors de toute réquisition de l’autorité compétente.

Aussi et surtout, la nouvelle carte biométrique sera munie d’une puce qui comportera d’autres éléments biométriques du citoyen, comme ses empreintes digitales, à l’exception des personnes vivant avec un handicap au niveau des mains.

« Les sciences ont tellement avancé qu’identifier les individus par leurs empreintes est devenu logique. Ces données seront enregistrées sur une puce qui sera lisible par des appareils qui seront adaptés à cela. Ainsi, chaque personne sera, de façon individuelle, identifiée et personne ne pourra s’accaparer l’identité d’un autre », assure le Dr Ouattara.

À cet effet, le Vice-président de la Commission Défense nationale, sécurité et protection civile du CNT prévient : « que les gens sachent qu’il y aura une base de données. Ils doivent s’assurer de donner les bonnes informations lors de l’acquisition de la carte biométrique car en cas d’erreur il sera impossible de les changer ». La carte, bénéficiant d’une sécurité fiduciaire, sera « impossible » à trafiquer également, ajoute-t-il.

Les raisons de l’innovation

Pour le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Daoud Aly Mohammedine, elles sont premièrement sécuritaires. « Depuis un certain temps, le terrorisme et le djihadiste gagnent du terrain dans nos États de l’Afrique de l’Ouest et au Sahel. Avec cette insécurité, il nous faut mettre certaines mesures en place pour protéger nos citoyens. C’est dans cette optique que les autorités de la CEDEAO ont pris la décision, le 14 décembre 2014 à Abuja, de mettre place cette carte », s’est-il justifié à la télévision nationale après l’adoption de l’institution de la carte biométrique en Conseil des ministres.

Des justifications soutenues par le Coordinateur national de l’Alliance citoyenne pour la reforme du secteur de la sécurité, Soumaïla Lah. Pour ce dernier, les pays de la CEDEAO sont dans une configuration asymétrique, où l’ennemi n’est pas connu. « Cette carte permettra aux États membres de la CEDEAO d’avoir une longueur d’avance sur ceux qui se rendent coupables d’infractions ou d’actes de nature à porter atteinte à la sûreté des États. Ses informations permettront également aux forces de défense et de sécurité d’avoir une base de données avec laquelle travailler. C’est une bouffée d’oxygène pour le processus en cours de la réforme de la sécurité », atteste-t-il.

D’ailleurs, outre la zone CEDEAO, le recours aux nouvelles technologies s’est développé un peu partout dans le monde après le 11 septembre, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Notamment dans les pays de l’Union européenne, qui ont mis en circulation en 2021 un nouveau format de cartes d’identité plus sécurisé.

Sous un autre angle, l’opérationnalisation de la carte biométrique CEDEAO permettra aux environ 407,68 millions d’habitants de la communauté d’avoir des pièces d’identité identiques et de pouvoir circuler avec elles librement dans les 15 États de l’organisation.

Par ailleurs, un nouvel avantage est que la carte fera office de carte d’identité, de carte consulaire, de carte NINA et aussi « de carte d’électeur », si l’on se fie aux propos du ministre de la Sécurité et de la Protection civile lors de sa sortie médiatique d’avril dernier.

Une autre raison est de mettre fin à la difficulté d’acquisition de la carte nationale d’identité qui se fait ressentir au Mali et que certains qualifient de pénurie. Sauf qu’au niveau de la Direction générale de la Police (DGPN), chargée de la mise à disposition de ces cartes, on réfute cette version. « Il a été constaté que certains commissariats ne versaient plus l’argent des cartes d’identité au Trésor public. C’est pourquoi le Directeur actuel de la Police a donné comme consigne de ne pas les ravitailler tant qu’ils ne donneront pas les preuves de versement. Là où il y a pénurie, c’est parce qu’ils n’ont respecté le protocole », soutient une source au DGPN. Nos tentatives de vérification au niveau des commissariats sont restées sans succès.

À quand la mise à disposition ?

La nouvelle carte biométrique de la CEDEAO est déjà opérationnelle dans certains pays de l’organisation ouest-africaine, dont le Sénégal. Au pays de la Teranga, sont coût est fixé à 10 000 francs CFA pour une durée de 10 ans.

Au Mali, la date de mise à disposition n’a toujours pas été officiellement annoncée. Le prix non plus. Selon une source proche du ministre de la Sécurité, les cartes devraient être disponibles avant fin novembre et coûteront 5 000 francs CFA après la première dotation qui sera gratuite.

Le marché de la conception des cartes a été attribué à la société allemande de biométrie Dermalog. Spécialisée dans le développement de produits et de solutions biométriques, c’est elle qui a conçu en 2018 l’une des premières cartes d’identité biométrique en Afrique. Celle de Djibouti, lancée en avril dernier.

Difficultés

Annoncée bénéfique pour les citoyens, l’opérationnalisation de la carte biométrique au Mali risque toutefois de se heurter à quelques difficultés. La première tentative non concluante de 2017 en témoigne. Les autorités d’alors avaient lancé le processus et même confié le marché à la société malienne Cissé Technologie spécialisée en imagerie médicale. Mais la réalisation fut ratée. L’inquiétude sur l’aboutissement de la mise en œuvre de la nouvelle carte est surtout de mise chez les Maliens de l’extérieur qui ne disposent pas de carte NINA, document exigé pour l’obtention de la nouvelle carte.

Selon les estimations du Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME) sur les 6 millions de Maliens établis à l’extérieur seulement 1 736 000 personnes sont enrôlées au RAVEC. Ce qui entraînera que 2/3 des expatriés maliens ne disposeront pas de la nouvelle carte si les conditions restent telles que spécifiées dans le décret présidentiel.

« À ceux là s’ajoutent les 14 000 autres dont les cartes NINA comportent des erreurs. Les demandes de correction sont sur la table du gouvernement, mais jusqu’à présent même le tiers n’a pas été effectué », regrette un membre du HCME qui demande que le gouvernement accompagne l’idée d’octroyer la carte d’identité biométrique d’une loi dérogatoire permettant à ceux qui ont des problèmes de NINA de les régler.

Une autre question reste en suspens : comment les populations des zones en insécurité seront-elles dotées de la carte biométrique ?

Mali : la société civile fustige la décoration d’un juge islamique

Des organisations de la société civile malienne, ont montré leur hostilité à la décoration d’un juge islamique Houka Houka Ag Alhousseini.La décoration de Houka Houka par l’État malien pour « service rendu à la paix et au vivre ensemble » n’est pas du goût de 37 organisations de la société civile malienne. Elles ont manifesté leur désaccord dans un communiqué conjoint publié mercredi 16 novembre. « Nos 37 organisations condamnent avec énergie la distinction par le gouverneur de la région de Tombouctou de monsieur Houka Houka Ag Alhousseini, ancien commissaire islamique d’Ansar Dine à Tombouctou, toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou », déplorent les organisations de la société civile qui appellent « à l’annulation de cette reconnaissance et à la mise à la disposition de l’intéressé à la justice malienne pour qu’il soit jugé ».

Pour ces organisations, parmi lesquelles le Cadre de concertation des ODDH de Tombouctou et Yermatoun, une association de défense des droits civils active dans la même région, l’ « acte du gouverneur est contraire au principe de l’Etat de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes ».

« Cet acte est de nature à célébrer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés », dénonce la société civile malienne. Elle est d’autant plus remontée contre le gouverneur de Tombouctou qui « est censé savoir que Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes de droit international imprescriptibles », rappelant qu’en 2015, des organisations avaient déposé une plainte contre l’intéressé avec constitution de parties civiles « pour le compte de 33 victimes présumées de violences sexuelles commises à Tombouctou qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre ».

Le 11 novembre dernier,Houka Houka Ag Alhousseini a été honoré en même temps qu’une trentaine de personnalités religieuses et coutumières lors de la journée des légitimées traditionnelles pour service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou.

Deux semaines plus tôt, en sa qualité de Cadi ((juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses) de Zouérat, dans le cercle de Goundam, il a posé trois conditions au gouverneur de la région de Tombouctou pour la réouverture des écoles. La première consiste à « introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement ». Au sujet du second cycle, le religieux exige aussi que les « rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe ». « Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par des hommes lorsque les classes sont séparées », ajoute-t-il, souhaitant que les enseignants soient visibles par les élèves en fonction de leur genre.

En 2019, le Conseil de sécurité des Nations Unies a prononcé des sanctions contre Houka Houka Ag Alhousseini pour ses agissements faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé en 2014 entre l’État malien et des groupes rebelles nordistes.

Arrêté en janvier 2014 par les soldats français à la faveur de l’intervention Serval pour chasser les jihadistes du nord du Mali, Houka Houka a été libéré huit mois plus tard par les autorités maliennes. Depuis, il vit à Zouérat, un village situé à l’ouest de Tombouctou. Selon les Nations-Unies, il a été réintégré dans ses fonctions d’enseignant en septembre 2017 par le gouverneur de la région de Tombouctou de l’époque, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune.

Canal+ : de nombreux cadeaux à ses abonnés pour ses 30 ans

30 ans de présence en Afrique, CANAL+ veut célébrer cet événement en cette fin d’année en offrant à ses abonnés de nombreux cadeaux. L’annonce a été faite ce mercredi 16 novembre 2022 au cours d’une conférence de presse animée par les responsables de CANAL+ Mali. 

Arrivé en 1992 sur le continent, CANAL+ fête ses 30 ans en Afrique. Ce mercredi 16 novembre 2022, l’entreprise a dévoilé devant la presse les nouvelles offres pour ses abonnés et le public malien. Notamment le prix du décodeur à 5000 FCFA avec les équipements pour l’installation offerte. Pour les réabonnements, 15 jours durant, la formule tout Canal, la plus prestigieuse du bouquet sera accessible aux abonnés selon Seydi Tall, directeur des ventes de Canal+Mali. En cette fin d’année, une tombola sera organisée à partir du 21 novembre jusqu’au 31 décembre prochain. Plusieurs motos sont à gagner et deux voitures seront en jeu. Le réabonnement donne droit à une inscription automatique à la Tombola selon les responsables. Bien que les chaines CANAL+Sport ne disposent pas des droits de retransmission des matchs de la coupe du monde Qatar 2022 qui se tiendra du 20 novembre au 18 décembre prochains, les abonnés CANAL+ pourront profiter pleinement de la compétition. Le Directeur général de Canal+Mali Idrissa Diallo a annoncé que l’ORTM disponible sur les bouquets va diffuser 28 matchs. Les 64 rencontres seront diffusées par des chaines anglaises que Canal va rendre accessible à ses abonnés le temps de la compétition. Aussi, les meilleurs experts de CANAL+ seront au rendez-vous à chaque journée de compétition pour débriefer toutes les affiches dans l’émission Les grandes bouches.

Minusma: Ces pays africains sur le départ

D’ici neuf mois, la Côte d’Ivoire ne comptera plus de casque bleu au Mali.

En septembre 2021, à la tribune des Nations unies, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, avait reproché à la France son « abandon en plein vol », déplorant le retrait partiel de la force Barkhane dans son pays confronté à la violence jihadiste depuis une décennie. Ces derniers mois, des pays africains ont annoncé également leur désengagement de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).

Les derniers casques bleus ivoiriens quitteront le territoire malien en août 2023, sans être relevés. Les autorités ivoiriennes en ont fait l’annonce mardi 15 novembre sans expliquer les raisons du retrait de leurs 900 compatriotes déployés au Mali dans le cadre de la mission onusienne de stabilisation de ce pays sahélien. Mais avant la Côte d’Ivoire, le Bénin et l’Egypte étaient les deux autres pays africains à avoir annoncé leur retrait de la Minusma à la suite de plusieurs pays européens tels que le Royaume-Uni.

En mai dernier, le Bénin avait exprimé le besoin de rappeler ses troupes en vue de renforcer sa sécurité intérieure après des attaques à la frontière avec le Burkina Faso. Ce sont ainsi 456 éléments béninois de la Minusma qui rentreront progressivement dans leur pays avant novembre 2023, assure Cotonou.

« Ces derniers temps, le Bénin est confronté à une situation sécuritaire inquiétante du fait des actes de terrorisme orchestrés à ses frontières nord par des hommes armés non identifiés. De ce fait, le pays prévoit de mobiliser toutes les compétences humaines, matérielles et logistiques nécessaires pour renforcer sa sécurité », avait expliqué le ministère béninois des Affaires étrangères dans sa lettre adressée au secrétaire général des Nations unies.

A la suite du Bénin, l’Onu a reçu la lettre de désengagement de l’Egypte qui compte un millier de soldats dans la Minusma. Après avoir perdu sept soldats depuis le début de l’année, Le Caire a décidé de suspendre temporairement les activités de ses casques bleus présents au Mali à compter du 15 août 2022 pour une durée indéterminée. 

« La décision de l’Égypte de se retirer temporairement des forces des Nations Unies correspond d’abord aux attaques contre ces soldats. La force de la Minusma est une force défensive. Elle n’est pas une force qui a l’autorisation d’attaquer et d’éliminer. Et je pense que c’est aussi une faiblesse structurelle liée à cette présence », analysait pour la chaîne panafricaine Africa 24 Hichem Ben Yaïche, expert en géopolitique.

Quant à la Côte d’Ivoire, son retrait inexpliqué de la Minusma intervient alors que les relations diplomatiques avec Bamako se sont considérablement dégradées depuis l’affaire dite des « 49 militaires ». Ces soldats ivoiriens accusés de « mercenariat » sont arrêtés à Bamako le 10 juillet dernier et placés sous mandat de dépôt. Si trois d’entre eux ont été libérés, 46 sont toujours détenus au Mali, accusés par la justice malienne de « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État ».

La Côte d’Ivoire a toujours réfuté ces accusations, assurant que ces soldats étaient appelés en opération de soutien logistique à la Minusma. Le Togo joue le rôle de médiateur entre Abidjan et Bamako depuis le 28 juillet, mais les négociations n’ont toujours pas permis d’aboutir à un règlement de cette affaire dans un contexte de lutte contre le terrorisme encore prégnant dans la région du Sahel, particulièrement au Mali.

A la date du 16 septembre, dix-neuf pays africains étaient contributeurs de militaires et de policiers à la Minusma. 

Le retrait annoncé de troupes africaines de la Minusma est diversement commenté et sonne chez certains analystes comme un mauvais signe quant à la longévité de cette mission dont l’efficacité est de plus en plus en remise en cause. Le mandat de la Minusma a été renouvelé le 30 juin dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies pour une année supplémentaire avec quelques changements majeurs comme la suppression de l’appui logistique de Barkhane aux forces onusiennes ainsi que la réduction par la junte malienne du champ d’action de la Division des Droits de l’Homme pour enquêter sur les allégations d’exactions qui lui sont rapportés.

Mali : Londres justifie le retrait de ses soldats de la Minusma

Le gouvernement britannique accuse les autorités maliennes de ne pas être disposées à travailler pour assurer une stabilité et une sécurité durables.Le Royaume-Uni continuera de soutenir les missions de maintien de la paix de l’Onu au Sahel, mais plus à partir du Mali. Londres a en effet officialisé, lundi dernier, le retrait de ses troupes de ce pays ouest-africain confronté à la récurrence des attaques jihadistes.

« Aujourd’hui, […], je peux annoncer que le contingent britannique quittera également la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali)
plus tôt que prévu. […], nous devons être clairs sur le fait que la responsabilité de tout ceci incombe à Bamako. Deux coups d’État en trois ans ont sapé les efforts internationaux pour faire avancer la paix », avait déclaré, lundi devant le parlement, le secrétaire d’État à la Défense, James Heappey.

Comme Paris, Londres va également redéployer ses troupes dans d’autres pays de la région afin de continuer sa lutte contre les groupes jihadistes. Lundi et mardi prochains, Accra, la capitale ghanéenne va accueillir une réunion qui va regrouper divers acteurs « pour coordonner notre réponse renouvelée à l’instabilité dans le Sahel », a informé M. Heappey.

« Il s’agira du premier grand rassemblement en faveur de l’initiative d’Accra – une solution dirigée par l’Afrique de l’Ouest, qui vise initialement à empêcher la contagion de l’insurrection en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Niger et à s’attaquer aux niveaux croissants de violence au Burkina Faso et au Mali – ce qui rend cette conférence très opportune », a-t-il expliqué.

Le retrait des troupes anglaises de Gao sera coordonné avec les alliés. « L’armée va donner des ordres imminents pour reconfigurer le prochain déploiement afin de réduire notre présence. Nous quittons la Minusma plus tôt que prévu et nous sommes, bien sûr, attristés par la façon dont le gouvernement de Bamako a rendu si difficile la présence de nations bien intentionnées », a-t-il dit.

Selon le secrétaire d’État à la Défense, le Royaume-Uni travaillera rapidement avec ses alliés dans la région et en Europe pour soutenir l’initiative d’Accra afin d’assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité en Afrique de l’Ouest. « Notre engagement envers cette région reste entier », a-t-il assuré.

Afrique : ces anciens présidents qui s’activent pour la paix

Plusieurs anciens chefs d’Etat africains ont réussi leur reconversion en offrant leurs services pour une paix politique durable sur le continent.En Afrique, ce ne sont pas tous les chefs d’Etat qui s’inquiètent de leur devenir au moment de quitter le pouvoir. Ces dernières années, ils sont nombreux à avoir passé pacifiquement la main à un successeur élu par leurs compatriotes pour entamer une seconde vie. Si certains préfèrent se retirer de la politique et profiter de leur retraite, d’autres choisissent par contre de rester sur la scène internationale pour apporter leur expertise dans la construction d’une Afrique démocratique.

Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) par exemple, Uhuru Kenyatta travaille depuis quelques semaines pour mettre fin aux affrontements violents entre l’armée et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). Après avoir transmis le pouvoir à son successeur William Ruto, il y a un peu moins de trois mois, l’ex-chef de l’Etat kenyan s’emploie pour une résolution de cette crise dans laquelle le Rwanda est accusé de soutenir la rébellion du M23, qui a pris du galon ces derniers mois.

En tant que nouveau facilitateur de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC, sigle anglais) pour la paix dans la partie orientale de la RDC, M. Kenyatta mène sa mission avec panache. Il a achevé lundi 14 novembre un séjour de deux jours à Kinshasa, la capitale congolaise, lors duquel il a consulté des ministres, des diplomates ainsi qu’une quarantaine de représentants des communautés des deux Kivu et de l’Ituri. Parmi eux, des chefs coutumiers et des membres de la société civile qui ont fait le déplacement.

De présidents à médiateurs africains

Plus loin, dans la région ouest du continent où plusieurs pays sont perturbés par la violence jihadiste et les séries de coups d’Etat, d’anciens chefs d’Etat y sont sollicités pour la recherche de la paix et négocier des transitions « raisonnables » avec les juntes militaires. C’est le cas de Mahamadou Issoufou qui a dirigé le Niger de 2011 à 2021.

Médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour le Burkina Faso, où il a d’ailleurs obtenu la réduction de la durée de la transition à 24 mois au lieu des 36 initialement prévus par la junte au pouvoir, il parcourt régulièrement la région puisqu’il est aussi à la tête du Panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel. Cette mission lui a été « confiée (par) le Secrétaire général des Nations unies en rapport avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et le G5 Sahel », expliquait M. Issoufou lors d’une récente audience à Bamako avec le colonel Assimi Goïta, le président de la transition du Mali, un pays où les allers-retours de l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan (2010 – 2015), sont également fréquents en sa qualité de médiateur de la Cédéao.

En Guinée, l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2016 – 2016) a réussi à rapprocher les positions de l’organisation régionale et la junte militaire dirigée par le colonel Mamady Doumbouya. Après une médiation de plusieurs mois du prédécesseur du président Patrice Talon, les autorités militaires de Conakry ont accepté de rendre le pouvoir aux civils au bout de deux ans en lieu et place des trois ans prévus. « Dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois », s’était réjoui en octobre l’organisation régionale.

Destins tragiques

Ainsi, la liste des anciens chefs d’Etat africains présents sur la scène internationale n’est pas exhaustive. Mais force est de constater que leur destin est plus honorifique que le sort de certains de leurs pairs comme le Burkinabè Blaise Compaoré, les Guinéens Alpha Condé et Moussa Dadis Camara ou encore l’Ivoirien Laurent Gbagbo. Ces derniers ont été obligés de quitter le pouvoir par la rue ou par l’armée avant de connaître des déboires judiciaires.

En Guinée notamment, le procès de l’ex-chef de la junte Moussa Dadis Camara avec une dizaine de co-accusés dans le massacre du stade du 28 septembre 2009 se poursuit à Conakry. Renversé par l’armée un an après son élection pour un troisième mandat, son successeur Alpha Condé vit lui-aussi des moments difficiles loin de son pays. La justice guinéenne a ordonné le 3 novembre dernier des poursuites contre l’ex-président, actuellement en Turquie pour raisons « médicales », et plus de 180 de ses anciens ministres et cadres, pour des faits présumés de corruption.

Mali : la Côte d’Ivoire retire son contingent de la Minusma

Face à l’intransigeance de Bamako de libérer ses soldats accusés de mercenariat, la Côte d’Ivoire a annoncé le « retrait » progressif de ses troupes de la Minusma.La crise politique qui perdure depuis cinq mois entre la Côte d’Ivoire et le Mali, prend un nouveau virage. Le ministre ivoirien délégué aux Affaires étrangères avait déjà donné le ton le 28 octobre lors de son entretien avec le secrétaire général des Opérations de paix, Jean Pierre Lacroix.

Le gouvernement ivoirien est passé à la vitesse supérieure le 11 novembre dernier en confirmant au bureau du secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies, le « retrait progressif » de ses troupes de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« La relève de la compagnie de protection basée à Mopti et le déploiement des officiers d’Etat-major (MSO) et des officiers de police prévus en octobre 2022 ne pourront plus être effectués », explique la mission permanente de la Côte d’Ivoire à l’Onu. « De même, poursuit la note consultée par APA, la Côte d’Ivoire n’envisage pas relever en août 2023 les militaires et autres éléments présents au sein de la Minusma ». A la date du 1er juillet 2020, la Côte d’Ivoire était le 7e contributeur de militaires à la Minusma, avec 816 soldats.

Tensions entre Abidjan et Bamako

Cette décision intervient dans un contexte de brouille diplomatique entre Bamako et Abidjan, suite à l’arrestation par les autorités de la transition malienne de 49 soldats ivoiriens, le 10 juillet à l’aéroport international Modibo Keita Bamako-Senou. Accusés de mercenariat, les militaires ivoiriens ont été inculpés vendredi 12 août pour « tentative d’atteinte à la sûreté de l’État » par le Procureur de la république près le tribunal de grande instance de Bamako VI au grand dam d’Abidjan.

La Côte d’Ivoire a immédiatement exigé leur libération sans conditions, indiquant que les soldats arrêtés sont inscrits au fichier de l’armée et sont déployés au Mali dans le cadre d’un mécanisme de soutien de troupes onusiennes connu sous le nom de NSE (éléments nationaux de soutien).

Une mission de médiation ouest-africaine, sous l’impulsion du Togo, engage des discussions entre les deux parties et parvient à faire libérer trois femmes parmi les 49 soldats, assurant que les pourparlers se poursuivraient pour la libération des 46 restants. Mais coup de théâtre, au lendemain de ce qui ressemblait à un début de dégel, le Colonel Assimi Goïta, recevant le ministre nigérian des Affaires étrangères, exige en contrepartie l’extradition de personnalités maliennes qui se sont réfugiées en Côte d’Ivoire.

Abidjan dénonce « un chantage » et une « prise d’otage » et saisit dans la foulée la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour arbitrer le différend avec son voisin du nord. À cet effet, une session extraordinaire est convoquée par le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de l’institution à New York, en marge de la 77e Assemblée générale des Nations-Unies.

Au terme de leur réunion du 22 septembre, les chefs d’État ouest-africains exigent la libération des soldats ivoiriens et décident d’envoyer à Bamako « une mission de haut niveau » constituée de trois présidents dont les résultats de la visite au Mali le 29 septembre, ne sont toujours pas connus du grand public.

Mali : polémique après la décoration d’un juge islamique

Houka Houka Ag Alhousseini a reçu un certificat de reconnaissance du gouverneur de Tombouctou pour service rendu en faveur de la paix et du vivre ensemble dans cette région.Le 9 novembre dernier, une trentaine d’autorités religieuses et coutumières de même que des chefs de village et de quartiers de Tombouctou ont reçu une « attestation de reconnaissance » décernée par Bakoun Kanté, gouverneur de cette région du Mali pour « service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou ». Mais cette décision de l’Etat malien fait polémique. La présence du « Cadi » Houka Houka AG Alhousseini sur la liste des personnalités honorées y est certainement pour quelque chose.

Ancien juge islamique à Tombouctou en 2012, lorsque les jihadistes d’Ansar Dine et d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) gouvernaient cette ville du nord malien, Houka Houka Ag Alhousseini jouit toujours d’une grande influence dans cette ville. Le 26 octobre dernier, en sa qualité de Cadi (juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses) de Zouérat, dans la commune d’Essakane, il a posé trois conditions au gouverneur de la région de Tombouctou pour la réouverture des écoles.

La première consiste à « introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement ». Au sujet du second cycle, le religieux exige aussi que les « rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe ». « Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par des hommes lorsque les classes sont séparées », ajoute-t-il, souhaitant que les enseignants soient visibles par les élèves en fonction de leur genre.

Pourtant, en 2019, le Conseil de sécurité des Nations Unies a prononcé des sanctions contre Houka Houka Ag Alhousseini pour ses agissements faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé en 2014 entre l’État malien et des groupes rebelles nordistes.

Arrêté en janvier 2014 par les soldats français à la faveur de l’intervention Serval pour déloger les jihadistes du nord du Mali, Houka Houka a été libéré huit mois plus tard par les autorités maliennes. Depuis, il vit à Zouérat, un village situé à l’ouest de Tombouctou. Selon les Nations-Unies, il a réintégré ses fonctions d’enseignant en septembre 2017 par le gouverneur de la région de Tombouctou de l’époque, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du Peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune.

Pour beaucoup d’observateurs de la crise sécuritaire qui prévaut au Mali depuis une dizaine d’années, décerner un certificat de reconnaissance à un ancien juge islamique lié à AQMI est un signe de faiblesse pour l’Etat malien. Selon une source sécuritaire, « c’est plutôt un signe de perte de souveraineté de l’Etat face aux différents acteurs ».

« L’éducation est supposée être la même sur l’ensemble du territoire national, or les propositions de Houka Houka pour accompagner la réouverture des écoles s’inscrivent dans le projet de société du GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) proche d’AQMI », indiquent-t-ils, anticipant sur « la nécessité pour l’Etat d’examiner ce genre de concessions sociétale en cas de négociations avec ce groupe jihadiste ».

Mali : Londres va retirer ses troupes

Cette annonce fait suite au retrait définitif de l’armée française du territoire malien selon le quotidien anglais The Times.Londres emboîte le pas à Paris dans son désengagement militaire au Mali. Les 250 soldats britanniques jusqu’ici engagés dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) vont quitter le pays sahélien.

L’information a été donnée par le quotidien anglais The Times qui informe que le retrait du Royaume-Uni intervient à la suite de l’annonce, mercredi 9 novembre 2022, du président français Emmanuel Macron de la fin officielle de l’opération militaire Barkhane au Sahel qui combat depuis 2014 la présence jihadiste dans la région. Une décision consécutive au retrait des derniers soldats français du Mali voici trois mois.

Les forces britanniques, issues des Light Dragoons et des Royal Anglians, ont été déployées à Gao, dans l’est du pays, dans le cadre de l’opération Newcombe en 2020. Ils participaient à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui implique 11.700 soldats de 65 pays.

Journée nationale des légitimités traditionnelles : socle de la refondation

Le Mali a célébré ce 11 novembre 2022 la première journée nationale des légitimités traditionnelles.  Premier maillon de l’administration et relais incontournables entre les autorités et les populations, elles étaient devenues « aphones » de l’avis de certains. Alors qu’« il ne peut y avoir de développement harmonieux et durable sans la prise en compte des valeurs culturelles fondatrices de notre société », avait alors estimé le président de la transition qui par décret le 4 mars 2022 avait institué cette journée.

Le Mali pourra alors renaître de « ses cendres lorsque les Maliens retrouveront leurs valeurs ancestrales » a relevé pour sa part le Premier ministre par intérim. Faire de nos valeurs endogènes le ciment de la refondation du pays, pour retrouver une nation profondément ancrée dans ses valeurs, c’est donc le sens de cette journée.

Le rôle des légitimités traditionnelles dans la gouvernance et l’équilibre social n’est plus à démontrer et l’objectif est d’aboutir à une meilleure exploitation de leur système de gouvernance afin de promouvoir la paix et le vivre ensemble et soutenir la refondation de l’Etat. Interlocuteurs incontournables de l’Etat et des autres acteurs de développement, elles jouent un rôle essentiel dans les activités de développement. Il s’agit donc de les impliquer dans les prises de décision en ce qui concerne les questions de paix et de développement.

A cet effet, les préfets et sous-préfets ont été autoriser à instaurer des cadres d’échange formel devant se tenir chaque trimestre et chaque fois en cas de besoin.

Mieux s’ancrer pour préparer le futur

La chefferie traditionnelle peut constituer « un bon levier pour la gestion et la bonne gouvernance », relève par ailleurs les représentants de cette autorité morale. Elle est même le socle du « développement durable », à condition que le   savoir-faire dont elle dispose soit exploitée à bon escient.  Il s’agit de faire usage notamment des outils de sensibilisation dont ces autorités ont la connaissance et la maîtrise. L’essentiel étant de garder « nos repères : le travail bien fait et l’honnêteté », a dit le porte-parole des familles fondatrices de Bamako.

Il est urgent que les autorités traditionnelles s’entendent avec l’administration et échangent sur les problèmes essentiels. L’autorité morale doit insister sur l’éducation.  Parce qu’un déficit d’éducation conduit inévitablement à des problèmes de développement. Les enfants ont donc besoin de repères.

Les chefs traditionnels après avoir exprimé leur gratitude ont demandé la prise en charge du rôle et de la responsabilité des légitimités traditionnelles dans la nouvelle constitution et son érection en haute autorité traditionnelle, avant de promettre un développement local inclusif, endogène, durable et efficace dans un esprit de paix sociale et de complémentarité.

Long processus de reconnaissance et de valorisation des autorités qui ont représenté l’Etat pour incarner une « gouvernance inclusive », il faut maintenant tirer les leçons du passé et se projeter . Les légitimités traditionnelles incarnaient une société « hiérarchisée et codifiée autour de valeurs ancestrales qui constituent les socles des rapports individuels et collectifs ». Des institutions qui ont joué un rôle de structuration en assumant le vivre ensemble entre des populations aux coutumes diverses et variées.

Le Mali dément la blessure par balle de l’aide de camp d’Assimi Goita

L’aide de camp du colonel Assimi Goïta n’est pas atteint par un tir, selon le gouvernement malien de la transition.Dans un article publié vendredi 11 novembre et réactualisé ce samedi, le quotidien français Libération fait savoir que le capitaine Souleymane Traoré, aide de camp du chef de la junte militaire au Mali, a été atteint par un tir au palais présidentiel de Koulouba, à Bamako, mercredi 2 novembre. « Une balle l’a atteint au niveau du thorax. Blessé, l’homme a survécu grâce à son gilet pare-balles, freinant l’impact du projectile », indique le journal, précisant que « l’incident a été confirmé par trois sources sécuritaires distinctes » avant de se demander s’il s’agit « d’un avertissement visant le président du Mali ou d’un règlement de compte entre militaires ».

Bamako n’est pas resté sans réaction après que cette information a fait le tour de la toile dans un contexte de guerre informationnelle entre Paris et Bamako. « Le gouvernement de la transition dément totalement les faits évoqués par le quotidien français Libération qui poursuit les activités subversives des médias +milles collines+ France 24 et Radio France internationale, interdits au Mali », a déclaré le Premier ministre intérimaire, le colonel Abdoulaye Maïga.

« En outre, il condamne cette manœuvre non professionnelle, désespérée, éhontée et immorale quotidien français Libération », a-t-il ajouté alors que le journal note que « la présidence n’a pas répondu à (ses) sollicitations ». Mais pour le gouvernement malien, « cet article est commandité et prémédité par les forces obscurantistes et rétrogrades ne visant qu’à créer la psychose et tenter désespérément à déstabiliser la transition, en décrivant un scénario macabre monté de toutes pièces ».

La junte au pouvoir à Bamako, suite à un double coup d’Etat en août 2020 contre le président Ibrahim Boubacar Keïta et en mai 2021 contre le président de la transition Bah N’daw, a renforcé sa coopération avec la Russie pour « combler le vide » laissé par la France, accusée d’« abandon en plein vol » dans la lutte contre l’insurrection menée par des groupes jihadistes depuis une décennie.

Les autorités maliennes qui ont fait appel à des « instructeurs russes » sont accusés par plusieurs médias et chancelleries occidentales de recourir aux services des « mercenaires » de la compagnie privée militaire russe controversée, Wagner.

En janvier dernier, le bras de fer entre Paris et Bamako a connu un tournant lorsque les autorités maliennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient leur pays à la France depuis 2013, à la faveur de l’intervention Serval et ont demandé aux militaires français de quitter le territoire malien « sans délai ».

Le président français, Emmanuel Macron, avait indiqué alors que son pays se retirerait « en bon ordre » et ne transigerait pas sur la sécurité de ses soldats. Mercredi 9 novembre, il a annoncé la « fin officielle » de l’opération Barkhane même si l’armée française restera au Sahel sous un format « plus léger », répondant à « l’expression de besoins explicites venant des armées africaines ».

Mali : le chef de la diplomatie russe annoncé à Bamako

Cette visite de Sergueï Lavrov permettra de renforcer la coopération entre le Mali et la Russie.Ce n’est pas passé inaperçu. Jeudi 10 novembre, le ministre malien des Affaires étrangères l’ambassadeur de la Russie à Bamako. Igor Gromyko était venu remettre à Abdoulaye Diop l’invitation adressée au président de la transition malienne, Assimi Goïta au sommet Russie-Afrique prévu en juillet 2023 à Sotchi. Par la même occasion, le diplomate a annoncé à son hôte la visite prochaine de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie au Mali, sans préciser la date.

La Russie, l’allié « sûr »

Cette visite annoncée marquera un pas de plus dans le rapprochement entre le Mali et la Russie, dans un contexte de crise diplomatique entre Bamako et Paris. La junte au pouvoir suite au coup d’Etat de mai 2021 contre le président de la transition Bah N’daw, a renforcé sa coopération avec le Kremlin pour « combler le vide » laissé par la France, accusée d’ « abandon en plein vol » dans la lutte contre l’insurrection menée par des groupes jihadistes depuis une décennie. Dans la foulée, les autorités maliennes ont fait appel à des « instructeurs » considérés par leurs partenaires occidentaux comme des « mercenaires » de la compagnie militaire russe controversée, Wagner.

Fin de Barkhane

En janvier dernier, le bras de fer entre Paris et Bamako a connu un nouveau tournant lorsque les autorités maliennes ont dénoncé les accords militaires qui liaient leur pays à la France depuis 2013, à la faveur de l’intervention Serval et ont demandé aux militaires français de quitter le territoire malien sans délai.

Le président français, Emmanuel Macron avait indiqué que la France se retirera « en bon ordre » et ne transigera pas sur la sécurité de ses soldats. Mercredi 9 novembre, il a annoncé la « fin officielle » de l’opération Barkhane même si l’armée française restera au Sahel sous un format « plus léger », répondant à « l’expression de besoins explicites venant des armées africaines ».

Administration publique : vers la validation de la stratégie nationale de dépolitisation

Pour redonner à l’administration publique malienne une meilleure image, une stratégie nationale de sa  dépolitisation est en cours d’élaboration depuis quelques mois. En vue de parfaire le document  élaboré par une équipe d’experts nationaux et validé par le comité de suivi, avec les acteurs de terrain qui ont pris part au processus de sa préparation, le ministère de la Refondation de l’Etat a initié pour deux jours, 10 et 11 novembre 2022 à Bamako,  un atelier national de validation et de partage pour une large adhésion des citoyens.

Cet atelier dont l’ouverture des travaux au CICB  a été présidé par le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maiga, regroupe les représentants de toutes les 19 régions et du district de Bamako.

L’objectif général est d’informer les forces vives sur le processus et les efforts déployés par les pouvoirs publics en vue de mettre l’Administration à l’abri des influences négatives de certains acteurs politiques sur le fonctionnement de l’administration publique et la qualité des services.

L’atelier vise aussi à rechercher les soutiens politique et populaire nécessaire à l’appropriation et à la mise en œuvre idoine du document de stratégie, à obtenir l’adhésion et la contribution de tous les acteurs étatiques et non-étatiques à la mise en œuvre du document de stratégie et à offrir une opportunité et des créneaux aux partenaires techniques et financiers disposés à appuyer le Mali dans la modernisation de l’Administration publique.

« Le phénomène de politisation de l’Administration a pris des proportions inquiétantes ces dernières années avec son corolaire de crise de confiance  entre les acteurs de la gestion de l’Administration et les usagers des services publics », a indiqué le ministre Ibrahim Ikassa Maiga selon lequel, le défi qui demeure important ne peut être relevé que par une volonté politique inébranlable qui permettrait d’inverser la tendance.

« Pour ce faire, la vision proposée par l’équipe des consultants, à l’issue d’un état des lieux exhaustif de la question de dépolitisation de l’Administration, est révélatrice à plus d’un titre : une administration neutre, professionnelle, moderne, performante, assurant un égal traitement à tous les usagers  et inscrite dans la recherche continue et pérenne de l’amélioration de la qualité des services et de l’innovation », a-t-il salué.

Pour sa part Mme Diarra Racky Talla, ancienne ministre de la fonction publique et actuelle 5ème vice-présidente du CNT a rappelé que « des mécanismes sont déjà en cours, des textes ont été adoptés, et il est important que l’état des lieux soit fait et que cette dépolitisation fasse l’objet de partage ».

« La politique relève de la liberté d’expression qui est un droit fondamental. Il n’est donc pas question non plus de compromettre les droits fondamentaux des fonctionnaires. Mais c’est à l’administration de communiquer et de dialoguer avec l’ensemble des fonctionnaires et des partenaires sociaux pour arriver à une application des textes qui régissent cette dépolitisation » a-t-elle précisé avant de mettre l’accent sur deux éléments qui, selon elle,  sont capitaux dans l’exécution de ce projet. Il s’agit de l’élaboration des plans de secteurs dans tous les secteurs mais aussi un mécanisme d’évaluation des agents pour situer les responsabilités mais aussi sanctionner la faute et promouvoir le mérite.

Durant 48h, les travaux  de l’atelier se dérouleront sous forme de présentations des experts, puis des travaux en groupes. Les différentes présentations porteront sur le document de stratégie, le plan d’actions et le Répertoire des Hauts emplois techniques de la Fonction publique (RHET-FP). Des propositions d’amélioration du document de stratégie et son plan d’actions seront également formulées.

Zone des trois frontières : insécurité grandissante

Entre les affrontements des groupes armés et la multiplication d’actes de banditisme, les régions de Gao et de Ménaka, dans le nord du pays, font face depuis un moment à une situation sécuritaire précaire. Si les attaques terroristes d’envergure y surviennent moins ces dernières semaines, les populations de cette partie du territoire national sont de plus en plus livrées à une insécurité grandissante.

Enlèvements, assassinats ciblés, braquages. Cela sonne comme du déjà entendu à Gao. La région croule sous le poids de l’insécurité, qui va grandissant ces dernières semaines. « Sur la route Gao – Ansongo, ce sont des braquages à n’en pas finir. C’est pareil sur la route Gao – Bourem. Dans la ville, ce sont aussi les braquages, les assassinats, les enlèvements qui se multiplient. À part la commune urbaine de Gao, aucune localité n’est en sécurité. Tout le monde peut se faire tuer ou enlever à tout moment sans qu’il n’y ait de représailles contre l’ennemi », se désole Abdoul Karim Samba, Président de la Coalition des anciens des mouvements et organisations de la résistance civile de Gao (CAMORC Gao).

Sombre atmosphère

Le 1er novembre 2022, des hommes armés à moto ont attaqué un car de transport en commun. Bilan : 3 morts, dont un enfant de 5 ans victime d’une balle perdue. Le jour suivant, sur le même tronçon Gao – Ansongo,  tous les cars à destination d’Ansongo et du  Niger ont été pris pour cibles et les passagers dépouillés de leurs biens.

Six  jours plus tard, un conducteur de moto tricycle revenant du travail a reçu une balle à l’épaule et a été dépossédé de son engin par des individus armés. Quelques jours plus tôt, le chef du village de Bara, enlevé, avait été exécuté après que les ravisseurs aient demandé une rançon de 25 millions de francs CFA et fixé une date pour que cette somme soit mobilisée. La famille avait juste quelques heures de retard, à en croire M. Samba.

« Les gens dorment avec beaucoup d’inquiétude. Même chez vous, quel que soit le lieu où vous  êtes, même dans votre chambre, on peut venir vous trouver, prendre vos biens et vous tuer », dépeint-il, assurant que même le bétail n’est pas épargné. « Tout le bétail aujourd’hui sur les tronçons Gao – Ansongo et Gao – Bourem a été enlevé par des hommes armés, vers des destinations inconnues ».

Selon Abdoul Idrissa de « Kala A Ma Harandi », un collectif de journalistes-militants de la région de Gao, la raison principale de cette insécurité est tout simplement l’absence de l’État. « Les forces armées et de sécurité sont campées uniquement dans les grandes villes, à Gao, Ansongo, Labbezanga. Quand vous quittez Gao, à partir du checkpoint c’est fini, c’est le no man’s land jusqu’à Ansongo. L’État ne parvient pas jusqu’à présent à occuper tout le territoire, à part les grandes agglomérations », regrette-t-il.

Face à cette situation « d’inquiétude et d’incertitude », des organisations de la société civile de la région de Gao ont formulé le 18 octobre dernier des recommandations à l’endroit du Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, et aux autorités régionales. Parmi lesquelles, entre autres, l’interdiction de la circulation d’armes et de tous les véhicules non immatriculés et non identifiés dans la ville de Gao, le contrôle systématique des conducteurs de tous les motos de type 125 cylindres et la réinstallation des checkpoints sur les grandes artères des villes.

Pour protester contre « la montée en puissance de l’insécurité dans le cercle d’Ansongo, les attaques régulières de l’État Islamique au Grand Sahara contre les populations civiles sans défense, les attaques à main armée, les assassinats ciblés, les braquages sur les axes routiers et les enlèvements de personnes et bétails », le Comité local de la société civile d’Ansongo, dans la région de Gao, a appelé à une désobéissance civile de  48 heures les 8 et 9 novembre, fermant les services étatiques, les structures de l’éducation et les trois entrées et sorties de la ville d’Ansongo, les routes menant vers  Ménaka, Gao et Niamey.

Aux mêmes dates, les Coordinations régionales de Gao des centrales syndicales UNTM, CSTM et CDTM ont décidé d’un arrêt de travail de 48 heures dans la région, durant lesquels tous les services publics et privés ainsi que les écoles ont été fermés.

Réponses insuffisantes

Pour faire face à l’insécurité dans la région de Gao, les autorités prennent des mesures, même si l’entièreté des recommandations de la société civile issues de la Déclaration dite de Gao du 18 octobre 2022 n’est pas encore effective.

Le 29 octobre dernier, une patrouille mixte d’envergure, dénommée «Dougoubasigui», regroupant au total 2 018 éléments des Forces de défense et de sécurité issues de l’Armée de terre, de la Garde nationale, de la Gendarmerie, de la Police et de la Protection civile a été lancée à Gao. Les checkpoints ont été également multipliés dans la ville. Bilan, pendant ces jours plusieurs véhicules non identifiés et des armes de guerre ont été saisis.

Abdoul Karim Samba fait partie des auteurs de la « Déclaration de Gao ». Il salue cette patrouille mixte d’envergure, qui « a donné des résultats et continue d’en donner », mais estime « qu’il reste encore beaucoup à faire ».

« Les malfaiteurs ont tellement gagné de terrain et ont tellement de stratégies que quelle que soit la réponse mise en place pour les contrecarrer ils trouveront d’autres manières de mener d’autres actions, plus isolées. Ce qui fait que la panique et le désordre continuent à faire effet sur les populations », souligne-t-il.

Pour le Colonel Souleymane Dembélé, Dhef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (DIRPA), parler de sécurité à Gao est « un peu compliqué ». « Ce n’est pas du terrorisme. Les individus se cachent derrière le terrorisme pour s’adonner à des actes de banditisme. C’est un peu délicat », confie-t-il, appelant les populations à coopérer avec les forces de défense et de sécurité.

« L’armée ne peut pas arriver à bout de cette insécurité sans la population. On pense que la sécurité est du seul ressort des forces de défense. C’est vrai, nous, nous venons en appui, mais la sécurité commence par les individus d’abord. L’armée ne peut pas faire du porte-à-porte », poursuit le chef de la Dirpa.

Mais, vu sous cet angle, Abdoul Karim Samba souligne la complexité, voire l’impossibilité, pour les populations de la région de Gao de signaler les hommes armés aux forces de défense et de sécurité. « Les populations ont peur. Aujourd’hui, par exemple, si quelqu’un est enlevé, sa famille engage des pourparlers avec ses ravisseurs sans passer par l’État. L’État aussi ne s’intéresse pas à cela. La famille mobilise le montant réclamé par les bandits et la personne est relâchée avec pour condition que cette dernière ne parle pas. Donc la personne libérée se tait et ne peut rien dire », explique-t-il, dénonçant des « complicités internes avec les ravisseurs qui savent qui enlever pour avoir gain de cause ».

« Nous sommes dans une situation de sauve-qui-peut. L’information ne peut plus remonter au niveau des forces de défense et de sécurité. La personne qui va remonter l’information ne va pas se sentir en sécurité. Du coup, même si elle voit le danger qui guette, elle ne peut pas parler et préfère se taire. D’un autre côté, la confiance n’existe plus au sein de la population, chacun ne sait plus qui est qui », dit-il.

Affrontements de groupes armés

Si l’insécurité dans la région de Gao est caractérisée par des actes de banditisme sans attaques terroristes d’envergure ces dernières semaines, la zone est aussi en proie à des affrontements entre groupes terroristes et groupes armés défendant la région.

Le 31 octobre dernier, selon la Plateforme des Mouvements du 14 juin d’Alger, « des éléments lourdement armés de Daech ont fait irruption dans le campement d’Ahina, dans la commune d’Anchwadj (région de Gao) ». « Une unité du Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghads et Alliés (GATIA), qui patrouillait dans la zone, aussitôt informée, a lancé une offensive sur les assaillants. Après d’intenses combats, qui ont duré plusieurs heures, les malfrats ont été défaits avec une quinzaine de morts dans leurs rangs », a indiqué son communiqué, qui déplorait également la mort de 9 de ses combattants et de 4 civils lors de ces affrontements.

Dans la région voisine de Ménaka, les mêmes affrontements sévissent depuis le mois de mars et se sont intensifiés début octobre, pendant plusieurs jours, après des semaines d’une relative accalmie. Dans des communiqués de revendication authentifiés par le site spécialisé américain SITE, l’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) a indiqué avoir tué 40 combattants du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), tandis que ce dernier, qui reconnait avoir perdu une trentaine d’hommes, a affirmé avoir tué 70 hommes de l’EIGS.

L’offensive de l’EIGS, qui n’épargne pas les civils de plusieurs villages de la région de Ménaka a occasionné des déplacements massifs des populations vers les villes de Ménaka, de Gao ou encore de Niamey, au Niger. Des déplacements dans lesquels Abdoul Karim Samba soupçonne des « infiltrations d’individus mal intentionnés, parce que depuis l’insécurité a augmenté à Gao », accuse-t-il.

ATT : deux ans après, le repère tient debout

Deux ans jour pour jours après le décès d’Amadou Toumani Touré, Souleymane Koné, ex-ambassadeur, actuel conseiller à la Primature rend hommage à l’ex-président dans cette contribution.

Deux après sa disparition,  les idées et actions de ATT restent  le repère d’un autre Mali possible dans l’unité et le rassemblement. Du soldat de la démocratie et du Bâtisseur de la nation qu’il a incarné, ATT demeure l’absent le plus présent dans notre vie nationale.

Il est resté un repère dans la lutte pour la souveraineté du Mali. Son refus de l’installation de 500 soldats français sur la base de Tessalit ;  son refus pour la construction d’un observatoire des mouvements par la France à Gao ou Sévaré si les produits ne sont pas partagés par le Mali et son refus de signer l’accord d’admission avec la France attestent éloquemment l’esprit et la capacité de résistance du patriote qu’il fut.

Son soutien déterminé au Col. Kadhafi  qu’il  avait fini par convaincre d’accepter une solution africaine à la crise dans son pays ; son obsession à trouver une solution régionale à la sécurité dans le Sahel, révèlent la lucidité et la dimension panafricaniste de l’homme.

Faut-il  rappeler que le mort-né G5-Sahel  n’a été une pale copie de l’idée de ATT de la nécessité d’une coordination régionale dans la lutte contre l’insécurité dans le Sahel.

Sa vision structurante de l’agriculture comme pilier fondamental du développement, visait à faire du Mali une puissance agricole capable de nourrir l’Afrique de l’Ouest ; les  constructions des routes nationales et secondaires et des ponts comme facteurs  essentiel d’accompagnement du développement économiques et d’intégration nationale témoignent  tout aussi de sa vision pointue  et stratégique de l’avenir de notre pays.

Le Président ATT a érigé  la solidarité nationale en culte avec un engagement jamais égalé dans notre pays : les logements sociaux spontanément baptisés ATTbougou par les populations reconnaissantes ; l’assurance maladie obligatoire, ont fondamentalement restructuré l’univers social de notre pays.

Jamais la culture malienne n’avait été aussi vivante et diversifiées dans ses expressions que sous le Président Amadou Toumani Touré.

Sur le plan politique après la transition démocratique de 1991-1992, ATT  est resté la figure tutélaire de la démocratie malienne. Sa seule présence au sein de l’armée, a  permis malgré les secousses de toutes sortes à la démocratie de fêter ses dix premières années sous la direction d’un pouvoir civil.

Face à une classe politique déchirée, convaincu qu’il n’aura pas la même chance d’avoir une figure protectrice de la démocratie,  il a tiré toutes les leçons dès son retour au pouvoir en 2002, de la décennie 1992-2002 en initiant le concept de consensus politique comme modèle de gestion partagée du pouvoir.

D’ailleurs, au moment où la nécessité de recoudre le Mali s’impose à tous, la revisite du consensus politique en tant que construction politique la plus intelligente et la plus créative que notre pays a connue est un impératif.

Ce modèle alors en construction  était un pari sur la capacité des acteurs dans la  gestion sage et raisonnable des intérêts sociaux divergents, en vue de maintenir la paix civile et le minimum de sécurité qui permette à chacun de s’atteler au développement de sa structure d’origine. Il reposait  sur l’idée selon laquelle le chemin suivi pour trouver une décision est une partie importante de la décision elle-même.

Faire  pour que les gens ordinaires se sentent concernés par le fonctionnement de la démocratie ; que la confiance soit restaurée dans nos institutions et les procédures publiques ; que l’action politique devienne crédible ; que s’élargisse la participation électorale, demeurent encore parmi les défis  dans  l’évolution politique notre pays.

Aussi  le consensus politique présentait-elle  comme une réponse à la démocratie détournée dès sa naissance ; un effort de repenser la politique  dans notre pays ; la construction d’une  nouvelle éthique politique ; une dynamique pour réhabiliter la politique et une démarche pour un renforcement  du contenu social de la démocratie.

Le Président ATT a été un grand leader charismatique et un éclaireur politique, mais il n’a pas été un prophète, même s’il a subi les traitements éprouvés par les  par  tous les prophètes : la méchanceté et les mesquineries de ses contemporains.

A titre d’exemple, en dépit du fait que le consensus politique ait permis  au Mali de survivre à la guerre civile en Côte d’ivoire, pour les détracteurs du modèle, le Mali serait  devenu un  étrange pays démocratique qui, aura  aboli quasiment toute vie politique, puisque les grands partis auparavant opposés et la société civile,  évoluaient ensemble dans un consensus politique.  Cette situation aurait créé une « démocratie apolitique » elle-même devenue  un cercle carré.

Le modèle a été détruit par la France de Nicolas Sarkozy avec l’appui de ses relais nationaux et  au-delà du modèle démocratique, le pays lui-même.

Le soldat de la démocratie a vu ses adversaires détruire l’œuvre de sa vie, son pays qu’il a tant aimé et servi…Mais sa vision et ses réalisations demeurent le repère qu’un autre Mali est possible dans l’unité et le rassemblement.

Depuis son départ du pouvoir, les différentes structures  de légitimité crédibles dans le pays ont été divisées. L’Etat a davantage été désacralisé et dépouillé de son manteau de respect et de considération. Il a perdu sa force, les institutions publiques sont devenues des coquilles vides intellectuellement corrompues, ne maintenant qu’une apparence de légalité.

Le Mali a évolué dans une caricature de démocratie. Cette caricature était  illustrée par l’asservissement du personnel placé à la tête de ces institutions ces dernières années.

S’il y a une certitude, c’est que depuis, le Mali cherche vainement un rassemblement de ses forces vives  pour sortir de la  présente crise.

C’est pourquoi et pour tant d’autres raisons, le président ATT,  est devenu l’absent le plus présent dans nos préoccupations. Il en est ainsi quand ses réalisations sont constamment mises au-devant dans tous les domaines de la vie publique. Depuis 2012, les pouvoirs en exercice  peinent à avoir une identité propre, sans que l’ombre de ATT ne soit plus lisible et plus visible.

Aujourd’hui encore,  la Nature se contente  de nous rappeler le souvenir du bonheur, celui que l’on  n’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Elle s’est chargée de nous  faire  inaugurer des parenthèses douloureuses d’équipes venues conspuer les nombreuses chances que ATT avait ouvertes  et/ou  offertes à  notre pays.

Pour le pays, ATT avait compris qu’il était vain de vouloir  traiter les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier.  C’est pourquoi il avait foi en un Mali fort et capable lorsqu’il se donne la chance d’avancer. Car, au cours de ses siècles d’existence, ce pays a appris que l’on peut trébucher sur une pierre et être capable de gravir une montagne.

Souleymane KONE

Ancien Ambassadeur

solokone189@gmail.com

 

 

 

 

« Notre partenariat n’a de sens que s’il répond à l’expression de besoins des armées africaines » (Emmanuel Macron)

Au Sahel, la présence de l’armée française doit cadrer avec les besoins exprimés des pays de la région.Comme annoncé, Emmanuel Macron a décrété la fin officielle de l’opération Barkhane qui avait vocation à combattre les jihadistes chassés du septentrion malien en 2013 par l’Intervention Serval. Le président français présentait mercredi 9 novembre, à Toulon, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale.

Pour le chef de l’Etat français, « les formes traditionnelles sur lesquelles se déclinait » la vocation de la France à être pourvoyeuse de sécurité en Afrique sub-saharienne, doivent être réinventées radicalement.

« Notre engagement aux côtés de nos partenaires en Afrique doit être désormais centré sur une logique d’appui et de coopération à leurs armées », réoriente Emmanuel Macron selon qui, « cela doit se traduire par un dispositif plus léger et plus intégré avec elles ». « C’est pourquoi, assure-t-il, nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échange avec nos partenaires africain, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ce statut, le format et les missions actuelles des bases françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest, afin de bâtir avec les intéressés une organisation des instruments communs et partagés de soutien aux armées de la région ».

Dans cette perspective, le président français se donne six mois pour « finaliser » avec ses partenaires africains une stratégie centrée autour d’ « interventions bornées dans le temps ». Il s’agira surtout de « principes définis avec eux », déclinés « à l’échelle de chaque pays, selon les besoins qui seront exprimés » par chacun en termes d’ « équipements, de formations, de partenariats opérationnels, d’accompagnement dans la durée et d’intimité stratégique ».

Emmanuel Macron est convaincu que « notre partenariat n’a de sens que s’il est un partenariat véritable qui répond à l’expression de besoins explicites venant des armées africaines », s’inscrivant en « complémentarité des partenariats économiques, politique et administratif dans ces pays ».

De 5000, le dispositif militaire français a été réduit à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

La décision de la France de sursoir à la forme actuelle du déploiement de ses forces armées en Afrique de l’Ouest intervient dans un contexte de dégradation de ses relations diplomatiques avec le Mali, sur fond de renforcement de la coopération entre ce pays et la Russie. Mais aussi d’une collaboration supposée de la compagnie militaire russe controversée, Wagner avec les décideurs de Bamako.

La junte au pouvoir depuis mai 2021 après un coup d’État contre le président de la transition qu’elle a même installé neuf mois plus tôt, nie la présence de mercenaires russes sur le sol malien et affirme qu’il s’agit plutôt d’ « instructeurs » appelés pour combler le vide laissé par la France accusée d’ « abandon en plein vol ».

« L’expertise en matière de fabrication d’explosifs change la donne sécuritaire au Sahel » (chercheure)

Les groupes jihadistes présents au Sahel n’engagent plus constamment leurs hommes en première ligne pour attaquer les ennemis, préférant recourir aux engins explosifs improvisés (EEI) afin de « poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », soutient Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).1. Ces dernières années, de nombreuses attaques à l’engin explosif improvisé ont été notées au Sahel central (Mali, Burkina et Niger). Comment expliquez-vous cela ? 

Ces armes sont relativement faciles à fabriquer car les composants sont disponibles sur le marché régulier (souvent des biens dits “à double usage”). Ce sont des armes bon marché, avec un rapport qualité/prix avantageux, financièrement abordables pour les groupes terroristes susceptibles de les fabriquer.

Pour confectionner ces armes, il faut cependant avoir à sa disposition l’expertise technique nécessaire. Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de ce type de connaissance. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel.

2. Du point de vue stratégique, que représentent les engins explosifs improvisés pour les groupes jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés (EEI) sont une façon très simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État.

3. Dans l’arsenal des jihadistes, quelle place occupent les engins explosifs improvisés ? 

L’introduction de l’expertise en matière de fabrication d’engins explosifs improvisés dans le Sahel a clairement changé la donne sécuritaire. Il y a une dizaine d’années, des groupes comme al-Mourabitoun menaient avant tout des attaques armées avec leurs hommes en première ligne. On citera entre autres la prise d’otages du Radisson Blu à Bamako, au Mali (2015) ou bien l’incident d’In Amenas dans le Sud-Est de l’Algérie (2013).

Aujourd’hui, les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais. Cette méthode n’est pas exclusive aux groupes jihadistes du Sahel, on la retrouve aussi chez les groupes armés islamistes présents au Moyen-Orient, comme en Irak ou bien en Afghanistan.

Cela traduit aussi le changement d’objectif des groupes terroristes dans la région. Ils n’ont plus l’ambition de contrôler des territoires (comme cela avait été le cas avec le contrôle de Tombouctou en 2012 par exemple), mais de les déstabiliser. Un objectif plus réaliste au regard de leurs capacités, mais tout aussi inquiétant pour l’avenir de la région.

Il ne faut cependant pas mettre au second plan les massacres de civils également commis par les groupes terroristes, en particulier dans la zone du Mali centre et celle des trois frontières (Mali, Burkina et Niger). C’est un mode opératoire de plus en plus fréquent ces trois dernières années, et particulièrement préoccupant.

4. Quel est l’impact des engins explosifs improvisés dans la guerre contre les jihadistes ? 

Les engins explosifs improvisés ont mis la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en difficulté. Depuis sa création en 2013, au moins 177 Casques Bleus (chiffre ONU juillet 2022) sont morts dans des actes malveillants (c’est-à-dire qu’on exclut les morts par accident ou maladie). Cela fait d’elle la mission de maintien de la paix la plus meurtrière pour ses soldats depuis la création des Nations Unies.

Parmi ces 177 morts, au moins 93 ont perdu la vie à cause des engins explosifs improvisés (chiffre de juin 2022). Ces attaques à l’explosif ont également blessé au moins 698 civils et 596 Casques bleus depuis 2013.

Les violences ont connu un pic en 2021 avec la mort de 28 soldats de la paix dans l’explosion d’EEI et autres attaques armées. La mission paie donc un lourd tribut sur le terrain, qu’elle s’attelle à diminuer par d’importants efforts en matière de déminage et de lutte anti-EEI.

En 2022, la mission rapporte de multiples incidents – mortels ou non – toutes les semaines. On peut donc parler d’une fréquence élevée. Pour donner une échelle de grandeur, de juillet 2021 à juin 2022 (soit une année de mandat de la mission onusienne), la Minusma a répertorié 213 attaques à l’EEI, contre 149 pour la période précédente (juillet 2020 à juin 2021).

6. De quels moyens disposent les pays du Sahel et les forces étrangères pour faire face à cette menace grandissante ?

Les capacités des pays du Sahel pour détecter et désactiver en masse les EEI restent limitées au regard des besoins croissants de la région. Le partage de compétences sera un enjeu crucial afin de faciliter le rattrapage nécessaire à cet égard.

Face à des incidents qui se multiplient, la Minusma a mis en place une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’engins explosifs improvisés. On citera notamment les contingents cambodgiens déployés actuellement au sein de la mission et qui sont des spécialistes de renommée internationale en la matière.

L’introduction d’équipes spécialisées en déminage et en détection d’engins explosifs improvisés a permis d’améliorer la détection et la neutralisation de ce type d’engin. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne détectait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce type étaient beaucoup plus fréquentes.

Pour autant, ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils.

Sahel : clap de fin pour l’opération française Barkhane

En 2014, cette opération militaire menée au Sahel et au Sahara par l’Armée française, avec une aide secondaire d’armées alliées, avait remplacé l’intervention Serval pour combattre les jihadistes.Après le retrait du dernier soldat français du Mali en août dernier, il était attendu que le président Emmanuel Macron déclare la fin de l’opération Barkhane. Le chef de l’État français va donc passer à l’acte ce mercredi 9 novembre à l’occasion d’un discours qu’il prononcera à Toulon, dans le Sud de la France.

Il s’agira pour le numéro 1 de l’Elysée de « marquer officiellement la fin de Barkhane et d’annoncer une adaptation significative de nos bases en Afrique ». De 5000, le dispositif français dans la région est passé à 3000 soldats déployés au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

L’objectif est de « réduire l’exposition et la visibilité » de leurs forces militaires en Afrique, privilégiant la coopération et l’appui en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel avec les pays qui le souhaitent.

Les soldats français se sont retirés du Mali sur fond de crise diplomatique entre Paris et Bamako. Les nouvelles autorités de la transition, issues du coup d’État de mai 2021 accusent la France « d’abandon en plein vol ». Ce, en réponse à l’annonce en juin 2021 par Emmanuel Macron de la « réarticulation » de l’opération Barkhane.

Pour combler le vide laissé par ce dispositif qui a pris le relai de l’intervention Serval depuis 2014 pour combattre les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, Bamako a renforcé sa coopération avec la Russie, faisant appel à des « instructeurs » russes considérés comme des mercenaires de la compagnie militaire privée Wagner par plusieurs diplomates et médias occidentaux.

Depuis, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont dégradées. Le Mali a dénoncé les accords militaires le liant à la France depuis 2013. En août dernier, Bamako a accusé Paris de collusion avec des groupes jihadistes et a dans la foulée réclamé une plénière aux Nations unies pour exposer ses « preuves ».

Une demande renouvelée lors du passage du ministre des Affaires étrangères malien au Conseil de sécurité, en marge de la réponse au rapport du Secrétaire général de l’Onu sur la situation politique et sécuritaire au Mali. Par la voix de son représentant permanent à l’Onu, la France a qualifié ces accusations de « diffamatoires et mensongères ».

Les engins explosifs improvisés : l’autre arme des jihadistes au Sahel

Dans la guerre non conventionnelle que mènent les mouvements jihadistes au Sahel, leurs munitions explosives hantent les forces qui les combattent sans relâche.Il ne se passe pas un mois sans que les engins explosifs improvisés (EEI) ne fassent tristement parler d’eux au Sahel central couvrant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Les convois des différentes forces qui y combattent les groupes jihadistes risquent à tout moment de rouler sur ces minutions dissimulées sur les routes ou encore les pistes.

Prohibées à l’échelle internationale, après l’entrée en vigueur de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, le 1er  mars 1999, ces armes sont à classifier en trois grandes catégories : les EEI déclenchés par la victime selon le mécanisme d’une mine terrestre, les engins à temporisation programmés pour exploser à un moment précis et les engins télécommandés dont la charge explosive est déclenchée par la pression délibérée ou non du commutateur.

« L’usage d’un type ou un autre dépend de la cible. Quand c’est par exemple pour frapper la force Barkhane, dont les patrouilles sont plus protégées contre cette menace avec le blindage des véhicules ou le brouillage électronique, les jihadistes ont recours à des techniques différentes de celles utilisées contre les Forces armées maliennes », explique Wassim Nasr, spécialiste des mouvements jihadistes.

Depuis le début de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) en 2013, les engins explosifs improvisés ont tué au moins 93 Casques bleus (chiffre de juin 2022).

Un rapport de la Minusma, arrêté au 31 août dernier, a recensé 245 attaques aux EEI en 2021 et 134 en 2022 pour 103 morts en 2021 contre 72 en 2022. « Presque les trois quarts des victimes se trouvent dans les rangs de l’armée malienne et des forces internationales, plus du quart parmi les civils », souligne le document.

« Le recours aux engins explosifs improvisés n’est pas un phénomène nouveau dans le Sahel. Cette pratique remonte à longtemps. Il y a de plus en plus d’EEI car ils sont désormais faciles à fabriquer », indique M. Nasr, journaliste à France 24.

En fait, le savoir-faire pour ce type d’armes s’est propagé comme une traînée de poudre. « Il y a une dizaine d’années, les groupes terroristes actifs dans le Sahel ne disposaient que de manière marginale de l’expertise technique nécessaire à la mise au point d’EEI. C’est avec l’émergence du conflit libyen et la chute de l’État islamique en Syrie et au Levant (qui a provoqué un exil de combattants vers le continent africain) que cette compétence s’est diffusée au Sahel », avance Solène Jomier, chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip).

« Il faudra un jour aussi pointer les responsabilités de certains grands commerçants de toutes ethnies et de députés ou élus locaux dans la constitution des filières d’importation d’engrais et de matériels explosifs miniers dont une grande partie a été volée et vendue en connaissance de cause
aux groupes armés terroristes. Il est inconcevable de voir que les pays sahéliens sont négligents dans le suivi de ces matières alors que les gens meurent dans leurs usages », fustige une source à Amanar-Advisor, cabinet de conseil en intelligence stratégique installé à Strasbourg, en France.

« L’arme du pauvre »

Les groupes jihadistes opérant au Sahel s’adaptent à leurs moyens logistiques pour poursuivre leurs desseins. Dans cette partie de l’Afrique aride, couvrant une superficie de  5,4 millions km2, il y a « une relative facilité d’accès aux matières premières pour la confection d’engins explosifs improvisés, un transfert de compétences via d’abord des forums et messageries cryptées puis grâce à l’avènement des messageries comme WhatsApp », note notre interlocuteur à Amanar-Advisor.

Ce dernier assure que « le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim ou Jnim en arabe) a démocratisé la pratique en l’adaptant aux réalités sahéliennes, montrant une forme d’ingénierie sur le sujet grâce à des artificiers de talent. Le Gsim a importé au Sahel les savoir-faire des talibans (Afghanistan) ».

Le moindre coût des éléments qui entrent dans la préparation des engins explosifs improvisés en fait « l’arme du pauvre », soutient Wassim Nasr, avant d’ajouter que les jihadistes utilisent aussi « les explosifs de militaires capturés » au combat.

Toutes choses qui font que « les EEI sont une façon simple et abordable pour les groupes terroristes de causer des pertes à leurs ennemis sans pour autant risquer la vie de leurs propres hommes. On est clairement dans un schéma de conflit asymétrique. Ces engins, par leur discrétion et leur relative imprédictibilité, participent à nourrir la stratégie de peur de ces groupes, qui cherchent à instiller un sentiment profond d’insécurité parmi les populations civiles et les forces de sécurité de l’État », remarque la chercheure du Grip.

Les engins explosifs improvisés produisent donc un effet psychologique en ce sens qu’ils installent une crainte permanente chez les cibles potentielles en les maintenant sous pression. « Il suffit d’avoir un EEI sur une route pour la bloquer pendant un moment. Le soupçon seulement ralentit la progression de l’ennemi. S’il y a une attaque jihadiste dans un endroit, l’évolution du convoi des militaires sera beaucoup plus lente
avec la prise en compte du risque de rouler sur des EEI », analyse Wassim Nasr.

Quels moyens de lutte ?

Par la force des choses, « les engins explosifs improvisés sont devenus le mode opératoire privilégié des groupes jihadistes au Sahel. Moins coûteux en hommes et en matériels que des attaques armées coordonnées, les EEI permettent à ces groupes de poursuivre leur stratégie de terreur à moindre frais », constate Solène Jomier.

Face à la récurrence des incidents liés aux EEI, précise-t-elle, la Minusma met en œuvre « une série d’actions afin de minimiser les risques et de limiter le nombre de victimes. Elle s’est notamment dotée d’équipes spécialisées dans la détection d’EEI. On citera notamment les contingents cambodgiens, au sein de la mission, qui ont une renommée internationale en la matière ».

Pour cette chargée de recherche au Grip, « l’introduction d’équipes formées a amélioré la détection et la neutralisation de ce type d’engins. En 2014, à l’orée de l’émergence de l’utilisation des EEI, la mission ne trouvait en moyenne que 11 % d’engins avant leur explosion. Ce chiffre est monté à 50 % en 2020, alors même que les attaques de ce genre étaient beaucoup plus fréquentes ».

Toutefois, soutient-elle, « ce travail de fourmi, très fastidieux et difficile, complique la tâche de la mission au quotidien, en particulier ses patrouilles, dont la fréquence régulière aide à prévenir les attaques contre les civils ».

À l’évidence, les pays sahéliens en proie au jihadisme ont tous des capacités limitées pour atténuer la menace des engins explosifs improvisés. Pour autant, on ne peut pas encore qualifier cet espace de champ de mines. « Pour le dire, il faut avoir un territoire complètement inaccessible. Ce n’est pas actuellement le cas au Sahel. Il faudrait aussi avoir des engins qui résistent au temps », estime M. Nasr, auteur du livre État islamique, le fait accompli.

Mali : six personnes placées en détention provisoire pour délit à caractère religieux

Ces individus sont accusés de complicité pour avoir refusé de dire aux autorités où se cachait un homme « tenant des propos blasphématoires » contre la communauté musulmane.Au Mali, un homme accusé de blasphème contre la religion musulmane est toujours en fuite. Mais, six de ses soutiens ont été placés sous mandat suite à une plainte du président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI), Imam Chérif Ousmane Madani Haidara.

Ces mis en cause dont l’écrivain Doumbi Fakoly, qui a pris publiquement position pour défendre l’auteur de la vidéo, appartiennent au mouvement des kamites, considéré comme une secte qui ne reconnaît pas Allah et les prophètes, a indiqué le procureur du tribunal de la commune 4 de Bamako, Idrissa Touré.

« Depuis quelques jours, une vidéo présentant un homme tenant des propos désobligeants à l’égard de la communauté des fidèles musulmans et se livrant à des agissements injurieux contre le coran, le prophète Mohamed et l’islam circule sur les réseaux sociaux », lit-on dans le communiqué du procureur général.

A l’en croire, « ces propos et agissements sont constitutifs de manifestations contraires à la liberté de conscience et de culte susceptibles de dresser les citoyens les uns contre les autres ».

Cette affaire continue de faire couler beaucoup d’encre au Mali où le HCI, regroupant des associations et leaders religieux, a appelé à ce que l’auteur de cet acte soit « tué ». Une manifestation est d’ailleurs prévue cet après-midi à Bamako pour fustiger le contenu de la vidéo.

Presse : la HAC suspend Joliba TV pour deux mois

Après une mise en demeure de la chaîne de télévision privée Joliba suite à un édito de son journaliste Attaher Alidou Maiga diffusé le 30 septembre dernier, la Haute autorité de la communication a décidé ce jeudi de suspendre Joliba TV pour une période de deux mois. La HAC reproche à l’émission Editorial animée par le journaliste de comporter des propos diffamatoires et des accusations infondées concernant l’instance de régulation, l’état de la liberté d’expression au Mali et les autorités de la transition. Le média à déjà introduit un recours gracieux auprès de la HAC. La direction de la chaine a communiqué informant ses téléspectateurs et partenaires de la suspension de ses programmes. Dans un communiqué publié le 3 novembre, la maison de la presse a « déploré » la suspension de la chaine, inviter la HAC à examiner le recours et solliciter sa clémence pour lever la décision de suspension.

Mamadou Dembélé : de l’aviculture et de la conviction

C’est très jeune que Mamadou Dembélé découvre l’entreprenariat, encouragé dans sa passion, l’aviculture, par sa grand-mère, qui lui offre ses premiers sujets. Il commence avec les pigeons et avec ses économies il décide d’acheter des moutons. Mais, très vite, il réalise que leur nourriture constitue une charge trop lourde pour lui, encore étudiant. Il décide alors de revenir à sa première passion.

Il commence avec 100 poulets de chair. Actuellement, Aviplus vend 80 000 poussins par mois, entre 4 000 et 6 000 poulets de chair et 55 alvéoles d’œufs par jour, produites par 2 000 poules pondeuses. L’entreprise est aussi représentante de la marque Goliath, importée du Bénin, une race locale africaine qui est destinée au public moins demandeur de poulets de chair.

Après sa licence professionnelle en comptabilité, en 2017 à Technolab ISTA, sa maîtrise en gestion d’entreprise à la FSEG en 2018 et son master 2 en 2019 (audit et contrôle de gestion) à Technolab ISTA, Mamadou Dembélé, 26 ans, lance Aviplus en 2021.

Avec deux amis et un appui du Facej, il met en place sa structure, qui réalise entre 30 et 40 millions par mois de chiffre d’affaires. Il vend essentiellement ses produits à Bamako, Kayes et Sikasso, avec des poussins importés du Maroc et des partenaires au Mali.

Les difficultés ne manquent pas non plus pour cette activité « très risquée », avec des pertes fréquentes au cours du transport ou à cause de maladies, comme récemment. Ajouté à la cherté du maïs. La société a eu du mal à recouvrer la somme investie. Pas de quoi entamer la volonté de l’entrepreneur. « À chaque fois, on apprend de ses erreurs pour avancer ».

Employant actuellement une douzaine de personnes, l’objectif de M. Dembélé est de maîtriser la chaîne, de produire les poussins et leur aliment afin que ses produits soient accessibles au public.

Siaka Coulibaly : « ce voyage n’est qu’un renforcement de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme »

Le président de la Transition du Burkina Faso a effectué mercredi 2 novembre 2022 une visite de travail et d’amitié à Bamako. Son tout premier déplacement à l’étranger après sa désignation le 14 octobre dernier. Siaka Coulibaly, consultant et chercheur indépendant Burkinabé en droit et sciences politiques livre son analyse.

Quel regard portez-vous sur la visite du capitaine Ibrahim Traoré à Bamako ?

C’est, à priori, une visite logique au vu de la situation sécuritaire qui prévaut au Burkina Faso. Etant donné le partage par le Mali et le Burkina Faso de l’espace sahélien et de la réalité du terrorisme, les coopérations entre ces deux pays en matière de sécurité ne datent pas d’aujourd’hui. Les échanges entre les armées et les services de sécurité du Mali et du Burkina Faso sont une tradition. Au sein du G5 Sahel, il avait été convenu que les armées puissent se soutenir dans la lutte contre les terroristes, y compris en pénétrant sur le territoire voisin. Peut-être que le capitaine Ibrahim Traoré souhaite réactiver ce mécanisme afin de renforcer la stratégie burkinabé contre les groupes armés terroristes  avec l’aide de l’armée malienne.

Il s’agit de son tout premier déplacement à l’étranger. Tout comme lui, son prédécesseur, le lieutenant-colonel Damiba avait choisi le Mali pour son premier voyage hors du Burkina Faso. Comment expliquez-vous ce choix porté sur le Mali ?

A sa prise du pouvoir fin septembre, le capitaine Ibrahim Traoré avait laissé entendre que le Lieutenant- colonel Damiba n’avait pas respecté  le plan du MPSR dans la lutte contre le terrorisme. On attendra la suite et les effets de la mission du 2 novembre pour vérifier si le capitaine Ibrahim Traoré a une vue différente de Damiba pour la coopération sécuritaire avec le Mali.

Ce déplacement s’inscrit-il dans le cadre de la création d’un Cadre bilatéral avec le Mali dans la lutte contre le terrorisme après le retrait du Mali du G5 Sahel ?

Le Mali et le Burkina Faso ont déjà une coopération multiforme sur le plan bilatéral, y compris la sécurité et la justice. Ce voyage n’est  donc qu’un renforcement de cette coopération qui pourrait prendre plusieurs formats opérationnels en matière de lutte contre le terrorisme

Pensez-vous qu’au-delà de la question sécuritaire, le Capitaine Ibrahim Traoré soit venu prendre conseils auprès de son homologue le Colonel Assimi Goita pour mener à bien la transition au Burkina Faso ?

Au stade actuel, il s’agirait plus que de prendre des conseils auprès des autorités maliennes. Cela devrait inclure des actions concrètes, étant donné la situation sécuritaire très précaire du Burkina Faso. Une très grande partie du territoire est sous contrôle des groupes armés terroristes. Le Burkina Faso a besoin d’une aide immédiate.

Sécuriser la région des trois frontières pour pacifier le Nord du Burkina ?

Les autorités burkinabè, à défaut de redonner vie au G5 Sahel, sont condamnées à nouer une alliance stratégique avec le Mali pour pacifier la partie Nord de leur pays.À l’instar de son prédécesseur, le 3 septembre dernier, le capitaine Ibrahim Traoré a réservé sa première visite à l’étranger, mercredi 2 novembre, au Mali voisin. Le président de la transition burkinabè a été, à cet effet, reçu par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le 24 mai 2021, suite à l’éviction du colonel-major Bah N’dao et de son Premier ministre Moctar Ouane.

Au terme de sa rencontre avec le chef de la junte malienne, le capitaine de 34 ans a déclaré avoir échangé avec son hôte « sur comment renforcer la coopération militaire et comment protéger les populations ». Parce que « le plus important » pour le capitaine Traoré, « c’est le défi sécuritaire » auquel font face leurs deux États partageant « une large frontière de 1200 kilomètres » dans le « Liptako-Gourma ».

« La zone des trois frontières ou le Liptako-Gourma est partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Elle s’étend sur 370.000 km2. Au Burkina, le Liptako-Gourma couvre 19 provinces », explique le Burkinabè Wendpouiré Charles Sawadogo, observateur des mouvements jihadistes sahéliens.

Dans le pays des Hommes intègres, la région du Sahel, qui comprend quatre provinces, est la plus affectée par les activités des groupes jihadistes. « D’ailleurs, la première attaque terroriste sur le sol burkinabè, en 2015, a été commise dans cette zone », rappelle M. Sawadago, soulignant qu’ « à partir de cette attaque, la région du Sahel regroupant l’Oudalan, le Séno, le Soum et le Yagha a été complètement déstabilisée pour ensuite contaminer le Centre-Nord et l’Est
du pays ».

Du 1er  juin 2017 au 15 avril 2021, la branche sahélienne de l’État islamique a revendiqué 62 attaques au Burkina contre 59 au Mali et 24 au Niger. Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Gsim), affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), y est aussi actif. Présent essentiellement dans la région du Sahel, ce groupe jihadiste est responsable des attaques meurtrières contre les forces de sécurité burkinabè et assiègent plusieurs villes, dont la plus en vue ces dernières semaines est Djibo, à moins de 100 kilomètres de la frontière malienne.

Pour Ouagadougou, il est donc important « d’être solidaires et de rester unis dans cette lutte ». C’est un impératif pour les nouvelles autorités burkinabè dans un contexte de retrait du Mali du G5 Sahel. En effet, Bamako a annoncé en mai dernier son départ de cette organisation et de sa force conjointe pour protester contre le refus qui lui est opposé d’assurer la présidence de cette alliance régionale anti-jihadiste créée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, le Niger et la Mauritanie. Le 14 juin, une note confidentielle fuitée du chef d’État-major des armées maliennes annonce le désengagement de ses 1400 militaires en service au poste de commandement à Bamako, au fuseau Ouest (à Néma, en Mauritanie) et au fuseau Centre (à Niamey), à partir du 30 juin.

Par conséquent, faute d’inviter le Mali à « assumer ses responsabilités et jouer son rôle » au sein du G5 Sahel, comme le réclamait le ministre nigérien de la Défense, au sortir d’une audience avec le lieutenant-colonel Damiba, les nouvelles autorités burkinabè tableraient sur une nouvelle alliance à l’image de ce qui se fait avec Niamey.

Depuis le 10 juin 2021, le Burkina et le Niger mènent une opération conjointe appelée « Tanli » (cohésion, en langue gullamanchema parlée dans l’Est du Burkina). L’objectif est de sécuriser la bande-frontière entre les deux pays. Selon Ouagadougou et Niamey, cela passe nécessairement par la neutralisation des partisans des groupes jihadistes d’un côté comme de l’autre de leurs frontières communes.

À l’issue de la phase 3 de cette opération, une centaine de jihadistes auraient été tués et une quarantaine de suspects interpellés. Mais d’après Wendpouiré Ch. Sawadogo, ces « succès sont minces puisque le Mali n’est pas partie prenante de l’opération ». Or, pour cet observateur des mouvements jihadistes, « le Burkina ne pourra jamais pacifier son septentrion sans la sécurisation de la zone des trois frontières » dont « la vulnérabilité est aussi la conséquence d’une absence de prise en considération des besoins basiques des populations ».

Ménaka: pourquoi l’EIGS et le GSIM convoitent la région ?

La région de Ménaka est le théâtre d’affrontements, depuis le mois de mars, entre deux nébuleuses terroristes, l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), branche sahélienne du groupe État Islamique, et le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaeda. Les combats ont repris ces derniers jours, avec, selon nos informations, des victimes dans les deux camps. Pourquoi cette région est-elle autant convoitée par les deux groupes rivaux ?

« Des affrontements entre Jnim et Daech signalés cet après-midi au sud-ouest d’Insinsnane », a alerté sur Twitter le 29 octobre Fahad Ag Almahmoud du Groupe d’auto-défense Touareg, Imghad et alliés (Gatia), Président de la plateforme du 14 juin 2014 d’Alger.

À l’en croire, ces affrontements entre les deux organisations, qui « restent extrêmement puissantes sur le terrain et ont reçu des renforts de partout », ont tourné en faveur du GSIM, qui a fait son entrée à Anderamboukane le 30 octobre, alors que les renforts de Daech s’étaient regroupés à Tadjalalte, 30 km à l’ouest.

Zone « libre »

Pour Abdoul Nasir Idrissa de « Kala A Ma Harandi », un collectif de journalistes-militants de la région de Gao, observateur de l’évolution depuis plusieurs mois des conflits entre les deux groupes terroristes dans la zone, les affrontements s’inscrivent une logique de de positionnement. « Chacun des deux groupes veut avoir la mainmise sur Anderamboukane, ce qui fait une entrée directe sur le Niger », soutient celui qui pense que l’intérêt et la convoitise de la région de Ménaka sont dus à la libre circulation qu’elle offre.

« La zone de Ménaka est une zone carrefour, où l’on peut facilement se cacher dans des forêts. À partir de Ménaka, vous avez une ouverture sur Kidal, jusqu’à l’Algérie et également sur le Niger. La zone de Talataye, dans le cercle d’Ansongo, jusqu’à Anderamboukane, est également une zone où l’on peut circuler librement. L’espace est vide, sans présence militaire », explique-t-il.

Assurer l’autofinancement

Dr. Aly Tounkara, Directeur du Centre d’études stratégiques et sécuritaires au Sahel (CE3S) pense pour sa part que la recrudescence des conflits dans la région de Ménaka est en partie due aux mésententes entre groupes armés dans la zone. « Les groupes armés eux-mêmes, qu’ils soient signataires de l’Accord pour la paix ou pas, peinent à s’accorder sur l’essentiel dans la région de Ménaka, contrairement à des localités comme Kidal, où l’on a quand même une prééminence de la CMA », indique-t-il.

Par ailleurs, selon lui, chacun des groupes cherche à contrôler ce territoire parce que lorsque ce contrôle est acquis, « on a par ricochet les populations avec soi, la mainmise sur tout ce qui est mobilité en termes d’escorte, les cartels de la drogue, même les voies clandestines qui mèneraient à la migration irrégulière, des aspects qui permettent entre-autres aux groupes de s’autofinancer ».

Le spécialiste des questions de sécurité souligne que les clivages ethniques et les tensions entre les communautés dans cette région attisent également les affrontements, que ce soit entre l’EIGS et le GSIM ou entre l’un des deux et les groupes armés de la zone.

En avril dernier, au plus fort des affrontements qui opposaient l’EIGS au Mouvement de soutien de l’Azawad (MSA), qui tentait de contrer l’offensive de l’État Islamique, Ibrahim Maiga, spécialiste sécuritaire et ancien chercheur à l’ISS Africa, expliquait dans nos colonnes que ces affrontements se nourrissaient d’une longue conflictualité, qui s’était établie dans cette zone frontalière entre certaines communautés.

Rebondir après Talataye

Pour certains observateurs, la reprise récente des combats entre l’EIGS et le GSIM dans la zone de Ménaka s’expliquerait aussi par une volonté de revanche des hommes d’Iyad Ag Ghaly, suite à leur « défaite » à Talataye, dans le cercle d’Ansongo, début septembre.

Une défaite qui, selon une source citée par l’Agence de presse africaine (APA News), a « terni l’image du GSIM et a consolidé le mythe d’invincibilité de l’EI, d’où une mobilisation du GSIM depuis quelques semaines pour cette grande offensive, pour réarmer moralement ses combattants, affectés par cette défaite ».

Mali: le président de la transition burkinabè entame sa visite

Le capitaine Ibrahim Traoré a été accueilli par son homologue malien, le colonel Assimi Goïta.Clap de début de la tournée du président de la transition du Burkina Faso au Mali ! Le capitaine Ibrahim Traoré est arrivé, mercredi après-midi à Bamako, pour une visite d’amitié et de travail.

Le nouvel homme fort de Ouagadougou a été accueilli à l’aéroport international président Modibo Keïta de Bamako-Sénou par le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta, en présence du Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga, du président du Conseil national de Transition (CNT), le colonel Malick Diaw, et des membres du gouvernement.

« Dans l’optique d’améliorer la sécurité de nos populations respectives, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Faso et moi avons eu cet après-midi des échanges fructueux autour des défis majeurs qui impactent la paix et la stabilité de nos Etats », a écrit sur Twitter le colonel Goïta.

Le capitaine Traoré effectue sa première sortie officielle à l’étranger depuis sa désignation comme président du Faso, à l’issue des Assises nationales tenues vendredi 14 octobre 2022.

Son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait également effectué sa première visite officielle à Bamako, en septembre dernier. L’ancien président de la transition avait rencontré le colonel Assimi Goïta avec qui il avait discuté de la nécessité pour leurs deux pays d’œuvrer ensemble pour vaincre les groupes jihadistes qui déstabilisent le Sahel central depuis plusieurs années.