Mohamed Salia Touré : « Pour l’instant, le mouvement Welé Welé ne soutient aucun candidat »

Le 28 mars, le candidat de l’Alliance pour la Démocratie et la Paix (ADP Maliba), Aliou Boubacar Diallo, recevait Mohamed Salia Touré, Président du mouvement Welé Welé, l’Appel. Après cette  rencontre, le PDG de Wassoul’Or affirmait sur son compte Facebook que l’ancien Président du Conseil national des jeunes soutenait sa candidature à l’élection de juillet. Mohamed Salia Touré affirme le contraire à Journal du Mali et explique sa ligne de conduite.

Comment se porte le mouvement Welé Welé?

Welé Welé se porte très bien. Depuis notre lancement, le 21 octobre 2017, nous avons entamé une vaste campagne de sensibilisation et d’implantation de nos comités, à Bamako et à l’intérieur du pays. Nous avons pu couvrir toutes les communes de Bamako et fait le lancement à Sikasso le 17 mars,  le 24 à Mopti et le 31 mars à Kayes, en plus de la région de Ségou. Koulikoro et les cinq régions du nord, où nous avons pu identifier nos points focaux, suivront.

Le candidat de l’ADP Maliba a affirmé  il y a quelques jours que vous souteniez sa candidature à la présidentielle. Qu’en est-il ?

Le mouvement social Welé Wélé est dans une démarche d’implantation, de promotion de la  citoyenneté, en milieu jeune. Nous sommes fermes, mais pas fermés.  Nous parlons avec tous ceux qui parlent d’alternance, car la finalité de notre action est de parvenir à une alternance générationnelle au sommet de l’Etat. Aliou Boubacar Diallo est une personne respectée et respectable. Il parle d’alternance et porte des nouvelles idées pour le Mali. C’est dans ce sens que je l’ai rencontré et que nous avons échangé. Je me suis rendu compte qu’il y avait une convergence parfaite de vision entre nous par rapport au Mali. Nous avons donc décidé de nous  revoir pour approfondir les échanges et voir dans quelle mesure pouvons mettre en place un cadre de collaboration pour nous mener à cette alternance. Mais, pour l’instant, le mouvement Welé Welé ne soutient aucun candidat.

Beaucoup d’observateurs estiment que vous êtes affiliés à Mamadou Igor Diarra…

Nous ne sommes affiliés à personne. C’est vrai qu’il y a des personnalités du monde politique, économique et culturel qui nous ont aidés dans la mise en place de ce mouvement. Alioune Ifra N’diaye, Président d’honneur du mouvement, est une personnalité connue du monde culturel. Quant à Mamadou Igor Diarra, il nous a aidé et soutient les idées du mouvement, comme d’autres personnalités avec qui nous parlons. Il y en a d’autres, dans l’anonymat, qui nous aident. Le jour où nous  déciderons de nous affilier à un courant politique donné, nous le ferons savoir. C’est la convention nationale des Horons qui décidera.

Sur quels principes  allez-vous opérer votre choix ?

Il y a des points sur lesquels nous ne pouvons transiger, car nous pensons que la crise dans laquelle notre pays a été  précipité est due au manque de sérieux et de responsabilité, souvent même collective. Pour en sortir, il faut que nous devenions des Horons responsables, qui respectent la parole donnée. Un autre point est le programme, les recettes proposées pour faire sortir le Mali de la crise. Nous devons garder à l’esprit que le Mali a besoin d’une personnalité politique nouvelle incarnant de nouvelles idées.

On constate de plus en plus d’implication des jeunes en politique. En quoi est-ce une nécessité ?

C’est une très bonne chose. C’est le discours que je tiens quand je vais dans les milieux jeunes. Je leur dis : « investissez le champ politique. Il faut qu’on déprofessionnalise ce secteur dans notre pays, qu’on cesse de penser que la politique est pour des malhonnêtes ou des gens qui ne tiennent pas parole. Parce que, si vous honnête et que vous vous désengagez, si moi qui suis honnête, je me désengage et que d’autres, qui le sont aussi, font de même, la politique restera entre les mains des malhonnêtes ». Sous d’autres cieux, quand on est menteur et qu’on ne respecte pas la chose publique, on ne peut devenir homme politique. L’exemple le plus patent est le cas de François Fillon en France. Il faut donc une nouvelle génération de jeunes, qui n’ait pas honte de faire de la politique, parce qu’il n’y a pas de travail plus noble que de se mettre au service de la communauté. C’est cette révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux. Si les jeunes s’intéressent à nous, cela veut dire que  le message est en train d’être entendu.

Brésil : Ronaldinho se lance en politique

L’ex-star du football brésilien, Ronaldinho a décidé de tenter l’aventure politique après avoir annoncé en janvier dernier la fin de sa carrière. Il a rejoint mardi 20 mars 2018 les rangs du Parti Républicain Brésilien (PRB), considéré comme le bras politique de l’Église Universelle du Royaume de Dieu (EURD).


La reconversion de l’ex footballeur n’aura pas trainée. C’est désormais dans l’arène politique de son pays que veut briller le champion du monde 2002. « Je suis heureux de pouvoir participer à un projet qui recherche le meilleur pour notre pays et qui est porteur de modernité, bonheur et santé pour toute la population », a déclaré Ronaldinho dans un communiqué diffusé par son parti.

Le PRB, auquel appartient aussi le maire de Rio, Marcelo Crivella a souligné que « Roni » s’était engagé à « contribuer aux projets et propositions du parti au niveau local et fédéral.

Même si tout porte à croire que Ronaldinho pourrait se présenter aux prochaines élections générales prévues en octobre, le parti n’officialise rien à ce jour. « Pour le moment, il n’a pas été décidé s’il se présenterait à une élection » a précisé une source au sein du PRB.

L’ex numéro 10 de la seleçao avait commencé sa carrière au Gremio Porto Alegre, sa ville natale, avant de devenir une star au PSG (2001-2003) puis au FC Barcelone (2003-2008).
Champion du monde en 2002, Ballon d’Or en 2005, vainqueur de la Ligue des champions en 2006, il avait ensuite porté les couleurs de l’AC Milan (2008-2011) avant de rentrer au Brésil, à Flamengo (2011-2012) et à l’Atletico Mineiro (2012-2014), avec qui il a remporté la Copa Libertadores en 2013.

Premier oral pour Tieman Hubert Coulibaly

Première pour le nouveau ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Tieman Hubert Coulibaly était face à la presse le 1er février pour faire le point après ses récentes participations à des rencontres internationales au nom du Mali.

Conseil de sécurité des nations unies et sommet de l’union africaine. La situation au Mali a été au menu de ces réunions tenues toutes deux pendant le mois de janvier 2018. Y pris part une délégation conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tieman Hubert Coulibaly. Ce dernier a rencontré la presse ce jeudi 1er février pour dresser le bilan de cette participation et éclairer l’opinion nationale sur certains points qui en sont ressortis.

Le premier concerne les informations portant état d’un ultimatum des nations unies à l’endroit des autorités maliennes pour l’accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.Le premier concerne les informations portant état d’un ultimatum des nations unies à l’endroit des autorités maliennes pour l’accélération de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Selon lui, c’est  » le Mali qui a souhaité un régime de sanctions et qu’il soit l’objet d’une résolution à l’ONU ». Le Mali, a-t-il ajouté, n’est, en aucun cas, menacé parce qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour la « réelle « mise en oeuvre de l’accord. « Il est temps d’avancer « , a-t-il conclu sur ce sujet.

Le 30e sommet de l’union africaine qui s’est tenu la semaine dernière a été, aux dires du ministre l’occasion de discuter des réformes en cours au niveau de l’instance continentale. Le marché unique pour le transport aérien, la zone de libre-échange, le financement de l’organisation étaient à l’ordre du jour et « après des débats riches auxquels nous avons pris part, nous nous réjouissons des avancées sur ces sujets essentiels pour l’avenir du continent », assure M. Coulibaly.

Répondant aux questions des journalistes, il a évoqué, entre autres, la prochaine revue stratégique à l’ONU qui pourrait permettre une nouvelle évolution du mandat de la MINUSMA, l’évolution de la collaboration avec les groupes signataire de l’accord de paix, la prochaine réunion du G5 Sahel au cours de laquelle le Mali passera la présidence au Niger. En ce qui concerne les récents commentaires sur la situation malienne sur certains médias étrangers, il a déclaré souhaiter éviter de les commenter tout en déplorant des « attaques indignes et injustifiées ».

Alou Coulibaly : « Cette décision sera attaquée devant la Cour Suprême »

Suspendu trois mois à l’issue du Conseil des ministres du 24 janvier, pour « plusieurs fautes graves contraires à la loi », selon le ministre des Collectivités Territoriales, le maire de la Commune VI, Alou Coulibaly, dénonce une décision « arbitraire ».

Journal du Mali : Quelle analyse faites-vous de votre suspension ?

Alou Coulibaly : Ce que l’on me reproche officiellement porte sur trois points. Tout d’abord, un ordre pour une mission qui n’a même pas eu lieu. Sur l’ordre de mission, ce n’est pas ma signature. Je me demande pourquoi la personne qui a signé n’a pas été suspendue ?

On m’accuse aussi d’avoir accordé des dispenses de TDRL (Taxe de développement régional et local). Cette taxe est du ressort du maire et la loi exempte certaines personnes de son paiement, les femmes qui ont eu plus de quatre maternités, les personnes du troisième âge, les hommes du rang, les indigents…

Le troisième point concerne le recrutement de quatre agents. Je m’en suis déjà expliqué. Le service était paralysé et il y avait des besoins urgents. Le bureau communal, mes cinq adjoints et moi, a échangé et trouvé opportun de recruter pour renforcer le dynamisme de la mairie. Depuis que je suis maire, les travailleurs de la mairie n’ont jamais souffert de retards de paiements, ce qui prouve à suffisance que le budget peut supporter ces recrutements. Je pense que c’est une décision arbitraire, consécutive à l’autorisation accordée à Moussa Sinko de tenir son meeting.

Au-delà du meeting, une connexion trop étroite entre vous serait aussi en cause ?

C’est un rapport citoyen – maire de commune. Il avait besoin du stade municipal pour tenir son meeting et nous a demandé l’autorisation. Quand un citoyen écrit au maire, le maire est obligé de répondre. Et, s’il venait à refuser l’autorisation, il est obligé de motiver ce refus. Le bureau communal, après analyse, n’a pas trouvé de raisons de refus. Comme maire, j’étais dans mon rôle d’autorité de police judiciaire et de police administrative. D’ailleurs, ce meeting s’est tenu sans incident.

Avez-vous des voies de recours ?

Bien entendu. La justice est là pour tout le monde. Cette décision sera attaquée au moment opportun devant la section administrative de la Cour Suprême.

Une plainte ?

Oui, car je ne suis pas d’accord. Je suis donc obligé de porter le problème devant qui de droit.

Si vous n’avez pas gain de cause, quelle sera la suite ?

Je ne le sais pas encore.

Projet de loi sur l’entente nationale : tout pour la paix ?

Dans son adresse à la nation, à l’occasion du nouvel an, le Président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé un projet de loi sur l’entente nationale. Il s’agira de conforter l’unité nationale, à travers des mesures d’apaisement et de réinsertion. Une énième initiative pour la paix.

Ce dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est bien la réconciliation. Que d’initiatives ont été échafaudées pour y parvenir. De la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation à la conférence d’entente nationale, la charte pour la paix, la biennale artistique et culturelle, le mot ‘’réconciliation’’ revient à chaque fois. Le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui est à quelques mois de la fin de son quinquennat, lutte toujours pour ramener la paix et la cohésion sociale dans le pays. Malgré tout, le tissu reste fragile. Ainsi, lors du traditionnel vœu du nouvel an à la nation, le Président IBK a annoncé qu’il ferait initier « dans les semaines qui viennent un projet de loi sur l’entente nationale.» 

Selon le président IBK, le texte proposera entre autres : l’exonération des poursuites de tous ceux impliqués dans une rébellion armée, mais qui n’ont pas de sang sur les mains, des mesures d’apaisement après l’accélération des procédures en cours et les réparations accordées aux victimes reconnues et un programme de réinsertion pour tous ceux qui déposeront les armes et s’engageront publiquement à renoncer à la violence. Pour Sankaré Idrissa, député du parti ASMA, cette loi vise à conforter la réconciliation sans pour autant oublier les victimes de la crise de 2012. « Il y aura une commission qui sera mis en place pour cela, un processus qui va identifier les personnes, et également la justice pour les victimes », rassure -t-il. « Les coupables doivent présenter des excuses en regrettant les actes qu’ils ont posés », estime Sankaré Idrissa. 

Pour le Président IBK, ce « projet de loi ne constitue ni une prime à l’impunité, ni un aveu de faiblesse », au contraire « il s’appuie sur les vertus de pardon, tel que celui pratiqué dans nos diverses communautés », se convainc-t-il. L’objectif recherché par-delà tout, selon Sankaré Idrissa est la réconciliation, mais impossible sans le pardon. « Il faut que les gens se pardonnent de façon sincère, nous sommes aussi dans un pays à majorité musulmane », justifie-t-il. 
Pour autant, certains observateurs pensent que la justice en ce temps de crise est mise à mal par certaines concessions au nom de la paix et la réconciliation.

Les grandes dates africaines en 2018

À peine entamée, la nouvelle année est déjà bien chargée pour le continent avec au programme de nombreuses élections qui doivent avoir lieu, sous réserve d’un agenda maintenu. 2018 sera aussi une année charnière dans plusieurs autres domaines.

Après le report des élections communales et régionales de décembre 2017 à avril 2018, la tenue de la présidentielle attire l’attention des Maliens et de la communauté internationale en raison de la question sécuritaire actuelle du pays. Initialement prévue en juillet-août prochain, le défi à relever sera de taille : assurer un scrutin dans un pays où le terrorisme, le trafic de drogue et où l’intégralité du territoire n’est pas sous le contrôle total de l’État.

En novembre, devront se tenir les élections législatives qui scelleront ce cycle électoral qui fait de 2018, une année déterminante pour le Mali.

Liberia

Au Liberia, 2017 s’est terminé avec la victoire de George Weah à l’élection présidentielle. Pour rappel, l’ex star du Milan AC et du Paris Saint-Germain avait échoué à deux reprises avant de remporter le fauteuil présidentiel, le 26 décembre dernier. Il sera officiellement investi le 22 janvier prochain et succède à la première femme élue au suffrage universel dans un pays africain, Ellen Johnson Sirleaf.

Cameroun 

C’est dans un contexte de crise que le pays organisera ses prochaines élections présidentielles. Alors que le clivage entre la partie anglophone et francophone du pays est de plus en plus forte, le président en exercice, Paul Biya, va-t-il rempiler pour un quatrième mandat ? Quid de son grand rival John Fru Ndi, du parti Social Democratic ? Pour l’heure, une dizaine de candidats sont connus et les principaux challengers ne se sont pas (encore) prononcés sur ce sujet.

Coupe du Monde

Ils ne seront que cinq à représenter le continent lors de la compétition mondiale de football. Le Nigeria, le Sénégal, le Maroc, la Tunisie et enfin l’Égypte défendront les couleurs de leurs nations respectives, en Russie du 14 juin au 15 juillet.

Maroc

Pour les férus du ballon rond, ce début d’année s’annonce bien avec le Championnat d’Afrique des nations qui se tiendra du 12 janvier au 4 février, à Rabat au Maroc. Le coup d’envoi se fera le 13 janvier lors du match d’ouverture qui verra s’opposer le pays hôte et la Mauritanie.

Toujours au Maroc, le premier TGV – train à grande vitesse – du continent sera sur les rails. Le royaume chérifien espère que ce nouveau moyen de transport sera opérationnel dès cet été. Le train va relier Tanger à Casablanca, en un peu de deux heures grâce à une vitesse de croisière de 320 km/h.

Île Maurice 

Grande première sur le continent, le pays organisera la prochaine édition du World Islamic Economic Forum (WIEF). Après les éditions de Londres, Kuala Lumpur et Astana, c’est au tour de Port-Louis d’accueillir cet événement. Selon les organisateurs de cette rencontre, Maurice sera le point de rencontre entre l’Afrique et l’Asie.

En route pour une féminisation de la classe politique ?

Selon le dernier recensement, les femmes représentent 50,4 % de la population malienne. Pourtant, cette majorité n’est pas visible au sein des instances de prises de décisions politiques.

Vendredi, peu avant une plénière à l’Assemblée nationale, Fatimata Niambali vient d’affronter les embouteillages de Bamako. La députée de la circonscription de San s’en excuse. Celle qui a fait ses premières armes politiques aux côtés de sa mère se souvient. « J’ai eu la chance d’avoir une mère qui a milité à l’ADEMA. Je la suivais dans ses mouvements. J’ai eu envie de lui emboîter le pas. Je suis partie à San en 1994 et j’ai tout de suite intégré des associations de femmes. C’est là que tout a commencé ». Le constat sera sans appel : l’absence des femmes dans les instances de prises de décisions est évidente. Car « dans la plupart des décisions prises en politique les femmes ne sont pas mises en avant ». Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation de la gent féminine, comme le poids des traditions, la méconnaissance des rouages des partis et la supposée non-solidarité des femmes. Pour la députée Niambali, c’est le soutien de son époux qui lui a permis de s’épanouir dans ses activités politiques. « Si vous parvenez à convaincre votre époux, vous avez fait le plus gros du travail. Le reste de l’entourage se rangera du côté de votre mari ».

Pourtant, des femmes maliennes dans la lignée d’Aoua Kéïta, il y en a. À l’instar de la Maire de la Commune III de Bamako, Mme Djiré Mariame Diallo, Présidente du Réseau des femmes conseillères municipales du Mali (Refcom). L’avènement de la démocratie a été le point de départ de son engagement. Selon elle, pour susciter des vocations, « il faut informer, éduquer et sensibiliser. Les jeunes doivent avoir une éducation solide, qui se fera avec le temps, car la politique est un apprentissage perpétuel. Entrer en politique, cela ne se décrète pas, cela se prépare ». Madame Djiré Diallo est à ce jour la seule femme Maire d’une commune à Bamako, succédant à Mme Konté, ex Maire de la Commune I.

Une avancée doit être soulignée. La célèbre Loi 052 instituant la promotion du genre, qui instaure aux postes nominatifs et électifs un quota homme / femme de 30 % au minimum pour chaque sexe. Selon les chiffres de la MINUSMA, la part des femmes au sein des postes parlementaires n’était en 2015 que de 9,5%, pour seulement 1,14% au poste de Maire.

Echéances électorales : des « nouveaux venus » dans la bataille pour l’alternance en 2018

L’année 2018 promet d’être un grand moment de joutes électorales. Outre les élections locales et régionales, le moelleux fauteuil de Koulouba aiguise déjà bien des appétits, pas seulement de dinosaures, mais aussi d’une nouvelle génération d’acteurs prônant l’alternance.

Des annonces, des mouvements, des ralliements, le vent de 2018 souffle avant le jour j. Bien des hommes politiques nourrissent l’ambition de participer à ces rendez-vous électoraux à venir. De tous ceux qui ont concouru à la Présidence pendant plus d’une décennie, aucun ne s’est encore déclaré officiellement candidat. Ce n’est pas ce qui dissuade les petits nouveaux à se préparer à l’aventure. Point commun : tous prônent le changement dans la gouvernance et se démarquent d’IBK. Une nouvelle offre politique qu’ils comptent faire adopter par le peuple malien. Le maire de Sikasso, Kalfa Sanogo, fut le premier à annoncer sa candidature à l’élection présidentielle. Mais, n’ayant pas encore été investi par son parti, l’ADEMA, il ronge son frein. L’ancien patron de la CMDT est assez peu connu des Maliens, bien qu’il ait une réelle audience dans sa région, Sikasso, le plus important bastion électoral du pays. Un autre parti, Yelema de Moussa Mara, a opté pour une rupture avec le système en vigueur. Le candidat à la Mairie du district ne voit le salut du Mali ni avec IBK ni avec l’opposition. Tout en restant ouvert à tout regroupement pouvant réaliser le changement, Yelema n’exclut pas une candidature à l’élection présidentielle. « Nous ne soutiendrons plus IBK, encore moins les acteurs du mouvement démocratique, en 2018 », affirmait Amadou Haya, porte-parole du parti, lors d’une conférence de presse le 9 décembre. Selon Yelema, l’alternance en 2018 reste la seule option pour éviter au pays l’embrasement.

Elle a fait écho. La démission inattendue du Général Moussa Sinko Coulibaly de la direction de l’École de maintien de paix en a fait jaser plus d’un. Cet ancien ministre de l’Administration territoriale sous la transition de 2013 n’hésite plus à fustiger la gouvernance actuelle du pays. L’alternance semble également être le nouveau combat de celui qui tient à « contribuer activement au changement tant réclamé ». L’ancien Chef de cabinet de Amadou Aya Sanogo ne compte plus composer avec le système en place. Mais, de tous les « nouveaux » prétendants, seul le Dr Hamadoun Touré s’est officiellement déclaré, le 9 décembre au siège du mouvement dont il est désormais le porte-étendard.  Selon lui, « le pays a besoin désormais de sang neuf » car « il va droit au mur ».

Élections du 17 décembre : un report qui ne fait pas l’unanimité

Les élections locale (régionales et communales partielles) prévues pour le 17 décembre 2017 ont été reportées en avril 2018. Une nouvelle bien accueillie par les acteurs qui espèrent que cette période sera mise à profit pour réunir les conditions d’organisation.

Les élections régionales devraient clôturer le processus électoral entamé en 2013 au Mali. Des échéances qui viennent d’être reportées par les autorités « après une concertation des parties prenantes », selon les termes du communiqué rendu public à l’issue du Conseil des ministres extraordinaire tenu ce 26 novembre 2017. Pour les autorités, ce report se justifie par une volonté des autorités d’organiser des élections « les plus inclusives possibles ».

Un report salué par Monsieur Ilad Ag Mahmoud, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA). Il espère que le gouvernement mettra à profit ce temps pour résoudre les difficultés qui se posent. Au nombre desquelles la révision de la loi sur les collectivités territoriales et la loi sur la libre administration. « C’est l’occasion aussi de rendre les autorités intérimaires effectives, les rendre opérationnelles afin de faire face au retour des réfugiés pour qu’ils prennent part à ces élections », ajoute le porte-parole. Pour les reformes de la loi, il suggère notamment que le président de région soit élu au suffrage universel direct et ait le pouvoir exécutif, le représentant de l’État aura un rôle de contrôle à postériori, déplorant la loi actuelle qui « donne tous les pouvoirs au gouverneur, ce qui est un recul », selon le porte-parole de la CMA. Tout en invitant le gouvernement à aller vite et à manifester sa volonté de procéder à ces changements, il estime que la situation sécuritaire ne saurait constituer un frein surtout si tous les acteurs « se donnent la main », conclut-il.

S’il n’avait pas demandé le report, le Gatia souscrit à ce report qui est « une bonne chose parce qu’il y a des acteurs qui se sont prononcés contre la tenue. Pour la réussite, il faut la contribution de tout le monde », selon Fahad Ag Almahamoud secrétaire général du Gatia. Admettant que les conditions sécuritaires n’étaient pas réunies pour organiser les élections, il estime même que d’ici avril toutes les conditions ne seraient pas réunies même si « on pourrait faire beaucoup de chose d’ici là ». Il pense qu’il faut essentiellement avancer sur trois points. « La révision des listes électorales, le cantonnement et le désarmement des groupes armés et la planification du retour des réfugiés ».

« Une fuite en avant »

Regrettant ce report, Monsieur Amadou Aya le secrétaire politique du parti Yelema estime qu’il était souhaitable que le gouvernement organise les élections avant 2018 pour parachever le processus en cours.  Les partis qui s’étaient majoritairement prononcé pour le maintien de la date, avaient déjà engagé des dépenses, « puisque des listes ont même été validées dans certaines localités », note Monsieur Aya. En plus, la nouvelle date se situe à deux mois de la présidentielle « ce qui peut créer des confusions », selon notre interlocuteur. « Je constate avec regret que c’est une minorité qui prend les élections en otage », s’insurge Amadou Aya qui estime que le gouvernement doit mettre en œuvre l’accord issu du processus d’Alger. Reconnaissant la nécessité d’une relecture de la loi, il propose cependant de faire « une relecture complète de la loi électorale et de la loi sur les collectivités », et pas des relectures à l’approche des élections. 

Considérant même ce report comme une fuite en avant, Monsieur Aya dit ne pas comprendre que malgré la présence de plusieurs forces étrangères et les forces de sécurité maliennes, on « arrive pas à maintenir des conditions minimums pour tenir des élections ».  Sans occulter, les difficultés, il estime néanmoins ce n’est pas un problème d’organisation. Annonçant qu’ils avaient bien posé le problème de sécurité au ministre qui les a assurés que les ministres de la Sécurité et de la Défense prendraient les mesures nécessaires. « Nous prenons le gouvernement au mot. Les partis sont prêts. C’est le gouvernement qui doit savoir quel est le problème », conclut monsieur Aya.

Top-départ pour la tournée africaine d’Emmanuel Macron

Voilà 31 ans qu’un Président français n’avait pas mis les pieds à Ouagadougou, du moins pour une visite officielle. Cette prochaine visite, c’est celui « qui ne fait rien comme ses prédécesseurs » qui le fait, Emmanuel Macron. 

Le 17 novembre 1986 à Ouagadougou, François Mitterand introduisait dans son discours de réponse à l’impétueux capitaine Thomas Sankara : « Nous sommes venus ici par amitié pour ce peuple ; nous sommes venus ici par fidélité à l’histoire ; nous sommes venus ici par intérêt pour ce qui s’y déroule ». Avant d’ajouter, « Si j’étais ce soir devant un autre Chef d’Etat que le Président Sankara, devant une autre équipe, s’il n’y avait pas eu de révolution, je n’aurai sans doute pas eu à répondre à toutes les questions qu’il m’a posées, mais la disposition de la France à l’aider serait la même ! Retenez bien ce que je vous dis : ce n’est pas parce qu’il y a une équipe jeune, dérangeante, quelquefois un peu insolente, au verbe libre, ce n’est pas parce qu’elle est là que nous devons faire moins et nous retirer sur la pointe des pieds ».

Cette dernière visite de François Mitterand n’était en réalité qu’une brève escale du Président français revenant du Sommet France-Afrique de Lomé. Entre temps, en 1987, le chef d’État Thomas Sankara a été assassiné et le rôle de la France dans cet assassinat a longtemps a été sans cesse décrié. Sans preuves. Depuis la relation entre la France et le Burkina-Faso, s’est fragilisée. Ce fut le début de l’atmosphère anti-France à l’intérieur du pays. Depuis un nouveau visage, ou plutôt un clan, a dirigé pendant plus de deux décennies le pays des hommes intègres, celui de Blaise Compaoré « et famille ». 

Tentatives d’un renouvellement

Pendant 31 ans, les trois derniers présidents français ont tenté de se démarquer dans l’élaboration de leur stratégie africaine, sans mettre le pied au Burkina Faso. Jacques Chirac s’est posé en « porte-voix de l’Afrique » et a caractérisé sa première visite en Afrique de l’Ouest de simple visite de prise de contact, sobre et « sans harangues et sans grands tam-tams ». Ensuite, Nicolas Sarkozy a marqué sa première visite en Afrique, à Dakar, par un discours moralisateur selon lequel « l’Afrique n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Toujours lors d’un séjour à Dakar, François Hollande a prôné une relation d’égal à égal entre la France et l’Afrique. 

Relation d’égal à égal

Mal-aimé, donc, depuis l’assassinat du Président Sankara, encore vive dans l’esprit de la populationune distance se crée officiellement entre les deux pays. Pourtant, 31 ans plus tard, le Jupitérien, Emmanuel Macron qui souhaite marquer sa totale rupture avec ses prédécesseurs, choisit Ouagadougou pour parler de sa politique africaine. La France procure une bonne part de son influence diplomatique dans ses relations avec l’Afrique, notamment ses anciennes colonies. Au Burkina-Faso, la France est de plus en plus mal-aimée, notamment par la jeunesse qui s’est beaucoup politisée depuis l’avènement « Iwili » de 2014, parce qu’elle est accusée d’avoir participé à l’ex-filtration du Président Blaise Compaoré et son refus d’extrader le frère de ce dernier, François Compaoré. Afin de redorer son soft-power dans ce pays, il a été décidé que ce mardi 28 novembre le discours aura lieu au plus près de cette jeunesse « politique », à l’université de Ouagadougou, où 800 étudiants poseront des questions « sans filtre » selon l’Elysée au Président Macron. Ce choix n’est pas sans rappeler celui de Nicolas Sarkozy à Dakar à l’Université Cheikh Anta Diop. Évidemment, ce sont les travaux du nouvel organe le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) qui ont permis de choisir Ouagadougou, mais également qui a servi de source pour rédiger le discours tant attendu du Président français. Il est fort probable que l’éducation et le secteur privé seront au cœur du discours.. 

Après Ouagadougou, il s’envolera pour Abidjan pour le Sommet UE-UA qui devra modifier la relation asymétrique instituée par les Accords de Cotonou, et terminera sa tournée dans un pays anglophone, le Ghana.

Élections locales au suffrage universel : portrait-robot de l’élu idéal

À deux semaines du début de la campagne électorale, tous les yeux sont rivés sur les différentes têtes de liste, à un mois des élections locales. Quelles qualités leur permettront de se départager ?

« Les élections, c’est une course de relais, il faut de bons coureurs et de bons relayeurs », précise Ibrahim Oumar Ly, Secrétaire général de l’UM-RDA Fasô Jigi. La nouvelle loi portant réforme des collectivités territoriales attribue aux régions et communes de nouveaux pouvoirs, élargis. Cela exige  des partis politiques qu’ils se réinventent, pour que le nouveau « chef de l’Exécutif » de la localité puisse cocher toutes les cases. Quel profil doit-il avoir ?

Critères légaux 

L’aptitude à être élu est prévue dans la loi électorale du 2 Octobre 2016. Outre les conditions de forme de la déclaration de candidature, elle prévoit des conditions de fond, dont la qualité de citoyen malien, évidemment. Ensuite vient l’âge minimum requis, 21 ans. Le plus jeune candidat, dans le cercle de Kita, est Cheick Oumar Diallo de l’ADP – Maliba, 31 ans. Après la proclamation des résultats, l’attribution des sièges nécessite qu’un parti obtienne au moins 5% des suffrages exprimés. La loi portant Code des collectivités territoriales liste en son article 307 les cas de non-cumul des fonctions de conseiller régional et d’autres, telle celle de maire.

Critères de personnalité 

« Les élections locales sont plus celles d’une personnalité que d’un parti », assure Abouzeidy Ousmane Maiga, tête de liste URD pour la Présidence du Conseil régional de Gao. Car le système politique veut que la seule volonté soit insuffisante pour être candidat. Eu égard à la crise multidimensionnelle dont le Mali tente de sortir et à l’élargissement des pouvoirs du Conseil Régional, son Président devra, selon lui, « être un cadre compétent, qui maitrise les rouages administratifs et politiques ».

Pour le Secrétaire politique de l’ADP – Maliba, Cheick Oumar Diallo, « il est important, et surtout temps, que le pays profond ait la parole, se fasse entendre ». Il s’agira donc d’avoir « une vision pour le développement au plus près des réalités locales ». Le « chef de l’Exécutif » devra avoir des « attaches avec la localité », une certaine « légitimité ». La notoriété locale, nécessaire pour toute élection, est donc la clef pour l’emporter. Elle demande « un travail politique, qui nécessite de poser des actes pour la localité, et de l’engagement », résume M. Diallo.

Yelema quitte la majorité présidentielle

Après quatre mois de suspension de sa participation à la majorité présidentielle, le parti Yelema a quitté la majorité présidentielle. Une décision qui fait suite au constat des « dérives » du régime actuel et son incapacité à trouver les solutions aux maux de la société.

Après avoir soutenu le président Ibrahim Boubacar Keïta au second tour de la présidentielle, en 2013 et l’avoir accompagné pendant 3 ans, le parti Yelema se retire de la majorité présidentielle, non sans amertume. « Nous avons soutenu le président (IBK) sur la base de son programme. Notre président a été nommé ministre et a assumé les fonctions de Premier ministre. Mais force est de constater que trois ans après, la grande majorité des attentes des populations n’a pas été comblée et nous constatons une dérive totale qui mène le pays vers des lendemains sans issue », affirme Monsieur Amadou Aya, Secrétaire politique du parti Yelema.
Le parti en veut pour preuve, l’insécurité qui gangrène le nord et maintenant le centre du pays. Yelema reproche également au gouvernement de « ne pas être à l’écoute de la population ». L’une des raisons qui ont, d’ailleurs conduit le parti à suspendre sa participation à la majorité présidentielle, lors du processus de révision constitutionnelle. Car si Yelema soutenait la révision constitutionnelle, il estimait que le moment n’était pas opportun et jugeait le processus pas assez inclusif. Des arguments qui justifient la fin de l’alliance entre le parti de Moussa Mara et le camp du régime du président IBK.

Une opposition dite « républicaine »

Désormais, dans l’opposition, le parti entend garder son indépendance et n’entend pas s’allier à une opposition dite « républicaine ». Le parti qui souhaite un renouvellement de la classe politique à travers de nouvelles façons de faire, ne jure que par l’alternance, en 2018. Et il ne s’agit pas seulement pour eux de changer le parti au pouvoir et ses alliés, mais de changer profondément la classe politique. Même ceux qui ne sont pas actuellement au pouvoir, ne sont pas plus crédibles aux yeux du parti Yelema. Car « la plupart d’entre eux étaient aussi de la majorité, étant issu du parti majoritaire du 26 mars 1991, notamment le parti ADEMA », soutient le Secrétaire politique de Yelema. Ne pourrait-on pas faire le même reproche au parti Yelema qui a aussi exercé le pouvoir ? « Nous sommes comptables de notre bilan et nous l’assumons », ajoute Monsieur Aya.

Réaffirmant la volonté de son parti de contribuer au changement, en 2018, le parti Yelema n’entend pas cependant être la seule force à l’incarner. « L’alternative ne se trouve pas que dans Yelema. Il y a d’autres hommes et femmes de valeur qui peuvent incarner cette alternance. Nous sommes conscients qu’un parti seul ou un homme seul ne peut faire ce changement. (…) Si ce choix ne se portait pas sur nous, nous sommes prêts à mettre de côté notre candidature pour soutenir cet homme ou cette femme », conclut Monsieur Aya.

Clap de fin pour Robert Mugabe !

Après une semaine mouvementée pour le Président nonagénaire, voilà, depuis quelques heures, que son sort est connu. Il vient de démissionner après 37 ans à la tête du Zimbabwe et affirme que cette décision est « volontaire ». Pour l’heure, c’est Emmerson Mnangagwa qui devrait reprendre le flambeau. À Harare, la population est euphorique.

Robert Mugabe vient de vivre ses dernières heures à la fonction suprême. La nouvelle est tombée par la voix du Président du parlement et s’est répandue comme une traînée de poudre. Alors que le Parlement statuait sur son sort, Robert Mugabe a préféré lui couper l’herbe sous le pied. « Moi Robert Gabriel Mugabe (…) remet formellement ma démission de président de la République du Zimbabwe avec effet immédiat », c’est ce  qu’à lu Jacob Mudenda, le président du Parlement. L’ancien homme fort du Zimbabwe déclare dans ce courrier qu’il « choisi volontairement de démissionner », en justifiant son choix par sa volonté d’assurer une passation de pouvoir sans heurts.

Seul contre tous

Suite au coup de force opéré par l’armée dans la nuit du 14 au 15 novembre dernier, le positionnement de cette dernière a été clair : elle soutient l’ex vice-président limogé Emmerson Mnangagwa. Un soutien de taille dont ne dispose pas Grâce Mugabe, désignée successeur de son époux au détriment de son successeur légitime – selon ce qui était prévu par Mugabe – et compagnon de route de longue date. Cette dernière est accusée d’avoir précipité la chute de son mari en raison de son ambition politique. Pire, son propre parti, le Zanu PF, au pouvoir depuis son accession à la fonction suprême lui tourne le dos, le démet de ses fonctions, moins d’une semaine après le début de ce qui s’apparente à un coup d’État.

Le retour en force du « crocodile »

Devancé par la désormais ex Première Dame du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa a vu ses plans de carrière réduit à néant lors de son limogeage, le 6 novembre dernier. À la suite de ce revers, qui a lancé le début de cette perturbation, il décide de fuir le pays. Certains pensent qu’il serait le commanditaire de ce coup d’État qui ne dit pas son nom. À la suite du limogeage de Robert Mugabe à la tête du parti, celui-ci a choisi d’y mettre à sa tête Emmerson Mnangagwa. Depuis l’indépendance du pays, en 1980, Mnangagwa a eu en charge de nombreux portefeuilles ministériels, la Défense et la Finance, pour ne citer qu’eux. Pour l’ancien fidèle de Mugabe, c’est un retour à la normale qui semble s’opérer, avec la prise du poste tant convoité.

Euphorie à Harare

Jacob Zuma ainsi que son homologue angolais, Joao Lourenço doivent se rendre ce soir au Zimbabwe pour aider le pays à trouver une issue à ce contexte politique. Pendant ce temps-là, à Harare, la capitale, depuis l’annonce de la nouvelle, brandissement du drapeau national, cris de joie, danses viennent rythmer la satisfaction des Zimbabwéens. Le plus vieux Président au monde, jadis héros de la libération, vient d’être poussé vers la porte de sortie après 37 ans à la tête du pays.

 

 

Pr. Clément Dembélé : « Le Mali n’a pas besoin d’un politicien, mais d’un homme d’Etat »

Personnalité des milieux universitaires et les associations de la société civile, le Pr Clément Dembélé pourrait bientôt se faire connaitre dans un autre domaine. Effectuant actuellement une tournée à travers le Mali, il revient pour le Journal du Mali sur les motivations de cette démarche.

Vous vous seriez déclaré candidat pour la présidentielle de 2018. Qu’en est-il ?
La question des élections est très sérieuse, il s’agit d’une vision politique pour un pays. Nous avons traversé et traversons toujours une période de crise. La politique aujourd’hui est considérée comme un milieu de mensonge, de démagogie, de tromperie. Je ne veux pas me lancer dans une forme de carriérisme politique. Si je dois le faire, ce sera sur la base de mes convictions, pour un rendez-vous avec le peuple malien. Je suis au Mali depuis une semaine. J’ai sillonné le pays pour rencontrer les Maliens, échanger avec eux, construire ce projet avec eux. Aucun parti politique, aucune instance et aucune personne ne peut gérer seuls le Mali. Les Maliens savent ce qu’ils veulent. Ils n’ont pas besoin de porte-parole ou de ventriloque. Au lieu de courir vers Koulouba ou vers 2018, je préfère aller vers les Maliens sur un plateau de vérité, de sincérité. Ce n’est pas une démarche de candidat, mais celle d’un homme vers son peuple. Si les Maliens se retrouvent dans le projet que je porte, nous irons ensemble vers les échéances 2018.

Vous dites mener des concertations, une candidature n’est donc pas à exclure ?
Le Mali n’a pas besoin d’un politicien. Le Mali a besoin d’un homme d’Etat. Je ne dis pas que je serai cet homme d’État, mais je créerai ce rendez-vous avec les Maliens pour qu’ils décident eux-mêmes. Si les conditions ne sont pas réunies pour que je sois le candidat du peuple, je ne le serai pas, mais si elles le sont, je pourrai l’être.

Les personnes que vous avez déjà rencontrées se sont-elles montrées réceptives à votre message ?
J’ai rencontré plus de 25 000 Maliens en une semaine. A Bamako, vous n’êtes pas connecté à certaines réalités. J’ai appris beaucoup de choses. Les problèmes du Mali relèvent de l’autorité de l’État, de l’absence de développement local et beaucoup de Maliens se sentent abandonnés. En dehors de Bamako, il n’y a pas de matériel adéquat dans les centres de santé, les écoles sont fermées, le chômage dépasse les 80% dans les zones rurales, les gens sont dans la misère. Ce n’est pas à Bamako qu’on construira le Mali.