Rénovation des stades : des avancées salutaires

La dynamique de rénovation des stades entamée depuis quelques mois par les plus hautes autorités du Mali se poursuit. Le point de l’évolution des travaux a été fait en Conseil des ministres du 21 août 2024. Au-delà de contribuer au développement du football national, ces rénovations peuvent- elles propulser le Mali dans la course à l’organisation de compétitions internationales ?

L’état d’exécution des travaux de rénovation des stades est  en bonne voie selon le ministre des Sports. Ceux des stades Abdoulaye Makoro Sissoko de Kayes et Baréma Bocoum de Mopti sont d’ailleurs achevés et n’attendent que leur inauguration prochaine.

Quant à ce qui concerne les stades Amary N’Daou de Ségou et Mamadou Diarrah de Koulikoro, les travaux sont exécutés respectivement à hauteur de 85 et 81%.

Pour la construction du stade de Tombouctou, « la préparation du site est en cours en vue du démarrage imminent des travaux, précise le communiqué du Conseil des ministres ».

Booster le développement du football

Trois autres stades rénovés, en l’occurrence les stades Mamadou Konaté de Bamako, Salif Keita dit Domingo de Kati et Babemba Traoré de Sikasso ont été inaugurés respectivement le 16 avril 2024, le 16 mai et le 22 juin dernier.

Deux d’entre eux, le stade Mamadou Konaté et le stade Babemba Traoré de Sikasso ont par ailleurs été homologués par la Confédération africaine de football ( CAF ) le 1er août dernier, portant à trois, le nombre de stades aux normes internationales dont dispose le Mali.

En plus de rehausser l’éclat des infrastructures sportives du pays, ces rénovations de stades auront un impact sur le développement du football malien et l’épanouissement des athlètes sur le terrain.

« Ces rénovations vont apporter un plus au développement de notre football local d’abord et ensuite aboutir  à un rayonnement de nos clubs dans un premier temps et ensuite de l’équipe nationale au plan international. Cela servira à booster le football dans les régions », se réjouit Amadou Alfousseini Touré, Consultant sportif.

Hôte de futures compétitions internationales ?

Ces avancées pourraient aussi permettre au pays de se lancer sur la scène internationale en accueillant certaines compétitions. Elles peuvent en effet servir de tremplin aux autorités politico-sportives pour solliciter l’organisation de compétitions internationales. Mais pour M. Touré, à elles seules, les rénovations de stade ne suffisent pas.

« Pour permettre à notre pays d’abriter des compétitions internationales avec toutes ces dividendes,  Il faut que ces rénovations soient accompagnées d’autres réalisations telles qu’au niveau des infrastructures routières, hôtelières pour l’hébergement, et au niveau du plateau sanitaire, entre autres », indique-t-il

« Ce n’est pas seulement les fédérations qui sollicitent et abritent les compétitions mais il  y a surtout le rôle des Etats. Il y a toute une diplomatie sportive derrière les attributions de compétitions internationales », poursuit par ailleurs le consultant sportif.

A défaut de pouvoir abriter de grandes compétitions internationales à l’instar de la CAN, il pense que le Mali a tout ce qu’il faut aujourd’hui pour abriter des compétitions au niveau de l’UFOA-A « parce que Bamako a quand même un plateau hôtelier assez fourni ».

Même son de cloche chez le journaliste sportif  Abdoul Dembélé. «  À 4 ou 5 stades homologués par la CAF, le Mali peut prétendre organiser une grande compétition internationale en dehors de la CAN. Parmi les 3 stades homologués, celui du 26 mars de Bamako et celui de Sikasso sont du type A et les autres peuvent abriter les compétitions de jeunes ou de femmes », affirme t-il.

Mohamed Kenouvi

 

 

« Paix et Santé pour le Mali » : après la fin de la 2ème phase, place à la consolidation des acquis

Un atelier d’échanges et de partage d’expérience entre les 4 districts sanitaires d’intervention de l’initiative Paix par la Santé  dans les régions de Mopti et Ségou s’est ouvert ce mercredi 21 août 2024 à Bamako. Durant deux jours, les participants du niveau national, régional, district et aire de santé vont passer en revue les résultats et réalisations de la 2ème phase du projet dont la mise en œuvre vient de s’achever.

Plus d’une centaine de personnes dont des représentants des communautés et des professionnels de la santé des 4 districts cibles du projet dans le centre du Mali prennent part à cet atelier d’échanges et de partage d’expérience dont l’ouverture a été présidée par un représentant du ministère de la Santé, aux côtés du Représentant résident du Centre Carter au Mali et du Préfet du cercle de Macina.

Les objectifs visés sont, entre autres, de faire le bilan de la mise œuvre du projet et des leçons apprises, permettre à chaque district de partager ses expériences avec le projet en mettant l’accent sur les activités réalisées, les résultats obtenus, les défis rencontrés et les recommandations pour une meilleure appropriation de l’initiative par les communautés locales, et d’amener les participants à réfléchir sur certaines thématiques à l’instar de la prévention et atténuation des conflits, des sensibilités aux Genre-VBG et inclusion des jeunes et des femmes dans le cas du Centre du Mali ou encore la promotion du leadership et du dialogue notamment chez les jeunes et femmes  des 4 districts.

« Le projet est né pour pouvoir contribuer à renforcer la surveillance en matière de ver de guinée. Et aujourd’hui le défi reste  l’éradication de cette maladie, dans un contexte d’insécurité. Le projet vise également à renforcer la cohésion sociale pour parvenir à cette éradication mais aussi pour que les différents services techniques puisse circuler librement dans ces zones », explique Moussa Sadi, Représentant résident du Centre Carter au Mali.

Activités diverses

Pendant un an, de juillet 2023 à aout 2024, plusieurs activités ont été réalisées lors de  la 2ème phase du projet « Paix et santé pour le Mali » qui intervient dans les districts sanitaires de Tenenkou et Youwarou dans la région de Mopti ainsi que les districts sanitaires de Tominian et de Macina, dans la région de Ségou.

Des mobilisations communautaires ont eu lieu dans les aires de santé du district de Tominian et de Macina en décembre 2023, suivies de 4 ateliers de formation en santé mentale et soutien psycho-social entre février et avril 2024 à Sévaré et à Tenenkou et d’une évaluation des ateliers début août 2024 à Tenenkou.

Entre mai et juin 2024, des ateliers sur les sensibilités aux Genre-VBG ont été organisés à Macina et à Tomininan et d’autres ateliers de formation en dialogue et leadership au profit des jeunes et des femmes se sont tenus dans les 4 districts sanitaires à Youwarou, Tenenkou, Tomininan et Macina. Une étude sur l’analyse basée sur le genre dans les 4 districts a également été réalisée entre août et septembre 2023 et des « paquets de santé » sont également en cours de réalisation.

Mis en œuvre par le  ministère de la Santé et du Développement social en partenariat avec le Centre Carter depuis  2019, le projet « Paix et Santé pour le Mali » est une stratégie conjointe pour promouvoir la construction d’une paix durable et un meilleur accès aux soins pour des populations affectées par la violence dans les régions de Mopti et Ségou.

Le projet privilégie une approche d’identification et de programmation décentralisés des besoins et des activités de santé à travers le renforcement de capacités des communautés ( Chefs traditionnels, représentants des jeunes, des femmes, de la société civile), des agents de l’Etat sur la  prévention et la gestion des conflits, la mobilisation communautaire et la sensibilisation et le développement d’une approche santé mentale et soutien psycho-social.

Mohamed Kenouvi

Éducation : vers la fermeture des écoles catholiques ?

Depuis la décision des évêques du Mali le 30 juillet dernier de suspendre les activités pédagogiques de toutes les écoles catholiques à partir du 1 er octobre 2024 suite à l’arrêt annoncée de la subvention de l’Etat, les tractations se poursuivent pour trouver une issue à cette impasse. Si des pistes de solutions sont explorées au niveau gouvernemental, l’avenir des écoles catholiques du Mali reste incertain alors que la rentrée scolaire pour la nouvelle année approche à grands pas.

Un Conseil de cabinet restreint présidé par le Premier ministre s’est tenu ce lundi 19 août pour évaluer les solutions à cette situation qui seront soumises au Président de la transition, puis par la suite « annoncées et assumées par le gouvernement ».

« Nous sommes obligés de trouver une solution parce que sinon, c’est directement le Président de la transition qui va être touché par un problème technique au départ mais qui devient politique à la fin », a déclaré Choguel Kokalla Maïga, lors de son allocution d’ouverture de ce Conseil de cabinet restreint au cours duquel il est longuement revenu sur la situation actuelle des écoles catholiques.

L’Etat verse 80 % des salaires des enseignants des écoles catholiques selon une convention qui le lie à l’Eglise depuis 1972. Mais depuis quelques années, les impayés cumulés de ces subventions ont entrainé une crise au sein de l’enseignement privé catholique.

« La réalité, c’est qu’il y a des problèmes économiques et financiers, la croissance exponentielle de l’argent que l’Etat doit payer. Pendant que le pays est en guerre, les ressources s’amenuisent de plus en plus, les bailleurs de fond deviennent de plus en plus rares, il est évident qu’au niveau des finances, il y a des soucis de rationalisation. Nous sommes contraint de donner la priorité à la question de la sécurité qui prime sur tout », a expliqué le Chef du gouvernement tout en assurant que le Président de la transition prendra une décision politique dans les prochains jours dans l’intérêt supérieur du Mali et fera « en sorte que l’avenir des enfants maliens ne soit pas compromis ».

Au-delà des difficultés économiques qui justifient la décision de l’Etat de suspendre les subventions accordées aux écoles catholiques, le Premier ministre a aussi souligné un problème relatif à la laïcité de l’État. « Nous avons une nouvelle constitution qui énonce l’égalité de traitement de toutes les religions et donc l’application stricte de la laïcité. Est-ce que l’Etat peut subventionner une école d’une certaine foi, sans susciter d’autres problèmes ? », a-t-il indiqué.

Tractations en cours

En plus des échanges au niveau gouvernemental, le Conseil national de transition s’active également de son coté sur le sujet. Suite à une demande d’audience le 13 août 2024 du Directeur national de l’enseignement privé catholique avec la Commission de l’Education, de la Culture, des Technologies de l’information et de la Communication, de l’Artisanat et du Tourisme du Conseil national de transition (CNT), ce dernier a été reçu par la Commission ce lundi 19 août.

Le Syndicat national des travailleurs de l’enseignement catholique (SYNTEC) ainsi que le président de la Conférence épiscopale du Mali ont été également entendus par cette Commission dans la même journée.

Ce mardi 20 août, c’était le tour du ministre de l’Economie et des Finances alors que le passage devant la Commission du ministre de l’Education nationale qui était également prévu à la même date, a été repoussé au 29 août prochain, selon nos informations.

L’annonce de mesures définitives arrêtées au plus haut sommet de l’Etat ne se fera donc probablement pas avant cette date. En attendant, l’inquiétude grandit non seulement chez les plus de 1 613 enseignants des écoles catholiques menacés de licenciement mais aussi chez des parents d’élèves dont les enfants sont inscrits dans ces établissements.

Mohamed Kenouvi

Inondations : le cri de cœur des sinistrés à Bamako

À Bamako et environs, les inondations causent des dégâts tant matériels qu’en pertes de vies humaines. La forte pluie du samedi 17 août 2024 a fait de nombreux sinistrés au quartier Missabougou notamment en commune VI du district de Bamako.

Des maisons effondrées, des familles en détresse, des chambres toujours remplies d’eau, voilà ce que vivent les populations de Missabougou depuis la forte pluie qui s’est abattue sur la capitale ce week-end. Dans ce quartier où nous nous sommes rendus ce lundi 19 août, les dégâts restent visibles.

« Chaque année, nous subissons la même chose sans amélioration. Nos chambres sont inondées, nos documents administratifs détruits, nous avons tout perdu et nous ignorons comment les récupérer », martèle un habitant sous l’anonymat. Il n’est pas le seul.

« Chaque année nous vivons la même situation, l’eau rentre dans nos maisons. Nos murs tombent. La pluie de vendredi a fait beaucoup de dégâts. Nous sommes en train de mettre un fossé pour faire évacuer l’eau en cas de pluie. Cette fois-ci, il nous a fallu dormir dans une école privée, car l’eau était partout », témoigne également Djenéba Tangara, une autre victime.

Un autre habitant de Missabougou, Sadio Diakité affirme que la pluie a fait tomber huit maisons et une cuisine externe, et a occasionné d’énormes dégâts dans le quartier.

Nayan Koné, mère de famille, raconte pour sa part qu’elle était assise dans sa maison quand elle a été surprise par le bruit de l’effondrement de son mur avec la vague d’eau qui s’est abattue sur sa concession avec force. Sans issue, elle a été secourue avec ses enfants par les familles voisines, en les faisant sortir par la toiture de leur maison. « Nos murs sont tombés et nous avons besoin d’assistance. À chaque pluie c’est comme ça. Nous dormons sur le toit d’une famille. A part cela, nous n’avons reçu aucune aide », se lamente-t-elle.

Certaines de ces familles sont accueillies soit par des familles voisines, soit dans des écoles. Des cagnottes ont été ouvertes par plusieurs ONG afin de collecter le maximum d’habits, de fonds nécessaire pour soulager les victimes. Une équipe de recensement de la Direction nationale du développement social était sur place lundi pour recenser les sinistrés. Dans le district de Bamako, on dénombre 24 cas d’inondations avec des cas d’effondrement, pour un bilan cumulé de 4150 ménages touchés, soit un total de 32 068 personnes sinistrées

Symposium national sur le football malien : vers la mise en œuvre des recommandations

Cinq mois après la tenue du symposium national sur le football malien, le ministre de la Jeunesse et des Sports, en charge de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoul Kassim Fomba a mis en place le 8 août 2024 un comité de mise en œuvre des recommandations.

Composé de 7 membres, dont deux membres de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), deux membres de la Direction nationale des Sports et de l’Education physique , un chargé de mission et une personne ressource, le comité est présidé par l’ancien sélectionneur des Aigles locaux, Djibril Dramé.

Selon la décision du ministère portant mise en place du comité, il est chargé d’élaborer une feuille de route de mise en œuvre des recommandations, d’organiser mensuellement une réunion d’évaluation de l’état de leur mise en œuvre, de produire des rapports trimestriel et annuel et d’apporter l’appui-conseil pour la mise en œuvre efficiente de ces recommandations.

Il est précisé que la mission du comité prendra fin avec la mise en œuvre de l’ensemble des recommandations issues du symposium national sur le football malien ou à la demande du ministre chargé des Sports.

Au total 70 recommandations sont issus du symposium national sur le football malien, tenu du 5 au 7 mars 2024 au stade du 26 mars de Bamako après l’élimination amère des Aigles en quart de finale de la CAN 2023.

Elles concernent, entre autres, le développement du football, la direction technique nationale (DTN) et la formation, les staffs techniques des sélections nationales, l’encadrement médical et médecine du sport, les Académies, les centres de football et jeunes joueurs, les structures, infrastructures, compétitions nationales et internationales, l’engagement du ministère chargé des Sports et de la FEMAFOOT, la gestion et l’environnement des sélections nationales, et le volet financement/ médias / sponsoring.

Mohamed Kenouvi

 

CDC Afrique : La variole du singe déclarée urgence sanitaire

Le virus de la variole du singe est déclaré urgence de santé publique par Africa CDC, pour la sécurité du continent, depuis ce 13 août 2024. Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) estiment que l’épidémie actuelle de Mpox est une urgence de santé publique continentale (PHECS). Une première pour l’agence, depuis sa création en 2017.

« Aujourd’hui, nous déclarons cette PHECS pour mobiliser nos institutions, notre volonté collective et nos ressources pour agir rapidement et de manière décisive. Cela nous permet de forger de nouveaux partenariats, de renforcer nos systèmes de santé, d’éduquer nos communautés et de mettre en œuvre des interventions vitales là où elles sont le plus nécessaires. Il n’est pas nécessaire d’imposer des restrictions de voyage pour le moment », a déclaré le Directeur général de CDC Afrique.

Au moins 13 pays africains, dont certains épargnés auparavant comme le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda ont déclaré des épidémies de variole. En 2024, certains pays ont confirmé 2 863 cas et 517 décès, principalement en RDC. Les cas suspects pour l’ensemble du continent ont dépassé les 17 000, une augmentation significative par rapport aux 7 146 cas de 2022 et aux 14 957 cas de 2023.  Si pour l’heure ce sont les pays d’Afrique centrale qui sont les plus touchés par l’épidémie, l’Afrique de l’ouest est entrée dans la danse le 15 août avec les premiers cas positifs enregistrés en Côte d’Ivoire. Au Mali, aucun cas n’est enregistré à ce jour. Le ministère de la Santé et du Développement social a, dans un communiqué, assuré être en alerte et que des dispositions sont prises pour renforcer la surveillance dans tous les établissements de santé. 90 sites du réseau de télé dermatologie de l’hôpital de dermatologie sont également en alerte.

Au-delà de l’Afrique, les premiers cas ont été découverts en Europe et en Asie.  Le 15 août, la Suède a annoncé avoir découvert le premier cas d’une souche plus virulente du virus sur son sol et ce matin. Le Pakistan aussi a fait état d’un premier cas de mpox sur son territoire.

Urgence d’agir

Le 7 août 2024, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a autorisé l’activation du protocole d’autorisation d’utilisation d’urgence des vaccins pour permettre aux fabricants de soumettre leurs manifestations d’intérêt. Selon le responsable du Groupe consultatif d’urgence du CDC Afrique, la faiblesse de la surveillance et les preuves limitées font que les réalités peuvent s’avérer plus importantes que ce qui est révélé actuellement. D’où l’urgence d’agir avec des moyens plus conséquents. « Nous craignons que nous assistions à davantage de décès en Afrique compte tenu de l’association avec le VIH », souligne-t-il. Pour gérer l’épidémie, Africa CDC a signé un accord de partenariat avec l’Autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (HERA) de la Commission européenne et Bavarian Nordic pour fournir plus de 215 000 doses du vaccin MVA-BN®, le seul vaccin Mpox approuvé par la FDA et l’EMA. L’agence veillera à une distribution équitable en priorisant les pays les plus touchés.

La variole du singe est une maladie virale causée par un virus qui se divise en 2 sous-clades (Groupement de plusieurs embranchements de plantes ou d’animaux ayant une organisation et une origine communes). Les symptômes comprennent une éruption cutanée et de la fièvre. La maladie se transmet d’homme à homme, par des matières contaminées ou par un animal infecté.

Fatoumata Maguiraga

Ousmane Samassékou : Le premier malien membre du jury des Oscars

Le mardi 25 juin 2024, l’Académie des Oscars a dévoilé sa liste des 487 nouveaux membres qui doivent rejoindre le jury de la prestigieuse cérémonie de récompenses cinématographiquesParmi eux, le cinéaste Ousmane Samassékou représente le Mali. Une nomination symbolique qui conforte le jeune cinéaste.

Ousmane Samassékou a été véritablement révélé par son œuvre « Le dernier refuge », qui continue d’être vue dans des festivals nationaux et internationaux. D’une durée de 85 minutes, « Le dernier refuge » était nominé à la dernière cérémonie des Oscars dans la catégorie du meilleur long métrage documentaire.

Une véritable consécration pour Ousmane Samassékou, qui figure désormais sur la liste des membres du jury de la section Documentaires des Oscars. Il est le premier Malien à occuper cette place et voit cette nomination comme une opportunité pour mieux inspirer la future génération. « C’est une forme d’accomplissement personnel mais surtout une ouverture afin d’inspirer davantage les jeunes cinéastes », nous confie-t-il.

Trois missions principales

Sa mission au sein de la section Documentaires se décline en trois phases : Ousmane Samassékou sera éligible à regarder et à voter pour les films aspirant à répondre aux critères des Oscars et à amplifier la voix des films africains. « Cette nomination permettra d’aller en convergence pour donner plus de visibilité aux films africains », nous explique M. Samassékou. La troisième phase consistera à mener des plaidoyers pour une meilleure promotion des productions cinématographiques africaines.  

Au Mali, les cinéastes ne peuvent pas véritablement se réjouir d’être dans de bonnes conditions de travail. Entre les problèmes d’accompagnement et la faible visibilité locale, beaucoup peinent à poursuivre le voyage. Le jeune cinéaste porte un regard double sur la question.

« Premièrement, j’ai énormément d’admiration par rapport à l’historique, avec le travail que les aînés ont accompli ». Secundo, Ousmane Samassékou regrette la structuration souvent chaotique à laquelle on assiste. « Au Mali, les cinéastes font face à un manque d’aide, parce que nous assistons à un manque d’accompagnement, comme de mettre à disposition des jeunes des opportunités de bourses d’études pour une meilleure formation dans le domaine du cinéma ».

Le cinéaste souligne aussi le manque d’accompagnement financier pour la distribution des films dans le but d’assurer aux réalisateurs une promotion à succès. «  Nous devons considérer le cinéma comme une partie prenante de l’économie. Nous devons être capable de raconter nos histoires, de produire nos films avec des aides nationales », plaide Ousmane Samassékou, qui envisage d’autres projets en dehors du monde cinématographique.

Assétou Many Coulibaly

Inondations : Aller au-delà des plans d’urgence

33 inondations dans 9 régions et le District de Bamako ont été enregistrées en ce début de mois d’août. Plus de 2 000 ménages ont été touchés et plus de 22 000 personnes sinistrées, avec 8 décès à la date du 5 août 2024. Une situation préoccupante, qui inquiète les populations concernées et appelle à des solutions pérennes.

Les ressortissants du cercle de Bla ont procédé à une première remise de dons le 13 août 2024. Constitué de 10 tonnes de céréales, d’huile, des colis d’habits, d’un montant de 3 000 000 de francs CFA et de médicaments de lutte contre le paludisme et les maladies pédiatriques, ce lot est une action de solidarité des ressortissants de la ville, située dans la région de Ségou. Destinée à mobiliser l’ensemble des 17 communes du cercle de Bla et les chefs de village, la remise a servi de cadre pour assister les sinistrés mais aussi pour « sonner l’alerte, parce que l’eau continue à monter », s’inquiète M. Markatié Daou, Président du Comité de crise des ressortissants de Bla.

« Il faut expliquer aux habitants les réflexes à adopter pour réagir face à la situation, notamment quand il pleut la nuit ». La ville a enregistré 1 décès suite à la pluie diluvienne de ce 13 août, un homme d’une cinquantaine d’années parti pêcher et emporté par les flots. Depuis la première grande inondation le 22 juillet 2024, la ville voit grossir le nombre de ses sinistrés, estimé entre 7 000 et 8 000 personnes et plus de 1 600 ménages touchés. Des sinistrés en outre privés de cultiver leurs champs, envahis par l’eau. Une partie du don mobilisé par l’association Terre solidaire a été distribué à une centaine de personnes et le reste réservé à d’autres sinistrés, car malheureusement l’hivernage n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière.

« Solution définitive »?

Pour les localités touchées par ces inondations, au-delà du constat et de l’aide d’urgence, il faut surtout envisager des solutions à long terme. Plus qu’un appel à la solidarité, le responsable du Comité de crise des ressortissants de Bla plaide donc pour « une solution définitive » pour la ville, confrontée à cette situation depuis des années. Pour prévenir la répétition de ce phénomène, elle a besoin d’un collecteur qui doit s’étendre sur une trentaine de kilomètres, selon les estimations des experts. Le Comité s’est déjà engagé afin de trouver des partenaires, y compris l’État, pour réaliser l’étude nécessaire à la réalisation de cet investissement, vital pour la survie des populations.

Fatoumata Maguiraga

Partenariats public-privé : Mieux appréhender le processus

Les partenariats public-privé (PPP) apparaissent comme un mode de financement adéquat pour les projets structurants pour le développement de notre économie. Cependant, la complexité du processus et les impacts réels doivent être mieux appréhendés par les acteurs.

La transformation structurelle de notre économie nécessite d’importants investissements dont la réalisation requiert l’intervention du secteur privé. Une conviction des autorités, qui ont décidé de renforcer le rôle de ce dernier dans le développement économique. Ainsi, pour faire de l’approche PPP une alternative pour la commande publique, le Mali s’est doté d’un cadre institutionnel.

Ce sont la Loi n°2016-061 du 30 décembre 2016 et le Décret n°2017-0057/P-RM du 9 février 2017, ainsi que le Décret n°2017-0050/PM-RM du 9 février 2017 portant création de l’Unité Partenariats public-privé (UPPP), qui régissent le domaine au Mali.

Organisme expert national, l’UPPP est notamment chargée d’apporter une assistance aux autorités contractantes dans l’identification des projets susceptibles d’être développés en PPP.

C’est un processus complexe nécessitant une grande expertise et l’UPPP veut contribuer à le rendre plus accessible aux acteurs censés pouvoir l’impacter. C’est dans ce cadre qu’elle a initié une formation à l’intention des acteurs de la société civile et des communicateurs (journalistes et communicateurs traditionnels) du 12 au 14 août 2024. Leurs capacités ont été renforcées sur l’identification, l’évaluation préalable des projets, leur contractualisation et leur suivi-évaluation.

Une opportunité et des risques

Assurer un équilibre entre les besoins réels de la population et les impacts futurs des projets à financer, telle pourrait être l’équation à résoudre pour l’adoption d’une approche PPP. Si dans la pratique de nombreux projets, notamment dans le cadre de l’énergie, ont bénéficié de l’expertise de l’UPPP pour leur contractualisation, l’acceptation de l’approche PPP reste un défi important pour les autorités contractantes.

En effet, le montage des projets PPP est un processus rigoureux, dont chaque étape est cruciale pour garantir son efficience. De l’identification du projet à la mise en œuvre jusqu’au suivi-évaluation, en passant par le montage financier, les projets PPP comportent « des pièges » à éviter. S’ils représentent une opportunité pour la réalisation des infrastructures pour les autorités contractantes, la réalisation des PPP a tendance à faire apparaître un faible impact pour la finalité du projet, l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. L’approche PPP doit donc être suscitée grâce à une planification rigoureuse des besoins des populations afin d’éviter le décalage entre leurs besoins et les résultats sur le terrain.

Fatoumata Maguiraga

Aigles : La FEMAFOOT en quête d’un nouveau sélectionneur

Qui sera le prochain sélectionneur des Aigles ? 2 mois après le limogeage d’Éric Sékou Chelle, et à moins d’un mois du début des éliminatoires de la CAN 2025, la Fédération malienne de football s’active.

Trouver un nouveau sélectionneur qualifié pour l’équipe nationale était devenu plus que prioritaire. C’est donc sans surprise que la Femafoot a lancé le 7 août dernier son appel à candidatures pour le recrutement d’un nouveau sélectionneur national.

Parmi les missions qui seront confiées au futur technicien des Aigles, qualifier le Mali à la phase finale de la CAN 2025, atteindre au minimum les demi-finales et qualifier le Mali à la prochaine Coupe du Monde et y atteindre au moins les 1/8èmes de finale.

Le prochain sélectionneur national sera également tenu, entre autres, d’appuyer la Direction technique nationale dans la mise en place d’une politique de formation des jeunes joueurs devant intégrer le futur Centre technique du Mali pour assurer la relève, d’apporter son expertise et son savoir-faire dans la mise en œuvre de la Politique technique de la Femafoot et de créer des canaux de collaboration avec les entraîneurs des autres catégories.

Expatriés en pôle position

Si dans son appel à candidaturela Fédération malienne de football a ouvert les candidatures « à tous les techniciens de nationalité malienne ou étrangère », presque tous les entraîneurs maliens pouvant se positionner pour le poste sont écartés. En effet, la plupart des entraîneurs locaux ne possèdent pas la Licence A Pro CAF ou A Pro UEFA que la fédération exige parmi les critères à respecter.

Contacté par nos soins, un entraîneur malien de renommée nationale, qui a requis l’anonymat, explique que ce critère écarte tous les entraîneurs nationaux. « Il faut un entraîneur qui maîtrise le football africain et qui n’est pas du Mali », glisse par ailleurs un analyste sportif.

Pour l’heure, aucun nom ne filtre concernant les candidatures déjà déposées. Mais, depuis le limogeage d’Éric Chelle, le Congolais Florent Ibengué était pressenti sur le banc des Aigles. Libre de tout contrat depuis qu’il a quitté la tête des Bleues et désireux de se relancer sur le continent africain, Hervé Renard pourrait également se mettre dans la course. Seul frein, le Mali, dans les conditions actuelles, ne pourrait pas prendre en charge son salaire, relativement élevé.

Mohamed Kenouvi

Leaders politiques arrêtés : Où en est le dossier ?

Placés sous mandat de dépôt le 24 juin 2024 après leur arrestation le 20 juin, les 10 dirigeants politiques et l’ancien ministre de la Justice Mohamed Aly Bathily, écroué à son tour le 9 juillet 2024, tous issus de la Coalition des partis signataires de la Déclaration du 31 mars 2024, croupissent depuis en prison. Près de deux mois après, comment évolue l’affaire ?

Tous ces leaders politiques de la Coalition de partis et mouvements politiques engagés dans une lutte pour un retour à l’ordre constitutionnel ont été déjà entendus par le juge d’instruction du Tribunal de grande instance de la Commune V du District de Bamako, excepté dans un premier temps, l’ancien Garde des sceaux du Mali, Maître Mohamed Aly Bathily. Ce dernier a été aussi finalement entendu mercredi 14 août. Selon une source politique proche du dossier son audition s’est « bien passée », d’après ses avocats, qui y ont également assisté. Inculpés pour « attentat » et « complot » contre le gouvernement, « opposition à l’exercice de l’autorité légitime », « atteinte à l’ordre public », les 11 leaders politiques attendent désormais d’être fixés sur leur sort.

Le recours en annulation du décret du 10 avril 2024 qui justifierait leur arrestation, introduit par des avocats de la Coalition du 31 mars, a été rejeté par la Cour suprême qui l’a jugé mal fondé le 8 août dernier. « Cela n’aura pas d’impact direct sur le sort de nos camarades. Sauf que la question relative à la légalité du décret n’est pas résolue. La question fondamentale maintenant va porter sur l’analyse que les juges vont faire, s’ils concluent que le décret a été violé ou pas par nos camarades », indique Dr. Mahamadou Konaté, membre de la Coalition. Il souligne que leur regroupement politique ne reconnaît pas les charges retenues contre les leaders arrêtés.

Médiations en cours

Si la procédure judiciaire suit son cours, la Coalition des partis et mouvements signataires de la Déclaration du 31 mars explore d’autres pistes pour aboutir à la libération des camarades politiques détenus.

« Il y a une médiation en cours au niveau du ministère de tutelle, qui est celui de l’Administration territoriale et de la décentralisation, mais aussi au niveau de l’AIGE, auprès des plus hautes autorités. Nous avons également pris langue avec le Haut Conseil Islamique », affirme Dr. Konaté.

Le 15 juillet dernier, la Coalition avait décidé de surprendre sa participation au Cadre d’échanges de l’AIGE avec les partis politiques, demandant à la structure en charge des élections, ainsi qu’au reste de la classe politique, de s’impliquer pour la libération des 11 leaders politiques arrêtés.

Mohamed Kenouvi

Flots de déchets

ll pleut et comme chaque année les rues de Bamako et d’autres grandes villes du pays sont inondées. Dans certains quartiers, ce sont des fleuves qui remplacent les rues pendant plusieurs heures, attendant que l’eau s’écoule dans des caniveaux bouchés. Chaque année, on fait mine de vouloir les libérer des ordures qui les obstruent. On fait remonter la terre et les déchets au bord. Et on attend que la pluie les y fasse redescendre progressivement, pensant qu’on a fait œuvre utile. Cette année, malgré le lancement le 8 juillet de ce travail inutile dans le District de Bamako, on n’en a pas vu l’effectivité dans beaucoup de quartiers.

De fait, ces actions dérisoires ne sont qu’un pansement minuscule sur la plaie béante de la gestion des déchets au Mali, à l’image d’actions ponctuelles menées sans cohérence, une absence de vision et d’efficacité. Comme cette loi de janvier 2012 qui interdit la production, l’importation et la commercialisation des sachets plastiques non dégradables. Bientôt 10 ans que cette loi est passée et qu’absolument rien dans nos habitudes n’a changé.

Rien n’a changé non plus dans la gestion qui est faite de ces déchets : ils ne sont pas détruits et quasiment pas recyclés. Nous vivons comme si nous ne produisions pas quotidiennement 3 210 m3 de déchets solides rien que pour la ville de Bamako selon une étude menée par l’INSTAT en 2021. Et ce chiffre ne prend pas en compte le volume dispersé de manière sauvage aux alentours de la ville, polluant de manière irréversible les terres et l’eau.

Pour couronner le tout, alors que notre capitale compte plus de 5 millions d’habitants, nous ne sommes toujours pas équipés d’une usine d’incinération des déchets, attendant peut-être que les centaines de milliers de tonnes produites chaque année disparaissent par miracle.

Alors on pourra parler longtemps de changement climatique mais c’est surtout notre politique environnementale et d’assainissement qu’il faut changer.

Aurélie Dupin

Crise énergétique : Un léger mieux

Depuis quelques semaines, l’ensemble du pays connaît une certaine amélioration de la fourniture en énergie électrique. Un peu plus d’une année après le début de la grave crise énergétique qui secoue le Mali, les temps de délestage ont sensiblement diminué, pour le plus grand bonheur des ménages et de différentes activités économiques qui tournaient au ralenti.

C’est une amélioration que les populations savourent. La tendance s’est plutôt inversée depuis quelques semaines dans la capitale, Bamako, et presque partout ailleurs à l’intérieur du pays. De plus de 15h de délestage, voire 24 à 48h par moments et par endroits il y a encore quelques mois, l’électricité est actuellement disponible sur presque la même marge, réduisant sensiblement les heures sans.

« Au mois de mai nous n’avions le courant qu’à peine 5 à 6h par jour et même là l’électricité était fournie à des heures tardives, entre 3h et 8h du matin et il y avait délestage le reste de la journée. Mais actuellement, chaque jour nous disposons du courant soit le matin jusqu’au soir soit toute la nuit jusqu’au matin », témoigne un chef de famille à Kalaban Koura.

Même constat du côté de la rive gauche de Bamako. « Cela va beaucoup mieux actuellement. Nous arrivons à avoir le courant pendant presque 13h par jour », glisse un habitant du quartier de Sotuba.

Selon certaines publications sur les réseaux sociaux, l’intérieur du pays n’est pas en marge de l’amélioration en cours de la fourniture en électricité. Koulikoro, Sikasso, Gao ou encore Tombouctou savourent tout autant depuis un moment la disponibilité en énergie électrique pendant plusieurs heures par jour.

À en croire une source locale contactée sur place, la région de Ségou en profite également. « L’avant-dernière semaine (Du 29 juillet, Ndlr), c’était plus qu’une amélioration ici à Ségou. Nous n’avions pratiquement plus de coupures. C’est pendant la semaine qui vient de se terminer que les coupures ont repris, mais nous avons le courant parfois jusqu’à 16h par jour », confie notre source.

Climat favorable

Quelles sont les principales raisons qui expliquent l’amélioration constatée dans la fourniture de l’énergie électrique au niveau de l’EDM-SA ? La société n’a jusque-là engagé aucune communication mettant en avant des éléments de réponse à cette interrogation.

Le département de la Communication, que nous avons contacté, n’a pas pu nous fournir d’information dans ce sens. Mais selon un technicien membre d’un syndicat d’EDM, cette amélioration de la fourniture du courant électrique depuis quelques semaines est essentiellement due à la période de l’hivernage que le pays vit actuellement. « La fraîcheur favorise beaucoup les économies de courant. Actuellement, les gens n’utilisent pas les climatiseurs comme en temps de chaleur et certains même se passent des ventilateurs. S’il y a beaucoup de stocks d’énergie, cela veut dire que nous pouvons alimenter plus de clients », indique notre interlocuteur.

« Les mégawatts que nous consommons pendant la chaleur ont actuellement diminué. En exemple, si nous disposions de 200méga pendant la période de chaleur, cela pouvait satisfaire 50% de la population. Mais cette même capacité pendant la période de l’hivernage peut satisfaire jusqu’à 70% de la population », poursuit le syndicaliste. À l’en croire, une autre raison, en l’occurrence, l’augmentation plausible de la quantité de carburant utilisée au niveau de la centrale thermique de Balingué, pourrait également être à la base de l’amélioration.

S’il n’est pas en mesure de confirmer cette hypothèse, par défaut d’informations précises sur les entrées quotidiennes de carburant avant et pendant l’hivernage, notre interlocuteur affirme en revanche que les délestages ne sont pas liés à un problème de puissance disponible au niveau des installations de l’EDM.

« Nous avons la puissance nécessaire pour la prise en charge totale de la population malienne installée en thermique. Si nous avons le maximum de carburant, même pendant la chaleur nous pouvons satisfaire tous les Maliens », souligne-t-il, craignant un retour aux délestages intempestifs une fois que la période de fraîcheur aura pris fin, si tant est que la capacité de stockage dont dispose EDM n’a pas été augmentée ».

Bouffée d’air économique

« C’est un miracle ! », s’exclame Gaoussou Coulibaly, le visage souriant empreint d’un mélange d’étonnement et de satisfaction. Accoudé à sa machine à coudre, ce tailleur, âgé d’une quarantaine d’années, vient de terminer la confection d’un pantalon. L’horloge accrochée au mur au fond de cet atelier du quartier Niaréla, en Commune II du District de Bamako, indique 19h22. « Vous savez, le courant est là depuis 10h et jusqu’à présent. C’est comme si je rêvais. EDM s’améliore vraiment ces derniers temps. Depuis au moins deux semaines, nous sommes un peu soulagés concernant les délestages », assure-t-il. « Je prie Dieu pour que cela continue ainsi et qu’il y ait encore plus d’amélioration à l’avenir et même la fin même des coupures », enchaîne M. Coulibaly.

À l’en croire, l’augmentation du temps de disponibilité en courant électrique impacte positivement la bonne marche de l’atelier. « Cela nous permet de finir à temps les commandes et surtout de ne plus trop dépenser dans l’achat de carburant pour le fonctionnement du groupe électrogène. Ces derniers temps, il m’arrive même de ne pas avoir à mettre le groupe en marche pendant toute la journée de travail », confie notre interlocuteur.

Comme ce tailleur, beaucoup d’autres corps de métier dans le secteur informel se portent légèrement mieux sur la période actuelle, comparé à quelques mois plutôt, où ils étaient confrontés à d’énormes difficultés.

Alou Kamissoko est coiffeur à Kalaban Coura. « Avant, on pouvait passer toute la journée sans courant et donc sans travailler, mais depuis un moment ça va un peu mieux. Le bénéfice quotidien commence par revenir petit à petit à la normale », témoigne-t-il.

Évoluant dans le secteur de l’agro-alimentaire, l’entreprise Jus Buguni était face à certaines difficultés liées à la lenteur du marché couplée à une augmentation des coûts de production, qui contrastaient avec la baisse de la production et la demande croissante de diminution des prix au niveau de la clientèle.

Mais, à en croire le promoteur, la situation a évolué positivement les dernières semaines. « Avec la légère amélioration en cours, nous avons commencé à utiliser certains de nos équipements qui étaient pratiquement à l’arrêt à cause de la crise énergétique. Et cela nous permet de nous projeter, de diminuer les coûts de production et d’augmenter aussi nos marges », explique Moussa Doumbia. « La disponibilité croissante de l’énergie nous permet de maintenir la qualité des produits, à travers leur conservation, et de pouvoir reprendre la production à grande échelle de jus à base de matières premières périssables comme le zabaan ou la mangue, que nous avons dû diminuer ou carrément arrêter par moments en raison de la crise énergétique », poursuit le jeune entrepreneur.

Les entreprises médiatiques, qui comptent parmi celles qui subissent de plein fouet les effets de la crise énergétique depuis le début, en raison de leur forte dépendance à l’énergie électrique, peuvent aussi de leur côté souffler un peu depuis un moment.

« Il y a quand même un petit soulagement. Depuis bientôt un mois, l’argent que nous mettions dans l’achat de carburant il y a quelques mois pour tourner à plein temps a pratiquement baissé de la moitié. Il y a une sensible augmentation du temps de disponibilité de l’électricité, ce qui nous rend de moins en moins dépendants du groupe électrogène », admet un responsable d’une entreprise de presse qui a requis l’anonymat.

Mohamed Kenouvi

Kamala Harris devra corriger la politique ukrainienne des États-Unis

 

STOCKHOLM – En apportant très tôt à l’Ukraine un soutien militaire, politique et financier, l’administration du président américain Joe Biden a évité à ce pays d’être envahi par la Russie. Pourtant, depuis novembre 2022, le conflit est dans l’impasse, ce qui n’est pas à l’avantage de l’Ukraine. Si elle est élue, Kamala Harris devrait se fixer comme objectif explicite de transformer la terrible guerre d’usure actuelle en une victoire ukrainienne. L’offensive surprenante de l’Ukraine dans la région russe de Koursk pourrait être le début d’une évolution plus prometteuse.

 

Les objectifs de l’Ukraine sont clairs : rétablir totalement son intégrité territoriale, permettre le retour de tous les citoyens ukrainiens déplacés, y compris les milliers d’enfants enlevés par la Russie, et recevoir une compensation totale pour les dommages causés par la Russie. En revanche, les États-Unis n’ont actuellement aucune stratégie à proprement parler. L’administration Biden se contente d’affirmer qu’elle soutiendra l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », tandis que Donald Trump, l’adversaire républicain de Harris, promet de mettre fin à la guerre en un jour, ce qui implique une capitulation totale face au Kremlin.

 

Pour Harris, l’impasse actuelle est une opportunité. Les deux tiers des Américains souhaitent la victoire de l’Ukraine et elle s’est déjà beaucoup occupée de ce pays : elle a rencontré le président Volodymyr Zelensky à six reprises et elle a dirigé la délégation américaine au sommet de la paix sur l’Ukraine, qui s’est tenu en Suisse en juin. En tant que vice-présidente des États-Unis, elle a suivi l’exemple de Biden ; mais en tant que présidente, elle pourrait renverser la situation et faire de l’Ukraine l’un de ses grands thèmes de victoire.

 

Pour ce faire, Kamala Harris devra adopter une stratégie globale soutenue par des ressources suffisantes. La politique de l’administration Biden (probablement l’œuvre du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan) consiste à défendre l’Ukraine sans provoquer le président russe Vladimir Poutine. En raison de craintes irrationnelles à propos d’attaques nucléaires ou d’une Troisième Guerre mondiale, la Maison Blanche a créé des lignes rouges russes imaginaires, offrant ainsi à la Russie un sanctuaire contre les attaques ukrainiennes avec des armes occidentales. Étant donné que Poutine ne survivrait pas à une guerre nucléaire, il est extrêmement improbable qu’il s’engage dans cette voie.

 

Une autre lacune fondamentale de la politique de Biden est l’absence d’objectif clair. L’objectif devrait être de fournir à l’Ukraine un soutien suffisant pour vaincre la Russie. Harris devrait nommer un conseiller à la sécurité nationale qui s’engage sans réserve en faveur de cet objectif. Les Ukrainiens se battent courageusement seuls. Ils ne réclament pas de troupes étrangères, mais ils ont besoin d’armes puissantes, du droit de les utiliser pour cibler les bases russes et d’un financement suffisant de la part de l’Occident.

 

L ‘Ukraine a reçu environ 100 milliards de dollars en 2023 (la moitié sous forme d’aide militaire, le reste sous forme de soutien budgétaire et d’aide humanitaire), et elle est en bonne voie pour recevoir à peu près le même montant en 2024. Bien que substantiel, ce montant n’est pas suffisant pour faire pencher la balance. Pour une victoire totale, l’Ukraine aurait probablement besoin de 150 milliards de dollars par an, avec un doublement de l’aide militaire à 100 milliards de dollars. Cela lui permettrait de gagner la guerre, ce qui réduirait les coûts futurs (sans parler des souffrances des Ukrainiens).

 

Ce n’est pas un secret de savoir où l’on peut trouver ces fonds. L’Occident a gelé 280 milliards de dollars de réserves russes, dont les deux tiers sont détenus dans le système privé Euroclear en Belgique. En outre, le Congrès américain a, judicieusement, adopté une loi autorisant le département du Trésor à saisir les avoirs russes gelés, tout en exigeant que l’Union européenne fasse de même. Mais l’Europe a refusé, principalement en raison de l’opposition de la France et de l’Allemagne.

 

Cette résistance européenne n’a aucun sens. Alors que la Russie viole quotidiennement le droit international, le Kremlin ne peut exiger de manière crédible la protection du droit international. À l’instar des États-Unis, l’UE doit adopter une législation permettant de saisir les fonds russes et de les utiliser pour soutenir l’Ukraine. Bien que seuls 5 milliards de dollars environ aient été localisés aux États-Unis, cet argent peut être saisi et remis immédiatement à l’Ukraine afin de montrer l’exemple aux Européens. Il est vrai qu’en juin, les États-Unis ont persuadé les autres membres du G7 de prêter 50 milliards de dollars à l’Ukraine en puisant dans les rendements futurs des fonds russes gelés. C’était un bon début. Mais l’Ukraine a besoin de cet argent le plus rapidement possible pour vaincre la Russie.

 

Après l’invasion massive lancé par la Russie en février 2022, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont été les principales sources d’aide militaire et de formation de l’Ukraine. Au cours des premiers mois de la guerre, ils étaient, à juste titre, réticents à fournir aux Ukrainiens les armes les plus sophistiquées, de peur que la Russie ne s’en empare. Mais ces craintes se sont atténuées dès l’été 2022. Depuis deux ans, les États-Unis auraient pu fournir à l’Ukraine les armes dont elle avait besoin pour repousser les Russes.

 

Il ne se passera pas grand-chose si l’Amérique ne prend pas les devants. Les États-Unis continuent de dominer le marché mondial de la production et de l’exportation d’armes, tandis que les Européens disposent de trop peu d’armes pour modifier l’équilibre de la guerre.

 

Enfin, la faille la plus absurde de la politique américaine à l’égard de l’Ukraine : l’interdiction d’utiliser des armes fournies par les États-Unis pour frapper les bases russes à partir desquelles l’Ukraine est attaquée. Cette politique n’est même pas conforme au droit à l’autodéfense inscrit dans la Charte des Nations unies. Elle devrait être révoquée immédiatement.

 

La guerre en Ukraine pourrait être une aubaine pour Harris, mais elle doit corriger les erreurs de Biden et fournir à l’Ukraine les ressources supplémentaires dont elle a besoin pour vaincre la Russie. En saisissant les actifs souverains russes et en persuadant les alliés des États-Unis de faire de même, elle peut aider l’Ukraine à gagner sans faire peser de charge budgétaire supplémentaire sur les Américains.

 Anders Åslund

 

Anders Åslund est l’auteur de Russia’s Crony Capitalism : The Path from Market Economy to Kleptocracy (Yale University Press, 2019).

 

Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org

 

JO Paris 2024 : Mauvais bilan pour le Mali

Que ce soit en athlétisme, en natation, en boxe ou encore en football, les représentants maliens sont tous passés à côté lors des Jeux Olympiques de Paris. Ismaël Coulibaly, qui  est entré en lice pour les qualifications au taekwondo (-de 80kg) ce vendredi 9 août, était le seul espoir qui vient de s’envoler.

Marine Fatoumata Camara a fortement cru en ses chances d’aller décrocher une première médaille historique pour le Mali. Elle s’est entraînée durant de nombreux mois pour y parvenir. Mais le 30 juillet 2024, face à la Turque Esra Yildiz, la marche était trop haute pour la Malienne. Éliminée dès les 16èmes de finale de la catégorie des Poids plume, celle qui affirme avoir « tout donné sur le ring » est déjà tournée vers les prochains Jeux. « Je sais que j’aurai mes chances à Los Angeles », assure la boxeuse malienne.

Dans les bassins du 100m nage libre, le même jour, Alexien Kouma n’a pas fait mieux. Arrivé à la 4ème place dans sa série éliminatoire, le Dijonnais est aussi sorti prématurément de ces Jeux Olympiques. Toujours en natation, pour son entrée en lice le 3 août, Aichata Diabaté a également échoué à passer au tour suivant, terminant 5ème de sa série avec un temps de 37’55. La jeune nageuse peut toutefois se consoler d’avoir battu son propre record personnel, qui était de 40’28.

Plus tôt, au sprint du 100m, Fodé Sissoko n’a pas pu franchir lui aussi le tour préliminaire dans sa série. L’homme le plus rapide du Mali est arrivée 4ème en 10’66 secondes, synonyme d’élimination.

La plus grosse désillusion est venue du football, où les Aigles U23 n’ont pas réussi à sortir d’un groupe pourtant largement à leur portée. Bilan à l’arrivée, un match nul et deux défaites.

Ismaël Coulibaly, porte-drapeau du Mali à Rio en 2016, était le seul athlète malien encore en lice dans ces Jeux Olympiques. Le taekwondoïste, dernier espoir de médaille, vient d’être éliminé ce vendredi 9 août. Déjà, selon certains analystes, ses chances de médaille étaient très infimes. Il n’a malheureusement pu se qualifier au second tour. Ismaël Coulibaly à perdu 2 à 1 à la troisième reprise du combat. Mettant ainsi un terme à l’aventure des athlètes maliens aux JO de Paris 2024.

URD : La course à la candidature du parti relancée ?

Après le 1er Congrès extraordinaire de l’Union pour la République et la démocratie (URD), tenu en janvier 2022, le parti est aujourd’hui tourné vers l’organisation du 5ème Congrès ordinaire, en décembre 2024, qui doit élire un nouveau Bureau exécutif national pour les 5 prochaines années. Reléguée au second plan ces derniers mois, la désignation du candidat du parti pour la prochaine élection présidentielle pourrait par ailleurs refaire surface.

Élu à la tête du parti le 16 janvier 2022, Gouagnon Coulibaly avait pris les rênes d’un bureau initialement élu lors du 4ème Congrès ordinaire du parti, en décembre 2019, et dont le mandat court jusqu’en décembre 2024. À quelques mois de l’expiration du mandat de ce bureau, le successeur de Soumaïla Coulibaly a déjà enclenché le processus d’organisation du 5ème Congrès ordinaire, qui se tiendra en décembre prochain.

« Nous voulons respecter les textes du parti et éviter un vide juridique. Il ne faut pas qu’on tombe dans le piège de certains camarades qui n’attendent que la fin du mandat du bureau actuel pour brandir l’argument de l’illégitimité devant les tribunaux », confie un membre d’une section du parti dans le District de Bamako.

Planning modifié

Le 15 février 2024, Gouagnon Coulibaly a envoyé un courrier aux différents Coordinateurs de régions, Présidents de fédérations et Secrétaires généraux des sections du parti, annonçant la tenue d’un congrès unitaire englobant celui des mouvements des femmes et des jeunes.

Selon le planning initial, le renouvellement des comités, sous la supervision des sous-sections devrait se tenir du 1er mars au 31 mai 2024, celui des sous-sections sous la supervision des sections du 1er juin au 31 août, celui des sections sous la supervision du Bureau exécutif national du 1er au 30 novembre 2024 et enfin la tenue du Congrès unitaire du parti et des mouvements affiliés en décembre 2024.

Mais la suspension des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations par le gouvernement, du 10 avril au 10 juillet 2024, a changé la donne. Lors de sa réunion ordinaire du 1er août dernier, le Bureau exécutif national a maintenu la tenue du 5ème Congrès ordinaire du parti en décembre 2024 mais a décidé de tenir les Congrès des mouvements des jeunes et des femmes au mois de juin 2025 et le renouvellement des fédérations régionales après le Congrès de décembre 2024.

Le calendrier de renouvellement des organes du parti a été redéfini. Celui des comités se poursuivra jusqu’au 15 septembre 2024, celui des sous-sections aura lieu du 15 septembre au 20 octobre 2024, suivi du 20 octobre au 30 novembre 2024 du renouvellement des sections du parti.

L’élection présidentielle en ligne de mire

Si la tenue du 5ème Congrès ordinaire de l’URD en décembre prochain entre dans le cadre du respect des textes du parti, l’épineux problème de la désignation du porte-étendard de l’URD à l’élection présidentielle de fin de transition reste intact au sein de la formation politique.

Le prochain congrès ne va pas trancher la question mais il pourrait relancer les positionnements au sein du parti de certains potentiels candidats à la candidature. Gouagnon Coulibaly devrait être reconduit à son poste mais ne serait pas de facto candidat du parti, contrairement à Soumaila Cissé qui, de son vivant, s’était toujours imposé en candidat naturel. D’ailleurs, l’ancien député de Kati, avant de prendre les rênes de l’URD en janvier 2022, n’était pas dans la course à la candidature du parti, pour laquelle une dizaine de personnalités s’étaient déclarées, notamment l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et l’ancien ministre Mahamadou Igor Diarra.

« Avant le Congrès, il y aura une Conférence nationale pour la relecture des textes. L’URD avait été créée uniquement pour amener Soumaïla Cissé au pouvoir. C’est maintenant que nous allons devenir un grand parti et il y a des textes qu’il faut absolument revoir », glisse une source interne au parti. De quoi rebattre les cartes pour des primaires internes inédites à l’URD ?

Tinzawatène : Jusqu’où ira la résistance des rebelles du CSP-PDA ?

Ber, Bourem, Anéfis, Aguelhok, Tinzawatène. La liste des théâtres d’affrontements ces derniers mois entre l’armée malienne, résolument tournée vers la sécurisation du territoire national, et les groupes armés rebelles, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad ( CSP-PDA), ne cesse de croître. D’une rare violence, les récents combats à Tinzawatène, près de la frontière algérienne, marquent un tournant depuis la reprise des affrontements entre les deux camps, en août 2023. Bénéficiant de soutiens multiformes, les rebelles Touaregs, délogés de Kidal en novembre dernier, résistent et s’accrochent.

C’est un affrontement sanglant qui a opposé du 25 au 27 juillet dernier l’armée malienne et les groupes armés rebelles regroupés au sein CSP-PDA à Tinzawatène, localité située à 233 km au nord-est de Kidal.

Dans une dynamique de récupération des dernières localités près de la frontière algérienne, où se sont réfugiés les rebelles du CSP-PDA et d’autres groupes armés terroristes en perte de vitesse, l’armée malienne, appuyée par ses partenaires russes, a lancé à la mi-juillet des opérations dans la zone.

Bataille « perdue »

Le 25 juillet, l’armée malienne et ses partenaires pénètrent à Tinzawatène, 3 jours après avoir pris le contrôle de la ville d’Inafaraq, à environ 122 km de Tessalit, et pris position à Boughessa, dans le cercle d’Abeibara, région de Kidal. Mais la colonne FAMa bute sur les combattants du CSP, fortement positionnés dans la ville-frontière avec l’ Algérie, qui ouvrent le combat.

Après une première attaque repoussée par les FAMa, les conditions météo se dégradent et une tempête de sable limite les mouvements des troupes au sol, empêchant l’intervention des vecteurs aériens de l’armée malienne. En infériorité numérique et limitées sur le terrain, les FAMa sont vites encerclées le 26 juillet par les rebelles du CSP, qui se sont réorganisés et ont été renforcés par des groupes armés terroristes de la zone.

« La bravoure et la détermination exemplaires de nos soldats n’ont pas permis d’éviter un nombre important de pertes en vies humaines et matérielles », reconnaît l’État-major général des armées dans un communiqué publié le 29 juillet. « Le 26 juillet, les combats ont redoublé d’intensité. Les groupes armées terroristes, regroupés dans une coalition opportuniste comprenant l’EIGS et le GSIM, ont lancé plusieurs véhicules kamikazes contre nos forces. L’unité FAMa a été encerclée par la coalition des forces terroristes du Sahel et de violents combats se sont engagés avant l’arrivée des renforts », explique l’armée.

Les combats se poursuivent le 27 juillet et les FAMa, qui subissent d’autres pertes dans une embuscade tendue par le JNIM, se replient sur Kidal le 28 juillet. Si dans sa communication l’État-major général des armées ne donne pas de précisions sur les pertes subies, le CSP-PDA, de son côté, fait état, dans un communiqué en date du 1er août 2024, de 9 morts, 12 blessés et 3 véhicules détruits dans ses rangs et, d’un lourd bilan humain du côté de l’armée malienne et de ses partenaires russes. Des destructions de matériels et de véhicules sont aussi revendiquées. 

Le 31 juillet, le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga affirme publiquement que l’armée malienne a perdu la bataille à Tinzawatène mais qu’elle gagnera la guerre.

Nouvelle dimension

« Nous tenons à souligner que cette situation ne saurait remettre en cause la dynamique d’exercice de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, comme matérialisé par la prise de contrôle d’Inafaraq », avertit l’État-major général des armées dans son communiqué du 29 juillet, laissant entrevoir une nouvelle offensive des FAMa à Tinzawatène.

Lors de sa traditionnelle conférence de presse, tenue le 5 août 2024, le Chef de la Direction de l’information et des relations publiques des armées ( DIRPA), l’a réitéré. « Dès lors que nous avons pu mettre les pieds à Kidal, nous serons à Tinzawatène. Mais nous n’allons pas vous dire quand. Retenez-le, les FAMa mettront pied à Tinzawatène vaille que vaille, au prix de notre sang », a martelé le Colonel-major Souleymane Dembélé devant la presse.

De leur côté, les rebelles du CSP-PDA, qui ont salué une « éclatante et glorieuse victoire » de leurs combattants, savent que l’armée malienne n’abdiquera pas. Ils se prépareraient à toutes les éventualités.

Selon certains analystes, l’ascendant pris lors des récents combats pourrait les galvaniser et, en plus du renfort des groupes armés terroristes de la zone et de l’appui d’États étrangers, notamment l’Ukraine – avec laquelle le Mali vient de rompre ses liens diplomatiques -, les indépendantistes Touaregs pourraient continuer de résister aux FAMa et à leurs partenaires russes dans les futurs combats pour le contrôle de la ville de Tinzawatène.

« Le conflit russo-ukrainien aujourd’hui s’exporte dans le Nord du Mali, parce que les Ukrainiens ont vu en la présence russe au Mali une nouvelle cible à abattre, et il y a de quoi s’inquiéter de l’ampleur que prend cette bataille », s’alarme Dr. Amidou Tidjani, enseignant-chercheur à l’Université Paris-13.

« Nous sommes désormais dans un conflit d’État à État à travers des acteurs indirects qui sont les groupes armés terroristes. Ce ne sont pas les groupes armés de Tinzawatène qui sont l’objet d’inquiétude, mais, à mon sens, le fait qu’ils bénéficient des moyens d’une armée conventionnelle pour attaquer l’armée malienne », poursuit-il, mettant en garde contre des attaques dans des zones beaucoup plus sensibles si ce soutien continue.

Pour sa part, Jean-Hervé Jezequel, Directeur du Projet Sahel à International Crisis Group paraît plus mesuré. « Ce n’est pas étonnant que chaque camp essaye de se trouver des alliés extérieurs, mais le brouillard de la guerre est encore épais sur les derniers épisodes et il faut se méfier de toute conclusion hâtive », glisse-t-il.

Revenir au dialogue ?

Dans la perspective d’autres affrontements dans la zone de Tinzawatène, le sort des civils, que l’armée malienne a d’ailleurs invité à s’éloigner des périmètres de combats, est plus que jamais préoccupant.

« On craint évidemment l’engrenage. Dans les situations de conflit de ce genre, les populations civiles sont de plus en plus touchées par des opérations qui peinent à différencier qui est combattant et qui ne l’est pas, qui soutient un camp et qui soutient l’autre », alerte Jean-Hervé Jezequel.

Dans un rapport publié en février 2024, International  Crisis Groupe mettait déjà l’accent sur le risque de voir la violence contre les civils s’aggraver dans les mois à venir, sans que cela n’apporte une quelconque réponse durable à la situation actuelle.

Pour le Directeur du Projet Sahel à International Crisis Group, il est difficile, sinon impossible, de contrôler durablement le Nord du Mali par de seules actions militaires, même avec de puissants alliés.

« Reprendre et tenir des villes face à des insurrections armées est toujours possible quand on y met les moyens, comme on l’a vu récemment avec la reprise de Kidal depuis novembre 2023. Par contre, tenir les zones rurales et éradiquer toute forme d’opposition armée dans des espaces aussi vastes, où la logistique est un immense défi pour toutes les armées du monde, c’est un objectif peu réaliste », estime M. Jezequel. De son point de vue, seul le dialogue politique peut permettre d’épargner des vies maliennes.

Loi électorale : Vers une révision conforme à la nouvelle Constitution

Promulguée le 24 juin 2022, la Loi No2022-19 portant Loi électorale a été modifiée par le Conseil national de transition (CNT) le 28 février 2023, à l’initiative du gouvernement. Après cette première modification, dans le cadre de la tenue du référendum de juin 2023, la Loi électorale va de nouveau être révisée, cette fois-ci pour l’adapter aux dispositions de la Constitution du 22 juillet 2023.

L’initiative de cette nouvelle révision de la Loi No2022-19 du 24 juin 2022 portant Loi électorale, qui était d’ailleurs attendue pour déclencher le processus d’organisation des futurs scrutins de la fin de la Transition, a été prise lors du Conseil des ministres du 24 juillet 2024.

Le projet de loi, adopté sur le rapport du ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et institutionnelles, vise à prendre en compte les « innovations » apportées par la Constitution du 22 juillet 2023, qui « impactent fondamentalement le système de gouvernance électorale de notre pays », mais aussi à « corriger un certain nombre d’insuffisances ».

Parmi les nouveautés contenues dans la Constitution du 22 juillet 2023 que vont prendre en compte les nouvelles modifications de la loi électorale, la création du Sénat comme seconde chambre du Parlement, la participation des Maliens établis à l’extérieur aux élections législatives, la possibilité de recourir au scrutin mixte pour les élections législatives et l’allongement du délai entre les deux tours lors de l’élection du Président de la République, entre autres.

« Depuis la promulgation de la Constitution du 22 juillet 2023, il était attendu une modification de la Loi électorale, parce qu’il est clair qu’aucun scrutin ne pouvait se tenir en l’état sans une réadaptation de la Loi électorale à la nouvelle Constitution. Maintenant que le gouvernement en prend l’initiative, cela peut signifier que les autorités sont dans une dynamique d’organisation des élections dans les prochains mois », estime Oumar Sidibé, analyste politique.

Après le Conseil des ministres, le projet de loi électorale portant modification de la Loi électorale  du 24 juin 2022 doit passer devant le Conseil national de transition, qui doit à nouveau l’examiner avant de passer au vote pour son adoption.

Selon nos informations, le texte modifié n’est pas encore parvenu sur la table de l’organe législatif de la Transition, qui a officiellement clôturé sa session ordinaire d’avril le 4 juillet dernier. Mais le CNT pourra se pencher dessus lors de sa prochaine session ordinaire, qui débute le 7 octobre 2024, ou en session extraordinaire à la demande du gouvernement.

Campagne agricole 2024 – 2025 : Des ambitions réalistes ?

La campagne agricole est en retard, principalement en raison de l’installation tardive des pluies. Un constat général qui n’occulte pas les autres difficultés de cette saison 2024 – 2025. L’une d’elles est l’indisponibilité de l’engrais subventionné par l’État. Bien qu’insuffisant, il permet aux paysans d’entamer la campagne sereinement. Ces derniers doivent donc désormais compter sur leurs propres moyens et produire à des coûts élevés et difficilement rentables. Compromettant ainsi les promesses d’une sécurité et d’une souveraineté alimentaires.

« Les premières pluies enregistrées n’ont pas été à la hauteur. Actuellement, les paysans sont en pleine période de semis. La seule zone en avance est celle de Sikasso », confie Lamine Coulibaly, Chargé de Communication à la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali (CNOP). Une région où les premières céréales ont même germé, certaines étant en voie de maturité. En ce qui concerne les intrants, la zone a également reçu toutes les quantités d’engrais subventionnés attendus. Ce qui fait de la troisième région, située en pleine zone soudanienne, une véritable exception et une zone privilégiée pour cette campagne pour laquelle les attentes sont pourtant grandes. Le Mali prévoit de produire pour cette campagne 2024 – 2025, 11,1 millions de tonnes de céréales, soit 12,1% de plus que les prévisions de 2023 et mieux que les 9,9 millions de tonnes récoltées lors de la campagne précédente.

Les moyens des ambitions

Pour réussir, le Mali doit déployer d’importants moyens et espérer une bonne pluviométrie. Si elle s’est faite attendre, la saison des pluies semble bien engagée depuis la fin du mois de juin, avec des pluies régulières et quelques fois trop abondantes par endroits. Aux dires des experts, si la saison pluviale se poursuit jusqu’au mois d’octobre, la campagne sera à hauteur de souhait. Mais, pour une campagne réussie, la pluviométrie n’est qu’une des conditions. L’autre pilier, et non des moindres, pour des rendements importants, c’est l’apport d’engrais.

À l’exception notoire de Sikasso, aucun paysan n’a reçu d’engrais subventionné, selon le constat de la CNOP. Les paysans auxquels on promettait un sac d’urée par hectare sont obligés d’acquérir l’engrais au prix du marché. Soit par endroit 18 500 francs CFA et jusqu’à 25 000 francs dans certaines zones. L’engrais phosphaté quant à lui coûte environ 26 000 francs CFA. Ce qui offre aux paysans deux options, soit réduire considérablement les superficies cultivées et s’attendre à une réduction drastique des rendements avec le peu d’engrais disponible ou s’endetter et voir s’élever le coût de production.

Dans les régions productrices de coton dépendant de la pluie, certains ont renoncé tout simplement à la spéculation ou ont réduit considérablement leurs superficies, découragés par le retard constaté dans le paiement des ristournes, dont certaines ne sont pas encore totalement acquittées.

S’ils ignorent les causes du retard dans l’acheminement de l’engrais subventionné, les paysans estiment que cette problématique, devenue un véritable nœud gordien, n’est malheureusement pas une surprise. « Chaque année c’est le même scénario. L’engrais n’arrive pas au moment où les paysans en ont besoin », relève le  Chargé de Communication de la CNOP.

La même problématique ressort chaque année, selon l’analyse de la Coordination et fait partie de ses recommandations pour une bonne campagne. Selon celles-ci, la disponibilité de l’engrais doit être effective au plus tard à la fin du mois de mai, parce que les cultures ont besoin d’engrais lorsqu’elles ont de l’eau, afin de favoriser leur croissance. Le circuit de distribution reste complexe et répond de moins en moins aux attentes des paysans.

Retour aux cultures vivrières ?

Mahamadou Sogoba est producteur dans la localité de Dèbèla, qui regroupe 5 Associations villageoises (AV) de la commune de Zamina, arrondissement de M’Pessoba. L’hivernage s’y déroule plutôt bien, selon lui, et si cela continue ainsi les attentes seront comblées, espère-t-il. Dans ce secteur de M’Pessoba, où il est producteur depuis 1987, il cultive du coton, du maïs, du sorgho et du mil sur environ 11 hectares.

Même plus abondantes que l’année dernière, il préfère les pluies de cette année à la sècheresse dernière. S’il y a eu des inondations dans la zone, sa localité n’est pas concernée, heureusement. Mais la principale difficulté enregistrée par M. Sogoba concerne la fourniture de l’engrais. « Surtout pour ceux qui ne cultivent pas le coton », précise-t-il. Ce qui nous met en insécurité alimentaire, c’est le manque d’engrais, prévient M. Sogoba.  L’année dernière, ils « n’avaient droit qu’à 2 sacs par hectare ». Cette année, « nous avons forcé pour avoir 3 sacs par hectare », parce qu’actuellement impossible de cultiver sans engrais, surtout avec des sols dégradés, se défend-il. Après le coton et le maïs, le reste de l’engrais subventionné n’est pas remis pour les autres céréales, dont le mil. Le coton n’ayant pas été semé tôt, le nombre d’hectares prévu a été diminué, donc « ils veulent repartir avec le reste », ajoute M. Sogoba.

À leur niveau, ils disposent actuellement d’environ 50% de leurs besoins, mais d’autres AV ont beaucoup moins, assure notre interlocuteur. Les paysans continuent donc à ne pas disposer d’engrais. Celui de la Chambre d’agriculture « est donné aux commerçants chez lesquels nous devons acheter le sac 25 000 francs CFA ». Ce qui est loin d’être à la portée de tous. Pour M. Sogoba, la disponibilité de l’engrais est donc indispensable pour « pouvoir travailler et pour lutter contre l’insécurité alimentaire ».

À ce rythme la culture du coton risque d’être abandonnée, « parce le revenu que nous gagnons ne suffit pas pour acheter notre nourriture ». Surtout qu’au moment où les ristournes sont payées le prix du mil est très élevé.

Réussir l’adaptation

Principalement destiné aux cotonculteurs, l’engrais subventionné est aussi sollicité pour les céréales, vers lesquelles les paysans continuent de se focaliser. Depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine et la crise de Covid-19, l’inflation a entraîné un renchérissement des coûts et apporté des obstacles supplémentaires dans la distribution de l’engrais, conséquences que les autorités ont du mal à juguler. Si l’État continue la subvention, elle ne répond qu’à environ 50% de la demande. Dans cette situation, les paysans font donc  ce qu’ils peuvent pour s’en sortir.

Ce qui pousse la CNOP à inciter notamment les paysans à l’utilisation des engrais organiques pour continuer à booster la production et pour fournir une alimentation saine aux populations. Une autre alternative est le développement de l’agro-écologie pour une gestion rationnelle de l’environnement. Un travail qui commence à faire tache d’huile, à en croire les paysans de Wakoro, dans la zone de Dioïla. Cela leur a permis de s’en sortir. Une idée à laquelle l’État adhère en subventionnant davantage l’engrais organique que l’engrais chimique.

À la mi-juillet, on enregistrait 11% de surfaces cultivées pour le riz. Un pourcentage en deçà de celui de l’année dernière, mais les semis peuvent continuer, expliquent les responsables de l’Agriculture. Pour les autres céréales, le taux est de 18%. En ce qui concerne le coton, dont il est prévu de cultiver une superficie de 757 000 ha, 70% sont déjà plantés, contre 90% à la même période l’année dernière. Si la saison n’est pas pour autant compromise, les objectifs assignés paraissent bien ambitieux au regard des défis déjà recensés.

Si l’objectif reste de faire parvenir la quantité d’engrais nécessaire aux paysans, l’issue de la campagne reste incertaine pour nombre d’acteurs. À Dialassagou, l’hivernage est en retard, pas à cause de la pluie mais de l’insécurité, explique un producteur de la zone. C’est désormais par rotation qu’ils font les semis, qui ne sont pas encore terminés. La contrainte majeure, « c’est l’insécurité, qui nous a empêché de cultiver ». Au lieu de 10 à 15 hectares, certains se sont limités à 2 hectares, parce qu’ils ne peuvent pas aller au-delà de 2 kilomètres. Le même phénomène a rendu inaccessible l’engrais, dont « on est en train de se passer ». Pour répondre à ce manque, ils se tournent vers l’engrais organique, sauf que pour ce faire il faut disposer d’animaux eux-mêmes menacés par l’insécurité. Ces paysans préconisent donc de transformer l’agriculture, de l’intensifier et de produire pour la vente plutôt que de se contenter de l’agriculture de subsistance.

Comment le commerce des services et la transition écologique peuvent‑ils profiter à tous?

Les pays africains et les pays les moins avancés (PMA) du monde ont beaucoup à gagner du développement de nouvelles chaînes de valeur « vertes » et d’un essor mondial du commerce des services. De par l’abondance de leurs ressources durables, qui vont des fibres naturelles à la lumière du soleil, ces pays sont bien placés pour développer des industries florissantes tournées vers l’exportation de biens et services verts, tels que les énergies renouvelables et l’écotourisme. D’ailleurs, le succès rencontré par certaines entreprises africaines spécialisées dans les services financiers ou le commerce électronique montre bien que les services à forte valeur peuvent représenter une nouvelle voie de développement pour les PMA, pour autant que les politiques commerciales adéquates s’accompagnent d’un transfert de technologie et d’investissements dans les compétences et les infrastructures.

Alors que des experts commerciaux du monde entier se sont réunis à Genève il y a un mois pour faire le point sur l’initiative Aide pour le commerce– qui a permis de mobiliser 648 milliards d’USD d’investissements en faveur des pays en développement entre 2006 et 2022 – trois nouvelles études présentées dans une nouvelle note d’orientation intitulée « LDC Trade Priorities: Looking forward » (Priorités commerciales des PMA: perspectives) se penchent sur son potentiel de transformation. Elles donnent des indications sur la manière dont les économies en développement peuvent saisir les opportunités offertes par la transition verte et la réorientation mondiale vers les services en utilisant les processus de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour plaider de manière plus proactive en faveur de politiques commerciales favorables dans les secteurs stratégiques. Elles soulignent en outre la responsabilité qui incombe aux partenaires commerciaux à revenu élevé de continuer d’investir dans l’Aide pour le commerce et de réduire les obstacles auxquels se heurtent les exportations des PMA, afin de faire en sorte que le commerce profite réellement à tous.

Une transformation induite par les services

Dans leur étude relative à la promotion d’une transformation induite par les services en Afrique, Richard Newfarmer, Christian Lippitsch et Andrew Womer de l’International Growth Centre – un centre de recherches économiques établi à la London School of Economics – affirment que l’Afrique peut reproduire le « miracle » reposant sur les exportations qu’a connu l’Asie de l’Est, en augmentant le volume et la valeur de ses exportations de services.

Les auteurs soulignent à quel point la réorientation de l’Afrique vers les services a déjà été couronnée de succès, puisque 70 des 100 entreprises du continent qui enregistrent la croissance la plus rapide offrent principalement des services, dans des domaines allant des technologies financières aux soins de santé. Ils mettent également en exergue la manière dont le commerce des services peut être un complément du commerce des marchandises.

En Afrique, les secteurs de services davantage établis tels que ceux du tourisme et des transports méritent qu’un soutient leur soit apporté sur le plan des politiques, compte tenu de leur capacité à stimuler la croissance et à créer des emplois. Les auteurs font observer que le continent court toutefois le risque de devenir trop tributaire de ces secteurs.

Selon eux, les secteurs à plus forte productivité – tels que ceux de la finance, de l’assurance et des services fournis aux entreprises – sont susceptibles d’offrir à l’Afrique une voie plus durable vers l’amélioration de l’emploi et le développement économique. Pour mettre à profit ces opportunités, les gouvernements des pays africains – et leurs partenaires internationaux, y compris dans le cadre de l’Aide au commerce – devront investir dans les infrastructures et les compétences numériques, et œuvrer en faveur d’une plus grande ouverture du commerce des services.

D’après les auteurs, la Zone de libre‑échange continentale africaine (ZLECAf) sera d’un grand soutien. En dynamisant le commerce des marchandises, elle peut également stimuler le commerce des services connexes. Par ailleurs, compte tenu des engagements en matière de réduction des obstacles non tarifaires au commerce qui ont été pris dans son cadre, la ZLECAf incite les gouvernements à mettre en place des systèmes juridiques et réglementaires qui soutiennent et attirent les investissements étrangers dans les secteurs prioritaires, tels que celui du commerce électronique.

Une réflexion nouvelle sur le traitement spécial

Dans leur étude sur l’évolution des priorités des pays africains et des PMA dans le cadre du régime commercial mondial, David Luke, de la London School of Economics, et Kulani McCartan‑Demie, fondatrice du groupe de réflexion Organisation for Economic Transformation, préconisent une évolution du discours tenu à l’OMC sur le soutien dont ont besoin ces pays pour parvenir à une industrialisation attendue de longue date en dépit des changements climatiques et des progrès technologiques rapides.

Les auteurs mettent en lumière les synergies qui existent entre les demandes formulées par les pays africains, les PMA et les petites économies vulnérables à l’OMC. Ainsi, lors de la treizième Conférence ministérielle de l’Organisation tenue au début de l’année, le Groupe africain de l’OMC a lancé un appel en faveur d’un soutien financier et d’un transfert de technologie pour aider à atténuer le changement climatique et à s’y adapter, tandis que les PMA ont souligné la manière dont les problèmes liés aux infrastructures et aux technologies limitaient leur capacité à tirer parti des technologies numériques. Ces deux groupes de pays ont accordé la priorité à l’avancement des négociations de l’OMC sur le traitement spécial et différencié, qui, selon eux, demeure essentiel à leur développement durable.

Pour que les économies en développement puissent obtenir de meilleur résultats lors de la prochaine Conférence ministérielle de l’OMC qui aura lieu au Cameroun, les auteurs proposent de repenser le traitement spécial et différencié, notamment en mettant davantage l’accent sur l’assistance financière et technique et en s’appuyant moins sur les exemptions des règles de l’OMC ou des engagements pris dans le cadre de l’Organisation.

Toutefois, le traitement spécial et différencié ne suffit pas à lui seul. Selon les auteurs, la mise en œuvre de la ZLECAf changera la donne pour les pays africains. Qui plus est, les PMA et les petites économies vulnérables ont également besoin d’une aide pour affranchir leurs économies de l’extraction de ressources, ainsi que d’investissements dans l’éducation, l’énergie et les infrastructures.

Prévention de la « fracture verte »

Dans son étude sur les possibilités commerciales qu’offre la transition verte aux PMA, Colette van der Ven, juriste spécialiste du commerce international et fondatrice de TULIP Consulting, examine la question de savoir comment éviter l’apparition d’une « fracture verte » entre les économies à faible revenu les plus vulnérables aux changements climatiques et les économies disposant des capacités nécessaires pour dominer les nouvelles chaînes de valeur liées à l’adaptation et à l’atténuation.

Elle met l’accent sur les inquiétudes que suscitent les mesures commerciales vertes unilatérales et non coordonnées mises en œuvre par les économies développées, dont les coûts élevés de mise en conformité empêchent les PMA de participer à l’écologisation du commerce. Pourtant, les PMA ont de nombreux avantages naturels, comme l’abondance de sources d’énergie renouvelable, de produits agricoles respectueux de l’environnement et de plantes pouvant être utilisées pour fabriquer des substituts non plastiques durables ou des médicaments.

La juriste affirme que pour les transformer en industries d’exportation, les PMA devraient davantage prendre l’initiative d’utiliser les processus de l’OMC pour soutenir leurs propres intérêts. Ils pourraient par exemple s’appuyer sur les Discussions structurées sur le commerce et la durabilité environnementale, une initiative environnementale menée par un groupe de Membres de l’OMC qui vise à intensifier les travaux sur le commerce et la durabilité environnementale. Les PMA pourraient également tirer avantage d’une réduction des droits de douane sur des équipements tels que les panneaux solaires et les éoliennes. De telles mesures pourraient les aider à développer des secteurs des énergies renouvelables performants et à améliorer l’efficacité de l’activité commerciale à l’échelle de leurs économies.

Mme van der Ven avance que ces efforts pourraient être soutenus par un renforcement de la coopération entre les différents comités de l’OMC, qui permettrait de discuter simultanément du commerce, de l’environnement et du développement. En outre, l’Aide au commerce peut aussi aider les PMA à s’adapter à l’évolution du paysage commercial et à soutenir les efforts déployés à l’échelle mondiale pour parvenir à l’objectif de zéro émission nette.

Xiangchen Zhang, Directeur général adjoint de l’OMC