Tunisie : après les propos polémiques du Président, les autorités ne comptent pas s’excuser

Après les propos polémiques du Président tunisien sur l’immigration, son ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar a affirmé que la Tunisie prônait l’apaisement mais a exclu de présenter des excuses.

Le Président tunisien Kaïs Saïed a dénoncé le 21 février dernier un « complot» visant à « changer la démographie du pays » lors d’une réunion du Conseil de sécurité nationale sur l’immigration clandestine en Tunisie. Le chef de l’État tunisien a affirmé que cette immigration était source de « violences et de crimes ». Ces propos polémiques suscitent un tollé depuis mais les autorités ne comptent pour autant pas s’excuser. Le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar l’a assuré au cours d’un entretien accordé à l’AFP le lundi 27 février. « Non, il n’est pas question d’excuses du tout, nous n’avons porté atteinte à personne ». En outre, le chef de la diplomatie tunisienne a expliqué que les propos du Président Kaïs Saïed en rapport avec la modification de la démographie de la Tunisie ne pourraient être considérés comme une incitation à la haine. Il a ajouté que les accusations de xénophobie et d’incitation à la haine sont fallacieuses et sans fondement. Pourtant, plusieurs témoignages font état de violences et d’expulsions visant des Subsahariens en Tunisie, y compris des étudiants. Ce que M. Ammar qualifie d’actes individuels à ne pas confondre avec les actes posées par les autorités. Ce mardi, lors d’une conférence de presse, le leader du Front de salut, un parti d’opposition, Ahmed Nejib Chebbi, s’est insurgé contre ce qu’il a appelé « une incitation à la haine et à la violence contre ces individus. Le régime en place a rendu la relation de la Tunisie tendue avec toutes les parties étrangères et notamment africaines».

Rapatriement

Face à cette situation, les ambassades de plusieurs pays ont fait des communiqués demandant à leurs ressortissants qui le souhaitent de s’inscrire pour un retour volontaire au pays. Le Burkina Faso, le Cameroun, le Mali ou encore la Côte d’Ivoire ont lancé cette démarche. Le Mali même qualifié mardi « d’inacceptables les scènes de violence physique, d’expulsion de bâtiments ou d’expropriation de biens » dont sont victimes les migrants maliens en Tunisie, lors d’une audience à Bamako entre le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères Seydou Coulibaly et le chargé d’affaires de l’ambassade de Tunisie. Selon des chiffres officiels du Forum tunisien pour les droits économiques, le pays compte 21 000 étrangers subsahariens.

So Kadi : Le documentaire qui donne la parole aux migrants

« So Kadi : Paroles de migrants, porteurs d’espoir », c’est le titre du film documentaire projeté en avant-première jeudi 5 juillet 2018 au Magic Cinéma (Ex Babemba). Très émouvant, il relate les périples de migrants africains en quête de l’eldorado européen.


Réalisé en Afrique et en Europe, il donne la parole à de jeunes migrants. Certains des témoignages font froid dans le dos. « Nous étions plus de 300 dans, une prison en Libye, hommes et femmes entassés dans des conditions inhumaines » raconte un migrant. « Nous avons fait deux semaines sur la route en traversant le désert. « Arrivés en Italie, quand on demande du travail, ils nous disent qu’il y en a pas, qu’eux-mêmes sont pauvres » poursuit-il.


Les récits que retrace ce film sont poignants, au point où l’émotion était palpable dans toutes les réactions qui ont suivi la projection. « Je n’arrivais pas à aller visionner les roches parce que c’était insupportable pour moi. » a confiée en larmes, celle qui a monté le film documentaire.

Pour Awa Meité Van Til, réalisatrice du film documentaire, Il faut que l’on sorte de l’illusion pour voir la réalité en face, parce que selon elle la crise migratoire est globale et la réponse ne peut pas venir du nord ni même du sud. C’est pourquoi elle appelle à des « solutions viables qui permettront d’y répondre ». « Toutes ces mesures qui sont en train d’être prises ne vont pas arrêter cette crise parce que les jeunes sont décidés à partir. » prévient-elle.
Premier épisode d’une série de 12, il sera diffusé dans les différents quartiers et régions du Mali, dans la sous-région et également en Europe afin de susciter la réflexion et jeter les bases d’une plateforme citoyenne de débat afin d’aboutir à des solutions.
« So Kadi : Parole de migrants, porteurs d’espoir » se veut éducateur et sensibilisateur. Il est réalisé en grande partie en Bambara et sous-titré en français pour atteindre le plus grand nombre dans les familles des quartiers populaires.

Migrants rapatriés de Libye : retour à la case départ

Face à l’horreur des pratiques obscures en Libye, l’État malien a décidé de rapatrier certains de ses enfants, sur la base du volontariat. Le 24 novembre, 124 migrants, sur les 170 initialement attendus, ont pu de nouveau fouler le sol de leur patrie. Comment sont-ils pris en charge ? Quel sort leur est réservé dans leur pays, qu’avaient pourtant fui pour des lendemains supposés « meilleurs » ? Mais surtout, que reste-t-il de ces personnes brisées ?

17 h 50. Pile à l’heure, l’avion s’est enfin posé sur le tarmac de l’aéroport Modibo Keïta. Des jeunes hommes dont la moyenne d’âge tourne autour de 25 ans, visage fatigué et même camouflé pour certains, démarche mollassonne, regards dans le vide, telles sont les premières images de ceux qui reviennent « bredouilles » au pays. Tous vêtus de la même manière : survêtement bleu marine ou gris.

Ils sont accueillis par des membres du gouvernement, des représentants de l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) et la Protection civile. Malgré la fatigue, certaines langues se délient timidement. « Les conditions étaient très difficiles, vendre des personnes comme des poulets, on voit cela en Libye maintenant. Grâce à Dieu, je n’ai pas connu cette situation. J’ai eu beaucoup de chance, car on était susceptibles d’être vendus partout », nous confie l’un des hommes. Interpellé par un agent de la Protection civile, il part rejoindre le reste du groupe, déjà à bord des cars affrétés en direction de Sogoniko. D’autres ressortissants maliens avaient auparavant pu rentrer volontairement par un vol opéré par les autorités nationales et l’OIM, notamment.

De la prison au camp de réfugiés

A la base de la Protection civile, c’est en file indienne que nous retrouvons ces jeunes hommes. Des médecins et des infirmiers sont là pour les ausculter et leur poser des questions. « Il ne faut pas prendre uniquement en compte les maladies somatique, c’est-à-dire, physiques. Nous avons détecté des infections, des maladies de la peau, des lésions cutanées d’origine traumatique, des infections respiratoires et des infections urinaires qui seront prises en charge ici ou dans les centres de santé », explique Sidiki Togo, Médecin – Commandant de la sous-direction Santé et secours médical de la Direction générale de la Protection civile.

Les arrivants sont ensuite invités à se diriger vers la cour extérieure, où il est procédé à leur identification.  Pour les migrants originaires d’autres localités que Bamako, des lits sont mis à disposition dans les dortoirs. Harouna se confie : « c’est le destin. Je ne m’attendais pas à ça », dit-il, encore secoué par les événements. Des amis du jeune homme de 19 ans l’avaient pourtant rassuré avant son périple. Eux sont en Algérie, où tout se passe bien, d’après Harouna. « Quand nous avons quitté le Mali, à la frontière algérienne cela n’a pas du tout été facile. Nous voulions même repartir, mais comme on nous avait aidés pour le financement du voyage, nous nous devions de continuer ».

Après quelques jours en Algérie, le calvaire atteint son paroxysme en Libye. « Ils nous ont lancé sur l’eau, mais le bateau était percé. La mort nous faisait face. On était 150 au départ, mais il y a  eu des morts. Les Asma Boys [les gangs de Tripoli qui s’en prennent aux Sub-sahariens : NDLR]  » sont venu nous prendre et nous jeter en prison, en nous demandant de l’argent pour sortir. Nous n’en avions pas. Chaque jour, on mettait du courant sur nous, on nous frappait. On nous donnait un pain tous les jours à 16 h, avant de nous dire d’appeler nos familles. Quand appelais plus de 30 secondes, on te frappait pour que ta famille t’entende. Nous sommes restés quelques mois à Sabratha, une ville au bord de l’eau. La police et l’OIM sont venus casser la prison et nous libérer, avant de nous amener dans un camp de réfugiés. J’y suis resté presque deux mois », explique le rescapé. Malgré le récit de ce calvaire, sa joie est manifeste : « aujourd’hui, pour moi, c’est une fête, parce que je suis rentré ».

Issa, un rêve brisé

En attendant de prendre place dans les dortoirs ou de voir leur famille venir les chercher, ces hommes ne se laissent pas abattre. En dépit de la fatigue, de la peur et de l’échec, car leur projet de vie n’a pas pu aboutir, leur foi est intacte. Certains font leur prière à même le sol, faute de tapis. Parmi les plus jeunes, nous discutons avec Issa, 15 ans seulement. Son rêve était de devenir footballeur dans un club européen. « Mes parents m’ont motivé pour partir, parce que je savais jouer au foot. Mon grand frère m’a donné l’argent », dit-il. Son rêve est brisé et sa voix tremblante. Quand l’adolescent se replonge dans ses souvenirs macabres, l’émotion est palpable. « Mon voyage s’est très mal passé. On m’a mis dans le coffre d’une voiture, enfermé, ligoté, avec un grillage et des bâches très sales sur moi. On vous attache à deux ou trois personnes. Dans le désert, les bandits vous agressent et prennent votre argent, quand ils ne vous tuent pas. Il y a beaucoup de morts. On ne peut pas tout dire, wallaye ! ». Deux mois après son arrivée, Issa s’est retrouvé derrière les barreaux pendant six mois. Son message aux potentiels candidats à l’immigration irrégulière est sans appel : «  Même à mon pire ennemi je ne conseillerais pas d’emprunter cette route-là. Je ne veux plus y aller. La Libye, c’est l’enfer. Si vous avez du talent, il faut travailler dans votre pays. C’est Dieu qui donne l’argent. Quand tu marches dans le désert, ce sont des corps couchés que tu enjambes. C’est n’est pas facile », conclut Issa, avant qu’un agent de l’OIM ne l’escorte, car il est trop affaibli pour tenir sur ses deux jambes.

Des « frères » comme bourreaux

Le plus âgé des migrants a bien voulu faire part de son expérience au Journal du Mali. Yaya, 36 ans, éprouve beaucoup d’amertume face aux bourreaux qui règnent en maîtres dans les prisons libyennes. « On a tendance à indexer, à tort, les Arabes pour les exactions commises à l’encontre des Noirs. Ce sont plutôt les Noirs qui se maltraitent entre eux. Ce sont eux qui font les prisons et ce sont eux qui torturent », déplore ce Malien. En maltraitant leurs propres « frères », ces bourreaux espèrent sauver leur peau. « Il est même promis au tortionnaire qui arrivera à obtenir le plus de rançons, un voyage tout frais payé vers l’Italie. Ils ont trois mois pour cela et ils s’en donnent à cœur joie ». Yaya poursuit : « il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. Celle d’un jeune plein d’entrain, toujours le bon mot pour mettre l’ambiance. Il s’est fait égorger et éventrer et ce sont des Noirs qui ont fait ça ».

Une nouvelle semaine vient de commencer à Bamako et la vie reprend son cours dans une famille de Daoudabougou. A l’heure de la sortie des cours, nous retrouvons deux frères, partis sur la route sinueuse de l’Europe tant rêvée. Cette famille avait investi trois millions de francs CFA pour faire partir ses deux fils, mais, de retour de Libye, impossible de remettre la main sur cet argent, prêté par des parents. Ali, le benjamin voulait passer son bac en France, et il peine encore à retrouver ses marques. « À mon retour à Bamako, l’école avait déjà repris. La semaine dernière, j’ai pu m’inscrire pour cette nouvelle année, mais je suis en retard alors que je dois passer le bac ». Son frère aîné, Kodéré, voulait « aider la famille. Nous n’avons pas grand-chose et l’idée était d’aller en Libye pour changer nos conditions de vie ». Délégué par le chef de famille, Mohamed, le grand frère, remercie Dieu d’’avoir retrouvé ses petits frères. Mais « ils sont revenus malades. Nous les avons donc emmenés à l’hôpital où les médecins ont dit qu’ils étaient déshydratés. Nous étions très contents de les voir, car les informations qui nous parvenaient n’encourageaient pas à l’optimisme. Ils ne sont pas totalement guéris, le traitement continue. Nous avons fait beaucoup de dépenses pour les soigner et nous ne sommes pas couverts par l’Assurance Maladie Obligatoire ».

Quid des aides promises ?

« Pour l’heure, nous ne bénéficions d’aucune aide. L’OIM nous a promis d’aider mes frères à monter un projet et de nous rembourser les frais d’ordonnance. Cela fait trois semaines et nous n’avons pas de nouvelles », explique Mohamed. L’organisation assure que des initiatives sont en cours. « Elles vont permettre de bénéficier d’activités de réintégration et aux communautés d’origine des migrants d’avoir des projets productifs. Tout cela est important quand c’est couplé avec des messages de sensibilisation », précise Bakary Doumbia, représentant de l’OIM au Mali. Comme les deux frères de Daoudabougou, Yaya évoque le soutien de l’OIM, sans trop y croire. « Ça ne me dit rien, je sais ce qu’est le Mali. Tu présentes tes documents de projet et ils vont prendre la poussière, à tel point que tu les oublieras toi-même ».

Yaya comptait mettre les voiles sur l’Italie, mais décidera de s’établir en Libye. Après quelques déboires à Sebha, il s’installe à Tripoli, « plus sûre ». « J’ai eu beaucoup de chance. J’étais au service d’un vieil arabe qui m’a traité comme son fils. Il savait ce que c’était que d’être dans un pays étranger. Je vivais dans l’une de ses maisons et j’étais bien payé. Je ne pouvais rêver mieux ». Après un an, la vie de Yaya a basculé lors d’une simple course. « Sur la route, une voiture s’est brusquement arrêtée devant moi. Dedans, il y avait des soldats libyens. Ils m’ont demandé de monter. Je leur ai demandé pourquoi, ils m’ont menacé avec une arme. Je me suis donc exécuté et ils m’ont emmené à l’Immigration ». Pendant un mois, ce sera le centre de rétention, avant l’embarquement dans un charter pour Bamako. Yaya a laissé derrière lui ses effets personnels et trois millions de francs CFA. « Cet argent devait me servir à rentrer au Mali en 2018, à me marier et à monter un élevage de volailles. Là, je repars à zéro ». Yaya ne peut compter aujourd’hui que sur lui-même et sur ses proches pour construire au mieux son avenir chez lui, au Mali.

 

Mali : sit-in devant l’ambassade da la Libye à Bamako

Depuis quelques jours, le monde entier découvre une pratique obscurantiste. Il ne s’agit pas du commerce triangulaire, mais d’une vente aux enchères des migrants d’Afrique subsaharienne en Libye. Un pays effondré. Au Mali, des voix protestent et l’appel à la mobilisation est donné pour ce lundi 20 novembre.

« Indignation », « inhumain », « intolérable », « révoltant ». Un vocabulaire qui inonde les réseaux sociaux de par le monde. La découverte de la vente des Africains sub-sahariens en Libye a heurté bien des consciences. En ce 21e siècle, sur un territoire africain, des hommes sont vendus comme du bétail. Des vidéos circulant sur internet montrent des jeunes africains aux visages meurtris. D’autres témoignent de leur calvaire dans ce pays pourtant jadis « défenseur » d’un panafricanisme viril. L’émotion a été immédiate, face à des images glaçantes et souvent insoutenables. Des Maliens, parmi ces sub-sahariens seraient parmi ce lot d’infortunés. 

Protestation à Bamako

Pour montrer sa désapprobation face à une telle pratique, le mouvement Trop c’est Trop qui a appelé à une mobilisation à l’échelle continentale monte au créneau. À Bamako, des manifestants se sont retrouvés aux environs de dix heures, ce matin, devant l’ambassade de la Libye. Sur des banderoles qu’ils exhibent, des slogans dénonçant l’esclavage. « Non à l’esclavage », « l’homme noir n’est pas une valeur marchande », « En Libye nous ne sommes que des esclaves !!! », peut-on lire. Selon le président du mouvement Malick Konaté, l’objectif est d’arrêter la situation en Libye. « Nous voulons interpeller les autorités et les acteurs pour mener des enquêtes, il faut aussi libérer immédiatement tous ceux qui ont été vendus et les mettre dans leurs droits » proteste-t-il. Selon lui, c’est toute la jeunesse malienne qui est mobilisée. « Ce sont des Africains qui sont vendus, qu’il y ait des Maliens ou pas, c’est ce qui est important chez nous pour nous. Nous sommes tous interpellés, par ce que ce sont des peaux noires comme nous », poursuit-il l’air révolté. Des artistes et hommes politiques étaient aussi au sit-in, parmi lesquels, Master Soumi et Tieblé Dramé du Parena. À l’issue de ce rassemblement des associations, société civile et partis politique, un projet de déclaration est assorti. Ce projet « condamne avec rigueur les exactions et les traitements inhumains » que subissent les ressortissants des pays africains en Libye. Ils interpellent par conséquent le gouvernement du Mali, les Nations unies et toute la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour le respect des instruments juridiques internationaux. Face au choc engendré, plusieurs internautes ont été déçus des timides réactions des chefs d’Etats africains.

Du côté des politiques 

Le gouvernement du Mali dans un communiqué s’est dit « profondément préoccupé et indigné par les informations faisant état de traitement inhumain et dégradant réservé aux migrants africains en Libye.» Tiken Jah, l’artiste ivoirien, invite lui, à arrêter les ‘’blabla politiques ’’. La star du reggae propose en effet dans une publication sur son compte Facebook, le renvoie de tous les ambassadeurs de la Libye des pays de la CEDEAO. Une mesure selon lui qui pousserait les « dirigeants de la Libye, à accélérer l’enquête et la libération de nos frères et sœurs détenus par des esclavagistes », s’indigne-t-il.

Libye : indignation et mobilisation sur le sort des migrants réduits en esclavage

C’est au cours d’un reportage diffusé cette semaine  sur la chaîne américaine CNN que le monde s’est vraiment rendu compte de l’existence d’un trafic d’êtres humains en Libye. Les migrants y sont vendus comme esclaves alors que ces derniers ont fui des conditions de vie difficiles. Ces images ont suscité de vives réactions qui ont entraîné une vague de mobilisations.

Une vérité éclate au grand jour ! Depuis le début de la semaine, c’est le monde entier qui est stupéfait de la situation des migrants en Libye. Le pays est l’une des étapes incontournables pour atteindre l’Europe via l’Italie. Autrement dit « l’eldorado » tant fantasmé. Pourtant, leur sort est connu depuis assez longtemps, mais le voir et l’entendre a provoqué un électrochoc. Cela a pu se produire à la suite d’un reportage réalisé par deux confrères de la chaîne américaine CNN. Ce qu’on y voit ? Des migrants d’Afrique sub-saharienne réduits en esclavage et vendus aux plus offrants. Les sommes allant de 500 à 700 dinars libyens (soit environs 285 000 francs CFA)

« Qui a besoin d’un mineur ? C’est un mineur, un grand homme fort, il va creuser », assure un passeur. Voilà ce que l’on peut entendre dans les images diffusées par CNN.

 

Les instances internationales

L’Union africaine, par la voix du Président en exercice, Alpha Condé, s’est indigné de la situation. « J’invite instamment les autorités libyennes à ouvrir une enquête, situer les responsabilités et traduire devant la justice les personnes incriminées et à revoir les conditions de détention des migrants », exhorte le Président guinéen. « Ces pratiques modernes d’esclavage doivent cesser et l’Union africaine usera de tous les moyens à sa disposition pour que plus jamais pareille ignominie ne se répète », prévient M. Condé.

Zeid Ra’ad Al-Hussein, le Haut Commissaire des Nations unies (ONU) aux droits humains n’a pas hésité à qualifier d’« inhumaine » la coopération de l’Union européenne avec ce pays. Cet « esclavage des temps modernes » est un « outrage à la conscience de l’humanité », a-t-il poursuivi.

Manifestations devant les ambassades libyennes

Du côté de la société civile, on assiste à des élans de mobilisations aussi bien sur le continent qu’en Europe. « Non à la discrimination et au marchandage des migrants sub-sahariens en Libye », est l’intitulé de la conférence de presse qui s’est tenu, ce samedi 18 novembre, au sein des locaux de la Radio Libre de l’artiste engagée Tiken Jah Fakoly. Pour les circonstances, il était accompagné d’Ousmane Diarra, Président de l’Association Malienne des Expatriés (AME) et de Malick Konaté, porte-parole du mouvement Trop c’est trop.

Chez nos voisins guinéens, en plus du chef de l’État qui s’est exprimé, certains de ses concitoyens se sont levés pour se rassembler devant l’ambassade de la Libye à Conakry.

En France, également, des personnalités appellent à la mobilisation pour dénoncer ce fléau. À l’instar des chanteurs Mokobé et Cheick Tidiane Seck et de l’acteur Omar Sy.

La Libye est le piège qui se referme sur ces migrants en quête d’un « eldorado » qui s’apparente à un enfer, au vu de ce qu’ils subissent. Ces conditions déplorables, vécues par les migrants sub-sahariens, ne datent pas d’aujourd’hui. Des politiques avaient été mises en place pour sensibiliser les potentiels candidats à la traversée sur les risques encourus. Au Mali, la chanteuse Rokia Traoré n’a pas hésité à user de sa notoriété afin de prêter mains fortes à l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM) ainsi qu’aux autorités italiennes lors de la campagne Aware Migrants. Son message, elle le diffuse à travers un clip vidéo tourné entre Bamako et Bruxelles. Nous sommes en 2016.

Des témoignages d’hommes et de femmes viennent renforcer le message de l’artiste. Ces derniers déplorent, entre autres, ce qui se passe dans un pays « frère ».

Cette nouvelle forme d’esclavage est possible, car les bateaux qui réussissent à franchir la Méditerranée sont de moins en moins nombreux. Ce qui fait que les passeurs se retrouvent avec des personnes « sous le bras ». Que faire alors ? Les vendre pour soutirer encore plus d’argent sur le dos de la misère humaine.

Quarante pays africains pour un pacte mondial des migrations

Quarante pays africains se sont retrouvés les 28 et 29 août 2017 à Bamako dans le cadre des consultations africaines sur le pacte mondial des migrations. L’objectif était d’aboutir à une position commune du continent sur la question des migrations.

Environ 50 organisations de la société civile du continent ont participé à ces consultations. Les thèmes abordés étaient relatifs aux causes profondes des migrations, aux facteurs de la mobilité en Afrique (la pauvreté, les conflits ou les changements climatiques…), les questions de droit de l’Homme, d’inclusion sociale, d’intégration et aussi les questions relatives à la xénophobie et au racisme entre autres. Il faut rappeler que 80% de la migration en Afrique se fait entre pays africains. Raison de plus pour le ministre malien des Affaires étrangères, Mr Abdoulaye DIOP, « (…) pour que l’Afrique puisse parler d’une seule voix et voir comment faciliter la migration au sein du continent (…) et aussi que la migration ne soit pas seulement perçue comme un problème mais surtout aussi comme une opportunité ».

Le Pacte Mondial sur les Migrations Sûres Ordonnées et Régulières (PMM) est né du sommet de haut niveau sur les Réfugiés qui s’est tenu le 19 septembre 2016 à New York. Pour la première fois les chefs d’État et de gouvernement du monde se sont réunis à l’ONU pour améliorer la coopération et la gouvernance autour des questions de migration et des réfugiés. A l’issue de ce sommet, 193 États se sont engagés à négocier un pacte mondial sur la question migratoire

Parmi ces engagements figurent la protection de la sécurité et de la dignité de tous les migrants quel que soit leur statut migratoire et à tout moment.

Un pacte qui doit être élaboré à travers un processus inclusif impliquant, la société civile, les institutions comme l’OIM (Organisation Internationale Des Migrations). La résolution invite notamment les commissions économiques régionales (CER) en collaboration avec l’OIM notamment d’engager les discussions avec les États et les parties prenantes afin de contribuer aux processus préparatoires et d’inventaire du Pacte Mondial.

Pour ce qui concerne le Continent, la Commission Économique et Sociale pour l’Afrique (CEA), se réunira du 18 au 20 octobre 2017 à Addis Abeba avec les experts de toutes les sous-régions.

Crise migratoire : De nouvelles mesures qui font débat

A l’issue du sommet qui s’est tenu hier lundi à Paris, dirigeants africains et européens ont adopté une feuille de route visant à renforcer le soutien aux pays africains sur la crise migratoire. Ces pays pourraient en outre servir de « hotspot » pour essayer de contenir le flux migratoire à la base.

Le président français, Emmanuel Macron a proposé d’identifier, à partir du Niger et du Tchad, les candidats à la migration qui auront le droit d’asile. « Cette procédure, qui permettra de donner cet asile directement sur territoire africain, sera menée dans des zones identifiées pleinement sûres au Niger et au Tchad, sous la supervision du HCR, le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU » a précisé le président français. Pour justifier cette nouvelle mesure, le chef de l’Etat français met en avant la sécurité des potentiels migrants. « Cela permettra d’éviter à des femmes et des hommes de prendre des risques inconsidérés dans une zone extrêmement dangereuse puis en Méditerranée ». Des annonces qui passent mal auprès du président de l’association malienne des expulsés (AME), Ousmane Diarra. « C’est très dangereux pour l’Afrique, les Hotspots qu’ils entendent mettre en place. Ils ne sont autre chose que des centres de tri, le traitement des dossiers traînent en longueur, et à 90%, les réponses sont négatives » estime-t-il. « C’est une initiative française, c’était un projet de longue date, le président français avait la charge de convaincre ses homologues tchadiens et nigériens, et ce sont des pays qui font partie du G5 Sahel, alors j’imagine mal qu’ils puissent refuser » estime-t-il. « A terme, aucun pays du G5 Sahel ne pourra y échapper, aussi bien le Mali, le Burkina Faso et la Mauritanie, ces pays seront tous concernés à un moment ou à un autre, mais nous qui sommes de la société civile allons dénoncer ces mesures avec lesquelles nous ne sommes absolument pas d’accord » ajoute-t-il.

Une réunion, à laquelle le Mali, pourtant également zone de transit des migrants (Gao) n’a pas été convié. « Depuis 2008, certains pays ont commencé à signer des accords de réadmission, pas le Mali, la position du pays est restée la même, c’est-à-dire inflexible, le président a changé, mais la pas la position de l’État qui sait que la manne financière envoyée par ses ressortissants est énorme et elle ne veut pas s’en priver. Donc inviter le Mali aurait été une perte de temps puisque le président IBK confirmer la position malienne à ce niveau », explique le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie-anthropologie de la faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE).

Une réunion qui regroupe les décideurs africains sur les questions migratoires se tient actuellement à Bamako, de ce rassemblement devrait ressortir un pacte mondial sur la migration. « Je ne puis comprendre qu’au moment où se tient à Bamako cette réunion qui regroupe tout le monde, un petit groupe en France décide de son coté de se consulter. Dans une déclaration finale nous dénonceront et la France et les pays qui y ont participé » conclut Diarra.

 

Un sommet à Paris pour endiguer le flux migratoire

Dirigeants africains et européens se rencontrent aujourd’hui en France pour évoquer une nouvelle fois la problématique de la crise migratoire.

Un énième sommet sur la crise migratoire. Ce lundi 28 août, dirigeants européens et africains se rencontrent à Paris sur invitation du président français Emmanuel Macron, pour discuter de la problématique de l’immigration clandestine. Le chef d’État nigérien Mahamadou Issoufou dont le pays est une zone de transit très utilisée par les migrants et son homologue tchadien Idriss Déby seront accompagnés du chef de gouvernement « d’union nationale » libyen Fayez al-Sarraj pour faire le point sur la question migratoire, et présenter les avancées de leurs différents pays dans la résolution de la ‘’crise’’. Pour l’Elysée, cette rencontre vise à « réaffirmer le soutien de l’Europe au Tchad, au Niger et à la Libye pour le contrôle et la gestion maîtrisée des flux migratoires ».

Pour ce faire la chancelière allemande Angela Merkel, les chefs de gouvernement espagnol et italien, Mariano Rajoy et Paolo Gentiloni et la chef de la diplomatie Européenne Federica Mogherini ont été conviés par le chef d’État français pour participer à la réunion, à l’heure où l’Europe durcit un peu plus le ton à l’encontre des migrants. « L’Europe se sent de plus en plus acculé par les migrants, ils se sentent plus proches des Syriens ou Irakiens qu’ils considèrent comme des réfugiés, à l’inverse de ceux qui viennent d’Afrique, qui sont tous catégorisés comme migrants économiques, c’est discriminatoire. Ils veulent donc se servir de ces pays comme des pays de leurs gendarmes » analyse le Dr Brema Ely Dicko, chef du département sociologie et anthropologie de la faculté des sciences humaines et des sciences de l’éducation de Bamako (FSHSE) et spécialiste des questions migratoires. La France envisage notamment l’installation de ‘’Hotspot’’, des centres d’enregistrements de migrants au Niger et au Tchad, pour distinguer les réfugiés des migrants économiques, une mesure impopulaire dans les pays concernés, et sans doute un sujet de discussion tendu au cours de ce sommet. « Les dirigeants africains auront l’occasion de faire part de leurs inquiétudes à l’Europe sur les nouvelles mesures qu’elle veut mettre en place, et qui ne donnerait qu’une mauvaise idée de l’Europe qui serait vu comme voulant se barricader » estime le Dr Dicko.

L’Italie, pays européen directement touché par cette immigration clandestine ne semble plus faire dans la complaisance. Ce mois d’août, le gouvernement italien à tour à tour, placé des bateaux patrouilleurs dans les eaux italiennes, imposé un code de bonne conduite aux ONG, accusées ‘’d’alimenter le trafic’’ et expulsé près de 400 migrants d’un building désaffecté de Rome.

 

Migration des adolescents: le dilemme de l’intégration suisse

Ce sont chaque année quelques centaines d’adolescents qui arrivent sur le sol suisse. Les uns fuyant l’insécurité, les autres la misère dans leurs pays. Ils partagent tous un même idéal : bénéficier de l’asile afin de commencer une nouvelle vie. Cependant, les réalités de l’intégration finissent par se transformer en obstacles pour beaucoup. Ils n’abandonnent pas pour autant leurs rêves. A l’âge de la majorité (18 ans), beaucoup sont expulsés. Tour d’horizon dans la vie de ces jeunes garçons et filles, qui ne demandent qu’à intégrer dans une société suisse où les procédures d’intégration sont de plus en plus difficiles.

 

Vêtu d’un pantalon jean et d’un t-shirt aux longues manches, F. échange quelques mots en Français avec son enseignante. Un exercice plutôt difficile pour ce jeune érythréen de 19 ans. Depuis deux ans qu’il est arrivé en Suisse, tout semble bien se passer pour lui. Comme la majorité des migrants, il a emprunté les voies connu de tous les migrants affricains dont le rêve est d’atteindre l’Europe. En deux ans, il a traversé le Soudan, la Libye et l’Italie où il refuse de faire une demande d’asile, « je voulais aller en Angleterre ou en Suisse », justifie-t-il. Arrivé dans la confédération helvétique sans aucun document, F. atterrit dans un foyer du canton de Vaud, en Suisse romande, où il est pris en charge en tant que mineurs non accompagnés (MNA), terme qui désigne les enfants ou adolescents migrants qui arrivent à la frontière Suisse sans représentation légale.

Entre 2010 et 2015, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) estime qu’environ 5000 MNA, venus pour la majorité d’Afghanistan, de l’Erythrée, de Syrie ou de pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire ou la Guinée Conakry, ont été accueillis par la Suisse.

Si les raisons de la migration ont en commun la pauvreté et l’instabilité structurelle, « se cache de façon récurrente et omniprésente les problématiques de discrimination et inégalité des genres, les conflits ethniques et la violence, ou encore la perte de l’un ou des deux parents », écrit en 2016 Depallens Villanueva, Médecin au CHUV (Centre hospitalier universitaire) de Vaud, où elle s’occupe des MNA.

Le parcours Suisse. 

Une fois sur le sol Suisse, les MNA sont pris en main. C’est une obligation pour le pays car deux textes de lois défendent la protection des mineurs en Suisse; le premier est la loi de protection des mineurs qui s’applique dans les 26 cantons que compte la Suisse, et la seconde est la Convention internationale des droits de l’Enfant (CIDE). Ces lois privilégient l’intérêt supérieur des enfants. Une grande responsabilité donc pour l’Etat qui les accueille.

C’est pourquoi les structures d’accueil organisent une prise en charge adaptée aux besoins de ces adolescents. Il s’agit de fournir aux MNA l’accès au logement, un soutien éducatif, une formation, des soins somatiques ou psychologiques adaptés. Toutes choses censées placer ces adolescents dans de meilleures conditions de vie. Mais, les réalités et les structures peuvent varier d’un canton à un autre avec une grande disparité. Celles conçus pour accueillir les adolescents étant très souvent surchargés, les mineurs sont placés généralement dans des structures pour adultes. Une situation qui pose d’importantes questions légales et éthiques. « Que faire? Il faut bien les loger quelque part non? », s’interroge une éducatrice du canton de Fribourg, l’un des trois cantons bilingues de la Suisse.

Dans cet établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), cohabitent 66 adolescents soit 56 garçons et 10 filles, trois d’entre eux viennent de l’Afrique de l’Ouest dont deux de la Guinée Conakry et un de la Côte d’Ivoire. Au foyer depuis sept mois, il n’est plus en contact avec sa famille vivant à Yamoussoukro, au centre de la Côte d’Ivoire. Personne ne sait s’il est mort ou vivant : « c’est mieux ainsi », lâche-t-il, un peu gêné. Un peu plus méfiant, D., venu de la Guinée, n’accepte pas vraiment d’échanger tout de suite. Il confiera plus tard qu’il se méfie, car « tout le monde dit qu’ils vont nous renvoyer chez nous », confie-t-il. Une crainte légitime : la Suisse n’accorde presque pas d’asile aux ressortissants des pays de l’Afrique de l’Ouest. Les raisons sont simples : « Leurs vies ne sont pas en danger dans ces pays », explique une autre source proche des services de migration. H., un autre jeune guinéen, semble avoir perdu tout espoir et confie son regret d’avoir choisi la Suisse comme pays d’asile : « Si seulement j’avais su », lâche-t-il, le regard dans le vide.

Dans un autre foyer, les MNA venus de l’Afrique de l’Ouest affirment tous avoir fui leur pays pour des raisons familiales. Certains pour éviter de se marier, d’autres parce qu’ils sont constamment indexés comme des bons à rien.

Depuis 2015, la Suisse ne cesse de recevoir des MNA, seuls quelques heureux élus auront une chance d’obtenir l’asile. Pour cette éducatrice, il s’agit majoritairement d’Erythréens, d’ Afghans et de Syriens, « compte tenu de la situation sécuritaire plutôt alarmante dans ces pays où les droits humains sont constamment violés», explique-t-elle.

 

Le dilemme de la protection
Dès qu’il a soufflé sa dix-huitième bougie, F., a quitté le foyer. « Je me suis pris une chambre quelque part dans la ville », explique-t-il, souriant. A l’âge de la majorité, tout « MNA » quitte le foyer qui l’a accueilli. Le loyer, l’assurance, le transport, sont pris en charge par sa structure d’accueil. Une somme forfaitaire de 370 francs suisse, soit environ 200 000 francs CFA, lui est également allouée par mois en attendant la décision du SEM sur la demande d’asile, qu’il a introduite dès la semaine de son arrivée en Suisse. Les MNA sont aidés dans les procédures administratives par un référent, un soutien dans les démarches qu’ils auront à faire. La demande d’asile de F. ayant été refusée en décembre dernier par le SEM, celui-ci, grâce à l’aide du foyer, a fait appel de la décision. S’il n’obtient pas de réponse positive, il perdra automatiquement les avantages qui lui sont actuellement accordés. Puisqu’il a un permis provisoire, F. ne sera pas expulsé de Suisse, il recevra une aide d’urgence lui permettant de survivre. Chose difficile, car il sera presque impossible pour lui de se trouver un emploi sans un permis de travail délivré seulement quand l’étranger existe légalement.

La décision du SEM est imminente car la transition du MNA au statut de majeur à son 18ème anniversaire coïncide très souvent avec une décision de renvoi. Dans un communiqué de presse datant de juin 2017, le SEM annonce qu’en 2015, la Suisse a été le pays qui a réalisé le plus grand nombre de renvois vers d’autres États. Ce sont 60 000 personnes qui ont été frappées d’une telle décision depuis 2009, toujours selon le SEM.

« Les renvois sont appliqués de manière totalement aveugle, automatique et systématique », commente Émilie Touillet, membre du collectif R [1] (?), «  l’absurdité et la violence des situations sont éloquentes » ajoute-t-elle. Or, la Suisse a la possibilité d’examiner les motifs des personnes en situation de vulnérabilité, comme ces adolescents, surtout quand ils sont renvoyés vers des États qui n’ont pas la possibilité de les accueillir dans la dignité; généralement en Italie ou en Grèce. Les MNA sont protégés en attendant d’avoir 18 ans, et ils sont ensuite expulsés parfois en plein milieu d’une formation.

En attendant d’obtenir une réponse  positive du SEM sur leur demande d’asile en Suisse, les 66 jeunes du foyer de L’EVAM attendent impatients et confiants, contrairement aux adolescents venus de la Guinée et de la Côte d’ Ivoire, dont les chances de rester en Suisse demeurent très minces. 

Règlement Dublin

« Le SEM n’y peut rien, c’est le règlement Dublin », explique Émilie Douillet lors d’une conférence de presse organisée par la société civile le 13 juin, à Lausanne, pour appeler les autorités à mieux « protéger les réfugiés vulnérables ». Ce genre de réponse est, selon elle, la réaction des autorités à chaque interpellation directe sur le terrain. Une grande majorité de la société civile continue néanmoins de se rassembler pour dire « Non à l’application aveugle du règlement Dublin » qui représente aujourd’hui le point de discorde entre les autorités cantonales et la société civile.

Il s’agit d’un texte normatif de l’Union européenne consacré au règlement juridique du droit d’asile en vertu de la Convention de Genève (art. 51). Il régit la situation des étrangers qui formulent une demande d’asile dans un pays et sont interpellés dans un autre pays de l’Union européenne. Dans la pratique, le texte pose de nombreux problèmes, car l’étranger qui arrive par exemple en Suisse est aussitôt refoulé vers le pays où il a fait sa demande d’asile pour la première fois.

Vu le trajet des migrants, ils sont très souvent refoulés vers l’Italie et la Grèce, où les foyers d’accueil débordent déjà de monde. Une situation qui révolte Nicolas Margot, médiateur Église-Réfugiés : « Nous sommes consternés en voyant des personnes pleines de potentiel, qui pourraient facilement suivre un chemin d’intégration et qui perdent des mois voire des années de leur vie, ballotées d’un pays à un autre », regrette-t-il. La Suisse est l’un des pays qui appliquent le plus strictement la procédure Dublin, bien que l’accord prévoie des marges de manœuvre prévues par le paragraphe 17 du préambule du règlement Dublin III. Cet article stipule: « Il importe que tout État membre puisse déroger aux critères de responsabilité, notamment pour des motifs humanitaires et de compassion, afin de permettre le rapprochement de membres de la famille, de proches ou de tout autre parent et examiner une demande de protection internationale introduite sur son territoire ou sur le territoire d’un autre État membre, même si cet examen ne lui incombe pas en vertu des critères obligatoires fixés dans le présent règlement ». C’est dire que la Suisse peut faire usage de la clause discrétionnaire, qui offre la possibilité à chaque État d’examiner une demande de protection internationale qui lui est présentée par un ressortissant de pays tiers ou un apatride, même si cet examen ne lui incombe pas. Concernant l’évaluation des critères de renvoi, Magaly Hanselmann, Secrétaire romande de l’Entraide Protestante Suisse (EPER) [2], explique «qu’il est impossible de savoir quand le SEM fait application de la clause discrétionnaire ».

Perspective de vie

Sandra Muri est enseignante dans une classe d’accueil au groupe scolaire des Bergières, à Lausanne. Elle enseigne la connaissance suisse à 13 MNA depuis presqu’une année. Ici, se côtoient plusieurs nationalités. Neuf des adolescents sont en famille, c’est à dire qu’ils vivent avec un parent en Suisse. Les quatre autres, tous des Erythréens, vivent au foyer. Cette classe d’accueil est l’un des droits les plus prisés de ces adolescents, où la race et la nationalité n’a pas d’importance. Ici, ils peuvent s’amuser, se côtoyer et échanger malgré leur bas niveau en français. Tous semblent renaître dans cette atmosphère. Une fois dehors, le constat est différent. A 15 ans, O. est un féru de football. Un sport qu’il pratique avec gaieté. Son talent ne plaît pas à tout le monde : « Après chaque victoire contre les élèves en classe normale, ils nous disent d’aller apprendre à mieux parler en français avant de venir jouer au football », déplore-t-il. Dans la cour de l’école, les élèves en classe d’accueil se regroupent, isolés des autres. « On ne veut pas se mélanger à eux parce qu’ils nous manquent de respect », lâche cette adolescente syrienne. « En plus ils sont racistes ».

A Lausanne le racisme n’est pas pratiqué ouvertement. Beaucoup de personnes ont cependant des préjugés vis-à-vis des personnes étrangères. Une situation qui pousse beaucoup d’adolescents à limiter leurs fréquentations. Dans cette classe de treize personnes, seul un adolescent venu du Portugal affirme avoir des amis suisses. Les autres préfèrent s’en passer.

Tous souhaitent cependant trouver une famille d’accueil avec laquelle ils partageront de bons moments. C’est soit une personne ou une famille qui accepte de prendre un MNA comme un membre de sa famille sans que ce dernier ne soit logé chez elle. C’est l’exemple de Z. Ce jeune afghan passe le week-end avec N. et son époux, devenus depuis quelques mois sa famille d’accueil. « C’est quelqu’un de super. Un peu timide mais très sympa », témoigne N. Contrairement à Z., beaucoup n’ont pas encore de famille d’accueil. Le canton de Vaud enregistre environ 180 parrainages contre seulement 5 dans le canton de Fribourg. Autant les réalités au niveau de chaque canton diffèrent les unes des autres, autant beaucoup de personnes hésitent encore à s’approcher des MNA.

Pendant ce temps, à Lausanne, F. a aménagé dans son nouvel appartement. Il apprend à faire la cuisine et à faire le ménage. Il évite autant que possible les dépenses futiles afin de pouvoir économiser car, dit-il, « on ne sait jamais ». Conscient que sa nouvelle demande d’asile peut être refusée une fois de plus, il tente donc de mettre toutes les chances de son côté. Ses économies pourraient lui payer sa prochaine destination ou servir à acheter des cadeaux pour sa famille, s’il venait à être expulsé en Erythrée.

 

Migrants: Paris veut créer des centres d’enregistrement au Niger et au Tchad

La France envisage de créer des centres d’enregistrement pour les demandeurs d’asile au Niger et au Tchad. Pour l’Élysée, il s’agit d’empêcher les demandeurs d’asile de prendre des « risques inconsidérés » en Libye et en mer Méditerranée. Il ne s’agit pas de « limiter le flux » des réfugiés qui débarquent en France, précise-t-on, toujours de source officielle.

A l’Élysée, on parle de « postes avancés » de l’Ofpra, l’Office français de protection des réfugiés, pour faire le tri entre réfugiés politiques et migrants économiques.

Ce serait là, dans ces missions, avant même qu’ils ne quittent le continent africain, que les uns pourraient déposer une demande d’asile en France, et les autres, se faire expliquer pourquoi il faut faire demi-tour.

 Pour Paris, il s’agit d’abord de s’attaquer aux filières qui convoient des Africains par milliers en Europe.

Le président Emmanuel Macron a dénoncé la semaine dernière les routes de migrations économiques, qui « nourrissent les passeurs, le grand banditisme, parfois le terrorisme ».

La France est déjà en relation avec les autorités au Niger et au Tchad, deux pays où elle espère ouvrir des bureaux que l’Ofpra qualifie de « missions de protection ». Une délégation française est attendue, en septembre, à Niamey et à N’Djamena.

Après les critiques de l’Italie, qui lui reproche de faire cavalier seul en Libye, Paris semble opérer un changement de cap. Lundi, le patron de l’Ofpra, Pascal Brice, a rencontré Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes, pour discuter, a-t-elle précisé sur son compte Twitter, « de la révision du régime d’asile européen commun »

Abdelkader Messahel : l’immigration clandestine africaine “menace la sécurité nationale”

L’Algérie est en train de prendre « des mesures urgentes » pour faire face au phénomène de la migration qui « menace la sécurité nationale », a déclaré, ce lundi 10 juillet, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.

 « Des réseaux organisés sont derrière ce flux massif de migrants clandestins », a accusé le ministre, selon le compte rendu de l’agence officielle. « Une mafia organisée dont font partie des Algériens encadre les opérations d’émigration clandestine vers l’Algérie », a ajouté M. Messahel, en soulignant les liens entre les réseaux de trafic d’êtres humains avec les groupes terroristes et le crime organisé. « Nous suivons de très près ce phénomène et l’Algérie est devenue un pays de destination pour les migrants clandestins subsahariens », a-t-il ajouté.

« Il est de notre devoir, en tant que gouvernement et en tant qu’Algériens de défendre la souveraineté nationale et notre sécurité, c’est notre droit », a lancé Messahel dont les déclarations interviennent après les propos violents tenus samedi par Ahmed Ouyahia sur les migrants subsahariens. Des propos qui ont suscité des critiques de la part des ONG de défense des droits de l’Homme et de plusieurs partis politiques algériens. Des critiques auxquelles Messahel a répondu : « L’Algérie n’a de leçon à recevoir de personne ».

Le gouvernement demeure « vigilant » sur la question de l’immigration clandestine, a-t-il ajouté. « Les Algériens sont connus pour leur hospitalité, mais ils sont jaloux de leur souveraineté nationale », a ajouté Messahel. « Les lois algériennes interdisent l’immigration clandestine », a encore rappelé le chef de la diplomatie algérienne, en précisant que « 20 millions d’Africains » se déplacent illégalement en Afrique à cause de « la durée du climat, du chômage, des conflits » et trouvent des difficultés à se rendre en Europe, en « raison de la fermeture des accès ». Il a ajouté aussi qu’il y a « 5 000 Africains » dans les rangs des groupes terroristes dans le monde, ce qui est « un chiffre énorme ».

Passeurs de migrants : Les vendeurs de rêve

Pour entamer le voyage vers l’Europe, il faut forcément passer par eux. Ils connaissent les routes, les acteurs dans les pays de destination pour faciliter l’arrivée et l’intégration. En principe. Car aujourd’hui, les passeurs se révèlent être de véreux hommes d’affaires qui se livrent à un business qui met en danger la vie des milliers de candidats à l’émigration.

Au premier contact, il parait réticent, même au téléphone. C’est pourtant seulement par ce biais qu’il accepte de nous parler. « Ce ne sont pas des choses dont on peut parler au téléphone. Je suis une personne très pointilleuse, et il y a beaucoup à dire », déclare notre contact, dont la voix laisse deviner un homme d’âge mûr. Pour obtenir l’entrevue, nous avons sollicité son concours pour « un ami gambien désireux d’aller en Italie ». « Je conseille à toutes les personnes que j’aide à partir de ne pas emmener d’argent avec eux. Une fois sur la route, les Touaregs peuvent les dépouiller de tous leurs biens », poursuit-il, nous expliquant tout de go les consignes données à ses « clients ».

Le business, il l’a commencé en organisant les départs de ses neveux. Une cinquantaine, annonce-t-il sans ambages, qui sont désormais tous en Italie. « C’est un travail à risque donc je ne prends que des personnes qui m’ont été proposées par des connaissances proches », nuance-t-il. Il serait, selon lui, à la tête d’un réseau dont les ramifications s’étendent jusqu’en Libye. « J’ai deux intermédiaires à Gao. L’un travaille avec la MINUSMA. Il connait bien l’Algérie, il y va tout le temps ». Pour l’étape Gao-Algérie, comptez 36 000 francs CFA, le tronçon étant difficile. « Les Algériens font beaucoup de contrôle. Des fois, ils vont même au-delà de leurs frontières », explique le passeur. En cas de complication, il assure que son « gars » prend entièrement en charge et à ses frais, le logement et la nourriture. Son deuxième contact serait un chauffeur qui assure le voyage vers Tamanrasset à 115 000 francs CFA.

Dans le meilleur des mondes « Il faut au minimum prévoir 1 million de francs CFA pour le voyage. Ça devrait suffire mais il se pourrait qu’il y ait des contretemps », poursuit notre interlocuteur. À l’en croire, tout est fait pour un voyage sans risque : pick-up tout confort et bateaux haut de gamme, hébergement et restauration… Bien loin des images de migrants abandonnés dans le désert sans eau ou entassés par centaines sur des pneumatiques. Pour le passeur, les horreurs rapportées par les rescapés sont « des cas isolés qui ne le concernent guère ». « C’est ceux qui n’ont pas les fonds nécessaires pour payer leur voyage, qui décident de travailler en Algérie ou en Libye. C’est là qu’ils subissent toutes ces souffrances », argumente-t-il.

 

Immigration féminine : Pour une vie meilleure

27 850 personnes sont arrivées par la mer en Europe depuis le début de l’année 2017, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). 655 autres sont mortes ou portées disparues en voulant tenter la traversée. Malgré ces chiffres sinistres, ceux qui tentent l’aventure sont de plus en plus nombreux. Parmi eux, un nombre croissant de femmes accompagnées ou non de jeunes enfants. Quête d’une vie meilleure pour elles-mêmes mais surtout pour leur progéniture, prise de risque, les migrantes jouent le tout pour le tout et en paient un prix souvent plus lourd que celui des hommes.

Faire témoigner une migrante n’est pas chose aisée. Les langues se délient difficilement, voire pas du tout. Le sujet est tabou, en parler est gênant, voire dangereux. Malgré cette omerta, une Malienne accepte de nous narrer son histoire. Semblable à celle de milliers d’autres femmes, venues d’Afrique, du Moyen-Orient, par le désert ou par la mer. Une histoire d’espoir, minée par les privations et les drames, le compromis et la suspicion, même quand le voyage est fini. « Nos appels sont surveillés, donc je ne serai pas longue, je n’ai pas encore de documents solides, je ne veux pas de problème », lance celle que nous appellerons M., en guise d’introduction. Son périple débute à Bamako le 18 septembre dernier. Depuis la capitale malienne, elle gagne Gao à près de 1 200 km. « À Bamako, l’intermédiaire que j’ai a rencontré, a fait une copie de mon passeport et c’est aussi lui qui m’a payé mon billet ». Une fois arrivée à la cité des Askia, elle est prise en charge par une autre personne. « J’y ai passé deux jours, attendant d’autres qui comme moi voulaient partir. C’est lorsque notre nombre s’est étoffé que nous avons fait route vers le Niger ». À Agadez, une personne qui semble appartenir aux bureaux de l’OIM dans la région vient la voir pour la dissuader de continuer son voyage et lui propose des solutions alternatives. « L’intermédiaire m’a lancé un méchant regard et m’a fait des remontrances en me disant de rester bien sagement dans mon coin si je voulais que mon voyage se passe bien », se souvient-elle. Dans l’extrême nord nigérien où il fait très chaud, elle reste une semaine avant de faire route vers la Libye. « Nous dormions entassés à plusieurs dans des chambres délabrées au milieu des bestioles. Certaines femmes, par crainte de se faire agresser, faisaient leurs besoins à l’intérieur même de la pièce ».

Trajet périlleux Ils sont une vingtaine dans un pick-up à s’engouffrer dans le vaste désert libyen. La promiscuité et l’inconfort sont totaux. « Nous (les femmes, ndlr) étions assises les unes sur les genoux des autres sur la banquette arrière, les hommes étaient à l’arrière ». Attachés entre eux à l’aide de cordes avec un gros nœud tout autour du véhicule pour les empêcher de tomber. Certains d’entre eux sont au bord de l’asphyxie. « La route est difficile et pleine de secousses, beaucoup criaient de douleur à l’arrière mais le chauffeur n’y prêtait aucune attention. La soif est le plus grand défi. La tentation de vider sa bouteille d’un trait est grande mais on s’abstient pour pouvoir en profiter plus tard ». Après presque deux jours de course, les passagers sont priés de bien vouloir continuer à pied. Une marche d’une quinzaine de kilomètres dans un paysage de dunes et de sables épais à perte de vue jusqu’à la ville libyenne de Sahba. Après y avoir passé quelques jours, le groupe gagne Tripoli situé à 700 km de là. « Ça ne ressemble plus à rien. On ne voit que des bâtiments en ruine et des impacts de balles sur presque tout », se souvient M. Un véritable no man’s land où sévissent plusieurs groupes armés depuis la crise de 2011, qui se livrent eux aussi au trafic de migrants. « La déstabilisation de la Libye a eu pour conséquence l’accroissement du trafic. Avec Kadhafi, on n’entendait même pas parler de migrants », analyse Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés (AME).

À Tripoli, ils passent trois semaines cachés dans un entrepôt, dans des conditions exécrables. « Comme nourriture on avait droit à du fromage, du pain et une petite bouteille d’eau. Le soir c’était tout le temps ou presque des pâtes », raconte M. C’est la dernière étape avant la traversée vers l’Europe, étape tout aussi difficile que les précédentes. Entre la surcharge des embarcations, la fragilité de celles-ci face aux flots de la Méditerranée, mais aussi avec la violence. « Ceux qui partent n’ont le plus souvent qu’une vague idée des véritables dangers. Les passeurs sont de plus en plus violents et les femmes, plus fragiles, sont souvent l’objet de violences sexuelles », explique le Dr Brema Ely Dicko, chef du département de sociologie et anthropologie de l’Université des Lettres et des Sciences humaines de Bamako (ULSHB). Pour embarquer à destination de l’Italie, à 300 km des côtes libyennes, il faut payer 700 000 francs CFA. Ceux qui ne les ont pas se font battre, certains sont torturés… « Nous étions près d’une centaine dans le bateau. On se collait du mieux qu’on pouvait. On pouvait sentir l’eau sur nous. Il faisait très froid, nos maigres couvertures ne suffisaient pas », raconte M. dont la voix faiblit à l’autre bout du fil. Avec elle à bord, vingt autres femmes, dont trois sont enceintes. « J’avais beaucoup de peine pour elles. C’est mon sort qui me préoccupait avant tout, mais être enceinte et dans ces conditions c’est difficile. Avant d’embarquer, ils nous avaient dit de crier dès que nous apercevrions les côtes italiennes et que les Européens viendraient nous sauver ». C’est ce qui arriva après huit heures passées en mer : un bateau norvégien de l’opération Triton (pour la surveillance et le sauvetage) les a récupérés pour les conduire vers les côtes siciliennes.

Visage féminin « Il y a autant de femmes qui émigrent que d’hommes. Dans les statistiques mondiales, les femmes seraient même un petit peu plus nombreuses », assure le Dr Dicko. Au Mali, elles seraient 30 à 35% toujours selon le sociologue. « La première cause des départs étaient dans le cadre d’un regroupement familial. Maintenant elles partent toutes seules dans l’espoir de s’assurer des lendemains meilleurs en Occident ». Quatre millions de Maliens au moins vivent  à l’étranger, selon le ministère des Maliens de l’extérieur. Mais ce nombre est loin d’être exhaustif et ne prend pas en compte les migrants irréguliers. « 87% des femmes partent pour des raisons économiques et elles sont pour la plupart adultes et analphabètes », explique Mariam Traoré qui s’occupe des questions du genre au Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM). M. colle à ce profil. Après son divorce, elle a longtemps mûri et préparé son voyage. Trois années lui auront été nécessaires pour rassembler les fonds qui allaient financer son projet. « J’ai trois enfants que j’ai confiés à leur grand-mère. C’est pour eux que j’ai pris le risque de partir. C’est à la femme divorcée de supporter le plus souvent la charge de ses enfants, surtout si le père est polygame. Je veux leur offrir une meilleure vie que j’en ai eu », conclut-elle. Son périple est loin d’être terminé. Notre interlocutrice qui se trouve actuellement dans un centre de la Croix-Rouge en Italie, ne compte que les jours qui la séparent d’une nouvelle opportunité de prendre le large. Pour l’Allemagne, cette fois-ci : c’est l’eldorado qu’elle s’est choisi.

 

Nouveau naufrage en Méditerranée: 146 disparus, selon l’unique survivant

Quelque 146 migrants sont portés disparus après un nouveau naufrage au large de la Libye, selon le récit livré mercredi à l’ONU par le seul survivant, un jeune Gambien secouru apparemment par hasard en mer.

Ils venaient du Nigeria, de Gambie ou encore du Mali, il y avait parmi eux cinq enfants et plusieurs femmes enceintes, a raconté cet adolescent de 16 ans à un représentant du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) à l’hôpital de Lampedusa, l’île italienne la plus proche des côtes libyennes.

Le canot est parti dimanche ou lundi de Sabrata, dans le nord-ouest de la Libye, mais a commencé à prendre l’eau au bout de quelques heures. Le jeune Gambien a raconté avoir survécu en s’agrippant à un bidon d’essence.

C’est un navire militaire espagnol de l’opération européenne anti-passeurs Sophia qui l’a tiré de l’eau, avant qu’une vedette des gardes-côtes italiens vienne le conduire dans la nuit à Lampedusa.

Selon les premiers éléments recueillis par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), il a été repéré presque par hasard par le navire espagnol.

« Cela démontre qu’il y a peut-être des naufrages dont nous ne saurons jamais rien, parce que les embarcations coulent sans laisser de trace », a déclaré à l’AFP Flavio di Giacomo, porte-parole en Italie de l’OIM.

Depuis le début de l’année, au moins 590 migrants sont morts ou disparus au large de la Libye, selon un bilan de l’OIM établi avant ce naufrage.

– 1.100 migrants secourus –

La semaine dernière, l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms avait découvert deux canots vides et en partie coulés, laissant redouter des dizaines de disparus puisque les passeurs entassent en général entre 120 et 140, parfois beaucoup plus, sur ces embarcations de fortune.

Un bateau de l'ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, le 12 octobre 2016 au large de la Libye / AFP

Un bateau de l’ONG espagnole Pro-Activa Open Arms, le 12 octobre 2016 au large de la Libye / AFP

Le bilan de l’OIM ne prend cependant pas en compte ces disparus, estimant qu’au moins l’un des canots pourrait avoir été celui d’un naufrage la veille dans les eaux libyennes, dans lequel il y avait eu 54 survivants et 66 disparus.

Le danger ne freine cependant pas les départs: les gardes-côtes italiens ont annoncé avoir coordonné le secours de plus de 1.100 migrants entre mardi et mercredi matin au large de la Libye.

Ces derniers font actuellement route vers la Sicile, où ils porteront le total des arrivées cette année en Italie à plus de 24.000, soit une forte augmentation par rapport aux années précédentes.

Selon les ONG, cette accélération des départs serait due à la dégradation des conditions de vie des migrants en Libye et à la crainte, attisée par les passeurs, d’une prochaine fermeture de cette route maritime vers l’Europe.

Rome chercher en effet à renforcer sa coopération avec Tripoli pour tenter de s’assurant que les migrants soient intercepté avant d’atteindre les eaux internationales et conduits dans des camps avant d’être raccompagnés dans leur pays.

Cette stratégie suscite l’inquiétude des organisations de défense des droits de l’Homme, qui dénoncent les conditions effroyables en Libye pour les migrants d’Afrique sub-saharienne et rappellent que 40% de ceux qui arrivent en Italie et demandent à y rester pour raisons humanitaires obtiennent actuellement gain de cause.

La Valette : Une énième rencontre de l’UE pour lutter contre la migration

Les 28 de l’Union Européenne (UE) sont réunis aujourd’hui à la Valette pour discuter de la problématique de la migration. Les dirigeants européens veulent stopper l’afflux de plus en plus croissant des migrants et vont profiter de ce sommet informel pour dessiner les contours d’une future politique.

180.000 migrants sont entrés en Europe par la méditerranée en 2016, 4500 victimes n’atteindront jamais ce continent. L’UE entend limiter voire stopper de potentiels candidats à l’immigration, comme elle a su le faire l’année dernière en signant un accord avec la Turquie qui confinait sur son territoire tout migrants voulant gagner l’espace UE.

Mais l’enjeu pour contrer les migrants qui afflux depuis la Libye, s’avère plus difficile. « Il est temps de fermer l’axe Libye-Italie, et cet objectif est à notre portée » affirme Donald Tusk, président du Conseil européen. Un objectif qui sera difficile à atteindre quant on sait que la Libye est empêtrée dans une grave crise depuis la chute de Kadhafi en 2011. « Le montant des aides à la Libye sont très petits (250 millions d’euros), nous espérons que les mécanismes de l’UE pour aider la Libye seront plus concrets » souhaite Fayez al-Sarraj, chef du Gouvernement d’Union Nationale en Libye (GNA). Sauf que le financement ne semble pas être le seul souci. Les hommes du GNA sont depuis deux ans dans une guerre ouverte contre l’armée nationale libyenne dirigée par le général Haftar qui lui fait subir plusieurs revers.

Endiguer la migration à la source

C’est le vœu formulé par les 28. 90% des migrants partent de la Libye. Pour palier à cela, l’UE entend former des gardes cotes libyens qui assureront le contrôle dans la zone. Conscient de la difficulté que cela représente, les dirigeants veulent accélérer le développement économique des pays africains d’origine des migrants. Il y a deux ans déjà, l’UE, à Malte, s’était engagée à verser une aide de 1,8 milliard d’euros afin de freiner le flux migratoire, sans réel succès. Devant cet échec, l’Europe a mis en place Frontex qui dans ses missions assure la police maritime dans les eaux méditerranéennes. Sauf que leur mission de dissuasion s’est le plus souvent transformée en opération sauvetage. Une police militaire a aussi été envisagée selon des documents de Wikileaks pour traquer les passeurs.

Dans le documentaire Odysseus 2.0 d’Andréa de Giorgio un passeur affirmait qu’un bateau rempli de migrants leur apportait 200.000 dollars, et que ce ne sont les passeurs qui assurent la traversée, mais un migrant, choisit dans le groupe, qui après une formation à la navigation rudimentaire, embarque avec ses compagnons d’infortune, pour tenter de gagner les côtes européennes.

Un solution viable pour arrêter le flux migratoire reste difficile à trouver. « On ne peut pas empêcher les gens de partir, si on ferme un passage, un autre s’ouvre ailleurs, nous quand même nous serons intransigeants avec l’Europe » affirme Ousmane Diarra, président de l’association des Maliens expulsés (AME) qui doit sera présente à la Valette.

 

France : un jeune Malien se tue en sautant par la fenêtre d’un foyer

En situation irrégulière, « il n’aurait pas supporté l’idée humiliante qu’on vienne l’arrêter et le mettre en prison », selon un communiqué du Réseau Education Sans Frontières (RESF).

Un jeune Malien est décédé vendredi sans doute après s’être jeté du 8ème étage du foyer qui l’hébergeait à Châlons-en-Champagne, dans la Marne, a-t-on appris lundi de source judiciaire, le drame pouvant être lié à sa situation irrégulière.

La thèse du suicide privilégiée. « Le décès est dû à des contusions internes multiples suite à une défenestration et l’hypothèse privilégiée est celle du suicide », a déclaré Eric Virbel, procureur de la République de Châlons-en-Champagne. Denko S., un Malien de 16 ans, a été retrouvé « inconscient » vendredi soir par un résident au pied du foyer d’hébergement où il résidait depuis le 22 novembre dernier, selon le parquet.

Pas passé par la Jungle. Il occupait l’une des 73 chambres pour mineurs isolés mises à disposition par cette structure gérée par une association. « Il n’est pas passé par la ‘Jungle de Calais’ mais a traversé l’Italie avant de se présenter spontanément au commissariat de Reims le 3 novembre dernier », a ajouté Eric Virbel. Le jeune homme n’était pas encore connu des services préfectoraux car il n’en était qu’aux prémices de ses démarches administratives, a indiqué la préfecture de la Marne.

« Il n’aurait pas supporté l’idée humiliante qu’on vienne l’arrêter ». Le parquet de Châlons-en-Champagne a précisé que le Conseil départemental, ayant « un doute sur sa minorité », procédait à des vérifications mais que l’adolescent n’était concerné par « aucune procédure administrative ou pénale ». Pourtant, l’antenne châlonnaise du Réseau Education Sans Frontières (RESF) a associé la mort du jeune homme à sa peur d’être expulsé de France. « Il s’est jeté du 8ème parce que (…) il n’aurait pas supporté l’idée humiliante qu’on vienne l’arrêter et le mettre en prison », selon un communiqué de RESF, qui estime que « l’État et le Conseil départemental sont coupables de non-assistance à jeunesse en danger ».

Une marche silencieuse prévue mercredi. « Ces jeunes sont mal accueillis (…) ils sont maintenus dans une situation de torture psychologique qui dure parfois des mois, en attendant de connaître leur sort », a aussi dénoncé Marie-Pierre Barrière, membre de RESF à Châlons-en-Champagne. De son côté, le parquet a souligné qu' »aucun élément n’a montré que des policiers seraient intervenus auprès de ce jeune » au moment du drame ou en amont. Une marche silencieuse, à l’initiative de RESF, aura lieu mercredi à 15 heures à Châlons-en-Champagne.

Niger : le bon élève de l’UE dans la lutte contre l’immigration

Entre mai et novembre 2016, le flux de migrants remontant d’Afrique subsaharienne vers la Libye via le Niger a été réduit de près de 100% grâce aux efforts des autorités nigériennes. L’Union Européenne a donc félicité le pays ce jeudi 15 décembre à Bruxelles.

De 70 000 en mai 2016 à 1 500 en novembre dernier, le nombre de migrants traversant le Sahara via le Niger a considérablement baissé. L’information a été officialisée ce jeudi 15 décembre à Bruxelles par l’Union européenne. Une nouvelle pour le moins inattendue pour les autorités nigériennes et qui a été saluée de par le monde. En effet Mamadou Issoufou, président nigérien et son gouvernement ont énormément contribué à ralentir le trafic sur cet axe très emprunté par les migrants ouest-africains : 98% en six mois.

Pour plusieurs institutions européennes le Niger est le bon élève des partenariats conclus avec lui moyennant une aide financière qui a permis l’arrestation de 102 passeurs, aujourd’hui en attente de jugement. Selon les autorités nigériennes, quatre-vingt-quinze véhicules de transports de migrants ont également été saisis. Neuf gendarmes ont été arrêtés et écroués, soupçonnés d’avoir été corrompus par les trafiquants.

On rappelle que le Niger est l’un des cinq pays africains avec qui l’Union européenne a noué cette année un partenariat privilégié pour tenter de stopper les traversées périlleuses de la Méditerranée.

 

3 questions à Mohamed Chérif Haïdara, président du Conseil supérieur de la diaspora malienne

Quelle est votre réaction face à la situation récente en Algérie ?

Quand un Malien a des problèmes, le premier réflexe doit être de se référer à son consul, mais ces derniers ne se déplacent pas pour aller voir leurs concitoyens et leur porter assistance. Alors que l’Algérie est un pays où les Maliens bénéficient d’un traitement préférentiel, ils sont aujourd’hui dans des situations difficiles. Cela du fait que les cartes d’identité maliennes sont établies n’importe comment et que des non-maliens disposent d’une carte d’identité malienne.

Comment jugez-vous l’accueil fait aux migrants rapatriés au Mali ?

Rien n’est fait pour ces migrants parce que l’État n’a pas les moyens de sa politique. Pourtant, le ministère des Maliens de l’extérieur est un département majeur, car un Malien sur trois est à l’extérieur. Il faut que les ressources nécessaires lui soient allouées afin qu’il puisse s’occuper décemment des Maliens et particulièrement de ceux en difficulté.

On parle d’un accord signé entre le Mali et l’UE, information démentie par le gouvernement.

À mon avis, ils se sont mis d’accord sur quelque chose et cela a trait à la réadmission. Le communiqué conjoint publié est très clair en ses 4è et 5è points. L’accord de la Valette n’a pas pu aboutir et l’Union européenne veut négocier pays par pays. Le Mali est le pays le plus fragile et pourrait être le point de départ pour amener les autres pays à signer. S’il y a accord, il faudra que le gouvernement le soumette à l’Assemblée nationale pour adoption.

Les affres du retour

Les migrants maliens, comme d’autres, partent pour chercher une amélioration de leurs conditions de vie. Alors quand survient le retour forcé, difficile est le chemin. D’autant qu’arrivés au bercail, rien ou presque n’est fait pour les accueillir ni les retenir.

« Les refoulés, comme on les appelle, il en arrive chaque semaine 3 ou 4 bus qui viennent de l’Algérie pour Gao ». Ceux qui sont expulsés ont en général tout perdu. Une fois rentrés au Mali, ces migrants en difficulté sont assistés pour leur transport, la nourriture, l’eau, l’hygiène par des ONG comme la Croix rouge, et sont ensuite acheminés sur Bamako. « Pour les 263 migrants maliens qui ont récemment été refoulés d’Algérie, leur retour a été facilité par le gouvernement qui a affrété des bus de Tamanrasset à Bamako ou jusqu’à leur localité d’origine», explique Abderamane Togora, gestionnaire de base de données à la Direction nationale du développement social (DNDS). Il avoue néanmoins qu’« au-delà de ça, le gouvernement ne donne pas autre chose » à ceux qui vont devoir entamer la lente digestion d’un retour brutal au point de départ. « À l’arrivée dans notre pays et après notre enregistrement, nous sommes laissés à notre propre compte, abandonnés de tous. On ne sait même pas quoi faire », confie Youssouf, expulsé, de retour au Mali depuis 4 mois. « On ne les laisse passer qu’au maximum deux jours dans les centres d’accueil. Après on les jette dehors », s’insurge Mohamed Chérif Haidara, président du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM).

Les mains vides Le retour est une déception, une honte, pour un migrant, désormais dans la position d’assisté qui n’a rien ramené. C’est aussi une déception pour sa famille qui plaçait en lui tous ses espoirs. « Il n’a pas atteint son objectif, il a cassé cet espoir. Pour certains, cela provoque un choc psychologique, d’autres font des petits boulots à Bamako, pour pouvoir s’acheter quelques vêtements afin d’être présentables avant d’aller voir leurs familles », ajoute M. Togora. Officiellement, l’objectif du gouvernement est de réinsérer ces migrants, même si, dans les faits, la plupart devant le sentiment d’échec, la culpabilité du retour, sont prêts à repartir, malgré les violations faites à leur endroit et toutes les difficultés qu’ils rencontreront sur ces longues routes semées d’embûches, censées les mener à une vie meilleure.

 

 

 

Immigration : La patate chaude du retour des migrants 

La chasse aux migrants en Algérie, il y a plus d’une semaine, a remis à la une de l’actualité la question de la migration et soulevé des polémiques ravivées par la signature supposée d’un accord entre le gouvernement malien et l’Union européenne pour la réadmission des maliens en situation irrégulière en Europe. Pour nombre de Maliens, la réaction jugée « molle » de Bamako vis-à-vis des expulsions d’Algérie et l’éventualité d’un accord avec l’Union européenne est la preuve d’une position gouvernementale équivoque. Quoi qu’on dise, il apparaît clairement que le problème de la migration, véritable patate chaude pour les Occidentaux, doit être réglé par les pays d’où partent les migrants.

Jeudi 1er décembre 2016. Dans la nuit, les rues de la capitale algérienne, Alger, sont le théâtre d’une descente de police et de gendarmerie pour « mettre le grappin » sur les migrants subsahariens, parmi lesquels des femmes et des enfants. Au bout de cette opération qui s’est poursuivi jusqu’au vendredi 2 décembre, 1 500 sans-papiers subsahariens sont interpellés, transportés manu militari dans le sud du pays, à Tamanrasset, avant d’être expulsés. Ils sont pour la plupart libériens, guinéens, maliens, congolais et béninois. « La honte », « une rafle raciste », « chasse aux noirs », « forfaiture renouvelée digne d’un régime fasciste », les mots ne manquaient pas pour illustrer les réactions provoquées par ces opérations, y compris de la part d’une frange de la société civile algérienne. L’onde de choc s’est propagée dans les pays dont sont originaires ces migrants. La colère et l’indignation ont vite éclaté à Bamako, car parmi les migrants figurent 600 Maliens arrêtés chez eux ou sur leur lieu de travail, dont 400 ont été envoyés à Tamanrasset et 200 expulsés à travers le Niger. « Qui n’a pas compris qu’il s’agit avant tout d’envoyer un signal aux protecteurs européens de la dictature ? Cette punition collective est d’abord destinée à montrer aux Occidentaux que le régime d’Alger est plus que disposé à servir de supplétif docile aux politiques de « containment » des migrations africaines », s’indigne l’économiste algérien Omar Benderra, sur le site Libre Algérie. En août dernier, 400 Maliens avaient déjà été rapatriés à cause de violences à Tamanrasset.

Conditions d’expulsion contestables À l’Association malienne des expulsés, Moustapha Bathily, 36 ans, raconte les conditions de son expulsion : « J’ai été arrêté à 7 heures du matin, juste à la sortie de chez moi. Avant, je travaillais sur un chantier et je gagnais 1 200 dinars (6 000 francs CFA) par jour. Ils nous ont conduits à la gendarmerie et ont demandé nos papiers. Ceux qui en avaient ont été relâchés. Moi j’avais laissé les miens chez moi. Je n’avais que 1 700 francs CFA en poche et lorsque j’ai changé la devise, on ne m’a remis que 700 francs CFA. C’est avec ça que j’ai fait le chemin retour vers le Mali ». À côté de lui, Ousmane Dembélé, expulsé lui aussi, est malade et peine à parler.

Dans leurs témoignages, des expulsés ont affirmé avoir été brutalisés et maltraités par les forces de sécurité algériennes. Il y aurait eu des morts, selon certains. Une information impossible à vérifier auprès des sources officielles. Il aura fallu attendre le lundi 13 décembre pour que les autorités maliennes réagissent. « Nous demandons une enquête au sujet des cas de décès annoncés pour avoir confirmation ou infirmation de cette information », a ainsi affirmé Issa Sacko, délégué général des Maliens de l’extérieur, à l’AFP, ajoutant que « la dignité humaine reste de mise quoiqu’il arrive ». Pour sa part, Saloum Traoré, président d’Amnesty international Mali assure que « l’Algérie n’a pas respecté les textes internationaux en la matière. Dans cette opération, il y a un système raciste. De plus, l’expulsion de masse est interdite ». Pour beaucoup d’observateurs, tout cela pose la question de la protection des migrants, qui semblent laissés à l’abandon par les consulats et le Haut conseil des Maliens de l’extérieur. En particulier quand ils se retrouvent en difficulté, comme la situation qui fut l’objet de la sortie véhémente du Conseil supérieur de la diaspora malienne. Son président a fustigé lors d’une conférence de presse, le 6 décembre dernier « le laxisme des diplomates maliens à Alger ».

Accord et désaccords Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le dimanche 11 décembre, le communiqué conjoint Union européenne/Mali qui a sanctionné le dialogue de haut niveau sur la migration, a fait grand bruit au sein de l’opinion. D’abord à travers certains medias étrangers (AFP, Jeune Afrique, RFI), qui ont annoncé la signature d’un accord sur la réadmission des migrants vivant en situation irrégulière en Europe, une information largement relayée sur les réseaux sociaux. Le communiqué faisait état de renforcement de la coopération dans les domaines comme la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées, la prévention et la lutte contre la migration irrégulière, le retour, la réadmission et la réintégration des migrants en situation irrégulière. Une sorte de prolongement du sommet de la Valette qui a réuni, du 11 au 12 novembre 2015, les chefs d’État européens et africains, les chefs d’institutions régionales, sous-régionales et mondiales (Union européenne, Union africaine, CEDEAO, OIM, ONU) autour de la question de la migration. L’impossibilité d’y trouver un accord commun a donc conduit l’UE à négocier avec les pays africains isolément.

« Après le sommet de la Valette, Maniela Ricci, en charge de la politique de l’information de l’UE, est venue nous voir pour nous dire clairement que l’Europe ne veut plus de nous. Elle ne comprenait pas que malgré tous les morts, des milliers de personnes continuent de prendre la mer en vue de gagner l’Occident. Nous lui avons rétorqué que les financements qu’ils donnent, aucun migrant, ni aucun candidat à la migration n’en voit la couleur. Voyant que ce qu’ils ont mis en place a très peu d’effet, ils utilisent désormais la force », explique Amadou Coulibaly, chargé des relations sociales de l’Association malienne des expulsés. « Nulle part dans le communiqué, il n’est question d’accord. Un communiqué conjoint n’a pas la valeur juridique d’un accord. Le Mali n’a pas encore signé », répond Drissa Dioura, chef du bureau de l’information et de la presse au ministère des Affaires étrangères. Le Mali n’a donc pas signé, mais « que ce soit démenti ou pas, signé ou paraphé, l’accord existe. En avril dernier, la Côte d’Ivoire l’a signé, et le Niger aussi. Ce communiqué-là, c’était juste pour jeter les bases d’un accord. Le Mali va signer », confie ce diplomate ayant requis l’anonymat. Quoi qu’il en soit, ces évènements qui ont soulevé des polémiques loin de désenfler, posent la question du traitement fait à la question de la migration par les autorités maliennes, et mettent une nouvelle fois en lumière les couacs de la communication gouvernementale. Quand bien même il existe « une politique nationale des migrations (PONAM) qui prévoit la lutte contre l’émigration irrégulière, aider nos compatriotes à revenir, investir, s’installer et trouver des voies et moyens pour se réaliser ici. Mais est-elle mise en œuvre ? », se demande Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti Yèlèma. « Il faut qu’on sorte des passions, des polémiques qui retomberont dans quelques jours sans qu’il y ait du changement. Il faut qu’on traite ces questions essentielles avec rigueur et qu’on prenne des mesures importantes pour leur apporter le traitement approprié. De manière souveraine sans qu’à chaque fois, on vienne nous le dire », conclue-t-il.

 

 

Migration massive dans des centres d’accueil pour les migrants de la « jungle de Calais »

La « jungle de Calais » a commencé à être évacuée. Environ 6 000 à 8 000 migrants sont concernés par ce grand déménagement.

Aujourd’hui, lundi 24 octobre, a commencé le démantèlement de la « jungle de Calais », un camp réunissant des réfugiés et des migrants qui tentent pour la plupart d’entrer sur le territoire du Royaume-Uni. Venus d’Afghanistan, d’Erythrée, du Soudan, ces migrants seront conduits vers des centres d’accueil se trouvant dans les régions françaises. Environ 6 000 à 8 000 migrants sont concernés par ce grand déménagement.

« C’est une opération dont on souhaite qu’elle se déroule dans le calme et dans la maîtrise. C’est pour l’instant le cas. », a déclaré Bernard Cazeneuve, le ministre français de l’Intérieur, alors qu’il s’exprimait au cours d’une rencontre à Paris avec les collectivités territoriales contre la radicalisation. Pour le gouvernement français, il s’agit d’une opération « humanitaire » qui permettra de « casser » le plus grand bidonville de France.

Ce qui les attend

Le but recherché par les autorités françaises est d’évacuer le camp aujourd’hui en transportant 2 400 personnes vers les 80 centres d’accueil et d’orientation, où ils seront pris en charge. Ensuite, ils devront prendre rendez-vous à la préfecture. Le dossier de ceux qui ont déjà fait une demande d’asile en France sera transféré dans la région d’accueil. Et les services chargés de l’asile vont se déplacer dans les centres pour instruire les dossiers. En cas de non obtention de l’asile, le migrant doit quitter dans le mois son centre et le territoire.

Parmi les migrants et les réfugiés de la « jungle », se trouvaient environ 1300 mineurs. Ils bénéficieront d’un traitement spécifique : ils resteront dans la « jungle » pendant 15 jours en attendant de savoir s’ils pourront rallier le Royaume-Uni ou pas.

 

 

Partir à tout prix

Sur les questions de migrants, Oumar Sidibé est intarissable. Normal, lui-même ancien migrant revenu au pays, il connait très bien les réalités de ceux qui décident de partir. « Aller à  l’aventure est culturel chez nous. Dans chaque famille, il y a quelqu’un à  l’extérieur », explique celui qui, après avoir milité au sein de l’Association malienne des expulsés, a créé il y a un an l’association Initiative migration et développement (IMIGRAD), avec des partenaires. De plus, « la dégradation de la situation socio-économique ces dernières années a accéléré le mouvement et poussé au départ de nouvelles vagues de migrants », ajoute-t-il. De son expérience d’une dizaine d’années dans le secteur, M. Sidibé tire une certitude : rien ne peut empêcher un migrant de mettre en œuvre son projet. « La migration est une nécessité aujourd’hui, on n’a pas le choix », estime-t-on au CIGEM, Centre d’information sur la gestion des migrations, mis en place en 2008 par le Mali, la France et l’Espagne pour améliorer la gestion des flux migratoires en provenance du Mali. « Les jeunes ne peuvent que tenter d’immigrer vers des horizons plus promoteurs », assure son coordinateur, M. Abdoulaye Konaté. Si dans les années 70-80, la région de Kayes pourvoyait le gros du contingent de migrants, aujourd’hui, ils partent de partout au Mali, à  l’instar de la région de Sikasso o๠les terres, usées par des décennies de cultures intensives et de mauvaises pratiques, conjuguées aux effets des changements climatiques, poussent les jeunes à  l’exil. Sur les chemins des passeurs, dans le désert saharien puis en Méditerranée, il n’est pas rare de trouver des jeunes diplômés qui quittent Bamako et une situation relativement stable pour partir. « Je me souviens de B. qui vient d’une famille aisée et qui a supplié sa mère de le laisser partir à  l’aventure en Occident, un périple qui s’est mal terminé », témoigne M. Sidibé. « Partir, aujourd’hui encore plus qu’hier, C’’est contribuer à  la valorisation de son entourage. Imaginez un jeune dont l’épouse ne peut pas faire partie de la tontine du village parce qu’il est toujours là  », justifie un chercheur pour illustrer les incidences sociales de la migration et la pression que subissent les jeunes, souvent « obligés de prendre la route ». Et pourtant, en dehors des incidences économiques, la masse d’argent envoyée par les migrants permet d’améliorer la vie dans leurs communautés d’origine, il ne faut pas négliger les conséquences négatives. Dans certains villages, il ne reste plus que les vieux et les femmes mariées aux migrants, et qui se retrouvent seules, laissées à  elles-mêmes, surtout lorsque l’aventure de leurs époux ne se passent pas comme prévu. Car ils sont nombreux ceux pour qui le voyage vers l’eldorado se transforme en cauchemar. Les images des corps échoués par centaines sur les côtes européennes sont encore présentes dans les esprits. Parmi ceux qui survivent à  la traversée du désert, aux passeurs véreux, aux balles des gardes frontières et atteignent leur destination ou un point de transit, le voyage s’arrête bien souvent aux portes du pays rêvé. Selon le CIGEM, de 2002 à  2014, ce sont officiellement 91 033 migrants maliens qui sont revenus, principalement des retours involontaires, expulsions ou rapatriements, autant d’Europe que de pays subsahariens et du Maghreb. Il faut noter que la diaspora malienne compte environ 4,5 millions de personnes dont 2,5 en Côte d’Ivoire et environ 500 000 en Europe, le reste étant réparti pour la plupart en Afrique de l’Ouest et du Centre (Sénégal, Gabon, Centrafrique ou encore Angola). La crise économique, les sentiments nationalistes et xénophobes, ont compliqué la vie des migrants, en poussant des dizaines à  demander l’aide du gouvernement ou d’autres structures pour revenir au pays. « Un retour qui a lui aussi des incidences sociales énormes. D’abord parce que le migrant a « gaspillé » l’argent de la famille (environ 1 500 000 francs CFA pour atteindre la Méditerranée), sans le faire fructifier par son travail. C’’est ensuite une vraie humiliation pour la mère dont l’enfant a échoué, quand on connait les croyances qui attribuent l’échec d’un enfant à  la conduite indigne de sa mère », explique encore M. Sidibé. De ces migrants de retour forcé, difficile d’obtenir un témoignage, le traumatisme est toujours vif et la honte en empêche bon nombre de rentrer au sein de leur famille. Faire de la migration une opportunité de développement Depuis une décennie environ, le Mali s’est penché sur ses flux migratoires et sur les moyens à  mettre en œuvre pour en tirer en meilleur bénéfice tout en protégeant les candidats au départ des pièges d’un projet mal planifié. « La plupart des migrants en situation irrégulière partent sans aucune qualification et ne peuvent donc pas espérer une intégration rapide », nous explique-t-on au CIGEM, o๠plusieurs programmes ont été menés entre 2008 et 2014 pour doter les migrants de compétences en accord avec les besoins des pays ciblés. Des expériences qui ont moyennement marché. La Politique nationale de migration (PONAM), adoptée en septembre afin de faire de la migration « une chance pour le développement », comme le déclarait le Dr. Abdrahamane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur lors de son lancement. Cette politique est axée sur les deux volets essentiels que sont la gestion des migrations conformément aux normes internationales, et la mise en relation de la migration et du développement. Elle porte sur un ensemble de mécanismes visant à  favoriser l’investissement de la diaspora et organiser la migration légale, améliorer la gestion des frontières, lutter efficacement contre la migration irrégulière et promouvoir la protection internationale des Maliens à  travers le monde. « Nous sommes convaincus qu’en gérant mieux la migration, elle représentera une source d’investissement culturelle et sociale par des échanges humains et économiques », assure-t-on au ministère des Maliens de l’extérieur. 5 000 emplois directs en plus des infrastructures de production et de transformation dans les localités de départ, des projets de réinsertion socio-économique à  l’endroit des Maliens de retour volontaire, ou forcé, sont ainsi prévus dans le cadre de sa mise en œuvre. Il s’agit donc avant tout d’offrir des perspectives à  la jeunesse malienne, qui trouve que l’herbe est plus verte ailleurs, à  l’instar de ces quelques 200 000 étrangers venus de Côte d’Ivoire, du Congo, du Togo ou encore de France et de Syrie (voir encadré) et qui se sont installés au Mali oà¹, comme l’avoue Boris Aké, il est tout autant difficile de s’intégrer si on n’a pas un emploi stable et qu’on ne parle pas la langue.

Sommet sur les migrations à Malte: consensus sur l’urgence d’agir

l’ouverture a été marquée par un consensus sur la nécessité de stopper la tragédie des morts en mer ou dans le désert. Avec notre envoyé spécial à  La Valette, Léonard Vincent Une soixantaine de dirigeants africains et européens, tête baissée à  la nuit tombée, rendant hommage aux naufragés de la Méditerranée. A l’image de cette minute de silence observée par les chefs d’Etat avant les discussions, cette première journée de sommet à  Malte était d’abord une journée de consensus. Consensus sur la tragédie refusée, sur le refus des morts sur les routes. Consensus, ensuite, sur le fait que seule l’amélioration des conditions de vie en Afrique, que ce soit politiquement ou économiquement, pourra tarir le flot des départs. Pour les moyens à  mettre en œuvre en revanche, les positions ont été différentes. Dès les premiers discours, côté européen, on en a appelé à  un engagement plus ferme des pays de départ pour développer leurs économies et améliorer leur gouvernance, notamment en matière d’Etat de droit et de respect des droits de l’homme. Les Africains tapent du poing sur la table Côté africain, en revanche, à  l’image de la présidente de la Commission africaine, on a voulu remettre l’émigration africaine dans le contexte de l’histoire longue des relations entre les deux continents. « L’Afrique aussi a été un lieu d’accueil pour la migration européenne, même avant la colonisation, a déclaré Nkosazana Dlamini-Zuma. Pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, des réfugiés européens, des demandeurs d’asile et des aventuriers se sont réfugiés jusqu’à  la pointe sud de l’Afrique pour des raisons commerciales ou pour s’installer. Ils ont été les bienvenus. A l’époque, il n’y a pas eu de crise des migrants européens en Afrique. » Le président sénégalais Macky Sall, au nom de la Cédéao, ainsi que le président nigérien Mahamadou Issoufou, ont également fait comprendre que le bon vouloir était une chose, mais que les ressources financières pour répondre aux demandes européennes en étaient une autre. Et de plaider pour une aide plus importante de l’Europe à  l’Afrique, mais aussi plus intelligente. « Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et le repli sur soi, a plaidé Macky Sall. Ce n’est pas la voie de l’avenir. La voie de l’avenir pour nous, C’’est celle de la collaboration et des partenariats. » Une réunion autour de François Hollande Au programme de cette seconde journée, ce jeudi matin, une rencontre de François Hollande avec les dirigeants africains autour de la COP21. Le président français devrait une nouvelle fois rappeler le lien entre climat et crise des migrants. Une cérémonie doit ensuite lancer officiellement le fonds fiduciaire qui doit servir à  financer des projets de développement et de gestion des réfugiés en Afrique. Un fonds de 1,8 milliard d’euros qui vient s’ajouter à  l’aide au développement des pays européens. Hier, la plupart des chefs d’Etat africains ont exprimé leur gratitude, mais ils ont aussi estimé que ce montant était bien insuffisant pour faire face aux problèmes. C’’est aussi l’avis exprimé par François Hollande. La journée doit se terminer par un Conseil européen extraordinaire convoqué ici à  La Valette pour un dernier tour de table sur les accords conclus et l’agenda de l’année qui vient.

Liberté, égalité et fraternité pour les migrants

Tout autour de la planète, les migrants subissent discrimination et exploitation économique de la part de ceux qui les accueillent ou les font travailler. Les droits humains les plus élémentaires des migrants sont bafoués en permanence, d’o๠l’appel lancé par Amnesty International à  l’occasion de la Journée internationale des migrants. »Les décideurs politiques doivent prendre des initiatives afin que les droits fondamentaux des migrants soient protégés, au lieu de mener contre eux des attaques mesquines par le biais de tactiques alarmistes « . a déclaré Sherif Elsayed-Ali, responsable du programme Droits des réfugiés et des migrants d’Amnesty International.« Les migrants pauvres sont de parfaits boucs émissaires politiques – ils n’ont pas d’argent, pas d’influence et ne peuvent pas voter. Alors quand on est un gouvernement dont les politiques déçoivent les gens, on peut accuser l’immigration de tous les maux. » Exploitation économique au Qatar Ces dernières années, Amnesty International a montré que de nombreux travailleurs migrants – qui quittent leur pays dans l’espoir de mieux gagner leur vie – sont victimes d’une exploitation économique choquante dans de nombreux pays. Au Qatar, les autorités sont très en retard dans la lutte contre les violations endémiques des droits des travailleurs migrants. Malgré les promesses de réforme visant à  combattre l’exploitation en prévision de la Coupe du monde 2022, les progrès du Qatar restent très modestes. Certaines pratiques, telles que les retards de paiement des salaires aux migrants, des conditions de travail éprouvantes et dangereuses, des conditions de vie médiocres, des situations de travail forcé et des violences physiques et sexuelles pour les employés de maison, continuent en toute impunité. à€ Hong Kong et en Indonésie, les autorités ne font pas assez pour remédier aux carences systémiques favorisant l’exploitation des migrants employés de maison. Ces lacunes permettent à  des agences et des employeurs sans scrupules de maltraiter les travailleurs domestiques migrants. Amnesty International a même recensé des cas s’apparentant à  de l’esclavage moderne. Des chiffres alarmants Selon des chiffres publiés la semaine dernière par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, un nombre élevé de migrants, près de 350 000 personnes, ont traversé les mers cette année à  travers le monde. La Méditerranée a été la voie la plus meurtrière de toutes : au moins 3419 personnes y ont laissé la vie depuis janvier 2014. « Chaque année, des dizaines de milliers de migrants et réfugiés effectuent une dangereuse traversée maritime pour se rendre en Europe. Le fait que des milliers d’entre eux meurent en chemin devrait alerter les à‰tats membres de l’UE et les inciter à  accorder un degré de priorité plus élevé aux vies à  sauver qu’à  la fermeture des frontières. » Détention de migrants Dans de nombreux pays, des personnes peuvent être maintenues en détention pendant des mois, parfois même des années, parce qu’il s’agit de migrants en situation irrégulière. Aux à‰tats-Unis, Amnesty International a découvert que l’explosion du recours à  la détention en tant que mécanisme de contrôle de l’immigration débouche sur un certain nombre de violations des droits humains. Plus de 350 000 hommes, femmes et enfants sont désormais placés en détention par les services américains de l’immigration chaque année. Des migrants peuvent être incarcérés pendant des mois ou des années sans que cela ne donne lieu à  une véritable révision judiciaire, en violation des normes internationales en matière de droits humains. Les conditions de détention des migrants portent atteinte aussi bien aux normes américaines qu’internationales sur le traitement des détenus. Entre octobre 2013 et juillet 2014, au moins 52 193 mineurs migrants non accompagnés ont été appréhendés aux à‰tats-Unis, près de deux fois plus qu’au cours des 12 mois précédents. Le gouvernement américain a estimé que le nombre total de mineurs non accompagnés appréhendés dépasserait les 90 000 à  la fin novembre 2014 dans les à‰tats frontaliers tels que le Texas, l’Arizona et la Californie.

FIDIMA : ATT lance la première édition !

Cela représente environ 79% de l’aide publique au développement. Signalons que, 95% des transferts effectués sont, des investissements sociaux, juste 5% sont éjectés dans le domaine productif. C’’est suite à  ce constat, que l’Etat malien a jugé utile et nécessaire d’initier ce forum. l’objectif visé, est d’inciter les maliens de l’extérieur, à  investir dans la production, l’entreprenariat. Contribuant au développement économique du pays. En marge du forum, des foires expositions et un salon du partenariat sont également prévus. Le président du Haut conseil des maliens de l’extérieur, Habib Sylla, explique «Â la présence massive des maliens de la diaspora, est le témoignage éloquent de notre attachement sans faille, à  la vision du président de la république Amadou Toumani Touré, dont l’objectif principal est le bien être de tous les maliens. » Il reconnaà®t que beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer le climat des affaires au Mali. Néanmoins, il déplore les obstacles majeurs qui freinent la dynamique de l’investissement des Maliens de l’extérieur dont le souci premier, est la construction nationale. Mr Sylla souhaite, au non de ses collègues, que le Mali prenne des mesures juridiques et judiciaires, afin d’assurer leur sécurisation au niveau des différentes institutions qu’ils devront côtoyer pour la gestion de leurs affaires. Le ministre des Maliens de l’extérieur, Badra Alou Macalou, précise «Â nous voulons faire du migrant, un véritable agent de développement du pays. » Le président ATT pour sa part, invite tous les ministres, ministères et institutions publiques et privées, à  encourager l’investissement des Maliens de l’extérieur. Non sans évoquer les lourdeurs administratives, les tracasseries en tout genre, mais il reste optimiste :  » Au Mali, il y a des intelligences et qu’il faut encourager ! » Les Maliens de l’extérieur réunis à  Bamako l’altermondialiste et ancienne ministre, Aminata Dramane Traoré, salue cette heureuse initiative. C’’est selon elle, un espace, une manière pour les maliens de l’extérieur, de venir investir dans leur pays.  » C’est une manière aussi de lutter efficacement contre l’implantation chinoise dans notre pays. Parce que ces derniers, ne font pas de transfert de technologie. Or, si nous même nous nous y mettons, nous irons certainement très loin. Cela créera des emplois. Et réduira considérablement le taux de chômage ». Elle estime également que chacun à  son niveau, doit privilégier les produits maliens, au détriment des autres qui envahissent nos marchés. Pour cette première édition, la diaspora malienne à  travers le monde entier, est largement représentée. Les maliens sont venus des 4 coins du monde : Afrique, Asie, Amérique, Europe. Bon vent à  la diaspora et aux investissements maliens, qui sont un véritable facteur de développement socio-économique.

Partenariat CIGEM – Gouvernement : promouvoir la formation professionnelle et l’intégration des migrants

A travers la signature de ces conventions, le 12 juin dernier, le Centre d’information et de gestion des migrations (CIGEM), va apporter son appui aux services référents de l’Etat, dans leur mission envers les migrants de retour, et cela en matière d’insertion professionnelle. Au nombre de quatre, ces services sont : l’Agence nationale pour l’Emploi (ANPE) et l’Agence pour l’emploi des jeunes (APEJ), le FAFPA( le fonds d’appui à  la formation professionnelle et à  l’apprentissage) et les UFAE ( Unité de formation et d’ appui aux entreprises). Ledit partenariat s’articulera sur 3 axes, notamment, la mise en place d’actions spécifiques portant sur l’accueil et l’élaboration ; la collecte, l’analyse et la diffusion des données relatives à  l’emploi ; et la mise en œuvre des plans de formation des migrants. Dans son exposé, le Directeur du CIGEM, M Abdoulaye Konaté, a signalé qu’au jour d’aujourd’hui, les structures de formations de l’Etat sont peu ouvertes aux migrants. D’o๠toute l’importance de la signature des présentes conventions, qui avantagera les migrants. Encadrer la migration légale Assortis de la volonté des deux parties, ces accords entendent promouvoir la migration légale, la formation et l’insertion professionnelle des migrants de retour. En terme de résultats, M Konaté a cité quelques exemples de réalisations concrètes de sa structure ; à  savoir le financement de formations qualifiantes pour les visiteurs du CIGEM ou les habitants de Kayes, la mise en place du groupe d’accueil et de réinsertion » des migrants de retour et en transit, le projet « bourses d’étude en Afrique pour des étudiants maliens »Â… Pour le ministre des Maliens de l’ extérieur, Alou Badra Macalou, ces accords permettront aux services référents de l’emploi et de la formation professionnelle, et le CIGEM, de capitaliser leurs expériences au service des migrants.