CAN 2019 : À quoi joue la CAF ?

C’est un véritable coup de tonnerre que cette décision de la CAF. Réunie en session extraordinaire à Accra le 30 novembre, la Confédération africaine de football à décider de retirer l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun.

À sept mois du début de sa compétition-phare, le comité exécutif, « ayant constaté de visu l’état des différents chantiers ouverts (…) après avoir considéré qu’un simple report n’est pas envisageable en raison des impératifs de contrats engageant la CAF dans le maintien de ses dates (…), a décidé que la prochaine édition de la CAN ne peut se tenir au Cameroun ».

Colère et stupéfaction côté camerounais. La plupart des journaux parus le lundi 3 décembre titraient à la Une sur cette décision de la CAF, qui a bien du mal à passer. Il y a tout juste un mois, le Président de l’instance africaine du football, Ahmad Ahmad, en visite au Cameroun, avait assuré le pays des Lions Indomptables du soutien de la CAF, en dépit des retards dans les travaux et affirmé n’avoir jamais envisagé de plan « B » pour l’organisation. C’est donc la douche froide pour les Camerounais. Au-delà du retrait, le pays n’est plus non plus qualifié d’office. Les champions d’Afrique 2015 joueront leur qualification durant la dernière journée des éliminatoires face au Comores et une défaite les éliminerait. Si ce scenario venait à se réaliser, les relations camerouno-cafiennes devraient se tendre encore plus.

Chaises musicales

Alors que le pays qui abritera l’édition de 2019 n’est pas encore désigné, la CAF souhaite décaler le calendrier des prochaines CAN. Ainsi, 2021 reviendrait au Cameroun, la Côte d’Ivoire, qui devait initialement organiser cette édition hériterait de 2023 et la Guinée Conakry de 2025. C’est ce qu’a déclaré le président Ahmad le 3 décembre lors d’une interview sur Afrique Media TV. « La Côte d’Ivoire non plus ne sera pas prête pour 2021, au vu de l’évolution des travaux » a-t-il ajouté. Une remarque qui n’a pas du tout plu aux Ivoiriens. « Cette déclaration, c’est pour essayer de jeter l’opprobre sur la Côte d’Ivoire. Comment peut-on présumer deux ans à l’avance qu’un pays ne sera pas prêt ? », s’est demandé le ministre ivoirien des Sports, Paulin Danho, au micro de RFI. Avant d’ajouter que son pays avait mobilisé 200 milliards de francs CFA pour la compétition.

Ninacad : Pour mettre fin à la spéculation foncière

Afin d’endiguer l’épineuse question du foncier, le gouvernement du Mali a mis en place ninacad.sprdf.ml, un portail web qui, selon le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Moustapha Sidibé, « offrira aux usagers une porte d’entrée commune aux données géographiques et assurera aux services et collectivités un accès facile aux informations foncières ».

Le premier coup de clic de cet outil, censé lutter contre la spéculation foncière, a été donné par le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga le 30 novembre. « Actuellement, nous sommes dans une sorte de pagaille, organisée par ceux qui essayent de profiter de l’aspiration de tout un Malien à obtenir une parcelle », a-t-il déclaré lors du lancement du portail. Avant d’ajouter que le souci du gouvernement était de sécuriser tout ce qui concerne le foncier.

Plusieurs mois durant, des enquêteurs ont sillonné la capitale pour recenser les différentes parcelles. La première phase du projet couvre principalement le District de Bamako et le cercle de Kati, où la situation foncière est particulièrement préoccupante.  Un numéro d’identification unique a été attribué à toutes les parcelles recensées. Ce dernier va assurer une bonne traçabilité et une réelle transparence dans la gestion foncière.

Sécurisation « Nous voulons rendre plus accessibles et plus intelligibles les règles d’identification et d’exploitation des données, en les organisant de manière cohérente et suivant un plan géographique. Il ne peut exister au même moment deux Ninacad identiques sur le même territoire. L’unicité du Ninacad possède un caractère spatial », explique le Colonel Checkiné Mamadou Dieffaga, Secrétaire permanent de la réforme domaniale et foncière, dont la structure a porté le projet. En clair, une parcelle déjà enregistrée dans le Ninacad ne peut l’être une deuxième fois. « Nous avions des situations où le maire attribuait une parcelle, le préfet en faisait autant et souvent même le chef de village. Nous n’aurions jamais pu en finir avec tous les problèmes que cela engendrait. Mais désormais, si le maire attribue une parcelle, les autres seront dans l’incapacité de réattribuer la même parcelle à une autre personne », assure l’un des experts qui a travaillé sur le projet.

Éviter les mauvaises surprises

A travers ce portail, il sera possible pour les citoyens maliens ou toute autre personne de consulter de façon permanente sur Internet les parcelles de terrain. Avant donc d’effectuer tout achat, ils pourront en un clic procéder à des vérifications. Pour les parcelles sur lesquelles existe un litige foncier, une mention spéciale sera faite sur le portail. Elle sera réactualisée une fois le litige tranché.

Occupation illicite du domaine public : Le début de la fin ?

Le 28 novembre 2018, le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, s’est rendu sur le site des logements sociaux de N’Tabacoro. Plusieurs voies d’accès à certains de ces logements, non encore attribués, sont illicitement occupées par des particuliers. Un constat alarmant, qui illustre malheureusement une situation récurrente : celle de l’occupation illicite de sites souvent déclarés d’utilité publique.  Laxisme de l’État ou ignorance des textes par les acquéreurs, la pratique, qui s’étend bien au-delà de ce site, inquiète et interpelle.

« Si nous ne sommes pas des Maliens, que l’on nous retire nos papiers afin que nous partions ailleurs », se lamente Nouhoum Diakité qui s’affaire à récupérer quelques briques parmi les gravats de sa maison démolie, en cette fin de matinée du 3 décembre 2018, sur le site des logements sociaux de N’Tabacoro. Averti 3 jours auparavant par une notification d’huissier, il croyait encore au sursis, jusqu’à la dernière minute.

Encore sous le choc, il s’attarde avec sa famille sur cet espace qui abritait sa maison, qu’il habitait depuis 2011, date à laquelle il a acquis ce lot auprès d’un géomètre, dit-il. Une démarche d’autant plus illégale que non seulement il ne s’agit pas de la personne habilitée à vendre une parcelle et parce qu’à cette date l’État avait déjà crée des titres fonciers et déclaré d’utilité publique cette zone, explique Aly Waïgalo, géomètre – expert commis pour la circonstance. Le site concerné est d’environ 1 000 hectares, les logements et leurs voies d’accès ainsi que les installations nécessaires à sa viabilisation.

Après les enquêtes foncières, les occupants ont été recensés et les dossiers d’indemnisation instruits. Mais, entre temps, il y a eu la crise de 2012 et certains ont profité de la faillite de l’État soit pour venir morceler des terrains qui ne leur appartenaient plus, soit pour s’installer comme nouveaux occupants, dont la majorité était de mauvaise foi, selon un responsable..

Entre ces « nouveaux venus qui se sont fait avoir » et « ces prédateurs qui espèrent une nouvelle indemnisation », les spéculateurs fonciers ont continué à jouer sur le laxisme de l’État et le « flou » volontairement entretenu dans la pratique, selon Maître Amadou Tiéoulé Diarra, l’un des avocats qui défendaient en 2009 les dossiers des occupants « expropriés par l’État ».

Si l’expropriation pour cause d’utilité publique est admise, il est par contre inadmissible que les premiers occupants soient dépossédés au profit d’autres acquéreurs à titre privé. S’il déclare avoir pris de la distance par rapport au dossier, Maître Diarra affirme cependant que le flou autour du problème foncier  ne vient pas de la loi, « qui est claire ».

Les dispositions de la loi sont donc suffisantes et nul n’est censé l’ignorer, comme le dit l’adage. Pourtan,t les spéculations foncières continuent et s’étendent sur des sites de plus en plus « interdits », comme le domaine aéroportuaire.

Graves conséquences

« C’est du jamais vu.  L’ampleur de l’occupation n’avait jamais atteint ce niveau depuis la création du domaine », s’alarme Mohamed Diallo, le coordonnateur de la commission de surveillance du domaine aéroportuaire. Des parties épargnées jusqu’à là sont actuellement envahies. Pire,  les spéculateurs continuent de morceler dans la zone de trouée que survolent tous les avions au décollage ou à l’atterrissage.

Avec un trafic actuel sur l’aéroport de Bamako d’environ 30 à 40 vols de la MINUSMA par jour, ce sont donc des dizaines d’avion qui survolent quotidiennement, cette zone, en principe dégagée pour parer à toute éventualité, les constructions à usage d’habitation. Il s’agit de la zone vers Sénou, Sirakoro et Guana, à la périphérie de la capitale.

En plus de ce problème  de sécurité, c’est le fonctionnement  même des instruments nécessaires à la navigation aérienne et installés dans cette zone qui sera impacté par la présence de ces logements. Face à l’ampleur du phénomène, les autorités concernées s’activent et des initiatives, dont « le communiqué conjoint » des  ministères des Transports et de l’Urbanisme et de l’habitat, ainsi que les instructions du Premier ministre pour faire le point, sont en cours.

Des initiatives qui ne semblent pas pour le moment entraver la détermination des spéculateurs, qui s’activent aussi, selon M. Diallo. Ce qui fait de cette question d’occupation illicite « un véritable challenge pour l’aviation civile », qui a d’ailleurs décidé d’en débattre lors de la Journée internationale de l’aviation civile, le 7 décembre 2018.

Ces occupations illicites, qui constituent un risque pour le maintien de la certification de l’aéroport international Président Modibo Kéïta, présentent aussi un risque économique important pour les compagnies, dont les coûts d’exploitation pourraient augmenter. Au pire, elles pourraient décider de ne plus desservir le pays. Ce qui constituerait une grande perte, compte tenu de la place du transport aérien et en termes d’image.

Sensibilisation et fermeté

Pour répondre au phénomène, Aéroports du Mali a choisi de faire de la sensibilisation tout en continuant à alerter, sans exclure les mesures fortes, comme les démolitions, conformément aux dispositions des textes en vigueur. Appliquer de façon stricte les lois en la matière, c’est la mesure que semble pour le moment adopter les autorités. En effet, conformément à la loi 077 relative aux règles de la construction, modifiée en 2017, lorsqu’un particulier s’installe sur un domaine déclaré d’utilité publique, le recours à la justice n’est plus nécessaire et il suffit d’un constat fait par les services techniques de l’État. Le représentant de l’État prend alors un ordre de démolition exécuté dans de brefs délais, comme ce fut le cas pour le site des logements de N’Tabacoro après la visite du Premier ministre. Ces mesures permettront, selon les autorités, d’accélérer le processus d’attribution d’environ 10 000 logements sociaux, « bloqués à cause de 175 constructions anarchiques ».

Le suivi de ces mesures nécessite la mobilisation de moyens, dont le renforcement est sollicité par les acteurs. Aussi, pour empêcher les mauvaises interprétations de la loi et dissuader les spéculateurs, la justice doit jouer pleinement son rôle et être plus rapide. Car, si la lenteur peut s’expliquer par la complexité des litiges fonciers et les procédures en la matière, il existe aussi malheureusement des conflits d’intérêt mettant en cause le rôle de cet acteur-clé, selon Maître Aboubacar Diarra, avocat à la Cour.

Mise en valeur

Même s’il faut de la fermeté pour faire respecter les textes, le coordonnateur de la commission de surveillance du domaine aéroportuaire préconise la mise en valeur du domaine. Car cette zone de plusieurs milliers d’hectares déclarée d’utilité publique a des vocations qui ne sont pas pour le moment rendues effectives. « Un vide » qui attire donc des convoitises et Bamako ne fait pas exception en la matière. « Tous les aéroports proches des agglomérations ont ce problème » et la capitale malienne, qui est une ville en pleine expansion, n’échappe pas à cette réalité. Et, il y a quelques années, l’aéroport était situé à Hamdallaye, un quartier actuellement en plein cœur de la capitale, rappelle M. Diallo.

Le site actuel de l’aéroport de Bamako et son domaine constituent une « chance pour le Mali ». En effet, dans certaines capitales voisines, le site de l’aéroport est à environ 45 km du centre ville. Ce qui représente des coûts supplémentaires que nous pouvons éviter en préservant le site actuel. Car protéger le site est nettement moins coûteux qu’envisager son déplacement. En effet, pour construire le nouveau terminal inauguré il y a maintenant 2 ans, il a fallu des investissements d’environ 15 milliards de francs CFA. Alors que construire un nouvel aéroport, avec les autres investissements y afférant, nécessiterait jusqu’à 175 milliards, selon certaines estimations. Il faut donc investir dans des équipements et augmenter sa plus value afin de rentabiliser le site, pour le développement économique du Mali.

L’idéal serait « même de développer un sursaut national, afin que ceux qui achètent les terrains refusent de le faire pour le bien du pays », espère M. Diallo.

Battle dance : Peu connue mais toujours d’actualité

La battle dance est un jeu, une danse, un sport, mais aussi une passion pour certains. De nombreux groupes ont existé dans le temps, dont les anciens membres continuent de faire carrière dans ce domaine. Mais d’autres, pour des  raisons professionnelles, ont dû abandonner.

Au Mali, certaines personnes voient la battle dance d’un mauvais œil.
Le groupe Airline, composé de six personnes, était l’un des meilleurs de Bamako. Ses membres s’étaient connus lors de balani shows. « Nous étions tous élèves et passionnés de danse », explique Lassine Traoré dit Tyson, qui était le leader d’Airline. Le groupe a remporté six trophées nationaux et trois internationaux et a eu la chance de participer à des festivals, comme ceux de Ouagadougou et de Conakry,  ainsi qu’aux Hip Hop awards 2009 au Niger. « Le groupe n’existe plus. Je suis le seul qui continue à évoluer dans le domaine artistique, mais je reçois toujours le soutien de mes anciens coéquipiers », explique Tyson. « La danse nous garde en contact et je compte monter un projet pour aider les jeunes danseurs à mieux s’exprimer », ambitionne Tyson, qui vit actuellement en France.

Un autre groupe, les Happy Boys, créé en 2004, a réellement dominé son époque. Au tout début, Happy Boys était un grin constitué d’une trentaine de jeunes, dont six danseurs. Ils se sont fait remarquer lors des balani shows, des soirées et des compétitions nationales. « Le trophée que nous avons remporté et que tous nous enviaient a été le trophée de Balani mixte organisé par Yeli Mady Music en 2009 », relate Sory Ibrahim Doumbia, qui était l’un des ténors de ce groupe.

Aujourd’hui, deux danseurs ont trouvé un boulot stable et les autres se sont orientés vers d’autres domaines. Le groupe Happy Boys a donné naissance à une nouvelle association nommée the Mixte, suite à l’union de danseurs de quatre groupes supplémentaires de la place. Parmi lesquels le groupe Airline, Amipy Cool et le Youngsters Clan de Magnabougou. « Pour faire avancer notre art, nous nous sommes réunis en association afin de conjuguer nos efforts uniquement autour de la danse », explique Sory Ibrahim Doumbia. « Le renom que nous avons aujourd’hui, c’est grâce à la battle dance », ajoute-t-il.

Le champion actuel de battle dance au Mali est Vagabond-223 Crew. Créé en 2013, ce jeune groupe participera le 3 décembre 2018 au Burkina Faso à une compétition internationale, le festival BBA, et le 10 décembre au festival Urbanation Bboy, en Guinée. « Mais souvent, pour nos voyages à l’extérieur, nous sommes confrontés à des difficultés », déclare Modibo Keïta, le leader du groupe.

Bajan Ag Hamatou : « Tous ceux qui meurent sont membres de nos familles »

Depuis quelques semaines, la ville de Ménaka est confrontée aux vols à mains armées.  Mais jeudi dernier, c’est un vieil arabe qui a été assassiné en plein jour. Dans ce contexte, plusieurs personnalités se sont rencontrées Place de  l’indépendance pour dénoncer ces pratiques et appeler au calme. Bajan Ag Hamatou, député élu à Ménaka et 6ème Vice-président de l’Assemblée nationale, explique à Journal du Mali comment lutter contre ces agissements.

Qu’est ce qui explique  le banditisme à Ménaka, malgré la présence de forces armées dans la ville ?

Depuis 2012, nous sommes soumis à ce grand banditisme. Depuis le déclenchement de la rébellion,  nous  ne connaissons que morts d’hommes et braquages. La grande majorité de la population a encouragé ce banditisme dans le nord du Mali et dans la région de Ménaka. C’est devenu un comportement des jeunes gens et, au fur et à mesure, ce phénomène s’aggrave. Si nous  ajoutons  les morts d’aujourd’hui à ceux d’hier et d’avant-hier, c’est extrêmement inquiétant. La  MINUSMA, Barkhane, les forces armées maliennes et les mouvements sur place ont décidé de lutter contre ce phénomène. Mais son ampleur est telle que ni Barkhane ni la MINUSMA ne peuvent le réduire en un temps record. Il faut que toute la population prenne conscience de ce qui nous arrive et du devoir que nous avons de lutter contre ces pratiques. Malheureusement, c’est à Ménaka et ses alentours que cela se passe.

Que faut-il faire pour  lutter contre ce banditisme ?

Il n’y a pas d’autre solution au phénomène que nous vivons qu’une meilleure coordination. Il faut qu’il y ait une bonne organisation entre ceux qui combattent ces pratiques, les forces armées et de sécurité du Mali, la MINUSMA, Barkhane et les mouvements armés, appuyés par les populations. Tous ceux qui meurent sont membres de nos familles. Chacun d’entre nous a le devoir et l’obligation d’arrêter ce phénomène. La  seule solution passe par  l’implication des cadres, des responsables et de la population. Il ne servira à rien de pleurnicher et de se demander pourquoi cela arrive. Que chacun parle à ceux qui sont autour de lui et qu’on dénonce ceux qui le font.

Quelles sont les mesures prises concrètement ?

Ceux qui sont chargés de la sécurité de nos populations et de leurs biens ont décidé ensemble de se retrouver pour apporter la solution à cette criminalité. Mais elle ne peut être réellement efficace que si la population aide ces forces-là dans ce travail. C’est notre devoir, parce que ce sont nos enfants et les membres de nos familles qui meurent. Le plus rapidement possible une solution sera trouvée.

Lutte contre le VIH Sida au Mali : Encore du chemin

En 2016, le Mali a enregistré 5 900 nouvelles infections à VIH Sida et 6 100 décès liés au Sida, selon ONUSIDA. À la même période, 110 000 personnes vivaient avec le VIH, dont 35% avaient accès à un traitement antirétroviral. 35% des femmes enceintes qui vivaient avec le VIH avaient accès à un traitement ou une prophylaxie pour éviter de le transmettre à leurs enfants, mais 1 600 enfants ont été infectés.

Mais les personnes vivant avec le VIH sont différemment touchées. Ainsi, chez les professionnels du sexe, le taux de prévalence s’élève à 24,2% et est de 13,7%, chez les homosexuels. Tandis que chez les personnes s’injectant de la drogue la prévalence est de 5,1% pour 1,4% chez les prisonniers.

Si le nombre de décès liés au Sida a baissé de 11% depuis 2010, le nombre de nouvelles infections a augmenté dans la même proportion durant la même période.

En 2017, on a noté une progression du nombre de personnes vivant avec le VIH Sida, soit 130 000 patients dont 120 000 âgés de 15 ans et 13 000 ayant moins de 14 ans.

Ces résultats font malheureusement ressortir une réalité qui entrave sérieusement la lutte contre la maladie. Ils démontrent la faiblesse de la riposte nationale, qui dépend encore largement (80%) du financement extérieur. La définition du rôle de chaque acteur (ministère de la Santé et société civile) est également indispensable pour une meilleure appropriation nationale de cette lutte.

L’insuffisance des données sur les groupes vulnérables (migrants, réfugiés, personnes handicapées, travailleurs du sexe, hommes ayant des rapports avec d’autres hommes, …), est également l’un des défis à relever. L’amélioration du système de gestion des intrants et le suivi évaluation doivent être également renforcés pour une meilleure riposte, selon ONUSIDA. Le VIH et le Sida  devraient aussi être intégrés dans d’autres programmes de santé et la riposte renforcée dans un contexte humanitaire.

Cependant, l’efficacité de toutes ces réponses résidera dans une mobilisation durable de ressources internes pour la mise en œuvre du cadre d’investissement élaboré par le Conseil supérieur de lutte contre le Sida.

En 2016, l’Équipe commune des Nations Unies sur le Sida  a aidé le gouvernement malien à accroître l’accès à des services de traitement du VIH de qualité, à lutter contre la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH et à accroître la résilience et la durabilité afin de coordonner, surveiller et évaluer la riposte nationale au VIH.

G5 Sahel : le PIP à la recherche de financement

Le 28 novembre s’est tenue dans la salle de conférence du ministère des affaires étrangères une séance d’information sur la conférence de coordination  des bailleurs de fonds et partenaires du G5 Sahel sur le financement du programme d’investissement prioritaire (PIP) 2019-2021. La rencontre aura lieu le 6 décembre à Nouakchott en présence des chefs d’États et des partenaires de l’organisation.

 « Le secrétariat permanent du G5 Sahel a décidé de tenir le 6 décembre prochain la conférence  de coordination des bailleurs  et partenaires  pour le financement du programme d’investissement prioritaire », déclare dès l’ouverture de la conférence le représentant de la ministre des Affaires Etrangères.  La tenue de la dite journée a aussi pour objectif de sensibiliser sur les missions et les objectifs du G5 Sahel. « Nous voulons  aussi à travers cette journée vous faire connaitre le G5 Sahel par ce qu’on fait le  constat que dès qu’on parle du G5 Sahel on pense  directement à la force conjointe, alors que  c’est plus que cela », tient à préciser Cherif Hamidou Ba, président du point focal  au Mali de ce regroupement des cinq pays du Sahel : la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Face aux défis  sécuritaires et de développement auxquels sont confrontés  ces pays, une stratégie pour le développement et la sécurité (SDS) a été élaboré suivant  la vision des Chefs d’Etats de ce groupe.  Articulée autour de sept priorités majeures, cette stratégie constitue un cadre programmatique de référence pour toutes les interventions du G5 Sahel et de ses partenaires techniques et financiers. Elle sera mise en œuvre à travers le programme d’investissements prioritaires (PIP) 2019- 2021. Le PIP a été élaboré dès 2014 sur la base des orientations données par les chefs d’Etats du G5 Sahel. L’objectif global du PIP est de contribuer à assurer  le développement et la sécurité dans ces différents pays. L’inclusion socio-économique  des femmes, des filles,  et des jeunes à travers l’amélioration de leur statut  économique, leur protection et leur accès aux services de base, la promotion  de leur implication dans le processus de prise de décision les concernant,  et enfin la réduction de leur vulnérabilité. Ce gigantesque programme nécessite plus d’1milliards 996 millions d’euros. Déjà  240 millions d’euros  sont considérés comme acquis.

Pour cette première phase de trois ans,  40 projets  structurants et à impacts rapide sont retenus,  en rapport avec quatre axes stratégiques majeurs : défense et sécurité, gouvernance, infrastructures, résilience et développement humain. Selon Cherif Hamidou Ba qui a souligné lors de cette conférence le caractère intégrateur  de ces projets, leur faisabilité, leur maturité, l’enjeu sécuritaire  et leur impact sur les populations. »

Sur le terrain, les terroristes intensifient leurs attaques alors que la réponse attendue de la force conjointe tarde de plus en plus. L’éternel  problème de financement n’est pas encore résolu. Néanmoins, le financement du PIP  permettra au G5 Sahel d’asseoir les bases d’un développement durable, nécessaire pour lutter contre le terrorisme et  la criminalité transfrontalière.

 

Cyril Achcar : « Le tissu industriel au Mali est encore embryonnaire »

Les nombreuses difficultés auxquelles font face nos industries freinent leur développement. Président de l’Organisation Patronale des Industriels (OPI) depuis 2012, Cyril Achcar dresse un bilan peu glorieux du secteur au Mali.

Le Mali dispose de nombreuses potentialités, mais le secteur industriel tarde néanmoins à décoller. Qu’est-ce qui explique ce paradoxe ?

C’est vrai que les richesses du Mali sont immenses, mais notre pays est absent sur le secteur stratégique et très lucratif de la transformation. Pourtant, au lendemain de l’indépendance, l’industrialisation était perçue par nos autorités comme la priorité des priorités au plan économique. On assista alors à la mise en place d’industries publiques de substitution aux importations, qui allaient favoriser un développement inclusif.

Un demi-siècle plus tard,  le développement industriel reste peu perceptible au Mali. Le tissu industriel est encore embryonnaire. Plus grave, il y a eu un recul de l’industrialisation, la part de la manufacture dans le PIB, qui était  de 10% en 2010, a chuté de près de la moitié, s’établissant à 5,9% aujourd’hui.

Avec une telle faiblesse de production, le secteur industriel est incapable d’exploiter les opportunités offertes par les marchés des pays industrialisés, si souvent mis en avant par les pouvoirs publics pour justifier l’injustifiable (notamment les APE, l’AGOA, l’UEMOA, la CEDEAO et ses 300 millions de consommateurs actuels). Les industriels maliens doivent d’abord conquérir leur marché national.

À l’origine de cette faible industrialisation, plusieurs obstacles, aujourd’hui bien identifiés : infrastructures de base déficientes (routes, énergie), main-d’œuvre insuffisamment qualifiée, problèmes de financement (disponibilité et coût), contrebande, concurrence déloyale, fraude, poids de la fiscalité sur le secteur formel, faible protection de la justice.

Malgré ces problèmes réels, le Mali n’a d’autre choix que de poursuivre son industrialisation, car les pays émergents sont justement ceux qui se sont engagés fermement dans cette voie, parce qu’elle demeure la seule qui conduise au développement et à la prospérité partagée.

Vous le répétez souvent : « le développement sans industrialisation est impossible ». Quelle est la situation actuelle au Mali ?

Le taux d’industrialisation du Mali est très bas par rapport à beaucoup de pays de la sous-région UEMOA – CEDEAO et très loin de certains pays comme le Maroc, même si de nombreux efforts sont déployés.

Parmi les problèmes, on peut citer l’insuffisance des capitaux, la concurrence des produits étrangers, le peu de main d’œuvre qualifiée, les problèmes liés au marché intérieur, la vétusté des machines, la disponibilité en matières premières pour certaines de nos usines,  etc…  Notre industrialisation a encore du chemin devant elle !

La problématique énergétique freine de nombreuses unités industrielles. Quelles sont les mesures qui pourraient améliorer cette situation ?

L’électricité pour nos usines est une question à laquelle nous devons répondre, gouvernement comme secteur privé. La société Énergie du Mali (EDM), qui a le monopole de la distribution, est malheureusement en faillite, ce qui fait que la qualité de l’énergie est en deçà des normes pour nos machines. Cette situation engendre énormément de pertes de production.

Les énergies solaire et éolienne sont largement sous exploitées par l’État et le secteur privé. La production d’énergie est pourtant un excellent secteur d’investissement, très peu prisé par le secteur privé. Il va falloir initier des partenariats entre les secteurs public et privé (PPP) et mobiliser des ressources pour investir dans des projets énergétiques et d’infrastructures de transport.

Le Mali accusait un important retard en termes de nombre d’industries. L’écart avec nos voisins s’est-il réduit ?

Les chiffres du dernier recensement industriel (2015), initié par la Direction nationale de l’industrie et financé par le PACEPEP, avance  le chiffre de près de 900 unités industrielles sur l’étendue du territoire national. Une progression qu’il faut saluer, puisque qu’avant on dénombrait moins de 500 unités. Mais ce qu’il est important de signaler, c’est la contribution du secteur industriel au PIB global, notamment celle de la manufacture. Elle est de 5,9%, contre 10% en 2000, date d’entrée en vigueur du TEC / UEMOA, transformé depuis le 1er janvier en TEC / CEDEAO .

Vous plaidez également que des mesures soient adoptées pour une industrialisation efficiente. Cela a-t-il porté fruit ?

La construction d’une économie industrielle s’inspire avant tout de visions et de stratégies, sous la forme d’un document de politique économique et industrielle (Politique de développement industriel avec son plan d’actions détaillé, axé sur la promotion des exportations). Une farouche volonté politique et un leadership éclairé constituent le nœud du problème, surtout au niveau de la mise en œuvre. Nous pensons que la création d’un ministère du Développement industriel est une prise de conscience des enjeux et défis liés à ce secteur vital pour tout pays voulant arpenter le chemin sinueux de l’émergence. Il restera à apprécier les actions sur le terrain.

Le « Made in Mali » est mis en avant dans de nombreux salons. Pour autant, il peine. Doit-il être imposé ?

Absolument. Notre croissance est mathématique, nous, industriels, ne la ressentons pas. Le pays s’est plutôt rétréci, avec l’impossibilité de vendre après la région  de Mopti et les frontières sont de plus en plus poreuses. La contrebande entre facilement surtout vers Nioro et Koutiala.

La croissance est maintenue alors qu’en réalité le PIB stagne grâce à l’appui apporté à l’économie, surtout au secteur agricole. Sans un appui réel à la transformation, cela ne produira pas tous les effets attendus, notamment sur l’emploi et la valeur ajoutée.

La solution est de promouvoir le « Made in MALI » via la commande publique, via le travail de la douane sur les importations, via le travail des impôts pour booster l’investissement. Le Livre blanc de l’OPI est plein de solutions à cet effet.

Projet de sécurisation du centre : Objectifs atteints ?

Adopté en 2017, le Plan de sécurisation intégré des régions du centre a pour objectif global de pacifier cette région du Mali et d’y réduire de manière significative les causes de l’insécurité et du terrorisme. Aujourd’hui, où en est-on réellement ?

S’il y a un premier bilan à tirer de la mise en œuvre de ce plan, il est positif, selon le Colonel Major Ismaïla Deh, Conseiller technique au ministère de la Sécurité et de la protection civile et Président du comité de suivi du Plan. Pour lui, la mise en œuvre a été salutaire, parce que, « sans le plan de sécurisation, il n’y aurait pas eu d’élection dans ces deux régions ».

Sécurité et gouvernance

A Mopti, quatre zones que sont le fleuve, la zone inondée, la zone exondée et la frontière sont concernées par le volet sécuritaire.  Pour le fleuve, un projet dénommé PARSEC a été lancé et est en cours d’exécution avec l’Union Européenne. Il est également envisagé de mettre en place trois brigades fluviales, couplées à des centres de secours fluviaux, pour améliorer la sécurité dans la zone d’ici la fin de l’année. Dans la zone inondée, les forces de sécurité se sont installées notamment dans les cercles de Tenenkou, Djenné et Youwarou. Dans la zone exondée, des localités comme Sokoura, Mondoro, Doungani,  Dinangourou, Diankabou et Konna sont maitrisées, à en croire le Colonel Major. Dans la même zone, un autre projet, du nom de GSIR (Groupe Surveillance Intervention Rapide), mis en œuvre également avec l’appui de  l’Union Européenne, se poursuit. Quant à la zone frontière, même si le plan n’y a pas encore permis de grandes avancées, l’armée y est néanmoins présente. Il est à signaler que le poste frontalier de Bih est en reconstruction dans le cadre du projet PARSEC.

A Ségou, concernant le volet sécuritaire, le plan a permis de couvrir des zones comme Sokolo, Saye, Macina, Timissa et Monimpébougou. Trois brigades fluviales sont également prévues à Ségou ville, Markala et Macina.

Sur le volet gouvernance, selon le Colonel Major Ismaïla Deh, le plan de sécurisation a permis d’améliorer beaucoup de choses. « 19 localités à Mopti et une dizaine à Ségou, où l’administration était totalement absente, ont été comblées. Aujourd’hui on y note la présence des forces de sécurité ». Plusieurs actions ont été également menées sur deux autres volets, le développement socio-économique et la communication.

Comme difficulté majeure, « plusieurs ministères interviennent dans la réalisation du plan, mais il n’existe pas de fonds direct, ce qui rend la tâche un peu dure, vu que le Comité de suivi n’a pas de réel pouvoir de pression sur les ministres », conclut notre interlocuteur.

Centre du Mali: Kouffa, et maintenant ?

La force Barkhane et les forces armées maliennes ont mené dans la nuit du 22 au 23 novembre une opération d’envergure contre la Katiba Macina dans la forêt de Wagadou, au centre du Mali. Bilan : une  trentaine de morts, dont Amadou Kouffa, prédicateur peul  de renom et chef de cette branche, affiliée à Aqmi. Mais est-ce là la fin des tragédies et des conflits intercommunautaires dans cette zone en ébullition ?

« S’il s’avère aujourd’hui qu’Amadou Kouffa a été éliminé par Barkhane, je ne suis pas sûr que cela résolve le problème du djihadisme au Mali tant qu’Iyad Ag Ghaly est vivant ». Telle est la ferme conviction du Professeur Ali Nouhoum Diallo, l’un des  doyens de la communauté peule, ancien Président de l’Assemblée nationale du Mali. « Amadou Kouffa n’est rien sans Iyad Ag Ghaly », assure-t-il.

Dans la nuit du 22 au 23 novembre, la force Barkhane et les forces armées maliennes ont mené une opération « complexe » dans la forêt du Wadagou, au centre du pays. Elle aurait  abouti à la mort d’Amadou Kouffa,  chef de la Katiba Macina et membre du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dirigé par Iyad Ag Ghaly. Une  trentaine de ses combattants ont également été tués. Annoncée d’abord comme « probable », la mort de celui qui aura semé le chaos dans cette zone a par la suite été « certifiée » par les forces armées maliennes. Mais les spéculations sur la véracité d’une telle nouvelle, fautes de preuves tangibles jusque-là, perdurent. « Kouffa, malgré qu’il soit un terroriste, était adulé dans certaines localités. Mais là où il oppressait les populations et les empêchait d’exercer leurs droits fondamentaux, elles peuvent se réjouir de cette nouvelle », estime Khalid Dembelé, analyste économiste au Centre de recherches et d’analyses politiques, économiques et sociales (CRAPES). Cependant, l’une des figures tutélaires de la communauté peule regrette la fin tragique de celui qui au début n’était qu’un maitre coranique. « Tout soldat qui tombe au Mali, je l’ai dit au temps où c’était la rébellion Kel tamashek qui était au-devant de la scène, qu’il soit blanc ou noir,  c’est un Malien qui meurt », avance le Professeur Ali Nouhoum Diallo. « Je ne peux pas être médecin et me réjouir de la mort d’un homme ».

Un tournant ?

Quoi qu’il en soit, neutraliser la tête de proue de la Katiba Macina ne constitue pas la fin des attaques et assassinats. Ses partisans, loin de le voir comme « un criminel », lui vouaient une allégeance aveugle.  Pour Khalid Dembelé, la disparition de Kouffa, « si elle est avérée, est une étape et non la fin ». « Elle pourra permettre à l’État malien de gagner en autorité sur le terrain et favoriser le retour de l’administration », indique-t-il, rappelant que « Kouffa avait  fermé plusieurs écoles dans cette partie du pays et instauré un certain nombre des lois de fonctionnement dans certaines localités ». L’action constitue tout de même un succès militaire notable et l’anéantissement de ce révolté donne du répit à des populations longtemps harcelées. Tout aussi prudent, Baba Alpha Umar, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel pense que cette élimination pourrait être l’occasion pour l’État d’opérer son retour. « C’est une délivrance pour tous ceux qu’il oppressait et surtout pour les Peuls, dans le sens où les gens étaient entre le marteau et l’enclume », souligne-t-il. Mais il s’interroge : « l’État sera-t-il en mesure de donner aux communautés les possibilités de se sentir en sécurité de manière durable ?». Toujours est-il que les organisations terroristes ont la capacité de se régénérer. « C’est un mouvement très fort sur le plan national et international. Il y aura un successeur à Kouffa si sa mort se confirme », analyse Khalid Dembelé. Des sources sur le terrain croient à  une fin funeste. « Il semble-t-il qu’on l’ait remplacé. S’il était vivant cela ne serait  pas arrivé », dit Sekou Bekaye Traoré,  président du conseil de cercle de Youwarou.

Pour certains analystes, l’acharnement de Kouffa contre l’Occident et son rejet tenace de sa civilisation, combinés à son isolement, ont sonné son glas. Le 8 novembre, il apparaissait dans une vidéo aux côtés d’Iyad Ag Ghaly, chef du GSIM et de l’Algérien Djamel Ockacha dit Yahia Abdoul Hammam, dirigeant d’Aqmi. Amadou Kouffa appelait les musulmans, particulièrement les Peuls, de plusieurs pays de l’Afrique à faire le djihad. Le pas de trop ? « Il était devenu une grande menace pour les autorités françaises. Il menaçait directement les Occidentaux. Il avait fermé des écoles dans lesquelles on enseignait la langue française, or la langue est un outil de domination », explique Khalid Dembelé. 

Quid des conflits intercommunautaires ?

Le phénomène djihadiste dans le centre du Mali a fissuré le tissu social. Malgré les vieilles querelles liées au foncier entre les Peuls et les Bambara ou les Dogons, ces communautés, dans leur majorité, n’ont pas embrassé l’ordre  établi par « le maitre du Centre ». La longue absence de l’État a permis à la Katiba de s’imposer. C’est dans ce désordre violent que sont nées des milices d’autodéfense. La situation s’envenime. « Sa mort va aggraver même la situation ici. Les gens ont peur de ce qui peut arriver », témoigne un habitant de Youwarou sous anonymat. Il y a quelques jours, la milice dogon Dan Nan Ambassagou annonçait la fin de sa trêve. La même semaine, au moins douze Peuls ont été tués dans la commune de Ouenkoro, dans le cercle de Bankass.  « Sa disparition coïncide avec l’apparition d’un mouvement peul  non djihadiste, dirigé par Sekou Bolly, un radié de l’armée malienne. La balle est dans le camp de l’État, s’il sait saisir cette occasion », estime Baba Alpha Umar. Ce nouveau groupe entend se démarquer de toute accointance terroriste. Selon le dernier rapport conjoint AMDH – FIDH, le centre concentre depuis le début de l’année 2018 « environ 40% de toutes les attaques du pays » et est, par conséquent, « la zone la plus dangereuse ». Des crimes odieux se commettent loin des regards. Une situation qui risque de continuer.

À qui le tour ?

« L’attaque contre Kouffa prouve que les maitres du terrain sont les gens de la coalition Mali – France. C’est la preuve qu’elle peut traquer n’importe qui aujourd’hui », prévient Baba Alpha Umar. Cette intervention de Barkhane au centre marque un revirement, elle qui se confinait jusque-là au nord du pays. Iyad Ag Aghaly, leader du GSIM, doit-il désormais s’inquiéter ? « Toucher aujourd’hui Iyad est un risque de mécontenter l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et même la France. Mais, pour justifier sa présence au Mali, Barkhane  attaque Kouffa, le point faible,  pour dire que ce dangereux bonhomme est enfin éliminé », argumente le Professeur Ali Nouhoum Diallo. Selon Khalid Dembelé, « tant qu’Iyad ne sort pas de son domaine de prédilection, il n’aura pas de problèmes ».

La guerre contre le terrorisme  au Mali est un désastre. Dans certaines parties du territoire, les groupes djihadistes continuent de semer la mort. Leur violence attise les conflits intercommunautaires, mettant  à mal la cohésion sociale. Pour le professeur Ali Nouhoum Diallo, la solution est le dialogue. « On a vu la limite de nos armes, il faut discuter avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa ». Il poursuit « je ne permettrai à personne dans ma vie, moi Ali Nouhoum, patriote malien, de me dire vous pouvez parler avec un tel Malien et non avec tel autre », assène cette voix qui défie les âges.  Mais, selon l’analyste Khalid Dembelé « s’il doit y avoir un dialogue, il va falloir changer le qualificatif terroriste », attribué à ces acteurs. Au regard des souffrances endurées, Ourmar Cissé, habitant de Bandiagara, pense « qu’il est trop tard » et que « la seule solution est militaire. »

Mais « le tout sécuritaire » pourra-t-il mettre fin au djihadisme, sans un volet politique ?

Les Praticables : Une autre approche du théâtre malien

La deuxième édition du projet théâtral Les Praticables aura lieu du 27 novembre au 1 décembre 2018 à Bamako. Initié par Lamine Diarra, un comédien et metteur en scène malien, cet évènement veut impliquer le public du début à la fin du projet.  Avec des représentations dans les concessions et les rues de Bamako Coura, au Conservatoire Balla Fasseké, à la Fondation Passerelle et à l’Institut français, l’idée est de faire voir le quartier comme sujet  de réflexion.  

Démarré en 2017, le projet triennal Les Praticables est une initiative de formation et de création théâtrale, ainsi que de spectacles vivants pour la jeune génération. Cette activité a été initiée par Lamine Diarra pour pallier les différentes difficultés que vit le secteur théâtral au Mali depuis les années 80. Il s’agit de problèmes liés aux moyens de création, à la formation, aux lieux de prestations. « Le projet se veut citoyen. Citoyen parce que nous voulons être au plus près du public, ne pas le prendre comme consommateur, mais le considérer comme acteur », explique Lamine Diarra.

Au cours de ces cinq jours, le public malien assistera à une mise en scène d’un  spectacle co-créé par l’auteur dramatique suisse Michel Beretti et l’auteure malienne Assitan Klénégué Traoré. Une représentation sera faite par les jeunes de Bamako Coura, qui ont travaillé sur des contes de Ousmane Diarra, « Les aventures de Surukuba ».

Ségou et Mopti au programme

La formation des jeunes metteurs en scène Ambaga Guindo, Assitan Tangara, Inaïssa Touré et Jean-Marie Ambroise Traoré est également au cœur de cette deuxième édition. Ils présenteront chacun un projet de lectures ou de maquettes à partir des textes d’Aïssata Boucary Maïga, de Faly Traoré, d’Honorine Diama et de Jeanne Diama. Ils feront aussi découvrir au public une mise en scène collective effectuée avec l’appui d’Eva Doumbia, une metteure en scène franco-malienne.

En plus des habituelles lectures de textes et des spectacles, cette année débats, expositions et réflexions seront au menu. Dans les jours à venir, les créations issues de cette édition 2018 feront des tournées dans les régions de Ségou et de Mopti. « Le projet s’agrandit. Nous travaillons à ce qu’il devienne un point de référence pour le théâtre au Mali », estime l’initiateur du projet.

« Dans les années à venir, nous comptons tendre la main à d’autres personnes pour que l’évènement soit de portée internationale et pour pouvoir accueillir plus de grands professionnels autour de ce que nous sommes en train de construire ici », conclut Lamine Diarra.

La paix dans le centre du Mali passera par le règlement des conflits locaux

Rétablir l’autorité de l’État seul ne suffit pas pour stabiliser les régions du centre du Mali – les griefs et les droits des populations locales doivent aussi être pris en compte.

 

Le 15 octobre, 11 civils ont été tués par des assaillants venus à moto à Telly, dans le cercle de Tenenkou dans la région de Mopti. Cette attaque est intervenue deux jours après la visite du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, venu y “affirmer le retour de l’État” dans la région.

La hausse des violences depuis 2012 a entraîné le retrait de certains agents de l’État (tels que les administrateurs locaux et les juges) de la région. L’instabilité s’est accrue et les milices communautaires  d’autodéfense- notamment les chasseurs traditionnels dogons et bambaras – ont gagné de l’ampleur.

Depuis 2016, plus de 12 000 personnes ont été déplacées287 civils tués, 67 kidnappés et 685 écoles fermées dans le centre du Mali, en particulier la région de Mopti. La recrudescence des conflits intercommunautaires entre les éleveurs peuls et les agriculteurs dogon et bambara, les conflits communautaires internes à la communauté peule et les attaques de groupes extrémistes violents ont tous contribué à l’instabilité croissante.

Les dynamiques conflictuelles dans le centre plongent leurs racines dans les sécheresses successives et les politiques développementalistes promues par l’État

 

Les dynamiques conflictuelles dans cette région sont multidimensionnelles, plongeant leurs racines dans les sécheresses successives et les politiques développementalistes promues par l’État. Les facteurs structurels, liés au bouleversement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche à la suite de la sécheresse des années 1970 et 1980, ont déstabilisé les systèmes de production, socles sur lesquels reposent les rapports socio-économiques entre les différentes communautés.

La plupart des conflits se situent dans le delta central du fleuve Niger, dans les localités telles que Djenné, Mopti, Tenenkou et Youwarou et dans le plateau Dogon, où les ressources agro-pastorales sont au cœur de l’économie. La pression sur les terres agricoles, due à la combinaison de facteurs climatiques et à l’accent mis sur l’agriculture soutenue par l’État et les partenaires internationaux du Mali, a affecté les éleveurs, souvent issus de la communauté peule, faisant de l’accès à la terre une source de tension.

Les conflits entre les éleveurs du Delta et les agriculteurs du plateau Dogon portent notamment sur l’occupation des couloirs de passage des animaux par des agriculteurs et sur des désaccords au sujet des calendriers agricoles et de transhumance, c’est-à-dire le mouvement saisonnier du bétail pour le pâturage. En 2012, des chasseurs prétendant appartenir à la communauté Dogon ont tué plus de 20 personnes de la communauté peul, incendié 350 hameaux et emmené du bétail à la suite d’un conflit autour d’un corridor réservé aux animaux entre Koro et la frontière avec le Burkina Faso.

Auparavant, ces conflits étaient pour la plupart réglés par le biais de mécanismes communautaires, y compris les autorités traditionnelles. Ces mécanismes sont maintenant dysfonctionnels à la suite des compromissions des autorités traditionnelles— tels que les Dioros (gestionnaires de pâturages) — avec l’administration. Ces conflits deviennent également de plus en plus complexes et sont exploités à la fois par les milices et les groupes extrémistes violents.

Les groupes extrémistes violents exploitent le mécontentement des communautés vis-à-vis des acteurs étatiques

Lorsque des groupes extrémistes ont occupé la partie nord de la région de Mopti en 2012, les armes sont devenues plus accessibles aux communautés belligérantes et la violence dans la région a augmenté. Ces groupes exploitent le mécontentement des communautés vis-à-vis des acteurs étatiques tels que les juges, les gendarmes et les agents des eaux et forêts, accusés de corruption.

Les tentatives visant à apaiser les tensions entre les communautés au centre du Mali remontent à 2016. La Mission gouvernementale d’appui à la réconciliation nationale, installée en avril 2017, s’est rendue dans les localités du plateau Dogon et du Delta central pour rencontrer les communautés.

La médiation par des organisations non gouvernementales, dont certaines mandatées par le gouvernement, a abouti à un accord de cessez-le-feu unilatéral début juillet 2018. Mais il n’a pas fait l’unanimité au sein de la milice Dogon, Dana Amassagou, qui est également traversée par des clivages. En conséquence, le conflit entre les milices dogon et les Peuls dans la région s’est poursuivi.

Le 28 août 2018, 34 chefs traditionnels des villages peul et dogon ont signé un accord de paix intercommunautaire à Sévaré pour mettre fin au conflit qui les opposait. Mais, l’enthousiasme du gouvernement et des ONG engagés dans la médiation trouve difficilement des relais sur le terrain où la violence continue.

Les mécanismes traditionnels de résolution des conflits sont dysfonctionnels à cause des compromissions des autorités traditionnelles avec l’administration

L’accord met en évidence les nombreux écueils des différents processus de paix au Mali au cours des dernières années. Premièrement, il met en scène le problème de l’incapacité des signataires, en l’occurrence les chefs de village, à influencer le processus de paix sur le terrain.

Deuxièmement, bien que le processus ait bénéficié du soutien de l’association culturelle dogon, Ginna Dogon, et de Dana Amassagou après la reddition de son chef d’état-major, Youssouf Toloba, il n’inclut pas les milices à prédominance peule. Troisièmement, l’association culturelle peule, Tabital Pulaaku, a dénoncé l’accord. Elle estime que Toloba et ses complices devraient être jugés par la Cour pénale internationale.

Le gouvernement cherche à intégrer certaines milices dans le cadre d’un processus de désarmement, démobilisation et réintégration, qui ne laisse pas beaucoup de marge aux victimes en quête de justice et réconciliation. Cette situation entrave le processus de paix.

La paix au Mali nécessite de passer de l’approche étroite actuelle des dialogues entre État et groupes armés à un dialogue national plus large et plus inclusif. Cela permettrait de jeter les bases d’un accord sur des principes communs pour un nouveau contrat social entre l’État et la société.

Les débats actuels sur le retour de l’État doivent inclure le type d’État auquel les populations maliennes peuvent s’identifier et accepter, et qui accorderait davantage de respect à leurs droits.

Boubacar Sangaré, Chercheur boursier, ISS Bamako

 

Cet article a d’abord été publié sur le site de l’Institut d’études de sécurité (ISS)

NBA : La chasse aux records

Dans la nuit du dimanche au lundi 19 novembre, Lebron James a une nouvelle fois régné sur la NBA. Le King a compilé 51 points, 8 rebonds et 3 passes décisives lors de la victoire de son équipe, les Los Angeles Lakers, sur le parquet de Miami (113 – 97).

LBJ continue de cultiver sa légende dans la prestigieuse ligue américaine. Quatre jours plus tôt, il devançait le grand Wilt Chamberlain au classement des meilleurs marqueurs de l’histoire de la NBA. Avec 31 425 points (sans le match à Miami), « LBJ » occupe la cinquième place de ce classement « high level ». Il lorgne désormais sur Michael Jordan, qui, avec ses 32 292 points, sent le souffle de James sur son cou. À terme, les observateurs voient le joueur des Lakers finir sa carrière sur le trône des meilleurs scoreurs, dépossédant Kareem Abdul-Jabar de son record. Mais, avec 38 387 points, Jabar a encore de quoi voir venir.

En ligne de mire

La ligue américaine semble être entrée dans une nouvelle ère. Celle des records qui ne sont plus aussi imbattables qu’annoncé il y a une dizaine d’années. Le 9 avril 2017, Russel Westbrook battait, avec un 42ème triple – double en une saison, le record d’Oscar Robertson, établi en 1962. Mais de nombreuses performances restent encore inégalées. Le record de rebonds en carrière de Wilt Chamberlain devrait perdurer longtemps, les douze joueurs qui le suivent au classement ayant tous arrêté leur carrière. Dwight Howard occupe le 14ème rang avec 13 181 points, bien loin des 23 924 de l’ « Échassier ». Ce dernier est également passé à la postérité pour les 100 points inscrits le 2 mars 1962 contre les Knicks de New York. Seul joueur de NBA à avoir réalisé une telle performance alors que le shoot à trois points n’existait pas encore. Kobe Bryant s’est approché de ce score avec 81 points en 2006. Chris Paul et Lebron James peuvent espérer devenir les meilleurs passeurs, mais il leur faudra multiplier les caviars durant le reste de leur carrière pour approcher, voire dépasser, Jason Kidd et John Stockton. Et Stephen Curry n’est pas le meilleur marqueur à trois points. Le double MVP occupe la 5ème place avec 2 191 tirs primés, à « seulement » 782 de Ray Allen, 1er avec 2 973 shoots.

Loi d’entente nationale : Une prime à l’impunité?

Le 13 décembre prochain, l’Assemblée nationale devra adopter ou rejeter le projet de loi d’entente nationale visant à restaurer la paix et à faciliter la réconciliation. Mais, déjà, plus de quarante organisations de défense de droits de l’homme s’y opposent. Elles craignent que les auteurs de crimes, même les plus graves, bénéficient d’amnistie.  Quid des victimes ?

« Nos organisations, au nombre d’une quarantaine, ne sont pas contre une loi d’entente nationale dans le cadre des mesures d’apaisement et de sortie de crise, mais nous nous opposons à ce projet en l’état », précise Drissa Traoré, Coordinateur du programme conjoint AMDH – FIDH. Depuis quelques jours, 47 associations de défense des droits de l’homme montent au créneau. Elles s’opposent à l’adoption du projet de loi d’entente nationale initié par le gouvernement, qui devrait être débattu par l’Assemblée nationale le 13 décembre.

Que dit le projet ?

Dans le cadre de la restauration de la paix et de la réconciliation nationale, le projet prévoit  : « l’exonération des poursuites pénales engagées ou envisagées contre les personnes ayant commis ou ayant été complices de faits (…) pouvant être qualifiés des crimes ou délits, prévus et punis par le Code pénal malien, les autres lois pénales et les conventions et textes internationaux ratifiées par le Mali ; l’adoption de mesures d’apaisement et d’indemnisation en faveur des victimes des douloureux évènements survenus (…) dans le cadre de la crise et qui ont gravement porté atteinte à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale et à la cohésion sociale ». Il est aussi prévu, « pour conforter les bases de l’entente nationale », une « Journée du pardon national », « une Semaine de la réconciliation nationale » et « la rédaction de l’Histoire générale inclusive du Mali ».

Nombreuses objections

Même si l’article 4 souligne que les auteurs des « crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des viols et tout autre crime réputé imprescriptible » ne sont pas couverts par cette loi, les organisations craignent qu’ils ne puissent bénéficier eux aussi de l’amnistie. « Nous estimons que si ce texte venait à être voté ce sont presque tous les auteurs qui vont bénéficier de ces mesures. Nous sommes sceptiques quant à la poursuite des personnes pour les crimes des guerres et crimes contre l’humanité », indique Drissa Traoré.

En plus de ces ambiguïtés, la Directrice exécutive d’Amnesty International Mali, Mme Ramata Guissé, estime que « ni le contenu de la loi,  ni le contexte actuel du pays ne favorisent une entente nationale », avançant que « le Mali est encore en pleine crise ». Au même moment, la commission d’enquête internationale sur les graves violations des droits de l’homme prévue par l’Accord vient de commencer son travail.  À l’exception d’Aliou Mahamar Touré, « aucun auteur de crimes n’a été puni, un déni de justice pour les victimes », précise la directrice d’Amnesty. Elle s’inquiète des répercussions négative et de « l’esprit de vengeance entre les communautés » si la loi est validée comme telle. « S’il y a cet esprit, il n’y aura jamais de paix ni d’entente », prévient-elle. Ce projet, élaboré sans les victimes et les organisations, ne prend pas non plus en compte les réparations psychologiques, selon ses détracteurs. Son retrait est donc exigé afin d’opérer « des consultations sur la base des observations que les uns et autres fourniront », demande le coordinateur Drissa Traoré. Selon lui, « le texte bafoue les droits des victimes » et, s’il venait à être adopté, « il fera la promotion de l’impunité ».

Malgré ces objections, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga affirmait récemment « qu’il était hors de question » d’y renoncer. Selon le politologue Salia Samaké, il y a bien des zones d’ombres à éclaircir et il se demande si cette loi est opportune aujourd’hui. Il souligne que, dans le projet, « il y a des catégories qui sont exemptées et d’autres qui échappent à la justice ». Des passages à revoir, à son avis. « Dans toute réconciliation, il faut que celui qui a tort soit reconnu coupable et que celui qui a raison se le voit reconnaitre. On peut pardonner à quelqu’un qui a tort, mais quand celui-ci échappe à la sanction par le biais des lois, alors qu’on sait qu’il est coupable, le problème reste entier, parce que les victimes ne sont pas obligées de l’accepter », décortique le politologue, appelant à un dialogue mais non un retrait pur et simple du texte.

Le chef de la Katiba Macina Hamadoun Kouffa serait mort

Le chef de la katiba Macina, Hamadoun Kouffa serait mort, selon un communiqué de Barkhane rendu public ce vendredi. L’opération annonce avoir dans la nuit du 22 au 23 novembre 2018,  frappé durement un groupe terroriste de la Katiba Macina, dans la région de Mopti.

L’opération qui selon le communiqué a combiné l’action de nombreux moyens aériens : avions Mirage 2000, hélicoptères Tigre et Gazelle appuyés par des drones Reaper, ravitailleur C135 et hélicoptères de manœuvre. Barkhane annonce que à « ce stade de l’évaluation de l’opération, il apparait qu’une trentaine de terroristes a été mise hors de combat, parmi lesquels figurent probablement le chef de la katiba Massina, Hamadoun Kouffa, et ses principaux cadres ».

« la neutralisation probable du chef de la katiba Massina est un nouveau coup très sévère porté au RVIM dont il était un des principaux leaders » ajoute le communiqué.

 

Ecobank-Mali offre des vivres à un orphelinat

La banque a aussi du cœur. La filiale malienne du groupe Ecobank a procédé ce samedi 17 novembre à une remise de vivres et de dons à l’orphelinat Ashed, sis à Badalabougou. Durant cette journée dénommée ‘’Ecobank Day’’, la banque a choisi de donner du sourire et de l’espoir à de nombreux jeunes orphelins, et à leur protectrice Kadiatou Dem. Très émue, cette dernière, n’a pu contenir ses larmes. Balbutiant, elle cherchait ses mots, submergée par l’émotion.

Elle a tout de même tenu à témoigner de sa gratitude à la directrice d’Ecobank-Mali, Touré Coumba Sidibé, présente pour la circonstance. «Chez Ecobank, nous croyons qu’il est important de changer la vie des communautés en améliorant les services de garde. Nous partageons l’opinion selon laquelle le soutien aux orphelinats améliora le bien-être de ces enfants vulnérables. Nous estimons également que les enfants constituent l’une des plus grandes richesses de l’humanité» s’est exprimée la directrice.  En plus des vivres, la banque a offert un chèque symbolique de 2.500.000 FCFA à ASHED.

Le groupe financier accompagnera également trois enfants de l’orphelinat dans leur parcours académique, « jusqu’à leur insertion dans la vie active ». L’ASHED  héberge près de 74 enfants âgés de 6 mois à 14ans, des orphelins dont certains sont atteints d’handicap.

Made in Mali : Hors des frontières, les produits cartonnent

Ils sont fabriqués au Mali et très prisés à l’extérieur du pays. Focus sur quelques produits qui font  « vendre » le Mali au-delà de ses frontières.

L’artisanat d’art est l’un des principaux domaines dont les œuvres « Made in Mali » sont très prisées à l’extérieur. Dans le domaine de l’ameublement et de la décoration, par exemple, le bogolan est très demandé en Afrique du Sud et en Amérique, selon Diadié Hama Sangho, Directeur national de l’Artisanat. « Même si le bogolan est très prisé en France, on n’y met pas autant d’argent que dans les deux destinations précitées. En Amérique, il nous est souvent demandé de produire un conteneur de bogolan dans le cadre de l’AGOA ».

Le secteur du textile, avec le produit national malien qu’est le bazin teint, offre d’autres déclinaisons, et non des moindres. Là encore, on retrouve le bogolan mais aussi le tissage traditionnel, qui a inspiré le « Faso dan fani » du Burkina.

La bijouterie malienne, qu’elle soit moderne ou traditionnelle, est très prisée et s’exporte et se vend très bien, à en croire M. Sangho. « Nous avons des experts en la matière, qui s’inspirent des différents voyages qu’ils font et qui ont bénéficié de beaucoup de cours de design pour améliorer leur compétitivité et leur performance », explique t-il.

Par ailleurs, des instruments de musique traditionnelle, comme le violon, la flûte, le balafon, fabriqués au Mali, ont le vent en poupe à l’extérieur, surtout en Occident. « En général, au cours des foires en France, nos artisans servent d’experts, soit pour apprendre aux autres à jouer soit pour réparer les instruments », assure le directeur national.

Cuirs tannés et alimentaires

Les cuirs et peaux constituent une très grande partie des exportations du Mali. Le cuir alimentaire malien est extrêmement demandé dans la sous-région. « Tous les jours, il y a environ une dizaine de camions chargés de cuir qui quittent Bamako pour différents pays, notamment le Ghana, le Nigeria, la Côte d’ivoire, le Bénin, la Sierra Leone », confie Alhousseyni Koné, Secrétaire à l’information de la Mutuelle de traitement des cuirs et peaux.

Les objets issus des cuirs et peaux fabriqués au Mali comme les sacs, les ceintures, les chaussures, les costumes, les salons, entre autres, intéressent également en majorité les touristes, qui en font des objets de souvenir de leur passage dans le pays.

En somme, les produits artisanaux maliens sont assez appréciés et prisés au-delà des frontières du pays. À titre indicatif, lors du dernier Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, 172 artistes maliens ont fait un chiffre d’affaires de 497,838 millions de francs CFA en 10 jours.

 

La destination Mali est-elle attrayante pour les investisseurs ?

Contribuer à l’amélioration du climat des affaires au Mali est l’une des missions assignées par l’État à l’Agence pour la promotion des investissements (API), dont les initiatives en ce sens se multiplient. Mais, aujourd’hui, l’attractivité de la destination Mali est-elle de mise ? Comment se portent les nouvelles entreprises qui s’installent dans le pays ?

Dans le dernier classement Doing Business 2019 publié par la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires, le Mali a régressé de deux places. Il est désormais 145ème sur 190 classés. Selon Ibrahim Touré, responsable Relations investisseurs à l’API Mali, ce recul est dû au fait que « le Mali n’a entrepris qu’une seule réforme en 2018, tandis que plusieurs pays de la région Afrique subsaharienne en ont entrepris plus de 107 sur la même période ». À l’en croire, cette régression ne sera pas très visible dans l’évolution des investissements au Mali. Il faut plutôt poursuivre la consolidation des acquis, « communiquer sur ce qu’il y a de positif et que le Doing Business ne fait pas ressortir ».

Paradoxes En réalité, malgré la « mauvaise note » du Mali, le climat des affaires est relativement stable aujourd’hui et de nouvelles entreprises s’implantent dans le pays. Parmi celles-ci, Syinix Electronics, appartenant au groupe chinois Calcare Techonology, vient de boucler une année de présence sur le marché malien. Lancé en septembre 2017, elle représente la branche électroménager de sa maison-mère. « Même si les conditions ne sont pas toutes roses, en s’installant au Mali Syinix Electronics s’est associé à des distributeurs officiels à qui reviennent tous nos produits et donc la gestion des taxes sur importation », confie Djibril Sanogho, Country manager de la société. La marque est déjà plutôt bien installée à Bamako et a d’ailleurs amorcé son expansion dans les régions, notamment à Koutiala, Ségou, Sikasso et Kayes.

Par ailleurs, considéré comme l’entreprise la plus influente de l’industrie de la radiotélévision chinoise, qui se développe en Afrique, le groupe de médias chinois Startimes s’est installé il y a peu en proposant ses services de télévision numérique aux Maliens. Avec plus de 440 chaines et des émissions diffusés en 10 langues, le groupe offre une alternative de plus sur un marché compétitif dans le pays.

Le Mali est donc une destination attrayante pour les investissements étrangers. Plusieurs entreprises se positionnent pour les années à venir dans divers secteurs porteurs. Selon Ibrahim Touré, cette dynamique sera consolidée par des actions de promotion, à l’intérieur et à l’étranger.

Made in Mali : Pourquoi tarde-t-il à décoller?

Véritable baromètre de la consommation des produits fabriqués au Mali, le secteur de l’artisanat souffre, selon ses acteurs, d’un manque d’accès aux marchés de l’État. Ce qui l’empêche de s’épanouir et de résoudre ses autres difficultés, relatives notamment au manque de formation, de ressources financières et d’espaces dédiés à l’exercice de ses professions. Ce secteur, pourvoyeur de biens et services et qui emploie environ 5 millions de personnes, selon l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), est déterminant pour assurer la relance économique du pays.

« Le Made in Mali est malade, faute d’accès aux marchés de l’État », constate avec amertume le Président de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), Mamadou Minkoro Traoré. Un constat sans appel, qui en dit long sur les difficultés du label Mali. En dépit de « plusieurs lettres d’intention », malheureusement  restées mortes, la marque « Mali » a du mal à s’imposer, surtout à l’intérieur.

Pourtant, les initiatives pour booster le made in Mali, et même la bonne volonté des consommateurs, ne manquent pas. « Les Maliens aiment les produits maliens, mais ils ont des difficultés pour y accéder », relève Abdoul Wahab Diakité, le Vice-président de l’Association des consommateurs maliens (ASCOMA).

Faciliter l’accessibilité

Avec la libéralisation  du commerce et la liberté des prix, en principe la concurrence aurait dû bénéficier aux consommateurs et favoriser la promotion des produits locaux. « Mais, malheureusement, les ententes entre les producteurs et la non régulation du marché rendent les produits de première nécessité inaccessibles aux consommateurs maliens », note M. Diakité, qui déplore que le litre de lait produit ici coûte 600 francs CFA, alors qu’avec une « concurrence réelle, il aurait pu coûter moins de 500 francs ».

En ce qui concerne les produits manufacturés, comme les textiles par exemple, le vice-président de l’ASCOMA précise qu’il manque une « volonté politique affichée », pour encourager les unités de fabrique de ces tissus. En effet, lorsque les responsables montreront dans ce domaine l’exemple, « tout le monde suivra »,  parce que « la vitrine d’un pays, ce sont ses responsables », ajoute M. Diakité.

S’agissant des activités de l’artisanat d’art et de production, M. Diakité cible trois principaux « handicaps » : l’absence de standards de fabrication, le manque de professionnalisme et le déficit de formation.

Véritable vitrine du Made in Mali, l’artisanat rencontre en effet plusieurs difficultés, selon le président de l’APCMM. Si le  nœud du problème reste l’accès aux marchés publics,  cette contrainte n’est pas la seule que connaît  le secteur.

Elles peuvent se résumer à quatre, selon le président de l’APCMM. La plus épineuse est celle du « foncier ». En effet, « les artisans n’ont pas de lieux où exercer », selon M. Traoré. Même s’ils suivent une formation et sont prêts à s’installer à leur compte, « certains y renoncent », faute d’espace pour travailler. Alors que d’autres secteurs, moins productifs et moins pourvoyeurs d’emplois, continuent de bénéficier d’importants investissements dans ce domaine.

Marché et formation, un duo vital

« Nous avons besoin de formations basées sur les techniques de finition pour une mise à niveau. Aucun besoin de reprendre l’apprentissage du métier, souvent maitrisé depuis plusieurs années. Mais une mise à niveau des équipements et du personnel aux dernières technologies », explique M. Traoré.

En 2010, l’APCMM dénombrait environ 79 000 artisans qualifiés « sans opportunités », relève le président. Parce qu’après leur formation ces artisans ont besoin principalement d’espace pour s’installer à leur propre compte et d’un fonds de départ, toutes choses qui leur manquent cruellement lorsqu’ils démarrent. Une installation qui ne coûte pas forcément très cher mais qui constitue le premier facteur bloquant pour les « jeunes ».

À défaut donc de pouvoir s’installer à leur compte, ces artisans se tournent vers d’autres pour les employer. Ces derniers, qui n’ont pas d’accès au marché, et compte tenu des charges afférentes au recrutement d’employés, sont peu disposés à embaucher cette main-d’œuvre.

Or attribuer des marchés à ces artisans qualifiés permet de booster l’économie locale et contribue à la stabilité sociale, selon les acteurs. En effet, lorsque des milliers d’artisans travaillent, ce sont autant de familles dont la survie est assurée, explique le président de l’APCMM. « Avec les nombreux chantiers de l’État, il est regrettable que cela ne profite pas à nos artisans. Tous les métiers du bâtiment sont des métiers artisanaux. Au contraire, ce sont les artisans d’autres pays que nous favorisons », déplore M.Traoré.

Mais ces marchés, quand ils sont attribués, « le sont à des artisans sans qualification et qui œuvrent dans l’informel, parce que l’on cherche le moins cher », souligne encore le président de l’APCMM. « Et on se plaint que les artisans ne travaillent pas bien !». Une situation qui contraint ceux qui sont normalement inscrits et payent des impôts mais n’obtiennent pas de marchés à fermer boutique.

Ce constat ne fait pas cependant pas perdre de vue, l’un des problèmes cruciaux du secteur, la formation. Ce passage obligé, dont la première étape est l’apprentissage, est « vite bâclé », à cause principalement de l’impatience non seulement des parents mais aussi des clients, explique le président de l’APCMM, également patron d’atelier. Alors qu’un élève peut redoubler sans que rien ne lui soit réclamé, lorsqu’un apprenti dépasse une année, la famille lui impose de « ramener quelque chose » et les clients le poussent à partir, parce qu’il peut déjà réaliser un objet ou une coupe, selon son domaine d’activité, explique le patron.

En principe, toutes ces questions sont réglées par le contrat d’apprentissage, mais « personne ne l’applique », relève M. Traoré.

Un potentiel à développer

Malgré ces difficultés, le secteur regorge de talents et les « artisans font des merveilles », note avec fierté le président de l’APCMM. Pour sa troisième participation au Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) cette année, M. Mahamadou Ganessy ne dit pas le contraire. À 33 ans, et après plusieurs années d’apprentissage auprès de son père, avec qui il travaille d’ailleurs toujours, le jeune cordonnier avoue avoir beaucoup progressé, même s’il poursuit encore son perfectionnement, notamment en innovant avec des sacs en cuir réalisés avec des tissus en coton faits par « un maître qui l’inspire beaucoup ».

« Au tout début, nous avions du mal à conserver le cuir sans qu’il ne se casse ou sente mauvais. Mais, avec les différents voyages et les expériences acquises, nous avons appris comment faire. Ce cuir produit ici et travaillé par d’autres artisans est de bonne qualité et facile à façonner », se réjouit M. Ganessy.

Désormais, dans sa boutique située à la Maison des artisans de Bamako, il est heureux que environ 30% de sa clientèle soit malienne. Avec la baisse de l’activité touristique et la réputation qu’avait la Maison des artisans d’être un lieu « pour les étrangers », il faudra encore du temps pour convaincre la majorité des clients que ces produits « made in Mali » leur sont accessibles. Et, pour ce faire, M. Ganessy en est conscient, « il faut davantage communiquer ».

Car si la responsabilité de l’État dans la promotion des produits locaux est essentielle, surtout par rapport à la régulation, le rôle des consommateurs, qui doivent être plus « engagés », et des producteurs, qui ne font pas suffisamment de marketing pour faire connaître leurs produits, est aussi important, selon le vice-président de l’ASCOMA.

S’ils n’attendent pas tout de l’État, les artisans veulent un coup de pouce pour faire décoller leur secteur. « Nous sommes à la recherche d’opportunités pour créer nos ressources, dont la première est les cotisations », déclare le président de l’APCMM. Sur environ 5 millions d’artisans, il n’y a pas plus de 1 million d’inscrits aux Chambre de métiers, précise le président de l’APCMM.

Des initiatives locales sont en cours, dont celle des ateliers sociaux, regroupant différentes filières d’un même corps de métier au même endroit pour un service de proximité. Un projet déjà ficelé et soumis aux autorités.

Dr Oumar Mariko : « Les marches et meetings permettent de stabiliser le pays »

Le vendredi 16 novembre, une marche initiée par l’opposition malienne, à travers le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) et la Coalition des forces patriotiques (COFOP), a été violemment dispersée par les forces de l’ordre devant la Bourse du travail de Bamako. Des blessés ont été déplorés dont un député SADI. L’Honorable Oumar Mariko, Président du parti, livre à Journal du Mali ses sentiments sur la situation politique actuelle et les actions à venir.

Quels sont vos sentiments après la dispersion par les forces de l’ordre de votre marche, non autorisée ?

J’ai été profondément déçu de la dispersion violente de cette marche. Déçu par le comportement du gouverneur et du commissaire de police du 1er arrondissement et par l’attitude du directeur général de la police. Je suis aussi surpris et déçu par Soumeylou Boubeye Maiga, qui nous avait rencontré le matin et avait évoqué ses souvenirs de combat contre la dictature, sans rien laisser présager de ce qui se préparait contre nous. J’ai un sentiment de révolte contre de telles pratiques et la détermination pour qu’elles s’arrêtent définitivement au Mali.

Quelles actions comptez-vous mener désormais ?

Nous envisageons des actions judiciaires contre ceux qui ont posé de tels actes et également de saisir les associations des droits de l’homme, nationales et internationales. Nous comptons aussi faire jouer aux députés leur rôle parlementaire d’interpellation. Le 4 décembre, nous allons organiser une grande marche de protestation, sur toute l’étendue du territoire national, partout où nous pouvons agir, partout où nous avons des forces pour bouger.

Selon certains observateurs, la situation du pays ne sied pas à un climat politique exacerbé. Qu’en pensez-vous ?

Je pose la question : qu’est ce qui a fragilisé le pays ? Est-ce que ce sont les marches, les meetings et les dénonciations ou l’attitude irresponsable et prédatrice des gouvernants ? Si nous arrivons à la conclusion que ce sont les marches qui déstabilisent le pays, nous les arrêterons. Les marches et meeting, selon nous, ne sont pas cet élément, car ils permettent de stabiliser le pays et doivent aboutir à mettre dehors l’élément déstabilisant, le pouvoir illégal et illégitime d’Ibrahim Boubacar Keita. Il ne faut pas que les gens nous prennent pour des canards sauvages. Les députés ont voté jeudi dernier une loi de 93 milliards de francs CFA, soi-disant pour la sécurité. Mais cette somme n’est pas pour la sécurité du Mali, elle ira dans les poches de gens bien connus du pouvoir. Ce sont les intérêts de petites gens que la répression est en train de servir aujourd’hui, pas ceux du peuple.