Le mariage des enfants coûte cher à l’Afrique

Selon un rapport de la banque mondiale rendu public ce 20 novembre 2018, la pratique du mariage des enfants fait perdre des dizaines de millions de dollars à l’Afrique. Un rapport publié à l’occasion du deuxième sommet de la commission de l’Union africaine qui se tient cette semaine à Accra au Ghana.

Dans ce rapport intitulé : « Eduquer les filles et mettre fin au mariage des enfants : une priorité pour l’Afrique », les auteurs indiquent que plus de 3 millions de filles (soit un tiers) se marient encore avant l’âge de 18 ans en Afrique subsaharienne. L’Afrique reste donc le continent où cette prévalence de mariage des filles est le plus élevé. Ce qui a pour conséquence d’entraîner chez ces filles qui se marient avant 18 ans, un taux d’abandon scolaire plus élevé et donc d’avoir un niveau d’études moins élevé que celles qui se marient plus tard. Ces filles sont également plus susceptibles de tomber enceintes et donc d’être exposées au risque des grossesses précoces, mettant en cause leur santé, celle de leurs enfants et l’éducation de ces derniers.

Même si le rapport souligne que beaucoup de pays ont atteint la parité entre garçons et filles au niveau primaire, les filles restent à la traîne au niveau secondaire. En Afrique subsaharienne, 7 filles sur 10 achèvent leurs études primaires, mais seulement 4 sur 10 achèvent le premier cycle du secondaire.

Un manque à gagner pour l’économie       

Le rapport ajoute qu’en moyenne, les femmes qui ont achevé les études secondaires ont plus de chance de travailler et gagnent 2 fois plus que celles qui n’ont pas fait d’études.

Le rapport qui a analysé 12 pays d’Afrique subsaharienne et du Maghreb qui représentent la moitié de la population du Continent, estime que le mariage des enfants constitue un manque à gagner de 63 milliards de dollars en matière de revenus et de capital humain, suite à son impact négatif sur l’éducation des filles. « (…) Les filles retirent le plus de bénéfices de l’éducation lorsqu’elles sont capables de terminer leurs études secondaires. Malheureusement, très souvent elles ne restent pas à l’école quand elles se marient tôt », note notamment Quentin Wodon, auteur principal du rapport.

Ces mariages précoces qui entraînent des taux de fécondité élevé contribuent également à la croissance démographique. Si l’on mettait fin à la pratique, ceci contribuerait à diminuer la croissance démographique et entraînerait une amélioration du niveau de vie, notamment pour les plus pauvres.

Le rapport confirme ainsi que l’un des moyens de lutte contre le mariage des filles et de les maintenir le plus longtemps possible à l’école. Ainsi chaque année d’études secondaires diminuerait de 5 points le pourcentage de risque de se marier avant 18 ans.

Le rapport décrit également l’impact du mariage des enfants et de l’éducation des filles sur une quarantaine d’autres indicateurs, comme les violences conjugales ou la capacité des femmes à prendre des décisions au sein des ménages.

Canal + Mali fait le bilan de l’année 2018

Ce mercredi 21 novembre,  Canal+ a organisé une conférence de presse à son siège à Hamdallaye ACI. Animée par son directeur général, celui est revenu sur les grands services que l’entreprise a offre à sa clientèle. Une dynamique qui devrait croitre en cette fin d’année.

« 2018 a été une année riche et pleine des surprises. Tous les mois, nous nous sommes assurés de pouvoir apporter des contenus nouveaux, vivants et dynamiques à nos différents clients », entame Moussa Dao, directeur général de Canal + Mali. De grands évènements ont retenu l’attention des clients et accru leur fidélité au groupe,  tels la coupe du monde et les deux fêtes musulmanes passées. Des offres comme booster Tabaski, reprise foot, booster ramadan mais surtout l’introduction des nouvelles chaines ont  été marquantes. « Les clients sont notre raison d’exister et il faut que nous soyons plus proches d’eux », dit –il, en énumérant les services mis à disposition. Il y a eu en effet plus de 800  points de réabonnement sur tout le territoire, des réabonnements via mobile payement 24/24 et sans frais, des réabonnements bancaires,  mais aussi plus de 200  installateurs agrées, formés et disponibles. Pour récompenser la fidélité des clients, Canal +  offre la semaine généreuse, permettant d’avoir plus des chaines Canal pendant une semaine ou plus à condition de se réabonner avant échéance de l’abonnement en cours. L’entreprise crée aussi des emplois à travers les points des ventes toujours dans le but de répondre à la demande.  « Nous voulons que les points Canal + puissent apporter des services aux clients, car il n’y a rien de plus frustrant qu’un client qui y entre et sort sans être satisfait », souligne le directeur général, principal conférencier.  Le groupe Canal + sponsorise aussi des grands évènements culturels au Mali, « créant des moments de joie ».  Malgré tout, des efforts restent à faire dans le cadre de plus de proximité avec des potentiels clients, des installations stables et du contenu à offrir.

Une fin d’année en apothéose

Les chaines canal + restent inchangées. Mais jusqu’au 24 décembre 2018, les clients peuvent acheter un nouveau décodeur HD à 5 000 FCFA au lieu de 10 000 avec installation offerte. Contenant 21 chaines, cette innovation donne de la qualité aux images mais aussi aux sons. Des séries exclusives sont aussi attendues  et certaines sagas comme Star Wars, ou encore la série phénomène ‘’les invisibles’’ sont disponibles. A  la fin de cette conférence de presse, des cadeaux ont été remis aux gagnants du Tombola organisé par Canal +. Ainsi,  Abdoulaye Sylla, père de famille, habitant à Fana a reçu des mains du directeur de Canal +  les clefs d’une voiture neuve. « J’avais acheté le bouquet canal pour faire plaisir juste à ma famille, je ne croyais pas au Tombola jusqu’à ce qu’on m’appelle pour me dire que j’ai gagné », dit, tout heureux, ce fidèle de Canal + depuis douze ans.

Karim Keïta : La peinture, un don du Ciel

Karim Keita, âgé de 58 ans, est un passionné de peinture. Dès l’âge de sept ans, pendant que les autres enfants s’amusaient, il faisait de petits dessins par terre, qu’il regardait et appréciait.

Après plusieurs tentatives infructueuses au baccalauréat, Karim Keïta s’est orienté vers la peinture, un métier dans lequel il pouvait persévérer. « La peinture, chez moi, c’est quelle chose de naturel. Il me suffit seulement de réfléchir pour faire des créations », déclare-t-il.

Passionné d’art, l’homme a fréquenté des professionnels passés par des écoles des Beaux-arts. En outre, au début, Karim Keïta a effectué des visites dans les ateliers de l’Institut National des Arts (INA) pour s’enquérir des manières de peindre qui y étaient enseignées. Il a beaucoup appris de certains professionnels, comme Outra, Ousmane Traoré, de Dravela, qui évoluait dans la décoration, la peinture, les panneaux publicitaires et les calendriers. C’est auprès de lui qu’il a appris la sérigraphie. Un autre grand de la peinture, du nom de Sam Sinaba, qui habitait à Djicoroni, l’a lui aussi aidé à vivre de ses dix doigts. « J’ai commencé à peindre en 1976 – 1977. Mon premier tableau a été celui du Pape Jean Paul II, réalisé en poils de mouton, lors de sa visite au Mali, en 1990 ».

Avant de venir s’installer au Quartier du fleuve en 1991, Karim Keïta travaillait aux pieds des murs des habitations. « Je ne fais que de la peinture. Tableaux, panneaux publicitaires, T-shirts, tout ce qui concerne le dessin sur les tissus, les supports papier ou plastique ou encore sur les murs, même sur les voitures », déclare-t-il. C’est pourquoi il invite les autorités maliennes à le laisser exercer son métier là où il est, car il y rencontre la majeure partie de ses clients, ceux qui passent par cette voie et qu’il ne travaille pas sur commande. En 2010, ayant réalisé un portrait d’ATT qu’il avait exposé au bord de la route, il a été reçu à Koulouba par le Président et son épouse.

En collaboration avec plusieurs structures de la place, comme Air liquide Mali, Jumbo et des propriétaires de stations service et d’écoles, Karim Keita a pu voyager à travers les régions du Mali, entre autres Sikasso, Koulikoro et Mopti, ainsi que le District de Bamako. Il a également formé plus d’une trentaine de jeunes, diplômés et non diplômés. Et c’est une activité qu’il aimerait continuer à mener. « Ce que moi j’ai dans la tête aujourd’hui, c’est un acquis, un espoir dont j’aimerais faire profiter d’autres personnes », conclut-il.

Dr Brema Ely Dicko : « Se rencontrer permet de dissiper les malentendus »

Le gouvernement du Mali prévoit en janvier 2019 la tenue d’une Conférence sociale. Elle permettra de créer les conditions d’un dialogue social inclusif sur les grandes préoccupations des travailleurs dans un contexte où les préavis de grève se succèdent. Le Dr Brema Ely Dicko,  chef du département sociologie-anthropologie de l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako, explique la portée de l’initiative.

Qu’entend-on par conférence sociale ?

C’est une rencontre entre les acteurs politiques, le gouvernement, qui est l’Exécutif,  et les partenaires que sont les syndicats des travailleurs. Chaque corps à son syndicat. Il y a ensuite des syndicats qui regroupent tous les autres, comme l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) ou la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), entre autres. C’est donc un rendez-vous entre le gouvernement et les différents représentants des acteurs professionnels, pour discuter des problèmes dans les différents secteurs mais aussi se mettre d’accord sur les priorités du moment.

Cette conférence est-elle pertinente aujourd’hui ?

Une conférence est toujours pertinente, par ce que c’est toujours un rendez-vous du donner et du recevoir. Se rencontrer permet de dissiper les malentendus et de mettre fin aux rumeurs. Cela permet aussi d’avoir des informations factuelles et de faire baisser les tensions, par ce que quand les gens ne se parlent pas ils ne peuvent pas se comprendre. Organiser cette rencontre, c’est donner la parole aux uns et autres, se retrouver pour présenter la situation du pays, voir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, dégager ensemble les priorités du moment et voir comment elles peuvent être prises en charge par l’Exécutif et les partenaires.

Qu’est ce qui sera débattu lors de ces journées ?

Beaucoup de choses. Les revendications sont connues. Les préavis de grèves expliquent toujours pourquoi les gens veulent débrayer. Par le passé, des accords ont été signés par le gouvernement, disant en 2018 on va faire ceci et en 2019 cela. La conférence permettra de faire le point des engagements pris, de voir ce qui est pris en compte au-delà du papier et de déterminer comment ce qui reste à faire peut être pris en charge dans un avenir proche. Les gens pourront définir ensemble un nouveau calendrier.

La conférence pourra-t-elle mettre fin aux revendications ? 

Cela dépendra de la santé financière du pays et du réalisme des revendications. Et aussi de la volonté réelle du gouvernement en place de répondre aux demandes sociales et de sa capacité financière à prendre en charge les doléances. À court terme, cela sera très difficile. Par contre, cela permettra de se parler pour se mettre d’accord sur un calendrier réaliste et dégager les voies et moyens pour prendre en charge les doléances les plus urgentes.

Partis politiques au Mali : Que de leaders sans relève !

Au Mali, de grands partis ont émergé depuis l’avènement du multipartisme intégral, en 1992. La plupart d’entre eux n’ont qu’un seul leader visible sur la scène, sans une figure pour le seconder et assurer la relève.  

« À part l’Adema, qui est en train de faire sa mue, aujourd’hui tous les partis politiques ne tiennent qu’à une seule personne, ou presque ». C’est le constat dressé par Woyo Konaté, Docteur en philosophie politique et enseignant à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako. Au Mali, chaque parti politique est sous le monopole de son leader. À part lui, rares sont les membres du parti qui sont mis en lumière. « C’est la nature même de la politique qui veut que les différentes formations qui s’expriment sur le terrain démocratique soient tirées par des personnalités très charismatiques. Au Mali, en Afrique et ailleurs, ces partis sont identifiés à des personnes plutôt qu’à des formations politiques pures et dures », tente de plaider Cheick Oumar Diallo, Secrétaire politique de l’ADP Maliba. « Aux États-Unis, quand on parle du parti républicain on pense à Trump et pour le parti démocrate à Hillary Clinton. Les visages ont pris le dessus sur les partis, de telle sorte que quand on parle de l’ADP, c’est Aliou Diallo, de l’URD, c’est Soumaila Cissé et du RPM, c’est IBK. C’est une tournure des choses qui pose le problème de la pluralité des personnalités au sein des différentes formations », poursuit-il. Le multipartisme a été pourtant une exigence fondamentale en 1991, mais il a abouti aujourd’hui à « un désordre ».  « Tous les statuts et règlements des partis politiques sont les mêmes. Leur objectif, c’est d’obtenir le financement de l’État », dénonce Cheick Diallo, Secrétaire administratif chargé des structures au parti ASMA. Il en appelle à un « centralisme démocratique » et non à « des partis unipersonnels ».

Quelle incidence ?

Les partis deviennent orphelins quand l’étoile de leur chef s’éteint, faute de dauphin. « Quand ATT a laissé le pouvoir, le PDES est allé en déconfiture. C’est la même chose avec les soubresauts que connait l’Adema depuis le départ d’Alpha Oumar Konaré », affirme Cheick Oumar Diallo, ajoutant  que « cela pose la question de l’organisation et du fonctionnement des partis politiques ». Pour le Dr Woyo Konaté « les valeurs et l’idéologie sont reléguées  au profit de celui qui finance ». Des réalités qui biaisent l’animation de la chose politique. Pour  un renouveau  politique, « il faut laisser s’exprimer des visages différents de ceux qu’on connait depuis des dizaines d’années », souhaite le Secrétaire politique de l’ADP Maliba, qui estime que son parti est un exemple.

Le Mali bat le Gabon et se qualifie pour la CAN

Le Mali sera bien du rendez-vous de la CAN 2019 au Cameroun. L’équipe s’est imposée (1-0) sur la pelouse du Gabon lors de la cinquième et avant-dernière journée des éliminatoires.

Il ne fallait pas se rater. Un point séparait les deux équipes au coup d’envoi du match. Le Mali avait même plus tôt perdu sa place en tête du groupe à la faveur du Burundi, qui a étrillé le Soudan du Sud (5-2). Les Aigles ont assuré l’essentiel. Dans un début très à son avantage, le Mali a concrétisé sa domination par un but à la 11ème minute de Moussa Doumbia. Le milieu a profité d’un ballon lui revenant dessus après une déviation du défenseur gabonais sur son poteau pour marqué de près. Un premier quart d’heure durant lequel les Panthères du Gabon étaient asphyxiés dans leurs camps, gênés par le pressing haut des Maliens. Après avoir subi les premières minutes, le Gabon à commencer à se plus se montrer en attaque. Même si leurs offensives, passant pour la plupart par Bongoua n’étaient pas assez coordonnées pour mettre en danger le Mali. Au final, pas de grosse occasion, hormis le coup-franc malicieux de Bongoua vers la toute fin de la première mi-temps que le gardien malien Djigui Diarra a eu du mal à capter.

En début de deuxième mi-temps, le Gabon a essayé d’attaquer fort. Centrant plus devant les buts, et obtenant de nombreux coup-francs. Mais la charnière malienne a bien tenu, à l’image notamment d’Hamari Traoré, auteur d’une très grosse seconde période. Donnant tout pour revenir au score, le Gabon s’est fait plusieurs fois piégé en contre, mais l’inefficacité et les mauvaises décisions ont empêché les Aigles de tuer le match. L’occasion de Souleymane Diarra en toute fin de match aurait définitivement du sceller le sort de la rencontre. Partis en contre, Diarra et Moussa Marega se sont retrouvés seul face au portier gabonais, mais au lieu de faire la passe à son coéquipier qui aurait tranquillement conclu, Diarra a préféré frapper au but. Sa tentative a été repoussé par Didier Ovono, sans conséquence toutefois puisque l’arbitre sifflera la fin du match.

Salaire des médecins : « En deçà de l’effort demandé »

Avec un salaire net d’environ 227 000 francs CFA, le médecin généraliste malien peut espérer en gagner 20 000 ou 25 000 francs de plus lorsqu’il se spécialise (en fonction du nombre d’années passées pour la spécialisation). Jugé « dérisoire », compte tenu du coût de la vie, les médecins espèrent voir revaloriser leur traitement, tout comme leurs conditions de travail, pour une meilleure qualité de soins.

« Si nous voulons avoir un système de santé performant », correspondant aux aspirations des citoyens, « il faut ce statut », déclare le Docteur Chaka Kéïta, médecin-pédiatre et Secrétaire général du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA).

Ce « statut de l’agent de santé » fait partie des revendications faisant l’objet de discussions entre le gouvernement et les syndicats de médecins. Des discussions pour le moment au point mort, selon le Docteur Kéita. « Nous avons signé un protocole d’accord avec l’État le 25 juillet 2018 et on était censé mettre en place 4 commissions. Mais aucune ne s’est réunie. Rien n’a été fait pour que les choses avancent », déplore le Docteur Kéïta.

Pour le moment, les médecins qui relèvent du Statut général des fonctionnaires peuvent avancer tous les 2 ans, lorsqu’ils « sont bien notés », et avoir une augmentation de 10 000 francs CFA. C’est pourquoi, après 10 ans de carrière, « certains n’ont pas plus de 350 000 francs », relève pour sa part le Docteur Chaka Traoré, médecin généraliste au Centre de santé de référence (CSRéf) de Dioïla, en deuxième région. Après 5 années au sein d’un centre de santé et avec un salaire net (indemnités et primes comprises) de 215 000 francs, « sans avancement », il intègre la fonction publique en 2016. Depuis, il touche environ 230 000 francs. Un salaire « insuffisant », compte tenu des « contraintes de la vie ici », selon le Docteur Traoré.

Le paradoxe étant, selon nos interlocuteurs, que si au plan macro économique les chiffres font rêver, au niveau salaire, le Mali est « dernier ou avant-dernier » de la CEDEAO.

L’Église du Mali fête ses 130 ans

Le 130ème anniversaire de l’Église au Mali sera couplé avec le 47ème pèlerinage à kita, prévu du 17 au 18 novembre 2018. L’évènement enregistrera la présence du Cardinal Pietro Paroline, secrétaire d’État du Vatican. Le 47ème pèlerinage a pour thème « Avec Marie, quels jeunes chrétiens pour l’Église et le Mali d’aujourd’hui ? ».

L’avènement de l’évangélisation au Mali n’a pas été une chose facile et plusieurs tentatives ont été vaines. Avec l’idée d’apporter la « Bonne nouvelle » à toute l’humanité, le Cardinal Lavigerie a fondé la Société des missionnaires d’Afrique à Alger, en 1868. Sept ans après, il décide d’envoyer une caravane de trois missionnaires traverser le Sahara, tentative qui échouera. En 1881, une autre caravane de trois missionnaires connaitra le même sort. « Le cardinal a compris que la route du désert était dangereuse. C’est en 1888 que les missionnaires spiritains ont remonté le fleuve Sénégal. Ils sont entrés au Soudan par Kakoulou, dans la région de Kayes, puis sont installés à Kita », nous apprend le Père Ha-Jo Lohre, missionnaire d’Afrique.

L’accueil de ces pères spiritains n’a pas été facile, car la population se méfiait d’eux. Les autochtones, pour ne pas refuser d’accueillir les missionnaires, leur proposaient des endroits « hantés ». « Au tout début, il y a eu de la méfiance et beaucoup de prêtres sont morts très tôt, à cause de la fièvre jaune », affirme le Père Ha-Jo Lohre.

Ils sauront ensuite gagner la confiance des Maliens, à travers visites, causeries, accueil des orphelins et soins aux malades, entre autres. « C’est au vu de ces gestes que certaines jeunes ont décidé d’être comme ces prêtres et sœurs, au service de la population ».

Aujourd’hui, l’Église catholique du Mali compte 6 diocèses, 48 paroisses, 370 consacrés ou religieux, dont 171 prêtres maliens et  plus de 124 établissements. La création de l’évêque Jean Zerbo comme cardinal, le 21 mai 2017, sera un moment fort de l’histoire de la communauté chrétienne malienne.

La célébration de ce 130ème anniversaire sera marquée par les visites du secrétaire d’État du Vatican, le Cardinal Pietro Parolin,  du chargé d’affaires de la nonciature du Mali en Guinée, le Père Javier Camanes Fores et d’une délégation du diocèse de Montpellier.

« Ces évènements doivent être une action de grâce à Dieu pour toutes ces merveilles dans notre vie et une union de prières pour que l’Évangile au Mali, qui progresse, s’enracine davantage dans les cœurs des Maliens », espère l’Abbé Alexandre Denou, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Mali.

Salaire des magistrats : S’aligner sur les voisins ?

Plus de 100 jours de grève, de bras de fer, de menaces, avant la suspension du mot d’ordre et la reprise du travail par les magistrats le 5 novembre. Une grève qui a mis en émoi la population malienne, mais qui « était nécessaire », selon les grévistes. Comme ils bénéficient d’un statut autonome, le salaire des magistrats n’est pas défini par le statut général des fonctionnaires. Un débutant perçoit une rémunération nette de 140 000 francs CFA, sans les primes, et ce durant les quatre premières années. Le magistrat débutant n’a pas droit à la prime de judicature (pour les personnes qui rendent la justice), qui s’élève à 300 000 francs CFA par mois, selon Hady Macky Sall, Président du syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) et juge au tribunal de commerce. Bien loin des voisins de la sous-région. Selon des données compilées par le site Africa Check, le salaire d’un magistrat débutant au Niger a été relevé le 2 décembre 2013 de 500 000 à 800 000 francs. L’ex président de l’Union des magistrats du Sénégal avait lui révélé toucher un salaire net de 834 000 francs CFA. Après quatre ans, le salaire des magistrats maliens, toutes primes comprises, oscille entre 500 et 600 000 francs CFA. Un magistrat classé au 3ème échelon du 1er groupe, le plus haut parmi ceux de 2ème grade, perçoit sans primes 276 000 francs CFA, avec elles, ses émoluments peuvent atteindre 600 000 francs CFA. Être procureur ou président d’un tribunal n’octroie pas de pécule supplémentaire selon notre interlocuteur. Après 15 ans, il assure toucher 621 000 francs, primes comprises (logement, enfants). Et il a été recruté avec un DEA, insiste-t-il. « Il n’y a pas de grandes différences entre les magistrats, nous avons des docteurs, mais ils ont le même niveau de salaire que les autres ». La loi N°2-054/P-RM du 16 décembre 2002 portant statut de la magistrature fixe l’indice des magistrats de grade exceptionnel à 1100 ce qui leur fait un salaire mensuel net de 440 000 francs CFA. Le président de la Cour suprême lui-même ne dépasserait pas 800 000 francs. Son homologue sénégalais émarge à 15 millions de francs CFA et s’en plaint ! affirme Sall.

Transformer l’Afrique de l’Ouest à travers « l’or blanc »

Au fil des années, les économies d’Afrique de l’ouest sont devenues une force incontournable sur tout le continent. Une grande partie de la tendance ascendante de ces économies a été alimentée par des facteurs clés tels que la liberté de circulation dans la région et le commerce transfrontalier. L’impact a été considérable ; des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, par exemple, devraient connaître une croissance de 7% et d’autres comme le Ghana, de 9%.

Dans certains pays, l’industrie cotonnière est déjà en plein essor et il est significatif de noter que sur les 12 principaux pays africains producteurs de coton, 8 sont situés en Afrique de l’Ouest. En novembre 2017, les 4 principaux pays producteurs de coton de la région, co-auteurs de l’initiative sectorielle en faveur du coton également appelés « C4 » (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad), ont demandé à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) d’accroître son aide pour améliorer la production de coton. Le C4 a spécifiquement demandé un soutien pour augmenter sa capacité de transformation locale et développer les chaînes de valeur (du coton au textile) dans la région.

 

Cela a suscité un regain d’intérêt de la part d’acteurs internationaux tels que la Société internationale islamique pour le financement du commerce (ITFC), notamment pour développer des interventions clés visant à améliorer la productivité du coton et à valoriser la production cotonnière par le renforcement des capacités, le transfert des connaissances et le commerce des collaborations.

Depuis une décennie, ITFC intervient activement pour soutenir la transformation et la fabrication du coton sur ces marchés en finançant la fourniture des intrants agricoles nécessaires et en achetant le coton graine (ou « coton brut ») directement auprès des agriculteurs et des coopératives pour le transformer en fibre avant l’exportation. Ce faisant, les producteurs de coton sont en mesure de réduire plus rapidement leurs bénéfices. À ce jour, l’ITFC a approuvé 21 opérations de financement d’une valeur de 1,4 milliard de dollars US dans le secteur du coton en Afrique de l’Ouest. Il a également mis en place des programmes visant à développer des liens commerciaux directs entre les pays exportateurs de coton, en particulier entre les pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest et les pays importateurs de coton du Sud-Est.

Reconnaissant que la chaîne de valeur du coton offre d’énormes possibilités pour l’émergence d’un secteur des PME jeune et innovant, l’ITFC a récemment lancé le Programme de développement des PME en Afrique de l’Ouest, destiné à assurer un meilleur accès au financement. Le programme, qui ciblera les pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) – à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo – sera complété par le renforcement des capacités et la formation de PME et banques partenaires pour améliorer la bancabilité de leurs projets. Les implications pour les PME du secteur du coton et de sa chaîne de valeur en particulier devraient être énormes, en raison notamment de la sophistication croissante de l’écosystème cotonnier en Afrique de l’Ouest.

Les investissements dans des secteurs tels que le commerce du coton sont essentiels au développement économique des économies ouest-africaines. Il s’agit d’une industrie gigantesque dont les exportations sont en croissance et qui, en tant que telle, offre d’énormes possibilités dans la chaîne de valeur du coton pour la croissance des PME, la création d’emplois, la source de devises et une économie durable axée sur les exportations dans la région.

Aujourd’hui, la plupart des pays du C4 – le Bénin, le Burkina Faso et le Mali – ont réalisé de réels progrès et représentent l’avenir de la production de coton sur le continent. Bien que le secteur continue à faire face à des défis au niveau des réformes institutionnelles et politiques, on ne peut nier que de grands progrès ont été réalisés grâce à des interventions stratégiques d’entités telles que ITFC.

 

Salaire des policiers: Coup de sifflet !

Ils n’ont certes pas grevé, mais leur mal-être est bien réel. 105 000 francs CFA, c’est la somme marquée sur les enveloppes distribuées à la fin du mois aux nouvelles recrues de la police nationale. Mais, selon l’une d’entre elles, ces agents perçoivent en réalité entre 80 000 et 90 000 francs, un prélèvement étant fait pour leur nourriture. « Certes, être un porteur d’uniforme, c’est être au service de son pays. Mais, pour ce faire, il faut reconnaître la valeur de cet homme ou cette femme. Ils doivent être mis dans certaines conditions minimales afin de servir avec loyauté et dévouement », estime Souleymane Sacko, sergent de police. Selon lui, le salaire net d’un sergent de la police malienne ne dépasserait pas les 120 000 ou 125 000 francs CFA par mois. « La solde de base de la police est très mauvais, ce sont les primes qui gonflent nos salaires », affirme le sergent.

Il faut huit ans maximum afin de passer du grade de sergent à celui de sergent-chef. Tous les deux ans, il est procédé à un avancement d’échelon, qui permet à l’agent, si il est bien noté d’accéder, au sein du même grade, à un échelon indiciaire supérieur à l’échelon atteint. Il se traduit par une augmentation de traitement de 10 000 francs CFA sur le salaire. En 2004, une nouvelle loi portant statut des fonctionnaires de la police nationale a été adoptée. Elle modifiait la grille indiciaire de la police, faisant notamment passer un sergent de l’échelon 1 de 195 à 210 en indice. En clair, d’un salaire de 78 000 francs sans les primes à 84 000 francs CFA.

Un commissaire de l’échelon 4 toucherait quant à lui 197 200 francs CFA sans les primes, ce que nous n’avons pas réussi à recouper.

En se projetant dans l’avenir, le sergent Sacko appréhende déjà sa retraite, si son salaire ne devait plus dépasser les 125 000 francs CFA mensuels, car, une fois retraité, il ne bénéficierait plus des primes.

Salaire des enseignants : Des progrès à faire

Au Mali, les grèves incessantes des enseignants interrogent sur leurs conditions de vie. Révéler son salaire, c’est comme transgresser un tabou. « Les enseignants n’ont pas le même salaire, ni la même situation administrative, ni le même nombre d’enfants, ce n’est pas facile de savoir ce que chacun gagne», explique un syndicaliste, membre du Syndicat national de l’Éducation et  de la culture (SNEC). Nonobstant, à travers la grille et la valeur indiciaire, le salaire net est calculable. La loi  007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental mais aussi de l’éducation préscolaire et spéciale, spécifie les traitements. Ainsi, les salaires peuvent être déterminés en fonction de la grille salariale du fonctionnaire multipliée par la valeur indiciaire, 400.

Chaque catégorie, soit A, B2 ou C, a son niveau de grade en classe et échelon. Par exemple, un enseignant du préscolaire de la catégorie C, de niveau  3ème classe,  6ème échelon, marié et père de deux enfants, à l’indice 310, gagnerait par mois 124 000 francs CFA nets, plus 36 500 francs CFA toutes primes confondues (prime de zone, allocations, etc.) plus 2 500 francs pour chaque enfant. Son revenu mensuel serait donc environ de 163 000 francs CFA.  De même, un maitre principal de l’enseignement fondamental de catégorie B2, 2ème classe, 1er échelon, indice 425, marié et père de trois enfants, obtiendrait  211 000 francs CFA nets plus 57 500 francs CFA de primes. Soit 268 500 francs au total. Au regard des besoins de la famille, la somme concourt à joindre les deux bouts, mais sans moyen de faire une épargne durable. Au niveau de l’enseignement secondaire, un professeur principal de catégorie A, 3ème classe, 3ème échelon, avec indice 410, toucherait 164 000 francs CFA.  Le total s’élèverait avec les primes s’élèverait à 242 000 francs CFA.

2ème conférence mondiale sur l’énergie communautaire : Trois jours d’échanges sur les énergies renouvelables à Bamako

Bamako a abrité du 8 au 10 novembre 2018 la 2ème conférence mondiale sur l’énergie communautaire. L’évènement s’est déroulé à l’hôtel de l’amitié et a réuni plus de 400 personnes venant de plus de 45 pays du monde dont une centaine d’experts internationaux, des acteurs gouvernementaux, du secteur privé, de la recherche ainsi que de la société civile. Cette 2eme conférence mondiale sur l’énergie communautaire, marquée par la création de la Plateforme africaine de l’énergie communautaire et de l’électrification rurale a abouti sur la déclaration de Bamako sur l’énergie communautaire.

La conférence a été co-organisée par l’Association mondiale pour l’énergie éolienne (WWEA) et Mali-Folkecenter Nyetaa (MFC) ainsi que l’Institut des politiques énergétiques durables du Japon (ISEP), en partenariat avec le ministère de l’Energie et de l’eau du Mali. Elle intervient deux après la toute première conférence mondiale sur l’énergie communautaire qui s’est tenue en 2016 à Fukushima, au Japon. L’objectif principal a été d’une part de continuer sur la base de la première conférence de Fukushima, avec la promotion des énergies renouvelables pour les communautés sur le plan national et international comme solution nécessaire à la création participative de plus d’énergies renouvelables pour faire face aux effets néfastes des changements climatiques ainsi que de l’énergie nucléaire. D’autre part, il s’agit de relever le niveau des énergies renouvelables pour les communautés surtout africaines et de ses multiples bénéfices pour le continent et au-delà à travers la participation des acteurs locaux et du grand public.

Ouverture fournie

La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence d’éminentes personnalités entre autres le ministre de l’énergie et de l’eau, Sambou Wagué, le président de Mali-Folkecenter, Dr Ibrahim Togola, le secrétaire général de l’Association mondiale pour l’énergie éolienne, Stefan Gsänger, le Directeur de l’ISEP, Dr Tetsunari Lida. Dans leurs différentes allocutions ils n’ont pas manqué de soulever l’importance stratégique de nos jours des énergies renouvelables dans un monde qui fait face aux défis du changement climatique. « C’est très intéressant de constater aujourd’hui que le sujet sur les énergies renouvelables atteint de plus en plus de personnes. Nous avons besoin de mobiliser toutes les communautés du monde. Le futur doit être basée sur les énergies renouvelables et il faut réfléchir au niveau mondial mais agir au niveau local », a souligné Stefan Gsänger.

Selon Dr Ibrahim Togola, l’électricité est pour les économies locales ce que le sang est pour le corps. « No power no hope », a-t-il indiqué avant de saluer un jour mémorable où « nous allons discuter de l’avenir de notre planète et précisément l’énergie communautaire, un élément précieux, incontournable dans l’atteinte du développement durable ».

Le ministre de l’Energie et de l’eau  a pour sa part saisi l’occasion pour inviter les acteurs nationaux, régionaux et internationaux à œuvrer pour la promotion des  sources d’énergie renouvelables. Pour clore la cérémonie d’ouverture, une visite des stands avec la mise en exergue des produits locaux en matière d’énergie renouvelables a été observée.

Intenses travaux par sessions

De nombreux échanges ont été effectifs durant cette conférence. Plusieurs sessions sur différentes thématiques sur l’énergie communautaire ont été largement abordées. Le rôle des journalistes dans la promotion de l’énergie communautaire et celui des gouvernements locaux et des législateurs, le renforcement des capacités, la coopération transfrontalière, les praticiens hors réseaux et mini-réseaux, les plans nationaux de soutien à l’énergie communautaire, le lien entre énergie et agriculture ou encore les modèles d’affaires innovants et participatifs. Tels étaient entre autres les thèmes discutés par les participants en mini sessions.

Une grande session plénière a réuni vendredi toute l’assemblée participative de la conférence. Le principal sujet abordé a été  « l’énergie communautaire dans le cadre de la résilience au changement climatique et au développement durable », avec les interventions de Bärbel Höhn du ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement  durable, du Dr Harry Lehmann, directeur de l’Agence environnemental allemande, de Léa Ranalder du projet REN21, ainsi que du Dr Tetsunari Lida de l’ISEP. «  Nous sommes intéressés par les solutions décentralisées. Il faut que les solutions soient spécifiques aux pays. C’est pourquoi nous parlons aux acteurs au niveau de chaque pays pour trouver la meilleure solution spécifique pour chaque pays », a précisé Bärbel Höhn. Selon elle, l’Afrique peut être le premier continent à assurer son énergie  à 100% à travers les énergies renouvelables. Mais, pour y arriver, dit-elle, il faut plus de partenariats et d’investissements.

Création d’une plateforme africaine

Profitant de l’opportunité qu’a offerte cette conférence d’envergure mondiale et en vue de mutualiser les efforts sur le continent pour une plus grande émergence des énergies renouvelables en Afrique, les participants africains avec l’accompagnement des organisations internationales, ont mis sur pied vendredi 9 novembre la plateforme africaine de l’énergie communautaire et de l’électrification rurale. Elle boostera et assurera  la progression du continent vers une utilisation accrue des énergies renouvelables  au profit des communautés.

Déclaration de Bamako                                                                                               

A l’issu des travaux de la conférence, une déclaration commune a été adoptée. Afin d’accélérer les taux d’accès et de minimiser les risques environnementaux tels que les émissions des gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique, elle appelle les décideurs du monde entier à « reconnaitre le droit fondamental de produire de manière durable et d’utiliser les énergies renouvelables pour l’auto-approvisionnement des personnes aussi bien que des communautés ». La déclaration encourage également tous les gouvernements et toutes les organisations internationales à mettre en place des cadres supplémentaires permettant aux communautés et aux citoyens de devenir propriétaires de projets d’énergie renouvelable. Elle réaffirme en outre que la disponibilité de l’énergie est la condition préalable à la vie humaine et à la prospérité et qu’il doit être absolument prioritaire de servir les centaines de millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès aux services énergétiques modernes.

La conférence s’est clôturée par une visite de terrain samedi 10 novembre 2018  dans la localité de Bankoumana, sur le site de la centrale hybride mise en place dans le cadre du projet de l’AMADER.

La prochaine conférence mondiale sur l’énergie communautaire se tiendra en 2020. Le pays hôte de cette 3ème conférence sera annoncé au printemps 2019.

Élections : Vers une entité unique de gestion?

Pour l’organisation des élections au Mali, trois structures sont impliquées. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), la Délégation générale aux élections (DGE) et le Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation. De plus en plus de voix s’élèvent pour la création d’une entité unique de gestion des futures échéances électorales.

Prenant en compte les insuffisances constatées de par le passé et pour garantir des élections plus crédibles, dont les résultats ne souffriront pas de contestations majeures, la réflexion mûrit tant dans la classe politique qu’au niveau de la société civile.

L’Union européenne a, dans le rapport final de la Mission d’observation électorale de la dernière élection présidentielle, proposé de « créer une division électorale permanente au sein du Ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, en vue de l’organisation efficace des élections ». Pour la Mission, elle devrait se coordonner et travailler en synergie avec la DGE et la CENI.

L’administration sortie ?

Pour certains partis politiques, il faut aller au-delà de la proposition européenne. « Il faut que cela soit une structure, en dehors du ministère de l’Administration territoriale, qui implique l’État, les partis politiques et la société civile », prône Moussa Mara, Président de Yéléma. Selon lui, une entité unique, non administrative créera plus de confiance au sein des parties prenantes, le ministère étant toujours soupçonné de rouler pour le pouvoir. « Nous avons un modèle parfait, celui du Ghana, où vous avez une seule entité, avec ses propres démembrements, qui est placée sous l’égide de la société civile », ajoute-t-il. L’ancien Premier ministre pense qu’il faut faire en sorte que la DGE et la CENI soient fusionnées en une structure qui aura une compétence sur l’ensemble du processus démocratique. « C’était déjà dans les réformes que le Président ATT avait engagé avec la Commission Daba Diawara en 2011 », précise t-il.

Même approche chez les Fare An ka wuli, où l’éventuelle création d’une telle entité est bien accueillie. « Il faut que sa création s’inscrive dans un contexte global favorable à des élections transparentes, justes et crédibles. Cela nécessite des réformes profondes de la plupart de nos institutions, voire de l’État lui-même, tel que nous l’avons hérité de la colonisation », déclare Bréhima Sidibé, un cadre de ce parti.

Pour l’heure, au niveau du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, on assure que le gouvernement se penchera bientôt sur la question en adoptant des réformes s’il y a lieu.

Introduction en Bourse : Une dimension au-delà pour les entreprises

Étape importante dans la vie d’une entreprise, l’introduction en Bourse symbolise la «  bonne santé » de celle-ci. Si elle exige le respect formel de certains critères, l’introduction en Bourse d’une entreprise procure également de réels avantages.

La Bourse est un marché où s’échangent les parts du capital d’une entreprise, qui est alors directement en contact avec ses investisseurs, qui peuvent être des salariés de l’entreprise, des particuliers, des compagnies d’assurance, des sociétés d’investissement, mais aussi des banques. Mais, pour en arriver là, une entreprise doit satisfaire à certaines conditions bien définies. « L’introduction en Bourse d’une entreprise signifie que l’entreprise a répondu à un certain nombre de critères, qui sont définis par le marché boursier. Le respect de ces critères permet à l’entreprise d’être cotée », explique Amadou Djéri Bocoum, Représentant antenne Mali de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). « La cotation veut dire que l’entreprise va être listée sur un tableau sur lequel on retrouvera des entreprises qui ont déjà répondu à des critères de performance, de croissance, de bonne gestion, etc. », ajoute t-il.

Avantages avérés

Une entreprise cotée en Bourse accroît ses sources de financement, avec la possibilité d’augmentation de son capital. Comme l’indique M. Bocoum,  l’introduction en bourse d’une entreprise représente une nouvelle dimension dans la vie de cette dernière. Selon lui, cela lui permet d’avoir une visibilité accrue en termes de distribution de dividendes, ce qui favorise l’intérêt du grand public qui, sans forcément connaitre la localisation géographique de l’entreprise, sait comment elle est gérée. Elle suscite par conséquent des candidats potentiels à l’acquisition des titres de l’entreprise. D’un autre coté, grâce à la visibilité acquise par la diffusion d’informations financières,  une entreprise cotée en Bourse peut bénéficier, dans le cadre d’une mobilisation de ressources auprès des institutions financières, de taux d’intérêt beaucoup plus bas qu’une entreprise qui n’est pas cotée.

Étapes d’introduction

Au niveau de la BRVM, lorsqu’une entreprise veut être cotée, elle doit obligatoirement avoir recours à une Société de gestion et d’intermédiation (SGI), qui pilote toutes les étapes avant l’entrée en Bourse. Le processus finit au Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers, qui donne son accord de principe. Ce dernier est matérialisé par un « visa » qui permet à l’entreprise concernée d’être cotée en Bourse. La cotation est alors suivie d’une cérémonie d’introduction officielle dans les différents pays. Mais attention, il faut au préalable que l’entreprise soit une société anonyme.

Tonton Mobjack : Le retour du rappeur « Crazy »

Jacob Yacouba Salia Diarra, dit Tonton Mobjack, est un jeune rappeur malien qui a su imposer son propre style dans le milieu hip-hop. De simple passe-temps au début, la musique est devenue toute sa vie de nos jours. Il donne rendez-vous à tous ses fans ce samedi 10 novembre pour un concert inédit au Palais de la Culture de Bamako.

Inspiré par 50 Cents, Tonton Mobjack commence le rap en 2007, tout en essayant de créer son propre style. Pour ce représentant un peu particulier de la musique malienne, les artistes doivent adapter leur style aux réalités de leur propre pays et non à celles des autres. « Moi, je suis connu par ma créativité. Quand je suis entré dans la musique malienne, plus précisément dans le Hip-hop, j’ai eu à faire des combat avec mes amis artistes, en leur disant que c’était vraiment important de créer son propre style et de donner sa propre identité à sa musique », explique-t-il.

De 2007 à nos jours, Tonton Mobjack a enregistré plus de 300 morceaux et plusieurs clips, dont Dakan sa, Nègue pousse, Star darala, Borou ni chè, Drunk at the library ou encore Fadebila et Dictionary 1. Il a fait le tour de toutes les régions du Mali, ainsi que des séjours quelques pays proches et de la sous-région, le Maroc, la Côte d’Ivoire, la Tunisie et le Sénégal. Tonton Mobjack est également fondateur d’une association humanitaire et d’un label, nés en 2014. Il est en train de nouer des collaborations avec les Tour de Garde de Côte d’Ivoire.

Pour lui, le rap malien a évolué, tout comme la musique malienne en général. « De mes débuts à aujourd’hui, la musique malienne a rehaussé son niveau. Avant nous étions très critiques, mais aujourd’hui, si tu vois que les politiciens et autres personnalités s’intéressent au rap malien, c’est parce que nous avons su nous battre et imposer notre genre ».

Pour marquer sa présence sur la scène malienne, Tonton Mobjack donne rendez-vous à tous ses fans ce samedi 10 novembre 2018 au Palais de la Culture de Bamako. Au cours de cet évènement, plusieurs invités feront vibrer la salle, comme Master Soumi, Mylmo, Sidiki, KJ, Talbi et Iba One. Les rappeurs de la jeune génération seront également présents, dont Dr Keb, Young P et Wei Soldat. « Le 10 novembre, les fans vont savourer les anciennes chansons de Tonton Mobjack, ainsi que la mixtape Dictionary 1 et l’entrée de la mixtape Dictionary 2 », assure-t-il.

Que vaut le passeport malien ?

Pour découvrir et voyager à travers le monde, que vaut le passeport malien ? Et où peut-on aller avec sans avoir besoin d’un visa ?

La nouvelle en a surpris plus d’un. Pour se rendre au Maroc, les Maliens auront désormais besoin d’une autorisation électronique à demander 96 heures avant leur voyage vers le royaume chérifien. La notification officielle a été adressée la semaine dernière au ministère des Affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine par l’ambassade du Maroc au Mali. « Les autorités marocaines se sont gardées d’utiliser la terminologie visa, mais ça en possède tous les caractéristiques. Nous essayons de normaliser la situation, mais, dans le cas contraire, le principe de la réciprocité sera appliqué », explique un agent des Affaires étrangères, sous couvert d’anonymat. Dans les faits, aucun accord écrit n’exemptait les Maliens de visas d’entrée au Maroc, mais les bonnes relations entre les deux pays avaient valeur d’accord tacite qui permettait à leurs ressortissants de se déplacer sans en avoir besoin. Le même type d’entente lie le Mali à l’Algérie et les Maliens sont exemptés de visa d’entrée en Tunisie en vertu d’un accord consulaire signé à Bamako le 29 novembre 1965. Ils peuvent également voyager librement dans les États membres de la CEDEAO conformément au Protocole de libre circulation des personnes du 29 mai 1979.

Pour les férus de casinos et de jeux, à défaut de Las Vegas, ils pourront trouver leur bonheur dans la région administrative de Macao. Situé en Chine, elle bénéficie d’un régime spécial, qui lui octroie une grande autonomie. « Un pays, deux systèmes » selon la formule de l’ancien Président chinois Deng Xiaoping pour qualifier la situation de Hong-Kong.  En vertu d’échanges de lettres d’exemption mutuelle de visa, les Maliens peuvent également se rendre dans la région spéciale administrative de Hong-Kong en toute liberté. Le Mali a en outre signé des accords avec les Émirats Arabes Unis, la Mauritanie, l’Indonésie et le Tchad.

Interdictions

Un certain de nombre de pays sont listés parmi ceux auxquels le Mali n’accorde pas de visa. En se référant au principe de réciprocité, très cher aux diplomates selon notre interlocuteur, ces derniers rendent donc la pareille au Mali. L’Afghanistan, l’Argentine ou encore Israël en font partie. « C’est le ministère de la Sécurité et de la protection civile qui décide de cela. Pour des raisons de sécurité, notamment depuis la crise de 2012, ils nous font part de leurs observations et nous les instruisons ensuite auprès de nos différentes missions consulaires ».

Mahmoud Ould Mohamed : « Ce DDR accéléré est un premier processus de mise en confiance»

La cérémonie du lancement officiel du programme DRR des ex-combattants des groupes armés présents dans le MOC de Kidal, Gao et Tombouctou a eu lieu le 6 novembre à Gao.  L’enregistrement des 1 600 premiers d’entre eux s’est tenu le lendemain. Mais les intéressés demandent des garanties sur certains points avant de s’engager dans un processus qui pourrait leur être fatal. Le porte-parole de la CMA, Mahmoud Ould Mohamed, présent lors du lancement, explique ses réserves.

Qu’est-ce qui explique les réticences des combattants à s’engager dans le processus ?

Ce sont des incompréhensions et un manque de communication. Depuis qu’on a déclenché le système de DDR accéléré, la  commission technique de sécurité (CTS) qui gère le MOC  n’avait pas fait de feedback aux intéressés par rapport aux questions qu’ils soulevaient, notamment sur les grades et les statuts de ceux qui sont morts ou blessés au cours des différents attentats. Ils attendent plus de réponses et d’éclaircissements que des questions de revendications. La commission DDR a péché sur ce plan pour n’avoir pas procédé à ces genres de flux d’information et de communications avec les intéressés. Au niveau de la CMA nous portons ces revendications à un niveau plus élevé, ce ne doit pas constituer un blocage pour nous.

Avez-vous la même compréhension du DDR que les autres parties ?

Nous avons la même vision que le gouvernement et la Plateforme. Le problème c’est beaucoup plus la commission DDR elle-même qui est un peu confuse, parce que son plan de travail n’est pas très clair. Elle pense que ce sont seulement des étapes pendant qu’il y a un travail de communication et d’appropriation qu’il faudrait faire avec les acteurs sur le terrain. C’est ce qui a péché.

En quoi le processus pourrait contribuer à la sécurité dans ces régions ?

C’est pour cela qu’on l’a appelé DDR accéléré, pour essayer de mettre en marche l’armée reconstituée qui commence avec le noyau du MOC. Ils vont faire les mêmes missions dévolues au MOC auparavant, que sont la sécurisation des institutions et les patrouilles mixtes. Ils vont rentrer dans le processus et être redéployé immédiatement. C’est le noyau de l’armée reconstituée.

Est-ce que l’objectif à terme d’un désarmement des groupes armés est atteignable ?

Une fois que le processus se met en place sur le plan politique et sécuritaire il n’y a aucun problème. Le désarmement n’a jamais été un blocage. Mais il a toujours été sur les avancées politiques. Ce DDR accéléré est un premier processus de mise en confiance entre les acteurs. S’il marche, désarmer devient une question banale.

Redécoupage administratif : L’inclusivité, le nœud du problème ?

L’avant-projet de découpage administratif qui a fuité sur les réseaux sociaux fait beaucoup jaser. Des associations se sont créées contre et certaines, déjà existantes, ont également fait part de leur opposition au projet.

Les nombreux messages hostiles sur les différents supports de communication témoignent du mal-être de la population vis-à-vis de cet avant-projet, jugé par certains comme étant la concrétisation de la partition du pays. L’année dernière déjà, une grande partie de cette population avait manifesté, tout de rouge vêtue, contre la réforme constitutionnelle. Des mouvements qui avaient conduit l’État à mettre le projet « en stand-by ». Kibili Demba Dembélé, du mouvement Waati Sera On a tout compris, a été de toutes les oppositions. « Nous avons alerté, depuis la signature de l’Accord pour la Paix, sur le fait qu’il devait être plus inclusif. Mais nous n’avions pas d’armes, donc pas voix au chapitre », regrette- il. Avant de ruminer que les contours de l’Accord ont été dessinés dans des réunions fermées « par quelques experts ».  Le politologue Boubacar Bocoum, dans nos colonnes la semaine dernière, pointait du doigt le manque d’inclusivité de la part de l’État. « L’Accord, dans certaines de ses dispositions, indique qu’il  fallait aller à une Conférence d’entente nationale, pour que les gens soient suffisamment consultés et écoutés, pour ensuite aboutir à cet avant-projet. On sent nettement que le travail a été fait dans un bureau », affirmait –il.

Difficultés prévisibles

Pour l’analyste politique Salia Samaké, ces difficultés étaient prévisibles. « Les Maliens ne sont pas appropriés l’Accord pour la paix. Les partis politiques n’ont pas joué leur rôle et l’État s’est contenté de démonstrations qui ne suffisent pas », constate-t-il. « Il y a plusieurs points saillants de l’Accord dont les Maliens n’ont pas connaissance, alors que certaines de ses dispositions demandent une réforme institutionnelle qui serait impossible sans un redécoupage », ajoute Samaké. En outre, selon lui, les concertations régionales, annoncées du 13 au 17 de ce mois, ne suffiront pas pour aplanir tous les angles. « Il n’est pas possible d’épuiser en cinq jours tous les contours de la question, d’autant que la fuite de l’avant-projet compliquera davantage les négociations ». Jugeant que l’inclusivité est une nécessité démocratique, le Dr Badiè Hima, Directeur résident du National Democratic Institute (NDI Mali), se dit confiant en la capacité de la classe politique malienne et des acteurs de la société civile à trouver des solutions. « Le Mali a la meilleure expérience de la décentralisation. Il a culturellement et politiquement les ressources et les ressorts pour trouver des solutions consensuelles, qui doivent toujours être la résultante d’un débat public large », assure-t-il.

Redécoupage territorial : Où va le Mali ?

Depuis trois semaines, un avant-projet de loi sur les circonscriptions administratives et les collectivités territoriales est au cœur des contestations. Des concertations pour aplanir les dissensions sont prévues du 13 au 17 novembre. Mais ce redécoupage, lié à tort ou à raison à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, soulève des interrogations sur l’avenir du pays alors que  des réformes majeures sont en attente. Le Mali saura-t-il maitriser son destin ?  

 « Personne d’autre ne viendra régler nos problèmes à notre place. C’est une vérité qui doit être dite », explique Aboubacar Diawara, constitutionnaliste malien. Les contestations de l’avant-projet sur le découpage par les populations illustrent à suffisance que le Mali n’est pas au bout du tunnel. Pourtant, l’Accord pour la paix « vise à créer les conditions justes d’une paix durable au Mali, contribuant à la stabilité sous -régionale ainsi qu’à la sécurité internationale ».

Le découpage de la discorde

Il aura suffi qu’un document se référant au découpage territorial se retrouve sur les réseaux sociaux pour que les réactions aussi vives que vigoureuses se succèdent.  Au-delà du rejet de cet projet, c’est le risque de tensions sociales entre les populations qui est craindre. À Gao, Ansongo, Tombouctou, Goundam, Bourem, Koro, des marches ont lieu pour  dénoncer ce qui est vu par certaines personnalités du nord comme « un complot des autorités visant à confier le sort de la majorité à la minorité ». Or l’Accord pour la paix et la réconciliation a pour objectif d’identifier les blessures du passé afin d’avancer sur des bases novatrices, incluant toutes les composantes de la Nation. La devise « Un peuple, un but, une foi » doit avant tout catalyser le sentiment d’appartenance nationale. Mais le débat n’est pas épuisé. « Il ne faut pas que les gens mettent les Maliens dos à dos en disant que tel est de peau noire, tel de peau blanche, tel du nord ou du sud. Dans quelle loi est-il dit que les tamacheck auront plus des députés que les autres ? », s’insurge Badra Ali Sidibé, responsable du mouvement An Ka Ben, qui soutient les actions du Président IBK.  L’approche du gouvernement aura été dans ce tumulte déterminante. « Ce projet est rejeté par ce que l’État n’a pas respecté quelque chose de fondamental en démocratie : l’inclusion. Avant de décider, il faut concerter », diagnostique le constitutionnaliste Aboubacar Diawara. Pour certaines voix, il faut affronter les enjeux avec adresse. « Chaque fois que le gouvernement touche à un élément, il ne parvient pas au bout, parce qu’il y a toujours une suspicion », affirme Aboubacar Diawara, rappelant l’échec du projet de révision constitutionnelle.

Un projet dangereux ?

Pour  certains acteurs, cet avant-projet est un danger pour la stabilité de la Nation. L’ancien Premier ministre Moussa Mara estime que les insuffisances de la démarche sont notoires, car l’avant-projet « n’est ni équitable entre les territoires ni équitable entre les communautés. Il est dangereux et contre l’intérêt de notre pays », prévient-il. Alors que le gouvernement le justifie par la volonté de mettre en œuvre l’Accord pour la paix, le Président du parti Yelema pense qu’il n’y a pas de lien. « L’Accord n’a jamais demandé de découper le territoire, mais de donner du poids aux collectivités territoriales, alors que là c’est un partage du gâteau », précise-t-il. Pour Mohamed Touré, Coordinateur des structures d’Irganda à Bamako, ce projet, dit « Ag Erlaf », est un véritable problème social, car taillé sur mesure pour certains. « Soit on renonce carrément au découpage par ce qu’il n’est pas acceptable, soit on le fait de façon inclusive », propose-t-il, soulignant que le sens de leur combat est la prise en compte des préoccupations des populations sédentaires. Même désapprobation chez le Vice-président de l’Autorité intérimaire de Kidal, Abdallah Ag Kazina. « Si chaque fraction ou communauté a sa commune, cela est dangereux pour le pays et son avenir. Il faut faire un découpage logique, permettant  aux administrateurs d’être aux côtés des administrés ». Il l’affirme, cette « mesure, au lieu de nous amener la paix, nous amène la guerre parce qu’elle exclut carrément certaines communautés et déménage certaines de leur ancrage territorial pour les amener à d’autres endroits, à des fins électorales ». Il ajoute « les gens qui ont pensé cet avant-projet ne se soucient pas du tout de ce pays ». L’affaire est donc importante et mérite une réflexion approfondie. « Ce qu’ils envisagent de faire est le plus grand découpage de l’histoire de notre pays et ils veulent le faire en quelques semaines », s’interroge Moussa Mara, invitant à revoir la démarche. Il estime que le découpage n’est pas la mise en œuvre de l’Accord. « L’Accord de paix est un accord de décentralisation, alors que le découpage est un processus de déconcentration », insiste-t-il. Pour  Abdallah Ag Kazina, il y a bien un lien entre le découpage et la mise en œuvre de l’Accord. D’ ailleurs, le sentiment, déjà existant chez certains, d’une division programmée du Mali avec la mise en œuvre de l’Accord de paix est de plus en plus alimenté par cet avant-projet.

Risque de partition ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation nationale reconnait dans son article 1 « le respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’État du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et de son caractère laïc ». Pourtant, au regard des réalités actuelles, des questions se posent quant à l’avenir du pays. « Aujourd’hui, la souveraineté du Mali est en cause, car toute souveraineté réside dans l’unité du système. À partir  du moment où il est fragilisé par des  contestations au nord et au centre, sans compter le climat qui règne entre l’opposition et la majorité, il y a lieu de s’armer de courage pour affronter la question », interpelle Aboubacar Diawara. Selon l’analyste politique Boubacar Bocoum, « dès lors qu’il y a ce préambule, signé par tous les protagonistes sous l’œil vigilant des Nations unies, le risque de partition n’existe pas », assure-t-il, ajoutant « c’est une intoxication des hommes politiques ». Pour la mise en œuvre de l’Accord, une révision de la Constitution est un préalable. Le projet de 2017 a rencontré une opposition totale des populations alors qu’une refondation de l’État et des réformes majeures sont attendues. « Est-ce qu’on va continuer avec l’État unitaire décentralisé ? Est-ce qu’on va pousser cette décentralisation pour aller à la régionalisation ou est ce qu’on va changer la forme de l’État pour admettre l’existence d’un État régional ? Enfin,  est-ce qu’il faut créer un État fédéral en reconnaissant une souveraineté à toutes les régions du Mali ? », s’interroge Aboubacar Diawara, qui prône un État « régional » comme l’Espagne.

Les textes de la décentralisation et l’Accord pour la paix précisent aussi que le Président de l’Assemblée régionale est élu au suffrage universel et est le chef de  l’administration et de l’Exécutif régional. Pour Boubacar Bocoum, « la décentralisation est en réalité est un facteur d’unité nationale. Parce que chaque région a besoin de se développer », estime-t-il. Pour lui  la concentration de tous les pouvoirs entre les mains du Président de région, qui devient « un monarque », est une anomalie à corriger, puisque cela fragilise l’État central. Mais l’absence  d’une architecture institutionnelle complique la donne. « Avant de procéder au découpage, il faut procéder à la refondation de l’État, parce que la Constitution décline l’architecture institutionnelle. C’est à partir de là qu’on pourra procéder à un découpage adéquat. On ne sait pas si on aura un Parlement bicaméral ou monocaméral », se demande le constitutionnaliste Aboubacar Diawara. Sur le destin du Mali, l’analyste politique Boubacar Bocoum reste confiant. « Cela dépendra de l’intelligence avec laquelle nous allons aborder  toutes ces questions, sans qu’on ne  s’entredéchire ». « Si l’Accord est appliqué comme il faut, dans l’esprit et dans la lettre, nous allons avoir un État véritablement décentralisé et efficace pour servir les Maliens », professe Moussa Mara.

Avec la conjoncture actuelle et les réformes à venir pour la mise en œuvre de l’Accord, le rassemblement de toutes les composantes de la Nation est indispensable. À défaut, des situations imprévues pourraient compromettre le destin du Mali.