CPI : Jean-Pierre Bemba désigné coupable pour subordination de témoins

C’est un peu la suite du procès pour « crimes de guerre » et crimes contre l’humanité » au cours duquel, en juin dernier, Jean-Pierre Bemba a été condamné à dix-huit ans de prison, et avait tenté de corrompre des témoins en échange de faux témoignages. Ce qui lui a valu ce procès.

Décidément, Jean-Pierre Bemba n’en avait pas encore fini avec la justice. Hier mercredi 19 octobre, la CPI l’a désigné, avec ses quatre co-accusés, coupable de subordination de témoins dans un procès lié à celui pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », et à l’issu duquel il avait été condamné à 18 ans de prison. Le juge de la CPI, Bertram Schmitt, a déclaré : « M. Jean-Pierre Bemba Gombo, la chambre vous juge coupable  d’avoir influencé de manière corrompue quatorze témoins, présenté de fausses preuves et sollicité la déclaration de faux témoignages ». En effet, au cours du précédant procès, M. Bemba a tenté de corrompre des témoins pour obtenir son acquittement. En échange de faux témoignages, il avait, avec ses avocats, offert de l’argent et des cadeaux ou promis une réinstallation. Du jamais vu dans l’histoire de la CPI.

En juin dernier, l’ancien Vice-président congolais avait été condamné à dix-huit ans de prison pour les meurtres et viols commis entre 2002 et 2003 par sa milice, Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique. Les troupes du MLN étaient venues à Bangui à la rescousse du Président Ange-Félix Patassé, qui affrontait la tempête d’une nouvelle rébellion conduite par  François Bozizé, ancien chef d’Etat-major de l’armée qui était réfugié au Tchad. « Les soudards du MLC s’étaient alors déchaînés : viols massifs, y compris de gamines de douze ou même de huit ans ; enfants contraints, sous la menace des armes, de violenter leurs propres mères ; pillages et exécutions sommaires. », écrit Jean-Paul Ngoupandé, ancien premier ministre centrafricain et essayiste, dans son essai « L’Afrique face à l’islam » (2003). A l’époque, M. Bemba était candidat au poste de Vice-président de la République démocratique du Congo.

La sentence n’a pas encore été prononcée. Mais les accusés risquent une amende et une peine allant jusqu’à cinq ans de prison. « M. Bemba va bien faire appel de ce jugement dans tous ses aspects. Il continue à faire valoir qu’il est innocent de toutes les allégations portées contre lui. Le jugement fait 458 pages donc nous devons l’étudier avec attention pour déterminer les points spécifiques sur lesquels nous allons baser notre appel, mais Jean-Pierre Bemba conteste avec véhémence avoir été partie prenante de ce plan criminel commun pour interférer en quoi que ce soit avec l’administration de la justice », a déclaré son avocate.

Burundi : Le divorce d’avec la CPI consommé

En promulguant la loi, Pierre Nkurunziza a mis son pays sur le chemin du retrait de la CPI, à un moment où la juridiction internationale n’est pas en odeur de sainteté auprès des pays africains. Le processus prendra un an.

« La République du Burundi se retire du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) adopté à Rome le 17 juillet 1998 », peut-on lire dans la loi promulguée, hier mardi 18 octobre, par le président burundais, Pierre Nkurunziza. « La présente loi entre en vigueur le jour de sa promulgation », indique le texte. De toute évidence, le Burundi est engagé sur le chemin d’un retrait de la Cour pénale internationale (CPI), après que la juridiction a ouvert une enquête sur les violences générées par la décision de M. Nkurunziza de briguer un troisième mandat, et qui ont tué environ 500 personnes et  poussé de milliers de burundais sur le chemin de l’exil.

C’est la première fois qu’un pays africain décide de se retirer de la CPI. Pour Sidiki Kaba, actuel ministre sénégalais de la Justice et président de l’assemblée chargée des délibérations à la CPI, « Le retrait d’un Etat (…) constituerait un recul dans la lutte contre l’impunité ».  Ce n’est, en effet, que le début du processus  car selon le Statut de Rome, qui a institué la CPI, «Le retrait prend effet un an après la date à laquelle la notification a été reçue, à moins que celle-ci ne prévoie une date postérieure ».

Poursuites internationales

L’année dernière, les chefs d’Etat de l’Union africaine avaient proposé une sortie en bloc de la CPI à laquelle ils reproche de ne poursuivre que des dirigeants africains. La CPI est accusée de rendre une justice deux poids, deux mesures. C’est pourquoi, lorsqu’un mandat d’arrêt a été émis contre Omar el-Béchir, le Président du Soudan, les pays africains ont refusé de l’exécuter. Jean Ping, alors président de la commission de l’Union africaine, avait estimé que « la justice internationale n’applique ses règles qu’en Afrique, comme il ne se passait rien ailleurs. ».

Le fait est que de 2003 à nos jours, les poursuites engagées ont concerné des crimes commis en Afrique. « Cette Cour dont le financement est assuré à plus de 70% par l’Union européenne est devenue un instrument de pressions politiques sur les gouvernements des pays pauvres ou un moyen de les déstabiliser », peut-on lire dans le communiqué du porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, le 6 octobre.

En effet, le 25 avril 2016, la CPI a ouvert un examen préliminaire sur la situation au Burundi en crise depuis avril 2015 : «Mon bureau a examiné un certain nombre de communications et de rapports faisant état de meurtres, d’emprisonnements, d’actes de torture, de viols et autres formes de violences sexuelles, ainsi que des cas de disparitions forcées », avait annoncé Fatou Bensouda, la procureure de la CPI.

Mais, le retrait de la CPI signifie-t-il la fin des poursuites ? Non, pas forcément si l’on en croit l’article 127 du Statut de Rome qui stipule que « Le retrait n’affecte en rien la poursuite de l’examen des affaires que la Cour avait déjà commencé à examiner avant la date à laquelle il a pris effet ».

Nigéria : 179 lycéennes de Chibok toujours aux mains de Boko Haram

Enlevées en avril 2014 par Boko Haram, 21 lycéennes de Chibok ont été libérées hier jeudi. Alors que 179 autres restent aux mains des ravisseurs. Le Président Buhari a promis de les faire libérer.

C’était l’une des promesses de campagne de Mahamadou Buhari en 2015 : retrouver les lycéennes de Chibok enlevées. Ces derniers mois, au Nigeria, les critiques s’abattaient sur Buhari pour son incapacité à tenir sa promesse. Jeudi 13 octobre, 21 lycéennes de Chibok, enlevées par Boko Haram en 2014, ont été libérées à l’issue des négociations entre le gouvernement nigérian et le groupe terroriste, avec l’entremise du Comité international de la croix- rouge (CICR) et le gouvernement suisse.

Les jeunes femmes auraient été libérées contre quatre combattants de Boko Haram, au cours d’un échange dans le nord du Nigéria. « Ce n’était pas un échange », a démenti le gouvernement nigérian. Une fois libérée, elles ont d’abord subi un contrôle médical et psychologique. Selon le ministre nigérian de l’Information, Lai Mohamed, « Ce n’est qu’une première étape, et nous pensons que cela nous conduira à libération de toutes les filles. (…)Cela ne veut pas dire que nous mettons fin aux opérations militaires mais cela pourrait être une autre manière de conduire les contre-offensives dans cette guerre contre la terreur ». En effet, 179 filles restent toujours aux mains des djihadistes de Boko Haram. En avril 2014, ce sont 274 filles qui avaient été enlevées, 57 d’entre elles se sont enfuies.

Il reste que la secte islamiste Boko Haram reste active dans la région. Comme l’a prouvé, mercredi 12 octobre, l’explosion d’une bombe à la gare de Maïduguri. Et cela, malgré l’intervention militaire des pays tels que le Tchad, le Cameroun, le Niger ainsi que le Nigeria. De 2009 à nos jours, l’insurrection armée de Boko Haram a fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés. En 2014, le rapt de ces jeunes filles avait suscité des débats sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter avec la création du hashtag #Brinbackourgirls (« Ramenez-nous nos filles »). En visite en Allemagne, le président Buhari a promis de faire libérer les autres lycéennes. Jeudi, les chefs d’Etat-major des pays du lac Tchad ont décidé de donner un assaut final contre Boko Haram qui, de l’avis de nombre d’observateurs, est en position de faiblesse.

 

Présidentielle américaine, J-26 : Donald Trump, la solitude du mal-aimé

Considéré depuis le début des primaires comme un « homme dangereux », un « sociopathe narcissique », Donald J. Trump, le candidat républicain à la maison blanche, est rattrapé par son passé : révélations sur ses propos sexistes, témoignages d’attouchements sexuels. Le magnat de l’immobilier est de plus en plus en mauvaise posture à moins d’un mois de la présidentielle.

Décidément, rien ne s’arrange aux Etats-Unis pour Donald J. Trump, le candidat républicain à la 58ème élection présidentielle qui se tiendra le 8 novembre prochain Le magnat de l’immobilier continue de chuter après les séries de révélations sur son passé. Et cela, à seulement 26 jours de la date fatidique de la bataille de la présidentielle qui l’opposera à Hillary Clinton, sa rivale démocrate. Depuis la révélation d’une vidéo remontant à 2005 par le Washington Post, le 7 octobre, où il tient des propos obscènes à l’encontre des femmes, Donald Trump s’est attiré la foudre des apparatchiks du parti conservateur qui lui ont retiré leur soutien. C’est le cas de Paul Ryan, le président républicain de la Chambre des représentants, qui a décidé de ne plus faire campagne pour lui. Il en est de même pour John McCain, Mitt Romney, Condoleezza Rice (ancienne secrétaire d’Etat)  ainsi qu’Arnold Schwarzenegger. « Le comportement de Donald Trump et la révélation de ses propos avilissants concernant les femmes et ses vantardises d’agressions sexuelles, rendent impossible tout soutien, même conditionnel, à sa candidature », a déclaré le sénateur John McCain.

Hier mercredi 12 octobre, le ciel du parti républicain s’est encore une fois assombri. Deux femmes, Jessica Leeds et Rachel Crooks ont confié au quotidien New York Times, proche du camp démocrate, leurs témoignages sur des attouchements sexuels, qu’elles auraient subies de la part de Trump après que ce dernier eut nié, lors du débat du 9 octobre denier, les propos qu’il a tenu dans la vidéo. Les témoignages d’autres femmes ont été rapportés par d’autres médias tel que Palm Beach Post, en Floride. Il ne fait pas de doute que ces révélations et témoignages sont un coup dur pour Trump. Le candidat à la fameuse mèche blonde n’a pas hésité à s’attaquer au Grand Old Party (Parti républicain) : « C’est très agréable d’avoir été libéré des menottes, je peux maintenant me battre pour l’Amérique comme je veux », a-t-il écrit sur Twitter mardi. Il a renchéri en disant que les républicains qui renoncent à le soutenir sont « déloyaux et pires que cette tordue d’Hillary. Ils ne savent pas comment gagner, je vais le leur apprendre! »

Ainsi, hier, mercredi 12 octobre, en campagne en Floride, il a déclaré : « Si je ne gagne pas le 8 novembre, je considérerai cela comme la plus grande perte de temps, d’énergie et d’argent. » Il reste à voir si Trump peut encore gagner la présidentielle américaine. Il y a un an, c’était possible. Mais le problème est qu’il est de plus en plus en train de se départir de son apparence de candidat responsable et modéré. Comme l’a prouvé ses déclarations, lors du deuxième débat, selon lesquelles Bill Clinton, l’époux de Hillary Clinton, aurait abusé des filles lorsqu’il était président. « Si les ténors du Grand Old Party conservateur lâche aujourd’hui Donald Trump, c’est bien sûr parce qu’ils ne sont plus trop assurés de son succès pour l’élection de novembre et redoutent éventuellement la politique qu’il pourrait mener en cas de victoire, mais ils veulent surtout conserver leur influence décisive sur le Congrès américain. C’est à dire rester à tout prix majoritaire au Sénat et à la Chambre des représentants. », écrit Pierre Morville, chroniqueur au Quotidien d’Oran (Algérie).

 

 

Après les Pays-Bas, qui fournira des hélicoptères à la Minusma ?

Les Pays-Bas ont maintenu leur participation à la Minusma, mais réduiront leurs effectifs et sans les hélicoptères.

Les Pays-Bas continueront à participer à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Mais le gouvernement néerlandais a décidé de réduire ses effectifs à  290 militaires, qui ne feront que collecter et analyser des renseignements. Ce qui implique que même les hélicoptères AH-64D Apache et CH-47 Chinook qui sont à Gao, quitteront le Mali pour retourner aux Pays-Bas. Pourtant, dans son dernier rapport sur la situation au Mali, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait relevé que «l’absence de ces hélicoptères aura un impact négatif sur l’efficacité opérationnelle de la Mission en raison de la diminution de la mobilité et de la capacité à évacuer des blessés et des malades. »

Qui pour fournir des avions ?

C’est la question que tous se posent aujourd’hui. Tous les regards sont dirigés vers le Canada qui avait été pressenti pour fournir des hélicos à la Minusma. Mais le gouvernement canadien n’a pas donné de suite, selon le site Zone militaire. Il y a aussi l’Allemagne dont la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, a récemment déclaré que « Les hélicoptères sont importants pour la protection de nos soldats et pour l’efficacité de la mission ». En effet, le retrait  de ces avions néerlandais risque de réduire la capacité d’évacuation sanitaire de la Minusma.

Alep : reprise des bombardements sur fond de tension diplomatique

Le régime syrien et son allié russe ont intensifié les bombardements sur la partie est d’Alep.

Un temps remisés, les combats ont repris de plus belle à Alep. Les bombardements russes et syriens se sont intensifiés hier mardi contre des quartiers rebelles, et ont fait 25 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres. Paul Khalifeh, correspondant de RFI dans la région, rapporte que les raids ont surtout visé le quartier de Boustane al-Qasr, aux mains des rebelles présents dans la partie est du pays. Ce quartier n’en demeure pas moins stratégique en raison du fait « qu’il constitue une sorte de verrou, qui commande l’accès à d’autres secteurs de la ville ».

C’est le prolongement de l’offensive lancée le 22 septembre par le régime de Bachar El Assad et son grand protecteur qu’est la Russie, pour reprendre les quartiers d’Alep aux mains des rebelles. Depuis mars 2011, la Syrie est plongée dans la guerre civile.

Le 6 octobre, l’ONU tirait la sonnette d’alerte sur le fait que le risque est grand que la partie est d’Alep soit détruite avant la fin de l’année. L’organisation a fait état de 376 personnes tuées, 1266 blessés par les bombardements.

Pendant ce temps, sur le plan diplomatique, les pays sont en peine de s’entendre pour arrêter cette escalade de la violence. Pour preuve, le Président russe, Vladimir Poutine, a annulé sa prochaine visite à Paris le 19 octobre prochain, quelques jours après le veto russe sur une résolution française à l’ONU par rapport au cessez-le-feu à Alep. Au Royaume uni, Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères, a fait savoir qu’il « voudrait voir des manifestations devant l’ambassade de Russie » à Londres pour protester contre le rôle de Moscou en Syrie.

 

 

Au Niger, Angela Merkel a annoncé 27 millions d’euros d’aide

Lors de sa visite éclair au Niger, la chancelière allemande a insisté sur la nécessité de retenir les migrants clandestins qui passent par le Niger.

Après le Mali, où elle était en visite ce dimanche 9 octobre, la chancelière allemande Angela Merkel a été accueillie au Niger hier, lundi 10 octobre, par le Président Mahamadou Issoufou.  Les attentes des Nigériens étaient grandes et concernaient des domaines comme la décentralisation et la bonne gouvernance, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la santé et l’éducation primaire. Le but recherché à travers cette tournée africaine qui l’a conduite au Mali, au Niger et en Ethiopie est d’intensifier la collaboration de l’Allemagne avec ces pays surtout sur la question de la migration. En Allemagne, Angela Merkel est au plus bas des sondages à cause de sa politique migratoire, ce qui a eu pour résultat d’augmenter le soutien au camp des Conservateurs  qui a atteint plus de 30%.

Au cours de cette visite éclair, deux sujets étaient à l’ordre du jour : la sécurité et la gestion des flux migratoires. Les deux dirigeants, M. Issoufou et Mme Merkel, ont animé conjointement une conférence de presse au cours de laquelle ils ont évoqué les questions de migration et de terrorisme.  Ainsi, la chancelière allemande a annoncé que son pays installera un centre logistique à Niamey, la capitale du Niger, pour l’approvisionnement et l’appui aux 650 soldats allemands présents au Mali sous mandats des casques bleus. «  À travers ce centre, l’Allemagne soutiendra aussi les forces armées nigériennes en termes de formation et d’équipements », a déclaré Mme Merkel. « C’est tout naturellement que le Niger a accepté d’offrir des facilités à l’Allemagne pour qu’il y ait ce centre à Niamey en vue d’approvisionner régulièrement ses 650 hommes au Mali », a ajouté M. Issoufou. Concernant la migration clandestine, il a fait savoir que « C’est un nouveau défi, en plus de la sécurité, auquel le Niger doit faire face (…) Il faut des actions de développement », a laissé le entendre le Président nigérien, tout en disant qu’il faudra, pour la lutte contre la migration clandestine, un milliard d’euro. En effet, plus de 80% des migrants passent par le Niger pour rallier la Libye et ensuite mettre le cap vers l’Europe. La chancelière allemande a annoncé que son pays va débloquer 27 millions d’euros pour aider le Niger sur le plan militaire et contribuer au développement du nord du pays, notamment la région d’Agadez.

 

 

 

Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, attendu demain à Bamako

Les 11 et 12 octobre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, à la tête d’une délégation, est attendu à Bamako.

Après la chancelière allemande, ce sera au tour de Mikhaïl Bogdanov, Vice-ministre russe des Affaires  étrangères et Représentant spécial pour le Moyen-Orient et l’Afrique, de fouler le sol malien les 11 et 12 octobre prochain. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre du renforcement de la coopération entre les deux pays. Le 12 octobre, auront lieu à Bamako les consultations politiques bilatérales, visant à renforcer et élargir la coopération et le partenariat entre le Mali et la Fédération de Russie. Au programme des rencontres, beaucoup de sujets à discuter tels que  la crise au Mali, la mise en œuvre de l’Accord de paix, le rôle de la communauté internationale et des communautés sous régionales, la guerre contre le terrorisme, le narcotrafic…

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont vieilles de 56 ans. Et début septembre, certaines informations avaient révélé qu’au forum international militaro-technique « Armée 2016 », qui a eu à Moscou, le chef de Cabinet du ministre malien de la Défense, Adama Dembélé, aurait déclaré que le Mali voulait signer un nouveau contrat avec la Russie pour l’achat de chars et de technologie pour l’armée de l’air. Il est possible que cette question soit abordée au cours de la visite du Vice-ministre russe.

Mikhaïl Bogdanov sera à la tête de la délégation russe. Nommé Représentant spécial du président de la Fédération de Russie pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, né en 1952, il a ajouté à son portefeuille l’Afrique en 2014. Diplômé de l’Institut des relations internationales de Moscou, ce diplomate a fait ses preuves au Yémen, au Liban, en Syrie ainsi qu’en Israël. De 2005 à 2011, il fut ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire en Egypte, avant d’être nommé Vice-ministres des Affaires étrangères chargé des questions des pays d’Afrique et du Proche-Orient.

 

 

 

 

 

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Antonio Guterres, nouveau Secrétaire général de l’ONU

Fin de suspense à L’ONU. Le successeur de Ban Ki-moon a désormais un nom : Antonio Gutterez, ancien Premier ministre portugais, qui, jusque-là, était présenté comme le bon candidat pour l’ONU.

Sauf grosse surprise, Antonio Guterres, devrait prendre la place du Sud-Coréen Ban Ki-moon dans le fauteuil de Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Ainsi en ont décidé les 15 membres du Conseil de sécurité, hier jeudi 6 octobre. Agé de 67 ans, l’ancien Premier ministre portugais, qui a aussi été chef de la mission de l’ONU pour les réfugiés entre 2005 et 2015, était jusque-là, celui qui faisait figure de bon candidat pour l’ONU, en raison du fait qu’il a fait partie du cercle des dirigeants mondiaux, maîtrise les rouages de l’ONU. Même si le fait qu’il n’est pas une femme et ne vient pas d’Europe de l’Est, avait été présenté comme un désavantage pour lui. Mais, au dernier scrutin de septembre, les deux candidats d’Europe de l’Est, « le ministre des Affaires étrangères slovaque, Miroslav Lacjack et le serbe, Vuk Jeremic, sont arrivés juste derrière M. Guterres, avec respectivement 10 et 9 votes favorables et 4 votes négatifs. », rapporte Le Monde.  Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco à laquelle sont hostiles les Américains (pour avoir fait entrer la Palestine à l’Unesco), et la commissaire européenne Kristalina Georgieva étaient aussi dans la course.

Au cours de la conférence de presse qu’il a donnée à Lisbonne, M. Guteres, a fait savoir qu’il a espoir que sa désignation sera « symbolique d’une capacité du Conseil de sécurité d’agir dans l’unité et le consensus pour pouvoir répondre rapidement aux terribles défis de notre temps » Il arrive à un moment où l’ONU est considérée comme un modèle d’impuissance, qui est à la remorque des cinq puissances du Conseil de sécurité ayant le droit de veto.

Il entrera en fonction le 1er janvier prochain. Auparavant, il devra obtenir le vote favorable de l’Assemblée générale de l’ONU, laquelle élit le Secrétaire général.

 

 

France : IBK reçu hier par Hollande

Selon le communiqué de l’Elysée, les deux présidents ont convenu de renforcer la coopération entre les pays.

Hier lundi 3 septembre, le Président Ibrahim Boubacar Keïta, a effectué une visite privée à Paris, au cours de laquelle il a rencontré son homologue français François Hollande. Dans le communiqué à l’issu de la rencontre, le Président français a tenu à confirmer «sa volonté d’accompagner le redéploiement de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation signé en 2015. »

Il n’a aussi pas manqué de faire savoir, dans le communiqué, que les forces françaises sont disponibles pour participer aux patrouilles mixtes qui doivent avoir lieu dans les régions du nord du pays. Enfin, le communiqué de la présidence française a souligné qu’« un effort substantiel en faveur du développement du Mali était réalisé au niveau européen dans le cadre du Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et des causes profondes des migrations irrégulières et du phénomène des personnes déplacées en Afrique, créé en 2015 au sommet de La Valette ». Outre le sommet Afrique-France (prévu à Bamako en janvier prochain) sur lequel les échanges ont porté, il a aussi éte question d’approfondir « la coopération civile et militaire bilatérale ».

 

Les Colombiens votent « Non » à l’accord de paix avec les FARCS

Le texte signé lundi 26 septembre à Carthagène par le président Juan Manuel Santos et le chef des FARC, Rodrigo Londono, dit « Timochenko », doit-il être validé ? les Colombiens, appelés aux urnes hier dimanche 2 octobre, ont voté « Non ».

Coup de théâtre en Colombie. Négocié pendant près de quatre ans, l’accord de paix visant à mettre fin à près de 52 ans de conflit avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a été rejeté par les Colombiens. Alors que les sondages prédisaient un « oui », les résultats du référendum donnent le « Non » en tête avec 50,24%, contre 49,75%. Cela, une heure après la fermeture des bureaux de vote. Ces chiffres seraient quasi-définitifs.

Ce rejet de la population sonne comme un coup dur pour le Président Juan Manuel Santos, qui avait fait de la paix avec les Farcs un combat personnel, et est allé jusqu’à dire que la Colombie risque de replonger dans la guerre si le peuple venait à rejeter l’accord de paix. Nombre d’opposants jugent le texte de 297 pages, signé le lundi 26 septembre dernier, favorable aux rebelles : il prévoit le retour des rebelles à la vie civile, sans poursuites, en échange d’un dépôt des armes. L’ex-président, Alvaro Uribe, chef de l’opposition, a dénoncé un texte qui accordera « l’impunité » aux Farcs.

D’ors et déjà, des voix s’élèvent pour demander « une issue négociée » au conflit armé. L’Armée de libération nationale (ALN), seconde guérilla colombienne, s’inscrit dans cette démarche. Quelques heures après l’annonce de ces chiffres, cette rébellion a, sur Twitter, appelé la société colombienne à continuer « à lutter pour la paix ». Sur Twitter, les Farcs ont aussi réagi : « L’amour que nous ressentons dans nos cœurs est gigantesque et avec nos mots et nos actions, il nous permettra d’atteindre la paix. »

 

Irak, en attendant la bataille de Mossoul…

La coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, lancera une offensive dans les prochaines semaines pour reprendre le contrôle de la ville de Mossoul contrôlée par l’EI.

Aujourd’hui, vendredi 30 septembre, les premiers Rafale français ont décollé en direction d’Irak pour les opérations contre l’Etat islamique qui a fait de Mossoul, deuxième grande ville d’Irak après Bagdad, leur fief depuis janvier 2014. En mai dernier, l’armée irakienne appuyée par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, lançait une offensive pour reprendre Fallujah. Le Premier ministre irakien, Haïder al-Abadi, avait fait savoir que le but recherché était de vaincre Daesh d’ici la fin de 2016. A en croire la coalition internationale, l’EI a perdu 30% de son territoire en Irak et 50% en Syrie. Il ne fait aucun doute que la reprise de Mossoul sera un coup dur pour l’organisation qui, de l’avis général, est aux abois.

La mission des avions français, consistant à mener des frappes ou à repérer des positions djihadistes, est prévue de fin septembre à fin octobre. Mais selon de nombreux responsables occidentaux, l’offensive pourrait être menée en octobre. Le Président américain, Barack Obama, a averti d’ores et déjà que « cela va être une bataille difficile, Mossoul est une grande ville. » D’ailleurs, à la demande des services du Premier ministre irakien, le nombre de « conseillers militaires » américains sera augmenté, et M. Obama a avalisé l’envoi de 600 soldats supplémentaires. « Le rôle de ces forces sera principalement d’aider les forces de sécurité irakiennes, ainsi que les Peshmergas (combattants kurdes) dans les opérations visant à reprendre le contrôle de Mossoul », a fait savoir Ashton Carter, le chef du Pentagone.

Alerte

D’ores et déjà, le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) tire sur la sonnette d’alarme. L’organisation onusienne se prépare à aider au moins 700.000 personnes dans le besoin. Selon son représentant en Irak, « Plus d’1 million de personnes pourraient être déplacées lors de la prochaine offensive et nous prévoyons qu’au moins 700.000 auront besoin d’aide, d’abris, de nourriture, d’eau » Des camps sont construits, en dépit du manque de terrains et de fonds.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Syrie : Tension entre Washington et Moscou

La situation à Alep a provoqué un regain de tension entre la Russie et les Etats-Unis sur la Syrie.

Rien ne va plus entre les Etats-Unis et la Russie depuis l’escalade de la violence à Alep, qui a mis à mal la coopération entre les deux pays sur la Syrie. Le mercredi 28 septembre, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, est allé jusqu’à menacer Moscou de geler toute coopération. Et il reste évident que l’emportement du chef de la diplomatie yankee montre à quel point il est difficile d’envisager une sortie du tunnel en Syrie, pays plongé dans la tragédie de la guerre depuis cinq ans. Selon le porte-parole du Secrétariat d’Etat, John Kirby, John Kerry a informé, via un entretien téléphonique, son homologue russe, Serguei Lavrov, que « les États-Unis se préparaient à suspendre leur engagement bilatéral avec la Russie sur la Syrie, notamment la mise sur pied d’un centre conjoint » de coordination militaire contre les djihadistes prévu par l’accord américano-russe du 9 septembre qui a volé en éclat dix jours plus tard.

La trêve prévue par l’accord difficilement négocié à Genève, a été rompue le 19 septembre par une décision de l’armée syrienne, et, grand paradoxe, en pleine Assemblée générale de l’ONU. Depuis le jeudi 22 septembre, les avions de guerre syrien et russe ont intensifié les bombardements sur Alep. Pour M. Kerry « les Etats-Unis et leurs partenaires tenaient la Russie pour responsable de la situation (…) et que la Russie avait la charge d’arrêter l’assaut et de permettre l’acheminement d’aide humanitaire à Alep et dans les autres régions qui en ont besoin ». Ainsi, Washington demande à la Russie l’arrêt des bombardements sur Alep et la cessation des hostilités.

Va-t-on vers une rupture des relations entre les deux puissances ? Rien n’est certain. Mercredi soir, le ministre russe de la Défense a déclaré que le Président Vladmir Poutine « a chargé les ministères de la Défense et des Affaires étrangères d’être prêts à continuer à travailler conjointement avec nos partenaires américains sur le dossier syrien ».

Syrie, l’enjeu d’Alep

En Syrie, le régime de Bachar Al-Assad, avec l’aide de son grand protecteur qu’est la Russie et dont la stratégie est celle du rouleau compresseur, poursuit son offensive contre les rebelles à Alep. Une ville stratégique dont la chute pourrait davantage renforcer le régime.

La crise à Alep s’est dramatiquement empirée depuis jeudi 22 septembre, lorsque les avions de guerre syrien et russe ont brusquement intensifié les bombardements de cette ville « divisée », après  l’échec de la trêve prévue dans l’accord russo-américain du 9 septembre. Ce qui a amené le Conseil de sécurité à se réunir, dimanche 25 septembre, à la demande de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, lesquels ont accusé la Russie de « crimes de guerre ». « C’est de la barbarie », a lancé Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies. Le lundi 26 septembre, pour la quatrième fois consécutives, la Russie et son allié syrien ont repris les bombardements. Mais le Kremlin a estimé que ces accusations sont de «de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement » du conflit syrien. Les populations civiles sont plongées dans une catastrophe : pas d’hôpitaux, pas de convois humanitaires, pas de centres médicaux. De fait, Alep est une ville stratégique, la plus grande du Nord près de la frontière turque. Pour Ziad Majed, politologue et professeur à l’Université américaine de Paris, interrogé par Le Monde, si le régime syrien récupère Alep, considérée avant par les rebelles comme le point de départ pour la libération du territoire, « cela sera une victoire symbolique très importante (…)Si Alep tombe, cela va montrer aux opposants qu’ils n’ont aucune protection et que les Russes et le régime peuvent tout faire, qu’il n’y a pas de ligne rouge. » Mais, l’autre but recherché par la Russie est de modifier le rapport de force sur le terrain, ce qui pourrait peser dans les négociations avec les Etats-Unis dont on dit qu’ils sont de plus en plus passifs et hésitants en Syrie, tout comme les Européens. Et l’on comprend sans mal qu’avec la situation à Alep s’éloigne une porte de sortie politique en Syrie.

 

Election américaine : face à face hostile entre Clinton et Trump

Selon les premiers sondages, Hillary a largement dominé ce premier débat. Un véritable coup dur pour le candidat républicain, Donald Trump.

Dans un débat impitoyablement hostile, Hillary Clinton et Donald J. Trump se sont affrontés sur le commerce, la guerre en Iraq, le refus de Trump de communiquer sur sa déclaration de revenus, l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur de messagerie privé. Selon le quotidien New York Times, « M. Trump a montré fréquemment de l’impatience et de l’inexpérience lorsque Mme Clinton l’a poussé à défendre son passé de misogyne… »

C’était la première des trois confrontations entre les deux candidats à la course pour la maison blanche. Donald Trump n’a eu de cesse d’interrompre Hillary Clinton durant les 90 minutes du débat, multipliant les attaques qui ont sûrement satisfait sa base républicaine mais qui ont rebuté les femmes et les électeurs indécis. Mme Clinton n’a pas manqué de vivement critiqué Trump d’avoir caché des informations sur ses créances à Wall Street et dans les banques étrangères.

Ensuite, ce fut à Trump de mettre son adversaire sur la défensive, notamment sur les accords de libre-échange qui, selon lui, aurait enlevé à beaucoup d’américains leur travail. Mais sur les questions raciales et de genre, Donald Trump n’avait pas le pied assez sûr. Hillary l’a encore accusé d’être raciste, amenant le magnat à répliquer que c’est plutôt elle et son son équipe qui, en 2008, ont dit qu’Obama n’était pas un citoyen américain. La démocrate a rappelé qu’en 1970 Trump a été poursuivi en justice pour discrimination raciale : il ne voulait pas autoriser les Noirs à loger dans ses appartements.

Selon un premier sondage diffusé par CNN, 62% des téléspectateurs pensent ainsi que Hillary Clinton a remporté le débat, contre seulement 27% pour Donald Trump. Un autre sondage de Public Policy Pulling donne également Hillary Clinton gagnante, selon 51% des sondés, contre 40% pour Donald Trump. Un écart qui s’agrandit chez les jeunes (63% pour Clinton, 24% pour Trump), chez les femmes (54%, contre 36%) et chez les électeurs afro-américains et hispaniques (77% pour Clinton, 13% pour Trump) !

Le prochain débat est prévu pour le 9 octobre à Saint-Louis, dans le Missouri, sur le format d’un meeting où les électeurs poseront la plupart des questions. Le dernier aura lieu le 19 octobre à Las Vegas avec le même format que le premier.

 

Mali : L’ONU s’inquiète de la situation au Mali

En marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à New York, la situation au Mali était au centre d’une réunion interministérielle qui a réuni le président malien Ibrahim Boubacar keïta, le secrétaire général Ban Ki-moon ainsi que les ministres des Affaires étrangères maliens et algériens, Abdoulaye Diop et Ramtane Lamamra.

Le compte rendu de la réunion laisse entrevoir une inquiétude de l’ONU par rapport à la situation au Mali. L’organisation note « une profonde préoccupation face au manque de confiance et de vision commune pour la paix ». Sur le terrain, elle fait le constat d’une application poussive de l’accord de paix : les patrouilles mixtes n’ont toujours pas été mises en place, pas plus que les autorités intérimaires. A cela, vient s’ajouter la reprise des affrontements à Kidal entre la Plateforme et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui, selon l’ONU, ne constitue pas de menace réelle pour l’accord de paix. Ban Ki-moon, le Secrétaire général de l’ONU, a appelé toutes les parties concernées à mettre rapidement en œuvre l’Accord de paix au Mali : « J’appelle les groupes armés à cesser de provoquer des confrontations et toutes les parties à laisser de côté leurs intérêts à court terme et à mettre en œuvre l’accord de paix », a déclaré Ban Ki-moon. « Aujourd’hui, 15 mois après, les hostilités ont effectivement cessé entre le gouvernement et les mouvements signataires (…) A ce jour,  il est établi que des progrès significatifs ont été enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Ces efforts qui illustrent de façon éloquente la volonté du gouvernement du Mali d’honorer ses engagements ont permis des avancées tangibles dans tous les domaines » , a dit le président Keïta devant le Conseil de sécurité, tout en admettant « qu’en dépit des efforts déployés par les parties signataires de l’Accord, le processus de paix reste confronté à de sérieuses entraves liées aux activités des groupes terroristes dans les régions du nord qui multiplient indistinctement les attaques asymétriques contre les paisibles populations civiles, les forces de défense et de sécurité maliennes, les contingents de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) et la force française Barkhane ».

Ainsi, le Conseil de sécurité de l’Onu n’a pas exclu de recourir à des sanctions contre ceux qui empêcheraient la mise en œuvre de l’accord de paix. Il a aussi été fait aux autorités maliennes la demande de coopérer avec la Minusma, qui surveille cette mise en œuvre.

RD Congo : Kabila réprime la contestation

En RDC, la situation est préoccupante. Face à l’opposition qui demande la convocation du scrutin présidentiel dans les délais constitutionnels, le président Joseph Kabila a appuyé sur l’accélérateur de la machine à répression.

Hier lundi 19 septembre, la manifestation de l’opposition, pour réclamer le départ de Joseph Kabila  à la fin de son mandat, a mal tourné. Elle a été dispersée par la police, donnant ainsi lieu à des affrontements violents dans les quartiers de Kinshasa. Pour l’heure, les deux camps – pouvoir et opposition – se renvoient la balle. Et chacun y va de son bilan : 17 morts dont 3 policiers selon le ministre de l’Intérieur, plus de 50 morts selon l’opposition. Ce mardi 20 septembre, dans la matinée, l’Agence France presse a rapporté que les locaux du parti UDPS, de l’opposant Etienne Tshisekedi, ont été incendiés, 2 corps ont été carbonisés. Les sièges d’autres partis d’opposition n’ont pas été épargnés, et les manifestants ont répondu à l’appel de l’opposition ce mardi dans certains quartiers. La manifestation d’hier lundi avait pour objectif de remettre un mémorandum à la commission électoral pour demander la convocation des élections présidentielles dans les délais prévus par la Constitution.

Tout cela intervient alors que le « dialogue national politique inclusif » est en cours depuis le 1er septembre, sous la facilitation d’Edem Kodjo, facilitateur de l’Union africaine. D’ailleurs, les participants au dialogue devaient discuter du calendrier électoral lundi, mais les travaux ont été reportés à aujourd’hui mardi. Cette détérioration de la situation en RDC était, aux yeux de beaucoup d’observateurs, prévisible. Ayant échoué à modifier la Constitution qui lui interdit de briguer un nouveau, Kabila tente de « faire glisser » son mandat, selon l’opposition. Une stratégie qui pourrait s’avérer payante, d’autant que la Cour constitutionnelle à rendu un arrêt, en mai dernier, stipulant qu’il pourra rester en fonction jusqu’à la prestation de serment d’un nouveau président.

Il apparaît clairement que la position de Kabila est tout sauf confortable. D’ors et déjà, la Communauté internationale a exprimé son inquiétude. Dans un communiqué, l’Union européenne a estimé que « ces violences font suite à la non-convocation des élections présidentielles dans les délais constitutionnels ».

PEN-Mali/ Malivaleurs : La nécessité de se réapproprier le passé

Lundi 19 septembre ont commencé les travaux de l’atelier préparatoire du colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels. Organisé par PEN-Mali et ses partenaires, la conférence inaugurale de l’atelier a surtout mis l’accent sur la nécessité de se réapproprier du passé pour faire face aux défis du présent et du futur.

Sous le thème « Regard croisés entre chartes sociales précoloniales (Kurukanfuga/Dina du Macina) et constitutions. Des énoncés précoloniaux en matière de droits et de libertés ? », la cérémonie d’ouverture de l’atelier préparatoire du deuxième colloque international des écrivains, journalistes et écrivains, a attiré un public important, avec notamment la présence du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mamadou Ismaël Konaté, du 4e Vice-Président de l’Adema-PASJ, Moustaph Dicko ainsi que d’éminents chercheurs et écrivains. Désigné commissaire scientifique du colloque, Me Amadou Tiéoulé Diarra, dans son intervention, a surtout fait le constat d’une société malienne où la laïcité est sous le coup d’une menace certaine du fait de la montée en puissance de l’intégrisme : « La floraison des mosquées, la pratique violente de la religion et l’irruption croissante des congrégations  religieuses dans le champ politique sont autant de phénomènes qui nous interpellent aujourd’hui. Ces phénomènes qu’il convient d’appeler sous le vocable ‘’intégrisme’’  mettent à rude épreuve le caractère laïc de la République. », a-t-il expliqué. Citant un article de l’écrivain sénégalais, Cheik Hamidou kane, qui écrivait en 1956, «Si l’islam n’est pas la seule religion d’Afrique occidentale, elle en est la première par importance. Je veux dire aussi qu’il me semble qu’elle est la religion de son cœur », l’avocat a estimé que l’équation est tout sauf simple : « Sommes-nous condamnés à subir impuissamment cette pratique sans nul doute erronée de l’islam auquel cas nous compromettrons l’avenir de la génération future, ou au contraire nous nous devons de nous appuyer  sur notre passé traditionnel soutenu par les réalités de l’heure pour apporter des réponses adaptées à la menace actuelle ? », s’est-il interrogé. Pour lui, il s’agit aujourd’hui de nous appuyer sur le passé, surtout qu’il y a eu une expérience d’existence d’État théocratique au Macina avec Sékou Ahmadou, basé sur les préceptes coraniques (la dina), ainsi que la charte de Kurukanfuka de 1236 qui traite aussi de la question religieuse.

Dans le contexte d’un pays qui sort de crise, la tenue de cet atelier a été salué par beaucoup, surtout ceux qui sont d’avis que le besoin s’impose aujourd’hui de préciser le rôle et la place de la religion, de la politique. Moustaphe Dicko s’est inscrit dans cette démarche et ne s’est pas privé de pointer la faillite de la classe politique malienne, sous-tendue par celle de l’intelligentsia. Pour le ministre de la Justice, Mamadou Ismaël Konaté, « on s’étonne que des sujets qui ne posaient aucune difficultés jadis, en posent aujourd’hui ». Il estime que pour la garantie de nos libertés, il faut que s’établisse un cadre juridique. Or, poursuit-il, « le drame c’est que le droit ne vient pas de nous. La majorité de nos lois sont d’origine étrangère par le biais de traités et conventions que nous signons et qui ont des répercussions sur notre société. » Et le ministre de conclure que « Notre aventure est ambiguë. Tant qu’on ne se lèvera pas pour savoir qui nous sommes, où on va, notre existence sera un perpétuel recommencement. »

Carburants frelatés toxiques : record sinistre au Mali

Les résultats d’une enquête de l’ONG suisse, Public Eye, révèlent que les carburants vendus en Afrique, surtout à l’Ouest, sont toxiques. Et c’est au Mali que la plupart des échantillons ont été détectés.

Ce sont les résultats d’une enquête qui a duré trois ans. Le rapport « Dirty diesel », 160 pages, rendu public par l’ONG suisse Public Eye, le jeudi 15 septembre, révèle quelque chose d’inquiétant, à savoir que « les négociants suisse inondent l’Afrique de carburants toxiques ». L’ONG épingle les sociétés Vitol, Trafigura et Addax & Oryx, qui, conscientes de la faiblesse des normes légales en Afrique, se permettent d’y écouler des carburants toxiques qui nuisent à la santé des populations. Encore plus inquiétant, ces carburants sont vendus sur le continent par des stations service.

Les échantillons ont été prélevés dans les pays tels que l’Angola, le Bénin, le Congo Brazzaville, la Côte d’ivoire, le Ghana, le Mali, le Sénégal et la  Zambie.  Le maximum de concentration a été détecté au Mali, dans une station de pompage d’Addax & Oryx. « Les carburants analysés présentent jusqu’à 378 fois plus de soufre que la teneur autorisée en Europe. Ils contiennent d’autres substances très nocives, comme du benzène et des aromatiques polycycliques, à des niveaux également interdits par les normes européennes.

Les négociants suisses ne se contentent pas de vendre du diesel et de l’essence toxiques ; ils les fabriquent à dessein, en mélangeant divers produits pétroliers semi-finis à d’autres substances pétrochimiques afin de créer ce que l’industrie appelle « la qualité africaine », explique l’ONG. Aucun des échantillons prélevés, selon Public Eye, n’est vendable, en tout cas pas sur les marchés d’autres continents que l’Afrique. Les carburants produits, de mauvaise qualité, sont exportés de la zone appelée « ARA » (Amsterdam-Rotterdam-Anvers). Pour l’ONG, la production et la vente de ces produits ne sont pas illégales mais plutôt illégitimes. Et de rapporter des prévisions de l’International Council on Clean Transportation (ICCT) qui estime que « la pollution de l’air liée au trafic routier causera, en 2030, trois fois plus de décès prématurés en Afrique qu’en Europe, aux Etats-Unis et au Japon réunis. » C’est le Mali qui enregistre un triste record, le gros des échantillons y ont été détectés, notamment à la station de pompage de la société Addax&Oryx. Contacté par le Journal du Mali, son directeur, Thibaud Dena, s’est borné à dire qu’Oryx « ne vend pas de carburants frelatés. Nos produits respectent les normes. » Il reste que les enquêtes disent le contraire : « Au Mali, Oryx a remporté, parmi nos 47 échantillons, la palme avec son diesel comportant une teneur de 3780 ppm ! Autrement dit, 378 fois plus que la limite autorisée à Malte, où M. Gandur, patron d’Addax & Oryx, est officiellement domicilié, à Genève, siège de ses sociétés. », ajoute le rapport.

 

 

PEN-Mali : Comment refonder la paix et la cohésion sociale en Afrique à partir des concepts de droits humains ?

Du 19 au 21 septembre, en prélude au colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels, aura lieu un atelier préparatoire qui réunira hommes de cultures et écrivains autour des thématiques tels que les chartes sociales précoloniales, la gouvernance démocratique et l’extrémisme violent.

Dans le cadre du colloque international des écrivains, journalistes et communicateurs traditionnels, un atelier préparatoire aura lieu du 19 au 21 septembre, au Centre Djoliba, à Bamako. Organisé par le centre PEN-Mali et le mouvement Malivaleurs, et placé sous la haute présidence du Président Ibrahim Boubacar Keïta, l’atelier réunira, pendant trois jours, hommes de culture et écrivains autour du thème « Regard croisés entre Chartes sociales précoloniales (Kurukanfuga/Dina du Macina) et constitutions. Des énoncés précoloniaux en matière de droits et de libertés ? ». Outre qu’il y aura deux cafés littéraires sur les femmes écrivaines du Mali et les écrivains de Tombouctou.

Concepts de droits et liberté (liberté d’opinion/droits humains), la Charte de Kurukanfuga, la Dina, contributions sur d’autres chartes de référence, sont entre autres, des sujets qui seront discutés, au cours des panels. Les ateliers porteront sur les enjeux de ces concepts de droits humains pour les nouvelles générations, et le rôle des journalistes, écrivain et communicateurs traditionnels dans la lutte contre l’extrémisme violent et les dérives anti-démocratiques de la gouvernance.

L’atelier se tiendra en prélude au colloque qui se tiendra du 25 au 28 octobre sur le thème « La montée des intégrismes comme menace pour les droits et les libertés. » Pour mémoire, la première édition du colloque, à laquelle ont pris part des écrivains venant de plusieurs pays, a eu lieu du 28 au 30 septembre 2015. « Notre programmation 2016 vise à consolider les acquis et à nous pencher sur la question de l’extrémisme violent comme menace grave pour les droits et les libertés. », explique l’écrivain et éditeur, Ismaïla Samba Traoré, président de PEN-Mali. Auparavant, fin août, un séminaire  à Tombouctou a permis à des écrivains francophones et arabisants de débattre sur les thématiques du colloque et de l’atelier préparatoire.