VIDEO : L’entrée des soldats français à Bourem

Les jihadistes ont fui trois jours auparavant. Les militaires ont été chaleureusement accueillis par la population qui brandissait des petits drapeaux français et maliens. « C’est la délivrance aujourd’hui », s’exclame le maire de Bourem au micro des envoyés spéciaux de France 2. Il explique que les islamistes se comportaient en « maà®tres » car ils « droit de vie ou de mort sur [eux] ». Toutefois, les forces françaises restent en alerte car des islamistes peuvent encore se cacher dans la population. « On a tous l’expérience de l’Afghanistan dans notre armée française et on connaà®t leur mode d’action. Ils sont capables à  tout instant de nous infliger des pertes », explique le lieutenant-colonnel Christophe Loridon, de l’Etat-major de la brigade « Serval ». Francetv info / Loà¯c de la Mornais, Annie Tribouart – France 2

Vigilance à Gao infiltrée par les islamistes armés

Les armées française et africaines restaient vigilantes mardi à  Gao, la plus grande ville du nord du Mali, théâtre pendant quatre jours de violences de la part des groupes islamistes armés qui ont réussi à  s’y infiltrer et promis d’y rester pour combattre « les mécréants ». La vigilance est d’autant plus grande que les jihadistes du nord du Mali ont reçu le soutien d’Al-Qaà¯da dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, qui a qualifié « la croisade contre l’islam » menée par la France de « déclaration de guerre contre l’islam et les musulmans ». « Soutenir les musulmans au Mali est un devoir pour tout musulman capable de le faire », affirme un communiqué d’Aqpa, précisant que les musulmans peuvent « payer de leur vie ou contribuer financièrement » au jihad (guerre sainte). Une guerre « plus obligatoire pour les musulmans les plus proches » du théâtre des combats, « pour ceux dont la France a utilisé le territoire pour lancer » son opération et « pour les musulmans vivant dans les pays qui aident la France dans cette croisade », selon l’organisation. A Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, o๠ont eu lieu vendredi et samedi les premiers attentats-suicide de l’histoire du Mali, ainsi que des combats de rues opposant dimanche des groupes de jihadistes à  des soldats maliens et français, la situation reste tendue. Vers 11H00, locales et GMT, le quartier du marché était quasi-désert, la majorité des boutiques fermées, a constaté un journaliste de l’AFP. Des patrouilles maliennes et nigériennes sillonnaient les rues, effectuant des arrestations. « Les gens ont peur, à  cause de la sécurité et parce qu’on procède à  des arrestations », a confié un officier malien. Les soldats eux-mêmes étaient très nerveux, ne quittant pas leurs armes, les Nigériens arborant casque et gilet pare-balles. Quelques coups de feu ont été entendus vers 10H30, sans qu’il soit possible de connaà®tre leur provenance. Au sud de Gao, des soldats nigériens fortifiaient leur base. Les forces de sécurité continuent par ailleurs de découvrir quotidiennement à  travers la ville des stocks de munitions et d’explosifs, selon une source militaire malienne. Un journaliste de l’AFP a ainsi vu dans la cour d’une maison déserte du centre de gros bidons remplis d’une substance inconnue avec des fils électriques, pouvant constituer un engin explosif artisanal puissant. Des cartouches de mitrailleuses lourdes jonchaient le sol près des bidons. Prévenues par des témoins, les forces françaises et maliennes n’étaient pas encore intervenues mardi pour déblayer la cour. « Les moujahidine resteront » à  Gao Lundi à  l’aube, un hélicoptère de l’armée française avait bombardé le commissariat principal, ancien siège de « la police islamique » pendant l’occupation de la ville par les jihadistes en 2012, o๠étaient retranchés dimanche plusieurs d’entre eux tirant sur les soldats maliens. Des témoins ont affirmé qu’un kamikaze s’était également fait exploser dans le commissariat, sans pouvoir dire si c’était avant ou pendant le bombardement. Le ministre malien de la défense, Yamoussa Camara, a fait état d’un bilan de trois islamistes tués et onze capturés à  l’issue des combats de dimanche, au cours desquels trois soldats maliens ont aussi été blessés. Un bilan de source hospitalière mentionnait au moins trois civils tués. Le commissariat et le marché principal de la ville, situé à  proximité, ont en outre été déminés lundi par les soldats français Les deux attentats-suicide contre l’armée malienne à  un poste de contrôle à  l’entrée nord de Gao et les affrontements de dimanche ont été provoqués par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ce groupe islamiste également dénoncé pour ses activités criminelles, dont le trafic de drogue, occupait totalement la ville depuis juin 2012 oà¹, au nom d’une interprétation rigoriste de la charia (loi islamique), il a commis de nombreuses exactions avant l’arrivée des troupes françaises et maliennes le 26 janvier. En revendiquant ces actions, Abou Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao, avait affirmé qu’il les poursuivrait « jusqu’à  la victoire » contre l’armée malienne et « les ennemis de l’islam ». « Les moujahidine sont dans la ville de Gao et y resteront », avait-il ajouté. En dépit de la tension à  Gao, le président français François Hollande a estimé lundi, un mois jour pour jour après le début de l’intervention de l’armée française au Mali, que « l’essentiel du territoire malien a été libéré ». « Aucune ville n’est occupée par un groupe terroriste, aucun des réseaux ou groupes qui jusque-là  mettaient en péril la vie des Maliens n’est capable de mener une véritable offensive », selon lui. Reste que les attentats-suicide et les combats à  Gao sont le signe d’un regain d’activités des islamistes armés qui avaient dans un premier temps fui les villes

Mali: « Les djihadistes ont laissé des cellules capables de harceler les militaires »

Les attaques des groupes armés se multiplient depuis quelques jours. Les difficultés commencent pour l’armée française ? Nous ne devons pas en être surpris. L’adversaire avait compris qu’il ne pouvait pas affronter l’armée française frontalement. Il a adopté une stratégie d’évitement. Celle-ci a permis à  l’armée de remonter très rapidement de Bamako jusqu’à  Tessalit. Mais les djihadistes ont laissé des cellules capables de harceler les militaires. Nous ne sommes pas en mesure de sécuriser une zone qui s’étend sur 1500 km. L’armée française a bien sûr fait évoluer ses techniques de renseignement et de protection pour limiter les risques. Mais il est presque impossible d’empêcher des attentats suicide. Les terroristes ont toujours l’avantage de la surprise; et ce type d’attaque est très peu coûteux pour eux. Pour les actions menées à  Gao ces derniers jours, il est difficile de savoir si elles représentent le chant du cygne des groupes armés ou le début de quelque chose de nouveau. Quelles sont les différences avec l’intervention en Afghanistan ? La principale différence tient au fait que les Talibans en Afghanistan étaient à  100% des Afghans, alors que la plupart des djihadistes d’Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ne sont pas des Maliens. Ils bénéficient donc moins du soutien des populations locales. « On peut gagner une bataille et perdre la guerre » Par ailleurs, la géographie n’est pas du tout la même. Alors qu’en Afghanistan, le relief est très montagneux, facilitant les embuscades, le Mali est un espace ouvert et vaste. Il faut utiliser des véhicules pour s’y déplacer et il est beaucoup plus délicat de le faire discrètement. Les groupes armés sont donc plus facilement repérables. En dehors des villes, il leur est difficile de mener des opérations majeures. Sécuriser complètement Gao, une ville de 100.000 habitants, demanderait le déploiement de milliers de soldats. Ce n’est pas à  la portée de la France. Et même si on y parvenait, cela ne suffirait pas. La guerre d’Algérie a montré qu’on peut gagner une bataille -comme celle d’Alger- et perdre la guerre. Quelles leçons a-t-on tiré de l’expérience en Afghanistan? L’enseignement majeur de onze ans de guerre en Afghanistan est que les dépenses sécuritaires ne suffisent pas. Ce genre de conflit ne se règle pas par la voie militaire mais par la voie politique. On a réuni dans ce pays l’équivalent des deux tiers des budgets militaires du monde… sans parvenir à  défaire les Talibans. Au Mali, non plus, on ne l’emportera pas si on ne s’attaque aux racines de la crise. « L’armée française est là  pour très longtemps » Un autre enseignement à  retenir de la crise afghane, sur le plan politique cette fois, est qu’on ne doit pas faire abstraction d’une partie de la population. Quand on a organisé, en 2001, la conférence de Bonn destinée à  préparer la transition après avoir chassé les Talibans du pouvoir, on a fait une conférence des vainqueurs. les Pashtouns, qui constituent pourtant la plus importante minorité du pays, ont été laissés de côté. Il ne faut pas reproduire cette erreur. Il faut permettre le dialogue de toutes les composantes de la société malienne, et tout particulièrement inclurer les Touaregs. Il faut aussi très rapidement rétablir l’unité de l’armée malienne, en proie à  de graves luttes intestines actuellement. Le nouveau pouvoir doit être doté d’une vrai légitimité pour sortir de cette crise. L’armée française est-elle au Mali pour longtemps ? Oui, l’armée française est là  pour très longtemps. Dès lors qu’elle s’est engagée, la France est responsable de ce qui se passe dans ce pays. Si elle part trop tôt et que, dans la foulée, la situation se dégrade, Paris en portera la responsabilité. La France a fait une erreur stratégique en Libye qu’elle ne doit pas répéter au Mali. Quand on fait le choix de déclencher une guerre, il faut pousser jusqu’au bout la logique impliquée par cet engagement. En Libye, il aurait fallu soit s’en tenir à  la mission initiale prévue par la résolution de l’ONU, c’est à  dire protéger la ville de Benghazi face aux menaces de l’armée libyenne, soit s’engager au sol et désarmer les milices. L’entre-deux adopté par la France a détruit le pouvoir politique et ne l’a remplacé par rien. On en paie maintenant les conséquences au Sahel.

Nouvelle explosion à Gao, des journalistes évacués

Une violente explosion a de nouveau retenti à  l’aube ce lundi dans la ville de Gao. Il était environ 4 heures du matin et selon des soldats maliens, elle semblait venir du nord de la ville, « peut-être du check-point sur la route de Bouren » qui avait été attaqué vendredi matin par un kamikaze islamiste, puis de nouveau samedi soir, également par un kamikaze. L’attaque de ce poste de contrôle survenue samedi soir aurait permis l’infiltration du commando qui a harcelé les troupes maliennes dimanche. Attaque kamikaze et combats armés au centre-ville La sécurité du poste de contrôle avait été fortement renforcée depuis qu’un homme portant un uniforme de le gendarmerie malienne s’était fait exploser vendredi à  proximité, dans le premier attentat-suicide enregistré au Mali et revendiqué par le Mujao. Deux tentatives ont suivi cette première, évitées grâce à  l’interpellation des kamikazes. Par ailleurs en ville, des combats de guérilla urbaine se sont déroulés au centre-ville de Gao pendant l’après midi du dimanche 10 février. Les échanges de tirs entre soldats maliens et islamistes ont éclaté dimanche en début d’après-midi au C’œur même de la ville, près du commissariat central, qui était le siège de la police islamique quand les jihadistes occupaient Gao. Ils n’ont pris fin qu’à  la tombée de la nuit, les forces françaises et maliennes ayant a priori éliminé le groupe islamiste qui les harcelait dans le centre de Gao. Des sources françaises et maliennes ont toutefois confié leur crainte de la poursuite de la présence de francs-tireurs dans la ville. Bombardement de positions islamistes, évacuation des journalistes L’armée française a en fait bombardé dans la nuit de dimanche à  lundi le commissariat de la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, o๠se trouvaient des islamistes armés qui avaient affronté des soldats de l’armée malienne, ont indiqué des témoins. Plusieurs témoins ont dit avoir vu « un hélicoptère » de l’armée française bombarder le bâtiment, totalement détruit, a constaté un journaliste de l’AFP qui a également vu des débris de corps aux alentours. Un témoin a affirmé de son côté qu’un des islamistes qui se trouvait à  l’intérieur du commissariat s’était également fait explosé. Les militaires français ont également procédé à  l’évacuation d’une cinquantaine de journalistes qui se trouvaient dans la ville. Depuis la libération de la ville, des dizaines de journalistes maliens et internationaux y avaient afflué.

Gao devient un camp retranché

Les soldats maliens renforçaient samedi la sécurité dans la région de Gao, dans le nord du Mali, après l’arrestation de deux jeunes portant des ceintures d’explosifs et au lendemain du premier attentat suicide recensé dans le pays. A Bamako, le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a vivement condamné vendredi soir les « tirs fratricides » entre soldats maliens, survenus au camp des Bérets rouges, qui ont tué deux civils, lançant un nouvel appel à  « l’union sacrée indispensable », en pleine reconquête du nord du Mali contre les groupes islamistes armés. Ces derniers, qui ont refusé le choc frontal avec les soldats français et maliens, semblent avoir opté pour un recours aux attentats suicides et à  la pose de mines sur les routes. Deux jeunes portant des ceintures bourrées d’explosifs ont ainsi été arrêtés samedi matin à  20 kilomètres au nord de Gao, au lendemain du premier attentat suicide au Mali, survenu dans cette même ville située à  1.200 km au nord-est de Bamako et récemment reprise aux groupes islamistes armés. L’attentat revendiqué par le Mujao « Nous avons arrêté tôt aujourd’hui deux jeunes, un Arabe et un Touareg. Ils avaient une ceinture d’explosifs et ils étaient sur le dos de deux ânes », a déclaré à  l’AFP Oumar Maà¯ga, le fils du chef du village local. Les deux jeunes ont été arrêtés sur la route menant à  Bourem et à  Kidal, à  20 km de l’entrée nord de Gao, o๠un homme s’est fait exploser vendredi dans un attentat suicide visant des militaires maliens, blessant légèrement l’un d’entre eux. L’attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupait depuis des mois le nord du Mali, y multipliant les exactions. Jeudi, le Mujao avait dit avoir créé « une nouvelle zone de conflit », promettant d’attaquer des convois, de poser des mines et « d’organiser des kamikazes ». Plus grande ville du nord du Mali, Gao a été reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens aux islamistes. Mais depuis vendredi, la ville semble en état de siège: aussitôt après l’attentat suicide, soldats et gendarmes maliens se sont affairés à  renforcer les postes aux entrées de la ville, a constaté un journaliste de l’AFP. Des mines découvertes aux alentours Sacs de sable empilés autour des postes de contrôle, arbres rasés pour améliorer la visibilité, mitrailleuses lourdes en batterie, renforcement des patrouilles des soldats nigériens: les mesures traduisent l’inquiétude des militaires, qui prennent très au sérieux les menaces de nouvelles attaques. « Dès qu’on sort de plus de quelques kilomètres de Gao, c’est dangereux », a confié a l’AFP un officier malien. Selon des sources militaires, française et maliennes, plusieurs des villages entourant Gao sont acquis à  la cause des islamistes. Des mines ont été découvertes sur les routes alentours: quatre civils maliens ont été tués mercredi par une mine au passage de leur véhicule entre Douentza (centre) et Gao. Le 31 janvier, deux soldats maliens avaient déjà  été tués dans une explosion similaire, sur la même route. Dans la capitale malienne, le calme était revenu samedi après les affrontements survenus la veille dans l’attaque par des militaires du camp d’une ancienne unité d’élite de l’armée malienne, les Bérets rouges. Au moins deux personnes, des adolescents, ont été tués et treize blessées, selon un bilan du gouvernement, dans cette attaque qui a suscité la colère du chef d’état malien. Divisions au sein de l’armée « Je vous demande d’arrêter définitivement ces affrontements répétés au sein de l’armée malienne qui doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à  hauteur de mission », a déclaré vendredi soir Dioncounda Traoré, lors d’une allocution empreinte de gravité à  la télévision publique ORTM. Le président malien a précisé que le Premier Ministre Diango Cissoko recevrait lundi les représentants des Bérets rouges « pour trouver une solution définitive à  cette crise ». Cette attaque, qui illustre les divisions au sein de l’armée malienne laminée par les groupes islamistes armés et les rebelles touareg en 2012, a été motivée par le refus des Bérets rouges de quitter leur camp à  Bamako et d’être réaffectés dans d’autres unités pour aller combattre les islamistes dans le Nord. Les Bérets rouges sont les membres du Régiment des commandos parachutistes, un corps d’élite de l’armée malienne jusqu’au coup d’Etat ayant renversé, le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré, un ancien de cette unité. Fin avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d’Etat mené par les hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo, membres d’un autre corps d’armée, les Bérets verts. L’attaque a coà¯ncidé avec l’arrivée à  Bamako d’un premier contingent de 70 militaires européens, chargés de former l’armée malienne, qui est « en état de délabrement avancé », selon le général français François Lecointre, qui dirige la mission de l’Union européenne.

Au Mali, « les terroristes sont toujours là »

Il s’est beaucoup dit que la France intervenait au Mali parce qu’elle n’avait pas envoyé de troupes au sol en Libye, ce qui aurait empêché les groupes terroristes de trouver des armes. Vous étiez à  l’époque de l’intervention au Libye le ministre des Affaires étrangères: avez-vous le même avis? C’’est stupide. Il n’a jamais été question d’envoyer des hommes au sol en Libye, la résolution votée à  l’époque ne le permettait pas, contrairement à  celle adoptée pour le Mali. C’’est une simplification historique un peu superficielle de dire que C’’est la Libye qui a tout provoqué. Cela fait trente ans que les Touaregs se révoltent. Il ya eu des accords de paix à  Alger, et aujourd’hui au nord du Mali il y a à  la fois les salafistes et des djihadistes, mais aussi les Touaregs. C’’est vrai que la Libye n’a pas arrangé les choses, des armes ont reflué vers le Sahel mais ce n’est pas cela qui explique la situation. Pour l’un de mes derniers voyages en tant que ministres des Affaires étrangères, je suis allé à  Bamako rencontrer le président Touré à  l’époque. Je lui avais dit de négocier avec les Touaregs, lui était parti dans l’idée qu’Aqmi allait lui ficher la paix, rester dans le nord et ne pas aller jusqu’à  Bamako: on a vu la suite… J’ai approuvé l’intervention mais rien n’est réglé. Nous n’avons pas détruit les terroristes: ils se sont enfuis. Ils sont toujours là , soit dans les villes, mêlés à  la population, soit dans le nord. Si l’armée française se retire, comme on nous l’annonce, encore que ce soit un petit peu ambigu, la chose est loin d’être réglée. Est-ce une erreur selon vous que l’armée française commence à  quitter dès mars le Mali? Il y a une communication extrêmement maà®trisée sur ce qui se passe, C’’est le moins que l’on puisse dire. On nous dit qu’il y a eu des centaines de morts du côté des terroristes, mais les rares journalistes qui ont pu aller sur le terrain n’en ont pas vu. On nous dit qu’il y a eu des blessés côté français sans nous dire combien. C’’est quand même très curieux. On ne sait pas très bien quel est le rapport de force sur le terrain: début mars C’’est dans quinze jours. Je ne suis pas sûr que les soldats africains soient en mesure de prendre le relais. Et si les mêmes causes produisent les mêmes effets, avec des colonnes terroristes qui foncent vers le sud, on serait dans une sacrée difficulté. Il y a aussi des difficultés à  Bamako, o๠le problème n’est pas réglé. Les militaires qui ont fait le coup d’Etat ne sont pas véritablement rentrés dans leur caserne, l’ordre constitutionnel n’est pas vraiment rétabli. Qui maà®trise l’armée malienne, qui évite les exactions? Comment traite-t-on les Touaregs qui veulent bien se dissocier des terroristes? Il y a toute une série de questions. La France est partie seule au Mali, sans aide financière de l’Europe, et on entend maintenant que C’’est parce que la France paie seule, qu’il y aurait eu un dépassement du budget autorisé de 3%… On a déjà  essayé de faire ce coup-là  il y a quelques années, on avait dit qu’il faudrait mettre le budget de la Défense en dehors des critères maastrichtiens… Je crois que ce n’est pas sérieux. En revanche il n’en reste pas moins que l’Europe a été nulle. Et C’’est profond, car il n’y a pas simplement l’aspect financier, mais aussi l’aspect idéologique: l’idée que l’on puisse parfois utiliser la force pour régler certains conflits, lorsque la négociation ne suffit pas, est étrangère à  un certain nombre de nos partenaires, et y compris à  nos partenaires allemands. Cela pose la question de pouvoir réanimer, un jour, une véritable politique de sécurité de défense commune. J’ai essayé d’y travailler quand J’étais au Quai d’Orsay, J’ai eu beaucoup de mal avec les Britanniques, qui ne veulent pas faire cela avec les Européens, et avec les Allemands qui n’ont pas envie de s’engager. A ce propos, la Suède a expliqué il y a peu que, si elle était attaquée, elle ne pourrait même plus se défendre. Cela vous inquiète? Oui… Parmi les géants européens, Il n’y a plus que deux pays qui ont une véritable capacité militaire à  se défendre, C’’est la France et la Grande-Bretagne. J’espère donc que l’on ne va pas rogner les crédits de la défense française. Ce que l’on a fait au Mali, C’’est la démonstration que toutes les réformes engagées depuis dix ou quinze ans ont conduit à  une armée opérationnelle, capable de projeter 4.000 hommes dans des délais extrêmement brefs. Or, le monde est dangereux, la menace terroriste existe. Propos recueillis par David Blanchard, Elsa Provenzano et Mickaà«l Bosredon

Armée Malienne: « Kidal ne fera pas exception »

La question de Kidal demeure la plus sensible dans la guerre en cours en ce moment au Mali. Et pour cause la présence des soldats français dans cette ville sans l’armée malienne suscite des colères et des frustrations auprès des populations civiles. Les militaires ont tenu à  partager leur vision de cette situation. Face à  la presse, Souleymane Dembélé affirme que la région de Kidal ne fera pas exception dans le cadre de la reconquête des zones occupées du Mali. Selon lui, l’armée malienne s’est investie dans une mission de reconquérir tout le territoire occupé par les islamistes. « Partout o๠se retranchent les islamistes, l’armée sera là -bas pour les bouter hors du Mali » martèle –t-il. Concernant la négociation avec le MNLA, Souleymane Maiga directeur de la DIRPA est formel, « l’armée malienne ne gère pas l’aspect politique, mais tout groupe armé qui possède des armes sera combattu par l’armée malienne. Si le MNLA détient les armes, nous allons le combattre car il est considéré comme l’ennemi du pays ». Et il ajoute que les militaires maliens sont en route pour Kidal avant de rappeler cette est route très accidentée, ce qui rend son accès difficile. « l’armée malienne n’est pas bien outillée comme la France qui a aéroporté ses hommes pour occuper le terrain » dit-t-il. La présence de la France à  Kidal sans l’armée est également stratégique, selon Souleymane Dembélé. La France n’a aucun intérêt à  mettre l’armée malienne à  l’écart mais elle a aussi un intérêt qui est de sauver la vie de ses otages dans les montagnes de Kidal. Vous verrez l’armée malienne et française qui contrôleront cette région bientôt » dit-t-il. « C’’est honteux de faire du bruit à  Bamako» Ce matin les Bamakois se sont réveillés avec les bruits d’un nouvel affrontement entre bérets rouges et verts. Il y a à  peine dix jours, des bérets rouges incarcérés depuis le mois de mai, étaient libérés. Tous avaient pensé alors à  la réconciliation des corps dans l’armée malienne. Ce vendredi, des bérets rouges qui voulaient se réunir en auraient été empêchés des bérets verts. Des coups de feu ont été tirés faisant deux morts, selon une source militaire citées par l’AFP et plusieurs blessés. Pour le lieutenant-colonel Soulyemane Dembélé, l’ « affaire des bérets rouges est un non-événement ». Il affirme que les bérets rouges qui ont participé au contre coup ont commis un acte d’indiscipline notoire dans l’armée. « Malgré tout, nous avons essayé de les manager pour les repartir dans les différents corps afin de combattre les ennemis communs qui sont les islamistes » ajoute –t- l’officier. Selon le directeur adjoint de la DIRPA, il reste quelques bérets rouges qui sèment la zizanie dans l’armée. « Je pense qu’il est honteux que les militaires maliens fassent du bruit à  Bamako pendant que les étrangers qui sont venus nous aider sont au front » déplore –t-il. Concernant la MISMA, le communicateur de l’armée malienne a annoncé que de nouveaux contingents sont arrivés de la Guinée Conakry et du Sénégal. Actuellement le commandement de la MISMA travaille sur le déploiement de ces forces sur le terrain.

Le tumultueux parcours des rebelles touaregs du MNLA

Le MNLA représente une minorité au sein d’une communauté elle-même largement minoritaire au Mali, de 300.000 à  500.000 personnes sur 14 millions d’habitants. il a ses entrées en France o๠ses responsables sont reçus au ministère des Affaires étrangères et sur les plateaux de télévision, ce qui a sans doute contribué à  donner une vision déformée de son emprise sur le terrain.. A l’orrigine, le parrainage de Kadhafi Fort de son pactole pétrolier, le colonel Kadhafi, qui se voyait en « guide » non seulement de la « Grande Jamahiriya (République) arabe libyenne populaire et socialiste », mais aussi de toute l’Afrique, instrumentalise les Touaregs, ce peuple éparpillé sur cinq pays par les frontières de la colonisation, pour déstabiliser ses voisins. Dans les années 1970, Il recrute des « hommes bleus », nomades marginalisés par les pouvoirs centraux et appauvris par des sécheresses à  répétition. Le colonnel Kadhafi forme militairement les Touaregs, réputés pour leur tradition guerrière: Certains sont expédiés au Tchad ou au Liban. Nombre de Touaregs sont intégrés à  l’armée libyenne au sein d’une « légion islamique ». Après le soulèvement qui a démarré à  Benghazi au printemps 2011, quand les choses commencent à  mal tourner pour leur parrain libyen, plusieurs centaines des ces soldats prennent, à  l’automne 2011, la route du Mali, dévalisant au passage quelques arsenaux. Ils s’unissent à  de jeunes militants indépendantistes qui ont créé en un an plus tôt le Mouvement national de l’Azawad. Cette fusion donner naissance, en octobre 2011, au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui revendique l’indépendance du Nord du Mali. La naissance d’Ansar Eddine Un dirigeant touareg historique, Iyad Ag Ghaly, ancien lui aussi de la « légion islamique » libyenne, qui a depuis versé dans le salafisme au contact de prédicateurs pakistanais, revendique le commandement militaire du MNLA, Devant le refus de ce dernier, il fonde son propre mouvement, Ansar Eddine (Défenseurs de la religion). Auréolé de son prestige passé, Ag Ghali ramène dans son orbite quelques jeunes Touaregs proches d’Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et des djihadistes confirmés. Parrallèlement, apparaà®t, également à  l’automne 2011, un autre groupe armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), formé d’activistes maliens et mauritaniens noirs qui se réclament eux aussi d’Al Qaà¯da. L’alliance avec Ansar Eddine Le 17 janvier 2012, le MNLA lance une offensive surprise et prend plusieurs villes du nord-est du Mali, Ménaka, Aguelhok, Tessalit. Pour mener cette attaque, le MNLA, qui se dit laà¯que, s’allie au Groupe Ansar Eddine. L’armée malienne, sous-équipée, est rapidement défaite face à  ces combattants aguerris et fortement armés. Les rebelles sont rejoints par des soldats touaregs de l’armée malienne en déroute. Lors de l’offensive de janvier 2012, des exactions sont commises, en particulier à  Aguelhok, o๠une centaine de soldats maliens sont exécutés. Le manque de moyens de l’armée malienne est à  l’origine du coup d’Etat militaire du 22 mars à  Bamako. Les putschistes dénoncent l’abandon des soldats dans le Nord. L’indépendance … la charia, et l’éviction Profitant du chaos dans la capitale malienne, les rebelles poursuivent leur avancée. Le 30 mars, Ansar Eddine, le MNLA et des éléments d’Aqmi s’emparent de Kidal, puis de Gao. Le 1er avril, Tombouctou tombe à  son tour aux mains du MNLA, qui proclame l’indépendance. Mais dès le lendemain, le mouvement se fait déloger par les djihadistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Le MNLA perd peu à  peu des positions face aux groupes islamistes armés qui prennent le contrôle effectif des principales villes. Ces derniers instaurent la loi islamique (charia) et marginalisent le MNLA avant de l’évincer totalement fin juin. En octobre 2012, alors que se prépare le déploiement d’un contingent ouest-africain sous mandat onusien, le MNLA se dit prêt à  revenir sur sa revendication d’indépendance et se contenter d’un « droit à  l’autodétermination ». Un mois plus tard, sous la pression de l’Algérie, hostile à  une intervention étrangère, des dirigeants d’Ansar ed-Dine annoncent vouloir dialoguer, puis s’engagent, en décembre, à  cesser les hostilités. Ils sont désavoués par Iyad Ag Ghaly qui décide, début janvier de lancer une offensive vers le sud du pays. Cet assaut précipite l’intervention française, le 11 janvier 2013. Le retour du MNLA, partenaire de l’armée française La rapide progression de l’armée française, entraà®ne une scission au sein d’Ansar Eddine. Une partie de ses membres, qui prend le nom de Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) appelle à  une « solution pacifique » pour régler le conflit. Ce groupe rejette « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à  combattre » ses anciens partenaires. Parallèlement, dans Kidal et sa région, berceau des Touaregs, l’arrivée de l’armée française fin janvier redonne un second souffle au MNLA qui s’installe dans la ville sans combattre après la fuite des djihadistes. A Kidal, le MNLA cohabite avec les islamistes touaregs du MIA. Il fait aussi son entrée dans la ville de Ménaka, à  80 km de la frontière nigérienne. Désormais, les rebelles du MNLA disent vouloir aider les forces franco-africaines à  combattre les chefs et combattants djihadistes, dont Iyad Ag Ghaly, repliés plus au nord, dans le massif des Ifoghas. Le MNLA semble avoir obtenu qu’aucun soldat malien ne vienne dans la zone -ce sont 1800 soldats tchadiens qui sécurisent la ville de Kidal-. Il craint en effet les représailles des soldats maliens contre les Touaregs, après un an de conflit dans la région, et des décennies de de l’armée malienne contre les « peaux rouges » touaregs.

Soldats français et tchadiens à Aguelhok

C’est le dernier fief des groupes islamistes armés. Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à  Aguelhok, à  160 km au nord de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, ont indiqué des sources concordantes maliennes. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal : « Les soldats français et tchadiens sont partis en nombre par la route. Ils sont arrivés à  Aguelhok et vont ensuite se diriger vers Tessalit », a précisé cette source. Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, tout près de l’Algérie, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nements des groupes islamistes, selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Aguelhok et Tessalit se situent dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes o๠selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaà®t parfaitement la région. C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l’aéroport de Kidal, à  1.500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, o๠quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Près de trois Français sur quatre favorable à  l’intervention Plus les troupes avancent, plus les Français semblent favorables à  cette guerre. Près de trois d’entre eux sur quatre (73%) sont favorables à  l’intervention militaire au Mali, quatre semaines après son lancement, un chiffre en constante augmentation depuis le début des opérations (63% alors), selon un sondage de l’Ifop à  paraà®tre vendredi dans Midi Libre. Selon l’étude statistique, 27% des personnes interrogées sont « tout à  fait favorables » et 46% « plutôt favorables » à  l’engagement de l’armée française au Mali, soit un total de 73% de Français approuvant l’opération. A la mi-janvier, ils étaient 63% à  l’approuver, selon un sondage Ifop réalisé les 12 et 13 janvier, puis 65% quelques jours plus tard d’après une étude du même institut réalisée les 17 et 18 janvier. « Jamais, depuis le début de l’intervention militaire en Somalie en décembre 1992, une opération extérieure n’avait bénéficié d’un tel soutien », note l’Ifop.

L’intervention au Mali aurait coûté 70 millions d’euros

L’intervention militaire française au Mali, qui a coûté 70 millions d’euros à  ce jour, représente « un gros effort » financier pour le pays, a déclaré jeudi Laurent Fabius. Le chiffre de 70 millions d’euros, confirmé par le ministre des Affaires étrangères, avait été avancé mercredi soir par Jean-Yves Le Drian lors d’une audition parlementaire fermée à  la presse, selon Le Parisien. « à‡a représente un gros effort pour la France, il faut le souligner, bien sûr », a déclaré Laurent Fabius sur BFM TV et RMC. Le budget annuel pour les opérations extérieures est de 630 millions d’euros. L’opération de 2011 en Libye, qui a duré sept mois, avait coûté à  la France environ 300 millions d’euros. Quatre semaines après le lancement de l’opération Serval, 50 millions d’euros ont été consacrés au transport des soldats et de leur équipement au Mali, selon Le Parisien, qui souligne que cette intervention aura coûté 2,7 millions d’euros par jour. La France envisage d’entamer dès mars prochain le mouvement de retrait de ses forces au Mali. L’opération Serval mobilise aujourd’hui 4.600 soldats français, dont 3.500 sur le sol malien. Jean-Yves Le Drian a dit mercredi que le contingent français avait atteint son niveau maximum et confirmé un retrait « d’ici quelques semaines ». Chine Labbé, édité par Pascal Liétout

Quand les ex putschistes de Kati cherchent leur sortie…

Ces derniers temps, les ex putschistes n’ont plus la côte au Mali. Et pour cause, l’intervention française a réduit toute marge pour le capitaine Amadou Haya Sanogo, de s’exprimer devant les Maliens. Et pour trouver une sortie d’honorable, le capitaine Sanogo a envoyé des émissaires à  Ouagadougou pour négocier son sort et celui de ses camarades. La libération des bérets rouges malgré l’opposition des hommes forts de Kati a suscité beaucoup d’interrogations sur le sort incertain des ex putschistes. D’aucuns pensent que dans cette affaire, Sanogo a perdu le contrôle, même s’il demeure à  la tête du Comité de réforme de suivi de l’armée malienne. D’autres estiment que la justice a tout bonnement fait son travail sans tenir compte des volontés de l’ex homme fort de Kati. D’ailleurs, des sources informent qu’il ne serait plus dans son bunker de Kati mais caché dans Bamako avec ses proches. Le bouillant tombeur d’ATT n’a même pas montré le bout du nez lors de la visite de François Hollande au Mali. Sortie honorable « Des discussions se seraient ainsi engagées entre la CEDEAO et les ex-putschistes installés à  Kati pour trouver la voie de sortie. Que deviendront alors les hommes politiques qui se sont affichés pour l’ex junte ? Le capitaine Sanogo et ses hommes sont-ils sur le point de quitter la garnison de Kati ? Officiellement, le déménagement n’est pas encore possible mais la question est d’actualité.  » Nous sommes prêts à  quitter Kati mais à  condition d’obtenir une sortie honorable ? », révèle un proche du capitaine. Sanogo veut-il mettre sa vie en sécurité face à  l’arrivée de troupes étrangères auxquelles il était fermement opposé. « Concrètement, certains ex-putschistes souhaitent même des postes consulaires à  l’étranger ou des retraites dorées à  Bamako » rapporte par ailleurs RFI. Du côté de la CEDEAO qui a mené la médiation au Mali, la demande des putchistes est recevable : « Reste le cas du capitaine Sanogo. Nommé par décret Président du Comité militaire de suivi et de réformes des forces de défense et de sécurité, le chef des ex putschistes souhaiterait garder le poste pour poursuivre la réforme de l’armée ». Du côté de la Cédéao, on assure que cette exigence n’est pas négociable. Les militaires doivent se retirer définitivement du pouvoir. Quoiqu’il en soit, les discussions se poursuivent dans un climat positif. Selon la CEDEAO, « Kati ne constitue plus un blocage dans le processus de réconciliation ».

Le désengagement français du Mali débutera en mars

En visite au Mali le week-end dernier, François Hollande a déclaré que la France n’avait pas encore « terminé sa mission ». Néanmoins, vu le succès de l’opération Serval, les soldats français entameront leur retrait du Mali, o๠ils sont engagés depuis le 11 janvier, à  partir de mars. C’est ce qu’annonce Laurent Fabius dans un entretien avec le quotidien Metro paru ce mercredi 6 février. « Je pense qu’à  partir de mars, si tout se passe comme prévu, le nombre de troupes françaises devrait diminuer », indique le chef de la diplomatie française. « La France n’a pas vocation à  rester durablement au Mali. Ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays », a répété le ministre des Affaires étrangères, évoquant un « passage de relais » à  la Misma, la force ouest-africaine pour le Mali. Cette force doit à  terme comprendre environ 6.000 soldats, dont 2.000 seulement sont déjà  au Mali. Un contingent distinct de quelque 2000 soldats tchadiens est, quant à  lui, déjà  presque entièrement déployé. Quelque 4.000 soldats français sont aujourd’hui au Mali, plus de trois semaines après le début de l’intervention française. Et pour la première fois, les autorités françaises ont donné mardi soir un bilan des frappes aériennes et des combats « frontaux » qui opposent soldats français et maliens aux islamistes au Mali : « plusieurs centaines » de combattants islamistes ont été tués en plus de trois semaines d’intervention militaire. Ils ont péri dans les « frappes aériennes » françaises sur des pick-up transportant des hommes ou du matériel de guerre et pendant « des combats directs, frontaux à  Konna (centre) et Gao (nord) », a précisé le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian. Côté français, un officier français, pilote d’hélicoptère, a été tué le 11 janvier, premier jour de l’opération française. Bamako avait fait état à  la mi-janvier de onze militaires maliens morts à  Konna, mais n’a pas donné d’autre bilan depuis. Coordinnation avec les rebelles touareg Sur le terrain, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont affirmé mardi qu’ils « coordonnaient » leurs actions dans le nord du Mali avec les forces françaises contre les « terroristes » islamistes en fuite. Un porte-parole, qui a défendu le « réel engagement » du MNLA « dans la lutte contre le terrorisme », n’a pas donné de détails sur la façon dont le groupe coopérait avec les soldats français à  Kidal, à  1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne. Le ministre français de la Défense a reconnu que les soldats français avaient à  Kidal « des relations fonctionnelles avec le MNLA ». « A partir du moment o๠le MNLA déclarera – il semble qu’il le fasse – qu’il n’est ni terroriste, ni scissionniste, et qu’il veut rentrer dans le dialogue interne au Mali qu’il faut engager, il sera à  la table » des discussions, a-t-il ajouté. Les soldats français contrôlent l’aéroport et la ville de Kidal elle-même est « sécurisée » par quelque 1.800 Tchadiens, selon Paris. Kidal était un bastion du groupe islamiste armé Ansar Dine, mais elle est passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, dissidence d’Ansar Dine s’affirmant « modérée ») et des rebelles touareg du MNLA juste avant l’arrivée de soldats français dans la nuit du 29 au 30 janvier. Ces deux groupes ont apporté leur soutien à  l’entrée dans la ville de soldats français, mais ont refusé la présence de militaires de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont ne fait pas partie le Tchad, de crainte d’exactions contre les Arabes et les Touareg, souvent assimilés aux groupes islamistes. Gagner la paix Les soldats français poursuivent dans le même temps leur traque des chefs et combattants islamistes qui se seraient réfugiés dans le massif des Ifoghas, au nord de Kidal, près de la frontière algérienne. Des frappes aériennes massives ont été effectuées ces derniers jours dans la région de Tessalit et d’Aguelhok, au nord de Kidal, visant « principalement des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nement », et elles se poursuivront mardi soir, selon le ministre français de la Défense. C’est aussi dans cette région de grottes et de montagnes que se trouveraient les sept otages français enlevés au Niger et au Mali en 2011 et 2012 par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Selon des sources de sécurité et un député malien touareg, une délégation des Touareg des Ifoghas a récemment rencontré leurs ravisseurs, assurant que certains se sont montrés dans « de bonnes dispositions ». Parmi les chefs islamistes probablement réfugiés dans les Ifoghas figurent l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Aqmi, et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine, ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaà®t parfaitement la région. A Bruxelles, une quarantaine de responsables des pays d’Afrique de l’Ouest, d’Europe et des grandes organisations comme l’ONU, l’Union africaine, la Cédéao et la Banque Mondiale ont participé mardi à  une réunion du Groupe de soutien au Mali. « L’objectif est maintenant de gagner la paix », a résumé à  l’issue de la réunion le ministre français chargé du Développement, Pascal Canfin, pour qui « il n’y aura pas de sécurité durable du Mali sans développement ».

Opération Serval : Une guerre sans merci au Nord

Près d’un mois après le déclenchement de l’opération Serval, l’étau se resserre autour des djihadistes. Les frappes françaises continuent pour anéantir la capacité opérationnelle des fous de Dieu. Cette dynamique est boostée maintenant par les Etats-Unis qui ont déjà  commencé à  prêter main-forte aux efforts français. La confirmation de cet appui a été donnée hier par le vice-président américain, Joe Biden en visite en France. «Â Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité mettre en place au plus vite une mission internationale africaine au Mali et de la placer aussi rapidement que possible sous l’autorité des Nations unies », déclaré Joe Biden à  l’issue de sa rencontre avec le président français François Hollande. Appui américain En effet sur le terrain, l’appui américain est perceptible. Ainsi selon des sources américaines, l’armée de l’air des USA a effectué, à  la date du 3 février, 30 vols pour soutenir les Français. Ces frappes intensives visent les caches d’armes, les centres d’entrainement… Ces derniers temps, elles visent particulièrement les montagnes de l’Adrar des Iforas de Kidal, seul repaire des djihadistes après leur débâcle dans les autres villes qu’ils occupaient. Et oà¹, selon toute vraisemblance, sont détenus les otages français. Pour François Hollande, la France va continuer sa mission qui consiste, selon lui, à  recouvrer l’intégrité territoriale du Mali avant de passer le relais aux troupes africaines et plus tard à  une mission de la paix. Cette position française traduit la perspective de l’arrivée prochaine du reste des troupes maliennes et africaines pour assurer le contrôle et la sécurité des zones débarrassées des islamistes. Les africains s’y préparent activement comme l’attestent les propos du président ivoirien et président en exercice de la Cédéao, Alassane Dramane Ouattara, selon lesquels toutes troupes africaines doivent être au Mali dans un très bref délai. Il s’agira donc de renforcer les troupes nigérianes, togolaises, nigériennes, tchadiennes, sénégalaises etc. qui évoluent sur le terrain. Au regard de tous ces derniers développements, l’on est en droit de se poser la question de savoir sur l’avenir des islamistes. En tout cas ça sent le roussi !

« Et si l’intervention au Mali ouvrait la porte des réformateurs en islam »

Malgré la prise importante et spectaculaire de Tombouctou, l’événement essentiel de ces derniers jours au Mali n’est pas de nature militaire. Il est fait de deux déclarations. L’une est de Chérif Ousmane Haà¯dara, prédicateur célèbre et chef charismatique des « Partisans de la Religion » alias Ansar Eddine, légalisée en 1992, forte de près d’un million de membres au Sahel, dont la plupart au Mali, et totalement étrangère à  son homonyme du même nom qui, liée à  Al-Qaida au maghreb islamique (AQMI), occupe le nord du Mali. Dans cette déclaration on peut lire « AQMI, Ansar Eddine, Mujao : c’est pareil. Ce sont des bandits et des trafiquants de drogue qui utilisent la religion comme couverture « … et un peu plus loin :  » Il va falloir mener une guerre idéologique et dénoncer ceux qui se disent musulmans et qui sèment la mort ». Dà‰NONCENT L’INTERVENTION FRANà‡AISE L’autre, encore plus explicite, est de l’imam Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique du Mali. Il s’en prend à  quelques autorités musulmanes, dont une du Qatar,qui dénoncent l’intervention française, et déclare tout bonnement : « Nous ne sommes pas d’accord avec cette interprétation, nous pensons que c’est le contraire. C’est la France qui a volé au secours d’un peuple en détresse, qui avait été abandonné pour tous ces pays musulmans à  son propre sort. Nous parler de croisade anti islam, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter en tant que responsables musulmans du Mali ». A ma connaissance ce sont les toutes premières déclarations d’autorités religieuses musulmanes sur ce sujet. C’est en quoi elles sont essentielles. Et comme elles viennent du Mali, il est fort probable qu’elles inspireront les autorités religieuses des pays – Niger, Nigeria, Sénégal, tous musulmans à  plus de 90% – voisins qui ont décidé de soutenir l’intervention française, lorsque celles-ci finiront par être conduites à  commenter les décisions de leurs autorités politiques. Il est décisif en effet, pour que l’intervention française au Mali soit efficace qu’elle reste bien accueillie dans le monde et sur place, et qu’elle reste quasi unanimement soutenue en France. Cela n’est souhaitable et possible que si d’abord elle est bien comprise et bien située parmi les enjeux multiples, complexes et imbriqués qui interfèrent en Afrique. Que s’est-il donc passé ? RETOUR SUR L’HISTOIRE D’UNE CRISE En janvier 2013, du fond de son pays en pleine désagrégation, le président par intérim, musulman, d’une population musulmane à  90% appelle la France à  l’aide. De quoi s’agit-il ? Depuis bien des mois des activistes appartenant à  des populations extérieures, Libye, Tchad, Algérie, Mauritanie peut-être, nomades, touaregs du désert, à  l’enracinement national inconnu sans doute aussi, sont arrivés à  se grouper, à  s’approprier ensemble une part significative des puissants moyens militaires hérités de Khadafi, véhicules et armes, à  proclamer ensemble que quiconque n’est pas disciple du prophète doit être abattu et que pour ce faire la conquête d’un à‰tat pour en faire une base territoriale d’assaut contre les non-croyants est la première priorité. Ainsi s’explique et commence la conquête par ces meurtriers de la moitié nord du Mali. Ainsi se découvre aussi la visibilité d’une offensive préparée contre la capitale Bamako, de ce grand pays à  la faible population. De là  vient l’appel. Très vite, du Niger voisin, du Sénégal à  peine plus éloigné et presque aussi vite de l’immense Nigéria, cent millions d’habitants, à  peine plus lointain – tous majoritairement musulmans – vient le soutien à  l’appel à  l’aide. L’armée du Mali en décomposition comme le pays lui-même ne saurait résister à  l’assaut d’un demi millier de guerriers montés sur une centaine de véhicules et puissamment équipés, notamment d’armes lourdes. Il y faut une vraie armée. LE COLONISATEUR RESPECTAIT LA RELIGION, ET QUE LA FRANCE A UNE ARMà‰E On se souvient de la France. Naturellement ce dont on se souvient là  n’est pas l’ensemble des outrages de l’autorité coloniale aux pouvoirs et aux intérêts économiques locaux… Ce dont on se souvient, c’est que le colonisateur respectait la religion, et que la France a une armée. La France à  ce moment est gouvernée par un nouveau président, que de mémoire historique personne n’a jamais vu aux prises avec des problèmes de cette nature. La France est seule appelée. François Hollande décide seul. L’approbation internationale est immédiate, générale, et vient notamment de beaucoup de pays d’islam. Même notre opposition, surprise peut-être mais convaincue, approuve. Il faut féliciter ici vigoureusement, notre président et aussi nos forces armées, dont les hommes et les chefs furent capables d’un déploiement incroyablement rapide. Car le premier succès est là . Bamako est sauf, les colonnes motorisées rebelles ne sont pas passées et ne passeront pas. Gao et Tombouctou sont reprises. L’affaire n’en est pas terminée pour autant. S’ils ne peuvent probablement plus se motoriser puissamment par groupes nombreux ni déplacer massivement des armes lourdes, des centaines, peut être des milliers d’islamistes radicaux demeurent disséminés en Afrique avec l’intention et, même réduits, des moyens de tuer. Il y faudra d’autres méthodes, d’autres moyens, d’autres hommes à  la foi et à  la langue différente, mais la seule chose certaine est qu’il y faudra bien des mois, sans doute des années. Que défendons-nous dans cette histoire ? Assurément pas des à‰tats: celui du Mali a déjà  disparu ; celui de la Côte d’Ivoire ne vaut guère mieux, les autres voisins sont embryonnaires… guère d’avantage des dirigeants en place, ceux du Mali ont déjà  disparu, leurs remplaçants sont des intérimaires… Nous défendons certes quelques centaines de nos concitoyens, et de maigres reliefs d’intérêts économiques qui furent autrefois coloniaux. Nous défendons surtout, des peuples désireux de vivre en paix et de vérifier que leur religion leur permet parfaitement de respecter et de cohabiter avec ceux qui ne prient pas comme eux. Rà‰FORMER L’ISLAM L’islam fut grand, créateur de culture, de science et de droit, rayonnant. Voilà  cinq siècle qu’il ne l’est plus. Il fut aussi humilié par la colonisation que par l’absence d’usines. Or le développement économique c’est une révolution des comportements. Ce n’est jamais ni spontané ni facile. Au Japon l’ère Meiji fut « musclée ». En chrétienté il est visible qu’il a fallu les succès politiques et militaires de la réforme pour permettre le capitalisme et la démocratie. En islam les à‰tats ont à  peu près toujours réussi à  éliminer ou tuer leurs réformateurs. Il survit depuis dans la crispation et surtout la rigidité. Sur un milliard et demi de croyants quelques petits milliers de ses fils, contrairement à  leur prophète qui ne prêche ni la guerre ni l’extermination des non croyants, en sont venus dans la colère au projet fou de détruire les infidèles. Tous les alliés sont bons pour cela : certains de ces intégristes islamiques ont trouvé dans le désordre sahélien des touaregs indépendantistes et trafiquants, pas du tout arabes et assez peu musulmans. Cela ne change guère le problème. Tant au Moyen-Orient qu’en Afrique, les peuples musulmans, leurs gouvernants et leurs dirigeants qui dans leur quasi totalité veulent vivre en paix, mais sont depuis longtemps perturbés par les ondes de choc de la guerre froide, du pétrole, de l’intégrisme et de quelques autres, sont impuissants à  traiter le problème. Le silence assourdissant des autorités religieuses n’arrange rien. LES TUEURS USURPANT FAUSSEMENT LE NOM DU PROPHàˆTE Il se comprend, devant la profondeur des crises de l’islam d’aujourd’hui, mais il est coupable. Finalement les polices et les armées musulmanes ne seront légitimes à  traquer les tueurs usurpant faussement le nom du prophète que si cette fausseté est religieusement établie. Le Prophète n’a jamais édicté l’ordre de tuer des non croyants, bien au contraire. En urgence et en anticipation de nécessaires décisions religieuses ce sont les pouvoirs civils qui sont en charge. Et faute de pouvoir faire autrement devant un problème devenu militaire ils demandent à  la France son aide militaire pour une mission qui consiste, au Sahel d’abord à  rendre de nouveau possible la cohabitation des chrétiens et des musulmans. Bien au delà  du Sahel, cela concerne toute l’Afrique et notre propre territoire. C’est un problème de civilisation. Dans pareille affaire il n’y a de résultat positif possible que si pendant une longue continuité l’Islam pacifique confirme sa demande et en assume la justification religieuse, et si du côté français la compréhension de cette mission confirme la volonté de l’accomplir jusqu’au bout. L’OPPOSITION N’EST PAS à€ LA HAUTEUR L’opposition politique française avait commencé par approuver. C’était magnifique, c’était montrer qu’elle aussi a le sens de l’état, et qu’elle savait remplir là  une des conditions du succès de la mission. Tout cela n’a pas encore duré huit jours, que déjà  la mise en cause insidieuse apparaà®t. Une phrase indigne de Giscard d’Estaing, surprenante chez lui, nie l’évidence : « c’est une guerre post coloniale »… Un autre incrimine l’impréparation… Comme si l’attaque avait été prévisible. Il faut saluer au contraire la rapidité de riposte dont furent capables les autorités politiques et nos forces armées. Un autre incrimine le coût. Il est encore modeste, surtout comparé à  l’enjeu de civilisation auquel il répond. Tout cela laisse deviner l’incapacité de certains membres de l’opposition à  soutenir des actions qu’ils approuvent lorsqu’elle sont conduites par un gouvernement qu’ils n’approuvent pas. Le contraire s’appelle le sens de l’à‰tat. C’est dommage, grave et dangereux. Dans peu de semaines, les opérations « lourdes » seront terminées et victorieuses. Mais il restera à  reconstruire des à‰tats, à  reformer des forces armées, à  entraà®ner et appuyer des polices. Il y faudra une autre forme de présence, moins coûteuse heureusement. Il y faudra surtout le maintien d’une vraie confiance mutuelle. C’est là  que la cohésion de la très grande majorité des français est nécessaire. C’est là  que l’islam pacifique doit entendre et confirmer l’appel qui lui vient du Mali. C’est à  la France seule qu’il fut fait appel. C’est bien, pourtant, pour des raisons de civilisation, qu’en l’absence de toute défense européenne la Grande-Bretagne, sourcilleuse sur sa souveraineté et en train de quitter l’Europe, décida comme nation de soutenir la France. Comment certains autres osent-ils faire grief à  l’Allemagne de garder de son histoire récente une extrême réticence à  procéder à  des actions armées ? Comment certains osent-ils faire grief à  l’Europe de ne s’être pas mobilisée alors que personne n’a jamais voulu la saisir de compétences dans ce domaine ? La vérité est que le devoir de civilisation n’a pas encore sa place dans le droit international. Mais il faudra bien la lui faire. Les pays d’islam ne sortiront de leur longue crispation qu’au prix de choix et de réformes douloureuses. Il leur y faut une aide extérieure. Pour la première fois certains la demandent. L’action ne pourra être continue que s’ils confirment cette demande. L’enjeu est immense : oublier les croisades pour se battre ensemble pour les droits de l’homme. Bien d’autres nations musulmanes et européennes devraient pouvoir s’y joindre. Elles ne le feront que si elles en comprennent et assument le sens. Michel Rocard , ancien premier ministre, président du conseil d’orientation scientifique de Terra Nova

La guerre au Mali : phase 2

A l’occasion de la visite du président français au Mali, trois semaines après le début de l’opération militaire Serval qui a permis de reconquérir avec l’armée malienne les grandes villes occupées, le président François Hollande a déclaré que « le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu ». Les forces terroristes restantes semblent s’être repliées dans le nord du pays. En effet, à  part quelques ilots de résistance, les forces terroristes restantes se sont repliées dans le nord du pays, dans le massif de l’Adrar des Iforas. Une région saharienne et montagneuse o๠se joue dorénavant, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, une nouvelle séquence de cette guerre. Les combattants de l’Adrar des Iforas Juste après le siège de Gao, dans la journée du 26 janvier 2013, entre deux cents et trois cents véhicules des forces rebelles auraient quitté précipitamment la boucle du fleuve pour monter se réfugier dans le nord montagneux et désertique du pays, dans l’Adrar des Iforas. Un massif rocheux creusé de grottes qui sont autant de citadelles et de caches naturelles que connaissent parfaitement les populations touareg de la région. Ces montagnes, o๠se trouveraient probablement les otages, ont abrité de 2010 à  2011 le sanctuaire d’Aqmi,(Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) une organisation salafiste extrémiste dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), une organisation qui avait semé la terreur en Algérie dans les années 90 et qui constitue avec Ansar Dine (les défenseurs de la religion) et le Mujao (le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) les forces rebelles de ce conflit. Aujourd’hui l’Adrar est aussi le refuge du très charismatique chef touareg d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali. Un ancien chef de la rébellion touareg qui a su rassembler autour de lui toutes les forces rebelles pour partir à  la conquête du sud et qui se retrouve maintenant dans une situation quelque peu désespérée, reclus dans les montagnes fortifiées, avec les derniers combattants restants, qui comptent certainement parmi les plus durs et les plus déterminés, et se préparent probablement à  un assaut final. Une autre composante des forces politique touareg qui circulent dans cet espace est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), une organisation armée qui dit se battre contre les rebelles, et qui aurait annoncé la libération de plusieurs ville de l’Adrar dont la grande ville de Kidal. Elle aurait livré à  la France des chefs rebelles qu’ils auraient fait prisonnier à  la frontière algérienne. Le MNLA joue sa crédibilité sur ces actions contre les rebelles. l’organisation serait coupée de l’autorité de Bamako et s’inquiéterait pour ses populations des risques d’exactions et de dérapages ethniques dont elles pourraient être victimes (un positionnement partagé par le MIA le mouvement islamiste de l’Azawad nouvellement crée). Les opérations françaises dans l’Adrar des Iforas De toute évidence, d’après de nombreux observateurs, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, nous sommes passés à  une autre étape de cette guerre. Les objectifs et les intervenants ne paraissent plus être tout à  fait les mêmes. Il ne s’agit plus de reconquête et de normalisation comme avec l’opération «Serval» mais il semblerait que nous soyons en présence de forces spéciales avec des objectifs différents. Une opération plus secrète qui n’est pas sans rappeler l’opération Sabre, qui serait, dit-on, dirigée par le Commandement des opérations spéciales, la Direction des Renseignements Militaires et la Brigade des Forces Spéciales Terre, depuis l’été 2012. Le COS, le Commandement des Opération Spéciale, comme l’explique Jean-Henri Gontard (un consultant qui cherche à  favoriser les contacts entre les rebelles du MNLA et la France), « est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, et travaillerait depuis longtemps sur cette zone. Il dépendrait directement de l’Etat Major des Armées et regrouperait un ensemble de forces spécialisés : 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa), les Commandos Marine (Jaubert, Trepel, de Penfentenyo, de Montfort, Hubert) et le GCMC, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10), le Détachement ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) des Opérations Spéciales (DAOS) une escadrille d’hélicoptères basés à  Pau, ainsi que le Détachement des Opérations Spéciales (DOS) des avions de transport Hercules C130 et C160 dotés d’équipements spécialisés qui ressembleraient beaucoup à  ceux que l’on a vus atterrir à  Kidal. » D’autre part, les troupes spéciales françaises auraient formé et entrainé des GSI (groupes spéciaux d’intervention) en Mauritanie (400 hommes), au Mali (200 hommes) et au Niger (200 hommes). « Les GSI, sont des unités très mobiles, équipées de puissants pick-up Toyota armés de mitrailleuses lourdes. Les soldats ne dépendent d’aucune base, ils vivent en permanence dans le désert en se déplaçant au gré des renseignements glanés par les services de renseignement et de la reconnaissance aérienne. » (France 24). Ces groupes de soldats locaux avaient été formé pour combattre AQMI et organiser des opérations longue distance avec droit de poursuite. Ils sont déjà  intervenus en septembre 2010 depuis la Mauritanie pour détruire une unité AQMI, la Seryat El Voughrane, à  Tombouctou. Les trafics Les combattants rebelles ont besoin d’autre part de rétablir les routes et les réseaux des trafics qu’ils contrôlaient et qui ont certainement joué un rôle très important dans cette guerre. Car de tout temps, il y a toujours eu de nombreux trafics dans cette région. Trafics d’êtres humains, avec principalement le phénomène de migration d’Afrique vers l’Europe et trafics de marchandises de toutes sortes, essence, voitures, ou cigarettes. Mais le plus gros de ce trafic, dont l’activité jouerait un rôle très important est d’une part le trafic d’armes (on estime qu’il y aurait près d’un million de kalachnikovs actuellement dans le nord du Mali), et surtout le trafic de cocaà¯ne pour remonter la drogue des ports d’Afrique de l’ouest vers les rives méditerranéennes. Une activité aujourd’hui très désorganisée à  cause de la guerre, et qui tente de se restructurer pour gérer les importantes quantités en transit dans le nord du pays, estimées actuellement par les experts à  près de 50 tonnes de cocaà¯ne. Les options sur le terrain Face à  cette situation, deux options s’imposent aux observateurs : soit les rebelles déjà  affaiblis restent dans leur montagnes et attendent qu’on les y déloge, soit ils tentent de partir mais leurs options paraissent limitées. Car il semblerait que les différentes routes de sortie soient déjà  fermées ou sérieusement surveillées par tous les pays de la région. En tout état de cause, nous entrons dans une autre séquence de cette guerre qui sera probablement réalisé dans la plus grande discrétion par les services de renseignement et les forces spéciales à  l’abri de tous les regards.

François Hollande au Mali : 24h dans la vie d’un président héros

« Je voudrais dire aux Maliens qu’aucune fraction du Mali ne sera occupée et nous allons poursuivre les actions pour libérer le Mali. Nous resterons à  coté du Mali le temps qu’il faut ». Chose due, chose promise, le lendemain de la visite de Hollande au Mali, l’opération serval a procédé ce dimanche 3 février à  une frappe aérienne sur les sites d’entrainement des terroristes à  Kidal près de la frontière Algérienne. « Aucun village aucune ville ne sera occupée par les terroristes au Mali. Les terroristes seront traqués dans leur dernier retranchement », avait assuré le président français, dans un discours prononcé au Palais de Koulouba. [b Point de presse Ensuite, les journalistes maliens n’ont pas raté l’occasion trop belle, pour interroger le président Hollande sur la fâcheuse question des négociations avec le MNLA lors d’un point de presse à  la résidence de l’Ambassadeur du Mali. Sans tabou le Président Hollande affectueusement appelé ‘’le malien » s‘est exprimé : « Nous sommes là  pour traquer les terroristes, mais ceux qui décideront de faire la politique, ont droit de faire la politique dans un pays démocratique. Ceux qui utilisent les armes contre nous répondront de leurs actes ». «Â C’’est la justice en ce moment qui doit faire son travail », a ajouté François Hollande. l’organisation des élections a bien sur été évoquée par le Président français. Selon lui, la feuille de route du gouvernement devrait permettre au Mali d’organiser de belles élections. Concernant les otages français au nord du Mali, le Président Hollande a déclaré que les ravisseurs doivent comprendre qu’il est temps de libérer les otages. Quant au capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, retranché dans ses quartiers à  Kati et opposé à  l’intervention de la force internationale, le président de la république par intérim, s’est réservé de faire des commentaires tout en annonçant que la France ne s’impliquait pas dans une affaire interne au Mali. La France reconnaissante « Lorsque la France a été attaquée, qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». C’’est par cette phrase historique, pleine de reconnaissance que le Président François Hollande a justifié l’intervention de l’armée française aux côtés du Mali pour, ajoutera-t-il, faire échec au projet d’occupation du Mali par les terroristes. C’’était lors de son discours, au Boulevard de l’indépendance. De mémoire de Malien, jamais une telle mobilisation n’avait été enregistrée pour accueillir un Chef d’Etat étranger. Femmes, jeunes et vieux ont effectué le déplacement pour témoigner leur reconnaissance à  l’homme qui a sauvé le Mali contre les envahisseurs. Merci Papa Hollande Partout la foule scandait « François le Mali vous remercie », « François Hollande le malien », « François Hollande le sauveur, le libérateur ». Pour la circonstance l’hôte du jour était accompagné de son ministre de la défense Jean-Yves Le Drian et de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. La délégation était aussi accompagnée de la directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova. s’adressant au peuple malien, François Hollande comblé de joie, a affirmé vivre la journée la plus importante de sa vie politique. « J’ai pris la décision la plus grave d’envoyer les soldats français combattre les terroristes au Mali. C’’est un devoir pour la France d’aider le Mali à  retrouver son intégrité territoriale ». Reconnaissant une dette de la France envers les Africains, François Hollande a déclaré « Je n’oublierai pas que l’Afrique, dont le Mali a aidé la France à  retrouver son intégrité territoriale. Lorsque la France a été attaquée qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». Déclaration accueillie par un tonnerre d’applaudissements. Engagement français Hollande n’a pas manqué d’ ajouter que la France resterait au Mali le temps qu’il faudra avant de signaler que les forces africaines dans le cadre de la MISMA, assureront plus tard la relève. « Je pars du Mali confiant en la capacité de nos militaires et optimiste sur la reconstitution du Mali ». Pour le Président Dioncounda Traoré, les Maliens doivent être en mesure de surmonter toutes les difficultés en devenant exemplaires. «Tous les maliens sont venus vous témoigner leur reconnaissance. Nous devons être en mesure de surmonter nos difficultés ». « Vive Tombouctou, Vive le Mali, et vive la France ! »

François Hollande, notre Diatigui !

Place de l’indépendance à  Bamako ce samedi 2 février 2013. Une foule enthousiaste, tricolore aux couleurs du drapeau français, attend le Président français François Hollande. Après Mopti, Sévaré et Tombouctou o๠l’accueil fut plus que chaleureux, Hollande, notre diatigui, notre hôte du jour atterrit enfin à  Bamako. Il est le héros du jour. De cette journée, qu’il dira être l’une des plus importantes, sinon la plus importante de sa vie politique, on retiendra l’humilité et la grandeur d’un homme politique conscient des défis du terrorisme au Mali et en Afrique de l’Ouest :  » Oui le terrorisme a été repoussé, il a été chassé, mais il n’a pas encore été vaincu », déclarera t’il devant la foule bigarrée. Sur des affiches, on peut lire : « Merci Papa Hollande et tonton Le Drian et Fabius ». L’expression peut faire tiquer, tant François Hollande dans son discours, prône une rupture nette avec la vieille relation ambiguà« entre la France et ses ex colonies : « Nous nous battons en fraternité, Maliens, Français, Africains, parce que moi je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu’elle cherchait des soutiens des alliés, lorsqu’elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors ? C’’est l’Afrique! C’’est le Mali! Merci merci au Mali. Nous payons aujourd’hui notre dette à  votre égard, mais la souveraineté vous appartient ». Ainsi rappellera-t-il, que la France, en dépit d’une intervention rapide et d’urgence, n’a pas vocation à  rester au Mali, ni à  s’y éterniser.  » C’est à  la force africaine de prendre le relais ». Lucide devant cette foule qui l’acclame aux côtés de Dioncounda Traoré, François Hollande ne perd pas le nord, ni la mesure des mots qu’il prononce à  l’endroit du peuple malien. « On ne répare pas une injustice par une autre injustice. Vous devez être exemplaires, vous êtes regardés par toute la communauté internationale », comme pour rappeler les Maliens à  l’ordre et face à  tout risque d’amalgame ou d’exactions, qui suscitent la crainte à  Bamako et ailleurs…  » Faà®tes de belles élections ! Montrez que vous êtes un exemple et refaites votre indépendance ! ». Des mots forts, des mots qui renvoient le Mali à  sa situation fragile depuis ce 22 mars 2012, lorsque les institutions tombèrent comme un château de carte. Une manière de rappeler aux Maliens, que le « jour d’après » leur appartient pleinement. Et l’avenir de la reconstruction nationale et l’installation de la vraie démocratie. Oui touché, François Hollande l’est par l’accueil des Maliens, honoré d’être ce héros du peuple malien pour 24h. Et non sans appeler les Africains à  leur responsabilité, celle d’aider le Mali dans la suite de cette guerre, il promet le soutien inconditionnel de la France dans les domaines du développement, de l’éducation ou encore de la culture. La journée aura été belle, pour tous ceux qui auront pu approcher l’homme d’Etat français. Et trop courte sera-t-elle pour notre diatigui, qui se sera envolé pour la France. Il nous reste désormais à  tirer les leçons politiques de cette visite. Car la tâche ne fait commencer pour tous les Maliens !

François Hollande va prêcher la concorde à Bamako

Accompagné par un fort parfum de communication présidentielle, François Hollande vient présenter samedi à  Bamako sa feuille de route politique aux autorités maliennes. L’armée française a conduit en trois semaines une guerre éclair. Le nord du pays est libéré de l’emprise des islamistes. Maintenant s’ouvre une nouvelle phase, qui garde sa dimension militaire, car les opérations vont durer contre les groupes terroristes encore vivaces le long de la frontière avec l’Algérie. Mais la dimension politique va de plus en plus s’imposer, l’issue du conflit dépendant de la qualité du dialogue que pourront nouer les autorités maliennes de Bamako et les Touaregs qui continuent de défendre leur particularisme au nord. François Hollande garde le tempo, très rapide, imprimé par les militaires. L’opération «Serval» n’est pas terminée qu’il débarque déjà  sur le terrain, flanqué de Laurent Fabius, son ministre des Affaires étrangères, de Jean-Yves Le Drian, en charge de la Défense, et du ministre du Développement, Pascal Canfin. La visite, annoncée vendredi mais pas détaillée, devrait passer samedi par Bamako, la capitale, et aussi par Tombouctou. Cette dernière ville avait été prise en avril 2012 par les Touaregs «laà¯ques» et indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), supplantés par les groupes armés liés à  al-Qaida en juin, avant d’être libérée par les troupes franco-maliennes. La voie d’une Entité régionale touareg L’arrivée à  Tombouctou du chef de l’à‰tat français et de son homologue malien, Dioncounda Traoré, symbolisera la victoire des troupes françaises et maliennes que les deux présidents se promettent de féliciter. La ville mériterait également d’être choisie pour lancer un message de réconciliation. L’imam de la grande mosquée Djingareyber, que les deux chefs d’à‰tat doivent visiter, a lancé vendredi un appel à  «la retenue» et à  «l’arrêt des pillages», dans son premier prêche depuis la fuite des djihadistes, qui a libéré les frustrations des populations noires à  l’endroit des Arabes et Touaregs. Pour les citoyens français, cette tournée présidentielle rappellera celle effectuée par Nicolas Sarkozy à  Benghazi, le 15 septembre 2011. Chef de guerre ayant triomphé de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy n’avait pas attendu la libération totale de la Libye pour s’en venir dans la ville symbolisant son action déterminée. «Nous croyons à  une Libye unie, pas à  une Libye divisée», avait lancé Nicolas Sarkozy, déclenchant les vivats de la foule se pressant sur la place de la Liberté de Benghazi. François Hollande devrait également invoquer la réconciliation nationale, mais en engageant les autorités maliennes à  dialoguer avec les indépendantistes touaregs du MNLA. «Je vais au Mali aussi pour qu’il y ait un dialogue politique qui puisse permettre que le Mali, après avoir chassé les terroristes, puisse retrouver la stabilité et l’esprit de concorde», a-t-il indiqué vendredi. Quel que soit le mot choisi, la voie d’une entité régionale touareg au nord, plus ou moins autonome de Bamako, paraà®t la seule possible. Conforter l’autorité du président malien La communication politique n’existerait pas, l’empressement du président français à  se rendre au Mali n’en aurait pas moins sa justification. La ville de Kidal, aux alentours de laquelle l’armée française a pris position, s’est «libérée» toute seule, par l’action revendiquée des combattants du MNLA et du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dissidence du groupe islamiste Ansar Dine, essentiellement touareg. Ce sont des unités de l’armée tchadienne participant à  la force africaine dépêchée au Mali qui ont depuis fait route vers Kidal. à€ Bamako, un haut gradé de cette armée malienne qui devait demeurer en réserve pour éviter toute friction avec les combattants touaregs, n’en a pas moins annoncé l’arrivée jeudi de ses soldats à  Kidal. Une information semble-t-il fausse, qui traduisait surtout la volonté d’une partie de l’état-major de l’armée malienne d’en découdre avec les Touaregs, dans leur fief de Kidal. L’objet premier de la présence de François Hollande aux côtés de Dioncounda Traoré est de réaffirmer au plus vite l’autorité du président malien par intérim sur son armée. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’à‰tat du 22 mars 2012, a toujours des partisans.

François Hollande à Bamako demain

C’’est un communiqué de à‰lysée qui l’a annoncé ce vendredi matin, François Hollande se rend au Mali pour une visite de quelques heures le samedi 02 février 2013. Le chef de l’Etat français rencontrera son homologue malien avant de se rendre sur le théâtre des opérations, à  Tombouctou, libérée il y a quelques jours par les soldats français, en appui aux soldats maliens. Il est précisé que François Hollande «sera accompagné par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et le ministre chargé du Développement, Pascal Canfin.» Selon « Libération », la présidence n’a pas souhaité que des journalistes accompagnent ce voyage. Une autre phase pour l’intervention militaire Ce voyage intervient trois semaines presque jour pour jour après le déclenchement de l’offensive militaire française, appuyant les forces maliennes, contre les combattants islamistes du nord du pays. Le dernier succès des forces alliées franco-maliennes a été la prise hier jeudi, de la localité de Kidal par les militaires maliens, après la prise de contrôle de l’aéroport et de ses environs par les Français. Lundi, François Hollande a assuré que les forces françaises et panafricaines sont en train de « gagner la bataille » au Mali, tout en prévenant, prudemment, qu’il appartenait désormais aux Africains de poursuivre la traque des « groupes terroristes » qui contrôlent encore le nord du pays. Ce qui pourrait prendre du temps. M. Hollande quittera le sol français ce vendredi soir et est attendu à  Bamako tôt le samedi matin. Cette visite, la première du Président français au Mali depuis son élection à  la mi-2012, est bien sûr placée sous très haute sécurité. Bienvenue M. Hollande Un élan de sympathie sans précédent a suivi le début de l’intervention militaire française qui a permis de stopper l’avancée de djihadistes vers Bamako, le 11 janvier dernier. Des drapeaux aux couleurs de la France ont fleuri partout dans le pays, des manifestations de soutien aux soldats ont été organisées dans les villes libérées o๠les militaires français ont été accueillis en héros. Plusieurs nouveaux-nés maliens portent le nom du président français, ultime marque de reconnaissance et d’estime dans la culture malienne. C’est dire si cette visite sera favorablement accueillie à  Bamako et dans tout le Mali. Le fait que le président français soit accompagné de son ministre en charge du développement est également un signal, une façon de dire qu’il ne sera pas seulement question de guerre pendant cette visite.

Des Casques Bleus bientôt au Mali?

L’envoi de Casques Bleus au Mali ferait l’objet ces derniers jours de discussions au siège des Nations Unies à  New York. Le sujet pourrait même être débattu dans quelques jours au Conseil de sécurité. «La France y est favorable sur le principe et nous y prendrons notre part le moment venu», déclare le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, dont les propos sont rapportés par le site d’information français Lefigaro.com. M. Lalliot souligne toutefois que «ce type d’opération ne peut être envisagé que dans un environnement stabilisé», ce qui n’est pas encore le cas. D’autant plus que cette perspective présenterait des avantages politiques pour la France, pour l’instant seuls sur le terrain au Mali, en manifestant le soutien de la communauté internationale. L’ambassadrice américaine à  l’ONU, Susan Rice, a également déclaré qu’elle voyait d’un bon œil cette initiative. L’éventualité du déploiement de casques bleus au mali avait déjà  été évoqué en décembre dernier. Le Conseil de sécurité avait approuvé la création de la Misma, chargée d’aider les autorités maliennes à  reprendre les zones du nord du pays aux groupes islamistes. Elle ne devait commencer ses opérations qu’à  la fin 2013. Mais, l’offensive des islamistes armés vers le sud et l’intervention française pour leur barrer la route a donné la priorité aux opérations de guerre. Selon les prévisions, cette force onusienne pourrait compter de 3000 à  5000 hommes. «La définition, le périmètre, le mandat, le calendrier doivent être discutés aux Nations unies en lien étroit avec les organisations africaines», souligne le porte-parole du Quai d’Orsay. Ce projet nécessitera, entre autres préalables, le feu vert d’interlocuteurs clés, tels que la Russie et l’Algérie.

Le président Traoré rejette toute négociation avec les islamistes

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, interrogé par FRANCE 24 et RFI, rejette tout dialogue avec le MIA (Mouvement islamique de l’Azawad), issu d’une scission au sein du mouvement djihadiste Ansar Dine, mais envisage des négociations avec les autonomistes touaregs du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad). « Avec les derniers développements auxquels nous avons assisté, il est évident qu’Ansar Dine s’est disqualifié, n’est plus éligible au dialogue, quel que soit par ailleurs le masque que certains d’entre eux ont décidé de porter désormais. Cette histoire de MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) ne correspond à  rien du tout », affirme le chef de l’à‰tat malien par intérim, alors que les militaires français prennent position autour de Kidal, grande ville du Nord-Mali qui reste aux mains du MIA et du MNLA. En revanche, Dioncounda Traoré est ouvert à  des discussions avec le MNLA : « Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations susceptibles d’aboutir, C’’est le MNLA, à  condition qu’il renonce à  toutes ses prétentions territoriales et qu’il accepte de s’intégrer au Mali définitivement et qu’ensemble, nous cherchions la solution dans la démocratie, dans la décentralisation et dans le développement », affirme le président. Exigences du MIA « La France est pour l’instant dans une position de « bonne intelligence avec les Touareg », selon les termes du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui précise : « Nous sommes dans une situation particulière à  Kidal ». Alors que jusqu’à  présent, des soldats maliens ont accompagné les militaires français dans leur offensive contre les groupes islamistes à  Gao et à  Tombouctou, les Français sont seuls à  l’aéroport de Kidal, o๠ils sont pour l’instant bloqués par une « tempête de sable », selon Paris. En manoeuvrant seule à  Kidal, l’armée française répond ainsi à  la demande de MIA, qui a exigé que « l’armée malienne et les forces de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ne pénètrent pas sur le territoire de l’Adrar des Ifoghas, région de Kidal, avant qu’une solution politique ne soit trouvée ». l’armée malienne « n’est pas là  pour se venger » Les exactions contre des Touareg et des Arabes, considérés comme proches des islamistes, constatées lors de la progression de l’armée malienne vers Gao et Tombouctou, « ne sont pas du ressort de l’armée malienne », assure le président par intérim Dioncounda Traoré. « Vous avez pu constater que même lors des scènes de pillages auxquelles nous avons assisté, l’armée malienne était là  pour dire aux populations : ne pillez pas, évitez les amalgames », affirme-t-il sur FRANCE 24 et RFI. Les militaires maliens « ne sont pas là  pour se venger ou mener des représailles. Ils sont là  pour une cause nette et claire : reconquérir notre territoire, faire en sorte que notre pays retrouve la paix et une vie constitutionnelle normale. Ce n’est pas une guerre contre une ethnie, contre les Touareg, les Soninkés, les Songhaà¯. Au Mali, ce genre de problème n’existe vraiment pas. »

L’armée française bloquée à l’aéroport de Kidal par une tempête de sable

L’armée française restait bloquée par une tempête de sable, mercredi 30 janvier, à  l’aéroport de Kidal, dont elle avait pris le contrôle dans la nuit, a annoncé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Kidal est la dernière grande ville du nord du Mali qui reste aux mains de groupes islamistes armés. Les islamistes ont affirmé mercredi dans un communiqué n’avoir tiré « aucun coup de feu » sur les Français, donnant ainsi « les preuves de leur engagement à  coopérer avec la France ». Le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), groupe né d’un scission d’Ansar Eddine (« Défenseurs de l’islam », groupe islamiste majoritairement malien) et qui s’est proclamé maà®tre de Kidal il y a quelques jours, a demandé que des soldats maliens et ouest-africains ne pénètrent pas dans la ville et sa région. Il souhaite qu’une « solution politique » soit trouvée préalablement avec Bamako. APRàˆS GAO ET TOMBOUCTOU Depuis samedi, les soldats français et maliens ont reconquis sans rencontrer de réelle résistance les deux plus grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou. La troisième, Kidal, à  1 500 km de Bamako, et sa région, proche de la frontière algérienne, était auparavant le fief d’Ansar Eddine. Elle avait été la première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), groupe laà¯que autonomiste, avaient ensuite été évincés par leurs anciens alliés. Ils contrôlent aujourd’hui de nouveau une part de la ville. Le 24 janvier, dans un message transmis à  l’AFP, le MNLA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une « solution pacifique » à  la crise. Dans un nouveau communiqué reçu dimanche par l’AFP, il réaffirme « son engagement et sa détermination à  se démarquer d’une manière définitive et totale » d’Ansar Eddine, mais aussi de « tous les autres groupes terroristes » du nord du Mali. « C’EST AUX PAYS AFRICAINS DE PRENDRE LE RELAIS » De son côté, la France appelle les autorités maliennes à  ouvrir « des discussions » avec les élus locaux du nord du Mali, la société civile et les « groupes armés non terroristes reconnaissant l’intégrité du Mali », a déclaré mercredi le ministère des affaires étrangères, qui salue l’adoption par le Parlement malien mardi d’une « feuille de route » politique pour l’après-guerre. Dans l’avion qui l’emmenait à  la conférence des donateurs qui s’est tenue mardi à  Addis-Abeba, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a réaffirmé, dans un entretien au Parisien, que les forces armées françaises partiront « rapidement » du Mali. « Maintenant, c’est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n’a pas vocation à  être maintenu. Nous partirons rapidement. » LES TERRORISTES « TRàˆS ATTEINTS » Interrogé par Le Parisien sur une éventuelle stratégie des djihadistes consistant à  se cacher pour mieux contre-attaquer par la suite, M. Fabius répond : « Nous en avons tué beaucoup », précisant que « les terroristes sont désorganisés. Très atteints […]. Ils savent que nous pouvons écouter leurs moyens de communication, ce qui limite leur capacité de réaction ». La reconquête de Kidal, dernière grande ville du Nord, va marquer un changement de nature des opérations, estime François Heisbourg, spécialiste des questions stratégiques. « On va entrer dans une phase dominée par la stabilisation de la situation pour permettre le déploiement de la force africaine, a-t-il déclaré à  Reuters. C’est le moment le plus compliqué parce qu’on change de priorité et d’outil. »

Le MNLA, communication girouette et sujet de moquerie sur Twitter

On pourrait s’y perdre. Allié des islamistes radicaux l’année dernière, puis évincé par Ansar Eddine et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) se propose aujourd’hui d’aider l’armée française dans la reconquête du Nord-Mali. Revendiquant quelque 10 000 combattants, ce qui paraà®t peu vraisemblable, le mouvement touareg semble prêt à  beaucoup pour revenir dans le jeu. Sans vraiment se soucier de sa crédibilité. Ils étaient aux abonnés absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document. Opportunisme s’il revendique à  nouveau le contrôle de territoires désertés par les islamistes à  la faveur de l’opération Serval, le MNLA, qui n’a pas abandonné l’idée d’une indépendance de l’Azawad, cherche surtout à  devenir le seul interlocuteur local crédible attaché à  la protection de la population du Nord. Quitte à  passer pour opportuniste. Alors qu’il offre désormais son aide à  la France dans la lutte contre les jihadistes, il avait ainsi pris les armes aux côtés d’Ansar Eddine et d’Aqmi, il y a seulement un an. Ce que ne manque pas de noter la présidence malienne, via son compte Twitter, le 28 janvier : Porte ouverte Le ministre de la Défense français leur a cependant lancé, mercredi 22 janvier, un véritable appel du pied. « Les Touaregs, sauf ceux qui se sont laissés embrigader par des groupes terroristes que nous condamnons totalement, (…) sont nos amis », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Ils sont dans leur territoire au Nord du Mali et il importe de les respecter et de les considérer comme des Maliens comme les autres ». Dans la perspective de la guerre asymétrique qui se profile, la Défense française semble ainsi laisser la porte ouverte au MNLA, sans le dire officiellement, qui revendique un arsenal important issu de Libye et, surtout, quelque 10 000 combattants. Crédibilité Mais le MNLA est-il toujours crédible ? Le chiffre de 10 000 hommes est en effet contesté, nombre d’experts l’estimant très exagéré, du fait de l’érosion du mouvement, qui avait été écarté par les islamistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Mais, ces derniers jours, C’’est sur Twitter que les observateurs, maliens et étrangers, montrent, avec humour, le plus de perplexité. absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document.

Tombouctou libérée des djihadistes

En trois semaines d’une offensive éclair, la France est en passe d’avoir chassé les différents groupes islamistes armés des villes du nord du Mali. Après avoir enlevé Gao samedi, les forces franco-maliennes ont repris Tombouctou entre dimanche et lundi, les Touaregs «laà¯ques» du MNLA affirmant de leur côté contrôler Kidal. Alors que les soutiens internationaux manquent toujours, plusieurs centaines de soldats français et du matériel ont été débarqués à  Dakar en renfort, le défi à  venir étant la sécurisation et le contrôle du terrain reconquis. «Nous sommes en train de gagner cette bataille», a résumé le président François Hollande, avant aussitôt d’ajouter qu’une fois l’intégrité du Mali restaurée, les forces françaises ont vocation à  rejoindre leur base. Tombouctou, tombée l’an dernier aux mains des islamistes, a été encerclée dans la nuit de dimanche à  lundi. Un millier de militaires français et 200 Maliens ont participé à  l’opération. Le colonel Burkhard, porte-parole des armées françaises, a parlé d’«une action combinée avec appui aérien et moyens de renseignement – un Atlantique II et un drone». Des milliers de manuscrits incendiés? Alors que les soldats français et maliens prenaient le contrôle de la ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco sans rencontrer de résistance et sous les applaudissements, l’inquiétude grandissait sur les exactions et dégâts commis par les combattants islamistes. Avant de fuir, ils auraient incendié une bibliothèque contenant des milliers de manuscrits inestimables. «Les rebelles ont mis le feu à  l’institut Ahmed-Baba créé récemment par les Sud-Africains, cela s’est produit il y a quatre jours», a déclaré lundi à  l’agence Reuters Haà¯lé Ousmane, le maire de Tombouctou. Le représentant en Europe du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), Moussa ag Assarid, a affirmé lundi matin au Figaro que son mouvement venait de reprendre la ville et la région de Kidal, au nord-est du Mali. «Nous contrôlons la ville de Kidal, ainsi que les villes voisines comme Tessalit et In Khalil. Notre mouvement s’inscrit désormais dans la lutte contre les terroristes», a-t-il précisé. L’information a été confirmée à  Kidal, par des rebelles touaregs du MNLA rejoints par des dissidents d’un groupe islamiste armé. Les combattants islamistes les plus déterminés d’Aqmi et d’Ansar Dine, qui auraient fui Gao et Tombouctou pour Kidal, pourraient désormais se cacher dans les montagnes avoisinantes. Comment apporter aide et renfort aux militaires français et africains qui risquent bientôt d’être harcelés par les islamistes? Lundi, l’Union africaine a estimé à  460 millions de dollars le budget du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Une nouvelle réunion est programmée aujourd’hui dans la capitale éthiopienne en présence de responsables européens, américains et japonais.

André Bourgeot:  » L’opération Serval risque de se transformer en guérilla »

SlateAfrique – l’intervention des troupes françaises au Mali est-elle de nature à  rétablir rapidement la paix dans le pays? André Bourgeot – Rapidement? Certes pas! L’intervention militaire française a d’une part stoppé l’avancée des groupes armés djihadistes qui ont tenté de prendre Sévaré, o๠il y a un aéroport international, et d’autre part libéré Diabaly et Konna avec, en réalité, l’appui l’armée malienne. L’objectif est bien de rétablir la paix qui ne sera effective que lors de la reconquête totale de l’intégrité du territoire national: cela demandera du temps d’autant que, pour l’heure, se sont essentiellement les militaires français qui sont en première ligne, avec une armée malienne affaiblie et dont la chaà®ne de commandement demeure floue. SlateAfrique – Est-ce que l’enthousiasme des populations que vous avez observé au Mali, par rapport à  cette intervention, va durer? A.B. – Globalement, les réactions sont favorables, en effet. Les populations du nord libérées du joug et de la terreur djihadiste reprennent vie et expriment leur soulagement. A Bamako, des vendeurs de petits drapeaux tricolores s’activent sur les trottoirs de la capitale et reprennent le commerce informel, tricolore cette fois: les petits drapeaux qui flottent sont même achetés. Pour autant, est-ce que cela va durer? Dans le nord, l’ensemble des populations (Songhai, Peuls, Touaregs, Bozos, Maures et Arabes) manifeste son soulagement et sa joie. Ce qui ne veut pas dire que les groupes armés djihadistes ne disposeront pas, le cas échéant, de relais locaux qui existent déjà . SlateAfrique – Le MNLA a-t-il véritablement une stratégie? A.B. – Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), indépendantiste et laà¯c, connaà®t un sérieux déclin, depuis quelques semaines. Il s’est fait d’abord bouté hors de Gao par le Mujao (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest), puis de Ménaka toujours par ce même groupe efficace dans le trafic, entre autres, de cocaà¯ne, et plus récemment d’El Khali, dans les environs de Tin Zawaten. Il tente de rebondir en proposant ses services à  l’armée française, arguant du fait suivant: être des combattants aguerris et de bons connaisseurs de la région, tout en précisant qu’il rejette toute collaboration avec l’armée malienne interdite «d’Azawad». Cette dernière appellation relève d’une construction politique des rebelles qui ne renvoie à  aucun fondement géographique et encore moins historique. L’Azawad géographique concerne l’espace situé entre Tombouctou et Arraounae sillonné par les pasteurs nomades maures. Berabich représente une superficie de 380 kilomètres carrés environ. Il souffre d’un important déficit de légitimité sociale, politique et militaire difficile à  remonter… Lire la suite sur Slate Afrique : http://www.slateafrique.com/102239ord-mali-operation-serval-consequences-itv-andre-bourgeot

Les forces françaises et maliennes entrent à l’aéroport de Tombouctou

C’est un tournant dans la guerre au Mali. Deux semaines après le déclenchement de l’opération «Serval», les forces françaises et maliennes contrôlent l’aéroport de Tombouctou et les accès routiers à  la ville, au terme d’une opération terrestre et aérienne menée dans la nuit de dimanche à  lundi. Les forces armées n’auraient rencontré aucune résistance de la part des islamistes. Après avoir pris Gao, samedi, les militaires français et maliens ont foncé vers le nord-ouest et se sont arrêtés devant cette ville historique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le double mouvement militaire vers Gao et Tombouctou a été précédé d’une trentaine de sorties aériennes, selon le ministère français de la Défense. Avec la prise des accès à  Tombouctou, la coalition contrôle désormais la «Boucle du Niger», entre la cité du désert et Gao. La conquête de la ville n’est cependant pas acquise. «Tombouctou, c’est délicat. On n’y entre pas comme ça», souligne un militaire malien. Les soldats devront pénétrer dans un dédale de ruelles de pisé parsemées de mosquées et de monuments anciens. Toute la question est de savoir si les combattants islamistes ont l’intention de s’y retrancher afin d’y mener une guérilla urbaine, ou s’ils abandonneront la ville afin de se replier dans des lieux plus sûrs. Gao, à  1200 km au nord-est de Bamako, était tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire: des membres des forces spéciales françaises appuyés par l’aviation s’étaient d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis des soldats tchadiens et nigériens étaient venus par avion du Niger voisin, marquant ainsi l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. La prise de Tombouctou risque de se révéler plus difficile. Gao était tenue par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) qui semble avoir voulu au dernier moment parlementer avec la France. Un porte-parole avait affirmé samedi vouloir «négocier la libération» d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a répondu en refusant «les logiques de chantage». Un chef d’Aqmi réfugié à  Kidal Tombouctou, en revanche, est aux mains des combattants en majorité arabes d’Aqmi, (al-Qaida au Maghreb islamique) plus aguerris et déterminés. Une troisième ville reste à  prendre: Kidal, plus au nord-est. C’est là  que se seraient retirés l’Algérien Abou Zeid, l’un des principaux émirs d’Aqmi, et Iyad ag Ghali, le chef d’Ansar Dine, le mouvement islamiste armé touareg. La maison que possède ce dernier à  Kidal a d’ailleurs été bombardée par l’aviation française, ainsi qu’un camp militaire, selon une source de sécurité malienne citée par l’Agence France-presse. Les islamistes se seraient abrités dans les montagnes de la région. Avec ce repli, pourrait commencer une nouvelle phase du conflit. Après les offensives éclair des blindés légers sur roues traçant dans les grands espaces, une guerre de guérilla et de coups de main pourrait commencer. Immergés dans la population, o๠ils ont noué de nombreuses alliances, les djihadistes pourraient décider de mener un combat de guérilla, voire d’attentats terroristes sur les arrières. Ils devraient se retrouver progressivement face aux troupes africaines. Les chefs d’état-major de la région ont porté samedi à  7700 hommes les effectifs promis dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) soit 2000 de plus que prévu. Le cavalier seul du Tchad Liberia, Guinée-Bissau, Burundi, Guinée et Ouganda doivent y être associés, mais on ignore si les problèmes de financement, de transport et d’équipement ont été résolus. Pour l’heure, seuls 1900 soldats africains sont arrivés au Mali. Le chef de l’à‰tat béninois, Boni Yayi, président sortant de l’Union africaine (UA), a déploré dimanche la lenteur de la réaction du continent. «Comment se fait-il que, face à  un danger qui menace ses propres fondations, l’Afrique, bien qu’elle ait les moyens de se défendre, continue à  attendre?» a-t-il demandé lors d’un sommet de l’UA à  Addis-Abeba, avant de remettre la présidence à  l’à‰thiopie. Le Tchad, seul pays africain à  être intervenu sans délai, ne fait pas partie de la Misma. Après les soldats envoyés par avions sécuriser Gao, une longue colonne de véhicules blindés et de plusieurs centaines de militaires tchadiens, bien équipés et rompus à  la guerre du désert, a quitté Niamey samedi en direction du Mali. La montée en puissance sur le terrain de ce pays au régime controversé risque de poser à  terme un problème politique à  la France. Les islamistes ­touaregs, eux, retrouveront de vieilles connaissances. Des éléments de la garde présidentielle s’étaient retrouvés à  leurs côtés pour défendre Kadhafi. Cette fois, ils seront ennemis.

Guerre au Mali : après l’offensive éclair sur Gao, objectif Tombouctou

L’aviation française a aussi bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à  1.500 km de Bamako, alors que des sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes dans les montagnes de cette région, dans l’extrême nord-est malien. Soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à  900 km au nord-est de Bamako. Les « troupes françaises et maliennes » seront « bientôt près de Tombouctou », a assuré samedi le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à  Mopti (centre), dont certains évoquent déjà  une volonté de vengeance à  l’égard des islamistes, qui ont notamment détruits des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia (loi islamique). « Ils nous chicotaient quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu’ils nous ont fait. Les chicoter aussi », promet ainsi Amadou, un jeune étudiant de Tombouctou, réfugié à  Mopti (centre). Le bastion islamiste de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, est tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire de l’armée française: des membres des forces spéciales benéficiant d’un appui aérien se sont d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis, des soldats tchadiens et nigériens sont venus par avion du Niger voisin jusqu’à  Gao, marquant de manière frappante l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. « La prise de contrôle de Gao, qui compte 50.000 à  60.000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours », a indiqué dimanche le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Plus de 6.000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à  terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-goutte et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Seuls 2.000 d’entre eux sont aujoud’hui stationnés au Mali et au Niger. L’UA salue l’action de la France Les premiers témoignages faisaient état d’une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage à  Gao. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées, et la zone n’est pas accessible à  des observateurs indépendants. L’armée française affirmait samedi qu’il n’y avait pas de combat à  Gao, mais « des opérations de harcèlement », avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol. Ce groupe avait affirmé samedi à  l’AFP vouloir « négocier la libération » d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant « les logiques de chantage ». D’après une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes armés, Iyad Ag Ghaly le chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et l’Algérien Abou Zeid, l’un des émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) se sont réfugiés dans les montagnes de Kidal. Des positions des islamistes à  Kidal et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. « Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à  Kidal et un camp militaire », a déclaré à  l’AFP une source de sécurité. La maison du chef d’Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants. Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. A Addis-Abeba, le chef d’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président sortant de l’Union Africaine (UA), a déploré devant ses pairs réunis en sommet la lenteur de l’organisation à  agir pour « défendre » le Mali et « salué » l’intervention française. Pour un habitant de Mopti, la France, engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l’armée malienne, contre les islamistes armés, afin d’empêcher leur progression vers le sud et Bamako puis en reconquérant le nord du pays, paie ainsi une « dette » contractée par l’ancienne puissance coloniale envers le Mali.

Gao reprise par les armées française et malienne

La ville de Gao (nord-est du Mali) a été reprise samedi par les armées française et malienne et des « contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivent sur zone pour prendre le relais des forces » françaises, a annoncé le ministère français de la Défense. Dans un communiqué, le ministère a affirmé que « dès ce (samedi) soir, Sadou Diallo, le maire de Gao réfugié à  Bamako, a pu regagner sa ville, accompagné par le colonel Dako ». Plus tôt, ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian avait annoncé que des soldats français et maliens avaient pris le contrôle de « la zone de l’aéroport et [du] pont de Gao ». Son entourage précisait toutefois que « les combats continu[aient] » dans la zone o๠« les tensions rest[aient] vives ». Jean-Yves Le Drian avait affirmé que «les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits». Le ministre a de plus tenu à  adresser «ses plus vives félicitations aux militaires français ayant rempli ces dernières heures avec succès la mission qui leur a été confiée». L’Etat-major des armées françaises avait ainsi indiqué que des « éléments terroristes » menaient « sporadiquement » des « opérations de harcèlement ». « Il n’y a pas de combat à  proprement parler » dans cette région du nord-est malien, avait précisé un porte-parole de l’Etat-major, « mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s’être abrités dans des zones urbaines ». Avant l’entrée des troupes, les positions des islamistes à  Gao avaient été pilonnées par l’aviation française, notamment par des avions de combat Rafale. L’aéroport de Gao se situe à  environ 6 kilomètres à  l’est de la ville. Le pont sur le Niger est lui placé à  l’entrée sud. Il s’agit d’une des trois principales communes du Nord du Mali, située à  1.200 kilomètres au nord-est de Bamako. De son côté, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a déclaré samedi à  Santiago refuser « les logiques de chantage », alors que le groupe islamiste Mujao a annoncé vouloir négocier la libération d’un otage français enlevé au Mali en novembre 2012. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a dit samedi à  l’AFP vouloir négocier la libération d’un otage français Gilberto Rodriguez Leal, qu’il détient depuis deux mois. Interrogé sur cette demande de négociation lors d’un déplacement au Chili, le Premier ministre a déclaré: « S’agissant de la situation de nos otages, vous n’imaginez pas qu’on va faire des déclarations publiques qui pourront contribuer à  mettre en danger leur situation ». « La France fera tout pour leur liberté », a-t-il ajouté, évoquant l’ensemble des otages français au Sahel. Alors qu’on lui demandait s’il ne craignait pas une recrudescence des « négocations-chantage », il a répondu: « On ne rentre pas les logiques de chantage ». « Ce n’est pas du tout notre vision des choses, et ce n’est pas la vision ni des Maliens, ni des autorités africaines ni des autres pays de l’Afrique de l’Ouest. On ne peut pas céder au terrorisme, sinon on sait bien que c’est toujours lui qui gagne », a-t-il poursuivi. Selon M. Ayrault, « il n’y a pas de complaisance, de négociation à  imaginer entre un Etat qui a vocation à  être un Etat démocratique et les forces terroristes ». « Il faut donner au Mali les capacités à  pouvoir exercer pleinement sa souveraineté », a-t-il dit également. Le chef du gouvernement français se trouve dans la capitale chilienne pour assister à  un sommet entre l’Union européenne (UE) et la Communauté des Etats latino-américains et des Caraà¯bes (Celac).

L’armée française se rapproche de Gao

Deux semaines après le début de son intervention au Mali, l’armée française a infligé des coups sévères aux groupes islamistes et progresse vers le nord pour accompagner la reconquête du territoire par les forces maliennes. Les objectifs fixés sont «atteints et respectés», a affirmé vendredi depuis Buenos Aires le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, écartant tout «risque d’enlisement». Après la ville de Hombori reprise jeudi, on apprenait samedi que l’aéroport de Gao et le pont Wabary à  l’entrée sud de la ville étaient désormais sous le contrôle commun des forces française et malienne. Des combats auraient toujours lieu sur cette zone. L’aéroport se trouve à  6 kilomètres de la ville. «Les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits», a indiqué Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, dans un bref communiqué, en adressant ses «plus vives félicitations» aux 3700 militaires français impliqués. Les autorités maliennes pensent que l’offensive contre Gao, l’une des principales villes du nord du Mali, sur la boucle du fleuve Niger, pourrait désormais intervenir rapidement. Des témoins affirment toutefois que les islamistes auraient fui le territoire. Gao est un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). C’est ce groupe qui a dit samedi à  l’Agence France Presse vouloir négocier la libération de l’otage français Gilberto Rodriguez Leal qu’il détient depuis deux mois. Les responsables maliens ont fait état de raids aériens français, jeudi, contre des positions insurgées à  Ansongo, à  une centaine de kilomètres au sud de Gao, sur la route du Niger o๠des contingents nigérien et tchadien – les Tchadiens seraient 1500 au Niger, d’après le ministère français de la Défense – se rassemblent pour participer aux opérations militaires. Les rebelles islamistes ont fait sauter un pont à  Tassiga, au sud d’Ansongo, sur la route principale longeant le fleuve Niger et menant au pays du même nom. Deux civils auraient été tués lorsque leur véhicule a emprunté l’ouvrage détruit. Repérages des Forces spéciales Avec les frappes aériennes qui se poursuivent, 2500 hommes et des dizaines de blindés déjà  sur le terrain, l’état-major français affiche sa confiance sur la capacité de ses troupes à  briser les positions et désorganiser les réseaux djihadistes. «On est en phase de reconquête du territoire. Vu les spécificités du terrain, les Français savent très bien faire et ils contrôlent l’espace aérien», analyse Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense. Les dix avions de combat Rafale et Mirage 2000 stationnés à  Bamako et N’Djamena poursuivent leurs frappes aériennes contre les bases arrière des islamistes, postes de commandement, dépôts de munition et de carburant, jusqu’à  Tombouctou. Objectif affiché: «Casser au maximum Aqmi», considéré comme l’ennemi n° 1, selon un haut responsable de la défense, qui souligne les «résultats significatifs» des frappes, notamment à  Gao et Tombouctou. Parallèlement, le dispositif terrestre monte en puissance. Plus de 120 véhicules, blindés légers, transports de troupes, vont gonfler dans les jours qui viennent le matériel déjà  déployé. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a rencontré vendredi à  Miramas (Bouches-du-Rhône) plusieurs centaines de soldats en partance pour le Mali, o๠les effectifs français devraient rapidement dépasser 3000 hommes. Le ministère de la Défense refuse toutefois de confirmer l’envoi prochain de chars Leclerc. En deux semaines de combats, la France n’a eu qu’un seul de ses soldats tué – un pilote d’hélicoptère – et ne déplore officiellement aucun blessé. En fait, les soldats français n’ont eu jusqu’à  présent que peu de contacts directs avec les combattants islamistes. Les hommes des Forces spéciales procèdent en revanche au repérage de cibles qui sont détruites ensuite par l’aviation.