Quand le MNLA veut piéger la France…

Depuis quelques semaines, le Mouvement National pour la Libération de l’AZAWAD est en train de faire le tour des medias occidentaux et magrébins pour parler de sa volonté de combattre aux côtés de l’opération Serval de la France au Mali contre les islamistes. Il y a un an de cela, ce même mouvement allié aux mêmes groupes islamistes avait déclaré une guerre sans merci à  l’armée malienne au nord. La suite est connue de tous, un tiers du territoire malien occupé, des populations brimées et victimes des pires exactions, le patrimoine culturel détruit et maintenant la guerre… MNLA, le cheval de Troie des islamistes Pourtant, le duo MNLA et Ancardine a fait long feu. N’ayant pas les mêmes aspirations politiques mais revendiquant plutôt l’instauration de la charia, les groupes islamistes ont tôt fait de se débarrasser d’alliés devenus encombrants. Les indépendantistes du MNLA sont chassés de leur « Assawad » fictif par les islamistes suite à  une répression sanglante à  Gao. Evaporés dans la nature, avec ses leaders réfugiés au pays du médiateur de la crise, le Burkina Faso, les « azawadiens » sont retournés à  leur première tribune, les plateaux télé internationaux. Ils veulent à  tout prix revenir dans le jeu d’o๠ils ont été éjectés, surtout depuis le début de l’offensive militaire. Le MNLA souhaite maintenant « prêter main forte à  la France » dans les combats qu’elle livre avec l’armée malienne aux djihadistes. Cette nouvelle position des indépendantistes Touareg est perçue au Mali comme une manœuvre dilatoire et un piège par les Maliens qui les considèrent comme la cause de tous les maux que connaà®t le pays. « La France doit être vigilante » l’opinion malienne a depuis le début de la rébellion touareg en 2012, trouvé que la France accordait trop de crédit et de visibilité à  ses leaders. Yaya Diakité professeur de lycée à  Bamako rappelle que le MNLA a ouvert la porte du nord aux islamistes. Il met en garde les autorités françaises sur la non-représentativité de ce groupe. « Ces rebelles touareg n’ont rien derrière eux si ce n’est leur nuque ». «La France doit être vigilante de ne pas accepter la proposition de ces rebelles touareg au risque de voir la joie malienne pour l’intervention française à  la haine » menace un autre intervenant. Rokiatou Dramé, administratrice sociale affirme qu’ « aucun malien n’acceptera ces rebelles touareg qui ont divisé le Mali. Si la France veut que les maliens continuent à  l’applaudir, elle ne doit pas prêter oreilles aux ragots de ces apatrides et traitres. Pas question d’accepter le MNLA sur la table de négociation. Sinon les maliens nous allons nous lever comme un seul homme pour combattre nos ennemis ».

Le vieux Pedro, seul Blanc resté à Ségou

« Il faut bien mourir quelque part », commente-t-il avec sérénité. Pedro a ses habitudes. Un matin sur deux, il s’installe dans la cour intérieure d’un hôtel de la ville située à  270 km au nord-est de Bamako, doté du wifi, pour consulter internet sur un très vieil ordinateur portable qui semble dater des premières heures de l’informatique. Un serveur apporte aussitôt un café noir, « voici monsieur Pedro! ». Il allume une cigarette blonde, qu’il fume à  la chaà®ne, lance un programme de musique classique d’une radio catalane et puis consulte, lentement, El Paà¯s, Le Monde, le Times. « Ils sont tous partis, tous les autres Blancs. Je n’ai pas peur, c’est comme ça », raconte simplement ce Catalan, ancien économiste à  Barcelone, qui parle un bon français d’une voix basse, depuis longtemps à  la retraite. « Ceux qui travaillaient dans des projets de développement, pour les ONG, les patrons d’hôtels ont quitté, je me suis retrouvé seul blanc, avec les Africains ». La fuite précipitée des Blancs est intervenue à  la suite des menaces des islamistes qui se sont déclarés prêts à  frapper partout au Mali, après le début de l’offensive militaire française contre leurs positions, dès le 11 janvier. L’ambassade espagnole à  Bamako a bien essayé de lui faire quitter Ségou, à  peine à  100 km au sud de Diabali, prise quelques jours par les jihadistes. « Ils m’envoyaient des SMS, il faut prendre des précautions monsieur Pedro, et puis après, il faut quitter!. N’insistez pas, je leur ai dit, je reste ». Arrivé à  Segou il y a six ans, Pedro Ros est voyageur depuis longtemps. « C’est ici ma vie » « Depuis tout petit, j’avais envie de découvrir l’Afrique. J’ai traversé le Maroc, le Sahara, la Mauritanie, le Sénégal. . . jusqu’au Cameroun. Et puis le Mali, Gao, Tombouctou, l’habituel trajet, et je me suis dit, tiens, ça c’est un bon pays, c’est ici ma vie ». Il travaille alors pour la Croix-Rouge malienne, sur un projet de sensibilisation consacré aux mutilations génitales des femmes (« Je ne connaissais rien de ce problème »), puis se lance dans la construction d’une école avec une aide de l’Espagne. « Nous l’avons fait, ca fait deux ans que ça marche, à  Mouni, dans la zone de Bobofing, au sud-est de Segou ». Il est sur un autre projet d’installation d’un moulin à  grains, dans un pays o๠la population, à  85% rurale, reste très pauvre. Pedro, à  la voix murmurante, semble un peu fatigué. Il n’écrase pas ses mégots dans le cendrier, il se contente de les déposer. . . Il ne retourne plus en Espagne, il n’a plus de famille, si ce n’est un cousin en Galice, et une cousine aux Etats-Unis. Sa famille est africaine, à  Ségou. « J’ai épousé une Malienne, qui s’appelle Genevière car elle est chrétienne, nous avons un enfant qui aura bientôt deux ans, Kim Pedro ». Le serveur lui apporte un petit déjeuner, sans qu’il ait à  le commander. On pose une serviette sur la tasse de café, pour éviter les mouches. Pedro prend le temps de se raconter, il n’est pas pressé de manger. A 77 ans, il semble avoir tout son temps. Pour les soins, il va « de temps en temps à  l’hôpital, pour un palu ». Quant à  ses dents plutôt abà®mées, il est vrai que « les dentistes de Ségou ne sont pas les meilleurs ». . . . « Je me tiens informé de l’actualité, mais, finalement, je ne comprends rien à  la marche du monde », reconnaà®t-il. Il ne va plus à  Bamako: « c’est de la folie là -bas, trop de monde ». En location, il a même le projet d’acheter un terrain et faire construire une maison. Sa retraite espagnole tombe régulièrement, mais il a oublié comment convertir les francs CFA en Euros. Après trois heures de lecture en musique, il part retrouver sa famille et « déjeuner à  l’africaine ». Après son départ, un jeune serveur s’exclame: « Ah! Monsieur Pedro, il va mourir au Mali! »

Pourquoi les Américains ne sont pas au Mali

Il était sans doute malvenu de gâcher la fête. A quelques jours de la cérémonie d’investiture qui inaugurerait le second mandat de Barack Obama, les Etats-Unis avaient d’autres priorités que de s’engager militairement dans le conflit malien. Mais leur étonnante réserve, dans une guerre ouvertement déclarée contre le terrorisme avec des accents qui n’auraient pas déplu à  George W. Bush, a de quoi surprendre. En dehors des déclarations officielles rappelant que Washington soutient l’initiative de la France, que cette dernière agit bien à  la demande du Mali, de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et en conformité avec la résolution 2085 de l’ONU, on ne peut qu’être frappé par le service minimum dont fait preuve l’administration Obama. Au point que les autorités françaises regrettent amèrement ce minimalisme, qui se traduit par une absence d’aide militaire significative, laquelle serait pourtant bienvenue. A la grande différence de la Libye, o๠les forces américaines ont joué un rôle tout à  fait décisif dans les frappes aériennes, on déplore à  Paris le refus d’engagement des Etats-Unis et on constate que le carnage d’In Amenas, en Algérie, n’a rien changé à  leur position. Il est vrai que la logorrhée même des terroristes ne fait pas des Etats-Unis le « grand Satan » habituel ; leurs menaces ciblent bien davantage la France, objet de toute leur vindicte. Ajoutons qu’après l’attentat de Benghazi, qui coûta la vie à  l’ambassadeur américain, en septembre 2012, l’administration Obama est très soucieuse de ne pas entrer dans un nouvel engrenage africain, qui apparaà®trait comme une suite à  la désastreuse expédition en Somalie, au funeste enlisement en Irak, à  l’impopulaire guerre d’Afghanistan, à  la succession de déconvenues résultant du printemps arabe. Du reste, la loi des Etats-Unis interdit toute assistance, à  l’exception de l’aide humanitaire, à  un pays dans lequel un gouvernement démocratiquement élu est renversé. Même les avions ravitailleurs, dont la France a un besoin pressant, entrent dans la catégorie des armes par destination – et sont donc refusés. Cette fois, au Mali, pas de « leadership from behind » comme en Libye, théorie chère à  Obama, qui consiste à  « diriger depuis l’arrière ». Il n’y a guère que dans le domaine du renseignement que la France bénéficie des largesses américaines. En réalité, ce « profil bas » relève de facteurs plus profonds, qui découlent d’une divergence de fond entre Washington et Paris. L’an dernier, les Etats-Unis se sont opposés au projet de résolution déposé par la France pour autoriser l’envoi d’une force africaine au Mali, car ils reprochaient à  la conception française de mêler processus politique de réconciliation nationale et déclenchement d’une opération militaire dans le Nord. Le point de vue américain visait, lui, à  dissocier ces deux missions, en privilégiant l’apaisement politique et la formation des troupes maliennes pour renvoyer à  plus tard toute initiative militaire d’envergure chapeautée par l’ONU: les élections plutôt que l’intervention. La percée subite des islamistes vers le sud, qui a littéralement provoqué l’intervention française, a cependant consacré l’échec de cette perception: Washington, qui avait beaucoup investi dans la formation de l’armée malienne, a constaté, démuni, que bon nombre des cadres et des unités dites d’élite qu’il avait entraà®nés avaient fait défection et rejoint les rebelles. Néanmoins, l’administration américaine continue de marquer ses distances. Ce n’est pas la moindre des leçons de la guerre du Mali: Obama I avait exigé de son allié français l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, tandis qu’Obama II lui refuse aujourd’hui un soutien précieux. Le président réélu ne saurait mieux dire que ce n’est pas « sa » guerre.

La France met la pression sur les États-Unis

Des avions américains ont commencé le transport de troupes et de matériel de France vers le Mali, en réponse aux demandes de soutien aérien émises par les Français depuis plusieurs jours. Les avions de ravitaillement en vol de l’Hexagone se comptant sur les doigts d’une main, la France va aussi disposer des avions ravitailleurs de l’US Air Force (l’Amérique dispose d’une flotte de quelque 350 avions ravitailleurs), dont elle a un cruel besoin vu le caractère éloigné du théâtre d’opération malien. Mais derrière ces annonces, présentées à  Paris et à  Washington comme l’exemple de «l’excellente coopération» militaire et politique qui lie les deux pays, se joue une partie diplomatique un brin plus compliquée entre la France et son grand allié d’outre-atlantique. La réalité est que Paris bute sur la fatigue d’une Amérique qui, après dix ans d’engagement de ses boys dans des pays lointains pour des guerres «antiterroristes» coûteuses en hommes et en dollars, rêve de se replier un temps sur ses frontières, pour s’y consacrer à  ses propres défis. Cette hostilité à  s’engager à  nouveau sur un terrain aussi incertain que le Mali, o๠les Américains ont subi récemment de lourds déboires, après avoir formé et encadré une armée malienne dont une partie a finalement organisé un putsch tandis que l’autre ralliait la rébellion islamiste du nord, a été tangible ces derniers jours pendant la négociation qui s’est engagée sur les contours de l’aide que l’Amérique apporterait à  l’intervention surprise décidée par la France au Mali. Si une consultation permanente prévaut à  tous les niveaux – les présidents Obama et Hollande se sont parlé avant l’envoi des troupes françaises et plusieurs fois depuis – il reste difficile de démêler jusqu’à  quel point les Américains vont s’engager et ce qu’ils ont en tête. Mais le savent-ils eux-mêmes? Une contrepartie financière demandée Certes, au Pentagone, comme au Département d’à‰tat et à  la Maison-Blanche, la satisfaction, voire le soulagement que les Français y soient allés et assument, s’exprime. Les Américains restent admiratifs des capacités de l’armée française et fascinés par la rapidité du processus de décision, sans débat public préalable, et concentré à  la présidence, qui prévaut à  Paris en matière d’intervention. Une situation impensable à  Washington o๠l’exécutif doit passer sous les fourches caudines du Congrès pour décider d’entrer en guerre. «Dans le jeu de cartes de la puissance, notre capacité à  intervenir en Afrique est une de nos cartes clé vis-à -vis des Américains», note d’ailleurs une source diplomatique française. Mais cela n’empêche pas les Américains de traà®ner les pieds pour assumer leur rôle de soutien. Ainsi les Français ont-ils été très «surpris» selon une source indépendante qui s’est confiée au Figaro, de la manière dont Washington aurait traité leurs demandes de soutien aérien. S’ils ont donné un accord de principe, les à‰tats-Unis restent peu coulants sur les modalités exactes de cette aide. Washington a notamment demandé que la France paie pour les avions alloués par l’Amérique, une exigence qui en dit long sur les préoccupations budgétaires du moment. «Une demande sans précédent» en matière de coopération occidentale, nous confie la même source indépendante. Paris conteste l’existence d’un blocage politique, parlant au contraire d’une négociation technique et d’un débat américano-américain bureaucratique. Outre la question des compensations financières, les Américains ont invoqué des arguments légaux pour expliquer leur réserve, se disant gênés par le fait d’avoir à  ravitailler des avions qui seraient destinés à  frapper des cibles, car cela les mettrait, expliquent-ils, en situation de «cobelligérance». La France cherche de son côté à  s’assurer que le soutien aérien américain sera au rendez-vous si ses troupes se retrouvent en difficulté. Le débat est toujours en cours. Mais selon une source indépendante, l’ambassadeur de France a accentué la pression ce week-end, appelant plusieurs contacts à  la Maison-Blanche, dont la conseillère du président Valerie Jarrett et le sénateur John Kerry, pour rappeler l’importance du soutien américain. Un projet de résolution «de m…» Dès le début de la crise, les Américains ont apporté une aide immédiate et totale en matière de renseignement à  leurs alliés français, notamment grâce à  leurs satellites. Mais les observateurs avertis soulignent qu’ils semblent en revanche peu pressés de s’engager plus directement dans un engrenage malien dont ils ne voient pas clairement l’issue. Il y a quelques mois, certains au Pentagone avaient préconisé des frappes de drones sur les intérêts d’al-Qaida au Maghreb islamique. La France, qui connaà®t bien le terrain et craignait que des frappes spectaculaires n’attirent en terre malienne des hordes de djihadistes (et ne mettent en péril les otages français détenus par Aqmi), les avaient alors freinés, préférant privilégier des missions de contre-terrorisme plus discrètes. Quand la situation s’est gâtée à  l’automne, le gouvernement de François Hollande a en revanche été en première ligne pour accélérer la mise en place d’un dispositif de forces africaines susceptibles de se déployer en tampon entre le nord et le sud, avec pour objectif ultime de rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Mais les à‰tats-Unis ont alors ralenti le processus, traà®nant des pieds et jugeant que le projet était mal ficelé et trop précipité. Ils ont préconisé la tenue d’élections préalables à  Bamako, aujourd’hui tenu par un gouvernement issu d’un putsch. Les désaccords ont été suffisamment forts pour que l’ambassadeur américain à  l’ONU Susan Rice qualifie le projet de résolution française de projet de «m…», avant qu’un vote n’ait finalement lieu fin décembre pour confirmer le droit à  l’utilisation de la force et le déploiement futur de troupes africaines. Une prise de conscience progressive du danger Aujourd’hui, après la surprise suscitée par la marche forcée des islamistes vers le sud et la décision d’intervention éclair de Paris, le credo actuel américain consiste à  affirmer «son soutien» à  la France et à  encourager le déploiement des forces africaines aussitôt que possible. Les à‰tats-Unis promettent aussi d’être très actifs dans la phase 3 d’africanisation du conflit, notamment en matière d’aide financière et de formation. Mais certains observateurs, notamment américains, soulignent qu’en dehors des Tchadiens, rompus à  la guerre dans le désert, les autres forces africaines impliquées ne sont pas vraiment préparées à  se battre sur le terrain désertique du Nord Mali et auront du mal à  prendre la relève des Français. Une réalité qui pose avec d’autant plus d’acuité la question des forces occidentales susceptibles de venir en renfort, si la situation se gâte ou s’éternise. La spectaculaire prise d’otages en Algérie par les mêmes groupes terroristes islamistes qui agissent au Mali, semble avoir suscité une prise de conscience de certains pays, comme la Grande-Bretagne. La mort de 3 otages américains pourrait potentiellement changer les paramètres de l’équation d’engagement de Washington, supputent certains experts. Mais le sujet est resté pour l’instant relativement absent des télévisions américaines, sans doute en raison des festivités d’investiture. L’idée que l’Amérique, sous l’effet de la mort de ses compatriotes et de la propagation de l’instabilité, finisse par s’engager dans des opérations secrètes pour frapper Aqmi et ses alliés est théoriquement envisageable. Mais pour l’instant, cela n’apparaà®t pas dans les cartes, assurent les experts. «Ils ne prennent que progressivement conscience du danger que représente Aqmi, dit une source diplomatique française. Pour eux, le terrorisme, c’est l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen, la Somalie et un peu le Nigeria. Cela fait des années que nous nous efforçons de les sensibiliser à  cette problématique sahélienne. Il faut du temps pour faire bouger le paquebot américain, mais cela progresse», ajoute-t-il, sûr que la présence de John Brennan à  la tête de la CIA, aidera les intérêts français, car ce expert du contre-terrorisme «connaà®t très bien le sujet».

Diabali et Douentza libérées (Le Drian)

C’’est de Paris qu’est venue la confirmation d’une information annoncée puis infirmée la semaine dernière. Après avoir frappé pendant plusieurs jours les positions des Djihadistes dans Diabali, l’armée malienne soutenue par les militaires français est entrée dans la localité ce lundi matin. Plusieurs sources ont indiqué le vendredi dernier que les soldats maliens avaient repris le contrôle de cette ville située en zone Office du Niger et prise pendant une semaine par les islamistes armés. Information démentie par des habitants de la localité. Kader, qui vit à  Diabali affirmait samedi «nous n’avons vu aucun militaire pour le moment. Les islamistes sont partis mais il n’y a pas encore de militaires maliens ni français ici». Depuis, la situation sur le terrain a évolué puisque ce lundi, C’’est le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui a confirmé l’entrée des troupes dans la ville. Une colonne d’une trentaine de véhicules blindés dans laquelle se trouvaient quelque 200 soldats maliens et français est entrée à  Diabali, à  400 km au nord de Bamako, sans rencontrer de résistance, a confirmé un journaliste de l’AFP accompagnant les militaires. Des habitants sont sortis saluer l’arrivée des soldats qui avançaient avec prudence, craignant notamment la présence de mines ou de pièges posés par les islamistes qui se sont repliés hors de la ville après avoir subi de nombreuses pertes en vies humaines et avoir abandonné armes et matériels sur place. Bonnes nouvelles depuis Paris Le ministre français de la Défense a également évoqué la reprise du contrôle de Douentza, à  800 km au nord-ouest de Bamako. Douentza était tombée sans combats le 1er septembre aux mains du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). « Cette avancée de l’armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations », a déclaré M. Le Drian dans un communiqué. Plusieurs sources ont fait état d’un repli des islamistes depuis le centre du pays vers Kidal, dans l’extrême nord-est, à  1.500 km de Bamako, près de la frontière algérienne. Kidal avait été la première ville du Nord conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes, qui en avaient ensuite évincé leurs anciens alliés. A Bamako, de plus en plus, on s’interroge sur le fait que les informations « fiables » sur les opérations sur le terrain n’émanent pas des officiels maliens mais des autorités françaises. On se souvient de l’épisode de la libération de la ville de Konna, annoncée par l’armée malienne pendant plusieurs jours avant qu’un communiqué de Paris n’y apporte un démenti formel, et qu’une publication des islamistes sur le réseau social Twitter ne mette à  mal la thèse de l’armée. Ce ne sera que quelques jours plus tard, soit le 17 janvier, que la ville sera véritablement reprise. Et une fois encore, la confirmation est venue de Paris. La communication de guerre, une autre façon de faire la guerre…

MISMA au Mali : l’Afrique au compte-gouttes !

Pourquoi tant d’hésitation, de réunions, de salamalecs pour déployer des troupes africaines sur le sol malien et renforcer la France, plus qu’engagée aux côtés du Mali. Nos pairs africains nous déçoivent encore et toujours lorsqu’il s’agit de prendre les décisions urgentes. En lieu et place, ils multiplient les grandes messes dans les salles luxueuses des capitales africaine en paix. Abidjan a donc accueilli ce sommet CEDEAO pour une fois de plus tendre la main à  l’Occident, cet occident dont voulons rompre la dépendance. Quant il s’agit d’aider un voisin en proie à  la violence physique et à  l’agression territoriale, il y a encore des réticences. Lorsque des contingents arrivent à  Bamako et doivent attendre «Â  des formalités » comme l’a souligné, un colonel de l’armée malienne, il y a lieu de se demander ce qui ne va pas chez nous les africains. Lorsque de lièvre France accourt, la tortue Afrique traine la patte. l’Afrique toujours derrière, l’Afrique en retard. Alors, la Misma peut toujours attendre que le conflit s’enlise. Mais pourquoi ne pas engager sur le terrain, les troupes tchadiennes qui connaissent déjà  le terrain ?

Batailles furtives au milieu des rizières près de Diabali

Bamako n’est qu’à  400 kilomètres, mais si loin de cette ville sous contrôle gouvernemental, la dernière avant Diabali, prise lundi par la coalition réunie autour d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). C’est vers cette zone qu’ont convergé des forces françaises, dont quelques éléments à  bord de VAB (transports de troupes blindés) sont encore visibles sur la route de Bamako. A quelques dizaines de kilomètres, en direction du nord, les pick-up de la coalition djihadiste (AQMI, Ansar Eddine et sans doute le Mujao) ont reçu des renforts mardi 15 janvier. Depuis, ils y ont subi des frappes et s’installent dans les maisons, ainsi que, dans la mesure du possible, aux environs. Diabali est presque une à®le au milieu de l’Office du Niger, vaste zone irriguée o๠pousse riz et canne et sucre. Quelque part entre champs et canaux, il y a aussi des troupes françaises, avec des forces spéciales. Entrées dans Niono la veille, ces troupes ont été acclamées en ville, avant de disparaà®tre dans la nature. Sans doute sont-elles en train de s’approcher de la zone de regroupement des combattants d’AQMI et d’Ansar Eddine. Ces derniers, en bonne logique, n’ont aucune raison de servir de cible en restant groupés au centre de Diabali. Vont-ils faire mouvement ? Niono tremble à  l’idée d’être leur prochaine étape. Des rafales tirées par un militaire malien Mercredi 16 janvier, en fin d’après midi, la ville a cru voir arriver ceux qu’on appelle ici « les djihadistes » et cédé à  la panique.  » Le bruit a couru que les djihadistes sont à  la lisière , avec des velléités, s’exaspère le préfet de Niono, mais il n’y a rien ! » On a entassé hommes, bêtes et marchandises dans tous les minibus disponibles pour s’éloigner vers les villes voisines, de Markala à  Ségou. Pour couper la route d’une éventuelle progression, à  18 heures, les autorités ont fait relever le vieux pont Robert. L’ouvrage, antédilluvien, permet aux chalands qui naviguent sur le canal longeant la ville de passer. En cas d’inquiétude, c’est ainsi qu’on ferme la porte nord de Niono. Et puis l’attente a repris dans la ville en partie vidée. En fait d’offensive, il n’y avait eu, vers 16 heures, qu’une série de rafales tirées par un soldat malien qui avait confondu des bergers avec des rebelles. Cela a suffi pour que la population prenne un coup de sang, et que le reste du Mali, prévenu par téléphone, imagine déjà  les rebelles à  Niono. L’armée malienne présente en ville a coiffé ses casques lourds, et tâché de participer à  l’opération éventuelle, dans un grand état d’agitation. « C’est la recherche de la domination par la religion Il faut voir, dans son bureau, le préfet Seydou Trahttp://journaldumali.com/private/article.php?id=5809oré garder la tête froide, gérer la défense et la panique, enchaà®ner les coups de fil et répondre à  une pléiade d’autorités, jusqu’à  Bamako que non, on ne se bat pas à  Niono et, du reste, « non et non », pas non plus « au corps à  corps dans les rues » à  Diabali. Le préfet, militaire, a suivi les rébellions précédentes depuis les années 1990, et sait comment on traite normalement le mal de la guerre au Mali :  » par des négociations. » Cette fois-ci, selon lui, on a encore traité la nouvelle galaxie rebelle de la même façon : « On les a caressés dans le sens du poil, mais ce n’est pas une rébellion, c’est une agression, c’est la recherche de la domination par la religion ! » Entre deux sonneries, le préfet soupire : « A ce rythme, on va se battre entre nous avant que les premiers coups de feu contre les djihadistes aient été tirés. » Un autre fonctionnaire propose de décréter une « mobilisation générale » de la population dans la ville et de chercher les  » collabos  » des islamistes afin de « les éliminer pour l’exemple ». Hypothèse aussitôt oubliée. Lire la suite sur Lemonde.fr (merci de copier l’url suivante) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/01/17/mali-batailles-furtives-au-milieu-des-rizieres-pres-de-diabali_1818248_3212.html

L’armée malienne relève la tête

a nouvelle s’est répandue vendredi dans Sévaré et Mpoti comme une délivrance: l’armée malienne a repris Konna. La ville était tombée, huit jours plus tôt, entre les mains des milices islamistes, laissant craindre une offensive générale sur le Mali et déclenchant l’intervention française. «C’est un soulagement», assure Amoudou, barman qui, il y a peu encore, avait caché ses bouteilles d’alcool, s’attendant au pire. Le colonel Didier Dacko affiche, lui aussi, une mine satisfaite, juste barrée par un pli soucieux. «Nous avons totalement repris Konna. Il reste juste quelques opérations de nettoyage, de ratissage», explique l’officier en charge des opérations sur ce front. Selon lui, l’attaque a été lancée il y a deux jours. Harcelés par les bombardements aériens français, les djihadistes avaient choisi de se réfugier dans la savane. «Nous nous sommes heurtés à  forte partie. Ils s’étaient cachés dans la brousse à  une quinzaine de kilomètres de la cité.» Les tirs, surtout à  l’arme légère, auraient duré plusieurs heures, faisant quatre blessés et un mort dans les rangs de l’armée malienne. En face, les pertes restent inconnues. «Nous avons détruit au moins six pick-up et sans doute tué des hommes.» Jeudi, à  la tombée de la nuit, les soldats maliens ont pu reprendre pied dans Konna, devenue une ville ouverte. «Mais il faut encore faire attention. Il est possible que des islamistes se soient fondus dans la population civile et attendent pour intervenir.» «Sans les Français rien n’était possible» Cette première victoire, après une longue succession de défaites, a tout de même été fêtée. à€ la sortie du camp Ba Lobo Bakary, au centre de Sévaré, des 4 à— 4 Toyota neufs entrent et sortent. Sur l’un, les hommes, bonnet noir sur la tête, serrent le poing d’un air gaillard. Le colonel se garde bien d’afficher un tel enthousiasme. L’homme a trop d’expérience. Lors de la débandade de l’armée malienne, il fut l’un des rares commandants maliens, avec Ould Meidou et El Hadj Ag Gamou, à  tenir ses positions aussi longtemps qu’il fut possible. Alors il préfère aujourd’hui être prudent. «C’est un symbole. Le début de la reconquête du Nord.» Il sait que les islamistes rencontrés n’étaient sans doute pas les plus hargneux. Depuis plusieurs jours, des fuites de miliciens au nord vers Douenza avaient été signalées. «Contrairement à  ce que l’on dit souvent, les islamistes n’ont pas offert une énorme résistance», souligne-t-il. Il sait aussi que l’appui des forces françaises fut nécessaire. «Il a même été substantiel», lance-t-il, sans en dire plus. Selon Bala Coulibaly, le secrétaire de la préfecture de Konna, «ce sont les Français et les Maliens ensemble qui sont entrés en ville». L’homme, recherché, a dû vite quitter sa ville. «Je suis parti le samedi en moto, car c’était trop dangereux pour moi.» Ses administrés le tiennent depuis au courant. «Jeudi soir, ils ont tous vu entrer dans la ville des soldats blancs et des soldats maliens à  pied. Mais, il n’y avait pas de combats. Les islamistes étaient partis. Ils entraient simplement.» Tous ont aussi entendu le survol d’hélicoptères pendant la nuit. «C’est les Français qui nous ont aidés. Sans cela, rien n’était possible.» La nuit précédant sa fuite, il a assisté aux premiers bombardements de l’aviation française sur Konna. «Ils ont touché le rond-point à  l’entrée de la ville et aussi le logement du sous-préfet, o๠s’étaient installés les islamistes», explique-t-il. La scène semble l’avoir un rien traumatisé. «Un enfant qui voulait aller voir ce qui se passait a été tué, explique-t-il. Mais tout ça, maintenant, c’est du passé.» Il attend pour rentrer chez lui. «La route n’est pas encore sûre. Il y a encore des balles et des embuscades.» Par Tanguy Berthemet, envoyé spécial

Les intérêts économiques limités de la France au Mali

La France «n’a aucun intérêt au Mali. Elle ne défend aucun calcul économique ou politique», a insisté François Hollande mercredi lors de ses vœux à  la presse. Pétrole, gaz, uranium, qu’en est-il de la présence d’entreprises françaises dans ces secteurs stratégiques? Les richesses du sous-sol malien, sont encore largement inexplorées et, a fortiori inexploitées. La seule ressource minière qu’exporte ce pays parmi les plus pauvres de la planète, classé 170e sur 192 par la Banque mondiale pour le PIB par habitant, est l’or. Le Mali en est le troisième producteur africain. Les géologues savent que le sous-sol malien renferme de l’uranium. La compagnie minière canadienne Rockgate a déposé un permis d’exploration pour un gisement d’uranium à  Faléa, à  350 kilomètres à  l’ouest de Bamako, très proche des frontières du Sénégal et de Guinée. Le géant français Areva a procédé à  des campagnes d’exploration dans la région de Saraya, du côté sénégalais. Le 15 novembre dernier, Rockgate a confié une étude de faisabilité à  une société sud-africaine, DRA Group, pour son projet de Faléa, qui recèle, outre de l’uranium, de l’argent et du cuivre. Selon ses calculs préliminaires, le gisement recèlerait environ 12.000 tonnes d’uranium soit quatre fois la production de la mine Areva d’Arlit au Niger en 2012. Areva et Total L’eurodéputée française Michèle Rivasi et militante antinucléaire s’est rendue fin 2011 à  Faléa au Mali, avec Eva Joly, à  la demande d’un collectif local, inquiet des éventuelles retombées écologiques du projet de mine à  ciel ouvert. Michèle Rivasi affirme que des sources diplomatiques sur place avaient alors évoqué un «accord entre le canadien Rockgate et Areva». Un porte-parole d’Areva dément l’existence d’un quelconque accord au Mali o๠la société française «n’est pas intéressée». La Cogema, ancêtre d’Areva «a prospecté au Mali il y a cinquante ans», sans découvrir de gisement substantiel. S’agissant des hydrocarbures, la présence française au Mali est minime. Total, la compagnie tricolore, est propriétaire dans ce pays d’une quarantaine de stations-service: son activité s’arrête là , elle n’est donc pas stratégique. Dans les pays environnants, Total réalise un peu d’exploration en Mauritanie et produit quelque 33.000 barils équivalent pétrole par jour en Algérie. Soit une goutte de pétrole par rapport à  sa production globale. Sur le continent africain, l’Angola par exemple, avec l’importance de ses gisements offshore, est un pays d’une tout autre importance pour Total. Toutefois, l’entreprise, comme toutes les autres majors de l’or noir, regarde attentivement chaque pays du continent. Des groupes discrets Les intérêts miniers et énergétiques français au Mali sont donc actuellement ténus, donnant raison à  François Hollande. Mais il est évident que, sans même parler du sort des otages d’Areva enlevés au Niger en 2010, l’instabilité du Sahel dans son ensemble a un impact sur les projets économiques dans toute la région, comme les mines d’Areva dans ce même pays, Arlit, en exploitation, et Imouraren, en développement. Dans l’état actuel des choses, les groupes énergétiques français s’épanchent peu sur leur activité dans la zone: «Plus on en dit et plus cela serait susceptible de mettre en péril nos équipes», confie un représentant de l’une de ces entreprises.

Dioncounda aux soldats français :  » Sans l’intervention de la France, la situation aurait été plus difficile »

A son arrivée à  l’aéroport Bamako Sénou, Dioncounda est accueilli par les chefs de bataillon français. Unités françaises déployées au Mali. Pour le président par intérim, le Mali est éternellement reconnaissant à  la France, car sans son intervention, la situation aurait été plus difficile, a t-il déclaré.

Opération militaire : Sanogo hors jeu?

En attaquant les troupes maliennes sur la ligne de front à  Konna, les islamistes déclenchaient une opération militaire depuis longtemps programmée et sans cesse repoussée. En effet, les pronostics les plus favorables prévoyaient le début de l’offensive armée au plus tôt au mois d’avril. Et voila, qu’en quelque heures, force a été donnée aux armes pour mettre fin à  la situation de ni-paix-ni-guerre qui durait depuis des mois. Les militaires maliens sont donc au front. Mais ils ne sont pas seuls. A leurs côtés, des soldats français dont l’effectif est graduellement monté à  plus d’un millier d’hommes ces derniers jours. Hélicoptères, blindés de la Licorne, forces spéciales, les troupes étrangères sont là . Les chefs d’état major africains sont réunis depuis deux jours maintenant pour peaufiner l’arrivée de troupes d’un peu partout sur le continent. Car, il est clair que seule, notre armée ne peut faire face à  des islamistes puissamment armés et prêts à  tout pour imposer leur régime de terreur. Mais alors, se demandent de nombreux maliens, pourquoi la hiérarchie militaire malienne a-t-elle autant tergiversé ? Surtout le plus en vue, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, qui il y a quelques semaines encore demandait «juste un soutien logistique » pour monter au front ? Quelle marge d’action pour le Capitaine ? Malheureusement, la suite ne lui a pas donné raison. Le tombeur d’ATT se voit ainsi dans l’obligation de revoir sa copie face à  la précipitation des événements depuis le jeudi dernier. Il a d’ailleurs fait un pas dans ce sens en remerciant la France pour son intervention salvatrice auprès des militaires maliens pour endiguer la percée islamiste. Le capitaine est d’autant plus gêné que les porteurs d’uniforme non-Maliens qui auront en charge la sécurisation de la capitale pourraient marcher sur ses plates bandes et réduire du coup son ‘’pouvoir ». Ce qui n’est guère à  son gout. Avec la nouvelle donne, l’on est en droit de se poser des questions. Quelle est aujourd’hui la marge de manœuvre réelle du président du comité de suivi et de la réforme de l’armée ? Est-il en train de perdre la main ? Les militaires interrogés n’ont pas souhaité faire de commentaires, se contentant juste de déclarer que seule la patrie compte. Nombreux sont les maliens qui attendaient l’annonce de son départ au front. « Cela nous aurait confirmé tout ce qu’il nous a dit au matin du 22 mars » affirme un bamakois, sous couvert d’anonymat. Pour l’instant ce n’est pas la cas… En attendant, pour ne pas disparaà®tre de la carte qui se joue actuellement autant sur le plan politique que militaire, le capitaine tente, tant bien que mal, de marquer son territoire. En atteste sa visite aux militaires blessés dans les hôpitaux avant même le ministre de la Défense et le Président par intérim. Sans oublier sa visite éclair à  Sévaré pour remonter le moral de la troupe. Une visite mise à  profit pour élever certains militaires au grade supérieur.

Christian Rouyer : « la sécurisation des institutions était devenue urgente au Mali « 

Mardi, lors d’une conférence de presse relative au projet d’appui à  la mise en place d’un centre de presse sur le front de Mopti, Christian Rouyer, l’ambassadeur de France au Mali, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en condamnant les agitations perpétrées par des groupuscules les jours précédents l’intervention militaire au Mali. Selon lui, il devenait urgent de prendre des mesures pour sécuriser les institutions maliennes. Stabilité institutionnelle à  Bamako Pour Christian Rouyer, il n’y avait plus de calme à  Bamako :  » On ne pouvait pas se réveiller un jour sans savoir quelles manifestations allaient entraver la vie publique. L’activité économique était au ralenti et des gens brûlaient des pneus sur les routes. Il y avait d’autres qui criaient des slogans contre le Président ou le Premier ministre», a rappelé le diplomate. Partageant l’idée de beaucoup d’observateurs, que la reconquête du nord dépend de la stabilité politique du sud, Christian Rouyer approuve le plan de sécurisation des Institutions et des organes de transition chargés de conduire le pays aux nouvelles élections.  » Ils n’ont pas besoin d’être soumis tous les jours à  une pression de la rue », a déclaré Christian Rouyer. « L’Etat d’urgence était nécessaire. l’heure n’est plus aux chicanes ni aux discussions vaines. l’heure est à  l’unité. La nation est en danger, le pays doit s’unir contre un adversaire commun ». La France soutient un projet du centre de presse mobile à  Mopti Au delà  de leurs contributions aux efforts de guerre au Mali, la France à  travers son ambassade va appuyer la presse malienne pour la mise en place d’un futur centre de presse mobile susceptible de se déplacer pour couvrir des événements notamment à  Mopti. Selon l’ambassadeur, il s’agit aussi de contribuer à  la formation des journalistes à  la couverture de périodes de crise, grâce à  des sessions de formation qui seront progressivement mises en place en ce début d’année 2013. La question des nouveaux medias et du rôle des réseaux sociaux sont importants et propres à  véhiculer au niveau national et international des messages en faveur de la paix, de la démocratie et du respect des droits de l’homme, estime encore le diplomate : « Nous pouvons donc nous féliciter de l’exemplarité de la coopération entre le Mali et la France dans le secteur des médias, à  des moments ou certains organes de presse ont mis en cause la France dans le conflit du Nord Mali.

Le Drian : la ville de Konna n’a « pas encore été reprise » par les forces maliennes

Lors d’une conférence de presse mardi en fin de journée, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a précisé que, contrairement à  ce qui avait été annoncé dès le premier jour de l’opération le 11 janvier, la ville de Konna n’a pas encore été reprise par les forces maliennes. La ville était depuis samedi considérée comme n’étant plus aux mains des djihadistes. Cette ville du centre du pays, dont la chute avait déclenché l’intervention des forces françaises au Mali, constituait le premier objectif de l’opération. « Sur le fuseau Est, nous avons pu stopper l’offensive et les moyens des groupes terroristes, qui se sont répartis entre Douentza et Gao, et à  cette heure, la ville de Konna n’a pas encore été reprise par les forces armées maliennes », a-t-il déclaré lors d’un point de presse. Jean-Yves Le Drian a également souligné que sur « le fuseau Ouest », les groupes terroristes qui ont pris lundi la ville de Diabaly étaient encore « très présents » et qu’ils « menacent le sud » du pays. Le ministre a également précisé que 1 700 soldats français étaient actuellement impliqués dans l’opération Serval, dont 800 sur le terrain au Mali. Il avait un peu plus tôt annoncé une augmentation « progressive » du nombre de soldats présents sur place, de 750 à  2 500, comme le révélait Le Monde ce lundi (édition abonnés). Hollande : « Nous n’avons pas vocation à  rester au Mali » S’exprimant lors d’une visite aux Emirats arabes unis, François Hollande a assuré que la France n’avait « pas vocation à  rester au Mali ». « Cette opération a trois buts, a expliqué François Hollande à  Abou Dhabi. D’abord, arrêter l’agression terroriste qui consistait à  aller chercher, y compris jusqu’à  Bamako, le contrôle du pays. Ensuite, sécuriser Bamako, o๠nous avons plusieurs milliers de ressortissants. Enfin, permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, mission confiée à  une force africaine qui aura notre appui et sera bientôt sur le terrain pour accomplir cette tâche. » « Que faire des terroristes ? Les détruire, a-t-il ajouté. Les faire prisonniers, si possible. » « Nous n’avons pas vocation à  rester au Mali, a assuré le chef de l’Etat. La France ne doit intervenir en Afrique que de manière exceptionnelle, à  titre exceptionnel et en temps limité, et c’est ce que nous ferons ». « Cela n’a rien à  voir avec des pratiques d’un autre temps », a ajouté M. Hollande, en réponse aux critiques sur la résurgence de la « Françafrique ». Interrogé sur le sort des otages français détenus par les groupes islamistes, François Hollande a affirmé qu’il ne « dirait rien ». « Non pas que je ne pense rien, j’y pense à  chaque instant, mais j’ai considéré, y compris pour leur libération, que l’intervention était la seule solution, et que nous ferons tout pour qu’ils puissent être libérés, a-t-il ajouté. Ceux qui les ont capturés, détenus, doivent réfléchir. Il est encore temps de les rendre à  leur famille. » Les premiers soldats nigérians déployés dans les vingt-quatre heures Les premiers éléments de 900 soldats nigérians qui doivent être envoyés au Mali y seront déployés dans les vingt-quatre heures, dans le cadre d’une force africaine qui a pour but d’aider le pays à  lutter contre les islamistes. « Le président a approuvé le déploiement d’un bataillon et, dans les prochaines vingt-quatre heures, une compagnie du bataillon va être déployée », a déclaré le colonel Yerima aux journalistes, ajoutant que le Nigeria prévoyait d’envoyer 900 soldats au total, soit 300 de plus que prévu initialement. Peu avant, les chefs d’état-major de l’Afrique de l’Ouest avaient entamé à  Bamako une réunion extraordinaire « pour libérer » le nord du Mali des groupes islamistes armés qui l’occupent depuis neuf mois. « Nous nous retrouvons aujourd’hui pour parler essentiellement de l’engagement (…) auprès de nos frères d’armes du Mali, pour, bien entendu, libérer le nord du Mali », a déclaré le général Soumaà¯la Bakayoko, chef d’état-major de l’armée ivoirienne, lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre. Les forces africaines se déploieront « d’ici une semaine », a déclaré le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, devant l’Assemblée nationale. Des frappes réussies dans la nuit de lundi à  mardi François Hollande a annoncé à  Abou Dhabi que de nouvelles frappes dans la nuit ont « atteint leur objectif ». La France va « continuer à  avoir des forces au sol et dans les airs », a ajouté le président français, selon qui le déploiement des forces de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « va prendre une bonne semaine ». « Des avions [français] ont mené cette nuit des frappes sur la zone de Diabali : au moins cinq islamistes ont été tués et plusieurs blessés », a indiqué une source sécuritaire. Un habitant d’une localité voisine a déclaré avoir vu des islamistes armés en fuite après ces frappes. Des blindés sont arrivés à  Bamako La colonne d’une quarantaine de blindés français venue de Côte d’Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à  mardi à  Bamako. Ces éléments de la force Licorne, basée à  Abidjan, ont quitté la capitale de Côte d’Ivoire lundi matin et ont passé la journée sur la route, avant d’arriver dans la partie militaire de l’aéroport de Bamako vers 3 heures du matin (4 heures à  Paris). Des engins, notamment des blindés légers, vont dans un premier temps être cantonnés dans la capitale malienne avant d’être engagés dans les combats qui opposent depuis vendredi ce qui reste de l’armée malienne, appuyée par des soldats des forces spéciales et l’aviation française, aux islamistes armés qui occupent depuis neuf mois le nord du Mali. Un dispositif aérien renforcé Le nombre d’avions de combat basé à  N’Djamena, dans le cadre du détachement Epervier présent au Tchad depuis 1986, a été porté à  huit : deux Mirage F1CR et six Mirage 2000D. Trois avions ravitailleurs C135 sont également mobilisés, en plus des appareils de transport. Des Rafale mis en état d’alerte peuvent intervenir directement depuis la France, comme cela a été le cas dimanche près de Gao (nord du Mali), o๠quatre de ces chasseurs ont détruit des camps d’entraà®nement et des dépôts logistiques des groupes islamiste armés. Six d’entre eux stationnés à  Abou Dhabi sont notamment mobilisables. François Hollande a indiqué mardi que le Maroc et l’Algérie avaient « autorisé le survol de [leurs territoires] par un certain nombre de nos avions ». Des hélicoptères de combat, notamment des Gazelle équipés de missiles Hot et de canon de 20 mm, ont également été engagés dans la région de Konna. Le dispositif de renseignement a été renforcé avant le début de l’opération. Un satellite européen d’observation de la Terre, Pléiades 1B, permettant de balayer les zones de crise et de conflit, est notamment en orbite depuis début décembre. 150 000 réfugiés et 230 000 déplacés, selon l’ONU Des djihadistes ont évacué lundi les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, après des bombardements des forces françaises, mais ils ont pris la localité de Diabaly, à  400 km au nord de Bamako. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies, le nombre de personnes déplacés dans le pays est proche de 230 000, a précisé le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Quant au nombre de réfugiés chassés par le conflit au Mali, il approche les 150 000 personnes dans les pays voisins. Le HCR a recensé 54 100 réfugiés maliens en Mauritanie, 50 000 au Niger, 38 800 au Burkina Faso et 1 500 en Algérie. Par ailleurs le Programme alimentaire mondial, qui distribue de la nourriture au Mali via plusieurs ONG, a souligné qu’il lui manque un financement de 129 millions de dollars (95 millions d’euros) pour répondre aux besoins. Paris regrette l’absence des autres membres de l’UE Le ministre des relations avec le Parlement français, Alain Vidalies, a déploré mardi l’absence de partenaires européens de la France. « On ne peut pas dire que la France est toute seule », a assuré le ministre sur LCI, mais « il y a des absences qui sont un peu regrettables, c’est-à -dire qu’on peut constater en Europe un mobilisation un peu minimale », a-t-il déclaré. « Il va y avoir des rencontres, on espère que les choses vont s’améliorer, notamment aujourd’hui, ce serait bien », a poursuivi M. Vidalies. « La France n’a pas choisi d’aller toute seule, ce sont les événements qui ont dicté cette réponse », a assuré le ministre. L’ancien ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, a estimé que l’Europe, dont les « intérêts vitaux » sont concernés, devrait s’engager davantage au Mali, o๠la France va mener « une opération longue et difficile ». Au Mali, a-t-il poursuivi, « il y a de la criminalité, des trafics de drogue et du terrorisme politique. Tout ceci est dirigé contre nos démocraties et pas seulement contre la seulement la France ». La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a annoncé la tenue d’une « réunion exceptionnelle » des ministres des affaires étrangères de l’Union, probablement jeudi. Il s’agira de « dresser le bilan des possibles actions de l’UE en appui au Mali », a expliqué Mme Ashton, soulignant l’importance d’une « réponse internationale unifiée ». L’Italie a exprimé son soutien à  l’opération française au Mali, lors d’une conversation téléphonique entre les ministres français et italien des affaires étrangères, Laurent Fabius et Giulio Terzi, a-t-on appris mardi à  la Farnesina. L’Italie, indique-t-on, partage avec la France et ses autres partenaires européens l’objectif de la stabilité du Mali et la lutte pour l’éradication des mouvements terroristes. On rappelle à  la Farnesina que l’Italie a toujours été active pour promouvoir la mission européenne d’entraà®nement militaire de l’armée malienne. L’Organisation de la coopération islamique appelle à  un « cessez-le-feu » Le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a appelé mardi à  un « cessez-le-feu immédiat ». Dans un communiqué, Ekmeleddin Ihsanoglu a appelé à  un retour aux négociations entre autorités maliennes et islamistes qui étaient parrainées par le Burkina Faso. M. Ihsanoglu s’est dit « profondément préoccupé » par la situation au Mali, exhortant « à  la retenue toutes les parties en conflit » et souhaitant une « solution pacifique du conflit ». L’OCI, basée à  Jeddah, en Arabie saoudite, regroupe 57 pays.

Nord Mali : les jihadistes se replient

Les combattants jihadistes, soumis à  des frappes aériennes françaises, ont évacué les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, un porte-parole des islamistes évoquant un « repli tactique ». Mais, dans le même temps, les islamistes sont repassés à  l’offensive dans l’ouest du Mali en s’emparant lundi de la localité de Diabali, à  400 km au nord de Bamako, après des combats contre l’armée malienne. Gao, une des principales villes du nord malien, tombée sous la coupe des jihadistes il y a plus de neuf mois, a fait l’objet d’intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d’une soixantaine de combattants, selon des estimations des habitants et d’une source de sécurité régionale. « Nous sommes libres. On n’a pas vu aujourd’hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés », a assuré un habitant joint par téléphone depuis Bamako. A Tombouctou, o๠aucune frappe aérienne n’a pour le moment été recensée, le constat était le même: « les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur », a constaté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, o๠les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées. Même les combattants qui s’étaient emparés jeudi de la localité de Konna (centre) avant d’en être repoussés vendredi et qui s’étaient repliés sur Douentza ont abandonné cette dernière ville qu’ils contrôlaient depuis septembre, à  800 km au nord de Bamako. « Ils ont peur des avions. Le dernier 4×4 des moujahidine a quitté la ville vers 16 heures » (locales et GMT), selon un témoin. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique », l’exécution d’un « plan de redéploiement », selon des propos publiés sur le site d’informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens). « Les combattants de notre mouvement se sont retirés des villes et des positions qu’ils occupaient (…) dans le but de limiter les dégâts parmi les populations civiles désarmées », a-t-il assuré. La France – « en guerre contre le terrorisme » au Mali selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian – avait bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi les positions qu’ils contrôlent dans le nord.

Hollande et le Mali : quelques voix discordantes à droite et à gauche

« La Constitution dit qu’il peut être organisé un débat sans vote au Parlement dans les prochains jours. Je souhaite qu’il ait lieu rapidement. Nous nous mettrons certainement rapidement d’accord », avec les responsables des deux assemblées reçus lundi soir, a-t-il dit à  la presse en marge d’un déplacement à  Caen. De fait, l’intervention au Mali met tout le monde d’accord, ou presque. L’opposition, en pleine préparation de la manifestation contre le « mariage pour tous », a mis de côté ses griefs ce week-end pour saluer l’engagement des forces françaises, décidé par le président de la République. SOUTIEN A l’UMP ET CENTRE Jean-François Copé a publié un communiqué dans lequel il « apporte son soutien à  la décision prise par le président Hollande d’engager les forces françaises au Mali afin d’entraver l’établissement d’un Etat narcoterroriste ». Le président de l’UMP ajoute, un brin critique : « Il était grand temps d’agir. » Jean-Louis Borloo, le président de l’UDI, s’est joint au chœur : « Je salue l’esprit de responsabilité du président de la République et du premier ministre dans cette situation d’extrême urgence et de danger pour la population malienne et pour les ressortissants français. » Le centriste estime que tous les partis doivent être solidaires : « La décision d’engager les troupes françaises est un acte grave qui nécessite un débat. Même si l’unité nationale ne se décrète pas, le rassemblement des forces politiques qui concourent à  la démocratie est nécessaire dans ces moments-là . » DEUX MESSAGES AU FN Même la présidente du FN Marine Le Pen a appuyé la décision de François Hollande, lundi 14 janvier : « Je la crois légitime », a-t-elle déclaré Marine Le Pen sur RTL. Pas question en revanche de donner un satisfecit global à  la politique étrangère française : « Je pense que le développement des islamistes au Nord-Mali est la conséquence directe de l’action, des choix, des erreurs manifestes, stratégiques, qui ont été faits notamment en Libye et en Syrie. » Jean-Marie Le Pen s’est lui insurgé contre ce déploiement de force : « Nous avons soutenu, avec M. Sarkozy et le soutien du PS, des rebelles djihadistes en Libye, même militairement, considérablement. D’ailleurs, c’est le boomerang : nous retrouvons en face de nous l’armement qu’on a parachuté aux djihadistes de Libye. Idem en Syrie, on souhaite la victoire des djihadistes de Syrie, et on la combat au Mali : comprenne qui pourra, c’est la démarche de la bonne femme saoule qui titube d’un bord à  l’autre de la route. » LA VOIX DISCORDANTE DE DOMINIQUE DE VILLEPIN Une voix discordante s’est tout de même élevée ce week-end, celle de l’ancien premier ministre, Dominique de Villepin. Dans une tribune au Journal du dimanche, il estime qu' »aucune des conditions n’étaient réunies pour décider de cette intervention ». Celui qui fut ministre des affaires étrangères, et partisan de la non-intervention en Irak en 2003, développe son argumentaire : « Nous nous battrons à  l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le Sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique], sont autant de guerres différentes. » Il évoque l’isolement de la France sur ce dossier : « Nous nous battrons seuls faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ? (…) Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences. » Le texte intitulé « Non la guerre, ce n’est pas la France », s’interroge : « Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? » SOUTIEN ET RESERVES A GAUCHE François Hollande ne bénéficiera pas non plus d’un soutien appuyé sur sa gauche. Jean-Luc Mélenchon a critiqué la position du président. « L’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l’Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable », écrit le leader du Front de gauche dans un communiqué. Il regrette que le Parlement et le gouvernement n’aient pas été consultés. Le PCF aurait souhaité de son côté que l’intervention se déroule « dans le cadre d’une mission de l’ONU et de l’Union africaine, réalisée sous drapeau de l’ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l’exigence de la souveraineté malienne ». « La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaà®tre comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la ‘françafrique’. » La méthode choque également Noà«l Mamère qui s’étonne « que le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées ». Le député écologiste rejoint ses collègues communistes dans sa critique : « On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S’il y avait un vote au Parlement, je refuserai de participer à  cette mascarade. » Europe Ecologie-Les Verts a une position moins tranchée. Réservé sur la forme, le parti écolo admet la nécessité d’une opération « limitée dans le temps » dans un communiqué : « Conscients de la gravité de la situation, en ayant une pensée pour les otages retenus dans la région, EELV, tout en regrettant que le Parlement n’ait pas été consulté en amont de cette décision, souhaite que l’opération engagée par la France soit strictement limitée dans le temps et que l’armée française laisse très rapidement la place à  une force d’intervention africaine qui aura pour mission de veiller à  la mise en place, en accord avec les populations concernées, d’un processus démocratique et d’une paix durable. » L’EXTRàŠME GAUCHE CONDAMNE EN BLOC Le NPA d’Olivier Besancenot a réagi via un communiqué à  l’annonce de la mise en place de l’opération Serval : « Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les Maliens se libéreront de tous les fondamentalismes. » « Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? » s’interroge le parti, qui dénonce un double discours de François Hollande, destiné à  « protéger les intérêts » de la France sur place. La porte-parole de Lutte ouvrière, Nathalie Arthaud, met dans le même sac l’opération avortée en Somalie pour libérer l’otage et l’intervention au Mali. Elle dénonce l’attitude des soldats français, venus libérer « un barbouze », qui « ont assassiné indifféremment preneurs d’otages et civils ». « L’attitude de l’armée française en Afrique, qui se considère là -bas comme en terrain conquis, est révoltante. Troupes françaises hors d’Afrique ! » conclut-elle.

Il est mort pour le Mali !

Le lieutenant Damien Boiteux, 41 ans, a été mortellement blessé vendredi au Mali au cours des combats qui ont opposé l’armée française et les combattants islamistes. Le lieutenant Boiteux était à  bord de son hélicoptère Gazelle au 4ème régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4ème RHFS) de Pau, une unité de l’armée de terre relevant du Commandement des opérations spéciales. Il a reçu un éclat dans la jambe qui lui a sectionné l’artère fémorale. Ses obsèques auront lieu samedi à  14h30 à  l’Eglise du Russey dans le Doubs. Né le 24 novembre 1971, Damien Boiteux était pacsé et père d’un fils de 15 ans. Il était militaire depuis 22 ans. Damien Boiteux était franc-comtois, originaire du Russey, dans le haut Doubs. Plus d’infos sur le site du Progrès et de l’Est républicain. En 1991, après son bac à  Pontarlier, il s’était engagé à  l’école nationale des sous-officiers d’active de Saint-Maixent, o๠ses résultats lui permettent d’intégrer l’aviation légère de l’armée de Terre. Depuis son enfance, il rêvait de piloter des hélicoptères. Breveté pilote, il est d’abord affecté au 1er régiment d’hélicoptères de combat de Phalsbourg, puis comme instructeur à  l’école d’application de Dax avant de rejoindre le le 6e régiment d’hélicoptères de combat de Compiègne En 2007, il est sélectionné pour rejoindre le détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre des opérations spéciales (DAOS) de Pau, qui se transformera en 4ème RHFS en 2009. En 2008, Damien Boiteux devient officier. Ce pilote de Gazelle était un spécialiste des interventions en milieu désertique de jour comme de nuit. Il a été engagé à  de nombreuses reprises dans des missions extérieures : Djibouti (3 fois), ex-Yougoslavie, Cote d’Ivoire (3 fois), Mauritanie et Burkina Faso (3 fois). (La biographie du lieutenant Boiteux diffusée par l’armée de terre confirme pour la première fois de manière officielle la présence, depuis 2010, de militaires français des opérations spéciales en Mauritanie et au Burkina Faso)

Edito : « Serval  » au secours du Mali…

Il faut tout d’abord saluer, la main tendue de la France à  notre pays malmené depuis 8 mois par les jihadistes et terroristes de tout bord, infiltrés au Nord et contre toute libertés individuelles et tolérance… Il faut ensuite reconnaà®tre la finesse politique de François Hollande, qui n’a jamais laissé entrevoir à  l’ennemi une implication rapide et soudaine de la France dans la crise malienne. Prudence dans le discours, caution des Nations Unies, furent les maà®tres mots d’un président, qui aujourd’hui dirige la cellule de commandement de l’opération «Â Serval ». Voilà  un homme d’Etat qui s’affirme de jour en jour et la surprise est plutôt agréable. Ceux qui sont franco-maliens doivent aujourd4hui se sentir fiers de leur double nationalité. Ainsi, l’ennemi surpris, en voit des déconfitures depuis trois jours : destructions des bases, entrepôts d’armes et positions, tout est destiné à  réduire la force de riposte des hommes du Mujao, d’Aqmi ou d’Ansar Dine…et à  parer à  toute récupération de territoire. Il reste à  la force de sécurisation d’agir. Deuxième chose, l’Etat d’urgence. La sécurité est au maximum en France tout comme à  Bamako, o๠conscients de l’extrême sensibilité de la situation, les autorités ont déclenché le niveau optimal d’alerte. Vigipirate en France, quand le Mujao menace d’attaquer le C’œur de la France, surveillance au sommet, quand Bamako pourrait être la cible d’attentats, les citoyens sont appelés à  la prudence. Aujourd’hui, les Maliens soufflent grâce à  la France. Les ressortissants du nord respirent face à  une initiative qui a permis d’ébranler nos pairs africains et ceux de la CEDEAO qui n‘attendaient visiblement que cela. Car il fallait une tête de commandement pour mener la croisade Mali. Désormais, le champ de bataille est ouvert pour la force Africaine, MICEMA. Et les soldats de l’Afrique n‘ont plus d‘autre choix que de réagir, en apprenant la leçon de la France et sa puissance de frappe. Surtout, cette guerre devra nous apprendre que les armées ne sont pas que des bataillons d’hommes sans formation, ni engagement patriotique, et recrutés ou nommés dans n’importe quelles conditions… «Â Vive la France ! Vive François Hollande ! » , crient en chœur les habitants de Gao, Léré et Tombouctou, o๠la traque a déjà  commencé… Désormais, le Mali retient son souffle… en attendant la libération totale et complète du Nord…

Entre calme, espoir et inquiétude à Bamako

«Il y a des raids en permanence. Il y en a en ce moment, il y en a eu cette nuit, il y en aura demain», a déclaré le ministre, soulignant que l’avancée des groupes armés n’est pas «totalement empêchée». Pendant ce temps, à  près de 700 km de là , dans la capitale Bamako, la population reste partagée entre l’espoir de la reconquête et la crainte des jours à  venir. l’espoir règne à  Bamako, parce que la libération de Konna donne du baume au C’œur à  une population qui attend depuis neuf mois que les deux tiers nord du pays soient libérés, et aussi parce que cette première victoire est peut-être aussi un premier pas décisif. La ville est calme, parce que les combats se déroulent à  plusieurs centaines de kilomètres. Les rues ne sont pas vides, les gens circulent, les marchés sont remplis. Bref, la vie continue presque normalement. Presque normalement, car C’’est aussi l’inquiétude. l’issue et la durée des combats sont évidemment encore incertains, et donc sources de préoccupations. Surtout, l’état d’urgence a été décrété dans tout le pays, ce qui signifie que des perquisitions peuvent avoir lieu jour et nuit et en tous lieux. Le gouvernement a pris soin de le rappeler, dans un communiqué diffusé hier en fin de journée. Autre précision apportée par le gouvernement, les autorités sont dorénavant susceptibles de prendre toutes les mesures appropriées, pour assurer le contrôle de la presse, des radios et des télévisions. Les soldats français à  Bamako Désormais, les soldats français sont aussi positionnés en nombre dans la capitale malienne. Ils sont arrivés samedi à  l’aéroport. Ce sont des hommes qui appartiennent au groupement tactique interarmes, le fameux GTIA, comprenant des forces françaises justement prépositionnées en Afrique, notamment en Côte d’Ivoire et au Tchad. Un bon accueil leur a été réservé. Une partie de ces troupes va rester à  Bamako – environ 200 – et l’objectif sera d’assurer la sécurité des ressortissants français, mais de sécuriser également la ville elle-même. Une autre partie des troupes devrait rapidement aller se positionner au Nord, avec dans un premier temps comme mission, après avoir stoppé l’avancée des jihadistes, de stabiliser le front. Sanogo sort de son silence Le capitaine Amadou Haya Sanogo, président du Comité militaire de suivi des réformes des forces de défense et de sécurité du Mali, ex-chef de la junte qui a opéré le coup d’Etat du 22 mars 2012, s’est exprimé au micro de la Radio Télévision malienne, pour exprimer sa joie après l’intervention française, à  l’occasion d’une visite aux blessés à  l’hopital : « Nous nous félicitons d’avoir l’assistance française à  nos côtés aujourd’hui et qui a joué un rôle prépondérant, capital, dans le soutien aérien, et pour ces opérations aujourd’hui. à€ l’instant o๠je vous parle, je parle ravi, pour la simple raison que les dégâts – secret militaire oblige je ne parlerai pas de tout ça aujourd’hui à  la télévision -, mais je dirai quand même merci à  tous nos partenaires qui sont à  notre chevet aujourd’hui ».

Après l’offensive jihadiste, Dioncounda Traoré demande une aide militaire à la France

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, après avoir officiellement sollicité une aide militaire de la France pour contrer l’offensive jihadiste, doit s’adresser à  la nation, dans la soirée du vendredi 11 janvier, à  la télévision nationale. Sur le terrain, des renforts sont venus grossir les rangs de l’armée malienne à  Sévaré. Le geste en dit long sur l’urgence de la situation au Mali. Quelques heures à  peine après la chute de Konna aux mains des islamistes radicaux, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a demandé, jeudi 10 janvier, une aide militaire rapide de la France pour repousser la progressions des groupes jihadistes. Jeudi soir, des consultations sur le Mali ont eu lieu au Conseil de sécurité. « Les décisions françaises seront annoncées à  Paris demain (vendredi, NDLR) », a déclaré l’ambassadeur français auprès de l’ONU Gérard Araud. La demande d’aide malienne est contenue dans deux lettres. L’une est adressée au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et l’autre au président français François Hollande. Selon des diplomates du Conseil de sécurité, la lettre adressée aux autorités françaises est une « demande d’aide militaire ». « La France est l’amie du Mali et se tient aux côtés de son peuple et de ses autorités, en particulier dans les circonstances actuelles », s’est contenté de souligner Gérard Araud. De son côté, le gouvernement malien a annoncé que le président Traoré s’adressera vendredi à  la Nation. Selon une source au palais de Koulouba, cette intervention, diffusée à  la télévision publique ORTM, est prévue à  20h00 GMT. Dans une déclaration adoptée jeudi par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité a demandé un « déploiement rapide » de la force internationale au Mali devant « la grave détérioration de la situation sur le terrain ». Il a en outre appelé les à‰tats membres à  « aider les forces de défense et de sécurité maliennes à  réduire la menace représentée par les organisations terroristes et les groupes affiliés » qui contrôlent le nord du pays. Urgence « Pour le moment, le Conseil a envoyé un message pour dissuader les terroristes d’avancer vers le sud du Mali, en direction de la capitale Bamako », a déclaré M. Araud, qualifiant cette offensive des groupes islamistes d’attaque terroriste. « Si ce message n’est pas entendu, a-t-il ajouté, le Conseil pourrait se réunir de nouveau ce week-end pour réagir plus fermement. La survie du gouvernement malien et la protection des civils sont désormais en jeu, il est donc urgent d’agir contre cette menace ». Pour l’ambassadeur français, la percée des islamistes, qui ont pris jeudi la localité de Konna (centre), peut être interprétée comme « soit une démonstration de force dans le cadre de la négociation politique, soit une décision d’avancer vers le Sud avant l’arrivée de la force africaine ». Le déploiement de cette force de quelque 3 000 hommes a été autorisée par le Conseil de sécurité le 20 décembre prendra dans les faits plusieurs semaines, voire plusieurs mois. L’ambassadrice américaine Susan Rice a également indiqué que Bamako avait demandé un soutien extérieur, en particulier de la part de la France. Décrivant la lettre du président Traoré à  François Hollande, elle a expliqué : « Elle disait en résumé : « au secours la France » ! ». « Il y a eu au sein du Conseil un consensus clair sur la gravité de la situation et le droit des autorités maliennes de rechercher toute l’assistance possible », a-t-elle ajouté. Renforts Par ailleurs, l’armée malienne organise la résistance dans la région de Mopti. Jeudi, des avions militaires transportant des armes et des soldats étrangers sont arrivés à  Sévaré, o๠l’armée dispose d’un aéroport gros porteur et d’un poste de commandement opérationnel. Aucune indication précise n’a toutefois pu être obtenue sur le nombre et la provenance de ces avions, armes et soldats étrangers. Un des témoins travaillant à  l’aéroport a évoqué la présence de Blancs parmi les soldats. « J’ai vu atterrir des cargos C-160 (avions de transport militaire, NDLR). Ils ont débarqué des armes et des hommes. Certains hommes avaient la peau blanche », a affirmé ce travailleur de l’aéroport de Sévaré (plus de 650 km au nord de Bamako). « Les avions ont fait plusieurs rotations à  l’aéroport de Sévaré o๠ils ont déposé du matériel et des hommes », a expliqué un autre travailleur de l’aéroport. Un troisième témoin a signalé la présence, parmi les avions arrivés jeudi, d’un appareil de l’armée malienne, sans en préciser le type. Sollicité par l’AFP au sujet de ces informations, le ministère malien de la Défense a répondu qu’il apporterait les éclaircissements nécessaires lors d’une conférence de presse prévue vendredi. L’arrivée d’hommes et d’avions à  Sévaré a été confirmée par un responsable malien. Selon lui, en plus de l’avion de l’armée malienne, évoqué par un des témoins, des avions d’un pays européen non précisé se sont également posés avec des hommes et du matériel à  Sévaré. D’après un expert international, il s’agit d’une mission d’assistance qui était prévue avant les récents affrontements entre militaires et islamistes. (Avec AFP)

Hollande annonce que la France est « prête à arrêter l’offensive des terroristes »

Lors de ses vœux aux diplomates, vendredi 11 janvier à  l’à‰lysée, le président François Hollande a déclaré que la France était désormais « prête à  s’engager aux côtés de ses partenaires africains pour arrêter l’offensive des terroristes ». L’appel du président intérimaire malien Dioncounda Traoré a été entendu par l’à‰lysée. Jeudi soir, après plusieurs heures de combats à  l’arme lourde et la prise de Konna par les islamistes radicaux, l’hôte du palais de Koulouba a lancé un appel à  l’aide à  son partenaire français. Dans une lettre envoyée à  François Hollande, il sollicite l’aide militaire rapide de la France pour contrer l’offensive des jihadistes vers le sud du pays, encore sous contrôle de Bamako. Vendredi matin, lors de ses voeux aux diplomates à  l’à‰lysée, le président français a répondu favorablement à  cette demande. « La France répondra (…) strictement, dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, à  la demande d’aide militaire des autorités maliennes face aux groupes islamistes armés ». « Je le dis devant vous, nous sommes devant une agression caractérisée qui met en cause l’existence même du Mali », a-t-il ajouté. D’après le quotidien français Libération, la brusque détérioration de la situation au Mali a été évoquée vendredi matin, à  l’à‰lysée, lors d’un Conseil restreint de défense réuni en urgence avant les voeux aux diplomates. à‰taient réunis autour du président François Hollande le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et celui de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Centrafrique: la voie étroite de Bozizé

« Flou et fluide »: voilà  comment un analyste français, familier du marigot banguissois, dépeint l’état des lieux en République centrafricaine, théâtre depuis le 10 décembre d’une vigoureuse offensive de la coalition rebelle du Séléka. A ses yeux, la chute de François Bozizé n’a rien pour l’heure d’inéluctable, mais la marge de manoeuvre du général-président apparaà®t plus étroite que jamais. « Les pays de la région ne se sentent pas tenus de le soutenir à  tout prix ou de lui sauver la peau, avance-t-il. Ils souhaitent favoriser un processus de négociation qui pourrait le cas échéant permettre à  Bozizé d’aller au bout de son mandat. Mais à  condition d’entreprendre des réformes de fond et d’ouvrir son gouvernement à  toutes les familles de l’échiquier politique. En clair, il lui faut consentir à  diriger autrement et à  partager le pouvoir ». Le Tchad, un parrain ambigu… Thèse professée notamment par le Tchad, parrain traditionnel du tombeur d’Ange-Félix Patassé, parvenu au pouvoir en 2003 au prix d’un coup d’Etat. Un parrain irritable au demeurant, voire ambigu: N’Djamena ne fait pas mystère de l’exaspération que lui inspirent son protégé et son incapacité à  sécuriser son territoire, base arrière de quelques factions insurgées hostiles au chef d’Etat tchadien Idriss Déby Itno. Les renforts dépêchés par ce dernier aux abords de Bangui ont d’ailleurs reçu pour instruction de ne pas intervenir. De même, le contingent additionnel de la Fomac -Force multinationale d’Afrique centrale-, qui devrait être déployé sous peu, a vocation à  s’interposer entre les belligérants, non à  épauler les Forces armées locales, ou Faca. Il s’agit dans l’idéal de figer le paysage militaire, histoire de donner quelque chance de succès aux négociations « sans délai ni conditions » censées s’ouvrir sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). On en est encore loin : hier, d’intenses combats ont opposé les Faca aux Séléka à  Bambari, ville située à  300 km au nord-est de la capitale et conquise le 23 décembre par la rébellion. A l’évidence, « Boz » peine à  actualiser son logiciel politico-militaire. Il table encore, à  titre d’exemples, sur le concours de troupes congolaises ou la livraison d’hélicoptères de combat angolais. De même, son appel au secours lancé aux  » cousins  » français dénote de la persistance, chez lui, d’une lecture un rien anachronique du paysage postcolonial. « Le vent a tourné » pour Bozizé Jeudi après-midi, lorsque le patron du Quai d’Orsay Laurent Fabius l’a joint par téléphone, sans doute espérait-il un tout autre discours que celui auquel il eut droit: un ferme rappel à  l’ordre relatif, notamment, à  l’assaut sur l’ambassade de France par des  » patriotes  » acheminés et payés par le régime. « Il faudra bien qu’il comprenne que le vent a tourné », insiste un diplomate de haut-rang. La compagnie parachutiste -soit 150 soldats- arrivée hier de Libreville (Gabon) n’a d’autre mission, insiste-t-on à  Paris, que d’épauler les 250 hommes stationnés sur la base M’Poko de l’aéroport de Bangui, appelés si besoin à  assurer la protection des ressortissants français. Sur les bords de Seine, on veut croire que le Séléka n’envisage pas d’attaquer la capitale, mais plutôt de l’encercler afin de fragiliser, par le jeu des défections, l’ossature sécuritaire du clan Bozizé. « Cela posé, admet un expert, nous manquons de renseignements sur cette insurrection. Même si, à  en croire les témoignages recueillis sur place, la plupart d’entre eux ne parlent ni le français ni le sango -langue dominante en RCA-, mais l’arabe. » De quoi étayer la rumeur selon laquelle des supplétifs étrangers, notamment soudanais, combattraient au côté des opposants centrafricains. Joint ce samedi, un colonel de gendarmerie centrafricain soutient que « le calme règne à  Bangui ». « Les gens vaquent à  leurs occupations et les commerces fonctionnent, précise-t-il. Il y a même des mariages célébrés tout à  fait normalement ». Il n’empêche : comme l’atteste une dépêche de l’AFP, le prix des denrées de base tend à  flamber au marché central, et la peur s’instille dans les esprits.

Intervention au Mali : «La France s’enferme dans une logique infernale»

LE FIGARO – Que vous inspire le communiqué d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) accusant Paris de bloquer le dialogue pour la libération des quatre otages enlevés en 2010 au Niger? Mathieu GUIDàˆRE – La nouveauté, c’est qu’Abou Zeid, le chef du groupe qui détient les otages français, s’exprime lui-même pour la première fois. Il répond à  la vidéo mise en ligne le 8 décembre par Clément Legrand, le frère d’un des otages. Il donne aussi un point de vue sur les négociations sensiblement différent de la version fournie par le gouvernement français depuis plusieurs mois. Qui croire? Il est évident qu’il y a un menteur ou un malentendu dans cette affaire. Abou Zeid dit que, depuis la mort de Ben Laden, ce dossier, qui était supervisé par al-Qaida central, l’est désormais par Aqmi et que, depuis un an, il envoie des signaux au gouvernement français, mais que rien ne se passe. Paris, de son côté, affirme agir discrètement pour obtenir la libération des otages. Que faut-il en conclure? Soit le gouvernement français n’a pas les bons intermédiaires pour communiquer avec le groupe d’Abou Zeid, mais ce serait alors un peu étrange puisque Clément Legrand a réussi à  le faire assez aisément, via sa vidéo, en une quinzaine de jours. Soit nous sommes dans un jeu de poker menteur. Qui ment? D’un côté, le gouvernement français prépare une intervention militaire de la force africaine au Mali. De l’autre, il est possible qu’Abou Zeid instrumentalise le dossier des otages français pour imposer son hégémonie au sein d’Aqmi, en proie actuellement à  une guerre des chefs. Un autre dirigeant d’Aqmi, Moktar Belmoktar vient de faire sécession après avoir été démis de ses fonctions. Dans cette compétition pour le leadership d’Aqmi, il y a aussi le groupe Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), qui a réalisé presque tous les enlèvements de l’année 2012. La France a-t-elle infléchi sa politique sur le dossier des otages en refusant de payer des rançons? L’actuel gouvernement essaie, me semble-t-il, de faire comprendre aux groupes terroristes qu’un citoyen français lambda ne représente pas le gouvernement français et, par conséquent, que le rapt d’un ressortissant français n’infléchira pas la politique étrangère de la France. En fait, officiellement, l’à‰tat français a toujours refusé de payer des rançons. Je pense qu’effectivement il ne l’a jamais fait directement et que les paiements sont passés par d’autres canaux. Cependant, je m’étonne que l’employeur des quatre Français détenus depuis trois Noà«ls, à  savoir le groupe Areva et Satom, cité dans la vidéo d’Aqmi, soient si absents. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, vient d’annoncer qu’une intervention militaire au Mali pourrait avoir lieu dès le premier semestre 2013. Cette intervention a-t-elle une chance de réussir? Cette intervention militaire ne recueille pas l’approbation de tous les à‰tats de la région. Qui plus est, leurs armées ne sont pas toutes prêtes, les autres pays européens sont réticents. Les Américains y vont eux aussi à  reculons. Ils nous soutiennent diplomatiquement, mais ne veulent pas aller sur le terrain. Dans ce dossier, la France fait preuve d’un volontarisme, voire d’un activisme étonnant, elle semble très va-t-en-guerre et quasiment seule parmi les pays occidentaux. Et cela est en train de changer son image dans la région, alors qu’elle venait d’acquérir grâce au printemps arabe un formidable capital de sympathie. La France s’est enfermée dans une logique infernale. Plus le gouvernement annonce qu’il va intervenir au Mali en soutenant une force africaine, plus il y a d’enlèvements de Francais. Quand on prétend lutter contre le terrorisme, on ne procède pas par des effets d’annonce. La lutte contre Aqmi ne peut s’appuyer que sur un travail de renseignements, de frappes chirurgicales, de drones. Obama a démontré l’efficacité de cette stratégie. Or, depuis neuf mois, c’est-à -dire depuis que le nord du Mali est sous domination de groupes islamistes, nous assistons à  une série d’annonces sur une intervention militaire qui n’interviendrait pas plus tard que septembre prochain. C’est-à -dire que l’on donne quelques mois supplémentaires aux islamistes armés pour se renforcer. De plus, occuper militairement des territoires qui réclament leur autonomie ou leur indépendance est une stratégie vouée à  l’échec. Il existe d’autres moyens d’agir. D’autant qu’Aqmi montre des signes de dissensions internes importantes. L’Algérie, seul pays à  détenir les moyens et l’expérience pour mener une telle intervention, y est hostile et mise sur une solution politique. Les autorités algériennes sont ainsi parvenues à  réunir vendredi dernier les chefs islamistes des Touaregs maliens d’Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam) qui tiennent Tombouctou ainsi que la majeure partie du nord du Mali, et ceux, laà¯ques, du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, NDLR) pour signer un protocole d’accord après que ces deux groupes se sont entre-tués pendant des mois.

Le projet de résolution française sur le Mali soumis au vote à l’ONU

La France devrait soumettre jeudi au vote de ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution autorisant le déploiement d’une force internationale au Mali par étapes et sans calendrier précis, ont indiqué des diplomates. Le projet dans sa forme définitive devrait être transmis aux 14 autres membres du Conseil mercredi soir et Paris espère son adoption jeudi dans l’après-midi. Le texte comporte un volet politique appelant Bamako à  rétablir l’ordre constitutionnel et à  engager des négociations avec certains des groupes armés, notamment les Touareg, présents dans le nord du pays. Le volet militaire comportera « deux étapes », a précisé un diplomate. Il s’agira d’abord de reconstruire l’armée malienne et d’entraà®ner les troupes africaines qui feront partie de la force afin de les rendre prêtes à  reconquérir le nord. Mais il faudra que le Conseil de sécurité s’estime « satisfait » de l’état de préparation de cette force, à  partir de certains critères -entraà®nement, structure de commandement, équipement- avant qu’elle puisse se déployer au nord pour chasser les groupes islamistes qui ont pris le contrôle de la région. Pas avant l’automne 2013? Des responsables de l’ONU et des diplomates estiment que la reconquête de cette partie du pays ne pourra en tout état de cause pas commencer avant l’automne 2013. Le secrétaire général de l’ONU Ban ki-moon sera invité à  faire rapport régulièrement au Conseil sur l’état d’avancement des négociations politiques et des préparatifs militaires. La question du financement reste à  régler: une bonne partie de l’entraà®nement sera pris en charge par l’Union européenne et aux termes de la résolution, Ban ki-moon devra proposer au Conseil des options financières pour un soutien logistique de l’ONU. Un diplomate a estimé à  environ 200 millions de dollars par an le coût de l’opération militaire. L’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) souhaitent le déploiement rapide d’une force africaine de 3300 hommes pour chasser les islamistes armés occupant le nord du Mali depuis juin et attendent avec impatience un feu vert de l’ONU. Les Etats-Unis ont exprimé des doutes sur la capacité des Africains à  mener à  bien cette opération, ce qui entraà®né de longues tractations entre Paris et Washington.

Avec l’UNITE 77, faites leur un cadeau!

l’association « UNITE 77 » a pour vocation d’unir et de rassembler un maximum de personnes afin de réduire les inégalités et discrimination dans le monde. Elle réalise pour ce faire divers actions, évènements et chantiers humanitaires pour venir en aide aux plus démunis. A l’occasion des fêtes de fin d’année, elle vient de lancer son opération « Mon cadeau ». Grâce aux bonnes volontés, elle est en train de collecter des cadeaux en France pour les offrir aux enfants du Mali. l’activité a débuté depuis début novembre déjà  et prendra fin le 16 décembre prochain. Les présents seront remis à  un centre social accueillant des enfants des rues et orphelins. Selon sa présidente, Mlle DIALLO-GASSANT Diba, cette activité de l’UNITE 77 a pour objectif de « redonner le sourire aux enfants malades et des rues » à  l’occasion des fêtes de Noà«l. Au moment o๠les enfants dans le monde célèbrent dans la joie au sein du cocon familial, apporter un peu de réconfort aux tout-petits qui n’ont personne ou pas grand-chose est un acte de générosité que chacun devrait accomplir. Ce sont les enfants défavorisés, des rues et orphelins du Mali qui auront la joie de profiter des dons récoltés lors de cette opération. En partenariat avec l’Association SINJIYA-TON Mali, une équipe de bénévoles de l’UNITE 77 se rendra sur place pour veiller au bon acheminement, à  la redistribution des cadeaux et réalisera une manifestation au sein du centre social, avec la présence des médias et des artistes de renommés maliens sur place.

Razzy Hammadi, le député français qui a le Mali dans la peau

Razzy Hammadi n’a pas de temps à  perdre. Il fonce dans la rue de Paris, l’artère commerçante de Montreuil (en région parisienne) dont il a été élu député, en juin 2012, comme il fonce à  travers le paysage politique français. A 33 ans, il est l’un des plus jeunes députés du nouveau Parlement. Dans la rue, on l’interpelle: «Monsieur le député, permettez-moi de vous présenter une requête»; on le salue, on l’encourage. Razzy Hammadi est un notable dans cette ancienne forteresse communiste à  la périphérie de Paris. Pourtant, il est un étranger à  Montreuil. Il a grandi à  Toulon, dans le sud de la France. Il s’est installé dans la ville, il y a trois ans. En juin 2012, il a pris la circonscription au pas de charge, s’imposant face aux notables locaux: l’ancien député-maire communiste Jean-Pierre Brard, la maire Europe Ecologie-Les Verts, Dominique Voynet, et les caciques du Parti socialiste local. Il s’est implanté tout seul dans cette circonscription de Seine Saint-Denis, soutenu par une poignée de fidèles et de nouveaux convertis, tel ce jeune commerçant montreuillois qui rapporte sa légende:«Razzy a frappé, personnellement, à  7.774 portes sur la ville.» Une vocation politique née en Afrique L’élu est l’un des dix nouveaux députés socialistes issus de la «diversité». Un nouveau visage, un symbole pour la nouvelle majorité. Son père est algérien, sa mère tunisienne. Mais, Hammadi ne veut pas bâtir sa carrière sur sa «gueule»:«Je suis fier de ce que je suis. Ces origines sont une richesse, une force. Mais elles ne sont pas un résumé de ce que je suis. Je suis issu de cette tradition migratoire qui fait la France, et je me sens pleinement Français. Je pense que l’avenir se trouve à  notre sud, que les problèmes de citoyenneté, de République et de laà¯cité se traitent avec cette richesse des cultures, c’est un plus. Mais un plus ne veut pas dire quelque chose d’exclusif.» C’est en Tunisie qu’il a trouvé sa vocation. «Après mon bac, j’ai vécu une année à  Sfax (deuxième ville de Tunisie, à  200 kms, à  l’est de Tunis). Je me suis frotté au militantisme politique à  travers les mouvements étudiants contre Ben Ali. C’est là  que j’ai vu que l’action politique n’était pas un luxe, mais un privilège dans certains pays.» De retour en France, il s’engage. Il milite au MJS (Mouvement des jeunes socialistes, dont il devient président en 2005) et trouve sa place dans les instances du PS, tout en poursuivant ses études (en économie) et une carrière dans le privé (le conseil en logement et habitat). Lirela suite sur Slateafrique.com http://www.slateafrique.com/99497/razzi-hammadi-mali-politique-francaise

Mali : les premières images de l’otage français enlevé le 20 novembre

Mal rasé, tête et regard baissés, il est vêtu d’une chemise bleue et entouré de deux hommes en armes. Dans une vidéo que le site mauritanien devrait diffuser, le Français fait cette déclaration : «Je m’appelle Rodriguez Leal Alberto. J’ai été enlevé à  Diéma, entre Nioro et Bamako, par le Mujao». «Je demande au gouvernement français de répondre rapidement à  leurs revendications», ajoute-t-il selon le site mauritanien, sans préciser quelles sont les revendications de ses ravisseurs du Mujao. «Je ne suis pas fautif dans cet enlèvement, c’est le gouvernement qui est mis en cause par ses actions extérieures», affirme-t-il. «Je suis bien traité» L’otage dit placer sa «confiance» dans le gouvernement français «qui saura traiter rapidement ma situation et trouver une issue favorable» «Pour ma famille, ne vous faites pas de souci. Je suis bien traité. Je vous embrasse et je vous aime tous», conclut-il. Cet otage avait été présenté par les services maliens de sécurité comme s’appelant Gilberto Rodriguez Leal, et non Alberto comme il se présente lui-même. Agé de 61 ans, né au Portugal mais de nationalité française, il a été enlevé par des hommes armés le 20 novembre au soir à  Diéma, localité située à  l’est de Kayes, ville proche des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie. Il circulait dans un camping-car et venait de Mauritanie, pays qu’il avait traversé au volant de son véhicule. Le Mujao est l’un des trois mouvements islamistes qui occupent le Nord-Mali. Le 13 octobre, il avait menacé François Hollande personnellement, alors que la France affirmait qu’elle apporterait son soutien logistique à  une intervention africaine dans cette région.

Comment la France planifie l’intervention au nord du Mali

L’opération militaire destinée à  reconquérir le nord du Mali occupé par des groupes islamistes liés à  al-Qaida n’est plus, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, «qu’une question de semaines». Le Conseil de sécurité de l’ONU a donné 45 jours aux pays d’Afrique de l’Ouest pour proposer un plan concret d’intervention. Poussée par la France, l’Union européenne proposera dans les mêmes délais un projet de gestion de crise. Après, la voie sera libre. «Si on rate la fenêtre météo, nous serons obligés d’attendre un an», prévient une source proche du dossier. Tout doit être largement engagé avant la fin du mois de mars, date du début de la saison des pluies. Concrètement, dans l’entourage de Jean-Yves Le Drian, on planche sur un programme en trois phases: un, stabiliser le sud du Mali et protéger Bamako dès la fin du mois de novembre ; deux, mettre en place la formation des armées africaines en janvier ; trois, amorcer la reconquête du nord début mars au plus tard. Officiellement, ce sont les armées africaines qui mèneront l’opération. Bien qu’étant désigné comme l’ennemi principal par Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique), Paris, qui prétend rompre avec les habitudes passées de la «Françafrique» et ne veut pas se voir reprocher une nouvelle fois son passé colonial, refuse d’être en première ligne. La France se cache derrière l’Europe, elle se pose en soutien des pays africains qui seront assistés dans la planification et la logistique et promet qu’il n’y aura «pas de troupes au sol». Trois mille hommes Les autorités françaises communiquent plus discrètement sur les forces spéciales à  pied d’œuvre dans la région, dont la mission est indépendante du calendrier officiel. Elles se préparent à  intervenir en amont pour fournir du renseignement et guider les forces africaines sur place. Elles pourraient agir plus rapidement encore si les intérêts de la France ou la vie des otages venaient à  être menacés. Comme en Libye et en Côte d’Ivoire en 2011, des moyens clandestins sont mis en place pour épauler les forces locales, notamment l’armée malienne, sous-équipée et démoralisée après sa défaite contre les islamistes. Dans l’ombre, Paris a aussi pris en charge l’élaboration du programme d’intervention qui doit être proposé par les pays de l’Ouest africain. Restés jusque-là  en retrait sur le dossier du Sahel, les à‰tats-Unis ont changé de posture après l’attaque commise contre leur représentation diplomatique à  Benghazi, le 11 septembre dernier, qui s’est soldée par la mort, dans des «conditions atroces», de leur ambassadeur Chris Stevens. «Le Sahel est devenu un enjeu pour eux. Ils veulent désormais être associés de manière plus étroite à  l’intervention», confirme un proche du ministre français de la Défense, lequel s’est longuement entretenu du sujet avec son homologue américain, Leon Panetta. Les Américains, qui ont des drones armés dans la région, n’excluent plus d’intervenir directement au nord du Mali, en menant par exemple des frappes aériennes ciblées. Tous les détails de l’opération militaire ne sont pas encore réglés. Si les pays africains doivent normalement fournir 3000 hommes, la liste des à‰tats qui participeront à  l’intervention contre les combattants islamistes, qui sont armés de lance-missiles et de lance-roquettes, n’est pas encore finalisée. Pas plus que le règlement politique. Or tous les pays candidats en sont conscients: sans solution diplomatique durable, l’intervention militaire ne sera pas suffisante pour régler le problème d’Aqmi au Sahel.

L’intervention militaire au Mali est « une question de semaines » , selon Le Drian

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a assuré mardi qu’une intervention militaire africaine au Mali dans ce qui devient « un sanctuaire terroriste » pouvait avoir lieu dans « quelques semaines ». « C’est une question de quelques semaines, pas plusieurs mois, des semaines », a déclaré Jean-Yves Le Drian interrogé par France 2 sur le moment o๠pouvait être déclenchée une telle intervention. « Il n’y aura pas de troupes au sol », assure-t-il encore. « Dans cette affaire la France – et l’Europe – soutient, explique, aide à  la planification, forme, apporte logistiquement ce qu’il convient d’apporter », a dit le ministre sans vouloir « donner aux rebelles toutes les indications. » « Aujourd’hui, le Sahel devient un sanctuaire terroriste », a argumenté Jean-Yves Le Drian. Depuis le printemps, « un certain nombre de groupes, des centaines de rebelles, fondamentalistes, trafiquants d’armes, de drogue, d’hommes » ont « séparé le Mali en deux » « L’intégrité du Mali, c’est la sécurité de l’Eruope », a assuré ce proche du président François Hollande. Il a auparavant rappelé les étapes devant suivre le mandat donné aux pays d’Afrique de l’Ouest pour une telle intervention. « Il y a la décision des Nations Unies qu’il importe de respecter », a rappelé Jean-Yves Le Drian. « Le Conseil de sécurité, après l’intervention de François Hollande à  l’Assemblée générale de l’ONU, a donné mandat aux pays de l’Afrique de l’Ouest de s’organiser pour qu’il y ait une intervention afin de rétablir la souveraineté du Mali. Ils ont 45 jours pour le faire, ils ont une planification à  mettre en place, ils s’y attellent aujourd’hui et après le conseil de sécurité devra à  nouveau dire qu’il soutien l’intervention ».

Vidéo : Abdoul Jelil, un djihadiste français au Nord Mali

l’homme, qui vit à  Tombouctou et se fait appeler Abdoul Jelil, lance un appel aux autorités françaises et américaines pour ne pas intervenir dans le Nord-Mali. Une première du genre, quelque peu surprenante. Jgez plutôt. Que peut-on apprendre de cette vidéo ? Cette vidéo postée par le site mauritanien Sahara Médias permet de confirmer la présence de djihadistes français au Nord-Mali, évoquée par l’AFP et le journal Le Monde le 28 septembre. Il y était fait mention de deux hommes se battant aux côtés des groupes islamistes dans l’Azawad. Dans un article paru le 7 octobre, RFI dévoilait à  son tour une photo témoignant de la présence de deux djihadistes français ou binationaux. l’un, se faisant appeler Mohamedou, apparaissait à  l’arrière d’un pick-up dans la ville de Gao, une kalachnikov en bandoulière. Il y était fait aussi mention d’un certain quinquagénaire habitant à  Tombouctou et prénommé Abdoul Jelil… Un troisième djihadiste français se faisant appeler Kassam, certainement d’origine capverdienne, avait quant à  lui été tué dans le courant du mois d’août par les forces de sécurité nigériennes dans la localité de Tillabery au Niger. La vidéo mettant en scène le quinquagénaire Abdoul Jelil aurait, elle, été réalisée le 8 octobre selon l’AFP. Les visages des djihadistes français du Nord-Mali sont donc apparus aux yeux de tous dans un laps de temps très court, entre le 28 septembre et le début du mois d’octobre. Au moment o๠la France exprime clairement sa volonté de soutenir une intervention militaire au Nord-Mali, il semble donc fort utile à  Aqmi de s’adresser directement aux autorités hexagonales par l’intermédiaire de l’un de ses ressortissants.