L’ONU appelle à sanctionner les rebelles liés à Al-Qaida

La résolution « appelle les Etats membres à  soumettre (..) les noms des individus, groupes et entités qui sont associés à  Al-Qaida, y compris dans la région du Sahel et en particulier dans le nord du Mali » afin qu’ils fassent l’objet des sanctions prévues par l’ONU contre ceux qui soutiennent Al-Qaida. Elle « demande instamment aux groupes rebelles au Mali de s’abstenir de toute forme d’association avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et de lutter contre la menace représentée par des groupes terroristes au Mali ». PAS DE MANDAT POUR UNE INTERVENTION MILITAIRE La résolution « soutient pleinement » les efforts des organisations régionales, dont la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et l’Union africaine, pour régler la crise au Mali. Mais elle ne leur donne pas encore de mandat de l’ONU pour déployer une force africaine contre les rebelles du Nord. La résolution, présentée notamment par la France, « prend note de la demande de la Cédéao et de l’Union africaine d’un mandat du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la force ». Le Conseil se contente « de se déclarer prêt à  examiner plus avant cette requête une fois que des informations supplémentaires auront été fournies en ce qui concerne les objectifs, les moyens et les modalités du déploiement envisagé ». La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force au Mali, dont l’effectif est actuellement fixé à  environ trois mille trois cents hommes. Ses dirigeants avaient appelé vendredi dernier le Conseil de sécurité à  « accélérer » l’adoption d’une « résolution autorisant le déploiement » de ses troupes contre les groupes armés qui contrôlent le nord du Mali. CONDAMNATIONS DES DESTRUCTIONS DU PATRIMOINE La résolution adoptée jeudi avertit aussi les islamistes qui ont détruit des mausolées musulmans à  Tombouctou qu’ils pourraient être traà®nés devant la Cour pénale internationale (CPI). Le texte souligne que de telles attaques contre le patrimoine culturel ou religieux « peuvent constituer des violations des lois internationales », aux termes du statut de Rome, qui a créé la CPI, ainsi que des conventions de Genève. Le document appelle ainsi « toutes les parties au Mali à  prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la préservation » des sites qui appartiennent au Patrimoine mondial.

Nord Mali : pourquoi Bamako tarde à intervenir ?

En perte de vitesse, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a cédé la place à  des islamises déterminés à  élargir leur influence au nord du Mali. Les approches récentes avec la médiation burkinabè montrent qu’Ansar Dine veut rester le seul interlocuteur légitime du Mali dans la sortie de crise. Crise qui s’aggrave de jour en jour puisque les hommes d’Iyad Ag Ghaly ont profané les symboles qui font la grandeur et la mystique de la cité des 333 Saints. En face, l’inaction d’un gouvernement malien, hésitant entre négociation et guerre, exaspère les ressortissants du nord qui multiplient les actions de soutien ou se révoltent contre les groupes armés. En dépit des alertes de l’Unesco, Ansar Dine mène désormais une guerre médiatique et politique. l’assassinat d’un élu à  Gao suivi d’affrontements entre le Mujao et le MNLA, la destruction des 7 mausolées saints à  Tombouctou exacerbe le sentiment d’injustice des populations du nord. La crainte d’une chariaisation progressive ont été illustrés avec les images de la punition en pubic d’un couple sur les écrans du monde. Prudence à  Bamako A Bamako, la prudence règne. Aux Nations Unies, on invite à  préciser les contours d’une intervention de la Cédéao dans le nord du Mali. Face à  une armée en reconstruction et coupée de ses tête de commandement, la remobilisation des troupes et leur équipement reste la priorité. A cela devront s’ajouter des appuis logistiques de la France et des Etats-Unis en matière de renseignements. l’une des bases américaines, établie à  Ouagadougou, agirait dans ce sens en survolant régulièrement la zone avec de petits appareils discrets à  l’œil nu dans le ciel subsaharien. Malgré tout, les hésitations du gouvernement de Cheick Modibo Diarra font monter la psychose dans la capitale malienne : « Si les islamistes ont détruit les mausolées, qu’est-ce qui peut les empêcher de perpétrer des attaques au sud ? », déplore Ibrahim un jeune étudiant.   Qui veut la paix, prépare la guerre Deux schémas se dessinent désormais pour la sortie de crise. Une double médiation menée par la CEDEAO avec d’un côté les islamistes, qui ont pris contact avec Blaise Compaoré pour réaffirmer leur position. l’islam radical ou rien ! De l’autre, la stabilisation de la transition et un gouvernement plus inclusif pour mener une opération conjointe CEDEAO-ONU-Mali. l’intégrité territoriale du Mali n’étant pas négociable au risque de créer une poudrière dans la région, les diplomates de CEDEAO s’accordent sur cette voie sans réussir à  mettre une quelconque pression sur le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Pour que l’institution sous régionale puisse actionner ses 3 300 hommes au nord Mali, une simple demande du Mali ne suffit plus : «Â Tout dépend de Bamako qui doit préciser les contours de cette intervention. Cheick Modibo Diarra avait plaidé pour la négociation, mais sur quelle base, pour négocier, il faut être en position de force ? », analyse Tiégoum Boubèye Maiga, directeur de la Nouvelle République. Le ballet diplomatique du Premier ministre (Alger, Paris, Nouakchott, Niamey et dernièrement Yamoussoukro) pour harmoniser les positions de sortie de crise, ravive les critiques dans la presse malienne. «Â On a parfois l’impression que CMD (surnom du Premier ministre) est plus occupé à  faire des nominations à  chaque Conseil des ministres qu’à  gérer la crise du nord », témoigne Aminata, journaliste. Sanogo définitivement hors-jeu ?   Quant à  Sanogo qui a toujours rejeté une intervention de la CEDEAO à  Bamako, est-il définitivement hors jeu ? Cheick Modibo Diarra a une nouvelle fois salué le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’amnistie des putschistes et la transformation du CNRDRE en Comité militaire chargé du suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité ( CMSRDFS) : «Â Sanogo est le maà®tre de l‘armée, tous lui obéissent, les hommes, les ministres qu‘il a fait nommer et si demain le Mali était prêt à  intervenir au nord, son veto pourrait bloquer le processus », précise un spécialiste de la crise. Le vrai problème, C’’est l’armée malienne. Elle n’est tout simplement pas prête pour reconquérir le nord ». Les pleins pouvoirs de Cheick Modibo Diarra ne suffisent pas. La convalescence prolongée de Dioncounda Traoré, le Président de transition nommé par la Cédéao pour douze mois, n’accélèrera pas non plus le processus. s’il est des secrets militaires qu’on ne doit pas révéler, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra fait sien cette maxime célèbre et prépare la guerre pour avoir la paix ! Comme à  l’accoutumée, Bamako bruisse de rumeurs qui font du bien à  la population, car pendant que le MNLA et Ansar Dine s’étripent, l’armée malienne encerclerait lentement mais surement le nord. La libération est-elle proche ?

Tombouctou : la destruction des mausolées est un « crime de guerre »

Depuis maintenant trois jours, les islamistes qui contrôlent la ville de Tombouctou ont entrepris de détruire les mausolées et autres sites religieux qu’ils considèrent « haram » (contre l’islam,ndlr). Le bilan est déjà  lourd. Sur les seize mausolées, sept ont déjà  été cassés et ce lundi matin, C’’est à  une mosquée qu’ils s’attaquent. « Les islamistes viennent de détruire l’entrée de la mosquée Sidi Yeyia de Tombouctou », située dans le sud de la ville, « ils ont arraché la porte sacrée qu’on ouvrait jamais », a affirmé un témoin cité par l’AFP. Cette information a été confirmée par d’autres habitants de Tombouctou. Incompréhension et colère Parmi les habitants de Tombouctou, on ne comprend pas très bien ce qui se passe. Comment peuvent-ils se réclamer de l’islam et profaner, détruire des lieux saints de cette religion ? Comment peut-on laisser faire une chose pareille ? Les interrogations sont nombreuses au sein d’une population impuissante face à  ces destructions d’un patrimoine jalousement préservé au fil des siècles. l’un des témoins interrogé par l’AFP s’indigne de ce qui se passe encore ce lundi 02 juillet. L’homme, ancien guide touristique de la ville a déclaré: « Ils sont venus avec des pioches, ils ont commencé par crier +Allah+ et ils ont cassé la porte. C’est très grave. Parmi les civils qui regardaient ça, certains ont pleuré ». Les islamistes du groupe Ançar Dine qui contrôlent la ville depuis trois mois et y ont imposé la charia. Ils ont affirmé le samedi 30 juin que ces destructions étaient des représailles contre l’UNESCO qui a placé le 28 juin la ville sur la liste du patrimoine mondial menacé. En ce qui concerne la mosquée Sidi Yeyia, ils ont avancé comme argument à  un imam que « certains disaient que le jour o๠on ouvrirait cette porte, ce serait la fin du monde et ils ont voulu montrer que ce n’est pas la fin du monde ». La porte située côté sud de la mosquée de Sidi Yeyia est fermée depuis des décennies, car selon des croyances locales, son ouverture éventuelle porterait malheur. Cette porte conduit vers un tombeau de saints et si les islamistes l’avaient sû, « ils auraient tout cassé », affirme un autre habitant. Des poursuites pour crime de guerre La procureure de la Cour Pénale Internationale a menacé les responsables des destructions de poursuites. « Mon message à  ceux qui sont impliqués dans cet acte criminel est clair: arrêtez la destruction de biens religieux maintenant. C’est un crime de guerre pour lequel mes services sont pleinement autorisés à  enquêter », a déclaré dimanche Mme Bensouda à  Dakar. Elle a précisé que l’article 8 du statut de Rome portant création de la CPI stipulait que « les attaques délibérées contre des bâtiments civils non protégés qui ne sont pas des objectifs militaires constituent un crime de guerre. Cela inclut les attaques contre les monuments historiques, tout comme la destruction de bâtiments dédiés à  la religion ». Présente à  Saint-Pétersbourg pour une réunion de l’UNESCO, la ministre malienne des arts, du tourisme et de la culture, Diallo Fadima, a transmis un appel du Mali aux Nations Unies. Les autorités demandent à  l’ONU de « des mesures concrètes pour mettre fin à  ces crimes contre l’héritage culturel de la population ».

Mali : une nouvelle donne régionale après l’échec de la rébellion touarègue du MNLA

Né fin 2011, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) était pourtant considéré comme le grand bénéficiaire du coup d’Etat militaire du 22 mars contre le régime d’Amadou Toumani Touré. Il se présentait lui-même comme un « rempart » contre Al-Qaà¯da au Maghreb (Aqmi), cherchant à  s’attirer les sympathies d’un Occident inquiet face à  la menace terroriste. Comment ce mouvement d’enfants du pays, héritiers d’une longue tradition de luttes indépendantistes, a-t-il pu être chassé de ses terres en quelques mois, jusqu’à  la déroute cinglante de jeudi avec la chute de son quartier général de Gao Le chercheur Pierre Boilley, directeur du Centre d’études des mondes africains (Cémaf) à  Paris, avance plusieurs explications, dont « l’existence de courants antagonistes au sein du MNLA » et l’incapacité des touareg à  fédérer « l’ensemble des populations du nord, notamment les arabes et les songha௠». « La crise en Libye, qui a fourni hommes et armes aux factions armées du Nord-Mali (MNLA comme islamistes), a précipité le déclenchement de la rébellion sans que le projet du MNLA pour un Etat indépendant au Nord soit très abouti », ajoute-t-il. Pour l’islamologue Mathieu Guidère, les combattants du MNLA « se sont démobilisés après la prise des grandes villes » alors que les islamistes locaux d’Ansar Dine, commandés par le charismatique leader touareg Iyad Ag Ghaly, « ont labouré le terrain, restauré l’ordre dans les villes, rassuré les commerçants ». Et Ansar Dine, relèvent les chercheurs, a continué « à  revevoir un soutien logistique et financier », notamment de personnalités en Arabie Saoudite et en Algérie, alors que le MNLA s’isolait par sa déclaration unilatérale d’indépendance de l’Azawad. « Les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire » La situation est aujourd’hui « plus claire au nord qu’au sud du Mali. Le Nord est clairement contrôlé par des islamistes, avec un groupe dominant qui est Ansar Dine », affirme Mathieu Guidère. « Avec Aqmi et Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest, groupe dissident d’Aqmi), ils se sont mis d’accord il y a deux mois sur une plateforme commune, pour l’instauration d’un Etat islamique au Nord-Mali », dit-il. L’islamologue explique que les liens hierarchiques entre eux sont très codifiés: « les islamistes du Nord-Mali ont reconnu Iyad Ag Ghaly comme le maà®tre du territoire. Ce qui signifie que les responsables d’Aqmi comme Mokhtar Belmokhtar ou Abou Zeid ont fait allégeance à  Ghaly ». Pour le spécialiste des mouvements islamistes Dominique Thomas, de l’Ecole pratique des hautes études en sciences sociales (EHESS), « Aqmi a effectivement trouvé un sanctuaire dans la zone controlée par Ansar Dine ». Mais il souligne que les membres d’Aqmi « sont eux-mêmes implantés depuis des années, ont noué des liens avec les habitants à  travers leurs trafics et des mariages ». Nouvelle donne Face à  cette « nouvelle donne », la communauté internationale est hésitante. Réunis vendredi à  Yamoussoukro, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest ont à  nouveau exhorté le conseil de sécurité de l’ONU à  autoriser l’envoi d’une force au Mali. Mais ils ont aussi réitéré leur préférence pour la négociation. Les Etats-Unis, qui emboitent généralement le pas à  la France sur ce dossier, ont aussitôt mis en garde contre une « entreprise très lourde ». A Paris, on attend des Etats africains qu’ils définissent clairement le cadre et les objectifs d’une telle intervention. Les experts relèvent aussi les divisions régionales, l’Algérie étant tradionnellement très hostile à  toute intervention, contrairement au Nigeria ou à  la Côte d’Ivoire, et jugent qu’une intervention militaire est très risquée. Elle serait vécue au Nord « comme une occupation par des troupes étrangères » et au Sud comme « une sorte de mise sous tutelle », relève Mathieu Guidère. « Si Ansar Dine est vaincu, les islamistes vont rejoindre Aqmi. Cela ne fera que gonfler les rangs d’Aqmi de façon terrifiante », estime-t-il. Reste aussi « une inconnue », pour Pierre Boilley: « la capacité ou pas du MNLA de préparer une contre-offensive ».

A Tombouctou, les islamistes détruisent les mausolées musulmans

Des islamistes d’Ansar Dine, un des groupes armés contrôlant le nord du Mali, ont démoli samedi 30 juin plusieurs mausolées de saints musulmans à  Tombouctou, en représailles à  la récente décision de l’Unesco de classer cette ville mythique patrimoine mondial en péril. L’objectif affiché par Sanda Ould Boumama, porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, est de détruire tous les mausolées de la ville, « sans exception ». Samedi, au moins trois mausolées avaient d’ores et déjà  été détruits à  coups de pioches, de houes et de burins, aux cris de « Allah akbar ! » (« Dieu est grand! »), ont rapporté des témoins. Le premier sanctuaire visé a été celui de Sidi Mahmoud, dans le nord de la ville, qui avait déjà  été profané début mai par des membres d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), un allié d’Ansar Dine, ont raconté des habitants joints depuis la capitale, certains sous le choc. « Aujourd’hui, au moment o๠je vous parle, les islamistes d’Ansar Dine ont fini de détruire le mausolée du saint Sidi Mahmoud. Ils ont cassé (et) fait tomber le mur » de clôture du site, « c’est très grave », a déclaré en pleurant un des témoins. Les islamistes se ont ensuite attaqué tour-à -tour aux mausolées de Sidi Moctar, dans l’est de la ville, puis celui d’Alpha Moya, qui ont tous deux été détruits. « NOUS, NOUS SOMMES MUSULMANS. L’UNESCO, C’EST QUOI ? » Ce projet de destruction totale des mausolées est une réponse à  la décision de l’Unesco, annoncée jeudi, de placer Tombouctou, depuis 1988 au patrimoine mondial de l’humanité, sur la liste du patrimoine en péril, d’après le porte-parole d’Ansar Dine. « Dieu, il est unique. Tout ça, c’est ‘haram’ (interdit en islam). Nous, nous sommes musulmans. L’Unesco, c’est quoi ? », a-t-il dit, ajoutant que Ansar Dine réagissait « au nom de Dieu ». Selon le site Internet de l’Unesco, Tombouctou compte « 16 cimetières et mausolées qui étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure oà¹, selon la croyance populaire, ils étaient le rempart qui protégeait la ville de tous les dangers ». Fondée entre le XIe et le XIIe siècles par des tribus touareg, et surnommée notamment « la cité des 333 saints », elle a été un grand centre intellectuel de l’islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes. Tombouctou est également célèbre pour ses dizaines de milliers de manuscrits, dont certains remontent au XIIe siècle, et d’autres de l’ère pré-islamique. Ils sont pour la plupart détenus comme des trésors par les grandes familles de la ville. Environ de 30 000 de ces manuscrits qui étaient conservés dans un institut gouvernemental ont été déplacés et « sécurisés » ailleurs, après le saccage de lieux par des islamistes en avril, d’après des bibliothécaires. En annonçant jeudi sa décision de placer la cité sur la liste du patrimoine mondial en péril, de même qu’un site historique de Gao (nord-est), l’Unesco avait alerté la communauté internationale sur les dangers qui pèsent sur la cité. « Nous venons juste d’apprendre la nouvelle tragique des dégâts sans raison causés au mausolée de Sidi Mahmoud, dans le nord du Mali », a déclaré Alissandra Cummins, présidente de l’Unesco, dans un communiqué, appelant toutes les parties impliquées dans le conflit à  Tombouctou à  « exercer leurs responsabilités ». En plus de Tombouctou (nord-ouest), Gao et Kidal (nord-est), les trois régions formant le Nord, sont sous le contrôle des islamistes divers groupes armés qui ont profité de la confusion créée à  Bamako par un d’Etat militaire le 22 mars. La démolition des mausolées de Tombouctou par les islamistes rappelle le sort d’autres ouvrages du patrimoine mondial, dont les Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l’Afghanistan, détruits en mars 2001 par les talibans et leurs alliés d’Al-Qaà¯da. En Afrique de l’Est, les islamistes somaliens shebab ont détruit de nombreux mausolées de mystiques soufis dont la mémoire était vénérée par les populations locales. TERGIVERSATIONS SUR L’ENVOI D’UNE FORCE Rà‰GIONALE L’Afrique de l’Ouest a appelé vendredi le Conseil de sécurité de l’ONU à  « accélérer » en vue de l’adoption d’une résolution autorisant l’envoi d’une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord. La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l’envoi éventuel d’une force dans le pays, dont l’effectif est actuellement fixé à  quelque 3 300 hommes. Mais elle a besoin, avec l’Union africaine (UA), d’un soutien international à  une telle opération, et d’un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l’ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis ont d’ailleurs adressé vendredi une mise en garde contre une « entreprise très lourde pour la Cédéao », qui devrait être « préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence ». Les chefs d’Etat de la Cédéao ont réaffirmé leur préférence pour la négociation – confiée au président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré – mais réitéré leur choix d’une intervention armée si nécessaire.

90 jours d’occupation du Nord, c’en est assez!

Malgré la pluie qui a arrosé la capitale malienne toute la journée, des militants et sympathisants de cette association ont fait le déplacement pour soutenir les organisateurs. « Aujourd’hui 28 juin 2012, jour pour jour, cela fait 90 jours que les populations du Nord sont sous occupation. A l’heure o๠nous vous lisons cette déclaration, la situation sécuritaire au nord du Mali, particulièrement dans la ville de Gao, est tombée dans une situation dramatique sans précédent », souligne le collectif dans une déclaration signée de son président, Almahady Moustapha Cissé. Pour lui, cette action a été aussi initiée en réaction aux événements dont Gao a été le théâtre du 25 au 27 juin. Il s’agit notamment de l’assassinat d’un élu local (Idrissa Omorou), la répression dans le sang d’une marche pacifique de protestation des jeunes de la Cité des Askia, et les combats meurtriers entre le MUJAO et le MNLA chassé de Gao. « Déjà  frappées par deux années de pénurie alimentaire, les populations du nord subissent un double traumatisme psychologique et moral, réduites aux pires privations d’eau, de médicaments, d’électricité, d’aliments de subsistance, les populations sont au bord du gouffre et chaque heure qui passe asphyxie davantage », déplore M. Cissé. Ce collectif a été la première association à  envoyer une caravane humanitaire dans les régions occupées. « l’inertie et l’inaction du gouvernement de la République du Mali, l’attitude de la communauté internationale et le comportement ambigà¼e de certains pays voisins qui continuent à  servir de bases arrières aux mouvements armés », indique le Collectif. Il invite le gouvernement à  prendre les mesures urgentes pour mettre fin à  l’occupation et réitère son soutien aux populations du nord du Mali. « Nous souhaitons la libération sans délai des régions occupées, la poursuite et l’arrestation des auteurs et complices de ces atrocités et assassinats ainsi que leur traduction devant les institutions judiciaires compétentes, la prise en charge des victimes et leurs ayants droits », exige le collectif dans la déclaration remise aux participants du sit-in et à  la presse. Pour sortir le Mali de cette impasse politique et sécuritaire, le Collectif Cri de Coeur et ses partenaires appellent les Maliens à  « la cohésion et la solidarité ».

Mali: la révolte des femmes touarègue face aux islamistes

Le groupe islamiste Ansar Dine, qui souhaite appliquer la charia sur l’ensemble du Mali, exercerait une pression sur les femmes touarègues, notamment en leur demandant de porter le voile et en leur interdisant d’exercer des activités économiques. Selon des témoignages, elles auraient été plusieurs dizaines à  manifester, mercredi 6 juin, contre la présence du groupe islamiste Ansar Dine (défenseur de l’Islam). Leur marche s’était déroulée peu après la manifestation des jeunes qui brandissaient des pancartes hostiles à  Aqmi et Ansar Dine. «Elles ont emprunté le même chemin que nous: du rond-point de la ville à  l’aéroport, mais elles ont été frappées par des membres du groupe islamiste dans le centre de Kidal. C’est à  ce moment-là  qu’elles leur ont jeté des pierres pour se défendre. Certaines d’entre elles ont été blessées», raconte un jeune manifestant, qui souhaite que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui se définit comme une branche laà¯que, reprenne sa ville et se débarrasse d’Ansar Dine. Pour montrer son soutien envers la population, Moussa Ag Attaher, le chargé de communication du mouvement, a d’ailleurs vivement condamné, dans une déclaration rendue publique le 7 juin 2012, l’agression des femmes touareg par Ansar Dine. «Avant, jamais les femmes touareg n’avaient été battues» Nina Wallet Intallou, nouvellement en charge de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille dans le Conseil transitoire instauré par le MNLA, a également dénoncé les agissements du groupe Ansar Dine. A 49 ans, cette ancienne conseillère nationale Mali et ex-responsable Affaires sociales du MNLA, exilée en Mauritanie, fait figure «d’homme fort de la rébellion touareg» et entend bien militer pour les droits des femmes au Mali. Dans une vidéo diffusée sur le site du journal du Mali, la militante s’insurge: «Avant, jamais les femmes n’avaient été battues car, dans la culture touareg, lorsqu’une femme est battue pas son mari, ceci entraà®ne directement le divorce. (…) Nous sommes fatiguées, les femmes sont fatiguées. Elles ne peuvent plus aller dehors. Elles ne peuvent plus travailler. Elles ne peuvent plus se rencontrer et faire la fête entre elles. Ansar Dine se mêle uniquement des affaires des femmes en leur disant de faire ceci et de ne pas faire cela.» Depuis la chute de Kidal, le 30 mars 2012, le groupe islamiste tente en effet d’appliquer la loi islamique. Comme le souligne le rapport d’Amnesty International publié en mai, de nombreux témoignages font état de pressions exercées par des membres du groupe Ansar Dine sur les populations, afin que celles-ci changent de comportement, conformément à  leur interprétation de l’islam. «Ils veulent domestiquer le corps des femmes» Certaines femmes racontent qu’à  Kidal, les filles ne peuvent plus mettre de jupes laissant apparaà®tre leurs jambes. Elles doivent désormais sortir voilées et porter des chaussettes pour cacher leurs pieds. Pour Gaà«tan Mootoo, chercheur au sein d’Amnesty International et auteur du rapport, «toutes ces règles vestimentaires visent à  domestiquer le corps de la femme». Pour échapper à  cette forme de charia, les femmes sont de plus en plus nombreuses à  quitter les villes du Nord. «On a eu des réactions de personnes qui ne voulaient pas se voiler et qui avaient décidé de ne plus sortir de leur maison pour ne pas adopter les principes d’Ansar Dine. Ces femmes-là  essayent de partir de la région pour aller vers Bamako (la capitale)», observe Assatou Kondé, de l’ONG Amnesty International. En plus de porter le voile, certaines femmes ont dû cesser leurs activités économiques. Un désastre pour l’économie dans la région. «Les femmes ont un rôle déterminant, elles ont des charges importantes, En l’absence des hommes, c’est elles qui doivent gérer le foyer et subvenir à  ses besoins. Si on leur interdit de faire du commerce, cela va avoir des conséquences dramatiques sur la famille», analyse Nadia Belalimat, anthropologue au Centre international de recherche sur l’environnement et de développement (CIRED). Si aujourd’hui, ces femmes manifestent, c’est autant pour la défense de leurs droits que pour sensibiliser la population aux pratiques d’Ansar Dine. Elles s’étaient déjà  mobilisées en février 2012, pour dénoncer le massacre d’Aguel’hoc perpétré, selon elles, par le groupe islamiste. «En milieu touareg, les femmes savent s’imposer» Ce n’est pas la première fois que les femmes touareg s’engagent politiquement, elles ont toujours joué un rôle clé dans la rébellion. «Elles sensibilisent. Elles créent des assemblées de concertation entre elles et avec les responsables de la rébellion pour faire le point sur situation sur le terrain et/ou sur la conclusion d’un accord de paix. Elles participent financièrement pour apporter des provisions aux combattants sur le terrain. Au sein du Bureau politique du MNLA, il y a des femmes et très actives d’ailleurs», souligne le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid’Ahmed. Avant de conclure: «C’’est le rôle de notre mouvement de leur donner toute la place qui leur revient, mais elles doivent surtout s’imposer et je pense qu’en milieu touareg, elles savent le faire.»

Un mariage et 100 coups de fouets à Tombouctou…

Il ne fait plus bon vivre dans la cité des 333 saints ces derniers temps. Depuis que les islamistes et autres mouvances djihadistes, qui prétendent agir au nom de l’Islam, ont fait irruption dans la vie de citoyens épris de liberté, fiers comme le vent sauvage du désert et attachés à  leur honneur le plus pur. Les femmes de Tombouctou sont belles et secrètes comme Balkissa, cette belle nordiste enveloppé dans un dampè noir scintillant, khôl aux yeux… : «Â J’aime la musique, écouter nos chanteurs et voir danser le takamba »,lançait-elle heureuse au festival Au Désert, en Janvier. Balkissa a quitté le pays depuis avec sa famille, pour fuir les persécutions envers les citoyens tamasheqs à  la peau blanche… Mais elle aurait été choquée d’assister à  la punition en publique d’un couple à  qui l’on reproche d’avoir eu un enfant hors mariage… Deux mariages et 100 coups de fouets… Mon ami Oumar, un guide touristique, de passage à  Bamako, me raconte aussi comment deux jeunes gens se sont retrouvés mariés à  Tombouctou pour la modique somme de 2000 francs. «Â Ils se parlaient dans la rue, lorsque la police islamique les a interpellé, raconte t-il. On a demandé au garçon s’il connaissait la fille, il a répondu oui. A la fille, si elle aimait ce garçon. Elle a répondu oui. ». Et voilà  le début d’une nouvelle aventure conjugale sous la férule d’Ansar Eddine. Sont-ils heureux ? Ils s’y font, parait-il… Et voilà  qu’hier, sur la place publique, on a fouetté deux jeunes gens pour avoir conçu un enfant hors-mariage. La scène s’est déroulée mercredi 20 juin au centre-ville, devant de nombreux habitants, stupéfaits d‘assister à  une telle scène. A l’origine de ce châtiment, le groupe islamiste Ansar Dine, dans son application de la charia, a voulu faire de ce couple un exemple pour le habitants de Tombouctou. «Pour nous la charia doit être appliquée, que la population l’accepte ou pas, on va l’appliquer. On ne demande pas l’avis de qui que ce soit. Nous ne sommes vraiment pas démocrates», rappelle Sanda ould Boumama, représentant du mouvement islamiste à  Tombouctou, à  RFI Ainsi va Tombouctou de nos jours…

Ansar Dine réitère sa principale revendication, appliquer la charia

BAMAKO — Le groupe islamiste Ansar Dine qui occupe avec d’autres le nord du Mali et dont une délégation négocie à  Ouagadougou avec le président burkinabé Blaise Compaoré, a réitéré sa principale revendication, l’application de la charia au Mali, a déclaré mercredi un de ses porte-parole. « Nous avons remis une lettre de Iyad Ag Ghaly (leader d’Ansar Dine) au médiateur Blaise Compaoré. Nous voulons seulement l’application de la charia », la loi islamique, au Mali, a déclaré par téléphone à  l’AFP Laabasa Ag Intallah, un des membres de la délégation qui participe aux négociations avec le président Compaoré, médiateur de l’Afrique de l’Ouest dans la crise malienne. Contrairement au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui fait partie des groupes armés occupant le nord du Mali, « nous sommes contre l’indépendance », a-t-il ajouté. Des négociations entre le MNLA, mouvement laà¯c, et Ansar Dine, ont jusqu’à  maintenant échoué. M. Ag Intallah a indiqué que la médiation buirkinabé « veut arranger les choses entre nous et le MNLA qui a une délégation à  Ouagadougou ». « Nous n’avons pas de problème avec le MNLA, s’il veut venir avec nous, il n’y pas de problème, mais c’est la charia », a-t-il insisté. Il a affirmé que les « discussions se poursuivent » à  Gao (nord du Mali) entre son mouvement et la rébellion touareg en vue de parvenir à  un accord. Il a par ailleurs annoncé que, parallèlement aux pourparlers qui ont débuté lundi à  Ouagadougou, une autre délégation d’Ansar Dine se trouvait « actuellement en Algérie » pour des discussions avec le pouvoir. « Pour avoir la paix, il faut aller partout. Nous pensons même qu’on va aller aussi en Mauritanie, et même au Qatar si c’est nécessaire », a affirmé M. Ag Intallah. Dans la foulée d’un putsch militaire qui a eu lieu le 22 mars à  Bamako, le Nord est tombé aux mains du MNLA et surtout des groupes islamistes radicaux Ansar Dine (Défenseurs de l’islam en arabe) et de son allié Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) qui ont pris le dessus sur la rébellion touareg. Les pourparlers ont lieu alors que se précise une possible intervention de troupes de la Communauté économique des Etat d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) soutenue par l’ONU au Mali, pour y sécuriser les autorités politiques de transition à  Bamako mises en place après le retrait des putschistes et tenter y déloger les groupes armés du Nord faute d’accord.

Mali: la médiation poursuit ses discussions avec les islamistes d’Ansar Dine

« Nous poursuivons les échanges avec eux pour mieux leur expliquer notre position et celle de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) », a indiqué à  l’AFP un proche de M. Compaoré venu retrouver la délégation dans un grand hôtel de la capitale. A l’issue d’une rencontre lundi avec M. Compaoré, médiateur de la Cédéao, la délégation d’Ansar Dine avait annoncé accepter la médiation du président burkinabè qui, de son côté, a appelé ce groupe à  rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), ses grands alliés dans le Nord malien. « Nous demandons au monde de nous comprendre, (. . . ) nous nous battons au nom d’Allah. Nous, on n’est pas Al-Qaà¯da. L’islam interdit de prendre quelqu’un en otage » ou de prendre « l’argent de la rançon d’un otage », a assuré à  l’AFP Cheick Ag Wissa, porte-parole de la délégation islamiste. Une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg supplantée dans le nord du Mali par les islamistes, se trouve aussi à  Ouagadougou. Des envoyés du MNLA, mouvement d’idéologie sécessionniste et laà¯que, avaient rencontré M. Compaoré le 9 juin. « Rien ne peut sortir de nos discussions tant qu’Ansar Dine réclame l’application de la charia (loi islamique) et le jihad (guerre sainte) », a affirmé à  l’AFP Magdi Ag Bohada, responsable du MNLA à  Gao, une grande ville du Nord malien. Il a ajouté que son groupe avait « confiance » dans le Burkina Faso mais non dans les autorités maliennes. La médiation souhaite arriver à  un « agenda global de sortie de crise » qui se concluerait par des négociations entre groupes armés occupant le Nord malien depuis fin mars, communautés de la région et autorités de Bamako. Pendant ce temps, la Cédéao prépare l’envoi éventuel d’une force de quelque 3. 300 hommes au Mali. La France a dit mardi s’attendre à  une décision rapide du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant ce projet de l’Union africaine et de la Cédéao.

Ansar Dine : la charia toujours sous le manteau

Après avoir rencontré le 9 juin une délégation de rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour des négociations de paix, Blaise Compaoré a reçu des émissaires d’Iyad Ag Ghaly à  Ouagadougou. Dès lors, beaucoup se demandent ce que la médiation peut bien négocier avec les islamistes qui occupent les trois régions du nord du Mali. l’objectif d’Ansar Dine est clair : islamiser le Mali. Dans une interview accordée à  notre confrère de l’Essor, Iyad Ag Ghaly déclarait : «Â Nous sommes tous Maliens et nous sommes contre la division du Mali ». Au nord pourtant, de nombreux citoyens ne partagent pas l’idée de vivre selon la charia et l’ont fait savoir à  travers des manifestations populaires notamment à  Kidal le 5 juin. La menace AQMI Autre écueil. La présence d’AQMI dans la zone. La médiation burkinabè a demandé à  l’organisation de rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). « Nous acceptons la médiation du Burkina Faso, nous empruntons la voie de cette négociation », a répondu Cheick Ag Wissa, porte-parole d’une délégation d’Ansar Dine en tamasheq (langue touareg). Pour les autorités burkinabè, le groupe islamiste, qui veut imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali reste en position de force dans le Nord, mais doit « clarifier (ses) positions ». «Â En tout état de cause, nous avons le devoir de nous acheminer tous ensemble vers une solution globale négociée de paix », a insisté Djibril Bassolé, ministre des Affaires étrangères du Faso. Pour Farouk Ag Issa, ressortissant de Kidal, ce comportement est assimilable à  un retour de manivelle qui cache mal la précarité qui pourrait gagner l’organisation islamiste. La rupture avec AQMI et l’alliance ratée avec le MNLA, pourrait affaiblir Ansar Dine, sur le plan de l’occupation du territoire et de la mobilité des troupes. Or témoigne, un ressortissant du nord, le groupe recrute dans ses rangs de jeunes nordistes et les forme à  l’art de la guerre. Ansar Dine peut-il réellement se passer d’AQMI, qui connaà®t bien le désert pou y avoir opéré durant de longues années etorchestré de nombreux enlèvements d’occidentaux ? Si la délégation d’Ansar Dine a manifesté sa volonté à  s’engager dans la voie d’une solution politique négociée, son idéal d’islamiser le Mali reste un problème. Le principe de laà¯cité, consacré par la Constitution malienne, ne pouvant pas faire l’objet de concessions.

Que peut-on vraiment négocier avec les islamistes d’Ansar Dine?

Des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine (…) à  Ouagadougou. Même si aucune confirmation officielle n’en a été donnée, on se demande bien pourquoi cette frange de la rébellion du Nord-Mali a choisi de sortir maintenant du bois, au lendemain même de la rencontre des chefs d’états-majors de la Cédéao à  Abidjan. Ansar Dine se sentirait-il menacé et isolé, au point de devoir se déplacer à  Ouagadougou pour négocier, étant donné la probabilité d’un conflit sous-régional? Peu d’informations ont filtré quant à  la composition de la délégation des islamistes. Encore moins sur la durée du séjour et sur un éventuel entretien avec le président Blaise Compaoré, médiateur officiel de la Cédéao dans la résolution de la crise malienne. Des interlocuteurs infréquentables On ignore ce que veulent bien les islamistes qui occupent illégalement la partie septentrionale du Mali et actionnent la machine de la charia sur ce territoire. Le groupe Ansar Dine exerce de multiples exactions et brimades sur des groupes de populations vulnérables dont les femmes et les jeunes. Outre la répression, on lui reproche d’être à  l’origine de l’introduction, dans la sous-région, d’individus peu recommandables comme les narcotrafiquants et des terroristes venus de pays étrangers au continent. Cette complicité, ajoutée à  la mise en application aveugle de la charia, a sérieusement contribué à  discréditer l’organisation d’Ansar Dine aux yeux des masses ouest-africaines. Celles-ci, très religieuses, sont soucieuses du respect de leurs traditions et des valeurs humaines que véhiculent leurs cultures depuis des temps immémoriaux. Mais pourquoi recevoir ce groupe jugé non recommandable et aujourd’hui en apparence soucieux de mieux se faire connaà®tre? Il a toujours été dit que la porte du dialogue reste ouverte. Aussi ne doit-on pas exclure de les recevoir, au nom de la paix et de la culture démocratique. Même si eux savent bander du muscle et sortir des griffes. Il faut les recevoir en espérant qu’ils seront prêts à  s’amender. Car, eux et leurs alliés méritent d’être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), pour les actes posés. De fait, de quels droits un groupe d’individus non élus peut-il s’approprier des préceptes religieux pour soumettre des groupes de populations paisibles, dans un pays souverain, reconnu au plan international comme étant une République indivisible, laà¯que et ayant choisi de vivre en démocratie? Quelles sont les raisons de ces pourparlers? Pour l’exemple, en aucun cas cette agression des institutions républicaines ne devra rester impunie. Ansar Dine et autres doivent comprendre qu’il leur sera très difficile de convaincre l’opinion ouest-africaine du bien-fondé de l’Islam dont ils sont promoteurs. Encore moins lorsqu’ils s’acoquinent avec des sécessionnistes! Par leurs pratiques, ils ne feront que du tort à  cette religion qui a trop souffert de l’égarement de certains prétentieux. N’empêche, il faut les recevoir tout en demeurant vigilant. C’’est pourquoi une foule de questions taraudent les esprits. Qui est donc à  l’initiative d’une telle rencontre? Ansar Dine? Le médiateur, de façon unilatérale? s’il s’agit d’une initiative du médiateur, à  quel jeu jouerait-il? A moins qu’il n’y ait eu concertation entre la médiation et la Cédéao. On se rappelle, l’organisation sous régionale avait recommandé de négocier avec tous les groupes rebelles, à  l’exclusion des organisations terroristes dont celles d’Ansar Dine. Pourquoi donc le Burkina Faso a-t-il accepté de recevoir les islamistes qui sèment la terreur dans le Nord-Mali ? En le recevant à  Ouagadougou, le médiateur se sentirait-il redevable après le rôle joué par Ansar Dine dans la libération d’une otage suisse il y a quelques mois? Ansar Dine serait-il devenu fréquentable et partenaire au point d’envisager des actions similaires? En tout cas, ce mouvement doit en savoir beaucoup sur la situation des otages français au Mali. Il détient de ce fait une arme entre les mains. Une donne que n’ignore pas le médiateur… La stratégie de l’usure Ansar Dine cherche aussi à  miser sur le temps. Tout en donnant l’air de vouloir négocier, le groupe pourrait en même temps fourbir les armes. Car, il doit se rendre à  l’évidence: par ses pratiques anachroniques, il s’est fait aujourd’hui plus d’ennemis que d’amis en Afrique de l’Ouest. Chercher par ces temps-ci à  se repositionner semble bien trop tard. En tout cas, ses tentatives de négociations semblent plutôt viser à  déstabiliser la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) déjà  sur le sentier de la guerre. Ansar Dine voudrait brouiller les cartes, confondre le médiateur et la Cédéao qu’il n’aurait pas mieux fait. Et qu’en dira la partie des officiels maliens? Dans tout ce méli-mélo, le principal intéressé, le gouvernement malien, semble aujourd’hui répondre aux abonnés absents. Son silence, surtout le temps qu’il prend à  demander officiellement assistance en vue de reconquérir le territoire perdu, n’est assurément pas de nature à  faciliter la tâche à  la Cédéao. l’organisation sous-régionale qui a entrepris des démarches auprès du Conseil de sécurité des Nations unies attend toujours le feu vert des autorités maliennes pour venir les épauler. Dans cette attente, qu’attendre des autres composantes de la rébellion? Recevoir Ansar Dine peut bien paraà®tre comme un élément de motivation et d’encouragement à  venir négocier. Après Ansar Dine, il ne reste plus qu’Aqmi à  venir voir le médiateur! Le Pays

Mali : l’Afrique de l’Ouest envisage d’envoyer une force de 3 300 hommes

« L’effectif que nous avons estimé pour cette opération est de 3.270 hommes », a déclaré devant la presse le général Soumaà¯la Bakayoko, chef de l’armée ivoirienne. Les « gros effectifs » seront « fournis par le Nigeria, le Sénégal, le Niger » mais « tout le monde participera, y compris la Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté. Il s’exprimait à  l’issue d’une réunion de plusieurs chefs d’état-major de pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), actuellement présidée par la Côte d’Ivoire, sur la force d’intervention que la région prévoit d’envoyer au Mali. La réunion d’Abidjan est intervenue alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu par deux fois cette semaine d’apporter son soutien au projet de force d’intervention au Mali présenté par l’Union africaine (UA) et la Cedeao, le jugeant notamment trop imprécis. « Dès la semaine prochaine », des éléments de l’état-major de la Cedeao « iront à  Bamako travailler avec leurs camarades de l’armée du Mali pour voir les modalités pratiques » de l’envoi de la force, a ajouté le général Bakayoko. Engager la « reconquête » du Nord-Mali La « dernière planification » de l’opération aura lieu à  Bamako, a-t-il précisé, soulignant que le chef d’état-major du Mali, présent à  la rencontre, « a montré la volonté de l’armée malienne d’accueillir » cette force, qui devrait intervenir en soutien à  l’armée régulière. Le Mali a insisté jusque-là  sur le fait que tout éventuel déploiement d’une force ouest-africaine devait se faire à  sa demande. La réunion d’Abidjan devait servir à  valider le « concept d’opération » élaboré ces trois derniers jours dans la capitale économique ivoirienne par les militaires de la Cedeao, assistés d’experts de l’ONU, de l’UA et des Etats-Unis, entre autres. La force ouest-africaine servirait à  « stabiliser et consolider » les institutions de transition à  Bamako et, aux côtés de l’armée malienne, à  « engager la reconquête du Nord-Mali », contrôlé depuis fin mars par des rebelles touareg et des islamistes armés, avait expliqué le général Bakayoko à  l’ouverture. Il n’y aura de recours à  la force qu’« en dernier ressort, après épuisement de toutes les voies de dialogue », avait-il insisté. Le chef d’état-major de l’armée malienne, le colonel-major Ibrahima Dahirou Dembélé, a cependant jugé devant la presse « très difficile » que la situation au nord se dénoue « sans une solution militaire ». « Même s’il y a négociation, je ne compte pas beaucoup sur (la) bonne foi » des groupes armés, a-t-il souligné. Compaoré doit recevoir Ansar Eddine Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cedeao, a engagé des discussions avec la rébellion touareg et devrait recevoir dimanche le groupe islamiste Ansar Eddine. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à  ne pas « s’éterniser dans des débats sans fin », faisant valoir que « les jihadistes sont en train de se renforcer », dans une interview au Journal du Dimanche. Dans la foulée d’un putsch le 22 mars à  Bamako, l’immense région désertique du nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout d’Ansar Dine et de son allié jihadiste Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi).

Mali : la prochaine guerre

Pendant que le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive pas à  s’entendre sur le dossier syrien, il pourrait dans le même temps décider rapidement d’une intervention au Mali. Inquiet de l’installation de « troupes terroristes » dans le nord du pays, François Hollande a garanti, lundi, le soutien de la France à  une opération militaire de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), sous l’égide de l’ONU. « Si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies », a précisé le président français. « François Hollande se montre particulièrement prudent sur la question », note Antoine Glaser (1). « L’Algérie, principal partenaire dans la région, ne veut pas entendre parler de forces françaises à  ses frontières, d’autant plus que la constitution algérienne lui interdit d’intervenir chez ses voisins », ajoute le spécialiste de l’Afrique. On se souvient, de la même manière, que l’Union africaine s’était fermement opposée à  une action de l’Otan en Libye, avec le résultat que l’on connaà®t. Mais dans le cas du Sahel, l’adversaire comme le terrain demeurent autrement plus instables. L’enfer du Sahara Dans l’enfer du Sahara, un soutien international, tout du moins logistique, paraà®t indispensable. « Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à  la région, au niveau tant matériel que financier », explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à  l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n’est pas dotée », ajoute le spécialiste de l’Afrique subsaharienne. Une intervention africaine pourrait-elle dès lors ouvrir le chemin à  un envoi futur de casques bleus ? Une hypothèse « crédible en cas de besoin », juge le journaliste Serge Daniel (2). Un scénario qu’écarte de son côté Pierre Jacquemot, « étant donné les difficultés que connaà®t déjà  l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), o๠sept casques bleus ont été abattus vendredi dans une embuscade. Une fois et demie plus grand que la France, pour une densité de population qui ne dépasse pas 1,2 habitant par kilomètre carré, le nord du Mali est historiquement revendiqué par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe touareg musulman – mais laà¯que -, qui lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de la région. « Il a été aidé dans ce sens par l’ex-gouvernement français de Nicolas Sarkozy, notamment pour contrer les ambitions du groupe touareg islamiste d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe, NDLR) », indique Antoine Glaser. Ce dernier mouvement, proche d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), prône l’instauration de la charia. à‰tat islamique Or ces deux groupes touaregs, aux ambitions pourtant divergentes, se sont alliés au début de l’année dans leur lutte contre l’armée malienne. Leur percée explique en partie le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier, qui a mis fin à  dix ans de règne d’Amadou Toumani Touré. Les putschistes reprochaient notamment au président malien de ne pas assez oeuvrer pour remédier au chaos dans le nord du pays, qui a entraà®né, selon l’ONU, la fuite d’au moins 126 400 Maliens à  l’étranger depuis janvier dernier. Or, bien loin de freiner l’avancée des rebelles, la faiblesse du nouveau pouvoir s’est révélée contre-productive. Privée de tout commandement, l’armée malienne n’a pu contenir les assauts touaregs, qui se sont emparés de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois grandes villes du nord. Et coup de théâtre, le 27 mai dernier, les frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, ont annoncé leur fusion et proclamé la création de l’à‰tat islamique de l’Azawad. Une déclaration par la suite démentie par plusieurs ailes au sein du MNLA, faisant apparaà®tre d’importantes dissensions sur l’application « pure et dure » de la charia. Les erreurs afghanes « On ne peut avoir de vraie collusion entre les deux tendances », estime Pierre Jacquemot. « Les touaregs du MNLA n’accepteront jamais un à‰tat islamique sur leurs terres de Tombouctou, ni à  Gao », insiste le chercheur. Problème, selon le journaliste Serge Daniel, les forces du MLNA seraient pratiquement absentes sur le terrain face à  Ansar Dine, allié à  Aqmi. Prônant le djihad en Afrique de l’Ouest, la branche régionale d’al-Qaida aurait récemment enregistré l’arrivée de combattants venus tout droit d’Afghanistan et du Pakistan. « Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief », affirme Antoine Glaser. « Une planque parfaite », ajoute Serge Daniel. L’organisation vit aujourd’hui principalement du trafic de drogue ainsi que de rapts de civils occidentaux, dont les six otages français toujours retenus au Sahel. Aqmi s’appuierait également sur des combattants binationaux, selon Serge Daniel, formés à  perpétrer des attaques directement en France. à€ l’instar de l’Afghanistan, o๠les talibans avaient été armés par les à‰tats-Unis contre les Soviétiques, les djihadistes bénéficieraient de l’aide bien involontaire de l’Occident. « La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d’armement sophistiqué dans le nord du Mali, note Antoine Glaser. Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd’hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion. » Par Armin Arefi (1) Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, coauteur de Sarko en Afrique, avec Stephen Smith (éditions Plon) (2) Serge Daniel, correspondant de l’AFP à  Bamako, auteur de Aqmi, l’industrie de l’enlèvement (éditions Fayard)

La France et le Niger inquiets par la menace jihadiste dans le nord du Mali

François Hollande redoute « l’installation de groupes terroristes » dans cette région. Pour Mahamadou Issoufou, il s’agit d’une menace pour la région mais aussi « pour le monde ». l’option militaire, sous l’égide des Nations unies, est de plus en plus envisagée. Après avoir reçu le président béninois et actuel président de l’Union africaine, Boni Yayi, il y a deux semaines, le président français a reçu, cette fois-ci à  l’Elysée, Mahamadou Issoufou – deux entretiens qui ont porté sur un même sujet : la crise malienne et la menace jihadiste. La présence de groupes terroristes venus de pays étrangers se confirme, selon le chef d’Etat français, lors de la conférence de presse, à  l’issue de l’entretien. « Il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà  du Mali, en Afrique et peut-être au-delà  », a-t-il déclaré. Le président nigérien Mahamadou Issoufou a, lui, précisé qu’il s’agit de « jihadistes afghans, pakistanais, en tout cas étrangers au Mali qui entraà®neraient des groupes terroristes ». Soutien de la France et des Etats Unis François Hollande a par ailleurs confirmé, implicitement, son accord à  un soutien logistique français. Il a notamment précisé que la France ainsi que « d’autres puissances se mettant au service des Nations unies » appuieront la résolution qui sera présentée par la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et l’Union africaine, au Conseil de sécurité de l’ONU, si une intervention militaire était décidée. l’option militaire de plus en plus envisagée Le président nigérien veut croire à  une solution négociée mais, dit-il, « si on ne peut pas, nous serons obligés de recourir à  la guerre ». Il est vrai que, pour le moment, les efforts visant à  régler, par le dialogue, la crise dans laquelle a sombré le Mali, se sont avérés impuissants. Le sud du pays se trouve toujours sans institutions stables et le nord est totalement fragmenté par des groupes terroristes. Les risques de voir au Mali ce qui se passe en Somalie, renforcent les partisans d’une intervention militaire. C’’est le cas du chef d’Etat béninois Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine et des présidents nigérien et guinéen qui se sont rencontrés à  Conakry le week-end du 9 et 10 juin. Mahamadou Issoufou mais aussi Alpha Condé se sont clairement positionnés en faveur d’une intervention militaire pour, à  la fois, sécuriser la transition à  Bamako et chasser les groupes islamistes dans le nord du Mali. l’Algérie, pays considéré comme la puissance régionale incontournable dans la résolution du conflit, pourrait s’inscrire dans cette logique, faute de pouvoir régler la crise autrement. Dans cette hypothèse, Alger ne s’impliquerait pas directement mais pourrait apporter un soutien logistique à  une opération militaire. A ce sujet, des sources régionales, contactées par RFI, ont précisé que deux officiers maliens loyalistes, les colonels Ould Meidou et Gamou, ont été reçus, au début du mois de juin, à  Alger. Les Algériens, dans leur rôle de médiateur, pourraient ainsi chercher des partenaires locaux pour imposer la paix au Nord et les deux officiers pourraient, en tout cas, constituer le noyau autour duquel l’armée malienne, appuyée par la communauté internationale, pourrait envisager la reconquête du Nord. Otages français enlevés au Mali La situation des six Français retenus en otage au Sahel a également été au coeur des entretiens entre les présidents Mahamadou Issoufou et François Hollande. Quatre Français, employés du groupe nucléaire Areva et de son sous-traitant Satom, ont été enlevés à  Arlit dans le nord du Niger, le 16 septembre 2010, avec trois autres personnes, libérées depuis. Par ailleurs, deux autres Français ont également été enlevés par des hommes armés dans leur hôtel, à  Hombori, dans le nord du Mali. Cela fait 200 jours que Philippe Verdon et Serge Lazarevic ont été kidnappés par al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Une quarantaine de parents et amis des deux otages français se sont rassemblés, ce lundi 11 juin, sur le Parvis des droits de l’homme, à  Paris. Le président nigérien a déclaré que, selon les informations disponibles, ils étaient « vivants » et « en bonne santé ». Invité de RFI, Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, regrette que ces propos n’apportent pas plus de précisions sur le sort des deux hommes.

MNLA vs Ansar Dine : duel entre frères ennemis

Après l’alliance ratée entre le groupe rebelle indépendantiste et le mouvement islamiste Ansar Dine, des affrontements ont opposé les deux factions qui se disputent le nord avec une nette prédominance d’Ansar Dine dirigé Iyad Ag Ghaly. Tous issus du nord, les leaders de ces groupes armés peinent à  s’entendre désormais empruntant la voie des armes, et au risque d’installer une guerre tribale dans le nord du Mali. « Affrontements nourris » « Les combattants du MNLA et ceux d’Ansar Eddine se sont affrontés dans la nuit de jeudi à  vendredi dans la périphérie de Kidal », a déclaré un fonctionnaire de la ville, joint par téléphone depuis Bamako. « Le calme est revenu à  l’aube », a-t-il ajouté, tout en précisant avoir «constaté que les quelques drapeaux du MNLA qui flottaient dans la ville ont été enlevés ». « à‡a a vraiment tiré. Ansar Eddine était au nord de Kidal, un groupe du MNLA au sud », a déclaré un autre civil. Les deux témoins ont dit ne pas avoir d’informations sur d’éventuelles victimes, selon l’AFP. Désormais, l’un de ces groupes veut avoir le contrôle exclusif du nord. Si Ansar Dine n’a pas réussi à  absorber le MNLA, avec l’instauration d’une République Islamique de l’Azawad, le recours à  la force montre les intentions du groupe islamiste de diriger la zone. A Kidal, dans l’Adrar des Ifoghas, région dont est originaire Iyad Ag Ghaly, le MNLA en parti soutenu par les habitants n’entend pas se laisser écarter. Par ailleurs, les islamistes accusent les rebelles d’avoir manipulé les femmes de Kidal contre eux, en les incitant à  la marche du 6 juin dans les rues de la ville. Vers une guerre des clans ? La division s’installe désormais entre les deux groupes armés, qui ont combattu côte à  côte pour la prise des villes du nord, début Avril au moment o๠Bamako vivait le putsch du 22 Mars. Si Ansar Dine a prêté main forte au MNLA pour la prise de villes comme Tessalit ou Aguel’hoc en fin janvier, le MNLA se voit exclu des zones de contrôle, qu’il a longtemps convoitées. L’alliance ratée a ensuite sonné le glas de relations impossibles entre deux mouvements qui poursuivent des objectifs différents. Après l’échec du dialogue, l’affrontement a fini par avoir lieu :  » Que ces deux groupes s’affrontent ne profitent à  personne. Ni au pouvoir de Bamako, qui aura affaire à  plusieurs ennemis. Mais surtout, il y a un véritable danger pour les populations qui vivent sous l’emprise de ces groupes armés », estime l’avocat Mamadou Konaté, observateur de la crise du nord. Jeudi 7 juin, l’Union Africaine, au terme de la réunion d’Abidjan, a appelé à  une saisine du Conseil de sécurité des Nations Unies pour une intervention militaire au nord. Le temps presse désormais.

A Kidal, jeunes et femmes se révoltent contre Ansar Dine

Si l’intervention militaire se fait toujours attendre au nord, la population excédée par la pression des islamistes se révolte. Après Gao début mai, c’est autour des jeunes et des femmes de Kidal, de manifester leur ras-le-bol. La marche aurait commencé aux environs de 7h, regroupant près de 500 jeunes au rond point central de la ville. A Kidal, les manifestants ont marché en direction de l’aéropot, en fumant des cigarettes pour braver la police et les islamistes. A la différence des jeunes qui avaient marché à  Gao et été réprimés, ceux de Kidal se sont rendus chez des noabilités de la ville, pour protester. Au moment o๠l’alliance entre Ansar Dine et le MNLA a échoué, les jeunes de Kidal, revendiquent leur préférence pour le groupe indépendantiste. Azawadiens dans l’âme, ils ont brandi des banderoles, et pris à  parti les islamistes, qui empêchent tout loisir et liberté dans la ville. « Les femmes s’en mêlent » Après les jeunes, environ 300 ressortissantes de Kidal, ont poursuivi le mouvement dans la journée du 5 juin. Prises à  partie par les forces de l’ordre, elles se défendront à  coup de jets de pierre : «Les femmes déclenchent aussitôt une intifada. Les jets de pierres par les marcheuses déclenchent les coups de cravache par Ansar Dine. Quatre femmes sont blessées légèrement mais la cruauté de la police islamique décuple la détermination des femmes qui intensifient la lapidation», note un confrère du Républicain. Depuis la prise des trois villes du nord Mali, le groupe Ansar Dine tente d’imposer la charia et des règles islamiques sévères qui obligent les femmes et les jeunes filles à  porter le voile oà¹ à  interdire les loisirs comme jouer au football, écouter de la musique ou fumer des cigarettes. En réaction, les manifestantes enlèveront leur voiles et les jeunes fumeront des cigarettes au nez et à  la barbe des islamistes. En promettant de remettre ça. Le MNLA qui a ses bases à  Kidal, ne veut pas être absorbé dans l’idéologie d’Ansar Dine. Le bras de fer ne fait que commencer.

Nord Mali : l’imminence d’une offensive malienne…

La visite du Premier ministre, aux militaires de Ségou, le 1er juin, précède t’elle une offensive de l’armée malienne vers le nord. Les deux tiers du territoire, de Tessalit à  Douentza, sont contrôlés, depuis le début du mois d’Avril, par les rebelles du MNLA et divers groupes armés ou djihadistes comme Ansar Dine et Aqmi. A Sévaré, un militaire nous informe que les troupes se préparent. Là , à  600km, sont rassemblés quelques milliers de soldats maliens. « Ils préparent des MIG, des chars de combats, peaufinent les stratégies ».  » Pas un centimètre carré de territoire ne sera cédé  » L’offensive viserait à  libérer Douentza, à  800km de Bamako et dernier rempart contre les occupants, un point stratégique pour ensuite progresser vers le nord. « Il n’est pas question de renoncer à  un seul centimètre carré de notre territoire », avait déclaré Cheick Modibo Diarra aux soldats à  Ségou. Pour motiver davantage, les troupes, une « prime d’opération », serait prévue pour ceux déployés au front.Démoralisée, décapitée de son commandement aux premières heures de l’attaque de la rébellion, et surtout traumatisée par l’attaque d’Aguelhok, fin janvier, l’armée malienne a certainement besoin d’être galvanisée pour retourner au front. » Avoir le matériel oui, mais pas les hommes, n’aident pas une guerre! », analyse un éditorialiste malien. Du côté de Bamako, au ministère de la Défense, on ne laisse rien filtrer. « C’est le matériel qui est entrain d’être préparé, on rassemble, mais ce sont les militaires qui manquent à  l’appel », témoigne, un ancien de la Sécurité d’Etat. La première sortie du Premier ministre à  Ségou était nécessaire, témoigne un officier en poste à  Bamako. « Discrétion totale » Des soldats ont été déployés à  Sévaré (base du commandement opérationnel pour le nord depuis la prise de Gao en avril dernier) à  partir des camps de Ségou, Sikasso et Kayes pour étoffer l’effectif. Et pour mener ces hommes au combat, deux hommes, les généraux Mahamadou Maà¯ga (gouverneur de Kayes) et Minkoro Kané qui sont réputés dans l’art de la guerre et respectés par les troupes et la hiérarchie militaires. La stratégie de reconquête du nord, inclut par ailleurs, des éléments de renforts comme les milices sonrhais du nord (Ganda Izo et Ghanda Koy). En attendant l’appui des forces d’intervention étrangères comme celles de la CEDEAO ou la communauté internationale, l’armée malienne, dont le rôle premier est la défense de l’intégrité territoriale du Mali, semble reprendre du galon. Si cette offensive s’avérait un succès, elle conforterait la position du gouvernement, en vue des négotiations avec les occupants du nord, notamment un certain Iyad Ag Ghaly…

Le MNLA rejette la fusion avec les islamistes d’Ansar Dine

La fusion entre les rebelles touaregs du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine n’est plus d’actualité. Dans un communiqué du bureau politique et du bureau exécutif, le MNLA rejette catégoriquement l’accord signé le 26 mai avec Ansar Dine à  Gao. Le texte élaboré par les deux mouvements faisait mention d’un Etat islamiste de l’Azawad indépendant régi par la loi islamique. Le MNLA dénonce ce texte jugé trop radical, contraire à  ses valeurs. Depuis dimanche de nombreuses voix se sont élevées à  Gao, Tombouctou, mais aussi dans les diasporas tamacheks pour dénoncer un accord jugé inacceptable. Selon des cadres du MNLA présents à  Gao, ce texte est incompatible avec les valeurs du MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad : il y est question d’Etat islamique entièrement fondé sur le Coran, et sur la sunna. « Un accord mort-né  »  » Aujourd’hui, nous mettons fin totalement à  cet accord. Ansar Dine veut absolument appliquer la charia, et nous nous sommes un mouvement laà¯que. Il n’a jamais été question de mouvement intégriste (…) Cette rupture peut coûter cher au MNLA. Mais nous sommes les seuls à  pouvoir combattre les islamistes dans cette région. Nous savons le faire. » Au MNLA, on se défend d’avoir cru à  cet accord « en se rapprochant d’Ansar Dine ,on voulait éviter à  des jeunes de chez nous d’aller se perdre chez Aqmi, mais finalement», reconnait ce cadre de Gao « nous avons été floués ». Certains accusent l’intransigeance d’Ansar Dine sur la question de la charia mais accusent aussi des responsables du MNLA qui ont joué depuis le début, un double jeu vis-à -vis du groupe de Iyad Ag Ghali : ce rejet unilatéral va faire tomber les masques et clarifier les positions mais le MNLA joue gros. Parmi les dirigeants, on ne cache pas l’inquiétude de voir partir des combattants vers Ansar Dine, plus riche et plus fort. Mais, on se dit prêt à  prendre ce risque pour démontrer à  la communauté internationale que le MNLA peut être un partenaire crédible pour lutter contre les terroristes d’Aqmi, Al-Qaà¯da au Maghreb islamique.

Etat Islamique de l’Azawad : un mariage sous l’épée

Après avoir annoncé leur projet de fusion, le MNLA et le groupe islamiste Ansar Dine ne s’entendent déjà  plus sur les bases de la création de l’Etat Islamique de l’Azawad. Si Ansar dine reste inflexible sur l’application pure et dure de la charia, le MNLA penche pour l’instauration d’une charia modérée afin de rester dans les bonnes grâces de la communauté internationale. Cette partie du communiqué final, constitue la pomme de discorde entre les deux groupes armés occupants le nord du Mali. «Â Alliance dangereuse » Il y’a tout juste une semaine, précisément le 22 mai, le parlement européen a invité une délégation du MNLA composé de Hama Aga Sidi Mahmoud, ancien ministre de Moussa Traoré (et chef de la délégation), Zakiatou Walatt Halatine, ex ministre d’Alpha Oumar Konaré et Moussa Ag Assarid, jeune écrivain et porte-parole du MNLA en France. Cette rencontre avait été initiée en faveur du MNLA par l’Eurodéputé corse François Alfonsi, président du groupe d’amitié «Â Euro Amazigh » au parlement européen. Mais avec l’alliance conclue avec les islamistes, la position des rebelles et leur volonté d’autonomisation géographique et politique n’est plus défendable aujourd’hui. D’emblée, l’alliance a été unanimement rejetée. «Â Avec Iyad ou contre Iyad » Sur l’application de la charia, le MNLA, réfute le protocole d’accord initial entendu avec le groupe Ansar Dine : «Â  Nous avons refusé d’approuver le communiqué final, parce qu’il est différent du protocole d’accord que nous avons signé », a déclaré Ibrahim Assaley, élu du Nord malien et membre du MNLA. « Dans le communiqué écrit par Ansar Eddine, on parle d’application de la charia « pure et dure », on parle aussi d’interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes : ce n’était pas précisé dans le protocole d’accord », a poursuivi l‘élu. De son côté, Ansar Dine garde une position de fermeté. Sans attendre d’être en parfaite harmonie avec le MNLA, le mouvement a déjà  consolidé ses bases avec AQMI, lors d’une rencontre tenue le lundi à  Tombouctou entre chefs djihadistes. « La rencontre est terminée. Ils ont consolidé leurs relations », a déclaré à  l’AFP l’entourage d’un imam de la grande ville. Le MNLA ne serait alors qu’un recrutement massif d’hommes et de logistique pour Ansar Dine dont l‘idéologie dépasse les frontières de l‘état de l‘Azawad. Une alliance de forme, qui dans le fond, servirait davantage AQMI dont les objectifs sont en parfaite corrélation avec ceux d’Iyad Ag Ghaly. Dans ce cas précis, le MNLA, s’il veut survivre dans la toile d’araignée du nord, devra revoir sa stratégie pour défendre l’irrédentisme touareg longtemps recherché. Au même moment, une nouvelle mouvance, dite du Front de libération du Nord Mali(FLNM) a fait irruption sur la scène.

Quand TV5 Monde confond Ansar Dine et Ançardine » !

Après la diffusion dimanche soir d’un reportage sur la fusion des deux mouvements rebelles (Ansar Dine et MNLA qui occupent les deux régions nord du Mali depuis fin mars 2012), avec en arrière plan des images du leader de l’Association nationale Ançar-dine Cheick Chérif Ousmane Manani Haà¯dara, ses partisans ont rencontré la presse pour exprimer leur indignation. Ançardine ou Ansar « Cheytane » ? Les responsables du mouvement islamique renient toute forme de connivence avec le groupe Ansar Dine qui opère aux cotés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour l’islamisation sauvage des régions du nord du Mali. «Â Nous sommes indignés même si nous pensons que C’’est par erreur que la chaine a diffusé ces images. Une chose est claire, nous n’avons rien à  voir avec groupe qui opère au nord » a indiqué Me Lahou Touré, avocat de l’Association religieuse. «Â Nous acceptons les excuses, mais nous exigeons d’autres actions pour blanchir notre mouvement ». Le seul fait que l’image diffusée ne colle pas à  la réalité, pourrait conduire l’association religieuse à  intenter une action en diffamation contre TV5 Monde. Une question d’honneur Pour le moment, dit-il, il n’est pas question de porter plainte contre TV5 d’autant plus que les responsables de la chaine ont reconnu leurs erreurs en présentant publiquement leurs excuses.  «Â Ce n’est pas une question d’argent qui pourrait nous emmener à  porter plainte, mais une question d’image et d’honneur ». La référence à  la bande d’Iyad Ag Alhy (leader d’Ansar Dine au nord) relève «Â d’une mauvaise foi notoire de sa part et celle de ses complices se trouvant ici à  Bamako même qui n’ont d’autre objectif que de nuire à  l’Association Ançardine ». l’avocat ajoute que l’Association Ançar-dine a été crée il y a vingt ans au Mali en vertu d’un récépissé délivré par les autorités maliennes, dans le but de «Â soutenir les idées et les valeurs authentiques de l’islam ». Pour eux l’Association Ançardine est bien différente de ce qu’ils appellent « Ançar-cheytane » dirigée par Iyad Ag Alhy. Selon Mahamadou Diallo, Imam de la mosquée de Torokorobougou, la fusion intervenue le week-end dernier entre les deux mouvements rebelles (Ançar-dine-MNLA)donnent un signal fort à  la classe politique malienne qui a tout intérêt à  cesser les querelles de leadership et de positionnement pour faire de l’affaire du nord la vrai priorité.

Le MNLA sous l’aile d’Ansar Dine

Après la République autoproclamée de l’Azawad, la République islamique de l’Azawad. Les rebelles indépendantistes du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont fini par se plier à  la loi du plus fort, à  savoir Ansar Dine et sa charia. Plus question d’un Etat laà¯c indépendant pour le MNLA, qui répétait depuis des mois sa volonté d’instaurer un Etat libre et démocratique dans le Nord du Mali et de combattre Al Qaà¯da au Maghreb Islamique (Aqmi). Ansar Dine en position de force Les voilà  désormais main dans la main avec les islamistes d’Ansar Dine, menés par l’ancien rebelle touareg Iyad Ag Ghaly. Dès la conquête des principales villes du Nord début avril, ils ont cantonné le MNLA aux périphéries et ont descendu le drapeau de l’Azawad pour le remplacer par le drapeau noir islamiste. La preuve de leur puissance. Mieux équipés, plus nombreux que le MNLA, ils sont les principaux artisants des défaites de l’armée malienne dans plusieurs villes du Nord. Ils avaient tenu à  le faire savoir dans un vidéo diffusée sur internet. On y voyait les combattants d’Ansar Dine attaquer Aguel’Hoc, o๠plusieurs dizaines de soldats maliens ont été tués et exécutés. de transition Se prémunir d’une contre-offensive de l’armée malienne A la différence du MNLA, qui souhaite un Etat indépendant limité aux régions du Nord, Ansar Dine prône l’imposition de la charia à  l’ensemble. De quoi faire craindre une « afghanisation » de la région. D’autant qu’en l’absence de réaction militaire du Mali et de la communauté internationale les nouveaux alliés ont tout le temps de grossir leur rang de jeunes désœuvrés. Composé de 1500 hommes au début de la rébellion, le MNLA aurait atteint plus de 5000 combattants aujourd‘hui, selon l’hebdomaire Jeune Afrique. Beaucoup ont fait défection pour rejoindre les rangs d’Ansar Dine. Cette alliance de circonstance semble pour eux un moyen de ne pas perdre la face. Des négociations facilitées ?  » C’’est une alliance de forme, au cas o๠ce groupe armé aurait affaire à  une attaque de l’armée malienne, a témoigné Zeidane Sid Alamine, ancienne figure de la rébellion des années 90, sur les ondes de RFI. Ils sont plus proches d’Ansar Dine que d’AQMI », pense-t-il. Côté malien, on rejette cette alliance. Côté Cédéao, on préfère penser qu’avoir à  faire à  une seule organisation pourrait faciliter la négociation, option préférée par le gouvernement de transition

Forum sur le nord : Les élus à coeur ouvert

L’on retiendra une salle pleine à  craquer à  l’ouverture du Forum sur le nord, organisé le 17 Mai, par le parti pour la Renaissance Nationale (Parena) et chapeauté par son président Tiébilé Dramé : «Â Notre réunion se tient dans un contexte d’impasse politique et institutionnelle particulièrement grave ». Pour l’ancien médiateur de la crise Malgache, les interrogations sont nombreuses mais l’heure est aux solutions : «Â Nous avons le devoir de conjuguer nos efforts, de créer les synergies nécessaires, de nous unir autour de cette grave question. C’’est à  cette question que nous pourrons apporter une contribution efficace à  la résolution de la crise qui nous a fait perdre plus de 2/3 du territoire », a précisé Tiébilé Dramé.  » Retour sur les accords de paix » Face à  Tiébilé Dramé, modérateur du forum, de nombreuses personnalités ont fait le déplacement à  l’hôtel Nord Sud de Bamako, des élus du nord, d’anciens ministres du régime AT, des diplomates et représentants de l’Union Européenne. Face à  lui, de nombreuses personnalités ont fait le déplacement à  l’hôtel Nord Sud de Bamako, des élus du nord, d’anciens ministres du régime AT ou des diplomates ou représentants de l’Union Européenne. Après les thématiques, sur les différents accords de paix, le Pacte National, les Accords d’Alger, les revendications des mouvements armés comme le MNLA et Ancar Dine, et l’implication de la communauté, la deuxième partie du forum a permis aux uns et aux autres de s’exprimer librement, l’occasion pour chacun de dire ses vérités sur ce qui a conduit à  la partition du territoire malien : « Catharsis » «Â Dans le Nord, il n’y avait plus d’état. On n’avait pas l’impression de faire partie du Mali », a décrié Mahamane Touré, le maire de Bourem, en évoquent l’abandon des régions du nord, devenues des zones de non droit o๠tous les trafics ont fleuri au fil des ans. Sans compter la présence d’Aqmi, le réseau terroriste spécialiste des enlèvements d’occidentaux… «Â Le Nord est un problème national de premier ordre. Les Maliens doivent se parler », estime Mamadou Diagouraga, ancien commissaire au Nord. Et de faire un bilan critique de la mise en œuvre du Pacte National de 1992. Pour Zeidane Ag Sidalamine, ex Secrétaire général du Mouvement des Fronts Unifiés de l’Azawad (MFUA) : «Â Les pistes de réponse à  cette crise du nord, se trouvent dans ce même Pacte National ». l’ancien rebelle va plus en loin en pointant la responsabilité du nord : «Â Le nord doit s’auto-accuser et s’auto-flageller ! ». « Décentralisation et démilitarisation » Auto flagellation ? l’on n’y était avec des interventions dynamiques ou patriotiques appelant à  l’unité nationale ou décriant l’absence de volonté politique aussi bien du côté du pouvoir central que des élites du nord. «Â Le processus de décentralisation n’a pas été mené comme il le faut !», ajoute Sidalamine. Plus dramatique, précise Tiébilé Dramé : « l’allégement progressif des forces armées, n’a-t-il pas crée l’insécurité au nord ? A partir de 2006, les Accords d’Alger n’ont-il pas définitivement levé la sécurité au nord ? » «Â  Va t-en guerre ? » Quant à  la reconquête des territoires du nord, là  encore, les avis divergent. Pour Mohamed Ag Erlaf, ancien ministre : «Â Il est impossible de faire la guerre avec l’armée actuelle. Il y’a plutôt lieu de se demander quel type d’armée ou quel type de militaire il nous faut au nord ? ». Une solution à  la nigériane est-elle possible ?  » Au nord du Nigéria, il y a des régions qui s’auogouvernent en appliquant la charia. Une telle configuration est-elle envisageable au Mali pour suavegarder l’intégrité territoriale du Mali, avec la présence d’Ansar Dine ? », se demande Tiébilé Dramé. Pour Richard Zink, Ambassadeur de l’Union Européenne, la déclaration de la Haute représentant de l’UE, Cathetine Ashton fait écho: «Â Il appartient au gouvernement intérimaire de décider quel appui, y compris militaire, il souhaite des partenaires extérieurs, et de qui ?  » Pour Awa Assadana, vice présidente de l‘assocation Temedt, l’inquiétude demeure sur le risque de guerre civile au nord avec la révolte des habitants de Gao le 14 Mai. Malgré tout, elle est contre une intervention de la CEDEAO : «La CEDEAO ne peut pas intervenir au nord Mali. Sur quelle base la CEDEAO va-t-elle nous libérer ? Peut-on faire confiance à  ces «Â mercenaires » qui ont violé, tué et pillé sur d’autres terrains d’intervention et propagé le Sida ? ». «Â Si quelqu’un a une meilleure idée que l’intervention de la CEDEAO, qu’il le dise », a lancé de son côté El Hadj Baba Haidara, un député de Tombouctou. «Il y a ici, des pro et des anti-putschistes, C’’est bien la preuve que l’on peut encore se parler », a conclu Tiébilé Dramé, après une longue journée d’échanges. Les conclusions du Forum seront-elles portées à  la connaissance du grand public –

La CEDEAO doit-elle intervenir rapidement au Mali ?

Les 3 régions du nord Mali s’enlisent davantage après leurs annexions fin mars par différents groupes rebelles. La population elle hausse le ton et manifeste contre les envahisseurs. En témoigne la descente lundi 14 Mai, de jeunes de Gao dans la rue pour dénoncer l’invasion des rebelles depuis maintenant 40 jours. «Â Tout le monde en a marre des groupes armés », déclare Ousmane Telly, un fonctionnaire à  Gao. A Kidal, d’autres se sont levés pour soutenir le MNLA, en rejetant le mouvement Ancar Dine qui impose la charia. Une pratique incompatible avec les réalités des habitants du nord. Face à  une telle situation, la question d’une intervention militaire de la CEDEAO fait débat. «Â  Le bras de fer CNRDRE/CEDEAO » Le CNRDRE, suivi par une bonne partie de la classe politique et même de la société civile ont affiché leur opposition au déploiement à  Bamako pour dit-on «Â sécuriser les organes de la transition ». Pour eux, l’urgence demeure le nord. «Â Nous ne voulons pas d’une force étrangère à  Bamako. s’ils veulent nous aider, qu’il descendent au nord », disait le leader du CNRDRE, Amadou Haya Sanogo, dans l’une de ses déclarations. La rencontre des Chefs d’Etats de la CEDEAO, le 3 mai dernier à  Dakar, avait instruit à  la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de préparer la force en attente de la CEDEAO en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en ferait la demande. Tout serait déjà  prêt militairement coté CEDEAO pour appuyer le Mali. La CEDEAO prête à  intervenir » Dans sa dernière déclaration, faite à  Abuja, sur la situation au Mali, les chefs d’Etats Majors de la CEDEAO ont réitéré leur engagement ferme pour le rétablissement rapide de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. «Â A cet égard, la Commission est prête, dès qu’une demande formelle sera faite par le Gouvernement, pour déployer la Force en Attente de la CEDEAO afin de protéger les couloirs humanitaires et d’apporter une assistance aux efforts de rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation », indique le communiqué. C’’est dire que la balle est dans le cas du Gouvernement malien. Mais, assurément, l’avènement des forces Ouest africaines n’est pas pour l’immédiat. Vu que leur présence n’est sollicitée qu’au nord. Le Gouvernement de la transition s’attelle plutôt à  adopter un plan de dialogue avec les différents groupes rebelles au nord, en prélude à  toute initiative militaire. Concernant la crise au Nord, l’émissaire Djibrill Bassolé a indiqué que des contacts sont en cours en vue d’un dialogue entre gouvernement malien et mouvements armés. «Â Je pense que très bientôt nous aurons les premiers entretiens, », a t’il dit, sans autre précision.

Révolte et indignation à Gao

Depuis qu’Ansar Dine s’est érigé en maà®tre dans la cité des Askia, la population n’en finit plus de subir interdictions et contraintes. Le mouvement d’Iyad Ag Ghaly y a banni toutes les activités comme le foot, la projection de vidéos ou encore les rassemblements de jeunes. « Trop, c’est trop ! » Pour ceux qui sont restés sur place, C’’est l’enfer. Les autres ont quitté la ville depuis le début de la prise de Gao par les rebelles le 31 Mars. Les occupants auraient même tenté de profaner les tombeaux des fondateurs de la ville. «Â Les civils ont organisé une ceinture de protection. La tension est montée », a ajouté ce responsable municipal. Après la profanation d’un Mausolée à  Tombouctou, les rebelles qui ont auto-proclameé l’indépendance de l’Azawad semblent n’avoir aucun respect pour les vestiges culturels qui font la valeur des villes du nord Mali. Et pour dire non à  l’application de la charia , des jeunes, des femmes sont descendus dans rue ce lundi dans la rue. Selon des témoins, dans un des quartiers, des manifestants ont arraché les drapeaux d’Ansar Dine et du MNLA et ont hissé à  la place le drapeau national malien. « Les femmes, les enfants, les jeunes… tout le monde était dehors et demandait le départ de groupes armés. Nous n’avons plus peur. Trop, c’est trop », a affirmé Abdoulaye Diré, animateur d’une radio locale, selon l’AFP. « Riposte des groupes armés « A Gao, la situation empire de jour en jour. Viols, exactions sommaires, manque de nourriture et de soins de santé, les organisations humanitaires comme Human Right Watch (HWR) ont plusieurs fois tiré la sonnette d‘alarme. Certains témoignages font état de pratiques qui vont à  l’encontre du respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression. Le respect de la personne humaine est lui constamment bafoué. En riposte à  la manifestation, un témoin a affirmé que les hommes du MNLA et d’Ansar Eddine tiraient en l’aire pour effrayer la foule. Les rebelles contrôlent les entrées et sorties de la ville et se promènent continuellement à  bord de jeeps, armés jusqu’aux dents, pour créer un climat de psychose à  Gao. Alors qu’un premier bilan de l’affrontement fait état de 5 blessés selon une source hospitalière, cette révolte populaire à  Gao, montre bien que tous les ressortissants du nord ne partagent les revendications indépendantistes et idéologiques du MNLA ou du groupe Ansar Dine. Du reste, Gao, qui s’est levé ce lundi 14 Mai, pour dire non, pourrait être à  l’avant du combat ultime contre l’occupation du Nord.

Profanations à Tombouctou, au nom de quoi ?

Ce vendredi 04 mai, des combattants du groupe islamiste malien Ançar Dine ont attaqué le mausolée de l’un des saints les plus vénérés de Tombouctou, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils ont brisé les fenêtres et le portail en bois de la tombe de l’érudit Sidi Mahmoud Ben Amar, avant d’y mettre le feu, selon des témoins. C’’est bien la premières fois qu’un acte de dégradation gratuite d’un lieu considéré comme sanctuaire se produit au Mali. « C’est trop difficile à  supporter » «Ce que vous faites est haram ! » a déclaré l’un des hommes armés aux témoins effarés qui assistaient à  la scène. « Demandez directement à  Dieu plutôt qu’à  un mort », a-t-il ajouté avant que ses camarades et lui ne rentrent dans le mausolée. Ils y ont déchiré et brâlé aux yeux de tous des morceaux d’étoffes blanches qui recouvraient le mausolée du saint, selon notre témoin. Pour les hommes d’Ançar Dine, la vénération du saint musulman est contraire à  l’islam. Ils ont d’ailleurs annoncé qu’ils reviendraient détruire d’autres mausolées. Les villes du nord du Mali, hauts lieux d’érudition et de piété musulmane disposent de nombreux lieux de recueillement comme celui profané le week-end dernier. Le gouvernement malien a publié un communiqué condamnant un «acte innommable perpétré au nom de l’islam, une religion de tolérance et de respect pour la dignité humaine». l’Unesco pour sa part n’a pas réagi mais l’organisation onusienne n’a cessé de demander aux belligérants de la crise malienne de ne pas s’en prendre aux trésors culturels dont recèle le nord du Mali. Les populations, quand à  elles se rongent le frein, impuissantes qu’elles sont devant des hommes armés. Mais selon un élu originaire de Tombouctou, la révolte gronde car «il s’agit d’un événement qui affecte la dignité des gens. Cette tombe est sacrée, c’est trop difficile à  supporter», a déclaré El Hadj Baba Haidara. La profanation d’un tombeau, à  plus forte raison, celle de personnages réligieux considérés comme bénis, est un sacrilège aux yeux de toutes les réligions. L’imaginaire collectif lui attribue comme chatiment la malédiction de l’auteur de l’acte et de sa descendance. Plusieurs rumeurs avaient couru dans Tombouctou évoquant des cas de folie ou de morts inexpliquées suite à  d’autres profanations et autres actes posés depuis le début de l’occupation des villes du nord, à  la fin du mois de mars.

L’otage suisse libérée, Ançar Dine fait sa publicité

Dix jours. La durée de captivité de Béatrice Stockly aura été très courte si l’on pense aux autres otages prisonniers depuis des mois. Elle se trouve désormais au Burkina-Faso. Elle y a été accueillie par les autorités après avoir voyagé en hélicoptère depuis Tombouctou aux côtés du chef d’état-major particulier du président burkinabè Blaise Compaoré, le général Gilbert Djindjéré, venu la chercher avec deux représentants du ministère suisse des Affaires étrangères. A son arrivée à  la base militaire de Ouagadougou, elle n’a pas voulu s’exprimer devant les nombreux journalistes venus l’accueillir. La seule déclaration a été faite par le général Djindjéré : « Elle ne veut pas repartir en Suisse, elle ne souhaite pas quitter la région pour le moment et va rester au Burkina deux ou trois jours, le temps de réfléchir. » La Suisse déconseille de se rendre au Mali depuis 2009 « Son état de santé est bon, compte tenu des circonstances », a déclaré dans un communiqué le Département fédéral des affaires étrangères suisse (DFAE), qui remercie les autorités du Mali et du Burkina-Faso. Le DFAE n’a pas manqué de rappeler qu’il déconseille « depuis le 1er décembre 2009 de se rendre au Mali en raison du risque élevé d’enlèvements » et qu’il recommande aux Suisses résidant au Mali de quitter momentanément le pays depuis le 30 mars 2012. Qui est Béatrice Stockly ? Agée d’une quarantaine d’années et vivant depuis longtemps à  Tombouctou, Béatrice Stockly est passée outre ces consignes. Missionnaire protestante, très impliquée dans les actions sociales, elle n’a pas jugé utile de quitter Tombouctou, même après la prise de la ville dans les premiers jours du mois d’avril par des groupes islamistes armés souhaitant imposer la charia. La Suissesse avait initié plusieurs actions en faveur des populations. En janvier dernier, ses partenaires avaient procédé à  l’inauguration d’une école à  20km à  l’ouest de Bamako. Ansar Dine en profite Le Burkina Faso affirme qu’il n’a pas versé de rançon, rapporte RFI selon qui la Suisse a néanmoins « accepté une formule pour que de respectables liasses d’euros soient versées ». En faisant l’intermédiaires entre les ravisseurs – supposés êtres membres d’un autre groupe islamistes – et les autorités régionales, Ançar Dine mené par Iyad Ag Ghaly s’est donné l’image d’un interlocteur utile, étranger aux barbaries d’Al Quaeda au Maghreb islamique. La libération de Madame Stockly porte à  19 le nombre de personnes toujours détenues au Sahel.

Libération de l’otage suisse, la belle affaire d’Ançar Dine

Dix jours. La durée de captivité de Béatrice Stockly aura été très courte si l’on pense aux autres otages prisonniers depuis des mois. Elle se trouve désormais au Burkina-Faso. Elle y a été accueillie par les autorités après avoir voyagé en hélicoptère depuis Tombouctou aux côtés du chef d’état-major particulier du président burkinabè Blaise Compaoré, le général Gilbert Djindjéré, venu la chercher avec deux représentants du ministère suisse des Affaires étrangères. A son arrivée à  la base militaire de Ouagadougou, elle n’a pas voulu s’exprimer devant les nombreux journalistes venus l’accueillir. La seule déclaration a été faite par le général Djindjéré : « Elle ne veut pas repartir en Suisse, elle ne souhaite pas quitter la région pour le moment et va rester au Burkina deux ou trois jours, le temps de réfléchir. » La Suisse déconseille de se rendre au Mali depuis 2009 « Son état de santé est bon, compte tenu des circonstances », a déclaré dans un communiqué le Département fédéral des affaires étrangères suisse (DFAE), qui remercie les autorités du Mali et du Burkina-Faso. Le DFAE n’a pas manqué de rappeler qu’il déconseille « depuis le 1er décembre 2009 de se rendre au Mali en raison du risque élevé d’enlèvements » et qu’il recommande aux Suisses résidant au Mali de quitter momentanément le pays depuis le 30 mars 2012. Qui est Béatrice Stockly ? Agée d’une quarantaine d’années et vivant depuis longtemps à  Tombouctou, Béatrice Stockly est passée outre ces consignes. Missionnaire protestante, très impliquée dans les actions sociales, elle n’a pas jugé utile de quitter Tombouctou, même après la prise de la ville dans les premiers jours du mois d’avril par des groupes islamistes armés souhaitant imposer la charia. La Suissesse avait initié plusieurs actions en faveur des populations. En janvier dernier, ses partenaires avaient procédé à  l’inauguration d’une école à  20km à  l’ouest de Bamako. Ansar Dine en profite Le Burkina Faso affirme qu’il n’y a pas eu de rançon, rapporte RFI selon qui la Suisse a néanmoins « accepté une formule pour que de respectables liasses d’euros soient versées ». En faisant l’intermédiaires entre les ravisseurs – supposés êtres membres d’un autre groupe islamistes – et les autorités régionales, Ançar Dine mené par Iyad Ag Ghaly s’est donné l’image d’un interlocteur utile, étranger aux barbaries d’Al Quaeda au Maghreb islamique. La libération de Madame Stockly porte à  19 le nombre de personnes toujours détenues au Sahel.

La photo du jour

L’affiche trône un peu partout dans Bamako. Sur cette carte du Mali, on voit deux yeux en larmes. Et un point d »interrogation. Difficile de ne pas faire le lien avec la situation au nord. A visée sociale, l’affiche lance appel au peuple malien pour s’engager en faveur du nord Mali, occupé par les rebelles et les mouvements islamistes. En voyant cette photo, c’est notre fibre patriotique qui est directement touchée. L’initiative vient elle du groupement des agences de communication du Mali. Sur le front social, les initiatives se multiplient ; celle du Collectif « Cri du coeur » qui a lancé une caravane humanitaire en direction des populations du nord Mali. Ou encore l’envoi de vivres et de médicaments par diverses associations sensibles au sort de leurs compatriotes du nord. La Croix Malienne elle vient d’acheminer cinq tonnes de vivres et des médicaments à  Tombouctou menacée d’une crise humanitaire.

Nord Mali : les militaires libérés rejoignent leurs familles

Plus de 150 prisonniers militaires jusqu’alors détenus dans le nord du Mali par Ansar Dine ont rejoint leurs familles le 17 avril au cours d’une cérémonie organisée au camp du Génie militaire. Un événement auquel assistaient le président de la République par intérim Dioncounda Traoré, des membres du CNRDRE ainsi que Mahmoud Dicko et Jean Zerbo, respectivement président du Haut conseil islamique (HCI) et Archevêque de Bamako. « Nos chefs nous ont trahis  » Tous vêtus de leur tenue militaire, les prisonniers – des soldats de rang pour la plupart – avaient l’air peu à  l’aise devant leurs familles présentes dans la cour. « Ces militaires sont ceux des garnisons des régions du nord qui sont tombées une à  une aux mains des ennemis. Nous avons été victimes de la trahison de nos supérieurs » a déclaré le commandant Amara Doumbia, représentant des militaires libérés. La libération de ces prisonniers a été possible grâce à  la médiation du HCI. Ce dernier a envoyé deux émissaires auprès d’Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Dine. Selon Mahamoud Dicko la négociation avait commencé dès le 2 février. « Nous avions exprimé notre préoccupation à  l’ancien président Amadou Toumani Touré concernant la situation du Nord. Il nous avait chargé de cette médiation. Un émissaire qui priait dans la même mosquée qu’Iyad Ag Ghali C’est ainsi que Mohas Haidara, imam de la mosquée de Banankabougou, et Yacoub Siby, chargé des affaires sociales du HCI ont été envoyés dans le Nord. « La médiation a été facile entre Iyad Ag Ghali et nos émissaires car Mohas Haidara priait avec lui dans la même mosquée à  Banankabougou. Le dialogue a finalement permis de faire libérer les prisonniers militaires qui sont devant vous ce soir » a expliqué Mahamoud Dicko. Les militaires libérés ont remercié le HCI pour leur a permis de revoir leurs femmes familles . « Vous avez sauvé beaucoup de foyers, donné de l’espoir à  nos enfants et à  nos parents, nous manquons des mots pour vous remercier. Seul Dieu peut vous récompenser de vos efforts», a remercié avec émotion Amara Doumbia. « Rien n’est perdu » « Vous avez accepté de risquer votre vie pour de défendre la nation. Elle vous compte désormais parmis ses fils les plus dignes », leur a répondu le chef d’Etat major Ibrahim Tairou Dembélé, en ajoutant que « rien n’est perdu, on va reconquérir les territoires occupés ». Exceptionnellement les journalistes présents à  la cérémonie n’ont pas été autorisés à  prendre en photo les militaires libérés.