Mali : le chef de la diplomatie à Ouagadougou en vue de discussions

A l’invitation du médiateur Blaise Compaoré, cette délégation devrait entamer mardi des pourparlers avec deux groupes armés présents dans le nord du pays, les indépendantistes du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine. Le médiateur burkinabè va profiter de cette première journée pour rencontrer les délégations maliennes et tenter d’apaiser les premières dissonances. Hier, le président malien Dioncounda Traoré était au Niger. Après de longues hésitations, le Mali a finalement accepté de rencontrer les mouvements Ansar Dine et MNLA, Mouvement national de libération de l’Azawad. « Il ne s’agit pas encore de négociations mais d’un dialogue préliminaire », assure un proche du médiateur. Conduite par le ministre malien des Affaires étrangères, Tieman Coulibaly, cette délégation de trois personnes sera reçue cet après-midi par le président Compaoré. Demain, mardi, le médiateur burkinabè expliquera à  ses hôtes son objectif: proposer une cessation complète des hostilités entre partie malienne et mouvements armés, en contrepartie de quoi les acteurs doivent accepter la réunification du territoire et le renoncement à  la charia. Un agenda politique de négociations pourra alors s’ouvrir. La partie malienne reste sur ses positions: oui à  un dialogue mais avec des groupes qui auront renoncé préalablement à  l’indépendance et à  la charia. De son côté, le mouvement islamiste Ansar Dine réaffirme avoir pris ses distances avec Aqmi, al-Qaà¯da au Maghreb islamique. Pourtant hier soir, dans une lettre adressée au médiateur, le MNLA a déjà  fait connaà®tre ses conditions de discussion : pas question de se réunir autour d’une même table avec Ansar Dine, pas question de discuter avec des terroristes, explique un membre du MNLA. Dans l’entourage du médiateur, on reconnait que le plus dur sera de restaurer la confiance entre tous les protagonistes. Dioncounda Traoré s’est entretenu avec son homologue nigérien En parallèle, au Niger, le président malien Dioncounda Traoré a rencontré dimanche 2 décembre son homologue Mahamadou Issoufou à  Niamey. A l’issue de leur entretien, Dioncounda Traoré et Mahamadou Issoufou ont dit « regretter un recul », selon eux, de l’ONU, concernant une intervention armée africaine dans le nord du Mali occupé par des islamistes armés. Le Mali est prêt à  négocier à  Ouagadougou avec les mouvements armés dans le Nord. Le président malien l’a confirmé lors de la conférence de presse conjointe avec le président nigérien Issoufou Mahamadou. « Une délégation malienne se rendra à  Ouagadougou pour voir les préalables d’un dialogue entre le Mali et certains groupes qui opèrent au Nord, qui ont manifesté mais désirent entrer en négociation avec les autorités maliennes, a-t-il déclaré. Il y a deux groupes qui n’ont jamais envoyé aucun signal laissant supposer qu’ils étaient prêts à  négocier. Mais il y a ceux qui sont prêts à  négocier. Bien entendu, nous sommes prêts également à  nous asseoir autour d’une table avec eux et à  parler avec eux ». Aux 500 soldats du colonel malien Alhaji Ag Gamou, cantonnés à  Niamey, le président Dioucounda Traoré a expliqué l’importance stratégique de ce contingent dans le cas de la reconquête du nord du Mali. « Ce contingent, qui est ici au Niger, explique-t-il, va occuper une place extrêmement importante dans les futures opérations que nous allons mener sur le terrain. Beaucoup de courage. Je suis certain que dans quelques mois, dans pas très longtemps, nous aurons l’occasion de nous serrer la main au Mali et de nous congratuler mutuellement pour la grande victoire que nous allons remporter contre les forces du mal. »

Cherif Ousmane Madani Haidara :  » Il est temps que les Maliens se donnent la main »

Em marge du Forum des leaders spirituels musulmans du Mali qui a eu lieu du 24 au 25 novembre au Centre International de conférence de Bamako, le leader religieux Ousmane Chérif Madani Haidara a lancé un appel aux quatre hommes forts du Mali, afin qu’ils s’unissent pour sortir le Mali de la crise. Ces quatre hommes forts seraient Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre, Dioncounda Traoré, le Président par intérim, Amadou Haya Sanogo, et Younoussi Touré, Président de l’Assemblée Nationale. La cérémonie d’ouverture elle a enregistré la présence bien remarquée du capitaine Amadou Haya Sanogo méconnaissable dans un large boubou blanc et un bonnet qui jurait avec sa tenue habituelle de militaire. Pour un islam uni Le thème ‘’ensemble pour un islam authentique dans un pays apaisé et unifié » était à  l’ordre du jour. « Les maliens ont les yeux rivés sur le président Dioncounda Traoré, le premier ministre Cheick Modibo Traoré, le président de l’Assemblée Nationale, Younoussi Touré et le capitaine Amadou Aya Sanogo. Ces quatre personnalités doivent combler l’attente légitime du peuple malien ». C’’est en ces termes que Chérif Ousmane Madani Haà¯dara, membre du regroupement des leaders spirituels musulmans s’est adressé au public. A l’en croire, ce regroupement n’est pas venu pour s’ériger en système, mais pour consolider les acquis d’un islam authentique. « Apporter la bonne information en islam pour contrecarrer les mauvaises langues et autres pratiques qui ternissent l’image de l’islam. Pour Mahmoud Dicko, Président du haut conseil islamique : « Tous les musulmans du Mali se reconnaissent dans ce regroupement. Durant les deux jours du forum, les participants ont échangé et élaboré une feuille de route pour contribuer à  une sortie de crise.

Edito : La guerre, une affaire de moyens d’abord…

Ainsi donc, C’’est la stratégie mise en avant ces derniers temps. On prépare la guerre, mais on reste vaille que vaille ouvert au dialogue. En réalité, avons-nous d’autres choix ? Et celui qui veut la paix, prépare la guerre. Sera-t-elle inévitable ou n’est-elle pas pour de suite ? Dans les grins et salons feutrés de Bamako, on est sceptique sur cette «Â option » . «Â La guerre, mon œil, claque Abou un jeune chômeur, je me demande encore ce qu’il y a négocier ? ». Et ailleurs, «Â il faut dialoguer! ». «Â Envisager une solution négociée au possible ». Voilà  pourquoi nous assistons à  déclarations inverses des autorités. Charia réduite à  Kidal, Azawad à  libérer par les forces rebelles touaregs, l’équation se resserre. Les ennemis d’hier refont surface après avoir été boutés par leurs alliés de circonstance. Précipités à  Ouagadougou, auprès du médiateur Balaise, le MNLA a suivi le mouvement d’Iyad Ag Ghaly… Ils ont compris que pour exister encore, il leur faudrait gagner du temps et considérer Bamako… De son côté, Bamako a aussi entrevu qu’il fallait ménager les uns et les autres, satisfaire l’envie des patriotes d’en découdre avec les occupants, en prônant haut fort l’inévitable intervention, tout en tendant la perche aux assaillants; Parce que tout simplement, nous n’avons pas les moyens de la politique guerrière… ! Drôle d’équation que cette crise malienne, qui n’en finit pas d’étonner les uns et les autres, d’indigner beaucoup, tout en faisant les affaires de certains…. Il nous faut voir entre les mailles du filet, o๠s’accrochent les griffes de nos ennemis, qu’ils fussent Maliens ou d’ailleurs…

Ansar Dine recule sur la charia, le MNLA tente de garder la tête hors de l’eau

Ansar Dine étonne ces derniers temps par des déclarations d’intentions qui ne trompent personne. Après avoir rencontré le médiateur Blaise Compoaré, une délégation du groupe islamiste a posé des vélléités à  la négociation plutôt qu’à  la guerre. Une déclaration accueillie avec prudence par les autorités maliennes, représentées par le ministère des Affaires étrangères, Tiéman Hubert Coulibaly qui se trouvait à  Ouagadougou au même moment. «Â  Il n’y a pas de négociation en cours, nous n’avons pas d’agenda de rencontres, mais nous analysons leur déclaration pour lire entre les lignes », déclarait le ministre, lors d’une entretien sur la chaà®ne panafricaine Africable. Nouvelle sortie ce mercredi 14 novembre : le groupe Ansar Dine (les prétendus défenseurs de la foi), affirme désormais vouloir changer la mise en application de son dogme. Une charia limitée désormais à  Kidal, fief des compagnons d’Iyad Ag Ghaly, exigerait le groupe, dont la branche la plus dure, terrorise toujours les populations du nord, avec des méthodes barbares : lapidations, amputations, séances de flagellations publiques à  Gao ou destructions inconscientes de mausolées à  Tombouctou, et le Mali peut se targuer d’en avoir vu des vertes et des pas mûres depuis le coup d’état du 22 Mars. Mais revenons à  cette nouvelle application de la Charia. Elle perdrait en effet du terrain pour se limiter désormais à  la seule région de Kidal : «Â  Nous renonçons à  l’application de la charia sur toute l’étendue du territoire malien, sauf dans notre région de Kidal o๠la charia sera appliquée en tenant compte de nos réalités», a déclaré Hamada Ag Bibi, l’un des membres d’une délégation d’Ansar Dine présente à  Ouagadougou, sans plus de précision. « Nous souhaitons seulement l’application de la charia dans les zones sous notre contrôle, C’’est-à -dire dans la région de Kidal. Tout se fera avec pédagogie, et nous allons détailler notre argumentation lors des négociations avec l’autre partie», les autorités maliennes de transition, a expliqué Mohamed Ag Aharib, porte-parole de la délégation. Pédagogie, un mot qui sonne étrangement, dans la bouche de gens qui n’ont pas hésité à  bousiller l’intégrité du Mali et à  détruire ses institutions. Faute d’interlocuteurs fiables et parlant d’une seule et même voix, nos chers prétendants à  la négociation, vont dare-dare à  Ouagadougou, mettre leurs nouvelles cartes sur table. MNLA, la stratégie de la survie médiatique De son côté, le MNLA, qui a ouvert les portes du Mali, à  Ansar Dine, au Mujao et Aqmi, et son lot de terroristes et trafiquants en tous genres, tente de garder la tête hors de l’eau. Retranchés à  l’étranger, ses figures de proues et porte-paroles font un ballet médiatique. Après avoir perdu du terrai et toute idéal d’indépendance, ils ont parlé d’auto-détermination. Mieux, ils reviennent avec l’argument de l’unité. Eh oui, nos amis du MNLA, affirme vouloir aider l’armée malienne à  chasser les terroristes de leur Azawad perdu. Enfin, à  quoi joue le MNLA ? l’heure est-elle encore à  la farce politique et diplomatique, après avoir plongé tout le nord du pays dans l’obscurantisme ? N’est-il pas un peu trop tard pour vouloir se racheter et de la manière la plus ridicule qui soit ? Car, il est permis de douter sur les intentions d’un groupe qui a tenté une alliance politique avec Ansar Dine, pour finalement se raviser et comprendre que leurs visées étaient diamétralement opposées. Malgré tout, le MNLA entend rester dans le jeu politique et face à  la dernière sortie d‘Ansar Dine déclare : « Nous prenons acte de cette évolution positive et très encourageante », des propos de Mossa Ag Attaher, coordinateur diplomatique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en Europe. « Des discussions formelles avec Ansar Dine » vont avoir lieu « dans les prochains jours » afin que « les forces vives de l’Azawad (région du nord du Mali) parlent d’une même voix pour aller à  des négociations politiques », a t-il ajouté. Aujourd’hui, le Mali qui se cherche une légitimité politique, institutionnelle et internationale a du pain sur la planche. Nos autorités qui vont lentement mais surement, dans la voie de la guerre, privilégient également le dialogue, la voix de la solution politique négociée, en attendant le front. Mais face à  des ennemis roublards, rusés, aux intentions opaques, la prudence reste de mise.

Mali : En avant pour la guerre qui met fin à la guerre !

La guerre qui met fin à  la guerre. Voici la formule utilisée par le Premier de transition, Cheick Modibo Diarra, dans une de ses envolées lyriques sur la crise du pays. Elle doit être à  présent réchauffée et mise en pratique. Le contexte s’y prête d’autant plus que notre pays fait aujourd’hui l’objet d’une mobilisation tous azimuts pour la libération des régions sous le joug des islamistes. Une récente rencontre à  Bamako des experts internationaux pour planifier une intervention militaire a permis de préciser davantage l’imminence d’une guerre inévitable. Mieux elle a permis de savoir que la crise, si elle est malienne, doit mobiliser même au delà  du continent. Ainsi, selon les experts internationaux, des troupes non-africaines pour les opérations aériennes sont nécessaires dans la perspective d’une intervention militaire. Plus que jamais, le Mali doit prendre le tempo en s’inscrivant résolument dans cette dynamique de guerre. C’’est une occasion à  saisir par l’armée malienne pour laver l’affront subi lors de la chute des trois régions et surtout de sortir de son «Â repli tactique » qui n’aura que trop duré. Plus question de se laisser divertir par une quelconque idée de dialogue. l’heure n’est pas du tout au dialogue fût-il sous l’égide du zélé médiateur de la Cédéao, le président burkinabé, Blaise Compaoré. En tout cas pas avec à  des islamistes qui ont humilié, par des pratiques et des comportements d’une autre époque, le pays le réduisant à  la risée du monde entier. Il ne faut donc pas tomber naà¯vement dans le traquenard des islamistes. En effet, les fous de Dieu sentent le roussi et ont la trouille à  l’idée d’une intervention militaire imminente, C’’est pourquoi ils n’ont pas hésité à  sauter dans l’avion envoyé par le Burkina pour discuter avec Bassolé et Compaoré. Ils donnent ainsi le change en se montrant favorable pour le dialogue et une déconnexion avec Aqmi. Diversion ? Ançar Dine veut ainsi surfer sur la vague de manœuvres dilatoires et des faux- fuyants pour desserrer l’étau qui va bientôt l’anéantir. Accepter ce dialogue avec le mouvement lui offrirait le temps de se préparer avant de porter un autre coup de poignard dans le dos du peuple malien. Une chose est claire, Ançar Dine n’est ni plus ni moins qu’un avatar d’Aqmi, et à  ce titre il agit avec sa bénédiction pour les besoins d’un prosélytisme islamiste. Une rupture d’avec Aqmi paraà®t dès lors comme une gageure pour le groupe islamiste. C’’est ce qui explique son obstination et son intransigeance pour l’application de la charia comme condition préalable à  une ‘’collaboration » avec le Mali. Cette prétendue ouverture au dialogue sur le tard du groupe islamiste n’est pas sans rappeler la diversion du mouvement indépendantiste MNLA qui, pour des raisons inavouées, revoyait sa pâle copie en renonçant à  l’indépendance pour l’autodétermination. Le Mali a été poussé à  la guerre par les islamistes en dépit des appels au bon sens. l’heure de la guerre est arrivée. En avant donc pour la guerre qui met fin à  la guerre. Pour l’honneur du pays de Soundjata Kéita !

Tiéman Coulibaly :  » Il n’y a pas de négociation en cours »

Auparavant, le ministre avait été reçu ce samedi, 3 novembre 2012 par Blaise Compaoré, médiateur de la CEDEAO au même moment o๠des représentants d’Ansar Dine étaient présents à  Ouagadougou pour rencontrer le même médiateur. A Bamako, le ministre a rappelé les deux rencontres de Ouagadougou qui ont suivi la signature de l’Accord cadre et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Pour lui, Ouaga II a jeté les bases de la formation même du gouvernement d’union nationale. Sur la présence d’Ansar Dine, à  Ougaga, Tiéman Coulibaly s’est montré catégorique en soulignant qu’il n’avait pas reçu de mandat pour rencontrer ces groupes armés à  Ouagadougou. Selon lui, l’objet de sa visite, n’était que de faire le point avec le médiateur Position ferme « Nous avons toujours donné la position du Mali, a réitéré Tiéman Coulibaly. Il n’ya pas de négociations en cours, tout ce que nous faisons est de préparer les discussions ». Face à  la présence de mmebres du MNLA au Burkina Faso, certains contestent la médiation de Blaise Comparé. A ce sujet, Tiéman Coulibaly, précise : « Le Burkina Faso est un pays ami du Mali. Le président Comparé a le droit d’héberger le MNLA. C’est une question de confiance, on ne doit pas rentrer dans le jugement » . Quid de l’organisation d’élections crédibles en 2013 ? Selon l’Accord cadre, explique le ministre, la transition prendra fin au mois d’avril 2013. De fait, les élections en 2013 ne pourront être organisées qu’après la libération du Nord. Pour ce faire l’intervention de la force internationale sera inéluctable pour chasser les terroristes du Nord Mali. Au sujet du Qatar, o๠le président par intérim a fait un déplacement récemment, l’homme fort de la diplomatie malienne, déclare avec certitude que ceux qui disent que le Qatar appuie financièrement les islamistes, reste à  prouver : «J’ai voyagé avec le président de la République au Qatar. l’émir du Qatar nous a assuré que son pays n’avait rien à  voir avec les islamistes. C’’est inimaginable que le Qatar puisse soutenir des terroristes au Nord et de surcroà®t, anciens alliés de Mouammar Khadaffi. C’est ce même Qatar qui a combattu aux cotés des forces internationale pour faire chuter le régime de Kadhafi ».

Mali : la diplomatie au service de l’intervention militaire

Les négociations avec une partie des islamistes qui contrôlent depuis sept mois le nord du Mali en y appliquant une charia brutale ont-elles franchi une nouvelle étape ce week-end? Oui, si l’on en croit les premières informations ayant filtré d’une rencontre, samedi, au Burkina Faso avec des responsables d’Ansar Dine, l’un des trois groupes extrémistes implantés dans la région. Pressé par le président burkinabé, Blaise Compaoré, de rompre avec ses alliés djihadistes d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) et du Mudjao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), Ansar Dine a affirmé à  Ougadougou son «indépendance» et sa volonté de «négocier» pour la paix. La veille, des représentants du mouvement s’étaient également rendus à  Alger, qui pousse une solution négociée au Mali. Selon le quotidien algérien El Watan, «il n’est pas exclu» que ces nouveaux pourparlers «débouchent rapidement sur une prise de distance publique par rapport à  Aqmi et au Mujao». Paradoxalement, cette ouverture diplomatique ne remet pas en cause l’intervention militaire activement préparée par les pays de l’Ouest africain, soutenus sur le plan logistique par la France et les à‰tats-Unis, pour rétablir l’autorité de Bamako au nord du pays et éradiquer al-Qaida de la région. Au contraire, elle pourrait même l’aider. Indispensable soutien algérien Les partisans d’une opération militaire, France en tête, sont en effet conscients que l’utilisation de la force ne sera efficace que si elle s’appuie sur des alliés locaux, capables de pérenniser dans le temps les effets de l’intervention. C’est-à -dire, concrètement, d’empêcher la reconstitution d’un sanctuaire terroriste dans la région. Si Ansar Dine – mouvement composé de Touaregs maliens, contrairement à  ses alliés Aqmi et Mudjao qui s’appuient sur les djihadistes étrangers – accepte de rentrer dans le rang, la partie militaire n’en sera que plus facile à  jouer. Quel que soit leur résultat, les négociations avec Ansar Dine et son chef, Iyad ag Ghaly, facilitent également le versant diplomatique de l’affaire malienne. Acteur incontournable de la crise, l’Algérie n’a jamais été très favorable à  l’intervention militaire. Citant une source algérienne «autorisée», El Watan estime que l’objectif d’Alger est aujourd’hui de «remettre les Touaregs dans le jeu politique, isoler et affaiblir les terroristes en prévision de leur traitement en termes sécuritaires». Le soutien à  l’intervention internationale du grand voisin algérien, de son armée, de ses services de renseignements et de sa longue expérience avec le GIA (Groupe islamique armé), l’ancêtre d’Aqmi, est jugé indispensable par ceux qui planifient l’opération. Washington et Paris travaillent main dans la main à  son ralliement. Que les promesses du mouvement djihadiste soient ou non suivies d’effets, les autorités algériennes auront en tout cas été au bout de leur démarche vis-à -vis d’Ansar Dine, avec qui elles entretiennent des liens. Elles pourraient se considérer désormais libres de changer leur position…

L’Algérie soutient l’idée d’une intervention militaire au Mali

Au lendemain de la visite de la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton à  Alger, lundi 29 octobre, la participation de l’Algérie à  « la planification militaire » de l’intervention de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le nord du Mali semble acquise. Plusieurs sources concordantes l’affirmaient mardi 30 octobre à  Alger : « Les discussions entre le président Bouteflika et Mme Clinton ont plus porté sur les modalités de la participation algérienne que sur son principe », affirme ainsi un proche du ministère des affaires étrangères. Concrètement, « il n’y aura pas de soldats algériens sur le sol malien, pas plus que de soldats français ou américains. Mais l’ANP (l’armée algérienne) sera associée à  la programmation des opérations militaires pour reconquérir le Nord-Mali. » des engagements « contre le terrorisme » Cette visite de la secrétaire d’à‰tat américaine aurait ainsi permis une clarification de la position algérienne. Jusqu’à  maintenant, Alger n’était pas favorable à  une intervention étrangère. Pour l’obtenir, Hillary Clinton a combiné flatteries de « la puissance militaire » et diplomatique de l’Algérie et rappels de ses engagements vis-à -vis de la communauté internationale « contre le terrorisme » . « Le président Bouteflika a longuement expliqué à  Mme Clinton que la solution ne pouvait pas être strictement militaire. l’écoute de Washington est apparue plus sérieuse que celle de Paris », souligne la même source. l’Algérie revendique plus de temps, afin, d’une part, de remettre sur pied l’armée malienne et, d’autre part, d’obtenir une évolution favorable dans les alliances sur le terrain dans le nord du Mali. Alger veut détacher la principale faction des insurgés, Ansar Eddine, de « ses alliés terroristes » . la diplomatie algérienne a été prise de cours dans la région La radicalisation salafiste, au début de l’année, de Iyad Ghaly, le chef du groupe touareg Ansar Eddine, avait marginalisé la faction laà¯que des indépendantistes du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et pris de cours la diplomatie algérienne dans la région. Mais celle-ci refuse encore d’admettre qu’Ansar Eddine ne peut plus faire partie de la solution dans le nord du Mali. Paris, à  l’inverse, assimile ce groupe aux autres organisations salafistes classées « terroristes » dans la région : Aqmi et le Mujao. Personne ne dit, à  Alger, si Abdelaziz Bouteflika a convaincu Hillary Clinton d’attendre encore que ses services « retournent » le leader Targui, devenu islamiste radical après un passage dans les années 1990 comme vice-consul du Mali en Arabie saoudite. En attendant, des experts africains, y compris Algériens, européens et onusiens, se réunissaient à  Bamako, mardi 30 octobre, pour mettre au point le « concept d’opération » d’une intervention armée dans le nord du Mali. Amine KADI, à  Alger

Clinton pousse Alger sur la voie d’une opération au Mali

La visite de Hillary Clinton ce lundi en Algérie n’a officiellement pas d’objectif précis. Dans les faits, la rencontre de la secrétaire d’à‰tat avec le président Abdelaziz Bouteflika sera consacrée pour une large part à  la situation au Mali. Washington veut convaincre Alger du bien-fondé d’une intervention militaire dans le nord du Mali et obtenir son accord pour déloger les terroristes d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Puissance militaire et diplomatique régionale, l’Algérie a un rôle clé dans la crise malienne. D’une part car les autorités algériennes possèdent des renseignements de première main sur Aqmi, dont la plupart des cadres sont issus du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un mouvement algérien actif durant la guerre civile. D’autre part grâce aux liens forts qu’Alger entretient avec les leaders touaregs maliens. Enfin parce que l’Algérie possède 2000 kilomètres de frontières avec le Mali, par lesquels transite la majorité des biens, en particulier l’essence, dont a besoin le «Malistan». «Ce dernier point est le plus important», souligne un diplomate français. Au départ hostile à  voir des troupes dans ce qu’elle considère comme son pré carré, l’Algérie a fini par infléchir sa position. Alger aurait désormais donné son accord tacite à  l’opération à  condition qu’elle ne comporte que des troupes africaines. Signe de cette évolution, des militaires algériens participeront, les 3 et 4 novembre, à  une réunion de planification avec leurs homologues ouest-africains même si une participation directe des Algériens reste exclue. Pour une solution politique Les points de vue ne sont pas pour autant accordés. Les Algériens estiment ainsi que la solution au problème malien est avant tout politique. Ils demandent qu’un plan pour l’avenir des populations du Nord soit adopté avant toute opération. Contrairement à  la France, ils n’écartent pas non plus le dialogue et particulièrement avec les Touaregs d’Ansar Dine, qu’ils considèrent avant tout comme des nationalistes. Ce groupe islamiste, dirigé par Iyad ag Ghaly, un très proche des Algériens, est l’un des principaux acteurs au nord du Mali. «Les Algériens pensent qu’Ansar Dine peut rejoindre dans son ensemble le front antiterroriste», indique, dubitatif, un spécialiste français du dossier. Les à‰tats-Unis n’excluent pas non plus qu’Ansar Dine puisse tenir un rôle. Washington partage avec Alger une autre divergence d’avec Paris: le timing. Alors que la France entend intervenir le plus tôt possible, les Américains veulent prendre leur temps. «Une telle opération doit être préparée, bien financée et bien renseignée», ne cesse de répéter Johnnie Carson, du département d’à‰tat. C’est sur ce dernier point, le renseignement, que Hillary Clinton souhaite le plus l’aide des Algériens, qu’elle voudrait également voir plus souples sur l’avenir du nord du Mali. Seule certitude, les à‰tats-Unis, longtemps prudents sur le sort du Mali, sont clairement engagés. Le remplacement annoncé du général Ham par l’expérimenté général Rodriguez à  la tête de l’African Command sonne comme une preuve de plus.

Mali : nouvelle destruction de mausolées par les islamistes à Tombouctou

Les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali détruisaient jeudi 18 octobre de nouveaux mausolées à  Tombouctou, ville historique o๠ils avaient déjà  procédé à  de telles destructions en juillet, ont rapporté des témoins à  l’AFP. « Actuellement, les islamistes sont en train de détruire les mausolées de Karaba », un quartier du sud de Tombouctou, a affirmé un de ces témoins, propos confirmés par un autre habitant de la ville qui a précisé que les islamistes étaient arrivés à  bord « de trois véhicules, certains armés ». Des islamistes armés ont déjà  détruit avec des haches, samedi 29 septembre, le mausolée d’un saint musulman à  Goundam, une localité du nord du Mali, près de trois mois après avoir causé des dégâts similaires à  Tombouctou. D’après un habitant qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat, « ils ont cassé le mausolée [d’Alfa Mobo] jusqu’au niveau de la tombe, ils étaient 11 et quelqu’un filmait ». « LES ISLAMISTES SE SONT RAPPROCHà‰S DE LA POPULATION » Par ailleurs, le président du Collectif des élus du Nord-Mali Elhadj Baba Haà¯dara a appelé jeudi à  une intervention militaire internationale « urgente » contre les groupes islamistes armés qui occupent la région, avant qu’il ne soit « trop tard ». « Nous crions : ça s’enlise, faites vite ! Ils ont tous les moyens pour endoctriner la population : par peur, par conviction, par la force ou par l’argent », a déclaré le député de Tombouctou, en mission à  Paris à  la veille de la tenue à  Bamako d’une réunion internationale pour préparer la reconquête du nord du Mali. « Il faut une intervention urgente des forces occidentales. Nous l’espérons, nous le souhaitons, nous le désirons », a insisté M. Haà¯dara au cours d’un entretien à  Paris. « La communauté internationale a la responsabilité de faire très vite car les gens se rallient aux terroristes », a renchéri Haà¯ssata Cissé-Haà¯dara, députée de Bourem (à  45 km de Gao), également membre de la délégation parlementaire malienne. « A Gao, les islamistes se sont rapprochés de la population. Ils ont distribué de l’argent pendant le carême pour payer le sucre, ils ont donné de l’argent pour que l’électricité soit distribuée gratuitement », a-t-elle souligné.

Tombouctou : les islamistes exécutent un homme accusé de meurtre

« l’exécution s’est déroulée entre deux hôtels de la ville de Tombouctou » vers 17H30 locales et GMT, « J’ai vu l’homme tomber après les coups de feu », a déclaré à  l’AFP un premier témoin. l’exécution a été confirmée à  l’AFP par un conseiller municipal de Tombouctou, qui en a également été témoin. Selon lui, une centaine de personnes ont assisté à  la fusillade. l’homme exécuté est un membre de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « qui avait tué par balle un pêcheur à  30 km de Tombouctou », a affirmé de son côté un troisième témoin, qui s’est identifié comme Bamoussa. Ville mythique, Tombouctou est contrôlée depuis début avril par Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), deux des groupes islamistes armés qui se partagent le vaste nord malien avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ces groupes jihadistes en ont évincé leurs ex-alliés du MNLA et ont commis depuis plusieurs exactions et violences au nom de leur interprétation rigoriste de la charia (loi islamique) dont ils prônent l’application dans tout le Mali. Mardi également, selon des témoins, quatre habitants de Douentza, ville de la région de Mopti (centre) située à  la limite du Nord, ont reçu chacun 40 coups de fouets par un responsable du Mujao, qui contrôle Douentza. La flagellation s’est déroulée devant « des centaines d’habitants », d’après un des témoins. Un élu de la région, autre témoin, a précisé que les quatre hommes avaient été arrêtés la semaine dernière dans un débit clandestin de boissons. Le propriétaire, un chrétien, a fui la ville et était recherché par les islamistes, a-t-il indiqué. Dans un rapport intitulé « Mali: Les groupes armés islamistes sèment la peur dans le Nord » publié fin septembre, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé les « graves abus à  l’encontre des populations » commis dans ces régions par les salafistes. « Les lapidations, les amputations et les flagellations sont devenues courantes dans une tentative évidente de forcer la population locale à  adopter leur vision du monde. Pour imposer leur interprétation de la charia, ils ont également organisé une parodie de justice tragiquement cruelle et ont recruté et armé des enfants dont certains n’avaient que 12 ans », affirme HRW. Le 10 septembre, cinq hommes accusés de vol ont été amputés, chacun d’une main et d’un pied, par le Mujao à  Gao (nord-est). Le 29 juillet, des membres d’Ansar Dine avaient lapidé à  mort, en public, à  Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. D’autres couples jugés « illégitimes », des hommes accusés d’avoir bu de l’alcool, de fumer, ou encore d’être des voleurs ou des violeurs ont aussi été fouettés en public par les islamistes dans plusieurs villes, notamment à  Tombouctou o๠ils ont aussi détruit des tombeaux de saints musulmans vénérés par la population.

Nord Mali : Alger négocie avec les islamistes

«Il y a urgence à  trouver une solution pour empêcher une intervention militaire dans le nord du Mali. Nous devons absolument convaincre toutes les factions sur le terrain de rompre les liens avec les terroristes d’Aqmi et du Mujao.» à€ en croire une source proche des négociations, c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à  la crise au ­Sahel. Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à  Gao en avril dernier, visent «à  unir les différents courants d’Ansar Dine»: la faction la plus radicale – et la plus influente – qui ne reconnaà®t pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, qui souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida, et le courant composé essentiellement d’anciens du MNLA qui veulent privilégier l’autonomie de l’Azawad. «Voilà  pourquoi cette délégation était menée par Tena Ould Ahmed (le père spirituel d’Iyad ag Ghali, chef d’Ansar Dine), tenant de l’aile dure, et Amada ag Bibi, plus modéré», explique un proche du mouvement. Des pourparlers qui ne sont pas du goût de Bamako, o๠le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à  envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. «Nous ne reconnaissons pas ce type de rencontre informelle, commente . Le Mali compte exclusivement sur une résolution des Nations unies pour envoyer les 3300 hommes de la Cédéao qui se tiennent prêts. L’Algérie cherche à  protéger ses hommes, quitte à  sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.» Partenariat américano-algérien Sur un autre front, les Algériens soignent leurs relations avec les pays acquis à  leur cause. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou, reçu par le président Bouteflika la semaine dernière a rappelé la «convergence de vues» entre les deux pays. Autres partenaires privilégiés, les Américains… même si leurs déclarations se contredisent parfois. Alors que le général Carter F. Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) affirmait dimanche à  Alger que «la situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique», le plus haut responsable de l’Afrique au département d’à‰tat américain, Johnnie Carson déclarait hier que les à‰tats-Unis «seraient prêts à  soutenir une intervention armée bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux qui seront directement concernés». Les à‰tats-Unis semblent en fait garder deux fers au feu. Ils devraient soutenir au Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à  s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler. Attendus le 19 octobre à  Washington pour la première session de dialogue Algérie-à‰tats-Unis, les Algériens martèlent qu’une telle opération serait «vouée à  l’échec». «Jeter quelque 3000 hommes dans un théâtre d’opérations de plus de 8000 kilomètres carrés serait insignifiant, s’emporte un haut gradé algérien. De plus, l’ennemi, invisible et insaisissable, mènera une guerre d’usure qu’il gagnera à  coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la Cédéao, qui ne connaà®t pas, non plus, le terrain saharien. Enfin, les groupes armés s’appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à  une force d’occupation étrangère.»

Interview de Cheick Modibo Diarra : « Au Mali, chaque jour, les terroristes se renforcent »

Le Premier ministre revient de New York oà¹, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, il a formellement demandé à  l’ONU une intervention militaire internationale afin de reconquérir le Nord du Mali contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes armés. [Comment comptez-vous rétablir la souveraineté du Mali ?] Cheick Modibo Diarra : Nous avons défini une stratégie en cinq points. Il faut, dès maintenant, commencer à  sécuriser les grandes villes du Mali. Si vous regardez le modus operandi des terroristes qui occupent le Nord du Mali, ce sont des gens qui dès que vous les contrariez, commettent des actes de violences dans des zones peuplées. Il faut donc faire en sorte qu’il n’y ait pas d’infiltration, ni multiplication de cellules dormantes. La deuxième étape, accomplie à  New York, est de solliciter formellement l’aide de notre organisation sous régionale, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], de l’Union africaine [UA], de l’Union européenne [UE] et de nos amis comme la France et les Etats- Unis et de transmettre au Conseil de sécurité notre requête d’intervention militaire internationale sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies. Une fois votée, la résolution donnera une légitimité à  tous ceux qui veulent et qui peuvent nous accompagner dans la libération du nord. La phase deux se poursuivra avec des rencontres du gouvernement pour mobiliser toute la communauté internationale afin de voir qui veut participer, et comment, à  la libération du nord. La troisième phase consiste, avec nos partenaires, à  structurer et à  solidifier l’armée malienne qui doit être le fer de lance de cette affaire. Ces phases n’ont pas besoin d’être séquentielles. Elles peuvent se dérouler en même temps. La quatrième phase est de reconquérir le nord. Puis, enfin, il faudra sécuriser les régions libérées de façon durable. [Quel est votre calendrier ?] J’espère que les débats [sur la résolution] vont commencer au Conseil de sécurité dès la semaine prochaine afin qu’elle soit adoptée avant la mi-octobre. Chaque jour qui passe, nous avons davantage de mutilations, d’amputations, de viols, d’actes de barbarie dans le nord de notre pays. Le plus rapidement la résolution sera adoptée, le mieux ce sera. Et je suis convaincu que dès que nous aurons une résolution la plupart de ces malfrats et bandits essaierons de s’échapper avant même que les choses sérieuses commencent. Seuls les plus endurcis resteront. [Quand espérez-vous que la Cédéao enverra le contingent de 3 300 hommes qu’elle a promis de déployer au Mali ?] Une fois la résolution votée, on pourra immédiatement demander à  la Cédao de déployer des troupes qui nous aideraient à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’à  ce moment là , juste après le vote, les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire  » le Mali ne sera jamais plus aussi faibles, bientôt des soldats vont venir renforcer notre armée donc si nous voulons vraiment lui nuire, c’est le moment o๠jamais « . Il faut donc que la force de la Cédéao soit prête pour un déploiement presque immédiat dès l’adoption de la résolution. Hillary Clinton a estimé que « seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à  une résolution négociée au Nord Mali et mettre un terme à  la rébellion ». N’est-ce pas le signe que les Etats-Unis sont opposés à  une intervention internationale ? Des élections… Quelle serait la légitimité d’un président élu dans un pays qui ne peut pas faire voter tous ses citoyens ? Je ne pense pas que les Etats-Unis bloqueront la résolution au conseil de sécurité de l’ONU Ils veulent participer au règlement de la situation dans le Sahel. Mais leur législation leur interdit de collaborer avec des gens arrivés au pouvoir après un coup d’Etat, jusqu’à  de nouvelles élections. Je ne pense pas que le désir des USA soit de faire perdurer la souffrance et le risque de globalisation des problèmes dans le Sahel. C’est juste une façon de nous dire ne pas prolonger inutilement la transition. Les Etats-Unis nous ont toujours demandé d’organiser, le plus rapidement possible, des élections crédibles. Ce message nous l’avons compris. [Si la résolution est votée en octobre, quand les forces de la Cédéao pourront-elles se déployer ?] On pourrait immédiatement demander à  la Cédao de se déployer pour nous aider à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’une fois que la résolution sera adoptée les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire « le Mali ne sera plus jamais aussi faible, des soldats vont venir le renforcer donc si nous voulons vraiment lui nuire c’est le moment o๠jamais ». La force en attente de la Cédéao peut donc être invitée à  renforcer les Maliens qui patrouillent dans cette zone et ainsi nous accorder un peu de tranquillité d’esprit pour préparer les autres phases. Donc j’inviterai la Cédéao à  se déployer presque immédiatement après l’adoption de la résolution. Même si ce n’est pas toute la force. Une fois la résolution adoptée, une stratégie consensuelle pourra être dégagée entre tous les participants. Mais sans attendre, il faudra renforcer la ligne de séparation pour que le problème ne gagne pas en complexité à  cause des infiltrations ou des tentatives pour casser cette ligne. [Sur quels pays comptez-vous ?] La question du Mali ne concerne pas seulement la Cédéao, mais toute la communauté internationale. Le Mali et la Cédéao joueront un rôle-clé mais il faut aussi inviter des pays du champ, tels que l’Algérie et la Mauritanie dont la participation est incontournable, des amis, comme le Maroc ou le Tchad. Bref, tous ceux qui pourraient venir nous aider à  contenir le problème à  une zone très restreinte en attendant que la communauté internationale – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment – apprête sa force d’intervention pour faire un travail propre et rapide. [La Cédéao est-elle prête ?] Vue l’insistance avec laquelle cette organisation nous a demandé de faire une requête d’intervention internationale, j’imagine que cela veut dire qu’il existe une telle force, quelque part. On a même parlé d’une force de 3 300 hommes. Dans un premier temps, il ne s’agit pas de tous les déployer, mais peut être un tiers pour renforcer nos lignes. A propos de l’Algérie et de la Mauritanie, ce sont des pays avec lesquels nous partageons près de 4 000 km de frontières. Il est évident que leur participation est incontournable. La question n’est pas de savoir qui est pour ou contre une intervention. Chacun dans cette affaire a son opinion. Certains pensent même qu’il faut négocier. Mais avec qui négocier ? Et pourquoi, on ne l’a pas fait jusqu’à  présent ? D’o๠l’intérêt d’internationaliser la crise avec la résolution de l’ONU. Ce consensus prévaudra. C’est une initiative malienne, ça se passe au Mali, le gouvernement malien a une stratégie en 5 points pour demander l’aide internationale. Ca fait plus de huit mois que dure la crise et je n’ai pas vu de solution non militaire émerger. En revanche, la situation empire de jour en jour avec les amputations, les flagellations, les viols, les destructions de nos sites au nord. Tout cela s’est passé sans que ceux qui croient à  la négociation ne nous montrent le chemin pour ramener ces gens à  la raison. Parler de négociation en ce temps-là  en réalité ferait perdre un temps précieux. Chaque jour qui passe, ces terroristes se renforcent, mettent en place des infrastructures de plus en plus sophistiquées qui nous demanderont davantage d’avantage d’efforts pour sortir de la crise. Le temps pour ces négociations est passé. Nous avons utilisés tous les canaux possibles. Nous avons un médiateur désigné par la Cédéao [Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso] mais à  ce jour nous n’avons pas reçu, de la part des terroristes et des occupants, un seul signal disant  » nous voulons négocier « . Il ne faut pas faire d’amalgame. Ce n’est pas un problème entre Maliens mais un problème avec des terroristes, des narcotrafiquants, des preneurs d’otages, des bandits de toutes sortes…Il faut que la communauté internationale se soulève contre tout cela et qu’elle les repousse. Nous sommes prêts à  négocier, à  tout moment, avec le MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad]. Mais le MNLA ne représente, peut être, que 10% de la population au Nord et militairement il n’est plus sur le terrain. Les terroristes du MUJAO ont complètement décimé la branche militaire du MNLA. Il ne reste que la branche politique qui se promène à  travers le monde et qui demande des négociations. Mais cela n’a rien à  voir avec le plus gros problème du Sahel : la présence de trafiquants de tous ordres et de plusieurs groupes terroristes connus au niveau international. Les pays qui parlent de négociations nous ont fait perdre du temps. Six mois après, un millier de terroristes dotés d’armes sophistiquées se sont installés. Cela n’a rien à  voir avec les revendications de petits groupes dissidents du Mali. [Cette offre de dialogue provient pourtant du président malien, Dioncounda Traoré et de Blaise Compaoré…] Moi non plus je ne veux pas faire la guerre avec mes compatriotes. Les seuls avec lesquels on peut négocier ce sont ceux du MNLA. Ansar Dine ? Une de ses branches vient d’amputer des gens à  Tombouctou. J’appelle ça des extrémistes pas des séparatistes. Ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de mobiliser la communauté internationale pour aller combattre des Maliens qui ont des revendications que certains peuvent trouver justes. Il s’agit d’aller déloger des narcotrafiquants et des terroristes qui petit à  petit se sont installés et qui menacent non seulement le Mali et la sous région mais aussi, à  terme, le reste du monde. L’offensive du MNLA au début de l’année a ouvert la porte au chaos par laquelle sont entrés toutes sortes de terroristes : Boko Haram, le Mujao, Aqmi, des salafistes de tous bords et Ansar Dine qui se rapproche de plus en plus de la définition du terrorisme. Ils se sont infiltrés et ont fini par chasser ceux qui ont commencé ce problème. Il n’y a personne, actuellement sur le terrain, avec lesquels on peut nous suggérer de négocier. Ceux avec lequel nous sommes prêts à  négocier [le MNLA] sont éparpillés entre Nouakchott, Niamey et Ouagadougou. Mais cela ne doit pas retarder la résolution que nous avons prise au niveau du Mali et sur la base de laquelle on a invité d’autres à  venir nous aider pour débarrasser le monde entier de ce fléau. [Est-ce que tous les Maliens, au sud, sont d’accord avec le déploiement de forces étrangères sur leur sol ?] Premièrement, le capitaine Sanogo [ex-chef de la junte]… Notre décision de demander une intervention internationale est une décision politique dans laquelle il ne s’est pas impliqué. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Le capitaine Sanogo… C’est une décision politique dans laquelle il ne s’implique pas. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Comment demander à  des gens de venir nous aider sans qu’ils soient présents sur le territoire. Venir aider le Mali à  libérer le nord c’est une chose, stationner à  Bamako qui est à  600 km de la ligne de séparation en est une autre. Peut-être que les troupes qui vont aller au front vont transiter par Bamako. Des avions d’une certaine dimension devront nécessairement atterrir à  Bamako. On verra. Mais ce sont juste des forces qui doivent transiter vers la ligne de front. Mais une fois qu’on aura mutualisé les forces, les généraux diront o๠il faut stationner les forces… Mais on n’en est pas encore là . Aujourd’hui je ne vois pas la nécessité de stationner des troupes à  Bamako. Nous avons les effectifs nécessaires pour sécuriser les institutions de la République. J’ai créé une force de plus de 1 200 hommes pour sécuriser la présidence, la primature, l’Assemblée nationale, les cours suprême et constitutionnelle, les ambassades et faire des patrouilles en ville. Ils peuvent effectivement bénéficier d’un rafraichissement de leurs capacités antiterroristes dans les grandes villes, mais nous n’avons pas besoin d’aide extérieure pour sécuriser les organes de la République. Seulement les équiper et les former. Peut-être qu’à  Bamako les gens ne comprennent pas que la longueur de la piste d’atterrissage est supérieure à  celle de Mopti et qu’elle peut donc accueillir certains aéronefs et certaines personnes en transit. [On a pourtant parlé d’établir le quartier général (QG) de la force à  Bamako.] Un QG peut être n’importe o๠maintenant, compte tenu de la modularité des équipements de transmission. Bamako est une ville de 3 millions de personnes. Moi, si j’étais suis un tacticien militaire, et que je me battais contre un ennemi sophistiqué, je ne mettrais pas mon QG dans un endroit très peuplé. Aujourd’hui, on peut installer des QG n’importe oà¹. Pourquoi pas à  N’Djamena ? Il faut attendre que les experts, que tout ceux qui veulent nous aider se mettent ensemble, ce sont eux qui viendront avec une stratégie. Alors on verra. On met en avant la question de la stratégie avant même de connaà®tre les moyens dont nous disposerons, quels pays nous aideront pour la reconquête. [L’aéroport de Bamako pourrait-il être militarisé ?] On est d’accord avec tout ce qu’exigera la stratégie commune. Mais les villes concernées telles que Tombouctou et Gao sont plus proches de Ouagadougou ou de Niamey que de Bamako. On prendra notre part mais vous verrez aussi que beaucoup de possibilités s’ouvriront à  nous quand les pays intervenants se seront déclarés. [Tout cela va prendre un temps fou ?] Pas nécessairement. Une fois votée la résolution, en une semaine, tous ceux qui voudront intervenir pourront être connus. Leurs moyens, leurs ressources, leurs experts, le terrain sont connus. Je suis sûr que la surveillance satellitaire des bandits est en cours. Ca peut aller très, très vite. Le plus important, c’est la capacité des forces en attente de la Cédéao à  envoyer quelques hommes pour renforcer nos lignes et ne pas ajouter une complexité à  la résolution du problème. Si on tient cette ligne de séparation, les choses pourront aller vite. [Vous voulez que l’armée malienne soit en première ligne, est-elle capable d’assumer ce rôle ?] Depuis le début de la transition, l’armée se ressoude et renforce sa chaine de commandement. Elle a besoin d’être équipée et formée mais il existe déjà  un noyau très compétent. [Qu’attendez vous de la part de la France ?] J’ai été vraiment très, très frappé et ému par le leadership que le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, et le président François Hollande ont mis en œuvre à  New York. Cela ne me surprend pas au regard des relations anciennes entre nos deux pays. Mais ça a été un moment fort quand j’ai vu la France, membre permanent du conseil de sécurité, intervenir avec autant de détermination et de clarté. Je suis sorti en me disant  » c’est le début de la fin pour la crise au Mali « . [Qu’entendez-vous par leadership ?] C’est-à -dire faire voir aux autres la nécessité de s’attaquer au problème à  un moment o๠d’autres n’en sont pas encore conscients. Parce que problème est trop éloigné. La piste de Tessalit est une de plus longues du Mali. De là  on est à  2 h 30 de l’Europe ! Le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire sont menacé de façons immédiates. La Chine, la Russie, l’Amérique sont plus éloignés. Mais ceux qui sont capables de voir les ramifications et d’attirer l’attention des autres, ça c’est une forme de leadership. Un autre aspect est de s’impliquer pour qu’aux Nations unies le problème soit visible. Puis une fois que toute la communauté se sera décidée d’agir, il faut que la France fasse le premier pas. Aujourd’hui nous sommes dans la première phase de sécurisation des villes. C’est une phase pendant laquelle la France peut nous aider. Nous avons besoin de tous les équipements modernes pour détecter les bombes, les armes à  feu, besoin d’équipements de communication. On peut attendre ça de la France. Et puis, une fois que la communauté internationale sera convaincue de la nécessité d’agir, il faudra que la France fasse le premier pas. Le jour o๠la force internationale s’engagera, quand on aura besoin d’utiliser la troisième dimension, les Mirage français pourraient s’engager. Si la France le veut, ses forces spéciales pourront aussi se joindre à  nos forces armées. Tout est ouvert. Mais déjà , le fait d’avoir pris l’initiative d’expliquer au monde la nature globale du danger que nous courrons, c’est la preuve d’un leadership très fort. Parce que j’ai l’impression que beaucoup ne sont pas conscients de ce qui nous guette. Les gens pensent que le danger arrivera dans deux ou trois ans et que d’ici là , le danger pourra être contenu dans une zone du Sahel, sans déborder… C’est une erreur. Le danger est beaucoup plus imminent et immédiat. [Ne craignez-vous pas que la question des otages français ne paralyse l’action de Paris ?] C’est un problème très important, pour nous également. Nous sommes en train de chercher des informations. Mais justement, le leadership d’une nation se mesure aussi à  sa capacité de ne pas se faire prendre tout en entier en otage. Sans oublier ses otages, la République française est en train d’assumer son rôle de leader mondial. D’autres Etats se seraient recroquevillés, AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique] aurait dicté sa politique étrangère. Le fait que le président Hollande ait rejeté cela est remarquable et applaudi partout dans le monde. La communauté internationale devrait faire tout ce qu’elle peut pour aider la France à  libérer ses otages. Christophe Châtelot (propos recueillis par)

Les djihadistes du Nord-Mali s’organisent en attendant « la bataille »

Doigt sur la gâchette, regard noir, un djihadiste de 14 ans ordonne au véhicule de se garer en contrebas du ruban de bitume reliant la frontière nigérienne à  Gao, plus importante des localités du nord du Mali sous contrôle de groupes islamistes armés. « Nous avons pris la décision de renforcer la sécurité ici et de prendre les mesures qui s’imposent », lance l’adolescent malien, Aziz Maà¯ga, rencontré par l’AFP à  Labézanga, localité malienne située à  plus de 200 kilomètres de Gao. Une fouille minutieuse du véhicule commence aussitôt. Rangers noirs et poussiéreux, fusil en bandoulière, des djihadistes emmitouflés dans des tenues militaires ou des vêtements kaki, inspectent tous les bagages et les passagers du véhicule. Première surprise: de la frontière nigérienne jusqu’à  Gao, quasiment tous les djihadistes croisés sont des Africains subsahariens. Ces derniers mois, on y rencontrait essentiellement de jeunes Maghrébins. « Moi même, je suis surpris », affirme le Nigérien Hicham Bilal qui dirige à  Gao une katiba (unité combattante). « Tous les jours, dit-il, nous avons de nouveaux volontaires. Ils viennent du Togo, du Bénin, du Niger, de la Guinée, du Sénégal, de l’Algérie et d’ailleurs ». « Puisque les gens veulent nous faire la guerre, il faut savoir qu’ici, il n’y a plus de Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et d’Aqmi (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique). Nous sommes tous des moudjahidine. Demain, un Mujao peut se retrouver au sud, à  l’est ou ailleurs. Partout, nous sommes chez nous », dit-il. Sur la route, les postes de sécurité sont de plus en plus nombreux. « prêts pour la bataille » « Nous sommes prêts pour la bataille. Nous attendons que les troupes françaises ou africaines arrivent », assure un jeune Ivoirien, visiblement nouvelle recrue, alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prépare l’envoi au Mali d’une force africaine pour aider Bamako à  reconquérir le Nord, avec l' »appui logistique » de la France. Dans Gao, passée fin juin sous le contrôle du Mujao, des pick-up chargés d’armes et de combattants font d’incessants allers-retours. Le drapeau noir des djihadistes flottent sur les pick-up. Les visages des combattants sont de plus en plus jeunes. Au siège de la police islamique de Gao, de nouveaux volontaires disent être venus prêter main forte à  leurs « frères moudjahidine ». « Je suis Khalil, Egyptien, et je suis venu donner un coup de main à  mes frères moudjahidine », dit un homme, grand de taille, dont les propos, en arabe sont traduits par son adjoint sierra-léonais. Un autre homme, s’exprimant en anglais, affirme qu’il est pakistanais et que « l’islam n’a pas de frontières ». Si des Egyptiens et Pakistanais ont repris en main la police islamique de Gao, les combattants algériens sont en première ligne au sud de la localité, sur la route menant à  Bamako. Quelques dizaines de combattants algériens y sont visibles, venus, selon un témoin, de la katiba du puissant chef d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar alias Belaaouar, qui dirige la région. Pour empêcher d’éventuels atterrissages d’avions ennemis, des djihadistes ont éparpillé des carcasses de véhicules pour rendre la piste impraticable. Selon des habitants vivant près de l’aéroport, deux camps d’entraà®nement accueilleraient des dizaines de combattants. « J’en ai vu qui s’entraà®naient. Il y a des séances de tirs et de tactiques militaires. Beaucoup sont très jeunes, ils disent qu’ils sont prêts à  mourir », raconte un fonctionnaire de Gao. Dans les neuf quartiers de la ville, il y aurait des combattants « camouflés » dans des maisons, selon d’autres témoignages. J’ai vu deux armes lourdes dans une maison du quatrième quartier de Gao. C’est la première fois que je vois ça », affirme Djénakou, un jeune habitant. « Paracétamol » Les « occupants » de Gao, selon lui, ont encore durci, récemment, les conditions d’application de la charia (loi islamique) qu’ils imposent. Le 10 septembre, cinq hommes accusés d’avoir braqué un car ont été amputés d’une main et d’un pied chacun. Aucune radio privée de la ville ne diffuse plus de musique. Les femmes doivent se voiler sous peine de sanctions, voire d’emprisonnement. Et rares sont les habitants qui osent fumer en public. Pour acheter discrètement du tabac, un nouveau nom de code: « paracétamol ». Venu de Bamba (à  245 km de Gao), un homme se plaint que tout le monde soit « au chômage dans son village, parce que Bamba est la principale zone de production de tabac et qu’ils interdisent de le vendre ». Les islamistes, plutôt tolérés par les populations au début de leur occupation, semblent de plus en plus impopulaires. Mais le marché de la ville grouille toujours de monde et les denrées de premières nécessité n’y manquent pas. Les clients qui commentent une possible intervention militaire étrangère se disent globalement « contre ». « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. Les éléphants, ce sont les combattants d’ici et l’armée de Bamako avec ses soutiens extérieurs. L’herbe, ce sont les pauvres civils, nous », lance, fataliste, Mahamane, fonctionnaire à  la retraite.

Nord-Mali: la Cédéao demande à Bamako de revoir sa copie

ABIDJAN – La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a demandé à  Bamako de revoir sa copie pour remplir les conditions d’une intervention armée ouest-africaine dans le nord du Mali, contrôlé depuis cinq mois par des islamistes armés, a-t-on appris vendredi de source diplomatique. Les ministres ivoiriens des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, et de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, se sont rendus jeudi à  Bamako pour remettre au président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, la réponse à  la demande officielle d’aide qu’il a adressée début septembre à  la Cédéao. Deux des trois points évoqués par Bamako posent problème et ne permettent pas un accomplissement efficace d’une éventuelle intervention, selon des sources diplomatiques ouest-africaines. Dioncounda Traoré a expliqué clairement que le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet à  Bamako, conformément au voeu de l’ex-junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Pour la Cédéao, les autorités maliennes doivent accepter le déploiement à  Bamako d’un minimum d’éléments, tant pour assurer la logistique de l’opération que pour sécuriser les institutions de transition, selon ces sources diplomatiques. Le président par intérim malien a aussi souligné qu’il ne veut pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu’elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises. De son côté, la Cédéao estime qu’une aide à  la formation de l’armée malienne et un appui logistique et aérien ne sont pas suffisants et que les troupes ouest-africaines ne doivent pas être confinées dans une position passive. Mercredi, le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, avait estimé que les conditions de Bamako font qu’il est impossible pour la Cédéao aujourd’hui d’être de façon efficace sur le terrain. Le même jour, une source officielle à  Bamako avait déclaré à  l’AFP, sans vouloir être citée: Le Mali a besoin de l’aide de la communauté internationale mais pas de n’importe quelle aide. Cette source officielle malienne avait insisté sur la nécessité pour le Mali de faire ses propres choix: Si une intervention de troupes étrangères est nécessaire, nous voulons que les pays volontaires se manifestent et que le Mali choisisse les pays qui lui conviennent. C’est également à  nous de déterminer la durée du déploiement des troupes chez nous et o๠elles doivent être positionnées. La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats au Mali, attend désormais une réponse du président Dioncounda Traoré. Si un accord est trouvé, elle transmettra à  l’Union africaine un projet de résolution qui devra ensuite être examiné et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à  New York. Le Nord du Mali est contrôlé par des groupes proches d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y ont imposé la charia (loi islamique): un couple jugé illégitime a été lapidé à  mort, des hommes accusés de vol ont été amputés et les islamistes ont détruit des tombeaux de saints musulmans. (©AFP / 21 septembre 2012 13h14)

Maliens, la Suisse nous a bifé !

Bifer le Mali des pays sûrs ? Que veut dire encore ce nouveau terme? D’après le dictionnaire, bifer signifie, rayer, effacer, exclure. En résumé, la confédération helvétique au demeurant l’un de nos partenaires à  la coopération les plus sûrs, a estimé : «Â compte tenu de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Mali après le putsch militaire survenu au printemps, que ce pays africain n’est plus considéré comme sûr » et après avis du Département fédéral de justice et police (DFJP). Donc, si vous décidiez de demander l’asile en Suisse, les procédures en seront plus compliquées et dépendront de votre situation matérielle. La Suisse est réputée être un pays d’asile et connu pour sa neutralité et son cosmopolitanisme. Les rues de Genève, Lausanne, Berne ou Zurich comptent une multitude de ressortissants étrangers qui enrichissent la culture locale et apprécient le chocolat des monts alpins. Réfugiés bifés Faut-il se réjouir de cette décision du Conseil Fédéral hélvétique de nous exclure de la liste des Etats sûrs en ouvrant l‘asile à  nos concitoyens mais sous réserve de la qualité de réfugiés. Ou pleurer de reconnaissance. En fait, on ne pourra plus se rendre en Suisse comme de simples voyageurs maliens sans avoir l’impression d’être de pauvres réfugiés fuyant une terre invivable. Non seulement notre pays est aux deux tiers occupés par des groupes armés, voilà  qu’on nous pointe du doigt à  nouveau. Comme si cela ne suffisait pas, notre économie et notre tourisme sont en berne. Alors Berne viendra-t-il à  notre secours ? Le pays de Guillaume n’a visiblement pas dépassé son quota de réfugiés qui envahissent les bords du lac Léman l’été. Maliens patriotes La Suisse, n’est plus ce qu’elle était. Avec la montée d’une extrême droite radicale qui stigmatise davantage les étrangers, il est utile de signaler qu’un petit groupe de sympathisants et amis du Mali ont organisé une manifestations à  Genève en fin avril, pour dire non à  l’occupation des groupes rebelles au nord du Mali. Ils n’étaient pas nombreux ce jour là , mais ils ont fait savoir à  l’opinion suisse, que de partout dans le monde, leur C’œur était au Mali. Au-delà  de cette déclaration incongrue de nous « bifer » de la liste des pays sûrs, comme si la Suisse avait le monopole de la sécurité mondiale, il est temps de mettre fin à  l’ère de la dépendance, aux diktats verbaux ou économiques de ceux qui nous assistent avec leurs aides et décident qui est fréquentable et qui ne l‘est pas. Il est bien connu que la main qui donne est toujours au dessus de celle qui reçoit, mais la Suisse compte dans ses institutions internationales, de nombreux ressortissants maliens, sénégalais, guinéens, ou autres, qui doivent aujourd’hui se sentir bien mal à  l’aise face à  la situation que vit la mère patrie. Bifé ou pas de leur liste de pays sûrs, il s’en trouvera pourtant des Maliens qui resteront jusqu’à  leur dernier souffle sur cette terre du Mandé. Acculés et sous la menace des islamistes fous, il s’en trouvera encore de dignes fils du Mali pour lutter pour leur pays. Et une fois l’affaire terminée, il ne leur viendrait pas à  l’idée d’aller se reposer en Suisse, mais sur les belles dunes de sable de Tombouctou l’éternelle…

La mission sacrée de la Coalition pour le Mali au Nord

La démarche est à  saluer, dans un contexte o๠l’on reproche au gouvernement malien son inaction même après la formation du gouvernement d’Union nationale. Mais loin de se substituer aux prérogatives de l’Etat malien dont la mission première est de recouvrer l’intégrité du territoire national, la mission des membres de la Coalition pour le Mali, crée le 26 Mai 2012, était d’ouvrir un chemin vers le nord et de montrer qu’on peut encore se rendre dans ces régions occupées et ouvrir la voie du dialogue quant l’intervention militaire tarde à  venir. Sans céder à  l’alarmisme qui prévaut dans les médias occidentaux et à  la psychose née des derniers évènement marquants comme la lapidation d’un couple à  mort ou la main coupée d’un voleur à  Ansongo, la Coalition pour le Mali, en se rendant dans le nord, a voulu baliser le chemin et prendre langue avec les islamistes d’Ansar Dine. A Tombouctou, Kidal et Gao, les émissaires de la Coalition, présidée par l’honorable Gabouné Keita et son président d’honneur Mahmoud el Oumrany, ont rencontré des personnalités, notables, chefs religieux, élus locaux, leaders de la société civile, mais aussi les occupants. Iyad Ag Ghaly leur a ainsi envoyé ses porte-paroles préférant garder le mystère autour de sa personne. Pour rendre compte de ces trois voyages effectués entre le 17 et le 24 Août, les représentants de la Coalition, ont convoqué une conférence de presse, à  Bamako, ce 29 Août. Un rapport de synthèse en est ressorti, qui a été envoyé aux autorités de transition. Retour de l’administration dans le nord D’après Tiébilé Dramé, vice président de la Coalition, il ressort de ces missions, que ces populations du nord, réclament le retour de l’administration : «Â Les populations du nord souffrent de l’absence de services de l’état. Il existe un besoin d’assistance vital à  Aguel’hok, Goundam, Kidal…. Sur place, nous avons aussi remarqué un fort besoin de dialogue, de disponibilité pour trouver des solutions à  la sortie de crise », a précisé Dramé, qui ajoutera qu’il s’agissait aussi de mobiliser les partenaires et amis du Mali. «Â Au nord comme au sud, il y a des extrémistes, mais ce qui compte C’’est que le Mali redevienne uni », dira Mahmoud El Oumrany, qui fut Commandant de Kidal dans les années 50. Des échanges avec les principaux leaders d’Ansar Dine comme Algabass Ag Intallah à  Kidal, Ahmada Ag Bibi,député d’Abeibara ou encore Abdel Hakim, chef du Mujao à  Gao, la démarche de la Coalition porte sur la négociation avant toute chose. Si ces groupes armés sont décisifs sur une applications stricte de la charia, allons-nous vers un Mali fédéral avec des états charia au Nord ? Seul point d’unité avec les djihadistes, l’intégrité du territoire, à  l’inverse du MNLA, partisan de la partition du Mali. « Le Mali doit garder la maà®trise de la résolution de la crise » Comment orchestrer ce retour de l’administration dans le nord ? Comment envoyer les fonctionnaires pour restaurer les services étatiques ? Comment ouvrir la voie aux ONG et organisations humanitaires pour secourir les populations en manque d’eau, de soins de santé et d’électricité ? Autant de défis qui poussent la Coalition à  envisager d’autres missions de terrain, notamment à  Ménaka, ville détonateur de la rébellion ou encore à  Tessalit, aux confins du nord. « Nous nous sommes aussi rendus compte qu’ils ont débordés par la gestion de ce vaste espace que constitue le nord… ». Et malgré la présence des émirs d’AQMI Abou Zeid et Mokhtar Belmoctar dans la zone, lors de leur passage, les membres de la Coalition entendent poursuivre le dialogue entamé avec les acteurs locaux et maintenir l’élan de solidarité envers le nord, parce qu’ils estiment que C’’est d’abord l’affaire de tous les Maliens. Pour la Coalition, le Mali pays doit garder la maà®trise de la résolution de la crise, mais l’urgence est toujours là . Celle d’interpeller l’Etat malien sur sa mission. En cela, la Coalition pour le Mali ne peut se limiter qu’à  être qu’un simple regroupement de bonnes volontés, pour relayer les besoins des compatriotes du nord, mais devenir un véritable groupe de pression sur le pourvoir central. Le lobby par excellence pour la libération définitive des régions occupées du nord du Mali.

Mahmoud Dicko:  » Les décisions doivent revenir aux Maliens « 

Le médiateur burkinabè s’est rendu dans la région mardi 7 août. Et, avant lui, le président du Haut Conseil Islamique malien avait fait le déplacement. Quel les sont ses positions pour sortir de la crise ? L’imam Mahmoud Dicko répond aux questions de Charlotte Idrac. Mahmoud Dicko, vous avez fait un déplacement en début de semaine dans le nord du Mali. O๠êtes-vous allé précisément ? Je suis allé à  Gao, o๠J’ai rencontré les notabilités de Gao et puis le bureau régional du Haut Conseil du Mali à  Gao, et certains responsables du Mujao. Quel était le but de cette mission ? C’’est d’abord de nous enquérir de la situation de la population qui est là -bas, et ensuite parler avec les occupants, pour savoir exactement ce qu’ils veulent, et comment eux, ils voient la chose, parce qu’ils ne peuvent pas rester indéfiniment. Donc on y a été, d’abord pour aller les écouter et observer si vraiment on peut aller dans le sens du dialogue, comme on le souhaite. Quelles sont les doléances des occupants ? Qu’est-ce qu’ils vous ont dit ? Je ne peux pas vraiment vous dire exactement ce qui m’a été dit tout de suite. Je crois qu’on le fera au moment opportun. Mais je crois que les gens ont une volonté, quand même, de parler avec nous et de trouver un terrain d’entente. Vous n’avez pas vu Iyad Ag Ghali, le leader d’Ansar Dine ? Iyad, je ne l’ai pas vu. Mais J’ai donné rendez-vous pour qu’on se rencontre prochainement. Je me prépare avec une équipe pour pouvoir le rencontrer, lui et les éléments d’Ansar Dine. Quelle est la différence, pour vous, entre Ansar Dine et le Mujao ? La différence C’’est que les autres s’appellent Mujao, lui il s’appelle Ansar Dine ! Mais dans le fond ? Au-delà  de l’appellation ? Les autres sont organisés et dirigés, certainement par des gens qui sont un danger pour nous, et lui C’’est un compatriote. Il représente un Frère musulman malien, qui est là . Donc C’’est avec Iyad qu’il faudra négocier, et pas avec les étrangers du Mujao ? Nous allons nous intéresser beaucoup à  Iyad, parce que Iyad, quand même, occupe une position centrale dans cette affaire. Il faut dire qu’il est connu de tous les Maliens, sa position est déterminante dans tout ce qui va être décidé. Sur quoi sera-t-il possible de négocier ? On ne peut rien définir tant qu’on n’est pas assis ensemble, pour voir tout les contours de ce qui va être discuté. En tout cas, les groupes islamistes qui contrôlent le Nord ne semblent pas prêts à  négocier quoi que ce soit sur une application stricte de la charia… Tout cela va être déterminé, quand on sera avec eux. Que pensez-vous des destructions des mausolées de Tombouctou, de la lapidation à  mort d’un couple non marié à  Agheloc, ou encore de la tentative d’amputation d’une main d’un homme accusé de vol, à  Gao ? Nous condamnons tous ces actes-là  et nous pensons que eux, ils ne sont pas dans un cadre approprié, pour vraiment se donner le pouvoir d’appliquer la charia. C’’est-à -dire ? La charia s’applique dans des conditions qui ne sont pas remplies par les occupants. Quel doit être, selon vous, l’islam pratiqué au Mali ? l’islam du Mali a toujours été un islam modéré, de tout le temps. Et si les Maliens veulent changer, ce sont eux qui vont décider de ce changement. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra leur imposer le changement. Le médiateur de la Cédéao, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé, est lui aussi allé dans le Nord, mardi. Quel regard vous portez sur cette médiation ouest-africaine ? Les médiations sont de mon point de vue vraiment les bienvenues. Toute action qui est susceptible vraiment d’aller vers la sortie de crise est à  saluer pour nous. Il y a une coordination entre la médiation de la Cédéao et votre entremise ? Non, pas encore. La médiation insiste sur le fait que les mouvements armés doivent se démarquer des terroristes. C’’est ce que vous souhaitez aussi ? Moi, je préfère vraiment parler avec les responsables qui sont des nationaux, qui sont de notre pays. Les autres, il faut trouver un terrain pour qu’ils s’en aillent. Sur les conditions de vie des gens que vous avez rencontrés, qu’est-ce qu’on peut en dire ? Les gens s’accomodent, ils sont en train de s’adapter à  la situation. Il y a eu, ces derniers jours, des manifestations à  Gao. Est-ce qu’on peut vraiment dire que les gens s’accommodent ? s’il y a, en réalité, des gens à  saluer ou à  féliciter, C’’est bien les populations qui sont restées sur place et qui sont en train de se battre pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. C’’est vraiment à  eux que je tire le chapeau. Et vous encouragez les mobilisations de la société civile ? Absolument. Pendant ce temps-là , au sud, les discussions continuent pour faire avancer la transition politique. Est-ce que vous êtes prêt à  vous impliquer politiquement à  jouer un rôle ? Je suis président du Haut Conseil islamique du Mali. Je pense que, vraiment, C’’est un rôle qui me suffit. Mais votre nom circule pour le poste de deuxième vice-président du Haut Conseil d’Etat voulu par le président Dioncounda Traoré. On vous l’a proposé ? Je ne peux pas empêcher les gens de faire circuler mon nom. Si C’’est le peuple malien qui me demande de faire quelque chose, je ne peux rien refuser à  ce peuple. Mais ce ne sont pas des individus qui peuvent s’asseoir là -bas et puis me demander de m’impliquer dans des choses qui ne sont pas tout à  fait ma vocation. Est-ce qu’une organisation aussi importante que la vôtre pour tous les Maliens, le Haut Conseil islamique, peut ou doit, se positionner politiquement ? On ne se positionne pas politiquement, mais on se positionne par rapport aux intérêts de notre pays. Nous, nous sommes dans un pays o๠on est à  95 % musulmans. La structure qui représente la totalité de ces musulmans est dirigée par nous. Vous pensez que nous pouvons rester indifférents à  ce qui arrive à  ce peuple ? Nous, nous préférons vraiment que les Maliens se mettent ensemble. Pourvu que notre souveraineté soit respectée et que les Maliens, dans leur sensibilité, se mettent ensemble pour dire que nous sommes d’abord les premiers concernés par cette crise. C’’est à  nous de trouver vraiment une solution.

Djibril Bassolé : «Ansar Dine confirme son engagement à négocier la paix»

L’émissaire burkinabè de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Djibril Bassolé, a effectué une visite inédite mardi 7 août dans le nord du Mali, à  Gao et Kidal, deux villes tenues par les islamistes d’Ansar Dine et du Mujao. Il s’est notamment entretenu en tête-à -tête avec Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement Ansar Dine. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères est rentré le soir même à  Ouagadougou. Il s’est brièvement exprimé devant la presse à  l’aéroport. Prôner le dialogue, reprendre contact avec les acteurs de la crise malienne qui s’étaient déplacés à  Ouagadougou, ces derniers mois et s’étaient dits prêts au dialogue justement, c’était l’un des objectifs de cette visite, confiait hier soir le médiateur Djibril Bassolé. Revenu dans la soirée à  Ouagadougou, il a jugé sa rencontre avec le chef d’Ansar Dine à  Kidal plutôt utile : « Iyad Ag Ghali a confirmé leur engagement à  trouver une formule négociée de paix », a confié Djibril Bassolé à  RFI. Notre journaliste a demandé quelles étaient les modalités d’un dialogue : « L’une de ces modalités, c’est la préparation : les mesures concrètes de concertation, les réunions, les congrès, que tiendront ces partis en vue de s’armer pour le dialogue direct. Naturellement, du côté de Bamako aussi nous attendons la mise en place du gouvernement d’union nationale, et la mise en place de cette structure chargée d’engager le dialogue avec les mouvements armés du nord du Mali. Le chemin est balisé pour la paix. Je ne dirais pas qu’il n’y pas de difficulté, qu’il n’y a pas d’obstacles, mais nous prenons tous, je crois, l’engagement de vaincre ces difficultés. Et la visite d’aujourd’hui a pu permettre, en tout cas, d’obtenir cet engagement à  aller vers une solution négociée. » La Cédéao solidaire des populations dans l’épreuve Djibril Bassolé explique aussi, qu’avec le chef d’Ansar Dine, il a beaucoup été question de l’idéologie islamiste du mouvement. Le ministre a répété que la médiation tenait à  ce que les groupes armés du nord du Mali se démarquent des terroristes : « Il faut espérer qu’à  l’issue des consultations, les mouvements armés, en particulier Ansar Dine, va choisir l’option de s’engager dans le processus de paix, donc de se démarquer de tout ce qui peut être action terroriste ou soutien à  un groupe terroriste. » A Gao, le médiateur burkinabè n’a d’ailleurs pas rencontré de personnalité du Mujao, ce groupe dissident d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique officiellement jugé infréquentable par la Cédéao. En revanche, Djibril Bassolé a visité l’hôpital, a vu des responsables de la société civile, et a appelé à  la fin des exactions liées à  l’application de la charia. C’était le deuxième objectif de cette visite, a explique Djibril Bassolé : manifester la solidarité de la Cédéao aux populations de ces localités qui vivent une épreuve.

GAO, KO debout!

En mars, les Touaregs s’installaient à  Gao avant d’en être chassés, trois mois plus tard, par les islamistes. Depuis, rares sont les journalistes qui ont pu s’y rendre. Reportage dans une cité à  moitié vidée de ses habitants, o๠les « barbus » font régner la loi. Gao n’est plus très loin. Le drapeau noir des salafistes flotte sur le barrage dressé au bord de la route. Le jeune qui nous arrête, mon chauffeur et moi, n’a pas plus de 14 ans. Il s’énerve en entendant la musique que crachote le vieil autoradio de notre véhicule. « C’est quoi, ça ? hurle-t-il en arabe. – Bob Marley. – Nous sommes en terre d’Islam et vous écoutez Bob Marley ? ! Nous sommes des djihadistes, nous ! Descendez de la voiture, nous allons régler ça avec la charia. » Un chapelet dans une main, un kalachnikov dans l’autre, il me rappelle ces enfants-soldats croisés vingt ans plus tôt en Sierra Leone… Les enfants sont souvent plus féroces que les adultes. Nous nous empressons de l’assurer de notre fidélité à  l’islam, avant d’être autorisés à  reprendre la route. Nouvelles recrues Quelques kilomètres plus loin, à  l’entrée de la ville, se dresse un nouveau barrage, tenu cette fois par un Algérien au teint clair – si clair que je le prends d’abord pour un Français. Il s’amuse de ma méprise. C’est une nouvelle recrue. Venus d’Algérie ou d’ailleurs, tous se retrouvent au commissariat de police, rebaptisé siège de la « police islamique » : Abdou est ivoirien ; Amadou, nigérien ; Abdoul, somalien ; El Hadj, sénégalais ; Omer, béninois ; Aly, guinéen ; Babo, gambien… Il y a là  toute l’internationale djihadiste ! Lunettes noires sur le nez, le bas du visage mangé par une barbe abondante, un Nigérian explique qu’il est un membre de la secte islamiste Boko Haram, responsable de nombreux attentats dans le nord de son pays. Il parle du Mali comme de la « terre promise », fustige l’Occident et les « mécréants », et jure qu’il est « prêt à  mourir, si c’est la volonté de Dieu ». Tous se pressent devant un homme de haute taille, Alioune. Originaire de Gao, c’est lui qui dirige la police islamique. Je n’ose pas lui rappeler que nous nous étions rencontrés il y a une dizaine d’années, quand il était encore un simple commerçant. Un talkie-walkie à  la main, il pose devant un véhicule qui appartenait autrefois à  la police malienne et qu’il a récupéré quand la ville est tombée entre les mains des islamistes, à  la fin du mois de mars. Alioune m’assure que l’on est les bienvenus « chez les musulmans » et explique qu’il tient à  ce que la sécurité règne dans sa ville. Oussama Les traces de la dernière bataille qui a opposé, fin juin, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les djihadistes sont encore visibles. Les combats ont eu lieu près d’un bras du fleuve Niger, non loin du quartier général des rebelles touaregs. Les bâtiments qu’ils occupaient ont été criblés de balles. On m’explique que c’est Mokhtar Belmokhtar, l’un des principaux émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui a dirigé l’assaut contre les Touaregs. Depuis plusieurs semaines, il a pris ses quartiers dans la cité des Askia. Il s’y est installé avec son fils, prénommé Oussama, en hommage au défunt leader d’Al-Qaà¯da. La rue qui jouxte le commissariat accueille un marché bien achalandé : on y trouve, à  des prix raisonnables, des turbans, des chaussures, des tapis, des légumes, des oeufs… à€ quelques mètres de là  stationne un gros camion, immatriculé en Algérie et duquel sont déchargés (et vendus sur place) des épices, des fruits et divers produits alimentaires tout droit venus d’Algérie. En revanche, il n’y a plus de banque. Celles qui existaient avant la guerre ont été dévalisées, et l’argent devient de plus en plus rare. Pour les gens restés ici, pas d’autre moyen que de se faire envoyer des espèces par des parents installés dans le sud du Mali. Le procédé est souvent artisanal : on peut déposer à  Bamako, au siège d’une compagnie de transport qui fait la liaison avec le Nord, une somme d’argent en espèces qui sera reversée, moyennant une commission, à  son destinataire. Dans la ville, difficile d’étancher ma soif avec autre chose que de l’eau minérale. Tous les bars et les hôtels ont fermé. Même les Ghanéens, qui, au quartier 4, faisaient un tord-boyaux connu sous le nom de « toukoutou » ont décampé. Finalement, moyennant 2 500 F CFA (3,80 euros), je parviens à  mettre la main sur une canette de bière, importée clandestinement du Niger. Le soir, une relative fraà®cheur enveloppe Gao. Avant la guerre, 70 000 personnes vivaient ici. Depuis, près de la moitié des habitants ont fui. Personne pourtant ne regrette vraiment les combattants du MNLA, si souvent accusés de vols et de viols. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, d’autres mouvements armés se sont rendus coupables des mêmes crimes, mais ce sont les Touaregs qui ont laissé les plus mauvais souvenirs. Voilée Même l’entrée de l’hôpital est gardée par des hommes armés. Devant moi, ils en interdisent l’entrée à  une femme qui se présente non voilée et l’obligent à  se couvrir la tête de son pagne. Ce matin-là , c’est l’heure de la pesée au service de pédiatrie. Le personnel soignant resté dans l’établissement est, pour l’essentiel, originaire de la région. Les enfants malnutris sont nombreux – 73 cas recensés en quelques heures grâce notamment au personnel local de l’ONG Action contre la faim (ACF) demeuré sur place. Ce 17 juillet, tout Gao commente l’annonce de la libération de trois Occidentaux (deux Espagnols et une Italienne) enlevés il y a neuf mois dans un camp du Front Polisario à  Rabouni, en territoire algérien. Le rapt avait été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), une branche dissidente d’Aqmi. Deux de ses chefs sont désormais installés dans la ville : Abdoul Hakim et Walid Abu Sahraoui. Le premier, le visage à  moitié dissimulé par une barbe noire, est l’émir de Gao. Il circule dans le véhicule du consul d’Algérie, enlevé avec plusieurs de ses collaborateurs en avril. Le second est le porte-parole du Mujao. Ils font, expliquent-ils, des allers-retours entre Gao et les camps du Polisario, et ce sont des Sahraouis qui composent le noyau dur du Mujao. Abdoul Hakim et Walid Abu Sahraoui ont tous deux une trentaine d’années et ne ressemblent pas à  des « fous de Dieu ». Ce dernier, pourtant, affirme être lié à  l’enlèvement des Occidentaux, en octobre, et dit avoir fait partie de la délégation à  laquelle une rançon de 15 millions d’euros aurait été versée en échange des otages. « En plus, ajoute-t-il fièrement, nous avons obtenu la libération d’un combattant du Mujao emprisonné en Mauritanie. » Poreux En théorie, le Mujao contrôle Gao, Aqmi règne sur Tombouctou et Kidal est entre les mains d’Ansar Eddine. Mais, sur le terrain, les groupes islamistes sont très poreux et les combattants circulent facilement de l’un à  l’autre. Un notable de la ville raconte qu’il a assisté à  une réunion à  laquelle participaient des représentants de groupes armés et un Belmokhtar « calme et modeste ». « Il a bien dit qu’il n’était pas là  pour nous imposer quoi que ce soit, mais pour composer. » à€ Gao, les écoles sont fermées. Il n’y a plus de représentants de l’administration officielle et c’est la police islamique qui délivre les laissez-passer (rédigés en arabe) nécessaires pour circuler dans la région. à€ lire aussi : « Aux armes les citoyens ! » Baba Ahmed, à  Bamako, raconte comment des centaines de jeunes maliens ont rejoint des milices qui veulent reconquérir le Nord. La charia, en revanche, n’est pas appliquée de manière aussi stricte qu’à  Tombouctou. « Les islamistes savent qu’il ne faut pas nous pousser à  bout, commente Douglas, un jeune du quartier 3. Ils en tiennent compte. » Comme beaucoup, il dit admi­rer ces hommes qui se sont pour l’instant montrés respectueux de la ville et de ses habitants. N’ont-ils pas, argumente mon interlocuteur, financé le nettoyage des caniveaux de la ville, alors que cela n’avait pas été fait depuis quinze ans ? Ici, chaque quartier attend son tour pour être alimenté en eau et en électricité, et, encore une fois, ce sont les islamistes qui fournissent le gazole qui fait tourner les groupes électrogènes, tout comme ce sont eux qui assurent la sécurité des transports au départ et à  destination de Gao. Une seule station d’essence est encore ouverte, et, après quelques hésitations, le pompiste avoue que le carburant vient d’Algérie. Plus loin, sur un terrain de foot improvisé, des gamins courent après un ballon. Les joueurs de la première équipe se sont surnommés « les envahisseurs ». Les seconds se font appeler « les défenseurs de la République ». Deux buts à  zéro en faveur des « envahisseurs »… Le match est terminé.

La loi salafiste menace le Sahel

Il y a eu d’abord l’interdiction de l’alcool, la fermeture des bars, l’obligation signifiée aux femmes de se voiler. Le stade suivant a été le pillage des maisons des chrétiens et la destruction de mausolées et de lieux saints historiques de l’islam à  Tombouctou. Puis des réfugiés ont fait état de châtiments physiques pour violation de la loi islamique. Dimanche 29 juillet, à  l’aube, les salafistes qui règnent sur le nord du Mali depuis avril ont franchi un palier particulièrement révoltant dans l’application forcenée de la charia : un couple a été lapidé pour avoir eu des enfants hors mariage. L’homme et la femme, parents d’un bébé de 6 mois, ont été amenés dans un lieu à  20 km de la petite ville d’Aguelhok. Enterrés jusqu’au cou, ils sont morts rapidement sous les jets de pierres, après avoir poussé quelques cris, selon les témoins qui ont fait le récit de l’exécution publique par téléphone à  l’AFP et au New York Times. Cette zone désertique du nord du Mali, plus grande que la France, est fermée aux journalistes depuis que les groupes armés salafistes, le groupe malien Ansar Eddine et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), ont pris Tombouctou et Gao. Une situation extrêmement dangereuse est en train de s’installer dans le nord du Mali. Ce drame dépasse la tragédie des populations de la région, poussées à  l’exode par la brutalité des nouveaux maà®tres des lieux. Il déstabilise les pays du Sahel, dont des diplomates évoquent déjà  un « Afghanistan de l’Afrique de l’Ouest » ; selon le président du Niger, le groupe radical Boko Haram, du Nigeria, est désormais présent aussi dans le nord du Mali. Les intérêts occidentaux dans la région sont également menacés. Six Français, enlevés au Niger et au Mali, sont détenus en otage par AQMI et le nord du Mali risque de se transformer en base arrière pour des opérations terroristes contre les pays européens. Le Mali, qui se relève avec peine d’un coup d’Etat militaire mené en mars à  la suite, précisément, des poussées sécessionnistes du nord du pays, ne peut faire face seul à  cette situation. Une solution envisagée par les diplomates pour l’aider à  recouvrer l’intégrité de son territoire implique la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Celle-ci attend une demande formelle de Bamako pour, à  son tour, saisir le Conseil de sécurité de l’ONU d’une demande d’assistance au gouvernement malien, dont la souveraineté est défiée. Dans ce cas de figure, les pays de la Cedeao ne seraient sans doute pas en mesure de mettre sur pied, seuls, une force susceptible de reconquérir le nord du Mali. D’autres pays occidentaux, mais aussi l’Algérie voisine, doivent alors être prêts à  leur fournir une assistance matérielle, logistique, aérienne ou dans le domaine du renseignement, le tout dans le cadre d’un mandat de l’ONU. Le retour du président par intérim Dioncounda Traoré à  Bamako, fin juillet, ouvre la voie à  un tel scénario. Il y a urgence. Sur le terrain, la situation se dégrade rapidement, beaucoup plus rapidement que n’évolue la politique, à  Bamako, Alger ou New York.

Au Mali, retour à la « case » départ

à€ cette même période, les talibans détruisaient les Bouddhas de Bâmyân tandis qu’aujourd’hui, des éléments d’Al-Qaà¯da au Maghreb Islamique (AQMI) détruisent les mausolées de Tombouctou. Pourtant, beaucoup de témoignages semblent corroborer la responsabilité de ces exactions aux membres du groupe Ansar Eddine (défenseur de l’Islam). Les avis divergent selon les sources et rendent complexe le traitement de cette information. Qui sont les islamistes qui dominent désormais l’ensemble du Nord-Mali ? Comment vivent les populations des grandes villes du septentrion malien (ou Nord) ? Que peut faire le Sud pour aider ses ressortissants du Nord ? DES INSTANCES TIERCES PROMPTES à€ L’IMMOBILISME Nous sommes actuellement et véritablement dans le flou. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder tout l’attentisme autour de cette actualité. Le Conseil de sécurité des Nations Unies refuse de faire voter une résolution d’intervention militaire de peur de voir la force des casques bleus déployés s’embourber et préférant la voie de la sanction économique. La responsabilité du traitement de la crise malienne incombe, sous couvert de responsabilisation, désormais aux organisations sous-régionales africaines, l’Union africaine (UA) et la Communauté à‰conomique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest en tête (CEDEAO). De son côté, l’Algérie, pourtant acteur majeur de la résolution des précédents conflits entre les rebelles touaregs et Bamako, est obligé de garder une certaine neutralité en particulier à  cause de la captivité d’une partie de son corps diplomatique enlevé à  Gao en avril dernier dont trois ont été libérés récemment. AU NORD, UNE LENTEUR Dà‰CISIONNELLE QUI PROFITE AUX MAàŽTRES DES LIEUX Pendant ce temps au Nord, les rebelles du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) ont perdu toutes leurs positions territoriales au profit des islamistes (AQMI, le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, MUJAO et Ansar Eddine). Devant cette déroute, le MNLA est prêt a renoncer à  ses désidératas sécessionnistes (Mali : le MNLA prêt à  renoncer aux revendications indépendantistes, Malijet.com) au profit d’un soutien de la communauté internationale se posant en alternative laà¯que à  la montée de l’islamisme radicale dans la zone. D’ailleurs, les groupes wahhabites se renforcent sur l’Azawad dans l’idée de créer un califat transnational. Ils développent une idéologie rigoriste avec une interprétation individuelle de la charia (Abdlemajid Charfi : « Au Mali, Ansar Eddine est sous l’influence directe du wahhabisme », jeuneafrique.com) rejetant, du même coup, toutes les autres pratiques religieuses. Quant aux populations vivant dans les villes de Tombouctou ou de Gao, si elles n’ont pas quitté les lieux, elles vivent de rationnement (pour l’eau et l’électricité) et subissent l’inflation des denrées alimentaires. POUR LA Rà‰SOLUTION DU CONFLIT, LE SUD EN PREMIàˆRE LIGNE De manière similaire, les populations du Sud vivent un peu dans l’expectative tant la question du Nord est primordiale pour l’unité du pays. D’un point de vue géostratégique, le Nord, zone de trafic, est aussi une porte d’entrée pour le commerce. L’enclavement du pays et la crise ivoirienne ont favorisé le retournement des flux marchands vers le Nord. Pour une économie essentiellement axée sur l’informel, le commerce constitue une de ses principales ressources. De plus, il faut noter que la situation sociopolitique se détériore depuis la difficile succession en 2002 d’Alpha Oumar Konaré par Amadou Toumani Touré. Depuis, la classe politique malienne n’a cessé d’être décrédibilisée aux yeux des électeurs. Par exemple, l’agression du président Dioncounda Traoré, le 22 mai 2012, révèle une forme d’antagonisme populaire contre la vieille garde politicienne malienne. Aussi, le gouvernement de transition actuel dirigé par Cheikh Modibo Diarra, ancien président de Microsoft Afrique, possède aujourd’hui le poids de la transition politique avec une crédibilité internationale fortement écornée depuis son absence au sommet de Ouagadougou (Burkina Faso), le 7 juillet 2012. L’intervention en Libye par la coalition internationale en mars 2012, n’est pas à  proprement parler, le facteur premier expliquant l’embrasement de la sous-région. En effet, l’effritement graduel de l’à‰tat malien depuis sa démocratisation en 1991 a amené, de manière analogue, le pays vers une fragilisation du pouvoir presque inextricable. La solution militaire envisagée doit prendre en compte tous les aspects ethnogéographiques de la zone qu’ils soient au Nord comme au Sud.

Rapport d’ Amnesty International : « le gouvernement de transition a failli »

Amnesty International documente dans un rapport publié le 31 juillet de graves violations des droits humains commises par des soldats fidèles à  la junte militaire contre des militaires et des policiers impliqués dans l’attaque du 30 avril 2012 Dans les jours qui ont suivi cet événement, des dizaines de militaires et de policiers ont été arrêtés et conduits au camp militaire de Kati (à  20 kilomètres au nord de Bamako, la capitale), rapporte l’ONG. Ils y ont été détenus durant plus de 40 jours dans des conditions effroyables et soumis à  des tortures et des sévices sexuels. Vingt-et-un détenus ont été enlevés de leur cellule en pleine nuit et on est sans nouvelles d’eux depuis lors. « Les autorités maliennes ont l’obligation d’enquêter sur tous les cas que nous avons documentés. Les personnes responsables de ces atrocités qui visaient à  venger la tentative de contre-coup d’à‰tat doivent répondre de leurs actes », a dit Gaà«tan Mootoo, chercheur d’Amnesty International sur l’Afrique de l’ouest. Au moins 21 personnes ont été victimes de disparitions forcées « Ces actes de vengeance vont à  l’encontre des obligations internationales relatives aux droits humains qui incombent au Mali et des mesures doivent être prises afin de s’assurer que la junte militaire ne puisse plus agir en toute impunité ». Le rapport d’Amnesty International décrit les conditions dans lesquelles au moins 21 personnes ont été victimes de disparitions forcées après avoir été enlevées de leur cellule dans la nuit du 2 au 3 mai 2012. l’un des co-détenus de ces disparus a raconté à  Amnesty International :  » Vers 2 heures du matin, la porte de notre cellule s’est ouverte. Nos geôliers sont restés devant la porte et ils ont commencé à  lire une liste. Un à  un, les militaires appelés sont sortis. Nous n’avons plus revu nos compagnons de cellule depuis cette date. » Des conditions de détention inhumaines Amnesty International s’inquiète également du sort d’un certain nombre de soldats blessés lors du contre-coup d’à‰tat qui ont été enlevés, le 1er mai 2012, par des membres de la junte militaire à  l’hôpital Gabriel Touré de Bamako o๠ils étaient soignés. En dépit de ses demandes, Amnesty International n’a pas pu obtenir la liste de ces militaires ni établir le lieu o๠ils se trouvent. Les prisonniers ont décrit les conditions inhumaines et dégradantes auxquelles ils ont été soumis au camp militaire de Kati. Détenus en sous-vêtements dans une cellule de cinq mètres carrés qui a contenu jusqu’à  plus de 80 personnes, les prisonniers ont été contraints de faire leurs besoins dans un sac en plastique et ont été privés de nourriture pendant les premiers jours de leur détention. Certains détenus ont été régulièrement extraits de la cellule pour être passés à  tabac. Un prisonnier a décrit la manière dont on l’avait été torturé dans le but de lui extorquer des « aveux » : « Ils nous ont demandé d’avouer que nous voulions faire un coup d’à‰tat. Ils nous ont fait coucher sur le ventre, ils nous ont menottés les mains dans le dos et les ont liées à  nos pieds. l’un des militaires a enfoncé un chiffon à  l’aide d’un bâton dans nos bouches. On ne pouvait plus parler et encore moins crier. Ils ont éteint des cigarettes sur nos corps et l’un d’eux en a éteint une dans mon oreille gauche. » « Le gouvernement de transition du Mali a failli dans sa tâche de protection des droits humains de ses citoyens » Dans certains cas, les prisonniers ont été victimes de sévices sexuels à  Kati. Un policier a raconté : «Nous étions au nombre de quatre, ils nous ont demandés de nous déshabiller complètement, ils nous ont ordonnés de nous sodomiser mutuellement, autrement ils nous exécuteraient. (…) Durant l’acte, nos gardes hurlaient en nous demandant d’aller plus fort. » « Le gouvernement de transition du Mali a failli dans sa tâche de protection des droits humains de ses citoyens et cette absence de droit ne peut pas continuer », a dit Gaà«tan Mootoo. « Les responsables du système judiciaire malien doivent immédiatement initier une enquête sur ces événements très graves et restaurer la stabilité dans un pays qui a énormément souffert au cours des six derniers mois. »

Lapidation au Nord Mali : la charia a franchi un nouveau seuil

Dimanche 29 juillet 2012, un couple vivant en concubinage aux environs d’Aguel’hoc, localité située à  mi chemin entre Kidal et Tessalit, a été débusqué par les islamistes d’Ansar Dine, puis lapidés jusqu’à  ce que mort s’en suive devant une foule choquée. Coupables d’avoir vécu et conçu deux enfants hors mariage, dont le dernier a six mois, les «Â fous de dieu », n’ont pas eu de pitié pour une mère et son époux. Les images parlent d’elles-mêmes. Mise en scène La mise en scène destinée à  servir de leçon, est tout aussi barbare. Le couple a été ramené en plein centre ville d’Aguel’hoc, puis mis dans deux trous creusés à  même le sol avant de recevoir des jets de pierre. Une méthode digne des temps préislamiques, o๠les lapidés en question, enterrés jusqu’au cou, ne peuvent se défendre de leurs bourreaux. Cette lapidation est le premier cas observé au Nord du Mali, après qu’un couple, ayant également conçu un enfant hors mariage ait été fouetté à  Tombouctou un mois plus tôt. Qu’est-ce qui a bien pu motiver les hommes d’Ansar Dine à  agir de la sorte ? Pourquoi ne se sont-ils pas contentés de les fouetter ? La mort par lapidation, une sentence que l’on a toujours vu en Afghanistan, au Pakistan, ces lieux d’o๠nous sont venus les intégrités et leurs alliés AQMI. Apprenant l’exécution sommaire de ce couple et pour laquelle, aucune déclaration n’a été faite par les islamistes, les autorités maliennes elles ont condamné cet acte barbare: « Le gouvernement condamne avec la dernière énergie cette pratique obscurantiste et assure que cet acte ne restera pas impuni », affirme le communiqué. On comprend désormais la psychose des populations vivant sous occupation et surtout, l’appel pressant des forces vives de la nation à  la libération du nord, sans quoi, on assistera à  la multiplication de scènes de ce genre. Et qui sait, quel prochain pas, ces extrémistes franchiront… Petit rappel Nulle part, il n’est écrit dans le Coran qu’il faille lapider un couple non marié. La lapidation, est plutôt réservée à  un rite du pèlerinage saint de l’Islam à  la Mecque. Il consiste pour les croyants musulmans à  lapider deux stèles en Arabie, représentant Cheytane, le diable. Au-delà  de cette symbolique, les islamistes ont remplacé Satan, par les hommes. Sont-ils aussi irréprochable au point de se substituer à  la justice divine. Sont-ils donc devenus les maà®tres du dernier jugement ?

Vidéo : Ansar Dine dévoile en images les prises de Kidal et Tessalit

Après la chute entre les mains des groupes armés des principales villes du nord du Mali, fin mars-début avril, on s’est demandé ce qui avait bien pu se passer sur le front. Les troupes républicaines ont elles réellement livré combat ou ont-elles, comme beaucoup le leur ont reproché, fui devant l’envahisseurs. Les hommes d’Ançar Dine qui ont combattu aux côtés du MNLA pour la prise,entre autres de Kidal, Tombouctou et Gao,ont publié le 11 juillet dernier les images de la vidéo ci-dessous intitulée « la conquête de l’Azawad arabe ».

Nord-Mali : pourquoi il ne faut pas intervenir

Slate Afrique: Une intervention militaire au nord du Mali est-elle plausible? Mathieu Guidère: Politiquement, elle est affichée. La Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) demande d’ailleurs au Conseil de sécurité de l’ONU de voter cette option. Elle est prête à  envoyer entre 2.000 et 3.000 hommes. Pour l’heure, il y a beaucoup d’inconnues. De quelle armée s’agira-t-il? Et avec quels équipements? De plus, on ne connaà®t pas exactement la mission qu’elle s’assignera au nord du Mali. Pour éviter la sanctuarisation du nord malien et que les Touaregs, islamistes ou non, ne s’ancrent durablement dans le paysage prenant définitivement le contrôle du nord malien, il est clair que seule la solution militaire existe. Mais de mon point de vue, une intervention militaire n’est pas souhaitable. Aujourd’hui, la situation est stabilisée: il n’y a pas de massacres et l’exode s’est arrêté alors que plus de 200.000 réfugiés avaient fui le nord malien, lors des combats au début de l’année. Il n’y a pas de troubles majeurs dans cette région et donc une intervention militaire, quels que soient ses objectifs, ne peut qu’empirer la situation. La solution serait éventuellement de négocier en agitant l’option militaire, ce qui se fait actuellement. Si une intervention militaire avait lieu, quel pays en prendrait la direction? Qui apporterait le soutien logistique? Peut-on s’attendre à  ce que la France parraine cette intervention? Actuellement, C’’est le président burkinabè, Blaise Compaoré, (au pouvoir depuis 1987) et ses troupes qui sont pressenties pour mener cette intervention. Apporter un soutien militaire signifie quelque chose de précis, C’’est-à -dire équiper les soldats et leur donner des armes et des munitions. Jusqu’ici, C’’est essentiellement la France et les Etats-Unis qui l’ont fait et je ne vois pas qui d’autre pourrait continuer à  assumer ce rôle. Cela pourrait se faire sous forme d’un appui sous mandat des Nations unies à  la force militaire de la Cédéao et non pas directement à  Compaoré. Officiellement du moins. Le facteur explicatif d’une aide américaine ne serait-il pas la crainte d’une jonction entre Ansar Dine et Boko Haram (au Nigeria), tous les islamistes radicaux de l’Afrique de l’Ouest? Effectivement, les Etats-Unis suivent de près la situation, à  cause de la présence de Boko Haram au Nigeria, pays stratégique pour les Américains en raison du pétrole. Pour le reste, le Mali, la Mauritanie et toute cette région ne représentent pas un enjeu d’importance pour les Etats-Unis. Ils estiment que C’’est plutôt l’aire d’influence de la France et que C’’est à  elle de s’atteler à  la résolution des problèmes dans cette zone. Ces mouvements ont-ils une idéologie et un agenda communs? Il existe clairement des liens, des échanges, une idéologie commune entre les islamismes et djihadismes de la région: Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) au nord, les islamistes shebab somaliens à  l’est et Boko Haram au sud. Il y a des échanges d’expertise et de combattants qui sont attestés. Mais pas de quoi parler de risque de jonction ou de volonté de créer une sorte de «pan-Etat» qui s’étendrait du nord malien jusqu’au sud du Nigeria, non. Cela n’a jamais été envisagé. Entre les deux, il y a quand-même le Niger et le Burkina Faso, des Etats qui ne le permettraient pas. D’autant plus que Boko Haram a plutôt un agenda local. Ils luttent essentiellement pour l’autonomie, voire l’indépendance du Nigeria du nord. Ce mouvement a plutôt comme modèle le Soudan. Il estime que la situation au Nigeria avec un nord musulman et un sud chrétien est très analogue à  celle du Soudan avant sa partition entre un Soudan du nord musulman et un Soudan du sud chrétien. l’objectif et l’agenda de Boko Haram est plutôt de parvenir un jour à  cette configuration. Alors que les autres groupes, à  savoir les shebabs somaliens et les Touaregs islamistes recherchent la création d’un Etat islamique avec application de la charia (loi islamique) sur l’ensemble du territoire national. Donc l’on ne va pas vraiment vers une jonction panislamique ni sur un agenda global. On se situe dans un agenda local, au mieux régional restreint. C’’est ce qui permet la réticence américaine. Seule une menace globale touchant à  leurs intérêts un peu partout pourrait les préoccuper. Ni Aqmi, ni Boko Haram, ni les Shebabs ne visent les intérêts américains partout dans le monde. N’ont-ils pas pour objectif d’appliquer la charia sur tout le continent? Pour l’instant, cela ne s’est pas vu. Boko Haram a comme objectif prioritaire un Etat islamique au nord, si possible indépendant, tout au moins le plus autonome possible avec application de la charia dans ses frontières. Les Shebabs, eux, souhaitent que cette application de la loi islamique s’étende à  toute la Somalie. Les Touaregs, selon l’accord qu’ils veulent obtenir, souhaitent un Etat islamique au nord du Mali avec application de la charia sur cette aire. Peut-on envisager une solution durable dans le nord du Mali, sans implication de l’Algérie? Cela s’avère très compliqué, d’abord parce que l’Algérie est un acteur traditionnel et historique du conflit touareg au Mali. Elle a été quasiment de tous les accords depuis les années 90. C’’est elle qui a encadré tous les accords politiques avec le gouvernement malien. Il y a donc une légitimité historique et une expérience politique importante de l’Algérie dans la gestion du dossier touareg dans cette région-là . Et je ne vois pas comment l’Algérie pourrait être écartée d’un règlement de la question, que ce soit au nord du Mali, et même au-delà , depuis le chamboulement libyen. Il faut savoir que les Algériens ont leurs propres objectifs dans cette affaire-là . Ils ont une politique assez prudente parce qu’ils ne veulent pas s’aliéner leurs propres touaregs. Pour rappel, toute la région de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie) jusqu’au sud, est peuplée de Touaregs. Jusqu’à  présent, les Algériens ont opté pour une politique d’intégration, voire d’assimilation des Touaregs dans le paysage politique local. La présence à  ses portes d’un Etat ou d’une entité autonome touareg pourrait donner faire des émules en Algérie. Tout ceci fait que l’Algérie est très prudente sur ce dossier. Prudente, mais incontournable. Elle ne voudrait pas non ouvrir, chez elle, la boà®te de Pandore. Ce conflit a-t-il aussi d’importants fondements économiques? l’aspect économique n’est pas négligeable. Ce conflit touareg au nord du Mali avec ses prolongements régionaux et internationaux recoupe des enjeux économiques importants sur le plan de l’extraction du fer, de l’or et divers minerai. Ces régions ont été sondées et l’on sait qu’elles sont riches en pétrole. Ne manquent plus que le forage et l’exploitation. Si les Touaregs prennent le contrôle du nord malien et que les autres pays laissent faire, une force économique naissante se profile. Ces intérêts économiques majeurs pourraient bouleverser la donne dans une région à  stabiliser. En arrière-plan de l’objectif de stabilisation de la région, il y a donc un objectif d’exploitation économique corolaire. Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa (slateafrique.com)

Edito : l’heure de la révolte a sonné !

Vendredi dernier, les jeunes de Goundam se sont emparés d’armes et de munitions pour tenir tête à  l’Ancar Dine. Cette localité située dans la région de Tombouctou est passée en quelques semaines des mains du mouvement touareg MNLA à  celles des islamistes qui y ont installé la charia. Lassés de subir le joug des envahisseurs et ne voyant rien venir de Bamako o๠il est plus question pour le moment de remaniement ministériel, les jeunes ont décidé de se libérer eux-mêmes. Les islamistes ont tenté en vain de négocier avec eux pour qu’ils rendent les armes, rien n’y fit. La tension est à  son comble. Situation semblable un peu partout dans les villes sous contrôle islamiste, o๠même si elle n’est pas forcément armée, la population manifeste de plus en plus des velléités de révolte. 100 jours d’occupation et de multiples exactions Dans les villes occupées par Ançar Dine et les autres mouvements islamistes, les populations vivent en retenant leur souffle. La moindre action est scrutée et peut coûter à  son auteur des coups de fouet voir pire. Ce qui a mis le feu aux poudres à  Goundam, c’est un ènième incident entre civils et islamistes. Selon les témoignages, C’’est la flagellation d’une femme qui prenait tranquillement son bain avec son enfant. Tous les deux se sont retrouvés à  l’hôpital pour des soins. Tollé dans la population et surtout parmi les jeunes qui ont marché sur le QG des islamistes. Face à  leur détermination, ces derniers ont pris la tangente en laissant derrière eux armes, munitions et carburant. Bien décidée à  ne pas les laisser revenir, la jeunesse de Goundam tient des positions pour défendre la ville. Ailleurs comme à  Gao, C’’est une brigade qui a été mise en place pour protéger les mausolées et particulièrement le Tombeau des Askias, du sort de ceux de Tombouctou, détruits par les islamistes. Une unité semblable existe aussi d’ailleurs à  Tombouctou o๠il fallu une intervention des sages de la ville pour que les jeunes n’entrent en conflit ouvert avec les islamistes. A Bamako également la jeunesse se mobilise. Originaires ou non des régions occupées, ils ont manifesté à  plusieurs reprises pour demander une action rapide pour libérer leurs « frères du nord ». A présent, ils s’organisent pour aller eux-mêmes « à  l’assaut des islamistes et les chasser». Pour ce faire, ils s’entraà®nent quasi-quotidiennement pour acquérir les bases des « actions de guérilla » comme ils le disent eux-mêmes. à‡a suffit, les discours ! Même s’il est évident que ce ne sont pas des actions isolées qui vont résoudre le problème du Nord, elles ont au moins le mérite d’exister. Elles montrent en tout cas une chose, C’’est qu’au Nord, on est las d’attendre que Bamako daigne finir de se disputer pour des fauteuils. l’intense ballet diplomatique et les déclarations qui se multiplient sur la question de l’intervention n’ont pas encore réussi à  calmer le scepticisme des « victimes » de l’occupation. «Les discours, ça suffit. Maintenant, on veut de l’action. Nous, on n’en peut plus d’attendre » déclare un jeune garçon venu s’entraà®ner sur un terrain de foot de Bamako. Pourvu que qui de droit l’entende…

MNLA, tout ça pour ça ?

Le 17 janvier restera dans l’histoire du Mali comme une date funeste. Elle a été suivie de beaucoup d’autres, le 22 mars, le 30 mars, le 21 mai, le 1er juillet. Toutes correspondent à  des événements dont l’éventualité, il y a à  peine un an, n’aura pas effleurer l’esprit de la majorité des maliens. En se lançant dans la guerre « pour l’indépendance de l’Azawad », les touareg, qui se sont régulièrement révoltés contre l’autorité de Bamako, ont franchi un cap supplémentaire. Cette fois-ci, ils sont arrivés armés, avec dans leurs bagages des amis forts encombrants. Des alliés multi-azimuts, avec un seul point commun, l’extrémisme religieux. Leur armement abondant et sophistiqué a permis une véritable blitzkrieg (guerre éclair), provoquant la débandade dans les rangs de l’armée et le désarroi des populations. 100 jours après, plus de MNLA! Si au départ, la convergence des intérêts avait semblé unir le Mouvement National de Libération de l’Azawad et ses alliés, très vite le ménage à  plusieurs n’a plus été possible. Les exactions auxquelles se livraient les indépendantistes, leur combat médiatique et le soutien évident des puissances occidentales, n’étaient pas du gout de leurs amis circonstanciels. Ceux-ci ont tôt fait, dès le mois d’avril de se démarquer et de préciser qu’ils reconnaissaient bel et bien le Mali uni mais entreprenaient d’y faire régner la charia. A quoi pensait le MNLA en ce moment là  ? A sa survie, très certainement, puisqu’il n’a pas cessé de faire des appels du pied aux islamistes au point d’annoncer une fusion entre tous les groupes armés en présence au Nord. Mais voilà , après plus de trois mois d’occupation des régions du nord, les massacres, les pillages et les viols, les assassinats et la répression des jeunes… Après tout cela, le MNLA a, à  son tour, effectué, « un repli stratégique ». Depuis ce mercredi 11 juillet, ils n’ont plus le contrôle d’aucun hameau de leur territoire de l’ «Azawad». Qui tue par l’épée, périt par l’épée…Même s’ils crient qu’ils sont toujours dans la course, il est clair aujourd’hui que Kidal, Gao et Tombouctou ont changé de maà®tres. Le cheval de Troie Tout ça pour ça ? C’’est bien la question qu’il faudrait leur poser. A quoi cela aura alors servi de venir mettre leurs frères maliens, avec qui ils auront vécu, difficilement peut-être, mais tout de même, pendant des siècles ? Pourquoi avoir permis que l’histoire retienne leurs noms, Iyag Ag Ali et consorts, comme les fossoyeurs du Grand Mali ? Ces interrogations leur ouvriront peut-être les yeux. Pour qu’ils comprennent que rentrer par la petite porte dans l’histoire est tout aussi négatif que d’en sortir par la fenêtre. A cause d’eux, aujourd’hui 2/3 du Mali est en proie à  des hommes qui ne vont pas s’y limiter. Ils l’ont dit et ils en ont les moyens. Surtout qu’à  Bamako, C’’est le gouvernement d’union nationale qui intéresse plus qu’autre chose. Les amis du MNLA, vous avez mis vos frères dans la situation la plus difficile de leur histoire. Vos frères touareg, parce que quand la haine s’élance, il est difficile de l’arrêter et aujourd’hui les maliens ne sont pas fous d’amour pour eux. Vos frères maliens qui, mis face à  leur responsabilité, n’oublieront certainement pas la votre. Maintenant, posez-vous cette question ? Pourquoi vous ont-ils aidé, si C’’est pour vous jeter dehors à  la première occasion ? Avez-vous compris qu’ils se sont servis de vous ? Que vous avez été leur « cheval de Troie » ?

Ces Maliens qui veulent la guerre !

Les exactions des islamistes et des rebelles touareg ont provoqué un afflux de 200.000 réfugiés à  l’étranger et déplacé 150.000 personnes à  l’intérieur du pays. Un début d’épidémie de choléra s’est déclaré et une grave crise humanitaire se profile, faute de nourriture et de médicaments. Indignation A quand l’intervention, une menace brandie par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dès le putsch du 22 mars dernier? C’est la question que beaucoup se posent. «On sait bien que C’’est l’Algérie qui pose problème, parce que ça les arrange de ne pas avoir les islamistes chez eux», commente Moussa, un immigré à  Paris, Malien d’ethnie songha௠et originaire de Gao. De plus en plus, cet argument ressassé sonne faux. Car les islamistes d’Aqmi sont bel et bien présents sur le territoire algérien, o๠ils ont commis une série d’attentats meurtriers, faisant notamment 30 morts et 220 blessés à  Alger le 11 avril 2007. Aqmi a aussi tué 11 gendarmes algériens en juillet 2010 lors d’une embuscade à  Tamanrasset, dans le sud algérien. Alors que l’Algérie donne des signes de changement d’attitude, les Maliens ordinaires ont du mal à  s’expliquer l’inertie de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). «Ce sont les grandes puissances qui sont derrière les islamistes, assure un chauffeur de taxi parisien originaire du Mali… Quatre hommes de la Croix-Rouge du Qatar sont à  Gao et distribuent des vivres sous la protection du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest). Dites-nous ce que fait le Qatar à  Gao? à‡a les arrange tous d’avoir du bordel au Nord parce qu’il y a du pétrole!» Des jeunes prêts à  l’autodéfense l’impatience monte, du côté des jeunes prêts à  en découdre avec les islamistes ainsi qu’avec les rebelles touareg. D’autant que l’armée malienne, forte de 33 000 hommes, semble bien décidée à  ne rien faire au Nord, depuis qu’elle est partie en débandade, fin mars. A cette époque, elle faisait face à  3.000 hommes, rebelles et islamistes confondus. Des groupes qui ne cessent d’étoffer leurs rangs depuis, et qui se préparent à  la guerre, dans l’attente d’une intervention militaire ouest-africaine qui aurait le soutien logistique de la France et des Etats-Unis. C’’est dans cette optique, aussi, qu’il faut analyser les destructions de mausolées à  Tombouctou, une démonstration de force avant l’hypothétique bataille. Paris reste paralysé par la présence de six otages français aux mains d’Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), et une ancienne colonie qui n’a pas souhaité la présence militaire française, depuis son indépendance. Bientôt, ce sont des villes entières, comme Gao, entourée de mines posées par les islamistes, qui serviront de boucliers humains. Selon des témoignages recueillis par RFI, le Mujao recrute à  tour de bras des jeunes, voire des enfants à  Gao. Déjà , au moment de la chute des villes du Nord, des jeunes de Mopti, effrayés par l’arrivée des rebelles touareg et des islamistes, avaient demandé aux militaires en déroute de leur donner des armes pour défendre eux-mêmes leur pays. La guerre semble incontournable Aujourd’hui encore, un Collectif des ressortissants du Nord (Coren) avertit sur la mobilisation des jeunes, qui se sont organisés en brigades de surveillance pour empêcher les viols, entre autres. Selon le Coren, ces jeunes sont brimés par les barbus, interdits de se promener le soir, de jouer au football ou de regarder la télévision. Prêts à  intervenir pour empêcher la destruction des mausolées de Tombouctou, des jeunes de cette ville en ont été dissuadés par leurs aà®nés… Face à  la situation dramatique du Nord-Mali, le Coren, qui se revendique comme l’un des groupes les plus représentatifs de la population du Nord-Mali (les Touaregs restant minoritaires), a demandé poliment, le 9 juillet lors du sommet de la Cédéao à  Ouagadougou, que cessent les palabres et qu’on passe enfin à  l’action. «Pour nous, la négociation est incontournable pour sortir de la crise. Encore faudrait-il savoir avec qui négocier; négocier quoi; quand négocier? Pour nous, l’intégrité du territoire n’est pas négociable. Pour nous, la forme républicaine n’est pas négociable. Pour nous, la laà¯cité de la République du Mali n’est pas négociable. La question de faire la guerre ou pas pour libérer les régions occupées est au centre de la médiation. Nous constatons que, malgré la disponibilité de la Cédéao à  appuyer notre pays, à  aider notre armée, malheureusement les autorités de la transition ne semblent pas mesurer l’ampleur et l’urgence de la mission. Sans être des va-t-en-guerre, nous estimons que, quel que soit le bout par lequel on appréhende la crise au Mali, la guerre aux envahisseurs semble une solution incontournable. Ne serait-ce que pour bouter hors de nos frontières les différents groupes terroristes.» Bamako fait la sourde oreille Seul problème: l’absence d’un seul interlocuteur solide à  Bamako, o๠la dispute autour du pouvoir préoccupe plus les acteurs politiques et militaires que la situation dans le nord. «Au moment o๠nous vous parlons, le gouvernement malien n’a posé aucun acte concret allant dans le sens de la résolution de la crise, poursuit le Coren dans sa déclaration faite à  Ouagadougou. Nous avons rencontré le Premier ministre le 7 mai (2012), puis son ministre de la Communication le 29, pour leur apporter les messages de détresse des populations et le sentiment d’abandon. Nous venons de tenir un sit-in, le mercredi 4 juillet, pour exiger du gouvernement qu’il affiche sa volonté politique de résoudre la crise et qu’il prenne des initiatives sur le terrain militaire. Nous devons vous avouer que nous n’avons pas l’impression d’avoir été entendus dans la mesure o๠même nos demandes d’audiences sont refusées.» Les heures de gloire de Cheick Modibo Diarra, actuel Premier ministre, pourraient être comptées. Il est question de former un autre gouvernement d’union nationale, qui mettrait un terme à  toutes les querelles autour de l’actuel gouvernement, soumis face aux militaires, peu représentatif des partis politiques et de la société civile. De même, les heures de Dioncounda Traoré à  la présidence intérimaire du Mali pourraient toucher à  leur fin. Soigné en France depuis son agression au palais présidentiel de Koulouba le 21 mai, l’ancien président de l’Assemblée nationale n’est pas très pressé de rentrer à  Bamako. Il n’a pas non plus daigné faire le déplacement à  Ouagadougou, lors du dernier sommet de la Cédéao sur le Mali –malgré l’urgence.

Ansar Dine est le véritable maître du Nord-Mali» (1/3)

Slate Afrique – Au cours de leur offensive rebelle conjointe lancée mi-janvier 2012, les islamistes d’Ansar Dine ont progressivement marginalisé leur alliés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Quel est le rapport de force au Nord-Mali? Mathieu Guidère – La situation est la suivante, aujourd’hui. Au nord du Mali dont la frontière s’arrête à  Tombouctou, il y a quatre forces politiques et militaires qui se partagent le territoire et le pouvoir. La première force est le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, dirigé par un bureau politique plus ou moins fantoche. En réalité, celui qui en tient les rênes est le chef du bureau militaire, le colonel Mohamed Ag Nejim. Il s’agit d’un colonel du régime de Kadhafi qui tenait la région sud de la Libye. A la chute de Kadhafi, il est rentré dans sa région d’origine avec armes et bagages: des véhicules blindés, du matériel neuf, rutilant. Mais il est surtout rentré avec son régiment, plus de 1.000 hommes qui étaient sous son autorité dans le sud libyen. En majorité des Touaregs intégrés dans l’armée libyenne pour la protection de la frontière sud. Ne se sentant plus en sécurité à  la chute du guide libyen, ils ont traversé le désert en passant par l’Algérie et ont rejoint le nord du Mali. Cette première force politico-militaire reste non négligeable, mais elle a perdu certains de ses hommes. Certains Touaregs qui forment l’armature militaire de cette faction se sont faits récupérer par l’autre faction touareg. Cette deuxième faction, qui représente une force politique dans la région, est celle que tout le monde connaà®t sous l’appellation Ansar Dine. Les médias ne voulaient sans doute pas effrayer le public occidental, mais le nom exact est «Jum’a Ansar al-din al salafiya», ce qui veut dire «le groupe des défenseurs salafistes de la religion». Ils se réclament clairement du salafisme. Ce sont des islamistes touareg, il ne faut pas les confondre. Ils sont dirigés politiquement, militairement et idéologiquement par un seul et même homme, Iyad Ag Ghali. C’’est un vétéran de la rébellion touareg, qui n’a pas toujours été islamiste. Il y a vingt-deux ans, en 1990, il avait déjà  fondé le premier groupe rebelle touareg appelé le Front populaire (et non national) de libération de l’Azawad. Il a participé à  toutes les rébellions de la région (1990, 1996) dont la dernière date de 2006. «Ansar Dine se réclame clairement du salafisme» La médiation algérienne qui a réuni tout le monde autour de la table à  cette occasion, a permis de pacifier la situation. A l’issue de ce règlement, le président malien de l’époque, Amadou Toumani Touré (ATT), avait proposé aux différents chefs touareg des fonctions et des gratifications. Il a intégré les hommes qui étaient sous leur autorité dans l’armée malienne, en les laissant, la plupart du temps, dans les casernes de leur région, au nord du Mali o๠il est très difficile d’installer des Maliens du Sud. Ils ont donc été intégrés dans l’armée malienne de façon formelle, mais ils sont restés ensemble dans leurs casernes, à  tenir le pays. Pour achever de régler le problème, ATT avait proposé à  Iyad Ag Ghali, un poste de conseiller au consulat de Djeddah, en Arabie Saoudite, ce qu’il a accepté. Il y passe deux ans et à  ce moment-là , il va se convertir au salafisme, considérant que C’’est la vraie voie de l’islam. Fin 2010, au moment o๠commencent les révolutions arabes en Tunisie et en Egypte, il rentre au Mali et refuse que l’on renouvelle son détachement en Arabe Saoudite. Quasi-immédiatement, il recrute parmi sa tribu des Ifoghas (touareg). Il enrôle les soldats qui étaient sous son autorité avant 2008. Iyad Ag Ghali instaure Ansar Dine, groupe islamiste touareg, d’obédience salafiste, qui se fixe comme objectif de mieux faire connaà®tre cet islam au nord du Mali et, dans un deuxième temps, d’appliquer la charia sur les territoires touareg maliens. Peu à  peu, cette deuxième force va monter en puissance. Tout au long de l’année 2011, Iyad Ag Ghali va s’ancrer territorialement et rallier un certain nombre de chefs de tribus arabes, touareg en plus de quelques chefs Songhaà¯s. Il va devenir la principale force avant le retour du colonel Ag Nejim de Libye qui ne rentre qu’en fin novembre 2011. A ce moment-là , C’’est Ansar Dine qui est la principale force politico-militaire au nord du Mali. Slate Afrique – Il s’agit des deux principales forces au nord du Mali… M.G. – Dans cette région-là , on trouve également une troisième force. Il s’agit d’Al Qaida au Maghreb islamique, (Aqmi) qui contrôle globalement la région de l’Adrar des Ifoghas, (la région montagneuse située au nord-est du Mali). Dans un modus vivendi avec les forces gouvernementales maliennes, Aqmi a réussi à  s’installer sur place, établir un certain nombre de camps et sanctuariser un certain nombre de territoires dans lesquels il agit. La condition étant de ne pas s’attaquer aux forces maliennes et de ne pas importuner les populations locales. Cette force est relativement bien implantée notamment auprès d’un certain nombre de tribus. Avec la tribu Berabiche par exemple elle a noué des alliances matrimoniales. Globalement, Aqmi était sur un mode de contrebande, d’enlèvements d’occidentaux. En fait une position entre le djihad et le banditisme. C’’est la troisième force politico-militaire qui a bénéficié de la déstabilisation de la Libye. A la faveur de cette guerre elle a pu récupérer une certaine quantité d’armements, de véhicules ainsi qu’un certain nombre de combattants et de miliciens. Elle s’est renforcée militairement même si au niveau des effectifs elle ne s’est pas véritablement renforcée. Quatrième force de la région, nouvelle venue, C’’est le Mujao, mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’ouest. Ce mouvement dissident considérait qu’Aqmi n’en faisait pas suffisamment contre les Algériens, une cible qu’il faut attaquer d’avantage selon eux au même titre que l’Afrique de l’ouest. En revanche, le mode opératoire est, à  peu près, le même que celui d’Aqmi. Des coups ponctuels contre les installations et les militaires avec une idéologie affichée qui est celle de l’ancien GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien avant qu’il ne devienne al-Qaida. Ce sont donc les quatre forces politico-militaires qui existent à  ce moment-là  et qui donnent lieu à  la situation actuelle. Slate Afrique – Comment ce rapport de force dans le Nord Mali s’est-il établi? M.G. – Le premier à  avoir lancé les hostilités est le colonel Mohamed Ag Nejim, le chef militaire du MNLA qui a attaqué début janvier, une caserne au nord. Au cours de son avancée fulgurante il va massacrer un certain nombre de soldats maliens provoquant une panique générale, une déroute des forces gouvernementales avec parfois des redditions et des ralliements. Assez rapidement, la nouvelle se répand que le MNLA veut autonomiser le nord du Mali. Au même moment, C’’est la catastrophe à  Bamako. Situation instable et troubles vont mener au putsch du 22 mars. Pendant ce temps-là , le MNLA va continuer à  connaà®tre un certain nombre de victoires militaires. Il va le faire sans consulter, la principale force politique et militaire de ce côté-là  qui est Ansar Dine. Rapidement, il va se produire un «modus vivendi», une alliance objective entre les quatre forces. Chacune va prendre le contrôle complet du territoire sur lequel elle agissait auparavant. Aqmi, du côté de l’Adrar, au nord-est, le Mujao au niveau de la position juxtaposée, au nord à  Kidal; le MNLA autour de Gao et Ansar Dine qui a pris Tombouctou et ses alentours. Une répartition globalement objective. Mais le MNLA voulait avoir le contrôle de tout le nord malien pour déclarer son Etat indépendant de l’Azawad. En attaquant les autres régions, ils se sont immédiatement affrontés aux forces d’Ansar Dine, du Mujao et d’Aqmi. Le rapport de de force ne leur étant pas favorable, ils ont préféré ne pas renter en confrontation et ont cédé un certain nombre de territoires. Slate Afrique – Les rebelles touareg détiennent-ils encore des positions fortes dans les territoires du Nord? M.G – Ils tiennent encore un certain nombre de positions dans le sud-est du nord malien. La zone qui est autour de Gao, globalement. Pour le reste, le territoire est essentiellement détenu par une coalition d’islamistes. Parce qu’entretemps, Iyad Ag Ghali se sentant en position de force a réuni l’ensemble des factions islamistes: Ansar Dine, le Mujao et Aqmi. Il a réuni tous les chefs à  Tombouctou et a obtenu un accord entre eux. Cet accord stipule qu’il ne peut pas y avoir de concurrence entre islamistes, et que l’unité est nécessaire. Ils se sont entendus sur une charte signée par tout le monde. Ils se sont entendus sur la nécessité d’un Etat islamique et l’application de la charia. La condition: qu’Aqmi et le Mujao ne procèdent pas à  des enlèvements sur le territoire touareg. Pour le reste Aqmi et le Mujao ont le droit de pratiquer leurs activités habituelles. Propos recueillis par Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa