Guerre au Mali : après l’offensive éclair sur Gao, objectif Tombouctou

L’aviation française a aussi bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à  1.500 km de Bamako, alors que des sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes dans les montagnes de cette région, dans l’extrême nord-est malien. Soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à  900 km au nord-est de Bamako. Les « troupes françaises et maliennes » seront « bientôt près de Tombouctou », a assuré samedi le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à  Mopti (centre), dont certains évoquent déjà  une volonté de vengeance à  l’égard des islamistes, qui ont notamment détruits des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia (loi islamique). « Ils nous chicotaient quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu’ils nous ont fait. Les chicoter aussi », promet ainsi Amadou, un jeune étudiant de Tombouctou, réfugié à  Mopti (centre). Le bastion islamiste de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, est tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire de l’armée française: des membres des forces spéciales benéficiant d’un appui aérien se sont d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis, des soldats tchadiens et nigériens sont venus par avion du Niger voisin jusqu’à  Gao, marquant de manière frappante l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. « La prise de contrôle de Gao, qui compte 50.000 à  60.000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours », a indiqué dimanche le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Plus de 6.000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à  terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-goutte et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Seuls 2.000 d’entre eux sont aujoud’hui stationnés au Mali et au Niger. L’UA salue l’action de la France Les premiers témoignages faisaient état d’une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage à  Gao. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées, et la zone n’est pas accessible à  des observateurs indépendants. L’armée française affirmait samedi qu’il n’y avait pas de combat à  Gao, mais « des opérations de harcèlement », avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol. Ce groupe avait affirmé samedi à  l’AFP vouloir « négocier la libération » d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant « les logiques de chantage ». D’après une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes armés, Iyad Ag Ghaly le chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et l’Algérien Abou Zeid, l’un des émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) se sont réfugiés dans les montagnes de Kidal. Des positions des islamistes à  Kidal et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. « Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à  Kidal et un camp militaire », a déclaré à  l’AFP une source de sécurité. La maison du chef d’Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants. Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. A Addis-Abeba, le chef d’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président sortant de l’Union Africaine (UA), a déploré devant ses pairs réunis en sommet la lenteur de l’organisation à  agir pour « défendre » le Mali et « salué » l’intervention française. Pour un habitant de Mopti, la France, engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l’armée malienne, contre les islamistes armés, afin d’empêcher leur progression vers le sud et Bamako puis en reconquérant le nord du pays, paie ainsi une « dette » contractée par l’ancienne puissance coloniale envers le Mali.

Adama, 16 ans, islamiste du Mujao ou paumé dans la guerre?

Il s’appelle Adama, et dit avoir 16 ans. Aà®né d’une famille de trois garçons, il n’a passé que deux ans à  l’école et aide son père, burkinabé, dans le champ. La famille est installée dans la région de Niono, assure-t-il, une localité située 60 kilomètres au sud de Diabali, prise le 14 janvier par les islamistes qui l’auraient ensuite abandonnée, selon l’armée malienne, après des bombardements français. Son village, D’Enngoudou, ne compte qu’une seule mosquée, wahabbite. Son père la fréquente peu. En temps normal, Adama est parfois employé par un éleveur, pour tirer ses boeufs; en échange, le patron lui offre du riz. Il nourrit ainsi sa famille. Il y a quelques semaines, comme chaque année, à  la fin de la période agricole, Adama et son ami Mohammed sont partis chercher un job en ville. Leur destination était Sévaré, affirme le jeune homme. Mais ils ont pris, « par erreur », un bus pour Douentza, une ville détenue depuis septembre par les islamistes. Arrivés sur place, des inconnus les ont interpellés: « Venez faire la cuisine pour nous. Vous serez logés et bien payés. » Les adolescents, qui ne parlent que le bambara, ont été bien traités. Et le travail était simple: « Chaque jour, on préparait des spaghettis, avec des tomates et des oignons, explique Adama. On ne comprenait rien. Ils parlaient arabe, ou tamacheck, » la langue des Touaregs. Un seul pouvait communiquer avec eux, toujours aimable. « C’est un Peul noir qui parle bambara, » se souvient le garçon. Son nom? « Abou Zeid ». Voilà  comment, au début du mois de janvier, le jeune Adama et son ami Mohamed ont fait la connaissance l’organisation du Mujao, qui détient au moins un otage français, Gilberto Rodriguez, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali, et qui tente, depuis près d’un an, d’imposer sa vision de la « charia totale ». Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes Assis sur le sol, dans une pièce de la gendarmerie de Sévaré, Adama porte le même pantalon coupé court que ses ex-employeurs islamistes, mais il assure qu’il ignorait tout d’eux. Ils ont quitté la ville, du jour au lendemain, explique-t-il: « Un boutiquier nous a dit qu’ils étaient partis pour la guerre. On a compris qu’on ne serait pas payés à  la fin du mois. Alors, on est partis. » Son histoire est peu plausible. Mais il serait surprenant, a contrario, qu’Adama ait rejoint les rangs du Mujao par affinité idéologique. L’appât du gain, alors? Le sergent Pascal Diawara, qui a interrogé le jeune homme, n’est guère convaincu: « Du travail, on en trouve à  Sévaré ou ailleurs, payé 1000 francs par jour, explique-t-il. Il y a bien plus de travail ici qu’au Nord. Quand on est engagé chez ces gens, on est engagé! Personne ne peut prétendre ignorer o๠il met les pieds quand il va à  Douentza. » Les jeunes suspects interrogés à  la gendarmerie de Sévaré viennent de toutes les régions du Mali, voire de l’étranger. Du Burkina Faso et des pays voisins, mais aussi de bien plus loin… « Votre djihadiste français, Ibrahim Ouattara, a été arrêté ici même », rappelle le sergent. Mais que penser d’Adama? Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes, et même que son pays est en guerre. Sur le chemin du retour, les deux adolescents ont demandé à  boire à  un vieux, qui a refusé de les aider: « Il nous a accusé d’être des islamistes. Puis un motard s’est arrêté, et a menacé de nous tuer. On a pris la fuite, mais j’ai eu peur. Alors, me voici.  » Mohamed a continué sa route, mais Adama s’est livré au motard, qui l’a amené aux autorités. Depuis le 22 janvier, il est en prison. A Sévaré, l’interrogatoire a été suivi d’un entretien avec un représentant du Comité International de la Croix-Rouge, installé sur place depuis mars 2012.

Gao reprise par les armées française et malienne

La ville de Gao (nord-est du Mali) a été reprise samedi par les armées française et malienne et des « contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivent sur zone pour prendre le relais des forces » françaises, a annoncé le ministère français de la Défense. Dans un communiqué, le ministère a affirmé que « dès ce (samedi) soir, Sadou Diallo, le maire de Gao réfugié à  Bamako, a pu regagner sa ville, accompagné par le colonel Dako ». Plus tôt, ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian avait annoncé que des soldats français et maliens avaient pris le contrôle de « la zone de l’aéroport et [du] pont de Gao ». Son entourage précisait toutefois que « les combats continu[aient] » dans la zone o๠« les tensions rest[aient] vives ». Jean-Yves Le Drian avait affirmé que «les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits». Le ministre a de plus tenu à  adresser «ses plus vives félicitations aux militaires français ayant rempli ces dernières heures avec succès la mission qui leur a été confiée». L’Etat-major des armées françaises avait ainsi indiqué que des « éléments terroristes » menaient « sporadiquement » des « opérations de harcèlement ». « Il n’y a pas de combat à  proprement parler » dans cette région du nord-est malien, avait précisé un porte-parole de l’Etat-major, « mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s’être abrités dans des zones urbaines ». Avant l’entrée des troupes, les positions des islamistes à  Gao avaient été pilonnées par l’aviation française, notamment par des avions de combat Rafale. L’aéroport de Gao se situe à  environ 6 kilomètres à  l’est de la ville. Le pont sur le Niger est lui placé à  l’entrée sud. Il s’agit d’une des trois principales communes du Nord du Mali, située à  1.200 kilomètres au nord-est de Bamako. De son côté, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a déclaré samedi à  Santiago refuser « les logiques de chantage », alors que le groupe islamiste Mujao a annoncé vouloir négocier la libération d’un otage français enlevé au Mali en novembre 2012. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a dit samedi à  l’AFP vouloir négocier la libération d’un otage français Gilberto Rodriguez Leal, qu’il détient depuis deux mois. Interrogé sur cette demande de négociation lors d’un déplacement au Chili, le Premier ministre a déclaré: « S’agissant de la situation de nos otages, vous n’imaginez pas qu’on va faire des déclarations publiques qui pourront contribuer à  mettre en danger leur situation ». « La France fera tout pour leur liberté », a-t-il ajouté, évoquant l’ensemble des otages français au Sahel. Alors qu’on lui demandait s’il ne craignait pas une recrudescence des « négocations-chantage », il a répondu: « On ne rentre pas les logiques de chantage ». « Ce n’est pas du tout notre vision des choses, et ce n’est pas la vision ni des Maliens, ni des autorités africaines ni des autres pays de l’Afrique de l’Ouest. On ne peut pas céder au terrorisme, sinon on sait bien que c’est toujours lui qui gagne », a-t-il poursuivi. Selon M. Ayrault, « il n’y a pas de complaisance, de négociation à  imaginer entre un Etat qui a vocation à  être un Etat démocratique et les forces terroristes ». « Il faut donner au Mali les capacités à  pouvoir exercer pleinement sa souveraineté », a-t-il dit également. Le chef du gouvernement français se trouve dans la capitale chilienne pour assister à  un sommet entre l’Union européenne (UE) et la Communauté des Etats latino-américains et des Caraà¯bes (Celac).

L’armée française se rapproche de Gao

Deux semaines après le début de son intervention au Mali, l’armée française a infligé des coups sévères aux groupes islamistes et progresse vers le nord pour accompagner la reconquête du territoire par les forces maliennes. Les objectifs fixés sont «atteints et respectés», a affirmé vendredi depuis Buenos Aires le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, écartant tout «risque d’enlisement». Après la ville de Hombori reprise jeudi, on apprenait samedi que l’aéroport de Gao et le pont Wabary à  l’entrée sud de la ville étaient désormais sous le contrôle commun des forces française et malienne. Des combats auraient toujours lieu sur cette zone. L’aéroport se trouve à  6 kilomètres de la ville. «Les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits», a indiqué Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, dans un bref communiqué, en adressant ses «plus vives félicitations» aux 3700 militaires français impliqués. Les autorités maliennes pensent que l’offensive contre Gao, l’une des principales villes du nord du Mali, sur la boucle du fleuve Niger, pourrait désormais intervenir rapidement. Des témoins affirment toutefois que les islamistes auraient fui le territoire. Gao est un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). C’est ce groupe qui a dit samedi à  l’Agence France Presse vouloir négocier la libération de l’otage français Gilberto Rodriguez Leal qu’il détient depuis deux mois. Les responsables maliens ont fait état de raids aériens français, jeudi, contre des positions insurgées à  Ansongo, à  une centaine de kilomètres au sud de Gao, sur la route du Niger o๠des contingents nigérien et tchadien – les Tchadiens seraient 1500 au Niger, d’après le ministère français de la Défense – se rassemblent pour participer aux opérations militaires. Les rebelles islamistes ont fait sauter un pont à  Tassiga, au sud d’Ansongo, sur la route principale longeant le fleuve Niger et menant au pays du même nom. Deux civils auraient été tués lorsque leur véhicule a emprunté l’ouvrage détruit. Repérages des Forces spéciales Avec les frappes aériennes qui se poursuivent, 2500 hommes et des dizaines de blindés déjà  sur le terrain, l’état-major français affiche sa confiance sur la capacité de ses troupes à  briser les positions et désorganiser les réseaux djihadistes. «On est en phase de reconquête du territoire. Vu les spécificités du terrain, les Français savent très bien faire et ils contrôlent l’espace aérien», analyse Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense. Les dix avions de combat Rafale et Mirage 2000 stationnés à  Bamako et N’Djamena poursuivent leurs frappes aériennes contre les bases arrière des islamistes, postes de commandement, dépôts de munition et de carburant, jusqu’à  Tombouctou. Objectif affiché: «Casser au maximum Aqmi», considéré comme l’ennemi n° 1, selon un haut responsable de la défense, qui souligne les «résultats significatifs» des frappes, notamment à  Gao et Tombouctou. Parallèlement, le dispositif terrestre monte en puissance. Plus de 120 véhicules, blindés légers, transports de troupes, vont gonfler dans les jours qui viennent le matériel déjà  déployé. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a rencontré vendredi à  Miramas (Bouches-du-Rhône) plusieurs centaines de soldats en partance pour le Mali, o๠les effectifs français devraient rapidement dépasser 3000 hommes. Le ministère de la Défense refuse toutefois de confirmer l’envoi prochain de chars Leclerc. En deux semaines de combats, la France n’a eu qu’un seul de ses soldats tué – un pilote d’hélicoptère – et ne déplore officiellement aucun blessé. En fait, les soldats français n’ont eu jusqu’à  présent que peu de contacts directs avec les combattants islamistes. Les hommes des Forces spéciales procèdent en revanche au repérage de cibles qui sont détruites ensuite par l’aviation.

Douentza libérée ? Le médiateur à Bamako

Deux jours après une première attaque des groupes armés repoussée par l’armée malienne, celle-ci leur a de nouveau fait face la nuit dernière. Des tirs à  l’arme lourde ont été entendus à  Konna, à  70 kilomètres de Mopti, désormais ligne de front. « Nous avons déclenché les opérations contre l’ennemi, qui a tenté de faire face. Nous allons les déloger », a dit un militaire malien sous couvert d’anonymat à  l’AFP, sans donner plus de détails. Douentza reprise aux islamistes D’après de nombreux témoignages, la ville de Douentza (145 km au nord-est de Mopti), sous contrôle des islamistes, a égelement été le théâtre de combats. « Nous sommes en combat, il n’y a rien à  dire », a lâché un responsable militaire sur le terrain. « Nous sommes en bonne position », a-t-il ajouté. De source militaire toujours, la vile de Douentza serait serait revenue sous contrôle gouvernemental. Du côté des islamistes armés qui occupent les trois régions du nord du Mali et une partie de la région de Mopti, c’est le silence radio. Les responsables de Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar Dine sont injoignables et aucune information sur le bilan des combats de part et d’autre n’a été communiquée. Mopti est la dernière capitale régionale avant les territoires sous contrôle des islamistes. Entre Konna et Mopti se trouve la localité de Sévaré (moins de 15 km de Mopti), o๠l’armée dispose d’un poste de commandement opérationnel. Selon le site leMonde.fr, un militaire malien a affirmé que des hommes et des armes avaient été envoyés à  Mopti dans la nuit de mardi à  mercredi, et des témoins ont vu une partie de ces renforts se rendre à  Sévaré. Le médiateur de retour à  Bamako Djibrill Bassolé, ministre burkinabé des affaires étrangères et représentant du Médiateur Blaise Compaoré pour la crise malienne, a passé la journée du mercredi à  discuter avec les autorités maliennes. Les nouveaux développements sur le terrain se sont produits alors que des négociations directes devaient se tenir ce jeudi 10 janvier à  Ouagadougou. Elles ont été reportées et M. Bassolé a évoqué hier la date du 25 janvier pour leur tenue. Il s’agit de donner plus de temps aux parties pour se préparer, a-t-il précisé. De sources concordantes, plusieurs dizaines d’officiers venus de plusieurs pays africains sont en conclave à  Bamako ce jeudi. Il pourrait s’agir d’une réunion préparatoire de l’intervention militaire internationale. La communauté internationale soutient l’option d’une intervention armée pour libérer les régions sous occupation mais également celle de négociations pour un règlement pacifique du conflit. Les populations,sont quand à  elles à  bout de patience. Des centaines de personnes ont marché dans les rues de Bamako ce mercredi 09 janvier pour réclamer la libération des régions occupées depuis plus de neuf mois. Des troubles ont éclaté qui ont fait un blessé. Les forces de l’ordre ont également procédé à  des arrestation d’individus armés qui ont profité de al manifestation pour créer du désordre.

Les otages algériens réclament leur libération

Dans une vidéo mise en ligne hier par Alakhbar, une agence de presse mauritanienne, les trois diplomates algériens, vêtus de tenues afghanes et portant une barbe de plusieurs jours, se sont exprimés brièvement dans cette vidéo de moins de deux minutes. “Nous sollicitons le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour trouver une solution à  notre situation et répondre aux demandes du groupe pour que nous puissions rentrer chez nous”, a lancé l’un des otages. “On avait une chance de quitter la ville de Gao mais on a exécuté les demandes du ministère des Affaires étrangères et on est resté pour s’occuper de notre communauté”, a-t-il ajouté. 9 mois de captivité Aussitôt, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, a réagi en affirmant que l’à‰tat algérien est “pleinement” mobilisé pour libérer ses diplomates enlevés à  Gao (Mali), avant de préciser que les contacts avec différents interlocuteurs et via différents canaux “se poursuivent”. Tout en refusant de commenter la vidéo, Amar Belani a affirmé que “je vous confirme que l’appareil de l’à‰tat algérien est pleinement mobilisé pour obtenir le retour sains et saufs de nos compatriotes”. Pour rappel, le consul d’Algérie à  Gao (Mali) et ses six collaborateurs avaient été enlevés le 5 avril 2012. Trois d’entre eux ont été libérés en juillet dernier. En septembre, le Mujao avait annoncé l’exécution d’un des otages, en l’occurrence le vice-consul algérien, Taher Touati, après un ultimatum de huit jours donné au gouvernement algérien pour libérer des terroristes d’Aqmi. Les autorités n’ont toujours pas confirmé l’exécution. La publication de cette vidéo intervient dans un contexte o๠une intervention militaire dans cette région a été adoptée par le Conseil de sécurité et vise à  mettre davantage de pression sur l’Algérie. Menaces des ravisseurs Même si la dernière vidéo ne comporte pas d’ultimatum, il est clair que les ravisseurs des diplomates algériens tentent de forcer la main au gouvernement algérien, par tous les moyens. Mais, il y a lieu de faire remarquer que la prise d’otages, devenue un commerce fort lucratif dans le Sahel, ne concerne pas uniquement les diplomates algériens. Plusieurs ressortissants européens sont, en effet, retenus, depuis longtemps, en otage, dans la même région, et c’est le même procédé que les ravisseurs utilisent avec tout le monde. à€ la différence que l’Algérie a toujours été farouchement opposée au paiement des rançons au profit des groupes terroristes.

Oumou Sall SECK :  » Il est temps que le Mali prenne ses responsabilités ! « 

Elle est une figure politique incontournable, membre du collectif des élus du Nord. Déplacée à  Bamako, depuis les évènements du 22 Mars et la prise des régions nord par les islamistes, Oumou Sall Seck, se bat sans relâche pour porter secours à  ses concitoyens restés au nord. Elle y effectue des allers-retours, même si sa maison y a été pillée et celle fonctionnelle, des femmes, désormais investie par le Mujao. Pour cette femme d’origine peuhle, sonrhaà¯, et touareg, le nord n’est plus qu’une question militaire. Déterminée, elle multiplie les plaidoyers en faveur de la libération urgente et vitale du Nord. A l’heure o๠la communauté internationale repousse l’intervention militaire à  Septembre 2013, la voix d’Oumou Sall Seck sonne juste. En marge du Sommet Africités qui s’est tenu à  Dakar du 4 au 8 décembre 2012, elle a répondu à  nos questions. Journaldumali.com ] : Vous êtes membre du collectif des élus du Nord et déplacée à  Bamako, que faà®tes-vous pour ceux qui sont restés dans la zone occupée ? Oumou Sall Seck : Merci. Nous avons, nous élus du nord, jugé qu’il fallait nous réunir dans un collectif pour pouvoir aider les populations du nord sous occupation. Vous savez que sur place, les services de base sont perturbés. Nous avons donc mis en place des comités de crise avec les religieux, imams et chefs traditionnels, pour faire passer l’information, écouter les doléances de nos concitoyens. Grâce au collectif, nous faisons aussi du plaidoyer pour la sortie de crise et nous en appelons aux partenaires au développement, pour obtenir des aides et assurer certains services comme la santé, l’accès à  l’eau et…Il nous faut également continuer à  sensibiliser, grâce à  l’aide de ces populations qui sont d’ailleurs venus à  Bamako pour témoigner, et nous faire comprendre la réalité qu’ils vivent au nord. Journaldumali.com : Parlez-nous de la situation à  Goundam, votre commune ? Oumou Sall Seck : l’accès aujourd’hui y est difficile. La zone étant enclavée, il y a moins de cars qui feront 850km pour se rendre à  Goundam. De plus, il y a beaucoup de contrôles, de fouilles corporelles. Presque 60% de la population de Goundam est partie. Mais pour ceux qui se sont réfugiés ici à  Bamako, la vie est difficile et beaucoup veulent retourner. La route Niono, Goundam, Tombouctou qui était en chantier a même été arrêtée. Vous voyez. Il n’y a plus de télévision, d’écoles fonctionnelles, de centres de santé, ce qui laisse une impression d’abandon. Sans oublier les maisons qui ont été saccagées. Quant aux femmes, la plupart se voilent pour sortir ou aller au champ de peur d’être bastonnées par les gens du Mujao. J’ai même appris qu’ils démontaient les paraboles sur les toits des maisons pour empêcher les familles de se distraire et les couper du reste du Mali. N’oublions pas le problème d’approvisionnement en eau, l’électricité coupée. Bref, C’’est le chaos. Journaldumali.com : Comment voyez-vous la sortie de crise au Mali ? Oumou Sall Seck : Tant que l’on est pas victime, on refuse de faire la guerre ? Pourquoi ? Mais peut-on négocier avec quelqu’un qui vous a amputé un bras, un pied ? Peut-on l’amnistier ? Je crois que l’on a assez négocié depuis la rébellion de 1963 et le Pacte National. Toute l’administration a été pillée, les archives détruites. Bien entendu la négociation aura toujours le dernier mot. Mais nous n’avons plus le choix et nous devons faire la guerre pour reconquérir notre territoire. Par ailleurs, il faudrait aussi que l’on ne fasse pas d’amalgames, tous les touaregs ne sont pas des rebelles, mais nous serons impitoyables avec ceux qui nous provoquent et nous blessent. Tous les Maliens sont témoins de ce qui a été fait en 91, il est grand temps que le Mali prenne ses responsabilités. Je suis désolée d’entendre dire que C’’est une affaire entre Maliens. La communauté internationale, doit nous aider! Journaldumali.com : Justement, elle semble hésitante sur la guerre ? Oumou Sall Seck : Leurs déclarations sont à  prendre avec prudence. Hélas les pays ne sont pas trop impliqués non plus, alors que C’’est un problème sous régional. Tout cela me désole. La CEDEAO soit aussi se décider. Alors que ceux qui sont prêts nous soutiennent. On doit rester dans cette solidarité internationale. Même les Maliens sont prêts à  intégrer l’armée malienne et si on nous forme, on ire faire la guerre…

Des islamistes détruisent les derniers mausolées de Tombouctou

Annoncé à  l’AFP par un chef islamiste de la villle, l’information a été confirmée par des habitants. « Il ne va pas rester un seul mausolée à  Tombouctou, Allah n’aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers », a déclaré Abou Dardar, un responsable d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d’AQMI à  Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l’islam, « ce n’est pas bien, l’homme doit vénérer seulement Allah ». « Actuellement, les islamistes sont en train de briser tous les mausolées des quartiers avec des pioches », a confirmé un habitant de cette ville historique, surnommée « la ville aux 333 saints ». « J’ai vu les islamistes descendre d’une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Allah est grand, Allah est grand », a affirmé un autre témoin. L’ONU VEUT Dà‰PLOYER D’UNE FORCE INTERNATIONALE Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population. En juillet et en octobre, les islamistes d’Ansar Eddine et d’AQMI, qui considèrent la vénération des saints comme « de l’idolâtrie », avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l’enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril. Ils avaient récidivé en détruisant d’autres mausolées en octobre, à  la veille d’une réunion internationale à  Bamako sur l’envoi d’une force armée au Mali pour les chasser du nord du pays. Voilà  six mois qu’ils occupent totalement cette zone, avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à  partir de septembre 2013. Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao, au Nord-Est, y ont amputé la main de deux voleurs présumés, promettant « bientôt » de nouvelles amputations.

Gao : dix nouvelles amputations prévues

Les islamistes qui contrôlent la ville de Gao, dans le nord-est du Mali, y ont amputé deux personnes vendredi et affirmé que huit autres allaient bientôt subir le même sort en application de la charia (loi islamique), a indiqué un chef islamiste, ce qu’ont confirmé des témoins. « En application de la charia, nous avons coupé la main de deux personnes vendredi. Huit autres personnes vont bientôt connaà®tre le même sort », a déclaré Moctar Barry, un des chefs du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui occupe Gao. « C’est la loi de Dieu et personne ne peut nous empêcher de l’appliquer », a-t-il ajouté. Deux habitants de Gao ont confirmé ces amputations. « J’ai vu l’un des deux amputés attaché, on lui a fait une piqûre avant l’amputation. Il a crié. Les deux amputés sont actuellement à  l’hôpital, gardés », a dit l’un d’eux. « Les islamistes ont affirmé que les amputations vont continuer. Ceux qui ont été amputés ont volé, alors que l’islam interdit le vol », a affirmé de son côté le second habitant. Abdou Sidibé, député de Gao, a estimé que ces nouvelles amputations étaient la conséquence du « laxisme de la communauté internationale ». « Il faut que la communauté internationale sache que ce sont les hésitations pour une intervention, ou non, dans le nord du Mali qui encouragent les islamistes à  montrer qu’ils sont chez eux et qu’ils n’ont peur de rien », a affirmé Abdou Sidibé. Ces amputations ont été commises au lendemain de l’adoption, jeudi, par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, entièrement occupé depuis six mois par les islamistes armés du Mujao, d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam). Experts militaires et responsables de l’ONU tablent sur une éventuelle intervention à  partir de septembre 2013. Le 29 juillet, des membres du groupe Ansar Dine avaient lapidé à  mort en public, à  Aguelhok (nord-est), un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. Et depuis août, plusieurs amputations publiques ont été commises par les islamistes dans différentes localités du nord du pays.

Mali: premières discussions directes entre pouvoir et groupes armés

Rendez-vous a été pris à  16H00 (locales et GMT) au palais présidentiel de Ouagadougou. Autour du président burkinabè Compaoré, médiateur pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se retrouveront une délégation du gouvernement malien, conduite par le chef de la diplomatie Tiéman Coulibaly, et des émissaires d’Ansar Dine, l’un des groupes islamistes occupant le Nord malien, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mais l’heure n’est pas encore à  des négociations de paix pour régler la crise dans le nord du Mali aux mains des islamistes qui en ont évincé en juin les rebelles du MNLA avec qui ils avaient mis en déroute l’armée malienne début 2012. Face à  une situation « critique », il s’agit pour l’instant de « trouver un cadre pour engager le processus de dialogue direct entre les parties », expliquait dimanche M. Compaoré. A la sortie d’un entretien lundi avec lui, le ministre malien des Affaires étrangères a également indiqué que la rencontre de mardi devait servir à  examiner « les possibilités d’amorcer un dialogue ». Il a surtout rappelé les lignes rouges fixées par Bamako à  toute négociation: respect de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laà¯c de l’Etat. Côté Ansar Dine, on se disait mardi prudemment prêt à  « écouter » les émissaires de Bamako. Ce mouvement essentiellement composé de Touareg maliens a, au moins dans son discours, fortement évolué sous la pression du Burkina et de l’Algérie, l’autre pays médiateur: il a dit renoncer à  imposer la charia (loi islamique) dans tout le Mali, mais pas dans les zones sous son contrôle, et s’est déclaré prêt à  aider à  débarrasser le Nord du « terrorisme ». L’Afrique attend l’ONU pour un recours à  la force Il a ainsi pris ses distances avec les deux autres groupes islamistes contrôlant la zone, les jihadistes surtout étrangers d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), avec qui il impose une version rigoriste de la charia. Marginalisé sur le terrain, le MNLA reste considéré comme un acteur-clé, d’autant qu’il a enterré sa revendication d’indépendance pour ne plus plaider que « l’autodétermination ». Sur cette base, « nous sommes aujourd’hui dans (une) disposition de négociation » avec Bamako, a indiqué à  l’AFP l’un de ses porte-parole, Moussa Ag Assarid. Les délicates discussions qui s’amorcent à  Ouagadougou ne font pas l’unanimité: certains acteurs politiques et de la société civile à  Bamako sont hostiles à  tout compromis. Mais si elles aboutissent, l’intervention militaire africaine actuellement en préparation devrait ne viser que les « terroristes », Aqmi et le Mujao. Les Nations unies doivent se prononcer en décembre. Après la Cédéao, le chef de l’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi « un appel » à  l’ONU pour qu’elle autorise « d’urgence » le déploiement de cette force. Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait « sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes » des groupes armés, il a averti des risques sur la situation humanitaire et les chances d’une solution politique. Quant à  Aqmi, il menace la France, qui soutiendrait logistiquement une opération armée, et ses alliés en Afrique. « Le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats », a lancé dans une vidéo son chef Abou Moussab Abdel Wadoud, alias Abdelmalek Droukdel, menaçant aussi la vie des sept Français otages dans la région.

Qui est l’otage Gilberto Léal Rodriguez ?

« Nous revendiquons l’enlèvement du Français dans le sud-ouest du Mali près de la frontière mauritanienne », a annoncé jeudi à  l’AFP le porte-parole du Mujao, Abu Walid Sahraoui, ajoutant que son groupe allait « prochainement publier une vidéo de l’otage ». Il n’a pas fait part des revendications de son groupe en échange d’une éventuelle libération. Gilberto Rodriguez Leal, 61 ans, né au Portugal mais de nationalité française, a été enlevé par des hommes armés mardi soir à  Diéma, localité située à  l’est de Kayes, ville proche des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie. Il circulait dans un camping-car et venait de Mauritanie, pays qu’il venait de traverser. Retraité depuis peu, cet homme vivait chez sa mère dans le sud de la France, selon une source proche du dossier. Après un long séjour au Brésil, M. Rodriguez Leal, féru de voyages en camping-car, a passé plusieurs mois au Burkina Faso. Son enlèvement porte à  treize le nombre d’otages étrangers détenus par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mujao, dont sept Français. Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a répété qu’il ne fallait pas se rendre dans cette région de l’ouest du Mali, même si elle « n’apparaissait pas jusqu’ici comme contrôlée par les terroristes ». Les recherches s’y poursuivaient jeudi ainsi que dans des pays voisins dont la Mauritanie, pour tenter de retrouver l’otage, sans grand espoir, selon des sources sécuritaires dans la région. En France, le Parquet de Paris a ouvert une enquête pour « enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste ». Discussions du MNLA avec Bamako « quand l’heure viendra » Dans le même temps, une délégation de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), conduite par son chef Bilal Ag Achérif, a été reçue pendant deux heures à  Paris par le représentant spécial de la France pour le Sahel, Jean Félix-Paganon. « Nous avons dit que nous souhaitions que la France nous écoute et qu’elle facilite le retour à  la paix », a déclaré à  l’AFP un porte-parole du MNLA à  Paris, Moussa Ag Assarid. La France, de son côté, a rappelé « son attachement à  l’intégrité territoriale du Mali », a-t-il dit. « Nous avons répondu que nous avions des revendications et étions prêts à  discuter avec les autorités maliennes quand l’heure viendra, mais ni avant ni ailleurs », a-t-il insisté. Le MNLA, mouvement laà¯c et prônant l’autodétermination de l’Azawad (nord du Mali), avait lancé l’offensive dans la région en janvier avec les groupes islamistes armés, Mujao, Aqmi et Ansar Dine (Défenseurs de l’islam). Ces groupes l’ont évincé fin juin du nord du Mali. Des touareg du MNLA ont récemment tenté de lancer, à  partir de la région de Gao (nord-est), une nouvelle offensive pour reprendre aux islamistes l’Azawad, mais l’opération a échoué et a fait des dizaines de morts, au cours de violents combats avec des éléments du Mujao et d’Aqmi.De son côté, le Mouvement des Arabes de l’Azawad (MAA), qui affirme représenter 40% de la population du nord du Mali, a mis en garde contre sa marginalisation dans le processus de négociations en cours et la préparation d’une intervention armée. Une force armée internationale, composée de soldats africains soutenus logistiquement par des pays occidentaux, est en préparation pour intervenir, avec l’aval de l’ONU, dans le nord du Mali afin d’en chasser les groupes armés islamistes. L’Algérie, le Niger et la Mauritanie cherchent à  renforcer la sécurité à  leurs frontières avec le Mali sans nécessairement les fermer en cas d’intervention militaire dans le nord de ce pays, a déclaré Abdelkader Messahel, ministre algérien aux Affaires maghrébines et africaines.

L’Algérie soutient l’idée d’une intervention militaire au Mali

Au lendemain de la visite de la secrétaire d’à‰tat américaine Hillary Clinton à  Alger, lundi 29 octobre, la participation de l’Algérie à  « la planification militaire » de l’intervention de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans le nord du Mali semble acquise. Plusieurs sources concordantes l’affirmaient mardi 30 octobre à  Alger : « Les discussions entre le président Bouteflika et Mme Clinton ont plus porté sur les modalités de la participation algérienne que sur son principe », affirme ainsi un proche du ministère des affaires étrangères. Concrètement, « il n’y aura pas de soldats algériens sur le sol malien, pas plus que de soldats français ou américains. Mais l’ANP (l’armée algérienne) sera associée à  la programmation des opérations militaires pour reconquérir le Nord-Mali. » des engagements « contre le terrorisme » Cette visite de la secrétaire d’à‰tat américaine aurait ainsi permis une clarification de la position algérienne. Jusqu’à  maintenant, Alger n’était pas favorable à  une intervention étrangère. Pour l’obtenir, Hillary Clinton a combiné flatteries de « la puissance militaire » et diplomatique de l’Algérie et rappels de ses engagements vis-à -vis de la communauté internationale « contre le terrorisme » . « Le président Bouteflika a longuement expliqué à  Mme Clinton que la solution ne pouvait pas être strictement militaire. l’écoute de Washington est apparue plus sérieuse que celle de Paris », souligne la même source. l’Algérie revendique plus de temps, afin, d’une part, de remettre sur pied l’armée malienne et, d’autre part, d’obtenir une évolution favorable dans les alliances sur le terrain dans le nord du Mali. Alger veut détacher la principale faction des insurgés, Ansar Eddine, de « ses alliés terroristes » . la diplomatie algérienne a été prise de cours dans la région La radicalisation salafiste, au début de l’année, de Iyad Ghaly, le chef du groupe touareg Ansar Eddine, avait marginalisé la faction laà¯que des indépendantistes du Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et pris de cours la diplomatie algérienne dans la région. Mais celle-ci refuse encore d’admettre qu’Ansar Eddine ne peut plus faire partie de la solution dans le nord du Mali. Paris, à  l’inverse, assimile ce groupe aux autres organisations salafistes classées « terroristes » dans la région : Aqmi et le Mujao. Personne ne dit, à  Alger, si Abdelaziz Bouteflika a convaincu Hillary Clinton d’attendre encore que ses services « retournent » le leader Targui, devenu islamiste radical après un passage dans les années 1990 comme vice-consul du Mali en Arabie saoudite. En attendant, des experts africains, y compris Algériens, européens et onusiens, se réunissaient à  Bamako, mardi 30 octobre, pour mettre au point le « concept d’opération » d’une intervention armée dans le nord du Mali. Amine KADI, à  Alger

Mali : nouvelle destruction de mausolées par les islamistes à Tombouctou

Les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali détruisaient jeudi 18 octobre de nouveaux mausolées à  Tombouctou, ville historique o๠ils avaient déjà  procédé à  de telles destructions en juillet, ont rapporté des témoins à  l’AFP. « Actuellement, les islamistes sont en train de détruire les mausolées de Karaba », un quartier du sud de Tombouctou, a affirmé un de ces témoins, propos confirmés par un autre habitant de la ville qui a précisé que les islamistes étaient arrivés à  bord « de trois véhicules, certains armés ». Des islamistes armés ont déjà  détruit avec des haches, samedi 29 septembre, le mausolée d’un saint musulman à  Goundam, une localité du nord du Mali, près de trois mois après avoir causé des dégâts similaires à  Tombouctou. D’après un habitant qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat, « ils ont cassé le mausolée [d’Alfa Mobo] jusqu’au niveau de la tombe, ils étaient 11 et quelqu’un filmait ». « LES ISLAMISTES SE SONT RAPPROCHà‰S DE LA POPULATION » Par ailleurs, le président du Collectif des élus du Nord-Mali Elhadj Baba Haà¯dara a appelé jeudi à  une intervention militaire internationale « urgente » contre les groupes islamistes armés qui occupent la région, avant qu’il ne soit « trop tard ». « Nous crions : ça s’enlise, faites vite ! Ils ont tous les moyens pour endoctriner la population : par peur, par conviction, par la force ou par l’argent », a déclaré le député de Tombouctou, en mission à  Paris à  la veille de la tenue à  Bamako d’une réunion internationale pour préparer la reconquête du nord du Mali. « Il faut une intervention urgente des forces occidentales. Nous l’espérons, nous le souhaitons, nous le désirons », a insisté M. Haà¯dara au cours d’un entretien à  Paris. « La communauté internationale a la responsabilité de faire très vite car les gens se rallient aux terroristes », a renchéri Haà¯ssata Cissé-Haà¯dara, députée de Bourem (à  45 km de Gao), également membre de la délégation parlementaire malienne. « A Gao, les islamistes se sont rapprochés de la population. Ils ont distribué de l’argent pendant le carême pour payer le sucre, ils ont donné de l’argent pour que l’électricité soit distribuée gratuitement », a-t-elle souligné.

Quand Chato, l’élue de Bourem, lâche ses vérités…

C’’est une femme sollicitée, engagée, présidente du Réseau parlementaire Femmes Développement et Protection de l’enfance. Femmes d’affaires dans la tourisme, avec l’agence Wanitour, celle qu’on surnomme Chato est une femme d’influence au sein de l’Assemblée nationale, mais aussi femme ressource pour ses consœurs du nord, elle avait effectué un voyage au Parlement européen, avec des pairs députés, pour appeler à  l’aide de la communauté internationale vers le Mali et dénoncer les agissements du MNLA à  l’époque. Lors des assises de l’occupation tenu les 3 et 4 octobre à  Bamako à  l’initiative de la Coalition pour le Mali, Mme Haidara Aichata Cissé n’a pas fait dans la dentelle. Pour elle, il n’y a plus lieu de négocier avec les islamistes. Journaldumali.com : Mme la député, parlez-nous de la situation des femmes de Bourem Mme Haidara Aichata Cissé : Elles sont muselées, victimes d’une situation très précaire. Elles ne peuvent plus aller au marché, ni sortir de chez elles sans se couvrir. Ces femmes faisaient du commerce, avec leurs enfants et aujourd’hui, elles n’ont plus aucun moyen de subvenir à  leurs besoins avec la présence du Mujao à  Bourem. De plus, il y a un autre phénomène, les mariages entre mes sœurs de Bourem et certains occupants, mais d’après les échos que J’ai eu, elles ne sont pas heureuses avec ces hommes. Aujourd’hui, le social est détruit, le lien social et économique est anihilé. ( les femmes mariées avec les occupants sont aussi victimes de viols collectifs, notamment à  Tombouctout ndlr) Journaldumali.com : Vous avez prôné l’intervention militaire pour libérer le nord Mme Haidara Aichata Cissé : Il faut qu’on arrête d’être ridicule dans ce pays. Que voulez-vous qu’on négocie avec le Mujao et Ansar Dine ? Aujourd’hui, ils ne respectent pas la laicité et veulent la charia ou rien, contre l’avis de la population. Donc, rien n’est négociable ! Journaldumali.com : Depuis le début de cette crise, vous faà®tes du plaidoyer avec vos pairs députés au Mali comme à  l’extérieur ? Mme Haidara Aichata Cissé : Oui nous demandons l’aide de la communauté internationale pour sortir de cette crise. Mais il faut une cohérence dans l’action. Ce genre de forum est salutaire parce que chaque voix peut s’exprimer. Nous faisons du lobbying pour que l’intervention armée se mette en marche, parce qu’en tant qu’ élus des peuples du nord, nous ne pouvons rester les bras croisés. Mais aujourd’hui ceux qui disent qu’il faut négocier, se trompent. On ne peut négocier sans armes de guerre, ni en position de faiblesse. Il faut que les conditions matérielles adéquates soient réunies pour vouloir négocier avec ces gens et l‘intervention militaire doit être une épée de Damoclès sur la tête de ces islamistes. Hélas, on entend des voix discordantes au sein des autorités. Vous savez, si la communauté internationale voit que le Mali hésite, elle mettre du temps à  nous aider ! Alors, J’appelle la classe politique malienne à  parler d’une seule et même voix.

Le Chef d’état major du Mujao, Oumar Ould Hamaha se confie à Radio Nièta

Et pour l’application de la charia, l’homme est on ne peut plus clair : elle sera totale. Parlant des non musulmans, le chef d’état major général du MUJAO est plus conciliant et parle même de frères et non d’ennemis. Entretien. Radio « Nièta » : Vous êtes aujourd’hui chargé de la sécurité du MUJAO. Est-ce que la sécurité des populations et des villes que vous occupées sont réelles, voire garanties ? M. Oumar Ould Hamaha : Gao est en sécurité parce que nos éléments y patrouillent. Il y a des patrouilles permanentes de jour comme de nuit. Dieu merci, les Moudjahidines s’entendent bien avec la population. Je vous invite à  demander aux populations, elles sont bien placées pour vous répondre. Radio « Nièta » : Est-ce que la population est d’accord avec l’application de la charia ? M. Oumar Ould Hamaha : La charia est une imposition divine. Nous sommes des serviteurs y compris les djihadistes ainsi que les populations et toute l’humanité. Et C’’est aux esclaves de se soumettre au seigneur. La charia est une imposition divine. Si la population l’accepte ou pas, nous sommes là  pour l’appliquer comme Dieu l’a dit dans le Coran. Je sais qu’il y’a des bonnes personnes, pieuses qui l’acceptent, mais par contre, il y a d’autres qui vivent de vols, de pillages, de cambriolages parce que C’’est contre leur mode de vie. Radio « Nièta » : Nous avions reçu ici à  Bamako des gens dont le pied ou la main ont été amputés et qui soutiennent qu’il n’y avait pas de preuve contre elles. Qu’en dites-vous ? M. Oumar Ould Hamaha : D’abord, il faut savoir que nous pratiquons la charia après avoir eu des preuves concrètes ainsi que des témoins. Et lorsque nous vous prenons la main dans le sac, l’application de la charia est indiscutable. Nous n’avons jamais pratiqué la charia sans jugement et la personne doit reconnaitre les faits. Vous savez tous ceux qui ont été châtiés selon la religion musulmane l’ont été avec des preuves irréfutables contre eux. Radio « Nièta » : Des rumeurs persistantes affirment que les éléments du MUJAO ne sont pas des maliens, y compris vous. Que répondez-vous ? « Je suis malien. Cela ne souffre d’aucun doute » M. Oumar Ould Hamaha : Demandez à  l’administration territoriale, elle me connaà®t depuis le régime du Général Moussa Traoré. En clair, je m’appelle Oumar Ould Hamaha. Je suis né le 5 juillet 1963 à  Kidal. Et J’ai obtenu mon bac en 1984 à  Tombouctou. Vous pouvez demandez aux membres du gouvernement ainsi qu’à  mes promotionnaires. Ils sauront vous répondre. Je suis un malien cela ne souffre d’aucun doute. Radio « Nièta » : Etes vous prêts pour le dialogue ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur que nous sommes prêts pour le dialogue. Nous l’avons toujours prêché et nous sommes prêts à  dialoguer avec qui que ce soit et même si Obama venait nous voir, nos portes lui seront ouvertes à  plus forte raison nos frères musulmans du Mali. Radio Nièta » : Etes-vous pour la partition du pays comme le MNLA le demande ? Oumar Ould Hamaha : Nous sommes contre la division du Mali. Je l’ai toujours dit et vous pouvez écouter tous mes discours, notre position n’a pas changé et ne changera pas sur ce sujet. Pas de partition du Mali qui demeure et demeurera indivisible. Radio « Nièta » : Qu’en est-il de vos rapports avec le MNLA ? M. Oumar Ould Hamaha : Ce sont des gens qui tiennent un double langage, ils sont pour un mali un et indivisible, tantôt, ils veulent une partition du pays. Ce qui est archi-faux. Et C’’est la raison pour laquelle nous les avons chassé de Gao avec 67 victimes qui ont été recensées dans leurs rangs. Idem pour nos frères Berabich du FLA ainsi que ceux du « Ganda-Izo » à  Douentza. Tous ces gens-là  prônaient la désunion. Ce qui est contraire à  notre vision, celle de l’Islam. C’’est pour cela que nous avons décidé qu’il n y aura plus de milices armées afin que tout le monde soit sous un seul commandement. Tout le monde doit être uni sous le couvert de la religion. Vous voyez que ceci est un travail d’unicité. Radio « Nièta » : Y’a t-il des contacts avec les autorités à  Bamako ? M. Oumar Ould Hamaha : Le week-end dernier, J’ai reçu un contact téléphonique du Ministère de la Défense, me disant qu’ils sont prêts pour le dialogue. Ce que J’ai accepté mais à  condition que tout le monde se soumette à  la charia (la loi divine). Le Ministre de la défense m’a répondu que : « le Mali est un pays laà¯c et que chacun est libre de choisir sa religion ». Je lui ai dit que seule la charia pourra nous unir et demeure l’unique solution. Dans le cas contraire, C’’est le sabre qui nous opposera. A notre grande surprise, il va le même jour à  Abidjan donner le feu vert pour l’arrivée des troupes de la CEDEAO. C’’était le comble et la déception pour nous. Un acte que nous regrettons parce que les pays de la CEDEAO ne peuvent pas affronter les djihadistes, même s’ils sont épaulés par ceux de l’OTAN. En clair, aucun pays du monde ne peut s’arrêter devant les djihadistes. Nous sommes prêts à  affronter n’importe quelle armée terrestre ou aérienne. Radio « Nièta » : Est-ce que vous avez les moyens et les hommes pour l’application de la charia dans tout le Mali et dans tout le reste de l’ Afrique ? M. Oumar Ould Hamaha : Oui sur toute la planète, s’il plait à  Dieu. C’’est une promesse divine révélée dans le coran depuis 1400 ans que nous sommes entrain de réaliser. Radio « Nièta » : Ici dans certains milieux, on accuse votre mouvement d’être en relation avec certains pays arabes comme le Qatar et l’Irak. Que répondez-vous ? [b M. Oumar Ould Hamaha : Ce n’est pas vrai. Nous n’avons aucune relation avec ces pays. Notre relation est avec Dieu. Dieu nous suffit. Nous avons suffisamment d’armes et plus de 45% de l’arsenal de l’armement libyen et toutes les casernes du nord Mali sont sous nos mains puisqu’abandonnées par l’armée. Radio « Nièta » D’autres sources persistantes font état du soutien de certains pays voisins du Mali (La Mauritanie, le Burkina Faso et l’Algérie) à  votre mouvement. Qu’en est-il ? M. Oumar Ould Hamaha : Vous savez la Mauritanie s’est rendue compte qu’elle ne peut pas nous affronter après avoir vécue l’expérience des djihadistes depuis plus longtemps, à  plus forte raison qu’on est maintenant surarmé. L’armement dont dispose les djihadistes est 20 fois supérieur au nombre des djihadistes eux mêmes. Radio « Nièta » : Est-ce à  dire que sous votre occupation, les populations vivent mieux que sous l’administration ? » M. Oumar Ould Hamaha : Je vous confirme que nous sommes en très bonne entente d’autant plus que avons aidé la plupart des cultivateurs pour les semences, le paiement des factures pour tous les indigènes ainsi que les plus faibles sans compter l’aide aux démunis. Il va de soi que la population nous accepte. D’abord nous les avons déchargé du fardeau de la douane et des taxations. De nos jours, il n’ya ni douane, ni taxes à  payer. Les camions chargés depuis Niamey, Algérie et la Mauritanie, débarquent leurs marchandises sans payer de droits de douane. Chaque jour, il ya plus de 50 camions qui viennent décharger à  Gao, et les produits sont vendus moins chers qu’auparavant. Et dieu merci il y’a la sécurité totale, la prospérité et la bienséance… Radio « Nièta » : vous maitrisez la gestion d’état et vous aviez les moyens de votre politique, n’avez-vous pas d’autres appuis extérieurs ? M. Oumar Ould Hamaha : Nous n’avons pas besoin de partenaires. Il faut savoir que C’’est une bénédiction divine qui nous dirige et nous encourage. Nous avons suffisamment d’armements que nous pouvons d’ailleurs vendre. Demandez à  l’armée malienne ce qu’elle a laissée derrière elle ? Ici, C’’est la solidarité agissante de façon permanente qui constitue nos ressources. Ce n’est pas comme dans un gouvernement ou chacun cherche à  prendre l’argent du gouvernement. Chez nous, la plupart vient avec leur véhicule et leur arme. Dans un pays islamique, tout le monde vient en aide au gouvernement islamique : les éleveurs, les cultivateurs, les commerçants etc. D’ailleurs, tous les marchés et les ONG sont donnés aux gens du milieu et les bénéfices reviennent aux autochtones. Pourquoi la population ne s’entendrait pas avec nous, elle ne paye ni l’électricité ni l’eau ? Radio « Nièta » : La presse peut-elle venir couvrir les événements du nord, sans problème ? M. Oumar Ould Hamaha : Je signale qu’il ya la paix et la sécurité totale partout au nord. Pourquoi à  à  Bamako, les gens sont entrain de s’entretuer, c’est parce qu’il ya une mauvaise gestion et un gouvernement pas crédible. Le Mali a une armée sans morale et est sous équipée. Les hommes qui sont au pouvoir n’ont pas été choisis, ils se sont imposés de force à  la population. Ce qui est contraire à  la religion musulmane qui parle de justice, d’équité. Radio « Nièta » : Parlant des initiatives du Haut Conseil Islamique du Mali et des frères musulmans qui sont au sud, est-ce que vous êtes prêt à  discuter avec eux pour trouver un terrain d’entente ? M. Oumar Ould Hamaha : Nous préférons que ce soit le HCI au nom du gouvernement qui vienne vers nous. Sinon toute autre personne, non. Comme vous le savez, C’’est par le canal du Haut Conseil Islamique qu’on peut dialoguer et négocier avec les autorités. Et C’’est un honneur qu’on leur donne parce que, ce sont nos frères musulmans. Radio « Nièta » : Est-ce que vous êtes prêts à  appliquer les différents consensus avec le Haut Conseil Islamique du Mali ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur qu’on est prêt à  les appliquer, tant qu’ils ne sont pas hors de la charia, qu’ils ne sortent pas du cadre de la religion. Radio « Nièta » : Qu’est-ce que vous avez à  dire à  vos frères musulmans et non musulmans du Sud ? M. Oumar Ould Hamaha : J’ai un message particulier à  donner à  tous mes frères sans tenir compte de la langue ni de la race, qu’ils soient peulh, bambara dogon, sonrai, nous ne sommes pas leurs ennemis et nous ne sommes pas venus pour les faire souffrir. Bien au contraire, nous sommes des frères et nous devons nous entraider à  honorer la religion, à  nous soumettre à  la loi divine et que Dieu nous agrée tous et qu’Allah fasse du Mali un pays uni en paix, sécurité et bienfaisance sous la couverture de la loi divine. Radio « Nièta » : Par rapport à  votre appartenance au Mali, vous avez des frères non musulmans, quel est votre message à  leur endroit ? M. Oumar Ould Hamaha : Bien sur il y a des maliens qui ne sont pas musulmans, mais nous sommes tous fils d’Adam. C’’est Dieu qui va juger et chacun sera jugé selon ses actes et sa foi. Il n’ya point de contrainte dans la religion. D’ailleurs, les chrétiens sont des hommes du livre, nous les respectons, ils peuvent vivre sous domination musulman Radio « Nièta » : Avez-vous un appel ? M. Oumar Ould Hamaha : Je m’adresse à  tout le monde, y compris au gouvernement, à  l’armée, la population. Je les invite à  se soumettre à  dieu et qu’Allah nous agrée tous !

Nord Mali : Alger négocie avec les islamistes

«Il y a urgence à  trouver une solution pour empêcher une intervention militaire dans le nord du Mali. Nous devons absolument convaincre toutes les factions sur le terrain de rompre les liens avec les terroristes d’Aqmi et du Mujao.» à€ en croire une source proche des négociations, c’est en recevant en secret une nouvelle délégation d’Ansar Dine qu’Alger essaie de trouver au plus vite une issue politique à  la crise au ­Sahel. Les tractations avec le mouvement islamiste touareg, qui ont commencé depuis le rapt des diplomates algériens à  Gao en avril dernier, visent «à  unir les différents courants d’Ansar Dine»: la faction la plus radicale – et la plus influente – qui ne reconnaà®t pas Aqmi comme un groupe terroriste, la frange plus souple, qui souhaite faire du Mali un émirat islamique mais pourrait se démarquer d’al-Qaida, et le courant composé essentiellement d’anciens du MNLA qui veulent privilégier l’autonomie de l’Azawad. «Voilà  pourquoi cette délégation était menée par Tena Ould Ahmed (le père spirituel d’Iyad ag Ghali, chef d’Ansar Dine), tenant de l’aile dure, et Amada ag Bibi, plus modéré», explique un proche du mouvement. Des pourparlers qui ne sont pas du goût de Bamako, o๠le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a appelé samedi les Occidentaux à  envoyer avions et forces spéciales au nord du pays. «Nous ne reconnaissons pas ce type de rencontre informelle, commente . Le Mali compte exclusivement sur une résolution des Nations unies pour envoyer les 3300 hommes de la Cédéao qui se tiennent prêts. L’Algérie cherche à  protéger ses hommes, quitte à  sacrifier la population malienne. Elle ne doit pas se sentir obligée de s’impliquer dans une opération militaire, le Mali ne lui demande rien.» Partenariat américano-algérien Sur un autre front, les Algériens soignent leurs relations avec les pays acquis à  leur cause. Le ministre nigérien de la Défense, Mahamadou Karidiou, reçu par le président Bouteflika la semaine dernière a rappelé la «convergence de vues» entre les deux pays. Autres partenaires privilégiés, les Américains… même si leurs déclarations se contredisent parfois. Alors que le général Carter F. Ham, haut commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom) affirmait dimanche à  Alger que «la situation dans le nord du Mali ne peut être réglée que de manière diplomatique ou politique», le plus haut responsable de l’Afrique au département d’à‰tat américain, Johnnie Carson déclarait hier que les à‰tats-Unis «seraient prêts à  soutenir une intervention armée bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux qui seront directement concernés». Les à‰tats-Unis semblent en fait garder deux fers au feu. Ils devraient soutenir au Conseil de sécurité des Nations unies le principe d’une intervention armée internationale aussi large que possible, mais tiennent à  s’assurer des conditions dans lesquelles elle pourrait se dérouler. Attendus le 19 octobre à  Washington pour la première session de dialogue Algérie-à‰tats-Unis, les Algériens martèlent qu’une telle opération serait «vouée à  l’échec». «Jeter quelque 3000 hommes dans un théâtre d’opérations de plus de 8000 kilomètres carrés serait insignifiant, s’emporte un haut gradé algérien. De plus, l’ennemi, invisible et insaisissable, mènera une guerre d’usure qu’il gagnera à  coup sûr contre une formation militaire telle que la pense la Cédéao, qui ne connaà®t pas, non plus, le terrain saharien. Enfin, les groupes armés s’appuieront sur la population locale, des Touaregs, pour qui une armée africaine équivaut à  une force d’occupation étrangère.»

Interview de Cheick Modibo Diarra : « Au Mali, chaque jour, les terroristes se renforcent »

Le Premier ministre revient de New York oà¹, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, il a formellement demandé à  l’ONU une intervention militaire internationale afin de reconquérir le Nord du Mali contrôlé depuis six mois par des groupes islamistes armés. [Comment comptez-vous rétablir la souveraineté du Mali ?] Cheick Modibo Diarra : Nous avons défini une stratégie en cinq points. Il faut, dès maintenant, commencer à  sécuriser les grandes villes du Mali. Si vous regardez le modus operandi des terroristes qui occupent le Nord du Mali, ce sont des gens qui dès que vous les contrariez, commettent des actes de violences dans des zones peuplées. Il faut donc faire en sorte qu’il n’y ait pas d’infiltration, ni multiplication de cellules dormantes. La deuxième étape, accomplie à  New York, est de solliciter formellement l’aide de notre organisation sous régionale, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], de l’Union africaine [UA], de l’Union européenne [UE] et de nos amis comme la France et les Etats- Unis et de transmettre au Conseil de sécurité notre requête d’intervention militaire internationale sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies. Une fois votée, la résolution donnera une légitimité à  tous ceux qui veulent et qui peuvent nous accompagner dans la libération du nord. La phase deux se poursuivra avec des rencontres du gouvernement pour mobiliser toute la communauté internationale afin de voir qui veut participer, et comment, à  la libération du nord. La troisième phase consiste, avec nos partenaires, à  structurer et à  solidifier l’armée malienne qui doit être le fer de lance de cette affaire. Ces phases n’ont pas besoin d’être séquentielles. Elles peuvent se dérouler en même temps. La quatrième phase est de reconquérir le nord. Puis, enfin, il faudra sécuriser les régions libérées de façon durable. [Quel est votre calendrier ?] J’espère que les débats [sur la résolution] vont commencer au Conseil de sécurité dès la semaine prochaine afin qu’elle soit adoptée avant la mi-octobre. Chaque jour qui passe, nous avons davantage de mutilations, d’amputations, de viols, d’actes de barbarie dans le nord de notre pays. Le plus rapidement la résolution sera adoptée, le mieux ce sera. Et je suis convaincu que dès que nous aurons une résolution la plupart de ces malfrats et bandits essaierons de s’échapper avant même que les choses sérieuses commencent. Seuls les plus endurcis resteront. [Quand espérez-vous que la Cédéao enverra le contingent de 3 300 hommes qu’elle a promis de déployer au Mali ?] Une fois la résolution votée, on pourra immédiatement demander à  la Cédao de déployer des troupes qui nous aideraient à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’à  ce moment là , juste après le vote, les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire  » le Mali ne sera jamais plus aussi faibles, bientôt des soldats vont venir renforcer notre armée donc si nous voulons vraiment lui nuire, c’est le moment o๠jamais « . Il faut donc que la force de la Cédéao soit prête pour un déploiement presque immédiat dès l’adoption de la résolution. Hillary Clinton a estimé que « seul un gouvernement démocratiquement élu aura la légitimité pour parvenir à  une résolution négociée au Nord Mali et mettre un terme à  la rébellion ». N’est-ce pas le signe que les Etats-Unis sont opposés à  une intervention internationale ? Des élections… Quelle serait la légitimité d’un président élu dans un pays qui ne peut pas faire voter tous ses citoyens ? Je ne pense pas que les Etats-Unis bloqueront la résolution au conseil de sécurité de l’ONU Ils veulent participer au règlement de la situation dans le Sahel. Mais leur législation leur interdit de collaborer avec des gens arrivés au pouvoir après un coup d’Etat, jusqu’à  de nouvelles élections. Je ne pense pas que le désir des USA soit de faire perdurer la souffrance et le risque de globalisation des problèmes dans le Sahel. C’est juste une façon de nous dire ne pas prolonger inutilement la transition. Les Etats-Unis nous ont toujours demandé d’organiser, le plus rapidement possible, des élections crédibles. Ce message nous l’avons compris. [Si la résolution est votée en octobre, quand les forces de la Cédéao pourront-elles se déployer ?] On pourrait immédiatement demander à  la Cédao de se déployer pour nous aider à  sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’une fois que la résolution sera adoptée les belligérants du nord et les narcotrafiquants vont se dire « le Mali ne sera plus jamais aussi faible, des soldats vont venir le renforcer donc si nous voulons vraiment lui nuire c’est le moment o๠jamais ». La force en attente de la Cédéao peut donc être invitée à  renforcer les Maliens qui patrouillent dans cette zone et ainsi nous accorder un peu de tranquillité d’esprit pour préparer les autres phases. Donc j’inviterai la Cédéao à  se déployer presque immédiatement après l’adoption de la résolution. Même si ce n’est pas toute la force. Une fois la résolution adoptée, une stratégie consensuelle pourra être dégagée entre tous les participants. Mais sans attendre, il faudra renforcer la ligne de séparation pour que le problème ne gagne pas en complexité à  cause des infiltrations ou des tentatives pour casser cette ligne. [Sur quels pays comptez-vous ?] La question du Mali ne concerne pas seulement la Cédéao, mais toute la communauté internationale. Le Mali et la Cédéao joueront un rôle-clé mais il faut aussi inviter des pays du champ, tels que l’Algérie et la Mauritanie dont la participation est incontournable, des amis, comme le Maroc ou le Tchad. Bref, tous ceux qui pourraient venir nous aider à  contenir le problème à  une zone très restreinte en attendant que la communauté internationale – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment – apprête sa force d’intervention pour faire un travail propre et rapide. [La Cédéao est-elle prête ?] Vue l’insistance avec laquelle cette organisation nous a demandé de faire une requête d’intervention internationale, j’imagine que cela veut dire qu’il existe une telle force, quelque part. On a même parlé d’une force de 3 300 hommes. Dans un premier temps, il ne s’agit pas de tous les déployer, mais peut être un tiers pour renforcer nos lignes. A propos de l’Algérie et de la Mauritanie, ce sont des pays avec lesquels nous partageons près de 4 000 km de frontières. Il est évident que leur participation est incontournable. La question n’est pas de savoir qui est pour ou contre une intervention. Chacun dans cette affaire a son opinion. Certains pensent même qu’il faut négocier. Mais avec qui négocier ? Et pourquoi, on ne l’a pas fait jusqu’à  présent ? D’o๠l’intérêt d’internationaliser la crise avec la résolution de l’ONU. Ce consensus prévaudra. C’est une initiative malienne, ça se passe au Mali, le gouvernement malien a une stratégie en 5 points pour demander l’aide internationale. Ca fait plus de huit mois que dure la crise et je n’ai pas vu de solution non militaire émerger. En revanche, la situation empire de jour en jour avec les amputations, les flagellations, les viols, les destructions de nos sites au nord. Tout cela s’est passé sans que ceux qui croient à  la négociation ne nous montrent le chemin pour ramener ces gens à  la raison. Parler de négociation en ce temps-là  en réalité ferait perdre un temps précieux. Chaque jour qui passe, ces terroristes se renforcent, mettent en place des infrastructures de plus en plus sophistiquées qui nous demanderont davantage d’avantage d’efforts pour sortir de la crise. Le temps pour ces négociations est passé. Nous avons utilisés tous les canaux possibles. Nous avons un médiateur désigné par la Cédéao [Blaise Compaoré, le président du Burkina Faso] mais à  ce jour nous n’avons pas reçu, de la part des terroristes et des occupants, un seul signal disant  » nous voulons négocier « . Il ne faut pas faire d’amalgame. Ce n’est pas un problème entre Maliens mais un problème avec des terroristes, des narcotrafiquants, des preneurs d’otages, des bandits de toutes sortes…Il faut que la communauté internationale se soulève contre tout cela et qu’elle les repousse. Nous sommes prêts à  négocier, à  tout moment, avec le MNLA [Mouvement national de libération de l’Azawad]. Mais le MNLA ne représente, peut être, que 10% de la population au Nord et militairement il n’est plus sur le terrain. Les terroristes du MUJAO ont complètement décimé la branche militaire du MNLA. Il ne reste que la branche politique qui se promène à  travers le monde et qui demande des négociations. Mais cela n’a rien à  voir avec le plus gros problème du Sahel : la présence de trafiquants de tous ordres et de plusieurs groupes terroristes connus au niveau international. Les pays qui parlent de négociations nous ont fait perdre du temps. Six mois après, un millier de terroristes dotés d’armes sophistiquées se sont installés. Cela n’a rien à  voir avec les revendications de petits groupes dissidents du Mali. [Cette offre de dialogue provient pourtant du président malien, Dioncounda Traoré et de Blaise Compaoré…] Moi non plus je ne veux pas faire la guerre avec mes compatriotes. Les seuls avec lesquels on peut négocier ce sont ceux du MNLA. Ansar Dine ? Une de ses branches vient d’amputer des gens à  Tombouctou. J’appelle ça des extrémistes pas des séparatistes. Ce n’est pas la même chose. Il ne s’agit pas de mobiliser la communauté internationale pour aller combattre des Maliens qui ont des revendications que certains peuvent trouver justes. Il s’agit d’aller déloger des narcotrafiquants et des terroristes qui petit à  petit se sont installés et qui menacent non seulement le Mali et la sous région mais aussi, à  terme, le reste du monde. L’offensive du MNLA au début de l’année a ouvert la porte au chaos par laquelle sont entrés toutes sortes de terroristes : Boko Haram, le Mujao, Aqmi, des salafistes de tous bords et Ansar Dine qui se rapproche de plus en plus de la définition du terrorisme. Ils se sont infiltrés et ont fini par chasser ceux qui ont commencé ce problème. Il n’y a personne, actuellement sur le terrain, avec lesquels on peut nous suggérer de négocier. Ceux avec lequel nous sommes prêts à  négocier [le MNLA] sont éparpillés entre Nouakchott, Niamey et Ouagadougou. Mais cela ne doit pas retarder la résolution que nous avons prise au niveau du Mali et sur la base de laquelle on a invité d’autres à  venir nous aider pour débarrasser le monde entier de ce fléau. [Est-ce que tous les Maliens, au sud, sont d’accord avec le déploiement de forces étrangères sur leur sol ?] Premièrement, le capitaine Sanogo [ex-chef de la junte]… Notre décision de demander une intervention internationale est une décision politique dans laquelle il ne s’est pas impliqué. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Le capitaine Sanogo… C’est une décision politique dans laquelle il ne s’implique pas. La position du président et du gouvernement représente celle de tout le Mali. Comment demander à  des gens de venir nous aider sans qu’ils soient présents sur le territoire. Venir aider le Mali à  libérer le nord c’est une chose, stationner à  Bamako qui est à  600 km de la ligne de séparation en est une autre. Peut-être que les troupes qui vont aller au front vont transiter par Bamako. Des avions d’une certaine dimension devront nécessairement atterrir à  Bamako. On verra. Mais ce sont juste des forces qui doivent transiter vers la ligne de front. Mais une fois qu’on aura mutualisé les forces, les généraux diront o๠il faut stationner les forces… Mais on n’en est pas encore là . Aujourd’hui je ne vois pas la nécessité de stationner des troupes à  Bamako. Nous avons les effectifs nécessaires pour sécuriser les institutions de la République. J’ai créé une force de plus de 1 200 hommes pour sécuriser la présidence, la primature, l’Assemblée nationale, les cours suprême et constitutionnelle, les ambassades et faire des patrouilles en ville. Ils peuvent effectivement bénéficier d’un rafraichissement de leurs capacités antiterroristes dans les grandes villes, mais nous n’avons pas besoin d’aide extérieure pour sécuriser les organes de la République. Seulement les équiper et les former. Peut-être qu’à  Bamako les gens ne comprennent pas que la longueur de la piste d’atterrissage est supérieure à  celle de Mopti et qu’elle peut donc accueillir certains aéronefs et certaines personnes en transit. [On a pourtant parlé d’établir le quartier général (QG) de la force à  Bamako.] Un QG peut être n’importe o๠maintenant, compte tenu de la modularité des équipements de transmission. Bamako est une ville de 3 millions de personnes. Moi, si j’étais suis un tacticien militaire, et que je me battais contre un ennemi sophistiqué, je ne mettrais pas mon QG dans un endroit très peuplé. Aujourd’hui, on peut installer des QG n’importe oà¹. Pourquoi pas à  N’Djamena ? Il faut attendre que les experts, que tout ceux qui veulent nous aider se mettent ensemble, ce sont eux qui viendront avec une stratégie. Alors on verra. On met en avant la question de la stratégie avant même de connaà®tre les moyens dont nous disposerons, quels pays nous aideront pour la reconquête. [L’aéroport de Bamako pourrait-il être militarisé ?] On est d’accord avec tout ce qu’exigera la stratégie commune. Mais les villes concernées telles que Tombouctou et Gao sont plus proches de Ouagadougou ou de Niamey que de Bamako. On prendra notre part mais vous verrez aussi que beaucoup de possibilités s’ouvriront à  nous quand les pays intervenants se seront déclarés. [Tout cela va prendre un temps fou ?] Pas nécessairement. Une fois votée la résolution, en une semaine, tous ceux qui voudront intervenir pourront être connus. Leurs moyens, leurs ressources, leurs experts, le terrain sont connus. Je suis sûr que la surveillance satellitaire des bandits est en cours. Ca peut aller très, très vite. Le plus important, c’est la capacité des forces en attente de la Cédéao à  envoyer quelques hommes pour renforcer nos lignes et ne pas ajouter une complexité à  la résolution du problème. Si on tient cette ligne de séparation, les choses pourront aller vite. [Vous voulez que l’armée malienne soit en première ligne, est-elle capable d’assumer ce rôle ?] Depuis le début de la transition, l’armée se ressoude et renforce sa chaine de commandement. Elle a besoin d’être équipée et formée mais il existe déjà  un noyau très compétent. [Qu’attendez vous de la part de la France ?] J’ai été vraiment très, très frappé et ému par le leadership que le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, et le président François Hollande ont mis en œuvre à  New York. Cela ne me surprend pas au regard des relations anciennes entre nos deux pays. Mais ça a été un moment fort quand j’ai vu la France, membre permanent du conseil de sécurité, intervenir avec autant de détermination et de clarté. Je suis sorti en me disant  » c’est le début de la fin pour la crise au Mali « . [Qu’entendez-vous par leadership ?] C’est-à -dire faire voir aux autres la nécessité de s’attaquer au problème à  un moment o๠d’autres n’en sont pas encore conscients. Parce que problème est trop éloigné. La piste de Tessalit est une de plus longues du Mali. De là  on est à  2 h 30 de l’Europe ! Le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire sont menacé de façons immédiates. La Chine, la Russie, l’Amérique sont plus éloignés. Mais ceux qui sont capables de voir les ramifications et d’attirer l’attention des autres, ça c’est une forme de leadership. Un autre aspect est de s’impliquer pour qu’aux Nations unies le problème soit visible. Puis une fois que toute la communauté se sera décidée d’agir, il faut que la France fasse le premier pas. Aujourd’hui nous sommes dans la première phase de sécurisation des villes. C’est une phase pendant laquelle la France peut nous aider. Nous avons besoin de tous les équipements modernes pour détecter les bombes, les armes à  feu, besoin d’équipements de communication. On peut attendre ça de la France. Et puis, une fois que la communauté internationale sera convaincue de la nécessité d’agir, il faudra que la France fasse le premier pas. Le jour o๠la force internationale s’engagera, quand on aura besoin d’utiliser la troisième dimension, les Mirage français pourraient s’engager. Si la France le veut, ses forces spéciales pourront aussi se joindre à  nos forces armées. Tout est ouvert. Mais déjà , le fait d’avoir pris l’initiative d’expliquer au monde la nature globale du danger que nous courrons, c’est la preuve d’un leadership très fort. Parce que j’ai l’impression que beaucoup ne sont pas conscients de ce qui nous guette. Les gens pensent que le danger arrivera dans deux ou trois ans et que d’ici là , le danger pourra être contenu dans une zone du Sahel, sans déborder… C’est une erreur. Le danger est beaucoup plus imminent et immédiat. [Ne craignez-vous pas que la question des otages français ne paralyse l’action de Paris ?] C’est un problème très important, pour nous également. Nous sommes en train de chercher des informations. Mais justement, le leadership d’une nation se mesure aussi à  sa capacité de ne pas se faire prendre tout en entier en otage. Sans oublier ses otages, la République française est en train d’assumer son rôle de leader mondial. D’autres Etats se seraient recroquevillés, AQMI [Al-Qaida au Maghreb islamique] aurait dicté sa politique étrangère. Le fait que le président Hollande ait rejeté cela est remarquable et applaudi partout dans le monde. La communauté internationale devrait faire tout ce qu’elle peut pour aider la France à  libérer ses otages. Christophe Châtelot (propos recueillis par)

Les djihadistes du Nord-Mali s’organisent en attendant « la bataille »

Doigt sur la gâchette, regard noir, un djihadiste de 14 ans ordonne au véhicule de se garer en contrebas du ruban de bitume reliant la frontière nigérienne à  Gao, plus importante des localités du nord du Mali sous contrôle de groupes islamistes armés. « Nous avons pris la décision de renforcer la sécurité ici et de prendre les mesures qui s’imposent », lance l’adolescent malien, Aziz Maà¯ga, rencontré par l’AFP à  Labézanga, localité malienne située à  plus de 200 kilomètres de Gao. Une fouille minutieuse du véhicule commence aussitôt. Rangers noirs et poussiéreux, fusil en bandoulière, des djihadistes emmitouflés dans des tenues militaires ou des vêtements kaki, inspectent tous les bagages et les passagers du véhicule. Première surprise: de la frontière nigérienne jusqu’à  Gao, quasiment tous les djihadistes croisés sont des Africains subsahariens. Ces derniers mois, on y rencontrait essentiellement de jeunes Maghrébins. « Moi même, je suis surpris », affirme le Nigérien Hicham Bilal qui dirige à  Gao une katiba (unité combattante). « Tous les jours, dit-il, nous avons de nouveaux volontaires. Ils viennent du Togo, du Bénin, du Niger, de la Guinée, du Sénégal, de l’Algérie et d’ailleurs ». « Puisque les gens veulent nous faire la guerre, il faut savoir qu’ici, il n’y a plus de Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et d’Aqmi (Al-Qaà¯da au Maghreb islamique). Nous sommes tous des moudjahidine. Demain, un Mujao peut se retrouver au sud, à  l’est ou ailleurs. Partout, nous sommes chez nous », dit-il. Sur la route, les postes de sécurité sont de plus en plus nombreux. « prêts pour la bataille » « Nous sommes prêts pour la bataille. Nous attendons que les troupes françaises ou africaines arrivent », assure un jeune Ivoirien, visiblement nouvelle recrue, alors que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prépare l’envoi au Mali d’une force africaine pour aider Bamako à  reconquérir le Nord, avec l' »appui logistique » de la France. Dans Gao, passée fin juin sous le contrôle du Mujao, des pick-up chargés d’armes et de combattants font d’incessants allers-retours. Le drapeau noir des djihadistes flottent sur les pick-up. Les visages des combattants sont de plus en plus jeunes. Au siège de la police islamique de Gao, de nouveaux volontaires disent être venus prêter main forte à  leurs « frères moudjahidine ». « Je suis Khalil, Egyptien, et je suis venu donner un coup de main à  mes frères moudjahidine », dit un homme, grand de taille, dont les propos, en arabe sont traduits par son adjoint sierra-léonais. Un autre homme, s’exprimant en anglais, affirme qu’il est pakistanais et que « l’islam n’a pas de frontières ». Si des Egyptiens et Pakistanais ont repris en main la police islamique de Gao, les combattants algériens sont en première ligne au sud de la localité, sur la route menant à  Bamako. Quelques dizaines de combattants algériens y sont visibles, venus, selon un témoin, de la katiba du puissant chef d’Aqmi, l’Algérien Mokhtar Belmokhtar alias Belaaouar, qui dirige la région. Pour empêcher d’éventuels atterrissages d’avions ennemis, des djihadistes ont éparpillé des carcasses de véhicules pour rendre la piste impraticable. Selon des habitants vivant près de l’aéroport, deux camps d’entraà®nement accueilleraient des dizaines de combattants. « J’en ai vu qui s’entraà®naient. Il y a des séances de tirs et de tactiques militaires. Beaucoup sont très jeunes, ils disent qu’ils sont prêts à  mourir », raconte un fonctionnaire de Gao. Dans les neuf quartiers de la ville, il y aurait des combattants « camouflés » dans des maisons, selon d’autres témoignages. J’ai vu deux armes lourdes dans une maison du quatrième quartier de Gao. C’est la première fois que je vois ça », affirme Djénakou, un jeune habitant. « Paracétamol » Les « occupants » de Gao, selon lui, ont encore durci, récemment, les conditions d’application de la charia (loi islamique) qu’ils imposent. Le 10 septembre, cinq hommes accusés d’avoir braqué un car ont été amputés d’une main et d’un pied chacun. Aucune radio privée de la ville ne diffuse plus de musique. Les femmes doivent se voiler sous peine de sanctions, voire d’emprisonnement. Et rares sont les habitants qui osent fumer en public. Pour acheter discrètement du tabac, un nouveau nom de code: « paracétamol ». Venu de Bamba (à  245 km de Gao), un homme se plaint que tout le monde soit « au chômage dans son village, parce que Bamba est la principale zone de production de tabac et qu’ils interdisent de le vendre ». Les islamistes, plutôt tolérés par les populations au début de leur occupation, semblent de plus en plus impopulaires. Mais le marché de la ville grouille toujours de monde et les denrées de premières nécessité n’y manquent pas. Les clients qui commentent une possible intervention militaire étrangère se disent globalement « contre ». « Quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre. Les éléphants, ce sont les combattants d’ici et l’armée de Bamako avec ses soutiens extérieurs. L’herbe, ce sont les pauvres civils, nous », lance, fataliste, Mahamane, fonctionnaire à  la retraite.

Nord Mali : entre le couteau et la pioche, la barbarie n’a plus de limites

Quand s’arrêtera le pillage de la mémoire historique et religieuse du Mali ? Après avoir coupé des mains, des pieds, et mutilé sur la place publique un présumé voleur ce samedi à  Tombouctou, « les islamistes ont détruit samedi le mausolée de Cheik El Kébir, à  330 kilomètres au nord de Gao. Ils sont arrivés sur les lieux à  douze. Avec des marteaux, des pioches, ils ont démoli le mausolée », a affirmé à  l’AFP un élu de la région de Gao qui n’a pas souhaité être cité. «Â C’’est un crime! », n’a pu que déclarer un notable de Gao effondré par tant d’obscurantisme. Du reste, cette fois, ce sont les hommes du Mujao ( Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest) qui ont commis le crime, non sans s’en être vantés auprès des habitants. Pire, ils promettent de détruire un autre mausolée. Qui peut les arrêter ? Le mausolée de Cheik El Kébir est lui très important pour la communauté des Kounta, considérés comme la communauté maraboutique des arabes. On les rencontre notamment au Mali, en Algérie, en Mauritanie et au Niger. Urgence CEDEAO Ces derniers temps, les exactions se multiplient chaque jour et les ressortissants du nord ne savent plus à  quel saint se vouer en attendant la riposte de l’armée malienne. l’entrée du Mujao à  Douentza et la bavure de l’armée malienne à  Diabali, o๠seize prédicateurs de la confrérie Dawa, ont trouvé la mort injustement apparaissent comme des signes pour certains d’une offensive imminente ? Qui attaquera le premier ? Les esprits eux sont échauffés. Les militaires piaffent d’impatience et les islamistes repoussent toujours les limites, alors que la psychose gagne certains à  Bamako, qui estiment devoir envisager de quitter la capitale malienne en cas d’attaque. Du reste, si la prudence s’impose en ces temps troubles, tout est désormais entre les mains des autorités maliennes. Au moment, o๠se tient à  Abidjan, la réunion des ministres Affaires étrangères de la CEDEAO destinés à  examiner les modalités techniques de la requête du Président par intérim Dioncounda Traoré, l’espoir est grand d’une évolution de la situation au nord, et au profit des populations martyrisées. Espérons que de cette réunion, déjà  précédée par de nombreux autres conclaves et rencontres des chefs d’Etat majors de la CEDEAO, il sortira quelque chose de substantiel et de décisif pour le Mali

Horreur à Gao : 5 hommes amputés d’une main et du pied par le MUJAO.

l’horreur a une nouvelle fois eu lieu à  Gao, la cité des Askia. Ce lundi, aux environs de 13h, cinq personnes ont été punies par le MUJAO pour avoir prétendument braqué un car de la compagnie Ringo Transports. Selon des témoins sur place, les islamistes du Mujao ont d’abord amputé de la main et du pied, quatre présumés braqueurs, avant d’appliquer la même sentence au 5è homme sur la place publique. « Lorsque les gens du Mujao ont amené cet homme à  la place publique de Gao, nous leur avons demandé ce qu’ils reprochaient à  ce jeune d’une trentaine d’années. Les mêmes gens du Mujao nous ont fait savoir que cet homme et quatre autres personnes avaient volé », ont indiqué les témoins de la scène. « Nous avons décidé d’amener le 5e sur la place publique de Gao afin que tout le monde le voit »», ont répliqué les membres du Mujao, qui avaient déjà  coupé la main d’un présumé voleur à  Ansongo au début du mois d’Août. Promettant de récidiver, les hommes du Mujao n’ont eu aucune pitié pour ceux à  qui ils reprochent d’avoir voulu braquer un car de voyageurs en partance pour Niamey. Charia pure et dure Installés depuis plus de cinq mois dans le nord du Mali, avec d’autres groupes comme Ansar Dine et Aqmi, les islamistes du Mujao, prétendent appliquer la charia pour donner l’exemple et ne comptent pas s’en arrêter là . «Â Nous avons appliqué la charia à  quatre personnes (lundi). Dans les prochains jours, nous allons continuer à  appliquer la charia aux voleurs », a indiqué un responsable du Mouvement pour l’unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest. A Gao, l’indignation est palpable et la population est choquée : «Â C’est terrible ! Je ne peux que condamner, je ne peux que pleurer, la communauté internationale nous abandonne ! » a déclaré Amadou Sidibé un député de la ville, selon l’agence Xinhua.

Reconquête du Nord : le Mali a lancé le SOS

C’’est en fin de journée, ce mardi 05 septembre, que la nouvelle est tombée. Apres des mois de tractations, perçues par beaucoup comme des tergiversations, les autorités maliennes viennent de franchir un pas important vers la reconquête des régions nord, sous occupation islamiste depuis cinq mois. En effet, la CEDEAO attendait une demande formelle de Bamako pour déclencher le déploiement de sa force d’attente, prête depuis plusieurs mois déjà  à  intervenir. Ce déploiement butait sur deux points : le mandat ou non de l’ONU pour appuyer cette force et la mission qui lui sera confiée, sécuriser les institutions à  Bamako ou aller directement faire la guerre au nord aux côtés des troupes maliennes. Voila chose faite avec la requête adressée par le président Traoré en vue d’obtenir une contribution de nature militaire pour la stabilisation du pays et surtout à  la reconquête du Nord. « Un développement important » La CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) s’est déclarée prête, en avril dernier, à  envoyer au Mali une force de quelque 3.300 soldats. l’organisation souhaite cependant obtenir un mandat formel du Conseil de sécurité des Nations unies et un soutien logistique occidental pour ce déploiement. En cela, elle a le soutien de la France dont le représentant spécial, Jean Felix-Paganon, a salué un « développement important ». C’’est d’ailleurs lui qui a donné l’information de la requête malienne, après un entretien avec le Président de la CEDEAO, l’ivoirien Alassane Ouattara. La majorité des maliens saluent cette annonce, même si au départ, ils n’étaient pas nombreux en faveur d’une intervention militaire étrangère. Mais la situation au nord est allée en s’aggravant, avec la prise récente du Douentza par les islamistes du MUJAO. l’armée malienne, même si elle a été récemment dotée de nouveaux matériels, aura certainement besoin d’un appui conséquent pour agir. D’autant plus que les islamistes sont surarmés et qu’ils se sont préparés à  faire face à  une action militaire de Bamako. Autant de raisons qui ont fait disparaitre ou du moins diminué les réticences à  la force de la CEDEAO pour le Mali. Mais, de la demande formelle du Mali à  un déploiement proprement dit, il y a encore du chemin. Du mandat onusien Il reste en effet à  savoir comment l’intervention va se mettre en place. Selon Jean-Felix Papagnon, le président Ouattara entend maintenant procéder à  des consultations avec les pays membres de la CEDEAO sur la requête des autorités de Bamako pour voir ce qu’il convient d’en faire. s’en suivra, en principe, une procédure auprès du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour obtenir un mandat clair, définissant la missions des troupes ouest-africaines sur el terrain. La CEDEAO va également certainement demander à  son tour un appui logistique aux pays occidentaux pour sa mission. En attendant, l’Union Africaine également sera saisie pour agir elle aussi dans le sens de sa mise en œuvre rapide. A Kidal, Gao et Tombouctou, l’espoir renaà®t peut-être aujourd’hui. Ces trois régions administratives composant le nord du Mali, sont tombées depuis cinq mois aux mains du Mujao et d’autres groupes armés, dont des rebelles touareg et jihadistes liés à  Al-Qaà¯da. Les populations qui y vivent un véritable calvaire, privées de nourriture, de soins mais surtout de leurs droits fondamentaux, attendent que les politiciens passent rapidement à  l’acte et ne se perdent pas dans des fignolages qui ne feront qu’aggraver leur situation.

Après la reprise de Douentza, les Maliens entre peur et questionnements

Les Maliens ont appris à  la fois avec stupéfaction et indignation la nouvelle de la prise, samedi dernier de Douentza ( à  160 km de Mopti) par le MUJAO. La nouvelle vient en rajouter aux couleuvres déjà  avalées par les Maliens depuis la chute des 2/3 du territoire national. Beaucoup sont partagés entre psychose et questionnements. Faut-il croire à  la vertu du dialogue ? Qu’attend l’Etat pour passer à  l’offensive ? La prise de Douentza marque-t-elle celle imminence d’une attaque de Mopti ? Autant de questions qui hantent nos compatriotes dépités par la situation. Tout sauf la négociation Certains y voient la limite, voire l’incongruité des initiatives citoyennes qui prônent le dialogue pour recouvrer le nord du pays, comme le cas de la «Â Coalition pour le Mali«Â . «Â Ces coalitions travaillent pour leur propre promotion. Le dialogue est un projet onirique. On a fait que cela depuis des années avec le résultat que l’on sait. Dans le cas actuel du pays, il est illusoire d’engager le dialogue quand on est en position de faiblesse. Ces gens nous font perdre du temps », analyse ce professeur d’histoire et géographie du secondaire. Fanta Doumbia, ménagère, n’a appris la nouvelle que ce matin sur les ondes d’une radio privée. Pour elle «Â C’’est la faute à  ceux qui prêchent le dialogue au lieu de la guerre. A ce rythme, le Mali tombera encore plus bas » D’autres déversent leur bile sur l’Etat dont l’attitude est jugée pusillanime. «Â On a l’impression que l’Etat affiche une indifférence déconcertante face à  l’avancée des terroriste du nord qui prennent le temps de s’enraciner », peste Madou Diarrra qui croit dur comme fer que les forces d’occupation ne connaissent que le langage des armes. « On a déposé le régime de ATT sous prétexte qu’il ne combattait pas les bandits armés. Pourquoi faire comme lui ? C’’est aberrant ! », maugrée Adama Samaké, vendeur de son état. Joint par nos soins, un militaire malien en poste à  Sévaré, actuelle base après la chute de Gao, informe que le MUJAO avait armé les jeunes pour lutter contre le MNLA. Ils ont comblé, explique –il, le vide laissé par le MNLA en désarmant les jeunes du Ganda Iso considérés comme des complices de l’Etat. Le MUJAO peut-il progresser ? Le porteur d’uniforme est formel : «Â Il est hors de question que le MUJAO arrive à  Mopti ? On se tient sur le qui-vive. Le moral de la troupe est au beau fixe malgré les tergiversations des plus hautes autorités ».

Edito : Douentza, dernier vestibule avant la guerre ?

La prise de Douentza n’en est pas une. Mais une simple consolidation de la présence du Mujao dans cette zone, o๠il circulait déjà . l’effet de communication est malgré tout bien passé. La nouvelle, relayée par les médias internationaux, a une fois de plus réussi, à  créer l‘inquiétude chez les Maliens. Après Douentza, que va-t-il se passer ? Jusqu’o๠comptent -ils s’arrêter ? A quelle résistance feront face nos assaillants? Des préoccupations nationales qui ne semblent pas alarmer un gouvernement d’Union nationale, plus occupé à  s’installer à  Bamako, qu’à  gérer véritablement la question du nord. On nous rabâche pourtant l’option négociation, les pourparlers, du reste, engagés par des initiatives citoyennes comme celle de la «Â Coalition pour le Mali », en lieu et place des autorités de transition. Quels sont les urgences du gouvernement, alors que les groupes armés sont désormais positionnés à  170 km de Mopti et que l’armée compte des éléments à  Konan, une ville située à  120 km de Douentza. l’affrontement est-il pour bientôt ? Côté gouvernement, on assure que les hommes sont à  l’entraà®nement, sont formés, rééquipés, en vue de cette libération tant attendue du nord. Du côté, des occupants, la provocation elle n’a plus de limites. En témoigne l’annonce de la mort présumée d’un diplomate algérien retenu depuis le 5 Avril, par le Mujao. En attendant, il faut négocier. Mais que négocier lorsque des populations subissent tous les jours des violations de leurs droits des brimades quotidiennes. A défaut des milices d’autodéfense ou des groupes de jeunes, qui s’entraà®nent en catimini à  Bamako, l’histoire retiendra la longue hésitation de Bamako face à  ses assaillants.

La mission sacrée de la Coalition pour le Mali au Nord

La démarche est à  saluer, dans un contexte o๠l’on reproche au gouvernement malien son inaction même après la formation du gouvernement d’Union nationale. Mais loin de se substituer aux prérogatives de l’Etat malien dont la mission première est de recouvrer l’intégrité du territoire national, la mission des membres de la Coalition pour le Mali, crée le 26 Mai 2012, était d’ouvrir un chemin vers le nord et de montrer qu’on peut encore se rendre dans ces régions occupées et ouvrir la voie du dialogue quant l’intervention militaire tarde à  venir. Sans céder à  l’alarmisme qui prévaut dans les médias occidentaux et à  la psychose née des derniers évènement marquants comme la lapidation d’un couple à  mort ou la main coupée d’un voleur à  Ansongo, la Coalition pour le Mali, en se rendant dans le nord, a voulu baliser le chemin et prendre langue avec les islamistes d’Ansar Dine. A Tombouctou, Kidal et Gao, les émissaires de la Coalition, présidée par l’honorable Gabouné Keita et son président d’honneur Mahmoud el Oumrany, ont rencontré des personnalités, notables, chefs religieux, élus locaux, leaders de la société civile, mais aussi les occupants. Iyad Ag Ghaly leur a ainsi envoyé ses porte-paroles préférant garder le mystère autour de sa personne. Pour rendre compte de ces trois voyages effectués entre le 17 et le 24 Août, les représentants de la Coalition, ont convoqué une conférence de presse, à  Bamako, ce 29 Août. Un rapport de synthèse en est ressorti, qui a été envoyé aux autorités de transition. Retour de l’administration dans le nord D’après Tiébilé Dramé, vice président de la Coalition, il ressort de ces missions, que ces populations du nord, réclament le retour de l’administration : «Â Les populations du nord souffrent de l’absence de services de l’état. Il existe un besoin d’assistance vital à  Aguel’hok, Goundam, Kidal…. Sur place, nous avons aussi remarqué un fort besoin de dialogue, de disponibilité pour trouver des solutions à  la sortie de crise », a précisé Dramé, qui ajoutera qu’il s’agissait aussi de mobiliser les partenaires et amis du Mali. «Â Au nord comme au sud, il y a des extrémistes, mais ce qui compte C’’est que le Mali redevienne uni », dira Mahmoud El Oumrany, qui fut Commandant de Kidal dans les années 50. Des échanges avec les principaux leaders d’Ansar Dine comme Algabass Ag Intallah à  Kidal, Ahmada Ag Bibi,député d’Abeibara ou encore Abdel Hakim, chef du Mujao à  Gao, la démarche de la Coalition porte sur la négociation avant toute chose. Si ces groupes armés sont décisifs sur une applications stricte de la charia, allons-nous vers un Mali fédéral avec des états charia au Nord ? Seul point d’unité avec les djihadistes, l’intégrité du territoire, à  l’inverse du MNLA, partisan de la partition du Mali. « Le Mali doit garder la maà®trise de la résolution de la crise » Comment orchestrer ce retour de l’administration dans le nord ? Comment envoyer les fonctionnaires pour restaurer les services étatiques ? Comment ouvrir la voie aux ONG et organisations humanitaires pour secourir les populations en manque d’eau, de soins de santé et d’électricité ? Autant de défis qui poussent la Coalition à  envisager d’autres missions de terrain, notamment à  Ménaka, ville détonateur de la rébellion ou encore à  Tessalit, aux confins du nord. « Nous nous sommes aussi rendus compte qu’ils ont débordés par la gestion de ce vaste espace que constitue le nord… ». Et malgré la présence des émirs d’AQMI Abou Zeid et Mokhtar Belmoctar dans la zone, lors de leur passage, les membres de la Coalition entendent poursuivre le dialogue entamé avec les acteurs locaux et maintenir l’élan de solidarité envers le nord, parce qu’ils estiment que C’’est d’abord l’affaire de tous les Maliens. Pour la Coalition, le Mali pays doit garder la maà®trise de la résolution de la crise, mais l’urgence est toujours là . Celle d’interpeller l’Etat malien sur sa mission. En cela, la Coalition pour le Mali ne peut se limiter qu’à  être qu’un simple regroupement de bonnes volontés, pour relayer les besoins des compatriotes du nord, mais devenir un véritable groupe de pression sur le pourvoir central. Le lobby par excellence pour la libération définitive des régions occupées du nord du Mali.

Mali: un otage algérien demande à son pays de lui « sauver la vie »

BAMAKO — Un otage algérien aux mains du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), un groupe islamiste armé présent dans le nord du Mali, demande aux autorités de son pays de lui « sauver la vie », dans une vidéo visionnée dimanche par l’AFP. Cette vidéo a été obtenue par l’AFP auprès d’un intermédiaire proche du Mujao. Un journaliste de l’AFP a reconnu l’otage, un employé du consulat d’Algérie à  Gao, qu’il avait rencontré dans cette ville du nord du Mali. « Je demande aux autorités algériennes de trouver une solution pour me sauver la vie », déclare l’otage, un diplomate, dont les propos en arabe ont été traduits pour l’AFP. Assis devant une toile noire sur laquelle on aperçoit un dessin représentant un sabre et un court texte écrit en arabe, l’otage algérien a des cheveux courts, est habillé en boubou et porte une barbe. Il affirme dans la vidéo que « des pays comme la Mauritanie (et) la France ont négocié dans le passé pour libérer leurs otages et que l’Algérie n’a qu’à  faire la même chose », selon la traduction faite pour l’AFP. Le diplomate, visiblement bien portant, ne se détache quasiment pas du texte dont la lecture dure moins d’une minute et qui a probablement été rédigé par ses ravisseurs. La vidéo s’ouvre sur une image du drapeau du Mujao et l’otage commence son discours par une prière. Le Mujao avait, dans un communiqué transmis vendredi à  l’AFP, menacé l’Algérie de représailles si elle ne libérait pas trois jihadistes arrêtés dans le sud de l’Algérie. Ce mouvement, allié à  Aqmi et un autre groupe islamiste armé, Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), a revendiqué l’enlèvement, le 5 avril, de sept Algériens au consulat d’Algérie à  Gao, une des villes du vaste nord malien tombées il y a cinq mois entre les mains de ces groupes jihadistes. En mai, le Mujao avait exigé la libération de combattants islamistes prisonniers en Algérie et 15 millions d’euros pour relâcher les otages. Le 12 juillet, il a annoncé avoir libéré trois des sept otages, et évoqué des « conditions » connues de l’Algérie pour la libération des autres captifs.

Nord Mali : « le chien aboie, la caravane passe »

« Le chien aboie et la caravane » du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), allié d’Aqmi et les autres groupes islamistes tel Ansar dine, passe, en toute tranquillité et impunité ! Il leur arrive de rentrer en hibernation, se faire oublier par moment, en travaillant au rapprochement avec la population. Mais quand ça les prend, il ampute une main par-ci, donnent des coups de fouets par là Â… La dernière prouesse en date, C’’est l’interdiction aux radios de leur zone « d’occupation » de diffuser de la musique qu’ils qualifient de profane. Et « Ces fous de Dieu » n’ont pas du tout l’air de rigoler sur la question. Ils sont au sérieux et ne sont pas prêts de pardonner aux contrevenants. Leurs propos rapporter par des médias internationaux en disent long : « Nous, les moudjahidines de Gao, de Tombouctou et de Kidal, nous refusons désormais la diffusion de toute musique occidentale sur les radios en terre d’islam », a déclaré à  Oussama Ould Abdel Kader, un des porte-parole du MUJAO. Le fameux porte parole précise que l »interdiction prend effet « à  partir d’aujourd’hui (mercredi 22 août 2012). Nous avons déjà  parlé à  des gens qui ont des radios. Nous ne voulons plus de musique du Satan. Il faut à  la place les versets du Coran. La musique de l’Occident est la musique du Satan ». Avant de terminer que « La charia demande ça. Il faut faire ce que Dieu demande. On va appliquer la sanction de Dieu contre les contrevenants de la mesure visant une dizaine de radios privées ». Comme on le voit, les islamistes ne se montrent point préoccupés par ce qui se trame à  Bamako, capitale malienne. Ainsi, les questions de gouvernements d’union nationale, de l’organisation de journées nationale de concertation, de libération du Nord, ne les ébranlent absolument pas. Ils n’en ont que faire. Au contraire, ils posent des actes qui montrent qu’ils sont les maà®tres des lieux et qu’ils ne craignent personne. En effet, plus les jours passent, plus les islamistes imposent petit-à -petit leurs lois dans le Nord Mali, sans qu’il n’y ait de contre pouvoir réel pour s’y opposer, sauf quelques plaintes des défenseurs des droits de l’homme, des organisations internationales et sous régionales. Bamako même étant, pour le moment, imbriquer dans des contradictions internes, doublée de fierté nationale aveuglante. Au regard de cette situation, le MUJAO et ses acolytes n’ont-ils pas raison d’agir à  leur guise ? A vrai dire, jusqu’à  présent, aucune force ou organisation bien organisée ne semble imposante pour amener ces islamistes à  revoir leur copie. Les maliens de Bamako affirment fermement leur refus que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) intervienne militairement au Mali. A l’intérieur de la CEDEAO, elle-même, certains sont pour le dialogue et la concertation pour une sortie de crise au Mali (le Burkina Faso), d’autre sont pour une intervention. Dans cette situation de tergiversation, le président nigérian Goodluck Jonathan vient de lancer à  Dakar, au Sénégal, qu’une intervention militaire de l’Afrique de l’Ouest au Mali n’est pas à  exclure, si les négociations en cours venaient à  échouer. De façon claire, il a prévenue : « Je pense qu’à  travers les négociations, nous serons en mesure de résoudre cette crise. Nous n’avons pas forcément besoin d’une intervention militaire (…) mais si cela échoue, nous n’avons pas d’autre choix ». Ces propos vont-ils susciter un changement de direction chez les islamistes qui ont, pour le moment, les coudées franches pour agir comme ils le souhaitent ? Wait and see !

GAO, KO debout!

En mars, les Touaregs s’installaient à  Gao avant d’en être chassés, trois mois plus tard, par les islamistes. Depuis, rares sont les journalistes qui ont pu s’y rendre. Reportage dans une cité à  moitié vidée de ses habitants, o๠les « barbus » font régner la loi. Gao n’est plus très loin. Le drapeau noir des salafistes flotte sur le barrage dressé au bord de la route. Le jeune qui nous arrête, mon chauffeur et moi, n’a pas plus de 14 ans. Il s’énerve en entendant la musique que crachote le vieil autoradio de notre véhicule. « C’est quoi, ça ? hurle-t-il en arabe. – Bob Marley. – Nous sommes en terre d’Islam et vous écoutez Bob Marley ? ! Nous sommes des djihadistes, nous ! Descendez de la voiture, nous allons régler ça avec la charia. » Un chapelet dans une main, un kalachnikov dans l’autre, il me rappelle ces enfants-soldats croisés vingt ans plus tôt en Sierra Leone… Les enfants sont souvent plus féroces que les adultes. Nous nous empressons de l’assurer de notre fidélité à  l’islam, avant d’être autorisés à  reprendre la route. Nouvelles recrues Quelques kilomètres plus loin, à  l’entrée de la ville, se dresse un nouveau barrage, tenu cette fois par un Algérien au teint clair – si clair que je le prends d’abord pour un Français. Il s’amuse de ma méprise. C’est une nouvelle recrue. Venus d’Algérie ou d’ailleurs, tous se retrouvent au commissariat de police, rebaptisé siège de la « police islamique » : Abdou est ivoirien ; Amadou, nigérien ; Abdoul, somalien ; El Hadj, sénégalais ; Omer, béninois ; Aly, guinéen ; Babo, gambien… Il y a là  toute l’internationale djihadiste ! Lunettes noires sur le nez, le bas du visage mangé par une barbe abondante, un Nigérian explique qu’il est un membre de la secte islamiste Boko Haram, responsable de nombreux attentats dans le nord de son pays. Il parle du Mali comme de la « terre promise », fustige l’Occident et les « mécréants », et jure qu’il est « prêt à  mourir, si c’est la volonté de Dieu ». Tous se pressent devant un homme de haute taille, Alioune. Originaire de Gao, c’est lui qui dirige la police islamique. Je n’ose pas lui rappeler que nous nous étions rencontrés il y a une dizaine d’années, quand il était encore un simple commerçant. Un talkie-walkie à  la main, il pose devant un véhicule qui appartenait autrefois à  la police malienne et qu’il a récupéré quand la ville est tombée entre les mains des islamistes, à  la fin du mois de mars. Alioune m’assure que l’on est les bienvenus « chez les musulmans » et explique qu’il tient à  ce que la sécurité règne dans sa ville. Oussama Les traces de la dernière bataille qui a opposé, fin juin, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les djihadistes sont encore visibles. Les combats ont eu lieu près d’un bras du fleuve Niger, non loin du quartier général des rebelles touaregs. Les bâtiments qu’ils occupaient ont été criblés de balles. On m’explique que c’est Mokhtar Belmokhtar, l’un des principaux émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui a dirigé l’assaut contre les Touaregs. Depuis plusieurs semaines, il a pris ses quartiers dans la cité des Askia. Il s’y est installé avec son fils, prénommé Oussama, en hommage au défunt leader d’Al-Qaà¯da. La rue qui jouxte le commissariat accueille un marché bien achalandé : on y trouve, à  des prix raisonnables, des turbans, des chaussures, des tapis, des légumes, des oeufs… à€ quelques mètres de là  stationne un gros camion, immatriculé en Algérie et duquel sont déchargés (et vendus sur place) des épices, des fruits et divers produits alimentaires tout droit venus d’Algérie. En revanche, il n’y a plus de banque. Celles qui existaient avant la guerre ont été dévalisées, et l’argent devient de plus en plus rare. Pour les gens restés ici, pas d’autre moyen que de se faire envoyer des espèces par des parents installés dans le sud du Mali. Le procédé est souvent artisanal : on peut déposer à  Bamako, au siège d’une compagnie de transport qui fait la liaison avec le Nord, une somme d’argent en espèces qui sera reversée, moyennant une commission, à  son destinataire. Dans la ville, difficile d’étancher ma soif avec autre chose que de l’eau minérale. Tous les bars et les hôtels ont fermé. Même les Ghanéens, qui, au quartier 4, faisaient un tord-boyaux connu sous le nom de « toukoutou » ont décampé. Finalement, moyennant 2 500 F CFA (3,80 euros), je parviens à  mettre la main sur une canette de bière, importée clandestinement du Niger. Le soir, une relative fraà®cheur enveloppe Gao. Avant la guerre, 70 000 personnes vivaient ici. Depuis, près de la moitié des habitants ont fui. Personne pourtant ne regrette vraiment les combattants du MNLA, si souvent accusés de vols et de viols. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, d’autres mouvements armés se sont rendus coupables des mêmes crimes, mais ce sont les Touaregs qui ont laissé les plus mauvais souvenirs. Voilée Même l’entrée de l’hôpital est gardée par des hommes armés. Devant moi, ils en interdisent l’entrée à  une femme qui se présente non voilée et l’obligent à  se couvrir la tête de son pagne. Ce matin-là , c’est l’heure de la pesée au service de pédiatrie. Le personnel soignant resté dans l’établissement est, pour l’essentiel, originaire de la région. Les enfants malnutris sont nombreux – 73 cas recensés en quelques heures grâce notamment au personnel local de l’ONG Action contre la faim (ACF) demeuré sur place. Ce 17 juillet, tout Gao commente l’annonce de la libération de trois Occidentaux (deux Espagnols et une Italienne) enlevés il y a neuf mois dans un camp du Front Polisario à  Rabouni, en territoire algérien. Le rapt avait été revendiqué par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), une branche dissidente d’Aqmi. Deux de ses chefs sont désormais installés dans la ville : Abdoul Hakim et Walid Abu Sahraoui. Le premier, le visage à  moitié dissimulé par une barbe noire, est l’émir de Gao. Il circule dans le véhicule du consul d’Algérie, enlevé avec plusieurs de ses collaborateurs en avril. Le second est le porte-parole du Mujao. Ils font, expliquent-ils, des allers-retours entre Gao et les camps du Polisario, et ce sont des Sahraouis qui composent le noyau dur du Mujao. Abdoul Hakim et Walid Abu Sahraoui ont tous deux une trentaine d’années et ne ressemblent pas à  des « fous de Dieu ». Ce dernier, pourtant, affirme être lié à  l’enlèvement des Occidentaux, en octobre, et dit avoir fait partie de la délégation à  laquelle une rançon de 15 millions d’euros aurait été versée en échange des otages. « En plus, ajoute-t-il fièrement, nous avons obtenu la libération d’un combattant du Mujao emprisonné en Mauritanie. » Poreux En théorie, le Mujao contrôle Gao, Aqmi règne sur Tombouctou et Kidal est entre les mains d’Ansar Eddine. Mais, sur le terrain, les groupes islamistes sont très poreux et les combattants circulent facilement de l’un à  l’autre. Un notable de la ville raconte qu’il a assisté à  une réunion à  laquelle participaient des représentants de groupes armés et un Belmokhtar « calme et modeste ». « Il a bien dit qu’il n’était pas là  pour nous imposer quoi que ce soit, mais pour composer. » à€ Gao, les écoles sont fermées. Il n’y a plus de représentants de l’administration officielle et c’est la police islamique qui délivre les laissez-passer (rédigés en arabe) nécessaires pour circuler dans la région. à€ lire aussi : « Aux armes les citoyens ! » Baba Ahmed, à  Bamako, raconte comment des centaines de jeunes maliens ont rejoint des milices qui veulent reconquérir le Nord. La charia, en revanche, n’est pas appliquée de manière aussi stricte qu’à  Tombouctou. « Les islamistes savent qu’il ne faut pas nous pousser à  bout, commente Douglas, un jeune du quartier 3. Ils en tiennent compte. » Comme beaucoup, il dit admi­rer ces hommes qui se sont pour l’instant montrés respectueux de la ville et de ses habitants. N’ont-ils pas, argumente mon interlocuteur, financé le nettoyage des caniveaux de la ville, alors que cela n’avait pas été fait depuis quinze ans ? Ici, chaque quartier attend son tour pour être alimenté en eau et en électricité, et, encore une fois, ce sont les islamistes qui fournissent le gazole qui fait tourner les groupes électrogènes, tout comme ce sont eux qui assurent la sécurité des transports au départ et à  destination de Gao. Une seule station d’essence est encore ouverte, et, après quelques hésitations, le pompiste avoue que le carburant vient d’Algérie. Plus loin, sur un terrain de foot improvisé, des gamins courent après un ballon. Les joueurs de la première équipe se sont surnommés « les envahisseurs ». Les seconds se font appeler « les défenseurs de la République ». Deux buts à  zéro en faveur des « envahisseurs »… Le match est terminé.

La loi salafiste menace le Sahel

Il y a eu d’abord l’interdiction de l’alcool, la fermeture des bars, l’obligation signifiée aux femmes de se voiler. Le stade suivant a été le pillage des maisons des chrétiens et la destruction de mausolées et de lieux saints historiques de l’islam à  Tombouctou. Puis des réfugiés ont fait état de châtiments physiques pour violation de la loi islamique. Dimanche 29 juillet, à  l’aube, les salafistes qui règnent sur le nord du Mali depuis avril ont franchi un palier particulièrement révoltant dans l’application forcenée de la charia : un couple a été lapidé pour avoir eu des enfants hors mariage. L’homme et la femme, parents d’un bébé de 6 mois, ont été amenés dans un lieu à  20 km de la petite ville d’Aguelhok. Enterrés jusqu’au cou, ils sont morts rapidement sous les jets de pierres, après avoir poussé quelques cris, selon les témoins qui ont fait le récit de l’exécution publique par téléphone à  l’AFP et au New York Times. Cette zone désertique du nord du Mali, plus grande que la France, est fermée aux journalistes depuis que les groupes armés salafistes, le groupe malien Ansar Eddine et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), ont pris Tombouctou et Gao. Une situation extrêmement dangereuse est en train de s’installer dans le nord du Mali. Ce drame dépasse la tragédie des populations de la région, poussées à  l’exode par la brutalité des nouveaux maà®tres des lieux. Il déstabilise les pays du Sahel, dont des diplomates évoquent déjà  un « Afghanistan de l’Afrique de l’Ouest » ; selon le président du Niger, le groupe radical Boko Haram, du Nigeria, est désormais présent aussi dans le nord du Mali. Les intérêts occidentaux dans la région sont également menacés. Six Français, enlevés au Niger et au Mali, sont détenus en otage par AQMI et le nord du Mali risque de se transformer en base arrière pour des opérations terroristes contre les pays européens. Le Mali, qui se relève avec peine d’un coup d’Etat militaire mené en mars à  la suite, précisément, des poussées sécessionnistes du nord du pays, ne peut faire face seul à  cette situation. Une solution envisagée par les diplomates pour l’aider à  recouvrer l’intégrité de son territoire implique la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Celle-ci attend une demande formelle de Bamako pour, à  son tour, saisir le Conseil de sécurité de l’ONU d’une demande d’assistance au gouvernement malien, dont la souveraineté est défiée. Dans ce cas de figure, les pays de la Cedeao ne seraient sans doute pas en mesure de mettre sur pied, seuls, une force susceptible de reconquérir le nord du Mali. D’autres pays occidentaux, mais aussi l’Algérie voisine, doivent alors être prêts à  leur fournir une assistance matérielle, logistique, aérienne ou dans le domaine du renseignement, le tout dans le cadre d’un mandat de l’ONU. Le retour du président par intérim Dioncounda Traoré à  Bamako, fin juillet, ouvre la voie à  un tel scénario. Il y a urgence. Sur le terrain, la situation se dégrade rapidement, beaucoup plus rapidement que n’évolue la politique, à  Bamako, Alger ou New York.

Les otages libérés rentrent chez eux

Echange de bons procédés, voilà  en quoi a consisté la libération des trois otages, deux espagnols et une italienne, retenus depuis Octobre 2011 par le Mujao au nord Mali. Si cette libération annoncé mercredi en fin d’après midi est considéré comme une bonne nouvelle, du côté du groupe djihadiste, il s’agit d’une opération de marchandage : « Considérez qu’ils sont libérés, puisque nos conditions ont été respectées », a déclaré ce responsable du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao. Toujours selon le Mujao, ces libérations avaient été obtenues en échange de celles de trois prisonniers islamistes « dans un pays musulman » qu’il n’a pas cité et du paiement d’une rançon dont il n’a pas donné le montant. Proche du groupe Ansar Dine, le Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest est apparu il y a quelque semaines dans le conflit au Nord Mali. En route pour Ouagadougou « Les otages ont été libérés non loin de Gao (nord-est du Mali), nous les avons remis à  une délégation du Burkina Faso. Ils sont actuellement avec les Burkinabè », a ajouté M. Ould Hicham. « La délégation burkinabè rentrera jeudi matin avec les otages à  Ouagadougou », a affirmé à  l’AFP une source militaire du Burkina Faso, pays souvent impliqué dans les libérations d’otages dans la zone. Les otages étaient initialement attendus dans la capitale burkinabè mercredi soir, mais l’un des trois était dans la soirée en train d’être transféré vers Gao pour y être remis aux émissaires burkinabè, a expliqué cette source. Ensuite, ils ont décollé pour leurs pays respectifs. Après les libérations de mercredi, treize otages, dont six Français, restent retenus par des islamistes au Sahel. Le Mujao avait annoncé le 12 juillet avoir libéré trois des sept otages algériens enlevés le 5 avril au consulat d’Algérie de Gao, ce qu’a confirmé dimanche le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Pour libérer les sept Algériens, le Mujao avait exigé en mai « la libération de nos frères prisonniers en Algérie, plus une rançon de 15 millions d’euros ».

MNLA, tout ça pour ça ?

Le 17 janvier restera dans l’histoire du Mali comme une date funeste. Elle a été suivie de beaucoup d’autres, le 22 mars, le 30 mars, le 21 mai, le 1er juillet. Toutes correspondent à  des événements dont l’éventualité, il y a à  peine un an, n’aura pas effleurer l’esprit de la majorité des maliens. En se lançant dans la guerre « pour l’indépendance de l’Azawad », les touareg, qui se sont régulièrement révoltés contre l’autorité de Bamako, ont franchi un cap supplémentaire. Cette fois-ci, ils sont arrivés armés, avec dans leurs bagages des amis forts encombrants. Des alliés multi-azimuts, avec un seul point commun, l’extrémisme religieux. Leur armement abondant et sophistiqué a permis une véritable blitzkrieg (guerre éclair), provoquant la débandade dans les rangs de l’armée et le désarroi des populations. 100 jours après, plus de MNLA! Si au départ, la convergence des intérêts avait semblé unir le Mouvement National de Libération de l’Azawad et ses alliés, très vite le ménage à  plusieurs n’a plus été possible. Les exactions auxquelles se livraient les indépendantistes, leur combat médiatique et le soutien évident des puissances occidentales, n’étaient pas du gout de leurs amis circonstanciels. Ceux-ci ont tôt fait, dès le mois d’avril de se démarquer et de préciser qu’ils reconnaissaient bel et bien le Mali uni mais entreprenaient d’y faire régner la charia. A quoi pensait le MNLA en ce moment là  ? A sa survie, très certainement, puisqu’il n’a pas cessé de faire des appels du pied aux islamistes au point d’annoncer une fusion entre tous les groupes armés en présence au Nord. Mais voilà , après plus de trois mois d’occupation des régions du nord, les massacres, les pillages et les viols, les assassinats et la répression des jeunes… Après tout cela, le MNLA a, à  son tour, effectué, « un repli stratégique ». Depuis ce mercredi 11 juillet, ils n’ont plus le contrôle d’aucun hameau de leur territoire de l’ «Azawad». Qui tue par l’épée, périt par l’épée…Même s’ils crient qu’ils sont toujours dans la course, il est clair aujourd’hui que Kidal, Gao et Tombouctou ont changé de maà®tres. Le cheval de Troie Tout ça pour ça ? C’’est bien la question qu’il faudrait leur poser. A quoi cela aura alors servi de venir mettre leurs frères maliens, avec qui ils auront vécu, difficilement peut-être, mais tout de même, pendant des siècles ? Pourquoi avoir permis que l’histoire retienne leurs noms, Iyag Ag Ali et consorts, comme les fossoyeurs du Grand Mali ? Ces interrogations leur ouvriront peut-être les yeux. Pour qu’ils comprennent que rentrer par la petite porte dans l’histoire est tout aussi négatif que d’en sortir par la fenêtre. A cause d’eux, aujourd’hui 2/3 du Mali est en proie à  des hommes qui ne vont pas s’y limiter. Ils l’ont dit et ils en ont les moyens. Surtout qu’à  Bamako, C’’est le gouvernement d’union nationale qui intéresse plus qu’autre chose. Les amis du MNLA, vous avez mis vos frères dans la situation la plus difficile de leur histoire. Vos frères touareg, parce que quand la haine s’élance, il est difficile de l’arrêter et aujourd’hui les maliens ne sont pas fous d’amour pour eux. Vos frères maliens qui, mis face à  leur responsabilité, n’oublieront certainement pas la votre. Maintenant, posez-vous cette question ? Pourquoi vous ont-ils aidé, si C’’est pour vous jeter dehors à  la première occasion ? Avez-vous compris qu’ils se sont servis de vous ? Que vous avez été leur « cheval de Troie » ?