Sit-in au CHU Gabriel Touré : vers un durcissement ?

Les travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré ont observé ce 25 août 2023, un sit-in au sein de la structure. Une manifestation destinée à exprimer leur colère face aux retenues sur salaires qu’ils ont observées ces derniers mois. En grève depuis le 31 mai 2023, le personnel conditionne la reprise de toute négociation au paiement de ces sommes manquant à leurs salaires.

Le mouvement de grève en cours au CHU Gabriel Touré depuis le 31 mai 2023 ne faiblit pas. Alors qu’il observe chaque semaine dans le cadre de ce mouvement, des jours de grève, le personnel a organisé ce 25 août un sit-in contre « l’injustice », explique le porte-parole du comité syndical de l’hôpital, Djimé Kanté.

Selon lui, il s’agit de protester contre les agissements de la direction et une « mauvaise application de la loi ». Il estime en effet que lorsque le comité syndical a déposé son préavis de grève, aucune négociation n’a été ouverte par la direction, contrairement à ce que prévoit la loi. Or, la prise en compte des doléances qui étaient adressées aux autorités de l’hôpital et avaient pour but d’améliorer les conditions de travail du personnel, « aurait pu éviter la grève ».

Il demande donc que la loi soit appliquée dans son entièreté et qu’ils soient « sanctionnés », s’il le faut. Dénonçant, en outre un mépris » de la part des responsables de l’hôpital, il réclame aussi l’application effective des autres droits des travailleurs qui restent piétinés.

« Nous sommes déterminés. Nous demandons le reversement des salaires pour entamer une quelconque négociation ». Les salaires ont été réduits de moitié pour certains, et d’autres se sont vus injustement privés de salaires alors qu’ils continuaient à travailler.

Le syndicaliste regrette en outre l’annulation du cadre de concertation qui se tenait le premier mercredi de chaque mois et permettait au personnel et aux responsables d’échanger sur les difficultés de la structure, afin de trouver les solutions idoines.

Collectivités territoriales : une grève aux conséquences multiples

L’Intersyndicale des travailleurs des Collectivités territoriales est depuis le 8 mai en grève de 5 joursUne grève dont les conséquences sont déjà visibles.

Dans ses revendications, 11 points sont inscrits, dont la création par arrêté des corps de la Fonction publique des Collectivités territoriales et l’élargissement des Conseils d’administration du Centre de formation des Collectivités territoriales et de l’Agence nationale d’investissements des Collectivités territoriales aux travailleurs des collectivités, notamment. De la mairie du District à la mairie de la Commune IV, en passant par les services techniques, les bureaux sont fermés et des usagers désespérés en quête de documents administratifs le constatent avec amertume. Fatoumata Tembely, une étudiante vivant à Kalaban Coura, a fait le tour de plusieurs mairies avant de se rendre en Commune IV, espérant y obtenir une fiche individuelle pour passer le concours de l’École militaire inter armes (EMIA). « J’avais rendez-vous à la mairie de la Commune V le lundi. Malheureusement, c’était fermé à cause de la grève. J’ai fait le tour de plusieurs mairies sans succès. Je suis éligible pour le concours de l’EMIA, mais le dépôt des dossiers a commencé lundi et prend fin ce vendredi, soit l’intervalle de la grève ». Un désarroi que la jeune dame partage avec beaucoup d’autres personnes. Plusieurs se plaignent de ne pouvoir légaliser leurs documents ce qui les empêche de concourir à des offres. Une autre conséquence de cette grève. L’agence nationale de sécurité routière (ANASER) avait donné un ultimatum de 72 heures pour libérer le domaine public routier illégalement occupé par des commerces. Des opérations devaient être menées, mais selon des responsables de l’ANASER, des agents de la mairie sont sollicités pour mener à bien ses actions. Les syndicalistes, qui précisent que cette grève concerne principalement les agents des mairies, ajoutent qu’un accord avait été trouvé sur 9 des 11 points depuis longtemps, mais qu’il n’a pas été respecté jusqu’à ce jour « Nous allons observer la semaine, pratiquement tous les agents sont à la maison au niveau des collectivités, nous restons ouvert au dialogue avec le gouvernement jusqu’à la fin de la semaine pour voir si on peut trouver ensemble des points d’accord » explique Issa Sanogo, secrétaire général du syndicat des travailleurs des municipalités. Toutefois, à l’issue de la grève, une évaluation est prévue. Elle permettra de décider des prochaines actions. Selon certains responsables, une grève illimitée n’est pas à exclure.

Douanes : le décret de la discorde

Dans un communiqué daté du 23 avril 2023, le Syndicat national des travailleurs des Douanes (SNTD) a décidé de suspendre son mot d’ordre de grève pour les 25, 26 et 27 avril 2023. S’il s’agit d’un soulagement pour les acteurs de l’économie, ce mot d’ordre intervient sur fond de divergences entre les soldats de l’économie, dont les performances avaient été saluées récemment par les autorités.

La grève a été suspendue notamment en raison des derniers évènements qui ont touché le pays et fait des victimes civiles et militaires. Les responsables du SNTD évoquent également l’implication de plusieurs personnes ressources grâce auxquelles ils ont suspendu le mot d’ordre de grève pour « donner une chance aux négociations », précise le communiqué, signé par le Secrétaire général du syndicat, Issiaka Moussa Kaboré.

L’une des motivations de ce préavis est à chercher dans le rejet du décret du 16 mars 2023 modifiant le décret de 2013 portant statut particulier du cadre des Douanes. Le décret n’apporte qu’une modification concernant l’introduction des grades d’inspecteur général et de colonel-major, qui sont étendus à tous les inspecteurs de classe exceptionnelle. Un décret qui leur « attribue des galons » mais ne leur accorde aucun avantage et leur retire ceux accordés par la loi de 1982, se plaint le SNTD. En outre, « un décret ne peut abroger l’ancienne loi de 1982 », soutient M. Kaboré.

Statut particulier ?

En lieu et place du statut particulier, c’est l’annexe du décret de 2013 qui a été reprise, explique un cadre.  Tous ceux qui ne sont pas inspecteurs de la catégorie A et B2 sont frappés par cette note. Les agents subalternes sont tous concernés.

Le décret de 2013, qui n’a pu être appliqué, n’a pas tenu compte de l’ancienneté et beaucoup peuvent se retrouver avec des années d’ancienneté dans des grades inferieurs. Mais le problème est « qu’il n’y a aucun intérêt économique et c’est ce qui est dérangeant », insiste-t-il.

Mais, alors qu’ils se disent toujours prêts au dialogue, les responsables du SNTD  déplorent le refus de la direction des Douanes de les recevoir pour discuter. Ce qui a d’ailleurs conduit au préavis de grève, selon eux. Ils espèrent donc que l’accalmie ainsi observée sera mise à profit pour trouver une solution qui aboutira à une relecture du décret incriminé.

Les responsables des services des Douanes se sont réjoui des recettes record de 70,620 milliards de francs CFA en décembre 2022 et ont été encouragés par les autorités à poursuivre dans le même sens en 2023.

Enseignement supérieur : les syndicats haussent le ton

En grève depuis le 20 mars dernier, les syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont reconduit leur mot d’ordre cette semaine, du 27 au 31 mars 2023. Avec de nouvelles revendications, qui viennent s’ajouter aux précédentes, ils brandissent également la menace d’un prochain arrêt de travail.

De cinq points revendiqués initialement par le Comité exécutif national du SNESUP, la Coordination des syndicats d’enseignants de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique unifie désormais ses actions autour de neuf points.

Au-delà des revendications liées à l’application et à la revalorisation des primes et indices salariaux, à la sécurisation de l’espace universitaire et au paiement des arriérés, les grévistes ajoutent le recrutement massif d’enseignants-chercheurs, mais aussi et surtout l’octroi d’un passeport de service à ceux-ci.

Selon Dr. Alou Diarra, Secrétaire général du Bureau national du SNESUP, cette grève est la suite logique des actions qui sont en cours depuis fin janvier. « Ce sont des revendications légitimes des travailleurs de l’Enseignement supérieur, nous voulons que l’État s’exécute, car c’est l’État qui a signé les conventions en notre faveur. Il doit les respecter », s’offusque-t-il

Mot d’ordre suivi ?   

Dans la mesure où le bicéphalisme à la tête du SNESUP subsiste depuis longtemps, la question  du suivi du mot d’ordre de grève par l’ensemble des enseignants dans les structures concernées se pose. M. Diarra reconnait que les difficultés au sein du SNESUP ont impacté « quelques petites structures, qui ne sont pas avec nous », à l’instar de l’INFSS, qui ne suit pas le mot d’ordre de grève.

Mais, selon lui, il est suivi à 86% par les structures de l’enseignement supérieur. « Si l’ENI, l’ENSUP, la FLSL, l’École de médecine, la FSEG, la FAG sont en grève, il ne reste plus rien de l’Enseignement supérieur », argue le Secrétaire général du Bureau national du SNESUP.

Nos tentatives pour joindre l’autre camp n’ont pas abouti, alors que le Dr. Alou Diarra affirme que la grève dépasse le cadre du SNESUP et que « les trois syndicats de l’Enseignement supérieur sont tous ensemble pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs ».

Il annonce que si le gouvernement ne réagit pas, cette grève sera suivie d’une autre, de 120 heures, qui sera sanctionnée par un arrêt de travail pur et simple.

Education : fin de la grève des écoles privées

Après près de 2 semaine de grève, le groupement des associations des promoteurs d’Écoles privées du Mali ont mis fin à leur grève jeudi 23 mars 2022. Les établissements privés de l’Enseignement Secondaire Général, Technique et Professionnel, ainsi que les Medersas ont donc repris le travail ce vendredi 24 mars 2023.  Mais cette reprise coïncide avec les congés de fin de deuxième trimestre. Cependant, la reprise totale des cours ne sera effective qu’à partir du 03 avril prochain, date indiquée pour la fin des congés. Selon le communiqué du groupement, suite aux négociations le Gouvernement s’engage à payer sans exiger les pièces fiscales, le montant de  8 007 095 000 FCFA. Celui-ci représente les frais scolaires et de demi bourses, qui reste payer aux écoles privées du Mali, au titre de l’année 2021-2022.  De son côté, le groupement des associations des promoteurs des écoles privées du Mali s’engage à payer les impôts conformément à la législation fiscale. Les écoles privées avaient le 13 mars dernier enclenché une grève de cinq jours, par la suite reconduite. Selon le département de l’Education, au titre de l’année scolaire 2021-2022, 3042 établissements privés avaient été recensés.

CHU Gabriel Touré : une grève illimitée aux graves conséquences

 Le Centre hospitalier et universitaire Gabriel Touré tourne au ralenti. Pour cause, une grève illimitée des médecins, pour non satisfaction de leurs doléances. Les patients, premières victimes de cet arrêt de travail crient leur désarroi.

La grève illimitée au CHU Gabriel Touré a débuté ce lundi 27 février. Sur place, les malades et accompagnants ne cachent pas leur frustration.  Les consultations normales ne sont plus possibles. Seuls les cas d’urgence sont pris en charge. Le bureau des entrées de l’hôpital Gabriel Touré, habituellement plein, est presque vide. A 10 heures ce lundi, il n y avait pas de contrôle. En effet, depuis le début de la grève, les malades paient le prix fort si l’on se fie aux différents témoignages même s’il est difficile d’établir des chiffres. Au cœur du bras de fer entre les médecins rangés derrière leur syndicat et le gouvernement, les usagers ne savent plus à quel saint se vouer. Beaucoup ont confié leur désarroi et implorer pour une solution rapide afin de mettre fin à la grêve.

Les comités syndicaux de l’hôpital reprochent au directeur général de l’hôpital Gabriel Touré d’avoir un mépris à leur égard.  Puisque, celui-ci selon les responsables syndicaux, par ses agissements répétitifs entrave la liberté syndicale. Aussi, ils estiment qu’il y a un non respect des engagements pris par le Gouvernement par rapport aux protocoles signés avec les comités syndicaux du CHU Gabriel Touré.  Dans la foulée, une réunion du bureau du comité syndical s’est tenue cet après-midi, avant une conférence de presse de demain qui aura lieu à la bourse du travail.

Diawara Aoua Paul Diallo : « des dispositions sont en cours pour que nous ayons un climat social apaisé ».

Le gouvernement a organisé en octobre 2022 la conférence sociale qui a réuni les partenaires sociaux. Si les autorités sont satisfaites des objectifs atteints, elles doivent encore parvenir à un apaisement du climat social pour 2023. Car les préavis et les menaces de grève sont toujours sur la table. Madame Diawara, Aoua Paul Diallo, ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social répond à nos questions.

La conférence sociale s’est tenue en octobre, a-t-elle comblé les attentes ?

La conférence sociale s’est tenue du 17 au 22 octobre 2022 au CICB. Au regard de la participation massive des partenaires sociaux, employeurs et organisations syndicales de travailleurs (centrales syndicales, syndicats libres et autonomes), nous pouvons affirmer qu’elle a comblé les attentes dans la mesure où les préoccupations majeures du monde du travail ont été discutées sans complaisance à travers trois thématiques centrales : la liberté syndicale ; le dialogue social ; la politique de rémunération et la gestion des carrières. Les objectifs de départ ont été atteints. L’objectif général de la conférence sociale dans le domaine du travail était d’identifier les moyens et mécanismes permettant d’aboutir à une stabilité sociale durable. De manière spécifique, la Conférence visait notamment à faire un diagnostic clair des causes réelles de la détérioration constante du climat social ; identifier les inégalités salariales et leurs causes pour plus d’équité et de justice sociale ; identifier les besoins de renforcement des capacités des acteurs tripartites ; favoriser l’élaboration et la signature d’un pacte de stabilité sociale… Au regard des 139 recommandations qui sont sorties des débats, l’objectif de départ a été largement atteint dans la mesure où leurs mises en œuvre permettent d’apaiser le climat social de façon durable. On peut citer entre autres la conclusion d’un pacte de stabilité sociale avec une trêve sociale, la création d’un conseil national de dialogue social, l’organisation des élections professionnelles, l’adoption des textes sur le droit de grève, les services essentiels, les services minimums en cas de grève dans les deux secteurs : public et privé, l’adoption d’une politique salariale dans la fonction, d’un plan de recrutement, etc.

Où en est-on de la mise en œuvre des recommandations ?

Après la conférence sociale, une commission d’experts a été mise en place composée des représentants des employeurs (CNPM), des syndicats de travailleurs (UNTM, CSTM, CMT, CDTM), des représentants des départements ministériels et de la personne ressource qui a présidé les travaux en plénière de la conférence sociale.

La commission a pour but la rédaction d’un projet de pacte de stabilité sociale et de croissance mais aussi, d’élaborer le plan d’actions de mise en œuvre des recommandations de la conférence sociale avec des activités, des résultats attendus, des indicateurs d’évaluation, et une périodicité de cinq avec des coûts financiers.

A ce stade des travaux de la commission, un avant-projet de pacte de stabilité sociale est disponible et sera soumis incessamment à un atelier national tripartite de validation avant sa signature par les acteurs auquel sera joint le plan d’actions quinquennal intégré des recommandations de la conférence sociale avec le pacte.

Il y a eu un accord sur l’application de l’article 39, peut-on dire que la crise est derrière nous sur ce plan ?

Comme vous le soulignez, la crise est derrière nous, dans la mesure où le gouvernement et la synergie des enseignants ont signé un PV de conciliation sur leurs revendications. Pour matérialiser l’accord intervenu, le gouvernement a pris en conseil des ministres la semaine dernière un décret octroyant la prime contenue. Les autres aspects des revendications feront l’objet d’un suivi commun en cas d’embellis dans les finances de l’Etat.

Le ministère doit tout de même gérer d’autres mots d’ordre ou menaces de grève, qu’en est-il ?

Effectivement, nous avons encore quelques mots d’ordre de grève, notamment dans le privé ou le parapublic. Des dispositions sont en cours pour une gestion définitive de ces cas et même au-delà de façon générale afin que nous ayons un climat social apaisé. Parmi ces dispositions, on peut citer la signature très prochaine du pacte social de stabilité et de croissance qui prendra en compte non seulement les recommandations de la conférence mais aussi et surtout les attentes des organisations syndicales.

Quelles seront les priorités pour votre département en 2023 ?

Les priorités, seront entre autres :la signature, la mise en œuvre et le suivi du pacte de stabilité ; l’application des recommandations de la conférence sociale ; la refonte du cadre juridique régissant le dialogue social ; la création d’un conseil national de Dialogue social ; l’adoption de la politique nationale de sécurité et santé au travail ; l’organisation des élections professionnelles de représentativité ; la relecture de la loi 87-47 sur la grève dans les services publics ; l’adoption des textes sur les services essentiels et les services minimums en cas de grève dans les deux secteurs : public et privé ;  l’adoption d’une politique nationale de rémunération dans la fonction publique ; l’adoption d’un plan de recrutement ; l’adoption d’un plan de formation des agents de l’Etat ; la relecture du statut général et du code du travail.

Climat social : tensions en vue

Malgré l’organisation de la Conférence sociale en octobre 2022 et l’accord sur l’application de l’article 39, le gouvernement doit faire face à de nouveaux mouvements. L’horizon ne semble pas serein pour le front social, malgré un apaisement apparent. Magistrats, gardiens de prison, médecins, tous menacent d’aller en grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites.

Le 29 novembre 2022, les syndicats de la magistrature (SAM et SYLIMA) ont déclenché une grève de 5 jours qui devait se prolonger en grève illimitée si leurs revendications n’étaient pas prises en compte. Après des négociations, le mot d’ordre a été levé. Mais, suite à l’adoption par le Conseil national de transition (CNT), de la loi portant modification de la loi organique fixant l’organisation et les règles de fonctionnement de la Cour suprême, les magistrats ont remis à l’ordre du jour leur menace.

Quand au syndicat des gardiens de prison, il fait part d’une volonté d’aller en grève si sa demande d’amélioration des conditions de travail n’est pas considérée. Les syndicats des travailleurs des péages routiers ont aussi déposé un préavis pour le 5 janvier 2023. Le SYPESCO, l’un des membres de la Synergie des syndicats signataires du 15 octobre s’est refusé à signer l’accord sur l’application de l’article 39 et se réserve le droit de le dénoncer.

Au moment de la Conférence sociale, le gouvernement évoquait près de 400 préavis de grève. Pas sûr que tous aient trouvé une réponse favorable. La nouvelle année est donc celle de nouveaux défis sur ce plan.

Education : début d’une grève de 120 heures

Les syndicats signataires du 15 octobre 2016 constatant que « le gouvernement n’a pas fait de proposition concrète allant dans le sens de l’élaboration d’une nouvelle grille pour les enseignants », ont donc déclenché une grève de 5 jours (soit 120 heures) à partir de ce 4 janvier 2022. Un nouveau round de négociations est prévu ce 5 janvier pour tenter de rapprocher les deux parties.

Les enseignants continuent de demander l’application de la loi N°2018-007 Du 16 JAN 2018, dont l’article 39 prévoit que toute augmentation sur le statut général sera appliquée de plein droit sur le statut des enseignants.

Mais l’ordonnance du 16 juillet 2021 qui a unifié les grilles, rend obsolète sinon abroge de fait la loi de 2018. A la place donc de l’article 39, le gouvernement a proposé l’octroi des primes et indemnités. Après plusieurs négociations, syndicats et gouvernement sont restés sur leur position, à savoir l’application de l’article 39 pour les enseignants et des primes et indemnités pour le gouvernement.

Dans le cadre des négociations, le gouvernement avait proposé des augmentations sur l’indemnité de responsabilité de 10% (De 3 000 à 8 000 FCFA), puis 15%, soit de (4 000 à plus de 7 000 FCFA). Face à l’impasse, les médiateurs ont proposé au gouvernement d’accorder la somme de 50 000 FCFA par enseignant comme prime de responsabilité.

Les autorités qui ont dit accepter le principe, selon M. Amadou  Coulibaly, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB), attendent de s’y prononcer si les enseignants l’acceptent afin d’en discuter des modalités.

Concernant les enseignants, ils ont déclaré avoir pris acte de cette proposition. Ils doivent tenir une réunion cet après midi avec leur base avant une nouvelle rencontre prévue ce 5 janvier avec les autorités. S’ils n’ont pas encore  signé un procès verbal de non conciliation, les enseignants ont tout même déclenché leur mot d’ordre de grève. La poursuite du mouvement dépendant de l’issue des négociations prévues ce 5 janvier.

Même si  les enseignants  qui avaient élaboré une grille sur la base de l’article 39 et après l’ordonnance ayant adopté la grille unifiée, ont accepté de revoir leur plafond pour ne pas dépasser celui de la grille unifiée, le gouvernement opterait plutôt pour des primes et indemnités au lieu d’une nouvelle grille qui pourrait susciter des « envies » chez d’autres syndicats, confie un enseignant.

 

Mali-Redevance péage par passage : Une nouvelle grève des transporteurs à l’horizon

Les transporteurs routiers maliens iront en grève pour trois jours à compter du 23 mars prochain. Le préavis de grève, déposé mardi 2 mars, vise à protester contre l’entrée en vigueur du paiement de la redevance péage par passage au niveau de tous les postes.

Déjà, des blocages du trafic ont été observés, lundi 1er mars, au niveau du poste de péage de Kasséla, sur la route de Ségou. Au Ministère des transports, une source jointe par l’Essor « estime que jusqu’ici le paiement se déroule normalement au niveau des postes de péages. Elle confirme que les conducteurs de camions bennes refusent de s’acquitter du droit de péage par passage au niveau de Kasséla. D’où le stationnement de plusieurs véhicules au niveau de ce poste d’entrée de Bamako ».

Santé : Une grève générale de 10 jours en cours

Les hôpitaux de Bamako et de Kati sont en grève générale de 10 jours. Elle s’étend du lundi 1er au vendredi 5 mars, pour  ensuite reprendre du lundi 8 mars au vendredi 13 mars.

Les grévistes revendiquent plusieurs points pour l’amélioration de leur condition de vie. Ils exigent de rendre effective « les mesures de sécurité et de motivation » de leurs personnels dans le cadre de la lutte contre la covid-19. Ils demandent également l’intégration dans la fonction publique du personnel contractuel et la régulation de la situation de ceux déjà intégrés. Parmi les revendications, on note aussi le paiement des primes covid 19 et l’effectivité de la gratuité de la prise en charge du personnel assujetti à l’AMO, sans oublier l’amélioration des plateaux techniques et le recrutement de personnel au compte des hôpitaux.

Les hôpitaux concernés par la grève générale sont les CHU de l’Hôpital Gabriel Touré, de l’hôpital du Point G, de l’hôpital dermatologique, de l’Hôpital du Mali et de l’Hôpital de Kati.

API-Mali: En grève illimitée ce 8 mars

L’Agence pour la promotion des investissements au Mali (API-Mali) menace d’observer une grève illimitée à compter du 8 mars prochain à Bamako et dans ses antennes régionales. Elle a déposé le préavis de grève, vendredi 19 février,  sur la table du ministre du travail et de la fonction publique. Dans son cahier de doléances, l’API-Mali revendique  entre autres l’application des augmentations de salaire obtenues par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) , l’annulation du règlement intérieur de la gestion du personnel de l’API Mali adoptée par la direction générale et l’inspection du travail en l’absence des représentants des travailleurs de l’Agence, le  respect de la liberté syndicale.

CHU Gabriel Touré : l’éternel malade

L’affluence était très modérée à l’hôpital Gabriel Touré ce 29 décembre 2020. Moins d’une dizaine de personnes sont présentes dans le hall d’entrée qui en accueille habituellement des dizaines. Raison : Le personnel de l’hôpital observe un arrêt de travail ces 29, 30 et 31 décembre 2020 et tous les lundis et mardi du mois de janvier 2021.  Après 3 jours de grève en octobre 2020, et 4 jours du 1er au 4 décembre 2020, l’hôpital Gabriel Touré renoue avec les grèves. L’amélioration des conditions de vie et de travail des agents ainsi que des conditions d’accueil des patients restent les motifs évoqués par le syndicat.

« Le service minimum est strictement observé », note le surveillant général de l’hôpital. « Les urgences fonctionnent comme d’habitude, la maternité et certains services » sont opérationnels comme en temps normal, assure t-il.

En effet, il faut se rendre au service des consultations médicales pour constater l’effectivité de la grève. Habituellement huit médecins « officient » dans ce couloir où les chaises vides témoignent de l’absence d’activité. Un seul médecin est présent. « C’est celui qui assure la garde », nous explique un agent. Pour s’occuper notamment des urgences et des malades hospitalisés dont le suivi « est correctement effectué », assure le médecin.

Aucune nouvelle revendication n’est à l’ordre du jour pour ce mot d’ordre. Des revendications récurrentes dont l’insatisfaction justifie amplement le mouvement, explique le syndicat.

Il s’agit d’abord des primes des bi-appartenant, qui « sont injustement prélevées depuis le début de cette année sur les salaires des seuls travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré », dénonce M. Djimé Kanté, le secrétaire général adjoint et porte parole du comité syndical du CHU Gabriel Touré.

L’une des revendications du Syndicat national de la santé et de l’action sociale et de la promotion féminine  (SNAS/PF) concerne aussi la situation des contractuels de l’hôpital dont il demande « le reversement à la fonction publique ». Alors même qu’il existe un accord dans ce sens depuis environ 10 ans, selon M. Kanté, ce changement n’est pas encore effectif pour tous ces travailleurs.

L’amélioration des conditions d’accueil et d’hospitalisation des malades est également une des préoccupations du syndicat qui tire la sonnette d’alarme, surtout en cette période de pandémie à coronavirus ou la très grande affluence au niveau des guichets d’entrée constituent autant de risques pour les malades et les soignants. Il serait judicieux selon le syndicat de décentraliser ces guichets au nouveau des différents services pour une prise en charge efficace et sans risque des patients. Des patients dont les conditions d’hospitalisation laissent à désirer tant certaines salles ne sont plus dignes d’un hôpital à cause du manque d’hygiène qui a atteint des proportions inquiétantes. L’aménagement des espaces externes de l’hôpital constitue également pour le syndicat une urgence pour faciliter l’accès et l’accueil des patients et leurs accompagnants.

Enfin, le syndicat demande l’exécution de tous les accords précédents issus des procès verbaux signés entre lui et les autorités.

Grève des administrateurs civils : Les précomptes sur les salaires n’effraient pas

Le ministre de l’Administration territoriale a instruit, dans une lettre en date du 10 novembre, l’émission de 15 jours de précompte sur les salaires des administrateurs civils, en grève de 15 jours depuis le 19 octobre, mouvement qui s’est transformé en grève illimitée le 9 novembre dernier. Selon les grévistes, cela n’entame en rien leur détermination à poursuivre la lutte. « C’est tout à fait normal et légal. Nous, nous sommes préparés à cela. C’est en toute connaissance de cause que nous sommes allés à la grève. Cette décision a été accueillie avec ferveur. Et je vous jure que lors de la première semaine de la première série de grèves, certains de nos militants nous avaient demandé de dire aux financiers de procéder directement aux prélèvements sur les salaires. Je l’ai dit au ministre et au secrétaire général eux-mêmes », assure Ousmane Christian Diarra, porte-parole des grévistes.

Dans une autre correspondance, le ministre de l’Administration territoriale prévoit la relecture des conditions de nomination des préfets et sous-préfets, pour plus d’ouverture aux membres des forces armées et de sécurité. « C’est du chantage. Il nous a adressé une lettre pour demander notre avis par rapport à la modification du décret 0067. La transition de 2012 avait fait la même chose et ils se sont cassé les dents. Nous sommes habitués à cela. À chaque fois que les militaires viennent au pouvoir, c’est comme cela. Et ça ne nous effraie nullement ».

Mali – Education: Les enseignants annoncent une grève de 600 heures

Cela devient comme une habitude depuis quelques années au Mali: les grèves des enseignants. Les parents et les élèves vivent sous le joug d’une éventuelle année blanche. En 2019 cette éventualité a été évitée de justesse. Des cours ont été rattrapés dans certaines localités, les examens officiels ont alors pu se tenir pour évaluer le niveau des apprenants.

Cependant, la question reste lancinante et intégrale sur notre système éducatif en dégringolade: Quel est le niveau réel des élèves dans notre pays avec autant de grèves des enseignants? Même si l’expression « baisse de niveau » sonne comme un glas, la réalité reste palpable car la transmission du savoir est comme confisquée, certains diront prise en otage avec ces grèves répétitives des « maîtres du savoir » que sont les enseignants. Pendant ces périodes, des écoles désertes, des élèves perdus et désorientés attendent avec impatience de voir leurs enseignants franchir le seuil de la porte craie en main pour partager avec eux la clé de leur liberté car en le grandissant, « le savoir libère l’Homme ».

Mais il n’en est rien quand un préavis de grève doit être respecter car pour se faire entendre quelqu’un doit porter le fardeau! Les conséquences de ces mouvements de revendication quoiqu’on dise pèsent sur la formation réelle des élèves. Des grèves s’enchaînent sans épilogue, tellement le prologue est séquentiel. D’ailleurs, voilà qu’après une grève de 20 jours, les enseignants prévoient d’entamer une autre en prolongeant cette fois la durée; 25 jours soit 600 heures de rétention des notes à partir du 02 avril 2020.  Pour en savoir plus, nous pouvons lire dans leur préavis de grève déposé sur la table du gouvernement, ce lundi 16 mars 2020 que les Syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 (SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT, SYNE- SEC, SYLDEF, FENAREC, COSES) exigent l’application immédiate de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, Portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. Cet article 39 stipule que : «Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale».

Idelette BISSUU 

 

Ministère des Affaires étrangères: Le Syndicat libre des travailleurs annonce une grève de 120 heures

Le Bureau central du Syndicat libre des Travailleurs du Ministère des Affaires étrangères a décidé d’observer une grève de 120 heures à compter du 26 au 30 août 2019. Ceci fait suite à non satisfaction des doléances consignées dans un procès-verbal en date du 8 juin 2019. Le syndicat avait suspendu ce mot d’ordre de grève déposé depuis le 24 mai 2019, accordant un moratoire de deux mois au gouvernement.

Pour rappel, les trois points de revendications des travailleurs du ministère des affaires étrangères sont l’examen du projet de statut du corps diplomatique de la République du Mali,  l’adoption du projet de Décret n°96-0441P-RM du 08 février 1996 fixant les avantages accordés au personnel diplomatique, administratif et technique dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali ainsi que celui du projet de Décret n°05-464/P-RM du 17 octobre 2005 fixant la valeur du point d’indice de traitement des personnels occupant certains emplois dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali ainsi que leurs primes et indemnités.

Paiement de ristournes : Les CSREF de Bamako cessent le travail

Difficile de qualifier le mouvement actuel qui paralyse les activités au niveau des Centres de santé de référence ( CSREf) de la capitale. Depuis quelques jours, les travailleurs de ces structures ont débrayé et aucun service minimum n’est assuré. En cause le non paiement des ristournes, 30% des recettes, réclamées par les travailleurs et accordées par une décision du ministère qui est loin de faire l’unanimité.

« Après plusieurs séries de rencontres  avec 2 syndicats qui réclamaient le paiement de 30% des recettes générées par les CSRSEF, nous avons demandé à faire des concertations avec tous les acteurs », explique M. Modibo Keïta, quatrième adjoint au maire de la commune IV du District de Bamako. C’est à la suite de ces échanges regroupant les médecins chefs et les comptables notamment, qu’ils ont estimé qu’octroyer ces 30% en plus des avantages dont bénéficient déjà les agents, équivaut « à signer l’arrêt de mort de ces structures », ajoute le maire. Des structures vitales au maintien de la santé des populations, précise t-il. C’est pourquoi ils ont demandé aux syndicats, de leur accorder du temps afin d’avoir des concertations plus élargies.

Faute d’accord, ces derniers ont enclenché un premier mouvement. Les négociations entamées n’ayant pas abouti, « les syndicats ont rencontré le ministre qui leur a accordé  sans demander l’avis des collectivités », précise M. Kéïta. Surprises par cette décision, les mairies ont été invitées par une lettre circulaire leur demandant d’appliquer la décision dès le mois suivant, c’est-à-dire le mois de juillet 2019.

C’est alors que « les syndicats ont fait comprendre aux travailleurs que le ministre a donné son accord et que ce sont  les maires qui refusent », déplore M.Keïta.

Regrettant aussi ce mouvement qui ne répond pas aux critères d’une grève, le Dr Boubacar Niaré, secrétaire général adjoint du Syndicat des Médecins du Mali (SYMEMA), note que les syndicats ne sont pas en grève, parce qu’ « aucun préavis n’a été déposé ».

Cependant le personnel « avait eu des promesses », suite à des mouvements de grève. Selon le Dr Niaré, après les échanges avec les maires et médecins chefs de Bamako, il ressort que ces centres sont déficitaires, ce qui pourrait expliquer les difficultés pour payer ces ristournes.

Selon le secrétaire général adjoint du SYMEMA, il faut que tout le monde prenne ses responsabilités, afin « que les gens aient la bonne information », parce que c’est aussi un droit pour le personnel d’être au courant et cela permet au responsable de faire connaître la réalité.

Pour le moment, le syndicat envisage donc de parler avec les responsables concernés (ministères, gouverneur et maires) .

Si le droit de grève est garanti, il doit s’exercer avec la manière, estime le maire Keïta. « Nous voulons d’ailleurs que ces médecins soient dans de meilleures conditions, mais nous voulons une concertation plus large », conclut-il.

 

Moussa Niangaly : « Préserver l’éducation, qui nous appartient à tous »

Face aux mouvements de grèves intempestifs des syndicats de l’enseignement signataires du 15 octobre 2016, l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a à son tour appelé à un arrêt des cours, pour 72h, des élèves et étudiants sur toute l’étendue du territoire national. Moussa Niangaly, secrétaire général de l’AEEM, revient sur cette décision pour Journal Du Mali.

Pourquoi avoir déclenché une grève de 72h ?

Nous avons deux points de revendications. Le premier concerne l’arrêt des cours aux niveaux des établissements publics à cause de la grève des enseignants. Le deuxième point, c’est l’occupation illicite de l’espace universitaire par le maire de la Commune V. Nous constatons depuis un moment qu’il y a des chantiers en cours sur l’espace universitaire. Nous avons fait beaucoup de rencontres par rapport à cela et pourtant, jusqu’à preuve du contraire, cela continue. Nous avons donc jugé nécessaire d’y mettre complètement fin. Mais le plus important c’est la grève des enseignants. Depuis un moment, nous la constatons, de façon intempestive. Quand elle a commencé, nous avions d’abord mis en place une commission, uniquement constituée de nos membres, pour démarcher les deux parties. Nous avons rencontré les syndicats ainsi que les autorités en charge de l’éducation. Nous aurions voulu trouver une solution à travers la médiation, mais cela n’a pas été possible. Finalement, nous avons décidé de passer à la vitesse supérieure. C’est pourquoi nous avons déclenché 72 heures de grève, du lundi 25 février au mercredi 27 février 2019. Nous avons appelé les élèves et les étudiants à ne pas se rendre aux cours pendant cette période.

Vous voulez mettre fin aux grèves des enseignants en lançant une autre grève. Comment expliquez-vous cela ?

Nous sommes dans un État de droit où nous avons tous droit à la formation. Nous avons constaté, que pendant le temps où les enseignants sont en grève dans les établissements à caractère public et que certains élèves sont à la maison, ceux qui sont dans les établissements privés continuent de suivre les cours normalement. Mais, en fin d’année, c’est le même sujet qui sera proposé à tous ces élèves aux différents examens. Nous avons donc jugé nécessaire de suspendre les cours partout. Si toutefois la grève continue, les élèves seront traités sur le même pied d’égalité. Maintenant, cela concernera tous les établissements du Mali, sans exception.

Qu’attendez-vous de l’État après cette grève ?

Nous attendons une réaction rapide. Et une solution durable, parce que chaque année nous vivons ces grèves répétitives. Nous souhaitons donc qu’une solution définitive soit trouvée pour qu’elles cessent. L’école, c’est l’avenir du pays. Si l’éducation ne marche pas, nous ne pouvons pas compter sur un Mali émergent demain. Il va donc falloir qu’on trouve une solution à cette situation et que la formation et l’excellence soient mises au dessus de tout.

En dehors de la responsabilité de l’État, appelez-vous aussi les enseignants à assouplir leur position ?

Nous avons parlé avec les enseignants. Nous savons que, dans une revendication, tout ne peut pas être obtenu en même temps. Si les enseignants sont en grève, nous sommes obligés d’évoluer ensemble. Sinon, nous, au niveau de l’AEEM, avons depuis un certain moment choisi de revendiquer en restant en classe. Nous appelons les enseignants à prendre en compte la formation, l’avenir des élèves, pour rester en poste. Revendiquer certes, mais préserver ce qui nous appartient à tous, l’éducation.

D’autres mesures sont-elles prévues après la grève ?

Nous avons d’autres méthodes de lutte, plus fortes. La grève de 72h n’est qu’un début. Nous sommes déterminés à ne pas céder si aucune solution durable n’est trouvée.

Revendications: Faut-il limiter le droit de grève ?

Au Mali, de plus en plus, les grèves des syndicats se multiplient. Certains décrètent, pour obtenir satisfaction, un arrêt de travail illimité. Mais ce droit à la grève et le bras de fer que se livrent syndicats et gouvernement ont des conséquences graves sur la population, surtout dans certains secteurs.  Faut-il restreindre ce droit ?

« Le droit de grève est un acquis démocratique et sa remise en cause entrainera une régression en terme d’avancée démocratique. Tout homme qui initiera cela croisera les travailleurs sur son chemin », déclare d’office Woyo Konaté, Docteur en philosophie politique et enseignant à l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako. « Il y a des secteurs sensibles qui peuvent être concernés, mais en prenant des dispositions spécifiques pour que les travailleurs les acceptent », nuance-t-il. Au Mali, les grèves pour réclamer de meilleures conditions de vie s’étalent souvent sur des périodes indéterminées et les populations subissent les cas les conséquences de l’antagonisme entre les syndicats et le gouvernement. C’est surtout dans les secteurs de la santé et de la justice que les répercussions sont instantanées. « Même si on ne restreint pas le droit pour tous, c’est nécessaire dans la santé et la justice », souhaite Lagalafou Simpara, professeur d’enseignement secondaire. « Quand les médecins sont en grève, les conséquences sont immédiates et peuvent provoquer des morts, alors que la vie d’un individu n’a pas de prix. C’est pareil pour les  magistrats, parce qu’il  y a des gens qui sont au terme de leur peine et doivent recouvrer la liberté, mais ils restent en prison », explique-t-il.

Le gouvernement  indexé

La cherté de la vie et les revenus mensuels des travailleurs les obligent à camper sur des positions drastiques, faute de réponses à leurs doléances. « Des dégâts sont causés et le gouvernement ne bronche pas. Nous pensons que les revendications d’ordre économique et financier souffrent d’un manque de volonté politique, non de moyens », dit Dr Woyo Konaté, invitant à lutter contre la corruption.

Pour Ousmane Almoudou, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales (SYNFCT), les grèves sont toujours motivées et faites souvent « à contre cœur ». « Malheureusement, on a habitué les Maliens au fait que pour obtenir un accord il faut aller en grève. Pour que cet accord soit appliqué, il faut une autre grève. L’État ne respecte pas ses engagements ». Selon lui, « le jour où l’on parlera de limiter le droit de grève on retournera à la dictature ». Il préconise plutôt la création d’un organe de dialogue social, comme il en existe dans d’autres pays de l’UEMOA, pour anticiper les problèmes.

L’État malien manque-t-il d’argent ?

Depuis début octobre, les informations se suivent concernant l’éventuelle incapacité du gouvernement à faire face à certaines sollicitations financières.  À la correspondance du Secrétariat général de la Présidence adressée au personnel, relative à la suspension de la dotation en carburant, s’ajoutent la subvention impayée au  groupement des  professionnels du gaz butane et celle des promoteurs des écoles privées, toujours fermées. Au même moment, le bras de fer entre l’État et les magistrats sur l’amélioration de leurs conditions de vie se poursuit.  Les caisses  sont-elles vides ?

2 330,778 milliards de francs CFA. Tel était le budget prévisionnel en dépenses de l’État en 2018. Des grands axes sont inclus dans ce chiffre, notamment la Loi de programmation militaire, la Loi de programmation du secteur de la sécurité intérieure, la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation et l’allocation de 15% au secteur du développement rural. La somme devait servir au fonctionnement de l’État et aux investissements de celui-ci. Alors que l’année n’est pas encore bouclée, certaines se demandent de plus en plus si les caisses de l’État ne sont pas à la peine.

Suspicions

Depuis octobre, certains signes laissant croire à des difficultés financières de l’État apparaissent. Dans une lettre en date du 8 octobre, le Secrétaire général de la Présidence notifiait au personnel de l’institution la suspension de la dotation hebdomadaire en carburant, ajoutant que la « situation reviendrait à la normale sitôt que les contingences financières seront améliorées ». Une information rare, qui a suscité des interrogations sur la santé financière du pays, d’autant que le budget alloué à cette structure n’a pas été revu à la baisse. Ce n’est pas tout. Dans un courrier en date du 25 septembre, le Groupement des professionnels du gaz domestique (Sodigaz, Fasogaz et Sigaz) informe le ministre de l’Économie et des finances de l’arrêt de l’importation et de la distribution du gaz butane. Le groupement rappelle le retard accusé sur le règlement de sa subvention. La somme impayée s’élèverait à 3,584 milliards de francs CFA, « y compris les crédits non engagés faute de budget disponible à cet effet ». Depuis, le syndicat est dans l’attente; sans importer de gaz ni aller en grève. Les conséquences de cet arrêt impactent les consommateurs et, au même moment, le prix du gaz flambe de façon clandestine sur le marché. À ces problèmes en suspens s’ajoute le mécontentement de l’Association des promoteurs des écoles privées agréées du Mali, en grève depuis le début de la rentrée scolaire pour non-paiement des subventions par l’État. Depuis plusieurs mois déjà, le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLMA) sont en grève illimitée pour exiger la relecture du statut des magistrats et la revalorisation de la grille salariale avec un indice 3 500.

Toutes ces situations sont réelles et les spéculations sur l’utilisation abusive des ressources de l’État lors de la campagne présidentielle vont bon train. « Lors de la présidentielle, on a utilisé l’argent comme on le voulait pour que le Président soit réélu. Les fonds distribués sont sortis de la caisse, mais ce n’était pas prévu », estime Zoumana Fomba, comptable de formation. Pour l’organisation de la présidentielle et des législatives, maintes fois reportées, la Loi des finances avait pourtant prévu environ 45 milliards de francs CFA. Seuls 28 milliards auraient été utilisés pour la présidentielle, assure une source sous anonymat.  

Phénomène récurrent?

« Personne ne peut nier qu’il y a des difficultés, surtout vers la fin de l’année. Ce n’est pas au Mali seulement, c’est partout », concède une source voulant rester discrète. Mais elle ne rejette pas en bloc toutes les hypothèses énoncées. Selon la même source, tous les promoteurs des écoles privées des les régions ont reçu leurs subventions. Sur 32 milliards d’arriérés, 25 milliards auraient été versés. Le reliquat de plus de 6 milliards pour les 665 établissements privés du District de Bamako serait en suspens en attendant la fourniture des états de payements individuels par  les promoteurs. Mais le Secrétaire général de l’Association des écoles privées agrées du Mali (AEPAM), Abdoul Kassoum Traoré, désapprouve la procédure mise en place. « Le payement doit être intégral. La première tranche devait être payée au mois de mars et la deuxième en mai, mais nous sommes aujourd’hui fin octobre sans avoir rien touché ». Selon lui, les pièces justificatives demandées par le Trésor ne sont « qu’une diversion ». « On nous a demandé de produire des états de payement individuels alors qu’il y avait un accord de principe différent. C’est à la dernière minute qu’ils nous ont demandé de les déposer. Malgré tout, à la date du 2 octobre, toutes les écoles avaient fourni leurs états », se défend t-il.  «Dès demain, si on nous paye, nous allons reprendre le service », poursuit-il, indiquant vouloir éviter les « discussions stériles ».

Pour Khalid Dembélé, économiste au Centre de recherche et d’analyse politique et économique (CRAPES),  les arguments selon lesquels l’État manque de fonds sont à prendre avec des pincettes. « Si on regarde la manière dont l’argent a coulé à flot pendant l’élection présidentielle, on pourrait soutenir cette thèse de manque d’argent, mais aucun poste ministériel n’a été supprimé et tous les fonctionnaires reçoivent leurs salaires ». Concernant le duel entre le gouvernement et les syndicats de magistrats, Khalid Dembélé déplore l’absence de discussions. « Il y a aujourd’hui une crise du dialogue entre l’Exécutif et les syndicats », constate-t-il. Au-delà même d’un possible manque de moyens, le Professeur d’université se demande aujourd’hui « si l’Exécutif à une culture de négociation et de persuasion, parce qu’il faut pouvoir amener les gens là où, au départ, ils ne voulaient pas aller », suggère-t-il. Les répercussions de ce débrayage interpellent pourtant. 

Budget mal réparti ?

Troisième économie de la zone UEMOA, le Mali enregistre une croissance annuelle de 5%. Malgré cela, toutes les couches socioprofessionnelles ne cessent de réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail. Des sommes faramineuses sont réservés chaque année au fonctionnement des institutions et autres structures étatiques. « Il y a une bonne croissance économique, mais la répartition des  richesses n’est pas à hauteur de souhait. Les gens pensent  que l’État a de l’argent et qu’il refuse de le donner », analyse Khalid Dembélé, indiquant que la plus grande partie du budget est dévolue à une minorité : le Président, le Premier ministre et les députés. Ce qui pousse souvent les syndicats à être inflexibles dans leurs revendications. À titre d’exemple, le budget de fonctionnement du palais présidentiel est estimé à 12 milliards de francs CFA, et il y a 15 milliards pour l’Assemblée nationale et 12 milliards pour la Primature. « Ce n’est pas l’argent en soi qui est le problème, mais la façon dont il est réparti entre ceux qui participent à la création des richesses », estime le Professeur d’université. Pourtant, l’adoption du budget offre une photographie de toutes les dépenses de l’État  qui devront être effectuées pendant l’année. D’où la nécessité de moraliser les dépenses publiques et de lutter contre les détournements de fonds.

Nouvelle donne ?

En 2019, les dépenses s’élèveront  à 2 410 milliards de francs CFA, contre 2 331 milliards dans le budget 2018, soit une augmentation de 3,42%. Validé par le Conseil des ministres, ce budget n’a pas encore été adopté par les élus de la Nation. Mais cette hausse, en dehors des défis à relever, n’aura pas d’impact manifeste sur le quotidien des Maliens. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 4 millions de personnes sont menacées par la faim dans le pays et la situation d’insécurité dans le nord et le centre a déjà fortement éprouvé les populations.

Malgré les suspicions, l’État assure toujours le fonctionnement normal de ses services

Pour cause de grève illimitée, le prix du gaz s’envole

En grève illimitée depuis 2 semaines, les distributeurs du gaz domestique au Mali, réclament à l’État des subventions impayées s’élevant à environ 3, 5 milliards de francs CFA. Si le gaz est de moins en moins disponible, son prix prend de l’ascenseur au grand dam des consommateurs.

« Je viens d’appeler mon fournisseur. Il veut me céder à 17 500 francs CFA la bouteille qu’il me vendait à 16 000 francs. J’ai renoncé parce que c’est trop cher », confesse M. Gaoussou Sanogo, revendeur. Regrettant cette situation qui dure depuis 2 semaines, il ajoute que ce sont une cinquantaine de clients qu’il vient de perdre parce qu’il ne peut plus les fournir. Dans le domaine depuis plus de 10 ans, il affirme qu’à « sa connaissance, c’est la première fois que l’on assiste à une telle situation ».

Pourtant cette augmentation de prix ne se justifie pas selon un acteur du secteur. « En principe depuis 2 semaines, les distributeurs ne vendent plus. Donc c’est sur leurs stocks que certains revendeurs font des spéculations », poursuit ce technicien travaillant dans le domaine. En effet, la bouteille de 6 kilogrammes, cédée habituellement à 3 500 francs, est maintenant vendue entre 4 000 et jusqu’à 7 500 francs par certains.

Informée par les distributeurs de gaz par une lettre en date du 16 octobre, qu’ils « seront dans l’impossibilité de fournir le marché si leurs arriérés de subvention ne sont pas payés par le gouvernement», l’Association des Consommateurs Maliens (ASCOMA), dénonce cette situation. Car « quelque soit la manière  nous n’avons pas à souffrir de leurs engagements avec l’État et nous condamnons », ajoute M. Fofana, vice président de l’ASCOMA. Il condamne « cette grève » des distributeurs de gaz dont les « consommateurs sont les premiers à payer le prix ».

L’association s’apprête à adresser au gouvernement une lettre pour « décrier la situation » en premier lieu et en second lieu se concerter avec les consommateurs, car « pour un oui ou pour un non, les gens décident d’aller en grève» et «ce sont les consommateurs qui en payent le prix » ajoute M. Fofana. Un prix que les consommateurs continuent de payer en attendant que distributeurs de gaz et autorité décident de se mettre d’accord.

Magistrats-Gouvernement : Le bras de fer se poursuit

Après la retenue sur les salaires des magistrats, le gouvernement a fait recours à la réquisition d’office, dans un communiqué rendu public mardi 9 octobre 2018. Réagissant à cette décision qu’ils qualifient d’illégale, les Syndicat Autonome de la magistrature (SAM) et  le Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), en grève illimitée depuis plus de 2 mois ont organisé une assemblée générale extraordinaire ce 10 octobre à la Cour d’appel de Bamako. Ils ont adopté une résolution condamnant la décision du gouvernement et appelant à la poursuite de la grève.

Entre les syndicats de la magistrature et le gouvernement, le bras de fer continue. Visiblement en panne, le dialogue n’est pas près d’être renoué entre les 2 parties. Dans un communiqué signé par le Premier ministre et la ministre du Travail et  de la Fonction publique, le gouvernement a fait recours à la loi n°87-48/AN-RM du 14 juillet 1987 relative aux réquisitions de personnes, de services et de biens. Ainsi certains personnels des juridictions ont été désignés pour assurer la continuité du service public de la justice.

Au cours de l’assemblée générale extraordinaire qu’ils ont organisé pour protester contre cette décision, les magistrats ont dénoncé une atteinte à la démocratie et une entrave au droit de grève.

Prenant acte de l’avis favorable du président de la cour suprême, suite à la demande du Premier ministre relative à l’illégalité de la grève des magistrats, les syndicats dénoncent « une inféodation » de cette autorité judiciaire au pouvoir exécutif et jugent la demande du Premier ministre illégale.

« Décision illégale »

Exprimant leur indignation, les 2 syndicats ont réaffirmé leur volonté « à faire bloc » contre tentative de « caporalisation » du pouvoir judiciaire. Ils dénoncent une violation de la constitution, car selon eux les conditions exigées pour cette réquisition et invitent les magistrats requis « à refuser de  à se soumettre à cette illégalité «  et les rassure que des procédures seront engagées.

Regrettant le silence du président de la République, président du conseil supérieur de la magistrature, M. Amadou Tiéoulé Diarra, s’exprimant au nom du  conseil supérieur de la magistrature a invité les magistrats à « un réarmement moral » avant de qualifier d’ « extrêmement grave » la réquisition du pouvoir judiciaire par le pouvoir exécutif.

A l’issue de leur assemblée générale extraordinaire, les magistrats ont adopté une résolution en 7 points relatifs notamment à l’invite faite aux «  magistrats requis à refuser de se soumettre à cette décision ». La résolution engage également les syndicats de magistrats à saisir l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour les atteintes graves à l’exercice de la liberté syndicale, ainsi que les juridictions nationales pour récuser le président de la Cour suprême. La résolution exige également la démission du Premier ministre ainsi que du ministre de la Justice  et de la ministre de la Fonction publique et incite à porter plainte contre eux pour complot et atteinte à la sûreté de l’Etat. Les magistrats ont aussi dans leur résolution, exigé la démission du Président de la Cour suprême M. Tapily et engagent les syndicats à porter plainte. La résolution  a aussi  constaté le silence du président et déclare la poursuite de la grève.

Mouvement de grève : Magistrats et agents de santé en ordre de bataille

Alors que deux syndicats de magistrats ont entamé un mouvement de grève ce 25 juillet 2018, plusieurs autres syndicats du secteur de la santé menacent d’enclencher un mouvement de grève de 15 jours à partir du 26 juillet 2018. Amélioration de leurs conditions de travail ou de leur statut, les syndicats entendent exiger du gouvernement la satisfaction de leurs points de revendication avant toute reprise du travail.

La plateforme syndicale constituée de la Fédération des Syndicats de la Santé, de l’Action Sociale du Mali (FESYSAM), le Syndicat des Médecins du Mali et le Syndicat Autonome des Personnels des Centres Communautaires de Santé prévoient d’entamer une grève de 15 jours à partir de ce 26 juillet 2018, si leurs revendications ne sont pas satisfaites d’ici là.  Ce mouvement intervient après  l’observation d’un mot d’ordre de 9 jours en juin dernier pour les mêmes motifs. Il s’agit notamment de l’adoption de leur statut qui comporte notamment le changement de la grille salariale. Les syndicats réclament également l’application du protocole d’accord signé avec le gouvernement à la suite de la grève de 36 jours observée par ces syndicats en mars 2017 et qui connaît « un taux d’exécution de 30% », selon le docteur Seybou Cissé, secrétaire général de la FESYSAM.

D’autres points sont aussi relatifs à la passerelle entre la fonction publique des Collectivités et l’enseignement supérieur ainsi que le soutien à l’installation des médecins « qui ne pourront pas être employés par la fonction publique », précise le docteur Cissé. Cette grève prévue pour 15 jours, sera reconduite en grève illimitée, selon les syndicats. A moins que les négociations qui sont en cours aboutissent.

De leur côté le Syndicat Autonome de la Magistrature et le Syndicat Libre des Magistrats a déjà commencé son mouvement de grève. Motif : la non satisfaction des revendications soumises à l’Etat depuis 2014 ; avec une nouvelle revendication soumise à la suite de l’enlèvement du juge de Niono, il y a maintenant 8 mois. En effet, les magistrats estiment qu’au lieu de mettre en œuvre l’accord convenu avec eux sur le renforcement de la sécurité des magistrats et des juridictions, l’Etat contribue plutôt à le dégrader. « Le gouvernement avait pris 2 engagements relatifs à la relecture de notre statut et la revalorisation de la grille ».  A lieu de mettre en œuvre l’engagement concernant la sécurité qui devrait être mis en œuvre en fin juin, « l’Etat a contribué à la dégrader », avec la diminution de l’effectif de sécurité affecté au niveau des tribunaux, selon Hady Macki Sall, président du Syndicat Libre des Magistrats. Même si l’Etat explique cette situation par des impératifs de formation de ces agents.

Cette grève d’une durée d’une semaine sera reconduite en grève illimitée en cas de non satisfaction de leurs revendications, assurent les syndicats. Cette grève qui débute à quelques jours des élections, est-ce un hasard ? Tout à fait, répond Abdourahamane Mohamed Maïga, secrétaire à la communication du Syndicat Libre de la Magistrature. « Cette grève n’a rien avoir avec les élections. Il s’agit des mêmes revendications que nous avions depuis plusieurs années ».

Ozone Mali: La crise

Entassées dans des sacs le long des artères principales de la ville, leur présence accrue depuis plusieurs semaines n’a échappé à personne. Outre la question de santé publique qu’elles soulèvent inévitablement, on peut aussi se demander ce qui se passe autour des déchets de Bamako qui, normalement, sont quotidiennement enlevés par la société Ozone, prestataire de la Mairie du District. Une grève des travailleurs de la société en paralyse les activités depuis fin mars. Mais le mal est plus profond qu’un simple mouvement syndical. Il remet sur la table l’équation de l’assainissement d’une capitale qui ne cesse de grossir…

L’odeur est là… pas encore pestilentielle mais on la sent diffuse quand on circule dans les rues de Bamako, en particulier dans certains quartiers. La cause : une grève chez Ozone, le principal prestataire de l’assainissement de la capitale malienne. Les salariés débraient depuis la fin du mois de mars 2018 et ont posé sur la table certaines conditions, dont la principale est l’augmentation de leurs salaires. Ces derniers tournent autour de 50 000 FCFA pour les agents de nettoyage, « insuffisant pour nourrir une famille » se plaignent les travailleurs. « Bien au-dessus du SMIG malien », répond-on du côté de la Direction qui assure être dans la disposition d’étudier la requête mais ne pas en avoir les moyens « pour le moment ». « Nous sommes dans de sérieuses difficultés », explique Nouredinne Chbani, le Directeur général d’Ozone Mali. Qui tient à rappeler que la société ne doit aucun arriérés de salaires à ses employés mais « ne peut pas discuter d’une quelconque augmentation de ses charges ».

Flash back. … Février 2015, la société marocaine Groupe Ozone Environnement et services démarre en fanfare les activités de sa filiale Ozone Mali. Une convention d’une durée de 8 ans est signée qui lie la Mairie du district à Ozone Mali, avec l’aval de l’Etat puisque deux ministres qui apposent également leur paraphe : celui en charge de l’environnement et celui de la Décentralisation et la politique de la ville. Ozone Mali est depuis responsable de la pré-collecte des déchets ménagers et des produits du balayage des rues de Bamako et de les évacuer vers la décharge finale de Noumoumbougou (sur la route de Koulikoro). A l’époque, les autorités de l’assainissement étaient en discussion avec le groupe français Veolia. Mais l’expertise marocaine a semblé séduire les premiers décideurs qui ont privilégié l’approche sud-sud », se souvient ce cadre du département de l’environnement. Au fil des semaines qui suivent la signature de la convention, Ozone Mali déploie son armada. Elle recrute et forme plusieurs centaines d’agents et on aperçoit les camions couleurs orange et gris arpenter les rues de la ville. Cout de l’opération, 9 milliards par an. Bamako sort petit à petit son nez des ordures sous lesquelles elle commençait à crouler depuis la crise de 2012.

Très vite cependant, les critiques fusent. La première concerne le déversement des ordures collectées dans la fosse derrière l’hotel Olympe en commune 5. « Ça puait et ça prenait feu régulièrement. Les sapeur-pompiers étaient sollicités mais leurs opérations ponctuelles ne pouvaient pas résoudre le problème », se souvient ce riverain de cette décharge géante qui s’est constituée lors de l’opération d’urgence d’enlèvement des tas d’ordures de Lafiabougou et Ngolonina et qui devait, en principe servir à combler ce ravin destiné à devenir un jardin public et une aire de jeux. Les camions n’ont jamais cessé d’y faire leur rotation…La décharge finale officielle ? Personne ne veut y aller. « La route était dans un état si délabré que personne ne voulait y abimer son matériel roulant, à commencer par Ozone »… Faux, répond Noureddine Chbani qui assure que « cette décharge finale n’est toujours pas opérationnelle depuis 3 ans qu’on nous promet qu’elle le sera ». « On nous demande de nous débrouiller. Alors en attendant, nous déversons dans des champs sur requête des propriétaires ou encore pour combler des ravins », explique-t-il. Avec les conséquences sur l’environnement que l’on peut imaginer…

La crise. « Aujourd’hui, à notre niveau, la situation est inquiétante », résume Adama Koné, conseiller technique du DG d’Ozone Mali. « Il y a plusieurs enjeux. Le premier étant l’emploi des jeunes, ils sont plus de 1300 employés par la société. Le deuxième enjeu, c’est la pérennité de l’entreprise qui a fait beaucoup d’investissement et a des charges d’exploitation énormes. Le troisième enjeu, c’est la propreté de la ville de Bamako. Avec ses 2,5 à 3 millions d’habitants aujourd’hui, il faut trouver une solution pérenne à la gestion de son assainissement », déclare-t-il. Le fond du problème c’est le « non-respect par « la partie malienne » des engagements pris. Les dispositions de l’article 45 et 46 ne sont pas respectées et la compagnie a toutes les peines du monde pour rentrer dans ses fonds », poursuit M. Koné. A ce jour, ce sont près de 15 milliards qu’Ozone Mali réclame au titre des arriérés de 2015 à 2017.

« La question des arriérés d’Ozone est un problème profond », explique pour sa part le Directeur des Services de Voirie et d’Assainissement (DSUVA). « Il s’agit de trouver les moyens de la gestion durable des ordures ménagères et des déchets organiques. On ne peut pas produire des ordures et ne pas payer pour leur traitement. Mais à Bamako, personne ne l’a compris. Les gens se contentent de payer les GIE qui viennent enlever devant les ménages, mais personne n’investit dans leur évacuation vers la décharge finale. Or, cette opération est la plus couteuse», poursuit Oumar Konaté. « Le contrat avec Ozone est une concession. Maintenant, il faut mobiliser les ressources au niveau du client, qui est la Mairie sous le contrôle de l’Etat. C’est cela qu’il faut revoir pour mettre fin à la question des arriérés, parce que seule une infime partie des pollueurs paient pour cette opération ». « Il était question que l’Etat soutienne la mairie du district pendant les 5 premières années. L’Etat a toujours budgétisé 4 milliards par an, que nous recevons. Mais le complément qui doit être versé par la Mairie du district reste en suspens car elle n’a pas les moyens. Donc dès la première année d’exercice, nous avons donc accumulé des impayés », confirme M. Chbani. « Cette situation est très difficile à gérer. Ozone a fait ses preuves sur le terrain. Ceux qui disaient qu’Ozone ne travaille pas, la réalité de ces derniers jours a montré que nous avons réalisé des investissements et que nous faisions notre part du travail. Peut-être que les gens ne sont pas au courant mais personne ne peut dire que nous ne faisons pas notre travail, et ce même malgré les conditions qui nous sont imposées »… « Jusqu’ici, la banque nous appuyait ainsi que le siège de notre groupe. Mais aujourd’hui, la banque a atteint son plafond et le groupe également commence à ressentir les effets de l’effort que nous représentons », conclut M. Chbani qui se dit pessimiste pour l’avenir.

Pistes de solution. En ce qui concerne les impayés, des discussions entre les parties sont en cours. Elles ont permis l’adoption d’un échéancier d’apurement « approuvé par le ministère des Collectivités territoriales. Il est convenu qu’ soient versés 4 milliards dans un premier temps, afin que l’entreprise puisse se rééquiper. Le reste du montant sera échelonné sur trois ans, jusqu’en 2020 », explique-t-on chez Ozone. A la Mairie du district, on cherche également des solutions à long terme. « Il faut que nous trouvions l’argent pour évacuer les ordures du dépôt de transit à la décharge finale. Avec le ministère des collectivités territoriales, un schéma est à l’étude pour impliquer les mairies dans le recouvrement des frais de prestations pour les déchets. Aujourd’hui les maires des communes ne se sentent pas impliqués dans le dispositif, et cela fait partie du problème », explique le Directeur de la DSUVA. Des exemples venus d’autres pays comme le prélèvement d’une redevance directement sur les factures d’eau ou d’électricité, pourraient être suivis. En attendant, il faudra peut-être attendre la prochaine journée citoyenne d’assainissement, le 1er samedi du mois, pour voir corps habillés et volontaires civils ramasser les ordures qui continuent de joncher les rues de la capitale..

Célia d’ALMEIDA

Grève des enseignants : les syndicats maintiennent la pression

Décidés à obtenir leur statut particulier, six syndicats d’enseignants observent une grève de 408 heures, entamée ce 8 janvier 2018. Malgré la promesse du gouvernement de faire adopter le projet de loi, actuellement sur la table de l’Assemblée nationale, ce 14 janvier, les syndicats n’ont pas accepté la trêve, préférant attendre le vote et la promulgation de la loi.

Le Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (SYPESCO), le Syndicat Libre et démocratique de l’enseignement fondamental (SYLDEF), le Syndicat national de l’éducation de base (SYNEB), le Syndicat national des enseignants du secondaire de l’Etat et des collectivités ( SYNESEC), le Syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales ( SYNEFCT) et la Fédération nationale de l’éducation, des sports, arts, de la recherche et de la culture (FENAREC), après une première grève de 9 jours en décembre 2017, exécutent un nouveau mot d’ordre de grève de 17 jours ; depuis ce 8 janvier 2018. Motif évoqué : l’inexécution par le gouvernement de l’accord convenu entre lui et les syndicats depuis le 2 mai 2017. « Ce protocole d’entente avec le gouvernement concerne l’octroi d’un statut autonome au personnel enseignant du secondaire, du fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale », explique Monsieur Kessa Keïta, Secrétaire général adjoint du BEN du SYNEFCT.

Tenir les engagements

L’Etat avait donné l’engagement, selon notre interlocuteur, que le statut sera voté lors de la session d’octobre. Une session qui s’est achevée le 15 décembre sans que le statut ait été adopté. Le syndicat qui dénonce la lenteur du gouvernement et même « sa mauvaise volonté », affirme que ce nouveau mouvement fait suite à l’inaction du gouvernement, après le premier préavis ayant abouti, à la première grève d’une semaine avant les congés de Noël et d’une semaine après la reprise. Les six syndicats, espèrent ainsi « obliger l’État à honorer ses engagements. »

Nommé à la tête du département de l’éducation dans la foulée, les syndicats ont rencontré le nouveau ministre de l’Éducation qui leur a fait certaines propositions, dont celle d’observer une trêve en attendant le vote du statut prévu le 14 janvier 2018. Une proposition rejetée par les syndicats, qui préfèrent voir la loi adoptée et promulguée, afin que les améliorations prévues soient effectives à partir de fin janvier.

En attendant, les élèves de l’enseignement public qui ont déjà perdu des heures précieuses de cours continuent à subir les effets néfastes de ces grèves sur leur niveau déjà catastrophique.

Cinq évènements qui ont marqué l’année 2017 au Mali

2017 tend vers sa fin et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a été rythmée. L’occasion pour nous de revenir sur cette année riche en évènements. Avec cette liste, non exhaustive, le Journal du Mali vous retrace l’année 2017.

Sommet Afrique-France


Après 2005, Bamako abritait pour la seconde fois le sommet Afrique-France. Avec les nombreuses menaces d’attaques terroristes qui planaient, organiser ce forum était un immense défi. Réussi, durant les deux jours du forum (13 et 14 janvier), aucun incident n’a été déploré, en partie grâce à un important et dissuasif dispositif sécuritaire. Ce sommet était également l’occasion pour le président français, François Hollande de faire ses adieux à ses homologues africains, lui qui avait déclaré quelques semaines auparavant ne pas vouloir se représenter pour un second mandant. Un dernier baroud d’honneur donc qu’Hollande tenait absolument à ce que cela se fasse à Bamako, là où il avait déclaré « vivre la journée la plus importante de ma vie politique ». «De tous les chefs d’État français, François Hollande aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère et le plus loyal» assurait le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Placé sous le thème de la « paix, l’émergence et la sécurité » Hollande a réitéré l’engagement de la France à côté de l’Afrique. 23 milliards d’euros pour des projets de développement sur les cinq prochaines années, des formations pour les militaires sont entre autres quelques-unes des promesses faites lors de ce sommet.

Attentat du Camp MOC

2017 a été une année marquée par de nombreuses attaques, dans le Nord, le Centre et même au Sud du Mali. Mais l’attaque qui a causé le plus la psychose est celle perpétrée contre le camp du mécanisme opérationnel de coordination (MOC), le 18 janvier 2017. Un véhicule piégé aux couleurs du MOC, et conduit par un kamikaze du groupe djihadiste Al-Mourabitoune, force le barrage d’entrée du camp avant d’exploser . Une forte déflagration qui a laissé derrière elle un sinistre innommable. A chaud on dénombre, un bilan de 77 victimes, des corps déchiquetés, une centaine de blessés, et un traumatisme auprès des survivants. Un mois plus tard, le bilan est revu à la baisse, 54 morts selon la MINUSMA, mais dans la foulée l’AFP affirme qu’il y aurait eu 61 morts. Une chose est sure, c’est que cet attentat au modus operandi jusqu’alors inconnu au Mali est le plus meurtrier de l’histoire du pays.

Grève des médecins

Un front social en ébullition. Le Mali a connu plusieurs grèves cette année. Magistrats, secteur banquier, transporteurs, enseignement secondaire et supérieur, mais si une seule devait retenir l’attention, ce serait celle du secteur sanitaire. Entamée le 9 mars, la grève illimitée a duré en tout 38 jours. Une éternité pour les nombreux malades et leurs proches. En dépit du service minimum, et l’absence de chiffre concret sur les nombres de décès à cette période, on n’imagine sans mal que les conséquences ont été sinistres.

Plateforme An  a Bana

Elle est la personnification du combat contre la révision constitutionnelle voulue par le gouvernement cette année. Hommes politiques, activistes, artistes, et inconnus, tous se sont rassemblés sous cette bannière pour dire non à la révision de la constitution. Une véritable marée humaine a défilé dans les rues de Bamako le samedi 17 juin pour dire son refus à la réforme. Une mobilisation qui a fait reculer le gouvernement, qui le 21 juin a annoncé le report, avant d’annoncer deux mois plus tard surseoir à la réforme « dans l’intérêt supérieur de la Nation et de la préservation d’un climat social apaisé » selon les mots du président IBK.

Retour d’ATT

Cinq ans qu’il était à Dakar. L’ancien Président de la République, Amadou Toumani Touré, accompagné de sa famille a fait son retour à Bamako le 24 décembre. Un retour triomphal pour l’ex chef d’Etat, accueilli en véritable « rock star » par les Maliens. Nombreux d’entre eux ont réservé un accueil chaleureux à ATT, tout le long de sa parade triomphale de l’aéroport au domicile du Président IBK, où un déjeuner lui a été offert. 

Grève illimitée des écoles : l’AEPAM reprend le contrôle

l’AEPAM (Association des Ecole Privées Agrées du Mali) avait annoncé le 25 avril, la fermeture jusqu’à  nouvel ordre des établissements secondaires généraux, techniques et professionnels qui sont affiliés à  l’Etat. La cause de cette grève illimitée était que les impôts coupent des frais et taxes sans raison sur les frais scolaires des écoles privées de l’association. Des membres du bureau ont été reçus par la Commission ‘’Education, Culture et Communication » de l’Assemblée Nationale et le ministre de l’à‰conomie et des Finances. Si les échanges entre les députés et l’AEPAM ont porté sur la reprise rapide des cours, l’entrevue avec le ministre de l’à‰conomie et des Finances était destinée à  comprendre les motifs de la fermeture de ces établissements qui reçoivent des élèves de l’Etat et les dispositions utiles à  prendre pour un dénouement heureux. «Notre problème a été réglé, la preuve est que nous avons repris les cours ce matin, jeudi 28 avril», affirme Kalifa Coulibaly, chargé de l’enseignement secondaire au sein de l’AEPAM, qui s’est refusé à  tout autre commentaires sur le sujet. l’AEPAM (Association des Ecole Privées Agrées du Mali) est une association existant depuis 1991. Elle est dirigée par un bureau de 33 membres et regroupe plus de 1100 établissements privés d’enseignement secondaire général, technique et professionnel.

Impôts : Une grève qui coûte cher

Ce mardi 1er septembre, la Direction générale des impôts, sise dans la zone administrative de l’ACI 2000, ressemble à  un vaisseau fantôme. Presque personne dans le grand bâtiment qui héberge les services du principal pourvoyeur de fonds internes de l’à‰tat malien : les travailleurs sont en grève. En grève générale illimitée. Pour Mamadou Diakité, inspecteur des impôts, ce mouvement est un nouvel acte du bras de fer qui oppose le Syndicat national des travailleurs des impôts (SYNTIM) à  son département de tutelle, le ministère de l’à‰conomie et des Finances. Un débrayage de 72 heures a déjà  été observé les 13, 14 et 15 juillet derniers. Après 10 jours de négociation, aucun accord n’avait été conclu sur les 13 points de revendications. On se souvient qu’une menace de grève les 23 et 24 avril avait été suspendue. « Nous avons montré notre patience et notre bonne volonté. Ces points sont sur la table de négociation depuis 2011, sans que rien ne bouge. Nous avons rencontré pas moins de six ministres des Finances, qui se sont tous limités à  des engagements non tenus», s’indigne M. Diatourou Traoré, secrétaire chargé des TIC du SYNTIM. La grève touche toute l’étendue du territoire. « Ce n’est qu’à  Sikasso que quatre personnes ont travaillé, sur injonction du Directeur régional », précise M. Traoré. Pour rappel, le mouvement a pour objectif la satisfaction de doléances dont l’adoption du projet de décret portant plan de carrière. Pour les syndicalistes, la première raison de leur courroux, C’’est le peu de cas que semblent faire les autorités de leurs revendications. « C’’est une indifférence totale du gouvernement. Notre souhait n’est pas d’aller en grève en ce moment car nous aimons notre pays, mais puisque le gouvernement ne veut pas entendre raison, nous allons en grève sachant bien les conséquences que cela peut avoir sur l’économie » explique M. Traoré. Les grèves dans les services de l’assiette coûtent effectivement très cher à  l’à‰tat. Le débrayage des impôts prive ainsi les caisses de la bagatelle d’un minimum de deux milliards de francs CFA de rentrées quotidiennes. Au mois d’août dernier, les trois jours de grève avaient privé l’à‰tat d’environ 50 milliards de francs CFA de recettes. Autant dire qu’un tel mouvement dans la durée serait une catastrophe pour l’économie encore exsangue de notre pays. Pourtant, Mamadou Diakité, membre du Syndicat, estime que « C’’est la seule solution pour se faire enfin entendre » puisque le « ministre de l’à‰conomie et des Finances ne veut pas s’asseoir avec eux et négocier ». Il dénonce même « une attitude de mépris de la part du gouvernement ». Le syndicat ne ferme cependant pas la porte à  la négociation et demande aux responsables du département de tutelle de poser sur la table des propositions concrètes pour dénouer la situation. L’adoption du projet de décret portant statut particulier, l’audit du fonds d’équipement de la Direction générale des impôts (DGI) par une instance indépendante et le gel des transferts à  la DGI jusqu’à  la mise en place de la commission paritaire, sont les autres points de revendication du SYNTIM. Des revendications tout à  fait légitimes selon le secrétaire général du SYNTIM qui avait déjà  rappelé lors du débrayage de la mi-août que «les travailleurs des impôts ne demandent pas des avantages indus ».

UNTM : la grève n’aura pas lieu !

l’Union nationale des tirailleurs du Mali(UNTM) a suspendu son mot d’ordre de grève des 29, 30 et 31 octobre 2014. Après de rudes tractations, la centrale syndicale et le gouvernement à  travers le ministère de la fonction publique sont parvenus in extremis à  un accord. Il a fallu attendre 4h heures du matin pour que les deux parties obtiennent un accord à  l’arraché c’est-à -dire au moment o๠beaucoup de nos compatriotes étaient déjà  au lit. Cette « fumée blanche » pour reprendre le terme du reporter de l’ORTM Makanfing Konaté, dégagée tard dans la nuit dissipe du coup celle d’une grève de 72 heures après le débrayage des 20 et 21 août 2014. Maouloud Ben Kattra de l’UNTM a annoncé la suspension du mot d’ordre de grève avant d’appeler tous les militants à  se rendre au travail. Le ministre du Travail, de la Fonction publique et des Relations avec les institutions, Bocar Moussa Diarra, s’est réjoui de ce happy-end et s’est engagé quant au respect de l’accord. Le président du comité de conciliation, Mamadou Lamine Diarra, a salué le sens de responsabilité et de patriotisme des uns et des autres pour cet heureux dénouement. Le vieux négociateur a également émis le vœu que l’accord soit appliqué et au lieu de garnir les tiroirs. A rappeler que le relèvement significatif du taux de la valeur d’indice, la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salaires (ITS), le salaire minimal interprofessionnel garanti, la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à  l’accord signé en juillet 2007 et l’augmentation du taux des allocations familiales étaient les points d’achoppement entre le gouvernement et la centrale syndicale.

Mines : Grève chez les contractuels du secteur

Ils étaient dans la rue tôt ce lundi matin pour manifester leur mécontentement au département des Mines. Eux, ce sont les contractuels du secteur minier, précisément de l’autorité pour la prospection de la recherche pétrolière au Mali(AUREP), du programme de développement des ressources minérales(PDRM), de la cellule de la planification et statistique(CPM, de la direction nationale de la géologie et des mine(DNGM). Les griefs formulés par le secrétaire général du comité syndical de la section des mines et de l’industrie (SECNAMI), Check Tidiani Fofana sont entre autres le retard de paiement de cinq mois d’arriérés de salaires et de primes, la revue du statut de l’Aurep : «Depuis le mois d’avril dernier, les travailleurs contractuels n’ont pas reçu, un franc de salaire » explique Fofana. L’AUREP, selon lui n’a pas d’autonomie financière et dépend des appuis financiers des exploitants miniers. A cause de la crise, ces sommes qui font fonctionner ces structures minières ne tombent plus régulièrement. Il revient donc au ministère de voler au secours des travailleurs contractuels. Sollicité à  plusieurs reprise, le ministre des mines Boubou Cissé n’a pas su répondre aux doléances des travailleurs laissant son chef de cabinet recevoir les représentants des syndicats dont Cheich Tidiani Fofana au mois d’avril dernier. Colère des contractuels Au terme de cette rencontre, il avait alors été convenu de faire un suivi trimestriel pour décanter la situation. Mais depuis ce jour poursuit Fofana, C’’est le statu quo depuis le mois d’août. Enfin de compte, le ministre en personne a reçu les représentants des syndicats. Boubou Cissé a été clair en disant qu’il n’y avait pas de solution immédiate sauf une requête par écrit au ministre des finances pour solliciter un appui financier. La réponse de Mme Bouaré Fily Sissoko, a ensuite jeté l’huile sur le feu. Selon le secrétaire général du comité syndical de l’AUREP, elle aurait proposé de réduire leurs salaires de 50% avant d’ajouter que si le problème persistait, il faudrait procéder à  un licenciement des contractuels en remplacement, car ils émargent dans le budget de l’Etat. Cette proposition de la ministre a provoqué la colère des contractuels : « Nous sommes des contractuels, on ne peut pas réduire nos salaires, ni nous licencier ainsi. Jeudi prochain à  15h, il est prévu une nouvelle rencontre entre le syndicat et le ministre Boubou Cissé.