Meeting contre les réformes : le fiasco de la mobilisation

Les participants au meeting du Collectif « Touche pas à  ma Constitution » ont du s’armer de patience ce samedi 19 novembre à  la « Pyramide du Souvenir » avant de voir les ténors sortir leurs têtes. Pour un meeting annoncé pour 9 heures, les choses ne démarrent qu’à  10 heures 10 minutes. Un retard fort agaçant pour certains. « Si on ne veut qu’on touche à  la Constitution, qu’ils ne touchent pas à  notre heure », ironise un invité au meeting qui conclut sur « un manque d’application dans l’organisation ». C’’est à  9h 20 que la commission d’organisation s’est mise à  balayer les lieux, avant d’installer quelques chaises sur l’esplanade de la « Pyramide du Souvenir ». Mais C’’était suffisant pour accueillir le groupuscule d’individus ayant effectué le déplacement pour ce meeting. Une mobilisation qui n’a rien à  voir avec le rassemblement tenu il y a deux mois à  la Bourse du Travail de Bamako. Quelques minutes d’attente encore et le meeting peut commencer, mais non sans interrogations face à  l’absence remarquée à  la tribune de certaines têtes d’affiche du mouvement. Il s’agit notamment du président du PARENA, Tiéblé Dramé, du secrétaire général de l’Union des travailleurs du Mali (UNTM), Siaka Diakité, du député SADI Oumar Mariko, etc. Si l’on sait très peu de détails sur les raisons de l’absence des deux premiers, l’entourage de Mariko nous apprend qu’il a du se rendre très tôt ce samedi dans la cercle de Bougouni pour prendre part aux initiatives de recherche de solutions d’entente dans un affrontement sanglant entre deux communautés. Heureusement qu’à  ce meeting, le discours était là  pour voler au secours d’une mobilisation des plus décevantes, convoquée pourtant par d’hommes politiques « influents » de notre pays, comme l’ancien président de l’Assemblée nationale Aly Nouhoun Diallo. «Inopportunes, budgétivores, et anti-démocratiques» C’’est avec un ton aux allures de syndicaliste des luttes ouvrières que l’ancien secrétaire général du Syndicat autonome de la magistrature, Daniel Tessougué, a pris la parole pour donner lecture d’un document appelé « Feuille de route du Collectif Touche pas à  ma Constitution ». Cette « feuille de route », qui réaffirme la position du Collectif contre lesdites réformes constitutionnelles, explique que si la révision d’une Constitution est normale dans la vie d’une nation, elle ne peut se faire qu’au regard d’évidentes crises institutionnelles, ou suite à  une nécessité liée à  l’adaptation de la loi fondamentale à  des engagements internationaux. Or, regrette M. Tessougué, pour le cas des présentes réformes initiées par le chef de l’Etat, il n’y a rien de tout cela. Tout le processus de révision, argue le magistrat, viole le principe d’un Etat démocratique et républicain. Avec pour référence la Charte de Kurukan Fuga, sur les dispositions relatives au président de la République, à  la création de la deuxième Chambre du parlement, au réaménagement du pouvoir judicaire, au Conseil économique, social et culturel, et par rapport même à  la procédure de révision constitutionnelle, les manifestants pensent qu’il y a d’«énormes insuffisances et légèretés dans le travail des experts» qui a abouti à  l’adoption du texte par l’Assemblée nationale 2 août dernier. Faire face aux urgences du moment Pourtant, expliquent les manifestants, la priorité de l’Etat malien devrait être ailleurs : la crise financière internationale qui ne manquera pas de secouer notre pays, les difficultés à  réunir les conditions idoines pour l’organisation d’élections crédibles dignes de ce nom, l’amplification des bruits de bottes dans le nord du pays, avec des velléités sécessionnistes qui viennent s’ajouter au problème sécuritaire posé par la présence des éléments d’AQMI sur notre territoire, une saison pluvieuse des plus désastreuses qui menace fortement la sécurité alimentaire du pays, une école à  la dérive, la corruption qui se légalise, etc. Voici autant de priorités qui, selon le collectif des opposants aux réformes, doivent faire l’objet d’actions concrètes de la part du Chef de l’Etat Amadou Tounami Touré. Pour le porte-parole du « Collectif Touche pas à  ma Constitution », M. Tessougué, « le Mali est en passe de devenir le champion du monde en matière de réformes : santé, école, marchés publics, etc. Malheureusement, renchérissent les manifestants, les résultats sont bien absents ». Rappelons que ce meeting du Collectif du « non » à  la nouvelle Constitution a enregistré la présence de plusieurs cadres de l’ADEMA-PASJ (comme l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoun Diallo, etc.), le secrétaire de la CSTM (Confédération syndicale des travailleurs du Mali), Amadoun Amion Guindo, le président du Syndicat libre de la magistrature (SYLMA) Hamey Founé, etc. Un plateau bien remarquable d’hommes politiques et de leaders de la société civile qui n’a malheureusement pas eu son impact sur la mobilisation des militants. Au terme du meeting du samedi dernier, le « Collectif Touche à  ma Constitution » a projeté de tenir « une grande marche » de protestation le mercredi 30 novembre prochain. Elle regroupera l’ensemble des organisations membres du collectif. Mais déjà , le fiasco est fortement à  craindre au regard de la faible mobilisation des militants constatée au meeting du samedi.

Et des « tracts » anti réforme constitutionnelle circulent à Bamako

On se rappelle du fameux ouvrage «Â Attcratie, la promotion d’un homme et son clan.». C’’était sous le premier mandat du président Amadou Toumani Touré. Nous sommes à  la fin de son deuxième mandat, les mêmes faits reviennent. Il s’agit de la publication de tracts nuisibles pour critiquer le pouvoir en place. Si les marches de protestation font partie intégrante de la pratique démocratique, la circulation des tracts virulents par de curieux anonymes relève d’une autre époque que l’on pensait déjà  révolue depuis la chute du régime dictatorial du général Moussa Traoré qui avait pris l’habitude d’étouffer toute contestation. Dans une République qui se veut démocratique comme la nôtre, o๠les gens disposent de canaux d’expression sans grande crainte, rien ne saurait justifier la diffusion de tracts. Et pourtant, C’’est bien le cas aujourd’hui. Quelques jours avant la fête du ramadan, un curieux et mystérieux tract aurait semé la panique au sommet de l’Etat. Et cela jusqu’à  mettre en état d’alerte les différents services de sécurité et de renseignements. Le document en question qui circulait était, semble-t-il, destiné à  l’armée nationale, notamment aux officiers supérieurs et généraux. l’affaire a rapporte-on été prise au sérieux au plus haut niveau de l’état, nous a confié une source. Les services de sécurité et de renseignements étaient en large concertation pour y voir plus clair. Ces services compétents de l’Etat tentaient de répondre à  une seule question : qui peut bien être à  l’origine d’une telle action ? Des leaders politiques ? Des syndicalistes ? Les opposants aux réformes ? Difficile d’y répondre. Pour notre part, après analyse, nous pensons qu’il s’agit là  de l’œuvre de vrais spécialistes aguerris dans la manipulation d’une certaine opinion plutôt habituée aux rumeurs. Les initiateurs de ces documents procèdent à  une analyse du contexte sociopolitique de notre pays marqué par des contestations pour agir. ‘’ Dans le contexte actuel, les choses ne seront pas faciles pour le régime du président ATT qui fabrique chaque jour des opposants », nous a confié un observateur très avisé de la scène politique. Un autre observateur qui désapprouve de telles pratiques estime qu’il s’agit là  de manœuvres de diversion pour faire peur au chef de l’Etat afin qu’il abandonne la révision constitutionnelle dont le clou sera la tenue très prochaine d’un référendum. Alors, sommes-nous en face de menaces sérieuses contre la République, comme certains le pensent ou bien s’agit-il de simples manœuvres d’intimidation ?

Référendum : « Touche pas à ma constitution ! « 

La fronde s’organise contre la nouvelle Constitution. Le projet de révision de notre Constitution va-t-il subir la même montée de vapeur que le Code de la famille et des personnes ? Tout porte à  le croire après les récentes manifestations de colère de leaders politiques et de responsables de la société civile. En effet, moins de deux mois après son adoption à  l’écrasante majorité des députés (141 sur 147), le projet de révision constitutionnelle se heurte à  la forte résistance d’une importante partie de la classe politique et de la société civile. Alors qu’il y a trois semaines, le front uni pour le «Â non » au référendum (regroupant plus de 70 associations de la société civile) était porté sur les fronts baptismaux, le Collectif «Â Touche-pas à  ma Constitution » vient de tenir ce samedi 10 septembre un grand meeting à  la Bourse du Travail. Il a regroupé plusieurs figures non moins importantes de la vie politique de notre pays, dont l’ancien président (ADEMA) de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoum Diallo, l’ancienne ministre (ADEMA) Mme Sy Kadiatou Sow, le député du parti SADI Oumar Mariko, le président de l’UNPR, Modibo Sangaré, le président du Syndicat autonome de la magistrature, Hamey Founey Touré, le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali, UNTM, Siaka Diakité, etc. «Â l’urgence n’est pas au référendum » Au cours de ce meeting, qui a vu une mobilisation massive des partisans du «Â non », le Collectif «Â Touche-pas à  ma Constitution » a réaffirmé son opposition à  ce qu’elle qualifie de «Â réformes inopportunes et de «Â coup d’Etat contre la démocratie malienne ». Selon les manifestants, le processus de cette révision pose des interrogations bien réelles et légitimes. Car, soutiennent-ils, il s’agit de l’avenir de la démocratie de notre pays. «Â Ces réformes sont sans urgence pour le Mali. Et aucun pays, encore moins le Mali, ne peut organiser en une année trois scrutins sérieux, comme prétendent les autorités avec le projet et les élections générales de 2012 », a déclaré le président de l’UNPR, Modibo Sangaré. «Â La future Constitution va attribuer un rôle de second rang à  certaines institutions, tandis qu’elle favorise la création de nouvelles entités budgétivores » renchérit l’ancienne ministre des Affaires étrangères, Mme Sy Kadiatou Sow. Quant au député de l’opposition Oumar Mariko, il a estimé pour sa part, que ce qui se passe en ce moment donne sa sn doute lieu à  la création d’une 4ème République sans consultation du peuple ». En clair, assène-t-il, «Â il faut surseoir au processus de révision et axer la priorité sur les élections générales de 2012 ». Selon le député Mariko, le vote du projet par les députés de l’Assemblée nationale revêt le témoignage que l’appel de celui-ci n’a pas été entendu. Et que le document, en l’état actuel, ne tient pas compte les préoccupations du peuple malien. Ce qui fera dire à  l’ancien président de l’Assemblée nationale, Aly Nouhoum Diallo que cette révision de la Constitution est une remise en cause de tous les acquis du 26 mars 1991. Pour le baron de l’ADEMA-PASJ, cette révision en son état actuel compromet les institutions de la République, ignore le fait majoritaire, et entretient le flou sur le passage à  une 4ème République ». Les manifestants ont rappelé qu’aucune disposition de la Constitution ne prévoit un changement, 6 mois avant les élections. Bref, pour eux, rien ne justifie une précipitation vers les présentes réformes, quand on sait qu’aucune crise institutionnelle n’a eu lieu pour justifier l’urgence d’une révision. «Â Il faut respecter d’abord l’ancienne Constitution » «Â On ne change pas une Constitution comme on change de chemise, car il s’agit d’un acte fondamental », pense le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) à  travers son président. Selon Hamey Founey Touré «Â dans le processus de cette réforme, toutes les propositions des uns et des autres ont été jetées dans la poubelle ». Selon d’autres manifestants, la Constitution de 1992, acquise sur le front de la bataille et au prix du sang des martyrs, fait régulièrement l’objet de «Â violation régulière et systématique ». En témoigne, disent-ils, la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre devant les députés, les insuffisances de la liberté de la presse (référence à  l’affaire de «Â la maitresse du président »), la violation du droit de travail, du délai légal de la garde à  vue, etc. «Â Il ne sera pas question pour nous de laisser piétiner les acquis du 26 mars par des gens qui ont le complexe de cette date historique »Â ont-ils laissé entendre. Avant d’appeler la population à  la «Â forte mobilisation pour un «Â non » massif au référendum.

Madani Tall  :  » L’ADM soutient le projet de réforme constitutionnelle sans réserve »

Le parti ADM se situe clairement dans la mouvance présidentielle des réformes engagées par ATT pour apporter des améliorations à  la loi fondamentale, adoptée dans le contexte révolutionnaire de 1991. La constitution n’est ni le coran ni la bible pour ne pas être révisée. Par ailleurs l’article 118 de la constitution malienne permet au président de la république de faire des réformes. «Â Cela signifie que le président de la république est dans son droit le plus absolu d’initier une réforme constitutionnelle ». «Â  Pendant 20 ans, notre démocratie a fait preuve de maturité » . Avec ce projet de réforme, ATT fera un cadeau à  son successeur, a souligné Madani Tall, président de l‘ADM. A bas les contestataires ! Face aux formations politiques, associations et entités parlementaires qui font des sorties médiatiques pour exprimer leurs désaccords, Madani Tall estime que ces détracteurs font du projet de réforme, un fond de commerce. Or en démocratie, les propositions doivent être constructives. «Â On ne peut permettre pas à  ces hâbleurs d’avoir le monopole de la vérité. « Nous sommes d’avis que tout démocrate doit proposer ses solutions aux problèmes de la nation ». Le processus actuel des réformes a été enclenché depuis bientôt 3 ans avec la mise en place du comité d’appui aux réformes institutionnelles CARI. Pendant trois ans, les agitateurs ne font que spéculer sur le fichier électoral au lieu d’émettre des idées sur la réforme constitutionnelle. Certains évoquent même le calendrier électoral trop court. En réponse Madani Tall rappelle que l’actuelle loi fondamentale a été adoptée par voie référendaire à  quelques mois des élections. Cela n’a pas empêché l’organisation des élections à  cette époque. Economiste de son Etat, le leader de l’ADM, tire la sonnette d’alarme car après 2012, la situation économique du monde connaitra un bouleversement total. Il sera important pour le Mali de consacrer sa gouvernance aux solutions des problèmes élémentaires du pays .

Révision constitutionnelle : Quelle urgence face aux problèmes des Maliens ?

Voté le 02 aout dernier par l’écrasante majorité des députés à  nationale du Mali, la réforme constitutionnelle reste une question d’actualité sur la scène politique malienne. Des agitations de gauche à  droite pour pousser le président de la république Amadou Toumani Touré , l’initiateur des réformes, à  surseoir à  la tenue du référendum qui doit parachever le processus de consolidation de la démocratie commencé en 2008, avec la mise en place de la Commission de la Commission Daba Diawara, aux soubresauts des partis politiques, la révision constitutionnelle continue de faire débat. Si le débat est nécessaire, voire indispensable, pour l’enracinement de la démocratie, les tiraillements autour de ce projet donnent l’impression que le gouvernement, la classe politique et la société civile souffrent d’un mal incurable. Celui d’une impuissance et d’un manque de voix face aux décisions du pouvoir en place. Tiens, des cadres d’une compétence avérée sont même clochardisés pour obtenir des postes qui leur reviennent de droit. Ils sont réduits à  leur plus simple expression. Il y a certainement deux poids, deux mesures, dans le traitement des agents du service public. D’autres problèmes plus urgents que le projet de réforme ! Dans ce pays, on a l’impression que la société civile est muselée , car les citoyens assistent aux abus de pourvoir sans qu’aucune organisation ne lève le petit doigt. Face à  la hausse vertigineuse des prix des produits de grande consommation, un grand fossé se creuse entre riches et pauvres dans notre pays et personne ne s’en émeut. Récemment, nous évoquions le cas des organismes génétiquement modifiés dont l’expérimentation a été autorisé par le gouvernement dans notre pays, après le vote par l’Assemblée nationale d’une loi portant sur la biosécurité. Il faut être courage de le dire : nous sommes dans un système o๠le pouvoir enrichit le riche et appauvrit davantage le pauvre. La chute du système éducatif Prenons un exemple sur l’éducation. Dans l’acte fondamental, œuvre des révolutionnaires de mars 1991, il était écrit, noir sur blanc, que l’enseignement public est gratuit. Tout constat fait, et honnêteté intellectuelle oblige, personne ne peut nier qu’il existe au Mali une école pour les enfants des riches et une autre pour ceux des pauvres. Cette année, la grève des enseignants du supérieur qui a eu comme conséquence immédiate la fermeture des universités et autres écoles supérieures n’a suscité aucune indignation de la part de ceux et celles qui s’agitent aujourd’hui. Or, ils pouvaient bien faire pression sur les deux parties à  savoir le gouvernement et les syndicats, pour éviter cette décision extrême qui n’honore pas notre école. Mais tout se passe comme si une année blanche était sans dommage pour le cursus scolaire des étudiants et l’économie des parents. Ne soyons pas dupes. Les révolutionnaires de mars 1991 avaient écrit dans la loi fondamentale que les Maliens ont droit au travail. Mais qu’en est-il, en réalité, de la problématique de l’emploi au Mali ? De l’aveu du président de la République, Amadou Toumani Touré, l’emploi, surtout celui des jeunes, est une question de sécurité nationale. La Constitution a-t-elle pu empêcher la privatisation pour ne pas dire la braderie des sociétés nationales qui a mis en chômage des milliers de chefs de famille ? Non ! Prenons notre courage à  deux mains pour faire un tour à  la bourse du travail. Echangeons avec ces‘’victimes du dérapage du système démocratique ». l’épisode dramatique de ‘’Huicomabougou », avec des travailleurs désabusés de l’huilerie cotonnière du Mali qui ont passé 365 jours dans des conditions inhumaines, est un cas parmi bien d’autres.

Elections et referendum : la balle est dans le camp d’ATT

Tous les observateurs sont unanimes, qu’ils soient du monde politique, de la société civile ou citoyen lambda : le principal défi du moment est la bonne organisation d’élections libres, crédibles et transparentes l’an prochain. La commission d’experts mise sur pied pour accorder les violons de la classe politique sur les points de divergence liés aux élections avait recommandé que le référendum soit organisé après la période légale de révision des listes électorales, sur la base d’un fichier consensuel avec des listes électorales fiables, corrigées et mises à  jour. » Le vote de la révision constitutionnelle il y a quelques jours à  l’Assemblée nationale est venu compliquer la donne dans l’esprit des maliens. Pour éviter toute interprétation de la portée de la révision constitutionnelle, l’Assemblée Nationale avait pourtant fait un amendement dans lequel, il est clairement écrit que « la présente loi constitutionnelle n’emporte pas novation de République ». Contrairement à  ce qui se dit, le parlement n’a pas voté ce texte à  la légère. La qualité des personnes écoutées par les députés ainsi que leur diversité crédite l’importance de l’immense travail accompli par la commission des lois constitutionnelles. Les résultats sortis de ses travaux à  travers des amendements acceptés par le gouvernement sont de nature à  dédouaner le parlement perçu comme une chambre d’enregistrement. D’éminentes personnalités comme Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Me Mountaga Tall, Younouss Touré, pour ne citer que ceux-ci, ont voté ce projet. Il est difficile de croire qu’ils aient bradé ce vote important pour l’avenir du pays. Dotés d’un sens aigu de l’engagement patriotique, ils ne sa sauraient confondre combat politique et animosité personnelle, convaincus qu’ils sont qu’on peut être adversaires politiques sans être ennemis. Prenons le cas D’IBK . Lorsqu’Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Premier ministre pendant six ans et président de l’Assemblée Nationale, salue l’intention louable et sincère d’un patriote, il donne une leçon de modestie et d’humilité. Lorsque Me Mountaga Tall, opposant auparavant qui a connu la clandestinité voire même la prison, affirme que ‘’les pouvoirs entre les mains d’un président ne sont pas les prémices d’une dictature », il sait de quoi il parle. Lorsque le président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré, s’abstient lors du vote de certains amendements comme ce fut le cas de l’amendement 8 qui autorise le président de la République à  prendre la parole devant le Parlement, on peut difficilement douter de sa crédibilité. Désormais on peut dire que la balle est dans le camp du président de la République pour pouvoir tenir une élection libre et transparente sur la base d’un fichier fiable après son referendum. Cette marque de confiance des députés à  l’endroit d’Amadou Toumani Touré, ne lui laisse pas trop de marge de manœuvre car il est désormais lié par sa promesse de céder le pouvoir le 8 juin 2012. Il a promis des élections transparentes, libres, lesquelles ne seront pas influencées par la tenue des opérations référendaires. Pour couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs, il serait sage de la part du président ATT et de son gouvernement de surseoir à  toute idée de coupler les élections présidentielles et législatives. D’autre part, toute velléité de dissolution de l’Assemblée Nationale sera perçue comme un coup d’Etat contre la démocratie, donc un argument de plus pour les opposants aux réformes dont certains oublient même qu’ils ont voté et soutenu en 2000 le projet de révision du président, Alpha Oumar Konaré. Le gouvernement a du pain sur la planche pour tenir les engagements et en même temps rassurer sur sa bonne volonté.

Réforme constitutionnelle: la grogne de « SOS démocratie »

141 pour, 3 contre et 1 abstention le projet de loi portant révision de la constitution a adopté le mardi 02 juillet 2011 à  l’hémicycle. Après avoir passé des mois à  contester la pertinence et le contenu du projet de loi portant révision de la Constitution de 1992, les députés maliens l’ont fait passer comme lettre à  la poste. Mais la société civile ne l’entend pas de cette oreille et entend bien manifester son mécontentement. « SOS démocratie » et une frange importante de la société affirment leur détermination à  faire échec par tous les moyens au referendum constitutionnel annoncé. Y compris s’emparer de la rue pour élever la contestation populaire. l’atmosphère politique risque de devenir irrespirable avec les questions du fichier électoral, et de la composition de la CENI qui ne sont pas encore réglées. Il faut craindre de revoir le scenario du mouvement de contestation de la rue du code de la famille voté par les députés. On se souvient en effet, qu’il y a tout juste une année, le vote du code de la famille avait suscite un tôlé des associations musulmanes qui ont estimé, que ce texte qu’ils ont d’ailleurs jugé satanique, bafouait l’héritage culturel et religieux des populations maliennes. Le texte avait fini par être retiré de l’arsenal juridique par le président ATT face à  la pression de la rue. La nouvelle constitution qui prend à  présent le chemin vers le référendum va-t-elle échapper à  la loi de la rue ? Une remise en cause des acquis de Mars 91 Selon le quotidien malien « Info matin », un appel a été lancé par la coalition « SOS démocratie » composée de partis, associations politiques et structures de la société civile, dont les membres étaient réunis, le samedi dernier à  la Pyramide du souvenir de Bamako. Autour des Ali Nouhoum Diallo, Abdou Traoré dit Diop Daniel Amagoin Tessougué et des militants de la liberté démocratique, plusieurs acteurs politiques et de la société civile ont dit publiquement leur refus de cautionner ces reformes constitutionnelles qu’ils ont qualifié d’inopportunes et dangereuses pour les avancées démocratique du pays. Il est reproché à  ces reformes institutionnelles de constituer une remise en cause fondamentale des acquis de mars 1991. Et pour cause la coalition, dans une déclaration qu’elle s’apprête à  rendre publique, soutient clairement que ces reformes décriées « introduisent une inégalité entre les citoyens, notamment à  travers l’introduction d’une notion de discrimination dite positive, et l’exclusion des binationaux de la candidature pour les élections présidentielles ». Ce n’est pas tout. Ces reformes institutionnelles toujours selon la Coalition, renforcent excessivement les pouvoirs du Président de la République, et compromettent ainsi dangereusement l’équilibre des pouvoirs partant la démocratie et l’Etat de droit. Pour ce mouvement, qui exige le retrait de ces reformes, celles-ci ne visent qu’ « un accroissement exponentiel et injustifié de la dépense publique, par une augmentation du nombre des institutions (Instauration du sénat) toutes choses qui ne répondent à  des réels besoins ». De ce fait, les membres de la coalition « SOS démocratie » disent non à  la révision de la Constitution qui s’apparente, selon eux, «à  une remise de cause du fait majoritaire et de l’indépendance des institutions».

Révision constitutionnelle, c’est toujours «Non» pour le SADI

Ont animé ce point de presse du parti SADI, Moussa Coumbéré, élu à  Kolondiéba, Mme Oumou Coulibaly, député de Niono, et Oumar Mariko, élu à  Kolondiéba. l’un des sujets qui a surtout passionné les débats, a été sans doute le vote à  l’Assemblée nationale du projet de la réforme de la Constitution de notre pays. Interrogé sur la question, le député Oumar Mariko est formel. Pour lui, «les élus SADI avaient toutes les raisons de voter contre ce projet ». Car, argue-t-il, «Â il s’agit d’une constitution anti-démocratique. C’’est une réforme qui traduit un coup de d’Etat contre la démocratie». «Â Cette réforme, poursuit-il, est onéreuse et inopportune. Elle revêt la confiscation du pouvoir pour un président omnipotent à  la veille des élections dont la préparation doit être la priorité des priorités ». Six raisons pour refuser la nouvelle Constitution Pour les élus SADI, il ressort que les conditions matérielles du vote référendaire ne sont pas réunies, et que les dispositions dudit projet de constitution, relatives au président de la République, à  l’Assemblée nationale et aux nouvelles institutions, sont antidémocratiques. l’une des raisons du « non » des députés SADI, C’’est aussi les dispositions relatives à  la nomination à  vie des anciens chefs d’Etat à  la Cour constitutionnelle. Pour le parti de l’opposition, «il s’agit d’une complète déviation qui ne pouvait être acceptée». «l’érection du Bureau du Vérificateur en institution de la République prévue par la nouvelle constitution revêt, selon SADI, une atteinte aux principes de la séparation des pouvoirs. Car, ajoutent les députés, celui-ci doit demeurer un auxiliaire de justice. Le coût desdites consultations est insupportable par le budget de l’Etat». «La proposition de légitimités traditionnelles accordées au Médiateur de la République est anti-démocratique, et ne permet pas de défendre les droits fondamentaux des masses laborieuses» pensent les députés SADI. Qui ajoutent par ailleurs que la création du Sénat est inopportune au regard du rôle qui lui sera assigné. Introduction d’un projet de loi protégeant les anciens combattants La session parlementaire écoulée a été marquée par l’adoption de 63 projets de lois, tant dis que deux autres ont été reportés. Il s’agit notamment du projet portant Code de la famille et des personnes, et celui relatif à  l’abolition de la peine de mort. La session écoulée a été aussi marquée par le passage de trois ministres devant les députés dans le cadre des questions orales. Il s’agit de l’interpellation du ministre de la sécurité intérieure et de la protection civile par rapport à  l’insécurité et à  la drogue, celui de l’administration territoriale et des collectivités sur les affaires domaniales, le porte-parole du gouvernement sur la relève des DAF des ministères, le ministre de l’énergie sur la problématique de l’accès à  l’électricité à  Bourem, etc. La session qui vient de s’achever a été également celle de l’adoption, à  l’initiative du parti SADI, de la résolution contre les frappes de l’OTAN sur la Libye. A cela, selon Oumar Mariko, il faut ajouter l’introduction d’une motion de soutien en faveur du Cuba face au blocus des Etats-Unis. Au cours de cette session d’avril, sept propositions de lois ont été aussi introduites. Elles concernent, entre autres, celle relative aux marchés publics, à  l’indemnité temporaire de chômage, au Code domaniale, etc. Pour le député Oumar Mariko, l’un des projets les plus importants introduits par le groupe des élus SADI, reste celui de la création de l’Office national des anciens combattants. La création de cette structure, dira-t-il, vise à  «corriger une injustice dont les aniciennes forces armées et de sécurité sont victimes». «Au Mali, depuis les indépendances, il n’y a eu aucune loi protégeant les anciens combattant» regrette-t-il, citant la première ordonnance du président Modibo Keà¯ta et le protocole adopté par son successeur Moussa Traoré.

La Révision Constitutionnelle enfin votée !

En débat à  l’Assemblée nationale les 1er août et 2 août, le document de révision de notre Constitution n’a pas eu de difficultés pour avoir le quitus des élus de la nation. Déjà  la veille, le lundi, tous les indices étaient réunis pour un vote favorable. Car les 28 amendements proposés ont été approuvés par 130 élus, contre 2 abstentions, tandis que seulement 3 députés (du parti SADI) avaient dit «Â non ». Ces amendements ont surtout porté, entre autres, sur le préambule de la Constitution, la nature du régime, les discriminations positives en faveur des femmes, la nationalité des candidats à  la magistrature suprême, la présentation des biens du président avant sa prise de fonction, etc. La réforme adoptée malgré l’opposition de certains ténors de la classe politique l’un des principaux enseignements à  tirer du vote de cette réforme de la Constitution, reste l’inconséquence de certains partis politique du paysage malien, notamment celle du PARENA (Parti pour la renaissance nationale), qui avait opposé une forte résistance à  cette révision constitutionnelle. Sur la question, son président Tiéblé Dramé était, il y a quelques jours, sans équivoque : «Â  Sur le fond, au lieu de corriger les anomalies et les dérives constatées tout au long de notre pratique constitutionnelle, le projet de réforme les codifie par une concentration excessive des pouvoirs, de presque tous les pouvoirs dans les mains du président de la République. Si cette réforme est adoptée, le prochain président du Mali sera un président-empereur, un peu comme le Français Louis-Napoléon Bonaparte ! ». Mais il fallait ce mardi 2 août pour assister au coup de théâtre, quand les 5 députés de son parti ont approuvé le texte. l’ancien Premier ministre du Mali et président de la Convention Nationale pour une Afrique Solidaire-Faso Hèrè (CNAS-Faso Hèrè), était aussi sur la même longueur d’onde. Si son parti n’a pas de députés à  l’Assemblée nationale, l’adoption du texte montre la sourde oreille manifestée par les 141 députés votants face aux réserves émises il y a quelques jours. Convié le 18 juillet dernier par les députés à  la séance d’écoute, Soumana Sacko avait déploré qu’avec la présente réforme « le nouveau Président aura plus de pouvoir que le Roi du Maroc » … Avant d’estimer que la « reforme envisagée est inopportune, inutilement coûteuse et mal inspirée ». Loin de renforcer la démocratie malienne, « elle va remettre en cause les acquis de mars 1991… » avait assené l’ancien chef du gouvernement devant les députés. Qui n’ont finalement pris en compte les réserves du président de la CNAS. Quant au parti SADI, on peut constater que la nature du vote de ses députés, a respecté la logique adoptée par le parti le début du processus de réforme. Le parti de l’opposition, qui avait jugé les réformes «Â couteuses et inopportunes », a entériné son «Â non » ce mardi 2 août. «Â Une avancée démocratique » La nouvelle Constitution ainsi adoptée à  l’écrasante majorité des députés, est un document de 105 articles, contre 125 dans l’ancienne. Pour le ministre de la réforme de l’Etat (ancien président de la Commission de révision de ladite Constitution), le nouveau document vise à  «Â corriger les lacunes et les insuffisances révélées par la pratique institutionnelle, une forte participation des citoyens aux élections, la baisse du coût des consultations électorales et le renforcement des capacités des partis politiques ». Le nouveau document, ajoute le ministre Diawara, comporte d’importantes innovations. Elles redéfinissent les contours de l’architecture institutionnelle de notre système démocratique. Le nouvelle Constitution prévoit le réaménagement des pouvoirs au sein de l’exécutif, la création d’un Sénat en remplacement du Haut conseil des collectivités, la réorganisation de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique social et culturel, de la Haute cour de justice et du Conseil supérieur de la magistrature. A ces innovations, il faut ajouter l’instauration de nouvelles règles de rationalisation du travail parlementaire en vue «Â d’améliorer son efficacité dans l’exercice de la fonction législative et le contrôle de l’action gouvernementale ». La nouvelle Constitution du Mali, C’’est aussi «Â le renforcement des mécanismes de protection des droits et libertés avec extension des attributions du Médiateur de la République, de l’institution du contrôle de constitutionnalité par voie d’exception. La nouvelle Constitution du Mali, après le vote des députés, vient de franchir une étape importante dans le processus de son adoption effective. Avant la fin de l’année, elle doit être soumise en référendum. Reste à  savoir si les Maliens suivront la démarche des élus de la nation.

Révision constitutionnelle : report du vote à l’Assemblée

Des échos venant de la Commission des lois constitutionnelles au parlement font état de certaines oppositions. Donc, il faut s’attendre à  des débats houleux à  l’hémicycle, surtout que l’Adema, n’avait pas apprécié la prise de position du chef de l’Etat qui avait demandé à  ses partenaires de Bamako-Coura (les cadres de l’Adema s’étaient retirés à  l’hôtel Tombouctou pour mieux étudier le projet) de s’abstenir de critiquer le projet. Pour la première fois, le gouvernement qui dispose d’une majorité stable et confortable risque d’être mis en difficulté voir même en minorité. Le gouvernement tient à  ses réformes qui sont nécessaires et opportunes et qui seront adoptées, sauf coup de théâtre. Le président de la République, Amadou Toumani Touré l’a réaffirmé à  plusieurs reprises. Selon certains ATT a consacré même une grande partie de son temps, avant la formation de l’actuel gouvernement, à  informer et à  consulter plusieurs chefs de partis politiques. Mais depuis le 19 avril 2010, les partis et les organisations de la société civile avaient une idée des grandes lignes des réformes. Projet discuté Contrairement à  ce que certains affirment, le projet de Révision ne fait pas table rase des idéaux du 26 mars. Le préambule réaffirme sa volonté de préserver et de renforcer les acquis démocratiques de la révolution du 26 mars 1991. Ceux qui estiment que le président de la Cour constitutionnelle sera redevable de l’autorité qui l’a nommé doivent aussi comprendre que le projet retire des prérogatives importantes à  la Cour. Des constats découlant de la gestion des affaires publiques, il est de notoriété publique que C’’est le président de la République qui nomme et défait le premier ministre. Le départ des différents gouvernements de la 3ème République est suffisamment révélateur. Rien d’extraordinaire à  ce que la Constitution donne un fondement à  une situation de fait. Le chemin le plus court pour éviter à  notre pays des situations qui se passent ailleurs, est d’appeler nos leaders politiques et d’opinion à  une prise de conscience réelle. Il faut éviter de mêler à  la gestion des affaires publiques donc d’intérêt général, des relents d’animosité personnelle. La Constitution ou Loi fondamentale est ce texte sur lequel repose l’architecture institutionnelle. Mais, ce n’est pas la Constitution qui va nous nourrir l’espoir de voir nos enfants aller sans danger à  l’école ou à  nos femmes enceintes de donner naissance à  des enfants sans risques. Dans ce pays, les députés ont eu à  voter des lois plus importantes engageant l’avenir et la survie du peuple. Reste que le projet qui devait être voté ce jour à  l’Assemblée a été repoussé à  la session de Lundi 1er Août du fait que les commissions chargées du projet de loi n’étaient pas prêtes.

Révision constitutionnelle : L’explication de texte

Le ministre de la Réforme de l’Etat, Daba Diawara était face à  la presse le samedi 2 juillet pour expliquer les grands axes du projet de révision constitutionnelle. Le document devrait être transmis à  l’Assemblée Nationale en ce début de semaine et il devenait indispensable de communiquer sur son contenu. D’autant plus que le sujet est l’objet de nombreuses interrogations, la presse ayant diffusé ces derniers jours différentes versions du document. Le ministre de la réforme de l’Etat s’est entouré de son homologue de la Communication, porte-parole du gouvernement, Sidiki N’Fa Konaté et de tout son cabinet pour donner des informations détaillées sur la révision proposée pour la constitution du 25 février 1992. La rencontre s’est déroulée à  la Maison de la presse. Pendant près de trois heures, le ministre a expliqué des mesures comme la suppression du Haut Conseil des Collectivités Territoriales qui sera remplacé par un Sénat, des conditions d’éligibilité du Président de la République, de la possibilité d’utiliser un système mixte pour les législatives… Un réaménagement de l’Exécutif est ainsi prévu avec le renforcement des prérogatives du Président de la République qui définit et est le premier responsable de la politique de la Nation que le gouvernement exécute. Il devra également désormais être « malien d’origine, âgé de moins de 75 ans », et déclaré de manière vérifiable ses biens au moment de sa prise de fonction. Daba Diawara a également signalé que la procédure de révision de la constitution est assouplie par la possibilité ouverte d’y procéder sans passer par le référendum qui ne demeure obligatoire que pour la modification de la durée et de la limitation du nombre de mandats présidentiels. En parlant de limitation des mandats et pour répondre aux préoccupations des maliens, il s’est voulu très clair. La réforme en cours ne change rien aux acquis de la démocratie malienne qui date de la conférence nationale de 1991. « Le nombre de mandats présidentiels est limité à  deux, cumulés ou non, aucun ancien président ne pourra donc se présenter à  nouveau » a dit le ministre.. Des institutions nouvelle formule et exit le HCCT «Le Haut Conseil des Collectivités territoriales a montré, en 10 ans d’existence, ses limites. Il devait être une force de propositions pour l’exécutif. Mais force est de constater que cette mission n’a pour ainsi dire jamais été remplie. Nous avons donc proposé sa suppression et son remplacement par un « Sénat » qui est par ailleurs le type d’institution existants dans les pays de la sous-région. Ceci répond donc aussi à  un désir d’harmonisation», a-t-il déclaré. Le législatif malien répondrait à  une configuration de « bicaméralisme inégalitaire ». Les législatives pourraient se dérouler, si le texte est adopté, selon un système mixte combinant le scrutin majoritaire et la représentation proportionnelle. Une meilleure assise juridique, a dit le ministre, est donnée aux mesures de discrimination positive favorisant l’accès des femmes aux mandats électoraux et fonctions électives. Un haut conseil de l’Audiovisuel sera mis en place et sera chargé de la régulation du secteur pendant la campagne et les opérations électorales. La presse écrite elle sera renforcée pour pouvoir assurer son autorégulation. Le Conseil Economique Social et Culturel sera réaménagé dans ses attributions et des modalités de fonctionnement. Daba Diawara a rassuré la presse et à  travers elle, l’opinion publique nationale. Les élections seront bel et bien organisées en 2012 et dans les délais constitutionnels et le référendum aura également bel et bien lieu. Il a déclaré ne pouvoir cependant pas pouvoir avancer de chronogramme, ceci revenant « au Chef de l’Etat qui seul connait la date du référendum ». Il a toutefois signalé que toutes les conditions étaient réunies pour que les élections se tiennent dans les délais constitutionnels. « Nous avons besoin de 110 jours pour la totalité du processus, et d’ici le 8 juin 2012, nous avons beaucoup de 110 jours encore devant nous ». Sur le plan financier, le budget 2011 a prévu les moyens de l’organisation du référendum en 2011 qui se déroulera bel et bien et permettra d’insuffler « une nouvelle dynamique à  l’Etat malien ».

Constitution: Wade fait marche arrière

La société sénégalaise est en ébullition depuis plusieurs jours et ce jeudi a été particulièrement chaud. à€ Dakar, la mobilisation anti projet de loi s’est transformée en émeutes, les policiers sont intervenus brutalement et ont interpellé de nombreux manifestants qui avaient répondu à  l’appel du mouvement de jeunes « Y en a marre ». Même à  Paris, l’ambassade du Sénégal a été brièvement occupée par des opposants. En cause : la volonté du chef de l’à‰tat Abdoulaye Wade d’instaurer un vice-président élu ; et surtout, le « ticket » formé par le candidat à  ce poste et celui à  la magistrature suprême, qui pourrait remporter l’élection avec seulement 25 % des voix, seuil qualifié de « minimum bloquant » en cas d’absence de majorité absolue au premier tour. Pas question pour les sénégalais de cautionner ce qu’ils appellent un « coup d’état » de la part de celui qui a été longtemps une figure de proue de la démocratie sénégalaise. Dans huit mois, les sénégalais devront choisir leur président. Abdoulaye Wade l’a clairement annoncé, il sera candidat. Mais le « vieux » sait très bien qu’il risque fort de ne pas venir à  bout des cinq ans de pouvoir si jamais il était réélu. La réforme constitutionnelle aurait donc pour objectif d’assurer son élection et le passage du pouvoir à  son fils après son départ. Le texte prévoit en effet qu’en cas de vacance du pouvoir, le président sera remplacé par le vice-président qui aura toutes ses prérogatives – y compris celle de nommer ou révoquer le nouveau vice-président. Le super-ministre Karim deviendrait donc, par cet ingénieux tour de passe-passe, super-président. La dérive ? De chantre de la démocratie, Abdoulaye Wade est-il en train de devenir fin dictateur ? l’opinion publique sénégalaise le lui reproche en tout cas. Des projets gigantesques pas compris par les populations qui souffrent de coupures intempestives d’électricité et d’une inflation galopante à  la reformulation de la constitution sur-mesure, le vieil avocat est en train de rêver à  un destin à  la « Oumar Bongo » ou « Eyadéma ». Mourir au pouvoir et laisser le pouvoir à  son fils. « Aujourd’hui, j’ai tous les pouvoirs, mais je vais partager mes pouvoirs avec le vice-président », a déclaré l’actuel président de la République du Sénégal à  l’ouverture de la VIe conférence nationale de l’Union des jeunesses travaillistes et libérales (Ujtl) du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour expliquer son projet. « Avec cette phrase, qui sonne le glas de la démocratie sénégalaise, le président de la République nous promet son enterrement en bonne et due forme, si le Congrès vote son projet de loi constitutionnelle d’élection du président et du vice-président » déclare Fatou Kiné Camara Docteure d’Etat en Droit Secrétaire générale du Cosef (Conseil sénégalais des femmes) Secrétaire générale adjointe de l’Ajs (Association des juristes sénégalaises. Mais Wade se défend : « à‡a, c’est un progrès démocratique ». Avancée ou pas, il l’aura finalement retirée. Il aura fallu lui tordre la main avec des affrontements intenses qui ont opposé manifestants de l’opposition aux forces de l’ordre. Le ministre de la justice, Cheikh Tidiane Sy a annoncé le retrait de cette mesure aux députés peu après l’ouverture de la séance plénière o๠elle devait être adoptée. Le président Wade « a pris en considération vos préoccupations » et « a pris bonne note » de toutes les réactions, « il m’a chargé de retirer ce projet de loi », a déclaré le ministre, l’air grave, suscitant des applaudissements nourris. Entretemps, les manifestations auront fait des dizaines de blessés dont Alioune Tine, président de la Rencontre africaine des droits de l’Homme, à  la pointe de la contestation contre le projet de réforme constitutionnelle. Il se trouvait en compagnie de l’ancien ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio lorsqu’il a été attaqué par des présumés hommes de main d’un responsable du parti présidentiel. Les sénégalais semblent désormais décidés à  ne plus avaler les couleuvres sans broncher. Le début de la révolution…du tiéboudienne ?

Ousmne SY, sur l’harmonisation des mandats : « C’est pour divertir le peuple! »

Les Echos : Quel est l’état de santé de l’Adéma/PASJ ? Ousmane Sy : l’Adéma/PASJ se porte de mieux en mieux. Si J’étais médecin, je dirai que sa santé s’améliore de jour en jour. Ce parti a eu un parcours difficile, mais glorieux dont on ne parle pas assez. Un an à  peine après sa création en 1991, il a eu la lourde charge de la reconstruction et de la gestion de l’Etat. Tout le monde se rappelle que la situation sociopolitique dont nous avons héritée à  la sortie de la Transition était plus que critique. Pour la plupart des observateurs politiques de l’époque notre parti et le président de la République issu de ses rangs n’y arriveront pas. Les plus optimistes nous donnaient 6 mois avant un échec inévitable. Mais tous ces pronostics ont été démentis et nous avons géré dix ans et avons remis au nouveau président élu en 2002 un pays en ordre, stable et respecté en Afrique et dans le monde. Ce résultat incontestable est bien sûr l’œuvre de toutes les Maliennes et de tous les Maliens, mais sous la direction politique de l’Adéma/PASJ et de son premier président, le camarade Alpha Oumar Konaré. La réalisation de cette mission de reconstruction du pays n’a pas été sans conséquence sur le parti qui s’est oublié. Le gros de notre savoir-faire politique et de nos compétences a été happé par les missions d’Etat au détriment du parti, qui en a souffert du point de vue de son organisation et de son fonctionnement. Mais malgré toutes les difficultés internes que nous avons connues, nous demeurons aujourd’hui encore le parti le plus présent dans le pays profond et sur tout le territoire national et à  toutes les élections depuis 1992, les Maliennes et les Maliens nous ont majoritairement donné leurs suffrages. Aujourd’hui, dans l’Adéma/PASJ, les structures fonctionnent de mieux en mieux, les instances du parti et des organisations affiliées de femmes et de jeunes se tiennent sans déchirements, la discipline se réinstaure et la cohésion revient progressivement. Cependant, ce bilan de santé, dont nous sommes fières ne doit pas nous faire oublier que, comme tous les partis politiques du pays, nous avons le défi de la recrédibilisation de l’agir politique à  relever, car à  la présidentielle de 2002, les électeurs maliens ont préféré un candidat indépendant à  ceux des partis politiques. Les Echos : Qu’est-ce qui explique le report du dépôt des candidatures à  la présidentielle de 2011 ? O. S : Comme expliqué, dans le communique publié par le camarade Cheick Mohamed Thiam, secrétaire chargé de la communication du comité exécutif, ce report est dû à  des difficultés de gestion technique et non politique. Le comité exécutif avait discuté de la question au cours d’une de ses réunions ordinaires. Après un long débat sur le chronogramme préparatoire des échéances de 2012, il a été demandé au président du parti d’annoncer un calendrier lors de sa conférence de presse. Ce qu’il a fait. Mais après le travail de la sous-commission chargée des questions de candidatures, nous nous sommes aperçu que l’annonce faite n’était pas tenable pour des raisons simplement techniques parce que la direction du parti veut faire un travail minutieux sur cette question, sur laquelle nous savons que nous sommes attendus. Les Echos : Ce report cache-t-il une mésentente ? O. S : Non, tout au plus le comité exécutif a fauté par précipitation, nous aurions dû attendre la fin des travaux de la sous-commission avant de demander au président de faire l’annonce du chronogramme. Il n’y a aucune mésentente aujourd’hui sur cette question ni dans les bases et ni dans la direction du parti. Les Echos : l’Adéma/PASJ s’agite, mais rien ne prouve à  ce jour que les échéances de 2012 seront respectées… O.S : Rien ne prouve aussi qu’elles ne seront pas respectées. A l’Adéma/PASJ, nous sommes un parti républicain. l’agenda républicain stipule que les élections présidentielle et législatives devront se tenir en 2012 et nous nous préparons pour ces échéances. Ne pas le faire ce serait manquer à  tous nos devoirs vis-à -vis des populations maliennes et nos militantes et militants. Personnellement, J’ai la forte conviction que le président de la République et le gouvernement s’y préparent. Ne pas le faire aurait comme conséquence de porter une menace grave sur le pays et sa réputation. Je n’ose pas croire que quelqu’un a un intérêt à  cette situation qui amènerait le chaos dans notre pays et dans la région ouest-africaine déjà  en très mauvais état. Les Echos : Le référendum est-il remis aux calendes grecques ou pensez-vous que C’’est encore possible ? O. S : l’organisation du référendum est toujours possible. Bien sûr s’il s’agit de la Constitution, l’idéal est de le faire en début de mandat qu’en fin de mandat. Donc si le président de la République le décide, le référendum est possible jusqu’au dernier jour de son mandat. Pour moi la question est moins la tenue du référendum que comment va-t-on à  ce référendum, surtout il s’agit d’une modification de la Constitution. La Constitution en vigueur, malgré ses faiblesses mises en évidence par près d’une vingtaine d’années de confrontation aux réalités des faits, est le produit du débat populaire de la Conférence nationale. Oser envisager une quelconque modification des termes de cet accord consensuel en soumettant directement à  l’Assemblée nationale des propositions dont la pertinence n’a été validée par aucune concertation citoyenne relève soit d’un manque de réalisme, soit d’un dessein caché. Je rappelle enfin à  ceux qui semblent l’oublier, que nous sommes dans un processus démocratique en construction. Cette situation impose un réalisme qui commande d’ajouter une dose de démocratie participative à  la démocratie représentative symbolisée par nos institutions dont les légitimités ne sont encore que formelles. Donc, je maintiens que ce serait une erreur et même une faute aux conséquences graves que de soumettre les propositions du Cari directement à  l’approbation du gouvernement et du Parlement sans une consultation du corps social et politique dans tout le pays, qu’aucun référendum ne saurait remplacer. Les Echos : Que pensez-vous du projet d’harmonisation des mandats? O. S : Comme tout le monde, J’entends de plus en plus parler d’un projet, (né dans la tête de je ne sais de qui ?), d’harmonisation de la date d’élection du président de la République, de celle des députés avec celle des conseillers communaux qui doit avoir lieu en avril 2014, sous le prétexte qu’il y a trop d’élections. Je crois que ceux qui sèment cette confusion grave dans la tête des citoyens sont soit ignorants de toute la législation républicaine, soit d’une mauvaise foi suspecte. La durée du mandat du président de la République et celle du mandat des députés sont inscrites dans la Constitution de février 1992, respectivement dans les articles 30 et 61 et elles sont de 5 ans pas un jour de plus. La Constitution donne la possibilité au président de la République de dissoudre l’Assemblée nationale, donc d’écourter le mandat des députés. Un délai obligatoire lui est donné pour organiser de nouvelles élections et les députés nouvellement élus ont un nouveau mandat de 5 ans. Tout en étant ni juriste, ni constitutionnaliste, je ne vois aucun moyen de rallonger le mandat du président de la République et des députés même s’ils le veulent, sans passer par la révision des articles 30 et 61 de la Constitution en vigueur. Donc je pense que cette rumeur sur le projet d’harmonisation des mandats que la presse relaie depuis quelques semaines ressemble à  une vaste farce qui est faite pour divertir les Maliens. Les temps sont durs, il faut donner au bon peuple un os pour l’occuper. C’’est le comble du cynisme et C’’est méchant. Les Echos : Et si les députés entérinaient ? O. S : Les députés ne peuvent entériner aucune prolongation de mandats, ni le leur ni celui du président de la République, d’un seul jour sans passer par la relecture de la Constitution (les articles déjà  cités). Ce qui revient au problème de la révision constitutionnelle qui doit obligatoirement passer par un référendum, donc l’aval de l’ensemble des Maliens. Aucun contournement du peuple n’est possible en ce qui concerne cette question. Les Echos : Faut-il un autre mandat pour ATT ? O. S : La Constitution de notre pays est claire sur cette question. Le président ATT est dans son 2e et dernier mandat. Notre processus démocratique a prévu une alternance après deux mandats de 5 cinq ans chacun. Le président Alpha Oumar Konaré a respecté cette alternance et le président ATT s’est engagé à  la respecter. Je m’en tiens à  cet engagement et je pense que tous les démocrates attendent à  ce qu’il se tienne à  cet engagement. Comme toujours et surtout dans nos pays, quant un président de la République arrive en fin de mandat, il devient un enjeu pour beaucoup de gens qui l’entreprennent pour leurs propres intérêts et non ceux du pays. Le président actuel qui a aussi présidé la transition de 1991-1992 a bien connu ce phénomène. Je m’en souviens, à  la Conférence nationale, lorsqu’il a été entrepris pour prolonger la durée de la transition, il a réagi en disant qu’il devient un enjeu et a clos très vite le débat sur la question. J’espère bien que cette fois aussi il réagira de la même façon face aux divers groupuscules qui ne pensent qu’à  leurs propres intérêts au détriment du ceux des populations maliennes. Le président ATT a été un symbole pour la démocratie malienne, en respectant ses engagements, il deviendra un symbole pour le Mali et pour l’Afrique et viendra s’ajouter au président Alpha Oumar Konaré, pour la gloire de notre pays et de notre nation

Mali : Que devient la révision constitutionnelle ?

Un discours bilan Respectant la tradition, le Président de la République Amadou Toumani Touré s’est adressé à  la Nation, le 31 décembre dernier, dans un discours qui a fait en quelque sorte, le bilan de l’année qui s’achève, en termes principalement de réalisations socio-économique, de manifestations socioculturelles qui ont meublé le cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Citant ses priorités dans le domaine du désenclavement intérieur du pays, de l’énergie, la communication, l’agriculture entres autres, ATT a passé sous silence l’un des grands sujets d’actualité : le referendum. Les réformes institutionnelles tant annoncées, devant conduire à  une révision constitutionnelle, tardent à  voir le jour. Pourtant, le Président avait promis à  la Nation la tenue d’un referendum, lors de la remise du rapport du Comité d’appui aux réformes institutionnelles piloté par Daba Diawara. Il n’est point besoin de rappeler que cet arsenal de réformes vise à  consolider les acquis démocratiques et surtout corriger les multiples lacunes et insuffisances. Les observateurs s’interrogent donc. « Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que lesdites réformes soient encore dans le placard des instances » ? Du côté de l’administration, des sources dignes de foi nous apprennent que les choses sont en train d’être mises en forme progressivement. Mais pour des responsables de partis politiques, la réforme n’est plus d’actualité car un référendum organisé au cours de l’année 2011 pourrait déboucher sur une prolongation obligatoire du mandat d’ATT. Beaucoup d’encres et salives « Ces réformes dont j’ai pris l’initiative sont souhaitables et nécessaires. II ne s’agit pas de remettre fondamentalement en cause les Institutions actuelles, mais de les adapter au rythme et aux exigences actuelles. Le processus ainsi mis en marche revêt un intérêt particulier car il concerne l’avenir de la Nation et le devenir de notre système démocratique» avait dit ATT. Avant d’annoncer que « dans ce cadre, j’autoriserai, dans les tout-prochains jours, le Gouvernement à  déposer sur le bureau de l’Assemblée Nationale un projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992. Le projet adopté par l’Assemblée Nationale sera soumis à  l’approbation du peuple par la voie d’un referendum que je compte organiser au cours du dernier trimestre de cette année 2010 ». En conclusion, ATT avait invité la société civile et les medias à  sensibiliser l’ensemble des citoyens sur ce projet politique, tout en précisant que ceci  » vise essentiellement à  conforter le cadre juridique et la pratique de la démocratie dans notre pays ». Dès lors, conférences, débats, séminaires, journées d’études et autres rencontres de concertation et d’échanges se sont succédés sur la question. Des réformes appuyées par les politiques Au niveau des partis politiques, trois points ont fait l’objet de discussions. Tout d’abord, ils ont soupçonné, voire accusé le président ATT de vouloir tripoter l’article 30 de la Constitution portant limitation du nombre de mandats présidentiels pour ainsi pouvoir briguer, pour la troisième fois consécutive, le suffrage du peuple malien. Il a fallu la sortie très médiatisée du locataire du palais de Koulouba, à  la veille de la fête du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, pour mettre fin à  ce procès d’intention. Ensuite, le processus électoral, tout comme le mandat présidentiel, a fait l’objet d’une grande attention de la part des partis politiques qui n’ont trouvé aucune objection à  l’harmonisation des mandats électifs visant à  grouper les élections en une seule période, afin d’éviter de plonger le pays dans une campagne électorale permanente. Son corollaire est la création d’une structure autonome qui organise et centralise toutes les opérations électorales : la fameuse Agence générale des élections – à  l’image de celle du Ghana- proposée par les 52 partis membres du CMDID. Enfin, la transformation du Haut conseil des collectivités en Sénat a aussi rencontré l’assentiment des partis politiques. Les quelques rares voix discordantes proviennent de la société civile qui craint une saignée des finances publiques et le mode de désignation des sénateurs. Un référendum sans intérêt désormais ? Mais voilà  que le projet de révision constitutionnelle, tant attendue à  l’Assemblée nationale brille par son absence. Dans les couloirs de l’institution parlementaire, il n’est nullement fait allusion aux réformes que certains députés, interrogés par nos soins, jugent désormais inopportunes car pour eux, l’échéance de 2012 ne permet plus de se lancer dans de pareils chantiers. Même son de cloche du côté de plusieurs partis politiques. Très enthousiastes au départ, ils sont en train de freiner leur allure des quatre fers. Il faut noter que l’opposition, à  qui on attribue généralement le ministère de la parole – par opposition à  celui des servitudes de la majorité- n’a pas été loquace par rapport à  ce projet de révision constitutionnelle. Au moment o๠cela alimentait les débats, le président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, l’avait jugé sans intérêt. L’histoire lui donne-t-il raison aujourd’hui ? Dans son discours, le président de la République a annoncé le début de la réforme des collectivités. Ce processus qui durera plusieurs mois ne devrait pas peser sur l’organisation des prochaines élections, a-t-il déclaré. Il n’a, à  aucun moment évoqué le référendum constitutionnel, le renvoyant ainsi aux calandres grecques. Aura-t-il finalement lieu ou pas ? ATT refilera-t-il finalement le bébé à  son successeur, en faisant le minimum pendant les 18 mois qui lui reste ? l’avenir nous le dira.

Kurukanfuga : Une journée pour la charte du Mandé

La charte de Kurukanfuga Véritable constitution avant l’heure et authentique déclaration universelle des droits de l’homme dès le 13e siècle, la charte de Kurukanfuga aborde les questions de liberté, de décentralisation, et de développement durable. Huit siècles après cette charte, ces questions demeurent d’une brûlante actualité. Signalons par ailleurs que les dépositaires de la charte sont les autorités traditionnelles composées des clans fondateurs de l’empire du Mali et des griots du patronyme Diabaté du village de Kéla, situé à  6km de Kangaba. Kurukanfuga est l’un des lieux les plus célèbres de l’empire du Mali. Situé à  deux kilomètres au Nord de Kangaba (au C’œur du mandé à  90 km de Bamako), le site historique de Kurukanfuga se présente à  vue d’œil comme une piste d’atterrissage orientée nord/sud. « Dès son investiture, Soundiata Keita et ses conseillers font adopter la charte de Kurukanfuga, sous forme de consignes consensuelles devant régir la vie publique sous l’empire qui venait de naà®tre. », explique le directeur adjoint de la direction nationale du patrimoine culturel, M. Coulibaly. Le site est incontestablement l’un des plus célèbres lieux de mémoire du mandé. En effet, il suscite des intérêts historiques et scientifiques de la part des chercheurs, et des associations culturelles. Des rencontres et forums internationaux y sont fréquemment tenus. Forum culturel En 2001, un forum culturel dénommé ‘’rencontres culturelles de Déguéla », du nom du village situé à  5 km de Kangaba, a été initié par les populations des villages environnants. Le but était de rentre hommage à  la lignée de Soundiata. Il visait également à  tisser des liens entres les villageois issus du même ancêtre. Trois ans plutard, en 2004, se tenait à  Bamako, une rencontre autour de la charte de Kurukanfuga. Organisé par le ministère de la culture en collaboration avec l’union africaine, la rencontre a regroupé la participation du Burkina Faso, de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau, du Niger, du Sénégal et du Mali. Notons qu’ils ont échangé sur les voies et moyens de la valorisation de la charte de Kurukanfuga.En 2007, le ministère de la culture, à  travers la cellule de chasse, organisait une rencontre internationale sur la charte du mandé à  Bamako et Kangaba. Protéger le site La direction du patrimoine culturel déplore le fait que le site soit présentement soumis à  de nombreuses menaces. « Il est tracé de plusieurs voies de passage de charrettes, de voitures, et de plusieurs pistes de passage d’animaux. Aussi, ses limites non matérialisées sont occupées de champs de cultures et de parcs à  bétail. », déploré M. Coulibaly. Le ministère de la culture et de la direction nationale du patrimoine culturel(DNPC) mettent tout en œuvre pour une protection stricte des lieux. Le coût annuel des travaux d’entretien du site et de suivi quotidien s’élève à  3.000.000 FCFA selon la DNPC. l’entretien demande sans aucun doute, une participation personnelle des habitants des habitants pour une bonne vulgarisation des lieux. Et bien entendu, espérer qu’il puisse un jour, figurer au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Guinée : Jean-Marie Doré veut une modification de la constitution

En janvier dernier, la Guinée formait un gouvernement de transition devant assurer l’intérim pour six mois, jusqu’à  l’élection présidentielle. A la tête de ce gouvernement a été nommé Jean-Marie Doré et, aucun membre des ministres n’avait le droit d’être candidat à  ce scrutin. Ainsi, quelques semaines avant la tenue du 1er tour du 27 juin, le premier ministre (PM) Doré, avec quelques autres acteurs de la scène politique, demandaient un référendum par rapport aux conditions d’organisation du scrutin. Cela dit, les contraintes de temps et la volonté de revenir très rapidement à  une situation politique régulière et stable, ont fait avorter le référendum. Le premier tour s’est donc tenue avec l’organisation de la commission électorale indépendante (CENI). Réviser la constitution avant le 19 septembre Le second tour de la présidentielle devant opposé Cellou Dallein Diallo et Alpha Condé est prévu pour le 19 septembre prochain. Avant cette date, le PM demande une révision de l’article relatif à  l’organisation du scrutin. Rappelons que selon cet article, seule la CENI est habilité à  organiser les élections. Or, Jean-Marie Doré estime que celle-ci manque de moyens techniques et financiers et que par conséquent, une partie de la tâche devrait être déléguée au ministère de l’administration territoriale. Cependant, il n’est pas du tout suivi dans sa logique et par la presse, et par la société civile. Elles dénoncent les dérives du premier ministre et demande au général Sékouba Konaté, président par intérim, de reprendre les choses en main afin de garantir le maintien et le respect de la date du scrutin. Jean-Marie Doré décrié Rappelons que la transition devait durer six mois. Nous en sommes au huitième. Situation due au retard cumulé pour la fixation d’une date pour le second tour. La cour constitutionnelle ayant attendu longtemps avant de confirmer les résultats du 1er tour, après la proclamation de la CENI. Ce n’est qu’après les multiples revendications et derniers réglages que la confirmation a été donnée. Suivie de la date du 2nd tour le 19 septembre. Le secrétaire exécutif du conseil national des organisations de la société civile (CNOSCG), Aziz Diop dénonce « les tergiversations d’un premier ministre qui veut coûte que coûte se maintenir au pouvoir. » Il demande au général Konaté de limoger son PM. Le conseil national de transition désavoue le PM Notons que la première phase de transition qui se résumait à  la tenue du premier tour du scrutin, a été entièrement organisée par la commission électorale. Celle-ci reconnait avoir commis quelques erreurs lors de l’élection mais, promet de rectifier le tir. Cela dit, le PM insiste sur la modification de la constitution afin d’alléger la tâche de la CENI. Le conseil consultatif chargé de gérer la transition voit là , une manière pour Mr Doré, d’avoir le contrôle non seulement sur le gouvernement, mais aussi et surtout, sur le ministère de l’intérieur. Elle désavoue Jean-Marie Doré et dénonce un forcing du pouvoir. Par ailleurs, un bon nombre d’experts guinéens et étrangers rappellent à  Jean-Marie Doré que changer le code électoral implique une modification d’une grande partie de la Constitution. Il prendrait donc un temps fou. Temps dont ne dispose pas le pays qui attend le second dans un peu plus de deux semaines. D’un autre côté, des inquiétudes planent sur le respect de la date du 19 septembre. Etant donné que Doré ne semble pas vouloir revenir sur sa position.

Bakary Konimba Traoré : « La suppression du haut conseil des collectivités en Sénat est une manière élégante et silencieuse de faire sauter l’article 30 avec douceur.

Bientôt, les citoyens maliens pourraient voir leur constitution remodelée à  90%. En effet, le document élaboré par la commission Daba Diawara est empreint d’une ambiguà¯té réelle. En attendant que les propositions de reforme passent en referendum, il faut fonder l’espoir que l’Assemblée nationale fera preuve d’une grande capacité de discernement en extirpant le bon grain de l’ « ivraie ». A propos donc du Projet de réformes politiques élaboré par le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI), nous avons tendu notre micro au Dr. Bakary Konimba Traoré, secrétaire politique du Rassemblement pour le Mali (un parti d’opposition), qui bien voulu nous entretenir sur la quintessence du document. L’article 30 de la constitution Dans le fond, beaucoup d’aspects du document, aux yeux de l’opinion nationale, sont à  revoir. Le Dr. Bakary Konimba pense qu’il faut craindre les manœuvres susceptibles de rendre inévitable, la révision de l’article 30 de la constitution. Pour lui, ce projet de reforme est une véritable bombe à  retardement.Il pense qu’il y a des questionnements qu’il faudra se faire autour de certains points de ce document. Sur ce il propose que le document en son état actuel soit renvoyé au niveau de la Direction des différents partis politiques pour analyses. En effet, faut-il le rappeler, Pour l’ancien ministre, ATT a beau dire qu’il ne touchera pas à  l’article 30 de la constitution, les manœuvres susceptibles de faire sauter l’article 30 sont à  craindre. « Ce document est le fruit d’un travail qui n’a pas l’objet d’un débat politique ouvert. C’’est pourquoi, il ne doit nullement économiser le débat public » a-t-il dit. Intégrer les formations politiques dans la réforme Ainsi, dit-il, les formations politiques constituent l’essence de la démocratie (article 28 de la Constitution. « Aucunement, ils ne devaient être mis à  l’écart dans l’élaboration de ce document, qui jusqu’à  preuve de contraire n’est qu’une proposition ». Pour lui, le niveau actuel du travail, dans les normes, ne doit même pas aller à  l’Assemblée nationale. « On ne doit pas pouvoir économiser le débat ouvert avec les formations politiques attitrés. Il faut le travail soit ramené au niveau des partis politiques pour que ces derniers apportent les correctifs nécessaire à  la reforme ».« Si ça vient à  l’Assemblée, nous nous appuierons sur nos représentants qui sont à  ce niveau pour que nos observations soient prises en compte. On exigera que ce tour puisse être respecté. Si jamais cela n’est respecté, nous nous prononcerons. Ce qui est dit et ce qui est fait par le chef de l’Etat nous met dans la condition de le prendre au mot ». Selon Bakary Konimba, ATT n’est pas lui-même personnellement concerné par la révision. Ce sont les partis politiques qui en pâtiront. « Convaincu du fait que mon parti, le RPM gagera les présidentielles de 2012, nous ne voulons de textes qui nous attribuent trop de pouvoirs qu’il y’en a déjà  » Du point de vue politique, l’esprit du RPM demeure le même, signale-t-il. « Nous ne sommes pas installé dans un esprit de précipitation. Nos observations, nos critiques ainsi que nos propositions sur la constitution Dans un régime semi présidentiel, si le président doit nommer le président de la Cour constitutionnelle, du Conseil supérieur de la communication, cela veut dire que dans la constitution actuelle, la possibilité d’une cohabitation. Cela veut dire que si cohabitation il y a, il y aura conflit. Quand cette loi passera, cela que veut dire que la majorité parlementaire au rang de laquelle, le Premier ministre doit être choisi, pourra être ignoré par le président de la République. Il aura la latitude de choisir qui il veut. C’’est pourquoi, Bakary Konimba pense qu’il y a contradiction sur la ligne démocratique qui veut que, dans un régime semi présidentiel, le poids de l’Assemblée soit représenté par le fait que la majorité parlementaire soit celle qui donne son point de vue. Intégrer le débat public sur la réforme Selon Bakary Konimba, ATT n’est pas lui-même personnellement concerné par la révision. Ce sont les partis politiques qui en pâtiront. « Convaincu du fait que mon parti, le RPM gagnera les présidentielles de 2012, nous ne voulons de textes qui nous attribuent trop de pouvoirs qu’il y’en a déjà  ». Du point de vue politique, l’esprit du RPM demeure le même, signale-t-il. « Nous ne sommes pas installé dans un esprit de précipitation. Nos observations, nos critiques ainsi que nos propositions sur la constitution. Dans un régime semi présidentiel, si le président doit nommer le président de la Cour constitutionnelle, du Conseil supérieur de la communication, cela veut dire que dans la constitution actuelle, la possibilité d’une cohabitation. Cela veut dire que si cohabitation il y a, il y aura conflit. Quand cette loi passera, cela que veut dire que la majorité parlementaire au rang de laquelle, le Premier ministre doit être choisi, pourra être ignoré par le président de la République. Il aura la latitude de choisir qui il veut. C’’est pourquoi, Bakary Konimba pense qu’il y a contradiction sur la ligne démocratique qui veut que, dans un régime semi présidentiel, le poids de l’Assemblée soit représenté par le fait que la majorité parlementaire soit celle qui donne son point de vue. « Permettre l’opposition à  jouer convenablement son rôle » En sa qualité de membre d’un parti politique d’opposition (le RPM), Bakary Konimba pense qu’il est tout aussi louable de mettre l’opposition à  même de jouer convenablement son rôle. Mais, dit-il, cela a ses exigences tant pour le parti au pouvoir que pour l’opposition. Ainsi, dit-il, l’approche concernant l’opposition est une question de maturité politique et d’expérience de débat dans le champ politique. La misère peut être allégée parce qu’il y a des coûts. Il pense que les termes dans lesquels cela est proposé actuellement n’est pas explicité à  souhait. Dans quelles conditions on peut conforter l’opposition autrement ? « La vision d’opposition répond à  notre vision profonde de la démocratie. Qu’elle se trouve dans les champs ou le Gouvernement est pour y participer. Cela n’est pas un problème si la maturité politique est assurée. Qu’on vienne chercher l’opposition pour qu’elle se prononce, cela est bien un acte important ». Pour lui, que l’opposition soit mise dans les conditions n’est pas mauvais en soi. « Nous au RPM, nous ne nivelons pas par le bas. Nous sommes visionnaires et nous avons des ambitions politiques vis-à -vis de ce pays. Notre vision politique C’’est d’être dans la positivité des choses », dira-t-il A propos de la création du Sénat… « Il y a un piège ! » Un autre point du projet de réforme sur lequel nous avons interrogé Mr Traoré concerne le haut conseil des collectivités en Sénat. Pour lui, cela n’offre aucune garantie que le système de démocratisation en sortira renforcé. Le système de démocratisation s’en sortira renforcé si les précautions et les dispositions préalables sont prises à  cet effet. « Le mode de mise en place du Sénat est fondamentalement différent de celui du HCCT. Le concept de Sénat voudrait qu’il y ait une deuxième chambre au parlement. Or le HCCT n’est pas une deuxième chambre. Lorsqu’on trouvera l’architecture du Sénat, il faut envisager un niveau de coordination national des élections proportionnelles qui se dérouleront dans les circonscriptions électorales. Ils peuvent changer les dispositions de l’article 30 ». « Il faut penser le Sénat entièrement par son mérite en tant que système bicaméral ». Pour lui, aujourd’hui quand on veut être dans un système bicaméral au Mali, il faudra passer au peigne fin tous les moyens budgétaires y afférents. « Aujourd’hui l’article 30 n’est pas dans la partie non révisable de la constitution. Si on fait la jonction entre l’existence théorique d’un Sénat et l’Assemblée nationale, réunis en congrès, ils peuvent changer les dispositions de l’article 30 de la constitution. Tu peux ne pas toucher à  l’article 30 mais les deux chambres, réunies en congrès peuvent être d’accord que l’article 30 soit soumis à  référendum. Si cela se réalise, elles peuvent décider que le nombre de mandat présidentiel soit ramené à  3 ou 4 ». Autrement dit, pour Bakary Pionnier, la création d’un sénat est la manière élégante et silencieuse d’obtenir la révision, de faire sauter l’article 30 avec douceur ». Pour contrer cet état de fait, le secrétaire politique du RPM préconise que l’article 30 de la constitution soit intégré dans les 3 éléments de la constitution qui ont été classés intouchables : à  savoir, la laà¯cité, la forme républicaine, et l’intégrité du territoire. C’’est des dispositions intangibles. « Nous proposons que les dispositions de l’article 30 viennent renforcer ce dispositif ». Pour lui, toutes les manœuvres sont en cours pour que l’article 30 soit touché par la révision. Sur ce il clame la vigilance de tous. Pour ce qui est de son parti, le RPM, il est entrain de mettre au point les éléments contenus dans ce projet de reforme. Toute fois, l’homme politique qualifie d’aberration très grave, le fait que les partis politiques n’aient pu être associés à  ce travail préliminaire de fond.

Nouvelle Constitution : quelles dispositions majeures ?

Le projet de réformes politiques pour la consolidation de la démocratie que le ministre Daba DIAWARA a eu la responsabilité de présenter au nom du Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI), propose de nouvelles dispositions quant aux conditions d’éligibilité et de système d’élection au Mali. Nouvelles dispositions Pour les présidentielles,les nouvelles dispositions stipulent de : n’avoir aucune nationalité étrangère, d’être âgé de 75 ans au plus le jour de l’élection, une manière de rajeunir les institutions. Par ailleurs, la double nationalité n’est pas permise pour se présenter. Il faudra donc choisir. l’élection au sein de l’assemblée nationale connait un virage important, car le changement en système mixte combinant le scrutin uninominal majoritaire et la représentation proportionnelle, ce qui suppose que 3/5 sont élus au scrutin uninominal majoritaire a deux tours et 2/5 sont élus sur des listes nationales à  la représentation proportionnelle suivant la règle du plus fort. Cependant, il n’est organisé d’élection partielle que dans deux cas : si le nombre de sièges vacants atteint au moins 10, a plus de deux ans de la fin de la législature ou si le nombre de siège vacant atteint un chiffre pour que la majorité parlementaire change. Le coût des élections Si auparavant les élections au Mali demandaient un budget colossal, les trois échéances (législatives, présidentielles et communales) se tenant à  des périodes différentes, les réformes envisagées par la nouvelle constitution permettent de corriger les lacunes en terme d’organisation, de finances, et de représentation de ces élections. De 1992 à  nos jours ont eu lieu 4 grandes élections pluralistes et dont les législatives ont connu sous chaque mandature des élections partielles qui étaient organisées en raison du décès d’un député, et sans tenir compte des coûts exorbitants qu’elles engendraient. Il est inutile d’injecter des gros moyens dans les élections seules au détriment des grandes préoccupations de l’heure afin que les milliards gaspillés soient utilisés à  d’autres fins. En attendant de soumettre ces propositions à  l’approbation de la population, il sied de mener une vaste campagne de sensibilisation pour que chacun puisse choisir librement entre le oui ou le non lors du référendu๠constitutionnel.

Nouvelle Constitution, le baroud d’honneur d’ATT

Si l’on en croit Amadou Toumani Touré (ATT), Président de la République, les maliens voteront par référendum d’ici la fin 2010 pour approuver ou non un projet de nouvelle Constitution. Sur le papier, cela est plutôt séduisant. Le projet doterait le Mali, l’année de ses cinquante ans d’un nouveau texte fondamental, qui garantisse un équilibre institutionnel entre les différents pouvoirs, et corrige les dérives de la Constitution actuelle révélées durant 18 ans de pratique. Création d’un sénat, d’une autorité des l’audiovisuel, et d’une Cour des Comptes, réforme de la Cour Suprême, et réaménagement du pouvoir exécutif, tout y est ou presque. Mais avait-on vraiment besoin d’un Sénat en lieu et place du haut conseil des collectivités territoriales, dont beaucoup reconnaissent l’inutilité ? Alors même que sa suppression est parfois évoquée en France, une démocratie mature, dont la Constitution a servi de modèle à  notre pays, on cherche à  créer une institution supplémentaire, forcément budgétivore dans le contexte actuel. A en croire certains, il s’agit d’un moyen de récompenser des amis politiques, ou de résoudre le chômage en recasant des anciens ministres sur le carreau. Et d’autres interrogations subsistent. Que cache le changement des conditions d’éligibilité du Président de la République ? Cherche-t-on à  éliminer tel ou tel candidat potentiel ? Pourquoi mener une réforme d’une telle ampleur à  la fin d’un dernier mandat, alors que les priorités sociales et économiques ne manquent pas dans le pays ? Même si ces questions ne trouvent pas encore de réponse, l’essentiel est finalement préservé, car on ne devrait pas toucher à  l’article 30, verrou constitutionnel qui limite le nombre de mandat à  deux. Et comme le dit souvent un homme politique influent, ancien premier ministre du Mali, dura lex sed lex. La loi est dure, mais C’’est la loi. ATT a donc décidé de se résoudre à  résister aux charmes des sirènes, et prend ainsi à  contre-pied ses plus farouches détracteurs. Si cette nouvelle loi est votée, le locataire de Koulouba, déjà  à  l’origine de la Constitution de 1992 laissera une trace indélébile dans l’Histoire, là  ou son prédécesseur a échoué. Celle de celui qui aura façonné l’architecture institutionnelle du Mali démocratique.

Constitution Malienne : les limites de la révision

Faut-il réviser la Constitution malienne du 25 février 1992 ? l’expérience démontre qu’une constitution ne peut prétendre à  l’éternité, il est donc sage qu’un pouvoir de révision puisse compléter, actualiser ou même corriger l’oeuvre du constituant originaire, pour lui permettre de résister à  l’épreuve du temps. Mais, il serait déraisonnable que le pouvoir puisse totalement disposer comme il l’entend de la constitution, qu’il puisse défigurer la norme des normes de tout Etat de droit et de démocratie pluraliste . La Constitution malienne du 25 février 1992 ne saurait faire exception Surtout qu’elle présente nombreuses faiblesses comme le constate l’Ancien Premier Ministre et Vice-Président de l’Assemblée Nationale du Mali, Younoussy Touré, dans une interview qu’il avait accordée, le 3 octobre 2007, à  un confrère de la place : « La constitution malienne présente beaucoup d’insuffisances. Ce n’est pas seulement ce problème de nommer le Premier ministre dans la majorité. Il y a le fait également que des institutions importantes comme la Cour des Comptes n’est pas prévue par la constitution alors que tous les pays voisins sont en train de s’acheminer vers l’organisation d’une Cour des Comptes qui permet de faire un contrôle assez strict des Finances publiques. Il y a également d’autres aspects du contrôle qui ne sont pas pris en compte par la constitution… ». De même, le Club perspectives et développement (CPD), lors de son Symposium International tenu les 8 et 9 décembre 2007 au Centre International des Conférences de Bamako, s’est appesanti sur certaines faiblesses de la Démocratie et de l’Etat de Droit au Mali. Autant de faiblesses que le Président d’alors de la République, le Professeur Alpha Oumar Konaré avait déjà  constaté. Aussi, avait-t-il, dès le 22 Octobre 1999, saisi l’Assemblée Nationale d’un projet de loi portant révision de la Constitution du 25 Février 1992, projet de loi d’ailleurs adopté par l’Assemblée Nationale, en sa séance du 21 juillet 2000 par 120 voix pour ; 7 voix contre et 0 abstention. Même si la cour Constitutionnelle l’a finalement déclarée inconstitutionnelle. Révision constitutionnelle, un processus inévitable ? l’Etat étant une continuité, le successeur de l’émérite Professeur Konaré à  la tête de l’Etat malien, le Président ATT est revenu à  la charge. Il a ainsi engagé un processus de révision de la Constitution du 25 février 1992. l’entreprise a démarré avec la mise en place, le 28 février 2008 du Comité Daba Diawara dont le rapport a été publié le 27 novembre 2008.Deux semaines plus tard, le Président de la République a créé le Comité d’Appui aux Réformes Institutionnelles par décret n°08-732 du 11 décembre 2008. Aussi, annonce-t-il pour bientôt une révision constitutionnelle, notamment, dans son adresse à  la nation à  l’occasion du nouvel an 2010 : « à€ l’issue de ce processus de larges concertations, J’ai décidé de soumettre au peuple malien les propositions qui, à  mon sens, peuvent contribuer fortement à  consolider notre démocratie. Dans ce cadre, je prendrai très prochainement l’initiative d’une révision de la Constitution du 25 février 1992. ». La nécessité d’une révision constitutionnelle au Mali n’est donc plus à  démontrer. Ce qui n’empêche pas les Maliens de s’interroger sur les intentions réelles du Président ATT. L’Afrique, laboratoire des révisions constitutionnelles En 1999, le Président Sam Nujoma de la Namibie révise la Constitution de son pays en faveur d’un 3ème mandat en mars 2000. Au Burkina Faso, la modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè, le 11 avril 2000, a permis au Président Blaise Compaoré de se faire élire pour la nième fois à  la tête du pays depuis 1991, une multireélection qui peut le conduire à  se maintenir jusqu’à  2015. Il suffit pour lui de le vouloir. Le 11 novembre 2001, le Président Guinéen Lansana Conté révise l’article 24 de la Constitution le condamnant à  quitter en 2003 le Pouvoir qu’il ne quittera qu’à  sa mort en 2008. Même scénario pour le Tunisien Ben Ali qui a biffé l’article 39 de la Constitution de la Tunisie, le 26 mai 2002. Une manœuvre frauduleuse qui lui permet d’aller au-delà  des trois mandats légaux. En décembre 2002, le Président Gnassingbé Eyadéma se trouvera « obligé » de retailler la Constitution togolaise à  sa seule mesure en vue de se maintenir en 2003, en prenant soin de mettre à  mort son article 59. Non content d’avoir un pouvoir à  lui garanti jusqu’à  2020, aux termes, notamment de l’article 9 de la Constitution gabonaise, le Président Oumar Odingba Bongo a jugé indispensable d’imposer à  son peuple une version améliorée de l’article 9 mettant fin à  toute limitation de mandat pour lui (2003). N’oublions le cas du président Nigérien Mamadou Tandja, récemment déchu et qui a jugé bon d’imposer un référendum à  son peuple en vue de modifier la constitution de son pays à  son avantage. En tout cas, le Président Touré a toujours juré de ne s’en tenir qu’à  ce que la Loi fondamentale exige de lui. Il n’y a pas de raison donc, de ne pas faire confiance en sa bonne foi. Et puis, le Comité Daba Diawara affirme ne point toucher à  l’article 30 de la Constitution limitant à  deux le mandat présidentiel dans notre pays : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à  deux tours. Il n’est rééligible qu’une seule fois. ». Vivement donc la révision constitutionnelle. Quelle constitution pour le Mali aujourd’hui ? Quelle constitution, le Président de la République ATT propose au Mali d’aujourd’hui ? Le discours du président ATT à  l’occasion du nouvel an 2010 ne nous en donne aucune réponse, d’autant plus que celui-ci s’est juste contenté de dire : « …Dans ce cadre, je prendrai très prochainement l’initiative d’une révision de la Constitution du 25 février 1992. Elle sera l’occasion de se prononcer sur d’importantes innovations qui redéfiniront les contours de l’architecture institutionnelle de notre système démocratique pour son meilleur fonctionnement. Il s’agit, entre autres, du réaménagement du pouvoir au sein de l’Exécutif ; de la création d’un Sénat ; de la réorganisation de la Cour suprême, de la Cour constitutionnelle, du Conseil économique, social et culturel, de la Haute cour de justice et du Conseil supérieur de la magistrature ; De la création d’une Cour des comptes et d’un organe unique et indépendant de régulation de l’audiovisuel ; Du renforcement des droits et libertés avec l’extension des attributions du Médiateur de la République ; Et de l’institution du contrôle de constitutionnalité par voie d’exception. ». Et, tout porte à  croire que la révision constitutionnelle, telle que proposée par le Comité Daba Diawara, va plutôt dans le sens du renforcement de la première institution, à  savoir le Président de la République. Or, le Mali n’a vraiment pas besoin de renforcer encore l’institution présidentielle. Le président de la république, une institution forte au Mali D’autant plus qu’au plan institutionnel politique, le Mali vit en régime semi-présidentiel. Un régime semi-présidentiel dans lequel le Président bénéficies de pouvoirs essentiels. En effet, élu au scrutin majoritaire à  deux tours pour un mandat de 5 ans, (renouvelable une seule fois) le Président de la République a le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Et l’on voit à  quel point, le simple fait pour un citoyen d’oser critiquer le moindre acte politique d’un Président peut emmener des concitoyens à  le taxer d’égoà¯ste voire à  le haà¯r pour de bon. Dans tous les cas, point n’est besoin aujourd’hui de renforcer l’institution présidentielle au Mali, mais plutôt celle parlementaire, comme le prouvent à  suffisance toute l’histoire politique de la troisième République ainsi que celle des première et deuxième République qui ont fait la part belle à  l’Exécutif.

Niger : Tandja contre vents et marées

Rappel des faits On se rappelle y a quelques mois, le président nigérien Mamadou Tandja, avait déposé un recours à  la cour suprême, pour la tenue d’un référendum censé le maintenir au pouvoir pendant trois ans. Il expliquait avoir besoin d’un peu plus de temps pour mener à  terme, ses projets de développement. Mais la cour a rejeté sa demande. Il se tournera ensuite vers l’assemblée nationale qui fera la même chose. Ces refus mettront Tandja dans tous ses états et il décidera par conséquent de dissoudre le parlement pour en mettre un autre sur pied. Signalons que son mandat légal a expiré le 22 décembre. Ainsi, le 4 Août dernier, le président Tandja a organisé le référendum qu’il avait demandé et est allé voter lui-même. Il s’est donc attribué un prolongement de trois ans. Expliquant que C’’est le peuple nigérien qui le souhaitait et avait le droit de choisir ce qui est bien pour lui. Signalons que ce référendum a été organisé malgré les sanctions prises par les Nations-Unies, la CEDEAO et l’Union Africaine et l’Union européenne. Sanctions économiques Au lendemain de la fin du mandat légal de Tandja le 22 décembre dernier, les Etats Unis ont suspendu l’aide humanitaire et imposé des restrictions aux déplacements de plusieurs responsables du gouvernement nigérien. Et cela, pour sanctionner le refus de Tandja de ne pas renoncer à  son mandat. Pour couronner le tout, le président américain Barack Obama a exclu le Niger d’un partenariat commercial privilégié avec les Etats-Unies dans le cadre de l’AGOA. Ces sanctions il faut le dire, ont débuté par les coopérations humanitaires entre les deux zones. Ce sont par exemple, les prêts consentis dans le cadre du millénium challenge corporation, l’agence fédérale de lutte contre la pauvreté. Pour un coût total de 23 millions de dollars. Par la suite, il y a eu la suspension des programmes de l’USAID, dépendant directement du département d’Etat dont la contribution s’élevait à  environs 4 millions de dollars cette année. La CEDEAO pour sa part, dit « prendre acte de la fin du mandat de président Tandja » Elle avait elle aussi, pris des sanctions contre l’homme après le référendum du 4 Août dernier. Elle a suspendu le pays de l’instance. Manifestation anti-Tandja à  Niamey l’opposition a pour sa part, organisé une marche de protestation dans la capitale Niamey, pour dénoncer un abus de pouvoir. Cette manifestation a été massivement suivie par des milliers de partisans et sympathisants. Le secteur public en grève Le secteur public a organisé lui aussi, une grève générale largement suivie, selon les différents syndicats de travailleurs. Cette grève s’est tenue le lundi 21 décembre dernier, veille de la fin du mandat légal de Tandja. Les centrales syndicales exigent pour leur part, des augmentations de 50% des salaires et une baisse de des impôts sur les revenus. En tout les cas, la situation est tendue pour Tandja qui subit des pressions de partout. Il tient depuis près de 5 mois, mais jusqu’à  quand encore ?

Tandja et le syndrome du « Grand Homme »

Le cas Tandja Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger, est un exemple vivant du syndrome de « Grand homme ». Il entend porter le nombre de ses mandats constitutionnels de deux à  l’infini. En vertu de la constitution nigérienne, M. Tandja devait se retirer en décembre 2009 lorsque son second mandat présidentiel aurait touché à  sa fin. Mais Tandja souffre du syndrome du « Grand homme » ». Il croit qu’il est le seul homme capable de gouverner le Niger comme médiums spirituels et les Marabouts fétichistes lui ont peut-être suggéré. Tandja symbolise le retour à  la période de l’Afrique des systèmes paranoà¯aques à  parti unique et à  juntes militaires qui ont obscurci la plus grande partie de l’histoire de l’Afrique post-coloniale. Tandja a goûté au pouvoir pour la première fois après un coup d’état en 1974. Du fait de son syndrome du « Grand homme », Tandja est hermétique aux critiques de l’organisme régional de la CEDEAO, de l’Union Africaine, des leaders démocratiques africains, des partis d’opposition, des organisations religieuses, des syndicats et des militants des droits de l’homme ainsi que de la communauté internationale. Tandja est déterminé à  gouverner le Niger à  vie en abandonnant ces limites constitutionnelles aux termes des mandats présidentiels et en étouffant les voix démocratiques. Au Niger, Tandja bouleverse la jeune démocratie du pays (depuis 1999) en s’appropriant en quelque sorte ses principes démocratiques afin de créer un système de présidence autoritaire à  vie à  l’instar de la Guinée de Sékou Touré. La psychologie à  la base de la pensée de Tandja parsème le chemin de l’histoire africaine récente. Elle explique aussi le cas de Jerry Rawlings, qui n’avait pas accédé au pouvoir de manière démocratique, disant aux Ghanéens : « A qui ? » quand on lui a demandé de céder le pouvoir dans les années 1980 pour faire place à  la démocratie. En Sierra Leone, le Président Siaka Stevens a dit au Sierra-Léonais, « Pass I die » (« jusqu’à  ma mort je resterai président ») lorsqu’on lui a demandé la démocratisation. Stevens avait préparé le terrain pour une explosion future de la Sierra Leone. Au Libéria, alors que Samuel Doe venait de saccager un système démocratique balbutiant en instaurant un climat d’extrême autocratie, lui et ses acolytes criaient : «Sans Doe, pas de Libéria ». Doe a fini par éclater le Libéria en morceaux. En règle générale, la culture africaine bien ancrée de la Présidence à  vie révèle que le « Grand homme » gouverne toujours contre les aspirations des masses à  la démocratie et au développement. Mugabe, le diable Le Zimbabwe actuel de Robert Mugabe démontre qu’à  long terme, cette attitude fait des citoyens des cadavres vivants. Mais Tandja n’exploite pas de façon positive l’histoire africaine, la culture, la sagesse, et les tendances actuelles du développement africain. En agissant de la sorte il dit indirectement aux Nigériens et aux Africains « Sans Tandja, pas de Niger … Pass I die … A qui ? ». Depuis l’indépendance le 3 août 1960, les 13 millions de Nigériens pauvres ont vécu sous cinq constitutions et trois périodes de juntes militaires avec en toile de fond des assassinats et la rébellion touareg. Le syndrome africain du « Grand homme» émane de certains éléments de la culture africaine : les médiums et les marabouts fétichistes, les spiritualistes et les sorciers-guérisseurs stimulent les « Grands hommes » lors de rituels spirituels traditionnels de « haut niveau » (avec parfoisdes sacrifices humains) et fournissent des interprétations bien pratiques : Dieu aurait par exemple destiné le « Grand homme » à  régner à  vie. Puisqu’il s’agit d’une activité irrationnelle, la plupart du temps cela se traduit par des catastrophes – en témoignent le Libéria, le Rwanda, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Idéologie et rituels Les fameux rituels fétichistes de Jean-Bedel Bokassa de la République Centrafricaine, qui avaient marqué les esprits, ont sans doute entrainé l’effondrement du pays. Et C’’était le cas du Général Nigérian Sani Abacha friand de pratiques de marabouts fétichistes à  grande échelle dans le but de se transformer en président civil. Le Zaà¯rois Mobutu Sese Seko illustrait lui aussi le syndrome africain du « Grand homme », laissant derrière lui un pays ravagé o๠l’Etat s’est autodétruit. Le syndrome du « Grand homme » est donc incompatible avec la démocratie et le progrès. Quel est donc l’antidote à  ce mal, pour traiter les Tandja et consorts ?

D’une pratique démocratique à une autre (1/2)

Deux faits importants relevés dans l’actualité de ces dernières semaines obligent à  jeter un regard désormais circonspect sur ce qu’est la pratique démocratique d’un pays à  un autre, d’une démocratie à  une autre, d’un dirigeant politique à  un autre, le tout au regard des exigences nouvelles de vertu et de morale politiques nécessaires, à  la construction et la consolidation de toute démocratie. Intéressons-nous d’ abord au premier fait qui nous a interpellés et qui est relatif à  l’actualité politique britannique : le deuxième fera l’ objet d’un second article : Stigmatisé pour son rôle dans le scandale des « notes de frais » des députés, Michael MARTIN, Président de la Chambre du Royaume Uni, a annoncé – de manière lapidaire – qu’il quitterait ses fonctions de speaker le 21 juin prochain. « Afin que l’unité des Communes puisse être maintenue », a-t-il lancé à  ses collègues dans un silence religieux. « Le bureau du speaker est censé symboliser l’intégrité parlementaire, la probité et la loyauté à  travers les siècles », estime le journal The Irish Times, qui constate que l’occupant du poste n’avait d’autre choix que de s’effacer. Une première depuis trois cents ans de pratique démocratique au Royaume Uni ! Le parlementarisme anglais a jusqu’ici, été le modèle par excellence de la pratique démocratique moderne. Cette personnalité Britannique de tout premier plan se voit éclabousser par un vaste scandale lié aux « Notes de frais », ce qui a fait montrer du doigt, le laxisme dans le contrôle des activités parlementaires. En Angleterre, la loi autorise un Député ou un Lord à  se faire rembourser à  concurrence de l’équivalent de £ 24.006 (soit F.CFA 18.267.746, au titre de l’allocation pour sa résidence secondaire. En effet, l’on considère que pour les besoins de leurs activités politiques et parlementaires, les Députés et les Lords ont besoin de se déplacer de leurs circonscriptions à  Londres, siège de Westminster, le parlement anglais. C’’est dans ce cadre qu’ils sont amenés à  acquérir ou à  louer des résidences secondaires devant leur servir de « pied à  terre » londonien. Les dépenses auxquelles sont exposés les parlementaires dans ce cadre-ci sont ainsi mises à  la charge du contribuable anglais, naturellement dans les limites fixées par la loi. Malgré cette stricte limitation de la loi, de nombreux élus anglais ne se sont pas gênés de « forcer la dose » de leurs « dépenses remboursables », en demandant le remboursement de frais aussi variés et hors de propos que : l’entretien de leurs résidences secondaires, l’achat de rouge à  lèvres pour leurs épouses, voire « maitresses », des sacs entiers de fumier pour leurs jardins, le règlement du prix des travaux de réfection de leurs piscines, le remboursement des intérêts de leurs emprunts immobiliers, la location de vidéos pornographiques …, le tout constituant des plaisirs auxquels ne saurait gouter des gens des tropiques. Même si les élus ainsi mis en cause ont accepté de rembourser les montants qui leur ont été indûment remboursés (à  ce jour, environ £ 146.420, soit F.CFA 111.421.511 l’ont déjà  été), la situation est pour le moins cocasse. Difficile, en effet, de se réjouir de l’issue d’une telle situation. Mais, si ces évènements peuvent prêter à  sourire, ils témoignent à  bien des égards des leçons que nous devons tirer pour nos jeunes Nations. s’il faut se réjouir encore de cela, nous pourrions dire que là  bas au moins, lorsque qu’on est pris la main dans le sac, il est mal venu de ne pas remettre ce qu’on a pris dans la caisse. En tant que maliens, imaginons simplement la tête d’un anglais, découvrant que d’importants fonds ont été détournés par un parlementaire de la  »République très très démocratique de Gondwana ». Que ces fonds ont été utilisés pour épouser une cinquième et non moins légitime épouse. Que le parlementaire malien s’est bien empressé de « doter » sa nouvelle épouse au moyen des remboursements de « ses dépenses injustifiées » ? Simple différence de culture démocratique et de mœurs politiques me diriez vous ? Ce que ne manquerait sans doute pas de faire rire un British. Que dire de nos « cousins » les français ? A leur sujet, les analystes politiques s’évertuent en ce moment de savoir si le scandale des « Notes de Frais » était possible en métropole, patrie mère de la démocratie et de la liberté ? A y regarder de plus près, l’on se rend bien compte que même les sujets de sa majesté ne sont pas à  l’abri de la tentation de violer la loi, partant, de soustraire frauduleusement le contenu de la tirelire de sa majesté, le tout avec un « instinct démocratique » simplement perverti. La première leçon qu’il faut tirer de ce scandale au pays de l’habeas corpus est qu’il n’existe et ne peut exister de système d’autorégulation au sein d’une société fermée, quelle qu’elle soit. Partout o๠elle est pratiquée, la démocratie a besoin d’être ouverte et transparente. Le système de contre pouvoir doit toujours être renforcé partout o๠il y a risques évidents de dérives. Face à  l’ampleur du scandale et conscient du désastre politique et de ses conséquences ravageuses, les autorités gouvernementales britanniques ont tout de suite décidé de réagir. Le Premier ministre britannique Gordon BROWN, lui même sévèrement critiqué a ainsi promis des réformes constitutionnelles, dont un projet de loi visant à  retirer aux parlementaires le droit de fixer leurs propres rétributions. Comme il l’a laissé entendre, « Westminster ne peut plus fonctionner comme un club de gentlemen du XIXème siècle dont les membres fixent les règles et se les appliquent à  eux mêmes ». Pour corriger cet état de fait, le Chef du Gouvernement décide de passer du système de « l’auto régulation » à  la « régulation extérieure » par la mise en place d’une autorité indépendante qui sera désormais chargée de « superviser et d’administrer » les « Notes de Frais » des Députés et des Lords. Cette autorité indépendante aura un pouvoir d’enquête et de sanction à  l’égard des récalcitrants. Gageons que cela soit la meilleure réponse à  cette mauvaise pratique démocratique britannique. Mais au-delà  du caractère cocasse d’une telle situation dont se serait bien passé l’actuel gouvernement britannique déjà  mal en point, il ya lieu de saluer et de se réjouir de la performance du quotidien le « Daily Telegraph ». Ce journal -dit-on-, se serait procuré à  prix d’or (entre £ 80.000 et £ 400.000, soit F.CFA 60.877.401 et F.CFA 302.744.191) le listing des remboursements des dépenses des parlementaires anglais, payé entre les mains d’un personnel administratif de Westminster. Il a joué un rôle déterminant dans la dénonciation au grand public du scandale. C’’est là  à  n’en pas douter le véritable rôle et mission que l’on est en droit d’attendre de la presse. Entendons nous bien : notre propos ne vise pas la moralité des moyens utilisés par le journal dans « la captation de l’information ». Nous saluons la capacité de l’organe de presse et sa détermination à  mettre en cause des attitudes, des méthodes et pratiques nocives, lorsque cela est le fait des gouvernants, mais surtout, lorsque cela jure avec les « prescriptions de la loi et de la démocratie », le bon sens qui devrait inspirer et animer les hommes de pouvoir. Aucun système démocratique, fut-il celui de Grande Bretagne n’est à  l’abri des déviances tels que le détournement de deniers publics par la violation de la loi. Mais pour qui connaà®t la démocratie anglaise, cet enchaà®nement d’évènements doit-il réellement surprendre ? Assurément pas ! Les derniers soubresauts de l’actualité politique britannique doivent au contraire être analysés comme une étape supplémentaire dans la pratique démocratique de ce pays. Par rapport à  la France qui procède souvent par flambées de violence révolutionnaire et réformes dans l’urgence, la Grande Bretagne opte souvent pour un pragmatisme politique qui vise précisément à  remédier empiriquement à  des mécontentements avant que ceux-ci ne débouchent sur une contestation plus radicale. D’o๠une progression moins nettement sensible mais graduelle. Tout cela s’enracine parfaitement dans la tradition de l’Habeas corpus et du Bill of Rights qui limitent le pouvoir arbitraire et proclament les libertés fondamentales au regard des dérives de la pratique. La Grande Bretagne est sans doute le meilleur exemple de l’adaptation progressive d’institutions à  l’expérience. Dans toute Démocratie moderne, contre de telles déviances des gouvernants, les citoyens sont en droit d’attendre que les contre pouvoirs soient capables de prendre le relais, d’analyser, d’enquêter et le cas échéant, de donner l’alerte et la riposte s’il y’a lieu. Il y va du renouveau de l’action publique. Il devrait en est de même dans notre démocratie malienne en construction. Plus loin de nous, les choses de la politique paraissent étriquées et complexes se dénouent au moyen du dialogue et de l’échange ; chez nous, les choses les plus simples deviennent fort complexes dès que se noue le dialogue qui devient lui-même très vite dispute. Si les auteurs s’accordent à  dire qu’il y a autant de modèles démocratiques que de pays qui pratiquent la démocratie ; il y a tout de même une leçon à  tirer de chaque modèle. Quoique les pires dictatures se sont tout de même réclamées de ce système aussi. Mais il est courant de dire que la démocratie est le moins mauvais des systèmes. C’’est d’autant plus vrai que C’’est le seul système capable de permettre dans une large mesure, l’exercice du droit, de la justice, la participation, la responsabilité, le pluralisme, la solidarité du groupe pour assurer la cohésion sociale. Autres endroits autres pratiques démocratiques !