Lutte contre la corruption : Changer de méthode

Loin d’être efficace, la lutte contre la corruption au Mali semble plutôt se caractériser par le laxisme, qui crée la banalisation du phénomène. Au point que chacun devient sinon auteur, au moins complice du fléau. Malgré l’existence de plusieurs structures dédiées à la lutte contre elle, la corruption continue de prendre de l’ampleur, avec de nombreuses conséquences sur les comportements individuels et collectifs. Alors que certains préconisent une application stricte de la loi, d’autres suggèrent une redéfinition du concept en fonction de nos réalités sociologiques, afin d’adapter les méthodes de lutte.

« Il y a une clarification qui s’impose. Dans le sens général, la corruption est un phénomène que nous vivons à tous les niveaux. Mais il faut distinguer différentes formes et prendre en compte la dimension sociologique, c’est-à-dire comment nous la définissons. Généralement, quand on évoque la corruption, on se réfère au niveau des institutions de l’État, par exemple. La définition, la perception, les modes de gestion  ou même de répression sont présentés sous l’angle  de l’approche générale occidentale, étrangère », relève le Professeur Ibrahim N’Diaye, chercheur et Directeur du centre d’études multipolaire « Do kayidara ». Alors qu’à partir de ce point de vue il existe d’autres « formes de corruption », qui, dans notre approche sociologique, n’en, sont pas, ajoute le chercheur. Ainsi, certaines pratiques, comme le « woro songo » (littéralement le prix de la noix de cola en bamanan), autrefois « exécutées » avec des noix des colas ou encore des poulets, sont aujourd’hui monétarisées.

Les dépenses ainsi effectuées lors de missions ou au cours d’opérations administratives  peuvent-elles être qualifiées d’actes de corruption ?

Codifier nos pratiques

Lorsqu’un usager du service public donne de l’argent à l’agent administratif qui lui a établi un acte, fait-il de la corruption ? Oui, si l’agent conditionne la délivrance de l’acte au paiement d’une somme d’argent. Mais lorsque l’usager estime qu’il est de son devoir de « faire un geste envers la personne qui a l’âge de sa mère, de sa tante ou de sa sœur, qui peut formuler des bénédictions pour lui », fait-il pour autant de la corruption ? C’est une dimension sociologique importante dans le contexte malien, selon le Professeur N’Diaye.

« Un travail d’analyse » s’impose, qui doit s’inscrire dans la durée. En effet, il faut par exemple qu’au niveau de chaque grande communauté, de « nouveaux codes soient définis », parce que les anciens ne sont plus valables.

Tant que les méthodes de lutte et la définition de la corruption seront des concepts étrangers au corps social, qui ne s’y reconnaît pas, la lutte contre la corruption au Mali restera un vain mot, parce que nous ne mettrons pas en phase nos pratiques avec nos lois. Et ceci sans aucun complexe. C’est à nous de dire quelles valeurs nous reconnaissons et voulons préserver.  Ainsi, au lieu d’une « caisse noire » dont l’existence est justifiée pour certaines institutions et certains ministères, il faut tout simplement instaurer un système « transparent », à partir duquel les lois prévoiront les allocations faites en fonction des besoins. Les fonds ainsi budgétisés seront « légitimement et le plus officiellement du monde » consommés, ajoute le Professeur N’Diaye.

Malheureusement, c’est au phénomène contraire que nous assistons, avec la consommation de fonds non budgétisés. Et, dans une forme d’hypocrisie généralisée, nous continuons d’encourager « la farce » de la lutte contre la corruption.

Des outils inadaptés

Si chaque pays connaît ses problèmes de corruption, les moyens de lutte contre le phénomène ne peuvent être efficaces que si les lois sont conformes au style de vie de chaque Nation. Ainsi, nous devons, selon le chercheur, regarder en face nos réalités et adapter nos lois à notre éthique sociale, car les « outils étrangers » sont incapables de gérer nos « profils sociologiques ».

Ainsi, parmi les institutions « budgétivores », seul le Bureau du Vérificateur Général (BVG) peut répondre aux attentes, à condition d’être « redimensionné ». En effet, le chercheur préconise la création de BVG autonomes dans toutes les régions. Cette autonomie supposera un droit de regard, de contrôle et de sanction sur les services aussi bien publics que privés.

Plus que les institutions, ce sont les méthodes qui doivent changer pour que la lutte contre la corruption puisse aboutir. En principe, si la corruption existe dans la société malienne, c’est parce que nous sommes en porte à  faux avec nos valeurs, reconnaît M. Mohamed Ben Chérif Diabaté, traditionnaliste, chercheur et fondateur du Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (RECOTRADE Mali). La société malienne a même construit des mécanismes pour éviter la corruption. En effet, les premières constructions n’avaient même pas de portes, parce qu’il « n’y avait pas de vols », explique M. Diabaté. Et, malgré les évolutions de la société malienne, celle-ci a toujours mis en place des mécanismes destinés « à protéger les individus contre les vices ». Donc le « vol et la corruption n’avaient pas leur place ».

Mais l’effritement de ces valeurs suite à l’abandon de notre système éducatif traditionnel a entraîné l’apparition de plusieurs phénomènes, dont celui de la corruption. Pour combattre ce fléau, la première action est une mise  en synergie des institutions officielles chargées de lutter contre la corruption, qui doivent être réunies. « Sans complexe de supériorité », il faut accepter de confronter les systèmes traditionnels existants aux structures de l’État. Parce que ce sont « les structures informelles » qui représentent la population qui « nourrissent les structures formelles », souligne M. Diabaté. Il importe donc de leur donner la parole. Et, pour défendre des valeurs, il ne faut pas « des clubs créés de toutes pièces » et censés représenter la société civile, mais de vrais représentants, suggère M. Diabaté.

Mais combattre un système qui semble avoir pris le pas sur toutes les convictions ou valeurs n’est possible que lorsque tous les maillons de la chaîne fonctionnent convenablement.

La justice, maillon faible ?

Déterminée à mener la lutte contre le phénomène, la plateforme de lutte contre le chômage et la corruption s’engage à entreprendre des actions à long terme. Malgré la médiation menée par le RECOTRADE entre le Président du CNPM et celui de la Cour suprême, elle affirme que la « lutte ne fait que commencer ». Prévoyant de « constituer des dossiers pour déposer des plaintes collectives », elle prône de mener cependant les poursuites seulement « en cas de faits avérés ». Une démarche périlleuse et même inefficace, selon le chercheur Ibrahim N’Diaye. En effet, le système judiciaire, qui est l’ultime étape du processus de lutte, est tellement corrompu que les efforts de lutte sont voués à l’échec.

Il faut donc, même à ce niveau, envisager des « mécanismes traditionnels » et réécrire nos lois en fonction de ceux-ci, indique M. N’Diaye.

Revenir aux fondamentaux signifie l’application stricte de la loi, selon le Docteur Lassana Traoré, économiste. Même s’il reconnaît que « les mesures institutionnelles ne suffisent pas et qu’il faut éduquer les citoyens avec des règles de base et d’éthique », M. Traoré ajoute que « l’un des vrais problèmes, c’est la justice ». Et c’est le système politique qui a aggravé cette situation, en assurant la promotion d’un certain nombre de valeurs non reconnues par la société, ajoute M. Traoré. À cela s’ajoute « la faiblesse » de l’État, qui n’a même pas réussi à faire appliquer les dispositions relatives à la déclaration de leurs biens par les fonctionnaires.

La corruption n’est en tout cas pas une fatalité et nous avons les moyens de la combattre efficacement. Sans revenir vers le passé, nous pouvons cependant y puiser des mécanismes de gestion des hommes et des ressources, parce que nous « avons construit trois grands empires », relève M. Ibrahim N’Diaye. Il nous faut nous inspirer de principes qui sont immuables, conclut-il.

16 morts et 299 familles sinistrées après la pluie du 16 mai à Bamako

16 morts et 299 familles sinistrées après la pluie qui est tombée sur la ville de Bamako dans la nuit du 15 au 16 mai 2019. Les autorités informées de cette situation se sont mobilisées pour porter secours aux familles avant de leurs traduire leur désolation et leur soutien. Plus de précisions dans cet entretien avec le Lieutenant colonel Bakary Dao, Directeur régional de la protection civile du district de Bamako.

Les sinistrés et les opérations de secours

 

Opérations de ratissage et de secours jusqu’au soir du 16 mai 2019 étaient en cours dans les différents quartiers touchées par les inondations à Bamako.

Rap malien : La nouvelle génération

Ils sont les nouveaux visages du rap malien. Leurs textes détonnent, leurs rythmes font bouger et leurs noms résonnent très haut.

Aujourd’hui plus que jamais la relève du rap malien est bien en place grâce à de jeunes acteurs qui entendent jouer leur partition pour le développement et la pérennisation de la culture urbaine.

De son vrai nom Cheick Abba Touré, 2BTO King est l’un des rappeurs les plus prolifiques des cinq dernières années. Il compte déjà plusieurs productions, deux mixtapes (Siento Elemento et Paramilitaire), un album (Outro), un double album (Dopamine), paru le 1er janvier 2019, et plusieurs singles.

Le rap, 2BTO est tombé dedans grâce à un logiciel de composition musicale. Ce fut le début de l’aventure qui le conduira à fonder le collectif « Pyramide Gang » avec d’autres rappeurs, notamment Malian Marley et Youg Malik.

Ses textes percutants et réfléchis racontent sa vie et les problèmes liés à l’éducation, au chômage, à la vie de la Nation, avec un regard de « ghetto man ».

Les chansons de 2BTO King sont une invite à l’évasion et à la réflexion, avec des lyrics qui font tantôt danser, tantôt penser, mais qui sont toujours sensés.

Quoi de neuf Docteur ?

Autre talent et parcours similaire, Amadou Kébé, plus connu sous le nom de Dr Keb, est aussi l’un des rappeurs les plus en vue au Mali.

Alors que rien ou presque ne le destinait à embrasser une carrière musicale, Dr Keb découvrit le rap dans son Kadiolo natal (Région de Sikasso), grâce à son grand frère qui pratiquait cet art.

Il débutera sa carrière avec le collectif Ghetto Black Boys. Venu à Bamako en 2010 dans le cadre de sa formation universitaire, il décide de se lancer en solo.

Le grand public le découvrit en 2015, grâce au single « Peace and Love », qui le propulse au rang d’étoile montante. Il sort en 2017 son premier album, 2 Face, mélange de rap conscient et d’égo-trip dans lequel il dépeint les tares de la société.

Dans ses hits « Mariama » et « Mamadou et Bineta », Dr Keb évoque des sujets de société, notamment les familles qui rendent impossibles certaines relations amoureuses. Travailleur acharné, il lance sa mixtape LMCMV (Let Me Celebrate My Victory), un discours de motivation à l’endroit de la jeunesse

À eux deux, 2BTO King et Dr Keb représentent ce qui se fait de mieux actuellement en matière de rap au Mali. Leur notoriété grandissante leur a ouvert la voie vers plusieurs grandes scènes, y compris dans la sous-région.

Coupe du monde U-20 : Le Mali ambitieux

La phase finale est enclenchée. Dans un peu moins de dix jours, le Mali fera son entrée en lice à la Coupe du monde U-20 face au Panama. Une équipe a priori à la portée des joueurs de Mamoutou Kané Mourlé, mais dont il faudra néanmoins se méfier. Lors de la CONCACAF 2018, les Canaleros n’ont encaissé que 3 buts en 5 matchs, en inscrivant 17. C’est une formation qui se signale par la justesse de son jeu de passe, 90,1% de taux de réussite. Dans nos colonnes, en février dernier, le sélectionneur national adjoint des Aiglons, Birama Konaté, affichait clairement les ambitions du Mali dans cette compétition : faire mieux que les 3èmes places décrochées en 1999 et 2015. Pour cela, l’équipe devra engranger un capital confiance durant le premier tour, selon le consultant sportif Mohamed Soumaré. « L’équipe a toutes les chances de se qualifier. Au pire en tant que meilleure troisième et au mieux à l’une des deux premières places. Nous jouons le Panama et l’Arabie Saoudite (championne d’Asie) en premier. Le Mali peut donc être qualifié à l’issue de ces deux rencontres ». Le leadership du groupe devrait donc disputer entre Maliens et Français lors du dernier match de poule. « J’ai quelques informations sur le Mali, qui est une très belle équipe, avec beaucoup d’atouts offensifs. Parmi les équipes africaines, le Mali fait partie des favorites », commentait le sélectionneur français Bernard Diomède quelques heures après le tirage au sort.

Pragmatisme

Pour faire un parcours honorable en Pologne, la sélection malienne va miser sur ce qui fait sa force : son pragmatisme. « Lors de la CAN, en dépit de nombreux problèmes, l’équipe a montré qu’elle avait du caractère. Ce sera très important dans les matchs à élimination directe », affirme Soumaré. Mourlé a réussi à inculquer à ses joueurs la hargne de vaincre qui les a mené sur le toit de l’Afrique. Même si l’adversité sera tout autre, l’ancien gardien de but international a foi en ses joueurs. « Le mérite revient aux garçons », confiait-il après le sacre à la CAN. Sa liste n’a pas encore été officiellement communiquée mais ne devrait pas contenir de changements. Mourlé fera confiance à ceux qui ont offert au Mali son premier trophée chez les U-20.

Procès Sanogo : Une affaire oubliée ?

Depuis son arrestation, le 23 novembre 2013, l’ex-chef putschiste du 22 mars 2012, le général Amadou Haya Sanogo, est en  prison à Selingué. L’ancien patron du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), accusé « d’enlèvement, d’assassinat et de complicité d’assassinat » dans l’affaire des bérets rouges, a comparu une première fois devant les juges, à Sikasso, le 30 novembre 2016. La récente nomination de Me Malick  Coulibaly, présenté comme chantre de la lutte pour les droits de l’Homme au ministère de la justice pourra-t-elle briser le statu quo ?

« Nous réclamons le jugement, mais, à défaut de cela, pourquoi ne pas négocier avec les victimes ? Nous avons vu des pays qui ont eu des cas plus graves que le nôtre, mais ils ont pu trouver des solutions. Je pense qu’il y a juste un manque de volonté », s’impatiente le colonel major à la retraite Soungalo Coulibaly, père d’un des bérets rouges assassinés. Pour la manifestation de la vérité, il intègre très tôt  l’association des parents des bérets rouges disparus. En décembre 2013, après plusieurs investigations, 21 corps ont été découverts, probablement des bérets rouges, dans un charnier à Diago, près de Kati. Son fils, auquel il avait parlé alors qu’il était détenu par des éléments de Sanogo, ferait partie des victimes.

Après six ans d’attente, le colonel major à la retraite espère que la nomination de Malick Coulibaly au département de la Justice relancera ce dossier, tant attendu. « Je ne peux pas rester comme ça, bien que j’ai de la peine à trainer mes compagnons d’armes devant un tribunal. Mais je suis obligé de le faire en tant que  partie civile », insiste-t-il. Le retour de Malick Coulibaly au ministère de la Justice, poste qu’il avait déjà occupé sous la transition de 2012, fait naitre de forts espoirs quant à la reprise du procès. « C’est quelqu’un que je sais à cheval sur le respect des droits de l’Homme, mais aussi surtout les dépassements de séjour en prison. La loi dit trois ans pour les crimes et Sanogo en est déjà à six ans sans jugement. Cela n’est pas admissible », martèle le Dr Abdourahmane Maiga, commissaire à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH). Selon lui, il urge que la justice se fasse, et pour les victimes et pour les accusés. « S’il ne le fait pas dans les trois mois à venir, nous allons lui demander pourquoi, non parce qu’il est Malick, mais parce qu’il est le ministre de la Justice », annonce-t-il.

Pour les victimes et les accusés

Dans cette longue attente, les victimes ne sont pas les seules à plaider pour que la justice passe. Les droits de l’accusé Sanogo semblent également être piétinés. « Quand quelqu’un est en prison, sa femme et ses enfants aussi sont emprisonnés, d’une manière ou d’une autre. Il n’est pas condamné mais sa femme ne le voit pas, ses enfants non plus. On viole leurs droits », continue de dénoncer le Dr Abdourahmane Maiga, Président de la sous-commission promotion à la CNDH. Pour le politologue Mamadou Sissoko, la lenteur doit être liée à des difficultés juridiques. « Le procès Sanogo dépend-il de la situation politique ou de difficultés juridiques ? Politiquement, rien ne s’oppose à ce que Sanogo soit jugé. S’il n’a pas pu l’être à Sikasso, c’est parce qu’il y a eu des difficultés juridiques soulevées par les avocats », souligne-t-il. Parmi celles-ci figure notamment la demande d’expertise génétique des corps des victimes. Pourtant, le colonel major à la retraite Soungalo Coulibaly assure qu’il y a bien eu une expertise, menée sans l’aval des autorités de l’époque. « Il y a eu des tests ADN, mais le tribunal de Sikasso a estimé que ceux qui avaient fait ces tests n’étaient pas habilités par les autorités maliennes. Or, à cette époque c’étaient Amadou Haya Sanogo et ses hommes qui étaient les autorités », rapporte le colonel major. Depuis le report de 2016, c’est le statu quo. « La partie civile est en droit aujourd’hui d’exiger le règlement de cette affaire. Cela permettra à certaines personnes de faire leur deuil, mais aussi de comprendre ce qui s’est passé. Il est également dans l’intérêt des inculpés que la vérité soit dite », souhaite le politologue. L’un des avocats de Sanogo, que nous avons contacté, n’a pas souhaité s’exprimer sur l’affaire.

Les défis du nouveau gouvernement

Ils sont nombreux les défis qui attendent le gouvernement de Boubou Cissé rendu public le 5 mai 2019. Même si la question de la sécurité reste lancinante au Nord et au Centre du pays, celle sur l’éducation est aussi préoccupante au regard des grèves enchaînées ces derniers mois. A la veille des examens officiels, l’inquiétude des apprenants et des parents a toujours un regard hagard fixé à l’horizon des solutions.

24h après la formation du nouveau gouvernement, le premier ministre a tenu un premier conseil de cabinet durant lequel il a enjoint à ses membres d’œuvrer à éviter une année blanche et à garantir une meilleure justice.

D’autres préoccupations sociales comme les coupures d’eau et délestages invitent le nouveau gouvernement à repenser notre modèle économique dans un contexte qui est le notre afin d’anticiper et d’optimiser en termes de rendement dans différents secteurs économiques.

Au rang des défis, lutter contre l’urbanisation galopante afin de sortir de l’anarchie architecturale dans nos grandes villes s’inscrit comme une urgence progressive dans laquelle ce gouvernement et ceux à venir doivent pleinement s’investir. Il est d’ailleurs important sinon vital de repenser notre environnement tout en le préservant pour les générations futures. De façon progressive, une vision plus éclairée sur la question pourra certainement voir le jour pour plus de civisme.

Biodiversité : Une Charte de plus ?

À l’occasion du G7 Environnement de Metz (France), les 5 et 6 mai 2019, la France, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni et l’Union Européenne, que le Chili, les îles Fidji, le Gabon, le Mexique, le Niger et la Norvège, en présence de l’Égypte, ont adopté une « Charte de Metz sur la biodiversité ». C’est un engagement à lutter pour la conservation de la biodiversité par des actions concrètes. Mais vu le climato-scepticisme de Donald Trump and co et les intérêts économiques mondialisés, n’est-il déjà pas trop tard?

Selon la terminologie consacrée, la Charte s’articule autour de trois axes principaux : « accélérer les efforts pour lutter contre l’érosion de la biodiversité; encourager la participation d’autres acteurs et parties prenantes et appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 ». Un programme ambitieux, mais très certainement irréalisable à l’horizon évoqué, comme beaucoup d’autres agendas adoptés ces dernières années en matière de « préservation de notre planète ».

Car la première « Évaluation mondiale de l’état de la nature et des biens et services qu’elle fournit à l’humanité », présentée par l’IPBES (Acronyme anglais de Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) le 4 mai 2019, dresse un constat alarmant. Et les dégâts qu’elle liste semblent dans leur grande majorité irréversibles.

« La nature décline de façon globale et à des rythmes sans précédent dans l’histoire humaine », dit l’IPBES. Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur Terre, 1 million est désormais menacé d’extinction. Depuis le 16ème siècle, au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu. Entre 1990 et 2015, 290 millions d’hectares de forêts primaires ont disparu à travers la planète et plus de 85% des zones humides qui existaient dans les années 1700 n’existaient plus en 2000.

En Afrique, ce sont plus de la moitié des espèces d’oiseaux et de mammifères qui seront perdues d’ici 2100. Les forêts et les terres boisées recouvrent 23 % de la surface terrestre du continent et les terres arables 27%, dont environ un cinquième est actuellement cultivé. Le reste se compose de savanes, prairies, zones arides et déserts.

Le continent africain représente 20,2% de la surface terrestre mais abrite 25% des espèces de mammifères, dont la grande diversité de grands mammifères. On y trouve également un cinquième des espèces d’oiseaux et au moins un sixième des espèces de plantes.

L’Afrique, ce sont 369 zones humides d’importance internationale (sites Ramsar), 142 sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, 1 255 zones importantes pour la conservation des oiseaux et la biodiversité et 158 sites où se trouvent des espèces menacées ou gravement menacées d’extinction. Le continent compte par ailleurs 8 des 36 points chauds de la biodiversité recensés dans le monde.

Même si la Plateforme biodiversité met en avant les services rendus, nourriture, énergie, médecine, matériaux, dont les humains ne sont pas toujours conscients, surtout dans les pays dits développés, et les atouts dont dispose l’Afrique, plus proche dans ses modes de vie de sa nature, il n’empêche que les trois-quarts de l’environnement terrestre et environ deux-tiers du milieu marin ont été significativement modifiés par l’homme. Plus d’un tiers de la surface terrestre et trois-quarts des ressources en eau douce sont désormais destinées à l’agriculture ou à l’élevage.

En cause la déforestation, les industries extractives, la destruction des habitats, l’industrialisation de l’agriculture, l’utilisation massive de pesticides, la dégradation des sols, la surpêche, la surpopulation humaine, le changement climatique, les déchets plastiques et l’étalement urbain.

Et il n’est pas utopique de penser que, quels que soient les engagements que les dirigeants mondiaux vont signer, et dont on peut être sûrs qu’ils mettront du temps à être « financés » et « mis en œuvre », cf Copenhague et Paris, l’irréversibilité des dégradations n’augure rien de bon ! Si les pays africains n’y prennent garde, ils paieront encore une fois les pots cassés de la « mondialisation heureuse » dont leurs territoires sont en voie de devenir le principal terrain de jeu.

UFOA-B/Football-Dames: le Mali humilie le Niger (12-0) dans la poule B

Le Mali a pulvérisé le Niger sur le score fleuve de 12-0 en match comptant pour la poule B du tournoi de l’Union des fédérations ouest- africaines (UFOA) zone B de football Dames joué, jeudi soir, au Parc des Sports de Treichville.La boulimie offensive des Maliennes a commencé par l’ouverture du  score par Bassirou Touré (1-0; 13è) sur pénalty avant d’inscrire trois  buts supplémentaires (25è, 65è et 79è) pour s’offrir un quadruplé. C’est  à juste qu’elle a été élue meilleure joueuse de la rencontre.

Fatoumata  Doumbia, auteure d’un triplé (50è, 59è et 73è), Salimata Diarra avec  son doublé (47è et 54ê), Binta Diarra (16è), Aguéhicha Diaara (68è) et  Alla Tata (83è) sont les autres bourreaux des Nigériennes sous l’oeillet  vigilant de l’arbitre ivoirienne Zomandré Sonia.

Classement après la 1ère journée

Poule A

1 Côte d’Ivoire    3pts+5

2 Ghana           3pts+2

3 Sénégal         0pt-2

4 Togo              0pt-5

Poule B

1 Mali            3pts+12

2 Nigéria       3pts+4

3 Burkina       0pt-4

4 Niger           0pt-12

« Jigisemejiri » : Les apports du programme dans le cercle de Kita

Les responsables du  programme des filets sociaux « Jigisemejiri » ont organisé le jeudi 2 mai 2019, en collaboration avec le comité local de coordination, une visite de terrain de la presse  dans le cercle de Kita.  Au total,  4 Villages de 2 communes ont été visités, avec dans chaque localité, des témoignages gratifiants des bénéficiaires sur les apports du programme dans leurs vies.

Le programme « Jigisemejiri » intervient dans 12 communes sur les 33 que compte le cercle de Kita. Il s’agit de Benkadi-Founia, Kita-Ouest, Bendougouba, Kokofata, Boudofo, Tambaga, Makono, Gadougoul, Koulou, Koutouba, Kita Urbain et Kita-Nord.

Mais pour cette visite, seuls les deux premiers communes étaient concernées, à savoir celles de Benkadi-Founia et Kita-Ouest qui renferment respectivement les villages de Founia-moribougou et Doumba ainsi que Kofeba et Madila.

Concernant les grandes réalisations du programme « Jigisemejiri » dans le cercle de Kita, d’importants travaux sont à souligner.

Pour le volet des transferts monétaires, 2709 personnes en ont bénéficié dans 11 communes pour un montant global de 975.240.000 FCFA, après trois ans de mise en œuvre.

Quant aux mesures d’accompagnements, plusieurs campagnes de sensibilisation sur les thèmes tels que l’utilisation judicieuse des transferts monétaires, l’allaitement maternel exclusif, l’hygiène et l’assainissement ont été menées à l’endroit des populations bénéficiaires.

Le volet PNP (Paquet Nutritionnel Préventif) dont l’objectif principal est de contribuer à la prévention de la malnutrition a ciblé les enfants de 6 à 59 mois, les femmes enceintes et celles allaitants. Dans ce cadre, quatre distributions ont été réalisées dans 50% des communes de Gadougoul et Kita Ouest.

334 bénéficiaires des transferts monétaires dans les communes de Benkadi-Founia et Kokofata  ont également bénéficié des AGR (Activités Génératrices de Revenus) de type maraichage, élevage, aviculture et commerce, pour un montant total de 40.080.000 FCFA.

Enfin, pour le volet HIMO (Travaux de Hautes intensité de Main d’œuvre), 40 micro-projets impliquant 2000 bénéficiaires ont été retenus dans  les communes de Kita-Ouest, Tambanga, Benkadi-Founia et Kita nord.

« L’intervention du programme « jigisemejiri » dans le cercle de Kita est à saluer. Depuis son arrivée à maintenant,, il a permis de réduire considérablement le niveau de pauvreté de certaines populations dans le cercle », se réjouit Boubacar Diarra, président du comité de coordination locale du programme « Jigisemejiri » dans le cercle de Kita.

 

 

Appréciations des bénéficiaires

Les populations bénéficiaires des localités visités ont tous témoigné des apports du programme « jigisemejiri » et de son impact sur leur bien-être.

«  Je ne saurai remercier assez Jigisemejiri. C’est grâce à ce programme que j’ai pu commencer mon jardin avec les 120.000 reçus. Les bénéfices que je fais me permettent de garder ma dignité de chef de famille et cela évite à mes enfants de se jeter dans des aventures en traversant la mer », confie Makadian Keita, maraicher dans le village de Doumba.

« J’ai commencé l’élevage grâce à l’appui de « Jigisemejiri ». Cela marche très bien pour moi. J’arrive à payer la scolarité de mes enfants, j’assure mes nourritures journalières et je parviens à soigner ma famille »,  témoigne Fatoumata Souko. Pour elle, « Jigisemejiri » lui a apporté une aide capitale et elle demande que l’ensemble du village puisse en  bénéficier d’avantage.

Le programme « Jigisemejiri », c’est aussi des mesures d’accompagnements  qui visent les changements de comportements des populations.

« Jigisemejiri » nous a enseigné comment bien entretenir nos familles, être propre, bien éduquer nos enfants et leur établir une acte de naissance », affirme Mamadou Keita.

« Nous demandons à « Jiisemejiri » de continuer par nous aider, nous les femmes allaitants. Nous leur remercions de leur générosité. La poudre qu’on nous distribué pour la bouillie nous aide beaucoup. Même quand l’enfant pleure et que nous lui en donnons, il se calme immédiatement », déclare Matou Souko, femme allaitant du village de Madila.

Le programme « Jigisemejiri » ou « Arbre de l’espoir » est une réponse de la Banque mondiale au gouvernement malien en 2013 pour lutter contre l’extrême pauvreté à travers le Mali. Il est financé par la Banque Mondiale à hauteur de 35 milliards FCFA et a pour objectif majeur de répondre aux besoins immédiats et permanents des ménages en pauvreté chronique et en vulnérabilité.

Ramadan 2019 : S’adapter à la forte chaleur

C’est le 4ème pilier de l’Islam. L’observation scrupuleuse du jeûne durant le mois béni du Ramadan est obligatoire pour chaque musulman en bonne santé. Mais la période  de forte chaleur qui coïncide cette année encore avec ce mois rend le jeûne particulièrement éprouvant. Les thermomètres s’affolent et la chaleur est de plus en plus suffocante. C’est dans ces conditions que les fidèles du Mali doivent s’abstenir de manger et de boire de l’aube au coucher du soleil 30 jours durant. Au-delà de la dimension de foi que revêt ce mois de privation, des mesures doivent être prises pour s’adapter à la chaleur et maintenir son corps en bonne santé.

« En cette période de forte chaleur, c’est très difficile de jeûner. C’est la foi qui doit nous accompagner. Celui qui en a peut tout braver et jeûner dans la facilité. Mais sans la foi, c’est très difficile d’y parvenir », confie Djigui Keita, un fidèle musulman.

Mais, pour cet enseignant de profession, l’astuce pour tenir durant le mois de Ramadan est toute simple. « Chaque mois, les gens doivent se préparer pour le jeûne. Il y a des jours où, même s’il n’est pas obligatoire de jeûner, quand on s’y met on s’adapte aux conditions de jeûne avant l’arrivée du mois de Ramadan », indique-t-il.

Comme lui, Bamba, un autre fidèle qui observe le jeûne, reconnait la difficulté de la tâche dans un contexte de hausse des températures. Pour s’adapter à la chaleur durant ce mois, il a pris des dispositions à sa manière. « J’ai acheté beaucoup de pots de fleurs que j’ai disposés partout à la maison. En haut, j’ai un espace aménagé avec beaucoup de ces pots. Cela me permet de me soulager un peu de la chaleur », relève cet informaticien.

Mais si les uns et les autres s’emploient à tenir tant bien que mal face à la chaleur durant le mois de Ramadan, sur le plan médical, les spécialistes conseillent certaines mesures pour passer le mieux possible cette période.

Mesures sanitaires

« Le matin, avant de commencer le jeûne, il faut prendre des aliments qui ne vont pas nécessiter beaucoup d’eau. C’est extrêmement important », note Dr. Boubacar Niaré, médecin de famille et généraliste. « Lors de la rupture, il est  tout aussi important de ne pas commencer avec de l’eau, mais plutôt avec quelque chose de chaud et de le boire à petits coups et non en grande quantité d’un trait », préconise-t-il.

Par ailleurs, selon le Dr Harouna Konaté, médecin de campagne, il faut éviter de prendre de l’eau très glacée à la rupture, parce que l’organisme ne l’assimile pas très vite et surtout réduire également les déplacements sous le soleil. « La température avoisine les 40 degrés et le vent est chaud. Si on passe toute la journée sans boire, il est important de diminuer le maximum possible les activités qui font perdre beaucoup de sueur », souligne le médecin.

« Il faut extrêmement faire attention, parce que le risque de déshydratation est réel. C’est pourquoi, à la rupture du jeûne, il faut boire autant que possible de l’eau, pour permettre à l’organisme de s’hydrater et prendre des aliments sucrés, parce qu’on aura  perdu beaucoup de sucre », précise t-il.

Même si la forte chaleur a un impact sur le corps humain, surtout en cette période de jeûne, elle n’en est pas moins supportable pour un organisme en bonne santé. Aussi, jeûner dans une période de chaleur ne présenterait aucun inconvénient pour les fidèles musulmans, selon les spécialistes de la santé.

« Pour un être humain en bonne santé, il a été démontré que 12 heures sans manger ni boire n’est pas aussi alarmant que cela. Mais l’organisme a juste besoin d’eau dans cette période de chaleur pour tenir », assure Dr Niaré.

Toutefois, la manière de s’hydrater importe aussi, car, selon le médecin, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, prendre une grande quantité d’eau le matin dans l’optique d’en conserver toute la journée, n’est pas conseillé en réalité. « Il faut continuer à prendre la quantité normale après avoir fini de manger le matin. Quand on boit trop, l’organisme fera tout pour faire ressortir le surplus après 1 ou 2h de temps, parce qu’il a besoin d’équilibre », explique celui qui conseille également du lait frais pour entamer le jeûne.

« Prendre un demi-bol ou un bol de lait frais après avoir fini de manger le matin fera beaucoup de bien à l’organisme, parce que le lait est reconnu comme aliment complet », dit-il.

Toujours sur le plan de l’alimentation durant le mois de Ramadan, les médecins préconisent un certain nombre de mesures aux personnes qui jeûnent afin de pouvoir garder le cap.

« À l’aube, il faut prendre des aliments qui contiennent du sucre lent et des protéines. Comme on doit passer au moins 12 h de temps sans rien manger, on en a besoin pour ne pas tomber en hypoglycémie avant la fin de la journée », recommande Dr Boubacar Niaré. Pour lui, il est également important de limiter les dépenses énergétiques durant la journée, surtout en cette période de forte chaleur.

Concernant les personnes âgées et celles qui souffrent de maladies chroniques, il  n’est pas complètement interdit de jeûner, même dans une  période de températures élevées comme c’est le cas cette année, selon les spécialistes de la santé.

Mais elles doivent prioritairement demander l’avis de leurs médecins, bien  comprendre comment s’y prendre et surtout ne pas forcer. « Quant aux personnes qui souffrent d’hypertension artérielle et de diabète et qui suivent un traitement, elles doivent également échanger avec leurs médecins pour adapter les heures de prises des médicaments à la nouvelle donne », indique Dr Harouna Konaté.

Qu’en dit l’Islam ?

Au plan religieux, il n’existe pas de recommandations formelles pour concilier jeûne et chaleur. En clair, aucune condition naturelle, aussi difficile soit-elle, ne doit empêcher un fidèle musulman en bonne santé de jeûner. « Il n’existe pas de mesures contre la chaleur et elle n’a rien à avoir avec le jeûne », affirme un fidèle.

« Le Coran n’évoque pas précisément le rapport entre la période du Ramadan et la chaleur. Mais le Prophète (PSL) en a parlé », pointe Mamadi Karabenta, Imam d’une mosquée au quartier Hippodrome II, à Bamako. « Cette période de forte chaleur arrive deux fois dans l’année, selon le Prophète (PSL) et pendant ces moments les musulmans doivent se sacrifier à Allah à travers le jeûne et la prière », explique l’Imam.

À l’en croire, le Prophète Mahomet (PSL) avait adressé des conseils aux fidèles musulmans pour s’adapter aux conditions de jeûne, aussi difficiles puissent-elles être, dont surtout « la patience pour supporter les épreuves du jeûne afin qu’Allah puisse pardonner leurs péchés ».

Selon M. Karabenta, à la suite du Prophète (PSL), des guides musulmans ont également prodigué des conseils à l’endroit de l’ensemble de la communauté musulmane à travers le monde, à suivre durant le mois de Ramadan.

« Il s’agit entre autres de faire rapidement la rupture du jeûne, dès que le soleil se couche, avant même l’appel de la prière », souligne l’Imam. « Celui qui jeûne peut aussi verser de l’eau sur le corps aux moments de grande chaleur. Il peut même mettre de l’eau dans sa bouche, sans l’avaler, quand elle devient trop sèche », ajoute t-il.

Même s’il est particulièrement difficile pour les fidèles musulmans de se plier au jeûne durant ce mois de Ramadan qui coïncide avec la période de grande chaleur, l’abnégation de la foi et l’observation de certaines mesures peuvent les aider à traverser dans de bonnes conditions physiques et spirituelles ce moment important dans l’Islam.

« Il faut avant tout supplier le Bon Dieu de nous faciliter le jeûne, quelles que soient les conditions naturelles auxquelles nous sommes soumis », conclut Djigui Keita.

Gouvernement : Autopsie d’une équipe hétérogène

La liste du gouvernement de large ouverture a été révélée le dimanche 5 mai, après plus de dix jours d’attente. C’est une équipe de 38 ministres, avec des figures politiques de l’opposition et de la majorité. Revue des troupes.

Au bout de l’attente, un gouvernement de 38 ministres, après d’intenses concertations ayant abouti à un accord politique. Dans cette équipe, des personnalités jusque-là opposées au pouvoir et des figures qui ont déjà fait leurs preuves. Si certains ont été reconduits, il y a plusieurs entrées. Certains ministères ont tout simplement changé d’appellation, alors que le Premier ministre cumule son poste avec l’Économie et les finances, avec une ministre déléguée au Budget. « Il y a dans ce gouvernement des hommes et femmes valables de par leur passé, comme le ministre de la Justice et d’autres », note Dr Aly Tounkara, sociologue et professeur à la faculté des Sciences humaines et des sciences de l’éducation. Il note aussi la présence de certains ministres à qui sont « reprochées certaines pratiques à un moment donné, même si elles n’ont pas été prouvées par un travail judicaire ». Deux secrétariats d’État sont les nouveautés quelque peu inédites de ce gouvernement. Un auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Promotion et de l’intégration de l’enseignement bilingue, et l’autre auprès du ministère de l’Agriculture.

Prises de guerre ?

Pour mener à bien les réformes nécessaires à l’évolution de l’histoire démocratique du pays, le choix des certains hommes de l’opposition a aussi primé. L’effervescent  Président du Parena, Tiebilé Dramé se retrouve aux Affaires étrangères, alors que son camarade du Front pour la sauvegarde de la démocratie FSD, Pr Oumar Hamadoun Dicko, prend le portefeuille du Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique. L’autre entrée de taille est celle de l’Honorable Amadou Thiam, à qui revient le ministère des Réformes institutionnelles et des relations avec la société civile. Dans un pays en proie à l’insécurité et à une opaque distribution de la justice, la venue du général de division Ibrahim Dahirou Dembelé à la tête du département de la Défense et celle de Me Malick Coulibaly au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des sceaux, soulagent certains observateurs. Pour le politologue Ballan Diakité, le Premier ministre Boubou Cissé « aurait pu mettre en place un gouvernement de technocrates. Des hommes avec un programme et une feuille de route à mettre à exécution au bout de deux ou trois ans, pour ensuite évaluer les résultats de leur travail ».

HCI : Les dessous du congrès

Le 21 avril, à la suite d’un consensus, Ousmane Chérif Madani Haidara est devenu le nouveau Président du Haut conseil islamique du Mali. Pour y parvenir, les négociations furent longues et délicates et les protagonistes difficiles à convaincre.

Quinze jours avant le congrès du Haut conseil islamique, le Groupement des leaders religieux reçoit, chez son Président, Ousmane Madani Haidara, l’Union nationale des femmes musulmanes. Dans le salon du guide religieux, les dames tentent de le convaincre. En mission depuis deux mois, elles ont rencontré toutes les autres associations susceptibles de présenter un candidat pour le congrès. Objectif, éviter une élection qui se déciderait au vote et, par extension, de « possibles divergences ». Afin de se faire entendre, elles brandissent la menace d’un boycott du vote si un consensus autour d’un candidat n’est pas trouvé d’ici là. Convaincus par le plaidoyer, une rencontre est décidée quelques jours plus tard entre Thierno Hady Thiam, du Groupement des leaders religieux, Aboubacar Camara, de la Ligue des imams du Mali (LIMAMA) et Mohamed Traoré, Président de l’Association des prédicateurs. Un aparté inédit entre  des membres de tendances présentées comme opposées (Tidjanis – Wahabites). « Nous sommes responsable devant Dieu. Nous devions nous effacer, oublier les tendances. Il n’y a qu’un seul Islam, c’est la pensée islamique qui diffère », raconte Thiam, aujourd’hui deuxième Vice-président du HCI. « Le pays avait beaucoup de problèmes, nous ne voulions pas en rajouter ». S’ensuivent deux premières réunions, pour instaurer un climat de confiance entre les deux groupes. Sept réunions en tout, qui se sont pour la plupart étirées tard dans la nuit, ont été nécessaires pour rassembler les différents points de vue. Entre les deux premières et la toute dernière, le groupe de négociation, qui s’était entre temps élargi, avait réussi à convaincre la plupart des protagonistes. Soufi Bilal mis à part. Ce dernier, candidat à la présidence et qui n’était avec aucune des deux entités, s’est dit opposé à l’accord. Selon l’une des personnes présentes aux négociations, le poste de sixième Vice-président qui lui avait été proposé ne lui convenait pas. Mais, à la dernière minute, selon Hady Thiam, se rendant compte de son handicap face à cette alliance inattendue, le guide de la communauté soufi décidera de se retirer en échange de la fonction de Président du Poste de contrôle. Plus rien ne pouvait donc s’opposer à la victoire de Chérif Ousmane Haidara. Tout nouveau Président, le guide des Ancar a assuré devant l’assistance n’avoir jamais demandé cet honneur, mais y avoir été contraint par ses admirateurs.

Oui, non, oui

Le Groupement des leaders religieux confie avoir décidé depuis un moment de faire de Haidara son candidat. Informé des intentions de l’association, le leader religieux aurait accueilli la nouvelle avec froideur. Néanmoins, honoré de la marque d’attention de ses collaborateurs, il a accepté sous conditions. Avant le meeting du 10 février du l’ancien Président Mahmoud Dicko, durant lequel il était absent, son représentant, à l’évocation du nom de Haidara, avait été conspué. À son insu, quelques jours avant le congrès, lors du dépôt des candidatures, l’un de ses collaborateurs en déposait une à son nom. Courroucé, il reçut une délégation du groupement dans une ambiance lourde. Cette dernière arrivera tout de même à le convaincre, en présentant la situation comme irrévocable. « C’est Dieu qui t’a choisi, tu ne peux plus refuser », lui dira-t-on.  Ce à quoi Haidara a rétorqué « je vous fais confiance ».

Ousmane Chérif Madani Haidara : « L’Islam est au-dessus de la politique »

À la tête du Haut conseil islamique (HCI) depuis le 21 avril, le guide religieux Ousmane Chérif Madani Haidara se fixe comme objectif de voir tous les musulmans du Mali unis. Dans cet entretien, il nous parle de sa mission au HCI, de ses relations avec Mahmoud Dicko et le gouvernement et du début controversé du mois de Ramadan cette année.

Vous avez été élu Président du Haut conseil islamique le 21 avril. Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

La première de mes missions, avec mes collaborateurs, est de voir quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les musulmans du Mali. Nous allons y remédier en premier lieu, afin qu’ils parlent d’une seule et même voix, sans aucune distinction de tendance. Faire en sorte que tous les musulmans du Mali soient unis, rassemblés. Si nous arrivons à nous entendre et à nous comprendre, le reste suivra.

Une tournée est annoncée dans toutes les régions du Mali, même dans des zones peu sécurisées. Êtes-vous prêt à y aller tout de même ?

Le Haut conseil est dans toutes les régions. C’est aux représentations de nous dire si nous pouvons ou pas nous déplacer dans tel ou tel lieu. Mais si on est prêt à nous recevoir, où que ce soit nous irons.

Le Haut conseil a été fortement politisé durant le précédent mandat. Comment comptez-vous le dépolitisez ?

L’Islam est au-dessus de la politique. L’Islam est le chemin vers Dieu, la politique est une composante de ce monde. Être un très bon serviteur de Dieu est mieux qu’être le Président d’un État. Nous, nous mettons l’Islam au-dessus de tout. Nous ne pouvons pas galvauder l’Islam au point que Dieu soit déçu. Nous ne le ferons jamais.

Dans une récente déclaration, vous affirmiez être en bons termes avec Mahmoud Dicko. Pourtant, le porte-parole de ce dernier, Issa Kaou Djim, a assuré qu’ils ne reconnaitraient pas le nouveau bureau du HCI…

Il est libre de dire ce qu’il veut. Tout le monde l’est. Cela ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c’est que les musulmans soient unis. Après, les gens peuvent dire ce qu’ils veulent.

Comment comptez-vous assumer conjointement les présidences du Haut conseil, du Groupement des leaders religieux et d’Ançar dine ?

Je ne suis pas à la tête des Ançar, je n’en suis pas membre non plus. L’association a été créée pour moi, pour m’aider, mais je ne la gère pas. Pour ce qui concerne le Groupement des leaders religieux, il n’est pas possible de cumuler la présidence du Haut conseil avec une autre. De fait, je ne suis donc plus président du groupement. J’en suis membre néanmoins. Aucune association ne m’empêchera de faire mon travail, je ne suis à la tête d’aucune.

Vous disiez pourtant ne pas avoir le temps…

Ceux qui m’ont porté à la tête du Haut conseil m’ont fait des promesses. Ils m’ont dit nous allons t’aider. Les difficultés qui se présenteront, nous t’assisterons pour y faire face. C’est leur promesse et je crois en eux.

Le mois de Ramadan a débuté cette année dans la confusion. L’annonce de l’apparition de la lune s’est faite très tardivement et certains ont même mis en doute la véracité de l’information…

Cela nous étonne. La lune ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu. Il y a une commission chargée de la chercher. Cette commission est composée des Touré, des Niaré, des Dravé (familles fondatrices). Au-delà presque toutes les grandes associations sont représentées et il faut y ajouter des policiers, gendarmes, députés, maires. C’est une quarantaine de personnes qui sont désignées pour chercher la lune et si elle la trouve, d’informer la population. La direction est confiée aux imams qui sont dans la commission, le tout sous l’autorité du gouvernement. Autrefois cela se faisait au ministère de l’Administration territoriale, nous avons demandé à ce que l’autorité soit transférée au ministère du Culte. Si la commission voit la lune, elle le déclare, sinon elle attend que les nouvelles lui parviennent grâce aux numéros diffusés partout au Mali. Si la lune apparait quelque part, la personne qui la voit est tenue d’aller voir le commandant, avec des témoins, et le commandant appelle le ministère pour l’informer. Supposons qu’on voit la lune dans un petit village de la région de Ségou. Il sera difficile pour les villageois d’avoir accès à nos autorités. Ils doivent d’abord passer par le maire. Ensuite, accompagnés de ce dernier, ils iront voir le commandant. Même s’ils voient la lune et qu’ils appellent pour le dire, la commission ne pourra rien annoncer. Elle demandera à ce qu’ils préviennent le commandant. C’est lui qui fait les identifications, qui recueille les témoignages et qui appelle la commission pour l’avertir. Des fois, vous pouvez attendre une heure, voire deux heures, du matin sans avoir d’information. À mon sens, ceux qui vont chercher la lune pour informer les gens sans aucune rétribution, les musulmans devraient leur dire merci, parce qu’ils s’impliquent pour tous. Il faut que les gens fassent preuve de retenue. Si la commission ne voit pas la lune et qu’elle n’a pas non plus les informations, que peut-elle faire si ce n’est attendre ? Maintenant, pour celui qui n’est pas d’accord avec ça, tu jeûnes ou tu choisis de ne pas jeûner. Les musulmans ne sauraient mentir à qui que ce soit. Ils veillent pour avoir des informations crédibles avant de les diffuser. Dans la nuit de samedi à dimanche, je n’y étais pas. La commission a cherché la lune, elle ne l’a elle-même pas trouvée. Mais elle a reçu des échos sur le fait que la lune était apparue quelque part. Il a été demandé à ces personnes d’aller voir les autorités et l’imam, afin qu’ils identifient le témoin en premier lieu. Dans le village en question, il n’avait pas de téléphone. Ils ont envoyé un message depuis un RAC (poste radio émetteur – récepteur) au ministère de l’Administration territoriale. Le temps que les agents finissent de recevoir le message, de le traiter et de l’envoyer au ministère des Affaires religieuses, il était deux heures du matin. Les musulmans étaient déjà rentrés chez eux.  Le commandant de la zone a même été obligé d’aller réveiller tous les membres de la commission pour confirmation avant d’affirmer par la suite avec certitude que la lune était apparue et de transmettre l’information à Bamako. Nous ne pouvons transmettre l’information comme cela, sans avoir des garanties. C’est pour cela que l’annonce a été faite en retard. Que les gens sachent que ce retard est dû à la vérification. Ils attendent l’information et même si c’est tardif ils sont obligés de la passer. Ils se sont rendus à la télévision, mais elle était déjà fermée. C’est la radio qui les a reçus.

Certains vous accusent d’être à la solde du gouvernement et de faire le jeu du pouvoir. Que répondez-vous à ces accusations ?

Tous les Maliens sont avec le gouvernement. Dans le cas contraire, tu quittes le Mali. Nous sommes tous ici, nous avons un Président, c’est IBK. Il est le président de nous tous. Je ne sais pas quel sens donner à ces accusations. Que ces personnes avancent leurs arguments. Je n’ai jamais de ma vie demandé de voter pour qui que ce soit. Vous connaissez tous ceux qui font ces demandes. Je suis chez moi, je ne me mêle pas de politique, aucun membre de ma famille non plus. En quoi serais-je à la solde du gouvernement ? Je n’ai ni arme, ni bâton, mais quand les dirigeants se trompent, je le leur dis. Nous ne prenons pas d’argent aux gens pour raconter n’importe quoi. Notre foi nous suffit et, grâce à Dieu, Haidara se suffit à lui-même. C’est moi qui travaille pour les autorités et non le contraire. J’ai construit six hôpitaux au Mali. Mes Ancar répondent à mes désirs et je suis fier de cela. Je n’habite pas dans une maison qui appartient aux autorités et je ne mange pas grâce à elles. Je dirai donc mes quatre vérités jusqu’à ma mort.

La zone de libre- échange continentale entre en vigueur le 30 mai prochain

Les dirigeants africains l’ont décidé! La ZLEC (Zone de libre-échange continentale) ouvre ses portes pour une nouvelle étape du projet le 30 mai 2019. L’accord ratifié par 22 pays de l’Union Africaine se concrétise. Les jours à venir, l’accent va être mis sur le mode opérationnel du projet à Kigali.

Avec un produit intérieur brut estimé à 2,5 milliards de dollars  et un marché de 1,5 milliard de personnes, l’Afrique pourrait devenir la plus grande zone de libre-échange dans le monde avec la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale (ZLEC).  Signé le 21 mars 2018 par 49 pays membres de l’Union Africaine, à la date du 29 avril 2019,  22 pays ont ratifié l’accord en permettant ainsi au projet qui est né en 2012 et qui a pris corps il ya un peu plus d’un an à Kigali, d’entrer en vigueur le 30 mai 2019.

La concrétisation de la ZLEC va permettre de dynamiser le commerce panafricain. Selon  la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), ce marché considéré comme le plus grand depuis la création de l’Organisation mondiale du Commerce pourrait  accroître les échanges commerciaux intra-africains de 52,3 % par an, au moment où les flux commerciaux intra-africains ne dépassent pas 16% et que les échanges avec l’Europe sont estimés à 70%.

Par ailleurs, des analystes estiment que si le pic des attentes n’est pas réalisé à l’immédiat, la suppression des barrières non tarifaires, l’abaissement des droits de douanes et la simplification des procédures aux frontières des pays membres de la ZLEC pourront contribuer à augmenter les échanges intra-africains de 15 à 25% du commerce total du continent une décennie après le lancement du projet.

A noter que la phase opérationnelle du projet sera lancée lors du prochain sommet des Chefs d’états et de gouvernements  de l’Union Africaine en juillet 2019.

 

Partis politiques : Faire face à la prolifération

Près de 200 partis politiques existent au Mali, selon les chiffres  du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Mais, sur ce nombre, seuls quelques uns émergent du lot et sont représentatifs sur l’échiquier politique national. Face à cette prolifération, qui s’accentue, des voix s’élèvent de plus en plus pour une meilleure régulation des regroupements politiques.

Si le vent du multipartisme qui a soufflé sur le pays dans les années 90 a contribué à l’émergence d’un pluralisme salué dans le  débat politique, il a également favorisé la floraison des partis politiques, dont la plupart, sans réelles ambitions de conquête et d’exercice du pouvoir, s’activent plutôt pour d’autres intérêts.

« Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment d’idéologie politique au service d’une vision. Cela a conduit à une privatisation de l’action politique, en ce sens qu’il n’y a pas de vrai militantisme. Les gens n’adhèrent plus aux partis par conviction », estime Isaac Dakono, coordinateur par intérim de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique Mali (ARGA- Mali).

Durcir les conditions ?

« Personne ne veut être dirigé par un autre et, comme notre Constitution le permet, chacun crée son propre parti politique », constate Cheick Diallo, deuxième Secrétaire à l’administration du bureau politique national de l’ASMA CFP. Pour arrêter la prolifération, il faut selon lui que l’État mette en place des pré requis pour la création des partis politiques.

« Il faut étudier la moralité de ceux qui créent les partis politiques et exiger que les leaders aient un certain niveau intellectuel. Ce serait bien également de placer très haut le montant financier requis pour la demande de récépissé », propose M. Diallo, car, soutient-il, la crise politique que connait le Mali est l’une des conséquences de cette prolifération des formations politiques.

« Un parti politique doit être représentatif sur toute l’étendue du territoire et non seulement dans une région. Le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation doit veiller au respect de l’ensemble des critères avant de délivrer le récépissé », souligne Mme Maiga Oumou Dembélé, porte-parole du Cadre de concertation des femmes des partis politiques du Mali.

Mais, pour M. Dakono, même s’il n’est pas mauvais d’avoir plusieurs partis politiques dans une démocratie représentative, la question essentielle est au niveau de leur mission. « Cette pluralité peut être envisagée sous forme d’indicateur en démocratie et la conquête ainsi que l’exercice du pouvoir doivent y ressortir », conclut-il.

Lassa : La cité Rasta

Appelé Colline de l’espoir par ses habitants, Lassa, quartier situé en Commune IV du District de Bamako, est unique en son genre. Site éloigné du bouillonnement urbain et perché à 500 mètres d’altitude, l’endroit aurait été défriché par des chasseurs de girafes à l’ère Soundiata Keita. Aujourd’hui, il fait le bonheur de la communauté Rasta du Mali, qui y a élu domicile en nombre.

Le quartier  s’apparente à un « paradis terrestre », ce « Zion » tant recherché par les Rastas. Le temps y coule calmement, loin du brouhaha des autres quartiers de Bamako. Au départ, c’était uniquement un refuge pour les Rastas, mais depuis quelques années des familles s’y installent peu à peu, bénéficiant, à défaut de grandes structures, d’une vue exceptionnelle sur le fleuve Niger.

« Par rapport aux nombreuses stigmatisations dont ont souffert les Rastas par rapport à la méconnaissance totale du rastafarisme à l’époque, nous avons décidé de venir à Lassa, parce que c’est une colline. La colline inspire le maquis et le maquis, c’est là où nous nous réfugions », explique Ras Charlie, Président du Mouvement Rastafari du Mali (Mourasma).

Contrairement à la perception qu’ont beaucoup de personnes à l’extérieur du quartier, Lassa n’est pas un coin dangereux où « l’herbe est fumée à outrance ». « C’est un coin où il y a de la fraternité, où les gens vivent ensemble. C’est un gros village paisible dans la capitale », relève Hadja Fanta Diabaté, artiste.

Sauvegarder la philosophie rasta

Lassa est connu au-delà du Mali, plusieurs noms du mouvement rasta à travers le monde y ayant séjourné, notamment Takana Zion de Guinée et d’autres venus de la France. Aujourd’hui, le quartier continue d’attirer les adeptes du rastafarisme.

« C’est un lieu où je viens me reposer et passer du temps. Ici, vous pouvez écouter de la musique comme çà, en plein air. Le quartier est empreint de la culture malienne », témoignait en 2018 un fan français de reggae en visite sur les lieux.

Depuis l’année dernière, pour ancrer encore plus le rastafarisme à Lassa, l’association Farrawo, dirigée par l’artiste Roots Phéno, a initié le Festival international de Lassa, véritable occasion d’hommage à Bob Marley et de communion entre artistes venus de la sous-région.

« Nous avons souhaité rendre hommage à Bob Marley ici, à Lassa, parce qu’il symbolise plus que le reggae. C’est plus que de la musique, c’est un message, un appel à l’amour, à la paix et à l’unité », souligne le reggaeman.

Attaque au centre du Mali : trois assaillants tués et trois soldats blessés

Une attaque visant le poste de sécurité de Diankabou, au centre du Mali, a fait trois morts chez les assaillants et trois blessés parmi les forces de sécurité, a appris APA lundi auprès du ministère de la Défense.« Le poste de sécurité de Diankabou a été attaqué tôt ce matin, 6 mai 2019 (…)  les forces armées maliennes déplorent 3 blessés », mais elles ont pu abattre trois  « terroristes », sans compter la saisie de plusieurs « armes de guerre », souligne la source.

Pour sa part, l’armée dit avoir procédé dimanche à des frappes aériennes dans la forêt de Wagadou, située non loin de la frontière mauritanienne, et soutient avoir « détruit une base terroriste ».

Aucun bilan chiffré n’est pour le moment annoncé, même si l’armée signale que « les fouilles terrestres en cours permettront une évaluation des pertes subies par les terroristes ».

Dr Boubou Cissé nommé Premier ministre

Par un décret lu à la télévision ce lundi 22 avril, Dr Boubou Cissé est nommé Premier ministre en remplacement de Soumeylou Boubeye Maiga qui a démissionné le jeudi 18 avril.

« Le Président de la République a chargé Docteur Boubou CISSE de former une nouvelle équipe gouvernementale dans l’esprit des conclusions de ses consultations avec les forces politiques de la majorité et de l’opposition » précise le décret.

Économiste de formation et ex directeur par intérim du bureau de la banque mondiale à Niamey au Niger en 2012, Dr Boubou Cissé, 45 ans figure dans le gouvernement l’avènement au pouvoir de Ibrahim Boubacar Keita en 2013.

Banque: le Groupe marocain BCP affiche ses ambitions pour le Mali à un forum économique

Le groupe marocain Banque centrale populaire (BCP) a affiché ses ambitions pour le Mali au cours d’un Forum économique dédié au financement des chaînes de valeurs agricoles, tenu le 12 avril 2019, à Bamako, selon une note transmise à APA dimanche soir.A cette occasion, le Groupe BCP a également lancé plusieurs initiatives inédites, notamment au profit des écosystèmes agricoles et miniers, du secteur privé ou encore de la microfinance et du mobile banking.

Le groupe  BCP consolide ainsi sa vision globale qui s’appuie sur des choix structurants permettant de soutenir activement le financement des économies et l’accompagnement des projets à fort impact social.

Fortement impliqué dans le développement socio-économique du Continent, le groupe bancaire veut renforcer, à travers sa filiale Banque Atlantique, son rôle d’acteur bancaire de premier plan au Mali, en organisant ce forum économique dédié au financement des chaînes de valeur agricoles.

Ces différents rendez-vous institutionnels ont été rehaussés par la présence effective de plusieurs membres du gouvernement malien, de l’ambassadeur du Royaume du Maroc au Mali ainsi que de plusieurs personnalités locales.

M. Kamal Mokdad, directeur général de la BCP et de l’International, était présent à ce Forum économique portant sur les défis du financement des chaînes de valeurs agricoles, au cours duquel un panel de haut niveau a permis de partager le modèle innovant introduit pour soutenir les initiatives locales structurantes.

Ces initiatives devraient permettre d’intégrer toute la chaîne de valeur en vue de proposer des produits de financements adaptés à chaque intervenant, de l’agriculteur à l’exportateur, en passant par les fournisseurs d’intrants, les coopératives, les transporteurs, et les unités de transformation.

Réaffirmant son soutien à l’accompagnement multidimensionnel des entreprises, le groupe BCP a procédé à la signature de plusieurs conventions en marge de ce Forum, destinées à financer les besoins d’investissement et d’exploitation, ainsi que des opérations de croissance externe de trois entreprises locales pour plus de 76 milliards de FCFA.

Il a par ailleurs confirmé sa forte volonté de renforcer l’accompagnement de l’économie malienne dans sa dynamique d’émergence autour de trois piliers principaux, à savoir le soutien au programme étatique, l’appui au secteur privé et le développement d’une offre digitale enrichie à destination des particuliers notamment de la classe moyenne émergente au Mali. 

« Les ambitions du groupe BCP au Mali sont en phase avec les priorités des autorités locales, déclinées dans le programme gouvernemental 2018-2023. Les initiatives lancées permettent ainsi d’accompagner de manière efficiente l’élan de développement sur des thématiques centrales »,  a déclaré M. Kamal Mokdad.

Ces thématiques, soulignera-t-il, sont «  le financement des chaînes de valeur agricoles et de la TPE/PME, le financement des infrastructures durables et de l’éducation, le développement de la microfinance et du mobile banking, ou encore le soutien à l’entreprenariat et l’accompagnement de la diaspora ».

Le Groupe a aussi conçu des solutions innovantes pour soutenir l’entreprenariat et le secteur privé malien, moteur de la croissance et partenaire stratégique de premier plan. Dans cette optique, Banque Atlantique, une de ses filiales, a récemment lancé « Atlantique leasing », son offre de crédit-bail dédiée aux TPE et PME.

Atlantique Microfinance accompagne de son côté les structures informelles, les micro-entreprises et les Très petites entreprises (TPE) dans leurs projets professionnels, ainsi que les particuliers à revenus plus faibles via Atlantique Cash.

 Banque Atlantique est le 3ème plus grand groupe bancaire de la zone UEMOA (Union économique et monétaire Ouest-africaine) en termes de parts de marché. Elle est présente dans les huit pays de l’Union : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo.

Mali : neuf morts dans le chavirement d’une pirogue

Le chavirement d’une pirogue a fait, dimanche, neuf morts au nord de Bamako, la capitale malienne, informe un communiqué du ministère des Transports reçu lundi à APA.Selon notre source, les victimes étaient des nomades qui venaient à Markala, une localité située à quelque 270 kilomètres au nord de Bamako. « C’est en traversant le fleuve pour la foire hebdomadaire de Markala qui se tient tous les dimanches que leur embarcation a chaviré. Le bilan provisoire est de neuf morts dont six femmes et trois hommes », rapporte le ministère des Transports.

Mali : cinq suspects arrêtés suite aux tueries d’Ogossagou

Cinq suspects ont été arrêtés vendredi dans le cadre de l’enquête sur les tueries d’Ogossagou du 23 mars 2019 qui ont fait 160 morts, ont annoncé samedi à APA plusieurs sources.Elles ne précisent pas les circonstances de ces arrestations, mais  renseignent que les suspects ont été répertoriés parmi les blessés acheminés à l’hôpital. Après leur arrestation, ils ont été transférés à Bamako.

Leur arrestation vendredi a coïncidé avec le début du deuil national de trois jours  décrété par le gouvernement en hommage aux victimes.

Affaire des bérets rouges : les parents des militaires assassinés dénoncent la lenteur du procès

Les parents des victimes dans l’affaire dite des 21 militaires bérets rouges, disparus en 2012 et dont les corps ont été retrouvés dans un charnier près de Bamako, dénoncent, dans un communiqué reçu mercredi à APA, la lenteur du procés ouvert à ce sujet.« Depuis le renvoi du procès en décembre 2016 à Sikasso, le dossier n’a pas évolué. Seulement, le test ADN qui fut l’objet du renvoi a été effectué en début 2017 et les résultats qui étaient attendus 45 jours après, même s’ils sont tombés, nous ne sommes pas informés depuis 2 ans. C’est cela qui nous impatiente et nous ne savons pas ce qui se passe », déplore Yacouba Dembélé, secrétaire générale de l’Association des parents des 21 bérets rouges tués.

Ces 21 militaires ont été assassinés en 2012. Le général Amadou Haya Sanogo, chef de l’ex-junte de 2012 après le coup d’Etat du régime d’Amadou Toumani Touré, et beaucoup de ses camarades sont inculpés depuis.

Mais leur procès, ouvert en fin 2016, a été suspendu pour une expertise d’ADN complémentaire sur les restes des 21 militaires.

Ces derniers furent arrêtés par des éléments du général Sanogo, aujourd’hui en détention, après une tentative échouée de renverser la junte qu’il dirigeait. Ils seront retrouvés morts dans un charnier quelques mois plus tard.

« Nous ne comprenons pas le silence des autorités. C’est un manque de volonté des autorités qui ne veulent pas que ce dossier aille jusqu’au bout », dénonce Yacouba Dembélé qui, au nom des parents des victimes, demande la « reprise immédiate du procès ».

Transformer l’Afrique de l’Ouest à travers « l’or blanc »

Au fil des années, les économies d’Afrique de l’ouest sont devenues une force incontournable sur tout le continent. Une grande partie de la tendance ascendante de ces économies a été alimentée par des facteurs clés tels que la liberté de circulation dans la région et le commerce transfrontalier. L’impact a été considérable ; des pays comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, par exemple, devraient connaître une croissance de 7% et d’autres comme le Ghana, de 9%.

Dans certains pays, l’industrie cotonnière est déjà en plein essor et il est significatif de noter que sur les 12 principaux pays africains producteurs de coton, 8 sont situés en Afrique de l’Ouest. En novembre 2017, les 4 principaux pays producteurs de coton de la région, co-auteurs de l’initiative sectorielle en faveur du coton également appelés « C4 » (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad), ont demandé à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) d’accroître son aide pour améliorer la production de coton. Le C4 a spécifiquement demandé un soutien pour augmenter sa capacité de transformation locale et développer les chaînes de valeur (du coton au textile) dans la région.

 

Cela a suscité un regain d’intérêt de la part d’acteurs internationaux tels que la Société internationale islamique pour le financement du commerce (ITFC), notamment pour développer des interventions clés visant à améliorer la productivité du coton et à valoriser la production cotonnière par le renforcement des capacités, le transfert des connaissances et le commerce des collaborations.

Depuis une décennie, ITFC intervient activement pour soutenir la transformation et la fabrication du coton sur ces marchés en finançant la fourniture des intrants agricoles nécessaires et en achetant le coton graine (ou « coton brut ») directement auprès des agriculteurs et des coopératives pour le transformer en fibre avant l’exportation. Ce faisant, les producteurs de coton sont en mesure de réduire plus rapidement leurs bénéfices. À ce jour, l’ITFC a approuvé 21 opérations de financement d’une valeur de 1,4 milliard de dollars US dans le secteur du coton en Afrique de l’Ouest. Il a également mis en place des programmes visant à développer des liens commerciaux directs entre les pays exportateurs de coton, en particulier entre les pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest et les pays importateurs de coton du Sud-Est.

Reconnaissant que la chaîne de valeur du coton offre d’énormes possibilités pour l’émergence d’un secteur des PME jeune et innovant, l’ITFC a récemment lancé le Programme de développement des PME en Afrique de l’Ouest, destiné à assurer un meilleur accès au financement. Le programme, qui ciblera les pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) – à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo – sera complété par le renforcement des capacités et la formation de PME et banques partenaires pour améliorer la bancabilité de leurs projets. Les implications pour les PME du secteur du coton et de sa chaîne de valeur en particulier devraient être énormes, en raison notamment de la sophistication croissante de l’écosystème cotonnier en Afrique de l’Ouest.

Les investissements dans des secteurs tels que le commerce du coton sont essentiels au développement économique des économies ouest-africaines. Il s’agit d’une industrie gigantesque dont les exportations sont en croissance et qui, en tant que telle, offre d’énormes possibilités dans la chaîne de valeur du coton pour la croissance des PME, la création d’emplois, la source de devises et une économie durable axée sur les exportations dans la région.

Aujourd’hui, la plupart des pays du C4 – le Bénin, le Burkina Faso et le Mali – ont réalisé de réels progrès et représentent l’avenir de la production de coton sur le continent. Bien que le secteur continue à faire face à des défis au niveau des réformes institutionnelles et politiques, on ne peut nier que de grands progrès ont été réalisés grâce à des interventions stratégiques d’entités telles que ITFC.

 

IBK regrette « profondément » les contestations nées de sa réélection

Le président malien Ibrahim Boubacar a déclaré, samedi à Bamako, qu’il regrettait « profondément » le fait que les résultats de l’élection présidentielle dont il est sorti gagnant au deuxième tour « n’aient pas été acceptés par tous » ses concurrents, un constat qui ne l’empêche, toutefois pas, de se poser en rassembleur qui a toujours « la main tendue ». »J’aurais souhaité que ces résultats de la présidentielle soient acceptés par tous afin que nous puissions consacrer nos énergies et nos intelligences à surmonter les adversités qu’affronte notre pays. Mes vœux n’ont pas été exhaussés. Je le regrette profondément », a notamment affirmé le président Keita dans son discours à la Nation à l’occasion des festivités du 58eme anniversaire de l’indépendance du pays qui étaient couplées à son investiture pour un second quinquennat à la tête du Mali.

Faisant allusion sans le nommer au candidat malheureux du second tour, Soumaila Cissé, qui se dit vainqueur du scrutin du 12 août dernier, il a martelé : « n’est pas démocrate qui veut. On n’est pas démocrate seulement quand on gagne. »

Hier vendredi, les partisans de Soumaila Cissé ont manifesté contre la réélection d’IBK.

Dans un élan de dépassement, Ibrahim Boubacar Keita a souligné qu’il avait la «main tendue » en direction de tous ses compatriotes car il est le président de tous les « Maliens » et de toutes les « Maliennes ». Partant de là, il a promis de « rassembler et de fédérer », posture que lui confère son « obligation d’écoute. »

C’était la première fois que le président Ibrahim Boubacar Keita s’exprimait publiquement sur les contestations de rue entretenues par l’opposition contre sa réélection, depuis la proclamation des résultats définitifs du second tour de la présidentielle.

Ce discours à la Nation de Ibrahim Boubacar Keita a été suivi d’un défilé militaire pour marquer le 58 ans d’indépendance du Mali. Des soldats de tous les pays voisins du Mali, ainsi que du Tchad, de la Minusma, de la force conjointe du G5 Sahel et de la force française Barhkane ont paradé aux côtés de leurs frères d’armes maliens.

Plusieurs chefs d’État étaient présents, notamment ceux du Congo Brazzaville, du Tchad, de la Mauritanie, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Niger.

Des pays comme le Sénégal et l’Algérie étaient représentés par leur Premier ministre. La France, elle, était représentée par son ministre des Affaires étrangères.

Plusieurs organisations internationales dont la Francophonie figuraient parmi les invités.

Le 22 septembre 1960: comme si vous y étiez!

Le Mali s’apprêter à fêter les 58 ans de son indépendance. Le chiffre n’est pas symbolique, mais la date, quant à elle, ravive des souvenirs passionnés chez les « privilégiés » ayant vécu ce moment historique. Une page d’histoire majuscule pour notre pays, qui se libérait alors des chaînes du colonialisme. Pour ce nouvel anniversaire, nous vous faisons revivre ce jour crucial à travers le prisme d’acteurs aux profils différents mais avec une aspiration commune il y a 58 ans, l’indépendance.

Ce jeudi 22 septembre 1960, Mahamadou Touré se réveille en Soudanais, pour finir sa journée en Malien. D’une voix nasillarde, les mains tremblotantes mais la mémoire toujours vive, l’octogénaire se souvient de ce « jour mémorable ». « Je travaillais pour Radio Mali à l’époque, j’y suis entré en 1956, j’en étais un des premiers salariés », raconte-t-il. Un travail qui lui avait permis de couvrir le retour au pays de Modibo Keita et de plusieurs autres dirigeants soudanais suite à l’éclatement de la Fédération du Mali, en août 1960. « À chaque arrêt, les gares étaient pleines de personnes venues les acclamer. Je n’avais jamais vu ça. Et le Président Modibo faisait à chaque fois un petit discours. On aurait cru que c’était préparé, mais tout était réellement improvisé », assure-t-il. Mais le jour historique du 22, il n’était pas avec Modibo et les leaders de l’US-RDA. Pris par son travail (il se trouvait dans les locaux de Radio Mali, alors situés en face de la Grande mosquée de Bamako), il n’a pu assister au congrès qui entérinera l’indépendance du Mali. Il affirme néanmoins l’avoir fêtée comme il se doit, sans baigner dans la profusion. « Mes patrons étaient des Français. Suite à la déclaration, ils ont été très respectueux. Pour le leur rendre, j’ai gardé une certaine réserve ». En replongeant dans ses souvenirs, il avoue avoir « beaucoup bu et un peu travaillé ».  Non sans quelques regrets de n’avoir pas fait le court déplacement jusqu’au congrès.

Indépendance « Day »  

C’est le Collège technique (Lycée technique aujourd’hui), qui a servi d’écrin au congrès extraordinaire de l’US-RDA. Dans le livre « Anw ka Maliba kera an ta ye » (Notre grand Mali nous appartient), paru en 2010 à l’occasion du Cinquantenaire de l’accession à l’indépendance, Gabou Diawara, Secrétaire général de la jeunesse du parti de la charrue, partageait ses souvenirs. Il confie avoir été animé « d’un sentiment de fierté et d’orgueil ». « Je pense que tout le monde partageait ces sentiments » ajoute-t-il. La suite est contée dans l’ouvrage. Une ovation est réservée à Modibo Keita à son entrée en salle. Vêtu d’un costume clair, Il prend place au présidium. Idrissa Traoré, Secrétaire politique de l’US-RDA, ouvre le bal des interventions. « Le Mali continuera quoiqu’il arrive et nous prouverons que les Maliens du XXème siècle sont les dignes héritiers de ce qui surent, dans le passé, exposer au monde leur culture, leur civilisation, leur sens de l’organisation », martèle-t-il.  A sa suite, Modibo Keita prend la parole. Après s’être épanché sur les raisons de l’échec de la Fédération du Mali, il invite le congrès à « autoriser l’Assemblée législative à appréhender les compétences transférées par la République Soudanaise à la Fédération du Mali, à proclamer comme État indépendant et souverain la République Soudanaise, à proclamer que la République Soudanaise s’appelle République du Mali, libre de tous engagements et liens politiques vis à vis de la France… ». Il ajoute : « la République du Mali est née. Le Mali continue. Le mot Mali continuera à résonner comme un gong sur la conscience de tous ceux qui ont œuvré à l’éclatement de la Fédération du Mali ou qui s’en sont réjouis…». A l’issue du congrès, passé à la postérité, les leaders du parti, accompagnés par la population, effectuent à pieds de nuit le trajet vers l’Assemblée législative, où l’indépendance est officiellement proclamée.

Le Mali pluriel

Les téléviseurs étant quasi-inexistants à l’époque, Radio Mali était presque le seul médium pour s’informer. Depuis la fenêtre de son bureau, au premier étage du ministère de l’Éducation Nationale, Mohamedou Dicko voit la foule se masser au pied du monument de la Liberté, lieu de rassemblement, dit-il. Une foule qu’il décrit comme le « Mali dans toute sa diversité et sa richesse ». « Il y avait des gens du Nord et de divers horizons qui sont venus ce jour fêter. Nous ne voyions aucune différence,  c’était l’unité absolue de tous les Maliens, un seul Mali était célébré, celui que nous chérissions ». Porté par la fougue de la jeunesse (il avait 21 ans), il s’est senti capable de « déplacer des montagnes ». Militant US-RDA dès son plus jeune âge, « mon militantisme a débuté vers mes 10 ans », il ne pouvait peindre le Mali autrement qu’indépendant. « Nous venions d’être libérés du joug colonial. Le peuple malien est fier et digne. De par le passé, il avait opposé une résistance farouche à la pénétration coloniale, et quoi de mieux que les fils de ce pays pour mener ce combat à terme », disserte-t-il. Dicko connait bien cette période. Historien, il a fait une thèse sur le parti de Modibo Keita. Il en garde le souvenir d’un homme humble et charismatique. « Il était celui qui pouvait rassembler. C’est pour cela que les Maliens, partout dans le pays, ont accueilli ce jour d’indépendance avec autant d’entrain et d’enthousiasme ».

Le Mali au-dessus de tout

L’euphorie n’a cessé de croître après la déclaration du Collège technique. La veille déjà, le 21 septembre, la retraite aux flambeaux avait mobilisé du beau monde. Avec un itinéraire allant de N’Tominkorobougou à la place de la République, la ville de Bamako est le temps d’une nuit devenue la ville ne dormant pas. « Nous avions la fanfare en tête, qui faisait marcher les gens au pas. Cette ambiance indescriptible préfigurait déjà de très belles fêtes à venir », raconte Birama Diakité, ancien du Parti africain pour l’indépendance (PAI). Ce dernier a, selon les mots de Diakité, eu « des différends » avec l’US-RDA. Le jour de la déclaration d’indépendance, il était chez Amadou Seydou Traoré, l’un des leaders du PAI. « Nous avions un arrière-goût un peu amer pour n’avoir pas participé, mais nous étions quand même fiers, car l’indépendance c’est tout ce à quoi nous aspirions », révèle-t-il. Plus tard ce jour-là, il garde en tête l’image d’un « gobi » (nom qu’ils donnaient aux soldats français) saccageant un parterre qui se trouve être l’actuel monument de l’indépendance, y tirer trois balles et lui lancer « nous reviendrons ». Ce à quoi il n’a pas répondu. « Modibo nous avait prévenus de ne pas céder à la provocation ». Cheick Sadibou Cissé, militant US-RDA, se rappelle également avoir assisté à des actes de sabotage de la part de gobis. Mais qu’importe, l’essentiel était ailleurs pour ce très proche de la famille de Modibo Keita (ils vivaient dans le même quartier). « Quand toute votre vie on vous apprend que vos ancêtres sont des Gaulois, que vous connaissez mieux l’histoire de la France que celle de votre pays, que vous chantez la Marseillaise, que tous les postes intéressants sont occupés par des Français, vous ne pouvez être que très heureux et très ému quand vous voyez votre pays indépendant ». Ce jour, comme le confie Mahamadou Touré, le drapeau malien a été monté devant l’Assemblée.  Ce n’était pas encore celui que nous connaissons aujourd’hui, car il portait un idéogramme en son milieu, mais le Tricolore vert – or – rouge était déjà une grande « victoire ».

Louis Magloire Keumayou : « Le Mali est un pays qui a un semblant d’unité»

La période effrénée de la présidentielle malienne tend vers sa fin. Elle aura duré plus d’un mois, avec des discours enchanteurs et des grands meetings. Sur les 24 candidats du premier tour du 29 juillet, deux ont refait le jeu le 12 août. Le Président du club de l’information africaine, Louis Magloire Keumayou, a accepté de répondre aux questions du journal du Mali  sur le bilan du scrutin et l’évolution du Mali depuis l’élection de 2013. 

Quel bilan peut-on tirer de cette présidentielle ?

Le premier constat est que l’élection s’est tenue, malgré des conditions qui n’étaient pas totalement réunies pour qu’elle se tienne sereinement sur l’ensemble du territoire malien. Elle a eu lieu, tant mieux. Maintenant, avec toutes les violences qu’il y a eu sur le plan sécuritaire et verbal, il faudrait voir les suites qui seront données. Après c’est à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur les résultats acheminés et centralisés à Bamako. Il est un peu trop tôt pour savoir si toutes les conditions ont été réunies pour qu’on parle d’une élection transparente, inclusive et réussie.

Y a-t-il eu des nouveautés par rapport à 2013 ?

La grande nouveauté est que le taux de participation, notamment dans le nord, a été plus important. Mais il ne faut pas se méprendre sur le fait que les gens croient en leur pays. Ils croient en ce que la démocratie peut encore apporter au Mali. On ne peut pas dire que les acteurs politiques eux-mêmes aient fait beaucoup pour saisir l’électorat entre 2013 et 2018. Malheureusement, ni IBK, ni Soumaila, ni les autres n’ont investi le nord, qui est quand même une partie du territoire malien, pour le rassurer, pour le reconstituer avec le sud. L’accord pour la paix, c’est quelque chose qu’il faut appliquer. Il faut que les acteurs politiques s’en saisissent et fassent en sorte que le pays revienne à un fonctionnement normal, celui qui a été le sien avant les attaques dans le nord. Il y a un autre défi qu’il faut relever, celui de sortir du tout militaire. Il faut arrêter de penser que la seule solution aux problèmes du Mali est militaire. Gagner la guerre est beaucoup moins  compliqué que de gagner la paix, et aujourd’hui même la guerre n’est pas encore gagnée. Je pense qu’il faut surtout investir le champ social et économique pour que les gens se sentent sécurisés.  C’est la mission première de l’État, protéger ses citoyens.

Est-ce que l’attachement à l’Accord au nord explique le taux favorable à IBK ?

Je ne sais pas qui doit récolter le gain de cette forte participation au nord, si ce n’est le peuple malien lui-même. Que le nord se reconnaisse dans des élections le prouve. C’est le Mali qui sort gagnant de cette forte participation.

Qu’est ce qui explique le faible engouement ailleurs ?

Ce sont les leaders politiques qui n’arrivent plus à se montrer « sexy » vis-à-vis de la population. Même dans les grandes démocraties les taux de participation baissent. Mais au Mali, en plus du fait que les politiciens soient mauvais, il y a les situations socioéconomique, sécuritaire qui sont mauvaises, l’État qui est ébranlé dans ses fondements. Malgré cela, les politiques font comme si on était dans un pays normal, qui n’a pas de problèmes de sécurité, économiques et sociaux. Je pense qu’ils déçoivent les électeurs. Malgré l’engouement qu’il y a eu dans les années 90 pour que le Mali devienne un pays de démocratie exemplaire, aujourd’hui on a l’impression que le soufflé est retombé et que les gens n’y croient plus trop.

Quels enseignements peut-on tirer de cette élection ?

Le Mali est encore un pays qui a un semblant d’unité. Même si tout n’a  pas été gagné dans la conquête du nord, on sent que tous les Maliens, du sud au nord en passant par le centre, se sentent concernés par les enjeux politiques et démocratiques. Ce qui est une bonne nouvelle. Le reste est entre les mains des politiciens eux-mêmes.

Quels sont les défis auxquels le nouveau président devra faire face en urgence ?

Il faudra qu’il réconcilie les Maliens, parce qu’un pays qui est divisé n’est pas fort. Avant on parlait d’un pays divisé en deux, aujourd’hui, il n’est pas exagéré de dire qu’il divisé en trois, puisque le nord, le centre et le sud sont soumis à des tensions très fortes. Le deuxième enjeu est celui de reconquérir la souveraineté de l’État partout où elle doit être exercée. Le troisième est de remettre les hommes au centre de la politique, parce qu’il faut que les politiciens arrivent à rendre les Maliens heureux à nouveaux.

Présidentielle 2018: un 2ème tour sous la pluie

A Bamako, où l’intérêt pour cette présidentielle s’était essoufflé depuis le premier tour du 29 juillet, faisant craindre une faible mobilisation, les opérations pour le second round sont fortement perturbées par la météo.

Très faible affluence dans les bureaux de vote ce matin à Bamako, capitale du Mali. Depuis l’ouverture des bureaux de vote à 8 heures GMT, sans incident particulier signalé pour l’instant, très peu de monde se présente devant les urnes. Alors que des soupçons de fraude planent sur le scrutin, la sécurité a été renforcée et les centaines de badauds qui flânaient dans les centres de vote au premier tour sont désormais « personae non grata » sur place. « Je n’irai pas », déclare tout de go Boubacar, un jeune trentenaire, tenancier de boutique à Kalabancoura, en commune  6 du District de Bamako. Selon lui, « c’est déjà fini. On connait la fin de cette histoire », évoquant ce second tour qui oppose le président sortant, candidat pour un second mandat, Ibrahim Boubacar Kéita et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé. La coalition  autour de ce dernier maintient la pression et a assuré lors de la dernière déclaration à la presse, avoir mis en place un système pour réduire les risques de fraude, fraude qui selon elle a tronqué les résultats du 1er tour.

Si au Mali, en cette saison  hivernale, le ciel couvert et la pluie sont de bon augure, les acteurs de cette journée électorale, structures organisatrices comme acteurs politiques ne se réjouissent guère du climat pluvieux de cette matinée qui décourage plus d’un électeur. De Hamdallaye à Sébénikoro sur la rive gauche en passant par Kalabancoura de l’autre côté du fleuve en commune 5 du District, l’élément marquant de cette matinée est la « très faible affluence. Nous sommes là et depuis 8h jusqu’à 10h nous avons eu à peine 30 votants dans notre bureau », confie un assesseur au centre « Ecole fondamentale de Sabalibougou », lui aussi en commune 5. « Nous avons ouvert à 8h, avec tout le matériel bien  en place. A 10h36,  le nombre de votants s’élève à 36 », déclare Gaoussou Coulibaly, président du bureau de vote 06 au centre de l’Hippodrome, école Nelson Mandela, en commune 2.

A Yirimadio, en Commune 6 du District, ce sont les personnes âgées qui ont ouvert le bal. Les jeunes se sont aussi manifestés mais moins que l’ors du premier tour, du moins pour cette matinée. Ce sont en général « les vieux et les jeunes qui viennent le matin. Mais c’est encore un peu timide », explique un agent de bureau de vote.

Les cartes d’électeurs non distribuées étant toujours disponibles, quelques électeurs viennent réclamer les leurs. C’est le cas de Fatoumata Diarra qui était en voyage le 29 juillet et qui recherche ce matin sa carte et son bureau de vote. Dans son centre de vote, le même que celui du candidat Ibrahim Boubacar Kéita, l’affluence a faibli sitôt le vote de ce dernier accompli. Ici aussi la pluie en décourage plus d’un, les accès aux bureaux de vote sont devenu un  vrai parcours boueux.

Au premier tour de ce scrutin, les deux candidats avaient obtenu 41,72% et 17,78% respectivement pour IBK et Soumaila Cissé. Chacun a bénéficié de ralliement de recalés du premier tour et l’autre grande question de ce second tour est de savoir si les consignes de report de voix seront suivies.

Présidentielle malienne : pas de consigne de vote pour Cheick Modibo Diarra

L’ancien Premier ministre Cheick Modibo Diarra, arrivé 4e au premier tour de l’élection présidentielle malienne avec 7,46% des suffrages, a annoncé qu’il ne donnerait aucune consigne pour le 2e tour de ce scrutin prévu dimanche, laissant ainsi ses militants voter « selon leur conscience» entre Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé. « Ni l’un ni l’autre (…) aucun des candidats ne représente le changement et remplacer Ibrahim Boubacar Keita par Soumaila Cissé reviendrait à un jeu de chaises musicales », a déclaré sur les réseaux sociaux et au nom de son leader Coumba Bâ, la chargée de communication de Cheick Modibo Diarra.

A l’issue du premier tour, Ibrahim Boubacar Keita, président sortant, est arrivé premier avec 44, 42 % des suffrages contre 17,8 % des suffrages pour l’opposant Soumaila Cissé, classé deuxième.

Présidentielle 2018: Les obsevateurs de l’UE publient leur rapport préliminaire

La mission d’observation électorale déployée au Mali par l’Union Européenne a publié ce mardi 31 juillet ses premières constatations à l’issue de la présidentielle du 29 juillet. Le document a été présenté lors d’un point de presse par la cheffe de la mission, Cecile Kyenge. En voici l’intégralité.

Déclaration préliminaire Presidentielle 31 07 18 MOE UE Mali 2018

 

Présidentielle 2018: Fin du 1er tour

Les bureaux de vote ont fermé en ce début de soirée. Alors que des inquiétudes sur la sécurité avaient plané sur les opérations de vote, la journée s’est en général déroulée dans le calme.

Une centaine de  bureaux de vote où le vote n’a pas eu lieu, des retards dans le démarrage des votes, quelques irrégularités signalée par les observateurs, mais pas d’incidents majeurs. Le premier tour de la présidentielle malienne a pris fin  à 18heures, délai officiel de clôture, même si de nombreux bureaux sont restés ouverts au-delà pour permettre aux électeurs présents dans les centres de remplir leur devoir citoyen. Quand à la question de la sécurité qui était la grande inconnue,

La question de la participation

C’est à présent ce chiffre que tous les observateurs attendent. L’affluence dans les centres de vote à Bamako laisse augurer un taux plutôt moyen. C’est également le cas dans la plupart des capitales régionales où les électeurs se sont déplacés dans le calme. Les premiers chiffres de la participation devraient tomber dans les 24 heures, selon  les autorités en charge de l’organisation du scrutin.

Dépouillement en cours

C’est maintenant le moment du dépouillement et du décompte des votes. Quelques difficultés sont signalées, en particulier, l’absence d’électricité, palliée par la mise à disposition des agents électoraux de lampes d’appoint. Certains bureaux ayant fermé en retard commencent à peine leur décompte tandis que d’autres ont déjà terminé cette étape. Celle-ci sera suivie de la centralisation des résultats au ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation. Après plusieurs rencontres avec les autorités, les observateurs, nationaux et internationaux, ont obtenu d’être présents à cette étape du processus. Les premières tendances devraient sortir dans les heures à venir, les résultats officiels devant être disponibles dans les 72 heures.