Bolloré : Le port sec de Kagbelen pour améliorer la compétitivité de la chaîne logistique

La mise à service officielle par Conakry Terminal, filiale de Bolloré Ports, du port sec de Kagbelen, permettra « l’amélioration des performances et la compétitivité du Port Autonome de Conakry ».« Le développement du port sec de Kagbelen répond au double défi de la gestion optimale des espaces de stockage du terminal à conteneurs et de la célérité des services de livraison des véhicules. En complément des nouveaux portiques de parc que Conakry Terminal vient de mettre en service, ce nouveau port sec permettra l’amélioration des performances et la compétitivité du Port Autonome de Conakry, », a déclaré Madame Traoré Tahirou Barry, Directrice générale de Conakry Terminal.

Situé dans la commune urbaine de Dubréka, à 35 km de la capitale guinéenne, le port sec Kagbelen, qui s’étend sur une superficie de 30 hectares, dispose d’un espace aménagé de 5 hectares pour une capacité de stockage de 2 000 véhicules. Il accueille en priorité les véhicules en transit pour le Mali, la Sierra Leone et le Libéria, ainsi que les véhicules non livrés après 10 jours de stationnement sur le Parc du Terminal portuaire.

L’aménagement et la mise en service de cette plateforme logistique permettront de décongestionner le Port de Conakry et d’absorber la croissance des volumes de véhicules importés.

« La mise en service de ce port sec de Kagbelen est une grande avancée dans la stratégie gouvernementale de déconcentration des formalités administratives et douanières de sortie des marchandises importées au Port de Conakry. Il va permettre une meilleure fluidité des marchandises en vue d’une amélioration de la compétitivité du Port de Conakry » a précisé Monsieur Aboubacar Sylla, Ministre d’État aux Transports de la Guinée.

D’un coût global de 1,7 millions d’euros, l’aménagement et l’équipement du port sec de Kagbelen, permet à la Guinée de disposer d’une zone sous-douane connectée au système informatique des Douanes. Doté d’une zone administrative, d’un espace clients, d’un espace de stockage, d’équipements et ouvrages dédiés, il offre des mêmes facilités de livraison identiques à celles de Conakry Terminal qui est également opérateur du Terminal à Conteneurs du Port de Conakry.

Cet investissement qui génère 40 emplois directs et plusieurs dizaines d’emplois indirects pour la jeunesse guinéenne, a nécessité l’implication et la collaboration de la Direction générale du Port de Conakry et de la Direction Nationale des Douanes.

Mali – Accord de paix: 3 Questions aux Professeur Younoussa Touré

Cette semaine, l’anthropologue et Professeur Younoussa Touré répond aux trois questions de la rédaction sur l’accord de paix. 

Quels sont les principaux obstacles à la mise en œuvre de l’Accord ?

Après sa signature, il n y a pas eu assez de communication afin que le peuple malien comprenne dans quelles conditions il a été signé, les lignes rouges et les espaces au sein desquels on peut se mouvoir. Lorsque les gens n’ont pas d’explication, ils se font souvent une idée erronée et les signataires ont moins d’audace. Il y a aussi une tendance à dénoncer parce qu’on n’était pas à la table de négociation.

Les parties signataires sont-elles de bonne foi ?

L’Accord a été signé entre des mouvements dissidents. Il y a eu ensuite des mouvements non dissidents et finalement la communauté internationale. Et elle a voulu regrouper les parties maliennes en un seul bloc. Cela signifie que rebelles et non rebelles travaillent ensemble pour mettre l’Accord en œuvre. Dès lors, le gouvernement était esseulé. Or l’Accord dit que c’est lui qui est chargé de la mise en œuvre. Il est hésitant parce qu’il a peur de la société civile et des activistes qui n’ont pas compris pourquoi il a signé.

Faut-il envisager une relecture ?

La relecture suppose que les gens n’ont pas pu mettre en œuvre. Il faut d’abord se mettre ensemble et voir quel est le problème. Il y a une solution politique à tout. Il ne faut pas que l’on pense que c’est éternel. On peut changer lorsque les conditions évoluent. C’est ce que l’on a fait pour la régionalisation. Certains craignent de perdre des privilèges.

Sahel : la mort de Droukdel, « un coup psychologique pour le jihadisme » (spécialiste)

L’élimination au nord du Mali du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, est « un coup psychologique » porté à l’ensemble du mouvement jihadiste, selon Djallil Lounna, professeur de Relations internationales à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane (Maroc) et auteur de l’ouvrage « Le djihad en Afrique du nord et au Sahel. D’AQMI à Daech »La France affirme avoir éliminé l’émir général d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, le 3 juin dernier. Quelle importance donner à un tel évènement ?

Aqmi est l’une des principales organisations jihadistes dans le monde. C’est donc un atout central de la galaxie jihadiste qui a été tué. C’est un évènement d’extrême importance, au moins symboliquement. Au niveau opérationnel, c’est extrêmement différent. Parce qu’Aqmi est extrêmement affaibli en Algérie. La mouvance jihadiste sahélienne obéit à ses propres dynamiques. Cela dit, c’est un coup majeur qui lui a été donné. C’est un des derniers membres de la mouvance jihadiste algérienne des années 90, qui a participé à la fondation du GSPC (Groupe salafiste pour la Prédication et pour le Combat), devenu Aqmi. C’est vraiment un acteur fondamental du mouvement jihadiste qui s’en va.

Selon la ministre française des Armées, le chef d’Aqmi a été tué dans le nord du Mali. Que pouvait-il bien faire dans cette région alors qu’il semblait se cacher en Kabylie, dans le nord de l’Algérie ?

C’est la grande question que tout le monde se pose aujourd’hui : que faisait-il au nord du Mali ? Il a probablement passé une quinzaine d’années en Algérie, dans les maquis, en Kabylie. Il devient chef d’Aqmi à partir de 2004. Selon mes recherches en Algérie, l’Armée locale a mené des opérations massives contre des maquis islamistes jihadistes entre 2013 et 2018, notamment en Kabylie. Une centaine de terroristes a été tuée ou capturée. De 2016 à 2017, les rumeurs indiquaient qu’il avait évacué la Kabylie vers une région non loin de la frontière tunisienne. Ce sont les dernières informations qui remontaient par rapport à sa localisation. D’où le sens de la question « que pouvait-il faire au nord du Mali ? ». Tous les hommes qu’il avait nommés dans les années 2000, ses relais immédiats, ont été tués par l’opération Barkhane et autres.

Toutefois, il y a un indicateur. Vers la fin 2018 et début 2019, Droukdel postait des vidéos où il commentait l’actualité sahélienne (opérations, morts de combattants, hommages…). C’est normalement des commentaires qui auraient dû être faits par quelqu’un comme (le Malien) Iyad Ag-Ghali ou (l’Algérien) Djamel Okacha. Dès 2019, je me posais la question mais me disais que ce n’est pas possible. Le fait qu’il commentait de manière incessante ce qui se passe au Sahel et de moins en moins ce qui se déroule en Algérie… Alors que si vous regardez les commentaires sur l’Algérie, c’est (Abou Obeida Youssef) al-Annabi qui les faisait. Je pense que dès la fin 2018 et début 2019, il se trouvait au Sahel. (…) Personne n’était au courant : il y avait juste des rumeurs sur sa présence dans le nord du Mali.

Autre possibilité, beaucoup de chefs algériens sous pression sont appelés vers le Mali. C’est le cas de Belmokhtar, Okacha et d’autres chefs qui ont fui vers le Mali où se trouve la mouvance jihadiste la plus puissante. Il se peut qu’il se soit replié là-bas sous la pression des services de sécurité algérienne.

Qui pourrait lui succéder ? Le Malien Iyad Ag-Ghali, jusqu’ici chef des jihadistes liés à Al-Qaïda au Sahel, pourrait-il être intronisé émir général d’Aqmi ?

Iyad Ag-Ghali aurait le même type de prestige que lui. C’est un personnage important. Pour autant, Aqmi est une organisation plus ou moins algérienne, par rapport à ses dirigeants et son histoire. A mon avis, on va arriver à une rupture entre les deux organisations. Ce qui reste d’Aqmi sera probablement dirigé par un Algérien. Et je pense qu’Iyad Ag-Ghali va, de manière définitive, prendre la direction de la mouvance jihadiste sahélienne.

Le successeur qui semble le mieux positionné est al-Annabi. Je vois mal Iyad Ag-Ghali prêter allégeance à ce dernier qui n’a pas le même bagage et le même prestige que Droukdel.

Sa mort affaiblit-elle la mouvance jihadiste dans le Sahel ?

Je ne crois pas du tout ! La mouvance jihadiste sahélienne a ses propres dynamiques et objectifs depuis plusieurs années. C’est un coup psychologique pour l’ensemble du mouvement jihadiste. Il faudra s’attendre à des réactions, des représailles d’Iyad Ag-Ghali ou de l’Etat islamique dans le grand Sahara. Mais en termes de dynamiques et de changements, non.

Abdelmalek Droukdel en quelques dates

APA revient sur la trajectoire d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tué par les forces armées françaises.Début des années 70 : naissance d’Abdelmalek Droukdel près d’Alger (capitale algérienne).

Début des années 1990 : il rejoint le Groupe Islamique Armé (GIA).

2004 : Droukdel prend la tête du Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC).

2006 : il prête allégeance au groupe jihadiste Al-Qaïda.

2011 : il se rapproche d’Iyad ag-Ghaly, ex-leader de la rébellion touareg du nord Mali devenu lui-même jihadiste.

2014 : Abou Moussab Abdel Woudoud, de son vrai nom, perd plusieurs de ses combattants au profit du mouvement jihadiste Etat Islamique (EI).

2017 : il accepte l’allégeance à Al-Qaïda du Malien Iyad ag-Ghaly qui vient de créer le Groupe de Soutien à l’Islam aux Musulmans au Maghreb islamique (GSIM), mais perd plusieurs cadres de son mouvement, comme Bilel Kobi, l’envoyé spécial de Droukdel en Tunisie, Béchir ben Néji, émir en Tunisie, Adel Seghiri, responsable de la propagande d’Aqmi, tués lors d’opérations militaires.

En 2017, il promet également « un échec retentissant » à l’EI dans un long entretien accordé à la revue Inspire, tuyau de propagande d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

3 juin 2020 : mort d’Abdelmalek Droukdel à Talhandak, à 80 kilomètres de Tessalit (nord du Mali), le long de la frontière algérienne.

Mali : le chef général d’Aqmi tué par l’Armée française

Une opération conjointe des forces armées françaises et de leurs alliés aurait permis de tuer, au nord du Mali, le chef de la principale branche africaine d’Al-Qaïda, l’Algérien Abdelmalek Droukdel.Pour Barkhane, la force française engagée dans la lutte contre le jihadisme au Sahel, c’est « un succès majeur » selon Florence Parly, la ministre française des Armées. Avec la mort d’Abdelmalek Droukdel, dans une opération des militaires tricolores aidés de leurs alliés dans la région, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) perd un leader expérimenté, réputé pour ses qualités de meneur de troupes rompues au combat asymétrique.

Sur son compte Twitter, Florence Parly détaille les conditions dans lesquelles le chef général de la plus importante branche africaine de l’organisation créée par Oussama Ben Laden a été éliminé.

« Le 3 juin (mercredi dernier), les forces armées françaises, avec le soutien de leurs partenaires, ont neutralisé l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel et plusieurs de ses proches collaborateurs, lors d’une opération dans le nord du Mali », a-t-elle écrit vendredi soir sur ce réseau social.

Pour signifier l’importance du décès de Droukdel dans « ce combat essentiel pour la paix et la stabilité dans la région », selon ses propres mots, la ministre française des Armées indique qu’il était un « membre du comité directeur d’Al-Qaïda (et) commandait l’ensemble des groupes qaïdistes d’Afrique du nord et de la bande sahélienne, dont le Jnim, l’un des principaux groupes terroristes actifs au Sahel ».

Droukdel, fondateur d’Aqmi, est né en en Algérie à Meftah, dans la banlieue d’Alger, la capitale. La vie de cet élève performant bascule à l’avènement de la guerre civile dans son pays au début des années 1990. Il intègre en 1993 les rangs du Groupe Islamique Armé (GIA) où il se révèle comme un spécialiste dans la fabrication d’explosifs.

A la fin de cette décennie, ce « combattant dans l’âme » est l’un des meneurs de la scission qui conduira la majorité des chefs du GIA à quitter l’organisation pour « dérives sanguinaires » et de créer le Groupement salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui commettra plusieurs attentats sur le sol algérien. A cause de divergences avec l’émir Hassan Hattab, Droukdel se débarrasse plus tard de lui pour s’installer à la tête du GSPC au tout début des années 2000. Sous son impulsion, ce groupe jihadiste s’internationalise en commettant ses premières attaques hors d’Algérie.

En 2006, Abdelmalek Droukdel prête allégeance à Oussama Ben Laden dont l’organisation jouit d’un grand respect dans le milieu jihadiste surtout après l’attentat perpétré le 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du World Trade Center (New-York, Etats-Unis).

En perte de vitesse en Algérie, ce fin stratège déploie ses forces au Sahel. D’ailleurs, Aqmi est en 2012 l’un des groupes majeurs qui occupent le nord du Mali. Mais l’influence de Droukdel, dans cette zone où foisonnent les mouvements jihadistes, s’effrite au fil du temps à telle enseigne qu’il reste inerte pendant plus de deux ans, poussant certains à annoncer sa mort. Vraisemblablement, la France et ses alliés ont fini par avoir la peau de ce jihadiste ayant vécu tout juste cinquante années.

Mali : des manifestants exigent la démission d’IBK

Vent debout contre la gestion de leur pays, des centaines de Maliens se sont rassemblés ce vendredi à la Place de l’Indépendance de Bamako pour le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta.Ce lieu symbolique de la capitale malienne était noir de monde. Invités par la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahamoud Dicko (Cmas), Espoir Mali Koura (EMK) et le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), ces citoyens réclament un nouveau Mali. 

Au terme du rassemblement, ces trois organisations ont signé une déclaration finaledans laquelle elles listent les maux du pays, non sans mettre les pouvoirs publics devant leurs responsabilités.

« Le Mali, jadis envié, écouté et respecté aussi bien en Afrique qu’à travers le monde entier, est en passe de devenir la risée des autres nations, tant il est aujourd’hui balloté et humilié, à cause d’une gouvernance chaotique », se désole d’emblée le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali. 

Selon cet organisme, « la gestion actuelle du régime en place, symbole de la décrépitude d’un système étatique décrié, a fini de précipiter (le Mali) dans l’impasse. Pire, au bord du gouffre ».

A en croire ces pourfendeurs d’IBK, « le peuple malien découvre chaque jour, de façon ahurissante, les scandales d’une gestion hasardeuse, dénuée de vision et de cohérence vis-à-vis des intérêts vitaux et stratégiques du Mali, et ce, dans le déni des valeursfondamentales de notre société ».

Avant de battre le pavé, le FSD, la Cmas et EMK ont tenu, le mardi 26 mai dernier, une rencontre pour réfléchir sur la situation du Mali. Il en ressort entre autres qu’il y a « une gestion catastrophique de la crise multidimensionnelle au Mali ; des atteintes à la souveraineté, à l’intégrité du territoire national ; l’insécurité généralisée avec son cortège de morts, de villages détruits et de populations déplacées ; la malgouvemance, la corruption et la gabegie financière au détriment du monde paysan et du secteur privé ».

En outre, le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali déplore « l’abandon des forces armées et de sécurité ; la détérioration sans précédent des services sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’électricité, l’eau,les infrastructures routières ; la paupérisation croissante des populations laborieuses ; des atteintes récurrentes aux valeurs et principes de la République et l’impasse d’une voie électorale désormais hypothéquée ».

De l’avis des trois organisations, le régime d’IBK a aussi porté atteinte aux principes constitutionnels, républicains et démocratiques car il « s’est illustré par la tenue d’élections injustes, opaques et inéquitables enlevant ainsi toute crédibilité au processus électoral ».

« Face à l’urgente nécessité de sauver (leur) Nation d’un péril certain », elles ont lancé un appel à tous les Maliens de l’intérieur et de la Diaspora pour « un sursaut national ».

Pour ce faire, le Rassemblement des Forces Patriotiques du Mali a listé, dans sa déclaration finale, dix mesures essentielles au redressement du pays. 

Il s’agit entre autres de la priorisation de l’éducation et de la santé ; de la garantie de l’accès aux services sociaux de base et aux infrastructures ; de la reconstruction des forces armées et de sécurité, mieux recrutées, mieux formées et mieux équipées, dignes d’un Etat protecteur de ses citoyens et de sesinstitutions.

C’est également la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, son unité, sa laïcité et le plein exercice de sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national ; une gouvernance vertueuse garantissant la paix, la sécurité, la justice et la réconciliation nationale, ainsi que la restauration de la confiance entre l’Etat et les citoyens et la mise en oeuvre de toutes les actions nécessaires pour la libération de Soumaila Cissé, chef defile de l’opposition républicaine, et de toutes les personnes enlevées et injustement privées de leur liberté.

Mali – Marche du 5 juin : Une mobilisation massive pour quel effet?

La grande manifestation de ce vendredi 5 juin 2020 pour exiger la démission du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, a rassemblé une importante foule à la place de l’indépendance de Bamako, capitale malienne. Si la démission du Chef de l’Etat n’est pas actée et que rien ne le présage pour l’heure, le « Rassemblement des  Forces patriotiques du Mali », reste manifestement résolu à le faire rendre le tablier. Un après 5 juin, empreint à toutes les  incertitudes.

La Cmas, le FSD et le mouvement Espoir Mali Koura auront tenu jusqu’au bout. Malgré les différentes sorties de plusieurs organisations et/ou personnalités politiques, civils, ou religieux, qui se sont multipliées ces derniers jours, le grand rassemblement a eu lieu. Ils étaient quelques milliers de manifestants à prendre d’assaut le monument de l’indépendance ce vendredi, avec de nombreuses et diverses revendications. 

Dans leur déclaration finale, les trois organisations ont dressé une liste de maux qui découlent de la « mauvaise gouvernance » et ont exigé la « démission du Président Ibrahim Boubacar Keita et de son régime »,  avant de lancer un « ultimatum pour constater cette démission au plus tard à 18heures ce vendredi 5 juin 2020 ».

Révolution enclenchée ?

A en croire certains analystes, la mobilisation de masse prouve que le peuple est fatigué et que le Président de la République doit prendre toute la mesure de ces ras-le-bol de la population et en tirer les leçons, d’où les lignes  devraient être amenées à légèrement bouger.

Mais la structuration même du  « Rassemblement des forces patriotiques du Mali » laissent certains observateurs dubitatifs sur la constance, dans la durée, de la dynamique qui vient d’être enclenchée. 

 « Le leadership du mouvement n’étant pas inclusif, encore moins partagé, je doute fort qu’il puisse aboutir réellement au départ du Président IBK », observe le politologue Boubacar Bocoum.

« Pour faire partir un gouvernement légitimement élu à travers les urnes il faut un grand mouvement dans la persévérance et dans la constance », fait-il remarquer.

Pour lui des fissures sont déjà décelables dans l’organisation  parce que  dit-il, les acteurs n’ont pas les mêmes motifs. 

« D’aucuns prétendent ne pas avoir comme ligne directrice l’islam, en rapport avec l’imam Dicko, et d’autres affirment ne pas suivre Choguel. S’il n’y a pas un leadership clair affiché, il est certain que ce sera un mouvement mort-né ».

Mais pour le directeur du cabinet Gaaya, le sociologue Mahamadou Diouara, ce mouvement qui vient de naître rassemble incontestablement des consternations légitimes et il est donc logique et raisonnable de penser qu’il va perdurer, même si une question fondamentale  se pose. 

« Est-ce que les Maliens rassemblés à Bamako ont légitimement le droit d’ôter le pouvoir à un président élu par les électeurs des 10 régions du Mali et de sa diaspora ? »

Préserver le calme

A part quelques tirs de gaz lacrymogènes en début de soirée et qui ont persisté dans la nuit  à Djicoroni Para pour disperser certains manifestants qui se dirigeaient vers la résidence du Chef de l’Etat à Sébénicoro, le rassemblement  dans son ensemble, s’est déroulé sans incidents majeurs.

A en croire les analystes, le régime gagnerait si dans les prochains jours,  l’atmosphère de calme relatif, du moins sur le lieu indiqué d’un éventuel prochain rassemblement, se poursuit sans recours à aucune intimidation des forces de l’ordre vis-à-vis des manifestants et des organisateurs.

« Ce qu’il faut éviter,  c’est l’affrontement qui pourrait radicaliser le mouvement, pouvant le faire aboutir éventuellement sur une émeute. Si on ne se retrouve pas dans ce cas de figure, avec un blocage total par le désordre, je pense que le régime pourrait s’en sortir », analyse M. Bocoum.

Germain Kenouvi

 

Trafic aérien : Quand va-t-il reprendre ?

À l’arrêt depuis plus de deux mois au Mali et dans toute la sous-région ouest africaine, le transport aérien subit de plein fouet l’impact de la Covid-19. Si aucune date officielle n’est encore arrêtée pour la reprise du trafic, les autorités se concertent sur les conditions d’un retour progressif à la normale. Les différentes compagnies aériennes desservant la sous-région se préparent en amont.

95%. C’est le taux de baisse du trafic aérien évalué par une réunion en visioconférence des ministres des Transports de l’Uemoa le 28 mai dernier. Une baisse due évidemment à l’immobilisation au sol des avions et à l’interdiction du transport de passagers, sauf vols spéciaux, ce qui a entraîné, selon les conclusions de la réunion, la perte de revenus pour les travailleurs du secteur et des risques de faillite pour certaines entreprises.

Afin de ne pas prolonger cette situation, qui hypothèque le secteur des transports, l’Uemoa table sur la reprise des activités.

Les ministres des Transports des différents pays de l’Union ont recommandé de « formuler dans les meilleurs délais pour la sous-région un plan de reprise concertée des activités de transport, en rapport avec la situation sanitaire et sécuritaire dans les États ».

Début juillet en perspective

« Les ministres ont discuté des mesures qui vont être prises pour la réouverture des frontières. Ce sont des propositions qui ont été validées et qui vont être soumises aux différents Chefs d’État pour qu’ils les entérinent et annoncer une date officielle pour la réouverture des frontières, et donc la reprise du transport aérien », explique Mohamed Ould Mamouni, Chargé de communication du ministère des Transports et de la mobilité urbaine.

Si aucune date n’est donc pour l’heure connue, les compagnies aériennes s’activent néanmoins, en fonction des informations qu’elles reçoivent. À Air Sénégal, on estime en principe qu’une reprise progressive interviendra à partir du 15 juin pour un retour à la normale à partir du 1er juillet.

« Nous nous préparons pour cette date parce que nous avons reçu un message de Aéroports du Mali qui dit que rien ne sera fait avant le 1er juillet. Mais cela est une prévision susceptible d’être modifiée selon la situation », précise Oumar Kouyaté de Air Sénégal.

Air France, dans un communiqué publié début mai sur la reprise de ses vols vers l’Afrique,  prévoyait à partir du 16 juin des départs sur Abidjan, avec escale à Bamako, à raison de  4 vols par semaine.

Germain Kenouvi

Chiffres

95% : Taux de baisse du trafic aérien dans l’Uemoa

1er juillet : Date estimée de la reprise du trafic aérien

4 : Nombre de départs hebdomadaires d’Air France sur Abidjan, avec escale à Bamako, à partir du 16 juin

Mali- Journée mondiale de l’Environnement : La biodiversité au cœur des préoccupations

Le monde célèbre ce 5 juin la Journée mondiale de l’Environnement, sur le thème de la biodiversité. Cette édition appelle à l’action pour lutter contre la perte accélérée des espèces et la dégradation du monde naturel. Selon l’ONU, « un million d’espèces végétales et animales sont menacées d’extinction, en grande partie à cause des activités humaines ». Et, dans les dix prochaines années, une espèce sur quatre pourrait avoir disparu de la planète.

La biodiversité est la multitude d’êtres vivants qui composent la vie sur la Terre. Elle englobe les quelque 8 millions d’espèces présentes sur la planète, des plantes et des animaux aux champignons et aux bactéries, et les écosystèmes qui les abritent, tels que les océans ou les forêts.

La biodiversité est très importante car elle est indispensable au bien-être et à la santé des êtres humains, toutes les espèces dépendant les unes des autres. C’est conscient de cela que le Mali a adopté le 27 mai dernier un projet de loi portant création d’une aire protégée dite « Réserve de biosphère du Gourma », afin de protéger les éléphants de cette zone, située dans le Sahel Nord, qui font partie de ces espèces menacées de disparition depuis 1990. La réserve se situe entre les Régions de Mopti et de Tombouctou et couvre une superficie totale de 4 263 320 hectares.

La Journée mondiale de l’Environnement a été initiée par l’Organisation des Nations Unies en 1972. Elle met en avant un enjeu spécifique important, différent chaque année, concernant l’environnement.

Boubacar Diallo

Blocages dans l’Accord pour la paix : à qui la faute ?

Prévue pour le 15 juin, la 40ème session du Comité de suivi (CSA) de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali doit faire un nouveau point sur sa mise en œuvre. Censé aboutir à une « paix globale et durable, garantissant une solution définitive à la crise qui affecte le Nord du Mali », l’Accord est encore loin de l’espoir suscité. Cinq ans après, aucun des axes ne connaît une mise en œuvre satisfaisante, selon les acteurs. Réformes institutionnelles et politiques, défense et sécurité, développement et réconciliation nationale, ou encore justice et questions humanitaires, « les problèmes restent entiers ». Si une relecture peut s’avérer nécessaire, l’Accord doit être mieux partagé afin que l’ensemble de la population y prenne une part active, mais aussi que les parties signataires agissent avec plus de bonne foi.

Dans un communiqué rendu public le 28 mai 2020, en prélude à la 40ème session du CSA, la MINUSMA a exhorté « les parties signataires à s’abstenir de tout acte contraire à l’esprit de l’Accord ou susceptible de remettre en cause, non seulement la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali (…) », quelques jours après le refus de la CMA de laisser entrer à Kidal le bataillon de l’armée nationale reconstituée. Un communiqué du gouvernement reprochait au mouvement de s’emparer de fonctions régaliennes de l’État.

Ce « manque de confiance et de bonne foi des parties prenantes, mouvements signataires, Gouvernement et médiation internationale est le premier obstacle à la mise en œuvre de l’Accord », selon un observateur. Ainsi, malgré la signature de l’Accord,  les ex-rebelles restent armés et contrôlent toutes les régions du Nord du pays, ajoute t-il. Mais ce qui a manqué le plus depuis la signature, « c’est un réel portage politique », estime Monsieur Mahamadou Diouara, sociologue. « C’est un document éminemment politique, qui engage la Nation sur un chemin réformateur qui engendre beaucoup de changements et dont la matérialisation implique la participation inclusive de l’ensemble des composantes de la Nation, au niveau national et local ».

Accord non inclusif

Ce projet politique déterminant aurait obtenu les résultats escomptés s’il avait été mieux partagé, estime les observateurs. Tous les acteurs de sa mise en œuvre concrète, notamment les populations, devraient en avoir une conscience claire, afin d’en comprendre les « tenants et les aboutissants », ainsi que leurs rôles dans le processus.

« Malheureusement, depuis sa signature, ni le gouvernement ni les groupes armés signataires ne sont allés vers le peuple » pour expliquer le contenu de ce document signé en son nom, lui faire connaître les dividendes attendus, les rôles et les risques encourus en cas de non application.

L’absence de ce préalable, essentiel à l’appréhension du processus par la majorité des acteurs, a eu pour conséquence de faire de « la mise en œuvre de l’Accord une entreprise isolée entre le Gouvernement, la CMA, la Plateforme », ajoute M. Diouara.  Entre ces acteurs, les groupes non signataires et une partie de la société civile, qui manifestent leurs désaccords pour une disposition non appliquée ou le retard accusé dans l’application d’une autre. Pendant ce temps, la question de la qualité de l’Accord reste en suspens et ne permet pas au citoyen de participer à son application.

Or le projet politique porté par l’Accord est celui de la régionalisation. Une étape dans le processus de décentralisation pour offrir des réponses locales à des questions dont la connaissance et la maîtrise échappent souvent à l’État central. Mais, dans la réalisation de cette ambition, au lieu d’une vision globale capable d’assurer une mobilisation accrue de tous les acteurs, les parties prenantes ont privilégié « des questions subsidiaires, priorités d’intérêt immédiat ».

Intérêts particuliers

Dès lors, cette défense d’intérêts partisans a transformé « en condition imparable une disposition de l’Accord » : les autorités intérimaires, celles qui devaient durant une période transitoire permettre aux parties signataires, grâce à une convention, d’assurer ensemble la sécurisation des zones à conflit avec un Mécanisme opérationnel de coordination (MOC).

Ces forces, composées de combattants de chaque groupe signataire et de militaires, sous le commandement d’un officier supérieur de l’armée, devaient effectuer des patrouilles mixtes afin de permettre aux autorités d’exercer leurs missions.

L’impossibilité d’accomplir « correctement » ces missions a conduit à la mise en place d’autorités exceptionnelles. Ce qui n’a fait que « réveiller les peurs des populations du nord qu’une communauté se voit octroyer les droits et privilèges de disposer de la destinée des collectivités », estime le sociologue Diouara. Des craintes qui se sont  d’ailleurs justifiées, contribuant à démobiliser les acteurs locaux.

L’absence de vision globale dans la mise en œuvre de l’Accord a aussi entraîné la mise en avant d’une autre question comme condition, celle du DDR. Ainsi, au lieu d’une mobilisation des énergies et intelligences de chaque collectivité, c’est la réinsertion qui a été « vendue » aux jeunes, déplore le sociologue. Engendrant une course aux armes afin d’être affilié à un groupe armé et reconnu comme ex-combattant.

Alors qu’il aurait fallu que chaque région puisse s’organiser, créer une fonction publique territoriale et mettre en place une police territoriale, sous l’autorité du chef de l’exécutif local, élu au suffrage universel direct et appuyé à chacune des échelles  par un comité consultatif local de sécurité composé de représentants des jeunes, des femmes, des autorités traditionnelles. Cela aurait permis de mobiliser les jeunes de chaque ethnie pour constituer une force territoriale afin d’assurer cette sécurité et empêché les affrontements entre différentes ethnies à Mopti.

Mais une mauvaise lecture de l’Accord a engendré une mobilisation contre lui, empêchant cette mesure et favorisant les clivages intercommunautaires et l’émergence de singularités et fondamentalismes.

Pourtant, un tel programme pour utiliser les ressources locales allait créer de l’emploi  et de l’espoir, ainsi que de nouvelles aspirations.

Mauvaise foi

Manifestement, les parties prenantes de l’Accord font preuve de mauvaise foi. « Elles font semblant de jouer leurs rôles », mais comme « au chat et à la souris, prenant en otage le peuple et le pays », parce qu’elles « semblent toutes servir des intérêts personnels et/ou communautaires », plutôt que l’intérêt général, souligne un acteur.

Les principes et les engagements sont clairs et hiérarchisés, précise M. Diouara. L’unité, la souveraineté de l’État sur le territoire, la forme républicaine et la laïcité sont des principes acquis et acceptés par toutes les parties.

À partir de là, les gestes de la CMA ne peuvent se justifier que par « l’architecture institutionnelle de la mise en œuvre de l’Accord, la faiblesse de l’État malien et la duperie de la médiation de la communauté internationale », analyse cet observateur.

Rappelant que l’Accord prevoyait que 90 jours après sa signature les groupes armés donneraient la liste de leurs combattants et armes à la Commission technique de sécurité (CTS), pendant que les MOC sécuriseraient les sites de cantonnement, dont la MINUSMA en avait construit huit une année après la signature, le sociologue Diouara déplore « qu’à ce jour, ces forces n’aient pas déposé les armes. Nous sommes comme au jour de la signature ».

S’il n’est pas exclu de relire le texte de l’Accord, parce qu’il a été rédigé dans un contexte qui n’est pas le même actuellement, certaines déclarations ayant été plus « néfastes » qu’utiles, il est indispensable que « les gens en aient une compréhension claire », suggère M. Diouara.

Il faut surtout lui « donner une chance d’obtenir l’adhésion d’une grande partie des Maliens, afin qu’il soit un instrument approprié de paix, de prévention des crises, porteur de développement équilibré des régions du Mali », conclut un acteur.

Fatoumata Maguiraga

Quelques dates…

Infographie: Boubacar Diallo et Marc Dembelé

Colonel major Diarran Koné: « Personne n’a fait de diminution sur le salaire des FAMa (…)»

Le Directeur de la DIRPA (Direction des Relations Publiques des Armées) a démenti, mercredi 3 juin 2020 lors d’un point de presse, les informations relatives à une supposée diminution  de salaire du personnel des forces armées maliennes. Il a expliqué que c’est dans le souci d’offrir une bonne retraite à ces derniers qu’il y a eu un prélèvement de 4% en application de la nouvelle loi portant code des pensions des fonctionnaires, des militaires et des parlementaires de 2018.  Il a également fait savoir que le salaire des FAMa sera bientôt bancarisé.  

 « Personne n’a fait de diminution sur le salaire des FAMa. C’est faux et archi-faux », dément d’entrée de jeu le Colonel major Diarran Koné.  Il précise que c’est juste l’application du nouveau code de pension qui entraîne une légère baisse du net à payer. Cela s’explique par le prélèvement d’un taux de 4% sur les primes, indemnités et le salaire de base. Seules les allocations familiales ne sont pas soumises à la retenue. Ainsi à la retraite, les FAMa vont bénéficier d’une retraite plus avantageuse que lorsqu’ils étaient sous l’ancien code de pension qui date de 1979.

Bancarisation des FAMa

Le Directeur de la DIRPA a assuré que le département de la défense n’est pas du tout opposé à la bancarisation des salaires des FAMa. Il a fait savoir que celle-là participera de la sécurisation des salaires et de la réduction de la perturbation des opérations et services militaires. En outre, la gestion financière et comptable du personnel sera améliorée.

Cependant, le processus est ralenti à cause de certaines difficultés que le département de la défense compte évacuer. Il s’agit des solutions concernant la couverture bancaire des zones opérationnelles ou encore la question du remboursement des cessions de vivres, de pagnes de fêtes, de motos, à la disposition des militaires dont les frais sont prélevés directement sur les soldes. Néanmoins, le Directeur des finances et du matériel du ministère de la défense, Colonel major Abdoulaye I. Traoré, donne l’assurance. « Le processus va commencer en juillet avec la bancarisation des officiers pour s’étendre plus tard aux sous-officiers et aux militaires de rang ».

L’affaire des fausses factures de l’armée 

Le Colonel major Diarran Koné a confirmé l’imitation de signature dans l’affaire des fausses factures d’un montant de 700 millions portant livraison de véhicules au Ministère de la Défense. « Il y a eu imitation de signature. Oui il s’agit d’un faux contrat et déjà le ministre de la Défense a porté plainte ».

Boubacar Diallo

Mali – Covid-19: Une stratégie d’urgence de proximité pour sensibiliser

Selon les experts, si les mesures barrières ne sont pas respectées, la situation des contaminations sera de plus en plus croissante. C’est dans ce cadre qu’un plan d’attaque a été élaboré: il s’agit du lancement officiel de la campagne de sensibilisation par des caravanes de camion et 36 tricycles sonorisés dans les 6 communes de Bamako sous la présidence du Ministre de la Santé en présence des partenaires notamment l’OMS et l’UNICEF. A noter que le District de Bamako à la date du 2 juin comptait à lui seul 781 cas positifs au Covid-19, soit 57,8% des cas sur les 1 351 que comptait le Mali à cette date. Avec 48 décès et une létalité de 6,1% les six communes de Bamako sont inévitablement l’épicentre de la maladie dans le pays.

                     

Dans ce renforcement de la stratégie d’information et de sensibilisation, les différents supports de communication vont être sollicités à l’instar de l’affiche avec 100 panneaux géants, 60 000 affichettes, 50000 affiches, 18000 autocollants, 20000 dépliants avec l’installation des kakemonos dans les services publics.

Des productions audiovisuelles font également partie de la stratégie avec des messages invitant les populations à plus de vigilance. Les réseaux sociaux ne seront pas en reste dans cette vision de communication d’urgence en ce temps de crise.

                            

A noter que ces actions vont se multiplier à travers le pays pour plus d’efficacité. Pour l’heure, l’objectif est de diffuser des messages de sensibilisation dans toutes les langues nationales sur la Covid-19 par le biais des journalistes et animateurs de 230 radios communautaires, locales et confessionnelles à travers le Mali.

A la date du 02 juin 2020, trente-six (36) nouveaux cas confirmés de COVID-19 ont été enregistrés avec au compteur zéro (0) décès. Au total neuf (9) régions et trente-deux (32) districts sanitaires sont touchés. Le  cumul des cas confirmés depuis le début de l’épidémie est de mille trois cent cinquante-un (1 351) dont 22 cas importés,  sept- cent soixante-neuf (769) guéris et 8 transférés ;  Soixante-dix-huit (78) décès sur les 1 351 cas soit une létalité globale de 5,7%.

Idelette BISSUU

Production de coton: Le Mali enregistre une hausse de plus de 6 %

Le Mali enregistre une hausse de plus de 6 % de la production cotonnière en 2019/2020 par rapport à la saison précédente en se plaçant juste derrière le Bénin. Le pays espère maintenir cette tendance dans une conjoncture atone marquée par les conséquences de la pandémie de coronavirus.

Au Mali, la production de coton s’est chiffrée à 700 000 tonnes au terme de la campagne 2019/2020, soit 6,6 % de plus par rapport à 2018/2019. Pour la campagne 2020/2021, l’objectif des autorités est d’atteindre 820 000 tonnes de coton.

Le volume récolté pour la campagne 2019/2020, fait du Mali pour la deuxième année consécutive, le second producteur d’or blanc d’Afrique derrière le Bénin (714 000 tonnes).

La campagne 2020/2021 sera marquée par une réduction du prix garanti aux producteurs à 200 Fcfa/kg contre 275 Fcfa/kg un an plus tôt en raison de la chute de la demande mondiale liée au coronavirus. En dépit de cette mauvaise conjoncture mondiale, l’exécutif compte reconduire sa subvention de 10 milliards Fcfa en faveur des producteurs durant la prochaine saison.

Au Mali, la filière coton génère 12 % du budget de l’Etat et fournit des sources de revenus à 40 % de la population rurale.

Source: Ecofin

Afrique de l’Ouest: Le lait local entre précarité et covid-19

Le 1er juin est la journée mondiale du lait.  Pour l’occasion, plus de 55 organisations de producteurs et productrices de lait local de six pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre-Ouest, membres de la campagne « Mon lait est local » ont lancé un appel à l’endroit des dirigeants pour la promotion du lait local. Celui-ci est fortement concurrencé par celui importé et vit également des jours difficiles en ce temps de covid-19. C’était lors d’une téléconférence sous régionale lundi 1er juin.  

 « C’est une  journée de célébration certes, mais aussi une journée de plaidoyer », prévient d’entrée de jeu  Hindatou Amadou, coordinatrice régionale de la campagne « Mon lait est local ». L’occasion se prêtait à mettre sous les projecteurs la demande des acteurs de la campagne auprès des Etats de la sous-région  pour mettre en œuvre et financer la stratégie et le plan d’offensif lait de la CEDEAO. Ce plan vise à assurer la sécurité alimentaire dans la région, mettre fin à la dépendance des importations et lutter contre la pauvreté.

Les difficultés de développement du lait local résident dans le fait qu’il s’asphyxie sous le poids du lait européen importé. Ce lait en poudre est engraissé à l’huile végétale, notamment l’huile de palme, et bénéficie de tarifs douaniers avantageux (5 %) permettant de le vendre 30 à 50 % moins cher que le lait local. Un phénomène qui fait perdre des emplois aux productrices et producteurs de lait local tout en privant les consommateurs des éléments nutritifs que l’on retrouve dans le vrai lait. « La Commission européenne investit des centaines de millions d’Euros pour soutenir les pays du Sahel et lutter contre les inégalités, mais elle ne doit pas reprendre d’une main ce qu’elle donne de l’autre », prévient Adama Coulibaly, directeur régional d’Oxfam en Afrique de l’Ouest.

Les 55 organisations engagées dans la campagne « Mon lait est local » demandent à la CEDEAO de relever les taxes à l’importation des produits laitiers et de prendre des mesures ciblées d’exonération de TVA sur le lait local.

Conséquences du covid-19

C’est dans cet écosystème difficile que vient s’ajouter l’impact du covid-19. A cause des mesures de confinement, des difficultés d’accès aux marchés urbains et transfrontaliers pour l’écoulement des produits, aux pâturages et aux points d’eau pour l’alimentation du bétail sont de plus en plus croissantes. Cela a des conséquences pour les producteurs laitiers au Burkina Faso, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad. Ils enregistrent des pertes financières importantes et de cheptel en raison de la pandémie du COVID-19. Pour le mois de mars 2020 par exemple, la laiterie Kossam de l’Ouest au Burkina Faso a enregistré une perte de six millions de francs CFA. 

Les organisateurs de la campagne ont  rappelé la signature d’une pétition dont l’objectif est d’atteindre 55 000 signatures afin de protéger et promouvoir véritablement le secteur du lait local. Actuellement, 36 201 signatures sont enregistrées.   

La campagne « Mon lait est local » a été lancée en janvier 2018.  La diva du Wassoulou, Oumou Sangaré, est l’ambassadrice régionale de la campagne et va bientôt sortir une chanson de plaidoyer en faveur du lait local. 

Boubacar Diallo

 

Mali – Covid-19 : Une « aubaine » pour la télésanté

La pandémie de Covid-19 a renforcé l’éclosion de la télésanté, la distanciation physique étant recommandée pour freiner la propagation de la maladie. En Afrique et au Mali, les solutions numériques ont le vent en poupe.

Africa virtual hospital. C’est la plateforme numérique mise au point au Mali par le groupe Famib pour un système d’information dématérialisé et médicalisé avec un dispositif d’acquisition de données médicales en temps réel.

Elle fournit  également des soins de santé primaire et d’urgence, tels que les tests, les investigations, les diagnostics, la collecte d’informations sur les patients, la gestion des dossiers médicaux et la consultation « numérique ».

« En état d’urgence sanitaire, il y a un besoin de solutions numériques innovantes pour la traçabilité des patients et des soins, notamment pour l’actuelle pandémie du coronavirus, avec un seul mot d’ordre : sensibilisation et alertes stratégiques rapides », souligne Amadou Diawara, CEO du groupe Famib.

Entraide médicale numérique

Le Réseau d’échange entre médecins d’Afrique (REMA), lancé en 2017 par le Béninois Dr. Sedric Degbo, est une application disponible sous Androïd, et bientôt sous IOS, qui fournit aux professionnels de santé un service de collaboration médicale à distance.

Le réseau est présent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, notamment  au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger et au Sénégal.

Avec l’arrivée de la Covid-19 sur le continent, la plateforme est accessible gratuitement pour les infirmiers et sages-femmes. 70% des publications et des échanges concernent actuellement la pandémie du nouveau coronavirus.

« Pour aider les gouvernements d’Afrique à mieux faire face à la pandémie avec les  meilleurs outils, nous avons pris l’initiative de mettre gratuitement notre système de  communication médicale institutionnelle à la disposition des ministères de la Santé du continent », précise l’initiateur du REMA.

Germain Kenouvi

Mali – TIC : La Covid-19, une nouvelle opportunité

La crise née de la pandémie du coronavirus a entraîné des bouleversements dans plusieurs domaines d’activité au Mali et à travers le monde. Des changements et des adaptations qui  ont mis en exergue la nécessité de développer davantage les services numériques dans le domaine des TIC (Techniques de l’information et de la communication). Enseignement à distance, télétravail ou transactions financières, ces réponses urgentes à des questions concrètes démontrent que chez nous les solutions innovantes peuvent contribuer à élargir le champ des possibles. Mais leur développement est conditionné à celui des infrastructures et de l’écosystème par l’État, afin de permettre une participation efficiente des autres acteurs.

La pandémie du  coronavirus a surtout entraîné des changements dans les relations de travail. Le processus de digitalisation entamé bien avant  le déclenchement de la maladie dans les domaines du télétravail ou de l’apprentissage, avec le téléenseignement, n’est pas nouveau, mais « la Covid-19 a mis en exergue l’intérêt de la digitalisation et va aussi accélérer le processus », note M. Mohamed Diawara, directeur général de la société Général Computech.

Les secteurs qui seront véritablement impactés par l’accélération sont ceux de la monnaie virtuelle et du travail collaboratif, estime M. Diawara. Les premières mesures préconisées dans les pays durement frappés par la pandémie ont été les confinements. Et, les besoins de consommation ne s’arrêtant pas, les transactions financières ont continué pour assurer ces services.

Processus continus

Entamée depuis quelques années, la digitalisation de la monnaie a connu un essor important en Afrique et le volume croissant des transferts d’argent, notamment, en est une illustration. Mais « la crise va accélérer ce processus », assure M. Diawara. Ce qui confortera certaines initiatives dans le développement des banques en ligne et permettra également la vulgarisation de nouveaux outils, dont l’assistance vocale. Les plateformes d’achats déjà fonctionnelles dans plusieurs domaines sont autant d’opportunités qui se développeront. Ce qui va aussi changer, c’est le comportement au travail, avec les visioconférences qui se généralisent aussi bien chez les institutionnels que chez les privés et le développement des plateformes d’accès aux données.

Chargé notamment de l’amélioration de la gouvernance et des programmes et institutions,  le Programme d’appui au développement de l’Enseignement supérieur (PADES) comporte un volet TIC, essentiel pour la modernisation. « Pour améliorer l’accès au numérique et faciliter ses usages, le PADES a financé la réactivation du MaliRen (Réseau d’éducation et de recherche) en le dotant d’un réseau autonome pour lui permettre de se connecter au réseau ouest-africain. La formation à distance est une composante essentielle de ce processus », indique le Professeur Bakary Cissé, Coordinateur du PADES.

La pandémie du coronavirus a été une opportunité qui a accéléré le concept général de la plateforme numérique de formation en ligne pour tout le secteur de l’éducation, ajoute M. Cissé.

Actuellement, le PADES finance la formation des enseignants de toutes les universités au concept et à la mise en ligne de contenus numériques sur la plateforme Moodle. Parallèlement, certains supports sont enregistrés sur la plateforme Claroline pour les autres sous-secteurs de l’éducation. Par ailleurs, le PADES financera l’appui de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) à la FSEG (Faculté des sciences économiques et de gestion), afin d’atténuer la perte de temps et d’assurer le maintien des services d’éducation, en mettant les ressources à la disposition des étudiants, en co-produisant du contenu dans les matières demandées par les experts de SG CONSULTING, notamment les professeurs de l’ESG – UQAM et la FSEG, et en mettant à la disposition des étudiants des cours en ligne.

Ce processus va se poursuivre et même se renforcer, assure le responsable du PADES. Car « l’enseignement en ligne ne doit pas être un effet de mode », prévient un acteur. Ce besoin de mettre la connaissance et l’éducation à la disposition du plus grand nombre doit être un facteur d’innovation et les technologies un moyen pour l’assurer.

Booster les initiatives

« La crise née du Covid-19 a permis de mettre en exergue l’apport des TIC de façon transversale dans tous les domaines », explique M. Bakary Kouyaté, gestionnaire du centre d’incubation de l’Agence de gestion des technologies de l’information et de la communication (AGETIC).

Le confinement ayant empêché les employés des services publics et privés de se rendre sur sites pour travailler, l’explosion du télétravail est devenue une réalité. Durant la même période, les solutions de télétravail qui existaient déjà ont été mises en œuvre et ont ainsi permis d’assurer la continuité du service public, comme dans le domaine de l’enseignement. Mais la crise a aussi favorisé un esprit de créativité et donné force à plusieurs initiatives.

Plusieurs inventions, en termes d’applications, de robotique, d’intelligence artificielle, ont permis « de libérer le génie créateur. Des robots pulvérisateurs développés par des jeunes maliens et des systèmes de respirateurs sont en cours de test. Plusieurs nouvelles inventions ont vu le jour », ajoute M. Kouyaté.

Des initiatives qui se sont multipliées à travers le monde, comme en Corée, où une application permettant de tracer les citoyens et de fournir une carte sanitaire a été développée. Elle permet de savoir dans quelle zone il y a danger ou pas et le citoyen qui quitte une zone pour une autre reçoit des alertes et est informé des dangers et risques éventuels qu’il court.

Plus près de nous, au Rwanda, des robots permettant d’agir sur les patients ont été mis au point afin d’éviter les contaminations massives du personnel soignant.

Au Mali, d’autres initiatives, comme celle du drone sonore pouvant survoler les marchés et émettre un message informant par rapport à la maladie, ses mesures de prévention et ses modes de contamination, ont aussi été développées.

Contraintes

Autant les opportunités sont grandes dans le domaine, autant les contraintes le sont. Ainsi, lorsque le besoin à satisfaire n’est pas pris en charge à la base, le problème perdure. En effet,  chez nous, c’est la conception de l’outil qui fait défaut, « parce que l’offre n’est pas adaptée à la clientèle », explique M. Diawara. Souvent, ce sont des standards très compliqués, conçus ailleurs et inappropriés pour répondre à nos demandes. C’est pourquoi il faut une analyse réelle de nos besoins et de nos réalités pour développer les solutions, au risque de voir les outils que nous adoptons rangés dans les tiroirs.

Si dans ce processus les privés qui conçoivent les outils jouent un rôle de premier plan, l’État a le devoir de créer les conditions adéquates, suggère M. Diawara. L’État et les privés connaissant leurs intérêts et leurs besoins, c’est à chacun d’utiliser la technologie dans ce cadre. Mais « il n’y a pas une course entre eux ». Le manque d’infrastructures TIC figure au nombre des contraintes, selon M. Kouyaté.

D’autre part, l’écosystème du numérique doit être favorisé par l’État. Et sur ce plan, le coût de la connexion est encore un frein pour les usagers, alors qu’en disposer ne devrait plus être un luxe, comme c’est encore le cas ici.

En outre, l’accent doit être mis sur la formation de la ressource humaine. Les personnes ressources qualifiées, indispensables au développement des TIC, font encore défaut. En effet, il n’existe « aucune école informatique de l’État qui forme des cadres dans ce domaine, alors que c’est son rôle primordial de les former pour produire », déplore M. Kouyaté.

Il faut le comprendre et s’en convaincre, « le numérique apporte beaucoup plus que l’agriculture, que nos mines d’or, parce que son développement n’a pas de limites, alors que les ressources des secteurs sur lesquels nous nous basons actuellement sont épuisables. Chaque jour on peut créer et innover et chaque jour de nouveaux besoins apparaissent. Nous avons donc intérêt à développer ce secteur. L’État doit même mettre en place une banque pour financer ce domaine d’activité, tout comme le domaine agricole, afin que lorsqu’une entreprise a un projet et sollicite un financement, ce problème, qui constitue une contrainte majeure, soit résolu ».

Fatoumata Maguiraga

Hausse du capital de BOA Mali prévue à la « fin du second semestre » 2020

Bank of Africa (BOA) Mali, qui enregistre une dégradation importante de son portefeuille crédits à fin 2019, connaîtra à la « fin du second semestre » de 2020 une augmentation du capital de la filiale, a indiqué vendredi Abderrazak Zebdani, le directeur général adjoint de BOA Group.M. Abderrazak Zebdani s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse, en ligne, organisée par le Groupe BOA, via la plateforme Microsoft Team. Il a fait savoir que cette augmentation du capital de BOA Mali devrait avoir lieu « vers la fin du second semestre » 2020.

Des clients en difficulté grandissante qui n’ont pu respecter leurs engagements, ont grevé les charges de BOA Mali (la plus ancienne des filiales du groupe bancaire) qui compte « 10 à 20 gros clients qui représentent 30% du portefeuille » dans la banque.

Au terme de l’exercice 2019, la filiale a accusé une perte de 6,9 milliards Fcfa. Malgré un produit net bancaire en croissance de 7,8%, les actionnaires ne bénéficieront pas de dividendes. Les performances de la banque ont été annihilées par le niveau de provisions pour risque exceptionnellement élevé (17 milliards Fcfa de créances déclassées dont 75% sur 5 dossiers).

Le repli de la marge bancaire est notamment dû à d’importants déclassements de dossiers de crédits, partiellement composés par les revenus de titres de placement. Cette baisse est largement composée par la hausse des commissions (+23% notamment sur opérations et sur le change).

Un plan de remédiation de BOA Mali a été mis en place, impliquant le changement et la réduction des effectifs de la direction générale. En outre, un plan de réduction des charges de la banque a été lancé en fin 2018. Ce qui devrait permettre une restructuration des fonds propres.

Ces mesures ont été discutées par le Conseil d’administration en février 2020 et votée ensuite par l’Assemblée générale. Etant cotée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), l’augmentation du capital devra suivre un processus avant son effectivité.

Selon M. Abderrazak, un retour à la rentabilité est prévu fin 2020. Avec le plan de remédiation, le groupe bancaire veut permettre à sa filiale de respecter l’ensemble des ratios réglementaires, ce qui l’a contraint à lancer une augmentation du capital pour pouvoir retrouver le dynamisme de la banque.

II a par ailleurs fait observer que la crise sanitaire de la Covid-19 n’a pas eu d’impact sur les prévisions du groupe. Mais, la rubrique qui est touchée, est visiblement celle de la commission avec la fermeture des frontières.

Cela, dira-t-il, s’explique par le fait qu’il y a moins de commerce international, moins de virements à l’étranger et de transactions. Toutefois, les chiffres du Groupe BOA sont « conformes au budget et aux prévisions budgétaires arrêtés fin 2019 ».

Le Groupe BOA qui affiche toujours une bonne santé, a dépassé la barre des 4 millions de comptes à fin 2019. Il est premier en nombre de comptes avec une part de marché dans l’espace Uemoa qui dépasse les 17%.

Hadizatou Dao : Au nom du slam !

Finaliste de la Coupe du monde de Slam Poésie 2020, Hadizatou Dao est une pépite du slam malien. Avec des textes aussi bouleversants qu’engagés, elle impose le respect. Elle nous parle de son parcours et de ses rêves.  

Son ambition ? Contribuer au développement du slam malien en le vulgarisant, parce que « le Slam n’est pas assez connu et compris au Mali ». Ce rêve cohabite à côté de celui de formatrice dans cet art avec des ateliers d’écriture et d’expression des blessures ou des joies de l’âme. En somme, réaliser son projet, « le slam comme thérapie », pour améliorer les conditions de vie des jeunes en occupant leur esprit au quotidien pour lutter contre la délinquance juvénile, à l’image du géant français Grand Corps Malade. Même si la récurrente question de l’art qui peine à nourrir son homme revient sur l’ardoise des préoccupations, la pépite du slam malien Hadizatou est optimiste pour ce qui concerne l’évolution et la perception de la culture au Mali. Elle est persuadée que les autorités de la Culture vont porter à bras le corps le slam dans sa pluralité afin de valoriser ce jeune art.

Hadizatou Dao est la championne 2020 du slam malien. Du 18 au 24 mai, elle a représenté le Mali à la Coupe du monde de slam poésie, Grand poetry slam, qui réunit des slameurs du monde entier qui s’est tenu cette année sur la toile. Elle a réalisé l’exploit d’aller à la finale de ce rendez-vous de l’art oratoire auquel le Mali participe pour la troisième fois. L’édition 2020 a été remportée par l’Espagnol Dani Orviz, 44 ans, déjà plusieurs fois champion d’Europe et d’Espagne. Mais la performance exceptionnelle d’Hadizatou a été saluée par ses pairs.

C’est en 2015 qu’elle cède aux avances du slam, à travers la rhétorique et le style du slameur français Grand Corps Malade.  Bien plus tard, une autre voix forte impactera sa vie : celle de l’artiste engagée Malika, la reine du slam burkinabè.

Après deux passages à Oxyjeunes, en 2016 et 2017 à Ségou, elle prend conscience que le slam, à côté de ses études et la lecture est une forme d’expression de la sensibilité de son âme.

Du haut de ses 20 ans, même si le rêve est permis, l’étudiante porte en bandoulière l’effort, le travail, pour s’ouvrir de nouvelles portes et affronter de nouveaux défis. Littérature et sciences, ses passions, même si elles semblent antagonistes, dialoguent en toute quiétude au nom du slam.

Idelette BISSUU

Le Groupe BOA affiche un «léger décrochage» de son résultat net en 2019 mais «va très bien» (DG)

Le Groupe Bank Of Africa (BOA Group), affiche pour l’exercice 2019 un « léger décrochage » de son résultat net estimé à près de 15% mais « va très bien », a assuré mercredi son directeur général, Amine Bouabid.M. Bouabid s’exprimait lors d’une présentation des résultats des six banques du groupe notamment cotées à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), à savoir BOA Bénin, BOA Mali, BOA Sénégal, BOA Niger, BOA Burkina Faso et BOA Côte d’Ivoire.    

La présentation, en raison de la pandémie à Covid-19, s’est déroulée sous forme de webinaire, en présence de près de 120 participants, membres de la communauté financière, des sociétés de bourse, des fonds d’investissement, ainsi que des investisseurs institutionnels et privés, des analystes et des journalistes, issus des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). 

« Globalement, les résultats sont bons, mais il y a un léger décrochage des résultats nets du groupe de 15% à peu près en 2019 et qui était dû essentiellement au coût du risque qui était anormalement élevé », a dit M. Bouadid. 

Pour le Mali et le Kenya, dira-il, le coût du risque était deux fois supérieur à la normale, ce qui a fait qu’ il y a eu un décrochage. Cependant, « il n’y a pas de sujet majeur hormis ces deux banques qui ont posé un problème ».

« Le groupe BOA va très bien et gère comme tout le monde la crise sanitaire de la Covid-19 » que la planète subit, a déclaré M. Amine Bouabid. Avec une performance smart lors de l’exercice 2019, il «essaie de faire preuve de résilience » pour contenir l’impact de la pandémie de la Covid-19.  

Performances financières 

Pour accroître les performances de leur portefeuille, chaque filiale du Groupe a dû gérer les contingences et les risques pays. Surtout, avec l’avènement de la pandémie de la Covid-19, elles devront pourvoir scruter l’environnement et capter des flux de capitaux.

La filiale du groupe au Bénin a enregistré en 2019 un produit net bancaire de 5,1%. Et ce, grâce à la quasi stabilité des charges générales d’exploitation avec un résultat brut d’exploitation en progression de près de 11%. Elle affiche une baisse du coût du risque du fait de la hausse des recouvrements et suite à des passages en perte (writte-off). Le résultat net ressort une croissance de 18% à 15 milliards Fcfa.

BOA Bénin est la première banque du pays en termes de crédits et de dépôts sur un réseau de 50 agences dont une ouverte en 2019. La fermeture des frontières avec le Nigéria depuis août 2019, toute chose qui impacte l’écosystème économique et la circulation monétaire. 

 Au Burkina Faso, la filiale de BOA s’adapte surtout à l’environnement sécuritaire marqué par des attaques terroristes. En variation par rapport à l’année précédente, le produit net bancaire ressort une croissance de 7,8%. Le coût du risque reste toutefois maîtrisé à 0,4% des encours moyens malgré une forte augmentation due à des passages en perte.

Le résultat net de BOA Burkina Faso ressort à 18,5 milliards Fcfa, en hausse de 7%. La filiale occupe le deuxième rang en termes de crédits dans le pays et le troisième au niveau des dépôts sur un réseau de 52 agences.

En Côte d’Ivoire, BOA éprouve une vulnérabilité face aux cours du cacao dont la culture représente 15% du Produit intérieur brut (PIB) et 38% des exportations du pays. Le produit net bancaire ressort une croissance de 7,7% malgré une légère augmentation du coût de risque. Le résultat net, lui, indique une hausse de 23% à 14,4 milliards Fcfa.

BOA Mali connaît une dégradation importante du portefeuille de crédits et des difficultés grandissantes de certains clients dont les conséquences sont aggravées par un niveau de concentration élevé du portefeuille. 

Quatrième banque en termes de crédits et de dépôts sur 54 points de vente (agences et bureaux), BOA Mali arbore toutefois un produit net bancaire en croissance de 7,8%. Le plan de réduction des charges générales d’exploitation porte ses fruits avec une amélioration du coefficient d’exploitation à 71%.

BOA Mali affiche une perte de 6,9 milliards Fcfa. Selon Laura Tran, directrice du Pôle participations, le Groupe prévoit une augmentation du capital de la filiale, prévue ce deuxième semestre. Les bonnes performances de la banque ont été annihilées par le niveau de provisions pour le risque exceptionnel élevé (17 milliards Fcfa de créances déclassées dont 75% sur cinq dossiers).

La filiale du groupe au Niger, elle, présente un contexte sécuritaire difficile. Première banque du pays en termes de credits6et deuxième en dépôts, le produit net bancaire de la filiale ressort une hausse de 13,7% avec un coût du risque qui se maintient autour de 0,5% des encours de crédits. Le résultat net ressort à 8,5 milliards Fcfa, en hausse de 11%. 

Quant à BOA Sénégal, en dépit de la faiblesse des investissements privés dans le pays, la filiale, 5è banque en termes de crédits et 4è en dépôts sur un réseau de 58 agences, affiche un produit net bancaire de 20,7%. Le résultat net, lui, ressort à 9,1 milliards Fcfa, en hausse de 7,1%. 

Indicateurs boursiers 

La crise sanitaire de la Covid-19, enclenché en décembre 2019, puis accentué au premier trimestre 2020 à travers la monde, a entraîné un recul des investisseurs internationaux de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).

La performance du titre de BOA Sénégal,  établie à 6,4% en décembre 2017, puis -19,2% en 2018, affiche -23,5% en 2019. Le taux à la date du 22 mai 2020 est de 0,0%. Le dividende brut de 179 Fcfa par action devrait être proposé au vote en Assemblée générale ordinaire (AGO) le 29 mai et la mise en paiement le 8 juin 2020.

BOA Niger, avec une performance de titre de -28,5% en décembre 2017, -21,2% en 2018 et -13,2% en 2019, affiche un taux de 0,4% au 22 mai 2020. La performance globale boursière, elle, est de 14% au 22 mai 2020.

À la BRVM, BOA Mali a enregistré en termes de performances du titre, -2,5% en décembre 2017, -52,9 en 2018 et -53,1 en 2019. A la date du 22 mai 2020, le tire affiche un taux de -15,7%, visiblement sanctionné par le marché.

BOA Côte d’Ivoire accuse en termes de performances, un taux du titre de -29,5% en décembre 2017 contre -14,13% en 2018 et -4,9% en 2019. A la date du 22 mai 2020, ce taux est de -17,4%. Le dividende brut de 350 Fcfa voté en AGO devrait être mis en paiement le 15 juin 2020.

L’indicateur boursier de BOA Burkina Faso ressort, en termes de performances, un taux du titre de 2,5 en décembre 2017 contre -27,3% en 2018 et -27,1% en 2019. A la date du 22 mai 2020, le taux du titre est de -16,9%. La performance globale boursière indique toujours au 22 mai 2020 une perte de -3,5%.

Pour la cotation de BOA Bénin à la bourse, l’on note en termes de performances du titre, un taux de -10,7% en décembre 2017 contre -43,6% en 2018 et -14 en 2019. Le titre s’est déprécié de 12,9% à la date du  22 mai 2020.

Les performances financières et boursières sont indépendantes. Toutefois, celles-ci sont boostées par le capital confiance, un facteur indéniable dans l’environnement du secteur bancaire et du secteur financier.  

Résilience     

Le Groupe BOA, selon son directeur général, affiche  jusqu’à avril 2020 de bons résultats. En termes de prévisions, à partir de juin, l’on voit qu’il y a une dégradation qui commence à s’opérer, mais avec une approche défensive, il apporte une réponse aux différentes problématiques.

En 2020, le groupe BOA compte faire preuve de résilience face à l’impact de la pandémie de la Covid-19. Il a fait savoir que c’est la grande tendance qui s’affiche dans les provisions pour l’instant avec un cours de risque qui pourrait atteindre 25%. 

« On anticipe en tendance pour l’instant avec un fort rebondissement qui devrait s’opérer en termes de résultats à partir de 2021 », a relevé M. Bouabid. Bien que ce soit des tendances, le groupe bancaire prépare une approche budgétaire pour stabiliser les activités et construire un véritable budget en 2021-2022.

Le groupe BOA montre un fort leadership en termes de riposte au niveau de la gestion de la situation. Après des actions pour répondre au choc et stabiliser l’activité, il se veut réaliste aux fins de rationaliser les crédits, tout en étant enfin  pro actif pour redessiner un nouveau modèle organisationnel et reprendre son élan à partir de 2021.

Ce faisant, le groupe travaille sur un plan de continuité d’activité en termes d’agence, de siège, de clients, et tout ce qu’il faut apporter comme solutions et réponses en fonction des contingences de chaque pays.

Être pro actif, le groupe bancaire mène déjà la réflexion post Covid-19. Il envisage de pousser fortement l’utilisation des canaux digitaux, permettre aux usagers de venir en agence pour des sujets essentiels, et répondre aux sollicitations des clients qui vivent la crise en apportant des solutions en termes de facilité de financement, de reconduction de certains crédits. 

D’ici à 2022, le groupe envisage également de modéliser les impacts financiers sur les différents pays, en définissant une approche méthodologique qui permette d’appréhender le portefeuille par secteur, de prendre des paris par secteur d’activité.

Les effets de la pandémie de la Covid-19 peuvent durer sur 12 à 15 mois. Et pour ce faire, M. Bouabid estime qu’ il va falloir revisiter ce modèle régulièrement. Déjà le groupe a fait diligence de demandes de baisse de tarification, de report d’échéances, pour minimiser au maximum l’impact de la Covid-19 sur les clients.

Le groupe n’est pas resté en marge de la solidarité autour des personnes vulnérables dans ce contexte de crise sanitaire de la Covid-19. « On est au-dessus de 2 millions d’euros (1,31 milliard Fcfa) de contributions qui ont été faites par le groupe et qui est repartie sur plusieurs pays », a dit M. Bouabid. 

DJIGYA’ SO Mali éducation : Les enfants démunis à l’école

Permettre aux enfants démunis d’aller à l’école, voilà l’objectif de Djigya’ So Mali. Grâce à un système de parrainage, cette association humanitaire assure à plusieurs enfants maliens vulnérables le droit à l’éducation. 

« Un Malien aide un autre Malien ». Il ne faut plus de six mots pour résumer la philosophie qui anime Djigya’ So Mali éducation. La jeune association, vieille de trois ans seulement, s’attèle à faire toucher du doigt au Mali le bonheur qu’il y a de permettre à un enfant démuni d’aller à l’école.
L’idée vient de Mme Hassane Zeinaba Sylla, touchée par l’esprit de Mère Theresa. « Dans mon quartier, un couple de mendiants paralytiques nous faisait face. Ils avaient une petite fille de sept ans. Tous les autres enfants de la cour partaient à l’école sauf cette dernière, qui était toujours là à pleurer. Je me suis dit que c’était cela qui la frustrait peut-être et c’est ainsi que l’année suivante je l’ai inscrite. J’ai constaté qu’elle a vraiment aimé ça », se souvient-elle.

Deux ans après cette émouvante histoire, la jeune femme crée l’association Djigya’ So Mali éducation avec deux amies : Mme Assétou Doumbia, commerciale, et Mme Demister Nevia, entrepreneure. L’objectif était de mettre en place un système de parrainage afin que d’autres enfants aient la chance d’aller en classe.

Djigya’ So Mali éducation entre en contact avec l’Association pour le soutien des handicapés et enfants démunis (ASHED Mali) de Badalabougou. La responsable, Kadia Traoré, s’occupe à elle seule de plus de 70 enfants, grâce à un petit restaurant et des dons irréguliers. « On a fait parrainer 13 enfants, dont une dizaine à l’ASHED Mali. Ils sont en 3ème année. On dépose des dons également de temps en temps », explique Hassane Zeinaba Sylla.
Le coût de parrainage d’un enfant est de 55 000 FCFA par année scolaire, dont 15 000 pour les frais d’inscriptions et de fournitures et 5 000 pour le goûter. Dans sa volonté de parrainer plus d’enfants, l’association se heurte à un problème d’obtention de récépissé qui traîne. Cela altère sa crédibilité auprès des donateurs potentiels. « Généralement, seuls ceux qui nous connaissent font des dons », déplore sa présidente.

Donner du sourire aux enfants se passe aussi en dehors des salles de classe. Djigya’ So Mali éducation organise chaque année des kermesses où elle invite des orphelinats et des enfants mendiants. Elle a en projet de créer des bus bibliothèques ambulantes qui balaieront les quartiers le weekend afin d’insuffler le goût de la lecture aux enfants

Boubacar Diallo

État d’urgence : Suffisant pour tout légitimer ?

Depuis quelques semaines, certains Maliens dénoncent des arrestations extrajudiciaires sur les réseaux sociaux. D’autres se plaignent que leur liberté d’expression ne soit plus garanti. Ces « entraves » à l’état de droit peuvent-elles être légitimées par l’état d’urgence.

Entré en vigueur, sans interruption, depuis novembre 2015, après l’attaque d’hommes armés contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, l’état d’urgence a une nouvelle fois été prorogé d’un an en octobre 2019 au Mali, jusqu’au 31 octobre 2020. Sous l’état d’urgence, certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation ou la liberté de presse.

Juridiquement, l’état d’urgence trouve son fondement dans la Constitution. Il renforce les pouvoirs des autorités administratives et judiciaires, des forces de police et même de l’armée, car la situation est telle qu’il faut renforcer le pouvoir exécutif.

Mais, il est instauré au détriment des libertés publiques. « L’état d’urgence est une situation exceptionnelle, une mesure qui viole les libertés publiques. C’est un pouvoir en soi, donc s’il faut tout légitimer par cet état, on sera dans un état de non droit.

L’état d’urgence est nécessaire dans certaines situations. Mais il est bon de se demander s’il a produit les résultats escomptés », estime Maître Makan Diallo, avocat inscrit aux barreaux du Mali et de Paris. L’important, selon lui, est de savoir ce que ce régime d’exception a apporté au Mali.

Certaines interdictions sont des garanties qui normalement sont prévues par la loi et doivent accompagner l’état d’urgence. « On est dans un état de droit, où les gouvernants, tout comme les gouvernés, sont soumis à des règles de droit. Donc, si l’État ne joue pas son rôle, les gouvernés ont le droit de manifester leur désapprobation », ajoute-t-il.

Dr Ali Maïga, représentant des universités du Mali à la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et Président de la sous-commission promotion, abonde dans le même sens que l’avocat. « Il n’y a rien de plus naturel que le droit d’aller et de venir. Lorsque vous privez quelqu’un de sa liberté de se déplacer, vous faites une atteinte assez grave à ses droits fondamentaux ».

Il reconnait au citoyen le droit de montrer que ces « droits, qui outrepassent le cadre national et qui sont universels, ne doivent pas être violés sans justification ». Toutefois, il affirme que casser et brûler ne sauraient être des droits pour la population, mais plutôt des délits.

Aminata Keita

Pour l’intérêt général

Dans un article intitulé« Eh ! bien, priez chez vous« , publié par Le Journal du Mali, le 08 /08/2020, nous avons démontré, en puisant dans la tradition prophétique et l’avis d’éminents savants de l’Islam, la primauté de la préservation de la vie humaine sur la pratique des rites fussent-ils à caractère obligatoire ou surérogatoire.

Aujourd’hui, alors que le nombre des personnes déclarées atteintes de la maladie à Covid 19 a grimpé pour avoisiner le chiffre alarmant de 1000 cas, les autorités politiques et religieuses restent les bras croisés à la veille d’une fête qui risque de devenir celle de tous les dangers.

 

Nous vivons une phase critique de notre histoire qui ne sera que ce que nous en ferons.

Un tour dans la capitale et les régions du pays montre, à suffisance, que cette nation est en danger de mort :

Ceux qui respectent les mesures de protection contre la maladie ne font que 2/1000, environ. 

La quasi-totalité de la population sont adeptes de la théorie du complot. Pire encore, beaucoup pensent que les africains sont naturellement immunisés contre la maladie à Covid 19 ou que la maladie n’est qu’un instrument utilisé par le gouvernement pour attirer des aides étrangères.

Dans ce contexte, le maintien des prières collectives et des grands rassemblements est une fuite des réalités du monde dans lequel nous vivons.

Partout dans le monde musulman, les instances religieuses dont le Comité des Grands Savants d’Arabie Saoudite,ont émis des fatwas exhortant les fidèles à accomplir la prière de la fête à la maison. 

Dar Al-Iftaa d’Egyptea a déclaré que la prière de l’Aïd est une Sunna confirmée, et qu’il est souhaitable d’être en congrégation avec l’imam, que ce soit dans la mosquée ou en plein air, donc s’il y a une objection à rencontrer des gens, comme c’est le cas maintenant de la propagation de l’épidémie mortelle avec laquelle il est impossible d’établir des groupes; Il est permis, sinon obligatoire à un musulman de prier l’Aïd à la maison seul ou avec les gens de sa famille.

La maison des avis religieux égyptienne a ajouté que violer les instructions officielles de l’État interdisant les prières de l’Aïd dans les mosquées et les places publiques est considéré comme un acte criminel  qui met en danger la vie des gens. 

Dans un communiqué de presse publié par la Grande mosquée de Dakar, le 13 Mai 2020, on peut lire :

« Le Grand Imam de Dakar informe tous les musulmans, qu’il a pris bonne note des mesures d’allégement prises par le Chef de l’État dans le cadre de la riposte contre le COVID-19.

Cependant, en raison de l’évolution de la pandémie et du nombre de cas qui augmente de jour en jour, le Grand Imam de Dakar, El Hadji Alioune Moussa SAMBA rappelle tous les musulmans que la mesure de suspension temporaire des prières à la Grande Mosquée de Dakar reste maintenue. Les raisons évoquées pour la fermeture des mosquées restent aujourd’hui plus valables que jamais ».

« Il est de notre responsabilité de veiller à la sécurité sanitaire des fidèles. Il advient que nous n’avons pas les moyens de faire respecter les gestes barrières pour éviter une éventuelle contamination dans la Grande Mosquée de Dakar ».

Le Haut Conseil Islamique et les autorités du Mali peuvent rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard.

Bien que je sois vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali, je parle ici, dans cette tribune, en mon nom personnel.

Ne cherchant ni approbation ni éloges de qui que ce soit, ni à entrer en  querelle avec qui que ce soit.Nous restons fermes et convaincu sur notre position qui est la fermeture temporaire des lieux de culte et la suspension des rassemblements religieux  pour freiner la propagation de la maladie parmi les fidèles.

Les divergences d’opinions ne doivent, en aucun cas, remettre en cause les bonnes relations.

Mais je suis saisi d’une crainte quant à ce que cette décision de maintenir les prières collectives pourra avoir comme conséquences néfastes.

D’après Abû RouqayyaTamîm ibn Aws ad-Darî, le Prophète – a dit : « – La religion est le bon conseil. – Pour qui doit-on le donner ? Demanda-t-on au Prophète. – Pour Allah, répondit-il, pour Son Livre, pour Son Prophète, pour  les détenteurs de l’autorité et pour l’ensemble des musulmans. »

                         -Les 40 hadiths An-Nawawi, hadith N° 7.

C’est donc mon désir, sinon mon devoir, de prodiguer quelques conseils à nos autorités:

  • La pulvérisation des mosquées et des places publiques ou se tiendra la prière de la fête.
  • Intensifier les campagnes de sensibilisation contre la pandémie, surtout en cette période de fêtes ou les gens multiplient les rassemblements et les visites.
  • Demander aux chefs de familles de garder leurs enfants à la maison.
  • Maintenir la fermeture des boîtes de nuit et d’autres lieux de divertissement.
  • La non-participation du chef de l’Etat, des membres et du gouvernement et des officiels à la prière et aux manifestations de la fête. Ainsi, ils donneront le bon exemple à suivre à une  grande frange de la population qui risquerait d’en déduire que la pandémie est déjà derrière nous.

Je refuse de croire que le camp opposé est animé de mauvaise foi. Cependant, les considérations personnelles, claniques, politiques et confessionnelles ne doivent pas être prises en compte quand l’intérêt public est en jeu.

Notre nation est maintenant devant un tournant décisif de son existence. Si nous continuons à gérer cette crise sanitaire avec frivolité, nous risquerons de nous réveiller trop tard et le châtiment ne tardera pas à nous rattraper.

Un sage a dit: « Lorsque la guerre éclate, vous devrez tirer l’épée et jeter le fourreau ». Nous sommes en train de nettoyer le fourreau alors qu’une bataille pour la survie bat son plein.

Par Thierno Hady Cheick Omar THIAM

 

État de droit: En net recul

La multiplication des arrestations extrajudiciaires au Mali suscite des inquiétudes. Les cas des personnes interpellées sans aucune procédure, qu’elles soient connues publiquement ou de simples citoyens anonymes, continuent d’être pointés du doigt par les organisations nationales de défense des droits humains. Le Mali a en outre chuté dans le classement 2020 du World Justice Project (WJP) en termes d’état de droit, passant du 104ème au 106ème rang sur 128 pays. Autant de signes qui font craindre un net recul de l’état de droit dans le pays et interpellent au plus haut sommet de l’État pour la sauvegarde des libertés et droits fondamentaux garantis par la Constitution.

« L’AMDH attire l’attention des plus hautes autorités sur l’impérieuse nécessité de judiciariser les dossiers se trouvant au niveau de la Sécurité d’État, en vue de se conformer aux textes en vigueur en République du Mali. En effet, plusieurs cas de personnes qui y seraient détenues depuis des mois, sans nouvelles de leur famille et sans qu’aucune procédure judiciaire ne soit ouverte à leur encontre, ont été signalés à l’AMDH par leurs proches et avocats », indiquait un communiqué de l’Association malienne des droits de l’Homme du 14 mai 2020.

Ce communiqué, qui portait sur la préservation de la liberté d’expression au Mali, faisait en effet suite à l’interpellation cinq jours plutôt, le 9 mai 2020, du Professeur Clément Dembélé, porte-parole de la Plateforme de lutte contre la corruption et le chômage (PCC).

Ce dernier, dont les proches sont restés sans nouvelles longtemps, aurait été enlevé par plusieurs individus non identifiés, en pleine journée, à Banconi, près de sa résidence.

Deux jours plus tard, le 11 mai, c’était au tour de Nouhoum Sarr, Président du Front africain pour le développement (FAD), d’être arrêté par la Brigade d’investigations judiciaires, puis traduit devant le Tribunal de Grande instance de la Commune III, avant  d’être remis en liberté le lendemain, à la suite du classement sans suite du dossier opéré par le Procureur de la République.

L’ex-député de Kati Bourama Traoré, dit Bananzolé Boura, et certains de ses compagnons avaient été aussi interpelés début mai par le Camp I de la Gendarmerie de Bamako, vraisemblablement dans la foulée des contestations post-électorales.

Un tableau sombre

Les méthodes utilisées pour interpeller les « gens qui gênent » sont à la limite de la correction et du droit, à en croire Maitre Mamadou Ismaila Konaté, avocat et ancien ministre de la Justice du Mali. « Ces méthodes néfastes assombrissent l’environnement judiciaire de notre pays et ces poursuites ne nous avancent pas et n’honorent personne. Dans un contexte d’état de droit, et dans une République digne de ce nom, comme on prétend l’être, aucun autre pouvoir ne peut supplanter la justice ni s’investir en ses lieux et place », fait-il observer.

Dans la même lignée, un professeur de droit à l’université qui a requis l’anonymat pense que le pouvoir est aujourd’hui dans un réflexe de survie qui se traduit par ces arrestations arbitraires et la tentative de faire taire toute dissidence.

« En démocratie, l’État n’a pas besoin de cela. Les choses doivent fonctionner normalement et être régulées dans un cadre institutionnel. C’est ce qu’il y a de plus solide et de plus fort pour un régime », plaide cet enseignant.

Amnesty International Mali a déjà également déploré les arrestations arbitraires et inter
pellé le régime pour le strict respect des libertés fondamentales garanties par la Constitution.

Suite à des correspondances de sa part, adressées aux ministères de la Justice et de la Sécurité l’année dernière, plusieurs cas avaient été finalement judiciarisés et des personnes avaient été libérées par la suite, parce qu’il n’y avait aucune charge retenue contre elles.

« Certains avaient passé plus de deux ans au niveau de la DGSE, sans même savoir le motif de leur arrestation. Ce sont des abus de droit, des violations des personnes arrêtées », déplore Ramata Guissé, Présidente d’Amnesty International Mali.

« Nous invitons les autorités à arrêter ces pratiques. Il y a des voies légales pour arrêter les gens. S’il y a des choses qui leur sont reprochées, qu’ils soit arrêtés dans les règles de l’art », préconise-t-elle.

Net recul ?

De l’avis de la plupart des observateurs de la situation, l’état de droit au Mali est en net recul ces dernières années, comme en atteste également le classement 2020 du World Justice Project, publié en mars dernier, classant le Mali 21ème sur 31 pays dans la région Afrique subsaharienne et 13ème sur 19 parmi les pays à revenu faible.

L’indice sur l’état de droit du WJP mesure la performance en termes d’état de droit de 128 pays et juridictions, répartie en huit facteurs : contraintes aux pouvoirs du gouvernement, absence de corruption, gouvernement ouvert, droits fondamentaux, ordre et sécurité, application des règlements, justice civile et justice criminelle.

« L’état de droit est incompatible avec les poursuites téléguidées contre les uns et l’impunité pour le plus grand nombre. Nul individu ne doit être au-dessus de la loi et faire l’objet d’une protection abjecte du fait des autorités politiques en récompense d’un soutien ou d’une faveur », note Maître Konaté.

À l’en croire, sur ce plan, c’est bien le pouvoir exécutif et les juges qui doivent donner le bon et l meilleur exemple dans un état de droit. « C’est une lutte de longue haleine pour que le pouvoir politique fasse preuve d’élégance telle qu’il laisserait librement poursuivre un proche, un allié, un parent, un fils et une fille qui sont en cause dans le cadre de poursuites judiciaires, sans broncher ni intimider le juge », souligne-t-il.

Pour Ramata Guissé, le respect des droits humains au Mali est clairement en train de reculer, malgré que le fait que le Mali ait ratifié toutes les conventions relatives à la protection et à la défense des droits de l’Homme. « Je suis écœurée de constater de telles pratiques arbitraires continuent. C’est vraiment déplorable ».

« Dans notre pays, il faut sauver les acquis et aller à la conquête non pas des droits, parce qu’ils existent, mais de leur application effective », corrobore l’ancien ministre de la Justice.

La DGSE en substitution à la justice?

La Direction générale de la sécurité d’État (DGSE) est souvent impliquée dans les interpellations hors procédures judiciaires, au point que ce service parallèle de l’État, pourtant nécessaire à son bon fonctionnement, est fortement indexé pour le piétinement par ses agents des règles judiciaires.

Maitre Mamadou Ismaila Konaté le martèle : nul autre service de police, militaire, de gendarmerie, voire même paramilitaire ou de sécurité, y compris la Direction générale de la sécurité d’État, ne saurait échapper à la loi et au contrôle absolu du droit et du cadre judiciaire.

C’est pour cela, rappelle-t-il,  « qu’il est important pour les cadres de ces services, surtout lorsqu’ils sont des officiers de n’importe quelle arme, et les autorités qui sont leurs hiérarchies et / ou leurs commanditaires de prendre conscience des limites strictes à ne pas franchir.

Le professeur de droit juge également inadmissible que le mobile d’atteinte à la sécurité de l’État soit utilisé comme leitmotiv pour procéder à toutes les actions de non droit. « La principale menace pour la sécurité intérieure au Mali, c’est le terrorisme. Ce ne sont pas les personnes qui expriment publiquement leurs opinions, pour ou contre le régime. Ce sont des faux-fuyants. Une autre chose qui menace la sécurité intérieure, c’est la gouvernance elle-même ».

Mais, même avec ce recul, l’espoir de la consolidation de l’état de droit au Mali à l’avenir n’est pas pour autant perdu. Cela peut s’affermir à travers « la conscience collective et ultime d’appartenir à une même Nation, qui a à cœur de prôner la paix et la solidarité entre des peuples unis et engagés vers la construction d’un État où la loi et le droit sont les premières sources de régulation sociale », croit fermement M. Konaté.

Germain KENOUVI

URD : Possibles fissures ?

Alors que son leader Soumaila Cissé est toujours aux mains de ses ravisseurs depuis près de deux mois, l’Union pour la république et la démocratie (URD) traverse une période de flottement intense. Dans un contexte où les décisions du directoire du parti semblent ne pas faire l’unanimité, certains membres pourraient-ils prêter le flanc et intégrer le prochain gouvernement, dont les tractations pour la formation sont en cours ?

Plusieurs militants et sympathisants du parti de la poignée de mains se sont étonnés que les députés élus sous la bannière de l’URD aient voté pour l’Honorable Moussa Timbiné, candidat de la majorité, lors de l’élection du Président de l’Assemblée nationale, le 11 mai dernier.

Face à la grogne silencieuse qui montait dans les rangs, le directoire du parti a dû s’expliquer, à travers une note interne qui a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

« La Direction du parti doit humblement accepter les critiques de ses militants, sympathisants et aussi de ses alliés, dès lors que celles-ci servent à améliorer le travail combien difficile à l’endroit des populations », indiquait la note en date du 15 mai, signée du 1er Vice-président, le Pr. Salikou Sanogo.

Flottement sans envergure ?

Pour Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint à la communication du parti, cet incident à l’interne est désormais géré et tout le monde est passé à autre chose. Même s’il reconnait que le parti traverse une période de flottement, il écarte toute probabilité de fissures au sein de l’URD.

« Il peut y avoir des moments d’incompréhension, surtout quand un leader qui gérait bien son parti s’absente sans crier gare, sans donner de consignes. Mais, aujourd’hui, il n’y a pas de fissures au sein de l’URD. Les députés ont compris le message de la direction après leur vote à l’Assemblée », soutient-il.

Cette position est également appuyée par l’analyste politique Salia Samaké, qui trouve d’ailleurs que la position actuelle de l’URD se trouve encore plus confortée et qu’elle garde encore sa position de premier parti de l’opposition.

Entrée au gouvernement ?

Certains paramètres semblent aujourd’hui se conjuguer pour un réel rapprochement politique entre l’URD et le RPM, notamment les alliances électorales qui ont prévalu pour les législatives et plus récemment donc le vote des députés URD en faveur du candidat de la majorité, en dépit de la candidature de l’Honorable Moussa Mara.

Mais le cap ne sera pas franchi. L’URD ne participera pas au prochain gouvernement. « L’URD n’a pas été concertée et le parti n’a pas l’intention d’entrer au gouvernement. Il n’y a pas eu de discussions concernant un ou des représentants de l’URD dans la prochaine équipe gouvernementale », clarifie Moussa Seye Diallo.

Concernant l’éventualité de la participation de certains membres du parti au gouvernement en dépit de la directive officielle, le secrétaire adjoint à la communication reste ferme.

« Si quelqu’un de l’URD a été consulté  ailleurs et fait son entrée au gouvernement, cela ne nous concernera pas. Le mandaté qui aura consulté cette personne sera la seule personne à répondre de cela », affirme-t-il.

Mais, du point de vue du politologue Boubacar Bocoum, le directoire de l’URD devrait revisiter sa position par rapport à une éventuelle entrée du parti au prochain gouvernement.

« Ils sont déjà au service du peuple à l’Hémicycle. Le gouvernement également est un exercice en rapport avec le service public », pointe-t-il,  avant de préciser qu’il ne devrait  normalement pas y avoir de raisons objectives qui empêcheraient actuellement le directoire de l’URD d’accepter que ses membres prennent part à ce service public.

Un point de vue que ne partage pas Salia Samaké, pour lequel l’URD n’aurait aucun intérêt à participer au gouvernement. Selon lui, la lecture même de la situation politique actuelle n’incite pas à aller dans ce sens. « Il ne faudra pas y aller, quel que soit ce qui peut leur être proposé », martèle-t-il.

Germain Kenouvi

Apurement de la dette intérieure : Soulagement temporaire ?

« L’apurement de la dette intérieure, dont le montant s’élève à plus de 110 milliards de francs CFA, commencera cette semaine », annonçait le Premier ministre Boubou Cissé lors de son allocution du 9 mai 2020, après le Conseil de défense nationale. Environ 66 milliards au titre des mandats de 2019 et 45 milliards pour les mandats du 1er janvier au 30 avril 2020. La décision annoncée coïncide avec la suspension du service de la dette du Mali par le Club de Paris, qui entre dans le cadre des mesures pour soulager les pays en développement frappés par les effets de la Covid-19.

« Environ une centaine de milliards a déjà été payée au niveau des banques », témoigne un acteur. Un soulagement pour l’ensemble de ces entreprises auxquelles l’État devait de l’argent de 2019 au 30 avril 2020. Cette « manne » permettra à ces sociétés de faire face à leurs obligations et de résoudre leurs difficultés de trésorerie, espèrent les autorités. 

Outre cette mesure d’urgence initiée dans le cadre de la riposte contre les effets de la Covid-19, le Mali vient de bénéficier d’une suspension temporaire du service de sa dette. Au terme de l’initiative du G-20 relative au moratoire sur le service de la dette, le Club de Paris a ainsi approuvé la suspension du service de la dette de la République du Mali envers les pays créanciers membres du Club du 1er mai au 31 décembre 2020.

Un accord qui intervient dans le cadre de la facilité accordée par les pays du Club de Paris et du G-20 à 77 des pays les plus pauvres du monde pour leur permettre de faire face à la crise de Covid-19.

« Grâce à la réactivité des services du ministère de l’Économie et des Finances, le Mali est, avec la République de Dominique, l’un des deux premiers pays à bénéficier de cette mesure, qui soulage à sa juste valeur la trésorerie de l’État », se réjouissent les autorités. 

Ce report de paiement permettra d’économiser un montant évalué à 23 milliards de francs CFA, dont le paiement sera échelonné sur quatre ans à partir de la fin de la suspension du service de la dette.

Si tous les autres créanciers bilatéraux du Mali adhéraient à l’initiative, le montant total du report de paiement serait de 33,2 milliards de francs CFA, espèrent encore les autorités.

Fatoumata Maguiraga

Montants à payer pour 2019 : Environ 66 milliards FCFA

Montants à payer janvier – avril 2020 : 45 milliards FCFA

Le Club de Paris annonce la suspension du service des dettes du Mali

Les créanciers du Club de Paris ont annoncé lundi la suspension jusqu’à la fin de l’année du remboursement des dettes du Mali et de la Dominique, dans le cadre d’un accord conclu avec le G20.

Ils deviennent ainsi les deux premiers pays à bénéficier de l’accord. Le G20 pays et le Club de Paris se sont entendus pour geler le service de la dette des 77 pays les plus pauvres du 1er mai à la fin de l’année pour les aider à faire face à la crise du coronavirus.

Les créanciers du Club de Paris promettent dans un communiqué de continuer à se coordonner étroitement avec les autres parties prenantes lors de la phase de mise en oeuvre de cette initiative, en particulier lorsqu’ils envisageront une éventuelle prolongation de la période de suspension.

Sources: Reuters – ZoneBourse

Eau potable : Le Mali toujours en quête de l’accès universel

L’État du Mali a souscrit depuis 2015 à l’Objectif de développement durable (ODD) numéro 6 des Nations unies, visant à « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable ». Cet engagement a été ensuite réaffirmé dans le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (CREDD 2019 – 2023).

Pour le traduire en réalité, plusieurs décrets et documents de politiques nationales de l’eau et de l’assainissement ont été validés. Il s’agit entre autres du Programme national de la GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau), de la requête de financement pour la finalisation du PNAEP (Plan  national d’accès à l’eau potable) et de l’élaboration du Programme national de gouvernance du secteur Eau.

Mais, même si un grand pas a été franchi avec le lancement de 100 000 branchements sociaux et plusieurs projets d’accès à l’eau potable en cours d’exécution dans le pays, l’accès universel est encore loin de portée.

Selon les chiffres du rapport d’activités 2018 de la Direction nationale de l’hydraulique (DNH), le taux d’accès à l’eau potable est de 65,9% en milieu rural, de 76% en milieu semi-urbain et urbain et de 68,8 % au niveau national.

Pour Dounantié Dao, Président de la CN – CIEPA (Coalition nationale de la Campagne internationale de l’eau potable et l’assainissement), il est temps que les 5% du budget alloué à l’eau et à l’assainissement, suivant les engagements pris, soient effectifs et qu’un budget spécial annuel permette de couvrir les villages n’ayant pas accès à l’eau potable.

De l’avis d’autres acteurs du secteur, plusieurs approches efficientes, moins coûteuses et plus adaptées pour les communautés à la base sont disponibles pour un accès universel à l’eau potable au Mali avant l’échéance 2030.

Germain KENOUVI

Chaleur et coupures d’eau : Le calvaire continue

En ces périodes de fortes chaleurs au Mali, les populations de certains quartiers de Bamako font face à des pénuries d’eau, notamment à Niamakoro, Yirimadjo, Missabougou et ATTbougou, ou en Commune I, à Boulkassoumbougou, où un incendie a ravagé le marché la semaine dernière.

Selon certains témoignages, les coupures d’eau peuvent durer de 5 à 6 heures. D’autres usagers se plaignent d’être obligés de passer toute une journée sans eau potable. Et le service reprend tardivement et seulement pendant de 30 minutes à 1 ou 2 heures, au maximum 4.

S’adapter ?

Bidons, grandes bassines, longues files et va-et-vient, voilà à quoi ressemble le quotidien de nombre de familles dans ces quartiers. Très souvent, faute de pouvoir attendre, des habitants se rendent dans les quartiers où il n’y a pas de coupures pour s’approvisionner. « Ici, il y a coupure tous les jours, des fois de 5h du matin à la rupture du jeûne. On est obligé d’acheter l’eau aux propriétaires de châteaux d’eau. Et le prix du bidon est passé de 50 à 100 francs CFA. Nous n’avons pas le choix ! Il y a des jours où mes enfants quittent la maison à 5h pour aller chercher de l’eau et reviennent à midi. Il nous est même difficile de rompre le jeûne, vu qu’il n’y a absolument pas d’eau pour faire la cuisine », se lamente Rokia Togola, ménagère de Niamakoro.

Situation d’autant plus inquiétante que la crise de Covid-19 sévit au Mali et que les communes auxquelles appartiennent ces quartiers sont parmi les plus touchées. « Comment penser à nous laver les mains régulièrement si nous n’avons même pas d’eau pour nos besoins fondamentaux ? Il est inconcevable d’être confronté à une pénurie dans une grande ville comme Bamako. L’eau doit être mieux partagée », plaide Amadou Djiré, un jeune de Missabougou.

Aminata Keita

Boubacar Bocoum : « Élire un homme est une chose, s’opposer à une politique en est une autre »

L’Honorable Moussa Timbiné a été porté au perchoir de l’Assemblée nationale le 11 mai 2020, lors de a session d’ouverture de la 6ème législature. Une  consécration pour cet ancien leader de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM). Boubacar Bocoum, politologue, livre à Journal du Mali son analyse de cette élection.

Comment analysez-vous l’élection de Moussa Timbiné ?

Le symbole le plus important est que pour la première fois un jeune de cette envergure arrive à la tête de l’Hémicycle. C’est un signal fort. Au niveau de l’Assemblée nationale,  aujourd’hui il y a également un quota de femmes élevé. Cela montre que la législature sera placée sous le signe de la jeunesse et des femmes.

Il revenait quand même de loin…

Il faut faire le distinguo. Ce sont deux problèmes différents. Celui de l’élection locale et celui au niveau de l’Hémicycle. Ce qu’il est important de retenir est que la Cour constitutionnelle, dans sa composition actuelle, peut prêter à suspicion. Mais le format n’a pas changé et il a profité à cette même classe politique en d’autres lieux et en d’autres temps. Il est convenu par tout le monde que le ministère de  l’Administration territoriale ne donne que des résultats provisoires et que les réclamations sont redressées par la Cour constitutionnelle. Maintenant, si cette loi n’est pas bonne, il faut la changer, mais c’est un autre débat.

Comment expliquer les votes des députés de l’opposition en sa faveur ?

Quand on est élu député, on l’est d’abord au plan national. On n’est pas élu contre tel ou tel parti politique ou individu. Pour l’instant nous n’avons pas de Déclaration de politique générale du Premier ministre. Nous ne savons pas non plus dans quelle direction est en train d’aller le Président de la République. Élire un homme parce qu’on a confiance en ses capacités est une chose, s’opposer à une politique en est une autre. Une fois que le Président de la République va donner ses orientations, les partis politiques et groupes parlementaires se positionneront pour ou contre. Mais il ne faudra pas qu’on entre dans des oppositions systémiques.

Peut-il être à la hauteur des attentes ?

Je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas. Il est jeune et la gouvernance de l’Assemblée, c’est juste du management. Il s’agit de diriger les débats, d’avoir des orientations par rapport à une vision nationale. C’est un poste électif, pas technique. Moussa Timbiné a les capacités de tenir le rôle. Il ne faut pas oublier qu’il a été longtemps 1er Vice-président de l’Hémicycle lors de la législature écoulée.

Germain KENOUVI

Centre: Bandiagara isolé et précarisé

Attaques terroristes, violences intercommunautaires, vols de bétail, insécurité alimentaire, voilà le quotidien des habitants du pays dogon depuis l’enlisement du centre du Mali. Esseulés, ils côtoient la précarité.

Le poste de Mandoli, dans le cercle de Bandiagara, a été attaqué le 5 mai dernier par plusieurs personnes armées. Un civil a été tué et quatre gendarmes blessés. La veille, le pont de Songho, sur la RN15 reliant Sévaré à Bandiagara, avait fait l’objet d’un deuxième sabotage à l’aide d’une mine. C’est tout un corridor international, de la frontière burkinabè jusqu’aux ports de Lomé et de Cotonou qui subit un coup dur. Ce cycle de violences rappelle sans cesse le sinistre écosystème dans lequel vivent les habitants du pays dogon depuis 2015.

Avec une population de 430 000 habitants, selon le recensement de 2009, le cercle de Bandiagara est enclavé. Et, avec la destruction du seul pont qui le reliait au reste du pays, les autorités locales craignent de futures attaques. « Avec l’attaque du poste de contrôle de Mandoli à la veille de la destruction du pont, on se demande si quelque chose d’autre ne se prépare pas », s’inquiète un administrateur. « Pour cette pandémie de Covid-19 on n’a pas encore enregistré de cas, mais s’il faut envoyer des véhicules d’urgence à Mopti, cela va poser des problèmes », poursuit-il. Le samedi 9 mai, des travaux de déviation ont été entamés pour la reprise effective de la circulation des personnes et de leurs biens. Une mission de la MINUSMA avait effectué une visite le 8 mai pour évaluer les dégâts et jugé « crucial que cette voie reste ouverte ».

Démunis

« Dans le cercle de Bandiagara seulement 10% des terres sont cultivables. Donc, même en l’absence d’insécurité, Bandiagara n’est pas autosuffisant au plan alimentaire. La population compense cette insuffisance en terres arables par le maraichage », souligne Siriman Kanouté, le Préfet du cercle.

L’État et ses services techniques sont présents, mais environ une cinquantaine d’écoles restent fermées à cause de l’insécurité, selon des chiffres de la préfecture. Le chef-lieu de cercle dispose de trois forages pour 21 000 habitants. La Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) fournit 80% des besoins en eau de la ville. Dernièrement, les coupures étaient récurrentes à cause de travaux de maintenance et de problèmes d’électricité. Grâce à un partenariat, la Croix Rouge s’est engagée à doter la SOMAGEP de carburant afin de prévenir les coupures d’eau.

Boubacar Diallo