Casamance : mort de 13 civils

Dans cette région située au sud du Sénégal, 13 civils ont trouvé la mort ce samedi 6 janvier alors qu’ils partaient cherché du bois. La Casamance est tristement connue comme étant une zone de conflit où depuis 1982, l’indépendance de la région est au coeur des tensions.

« Une attaque armée d’une rare barbarie », c’est par ces mots que le président Macky Sall qualifie cette attaque perpétré ce samedi 6 janvier et qui a ôté la vie de 13 personnes.

« Des éléments armés ont attaqué des jeunes qui cherchaient du bois dans la forêt de Bayotte. Treize ont été tués et deux ont pu s’échapper » , a déclaré le colonel Abdou Ndiaye, porte-parole de l’armée sénégalaise. Les victimes auraient pénétré une zone surveillée par les combattants indépendantistes du MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance).

Les faits se sont produits non loin de la frontière avec la Guinée-Bissau à une vingtaine de kilomètre de la capitale régionale, Ziguinchor, une région agricole et touristique enclavée par la Gambie. L’armée sénégalaise a dépêché une compagnie d’environ 150 parachstiste afin d’évacuer les victimes et de trouver les assaillants.

Macky Sall, n’a pas tardé à convoqué le Conseil national de sécurité et a « ordonné que les auteurs de cet acte criminel soient recherchés et traduits en justice ». Le chef d’État a, également, réuni une délégation ministérielle qui se rendra sur place, dimanche, « pour évaluer la situation sécuritaire et présenter en même temps les condoléances de la nation aux familles éprouvées » , indique le communiqué gouvernemental.

Depuis décembre 1982, le conflit pour l’indépendance de la région casamançaise, on dénombre des milliers de victimes civiles et militaires. La région qui regorge d’un fort potentiel touristique voit son économie ravagée par cette rébellion et de nombreux habitants ont été contraints de fuir. Pourtant, une accalmie perdure depuis plusieurs années. Arrivé au pouvoir, en 2012, le président Sall multiplie les tractations de paix. Dans ses vœux adressés à la Nation, le chef de l’État avait invité les rebelles de Casamance à la poursuite des négociations dans le but de parvenir à« une paix définitive »

 

Le 17 janvier 2012, le Mali basculait

Le 17 janvier 2012 éclatait la guerre du Mali, qui allait plonger le pays dans le chaos, trois ans durant. Cette guerre menée par des groupes indépendantistes alliés à des groupes djihadistes dans le Nord du Mali, fut, pour partie, une séquelle de la guerre en Libye lancée par la communauté internationale pour renverser la général Kadhafi, provoquant une vague de déstabilisation dans les pays de la région, dont le Mali. Une grande partie des mercenaires et de la grade prétorienne de Kadhafi, qui ont quitté la Libye après sa mort, étaient des Touaregs venant du Mali et du Niger. Quelques milliers d’hommes, revenus au pays avec armes et bagages, une rancune nourrissant un désir fort de revendication territoriale et une puissance de feu suffisante pour l’affirmer. La suite on l’a connaît, en deux mois, toutes les localités du Nord tombaient aux mains des groupes armés, le MNLA, les djihadistes d’Ansar Dine, d’Aqmi et du MUJAO, devenaient les maîtres du Nord, ce territoire qu’ils nomment Azawad.

L’impuissance du président Amadou Toumani Touré et de son armée entraîna un coup d’État. Le gouvernement chuta comme un château de cartes ; le capitaine Sanogo et ses mutins mettaient en place le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE). La junte prenait le pouvoir. Le 6 avril 2012, l’indépendance de l’Azawad était proclamée par les touaregs dans le Nord et le Mali basculait.

L’intervention française permit un an plus tard de chasser les terroristes au Nord, mais la flamme indépendantiste brûlaient encore chez les populations de l’Azawad, et les territoires du septentrion devinrent inaccessibles pour l’État malien et nombre d’habitants du Sud du pays.

Le 20 juin 2015, l’Accord de paix était signé, permettant au pays de sortir du tumulte. Aujourd’hui, à environ 18 mois de la signature de l’Accord, sa mise en œuvre fait du surplace, sans réelles avancées notables. Une de ces dispositions importantes, le MOC et les patrouilles mixtes, après divers retournements, devrait ces prochaines semaines être mis en application. Bien que les éléments des FAMA, de la Plateforme et de la CMA, sont enfin dans le camp MOC de Gao, nul ne peut dire comment ces troupes, chargées de sécuriser la région, arriveront à travailler ensemble en mettant de côté tout sentiment de rancune et de rivalité.

Si l’Azawad existe toujours, surtout dans le coeur des chefs des mouvement de l’ex-rebellion, qui font la pluie et le beau temps sur l’avenir des populations du Nord. Ces dernières pour la plupart, lassées par les combats et les privations, aspire à la paix, à rejoindre ce Mali, un temps si honni, plus pour le retour de l’administration, de l’école, de la santé, des services déconcentrés de l’État, qui changeront leur quotidien, eux, qui depuis ces années de guerre paient chèrement cet après-rébellion.

Les dates anniversaire servent à ça, tirer un bilan, se retourner sur le chemin parcouru, voir les perspectives. Mais, bien habile serait celui qui pourrait tracer les perspectives or du papier, tant la situation est floue et le futur incertain, notamment avec la situation au Centre, qui s’annonce, si rien n’est fait, comme la prochaine bombe malienne.

Malgré tout, en ce 17 janvier 2012, il reste une certaine volonté, dans la société malienne, de panser les plaies de cette triste histoire, de remettre sur pied un pays fragilisé, grévé par des luttes de pouvoir souvent mesquines que les dirigeants et les mouvements nous offrent.

La route est longue, mais il est nécessaire de repartir sur des bases solides et fortes. Cet anniversaire n’est peut-être pas à célèbrer mais il doit permettre de se souvenir que ce qui est arrivé en 2012, ne doit plus se reproduire.

Velléités indépendantistes d’hier à aujourd’hui

Au Mali, le demi siècle d’indépendance a été marqué par des remous politiques divers, dont les plus récurrents ont été les revendications indépendantistes dans le nord du pays, d’abord calmées par la force, puis par des solutions politiques.

Comme dans bien d’autres pays, l’histoire politique du Mali est jalonnée de révoltes vis-à-vis de l’État central, que sous-tendent des velléités indépendantistes. Selon l’écrivain et chercheur Ismaïla Samba Traoré, parler de velléités indépendantistes dans le contexte malien fait penser aux récurrentes rebellions dans le nord. Même si, poursuit-il, il y a eu à Ouelessebougou en 1968, la révolte d’une communauté contre les représentants du parti unique, l’Union soudanaise – Rassemblement démocratique africain (US-RDA), qui a été réprimée. Et le village de Sakoïba (près de Ségou), a été rayé de la carte quand les « gens y ont pris les armes contre l’État ».

Contre-vérités Pour Naffet Keïta, professeur de sciences sociales, la recrudescence des rebellions dans le septentrion « apparaît indiscutablement comme l’une des constances majeures de la vie politique malienne depuis le milieu des années 50, dans ce qui était alors le Soudan français ». De fait, la question touarègue s’enracine, en 1957, dans la création de l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS). Les velléités indépendantistes entretenues par la France, et incarnées par Mohamed Mahmoud Ould Cheick, dit le « Cadi », comme l’a rappelé l’universitaire allemand Baz Lecocq à la conférence « Frontières et indépendance en Afrique », ont été mises en échec par le chef de la tribu Touareg des KelAnsar, Mohamed El Mehdi ag Attaher, alors Amenokal de Tombouctou. Ce qui fait dire à beaucoup de cadres Touareg que les travaux de Baz Lecocq sont une contre-analyse à l’idée reçue selon laquelle cette communauté aurait toujours manifesté des velléités indépendantistes.

Recrudescence En 1963, éclatait la première rébellion qui a placé le nord sous tutelle militaire jusqu’en 1990, date à laquelle le conflit reprend. Ce fut également le cas en 2006, puis début 2012, avec la rébellion menée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le centre du pays avec la création, fin juin, de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ), et celle, à Bamako, d’une coordination des mouvements peuls dirigée par l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoum Diallo, qui met en garde contre le fait que les « groupes armés peuls peuvent très rapidement développer des thèses indépendantistes dans le centre du Mali ».

MNLA : Ibrahim Ag Mohamed Assaleh claque la porte

Au fil des évènements qui ont émaillé le nord du Mali, après l’attaque de Ménaka le 17 janvier 2012, par les rebelles touaregs, des dissensions sont apparues très vite au sein du MNLA partagé entre sa branche radicale armée et sa branche diplomatique qu’incarnait Ibrahim Ag Mohamed Assaleh sur le futur statut de l’Azawad. Si le MNLA a depuis le début, joué un jeu trouble et servi d’instrument pour la France à  Kidal en nouant des alliances douteuses avec les mouvements djihadistes du Nord du Mali, il vient de perdre l’une de ses têtes. Ibrahim Ag Mohamed Assaleh claque la porte du MNLA et pour l’ancien chargé des relations extérieures, C’’est une nouvelle page qui s’ouvre puisqu’il compte lancer sa propre organisation, soutenu par une majorité des cadres du MNLA. Guerre froide Le fond de la divergence entre Bilal Ag Cherif leader du MNLA et Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, est sous tendue par des vues opposées sur les négociations avec le gouvernement malien. Si Bilal Ag Cherif, a récemment sollicité la médiation marocaine, en rencontrant le roi Mohamed VI à  Rabat le 31 janvier dernier, Assaleh, se rapproche plutôt d’Alger o๠il compte annoncer le lancement de son mouvement : , a confé Ibrahim Ag Mohamed Assaleh à  l’hebdomadaire Jeune Afrique. En outre, Assaleh juge qu’Alger est un partenaire incontournable dans la résolution de la crise et l’explique en ces termes : Ce futur mouvement politi-co militaire devrait compter près de 8000 combattants et serait d’ores et déjà  soutenu par autorités algériennes. Pour Ibrahim Mohamed Ag Assaled, l’accord de paix signé à  Ouagadougou avec le gouvernement malien doit aboutir. l’ex responsable du MNLA ne déroge pas aux principes de l’intégrité territoriale clairement défendue par Bamako et parle plutôt : . A suivre…

Médiation malienne: Burkina, Algérie, Maroc?

L’information a fait le tour d’Internet dès la mi-journée de ce vendredi 31 janvier 2014. Le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, a été reçu par le souverain chérifien pour un entretien. Il était accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. Les deux hommes ont d’ailleurs effectué ensemble la prière du vendredi aux côtés du Roi Mohamed 6. Un communiqué du Cabinet Royal l’a confirmé et indiqué que, « cette audience s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus et permanents de Sa Majesté le Roi, en vue d’instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à  un règlement de la crise malienne, et ce depuis son déclenchement, en janvier 2012 ». Lors de la rencontre, Mohamed 6 a réitéré « la nécessité de contribuer à  une solution et à  un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara, et de favoriser le développement et la dignité du peuple malien frère, dans la concorde entre l’ensemble de ses composantes ». Si l’implication du Maroc dans la résolution de cette crise afin d’y trouver des solutions pérennes est saluer, elle n’en jette pas moins de confusion sur la situation de la médiation dont on ne sait plus aujourd’hui quel pays la mène. Après les différentes réunions à  Ouagadougou en 2012 et 2013, le médiateur burkinabé avait soudain perdu la côte. Les accords de Ouaga n’étaient pas respectés et chacune des parties en rejetaient la faute sur celle d’en face. La médiation de Blaise Compaoré se retrouvant au point mort, un grand voisin ,silencieux depuis des mois revient soudain sur le devant de la scène. Il s’agit de l’Algérie qui apparemment a décidé de reprendre les choses en main. Voici donc Alger qui reçoit des représentants de certains groupes armés du Nord notamment le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR) qui vont y signer une plateforme. Une copie de ce document sera remise quelques jours pus tard au président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, qui y effectuait une visite d’amitié. Nouvel espoir pour sortir de la crise? Trop tôt pour le dire. Car le MNLA ne se sent guère concerné par la démarche algérienne qu’il voit même d’un mauvais œil. A défaut du Burkina Faso qui ne semble plus avoir la confiance d Bamako dans ce dossier, voici donc les leaders du MNLA qui se tournent vers le Maroc. Histoire de tirer leurs marrons du feu? On est tenté de le croire car à  l’allure o๠allaient les choses, ils risquaient bien de se retrouver hors du champ des débats. La multiplication des interlocuteurs, à  cause de la fragmentation des mouvements touareg et celle des médiateurs, n’est en tout cas pas pour clarifier ce dossier dont les tenants et les aboutissants échappent à  bien des Maliens. Le Burkina hors-jeu, le très influent voisin du nord contesté, et le Maroc qui rentre dans la danse, quel arbitre pour cette partie qui n’en finit pas de durer?

Dossier spécial 20 janvier : « Les erreurs d’ATT »

Autant le dire de suite, Amadou Toumani Touré a été victime de sa naà¯veté. Il a cru être plus rusé que les politiciens. Ils l’ont eu. Ils l’ont conduit à  l’échafaud. Que reproche t-on à  ATT ? Haute trahison! Il aurait été plus simple de parler de légèreté. Nos investigations font état de beaucoup de non-dits. Des officiers supérieurs égrènent un chapelet de reproches contre le président déchu et affirment « ne jamais avoir compris la décision de ATT de réunir les soldats des positions avancées à  Gao pour fêter l’armée le 20 janvier 2012 or un mois plus tôt précisément le 17 décembre 2011, la troupe rudoyait pour avoir essayé de lourdes pertes suite à  des attaques rebelles. Démission refusée du Général Poudiougou D’autres officiers supérieurs révèlent que le chef d’Etat major de l’époque avait rejoint Bamako pour exiger plus d’équipements au profit de ses hommes. Le Général Poudiougou, puisque C’’est de lui qu’il s’agit, avait même déposé sa lettre de démission sur la table du président déchu qui le supplia de reconsidérer sa position pour ne pas envenimer la situation déjà  tendue. Nos sources renseignent que le président ATT avait parié sur le mauvais cheval libyen à  l’opposé de Abdoulaye Wade raison pour laquelle la France l’avait lâché. A preuve, le 06 mars 2012, un rapport de l’Assemblée Nationale française évoquait « le laxisme de ATT qui risquait de se brûler les doigts avec la situation explosive au nord du Mali ». Des officiers reprochent à  ATT sa décision d’alors de mettre à  l’écart les officiers supérieurs (commandants, colonels et Généraux). Ceci était une façon de couper le commandement de la base et de s’adresser aux capitaines et autres lieutenants d’o๠ce fameux coup de fil d’encouragement à  un capitaine, coup de fil évoqué lors de la rencontre au palais présidentiel entre ATT et les femmes de Kati une semaine avant le coup d’Etat de mars 2012. Politique de défense Il est également reproché au Général ATT son choix d’envoyer des politiques négocier des accords avec des chefs rebelles à  l’insu des militaires. Des militaires de haut rang ne s’expliquent pas encore le refus de l’ex-président de doter le Mali d’une politique de défense qu’il réclamait avant son accession au pouvoir. Nos sources indiquent que la libération par Bamako de personnes arrêtées au bout de longues traques dans le nord a installé un climat délétère dans les rangs de l’armée malienne. La liste est longue et chaque jour des preuves accablantes s’amoncellent sur la table des adversaires de l’ancien président.

Accord de Ouaga : la poire en deux

Après onze jours de négociations, l’accord tant attendu est signé par le gouvernement de Transition du Mali et les groupes armés du nord du pays hier à  Ouagadougou, dans la capitale burkinabé. Moussa Sinko Coulibaly, ministre malien de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire pour le gouvernement, Bilal Ag Chérif du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA)et Alghabas Ag Intalla pour le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont paraphé l’accord. Appelé « Accord préliminaire à  l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali », il vaut son pesant de 12 pages et de 25 articles. Comme le titre l’indique si bien, le chemin est désormais plus que jamais balisé pour la tenue de la présidentielle à  la date indiquée, c’est-à -dire le 28juillet prochain. Sans oublier le second round des négociations censé avoir lieu avec les autorités légitimement élues. La signature de l’accord ne suscite pas pour le moment de réactions particulières chez les Maliens qui suivaient de près le déroulé des événements. A priori on ne crache pas sur l’accord tout comme l’on ne crie pas au triomphalisme. Toutefois, il est supposé accorder la faveur au Mali. Difficile de dire le contraire quand on sait qu’il va permettre le déploiement de l’Administration, des militaires maliens et des services sociaux de base à  Kidal dans la perspective de l’organisation des élections. Autre point à  mettre à  l’actif des autorités de Transition, C’’est le désarmement des groupements armés dont la première étape demeure le cantonnement des éléments desdits groupes. Il importe de souligner que l’accord d’hier fait un black-out sur la suspension des poursuites judicaires lancées contre du Mnla. Voilà  des points sur lesquels le commun des Maliens tenait à  la prunelle et ne voulait point transiger. Des bémols cependant : la présence du Mnla dans la commission mixte chargé de l’élaboration du calendrier pour le retour de l’Administration et l’armée au nord, le désarmement qui ne sera pas immédiat ainsi que le maintien du nom Azawad. On peut bien dire que la bataille des négociations a tourné à  l’avantage des nôtres, donc au bénéfice des autorités de Transition qui ont su écouter la voix du peuple. Elles ont accepté le compromis pour le Mali et refuser la compromission pour sauvegarder l’honneur du pays de Soundjata . Certes. Mais la guerre est loin d’être gagnée. Elle sera menée par les nouvelles autorités issues des élections à  venir. Celles-ci doivent s’employer à  éclaircir davantage quelques points acceptés par le gouvernement au non d’un modus vivendi. Il s’agit entre autres des points contenus dans l’article 21 de l’accord, relatifs à  « l’organisation administrative et institutionnelle du Mali, en particulier des régions du nord du Mali désignées par certains sous le terme de l’Azawad » ou « la réorganisation des forces de défense et de sécurité ainsi que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion socioéconomique(D des groupes armés du nord du Mali »

Centrafrique: la voie étroite de Bozizé

« Flou et fluide »: voilà  comment un analyste français, familier du marigot banguissois, dépeint l’état des lieux en République centrafricaine, théâtre depuis le 10 décembre d’une vigoureuse offensive de la coalition rebelle du Séléka. A ses yeux, la chute de François Bozizé n’a rien pour l’heure d’inéluctable, mais la marge de manoeuvre du général-président apparaà®t plus étroite que jamais. « Les pays de la région ne se sentent pas tenus de le soutenir à  tout prix ou de lui sauver la peau, avance-t-il. Ils souhaitent favoriser un processus de négociation qui pourrait le cas échéant permettre à  Bozizé d’aller au bout de son mandat. Mais à  condition d’entreprendre des réformes de fond et d’ouvrir son gouvernement à  toutes les familles de l’échiquier politique. En clair, il lui faut consentir à  diriger autrement et à  partager le pouvoir ». Le Tchad, un parrain ambigu… Thèse professée notamment par le Tchad, parrain traditionnel du tombeur d’Ange-Félix Patassé, parvenu au pouvoir en 2003 au prix d’un coup d’Etat. Un parrain irritable au demeurant, voire ambigu: N’Djamena ne fait pas mystère de l’exaspération que lui inspirent son protégé et son incapacité à  sécuriser son territoire, base arrière de quelques factions insurgées hostiles au chef d’Etat tchadien Idriss Déby Itno. Les renforts dépêchés par ce dernier aux abords de Bangui ont d’ailleurs reçu pour instruction de ne pas intervenir. De même, le contingent additionnel de la Fomac -Force multinationale d’Afrique centrale-, qui devrait être déployé sous peu, a vocation à  s’interposer entre les belligérants, non à  épauler les Forces armées locales, ou Faca. Il s’agit dans l’idéal de figer le paysage militaire, histoire de donner quelque chance de succès aux négociations « sans délai ni conditions » censées s’ouvrir sous l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). On en est encore loin : hier, d’intenses combats ont opposé les Faca aux Séléka à  Bambari, ville située à  300 km au nord-est de la capitale et conquise le 23 décembre par la rébellion. A l’évidence, « Boz » peine à  actualiser son logiciel politico-militaire. Il table encore, à  titre d’exemples, sur le concours de troupes congolaises ou la livraison d’hélicoptères de combat angolais. De même, son appel au secours lancé aux  » cousins  » français dénote de la persistance, chez lui, d’une lecture un rien anachronique du paysage postcolonial. « Le vent a tourné » pour Bozizé Jeudi après-midi, lorsque le patron du Quai d’Orsay Laurent Fabius l’a joint par téléphone, sans doute espérait-il un tout autre discours que celui auquel il eut droit: un ferme rappel à  l’ordre relatif, notamment, à  l’assaut sur l’ambassade de France par des  » patriotes  » acheminés et payés par le régime. « Il faudra bien qu’il comprenne que le vent a tourné », insiste un diplomate de haut-rang. La compagnie parachutiste -soit 150 soldats- arrivée hier de Libreville (Gabon) n’a d’autre mission, insiste-t-on à  Paris, que d’épauler les 250 hommes stationnés sur la base M’Poko de l’aéroport de Bangui, appelés si besoin à  assurer la protection des ressortissants français. Sur les bords de Seine, on veut croire que le Séléka n’envisage pas d’attaquer la capitale, mais plutôt de l’encercler afin de fragiliser, par le jeu des défections, l’ossature sécuritaire du clan Bozizé. « Cela posé, admet un expert, nous manquons de renseignements sur cette insurrection. Même si, à  en croire les témoignages recueillis sur place, la plupart d’entre eux ne parlent ni le français ni le sango -langue dominante en RCA-, mais l’arabe. » De quoi étayer la rumeur selon laquelle des supplétifs étrangers, notamment soudanais, combattraient au côté des opposants centrafricains. Joint ce samedi, un colonel de gendarmerie centrafricain soutient que « le calme règne à  Bangui ». « Les gens vaquent à  leurs occupations et les commerces fonctionnent, précise-t-il. Il y a même des mariages célébrés tout à  fait normalement ». Il n’empêche : comme l’atteste une dépêche de l’AFP, le prix des denrées de base tend à  flamber au marché central, et la peur s’instille dans les esprits.

Que se passe-t-il en Centrafrique?

Enclavée au C’œur de l’Afrique centrale, la République centrafricaine est l’un des pays les plus pauvres du monde, malgré ses richesses potentielles, minières et agricoles. Ses cinq millions d’habitants ont subi le règne de l’empereur Jean-Bedel Bokassa de 1965 à  1979, marqué par ses frasques et ses exactions, dont le massacre d’écoliers en janvier 1979. Arrivé au pouvoir par la force en 2003, le président centrafricain François Bozizé voit son autorité contestée par la rébellion du Séléka (« alliance » en sango, la langue nationale), qui a pris les armes depuis le 10 décembre. Mardi, Kaga Bandoro a été le quatrième chef-lieu de préfecture du pays a être attaqué et occupé par la rébellion après Ndélé (nord), Bria (centre) et Bambari (centre-sud). Bien que la rébellion ait assuré qu’il n’était pas dans son intention de conquérir la capitale, François Bozizé a appelé, jeudi 27 décembre, la France et les Etats-Unis à  l’aider à  la stopper. Les armes pour réclamer la paix En 2003, le général François Bozizé renversait Ange-Félix Patassé, élu dix ans plus tôt. Trois ans après, les rébellions de l’Armée populaire pour la restauration de la République et la démocratie (APRD) et de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UF se sont emparées de plusieurs localités du Nord-Est, dont Birao, reprises avec l’aide de la France et de ses Mirage F1. En 2010, la rébellion de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) est entrée dans Birao, reprise cette fois par l’armée tchadienne. Les trois rébellions avaient conclu sous l’égide du Gabon un « accord de paix global », prévoyant la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants. Le 10 décembre dernier, la coalition rebelle du Séléka, composée de factions dissidentes, prend les armes pour réclamer « le respect » de ces accords. Ils se sont rapidement emparés, dans le centre du pays, de la ville diamantifère de Bria, dans le sud, de la ville aurifère de Bambari et de Kaga Bandoro. Des renforts étrangers En face, l’armée régulière centrafricaine a opposé peu de résistance. Hier, François Bozizé a appelé à  l’aide Américains et Français. La France a déclaré qu’elle n’enverra pas de troupes à  Bangui mais a demandé aux deux parties de déposer les armes. Le Tchad a quant à  lui répondu positivement à  l’appel de Bozizé. Les renforts tchadiens campent aux portes de Bangui. Le contingent de l’armée tchadienne, doit servir de « force d’interposition », selon N’Djamena. Les Tchadiens, rompus au combat et plus lourdement équipés, pourraient être le dernier rempart contre une victoire des rebelles. N’Djamena, allié historique de François Bozizé, avait déjà  envoyé ses troupes en 2003 pour l’aider à  prendre le pouvoir. De son côté, la force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), qui compte plusieurs centaines de militaires en Centrafrique, a annoncé jeudi matin l’envoi de nouvelles troupes. « Bangui est sécurisée au maximum par les troupes », mais « d’autres troupes vont arriver pour renforcer cette mission de sécurisation de Bangui », a déclaré à  la radio nationale le commandant de la Fomac, le général Jean-Félix Akaga. Il n’a toutefois donné aucun détail sur le nombre et la date d’arrivée de ces éventuels renforts.Cette force multinationale, mise en place en 2008, avait pour mission d’aider à  consolider la paix dans le pays miné par des années de guerres civiles et de nombreuses rébellions.

Nord-Mali: la Cédéao demande à Bamako de revoir sa copie

ABIDJAN – La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a demandé à  Bamako de revoir sa copie pour remplir les conditions d’une intervention armée ouest-africaine dans le nord du Mali, contrôlé depuis cinq mois par des islamistes armés, a-t-on appris vendredi de source diplomatique. Les ministres ivoiriens des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan, et de l’Intégration africaine, Ally Coulibaly, se sont rendus jeudi à  Bamako pour remettre au président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, la réponse à  la demande officielle d’aide qu’il a adressée début septembre à  la Cédéao. Deux des trois points évoqués par Bamako posent problème et ne permettent pas un accomplissement efficace d’une éventuelle intervention, selon des sources diplomatiques ouest-africaines. Dioncounda Traoré a expliqué clairement que le déploiement de forces militaires combattantes est sans objet à  Bamako, conformément au voeu de l’ex-junte militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Pour la Cédéao, les autorités maliennes doivent accepter le déploiement à  Bamako d’un minimum d’éléments, tant pour assurer la logistique de l’opération que pour sécuriser les institutions de transition, selon ces sources diplomatiques. Le président par intérim malien a aussi souligné qu’il ne veut pas que des troupes ouest-africaines combattent, mais qu’elles apportent un soutien logistique et aérien, ainsi qu’une participation au maintien de l’ordre, une fois les villes du Nord reconquises. De son côté, la Cédéao estime qu’une aide à  la formation de l’armée malienne et un appui logistique et aérien ne sont pas suffisants et que les troupes ouest-africaines ne doivent pas être confinées dans une position passive. Mercredi, le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, avait estimé que les conditions de Bamako font qu’il est impossible pour la Cédéao aujourd’hui d’être de façon efficace sur le terrain. Le même jour, une source officielle à  Bamako avait déclaré à  l’AFP, sans vouloir être citée: Le Mali a besoin de l’aide de la communauté internationale mais pas de n’importe quelle aide. Cette source officielle malienne avait insisté sur la nécessité pour le Mali de faire ses propres choix: Si une intervention de troupes étrangères est nécessaire, nous voulons que les pays volontaires se manifestent et que le Mali choisisse les pays qui lui conviennent. C’est également à  nous de déterminer la durée du déploiement des troupes chez nous et o๠elles doivent être positionnées. La Cédéao, qui prépare depuis plusieurs mois le déploiement de 3.300 soldats au Mali, attend désormais une réponse du président Dioncounda Traoré. Si un accord est trouvé, elle transmettra à  l’Union africaine un projet de résolution qui devra ensuite être examiné et approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies. Une conférence internationale sur le Sahel, présidée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, est prévue le 26 septembre à  New York. Le Nord du Mali est contrôlé par des groupes proches d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y ont imposé la charia (loi islamique): un couple jugé illégitime a été lapidé à  mort, des hommes accusés de vol ont été amputés et les islamistes ont détruit des tombeaux de saints musulmans. (©AFP / 21 septembre 2012 13h14)

Otages au Mali: Paris pris dans le piège d’al-Qaida

Dimanche marquera l’anniversaire des deux années de captivités pour quatre hommes, quatre Français otages aux confins du désert malien d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Deux ans qui sonnent comme le symbole d’une certaine impuissance de la France à  endiguer l’expansion des idées djihadistes dans le Sahel. Car, depuis leur capture dans la nuit du 16 septembre 2010 à  Arlit, au Niger, o๠ils travaillaient pour la société Areva ou pour Sogea-Satom, peu d’avancées ont été enregistrées sur le sort et l’avenir de ces détenus. «On vit un enfer», raconte René Robert, le grand-père de l’un des séquestrés qui reconnaà®t «ne pas savoir grand-chose». Aqmi a pignon sur rue au Mali Pierre Legrand, Marc Ferret, Daniel Larribe et Thierry Dol sont aux mains d’Abou Zeid, un islamiste algérien, chef d’une des principales brigades d’Aqmi au Mali. «C’est un vrai intégriste, très décidé mais très versatile, ce qui ne facilite pas les choses», souligne un négociateur ouest-africain. La libération en février 2011 de Françoise, l’épouse de Daniel Larribe, et deux codétenus de nationalité togolaise et malgache pris eux aussi à  Arlit avait soulevé un peu d’espoir, vite douché. Les ravisseurs n’ont fait qu’espacer les nouvelles jusqu’au 8 septembre dernier et la diffusion par un site Internet mauritanien d’une vidéo. Ce film, datant du 29 août, montre les otages fatigués mais vivants. «C’est le signe que les négociations sont en ce moment bloquées», explique Mohammed Mahmoud Abou el-Maali, un journaliste mauritanien bon connaisseur de la nébuleuse islamiste. Pour lui, le fait qu’aucun ultimatum n’ait été posé est un «bon signe». Mais l’homme se garde de pousser plus loin l’analyse. Car ces derniers mois, la situation du Mali, et donc celle des otages, a radicalement changé. L’effondrement, fin mars 2012, du régime du président malien Amadou Toumani Touré puis l’irruption d’une rébellion au Nord a brouillé les cartes. «Cela gêne beaucoup la France dans les négociations. Les intermédiaires classiques, comme les Touaregs ou certains responsables maliens, ne sont plus efficaces», assure Abou el-Maali. Dans le même temps la puissance d’Aqmi s’est multipliée. à‰normité de la rançon demandée Les islamistes contrôlent maintenant directement ou au travers d’Ansar Dine et du Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) tout le nord du pays et les villes de Gao, Kidal et Tombouctou, dont Aqmi a fait sa capitale. Le groupe qui ne comptait que quelques centaines de combattants peut maintenant disposer de plusieurs milliers d’hommes et d’un armement considérable. «Dans sa fuite l’armée malienne a abandonné un véritable arsenal. Les islamistes possèdent maintenant plus de matériel que le Burkina, le Niger et la Côte d’Ivoire réunis», assure-t-on dans l’entourage d’un dirigeant ouest-africain. Au final, Abou Zeid, l’ancien djihadiste traqué, s’est mué en un homme de poids. «Il a une adresse et un numéro de téléphone. Il faut cesser de le considérer comme un paria et négocier avec lui», affirme même un dirigeant arabe malien. Dans ce contexte, la diffusion de la vidéo a laissé perplexe. «Soit les gens d’Aqmi ont besoin d’argent pour financer leur extension, soit ils cherchent simplement à  replacer les otages dans le jeu médiatique pour faire pression sur le gouvernement français et s’en servir comme bouclier humain», explique un spécialiste. L’énormité de la rançon demandée, près de 100 millions d’euros, plaide pour la première hypothèse. Mais la France peut-elle payer, même une somme plus modeste, au moment o๠elle soutient l’option d’une intervention armée africaine contre Aqmi et ses alliés? Pour Paris, le dossier des otages maliens ressemble de plus en plus à  un piège.

La rébellion du MNLA à l’ombre de la Suisse

Désormais éparpillés dans la nature, les responsables du MNLA, orphelins de leur supposé état de l’Azawad, se sont refugiés en Mauritanie et au Burkina Faso. Sur cette terre du Moro Nâaba, les rebelles touaregs vivent sans crainte avec le soutien de la Suisse et ont mis en place leur bureau provisoire comme pour se donner une seconde vie. Une information révélée par un journal Helvétique, Le Temps. Selon le journal Suisse, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) aurait participé à  l’organisation et au financement d’une réunion politique des rebelles touaregs indépendantistes du mouvement national de libération de l’Azawad, les 25, 26 et 27 juillet à  Ouagadougou. Organisée dans le cadre de la médiation de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), cette rencontre, à  en croire Le Temps, devait permettre au bureau politique du MNLA de clarifier ses revendications en vue d’un règlement politique de la crise dans le nord du Mali. Pour André Bourgeot, spécialiste de la zone sahélo-saharienne et des populations touaregs, et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à  Paris, la Suisse tient une position ambigue : « Le MNLA revendique, comme objectif principal, une partition territoriale non reconnue internationalement et qu’une immense majorité des populations du septentrion malien ne veut pas. Il dit avoir tenu ces discussions afin d’y parvenir. Je suis surpris par l’implication politique du DFAE, les autorités suisses étant officiellement neutres » Que cache ce double jeu de la Suisse qui entretient avec le Mali de bonnes relations diplomatiques ? Côté malien, on s’interroge et certains vont jusqu’à  mentionner qu’ il est temps pour le Mali de choisir ses vrais amis et rompre avec ceux qui le trahissent. Le collectif des ressortissants du nord Mali (COREN) « condamne avec la dernière rigueur cette tentative de remettre en selle un mouvement armé qui a été défait sur le terrain et visiblement rejeté par les populations ». Il affirme connaà®tre « l’intérêt général que la Confédération suisse porte à  la crise du Nord-Mali » et évoque, sans plus de précisions, « des relations particulières pour ne pas dire intimes existant entre certains responsables du DFAE et des leaders du MNLA ».

Des rebelles touareg de plus en plus divisés (2/3)

Slate Afrique: Si la force est dans le camp des islamistes d’Ansar Dine, pourquoi ont-ils été disposés à  négocier avec leurs alliés d’hier du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad)? Mathieu Guidère : En réalité C’’est parce que le MNLA s’est retrouvé très isolé, mais l’intérêt se situe des deux côtés: Lorsque le MNLA a proclamé l’Etat indépendant de l’Azawad de façon unilatérale, il n’a reçu aucun soutien des pays voisins et puissances occidentales. D’un point de vue militaire, il n’était pas en position de créer cet Etat. Il avait donc tout intérêt à  s’allier à  ceux qui disposaient du territoire et de la force militaire, c’est-à -dire les islamistes touareg d’Ansar Dine. De l’autre côté, les islamistes touareg avaient intérêt à  rechercher l’alliance avec le MNLA. Parce que, dans le cas contraire, cela obligeait Iyad Ag Ghali à  devoir tuer d’autres Touaregs, ce qu’il ne voulait pas faire pour des raisons idéologiques et politiques. Il ne souhaitait pas apparaà®tre comme celui qui tue d’autres Touaregs. Par ailleurs, seul, il lui était difficile de déclarer son Etat islamique au risque de provoquer une levée de boucliers dans la région et à  l’intérieur du pays ayant parmi ses alliés al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). MNLA et Ansar Dine vont donc se réunir et discuter des termes d’une alliance en faisant chacun des concessions. Le MNLA va céder sur l’appellation de l’Etat qui ne devait plus s’appeler «Etat de l’Azawad», mais «Etat islamique de l’Azawad». De son côté, Ansar Dine va accepter que ses forces se mettent à  la disposition du nouvel Etat Azawad et qu’elles le protègent contre toute incursion. Il va donc accepter le principe d’une autonomie de cette région. Alors que, auparavant, il se situait plutôt dans un objectif panislamique de Califat. Ansar Dine souhaitait que l’islamisme s’étende d’avantage et ne s’arrête pas au nord du Mali. Son optique n’était pas du tout indépendantiste, localiste. Chacun a mis un peu d’eau dans son vin et ils sont parvenus à  cet accord. «Il y avait un intérêt réciproque à  négocier» Sauf que, quelques jours plus tard, l’accord a donné lieu à  des interprétations diverses à  l’intérieur d’Ansar Dine et du MNLA. Chez Ansar Dine, certains se sont dit que si l’Etat devenait officiellement islamique il était donc possible d’appliquer la charia. Ils ont aussitôt commencé à  mettre en place un système juridique de «cadis» (juges islamiques) dans les villes en vue d’appliquer la charia. De l’autre côté, le MNLA a estimé que, si désormais, il s’agit d’un Etat islamique, par conséquent on ne se trouvait plus dans un Etat laà¯que. Cela a été rejeté par une faction du MNLA qui a dénoncé l’accord refusant catégoriquement de participer à  une coalition avec des islamistes prônant la charia. A noter que cette scission post-accord provient, du côté d’ansar Dine, d’une faction interne de Touaregs ayant un ancrage local qui voulaient absolument appliquer la charia pour mettre de l’ordre dans les villes, alors que du côté du MNLA, la faction qui a contesté l’accord est ce que l’on appelle «le MNLA de l’étranger». Mais le MNLA, composé de militants de terrain, partageant l’espace avec les islamistes n’était pas farouchement hostile à  l’idée d’appliquer la charia. Ils se disait de toute façon, celle-ci se ferait «à  la malienne». Mais la branche étrangère du MNLA, en particulier celle qui se trouve en France, a fait pression pour dénoncer l’accord qui n’a pas pu aller jusqu’au bout. Il y a donc une compétition entre les Touaregs de l’intérieur et les Touaregs de l’extérieur dans le règlement de la situation au nord du Mali. Il y a donc des divisions profondes chez les Touaregs? Absolument! Chacune de ces factions a des prolongements dans les pays voisins, ce qui constitue une troisième complication. Ces fractures sont de trois ordres: D’abord, la fracture interne touareg entre Touaregs islamistes et Touaregs laà¯cs qui a abouti à  l’échec de l’accord cité plus tôt. Ensuite, la fracture entre les Touaregs de l’intérieur et Touaregs de l’extérieur qui sont globalement en France. La plupart sont des Maliens installés en France. La troisième fracture se situe au niveau du prolongement de chacun de ces camps: islamistes et laà¯cs dans les pays voisins de la région. Si l’on considère la faction islamiste d’Iyad Ag Ghali, on constate qu’elle est soutenue par des Algériens et en sous-main par des Mauritaniens. Si l’on s’intéresse aux rebelles laà¯cs, on s’aperçoit qu’ils sont soutenus par des Touaregs nigériens et par un certain nombre de personnes au Burkina Faso, en particulier, le président Blaise Compaoré. Cela fait donc deux pays qui interfèrent en plus avec l’Algérie et la Mauritanie. Si l’on considère les Touaregs de l’extérieur, ceux-là  ont leurs entrées à  la fois chez les Français, auprès du ministère des Affaires Etrangères français et sa diplomatie. Ils ont également leurs entrées chez les Américains. Tout ce petit monde s’est retrouvé sur le seul acteur qui pouvait donner de la voix, C’’est-à -dire la Cédéao, (la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et à  l’intérieur de la Cédéao on retrouve également les mêmes rapports de force et d’influence Comment expliquer la désignation du président burkinabè, Blaise Compaoré comme médiateur de la Cédéao? Il semble qu’il a ses entrées dans les milieux rebelles. Quels sont ces interlocuteurs? M.G – Si Compaoré s’est mis en avant, C’’est parce que personne ne voulait ou ne pouvait le faire sur ce dossier. La médiation Compaoré s’est imposée par défaut. Personne ne dit ou ne pense que Compaoré est l’homme de la situation. Bien au contraire, tout le monde pense que ce n’est probablement pas la bonne solution que Compaoré soit le médiateur attitré. C’’est une solution par défaut qui bénéficie à  une des factions en particulier, celle des Touaregs laà¯cs. Elle estime qu’en phagocytant le processus en cours au nord du Mali, elle pourrait éventuellement négocier par la suite avec Compaoré une sorte de ralliement des Touaregs qui sont au Niger et au Burkina dans le cadre d’un Etat qui ne serait pas dans les frontières (du Nord Mali), mais dans les frontières historiques des Touaregs «pan-national». De son côté Compaoré dispose là  d’une occasion rêvée d’occuper son armée. Cela fait des décennies qu’il est au pouvoir et à  présent le climat social gronde. Il est contesté alors qu’il vient d’être réélu dans des conditions contestables. Pour lui C’’est l’occasion de se donner un rôle et d’occuper son armée. En l’absence de bonnes volontés, il y a un vide politique et diplomatique dans lequel Compaoré s’est engouffré pour se forger une stature de médiateur. Absence de volontés occidentales aussi. Puisque, en France, on était dans un contexte de campagne présidentielle, jusqu’il y a peu. Aux Etats-Unis, il y a une campagne présidentielle en cours. Ces interlocuteurs ne sont pas très motivés pour intervenir d’autant plus qu’au sud, à  Bamako, il n’y a toujours pas de pouvoir stable. Il n’y a pas de solution durable de résolution de la situation politique à  Bamako. Les émissaires du MNLA et d’Ansar Dine ont été aperçus successivement à  Ouagadougou pour négocier avec le médiateur de la Cédéao. Qu’est-ce que Ansar Dine peut bien vouloir négocier? M.G – La première chose à  négocier C’’est l’intervention militaire. l’agitation politique et diplomatique n’affecte absolument pas les Touaregs au nord du Mali. La situation y est globalement sous le contrôle essentiel d’Ansar Dine. C’’est une région totalement autonome aujourd’hui. Elle est sous administration juridictionnelle et policière des Touaregs qu’ils soient islamistes ou du MNLA. Leur seule peur est celle d’une intervention militaire. Menace que tout le monde brandit puisque la Cédéao s’est exprimée dans ce sens. Elle a même donné le chiffre du nombre d’hommes qu’elle enverrait sur place. Il s’agit donc pour les rebelles de connaà®tre les raisons, les objectifs et les modalités éventuelles d’une intervention militaire. La négociation se fait actuellement sur ce dernier point. Si Compaoré est décidé à  envoyer des soldats, les siens o๠ceux de la Cédéao, C’’est-à -dire, d’autres pays africains, il faut savoir dans quel objectif cela se fera. Devront-ils être considérés comme des ennemis ou non? s’agit-il d’une force de stabilisation? s’agit-il d’une force d’aide à  la gestion? Est-ce que C’’est une force ennemie qui va arriver sur le territoire, C’’est tout cela qui se négocie. O๠vont-ils s’installer? Viennent-ils véritablement pour faire la guerre aux Touaregs? C’’est tout ceci est encore en discussion. De son issue dépendra la position que vont prendre les touaregs au nord du Mali et surtout Iyad Ag Ghali. Parce que, bien évidemment, s’il y a «invasion» des troupes de la Cédéao au nord malien pour chasser ou anéantir les Touaregs, il est évident qu’il se produira une alliance sacrée des Touaregs maliens du nord contre toute intervention étrangère. Propos recueillis par Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa

Mali: la médiation poursuit ses discussions avec les islamistes d’Ansar Dine

« Nous poursuivons les échanges avec eux pour mieux leur expliquer notre position et celle de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) », a indiqué à  l’AFP un proche de M. Compaoré venu retrouver la délégation dans un grand hôtel de la capitale. A l’issue d’une rencontre lundi avec M. Compaoré, médiateur de la Cédéao, la délégation d’Ansar Dine avait annoncé accepter la médiation du président burkinabè qui, de son côté, a appelé ce groupe à  rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), ses grands alliés dans le Nord malien. « Nous demandons au monde de nous comprendre, (. . . ) nous nous battons au nom d’Allah. Nous, on n’est pas Al-Qaà¯da. L’islam interdit de prendre quelqu’un en otage » ou de prendre « l’argent de la rançon d’un otage », a assuré à  l’AFP Cheick Ag Wissa, porte-parole de la délégation islamiste. Une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg supplantée dans le nord du Mali par les islamistes, se trouve aussi à  Ouagadougou. Des envoyés du MNLA, mouvement d’idéologie sécessionniste et laà¯que, avaient rencontré M. Compaoré le 9 juin. « Rien ne peut sortir de nos discussions tant qu’Ansar Dine réclame l’application de la charia (loi islamique) et le jihad (guerre sainte) », a affirmé à  l’AFP Magdi Ag Bohada, responsable du MNLA à  Gao, une grande ville du Nord malien. Il a ajouté que son groupe avait « confiance » dans le Burkina Faso mais non dans les autorités maliennes. La médiation souhaite arriver à  un « agenda global de sortie de crise » qui se concluerait par des négociations entre groupes armés occupant le Nord malien depuis fin mars, communautés de la région et autorités de Bamako. Pendant ce temps, la Cédéao prépare l’envoi éventuel d’une force de quelque 3. 300 hommes au Mali. La France a dit mardi s’attendre à  une décision rapide du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant ce projet de l’Union africaine et de la Cédéao.

Que peut-on vraiment négocier avec les islamistes d’Ansar Dine?

Des émissaires du groupe islamiste Ansar Dine (…) à  Ouagadougou. Même si aucune confirmation officielle n’en a été donnée, on se demande bien pourquoi cette frange de la rébellion du Nord-Mali a choisi de sortir maintenant du bois, au lendemain même de la rencontre des chefs d’états-majors de la Cédéao à  Abidjan. Ansar Dine se sentirait-il menacé et isolé, au point de devoir se déplacer à  Ouagadougou pour négocier, étant donné la probabilité d’un conflit sous-régional? Peu d’informations ont filtré quant à  la composition de la délégation des islamistes. Encore moins sur la durée du séjour et sur un éventuel entretien avec le président Blaise Compaoré, médiateur officiel de la Cédéao dans la résolution de la crise malienne. Des interlocuteurs infréquentables On ignore ce que veulent bien les islamistes qui occupent illégalement la partie septentrionale du Mali et actionnent la machine de la charia sur ce territoire. Le groupe Ansar Dine exerce de multiples exactions et brimades sur des groupes de populations vulnérables dont les femmes et les jeunes. Outre la répression, on lui reproche d’être à  l’origine de l’introduction, dans la sous-région, d’individus peu recommandables comme les narcotrafiquants et des terroristes venus de pays étrangers au continent. Cette complicité, ajoutée à  la mise en application aveugle de la charia, a sérieusement contribué à  discréditer l’organisation d’Ansar Dine aux yeux des masses ouest-africaines. Celles-ci, très religieuses, sont soucieuses du respect de leurs traditions et des valeurs humaines que véhiculent leurs cultures depuis des temps immémoriaux. Mais pourquoi recevoir ce groupe jugé non recommandable et aujourd’hui en apparence soucieux de mieux se faire connaà®tre? Il a toujours été dit que la porte du dialogue reste ouverte. Aussi ne doit-on pas exclure de les recevoir, au nom de la paix et de la culture démocratique. Même si eux savent bander du muscle et sortir des griffes. Il faut les recevoir en espérant qu’ils seront prêts à  s’amender. Car, eux et leurs alliés méritent d’être jugés par la Cour pénale internationale (CPI), pour les actes posés. De fait, de quels droits un groupe d’individus non élus peut-il s’approprier des préceptes religieux pour soumettre des groupes de populations paisibles, dans un pays souverain, reconnu au plan international comme étant une République indivisible, laà¯que et ayant choisi de vivre en démocratie? Quelles sont les raisons de ces pourparlers? Pour l’exemple, en aucun cas cette agression des institutions républicaines ne devra rester impunie. Ansar Dine et autres doivent comprendre qu’il leur sera très difficile de convaincre l’opinion ouest-africaine du bien-fondé de l’Islam dont ils sont promoteurs. Encore moins lorsqu’ils s’acoquinent avec des sécessionnistes! Par leurs pratiques, ils ne feront que du tort à  cette religion qui a trop souffert de l’égarement de certains prétentieux. N’empêche, il faut les recevoir tout en demeurant vigilant. C’’est pourquoi une foule de questions taraudent les esprits. Qui est donc à  l’initiative d’une telle rencontre? Ansar Dine? Le médiateur, de façon unilatérale? s’il s’agit d’une initiative du médiateur, à  quel jeu jouerait-il? A moins qu’il n’y ait eu concertation entre la médiation et la Cédéao. On se rappelle, l’organisation sous régionale avait recommandé de négocier avec tous les groupes rebelles, à  l’exclusion des organisations terroristes dont celles d’Ansar Dine. Pourquoi donc le Burkina Faso a-t-il accepté de recevoir les islamistes qui sèment la terreur dans le Nord-Mali ? En le recevant à  Ouagadougou, le médiateur se sentirait-il redevable après le rôle joué par Ansar Dine dans la libération d’une otage suisse il y a quelques mois? Ansar Dine serait-il devenu fréquentable et partenaire au point d’envisager des actions similaires? En tout cas, ce mouvement doit en savoir beaucoup sur la situation des otages français au Mali. Il détient de ce fait une arme entre les mains. Une donne que n’ignore pas le médiateur… La stratégie de l’usure Ansar Dine cherche aussi à  miser sur le temps. Tout en donnant l’air de vouloir négocier, le groupe pourrait en même temps fourbir les armes. Car, il doit se rendre à  l’évidence: par ses pratiques anachroniques, il s’est fait aujourd’hui plus d’ennemis que d’amis en Afrique de l’Ouest. Chercher par ces temps-ci à  se repositionner semble bien trop tard. En tout cas, ses tentatives de négociations semblent plutôt viser à  déstabiliser la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) déjà  sur le sentier de la guerre. Ansar Dine voudrait brouiller les cartes, confondre le médiateur et la Cédéao qu’il n’aurait pas mieux fait. Et qu’en dira la partie des officiels maliens? Dans tout ce méli-mélo, le principal intéressé, le gouvernement malien, semble aujourd’hui répondre aux abonnés absents. Son silence, surtout le temps qu’il prend à  demander officiellement assistance en vue de reconquérir le territoire perdu, n’est assurément pas de nature à  faciliter la tâche à  la Cédéao. l’organisation sous-régionale qui a entrepris des démarches auprès du Conseil de sécurité des Nations unies attend toujours le feu vert des autorités maliennes pour venir les épauler. Dans cette attente, qu’attendre des autres composantes de la rébellion? Recevoir Ansar Dine peut bien paraà®tre comme un élément de motivation et d’encouragement à  venir négocier. Après Ansar Dine, il ne reste plus qu’Aqmi à  venir voir le médiateur! Le Pays

Mali : l’Afrique de l’Ouest envisage d’envoyer une force de 3 300 hommes

« L’effectif que nous avons estimé pour cette opération est de 3.270 hommes », a déclaré devant la presse le général Soumaà¯la Bakayoko, chef de l’armée ivoirienne. Les « gros effectifs » seront « fournis par le Nigeria, le Sénégal, le Niger » mais « tout le monde participera, y compris la Côte d’Ivoire », a-t-il ajouté. Il s’exprimait à  l’issue d’une réunion de plusieurs chefs d’état-major de pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), actuellement présidée par la Côte d’Ivoire, sur la force d’intervention que la région prévoit d’envoyer au Mali. La réunion d’Abidjan est intervenue alors que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est abstenu par deux fois cette semaine d’apporter son soutien au projet de force d’intervention au Mali présenté par l’Union africaine (UA) et la Cedeao, le jugeant notamment trop imprécis. « Dès la semaine prochaine », des éléments de l’état-major de la Cedeao « iront à  Bamako travailler avec leurs camarades de l’armée du Mali pour voir les modalités pratiques » de l’envoi de la force, a ajouté le général Bakayoko. Engager la « reconquête » du Nord-Mali La « dernière planification » de l’opération aura lieu à  Bamako, a-t-il précisé, soulignant que le chef d’état-major du Mali, présent à  la rencontre, « a montré la volonté de l’armée malienne d’accueillir » cette force, qui devrait intervenir en soutien à  l’armée régulière. Le Mali a insisté jusque-là  sur le fait que tout éventuel déploiement d’une force ouest-africaine devait se faire à  sa demande. La réunion d’Abidjan devait servir à  valider le « concept d’opération » élaboré ces trois derniers jours dans la capitale économique ivoirienne par les militaires de la Cedeao, assistés d’experts de l’ONU, de l’UA et des Etats-Unis, entre autres. La force ouest-africaine servirait à  « stabiliser et consolider » les institutions de transition à  Bamako et, aux côtés de l’armée malienne, à  « engager la reconquête du Nord-Mali », contrôlé depuis fin mars par des rebelles touareg et des islamistes armés, avait expliqué le général Bakayoko à  l’ouverture. Il n’y aura de recours à  la force qu’« en dernier ressort, après épuisement de toutes les voies de dialogue », avait-il insisté. Le chef d’état-major de l’armée malienne, le colonel-major Ibrahima Dahirou Dembélé, a cependant jugé devant la presse « très difficile » que la situation au nord se dénoue « sans une solution militaire ». « Même s’il y a négociation, je ne compte pas beaucoup sur (la) bonne foi » des groupes armés, a-t-il souligné. Compaoré doit recevoir Ansar Eddine Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cedeao, a engagé des discussions avec la rébellion touareg et devrait recevoir dimanche le groupe islamiste Ansar Eddine. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à  ne pas « s’éterniser dans des débats sans fin », faisant valoir que « les jihadistes sont en train de se renforcer », dans une interview au Journal du Dimanche. Dans la foulée d’un putsch le 22 mars à  Bamako, l’immense région désertique du nord du Mali est tombée aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout d’Ansar Dine et de son allié jihadiste Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi).

Mali: le président intérimaire Traoré reçu à Paris par Laurent Fabius

PARIS — Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est entretenu jeudi avec le président intérimaire malien, Dioncounda Traoré, sur la situation dans le nord du Mali et la transition dans ce pays. MM. Fabius et Traoré « se sont entretenus de la situation au Mali, notamment des moyens de stabiliser et de sécuriser la transition à  Bamako ainsi que de la situation qui prévaut au nord du pays », a déclaré le ministère des Affaires étrangères français dans un communiqué. « Les efforts de la CEDEAO, la mobilisation de l’Union africaine, en particulier la saisine par celle-ci du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour aider le Mali à  surmonter la crise, ont été discutés », a-t-il ajouté. « Alors que l’aide bilatérale de la France comme celle de l’Union européenne ont été suspendues suite au coup d’Etat du 22 mars dernier, le ministre a soulevé la question des conditions et des modalités d’une reprise future de l’aide internationale », a souligné le ministère. Laurent Fabius doit aussi recevoir vendredi le Premier ministre malien par intérim, Cheikh Modibo Diarra, en visite en France. Le président Dioncounda Traoré se trouve depuis le 24 mai en France pour des examens médicaux, après avoir été frappé et blessé le 21 mai dans son bureau à  Bamako par des manifestants hostiles à  son maintien au pouvoir. Il doit conduire la transition pour une durée d’un an, après un coup d’Etat militaire le 22 mars. Ce putsch qui a renversé le président Amadou Toumani Touré a précipité la chute de l’immense région désertique du Nord Mali aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) et surtout du mouvement islamiste Ansar Dine et de son allié Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi).

Mali : la prochaine guerre

Pendant que le Conseil de sécurité de l’ONU n’arrive pas à  s’entendre sur le dossier syrien, il pourrait dans le même temps décider rapidement d’une intervention au Mali. Inquiet de l’installation de « troupes terroristes » dans le nord du pays, François Hollande a garanti, lundi, le soutien de la France à  une opération militaire de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), sous l’égide de l’ONU. « Si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies », a précisé le président français. « François Hollande se montre particulièrement prudent sur la question », note Antoine Glaser (1). « L’Algérie, principal partenaire dans la région, ne veut pas entendre parler de forces françaises à  ses frontières, d’autant plus que la constitution algérienne lui interdit d’intervenir chez ses voisins », ajoute le spécialiste de l’Afrique. On se souvient, de la même manière, que l’Union africaine s’était fermement opposée à  une action de l’Otan en Libye, avec le résultat que l’on connaà®t. Mais dans le cas du Sahel, l’adversaire comme le terrain demeurent autrement plus instables. L’enfer du Sahara Dans l’enfer du Sahara, un soutien international, tout du moins logistique, paraà®t indispensable. « Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à  la région, au niveau tant matériel que financier », explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à  l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). « Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n’est pas dotée », ajoute le spécialiste de l’Afrique subsaharienne. Une intervention africaine pourrait-elle dès lors ouvrir le chemin à  un envoi futur de casques bleus ? Une hypothèse « crédible en cas de besoin », juge le journaliste Serge Daniel (2). Un scénario qu’écarte de son côté Pierre Jacquemot, « étant donné les difficultés que connaà®t déjà  l’ONU en Côte d’Ivoire (Onuci), o๠sept casques bleus ont été abattus vendredi dans une embuscade. Une fois et demie plus grand que la France, pour une densité de population qui ne dépasse pas 1,2 habitant par kilomètre carré, le nord du Mali est historiquement revendiqué par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe touareg musulman – mais laà¯que -, qui lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de la région. « Il a été aidé dans ce sens par l’ex-gouvernement français de Nicolas Sarkozy, notamment pour contrer les ambitions du groupe touareg islamiste d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe, NDLR) », indique Antoine Glaser. Ce dernier mouvement, proche d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), prône l’instauration de la charia. à‰tat islamique Or ces deux groupes touaregs, aux ambitions pourtant divergentes, se sont alliés au début de l’année dans leur lutte contre l’armée malienne. Leur percée explique en partie le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier, qui a mis fin à  dix ans de règne d’Amadou Toumani Touré. Les putschistes reprochaient notamment au président malien de ne pas assez oeuvrer pour remédier au chaos dans le nord du pays, qui a entraà®né, selon l’ONU, la fuite d’au moins 126 400 Maliens à  l’étranger depuis janvier dernier. Or, bien loin de freiner l’avancée des rebelles, la faiblesse du nouveau pouvoir s’est révélée contre-productive. Privée de tout commandement, l’armée malienne n’a pu contenir les assauts touaregs, qui se sont emparés de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois grandes villes du nord. Et coup de théâtre, le 27 mai dernier, les frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, ont annoncé leur fusion et proclamé la création de l’à‰tat islamique de l’Azawad. Une déclaration par la suite démentie par plusieurs ailes au sein du MNLA, faisant apparaà®tre d’importantes dissensions sur l’application « pure et dure » de la charia. Les erreurs afghanes « On ne peut avoir de vraie collusion entre les deux tendances », estime Pierre Jacquemot. « Les touaregs du MNLA n’accepteront jamais un à‰tat islamique sur leurs terres de Tombouctou, ni à  Gao », insiste le chercheur. Problème, selon le journaliste Serge Daniel, les forces du MLNA seraient pratiquement absentes sur le terrain face à  Ansar Dine, allié à  Aqmi. Prônant le djihad en Afrique de l’Ouest, la branche régionale d’al-Qaida aurait récemment enregistré l’arrivée de combattants venus tout droit d’Afghanistan et du Pakistan. « Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief », affirme Antoine Glaser. « Une planque parfaite », ajoute Serge Daniel. L’organisation vit aujourd’hui principalement du trafic de drogue ainsi que de rapts de civils occidentaux, dont les six otages français toujours retenus au Sahel. Aqmi s’appuierait également sur des combattants binationaux, selon Serge Daniel, formés à  perpétrer des attaques directement en France. à€ l’instar de l’Afghanistan, o๠les talibans avaient été armés par les à‰tats-Unis contre les Soviétiques, les djihadistes bénéficieraient de l’aide bien involontaire de l’Occident. « La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d’armement sophistiqué dans le nord du Mali, note Antoine Glaser. Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd’hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion. » Par Armin Arefi (1) Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique, coauteur de Sarko en Afrique, avec Stephen Smith (éditions Plon) (2) Serge Daniel, correspondant de l’AFP à  Bamako, auteur de Aqmi, l’industrie de l’enlèvement (éditions Fayard)

Le MNLA sous l’aile d’Ansar Dine

Après la République autoproclamée de l’Azawad, la République islamique de l’Azawad. Les rebelles indépendantistes du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont fini par se plier à  la loi du plus fort, à  savoir Ansar Dine et sa charia. Plus question d’un Etat laà¯c indépendant pour le MNLA, qui répétait depuis des mois sa volonté d’instaurer un Etat libre et démocratique dans le Nord du Mali et de combattre Al Qaà¯da au Maghreb Islamique (Aqmi). Ansar Dine en position de force Les voilà  désormais main dans la main avec les islamistes d’Ansar Dine, menés par l’ancien rebelle touareg Iyad Ag Ghaly. Dès la conquête des principales villes du Nord début avril, ils ont cantonné le MNLA aux périphéries et ont descendu le drapeau de l’Azawad pour le remplacer par le drapeau noir islamiste. La preuve de leur puissance. Mieux équipés, plus nombreux que le MNLA, ils sont les principaux artisants des défaites de l’armée malienne dans plusieurs villes du Nord. Ils avaient tenu à  le faire savoir dans un vidéo diffusée sur internet. On y voyait les combattants d’Ansar Dine attaquer Aguel’Hoc, o๠plusieurs dizaines de soldats maliens ont été tués et exécutés. de transition Se prémunir d’une contre-offensive de l’armée malienne A la différence du MNLA, qui souhaite un Etat indépendant limité aux régions du Nord, Ansar Dine prône l’imposition de la charia à  l’ensemble. De quoi faire craindre une « afghanisation » de la région. D’autant qu’en l’absence de réaction militaire du Mali et de la communauté internationale les nouveaux alliés ont tout le temps de grossir leur rang de jeunes désœuvrés. Composé de 1500 hommes au début de la rébellion, le MNLA aurait atteint plus de 5000 combattants aujourd‘hui, selon l’hebdomaire Jeune Afrique. Beaucoup ont fait défection pour rejoindre les rangs d’Ansar Dine. Cette alliance de circonstance semble pour eux un moyen de ne pas perdre la face. Des négociations facilitées ?  » C’’est une alliance de forme, au cas o๠ce groupe armé aurait affaire à  une attaque de l’armée malienne, a témoigné Zeidane Sid Alamine, ancienne figure de la rébellion des années 90, sur les ondes de RFI. Ils sont plus proches d’Ansar Dine que d’AQMI », pense-t-il. Côté malien, on rejette cette alliance. Côté Cédéao, on préfère penser qu’avoir à  faire à  une seule organisation pourrait faciliter la négociation, option préférée par le gouvernement de transition

Aqmi dévoile une vidéo des deux otages français au Mali

C’est une première preuve de vie depuis les photos qu’avaient diffusées leurs ravisseurs en décembre dernier. Al-Qaida au Maghreb islamique a fait parvenir aux autorités du Burkina Faso qui l’auraient transmise au gouvernement français une vidéo montrant les deux otages français enlevés au Mali en novembre dernier. Le film tourné le 22 février montre les Français assis sur le sable devant une tente, le visage entouré d’un turban, indique l’AFP, qui a pu visionner la vidéo. Le Quai d’Orsay s’est refusé, samedi après-midi, au moindre commentaire. Kidnappés depuis 150 jours, on ne sait pas si Philippe Verdon et Serge Lazarevic se trouvent encore au Mali. Visiblement affaibli, mais parlant d’une voix claire, Philippe Verdon dit vivre «dans le désert avec Aqmi dans des conditions extrêmement difficiles, notamment pour des raisons de santé». Il lance un appel à  Nicolas Sarkozy pour «faire tout ce qui est en sa possibilité pour essayer de dénouer cette situation». Les hommes d’Aqmi nous disent que les portes ne sont pas fermées dans les discussions et les négociations», ajoute-t-il. «Ils me disent qu’il y a des moudjahidine qui sont emprisonnés en Mauritanie et au Mali. Il y a une volonté d’apaisement de la part d’Aqmi, qui soit dans l’intérêt de toutes les parties», affirme-t-il. Serge Lazarevic fait le même constat. «Je demande à  la France, au président Sarkozy, aux associations françaises, internationales et au peuple français, s’ils peuvent nous aider. Toute aide est la bienvenue, Aqmi est ouvert à  la négociation», souligne l’homme qui paraà®t mieux se porter que Philippe Verdon. Les otages saluent également leurs familles. Un comité de soutien inquiet Les deux hommes ont été enlevés dans leur hôtel, le 24 novembre 2011, à  Hombori. Présentés comme géologues, leur réputation a néanmoins fait l’objet de nombreuses spéculations. Aqmi les a présentés comme des agents des renseignements français. Le passé de Philippe Verdon a entretenu la confusion. Philippe Verdon s’est souvent trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été emprisonné au début des années 1990 par le Spla, les séparatistes du Soudan du Sud après un atterrissage forcé dans une zone de guérilla. Aux Comores, il a été accusé de fomenter un coup d’à‰tat, mais les charges à  son encontre sont abandonnées. Une réputation supposée de barbouze qui ulcère leurs familles. Selon leurs proches, les deux hommes étaient en voyage d’affaires et travaillaient sur un projet de cimenterie dans la région. «Mon fils a été présenté comme James Bond ou comme un escroc international, mais il n’est ni l’un ni l’autre. Il est juste un homme d’affaires atypique sans la moindre expérience militaire», avait expliqué son père Jean-Pierre Verdon. Cette vidéo ne rassure pas le comité de soutien des deux hommes qui veut une preuve de vie plus récente. Début avril, l’organisation avait exhorté la France et les candidats à  l’Elysée de ne pas les oublier. «Il faut tout faire pour les sortir de là », insistait Pascal Lupart, qui fustigeait «le peu de discernement des autorités françaises et maliennes» dans cette affaire. Le président du comité de soutien redoutait que la rébellion touaroueg dans le Nord-Mali, la confusion qui règne autour des «intentions des groupes armés islamistes» ne nuisent un peu plus aux otages. Outre Philippe Verdon et Serge Lazarevic, Aqmi détient quatre autres Français, collaborateurs du groupe nucléaire français Areva et de son sous-traitant Satom, ont été capturés au Niger le 16 septembre 2010. Au total, Aqmi et un groupe considéré comme dissident, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), retiennent en otages vingt personnes, treize occidentaux et sept Algériens.

Sanogo dos au mur

Combien de temps tiendra-t-il encore le coup ? Arrivé au pouvoir le 22 mars par un coup de force, le capitaine Amadou Haya Sanogo reprochait au régime d’Amadou Toumani Touré «Â l’incompétence » dans la gestion de la rébellion au Nord du pays. Comme une ironie du sort, deux semaines après le coup d’Etat la junte militaire doit se résoudre à  constater l’avancée remarquable des rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des groupes islamistes d’Ansar Dine. La semaine dernière, les trois villes principales villes sont tombées sous le contrôle des assaillants. Face à  cette déroute de l’armée nationale, le capitaine est aux abois. Ses nombreuses offres de dialogue à  l’endroit des rebelles n’ont pas eu gain de cause. Et la communauté internationale, dont il sollicite l’aide, demande mordicus son départ. Les sanctions économiques et diplomatiques décrétées la semaine à  Dakar par la CEDEAO et entérinées par l’ONU, ne laissent point de chance à  la junte militaire de rester au pouvoir. Mission infructueuse à  Abuja La délégation de leaders religieux (composée du président du Haut conseil islamique et de Monseigneur Jean Zerbo), dépêchée lundi dernier à  Ouaga, n’a pu convaincre le médiateur Blaise Compaoré de revoir auprès de ses pairs les sanctions contre le Mali. De sources proches de la junte, nous apprenons que rien n’a filtré de cet entretien avec le président du Faso. A Abuja, au Nigéria, o๠la junte avait envoyé le colonel Blonkôrô Samaké (chef d’Etat-major du chef de la junte) auprès du président Jonathan, les nouvelles ne sont pas bonnes non plus. Et dans l’entourage du capitaine Sanogo, on se refuse à  tout commentaire sur les conclusions de cette mission. «Â Si la junte n’a pas communiqué sur cette mission, il faut en déduire que les résultats n’ont pas fructueux », analyse cet observateur politique. Comme si cela ne suffisait pas, la Convention nationale annoncée par le capitaine n’aura finalement pas lieu ce jeudi. Face au refus d’une importante partie de la classe politique (réunie au sein du Front uni pour la Sauvegarde de la démocratie FDR ), la crise politique s’accentue au Mali. Sur le plan économique, malgré les assurances de la junte sur les conséquences de l’embargo, la population reste inquiète. Cette convention, devrait donc réunir toutes forces vives de la nation, et adopter le schéma de mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Avec le report de ces assises à  une date ultérieure, une la junte rate l’occasion de réconcilier les positions de la classe politique. Le temps presse donc pour le capitaine, qui est pris désormais entre plusieurs feux : la pression de la communauté internationale, l’avancée de la rébellion, l’opposition d’une partie de la classe. «Â Il faut aider Moussa Dadis Camara », avait recommandé ATT aux pires moments de crise guinéenne. Faudra-t-il «Â aider » le capitaine Amadou Haya Sanogo ?

Tombouctou sous la menace de la Charia

La cité touristique de Tombouctou n’est plus que l’ombre d’elle même depuis que les rebelles l’ont occupé ce dimanche 31 mars. Jadis carrefour touristique, cité historique et de rencontres culturelles, Tombouctou, la ville des 333 saints est aux mains des rebelles du MNLA qui l’ont investi après la prise de Gao et surtout la débandade de l’armée malienne repliée avec des éléments d’ores et déjà  rapatriés à  Bamako. Mais à  Tombouctou, il n’y a pas que les rebelles du MNLA, mais aussi les hommes d’Ançar Dine, le mouvement islamique dirigé par Iyad Ag Ghaly. Le mouvement islamiste a du prêter main forte aux éléments du MNLA même si certains partisans du MNLA réfutent cette information. Tombouctou, le dernier rempart du MNLA ? Tombouctou a vite été prise. A midi, dimanche 31 Mars, l’armée avait très vite abandonné ses positions après quelques coups de feu dans la matinée : «Â Ce lundi, le calme règne dans la ville et la population est cloitrée chez elle, », témoigne Oumar Amalhek, guide touristique. «Â Ils sont là , mais il y a aussi Ançar Dine qui cherche déjà  à  faire appliquer la charia et a rencontré les notabilités de la ville dans cette optique… », poursuit notre guide, qui n’entend pas rester dans la ville. Il prévoit déjà  de faire partir sa famille, au Burkina voisin. Une grande partie de la population est pessimiste, rapporte Oumar, qui affirme que les nouveaux maà®tres de la ville ont investi le camp militaire, l’hôpital régional et arrêté quatre jeunes arabes pour saccage et pillages. D’autres témoins parlent d’actes de vandalisme de la part des éléments du MNLA. Un acte que réprouve un élu touareg qui appelle à  ne pas faire de confusion entre le MNLA et les pilleurs. Pour Alcoye, propriétaire d’un hôtel touristique à  Tombouctou, l’urgence est de faire rapatrier sa famille à  Bamako. On imagine l’ambiance dans la ville qui avait accueilli le festival au Désert, deux jours avant que n’éclate la première attaque de la rébellion à  Ménaka. Tombouctou, Kidal et Gao «Â libérés » Dans le langage des partisans du MNLA et de l’indépendance de l’Azawad, la vision est autre. Beaucoup parlent de «Â libération » comme si le nord avait été un territoire occupé. Des éléments auraient scandé  » Azawad ! Azawad ! » après la prise de Gao après défection de l‘armée malienne. Pour Alassane Touré, un ressortissant du nord, propriétaire d’une agence de voyages, «Â cette partie du pays est perdu depuis longtemps. Je ne comprends pas ce procès fait aux rebelles. ATT a depuis longtemps vendu le nord aux touaregs ». Pour cet autre élu de Bourem, interrogé sur RFI, « il s’agirait plutôt d’une indépendance économique et culturelle qu’une indépendance territoriale pour les rebelles… » Les hommes du MNLA pourtant ont commencé à  tracer leurs frontières et touchent presque du doigt leurs rêves, commente ce journaliste étranger à  Bamako. Partition du pays en deux, deux tiers du territoire occupé, l’intégrité territoriale du Mali est plus que compromise. Sur le terrain, les rebelles et autres mouvances islamistes ou terroristes vont-ils laisser échapper le contrôle après quatre rébellions, dont la dernière semble porter ses fruits. Et surtout, les rebelles vont-ils s’arrêter là  ? A Bamako, on se refuse à  envisager ce scénario du pire. La CEDEAO interviendra t-elle ? Le capitaine Sanogo a du souci à  se faire…

Mali : Islamistes et Touareg profitent de la confusion

Impuissante face à  l’avancée des Touareg et des islamistes au nord du Mali, la junte, au pouvoir depuis le coup d’à‰tat du 22 mars, a lancé un appel à  l’aide vendredi. «Les rebelles continuent à  agresser notre pays et terroriser nos populations, a lancé le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, dans un discours à  la presse. La situation est à  cette heure critique, notre armée a besoin du soutien des amis du Mali pour sauver les populations civiles et sauvegarder l’intégrité territoriale» du pays. Les insurgés, qui sont passés à  l’offensive dans le Nord en janvier, profitent en effet de la confusion régnant à  Bamako à  la suite du coup d’à‰tat militaire pour gagner du terrain. Vendredi matin, ils ont pris le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du pays aux confins de l’Algérie et du Niger. Selon une source diplomatique africaine , c’est «essentiellement le groupe islamiste Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali appuyé par des combattants d’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique)» qui a mené l’assaut. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et Ançar Dine, dont le chef est natif de Kidal, prenaient la ville en étau depuis plusieurs jours. Si le MNLA, qui affiche une position laà¯que, ne partage pas les objectifs d’Ançar Dine , qui vise l’instauration de la charia et a des liens avec Aqmi, les deux groupes combattent parfois ensemble l’armée malienne. La junte au pouvoir depuis le coup d’à‰tat militaire, qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, avait justement invoqué, pour justifier son putsch, l’échec du régime contre la rébellion touareg. De fait, celle-ci a réalisé une offensive spectaculaire en deux mois. Jamais, lors des deux soulèvements touareg des années 1990 et 2000, les rebelles – qui comptent cette fois des hommes revenus de Libye lourdement armés après avoir combattu pour Mouammar Kadhafi – n’avaient à  ce point menacé le pouvoir central, démoralisé une partie de l’armée et surtout engrangé de telles conquêtes. Menace d’embargo Sanogo a par ailleurs assuré que des élections libres allaient être organisées, sans toutefois donner de calendrier, alors que les pays africains voisins s’apprêtent à  imposer des sanctions contre son pays. Il a dit comprendre la position de la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a donné 72 heures aux auteurs du coup d’à‰tat pour se retirer avant de fermer les frontières et couper l’accès à  la banque centrale régionale. Sanogo a cependant demandé à  la Cédéao de le soutenir, assurant que la junte a pris le contrôle du pays avec l’intention de lancer «un processus rapide de normalisation et d’organiser des élections libres et transparentes». Le Conseil de sécurité de l’ONU a pour sa part de nouveau condamné vendredi le coup d’à‰tat, «d’autant plus inacceptable qu’il intervient contre un président démocratiquement élu et au moment o๠la communauté internationale était prête à  apporter son soutien décisif pour apporter une solution pacifiée au nord» du pays, confronté aux rebelles. Quant au président déchu, Amadou Toumani Touré est sorti de son silence mercredi pour dire qu’il se trouvait sain et sauf «à  Bamako» et qu’il n’était «pas prisonnier», sans pour autant préciser sa localisation exacte.

Communiqué final de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao)

A l’invitation de Son Excellence Alassane Dramane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire et Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), une session extraordinaire de ladite conférence s’est tenue le 27 mars 2012 à  Abidjan, République de Côte d’Ivoire. Cette conférence a été convoquée à  l’effet d’examiner les derniers développements survenus au Mali suite au renversement du président Amadou Toumani Touré et à  la prise du pouvoir au petit matin du 22 mars 2012, par les militaires du Comité national de redressement pour la démocratie et la restauration de l’Etat. Etaient présents les chefs d’Etat et de gouvernement suivants ou leurs représentants dûment accrédités : Son Excellence Thomas Boni Yayi, Président de la République du Benin Son Excellence Blaise Compaoré, Président de la République du Burkina Faso Son Excellence Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire Son Excellence Dr John Evans Atta Mills, Président de la République du Ghana Son Excellence Raymondo Pereira, Président par intérim de la République de Guinée Bissau Son Excellence Madame Ellen Johnson Sirleaf, Présidente de la République du Libéria Son Excellence Yssoufou Mahamadou Mahamane, Président de la République du Niger Son Excellence Ernest Ba௠Koroma, Président de la République de Sierra Leone Son Excellence Faure Yassimgbé, Président de la République du Togo Son Excellence Mamadou Tangara, Ministre des Affaires étrangères, de la coopération internationale et des gambiens de l’Etranger de la République de Gambie Son Excellence Nourridine Mohamad, Ministre délégué aux affaires étrangères de la République fédérale du Nigeria Son Excellence Me Madické Niang, Ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères de la République du Sénégal Ont également pris part à  cette réunion, les hautes personnalités suivantes : Son excellence Ramtame Lamamra, Commissaire chargé de la paix et de la sécurité, représentant le Président de la Commission de l’Union africaine Son Excellence Saà¯d Djinnit, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest Son Excellence Messaed Abdel Kader, ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines de la République Algérienne populaire et démocratique. Son Excellence Edi Ould Ta, ministre des affaires économiques, et ministre des affaires étrangères par intérim de la République Islamique de Mauritanie. Son Excellence Cheik Adjibou Soumaré, président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine Les chefs d’Etat et de gouvernement ont pris note de l’exposé du président de la Commission de la Cedeao sur la situation actuelle au Mali. Des conclusions de la mission d’information de la Cedeao qui a séjourné au Mali du 16 au 18 mars 2012, ainsi que de la mission conjointe de la Cedeao, de l’Union africaine et de l’Onu, du 23 mars 2012 et des briefings sur la réunion d’urgence du Comité des chefs d’état-major de la défense relative aux menaces dans la région du sahel et du golf de Guinée, tenue à  Abidjan le 09 mars 2012, et de la réunion tenue en marge du présent sommet. La conférence a rappelé la déclaration de la Cedeao en date du 21 mars 2012 sur la mutinerie d’une fraction des forces armées du Mali et de la réaction de la Cedeao par rapport au coup d’Etat du 22 mars 2012. Elle a également rappelé les décisions prises lors de sa 40 e session ordinaire tenue à  Abuja les 16 et 17 février 2012 sur la situation au Mali. Après avoir longuement délibéré sur la situation au Mali, la conférence a pris les décisions suivantes : Sur le renversement du gouvernement par le Comité national de redressement pour la démocratieet la restauration de l’Etat La conférence réaffirme l’inviolabilité des protocoles de la Cedeao, et notamment les dispositions pertinentes du protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance, signé en 2001, qui stipule la tolérance zéro en ce qui concerne l’accession ou le maintien par des voies anticonstitutionnelles. La conférence condamne sans équivoque le renversement du gouvernement démocratiquement élu de Monsieur Amadou Toumani Touré. Dénie catégoriquement toute forme de légitimité au Comité national de redressement pour la démocratie et la restauration de l’Etat. Exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel au Mali. La Conférence rappelle par ailleurs au Cnrdr, sa responsabilité en ce qui concerne la sécurité et la sûreté du président Amadou Toumani Touré. La conférence déplore l’impact négatif du coup d’Etat sur les gains difficilement obtenus par la région de la Cedeao au cours des deux dernières décennies dans le cadre du renforcement de la stabilité et de l’enracinement de la culture démocratique et de l’Etat de droit. La conférence suspend le Mali de tous les organes de prise de décisions de la Cedeao avec effet immédiat, conformément aux articles 1E, et 45-2 du protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance et les dispositions de la charte africaine sur la démocratie et la bonne gouvernance, et ce, jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel. La conférence exige que le Cnrdr libère tous les détenus politiques et facilite le départ du pays, de tous les visiteurs qui ont été piégés par le coup d’Etat. La conférence enjoint au Cnrdr de prendre des mesures immédiates en vue de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali, conformément au protocole de la Cedeao et en tenant compte des décisions adoptées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la situation au Mali. La conférence a décidé de l’envoi au Mali dans un délai de 48h, d’une délégation de haut niveau pour permettre un retour rapide à  l’ordre constitutionnel. Cette délégation qui sera conduite par le président en exercice de la Cedeao, Son Excellence Monsieur Alassane Dramane Ouattara, sera composée des présidents Thomas Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine, le président Blaise Compaoré du Burkina-Faso, de Madame Ellen Johnson Sirleaf du Libéria, du président Issouffou Mahamadou Mahamane du Niger, et du président Goodluck Jonathan du Nigeria. La conférence décide de dépêcher au Mali, une délégation de cinq membres des chefs d’état-major du Bénin, du Burkina-Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Nigeria, du Sénégal et du Togo, avec pour mission, de sensibiliser la junte sur la nécessité d’un retour immédiat à  l’ordre constitutionnel. D’informer la junte des récentes mesures envisagées par la Cedeao, pour aider le Mali à  préserver son intégrité territoriale. D’apprécier la situation militaire sur le terrain et la chaà®ne de commandement. D’informer la junte des possibles sanctions auxquelles elle s’expose en cas de non respect des décisions de la conférence. D’informer la junte que la Cedeao prendra d’autres mesures nécessaires à  la restauration de l’ordre constitutionnel. La conférence autorise la montée en puissance de la force en attente de la Cedeao pour parer à  toute éventualité. En cas de non respect des décisions par le Cnrdr, la conférence invite tous les Etats membres à  imposer avec effet immédiat, une interdiction de voyage ainsi qu’un embargo diplomatique et financier sur les membres du Cnrdr et leurs proches collaborateurs. A cet égard, la conférence salue la décision de l’Union Européenne et des autres partenaires, de suspendre l’aide au développement du Mali, et invite les autres partenaires qui ne l’ont pas encore fait, à  prendre des mesures similaires. De la rébellion dans le nord du Mali La conférence condamne la décision opportuniste des mouvements armés visant à  profiter de la crise constitutionnelle au Mali pour intensifier leurs attaques dans le but de gagner plus de territoire dans le nord. Et réaffirme la détermination de la Cedeao à  prendre toutes les mesures nécessaires pour appuyer les efforts du gouvernement en vue de préserver l’intégrité territoriale du Mali. La conférence exige une fois encore, un cessez-le feu immédiat à  travers tout le Mali. Et demande aux mouvements armés opérant dans le pays, d’utiliser la voie du dialogue pour leurs revendications, dans le respect de l’intégrité territoriale du Mali. La conférence décide de nommer Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, président du Faso, comme médiateur dans la crise malienne avec pour mission de prendre contact avec toutes les parties prenantes, en vue d’engager un dialogue fructueux visant à  la restauration de la paix dans ce pays tout en tenant compte des efforts en cours dans ce sens. La conférence décide d’envoyer immédiatement une délégation de haut niveau au Mali pour assurer un retour à  l’ordre constitutionnel au Mali. La délégation conduite par le président en exercice comprendra également le président du Bénin, du Burkina-Faso, du Libéria, du Niger et du Nigeria. En cas de non respect par les mouvements, la conférence prendra toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à  la rébellion et veillera à  préserver l’intégrité territoriale du Mali, y compris l’utilisation de la force. La conférence demeure saisie de la situation au Mali et instruit le président de la Commission de la Cecdeao de bien vouloir transmettre ses décisions au président de la Commission de l’Union africaine et au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine pour information et action appropriées. Des élections présidentielles au Sénégal La conférence adresse ses félicitations au candidat Macky Sall pour la remarquable victoire au cours de l’élection présidentielle du 25 mars 2012 et à  Son Excellence Abdoulaye Wade pour avoir accepté sa défaite et pour sa contribution à  la consolidation de la démocratie au Sénégal et en Afrique de l’ouest. La conférence a félicité le peuple Sénégalais pour avoir, encore une fois, donné l’exemple au continent africain en faisant preuve de maturité et grande culture démocratique. Sur la rubrique divers La conférence a décidé de dépêcher une mission conjointe d’information Cedeao-Union africaine-Onu en Guinée-Bissau dans le cadre du deuxième tour de l’élection présidentielle ainsi que de la situation sécuritaire dans le pays. De soutenir la candidature de Dr Ngozy Okonjo Iwoya, ministre des Finances du Nigeria au poste du président de la Banque mondiale. Et invite l’Union africaine à  soutenir cette seule candidature africaine. La conférence a été informée par le président en exercice de l’Union africaine, Son Excellence Monsieur Thomas Boni Yayi, des efforts déployés par le groupe des huit Etats membres de l’Union africaine, en vue de sortir de l’impasse dans l’élection du prochain président de la Commission de l’Union africaine. Tout en assurant que des progrès considérables ont été enregistrés.

Coup d’Etat : 10 partis politiques comdamnent le coup de force

Considérant que le Mali vit un des moments les plus dramatiques et les plus périlleux de son histoire démocratique. Considérant en effet, qu’un coup d’Etat militaire vient de s‘opérer, empêchant du coup l‘aboutissement normal du processus démocratique par lequel le peuple du Mali devrait choisir librement ses nouveaux responsables à  la tête de l’Etat. Les partis politiques ci-dessous signataires : – condamnent fermement ce coup de force qui constitue un recul grave pour notre démocratie et exigent le retour à  une vie constitutionnelle normale; – demandent que le rétablissement de la paix dans le nord du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes soient les deux priorités de l’heure ; – appellent l’ensemble de la classe politique et toutes les forces vives de la Nation de s‘unir pour la réalisation de ces objectifs ; – exigent l’arrêt immédiat des pillages et des exactions, et demandent la libération immédiate de toutes les personnalités civiles et militaires. Fait à  Bamako, le 23 mars 2012 Les partis signataires : ADEMA PASJ URD UDD PDES UFDP MPR PSP PDJ PDP MDD

Confusion sur le sort du président ATT

Quelques heures après l’annonce officiel du coup d’état sur les ondes de l’ORTM, les mutins auraient pris le camp para dans lequel se trouvait retranché le président ATT. Selon des informations provenant du camp para situé dans le quartier bamakois de Djicoroni Para, le Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, se serait rendu aux alentours de 9h. Selon d’autres sources, la réédition n’aurait pas encore eu lieu. Retranché dans le camp qui regroupe les éléments de son corps d’origine, il aurait fuit le palais de Koulouba avant l’arrivée des mutins la veille au soir. Les mutins, qui avaient pris l’ORTM le 21 mars vers 17h, ont lu une déclaration aux alentours de 4h30, annonçant la dissolution de toutes les institutions et la création du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’à‰tat (CNRDRE), dont le chef est le capitaine Amadou Haya Sanogo. La déclaration a été lue par le porte parole du mouvement, Amadou Konaré. La junte militaire qui a renversé le président malien Amadou Toumani Touré le gardait en détention jusqu’à  jeudi après-midi dans le camp militaire Soundiata Keà¯ta de Kati, à  15 km de Bamako, a-t-on appris vendredi de bonnes sources dans la capitale malienne. Une incertitude avait plané sur le sort de l’ex désormais chef de l’Etat après son exfiltration du palais présidentiel de Koulouba à  la suite de violents combats ayant opposé mercredi des éléments de son corps d’origine de parachutistes commandos à  des mutins lourdement armés. Le doute avait été quelque peu dissipé jeudi par des propos du chef de la junte affirmant que l’ancien président se portait bien. « Il est sain et sauf, et en sécurité », a dit le capitaine Adama Aya Sanogo qui n’a cependant pas voulu se prononcer sur son lieu de détention. Des sources bien informées dans la capitale malienne ont toutefois révélé à  APA que le président Amadou Toumani Touré a été, après son arrestation, conduit directement au camp militaire de Kati o๠il se trouvait gardé dans la journée de jeudi. Dans la même garnison, qui sert de base à  la junte, se trouveraient également détenus des hauts gradés de l’Armée et des ministres. Tous seront déférés devant les juridictions compétentes, a affirmé le chef de la junte dans sa première interview à  la télévision.

Tentative de coup d’Etat militaire en cours au Mali

La radio nationale malienne occupée par des soldats mutins a annoncé vers 23H00 (locales et GMT) à  Bamako qu’un militaire allait y faire une allocution prochainement, sans en préciser l’heure. l’Office de la radio-télévision du Mali (ORTM), qui avait interrompu ses émissions depuis son occupation dans l’après-midi par les mutins, les a reprises pour faire cette annonce et diffusait de la musique en attendant. Cette annonce est intervenue alors que des coups de feu de plus en plus intenses entre soldats de la garde présidentielle et mutins étaient entendus autour du palais présidentiel. « On a pris le palais », a affirmé un des mutins lors d’un bref échange téléphonique avec l’AFP, sans que cette information n’ait pou être confirmée du côté de la garde. Des membres de la garde présidentielle, les « Bérets rouges », qui avaient pris position autour de l’ORTM occupée ont été ramenés au Palais présidentiel pour le défendre. Avant le début des tirs, un membre de la garde avait affirmé qu’elle contrôlait la présidence et un conseiller présidentiel avait indiqué que le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, lui-même un ancien militaire, s’y trouvait toujours. Des dizaines de militaires excédés par le manque de moyens pour combattre la rébellion touareg et les groupes armés islamiste dans le nord du pays se sont mutinés dans un camp à  Kati, ville garnison près de Bamako. Puis la mutinerie s’est étendue à  la capitale elle-même dont les soldats ont parcouru les rues en tirant en l’air, semant la panique. « Nous en avons marre de la situation dans le nord » du pays, en proie à  une rébellion touareg et aux activités de groupes islamistes radicaux, a affirmé un des mutins. Les soldats, qui ont investi l’ORTM, sont des jeunes. Ils ont tiré en l’air dans le siège de l’ORTM et ont fait sortir le personnel. « Nous voulons des munitions » « Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touareg, trop C’’est trop », a déclaré un caporal du camp de Kati, d’o๠est partie la mutinerie. La France, ex-puissance coloniale, a appelé « au respect de l’ordre constitutionnel » et condamné « tout recours à  la violence ». Le département d’Etat américain a pressé le Mali de régler les tensions qui divisent le pays « à  travers le dialogue et non la violence ». Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces soldats et la « mollesse du pouvoir » face aux rebelles touareg. Certaines de ces manifestations avaient tourné à  la violence et des propriétés appartenant à  des Touareg saccagées et d’autres Maliens et étrangers à  la peau claire. Le président Touré avait réussi à  calmer l’ardeur des femmes de soldats en prenant en compte leurs demandes, en particulier qu’elles puissent avoir des nouvelles de leurs maris au front. Le Mali est confronté depuis mi-janvier à  des attaques du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, qui ont pris plusieurs villes du nord du pays. Un mouvement islamiste armé touareg, Ançar Dine (Défenseur de l’islam) qui veut imposer la charia au Mali par la lutte armée, a affirmé contrôler trois villes dans le nord-est du pays, près de la frontière algérienne: Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok. Le gouvernement malien a en outre accusé Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui a des bases dans le nord du Mali d’o๠elle opère dans plusieurs pays du Sahel, de combattre avec le MNLA. Aqmi a été en particulier accusée d’avoir exécuté sommairement près d’une centaine de soldats maliens à  Agulhok. Le premier tour de l’élection présidentielle, à  laquelle le président Touré qui a épuisé ses deux mandats de cinq ans ne se représente pas, est en théorie prévu le 29 avril au Mali, couplé à  un referendum constitutionnel. Mais des observateurs s’interrogent sur la tenue d’un tel scrutin alors que la moitié du pays est en proie à  un conflit armé. AFP

Crises humanitaires au nord : les ONG s’engagent

Selon Oxfam, la crise dans les pays du sahel est provoquée par la combinaison de nombreux facteurs dont la sécheresse, des prix alimentaires très élevés, une pauvreté endémique et des conflits régionaux. Et la crise au nord du Mali a accentué le phénomène alimentaire dans cette zone du Mali. Au nombre des ONG œuvrant dans le cadre de l’assistance humanitaire au nord du Mali, figure en bonne place, Action contre la faim (ACF) et Oxfam. Toutes sont convaincues que prévenir la malnutrition est beaucoup moins couteux que de la traiter. Les alertes d’Oxfam Le constat d’Oxfam est clair : « En 2012, de nombreux pays de la région du Sahel sont confrontés, à  une grave crise alimentaire qui menace la vie et les moyens d’existence de 12 millions de personnes. Pour elle, sans une action rapide et efficace, elle pourrait s’avérer aussi coûteuse que les précédentes crises alimentaires de 2005, 2008 et 2010 ». D’o๠l’ONG a lancé un appel d’aide d’urgence de 37 millions de dollars pour venir en aide à  plus d’un million de personnes vulnérables. ACF contre la faim Le positionnement d’ACF face à  la crise se traduit par le fait qu’elle pose des actions qui consistent à  prévenir ou empêcher une très forte dégradation de la situation alimentaire. En effet, ACF pose des actions à  Gao, dans le cercle d’Ansongo notamment. «Â Il s’agit de réaliser des activités d’Argent Contre Travail ou d’Argent contre Travaux. Les communautés les plus vulnérables suivent des formations ou réalisent des travaux », indique David Kerespars Directeur Pays – ACF-Mali. Par ailleurs, ajoute-il, durant la période de soudure (avril-octobre) «Â nous allons intensifier nos actions dans le cercle d’Ansongo et Gao ainsi que les cercles de Ménaka et Youwarou si les conditions sécuritaires le permettent ». Pendant cette période, les actions d’ACF consisteront principalement à  «Â réaliser des transferts ciblés vers les ménages les plus vulnérablesÂ à  travers la dotation en nourriture, en argent, en bons alimentaires ou en intrants… Aussi, dans les cercles de Gao et d’Ansongo, ACF mène des actions spécifiques en direction des ménages affectés par le conflit en cours au Mali (Personnes déplacées internes) à  travers «Â des transferts (argent et travail) pour permettre aux personnes déplacées de subvenir à  leurs besoins ». Conscient que les enfants sont les premières victimes en temps de crise alimentaire, ACF œuvre également à  appuyer et renforcer les structures de santé dans la prise en charge de la malnutrition aigà¼e. Dans un premier temps, l’Ong dépiste les enfants et assure la prise en charge des enfants malnutris dans les structures socio-sanitaires. Outre le Mali, le taux de malnutrition dans certains pays comme le Tchad, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger et au nord du Sénégal, oscillent entre 10 et 15 pour cent, et dépassent même le seuil d’urgence de 15 pour cent dans certaines régions.

Azawad-Mali : le point de non-retour ?

Pour faire face au MNLA, le gouvernement utilise des milices tribales épaulées par des mercenaires, européens notamment. Le pouvoir malien montre à  l’occasion de ces événements une certaine perte de contrôle, perte de contrôle qui s’est également manifestée très explicitement dans son incapacité à  protéger les civils touaregs et maures à  Bamako, dans la capitale même, et à  Kati, à  quelques pas des casernes, ce qui est un comble ! Des membres de ces communautés ont vu leurs maisons et leurs biens saccagés lors de manifestations de xénophobie dont personne ne suppose qu’elles ont surpris véritablement les autorités du pays. En se montrant incapable de protéger ses ministres et leurs familles contre des manifestants dont les actes ont montré la nature et révélé à  la face du monde les limites du sentiment national de certaines élites et d’une partie importante du peuple malien, l’Etat s’est profondément décrédibilisé. Derniers événements l’Etat malien aurait perdu en quelques semaines le contrôle de plus de la moitié du territoire de l’Azawad. Cela prouve une fois de plus que la solution à  ce conflit ne peut pas être réduite à  une issue militaire. Et que le Mali n’a pas les moyens d’imposer son autorité sur ce territoire par la force. D’abord, parce qu’il n’en a pas les moyens matériels et humains, ensuite parce que les militaires originaires du Sud commencent à  être gagnés par le doute sur le sens de cette guerre contre leurs frères et voisins avec lesquels il faudra bien, le moment venu, travailler afin de sortir collectivement du sous-développement. Qu’est-ce qui peut se passer dans la tête d’un jeune officier malien du Sud qui va se battre si loin de chez lui pour des raisons qui ne peuvent pas le convaincre pleinement ? Que pense défendre cet officier ? Contre quels ennemis ? La situation actuelle fait surtout souffrir les populations de l’Azawad. Elles sont aujourd’hui contraintes à  fuir pour espérer survivre. Entre la répression du pouvoir et la crainte de représailles orchestrées par l’armée à  travers ses milices, certaines populations de l’Azawad n’ont pas d’autre choix que de traverser la frontière la plus proche pour espérer échapper à  la mort. Des familles ont été victimes de bombardements aériens effectués avec des hélicoptères pilotés par des mercenaires ukrainiens. Cela donne une dimension symbolique supplémentaire à  cette répression qui agrandit le fossé entre le Mali et ces populations. l’Etat malien a perdu toute légitimité à  se prévaloir du droit au monopole de l’usage de la violence. En effet, ce monopole ne peut exister que pour sauvegarder un ordre juste, or, celui qui est établi au Mali ne l’est pas ! A ce jour, la seule résistance significative rencontrée par les combattants du MNLA vient de leurs frères touaregs et maures encore aux côtés de l’Armée gouvernementale. Ces officiers touaregs et maures qui ont visiblement du mal à  donner un sens à  leur engagement contre les intérêts de leurs communautés. D’autant plus que leurs propres familles sont victimes d’exactions de la part d’autres milices instrumentalisées de la même façon par les mêmes autorités maliennes. Accepter le réel pour éviter le chaos De l’avis de l’ensemble des observateurs, cette crise ne peut pas avoir une issue militaire. Aucun des belligérants n’est en capacité militaire d’écraser l’autre durablement. Ce constat n’est pas nouveau, mais la puissance de feu du MNLA aujourd’hui montre que la voie militaire ne peut être qu’une impasse dans la recherche d’une solution définitive à  ce conflit qui a commencé avec la naissance de l’Etat malien. Il est temps que les élites maliennes et azawadiennes se libèrent des chaà®nes postcoloniales pour penser par elles-mêmes l’avenir de leurs communautés. Et cela ne peut passer que par un diagnostic qui se fonde sur des réalités socioculturelles et des expériences politiques du passé. Il existe bel et bien une identité de l’Azawad forgée par des siècles de cohabitation et de brassage entre les communautés songhaà¯e, touarègue, maure et peuhle. Ces communautés partagent un ensemble de référents culturels qui les différencient des peuples du sud du Mali actuel. Il n’est pas imaginable, par conséquent, de croire que le développement de l’Azawad peut se concevoir efficacement à  partir de Bamako. D’autant plus que le Sud, emberlificoté dans ses propres problèmes sur un fond de corruption endémique, n’est pas très curieux à  l’égard du Nord en question, ce territoire qu’il prétend être une partie de lui-même, mais qu’il juge sans cesse trop éloigné de ses préoccupations quotidiennes, constamment embarrassant, parfois même inquiétant et incompréhensible, et voué invariablement à  servir de bouc émissaire dès qu’il y a un malaise dans ses rangs. De plus, nous ne devons jamais oublier les innombrables projets de développement financés et pilotés de l’extérieur qui ont sombré corps et biens sans laisser de traces parce qu’ils n’avaient pas réussi à  créer le moindre petit lien organique susceptible de se greffer harmonieusement avec la terre et les hommes censés en être les bénéficiaires ! En Afrique, combien de milliards de francs CFA, de dollars ou d’euros ont ainsi sombré dans les sables, mais dont les dossiers bien rangés remplissent encore les rayonnages des bibliothèques des organisations humanitaires du Nord ! De plus, quelle ONG osera avouer un jour qu’elle s’est très souvent plantée et qu’elle n’a su sauvegarder que les apparences afin de se perpétuer elle-même dans la plus parfaite indifférence aux attentes que ses propres gesticulations avaient pu engendrer ? Certains médias et intellectuels maliens s’acharnent encore à  caricaturer la question politique posée par l’Azawad en la ramenant à  une fantasmagorique opposition entre Noirs et Blancs. Cette fixation sur la couleur de la peau est décidément un réflexe dès lors qu’il s’agit de Touaregs. Comme s’ils ignoraient que cette communauté s’est construite autour d’une langue et d’une identité qui cimentent aujourd’hui un sentiment d’appartenance qui va du Burkina-Faso à  la pointe sud de la Tunisie ! Les Touaregs noirs et blancs sont porteurs de la même volonté de protéger leur langue et leur culture, en un mot leur dignité. Il n’existe pas de type physique touareg qui pourrait servir de base pour diviser cette communauté et réduire son rôle dans la région sahélo-saharienne. l’Etat malien a souvent instrumentalisé l’opportunisme des uns et le fatalisme des autres pour ne pas reconnaà®tre la réalité du problème politique qui se pose au Nord. Sur cet aspect, la responsabilité est aussi celle des élites de l’Azawad qui ne jouent pas pleinement leur rôle à  l’égard de leurs communautés. Il y a une certaine hypocrisie des autorités maliennes à  chercher à  faire passer la situation actuelle uniquement comme une conséquence collatérale de la révolution libyenne. Hier, C’’était Kadhafi qui manipulait les Touaregs pour déstabiliser le Mali ; aujourd’hui, on invente d’autres échappatoires… A quand une approche réaliste et responsable pour en finir une fois pour toutes avec cette question ? Cette question vaut pour le Niger voisin, qui devrait mettre à  profit le climat apaisé du moment pour se prémunir contre toute évolution similaire. Pour cela, un diagnostic sérieux de la situation devrait permettre de dégager une méthode et des moyens politiques à  même de mettre définitivement fin aux dysfonctionnements de l’Etat qui sont à  l’origine des rébellions armées. Pour faciliter un débat national constructif et susceptible d’aboutir à  ce résultat, les autorités nigériennes ne devraient pas s’immiscer dans le conflit actuel au Mali. On peut légitimement s’inquiéter du fait que le président actuel du Niger ne perçoit, lui aussi, le conflit actuel au Mali que comme « une conséquence collatérale de la révolution libyenne ». Cela pourrait indiquer qu’il ne s’est pas réellement penché sur les raisons qui ont amené des communautés de cette bande sahélo- saharienne à  prendre régulièrement les armes contre les Etats depuis cinquante ans. A moins que ses stratèges et autres conseillers n’aient pas pris la peine de se forger leurs propres analyses. Se limitant à  reprendre les clichés ou manipulations des médias étrangers sur la question ! La leçon qui s’impose aujourd’hui, plus de cinquante ans après la création de ces pays, est que les frontières ne suffisent pas à  faire un Etat, encore faut-il que le pacte national qui les porte soit réellement partagé par l’ensemble des populations dont il organise la cohabitation et l’épanouissement. Le Mali, dans ses frontières actuelles et avec le type de gouvernance qu’il s’est doté, fonctionne mal. Une photographie de la classe politique et de son discours, des médias, de l’administration… montre que le pays s’est construit autour d’une vision communautaire essentiellement sudiste. l’Etat n’a pas été équitable dans son traitement de la diversité culturelle du pays. Et la communauté touarègue n’est pas la seule victime de cet ethnocentrisme structurel qui fait que le chef de l’Etat utilise l’une des langues nationales comme une langue officielle au détriment des autres. Les Maliens doivent avoir le courage d’admettre que le temps « des mariages forcés » est révolu ! Et qu’il faudra bien se poser la question d’une refondation nationale à  partir des réalités et des aspirations des peuples ! Aujourd’hui, le seul contrat national qui devrait exister est celui que les peuples construisent en connaissance de cause. Les frontières tracées par le colonisateur ne devraient plus être un blocage à  notre capacité de nous penser par nous-mêmes et de décider, ensemble, de l’avenir que nous voulons pour nos enfants. Les aspirations des peuples Les peuples de cette bande sahélo-saharienne seront-ils en mesure d’avoir aussi leur printemps des peuples et de vivre leur révolution démocratique ? Peuvent-ils contribuer ainsi à  la déconstruction des systèmes postcoloniaux qui continuent à  freiner considérablement l’évolution politique et économique de la sous- région ? Ces systèmes ont fait la preuve de leur incapacité à  se réformer, malgré l’avènement d’un pluralisme politique qui n’a jamais réellement débordé des cercles classiques de pouvoir constitutifs du système postcolonial. Aujourd’hui, nombre d’Africains commencent à  se poser la question d’une refondation politique afin de briser les chaà®nes et de permettre, enfin, un épanouissement et une réelle émancipation des peuples pour une intégration africaine susceptible d’ouvrir la voie vers un véritable élan de développement économique et social. Dans ce combat pour une gouvernance imaginée et mise en œuvre par ceux qu’elle concerne, l’Azawad a toujours été en première ligne et cela depuis la création du Mali et son accession à  l’indépendance. Plusieurs dizaines de milliers de ses fils ont ainsi perdu la vie, victimes de la répression de l’Etat malien et des conséquences de sa malgouvernance. Il a fallu la rébellion des années 90 pour réveiller l’Etat malien et lui faire admettre qu’il avait délaissé le nord du pays depuis l’indépendance. Les derniers événements à  Bamako et à  Kati ont fini par convaincre les plus sceptiques de la pertinence des revendications portées par les populations de l’Azawad. Il suffit d’analyser les déclarations consécutives à  ces pillages pour s’apercevoir que les autorités maliennes, le président actuel en tête, ont déjà  intégré, si cela n’a pas toujours été le cas, qu’il s’agit bien de deux entités différentes. En tout cas, que certains Touaregs peuvent être des gens gentils qui vivent tranquillement « avec nous ». Excusez du peu. « Vivre tranquillement « avec eux » » ? Ce serait assez comique si la situation n’était pas aussi invariablement tragique dans ses conséquences ! La classe politique et la société civile malienne n’ont pas su être aux côtés des communautés touarègue et maure quand ces dernières furent victimes des massacres des années 90. Bien au contraire, des campagnes systématiques de stigmatisation de ces communautés ont pu se dérouler sans que ceux qui se prétendent être « démocrates » aient eu un mot à  redire ! N’oublions pas la requête d’un président malien des Droits de l’homme suppliant les pays occidentaux d’envoyer des hélicoptères afin chasser plus rapidement ces hommes qui devaient l’empêcher de dormir sans que personne détecte quelque chose d’incongru dans cette requête… de la part d’un président des droits de je ne sais qui devait confondre sa charge avec celle d’un général en chef ! Ce temps n’est cependant pas si lointain, car on marche encore toujours sur la tête, hélas ! Quoi qu’il en soit, ces événements qui datent de deux décennies et les derniers émanant de Bamako et de Kati ne doivent pas être pris à  la légère par les acteurs de cette question. Ils aggravent le fossé entre le Mali et les communautés de l’Azawad plus que ne le fera jamais la guerre elle-même ! Aucune amnistie, dans le cadre d’accords entre les belligérants, ne saurait s’appliquer aux criminels ayant du sang de civils sur les mains. Les victimes, leurs familles et les associations de droits de l’homme pourront toujours s’adresser aux juridictions internationales pour demander justice. Par ailleurs, une commission vérité et justice sera indispensable pour établir les responsabilités et jeter les bases d’une paix durable. La communauté internationale Sur un plan plus général, on ne peut pas à  la fois se réjouir du réveil des peuples en Tunisie, en Libye, en Egypte… et s’étonner que l’Azawad veuille aussi améliorer ses conditions de vie et accéder aux mêmes libertés que revendiquent les autres régions et pays du monde Le dogme de l’intangibilité des frontières, tracées par les colonisateurs il y a un siècle, ne saurait résister longtemps aux aspirations démocratiques des peuples. Il revient donc aux élites de se libérer et de laisser s’épanouir leur capacité à  relever ce défi. Les peuples et les régions ont besoin de reconnaissance et de considération pour adhérer à  des regroupements plus importants au-delà  des pays actuels. En effet, la tendance sur tous les continents est à  l’abolition des frontières symboliques pour retrouver une capacité plus grande de peser dans la gouvernance et sur les marchés mondiaux. La responsabilité de la communauté internationale est plus que jamais engagée dans ce conflit. Il serait dangereux que l’intérêt de cette communauté internationale ne se manifeste que par le soutien au pouvoir malien ou par les menaces incongrues de la CDEAO. La CDEAO, dont un éventuel engagement militaire risque fort d’avoir exactement l’effet inverse de celui qui serait recherché. Une intervention militaire étrangère ne pourrait se concevoir que pour protéger les populations civiles et leur éviter ainsi de devoir tout abandonner pour échapper aux exactions de l’Armée et de ses milices. Cela permettrait de sécuriser les populations déplacées et de faciliter le retour des réfugiés en attendant une résolution définitive du conflit. Conclusion Les erreurs du passé doivent servir de leçon et un règlement de cette question ne saurait être définitif que si toutes les composantes du peuple de l’Azawad se reconnaissent et s’approprient ces évolutions politiques. Cela suppose un engagement sans ambiguà¯té des organisations qui portent les aspirations de ces peuples à  propos de leur caractère démocratique et pluraliste. La France et l’Algérie, qui avaient parrainé les différents accords signés ces vingt dernières années entre l’Etat malien et des organisations politico-militaires de l’Azawad, se doivent aujourd’hui d’imaginer une autre forme d’accompagnement des parties en conflit, pour assurer une réelle stabilité et l’avènement d’une paix juste et durable. Pour cela, il est essentiel que la question politique soit enfin traitée sur le fond et que les considérations sécuritaires ne soient plus qu’un volet, certes essentiel, mais parmi d’autres. Abdoulahi ATTAYOUB Temoust, Lyon (France) temoust@hotmail.com

Ançar Dine ou l’art de la tactique visuelle

Deux mois après les attaques d’Aguelhock en Janvier, o๠des éléments de l’IUFM, avaient été pris d’assaut par les éléments de la rébellion, certains élèves-étudiants, rescapés du massacre, avaient témoigné avoir entendu des incitations propres aux éléments d’AQMI. «Â Dieu est grand ! Dieu est grand ! », auraient crié certains assaillants. Incertitudes quant à  l’implication d’AQMI dans la rébellion, on avait préféré rester prudent. A présent, le mouvement Ancar dine (défenseur de l’Islam en arabe), avec à  sa tête, une des figures de la rébellion touareg des années 90 revendique une participation dans l’attaque d’Aguelhock. Iyad Ag Ghaly, apparaà®t dans une vidéo de propagande, o๠l’on voit des hommes attaquer un camp en plein désert. La cité d’Aguelhok ? Rien de sûr. La méthode ressemble aux procédés d’Al Qaeda de manière plus générale. Ag Ghaly se prendrait-il pour Ben Laden entrain de diriger ses hommes au milieu des montagnes de l’Afghanistan ? Jugez plutôt. Tactique visuelle Entre scènes de guerre et séances de prières, sur fond de récitations de versets, la vidéo laisse aussi voir un stock d‘armes dans une pièce et des offensives répétées et même des hommes souriants dans le feu de l‘action. Un savant montage visuel qui brouille davantage les pistes quant à  l’information sur le terrain de la rébellion. Alors que l’on ne sait pratiquement pas grand chose des figures de la rébellion, ni leurs motivations les plus profondes, un rebelle d’antan, se rend visible au moment o๠l‘on tente de réunir les parties autour de la table des négotiations à  Bamako… Qui est Iyad Ag Ghaly ? Dans les années 90, il aurait entretenu de bons rapports avec Bamako avant de disparaà®tre. Certains des combattants islamistes qui, selon plusieurs sources, participent aux attaques des rebelles du MNLA depuis janvier (ils encore ont été vu à  Tessalit dimanche dernier après l’attaque de la garnison), seraient donc dirigés par Iyad Ag Ghaly, rapporte RFI. La vérité sur Aguelhock demeure floue malgré le rapport d‘enquête livré il y a un mois par les autorités sur les massacres perpétrés. Qui a exécuté les soldats maliens ? Les rebelles du MNLA ou le mouvement Ançar dine d‘Iyad Ag Ghaly ? Quelle légitimité donner à  cet enregistrement vidéo o๠le montage sert ceux qui l’ont diffusé. Ce nouvel élément vient en tout cas corser l’affaire pour l’armée malienne confrontée sur le terrain à  un problème de logistique mais aussi à  un ennemi aux visages multiples. Ançar Dine partage-t-il les mêmes objectifs séparatistes que le MNLA ? Il reste à  lever l’autre coin du voileÂ