Dioncounda Traoré à la Nation :  » L’année 2013 sera la vôtre… »

Mes chers compatriotes, Frères Africains, Hôtes du Mali, Au seuil du nouvel, je voudrais m’acquitter de l’agréable devoir de présenter mes vœux les meilleurs, à  chaque Malienne et à  chaque Malien, à  nos frères Africains, aux hôtes du Mali et aux nombreux amis que compte notre pays de par le monde. l’aube d’une année est par excellence un moment de prières pour nous-mêmes, pour tous ceux qui nous sont chers afin que se réalisent nos aspirations les plus ardentes à  une vie toujours meilleure. C’’est aussi et surtout en cette occasion qu’il nous est fait obligation de mettre en perspective la nouvelle année que l’on souhaite toujours meilleure pour nos familles, nos proches et notre pays tout entier. l’histoire retiendra 2012 comme une année de remise en cause et de certitudes ébranlées, partout, dans le monde avec des crises économiques et financières, des crises de civilisation, des crises de société ou des crises de régime. En Afrique, des indicateurs restent préoccupants. Notre continent a encore faim et soif, on y meurt encore trop jeune et sa population qui connait une croissance sans précédent vit en très grande majorité sous le seuil absolu de pauvreté. Pour le Mali, l’histoire retiendra que l’année 2012 fut une année noire, une année tragique o๠l’existence même de notre pays a été fortement menacée ! En effet depuis mars 2012, notre patrie est coupée en deux. Les deux tiers de notre territoire national constitués des régions de Kidal, de Gao, de Tombouctou et d’une partie de la région de Mopti sont occupées par des irrédentistes, des terroristes (jihadistes et autres salafistes) se réclamant de l’Islam mais en réalité tenant d’un anti islam intégriste et rétrograde, des narcotrafiquants et d’autres acteurs du crime organisé et transfrontalier. Ces obscurantistes sortis tout droit du moyen âge occupent et souillent la terre de nos ancêtres. Ils heurtent notre conscience nationale, humilient nos populations, violent nos femmes, s’attaquent à  notre culture millénaire et jettent sur les routes de l’exode femmes, enfants, jeunes et vieux dans le cadre de la mise en œuvre de leur projet. Ce projet démoniaque qui est en train de naà®tre sous nos yeux est en réalité un projet criminel et tentaculaire. Il n’est ni pour le musulman ni contre le chrétien. Il est hors de toute foi et hors de toute loi. Il n’a qu’une religion : l’argent et la luxure, Une doctrine : la terreur Un terreau : la misère et le mal développement. Il n’est rien d’autre qu’une aventure criminelle. Criminelle pour l’homme. Criminelle pour tout homme. O๠qu’il soit : au Mali et au sahel aujourd’hui, dans le reste du monde demain ! Il est vrai que C’’est le Mali qui est aujourd’hui le théâtre tragique d’une telle aventure et ce n’est pas à  notre gloire que ce pays soit devenu un entrepôt d’otages et un sanctuaire pour les barons de la drogue à  cause de nos propres erreurs d’appréciation et de notre manque d’anticipation. En effet vous vous souviendrez qu’au même moment en 2011, en présentant au Président de la République les vœux de l’Assemblée nationale, nous nous sommes appesanti sur l’inquiétante situation qui se développait dans le nord malien. Une mission parlementaire, dépêchée par mes soins, qui rentrait de notre septentrion avait justement mis le doigt sur la plaie mal refermée d’une énième rébellion, renforcée par le chaos libyen et portant en embuscade les forces du narco terrorisme. Car, il faut le dire, ce sont des Maliens qui, au nom de revendications injustifiables, par une rébellion armée et en dépit des sacrifices énormes consentis par l’Etat depuis 1991 pour les régions du Nord, ont tenté de détruire le Mali. Ce sont des Maliens qui ont attaqué le Mali dans ses frontières internationalement reconnues. Et ce sont des Maliens qui portent à  Aguelhok la responsabilité du massacre atroce de plusieurs dizaines de nos soldats. Mes chers compatriotes, Cette situation nous interpelle collectivement et individuellement. Elle nous commande de résister aux démons de la tentation et de la division. Elle nous commande de nous donner la main dans le pardon des offenses et avec la certitude absolue qu’unis, il n’est pas de montagne que nous ne puissions déplacer. Je sais que nous sommes capables de tout cela ! C’’est pourquoi, en dépit des difficultés, je voudrais dire très fort que ma conviction est intacte dans la perspective imminente de la libération totale du Mali et que mon espoir est également intact dans le retour du Mali parmi les grandes nations démocratiques et laà¯ques du continent. Car je suis sûr que nous allons sortir définitivement des polémiques artificielles et inutiles. Hier, il s’agissait de l’opportunité d’une aide étrangère, aujourd’hui, il s’agit d’un prétendu choix entre le dialogue et la guerre, parce que certains d’entre nous pensent trop avec le C’œur et pas assez avec la tête. Je veux dire clairement qu’il ne s’agit nullement d’une alternative : dialogue – négociation ou opération militaire. Il ne s’agit pas du choix entre deux options opposées, s’excluant l’une, l’autre. Il s’agit d’une seule option : la libération de nos territoires occupés et la défense de la laà¯cité de notre République. Cette option unique comprend deux volets aussi nécessaires et aussi incontournables l’un que l’autre. – Le dialogue et la négociation avec nos compatriotes du MNLA et d’Ançardine qui renoncent à  toute idée d’indépendance, d’autonomie ou de charia. – La guerre aux terroristes, aux narcotrafiquants, au crime organisé et à  tous ceux qui veulent porter atteinte à  notre intégrité territoriale, à  la laà¯cité de la République et qui constituent une menace pour la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde. Nous avons fait une offre de dialogue à  l’ensemble de nos compatriotes qui ont cru devoir s’exprimer par la voie des armes au lieu de s’assoir autour d’une table de négociation pour poser leurs problèmes. A ce jour cette offre de dialogue reste intacte. Nous sommes prêts à  engager un dialogue honnête et sincère dès que les préalables en seront réalisés. Je les engage à  saisir cette opportunité et cette main tendue avant qu’il ne soit trop tard ! Mes chers compatriotes, Le Président Blaise COMPAORE du Burkina Faso conduit avec persévérance la médiation sous régionale en vue de réaliser justement les conditions de ce dialogue. Dans les jours à  venir, nous allons mettre en place la Commission Nationale aux Négociations qui mènera ce dialogue bien entendu en relation avec la médiation de la CEDEAO et tous les facilitateurs éventuels. C’’est le lieu d’exprimer au président COMPAORE notre profonde gratitude pour son investissement constant et de qualité. Depuis le déclenchement de la crise au Mali, les présidents en exercice de l’Union Africaine et de la CEDEAO respectivement le Président Yayi BONI du Bénin et le Président Alassane OUATTARA de la Côte d’Ivoire, n’ont ménagé ni leur personne, ni leurs ressources pour être aux côtés de notre peuple en détresse. Qu’ils soient remerciés pour leur solidarité et leur sollicitude permanentes à  l’endroit du peuple malien. Mes chers compatriotes, Chers frères Africains Chers Hôtes du Mali, Dans cette crise majeure, le Mali enregistre non seulement le soutien actif de la CEDEAO, de l’Union Africaine mais aussi celui de l’Union Européenne, des Nations Unies, de la France, des Etats Unis d’Amérique, de la Chine, de la Russie et de nombreux autres partenaires bilatéraux et multilatéraux. C’’est ainsi que, ces derniers mois, à  notre propre initiative, à  celui de la CEDEAO, de l’Union Africaine, des Nations Unies et d’autres partenaires, de nombreuses et importantes rencontres ont été consacrées à  la situation dans notre pays. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté le 11 octobre 2012 la résolution 2071 (2012) sous le chapitre VII qui autorise le Secrétaire général des Nations Unies à  donner suite à  la demande des autorités maliennes pour le déploiement d’une force militaire internationale dédiée à  la reconquête des régions occupées du Nord aux côtés de nos forces armées et de sécurité. Dans le prolongement de la résolution 2071 (2012), s’est tenue, ici même en novembre dernier la 11ème réunion extraordinaire des Chefs d’Etat major de la CEDEAO, élargie aux experts militaires de la force en attente de l’Union Africaine, des Nations Unies et des pays partenaires. Cette réunion de haut niveau a élaboré un concept d’opération harmonisé (CONOPS) qui fixe les axes stratégiques de l’intervention militaire dans notre pays. Enfin la Résolution 2085 (2012) du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant le déploiement des forces militaires internationales au Mali fournit la légalité dont certains de nos amis ont besoin pour aider notre pays à  se libérer. Mes chers compatriotes, Nous aurions souhaité que le processus conduisant à  la libération des régions occupées fût plus court. Nous aurions souhaité que le martyr de nos populations fût le plus bref possible. Mais la guerre légitime, légale, rapide et propre que nous voulons mener avec l’appui de la Communauté internationale requiert davantage de temps pour régler tous les détails techniques, stratégiques et politico – juridiques. Cependant, je puis vous assurer d’une chose, C’’est que le Mali n’attendra pas des mois comme certains semblent le préconiser. Nous n’attendrons pas que le cancer fasse des métastases dans tout le corps. La guerre contre les terroristes se fera plus tôt qu’on ne le pense et l’armée malienne y jouera les premiers rôles. Elle sera aux avant postes et elle se prépare activement conformément à  sa vocation à  entreprendre dans un avenir proche la reconquête de notre dignité comme Etat et de notre souveraineté comme territoire. Telle est sa mission historique et elle ne s’y dérobera pas. Mes chers compatriotes, La Transition a pour mission de mettre un terme à  l’occupation illicite d’une partie de notre territoire national. Je n’ai aucun doute sur notre volonté commune et notre détermination inébranlable à  atteindre cet objectif parce qu’il est juste et parce qu’il est légitime ! Mais nous avons également pour mission d’organiser des consultations électorales propres que notre peuple et nos amis appellent de tous leurs vœux. Dans cette perspective, le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire continue d’animer la classe politique aux fins de parvenir au nécessaire consensus sur l’ensemble du processus électoral. A son actif, il faut retenir : – La tenue régulière des concertions avec la classe politique ; – l’esquisse du budget pour les élections 2013 ; – Le lancement de l’audit du fichier électoral consensuel (FIEC) et de l’évaluation du RAVEC ; – l’élaboration d’un calendrier électoral pour l’année 2013. Mes chers compatriotes, Durant deux décennies, nous avons organisé régulièrement des consultations électorales globalement acceptées par nous-mêmes et par la Communauté internationale. Beaucoup de pays nous ont envié la vitalité de notre expérience démocratique et souvent, n’ont pas manqué de s’en inspirer pour consolider la leur. Cet apprentissage plutôt réussi nous a donné le sentiment que nous étions arrivés à  un stade que les grandes démocraties ont mis des siècles à  construire et à  consolider. Mais les événements de mars 2012 sont venus nous rappeler brutalement la fragilité de notre pratique démocratique. Ils sont venus nous prouver que les acquis étaient loin d’être irréversibles et aussi et surtout qu’en temps opportun, nous aurons à  faire face à  notre devoir de critique et d’autocritique. Ils sont venus nous convaincre que, désormais, nous n’avons plus le droit de faire semblant. Que désormais nous devons bâtir ce pays sur du solide et que chacune et chacun d’entre nous doit lui céder un peu de son égo, un peu de ses intérêts. La Transition préparera minutieusement les élections parce qu’elle est consciente comme chacune et chacun d’entre vous de l’apport de la démocratie dans la création des espaces de liberté et la libération des énergies créatrices pour trouver des réponses à  la demande sociale et dans la dynamique d’un développement qui change la vie des citoyens. La Transition préparera minutieusement ces élections parce qu’elle est consciente que pour notre Nation éprouvée, il faut un pouvoir fort de la légitimité populaire et disposant de plus de temps pour relever les défis qui seront nombreux. Pour ma part, je souhaite que nous tirions tous les enseignements de nos échecs collectifs afin que ces élections soient l’occasion de recoller définitivement au train de la communauté des démocraties. Ces élections doivent donner à  notre peuple l’occasion de s’exprimer librement, de se réconcilier avec lui-même et avec les autres. Elles devront également marquer le retour intégral des coopérations bilatérales et multilatérales et celui des investisseurs. La gestion intelligente des défis liés à  l’organisation des futurs scrutins et surtout leur réussite sera révélatrice de notre détermination à  tourner définitivement la page de la crise et à  doter notre pays d’institutions stables. Mes chers compatriotes, Dans les jours à  venir, fort de la synthèse des consultations antérieures ainsi que des avis de nos partenaires, le Premier ministre fera devant l’Assemblée Nationale une déclaration articulée autour des deux principaux axes de la mission de la transition sous forme d’une feuille de route. Cette feuille de route tant attendue de tous et qui ne peut plus attendre. Outre ces deux missions majeures, le Gouvernement de Transition travaillera à  assurer aux citoyens les services qu’ils sont en droit d’attendre de lui. Il sera particulièrement attentif à  la situation alimentaire des populations déplacées et vulnérables. Il veillera également à  reconstituer le stock national de sécurité dont le niveau a atteint la côte d’alerte à  cause des pillages de ses magasins dans les régions sous occupation. Le ralentissement de l’activité économique depuis 8 à  9 mois est une réalité. Toutefois, le gouvernement a pris des mesures courageuses de stabilisation du cadre macro économique pour maintenir les dépenses à  un niveau compatible avec les recettes de trésorerie. C’’est ce qui permet aujourd’hui à  l’Etat malien de rester encore debout à  la grande surprise de beaucoup d’observateurs. Le gouvernement œuvrera à  relancer la coopération économique et financière avec les partenaires techniques et financiers, de même qu’il prendra des initiatives nécessaires pour instaurer un dialogue permanent et fécond avec tous nos partenaires. Certes, des impatiences et des insatisfactions se manifesteront ici et là  ; des conflits sociaux ne pourront être évités. Mais, à  chaque fois, nous privilégierons le dialogue et la concertation pour trouver les meilleures solutions possibles aux revendications qui pour être légitimes, n’en devront pas moins rester dans les limites de ce qui est raisonnablement supportable et ne compromet pas les objectifs de la Transition. Je souhaite que chaque Malienne et chaque Malien garde constamment à  l’esprit le contexte de crise politico sécuritaire que nous vivons et qui est synonyme de raréfaction des ressources de l’Etat. Mes chers compatriotes, En temps de paix, comme en temps de guerre, le sport se révèle souvent être un puissant facteur d’unité, de cohésion et un domaine par excellence d’expression du sentiment d’appartenance nationale auquel J’attache la plus haute importance. A cet égard, l’inattendu sacre continental de l’USFAS à  la 2ème CAMFOOT, la coupe d’Afrique militaire de football jouée, il y a seulement quelques jours en Côte d’Ivoire, a été un grand motif de satisfaction au regard des conditions de préparation et de participation à  ladite compétition. Je leur renouvelle mes très chaleureuses félicitations ainsi que mes encouragements pour les nombreux défis à  venir. Le Gouvernement prendra toutes les dispositions utiles pour créer les conditions d’une participation honorable de nos militaires aux prochains championnats d’Afrique et du monde qui auront lieu en 2013 respectivement au Tchad et en Azerbaà¯djan. Il en sera de même pour toutes les autres formations sportives nationales engagées sur plusieurs fronts courant 2013. Je pense notamment aux équipes nationales de football Senior et Junior qui doivent nous représenter aux coupes d’Afrique de leur catégorie en Afrique du Sud et en Algérie. Je pense aussi aux équipes nationales de basketball qui doivent nous représenter dans trois compétions de haut niveau, en Lituanie pour les juniors Dames, en Côte d’ Ivoire à  l’Afro basket masculin Senior et au Mozambique pour l’Afro basket féminin Senior. Ce seront là  autant d’opportunités de vibrer avec nos sportifs qui, je n’en doute pas un seul instant, auront à  C’œur de défendre vaillamment nos couleurs. Mes chers compatriotes, En ces dernières heures d’une année de graves défis que le pays doit immédiatement relever, permettez – moi d’évoquer avec vous les êtres qui nous sont chers et qui souffrent de maladies : un enfant, une mère, un père, un frère, une sœur ou un ami malade à  la maison ou sur un lit d’hôpital. Implorons ensemble Dieu le Tout Miséricordieux pour qu’il leur accorde la santé du corps et de l’esprit, le plus grand bien dont il peut nous gratifier. Et si quelques uns d’entre nous échappent aux privations et si nous sommes encore et heureusement une Nation solidaire, nombre de familles connaissent encore hélas l’épreuve de la faim et du manque. Prions ensemble pour qu’il ne manque de pain sur aucune table. Puisse 2013 donner plus de satisfaction à  ceux de nos enfants qui vivent les affres du chômage et qui ne demandent qu’à  servir leur pays en s’épanouissant eux-mêmes. J’ai en ce moment une pensée particulière pour notre jeunesse qui s’apprête à  célébrer la fin d’une année éprouvante à  tous égards, et le début d’une autre qui sera forcément meilleure. Cette jeunesse qui représente le bien le plus précieux de nos familles et de notre Nation, je lui recommande la prudence sur les routes ce soir. Qu’elle sache également qu’elle est une jeunesse d’un pays en guerre avec un devoir de recueillement sur les souffrances des victimes directes de cette guerre. Enfin, je ne saurais vous oublier justement, vous les victimes directes de cette guerre, vous les communautés de Tombouctou, Diré, Niafunké, Goundam, Kidal, Tessalit, Aguel Hoc, Abéà¯bara, Gao, Bourem, Ansongo, Ménaka, Douentza… – Sachez que nous sommes toujours avec vous ! – Sachez que nous ne baisserons jamais les bras ! – Sachez que la fin de votre calvaire est proche ! l’année 2013 que nous nous apprêtons à  célébrer dans la communion sera la vôtre. Parce que personne n’empêchera le retour du grand Mali. Personne ne le divisera. Personne ne le trahira longtemps. Notre situation actuelle est loin d’être une fatalité ; elle est difficile, certes, mais ensemble nous pouvons transformer cette épreuve en une formidable opportunité pour un nouveau départ. Notre potentiel est affecté mais pas anéanti ; notre moral est atteint mais nous disposons encore de ressorts insoupçonnés qui nous permettront de rebondir, et de rebondir encore ! Il faut y croire ! Rien de grand, rien de beau et de durable ne se construit dans la facilité. La vie elle-même n’est elle pas une succession d’épreuves ? Les historiens modernes et les traditionnalistes qui ont écrit l’histoire de nos glorieux empires et royaumes ne disaient – ils pas que « le Mali peut trébucher, mais le Mali ne tombe jamais ! » Ce Mali éternel survivra à  toutes les épreuves ! Chaque Malienne et chaque Malien doit se convaincre qu’il a un devoir vis-à -vis de ce grand pays. Nous parcourrons jusqu’au bout notre chemin de croix sans faiblir et le regard haut parce que nous savons qu’au bout il y a la victoire. Dans quelques mois, je vous le dis, la tragédie que nous vivons en ce moment ne sera plus évoquée qu’au passé. Elle appartiendra aux souvenirs ; et notre pays aura repris sa marche inexorable vers son destin. Mes chers compatriotes, Frères Africains, Hôtes du Mali, Je vous renouvelle mes vœux d’une bonne et heureuse année. Que l’année 2013 soit une année de santé, de prospérité, de succès pour vous, vos familles, vos proches et vos amis. Vive le Mali un, indivisible, démocratique et laà¯que. Que Dieu vous bénisse Merci.

Dioncounda Traoré: «L’espoir est encore permis, que chaque citoyen se ressaisisse »

Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ; Monsieur le Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire ; Ministre des Affaires Religieuses et du Culte ; Monsieur le Gouverneur du District de Bamako ; Monsieur le Maire du District de Bamako ; Très respectés Notables, Familles Fondatrices et Représentants de la Coordination des Chefs de Quartiers de Bamako ; Monsieur le Président et Honorable Délégation du Haut Conseil Islamique du Mali ; Monseigneur l’Archevêque de Bamako et Distingués Représentants de l’Eglise Catholique du Mali ; Monsieur le Délégué Général de l’Association des Groupements d’Eglises et Missions Protestantes au Mali ; Mesdames, Messieurs, Je voudrais, pour commencer, vous remercier pour les vœux que vous venez de formuler à  mon endroit, ma famille, mes collaborateurs et à  l’ensemble du peuple malien. En retour, permettez-moi de prier Dieu, le Tout Puissant et le Tout Miséricordieux pour que 2013 soit, pour vous, vos familles et tous ceux qui vous sont chers, une année de paix, de santé et de prospérité. En plus des vœux, la cérémonie qui nous réunit ce matin est également une opportunité d’échanges sur la Vie de la Nation.C’’est un euphémisme que de dire que notre cher Mali va mal actuellement. Le Mali vit une des périodes les plus sombres de son histoire. La réalité que vivent chaque malienne et chaque malien est souvent faite de souffrance, d’humiliation, de frustration et de désespoir. Qui mieux que vous, Eminences, pouvait dépeindre avec autant de réalisme, le triste tableau du Mali actuel ? Avec votre sagesse habituelle, vous avez trouvé les expressions requises pour dénoncer ces maux qui affligent notre pays et notre peuple. Vous avez évoqué cette situation injuste de l’occupation du Septentrion national par l’ennemi, vous avez également déploré la situation sociopolitique avec son lot d’atteinte aux libertés individuelles et collectives. Vous avez, et de façon exemplaire, placé chacun devant ses responsabilités, en rappelant que « le Mali ne sera que ce que les Maliens en feront ». Vous avez, une fois de plus insisté sur ces obstacles au développement que sont la corruption, l’incivisme, l’impunité, la mauvaise gouvernance. Mais ce que je retiens le plus, C’’est qu’au-delà  de la tristesse et de l’extrême gravité de la situation, vous montrez à  chacun de nous que l’espoir est encore permis, pour autant que chaque citoyen se ressaisisse. Vous avez raison ! l’espoir est encore permis si, comme je ne cesserai de le dire, chaque Malienne et chaque Malien garderaient à  l’esprit que « Le seul objectif qui vaille, C’’est le Mali et le seul sacrifice qui vaille, C’’est le sacrifice consenti pour les intérêts supérieurs du Mali ». Très respectés Notables, Familles Fondatrices de Bamako ; Monsieur le Président du Haut Conseil Islamique du Mali ; Monseigneur l’Archevêque de Bamako ; Monsieur le Délégué Général de l’Association des Groupements d’Eglises et Missions Protestantes au Mali, Vous avez apprécié avec bonheur la singularité de la situation sociopolitique actuelle : concilier la gestion quotidienne de l’Etat avec les deux missions essentielles qui nous sont assignées, à  savoir la libération du Nord du Mali et l’organisation d’élections générales apaisées, le tout dans un délai relativement bref. Soyez convaincus que je ne saurais épargner aucun effort pour que nous puissions atteindre ces objectifs, ensemble, dans la cohésion, la solidarité et l’unité nationale. Le recouvrement de l’intégrité territoriale demeure pour chaque citoyen un devoir patriotique. Toutes nos réflexions et toutes nos actions tendent vers cet objectif. Notre position n’a jamais varié : aucun compromis, aucune compromission ne viendra altérer cette ambition légitime du maintien d’un Mali un et indivisible. Encore une fois, J’affirme que l’option militaire reste l’alternative ultime contre les ennemis du Mali. C’’est dire que je partage votre appel au dialogue, avec ceux de nos frères aujourd’hui dans l’erreur. Mais là  également, notre disponibilité au dialogue se doit d’être définitivement comprise : les préalables sont et demeurent « la renonciation à  toute idée d’indépendance et d’auto-détermination et à  toute velléité d’atteinte à  la laà¯cité de notre République ». Dans son combat légitime pour le recouvrement de son intégrité, le Mali bénéficie de l’accompagnement et de la solidarité agissante de nombreuses institutions et de nombreux pays frères et amis. l’adoption récente et à  l’unanimité de la Résolution 2085 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies est non seulement la reconnaissance internationale de l’agression dont le Mali est victime, mais aussi et surtout l’aboutissement des efforts de partenaires et amis parmi lesquels la CEDEAO, l’Union Africaine, la France et d’autres instances, en appui au Gouvernement du Mali. Vous me donnez l’opportunité de leur adresser à  tous, au nom de toutes les maliennes et tous les maliens, nos sincères remerciements et notre profonde gratitude. Je voudrais aussi, vous remercier tous, pour les initiatives personnelles, les prières dans les lieux de culte et toutes les démarches par Vous entreprises, pour soutenir moralement nos frères et sœurs aujourd’hui dans le désarroi. Pour ce qui concerne le second volet de notre mandat, à  savoir l’organisation d’élections crédibles, transparentes et surtout apaisées, je puis vous assurer que le Gouvernement mettra tout en œuvre pour que cette mission soit accomplie de façon harmonieuse, dans l’intérêt supérieur et exclusif du Mali. Vous conviendrez avec moi, que cela ne saurait être l’œuvre du seul Gouvernement. La réussite des élections exige l’implication entière, responsable et patriotique de toutes les composantes de la société. Vous l’avez souligné, il est impératif que chaque malien prenne la pleine mesure des enjeux, et à  ce titre s’inscrive dans une voie de progrès, au détriment de la politique politicienne à  présent dangereuse pour le rétablissement de la Démocratie, dans un Mali de paix et de progrès. Aussi, je fonde beaucoup d’espoirs sur les prochaines Concertations Nationales, certes maintes fois reportées, sur mes instructions, car, encore une fois, ces assises ne doivent surtout pas diviser davantage les acteurs politiques, mais devront plutôt se tenir dans un climat serein propice à  l’élaboration consensuelle et partagée d’une vision malienne de sortie de crise. C’’est dire toute mon adhésion à  votre appel pour un sursaut national, au dépassement de soi, au sacrifice patriotique pour que Notre Mali Eternel reprenne la voie de l’honneur et de l’exemplarité qu’il n’aurait jamais dû quitter. Très respectés Notables, Familles Fondatrices de Bamako ; Monsieur le Président du Haut Conseil Islamique du Mali ; Monseigneur l’Archevêque de Bamako ; Monsieur le Délégué Général de l’Association des Groupements d’Eglises et Missions Protestantes au Mali, La gestion des urgences ne doit nullement occulter la prise en charge de dysfonctionnements, parfois récurrents, mais tous exacerbés par la profonde crise sociopolitique que traverse notre pays. J’ai pris bonne note de toutes les préoccupations par Vous évoquées, et pour lesquelles des instructions appropriées seront données au Gouvernement. Parmi celles-ci, je relève le grave problème du foncier, la distribution équitable et diligente de la justice, la préservation des libertés individuelles, et surtout la lancinante problématique de la jeunesse, l’avenir de notre pays.Chacun de nous, au niveau auquel l’Histoire le place, doit contribuer à  résoudre ces problèmes porteurs de risques graves pour notre Mali, pour l’Afrique, pour l’Humanité. Mais, ma conviction est faite que pour trouver des solutions, il nous faut procéder à  un examen introspectif profond, réfléchir sur ce qu’est aujourd’hui l’Homme, et ce qu’il doit faire. Quel type de malien faut-il promouvoir pour relever tous ces défis ? Comment remédier à  plusieurs décennies d’errements à  l’origine du relâchement des valeurs et des mœurs ? Voici autant de questions graves qu’il nous faut pourtant affronter avec courage et lucidité. Mais pour cela, un sursaut national est certes nécessaire, mais il doit être soutenu par un véritable réarmement moral et spirituel. C’’est pourquoi, Eminences, la Nation a plus que jamais besoin de votre soutien, pour sa survie. En vos qualités de leaders spirituels et leaders d’opinion, je vous exhorte à  vous investir dans ce sacerdoce à  présent impératif. En vous renouvelant mes remerciements pour votre disponibilité pour le Mali, je vous saurais gré de transmettre à  vos fidèles et à  tous les citoyens, mes vœux de bonheur, de santé et d’espoir de paix et de prospérité pour l’année 2013. Je vous remercie de votre aimable attention.

Allocution de Dioncounda Traoré au gouvernement Diango Cissoko

Monsieur le Premier Ministre ; Mesdames, Messieurs les ministres, Je voudrais en toute simplicité, souhaiter la très chaleureuse bienvenue à  celles et à  ceux qui viennent d’intégrer le gouvernement de la République. Un gouvernement d’une République meurtrie par les dures épreuves qu’elle traverse. Il va de soi que le choix porté sur vous en ces moments particulièrement difficiles n’est pas fortuit. C’’est parce que nous avons confiance en votre intelligence, en votre savoir-faire mais aussi et surtout en votre capacité de dépassement de soi et en votre abnégation. àŠtre membre du gouvernement du Mali aujourd’hui relève du sacerdoce. Ce ne sont que des responsabilités et du travail et la seule satisfaction que vous en tirerez, C’’est de pouvoir dire un jour : « J’ai participé au plus niveau à  la libération de mon pays, J’ai contribué à  la préservation de la démocratie ». Mesdames, Messieurs les ministres, Notre mission, si elle est facile à  formuler (libération des régions du nord et organisation d’élections crédibles), n’en est pas moins extrêmement difficile. Nous aurons besoin de beaucoup de créativité et d’esprit d’initiative, mais nous aurons besoin surtout d’être unis et solidaires, de former une équipe, une vraie équipe. Car aucun d’entre nous ne réussira sans l’autre. A aucun moment, nous ne devons être l’un contre l’autre ou les uns contre les autres, engagés dans une compétition aussi improbable que périlleuse pour le pays, mais au contraire être tous, toujours ensemble, toujours unis contre l’adversité et pour sortir de la tragédie que nous vivons. Pendant cette période exaltante que nous allons vivre ensemble, nous devons oublier nos couleurs politiques respectives, nos appartenances corporatistes, ethniques ou religieuses pour ne penser que « Vert – Jaune – Rouge » et pour cultiver la même Foi et viser le même But. Mais connaissant vos qualités personnelles, je sais que je peux compter sur vous toutes et vous tous et, en retour, je voudrais vous assurer de ma parfaite disponibilité ainsi que de celle du Premier ministre. Nous ferons tout ce dont nous sommes humainement capables physiquement, moralement et intellectuellement pour que le travail se fasse, et qu’il se fasse dans une atmosphère à  la fois conviviale et rigoureuse. Le Mali, aujourd’hui, est occupé par des forces hostiles dans ses deux tiers. Nous avons des centaines de milliers de compatriotes refugiés et/ou déplacés. A Tombouctou, Gao et Kidal, nos filles et nos femmes sont violées. Nos frères et nos sœurs sont mutilés, notre patrimoine culturel est vandalisé. Les groupes armés qui opèrent au nord de notre pays sont essentiellement le MNLA, Ançardine, AQMI, le MUJAO et BOKO HARAM. Les deux premiers sont essentiellement constitués de compatriotes à  nous et les trois derniers constitués d’étrangers venus parfois de contrées lointaines, de pays musulmans pour venir agresser d’autres musulmans et semer la désolation et la terreur dans leur pays. Le premier défi du gouvernement, du Premier ministre et de moi-même est de récupérer nos territoires occupés et de bouter hors de notre pays les terroristes, les narco trafiquants et autres membres du crime organisé, rétablissant ainsi l’intégrité de notre territoire et la laà¯cité de notre République. Le deuxième défi est, bien entendu, après les évènements du 22 mars qui ont mis à  mal notre démocratie, d’organiser des élections transparentes et crédibles qui consacreront le retour définitif de notre pays à  une vie constitutionnelle normale. La voie pour relever ces deux défis est multiforme. Elle comprend un volet dialogue et négociation avec tous ceux qui renoncent à  leur velléité irrédentiste et / ou à  leur volonté d’imposer la charia ne serait-ce que sur un centimètre carré de notre territoire. Mais elle comprend aussi un volet militaire dont nous ne pourrons pas faire l’économie contre les terroristes, les narco trafiquants et les gens du crime organisé. Et nous mettrons de notre côté tous les atouts nationaux, régionaux et internationaux et C’’est pour cela que nous travaillons pour que le Conseil de Sécurité des Nations Unies prenne rapidement une résolution autorisant le déploiement de forces de pays frères et amis au Mali. Ne nous laissons pas entrainer dans des polémiques sans objet. Le peuple malien a offert sa solidarité à  tous les peuples qui en avaient besoin. Pourquoi aujourd’hui ne pourrions-nous pas aussi bénéficier de la solidarité internationale ? Mesdames, Messieurs les ministres, Sur ce chapitre, nous devons parler le même langage, un langage à  la fois d’ouverture au dialogue et de détermination vis-à -vis des ennemis de notre Nation auxquels nous ferons une guerre implacable. Dans cette dernière hypothèse, le rôle essentiel sera joué par notre Armée nationale. C’’est pourquoi, il importe que chacun comprenne aujourd’hui que cette Armée est incontournable. Elle a besoin de se réconcilier avec elle-même, mais elle a aussi et surtout besoin qu’on lui fasse confiance et que l’on forme une union sacrée autour d’elle pour l’équiper afin qu’elle soit à  hauteur de mission. C’’est pourquoi, Monsieur le Premier ministre, nous devons faire preuve d’imagination pour trouver les moyens financiers indispensables pour mettre notre Armée d’aplomb. Dans un avenir proche, nous allons avoir à  adopter la Feuille de route tant attendue par les Maliens et la Communauté internationale. Elle sera soumise à  la délibération de l’Assemblée Nationale et nous aurons également à  mettre en place la Commission Nationale de Médiation. Toutes choses qui faciliteront le vote de la résolution du Conseil de Sécurité, la reprise de la coopération multilatérale et bilatérale avec certaines organisations et certains pays, de même que le dialogue avec certains de nos compatriotes. Mesdames, Messieurs les ministres, Les moments sont difficiles mais aussi exaltants. Ayons confiance en nous-même, ayons confiance en le Peuple Malien. C’’est un Peuple fier et digne, un Peuple plein de ressources et je suis convaincu qu’il trouvera en lui-même les ressorts nécessaires pour redevenir ce Peuple respecté et admiré qui est plutôt une solution pour ses voisins qu’un problème. Je suis sûr que nous ferons de l’excellent travail ensemble et le Mali étonnera une fois de plus le monde. Que le Tout Puissant nous inspire et nous protège ! Qu’il bénisse le Mali ! Merci pour votre attention !

La morale et les actions !

Dans ses adresses à  la Nation de juillet et décembre 2012, le prof. Dioncounda Traoré a tenu à  dénoncer une situation politique et sociale malsaine dans le pays en ces termes : « Mes chers compatriotes, il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, C’’est le temps de la mobilisation, de toutes et tous pour sauver notre pays en danger. C’’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi… Il s’agit de faire du Mali notre seule priorité. Il s’agit de ne plus perdre de temps dans les polémiques stériles ». Il a tenu ses propos le 29 juillet 2012 à  son retour de son séjour médical de France et il a insisté en reprenant les mêmes propos le 12 décembre à  la suite de la démission « forcée » ou « facilitée » du Premier Ministre Cheick Modibo Diarra. Cela rappelle étrangement les comportements de l’ancien Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré qui, on le sait, faisait beaucoup plus dans la « moralisation » que dans la fermeté en omettant de prendre des décisions qui pourraient être « dures ». Autres moments autres mœurs normalement!Si ATT s’est complu dans cette attitude « consensuelle » frisant parfois l’impuissance et l’indécision dont nous vivons en partie les conséquences, cela ne serait pas recommandable ni recommandé pour Dioncounda qui se trouve dans une situation exceptionnelle qui nécessite d’avoir une attitude exceptionnelle en prenant des décisions pas forcement consensuelles mais plutôt « historiques ». Des actions rien que des actions « En ce qui me concerne, J’aurai tout entrepris pour éviter une crise ouverte au sommet entre le Président et le Premier ministre, parce que le seul objectif qui vaille C’’est le Mali et le seul sacrifice qui vaille, C’’est le sacrifice consenti pour les intérêts supérieurs du Mali», a-t-il déclaré, confirmant du coup ce qui était un secret de polichinelle, la mésentente entre le Président par intérim et le Premier Ministre sur les actions à  mener pour la bonne marche du Mali. Le Capitaine Amadou Haya Sanogo en conclu pour sa part que Cheick modibo Diarra était le point de blocage qu’il s’est empressé de faire sauter. Dans le système politique français que nous copions, il est connu et admis que le Premier Ministre est un fusible, et quand ça ne va pas dans l’exécutif, C’’est lui que l’on sacrifie. Ici, il a fallu que d’autres mains (celles des ex –putschistes) aident le « sacrificateur » à  garder ses prérogatives. Ce qui est à  la fois dangereux et encombrant pour à  la fois le Président et l’ex-putschiste. Que le Président par intérim, le Professeur Traoré se croit obligé de rappeler ses propos de juillet sur les « ambitions personnelles », «les intérêts individuels et corporatistes », « les querelles partisanes » devrait-il inquiéter ? Surtout que dans son discours d’investiture le 12 avril 2012, le Président de la République p. i. déclarait qu’il avait « l’honneur d’accepter d’être l’aiguille » et il invitait ses compatriotes en ces termes : « Si tous oublient leur ego, si tous oublient leurs appétits, leurs ambitions, leurs calculs et leurs supputations du moment alors ils seront sans aucun doute ce fil dont l’aiguille a besoin pour coudre ! » Il faut reconnaitre avec lui qu’il est toujours à  la recherche du fil et surtout du bon fil. Il ne le trouvera jamais à  sa mesure. Le Mali actuel a besoin d’un homme pas seulement convaincu ou déterminé mais qu’il soit en plus d’action qui ne s’embarrasse pas trop du qu’en dira-t-on. Il faut en ce moment une personne avec « une certaine capacité » à  impulser l’action nécessaire pour la prise en main des affaires du pays. Le capitaine lui a ouvert qui dirait un boulevard, pas en démissionnant CMD, mais en déclarant qu’il avait été nommé par décret à  la tête d’un service de la République. Quelque soit la puissance que l’on voudrait accorder au comité de réforme militaire, il n’en demeure pas moins un service étatique comme toute autre direction nationale, à  la seule différence que celui qui y a été nommé par le décret présidentiel est un putschiste qui garde ses ambitions de veiller sur la bonne marche du Mali. Cela fait peur à  certains avec raison, mais le Président p.i. doit saisir cette balle au rebond et remettre fermement et poliment les militaires au seul service du pouvoir civil. Il ne pouvait se présenter à  lui meilleure période que celle là  ! La question de « qui gouverne à  Bamako » devrait être maintenant un mauvais souvenir car il y avait trois pôles de décisions, l’un a été déboulonné (le PM avec pleins pouvoirs), le second (le capitaine et ses hommes) s’est mis au service du 3ème (le Président) qui est seul maitre à  bord et doit exercer ses prérogatives. C’’est le schéma actuel pour un homme d’action. Si la chose échappe maintenant au Professeur, il faudrait croire et s’en convaincre qu’il n’est pas l’homme de la situation et au lieu de faire perdre au Mali du temps, il ferait mieux de passer dans la dignité la main à  quelqu’un d’autre en trouvant les scenarii constitutionnels pour ce faire. Dans ce cas, l’histoire retiendrait au moins la dignité de la démarche d’une personnalité qui a su bousculer jusque là  (et cela depuis longtemps car il a en au moins 70 ans) les pronostics les plus défavorables. Mais a-t-il jamais su impulser un tournant décisif aux évènements après sa prise en main ? Le constat n’est pas très optimiste dans la situation du Mali. Je souhaite n’être qu’un spéculateur ! Dans tout les cas le Président p.i. joue son « avenir historique » en ce moment précis. A lui de choisir de l’écrire en sa manière pour avoir l’accompagnement des maliens égoà¯stes ou pas, gourmands ou pas, ambitieux démesurés ou pas, calculateurs et « supputateurs » ou pas, car il n’aura donné à  personne le choix que d’aller dans le sens de l’histoire du Mali. Cela aucun calcul ne saura l’arrêter ou divertir les maliens.

Adresse à la Nation du Président Traoré

Mes chers compatriotes, Chers partenaires et amis du Mali. Dans la nuit du lundi au mardi 11 décembre 2012, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra a annoncé sa démission ainsi que celle de son gouvernement. Cette démission m’a été formellement remise par écrit, J’en ai pris acte et je l’ai acceptée. Je voudrais saluer ici Cheick Modibo Diarra pour les services rendus à  la Nation, pour ses qualités d’homme ainsi que pour notre collaboration. En ce qui me concerne, J’aurai tout entrepris pour éviter une crise ouverte au sommet entre le Président et le Premier ministre, parce que le seul objectif qui vaille C’’est le Mali et le seul sacrifice qui vaille, C’’est le sacrifice consenti pour les intérêts supérieurs du Mali. Si la démission du gouvernement à  la suite de celle du Premier ministre est une pratique orthodoxe en démocratie, je voudrais vous rassurer sur la conscience aigà¼e que J’aie des urgences du pays et de vos attentes en raison du préoccupant enjeu de sécurité globale et de la nécessaire continuité dans la gestion des affaires publiques. Dans les vingt quatre heures, le Mali connaitra son nouveau Premier ministre et son nouveau gouvernement d’ici la fin de la semaine. Mes chers compatriotes, Les événements que nous vivons impliquent forcément un nouveau report de la date des concertations nationales. Ces assises, dont nous ne pouvons pas faire l’économie, ont pour but, vous le savez, de mettre en dialogue les forces vives de notre nation pour dégager une vision partagée et un consensus sur les voies et moyens de sortie de crise. J’ai personnellement veillé à  ce que, dans leur préparation, ces assises restent dans le cadre de la Constitution. Et C’’est pour permettre une approche plus inclusive et plus transparente que nous avions fait reporter leur tenue. Force est cependant de constater qu’en dépit de ces mesures, il n’a pas régné au sein des parties prenantes, ni la sérénité, ni l’humilité, ni l’esprit constructif sans lesquels ces concertations nationales ne sauraient que diviser davantage les acteurs de la vie nationale au lieu de les unir. Les organes, dont la création a été proposée, avaient pour but de drainer vers le même but toutes nos capacités et toutes nos volontés positives. Certains dont la commission nationale aux négociations seront mis en place incessamment. Je mesure aussi l’urgence d’une feuille de route traduisant d’abord un consensus sur ce que nous devons faire immédiatement, avec qui, comment et quand, et donnant ainsi des gages à  nos partenaires ainsi que plus de légitimité à  leur accompagnement. Car ne nous y trompons pas ; le Mali n’est pas une à®le perdue aux confins des océans, le Mali ne peut pas vivre seul. Nous sommes membre à  part entière de la Communauté des nations et tenus par là  même à  remplir nos contrats. Concernant la feuille de route nous sommes déjà  très avancés et l’attente de la Communauté internationale trouvera une réponse à  la mesure de l’urgence. Et pour prévenir de futurs désagréments, et ayant tiré toutes les leçons, J’ai décidé de mettre en place une équipe plus légère mais plus inclusive pour la tenue d’assises ayant les mêmes objectifs mais sans la conflictualité que nous avons tous déploré ces derniers jours. Chers partenaires et amis du Mali, Je voudrais réaffirmer ici la pleine conscience des Maliennes et des Maliens de leur situation particulière et de leurs responsabilités envers les autres peuples du monde et réitérer les requêtes que nous avons envoyées à  la CEDEAO, à  l’UA, à  l’UE et aux Nations unies de même que celles spécifiques envoyées à  la France et aux Etats Unis d’Amérique. Nous souhaitons plus que jamais que le CONOPS (Concept d’opération stratégique) élaboré par la CEDEAO et adopté par l’UA permette au Conseil de sécurité de prendre rapidement une résolution autorisant le déploiement des forces africaines et amies du Mali. Je voudrais également réaffirmer notre ouverture au dialogue avec tous ceux qui préalablement renoncent à  toute idée d’indépendance et d’autodétermination et à  toute velléité d’atteinte à  la laà¯cité de notre république. Mais chacun sait, qu’il n’y a pas de dialogue possible avec le terrorisme, le crime organisé, les narco trafiquants. C’’est pourquoi le volet militaire pour la sortie de crise, parce qu’il est incontournable doit être préparé avec autant de détermination et de célérité. Mes chers compatriotes, Nous devons nous préoccuper de l’image que nous renvoyons aux autres. Nous sommes un pays en crise certes, je suis le Président d’un pays en crise certes, vous êtes les citoyens d’un pays en crise certes, et de surcroà®t une crise multiforme et lourde de périls. Mais le Mali éternel doit demeurer parce que le sursaut est non seulement possible mais impératif de notre part à  tous et à  toutes : le peuple et chaque citoyen, l’armée et chaque soldat, les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux. Si nous ne constituons pas dès aujourd’hui la chaà®ne sacrée de l’entente et de la cohésion nous resterons seuls, face à  notre tragédie. Je voudrais vous rappeler ici ce que J’avais déclaré le 29 juillet dernier et je cite : « Mes chers compatriotes Il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, C’’est le temps de la mobilisation, de toutes et tous pour sauver notre pays en danger. C’’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi… Il s’agit de faire du Mali notre seule priorité. Il s’agit de ne plus perdre de temps dans les polémiques stériles… Il s’agit de se focaliser sur l’essentiel, c’est-à -dire notre intégrité territoriale et notre démocratie… Ce que notre attachement à  notre pays, à  notre intégrité territoriale, à  l’unité de la Nation nous commande aujourd’hui, ce que les populations du Nord, nos compatriotes qui souffrent le martyr, ce que nos centaines de réfugiés et de déplacés nous demandent aujourd’hui, C’’est d’être unis et solidaires devant l’adversité… » Fin de citation. Alors unissons nous pour sauver notre patrie, unissons nous pour préserver notre démocratie. Unissons nous aussi derrière notre armée, qui malgré les difficultés du moment et les hoquets de l’histoire, s’est résolument engagée à  accompagner loyalement le pouvoir civil de transition dans l’accomplissement de sa mission. Mes chers compatriotes, Je suis l’un de vous, je suis parmi vous, à  votre écoute et attentif à  toute solution pour le Mali. Je n’ai pas la prétention d’être le berger et vous un troupeau. Ma foi en ce grand pays est inébranlable. Car je sais que la patrie prévaudra et qu’entre nous à  tous les niveaux, dans toutes les couches il y a toujours davantage de compassion pour cette terre meurtrie et plus de passion pour un Mali prévisible et apaisé. Vive le Mali un, indivisible et laà¯que. Que le Tout puissant nous inspire et nous protège. Je vous remercie

Cheick Modibo Diarra a jetté l’éponge

Il y a « certainement » été aidé par l’ex-junte dont le chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo, l’avait « reçu » quelques heures auparavant dans ses quartiers à  Kati. Cheick Modibo Diarra, nommé le 17 avril, dans la foulée du coup d’Etat du 22 mars, a rendu sa démission et celle de son gouvernement. Des bagages débarqués de l’avion «Moi Cheik Modibo Diarra, je démissionne avec mon gouvernement», a déclaré C.M. Diarra lors d’une brève allocution à  l’Office de radio-télévision du Mali (ORTM) sans donner d’explication à  sa décision. l’air grave et les traits tirés, Diarra a simplement remercié ses collaborateurs et souhaité bonne chance à  «la nouvelle équipe». Cheik Modibo Diarra devait s’envoler lundi soir pour Paris afin d’y passer un contrôle médical. Il s’apprêtait à  se rendre à  l’aéroport quand il a appris que ses bagages avaient été débarqués de l’avion. Selon son entourage, le salon officiel par lequel il devait transiter à  l’aéroport était pris d’assaut par des hommes en armes. Il décida donc de rester à  son domicile o๠il a été arrêté. Selon le porte-parole de l’ex-junte malienne qui a fait brièvement arrêté le Premier Ministre dans la nuit du lundi à  mardi, un nouveau chef du gouvernement sera nommé «dans les prochaines heures» par le président Dioncounda Traoré. Bakary Mariko a également démenti ce mardi matin tout «coup d’Etat», reprochant au désormais ex-Premier Ministre de ne pas avoir agi en «homme de devoir» face à  la crise au Mali mais en fonction d’«un agenda personnel». Une hydre à Â…deux têtes Ce nouvel épisode dans le feuilleton malien laisse plutôt perplexe, en particulier les observateurs internationaux. Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des « amis » du Mali, tous ceux qui de près ou de loin interviennent dans la recherche de solutions à  la grave crise politico-sécuritaire que connaà®t le pays. Les opposants au Premier Ministre ont maintes fois manifesté pour exiger sa démission, estimant qu’il ne servait pas au mieux les intérêts du pays et qu’il tenait un double langage en ce qui concerne la gestion de la situation au Nord du pays et la reconquête du nord sous contrôle islamiste depuis presque 10 mois. Ces derniers devraient donc voir d’un bon œil cette éviction. Les réactions parmi la population sont moins tranchées. Pour la majorité, cet épisode ne fera que plomber une situation déjà  particulièrement difficile. M. Coulibaly, chauffeur de taxi, estime que « décidément les politiciens n’ont rien à  faire du peuple. Sinon, ils s’occuperaient de nos problèmes au lieu de s’entre-déchirer ». Ce sentiment semble être le mieux partagé, tant les Maliens sont las des rebondissements de cette crise. « Que Sanogo arrête le Premier Ministre alors que tout le monde a dit dans ce pays que C’’est son allié, je ne comprends plus rien » affirme un jeune cadre d’ONG sous couvert de l’anonymat. En effet, Cheick Modibo Diarra, dont les rapports ont longtemps été tendus avec le Président de transition, était présenté comme proche de l’ex-junte. Cependant, de nombreuses informations ont fait état, ces dernières semaines, de divergences de vue entre les deux hommes, au point que beaucoup prédisaient le « débarquement » de Cheick Modibo Diarra de l’attelage qui dirige la Mali. Une chose est sûre, cette nouvelle donne ne vient pas simplifier la situation déjà  compliquée que vit le pays. Du trio à  la tête de l’Etat depuis le mois d’avril dernier, il ne reste que deux personnalités qui ne sont pas réputées s’apprécier. Le Premier ministre qui sera nommé dans les heures prochaines par Dioncounda Traoré aura-t-il la légitimité refusée à  son prédécesseur ? Le pouvoir que se dispute les « autorités de transition » va-t-il basculer du côté de Koulouba(ou de ce qu’il en reste) ? l’hydre malienne est-elle en train de se dévorer?

Après les Nations unies, quel agenda de guerre ?

Au sortir de la rencontre onusienne, l’option militaire pour bouter les terroristes et les djihadistes du nord du Mali ne semble plus faire l’objet d’aucun doute. Les discours livrés au sujet du Mali ont tous abondé dans le sens d’une intervention militaire urgente. Mais à  combien de temps se mesure cette urgence ? Au plan international, on sait que la machine militaire a toujours mis du temps à  s’ébranler. Les grandes puissances n’emboitent pas le pas à  la France Par la voix de son président, la France est montée sur ses grands chevaux pour rappeler à  la communauté internationale ses responsabilités et pour « stopper sans délai les risques de propagation de l’extrémisme et de la barbarie qui ont cours dans le nord du Mali depuis près de six mois ». « Ses sauvages constituent de sérieuses menaces pour la stabilité du Mali, de la sous région ouest-africaine, de toute l’Afrique et du monde entier », a martelé François Hollande. Le président français ajouté que le soutien logistique de la France ne fera pas défaut à  la force de la CEDEAO qui devrait être déployée dans les tous prochains jours sur le sol malien. Ainsi, la France et ses partenaires africains tentent de convaincre les autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies de se réunir pour décider d’une intervention militaire au nord du Mali. Le hic est que certains poids lourds comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine, et même le secrétaire général de l’ONU manquent d’enthousiasme sur ce projet. Ban Ki-Moon, invite « à  la prudence » par rapport à  une intervention militaire. Le fragile château de carte de la transition malienne Une prudence due à  la fragilité de la transition au Mali. Les luttes de pouvoir et la présence toujours marquée des putschistes font craindre qu’une intervention militaire ne vienne écrouler ce précaire château de carte. La divergence de vue entre les hautes autorités n’augure pas de solutions d’urgence. D’un côté, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra sollicite l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité. De l’autre, le président de la transition Dioncounda Traoré, «Â embouchait une toute autre trompette » il y a quelques jours : celle de la négociation. Comme dit l’autre, «Â à  ce rythme, les barbus qui occupent le nord du Mali n’ont pas de mouron à  se faire (…) la guerre pour la reconquête du nord n’est pas pour demain ! »

Le Mali n’est plus ce qu’en ont voulu ses pères fondateurs

Le vendredi 21 septembre était classé journée à  risque au Mali. Comme dans une vingtaine d’autres pays, le ministère français des Affaires étrangères avait décidé d’y fermer consulat, institut culturel et écoles par crainte de manifestations ou de violences à  la suite de la publication par l’hebdomadaire satyrique français Charlie Hebdo de caricatures du prophète de l’islam. Finalement, rien. «On n’en a même pas parlé à  la grande prière», raconte un habitué d’une mosquée de Badalabougou, sur la rive droite du fleuve Niger. «l’ambassade a fermé pour répondre à  la demande de Paris. C’’était loin d’être la panique. On n’a même pas envoyé de SMS aux Français», comme C’’est souvent le cas lors de situations tendues, témoigne un des agents de la représentation diplomatique. Les jours précédents, les religieux du Mali avaient condamné les caricatures et le film anti-musulmans, tout en appelant au calme et en invitant à  ne pas réagir à  la provocation dans le contexte difficile que traverse le Mali. Qu’à  cela ne tienne, C’’est dans la morosité que les Maliens célèbrent le 52e anniversaire de l’indépendance de leur pays, acquise le 22 septembre 1960. Les nouvelles sont plus que jamais mauvaises Le Mali a perdu pour une durée indéterminée ses trois régions du nord, tombées aux mains des djihadistes, et compte des centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. Sur une route de la capitale, le slogan de la fête de 2010, «Le cinquantenaire, C’’est pour nous», donne envie de rire… ou de pleurer. Ceci d’autant plus qu’un récent rapport de l’ONG Amnesty International n’augure rien de bon pour le pays. Le rapport revient sur les atrocités commises par les djihadistes dans le Nord-Mali. Le 8 août 2012, sur la place publique d’Ansongo (région de Gao), Alhader Ag Almahmoud, un éleveur de bétail, a été amputé de la main droite avec un couteau de boucher, une chambre à  air de vélo en guise de garrot et sans anesthésie. Il a ensuite été enfermé pendant huit jours avant d’être autorisé à  recevoir la visite d’un «aide-soignant». l’application de la justice divine, selon l’interprétation du Mouvement unicité et djihad en Afrique de l’Ouest qui l’accusait de vol de bêtes. Il a raconté à  Amnesty International qu’«après l’amputation, le propriétaire du bétail volé est venu déclarer que les bêtes avaient été retrouvées». Depuis leur conquête des principales villes des trois régions du nord, début avril, les djihadistes ont amputé sept personnes, en ont fouetté d’autres et ont lapidé à  mort un couple non-marié ayant eu un enfant. Alhader Ag Almahmoud répond d’une voix presque inaudible aux questions des journalistes. Gêné, l’un d’entre-deux lui demande après mille excuses s’il n’a pas été puni en raison de son appartenance supposée au Mouvement national de l’Azawad (MNLA), le mouvement indépendantiste touareg chassé par les islamistes après avoir été son allié de circonstance. «Je n’ai jamais fait partie d’aucun groupe armé», traduit-on pour lui. Dans son nouveau rapport, Amnesty International réitère ses accusations contre le MNLA, qui aurait violé des «femmes et des jeunes filles» lors de son entrée dans les principales villes du nord. Des accusations réfutées par Moussa Ag Assarid, membre de l’aile politique du MNLA, selon qui «Amnesty n’a jamais enquêté sur le terrain». Le pas de deux du MNLA Le MNLA revendique toujours le contrôle de plusieurs villes et affirmant «être le seul à  avoir la volonté et la capacité de lutter contre les terroristes». Nul ne sait pour le moment si ce mouvement se battra un jour contre les djihadistes ou contre les forces pro-gouvernementales, accusées toutes les deux de recruter des enfants soldats. l’ONG dénonce notamment l’enrôlement et la formation militaires «d’enfants» dans plusieurs camps d’entraà®nement de la région de Mopti, avec l’accord et le soutien des autorités». Le gouvernement avait pourtant officiellement déclaré le 30 août: «La défense de l’intégrité du territoire national est une mission régalienne de l’Etat. Par conséquent, aucune autre initiative parallèle de substitution aux forces armées et de sécurité ne saurait être tolérée.» Comme preuve l’ONG publie une photo d’un passage d’un registre du camp militaire du Front de libération du nord (FLN). On y voit les noms, les professions, les photos, les numéros de téléphone et les dates de naissance de plusieurs recrues. La plus jeune a 16 ans. La plupart des recrues sont des noirs, comme les militaires maliens qui ont tué dans la nuit du 8 au 9 septembre, à  Diabali (région de Ségou) seize Maliens et Mauritaniens arabes qui se rendaient à  Bamako pour la réunion annuelle du mouvement Dawa. Selon un témoignage recueilli par Amnesty International les militaires les ont pris pour des islamistes. Ils les ont amenés dans un camp avant de leur tirer dessus quand ils remontaient dans leur véhicule. Sans ce drame les Maliens auraient appris tardivement qu’allait se tenir dans leur capitale, et avec le consentement des autorités, un important rassemblement de prédicateurs, du 14 au 21 septembre. «Les membres de la Dawa vont à  la rencontre des gens pour leur dire comment pratiquer l’islam, en leur disant “ça C’’est bien, ça non”, avec pour objectif de convertir au salafisme», explique Mathieu Guidère, spécialiste de l’islam. La réunion a finalement été annulée. Mais Amnesty International révèle que la Dawa, qui a sa base dans un quartier de la rive sud du fleuve Niger, faisait l’objet d’une surveillance de la part des autorités. Dans un pays musulman à  95%, les autorités maliennes redoutent donc désormais une contagion islamiste au sein même de la capitale.

Fête de l’indépendance réduite au stricte minimum

Le Mali, pour moitié occupé par des islamistes qui contrôlent le Nord, a célébré samedi le 52e anniversaire de son indépendance dans le désarroi, au moment o๠le président par intérim Dioncouda Traoré prône « la négociation » avec les groupes armés, tout en préparant le pays à  « la guerre ». Encadrée par un grand nombre de militaires, gendarmes, policiers et gardes, une cérémonie brève et très simple a commémoré l’indépendance de l’ex-colonie française (1895-1960) à  Bamako. Le président Dioncounda Traoré a déposé des fleurs sur la place de l’Indépendance, en présence d’ambassadeurs étrangers et de tous les membres du gouvernement, à  l’exception du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, en mission à  New York auprès de l’ONU. Le chef d’état-major général adjoint, le Colonel-major Adama Dembélé, représentait la direction de l’armée. Puis une simple prise d’armes symbolique et un petit défilé ont été organisés à  l’intérieur même du camp du génie militaire à  Bamako, en présence du ministre de la Sécurité intérieure, le général Tiéfing Konaté. Le chef de l’ex-junte, le capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, basé dans la ville-garnison de Kati (à  15 km de Bamako), n’était présent à  aucune des cérémonies. Un an déjà … Il y a un an, pour le 51e anniversaire de l’indépendance du Mali, le président Amadou Toumani Touré, au pouvoir depuis dix ans, inaugurait le troisième pont de Bamako, financé par la Chine. Six mois plus tard, le 22 mars, il était renversé par des militaires dirigé par le capitaine Sanogo, l’accusant d' »incompétence » dans la lutte contre la rébellion touareg et les islamistes dans le Nord. Dans la foulée de ce putsch, le Nord du Mali était passé sous le contrôle des islamistes de la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da et des groupes Ansar Dine et Mujao. « Ce n’est pas logique de parler d’indépendance quand nos frères et soeurs du Nord vivent sous occupation », commente à  Bamako Bintou Maà¯ga, étudiante en droit originaire de Gao. « Mais j’ai confiance en notre armée, même défaite. Elle doit se ressaisir, dépasser ses querelles pour se mettre état de combattre les forces obscures qui occupent les deux-tiers du pays », assure-t-elle. Vendredi soir, le discours du président malien à  la Nation a été double : d’une part, il a appelé les groupes armés qui occupent le Nord à  entamer « des négociations sincères, dans le respect strict de l’intégrité territoriale et de la laà¯cité de la République »; d’autre part, il a demandé à  la Nation malienne « l’union sacrée » autour de l’armée, en se présentant comme « le président d’un pays en guerre ». Une libération du Nord par « la négociation ou par la force »: le président n’a pas tranché. « Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix », a-t-il déclaré, comme s’il s’y n’était pas du tout résolu. Perturbations et tergiversations Samedi, un responsable local à  Gao, ville du nord sous contrôle des djihadistes du Mujao et d’Aqmi, a affirmé à  l’AFP sur place: « Nous acceptons la main tendue de M. Traoré à  une seule condition : que le Mali applique la charia, la loi de Dieu ». « Si les gens du sud (du Mali) veulent la négociation avec l’application de la charia, nous sommes d’accord. Mais si c’est la guerre qu’ils veulent, nous sommes aussi d’accord. Dieu est le plus fort », a ajouté Alioune Touré, ancien chef de la police islamique de Gao, aujourd’hui chargé de la sécurité, côté sud de la ville. A Bamako, le colonel Youssouf Traoré, membre du Front anti-putsch (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république, F, a rejeté devant la presse l’option de la négociation: « Ce qu’il faut, c’est libérer le pays par la guerre », a-t-il affirmé, demandant à  la Cédéao de « laisser les armes bloquées dans les ports de Dakar et Conakry revenir au Mali ». Il a par ailleurs évoqué « des perturbations déplorables au sommet de l’Etat ». Dans un communiqué, le FDR a ensuite fustigé « les tergiversations des pouvoirs publics, consécutives à  celles de la junte » et a invité les autorités à  satisfaire les demandes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) « afin que la communauté internationale puisse aider l’armée et le pays à  libérer le Nord ». Lire l’article sur Jeuneafrique.com : Mali : fête de l’indépendance réduite au stricte minimum et placée sous haute surveillance | Jeuneafrique.com – le premier site d’information et d’actualité sur l’Afrique

22 septembre: discours à la Nation du Président Traoré

Le président malien Dioncounda Traoré a appelé vendredi les groupes armés islamistes qui occupent le Nord du pays à  la négociation, tout en demandant l’union sacrée autour de l’armée pour faire la guerre s’il n’y avait plus d’autre choix, dans un discours à  la Nation. Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix (…) Mais nous réaffirmons ici que notre premier choix reste le dialogue et la négociation, a dit le président malien, dans un discours solennel diffusé à  la télévision nationale, à  la veille du 52è anniversaire de l’indépendance du pays. Notre deuxième choix reste le dialogue et la négociation. Notre troisième choix demeure le dialogue et la négociation, a-t-il insisté. J’en appelle aux groupes armés qui opèrent dans le Nord de notre pays d’accepter de s’engager résolument dans la voie du dialogue et de la négociation de façon sincère et constructive, a déclaré le président intérimaire, sans donner de noms précis de groupes. Dans la foulée du coup d’Etat militaire du 22 mars qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré, tout le Nord du Mali était passé, en avril, sous le contrôle des islamistes armés de la branche maghrébine d’Al-Qaà¯da et des groupes Ansar Dine et Mujao. Décrivant la tragédie vécue par le Mali dont l’existence même est en jeu, il a déploré que l’expression de l’irrédentisme des Touareg ait fait la jonction avec le terrorisme transfrontalier et international dans le Nord-Mali, sur fond de narcotrafic florissant. l’ancien président de lAssemblée nationale, investi président par intérim en avril, a centré tout son discours sur la nécessaire libération des régions occupées, par la négociation ou par la force. Disant avoir conscience d’être le président d’un pays en guerre, il a appelé la Nation à  la nécessaire union sacrée autour de l’armée, assurant qu’elle avait besoin d’être rééquipée, réarmée moralement, remise en ordre de bataille et surtout réconciliée avec elle-même. Il a par ailleurs souhaité l’organisation prochaine d’un scrutin présidentiel, pour qu’un chef de l’Etat soit élu d’ici à  un an.

Discours à la Nation de Dioncounda Traoré – 22 Septembre 2012

Mes chers compatriotes, Chers hôtes et amis du Mali, Dans quelques heures nous allons célébrer le 52ème anniversaire du Mali indépendant. Pour toutes les générations de Maliens, le 22 septembre recèle une grosse charge émotionnelle et éveille en chacune et en chacun de nous un fort sentiment de fierté patriotique qui résiste à  la fois à  l’usure du temps et à  celle des épreuves qui jalonnent malheureusement le cheminement des Nations. Oui, même les grandes Nations, et nous sommes une grande Nation, malgré les difficultés du moment, même les grandes Nations, dis-je, suivent leur destin, et ce destin est rarement linéaire. Ce 22 septembre en est l’illustration. En effet, C’’est la première fois en cinquante deux ans que nous célébrons l’anniversaire de notre indépendance dans des conditions singulièrement pénibles voire humiliantes d’un pays dont plus de la moitié est occupée. l’histoire livrera un jour la chronique réelle de la tragédie qui nous a frappés à  Tombouctou, Diré, Niafunké, Goundam, Kidal, Tessalit, Aguel Hoc, Abeibara, Gao, Bourem, Ansongo, Ménaka, Douentza. Treize cercles aux mains de forces hostiles, constituant les deux tiers du territoire pour l’indépendance duquel les pères fondateurs du Mali ont consenti tant et tant de sacrifices ! Il est un devoir impérieux pour nous d’exprimer notre gratitude et notre reconnaissance à  toutes celles et à  tous ceux qui se sont battus souvent avec l’énergie du désespoir pour que notre pays s’engage sur le chemin de la dignité et de l’honneur. Certes, la commémoration de l’aboutissement de la lutte héroà¯que de nos aà®nés est un bel hommage que nous devons leur rendre chaque année, mais elle est surtout un moment privilégié pour enseigner aux jeunes générations les valeurs fondatrices de notre Nation, à  savoir le patriotisme, le sens de l’honneur et de la dignité, une foi inébranlable dans notre destin de Nation libre et unie, l’amour du travail, les valeurs de partage, de solidarité et de justice. Toutes choses qui sont trop souvent mises à  mal par le désir effréné de certains d’entre nous d’arriver à  leurs fins en privilégiant des raccourcis qui sont, à  l’analyse, trompeurs, injustes et dévalorisants. Toutes choses qui sont mises à  mal par les diverses agressions dans la partie septentrionale de notre pays. Agressions d’abord à  l’initiative du Mouvement National de Libération de l’Azaouad (MNLA). Puis dans le prolongement des évènements survenus les 21 et 22 mars derniers, l’expression de l’irrédentisme a fait la jonction avec le terrorisme transfrontalier et international marqué du sceau des djihaidstes d’Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), du Mouvement pour l’Unicité et la Justice en Afrique de l’Ouest (MUJAO), de Boko-Haram et de groupuscules salafistes, et tout cela sur fond de narcotrafic florissant. Aujourd’hui, cette commémoration est aussi un moment privilégié pour dire la tragédie que nous vivons en tant que Nation, pour dire jusqu’o๠l’ensemble national est éprouvé. Dire toute la souffrance de nos frères et sœurs du Nord, ceux et celles restés sur place et endurant quotidiennement la loi des agresseurs, comme celles et ceux forcés à  l’exil avec ses précarités et ses contraintes dramatiques. Sonraà¯s, Peuls, Arabes, Touareg, Dogons, Bamanans ou autres compatriotes de Gao, Kidal, Tombouctou, Douentza, nos pensées vont à  vous. Nous sommes sensibles et concernés par vos souffrances et votre détresse. Nous savons que chaque jour de plus dans cette tragédie est un jour de trop. Et jamais, il n’a été question ni ne saurait être question pour nous de vous laisser à  ce sort douloureux. Mes chers compatriotes, l’heure, nous l’avons compris, et nous y avons travaillé, est à  la mobilisation, à  la remobilisation de toutes nos énergies et de toutes nos ressources pour entamer dès maintenant la libération de nos régions occupées, par la négociation ou par la force. C’’est tout le Mali qui se tient prêt pour cette mission historique avec en première ligne nos forces armées qui ont perdu une première bataille, il est vrai, mais qui ne peuvent perdre la guerre pour l’honneur, la dignité et la grandeur du Mali. Nous avons besoin de nos forces armées. Et notre Armée a besoin de nous. Elle a besoin d’être rééquipée, réarmée moralement, remise en ordre de bataille et surtout d’être réconciliée avec elle-même. Nous devons trouver la force et la sagesse de régler la question des bérets rouges et des bérets verts. Nous allons nous y employer dans les jours à  venir. Notre armée a besoin de nous sentir à  ses côtés et derrière elle. C’’est pourquoi nous devons réaliser la nécessaire union sacrée autour de cette armée unie et déterminée à  relever les grands défis qui sont les siens. Ce sont aussi nos nombreux frères, amis et partenaires qui sont prêts à  témoigner leur solidarité en ces moments lourds de défis pour notre Nation qui veut rester unie sous la bannière d’une République laà¯que, vivant en paix et voulant la paix pour ses voisins et pour le monde. Et C’’est parce que le péril est grand et multiforme, mes chers compatriotes, que nous avons décidé de saisir le Président en exercice de la CEDEAO d’une requête sollicitant l’appui de l’organisation sous-régionale pour recouvrer notre intégrité territoriale. Cette requête a curieusement suscité une campagne de désinformation et des interprétations toutes plus fantaisistes les unes que les autres. D’abord je dois dire solennellement que cette requête a été faite en parfait accord avec la hiérarchie militaire et le Ministère de la Défense, et en parfaite intelligence avec le Premier ministre, chef du Gouvernement. D’autre part, le contenu de la requête est en tout point conforme aux propos que J’ai tenus lors de mon investiture et dans mon adresse à  la Nation du 29 juillet 2012, o๠je disais, je cite : « je fais entièrement confiance aux services de sécurité maliens et à  l’Armée malienne pour assurer la sécurité du Président de la République et celles des autres Institutions de la République. Les dispositions déjà  prises ou envisagées pourront, bien entendu, être affinées et améliorées en fonction des moyens et équipements que nous pourrons réaliser » fin de citation. Dans la requête, il n’y a pas autre chose : pour la sécurité des Institutions de la Transition, il y est demandé des équipements et des moyens formulés par l’Armée malienne, et il y est précisé que le déploiement de forces de Police constituées et d’unités combattantes de l’Armée est sans objet. Cela est très clair. Par ailleurs, au point E/ de mon adresse du 29 juillet 2012, il est annoncé, et je cite : « une requête en direction de la CEDEAO, de l’Union Africaine et des Nations Unies, en fonction des conclusions de la mission qui a séjourné dernièrement à  Bamako » fin de citation. Il s’agit, bien entendu, d’une mission des Etats-majors de la CEDEAO. Donc, des requêtes ont été élaborées, encore une fois, en accord avec la hiérarchie militaire, et J’ai dépêché le Premier ministre Cheick Modibo DIARRA comme porteur de message à  leurs destinataires au niveau de l’Union Africaine, de l’Union Européenne, des Nations Unies, de la France et des Etats-Unis. Mes chers compatriotes, Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix. Mais nous réaffirmons, ici, que notre premier choix reste le dialogue et la négociation. Notre deuxième choix reste le dialogue et la négociation. Notre troisième choix demeure le dialogue et la négociation. C’’est pour cette raison, qu’à  l’issue des Assises Nationales qui se tiendront dans les jours prochains pour une vision partagée de la Transition, de ses organes et de sa feuille de route, des contacts seront établis en vue d’engager des négociations sincères dans le respect strict de l’intégrité territoriale et de la laà¯cité de la République. Et J’en appelle aux groupes armés qui opèrent au Nord de notre pays d’accepter de s’engager résolument dans la voie du dialogue et de la négociation, de façon sincère et constructive. Mes chers compatriotes, Le rétablissement de notre intégrité territoriale est une cause nationale. Nous avons l’obligation de relever ce défi pour léguer à  la postérité un pays unifié, pacifié et réconcilié avec lui-même et avec ses voisins et le monde entier. Il doit en être de même pour l’organisation des prochaines élections, cet autre grand moment de notre démocratie. Depuis une vingtaine d’années, notre pays a organisé régulièrement des élections dont la qualité a été unanimement reconnue et saluée par l’ensemble de nos partenaires. Aussi, devons-nous saisir l’opportunité des élections à  venir pour nous convaincre nous-mêmes et convaincre la communauté des démocraties que la rupture démocratique intervenue, courant mars 2012, n’était qu’un regrettable incident de parcours. Pour les démocrates que nous sommes, il ne saurait y avoir d’autres modes de conquête du pouvoir d’Etat en dehors des élections qui sont et demeurent le souffle de la démocratie ; celles à  venir le seront davantage au regard du contexte de crise d’une part et des enjeux qui y sont rattachés d’autre part. Mes chers compatriotes, Hôtes et amis du Mali, Traditionnellement, cet exercice est le moment idéal pour dresser l’état de la Nation. En plus, il ébauche des perspectives plus crédibles en fonction des réalités socio-politiques et économiques du moment, tant sur le plan national qu’international. Mais vous comprendrez que dans le contexte actuel, il n’y ait d’autres perspectives que la reconquête de nos territoires occupés et l’organisation des élections. Toutefois, ces enjeux vitaux ne sauraient justifier que l’Etat se soustraie à  ses devoirs et engagements contractuels vis-à -vis des acteurs nationaux, régionaux et internationaux. l’Etat tiendra ses engagements en vue de répondre aux aspirations légitimes des travailleurs, et C’’est le lieu de saluer le sens du patriotisme des syndicats qui ont su, en toute responsabilité, contenir les impatiences pressantes de leurs militants. Je voudrais également leur exprimer notre profonde gratitude pour leur engagement constructif dans le processus de sortie de crise. C’’est une année d’épreuves qui nous est imposée mais, dans sa clémence, Dieu est entrain de nous gratifier d’un bon hivernage et cela est déterminant dans un pays o๠l’écrasante majorité de la population vit d’agriculture, d’élevage et de pêche. De même, une année académique s’est achevée et les différents examens et évaluations ont pu se dérouler là  o๠cela était possible. Puisse la nouvelle année scolaire qui s’annonce être plus performante pour les pouvoirs publics, les scolaires, les enseignants et les parents d’élèves. Au plan économique, les sacrifices consentis ont permis de faire face aux charges de fonctionnement de l’Etat, notamment le paiement des salaires. Nous savons cependant que le secteur privé et l’économie globale sont en souffrance du fait de la suspension de l’aide consécutive à  la rupture de la légalité que notre pays a connue. Mais, avec la mise en place du gouvernement d’union nationale et le retour de la légalité constitutionnelle, nous poursuivons nos efforts en direction de la communauté internationale afin qu’elle reprenne avec notre pays la coopération économique et financière suspendue. Mes chers compatriotes, J’ai foi en vous, J’ai foi en notre pays. · Le Mali vaut que nous acceptions de nous pardonner, de nous donner la main pour mettre fin à  la tragédie que nous vivons ; · Cela est possible si nous ne levons pas la main pour détruire mais pour construire, si nous n’ouvrons pas la bouche pour diviser mais pour unir, si nous n’utilisons pas notre plume pour semer le doute et le désespoir mais pour conforter et pour mobiliser, si nous pensons chacune et chacun, et travaillons chacune et chacun au retour d’un Mali plus fort, plus démocratique, plus responsable ; · J’ai conscience encore une fois d’être le Président d’un pays en guerre ; · J’ai conscience qu’il faut aller vers les compromis dynamiques et la recherche des équilibres ; · J’ai conscience surtout que mon devoir est grand envers ce peuple digne et fier, ces paysans, ces opérateurs économiques, ces humanitaires qui se battent, nuit et jour, sans jamais céder au découragement ; · J’ai conscience que le retour à  la démocratie et à  la stabilité est urgent et que seul peut y mener la légitimité d’un pouvoir élu. Mon souhait, et ce à  quoi J’engage le gouvernement, C’’est que le message à  la Nation du 22 septembre 2013 soit le fait d’un Président élu, un Président élu dans les conditions de transparence et de crédibilité requises. J’ai conscience enfin et, hélas, que le calvaire du Nord de notre pays continuera tant que nous nous battrons au Sud pour nos ambitions personnelles, pour des vengeances ou des haines personnelles qui sont totalement inopportunes dans un pays dont l’existence même est en jeu. Notre pays peut et doit revenir dans la communauté des Nations qui comptent. Mettons fin à  nos égarements. Mettons ensemble nos efforts, nos intelligences et nos volontés. Faisons-le pour nous-mêmes ; Faisons-le pour nos enfants ; Faisons-le pour nos épouses et nos maris ; Faisons-le pour nos pères et nos mères ; Faisons-le pour le Mali. Bonne fête de l’indépendance, dans la communion, dans la médiation, dans la remobilisation pour un Mali libéré, uni et démocratique. A nos frères et sœurs déplacés à  l’intérieur du territoire national, à  ceux qui n’ont eu d’autre choix que de prendre le chemin de l’exil, je dis courage ; nous venons vers vous et nul ne pourra se mettre en travers de notre route. Vive le Mali Un et Indivisible, démocratique et laà¯c ! Vive l’Afrique unie et solidaire ! Que le Tout Puissant nous inspire ! Qu’il protège et bénisse le Mali ! Je vous remercie.

Le Premier ministre Modibo Diarra de plus en plus au coeur de la vie poltique

Cheikh Modibo Diarra a affirmé hier que le temps « pressait » pour une intervention, réclamant « beaucoup plus de fermeté » de la communauté internationale. Après Paris, Modibo Diarra se rendra à  New York pour participer à  la 67ème session de l’Assemblée générale des Nations unies. Le Premier ministre malien qui est de plus en plus au centre de la vie politique de son pays. Notre dossier spécial Mali Certes, C’’est le président Diacounda Traoré qui a demandé lui-même à  son Premier ministre de représenter le Mali à  New York. Mais il n’y a aucun doute, chaque jour qui passe Cheick Modibo Diarra se met davantage au centre du jeu politique malien. Lors du dernier remaniement ministériel, il a non seulement déjouer tous les pronostiques en conservant son poste, mais il est également arrivé sans coup férir à  imposer ses proches à  des postes clé dans le gouvernement. Et aujourd’hui, le voilà  porte-parole du Mali en France o๠il rencontre ce jeudi 20 septembre le ministre français des Affaires étrangères et la prochaine étape sera les Etats-Unis. Devant ses interlocuteurs, il défendra notamment la position du Mali au sujet d’une éventuelle intervention des troupes étrangères pour libérer le nord du pays. D’après RFI, le Mali dira clairement oui à  une aide extérieure mais aux conditions maliennes. Et dans un premier temps, Bamako souhaite savoir les pays qui seront prêts à  envoyer des troupes et logistiques ici. Dans un second temps, le Mali entend choisir lui-même parmi les volontaires, les pays dont les troupes viendront pour participer à  la libération du nord du pays. Enfin, ces troupes viennent pour un moment. Et pour rester au-delà  de six mois, il faut là  encore que Bamako donne son feu vert. Les exigences de la Cédéao La Cédéao l’a déjà  fait savoir lors de sa dernière réunion, elle ne peut pas concevoir une intervention militaire sans avoir le droit de déployer des hommes à  Bamako. C’est une question logistique, rappelle Blaise Compaoré, le président burkinabé et médiateur de la cedeao dans la crise malienne. A l’occasion de son passage à  Paris, et dans une interview à  France 24 diffusée le 19 septembre, il précise pourquoi cette présence militaire à  Bamako est complémentaire d’un déploiement pour sécuriser le Nord aux côtés de l’armée malienne.

Crise malienne : prélude à la réunion de la CEDEAO

« Cette réunion est d’importance car elle succède à  plusieurs autres et se tient après la requête tant attendue du président malien à  la CEDEAO », a déclaré le général Soumaà¯la Bakayoko, président du Comité des chefs d’état-major des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). « Il s’agit d’examiner la requête du Mali et de faire des propositions concrètes sur notre concept d’opération consensuelle », a-t-il poursuivi, précice l’agence Xinhua. Après la requête officielle envoyée le 4 septembre, par le président malien Dioncounda TRAORE aux instances de la CEDEAO, en vue de recouvrir l’intégrité de son territoire national, l’heure est à  l’urgence. Dioncounda Traoré souhaite également, dans son courrier, un appui aérien et l’envoi de cinq bataillons à  partir de la ligne de front qui seront « graduellement engagés pour contrôler les villes reconquises ». Il demande aussi un soutien pour acheminer de l’aide humanitaire et pour aider à  neutraliser les mines qui ont pu être posées dans le nord du pays. Propositions pertinentes La réunion des chefs d’état-major, qui se tient ce vendredi 14 septembre à  Abidjan, vise à  faire des « recommandations pertinentes » pour l’engagement de la Force en attente de la CEDEAO. Le 17 septembre aura lieu à  Abidjan, une autre réunion, celle des ministres des Affaires étrangères et de l’Intégration de la CEDEAO. Ce conclave ministériel se penchera lui sur les travaux de ce vendredi pour fixer les grandes lignes d’une possible intervention ou en tout un cas un soutien logistique et humain des forces de la CEDEAO au Mali. . Pour la CEDEAO, la force en attente de 3 300 soldats, maintes fois proposée, devrait sécuriser les institutions de transition dans la capitale, renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité maliennes, soutenir les troupes maliennes dans la reconquête du nord et apporter une aide humanitaire aux populations déplacées ou réfugiées.

Concertations nationales : nouvelles « palabres » en perspective

Que réservent les prochaines concertations nationales aux Maliens ? Que va-t-on débattre à  cette occasion et quelles décisions y seront prises ? Combien de jours dureront ces « palabres » ? Qui sera autorisé à  y participer ? La rencontre ne sera-t-elle pas une autre tribune de règlement de comptes entre pro et anti-putschistes ? N’y fera-t-on pas à  nouveau le procès du régime d’ATT? Nombre de Maliens se demandent si ces assises n’engendreront pas d’autres problèmes. l’actualité malienne reste cristallisée autour du nouveau gouvernement d’union nationale et la tenue d’une Convention nationale. Même si, avec la création du comité d’élaboration des termes de références, la tenue de ces assises nationales se précisent, on s’interroge sur l’opportunité d’une telle concertation après la formation du gouvernement. Si ces assises réclamées à  cor et à  cris par les ténors de la COPAM, ne semblent pas être la priorité du Gouvernement Cheick Modibo Diarra qui n’a défini aucune date pour l’heure. Gouvernement d’enjeux ? Bien que se voulant le plus inclusif possible, ce nouveau gouvernement a manqué d’ intégrer toutes les sensibilités. Alors, des voix s’étaient élevées pour dénoncer l’absence de tel bord politique ou de telle région ou ethnie de ce gouvernement. Pour rappel, l’organisation de cette grande rencontre avait été exigée par les pro-putschistes. Le SG du parti SADI (Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance), Oumar Mariko, en avait fait la demande au lendemain de l’adresse du président Dioncounda à  la Nation, le 29 juillet dernier, après son retour de France. l’élu de Kolondiéba voulait que les propositions du Chef de l’Etat, notamment la création d’institutions ad hoc, soient versées dans un débat général et ne pas être entérinées par celui qu’il ne reconnaà®t pas comme Président de la transition depuis la fin de l’intérim après le délai constitutionnel de 40 jours. Ainsi, la demande même de Mariko était devenue une condition sine qua non de la participation du regroupement auquel il appartient (la COPAM) au dit gouvernement. Toute chose qui a peut-être incité le Président intérimaire à  faire des concessions au cours de ses consultations pour la tenue de cette concertation nationale. C’’est sur ce «Â modus vivendi » que s’étaient entendus partisans et adversaires de cette future concertation nationale. Du coup, l’on avait pensé que le Président Dioncounda avait fait ces concessions pour éviter le blocage dans la formation dudit gouvernement. Au Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (F, l’un des portes-paroles que nous avons joint au téléphone pense qu’«Â il n’ya aucune raison de tenir la Convention nationale, du moment o๠le Gouvernement d’union est mis en place ». La COPAM, qui s’était arrogé la paternité de ces futures assises en a fait la condition de son entrée dans le nouveau Gouvernement. Au vu de son affaiblissement progressif du fait la division et le départ de ses militants, le regroupement pourra-t-on arriver à  bout de sa revendication ? Rien n’est sûr. En tout cas, au-delà  de la pertinence, C’’est l’incertitude qui plane sur les prochaines assises.

Conseil des ministres du 29 Août 2012

Après examen des points inscrits à  l’ordre du jour, le Conseil a adopté des projets de textes et procédé à  des nominations. AU CHAPITRE DES MESURES REGLEMENTAIRES Sur le rapport du ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, chargé des Relations avec les Institutions, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret fixant le niveau d’équivalence hiérarchique des Chefs de services rattachés. Les services rattachés, selon la Loi N°94-009 du 22 mars 1994, sont des services déconcentrés de l’Etat chargés en général des fonctions de gestion dans un secteur d’activités particulières ou d’exécution d’une mission précise d’intérêt public pour une durée déterminée. Ils sont créés par loi ou par décret et organisés par décret ou par arrêté ministériel selon leur niveau de rattachement. La loi du 22 mars 1994 n’a pas précisé le niveau d’équivalence structurelle des services rattachés par rapport aux services publics de l’Etat. Pour combler ce vide dans la pratique, les services rattachés à  un Secrétariat général de département sont considérés comme des services centraux alors que ceux rattachés à  une direction nationale sont assimilés à  des divisions de services centraux. Le rang des chefs de services est, dans quelques cas limités, précisé dans les textes d’organisation desdits services. Afin de corriger cette situation, le décret adopté fixe le niveau d’équivalence hiérarchique des chefs des services rattachés ainsi qu’il suit : – les directeurs des services rattachés au Secrétariat général d’un Ministère sont assimilés à  des directeurs de services centraux ; – les chefs des services rattachés à  une direction nationale, sont assimilés à  des chefs de division d’un service central et – ceux des services rattachés à  une direction régionale sont assimilés à  des chefs de division d’un service régional. Sur le rapport du ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires Foncières, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret portant affectation au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de parcelles de terrains. Par le présent projet de décret, il est affecté au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique les parcelles de terrain objet des titres fonciers suivants : – TF N°6844 de Ségou, d’une superficie de 298 ha 90 a 37 ca, sise à  Dougadougou, commune rurale de Pélengana, cercle de Ségou, – TF N°6845 de Ségou, d’une superficie de 199 ha 39 a 84 ca, sise à  Nèrékoro, commune rurale de Pélengana, cercle de Ségou. Lesdites parcelles sont destinées à  renforcer la capacité d’accueil de l’Université de Ségou. La réalisation des travaux de construction s’inscrit dans le cadre de la poursuite du Programme d’Investissement du Secteur de l’Education phase III. AU CHAPITRE DES MESURES INDIVIDUELLES : Le Conseil des Ministres a procédé aux nominations suivantes : AU TITRE DU MINISTERE DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS : – Chef de Cabinet : Colonel Mary DIARRA. – Chef d’Etat-major général adjoint des Armées : Colonel-major Adama DEMBELE. – Chef d’Etat-major adjoint de l’Armée de Terre : Colonel Abdoulaye COULIBALY. – Inspecteur à  l’Inspection générale des Armées et Services : Commissaire Colonel-major Salimata KONE. AU TITRE DU MINISTERE DE LA POSTE ET DES NOUVELLES TECHNOLOGIES : – Conseillers techniques : Monsieur Boubacar COULIBALY, Ingénieur des Télécommunications ; Monsieur Djibril TRAORE, Administrateur des Postes et Services financiers ; Madame MAIGA Fatoumata Sékou DICKO, Magistrat ; Monsieur Souhahébou COULIBALY, Ingénieur informaticien ; Monsieur Baba KONATE, Ingénieur des Télécommunications. BAMAKO, LE 29 AOUT 2012 LE SECRETAIRE GENERAL DU GOUVERNEMENT, Mme DIAKITE Fatoumata N’DIAYE Officier de l’Ordre National

Quand de jeunes Africains s’intéressent au Mali

La crise au Nord du Mali n’est seulement pas la crise du Mali, mais de toute l’Afrique et même du monde. Cette réalité semble partagée par «Â Les Amis du Mali », une initiative composée d’hommes et de femmes, de toutes nationalités confondues, estimant que le Mali mérite une attention bien particulière au regard de la crise qu’il traverse. Campant le décor de la conférence de presse qu’il a animé ce mardi à  la Maison des jeunes du Mali, l’initiateur de cette Association, Prosper Attolou, entend bâtir une synergie autour de lui pour une sortie de crise au Mali. Il entend ainsi apporter sa pierre au dénouement de la crise du nord. Parlant du plan d’action de son mouvement, le jeune béninois a annoncé la tenue très prochaine d’une conférence dite des «Â Amis du Mali » dont l’objectif sera essentiellement de réunir, les citoyens volontaires d’Afrique et du monde, présent en République du Mali et ailleurs ». Le plan d’action devrait être sous tendu par un lobbying afin que le Mali soit plus que jamais au C’œur des réflexions et des préoccupations. l’Appel de Bamako «Â l’Appel de Bamako » qui sanctionnera les travaux de la conférence sera la résultante de plusieurs tables rondes avec les confessions religieuses, les Ambassadeurs africains au Mali, les délégations étrangères, la jeunesse, les cadres… Pour Prosper Attolou, les jeunes doivent éviter d’être en arrière plan des crises qui secouent le continent noir. Cette démarche, selon le jeune béninois, s’inscrit «Â par l’entremise de ses hauts dirigeants qui nous ont en partie positivement marqué ». Soutien aux autorités de transition Plusieurs fois reçu en audience par le président Dioncounda Traoré, en sa qualité de président du parlement des jeunes du Bénin, Prosper Attolou pense qu’il faut soutenir les autorités de la transition, notamment l’actuel Gouvernement. Consultant en entreprenariat, le porte flambeau de la jeunesse béninoise voit en l’actuel président de la transition, un homme affable et humble. l’homme d’Etat sur lequel le président du parlement des jeunes du Bénin a annoncé la publication très prochaine d’un livre, est réputé pour sa modestie et son extrême humilité. «Â Manger dans le même plat qu’un homme de son rang est très rare en Afrique. C’’est un acte de grande humilité ».Par ailleurs, Prosper garde le bon souvenir d’avoir voyagé avec l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, dans l’avion présidentiel. «Â Vous comprenez ainsi combien je ne peux rester en marge de la situation que vit le Mali, car je suis un ami du Mali».

Verdict du procès des membres Yèrèwolo Ton et COPAM  : six mois de prison avec sursis

On connaà®t depuis ce matin le verdict du procès de membres de Yèrèwolo Ton et de la COPAM. Boubacar Boré, Yacouba Niaré et Mamadou Sangaré de Yèrewolo Ton et Hamadoun Amion Guindo, Younouss Hamèye Dicko et Rokia Sanogo de la Copam, ont été condamnés à  six mois de prison avec sursis par le tribunal de 1ère instance de la commune III. Un verdict sans surprise pour beaucoup d’observateurs qui estiment qu’il répond à  une logique d’apaisement du climat social dont le pays a tant besoin aujourd’hui. «Â Je te l’avais dit, emprisonner ces gens empoisonnera le climat sociopolitique  », a commenté laconiquement un jeune homme, étudiant en droit à  l’Université de Bamako à  l’annonce du verdict. Délit de complicité Le tribunal a disqualifié les faits de troubles graves à  l’ordre public retenus contre les accusés pour le délit de complicité de troubles graves à  l’ordre public. C’’est à  dire qu’ils ne sont pas auteurs mais complices du chef d’inculpation retenu contre eux. Ce qui est vigoureusement contesté par les avocats de la défense. Ils ont décidé tout simplement de faire appel de la décision de justice. Pour Me Moussa Kéà¯ta, l’un des avocats des membres de la Copam présent à  l’audience, ses clients ne sont ni auteurs ni complices «Â Je vais rencontrer mes collègues avocats pour introduire un recours contre cette décision du tribunal ». Même réaction de désapprobation chez Me Mariam Diawara qui fait partie des avocats commis par Yèrèwolo Ton. l’appel de la décision du tribunal est d’autant plus urgent que le verdict vise, selon elle, à  faire taire des hommes décidés à  faire sortir le pays de l’ornière. Younouss Hamèye Dicko, arrivé à  8 h 15 au tribunal était le seul accusé présent à  l’audience. Tous les autres accusés étaient aux abonnés absents.

Gouvernement d’Union nationale : une équipe, déjà des critiques

Le nouveau gouvernement de Cheick Modibo est déjà  l’objet de critiques une semaine seulement après sa formation. La surprise est venue du Collectif des ressortissants du Nord (COREN) qui a regretté la faible présence de ministres issus du nord dans le gouvernement. D’autres ont même dénoncé l’absence d’un premier ministre ressortissant du nord. La formation du nouveau gouvernement a laissé un arrière goût amer pour certains regroupements politiques qui s’estiment servis avec parcimonie. A l’heure o๠l’on attend encore la nomination d’un 33è ministre, qui de sources concordantes, serait issu de l’ADPS, la dernière nomination en date, C’’est celle de Moussa Bocar Diarra, de la Coalition IBK Mali 2012, affublé d’un ministère délégué aux Langues nationales. Calmer le jeu politique Acteur clé de la scène politique, le Front uni pour la sauvegarde et de la République ( F a même demandé l’annulation des décrets de nomination des trois anciens ministres récupérés par Cheick Modibo Diarra à  titre de conseillers spéciaux avec rang de ministres à  la primature. Il s’agit de Sadio Lamine Sow, chargé des affaires étrangères et de la coopération internationale, Hamadoun Touré, chargé de la communication gouvernementale et des nouvelles technologies et Mamadou Diakité, chargé des questions d’emploi et de jeunesse. Du reste, estime un observateur politique, l’on ne doit pas se focaliser sur ces nominations, même si certains journaux ont évoqué, un cabinet officieux. «Â Cheick Modibo Diarra a le droit de se constituer un cabinet personnel fusse t-il constitué de proches collaborateurs ou d‘anciens ministres , », précise un juriste. Dans une autre déclaration de protestation, les frontistes n’ont pas manqué d’exprimer leur préoccupation face à  une gestion de la transition, qu’ils jugent aux antipodes du bon fonctionnement des institutions. «Â Cessons de pinailler, estime un éditorialiste, les médias devraient critiquer le gouvernement sur sa mission et non prêter le flanc aux polémiques. Et puis C’‘est le contexte qui le veut! ». Une autre sortie a crée le buzz. C’’est celle de Zoumana Sacko, ancien Premier ministre et président de la formaton, CNAS Faso héré qui a lui dénoncé avec véhémence la création d’un ministère des Affaires religieuses avant de se voir répondu par Mohamed Kimbiri, 1er Secrétaire du Haut conseil islamique. Pour le responsable religieux, la laicité de l’état Malien n’est nullement en cause, sinon la véhémence des critiques à  l’encontre d’un Islam qui se veut conciliateur. Face à  ce concert de dénonciations, le Premier ministre de transition devra éviter d’autres critiques et les tensions avec le Président de la transition Dioncounda Traoré, dont on murmure que ces nominations irritent. I l en va désormais des missions clés de son gouvernement, à  savoir la récupération du nord du Mali et l’organisation d’élections libres et transparentes à  terme.

Edito : Dioncounda au dessus de la mêlée

Comme un couperet, la nouvelle est tombée sur les écrans de la télévision nationale. A la grande satisfaction d’un peuple, avide de renouer avec les chantiers du développement. Initialement prévue pour le 31 juillet, la mise en place du nouveau Gouvernement a donc été effective lundi 21 Août. Même si, sur les 24 anciens 6 sont tombés, les grosses têtes restent. l’accouchement n’aura pas été facile après des semaines de tractations et d’entrevues. Dioncounda se devait d’être le plus transparent, ouvert et flexible possible. Et il l’a réussi, pourrait-on déduire. Avec le courage, la patience et la détermination qu’on lui connait, il s’est hissé au dessus de la mêlée. Surtout quant on sait qu’il a prêté le flanc à  ses camarades militants du Front uni pour la démocratie et la République (F qui brandissait un schéma tout autre dans la constitution du Gouvernement d’union nationale. En clair, tout laisse croire qu’il a usé de ses dernières énergies pour que le chantier de la stabilité et de la paix s’amorce sûrement. Fort de 31 membres, il a la lourde mission de reconquérir les régions du nord tombées entre les mains des groupes rebelles et d’organiser les élections en 2013. Le pays en a fortement besoin pour redorer son blason et faire revenir ses partenaires techniques et financiers. Même si certaines composantes de la nation telle la COPAM n’y sont pas tout à  fait visibles, nul ne saurait nier les efforts du président intérimaire de façonner l’union sacrée autour de lui pour réussir la transition. Le temps accusé pour sa mise en place en témoigne. C’’est au prix d’énormes sacrifices qu’il a tissé la toile, conciliant les positions, même les plus extrêmes. l’on comprend aisément le retard accusé. Dans la foulée de ses entrevues avec les forces vives, il s’est gardé d’être le seul artisan tout en laissant la latitude au Premier ministre Cheick Modibo reconduit dans ses fonctions, de proposer des profils. Du boulot attend sans doute le nouvel attellage. La tenue de la convention nationale pourrait être opportune. Elle sera de nature à  unir les C’œurs, les esprits et les énergies pour parachever la sortie de crise. Gageons que ce Gouvernement pourrait combler les attentes du peuple malien amputé, depuis maintenant fin mars, d’une partie de son territoire. En outre, il doit envisager un plan de retour rapide des milliers de maliens ayant fui les combats pour d’autres destinations. En tout cas, le peuple malien attend de lui la délivrance. Le temps presse !

Message de Dioncounda Traoré à l’occasion de l’Aid El Fitr 2012

Les musulmans du Mali célèbrent ce samedi l’Aà¯d El Fitr ou Fête de la Korité qui sanctionne le mois béni du Ramadan. En cette heureuse occasion, il m’est particulièrement agréable de souhaiter une Bonne Fête de l’Aà¯d El Fitr à  la communauté musulmane du Mali ainsi qu’à  tous les peuples de la Oummah islamique. Je voudrais associer à  cette célébration nos frères et sœurs des autres confessions religieuses avec qui nous partageons, en bonne intelligence, une même communauté de destin. La Fête de l’Aà¯d El Fitr m’offre l’occasion de rendre grâce à  Allah, le Tout-Puissant et le Miséricordieux, Lui qui nous a donné la force et la santé nécessaires d’accomplir le Jeûne du Ramadan, l’un des Cinq piliers de l’Islam. Cette année, la Korité intervient dans un contexte particulier marqué à  la fois par une crise politique qui a mis notre démocratie à  rude épreuve, et par l’occupation de la partie Nord de notre pays par différents groupes armés, notamment des terroristes internationaux et des trafiquants de tous genres, qui soumettent nos concitoyens restés sur place à  des souffrances inhumaines et insupportables, pendant que ceux qui se sont déplacés ou réfugiés dans des pays voisins vivent une véritable tragédie. Je voudrais encore une fois inviter les Maliennes et les Maliens à  taire leurs différences afin de réaliser une union sacrée autour de la question du Nord qui hypothèque notre existence en tant qu’Etat-Nation. J’ai foi en notre sens du patriotisme. J’ai confiance aux femmes et aux hommes du Mali dont les efforts conjugués permettront le sursaut national indispensable à  la reconquête des trois (03) régions du Nord, la fin des exactions et humiliations vécues par les populations. J’exprime ma profonde gratitude à  ceux et celles qui, tout au long du mois de Ramadan, ont fait preuve de générosité et d’altruisme envers nos concitoyens les moins nantis. Par la même occasion, J’adresse mes sincères remerciements à  l’ensemble des Imams et Erudits de notre pays pour leurs prêches et les prières formulées pour la Nation. En cette période hivernale, je voudrais saluer et encourager nos populations rurales qui ne ménagent aucun effort pour produire les vivres dont notre pays a besoin. Enfin, J’ai une pensée émue pour les victimes des récentes inondations au Mali, en Afrique et dans le reste du monde. Bonne Fête de l’Aà¯d El-Fitr à  toutes et à  tous ! Qu’Allah protège le Mali ! Koulouba, le 17 août 2012 Pr. Dioncounda TRAORE Président de la République

Transition : le Tandem Dioncounda Traoré/Cheick Modibo Diarra relancé

C’’est fait ! Dioncounda Traoré a reconduit son Premier ministre Cheick Modibo Diarra. l’annonce a été faite dimanche soir lors d’un communiqué diffusé sur l’ORTM. Cette décision met fin aux réactions en chaà®ne demandant la démission du Premier ministre de transition, qui était la cible des critiques pour son action gouvernementale jugée inefficace sur le nord. En renouvelant sa confiance à  son Premier ministre, dont la nomination le 18 avril, est le fruit de l’ Accord cadre entre l’ex junte et la CEDEAO, Dioncounda Traoré apaise le jeu politique. D’autant que Cheick Modibo Diarra était accusé de s’accrocher à  son fauteuil. En outre, après avoir lui-même conduit des consultations avec les forces vives de la nation depuis son retour, le 27 juillet à  Bamako, Dioncounda Traoré a demandé à  Cheick Modibo Diarra de lui faire des propositions en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le gouvernement CMD I était critiqué pour n’être un gouvernement de technocrates, de proches et d’anciens cadres du régime de Moussa Traoré. En élargissant sa formation, Cheick Modibo Diarra, devrait y inclure les partis politiques maliens, exclus de l’Accord Cadre. Avec une junte repoussée aux casernes, le chef du gouvernement devra bien choisir ses nouveau collaborateurs. Si du côté du Front des anti-putsch (F, la décision, n’a pour le moment pas été commentée, du côté du front des Pro putsch (COPAM, MP 22), on se félicite de cette reconduction, avec l’espoir d’une concertation nationale pour mettre les Maliens face à  eux mêmes. Même son de cloche du côté des leaders religieux, qui ont tenu dimanche matin un meeting géant au stade du 26 Mars de Bamako et appelé au maintien du tandem, Traoré-Diarra à  la tête de la transition. l’influence des religieux a-t-elle fini de convaincre Dioncounda Traoré, dont le communiqué a suivi le soir même à  la télévision nationale ? La question mérite d’être posée. Si oui, ces leaders qui ont réuni près de 50 000 musulmans au stade du 26 Mars sont désormais des acteurs incontournables de la sortie de crise malienne. Et l’annonce du nouveau gouvernement n’est désormais plus qu’une question de jours;

Le « non » du capitaine au président

Depuis la proposition de création de nouvelles institutions de la transition par le président Dioncounda Traoré, les supputations vont bon train. Les principales concernent la composition du Haut Conseil d’Etat (HCE). Dioncounda Traoré souhaite y voir siéger le président par intérim et deux vice-présidents, dont un chargé des questions militaires. Fortement pressenti pour occuper cette fonction, Amadou Aya Sanogo ne serait cependant pas intéressé. «Il n’est pas concerné par la proposition de Dioncounda. C’’est un cadeau empoisonné. On récuse notre coup d’Etat qui fait éviter à  notre pays une guerre civile et maintenant on veut faire avaler un coup d’Etat constitutionnel », indique à  Kati une source proche du capitaine putschiste. Le refus du capitaine à  Dioncounda Traoré a été signifié à  ce dernier lors d’une entrevue entre les deux personnalités, précise cette source. Double désaveu Si la décision du tombeur d’Amadou Toumani Touré se confirmait, elle représenterait un cinglant désaveu à  la fois pour Dioncounda Traoré, considéré par les organisations pro-putsch comme un relais de l’ancienne classe politique au pouvoir, et pour la Coordination des organisations patriotiques du Mali (COPAM), dont le combat se résume à  faire planer le spectre de la junte sur l’appareil d’Etat. Si ce n’est pas la junte, qui pourrait alors être concerné par ce poste stratégique ? Un civil pourrait-il occuper ce fauteuil sans que cela ne provoque des ressentiments dans les rangs des militaires ? Le chef de l’ex junte, Amadou Haya Sanogo, cherche sans doute o๠donner de la tête après ses démêlés avec la CEDEAO, qui semble prendre de plus en plus de décisions unilatérales contraires à  l’Accord cadre. Des propositions officiellement contestées Deux semaines après le retour au pays de Dioncounda Traoré, le chemin semble déjà  long avant que ses propositions ne soient acceptées. La société civile et certaines formations politiques ont déjà  exprimé leur opposition. «Le Président par intérim ne peut mettre en application les propositions qu’il a formulées sans la validation des forces vives de la nation dans le cadre d’une concertation nationale », ont déclaré le 7 août dans un communiqué conjoint la COPAM, la Convergence pour sauver le Mali, le regroupement IBK2012 et plusieurs autres formations attachés à  la Constitution de 1992 et à  l’Accord cadre du 6 avril. « C’’est uniquement dans le cadre d’une concertation nationale qu’une solution idoine sera trouvée à  la crise socio-politique que vit le Mali », affirme le président de la COPAM, Amion Guindo. Une prise de position qui cadre certainement bien avec celle de la grande muette dirigée par le capitaine Amadou Aya Sanogo.

Procès sur l’agression de Dioncounda Traoré : verdict le 28 août pour les responsables de la COPAM

Le 21 Mai 2012, des dizaines de milliers de manifestants en colère ont pris d’assaut le palais présidentiel de Koulouba et agressé le président par intérim Dioncounda Traoré. A l’origine de la marche qui a précédé l‘agression, la COPAM, la coordination des associations patriotiques du Mali, un mouvement po-junte et dirigé par Housseini Amion Guindo, syndicaliste, ainsi que d’autres leaders de mouvances sympathisantes. Ce jour là , une convention nationale avait été prévue et devait désigner un nouveau président pour la transition en la personne du capitaine Amadou Haya Sanogo, lequel se dérobera à  cette initiative visant à  le placer sur orbite. Si la convention a été boycottée par bon nombres de leaders politiques pro-junte, les choses ont par la suite mal tourné ce 21 Mai. Animés d’une haine incontrôlée pour le président Dioncounda, les manifestants ont orchestré un lynchage sans précédents sous l’œil impassible des bérets verts censés assurer la sécurité du président et dont les Maliens se souviendront longtemps. Surtout, C’’est la perte totale des repères d’une société basée sur des valeurs de respect et la crédibilité des institutions de la République qui ont été mises à  mal ce jour là . La suite, on la connaà®t…. Comparution Ce mardi 7 Août, Housseini Guindo, le Professeur Younouss Hamèye Dicko (RDS) et Rokiatou Sanogo ( MP 22) ont comparu ensemble au Tribunal correctionnel de la Commune III de Bamako, et sont accusés par le président Karamoko Diakité : Des charges que les accusés réfutent en insistant sur le fait que la convention nationale proposée, ne saurait être assimilée à  des troubles à  l’ordre public pour paraphraser Rokia Sanogo du MP 22. Du reste, cette comparution vient en renfort de celle des leaders du mouvement «Â Yéréwoloton », qui réclament toujours la démission de Dioncounda Traoré. Ce dernier est rentré le 27 juillet à  Bamako et s’apprête à  nommer un nouveau gouvernement de transition après les vives critiques formulées contre la gestion de Cheick Modibo Diarra. Accusés de vouloir semer une atmosphère délétère au Mali, la marche entamée aux abord de l’Assemblée Nationale par les sympathisants de Yéréwoloton, dont Bakari Boré est le leader a vite été dispersée par les forces de l’ordre tout comme celle prévue par la COPAM ce mercredi a été annulée. Pour les responsables de la COPAM, cités dans l’agression de Dioncounda Traoré, les charges pèsent toujours. Notamment sur l’illégalité de la convention du 21 mai, qui n’avait été validée par aucune autorité de la transition et qui a conduit au pire… Après d’intenses discussions, l’audience des responsables de la COPAM a été repoussé au 28 Août.

Plusieurs blessés après une manifestation pour le départ de Dioncounda Traoré

Si les propositions institutionnelles de Dioncounda Traoré offrent une nouvelle éventuelle piste de sortie de crise à  Bamako, le retour au Mali du celui qui déclarait le 1er mai qu’il ne resterait « pas une seconde de plus que les quarante jours de l’intérim si tel est le souhait partagé » a toujours du mal à  passer auprès de certains. Les manifestants dispersés dans la violence Lundi matin, des militants du mouvement « Yéréwoloton » ont tenté de battre le pavé pour protester contre le maintien de Dioncounda Traoré à  la présidence. Dans un cafouillage total, les marcheurs se sont dirigés vers Koulouba pour demander le départ de celui qu’ils voient comme l’homme imposé par la CEDEAO. Les forces de l’ordre ont fait une descente musclée pour les disperser à  hauteur de l’ancienne Ecole Nationale d’Administration. Déterminés à  tenir têtes aux policiers certains militants ont été frappés à  coups de matraques et de pieds. Un marcheur blessé à  la tête saignait abondamment. D’autres se sont enfuis pour échapper au gaz lacrymogène. Une force de protection des institutions annoncée « J’ai été appelé par le mouvement pour marcher. Nous ne pouvons pas accepter que Dioncouda Traoré nous dirige dans l’illégalité. Son mandat a pris fin le 21 mai dernier » fustige Djigui Keita, vendeur ambulant. Le gouvernement avait annoncé le 9 juillet la création d’ « un corps d’élite indépendant de 1200 éléments chargés d’assurer la protection des Institutions de la République ». Une mesure destinée à  éviter de revivre l’épisode du 21 mai au cours duquel Dioncounda Traoré avait été tabassé à  l’intérieur du palais présidentiel. Le président de la transition est revenu à  Bamako le 27 juillet après avoir été hospitalisé à  Paris.

Communiqué du Conseil des Ministres du 1er aout 2012

A l’ouverture des travaux, le Président de la République s’est dit réconforté par le soutien et les témoignages de sympathie du Premier ministre et de l’ensemble des membres du Gouvernement suite à  l’agression dont il a été victime le 21 mai 2012. Il les a remerciés pour le travail réalisé avec abnégation dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays et les a encouragés à  continuer à  travailler pour le Mali et les Maliens. En retour, le Premier ministre a souhaité au Président de la République bon retour et courage dans l’accomplissement de sa mission. Après examen des points inscrits à  l’ordre du jour, le Conseil a procédé à  des nominations et entendu une communication. AU CHAPITRE DES MESURES INDIVIDUELLES Le Conseil des Ministres a procédé aux nominations suivantes : AU TITRE DU MINISTàˆRE DE LA DEFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS : – Chef d’Etat-major de la Garde nationale : Colonel Moussa DIAWARA. – Chef d’Etat-major adjoint de l’Armée de l’Air : Colonel Bougary DIALLO. AU TITRE DU MINISTERE DU COMMERCE, DES MINES ET DE l’INDUSTRIE : – Directeur du Centre Malien de Promotion de la Propriété industrielle : Madame KONATE Sountou DIAWARA, Ingénieur de l’Industrie et des Mines. – Directeur général de l’Agence Malienne de Normalisation et de la Promotion de la Qualité : Yaya NIAFO, Vétérinaire et Ingénieur de l’Elevage. AU TITRE DU MINISTERE DE l’AGRICULTURE, DE l’ELEVAGE ET DE LA PECHE : – Conseiller technique : Moussa CAMARA, Ingénieur de l’Agriculture et du Génie rural. AU TITRE DU MINISTERE DE l’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE : – Directeur général du Centre national des Œuvres universitaires (CNOU) : Colonel-major Nouhoum SANGARE. AU CHAPITRE DES COMMUNICATIONS AU TITRE DU MINISTERE DES MALIENS DE l’EXTERIEUR ET DE l’INTEGRATION AFRICAINE : Le Conseil des Ministres a entendu une communication écrite relative aux travaux de la 95ème session du Conseil des Ministres ACP et de la 37ème session du Conseil des Ministres ACP-UE auxquels a pris part une délégation de notre pays du 10 au 15 juin 2012 à  Port Vila en République du Vanuatu. La 95ème session du Conseil des Ministres ACP s’est réunie dans la perspective des préparatifs de la 37ème session du Conseil des Ministres des groupes ACP et ACP-UE. Le Conseil des Ministres ACP a, au cours de cette session, examiné plusieurs questions portant sur le coton, le sucre et la banane, les Accords de partenariat économique, les préparatifs de la Conférence des Nations Unies au Brésil et l’examen de la performance du 10ème Fonds Européen de Développement. Quant aux travaux de la 37ème session du Conseil des Ministres conjoint ACP-UE, ils ont porté sur : – la ratification de l’accord de Cotonou ; – la conférence des Nations Unies sur le Développement Durable ; – l’accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ACP à  la facilité d’investissement ; – le Centre pour le Développement de l’Entreprise ; – l’Accord de Partenariat Economique (APE) ; – la politique de développement de l’Union européenne ; – l’appui budgétaire et la coopération au développement ACP-UE après 2013 ; – l’état d’avancement de la préparation du cadre financier pluriannuel 2010 -2014 ; – la revue des performances du 10ème FED ; – et les migrations et le développement. Ces différentes sessions du Conseil des Ministres ACP et du Conseil conjoint ACP-UE ont offert au ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale l’opportunité d’éclairer les représentants des 79 Etats ACP et ceux de l’Union Européenne sur la situation politique et sécuritaire du Mali notamment dans les Régions Nord occupées par les rebelles et leurs alliés djihadistes et salafistes. Elles ont permis d’enregistrer un soutien renforcé du groupe ACP- et de l’Union Européenne à  l’endroit de notre pays. KOULOUBA, LE 1er août 2012 LE SECRETAIRE GENERAL DU GOUVERNEMENT, Mme DIAKITE Fatoumata N’DIAYE Officier de l’Ordre national

Discours de Dioncounda Traoré : La classe politique mesurée

Après son retour au bercail, le président de la Transition, Dioncounda Traoré s’est adressé à  la Nation hier. Très attendu, son discours suscite pour le moment des réactions plutôt mesurées et prudentes dans la classe politique et au sein de la société civile. De façon quasi unanime, le discours est considéré comme conciliateur. «Â  Ce discours est de nature à  créer les conditions pour une transition apaisé et consensuelle », estime Tiébilen Dramé, qui pense aussi que le Président de la transition, assume ses prérogatives, puisqu’il est le garant de la constitution, de l’unité et de la cohésion nationale . Mais des interrogations demeurent sur les conditions qui vont déterminer la mise en place des organes proposés par Dioncounda Traoré. Pour Mahamane Mariko de l’Alliance des jeunes pour la démocratie et la justice(AJDJ), le discours de Diouncounda est une belle littérature politique qui séduit par son lyrisme. Mais, tempère-t-il, il entretient un flou sur certains aspects. Le Président n’a pas donné, selon lui, son avis sur la configuration du nouveau gouvernement formation et son appréciation sur l’actuel attelage gouvernemental. Les consultations que Dioncounda compte mener pour la formation du nouveau gouvernement ne relève pas des prérogatives du Président. A qui fera-t-il ses propositions ? se demande-t-il. Silence radio à  Kati Pour Sékou Diarra du Comité malien de défense de l’eau, le discours présidentiel est un catalogue de bonnes intensions qui souffre de précisions. C’’est pourquoi il appelle à  des consultations populaires à  l’image de la convention des 21 et 22 mai 2012, pour légitimer ces propositions. Les critères de nomination des deux vice-présidents, les conditions de la mise en place du Conseil national de transition et son impact sur la prorogation du mandat des députés le laissent perplexe. M. Diarra souhaite des éclairages sur l’ouverture du gouvernement et qui ne doit pas se faire sur une base clientéliste. Certains leaders de la COPAM joints au téléphone ont préféré prendre le temps nécessaire avant de livrer leurs impressions sur le discours du président de la transition . Du coté de Kati, C’’est le silence radio. «Â Nous avons suivi les discours du président et du premier ministre de la Transition. Pour l’heure il n’y pas de commentaires à  faire  » nous a répondu laconiquement une source proche de l’ex-junte.

Dioncounda Traoré, de plein pied dans la transition

Tout juste rentré de Bamako le 27 juillet, Dioncounda Traoré a d’abord déclaré à  l’aéroport avoir de nouvelles idées pour accélérer la transition, que d’aucuns jugeaient engluée dans l’inaction d’un Premier ministre à  qui les «pleins pouvoirs» dont il est censé disposer, manquaient justement. Ces idées, Dioncounda Traoré les a dévoilées dimanche soir dans son adresse à  la Nation, non sans mentionner son agression du 21 mai. «Â Ma vie n’est rien à  côté du Mali et à  mes agresseurs je réitère mon pardon », a-t-il déclaré dans une posture de renouveau et de rassemblement. Le retour de Sanogo ? En proposant la création d’un Haut Conseil d’Etat (HCE), d’un Conseil national de la Transition (CNT) et d’une Commission nationale aux négociations (CNN), celui à  qui l’on a souvent reproché d’être un président de transition sans charisme ni pouvoir réel, semble décidé à  jouer sa partition dans la crise malienne. Le HCE comprendrait deux vice-présidents. l’un pour représenter les forces de défense et de sécurité et pour présider le Comité militaire de suivi de la réforme de ces forces. D‘emblée, beaucoup se demandent si la fonction reviendra au capitaine putschiste Amadou Aya Sanogo, à  qui l‘Accord cadre du 6 avril accorde un rôle dans la transition. Effacé depuis l’agression de Dioncounda Traoré, le militaire a fait une apparition à  l’aéroport pour montrer qu’il fallait toujours composer avec lui. Le second vice-président du HCE représenterait les forces vives de la Nation. Les partis doivent d’ors et déjà  exulter, eux qui ont toujours critiqué leur mise à  l’écart d’un gouvernement formé à  Kati par l‘ex junte et par la CEDEAO. La souveraineté du Mali en avait pris un sacré coup et C’’est une porte qui s’ouvre pour les prétendants aux deux postes. Mais cela ne devrait pas avoir lieu avant la formation du gouvernement d’union nationale, prévue d’ici une quinzaine de jours. Un Conseil National de Transition pourrait également voir le jour. Le CNT n’aurait qu’une compétence consultative et regrouperait les représentants des partis politiques présents ou non à  l’Assemblée nationale et des représentants de la société civile. Une instance qui devrait permettre à  la classe politique, qui a toujours refusé les conventions nationales proposées par Sanogo, de jouer un rôle dans la transition.   Les prérogatives du Premier ministre réduites ? Dioncounda Traoré entend également mener lui-même les consultations en vue de la formation du gouvernement d’union nationale, écartant de fait le Premier ministre Cheick Modibo Diarra à  qui la CEDEAO avait intimé l‘ordre de former ce nouveau gouvernement. Ce dernier a déclaré que l’ultimatum de la CEDEAO fixé au 31 juillet, n’était qu’une date indicative. Lorsque dans son interview télé sur ses 100 premiers jours, il prétend qu’on ne peut libérer le nord, d’islamistes qui s’y sont installés depuis une dizaine d’années, Cheick Modibo Diarra fait-il un aveu d’impuissance ? De fait, le chef du gouvernement aura désormais à  apprécier les propositions du Président de la transition. «Â Il est surtout heureux, précise, Tiébilen Dramé, vice président de la Coalition pour le Mali, que le Président de la transition prenne enfin ses responsabilités et faire ces consultations, en fait partie ! » Priorité au Nord Dernière innovation souhaitée par le président de la transition, la création d’une Commission nationale aux négociations. Alors que seuls des contacts informels ont été établis avec les occupants pour le moment, la CNN serait chargée «Â d’engager avec les mouvements armés du Nord du Mali des pourparlers de paix en relation avec le médiateur de la CEDEAO afin de rechercher par le dialogue, des solutions politiques négociées à  la crise ». «Â Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, C’’est le temps de la mobilisation de toutes et de tous pour sauver notre pays en danger », a-t-il souligné en conclusion, mettant en garde les acteurs politiques contre toutes nouvelles divisions. Désormais, ce sera « tous avec Dioncounda pour sauver le Mali ».

Discours à la Nation de Dioncounda Traoré (VIDEO)

Chers compatriotes, Vous comprendrez, j’en suis sûr, que je commence par rendre grâce à  Allah Tout Puissant qui dans sa mansuétude infinie, me donne en cet instant, le privilège de pouvoir m’adresser à  vous après le triste épisode du 21 mai oà¹, au-delà  de ma modeste personne, il a été porté un coup de plus à  nos valeurs et à  notre société. Je l’ai déjà  dit et je le répète aujourd’hui ; ma vie n’est rien à  côté du Mali et à  mes agresseurs je réitère mon pardon. Je pardonne pour le Mali, je pardonne au nom du Mali, car le Mali a besoin de toute son énergie et de tous ses enfants pour se remettre debout. Aujourd’hui plus que jamais il nous faut être à  la hauteur de nos ambitions et de l’Histoire. Et pour cela nous devons avoir le sens de la magnanimité et celui du dialogue. Permettez-moi donc mes chers compatriotes de vous inviter, une fois de plus, toutes et tous à  vous pardonner les uns les autres surtout en ce mois béni du Ramadan que je souhaite à  la fois apaisant et apaisé pour toutes nos communautés, toutes nos confessions et aussi au C’œur d’un hivernage que je désire satisfaisant pour nos producteurs. Mes chers compatriotes, Je n’ai d’autre combat que le vôtre, pour une vie libre, sereine, digne et prospère. Oui, je dis avec fierté aujourd’hui que je n’ai jamais triché avec ce pays, jamais pris la part d’autrui, jamais violé ni les principes, ni les normes, ni les consensus auxquels je suis partie, ni mes convictions pour la démocratie la justice et la solidarité. Telles sont mes valeurs et mes convictions profondes, telles elles le resteront. Mes chers compatriotes, Nous sommes à  un tournant capital de l’évolution du Mali en tant qu’Etat, en tant que nation, en tant que peuple. Je demeure convaincu, loin du pessimisme qui pourrait gagner quelques uns d’entre nous, que les défis qui sont aujourd’hui ceux de notre Pays peuvent être relevés. Le Mali ne s’effondrera pas, malgré les rudes coups qu’il a reçus. Le Mali se redressera encore plus fier, encore plus solide ! Parce que la nation malienne est une grande nation. Une nation grande de chacune de ses communautés des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal et du district de Bamako. L’action isolée de quelques uns de ses enfants, momentanément égarés et celle de ceux qui n’aiment pas assez ce grand pays pour oublier un peu leurs personnes ne doivent pas occulter l’atout majeur que nous avons : celui d’avoir une majorité saine, des hommes et des femmes qui travaillent sous le soleil et la pluie et sur lesquels nous pouvons compter à  tout moment. Le Mali ne s’effondrera pas, parce que fort de son passé, protégé par son histoire et fier de ses cultures qui ont contribué à  la civilisation de l’universel et qui ont donné Tombouctou, Djenné et Sangha au monde. Enfin le Mali ne s’effondrera pas parce qu’il n’est pas seul. Il ne saurait être seul, pour avoir été de tous les combats pour la libération et le rayonnement de l’Afrique, pour le développement et la démocratie dans le monde. Chers compatriotes, Nous devons rester ouverts à  tous les souffles, nous qui avons offert notre solidarité quand d’autres en avaient besoin, aussi bien en Afrique qu’ailleurs ! Nous devons comprendre et apprécier à  sa juste valeur le formidable élan de solidarité qui s’est manifesté pour la préservation de notre intégrité territoriale et la sauvegarde de notre démocratie. A cet égard, la CEDEAO, l’Union Africaine, les Nations Unies et nos partenaires bilatéraux et multilatéraux ne sauraient être nos ennemis. Ce sont au contraire des mains amies qui nous sont tendues, soucieuses de nos problèmes internes certes, mais aussi des menaces qu’en ce moment le Mali, jadis porteur de paix, représente pour la sécurité, de la sous-région, de l’Afrique et du monde. Nous devons, et justement pour reconquérir notre souveraineté totale accepter cette solidarité, car elle découle du contrat qu’ont signé entre eux les pays candidats à  la communauté des démocraties. Nous n’oublierons jamais dans ce partenariat ce qui fait l’identité du Mali et ce que doit être son apport et ce qui doit relever de sa seule compétence. En revanche nous nous devons d’éviter les débats qui nous mettent en deçà  de l’Histoire et qui portent à  terme un lourd préjudice à  ce pays que nous avons en partage. Mes chers compatriotes, Chacun et chacune d’entre nous a une dette envers le Mali. Il est grand temps pour chacun et chacune d’entre nous de payer une petite part de cette dette, de payer ne serait-ce qu’une toute petite part ! Ce n’est pas demander l’impossible : il s’agit ici d’une idée, là  d’un peu de sincérité, ici de solidarité, là  de détermination pour ensemble arriver à  proposer les justes réponses aux défis du jour et aux bégaiements de l’Histoire. Aucune des épreuves que nous connaissons depuis le début de l’année, n’est une fatalité pour une terre de solidarité, d’indulgence, de sacrifices et de dignité ! Nous avons été la terre de ces valeurs fortes. Nous n’avons pas d’autre choix que de redevenir cette terre de valeurs fortes. C’est là  le seul moyen de mériter de nos illustres devanciers dont l’action prévoyante nous a permis d’être ensemble aujourd’hui et de constituer le Mali. Je pense à  Kaya Makan CISSE, Soundiata KEITA, Sonni Aliber, Askia Mohamed, Da Monzon, Biton COULIBALY, Sékou Ahmadou, Babemba, Tiéba, El Hadj Oumar TALL, Firoun Ag el Ansar, Samory TOURE, Mamadou KONATE, Modibo KEITA ainsi que tous leurs compagnons. Nous devons mériter d’eux dans l’épreuve qui est aujourd’hui la notre, dont nous devons tirer toutes les leçons mais que nous devons surmonter en sachant que les urgences et les contingences nous enlèvent désormais tout droit aux atermoiements et à  l’erreur. Le Mali est la somme de nos différences et de notre diversité, de nos qualités et de nos intelligences, de nos connaissances et de nos compétences, la somme de nos êtres physiques et moraux il est donc nécessairement beaucoup plus que chacun d’entre nous, il est donc forcément aux dessus de chacun d’entre nous. Or du 17 janvier 2012, date des premières attaques perpétrées contre notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale par des mouvements armés, du 17 janvier à  nos jours il n’y a eu aucun répit dans le processus de désintégration de notre pays. Le Mali coupé en deux, les images de personnes déplacées avec leur baluchon sur la tête, des femmes harassées tenant par la main leurs enfants apeurés, des vieilles personnes décharnées se trainant le long des axes routiers, nos populations et nos villes martyrisées. Tombouctou profanée et nos patrimoines culturels détruits .Bref ces images de la détresse humaine que nous avions l’habitude de voir à  la télévision ne sont plus virtuelles. Elles sont devenues aujourd’hui la réalité malienne, une réalité qui nous rappelle cruellement que « ce n’est pas qu’aux autres que cela arrive » ! Au regard de la complexité de cette crise et la profondeur de la détresse dans laquelle sont plongées nos populations du nord mais aussi tous leurs concitoyens du reste du pays il est impérieux qu’en tant qu’acteurs nationaux, en tant que patriotes, en tant que démocrates, nous dégagions ensemble, je dis bien ensemble, la voie à  suivre pour libérer notre pays de tous ces envahisseurs qui sèment dans leur sillage, désolation, déchéance et douleur. C’est pourquoi nous devons tous être acquis à  l’alliance la plus large possible et la plus forte possible pour s’attaquer aux défis actuels de notre pays. Et c’est pourquoi je formule les propositions suivantes, susceptibles d’améliorations et d’amendements, et dont j’espère qu’elles emporteront votre adhésion. I. SECURITE DES INSTITUTIONS DE LA TRANSITION Je voudrais réaffirmer ici la position qui a toujours été la mienne. « Je fais entièrement confiances aux services de sécurité maliens et à  l’armée malienne pour assurer la sécurité du Président de la République et celles des autres institutions de la République ». Les dispositions déjà  prises ou envisagées pourront, bien entendu, être affinées et améliorées en fonction des moyens et équipements que nous pourront réaliser. II. ORGANES DE LA TRANSITION Dans le but de compléter l’architecture institutionnelle de mieux l’adapter aux réalités sociopolitiques, aux missions de la transition, dans l’esprit de l’article 6 de l’accord cadre, je propose A/ Un Haut Conseil d’Etat (HCE) constitué du Président de la République et de deux Vice-Présidents chargés d’assister le Président dans l’accomplissement des missions de la Transition. · L’un des Vice-Présidents représentera les Forces de Défense et de Sécurité et à  ce titre il présidera notamment le Comité militaire de suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité et s’occupera de toutes les questions militaires concernant le Nord du Mali ; · L’autre Vice-Président représentera les autres composantes des Forces vives de la Nation. B/ Un Gouvernement d’Union Nationale : o๠seront représentées toutes les composantes des Forces Vives. Les consultations conduisant à  sa formation seront menées par le Président de la République. C/ Un Conseil National de Transition (CNT) : ayant une compétence consultative et regroupant les représentants des partis politiques présents ou non à  l’Assemblée Nationale et des représentants de la Société Civile. Il sera piloté par le Vice-Président représentant les Forces vices. D/ Une Commission Nationale aux Négociations (CNN) : conforme au souhait des Chefs d’Etat de la CEDEAO formulé au point 18 du communiqué final de la deuxième réunion du groupe de contact sur le Mali. Cette commission sera chargée d’engager avec les mouvements armés du Nord du Mali des pourparlers de paix en relation avec le médiateur de la CEDEAO afin de rechercher par le dialogue, des solutions politiques négociées à  la crise. E/ Une requête en direction de la CEDEAO (de l’Union Africaine et des Nations Unies) en fonction des conclusions de la mission qui a séjourné dernièrement à  Bamako. Les Vice-présidents seront nommés et le Conseil National de la Transition (CNT) sera mis en place dans les meilleurs délais et en tout cas dans la quinzaine qui suivra la mise en place du Gouvernement d’Union Nationale. Par ailleurs il reste entendu que ni le Président, ni le Premier ministre, ni les Ministres ne pourront se présenter à  la prochaine élection présidentielle. Mes chers compatriotes, Il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, c’est le temps de la mobilisation de toutes et de tous pour sauver notre Pays en danger. C’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi. Il s’agit aujourd’hui d’observer une trêve dans ces guéguerres improbables. Il s’agit de faire du Mali notre seule priorité. Il s’agit de ne plus perdre de temps dans des polémiques stériles, nous sommes engagés dans une course contre la montre et chaque seconde qui passe complique davantage les solutions requises. Il s’agit de se focaliser sur l’essentiel c’est-à -dire notre intégrité territoriale et notre démocratie. Nous devons impérativement nous mettre d’accord entre enfants d’un même pays et faire montre de responsabilité en même temps que d’une volonté et d’une détermination sans faille. Ce que notre attachement à  notre pays, à  notre intégrité territoriale, à  l’unité de notre nations nous commande aujourd’hui, ce que les populations du Nord, nos compatriotes qui souffrent le martyr, ce que nos centaines de milliers de déplacés et de réfugiés nous demandent aujourd’hui c’est d’être unis et solidaires devant l’adversité. C’est de créer autour de notre armée un climat de confiance et une union sacrée pour arriver à  la réconcilier avec elle même, à  la reconstruire, à  l’équiper et à  la mettre dans toutes les conditions pour qu’elle puisse mener à  bien sa mission de libération des territoires occupés. Alors unissons-nous pour sauver notre Patrie. Unissons-nous pour préserver notre démocratie. C’est l’appel vibrant que je vous lance, Maliennes et Maliens du Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest. Mes chers compatriotes, Il n’y a aucune raison de désespérer. Nous sommes un Peuple digne, un Peuple courageux. Tous ensemble nous relèverons tous les défis aux quels nous sommes confrontés. Nous pouvons le faire et nous le ferons avec la grâce d’Allah. Et si vous nous faites confiance nous étonnerons plus d’un par la rapidité avec laquelle cette crise sera résolue !! Je vous en donne l’assurance, dans très peu de temps, le Mali sera débarrassé de l’irrédentisme, du narcotrafic et du terrorisme religieux, de toutes les formes d’insécurité qui mettent en danger la paix des citoyens. Notre pays reviendra à  lui-même. Il redeviendra lui-même : un pays d’accueil pour tout le monde, un pays de tolérance pour les religions, un pays qui ne sera plus une menace pour ses voisins, un pays qui élira bientôt son futur Président à  l’issue d’élections irréprochables. Tous nous devons en faire le serment ici et maintenant car une telle mission n’est pas au dessus des moyens du Grand Peuple que nous sommes et pour le Mali, je le répète ici j’accepterai, pour ma part, tous les sacrifices ! Merci pour votre confiance, merci pour votre sollicitude, merci pour votre patience. Vive le Mali éternel, un et indivisible ! Que le Tout Puissant nous inspire et qu’Il protège et bénisse le Mali.

Crise malienne Mali : le Premier ministre Cheick Modibo Diarra affirme qu’il ne démissionnera pas

« Je ne démissionnerai pas. Si je dois démissionner, à  qui je dois remettre ma démission ? Parce que l’accord-cadre (de Ouagadougou) dit que le président (intérimaire) ne peut pas accepter ma démission », a déclaré M. Diarra dans cet entretien avec Africable, une chaà®ne de télévision basée à  Bamako. Cet accord signé le 6 avril entre l’ex-junte qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré et la médiation ouest-africaine avait prévu la remise du pouvoir aux civils, un président et un Premier ministre de transition. « La deuxième chose, c’est que je suis un enfant de ce pays, le Mali qui m’a tout donné. Et quand ce pays me confie une tâche, tant que je resterai debout, je ne vais jamais démissionner », a ajouté M. Diarra, en poste depuis le 17 avril. Cette déclaration de Cheick Modibo Diarra a lieu au lendemain du retour à  Bamako du président de transition Dioncounda Traoré, après deux mois passés à  Paris suite à  une agression le 21 mai dans la capitale malienne par une foule hostile. Contesté Dioncounda Traoré doit décider s’il maintient à  son poste Cheick Modibo Diarra, astrophysicien de renommée internationale mais qui est de plus en plus contesté. Dans un virulent communiqué publié mardi, le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (F, qui regroupe 140 partis politiques dont l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) du président Dioncounda Traoré, syndicats et organisations de la société civile, avait demandé la démission de M. Diarra. Le FDR, qui s’était opposé au coup d’Etat du 22 mars, lui reproche de n’avoir « aucune stratégie » pour libérer le Nord du Mali occupé depuis quatre mois par des groupes islamistes alliés à  Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). « C’est moi le chef du gouvernement qui propose une équipe au président. J’ai déjà  en tête l’architecture de la future équipe. Evidemment des gens qui ont des moyens et qui n’aiment pas le gouvernement, (ont le) droit d’utiliser leurs moyens pour payer (des) journaux pour faire du lobbying », a-t-il précisé. Reconquête et élections « On m’a confié une responsabilité, celle de diriger ce pays pendant la transition, de reconquérir le Nord, d’organiser des élections crédibles, transparentes pour qu’il n’y ait pas de conflits post-électoraux », affirme Cheick Modibo Diarra. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) a donné jusqu’au mardi 31 juillet aux autorités de transition pour former un gouvernement d’union nationale qui ait, en particulier, la légitimité de demander une intervention militaire pour combattre Aqmi et ses alliés dans le Nord, ce que n’a jamais fait M. Diarra.