20 millions d’euros pour promouvoir l’État de droit

L’Union européenne a annoncé vendredi le déblocage de 20 millions d’euros pour aider à  la stabilisation du Mali, destinés notamment à  la restauration de l’à‰tat de droit et des services publics comme l’éducation. Cette enveloppe s’ajoute aux 250 millions d’euros d’aide publique. La nouvelle enveloppe de 20 millions sera destinée à  rétablir l’à‰tat de droit. Dans le nord du pays, repris aux groupes islamistes armés par l’armée française, les services de sécurité seront dotés de véhicules et d’équipements de communication. L’UE entend aussi aider les autorités maliennes à  protéger les centres urbains et les infrastructures sensibles des menaces terroristes, notamment à  Bamako. Soutien logistique et financier L’aide, qui provient d’un fonds spécial pour la prévention des conflits (Instrument for stability, IfS), permettra aussi de rétablir des services publics de base comme des écoles et des centres médicaux. Une partie servira à  promouvoir les initiatives en faveur du dialogue et de la réconciliation au niveau local, notamment grâce à  des programmes de radio, et à  contribuer au processus électoral. Cette nouvelle aide fait partie de la « réponse globale de l’UE à  la crise malienne, et complète les efforts en cours de la part de l’Union », a souligné la Commission dans un communiqué. Elle rappelle le soutien logistique et financier de l’UE à  la mission africaine (Misma), d’un montant de 50 millions d’euros, ainsi que la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM), dont le déploiement effectif doit être approuvé lundi par les ministres des Affaires étrangères de l’UE. Les grandes villes du Nord reprises par l’armée en deux semaines Mardi, la Commission avait annoncé la reprise progressive de son aide publique au Mali, qui avait été gelée après le coup d’à‰tat de mars 2012, pour tirer les conséquences de l’adoption par les autorités maliennes de la feuille de route pour restaurer la démocratie. L’UE avait rappelé que cette aide publique portait sur 250 millions d’euros. La France est intervenue militairement au Mali le 11 janvier face à  l’avancée vers Bamako des insurgés islamistes qui occupaient le nord depuis la mi-2012. L’opération de l’armée française a permis en deux semaines de reprendre les grandes villes du Nord occupées pendant près de dix mois par les groupes liés à  al-Qaida.

Journée mondiale de la radio : top départ !

Mardi 13 février 2013, 360 messages de 48 pays ont été diffusés sur les ondes à  travers le monde. Parmi ces messages, ceux du Mali. En cette période de conflit, le thème retenu pour ouvrir le débat était : « Les Maliens et leur radio ». Pour Abdoulaye Handane Djittèye, animateur à  Radio Kledu, « la mission consiste à  informer, éduquer, sensibiliser, mobiliser et divertir, tout en rappelant aux auditeurs leurs responsabilités en cette période de guerre. Nous leur disons également de ne pas faire l’amalgame pour empirer une situation déjà  grave ». www.wrd13.com Sébastien Nègre est un jeune français, il est chargé du site du Comité international de la Journée mondiale de la radio (www.wrd13.com) et Chargé de mission Radio et Internet à  l’URTI (Union Radiophonique et Télévisuelle Internationale). Voici ce qu’il retient de cette journée mondiale de la radio version malienne : « La première édition de la Journée Mondiale de la Radio met en avant l’idée que la radio joue un rôle essentiel en période de crise. C’est le cas au Mali. Au moment o๠l’avenir politique du Mali est incertain, les auditeurs et les journalistes utilisent la radio pour faire avancer la réflexion. Ce n’est pas la radio qui va finaliser un processus politique stable. Mais elle y contribue très fortement. » Le site www.wrd13.com créé par l’URTI contient une dizaine de messages sur la situation du Mali. Ces messages ont été enregistrés pour la plupart par des animateurs et des journalistes du Mali. De nombreuses langues du pays ont été utilisées tel que le songhoà¯, le sarakolé, le tamasheq etc. M. Nègre déplore l’absence des langues comme le bambara et le peul. La radio est l’outil de communication le plus utilisé dans le monde et touche près de 80% de la population au Mali. Selon l’Unesco, « la radio peut sauver des vies en cas de catastrophes naturelles ou d’origine humaine, et fournit aux journalistes une plateforme o๠ils peuvent s’exprimer et rapporter l’information ».

Quel Etat après la guerre ?

On parlera ici de l’échec quasi total de l’Etat malien ces dernières années, et donc de ses politiques. Quelques données suffisent pour en évoquer les dégâts : un IDH (indice de développement humain) qui reste scotché dans les bas-fonds du classement mondial (même s’il augmente depuis les années 1990), une émigration continue des populations, fuyant la déliquescence des différents secteurs comme l’éducation, la santé, l’économie… Une fois la vitrine démocratique écroulée, minée par des présidences corrompues, cédant au clientélisme et à  la gabegie, l’ampleur des défaillances s’est faite jour, planquée derrière une façade que la communauté internationale feignait de prendre pour un édifice solide. C’est notamment à  l’occasion du coup d’Etat du 22 mars 2012 du capitaine Sanogo – à  quelques semaines de l’élection présidentielle (premier tour prévu le 29 avril 2012 !) – que l’on a compris ce qui se cachait derrière les murs blancs du palais de la colline de Koulouba. On se dit à  Bamako et ailleurs que le professeur Alpha Oumar Konaré, président de la République du 8 juin 1992 au 8 juin 2002, a notamment réussi à  mettre par terre le secteur de l’éducation malienne, et que le militaire Amadou Toumani Touré, président du pays du 8 juin 2002 au 22 mars 2012, n’aura réussi qu’à  faire voler en éclats une armée si peu républicaine, et dont les hommes de troupe et les sous-officiers sont prêts à  décamper devant l’ennemi… et à  fondre sur le palais de la présidence. Les résultats de ces dernières années ne sont pas glorieux. Comme le précise Marie-Françoise Durand, professeur agrégé de géographie à  Sciences-Po et auteure de L’Atlas de la mondialisation, le constat est amer et peut se résumer en trois points. – Un Etat en décomposition, favorisant une culture de prédation, de corruption et une défaillance notoire au développement. Sans oublier une incapacité à  dialoguer avec des Touareg, en rébellion armée pratiquement toutes les décennies, à  avancer vers une solution politique. – Une société civile en souffrance, fatiguée de l’échec des politiques de développement depuis plusieurs décennies. Une jeunesse importante sans beaucoup de perspectives, vouée au chômage, qui n’a comme recours que l’émigration (de plus en plus difficile vers l’Europe), le « business » (on pourrait dire trafic) en tout genre (il faut bien avoir « le prix des condiments »), la violence parfois ou la religion (ou du moins une interprétation de cette dernière qui permet une fiction d’égalité). – L’apparition du grand banditisme transnational, qui se développe d’autant plus que l’Etat s’écroule et que les populations souffrent. Trafic de haschich marocain, de cocaà¯ne colombienne, de voitures, de cigarettes, d’armes, d’êtres humains (migrants)… parfois en connexion avec des réseaux salafistes, eux aussi transnationaux et déterritorialisés. Sans oublier des mobilisations qui se font, crise oblige, sur des bases ethniques ou religieuses et qui mettent à  bas l’idée de concorde nationale, d’ouverture, privilégiant le repli sur soi. Lorsque la guerre se terminera, ou du moins sera circonscrite au fin fond du nord-est du pays, au niveau de l’Adar des Ifoghas, il sera temps de penser à  refonder cette démocratie que l’on avait eu tort de croire en marche. Evoquée lors du triomphant passage éclair du président français François Hollande à  Tombouctou et à  Bamako le 2 février, l’élection présidentielle malienne devrait se tenir avant la fin du mois de juillet prochain. Du moins, c’est l’objectif annoncé. Car il s’agit notamment de convaincre les centaines de milliers de Maliens de « rentrer au pays », après avoir fuit l’obscurantisme islamique moyenâgeux en Mauritanie, en Algérie, au Niger, au Burkina, d’établir de nouvelles listes électorales, d’organiser toute une logistique au moment o๠les pluies de l’hivernage inonderont le pays… Un travail titanesque. Quelques hommes s’y préparent déjà . Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK) est de ceux-là . Ancien premier ministre d’Alpha Oumar Konaté de 1994 à  2000, ancien président de l’Assemblée nationale de 2002 à  2007, réputé homme à  poigne, candidat malheureux à  l’élection présidentielle de 2007 et à  celle avortée de 2012, il vient de passer quelques jours à  Paris, rencontrant probablement ce qu’il faut de personnalités influentes. Il aurait les faveurs de la France et des Etats-Unis. Demeure une inconnue de taille : que manigancent le petit capitaine Sanogo et sa bande, celui qui se prend pour le De Gaulle du Sahel !? Après avoir lancé ses sbires à  l’assaut du palais de Koulouba le 21 mai 2012, qui a failli coûter la vie à  Dioncounda Traoré, le président par intérim, après avoir arrêté et fait démissionné Cheick Modibo Diarra, le premier ministre par intérim le 11 décembre 2012, il vient d’essayer de régler ses comptes avec les « bérets rouges ». La garde prétorienne de l’ancien président Amadou Toumani Touré, qu’il a chassé du pouvoir lors du coup d’Etat du 22 mars 2012, a été attaquée en plein Bamako, près de son camp militaire dans le quartier de Djicoroni. La guerre des bérets continue donc, minant la vie politique malienne déjà  si fragile. Responsables d’arrestations arbitraires avec son lot de « mauvais traitements » envers des civils et des militaires, de disparitions inexpliquées, les « bérets verts » de Sanogo n’ont pas supporté l’arrivée des troupes françaises lors du déclenchement de l’opération Serval. Cantonné à  Kati, à  quelques kilomètres de Bamako, Sanogo négocierait avec la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) quelques postes diplomatiques juteux pour ses compagnons. Ce dernier coup de force contre les « bérets rouges » serait-il un moyen de faire comprendre qu’il rêve d’être incontournable ? Le pire pour le Mali… Enfin, quid des rapports entre les autorités de Bamako et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ? Au moment o๠les deux parties semblent enfin pouvoir se parler, la justice malienne vient de lancer des mandats d’arrêt envers certains chefs des groupes narco-djihadistes d’Ansar Dine et du Mujao, mais aussi à  l’encontre de certaines personnalités du MNLA. Comme amorce au dialogue, on peut rêver mieux… Revenu sur la scène politique et militaire après avoir été balayé par les groupes narco-djihadistes, le MNLA a mis de l’eau dans son thé, parlant maintenant d’autodétermination dans le cadre d’un Etat fédéral, après avoir déclaré unilatéralement l’indépendance de l’Azawad le 6 avril 2012. Un fait semble clair : même sous couvert de la communauté internationale, la volonté sincère de dialogue ne pourra se faire si l’une ou l’autre des deux parties n’est pas réellement prête à  parler, à  négocier. Aucune solution pérenne ne pourra venir de l’extérieur des frontières du Mali. Depuis l’indépendance du Mali, les rébellions dites touarègues ont secoué pratiquement toutes les décennies le nord du pays, se révélant de plus en plus fortes au fil des années, toujours d’abord matées dans le sang par Bamako, pour enfin trouver un accord précaire. Faudra-t-il de nouveaux drames, supportés essentiellement par les populations civiles, pour qu’une véritable solution politique partagée émerge ? Ce chantier colossal devra faire partie de l’une des toutes premières priorités du nouveau pouvoir à  Bamako. A la charge du MNLA de prouver qu’il est un mouvement supporté par la majorité des populations du nord, prêt à  participer au profit de tous les peuples de l’Azawad, sans exclusive, comme le déclarait Bilal Ag Achérif, secrétaire général du MNLA, à  Africamix.

Exclusif: Au Mali, dans la maison du djihadiste Mokhtar Belmokhtar

C’est une villa jaune, quelconque, entourée d’un muret, dans le quartier de Bourgoundjé, à  Gao, dans l’est du Mali. Mokhtar Belmokhtar et ses hommes y ont passé leurs dernières heures avant de quitter précipitamment les lieux, le 19 ou le 20 janvier, lors des premiers bombardements français sur la ville. Depuis le début du conflit, selon les habitants de Gao, la présence d’un des fondateurs du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) n’a jamais été mise en doute, mais elle s’apparente à  celle d’un fantôme. Une des dépendances de la petite villa est remplie de grenades, de boà®tes de munitions, et d’engins explosifs artisanaux. Dans le bâtiment principal, pillé par la population, il reste seulement quelques documents sur le sol. Parmi eux, les pages du Coran, des manuels de propagande djihadiste, un dossier complet sur la conduite à  tenir pour communiquer secrètement par Internet. Sur des cahiers d’écolier, écrites à  la main et en arabe, des listes de noms auxquels sont liées d’importantes sommes d’argent. Ce dernier refuge mis à  part, l’Algérien a passé ces derniers mois à  Gao dans au moins deux autres demeures. Dans la première, o๠il a vécu un mois entre avril et juin 2012, il était accompagné de son épouse malienne. Selon des témoins anonymes, des membres du Mujao ont pris sa suite dans la villa, o๠ils fumaient cigarettes et marijuana – deux plaisirs interdits à  la population locale. Une ex-clinique de la Croix Rouge a été la seconde maison de Mokhtar Belmokhtar, entre juin 2012 et janvier 2013. Il ne sortait que la nuit Pendant ces mois passés à  Gao, Mokhtar Belmokhtar s’est très peu montré. « Il semblait toujours fâché », raconte Ibrahim, jeune habitant voisin de la clinique. « Les rares fois o๠je l’ai aperçu, il était entouré de 30 ou 40 hommes costauds, enturbannés et bien armés. » Des témoins ont vu son enfant, âgé de 10 ans, tenir tête aux représentants du Mouvement Indépendantiste Touareg (MNLA), en avril dernier, Kalachnikov à  la main, lors des affrontements entre factions rivales. Le visage entouré d’un turban beige, Belaghouar (« Le Borgne »), sortait uniquement la nuit. Seuls ses amis proches, au demeurant, pouvaient le surnommer de la sorte, car l’agressivité que l’homme a pu manifester lors de ses rares échanges avec la population semble constituer une de ses caractéristiques.  » Il disait seulement :  »Salam alekoum ». Il était très intimidant « , raconte Mohamed, qui, pour 2000 francs CFA par jour (2,90 euros), lavait son linge. Ibrahim, comme d’autres jeunes du quartier, passait régulièrement à  son domicile, afin d’y récupérer du carburant pour les motos, des puces de téléphones, des cartes mémoires. Il prépare sa revanche La vie de Mokhtar bel Mokhtar à  Gao, selon les témoins, semblait réglée comme une horloge. Chaque soir, il partait à  20 heures dormir dans le désert, et revenait le lendemain au lever du soleil. S’il quittait la ville pour une de ses missions « extérieures », à  bord d’un Land Cruiser blanc, sans plaque d’immatriculation, il revenait toujours à  Gao pour la grande prière du vendredi. Dans les jours qui suivent les bombardements, on perd sa trace. La dernière vidéo de lui, au cours de laquelle il a revendiqué la prise d’otages d’In Amenas, montre un homme qui s’est défait de son éternel turban – le symbole, chez les djihadistes, qu’il est désormais prêt au martyr. Selon des sources sécuritaires, il pourrait se trouver à  80 kilomètres de Gao, dans la brousse, à  proximité du village de Téméra. L' »émir du Sahel » préparerait sa revanche. L’attaque suicide à  Gao, le vendredi 8 février au matin revendiquée par le Mujao, les missiles envoyés en direction de Gao ces derniers jours, et les mines antichars qui ont explosé sur les routes menant à  la ville, constitueraient les premières preuves de cette promesse.

Armée Malienne: « Kidal ne fera pas exception »

La question de Kidal demeure la plus sensible dans la guerre en cours en ce moment au Mali. Et pour cause la présence des soldats français dans cette ville sans l’armée malienne suscite des colères et des frustrations auprès des populations civiles. Les militaires ont tenu à  partager leur vision de cette situation. Face à  la presse, Souleymane Dembélé affirme que la région de Kidal ne fera pas exception dans le cadre de la reconquête des zones occupées du Mali. Selon lui, l’armée malienne s’est investie dans une mission de reconquérir tout le territoire occupé par les islamistes. « Partout o๠se retranchent les islamistes, l’armée sera là -bas pour les bouter hors du Mali » martèle –t-il. Concernant la négociation avec le MNLA, Souleymane Maiga directeur de la DIRPA est formel, « l’armée malienne ne gère pas l’aspect politique, mais tout groupe armé qui possède des armes sera combattu par l’armée malienne. Si le MNLA détient les armes, nous allons le combattre car il est considéré comme l’ennemi du pays ». Et il ajoute que les militaires maliens sont en route pour Kidal avant de rappeler cette est route très accidentée, ce qui rend son accès difficile. « l’armée malienne n’est pas bien outillée comme la France qui a aéroporté ses hommes pour occuper le terrain » dit-t-il. La présence de la France à  Kidal sans l’armée est également stratégique, selon Souleymane Dembélé. La France n’a aucun intérêt à  mettre l’armée malienne à  l’écart mais elle a aussi un intérêt qui est de sauver la vie de ses otages dans les montagnes de Kidal. Vous verrez l’armée malienne et française qui contrôleront cette région bientôt » dit-t-il. « C’’est honteux de faire du bruit à  Bamako» Ce matin les Bamakois se sont réveillés avec les bruits d’un nouvel affrontement entre bérets rouges et verts. Il y a à  peine dix jours, des bérets rouges incarcérés depuis le mois de mai, étaient libérés. Tous avaient pensé alors à  la réconciliation des corps dans l’armée malienne. Ce vendredi, des bérets rouges qui voulaient se réunir en auraient été empêchés des bérets verts. Des coups de feu ont été tirés faisant deux morts, selon une source militaire citées par l’AFP et plusieurs blessés. Pour le lieutenant-colonel Soulyemane Dembélé, l’ « affaire des bérets rouges est un non-événement ». Il affirme que les bérets rouges qui ont participé au contre coup ont commis un acte d’indiscipline notoire dans l’armée. « Malgré tout, nous avons essayé de les manager pour les repartir dans les différents corps afin de combattre les ennemis communs qui sont les islamistes » ajoute –t- l’officier. Selon le directeur adjoint de la DIRPA, il reste quelques bérets rouges qui sèment la zizanie dans l’armée. « Je pense qu’il est honteux que les militaires maliens fassent du bruit à  Bamako pendant que les étrangers qui sont venus nous aider sont au front » déplore –t-il. Concernant la MISMA, le communicateur de l’armée malienne a annoncé que de nouveaux contingents sont arrivés de la Guinée Conakry et du Sénégal. Actuellement le commandement de la MISMA travaille sur le déploiement de ces forces sur le terrain.

Le tumultueux parcours des rebelles touaregs du MNLA

Le MNLA représente une minorité au sein d’une communauté elle-même largement minoritaire au Mali, de 300.000 à  500.000 personnes sur 14 millions d’habitants. il a ses entrées en France o๠ses responsables sont reçus au ministère des Affaires étrangères et sur les plateaux de télévision, ce qui a sans doute contribué à  donner une vision déformée de son emprise sur le terrain.. A l’orrigine, le parrainage de Kadhafi Fort de son pactole pétrolier, le colonel Kadhafi, qui se voyait en « guide » non seulement de la « Grande Jamahiriya (République) arabe libyenne populaire et socialiste », mais aussi de toute l’Afrique, instrumentalise les Touaregs, ce peuple éparpillé sur cinq pays par les frontières de la colonisation, pour déstabiliser ses voisins. Dans les années 1970, Il recrute des « hommes bleus », nomades marginalisés par les pouvoirs centraux et appauvris par des sécheresses à  répétition. Le colonnel Kadhafi forme militairement les Touaregs, réputés pour leur tradition guerrière: Certains sont expédiés au Tchad ou au Liban. Nombre de Touaregs sont intégrés à  l’armée libyenne au sein d’une « légion islamique ». Après le soulèvement qui a démarré à  Benghazi au printemps 2011, quand les choses commencent à  mal tourner pour leur parrain libyen, plusieurs centaines des ces soldats prennent, à  l’automne 2011, la route du Mali, dévalisant au passage quelques arsenaux. Ils s’unissent à  de jeunes militants indépendantistes qui ont créé en un an plus tôt le Mouvement national de l’Azawad. Cette fusion donner naissance, en octobre 2011, au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui revendique l’indépendance du Nord du Mali. La naissance d’Ansar Eddine Un dirigeant touareg historique, Iyad Ag Ghaly, ancien lui aussi de la « légion islamique » libyenne, qui a depuis versé dans le salafisme au contact de prédicateurs pakistanais, revendique le commandement militaire du MNLA, Devant le refus de ce dernier, il fonde son propre mouvement, Ansar Eddine (Défenseurs de la religion). Auréolé de son prestige passé, Ag Ghali ramène dans son orbite quelques jeunes Touaregs proches d’Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et des djihadistes confirmés. Parrallèlement, apparaà®t, également à  l’automne 2011, un autre groupe armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), formé d’activistes maliens et mauritaniens noirs qui se réclament eux aussi d’Al Qaà¯da. L’alliance avec Ansar Eddine Le 17 janvier 2012, le MNLA lance une offensive surprise et prend plusieurs villes du nord-est du Mali, Ménaka, Aguelhok, Tessalit. Pour mener cette attaque, le MNLA, qui se dit laà¯que, s’allie au Groupe Ansar Eddine. L’armée malienne, sous-équipée, est rapidement défaite face à  ces combattants aguerris et fortement armés. Les rebelles sont rejoints par des soldats touaregs de l’armée malienne en déroute. Lors de l’offensive de janvier 2012, des exactions sont commises, en particulier à  Aguelhok, o๠une centaine de soldats maliens sont exécutés. Le manque de moyens de l’armée malienne est à  l’origine du coup d’Etat militaire du 22 mars à  Bamako. Les putschistes dénoncent l’abandon des soldats dans le Nord. L’indépendance … la charia, et l’éviction Profitant du chaos dans la capitale malienne, les rebelles poursuivent leur avancée. Le 30 mars, Ansar Eddine, le MNLA et des éléments d’Aqmi s’emparent de Kidal, puis de Gao. Le 1er avril, Tombouctou tombe à  son tour aux mains du MNLA, qui proclame l’indépendance. Mais dès le lendemain, le mouvement se fait déloger par les djihadistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Le MNLA perd peu à  peu des positions face aux groupes islamistes armés qui prennent le contrôle effectif des principales villes. Ces derniers instaurent la loi islamique (charia) et marginalisent le MNLA avant de l’évincer totalement fin juin. En octobre 2012, alors que se prépare le déploiement d’un contingent ouest-africain sous mandat onusien, le MNLA se dit prêt à  revenir sur sa revendication d’indépendance et se contenter d’un « droit à  l’autodétermination ». Un mois plus tard, sous la pression de l’Algérie, hostile à  une intervention étrangère, des dirigeants d’Ansar ed-Dine annoncent vouloir dialoguer, puis s’engagent, en décembre, à  cesser les hostilités. Ils sont désavoués par Iyad Ag Ghaly qui décide, début janvier de lancer une offensive vers le sud du pays. Cet assaut précipite l’intervention française, le 11 janvier 2013. Le retour du MNLA, partenaire de l’armée française La rapide progression de l’armée française, entraà®ne une scission au sein d’Ansar Eddine. Une partie de ses membres, qui prend le nom de Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) appelle à  une « solution pacifique » pour régler le conflit. Ce groupe rejette « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à  combattre » ses anciens partenaires. Parallèlement, dans Kidal et sa région, berceau des Touaregs, l’arrivée de l’armée française fin janvier redonne un second souffle au MNLA qui s’installe dans la ville sans combattre après la fuite des djihadistes. A Kidal, le MNLA cohabite avec les islamistes touaregs du MIA. Il fait aussi son entrée dans la ville de Ménaka, à  80 km de la frontière nigérienne. Désormais, les rebelles du MNLA disent vouloir aider les forces franco-africaines à  combattre les chefs et combattants djihadistes, dont Iyad Ag Ghaly, repliés plus au nord, dans le massif des Ifoghas. Le MNLA semble avoir obtenu qu’aucun soldat malien ne vienne dans la zone -ce sont 1800 soldats tchadiens qui sécurisent la ville de Kidal-. Il craint en effet les représailles des soldats maliens contre les Touaregs, après un an de conflit dans la région, et des décennies de de l’armée malienne contre les « peaux rouges » touaregs.

Soldats français et tchadiens à Aguelhok

C’est le dernier fief des groupes islamistes armés. Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à  Aguelhok, à  160 km au nord de Kidal, dans l’extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, ont indiqué des sources concordantes maliennes. L’information a été confirmée par un fonctionnaire au gouvernorat de Kidal : « Les soldats français et tchadiens sont partis en nombre par la route. Ils sont arrivés à  Aguelhok et vont ensuite se diriger vers Tessalit », a précisé cette source. Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, tout près de l’Algérie, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nements des groupes islamistes, selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Aguelhok et Tessalit se situent dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes o๠selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaà®t parfaitement la région. C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus. Les forces françaises ont repris le week-end dernier le contrôle de l’aéroport de Kidal, à  1.500 km de Bamako, ancien bastion islamiste, o๠quelque 1.800 soldats tchadiens sont entrés depuis pour sécuriser la ville. Près de trois Français sur quatre favorable à  l’intervention Plus les troupes avancent, plus les Français semblent favorables à  cette guerre. Près de trois d’entre eux sur quatre (73%) sont favorables à  l’intervention militaire au Mali, quatre semaines après son lancement, un chiffre en constante augmentation depuis le début des opérations (63% alors), selon un sondage de l’Ifop à  paraà®tre vendredi dans Midi Libre. Selon l’étude statistique, 27% des personnes interrogées sont « tout à  fait favorables » et 46% « plutôt favorables » à  l’engagement de l’armée française au Mali, soit un total de 73% de Français approuvant l’opération. A la mi-janvier, ils étaient 63% à  l’approuver, selon un sondage Ifop réalisé les 12 et 13 janvier, puis 65% quelques jours plus tard d’après une étude du même institut réalisée les 17 et 18 janvier. « Jamais, depuis le début de l’intervention militaire en Somalie en décembre 1992, une opération extérieure n’avait bénéficié d’un tel soutien », note l’Ifop.

IBK : « Il nous faut organiser les Assises Nationales du Nord »

Selon Ibrahim Boubacar Keita, il faut organiser impérativement des assises sur la question du Nord. Il a évoqué ce sujet lors de son discours devant le Conseil de l’International Socialiste à  Cascais (Portugal) le 4 février 2013. La rencontre avait pour thème principal le soutien au Sahel dans sa quête de paix, de sécurité et de démocratie. IBK a toujours prêché la tenue des assises Nationales du Nord pour permettre à  toutes les forces vives du Mali d’échanger sur le problème qui est devenu chronique. En janvier 2011, un an avant le massacre d’Aguel’Hoc, considéré comme le début d’une nouvelle crise du nord, il affirmait déjà  « il nous faut organiser les Assises Nationales du Nord, dès que l’Autorité de l’Etat sera effective sur tout le territoire . Ces rencontres devront impliquer toutes les communautés nationales, sans exclusive aucune ». Il devait s’agir alors d’évaluer les différents accords et plans de développement du Nord qui ont été élaborés par le passé, et de définir ensemble les modalités d’ « un nouveau Pacte National durable, qui renforcerait la cohésion nationale ». On est en droit de se demander si la crise actuelle aurait été différente si IBK avait été alors écouté. En revenant dans son discours devant ses amis socialistes sur sa proposition qui selon lui reste d’actualité, IBK laisse entrevoir quelques pistes pour répondre à  certaines attentes légitimes. « Il s’agit notamment d’une application plus poussée des lois de décentralisation dont le Mali est doté depuis déjà  de nombreuses années, mais qui n’ont jamais été vraiment appliquées. Nous pourrons ainsi rapprocher l’Etat de chaque citoyen, partout sur le territoire, et ainsi permettre aux particularismes régionaux de mieux s’exprimer » déclare le président du RPM. Pour lui le dialogue ne peut pas s’engager avec les groupes qui détiennent des armes. Il faut nécessairement qu’ils déposent les armes avant de venir à  la table de négociation. « Ce dialogue inclusif doit se faire avec des interlocuteurs représentatifs de chaque communauté : arabes, touareg, peuls ou Songhaà¯, parmi les notables, les chefs traditionnels et les élus locaux ». l’un des favoris aux élections présidentielles prochaines, le président du rassemblement pour le Mali a abordé le sujet des élections présidentielles prochaines. Selon lui l’intervention de la communauté internationale et de la France, en particulier, n’aura de sens que si elle s’accompagne d’un processus électoral irréprochable, qui vienne sanctionner la fin de la Transition. « Les problèmes structurels et profonds qui nous ont conduits à  la crise actuelle ne peuvent évidemment pas se résoudre dans le cadre d’une transition, car seul un pouvoir élu sera pleinement légitime pour engager la Nation dans les choix déterminants pour son avenir. Mais pour garantir la légitimité absolue de ce pouvoir, il est indispensable que l’élection soit totalement libre et transparente, contrairement aux précédentes de 2002 et 2007» explique le Kankeletigui. La paix et la sécurité au Sahel Le thème du Conseil de l’International Socialiste « Paix, Sécurité » cadre parfaitement avec la situation du Mali. « El Hadji Bourama » pense que la paix et la sécurité au Sahel ne sont plus un enjeu purement malien ni un enjeu uniquement régional amis un enjeu mondial, qui demande l’assistance et l’accompagnement de toutes les démocraties du Monde pour lutter contre le narco-trafic et le terrorisme, assurément des crimes transnationaux. « A ce titre, notre mouvement doit pleinement jouer son rôle, en intégrant dans ses discussions, dans ses travaux et dans ses politiques, ces thématiques-là . Ainsi, les forces progressistes, partout dans le Monde, seront en mesure d’adresser dans chaque pays o๠nous serons aux affaires, les réponses idoines à  ce fléau mondial, notamment à  travers une coopération renforcée entre les Etats » déclare –t-il. Un soutien « ferme et vigilant » aux autorités de transition C’’est par cette phrase que le président rassemblement pour le Mali a justifié sa position à  défendre la démocratie. Relatant le feuilleton de la crise malienne IBK indique que pendant des mois, le Mali a subit les assauts violents et cruels de groupes armés rebelles, islamistes et terroristes, qui ont entrepris de détruire la Nation malienne. Ces attaques ont abouti à  la prise de contrôle par eux des deux tiers de notre territoire national, chose qui a été accélérée par le coup d’Etat militaire du 22 Mars 2012. Il déclare ainsi que « dès le lendemain de cette rupture institutionnelle, mon parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) a été, à  travers ma personne, le premier à  condamner ce coup d’Etat, en conformité avec nos valeurs et nos principes, sur lesquels je ne transigerai jamais. l’armée doit être le bras de l’Etat, jamais sa tête » affirme –t-il. C’’est donc à  sa juste valeur qu’il apprécie l’intervention de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali. « Quelques semaines après, en avril 2012, les efforts de la CEDEAO et de la communauté internationale nous ont permis de revenir à  un ordre constitutionnel, avec un pouvoir de transition incarné par notre camarade, le Président Dioncounda Traoré. A travers notre participation au Gouvernement d’union nationale, le RPM apporte son soutien ferme, mais vigilant, aux autorités de transition, dont les deux missions principales étaient et demeurent » rassure El Hadji Bourama.

Le désengagement français du Mali débutera en mars

En visite au Mali le week-end dernier, François Hollande a déclaré que la France n’avait pas encore « terminé sa mission ». Néanmoins, vu le succès de l’opération Serval, les soldats français entameront leur retrait du Mali, o๠ils sont engagés depuis le 11 janvier, à  partir de mars. C’est ce qu’annonce Laurent Fabius dans un entretien avec le quotidien Metro paru ce mercredi 6 février. « Je pense qu’à  partir de mars, si tout se passe comme prévu, le nombre de troupes françaises devrait diminuer », indique le chef de la diplomatie française. « La France n’a pas vocation à  rester durablement au Mali. Ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays », a répété le ministre des Affaires étrangères, évoquant un « passage de relais » à  la Misma, la force ouest-africaine pour le Mali. Cette force doit à  terme comprendre environ 6.000 soldats, dont 2.000 seulement sont déjà  au Mali. Un contingent distinct de quelque 2000 soldats tchadiens est, quant à  lui, déjà  presque entièrement déployé. Quelque 4.000 soldats français sont aujourd’hui au Mali, plus de trois semaines après le début de l’intervention française. Et pour la première fois, les autorités françaises ont donné mardi soir un bilan des frappes aériennes et des combats « frontaux » qui opposent soldats français et maliens aux islamistes au Mali : « plusieurs centaines » de combattants islamistes ont été tués en plus de trois semaines d’intervention militaire. Ils ont péri dans les « frappes aériennes » françaises sur des pick-up transportant des hommes ou du matériel de guerre et pendant « des combats directs, frontaux à  Konna (centre) et Gao (nord) », a précisé le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian. Côté français, un officier français, pilote d’hélicoptère, a été tué le 11 janvier, premier jour de l’opération française. Bamako avait fait état à  la mi-janvier de onze militaires maliens morts à  Konna, mais n’a pas donné d’autre bilan depuis. Coordinnation avec les rebelles touareg Sur le terrain, les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont affirmé mardi qu’ils « coordonnaient » leurs actions dans le nord du Mali avec les forces françaises contre les « terroristes » islamistes en fuite. Un porte-parole, qui a défendu le « réel engagement » du MNLA « dans la lutte contre le terrorisme », n’a pas donné de détails sur la façon dont le groupe coopérait avec les soldats français à  Kidal, à  1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne. Le ministre français de la Défense a reconnu que les soldats français avaient à  Kidal « des relations fonctionnelles avec le MNLA ». « A partir du moment o๠le MNLA déclarera – il semble qu’il le fasse – qu’il n’est ni terroriste, ni scissionniste, et qu’il veut rentrer dans le dialogue interne au Mali qu’il faut engager, il sera à  la table » des discussions, a-t-il ajouté. Les soldats français contrôlent l’aéroport et la ville de Kidal elle-même est « sécurisée » par quelque 1.800 Tchadiens, selon Paris. Kidal était un bastion du groupe islamiste armé Ansar Dine, mais elle est passée sous le contrôle du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA, dissidence d’Ansar Dine s’affirmant « modérée ») et des rebelles touareg du MNLA juste avant l’arrivée de soldats français dans la nuit du 29 au 30 janvier. Ces deux groupes ont apporté leur soutien à  l’entrée dans la ville de soldats français, mais ont refusé la présence de militaires de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont ne fait pas partie le Tchad, de crainte d’exactions contre les Arabes et les Touareg, souvent assimilés aux groupes islamistes. Gagner la paix Les soldats français poursuivent dans le même temps leur traque des chefs et combattants islamistes qui se seraient réfugiés dans le massif des Ifoghas, au nord de Kidal, près de la frontière algérienne. Des frappes aériennes massives ont été effectuées ces derniers jours dans la région de Tessalit et d’Aguelhok, au nord de Kidal, visant « principalement des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nement », et elles se poursuivront mardi soir, selon le ministre français de la Défense. C’est aussi dans cette région de grottes et de montagnes que se trouveraient les sept otages français enlevés au Niger et au Mali en 2011 et 2012 par Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Selon des sources de sécurité et un député malien touareg, une délégation des Touareg des Ifoghas a récemment rencontré leurs ravisseurs, assurant que certains se sont montrés dans « de bonnes dispositions ». Parmi les chefs islamistes probablement réfugiés dans les Ifoghas figurent l’Algérien Abou Zeà¯d, un des émirs les plus radicaux d’Aqmi, et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine, ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaà®t parfaitement la région. A Bruxelles, une quarantaine de responsables des pays d’Afrique de l’Ouest, d’Europe et des grandes organisations comme l’ONU, l’Union africaine, la Cédéao et la Banque Mondiale ont participé mardi à  une réunion du Groupe de soutien au Mali. « L’objectif est maintenant de gagner la paix », a résumé à  l’issue de la réunion le ministre français chargé du Développement, Pascal Canfin, pour qui « il n’y aura pas de sécurité durable du Mali sans développement ».

La guerre au Mali : phase 2

A l’occasion de la visite du président français au Mali, trois semaines après le début de l’opération militaire Serval qui a permis de reconquérir avec l’armée malienne les grandes villes occupées, le président François Hollande a déclaré que « le terrorisme a été repoussé, il a été chassé mais il n’a pas encore été vaincu ». Les forces terroristes restantes semblent s’être repliées dans le nord du pays. En effet, à  part quelques ilots de résistance, les forces terroristes restantes se sont repliées dans le nord du pays, dans le massif de l’Adrar des Iforas. Une région saharienne et montagneuse o๠se joue dorénavant, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, une nouvelle séquence de cette guerre. Les combattants de l’Adrar des Iforas Juste après le siège de Gao, dans la journée du 26 janvier 2013, entre deux cents et trois cents véhicules des forces rebelles auraient quitté précipitamment la boucle du fleuve pour monter se réfugier dans le nord montagneux et désertique du pays, dans l’Adrar des Iforas. Un massif rocheux creusé de grottes qui sont autant de citadelles et de caches naturelles que connaissent parfaitement les populations touareg de la région. Ces montagnes, o๠se trouveraient probablement les otages, ont abrité de 2010 à  2011 le sanctuaire d’Aqmi,(Al-Qaà¯da au Maghreb islamique) une organisation salafiste extrémiste dirigée par Abdelmalek Droukdel, un ancien du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), une organisation qui avait semé la terreur en Algérie dans les années 90 et qui constitue avec Ansar Dine (les défenseurs de la religion) et le Mujao (le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest) les forces rebelles de ce conflit. Aujourd’hui l’Adrar est aussi le refuge du très charismatique chef touareg d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali. Un ancien chef de la rébellion touareg qui a su rassembler autour de lui toutes les forces rebelles pour partir à  la conquête du sud et qui se retrouve maintenant dans une situation quelque peu désespérée, reclus dans les montagnes fortifiées, avec les derniers combattants restants, qui comptent certainement parmi les plus durs et les plus déterminés, et se préparent probablement à  un assaut final. Une autre composante des forces politique touareg qui circulent dans cet espace est le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), une organisation armée qui dit se battre contre les rebelles, et qui aurait annoncé la libération de plusieurs ville de l’Adrar dont la grande ville de Kidal. Elle aurait livré à  la France des chefs rebelles qu’ils auraient fait prisonnier à  la frontière algérienne. Le MNLA joue sa crédibilité sur ces actions contre les rebelles. l’organisation serait coupée de l’autorité de Bamako et s’inquiéterait pour ses populations des risques d’exactions et de dérapages ethniques dont elles pourraient être victimes (un positionnement partagé par le MIA le mouvement islamiste de l’Azawad nouvellement crée). Les opérations françaises dans l’Adrar des Iforas De toute évidence, d’après de nombreux observateurs, avec l’arrivée des forces françaises sur l’aéroport de Kidal, nous sommes passés à  une autre étape de cette guerre. Les objectifs et les intervenants ne paraissent plus être tout à  fait les mêmes. Il ne s’agit plus de reconquête et de normalisation comme avec l’opération «Serval» mais il semblerait que nous soyons en présence de forces spéciales avec des objectifs différents. Une opération plus secrète qui n’est pas sans rappeler l’opération Sabre, qui serait, dit-on, dirigée par le Commandement des opérations spéciales, la Direction des Renseignements Militaires et la Brigade des Forces Spéciales Terre, depuis l’été 2012. Le COS, le Commandement des Opération Spéciale, comme l’explique Jean-Henri Gontard (un consultant qui cherche à  favoriser les contacts entre les rebelles du MNLA et la France), « est basé à  Ouagadougou au Burkina Faso, et travaillerait depuis longtemps sur cette zone. Il dépendrait directement de l’Etat Major des Armées et regrouperait un ensemble de forces spécialisés : 1er Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (1er RPIMa), les Commandos Marine (Jaubert, Trepel, de Penfentenyo, de Montfort, Hubert) et le GCMC, le Commando Parachutiste de l’Air n°10 (CPA 10), le Détachement ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre) des Opérations Spéciales (DAOS) une escadrille d’hélicoptères basés à  Pau, ainsi que le Détachement des Opérations Spéciales (DOS) des avions de transport Hercules C130 et C160 dotés d’équipements spécialisés qui ressembleraient beaucoup à  ceux que l’on a vus atterrir à  Kidal. » D’autre part, les troupes spéciales françaises auraient formé et entrainé des GSI (groupes spéciaux d’intervention) en Mauritanie (400 hommes), au Mali (200 hommes) et au Niger (200 hommes). « Les GSI, sont des unités très mobiles, équipées de puissants pick-up Toyota armés de mitrailleuses lourdes. Les soldats ne dépendent d’aucune base, ils vivent en permanence dans le désert en se déplaçant au gré des renseignements glanés par les services de renseignement et de la reconnaissance aérienne. » (France 24). Ces groupes de soldats locaux avaient été formé pour combattre AQMI et organiser des opérations longue distance avec droit de poursuite. Ils sont déjà  intervenus en septembre 2010 depuis la Mauritanie pour détruire une unité AQMI, la Seryat El Voughrane, à  Tombouctou. Les trafics Les combattants rebelles ont besoin d’autre part de rétablir les routes et les réseaux des trafics qu’ils contrôlaient et qui ont certainement joué un rôle très important dans cette guerre. Car de tout temps, il y a toujours eu de nombreux trafics dans cette région. Trafics d’êtres humains, avec principalement le phénomène de migration d’Afrique vers l’Europe et trafics de marchandises de toutes sortes, essence, voitures, ou cigarettes. Mais le plus gros de ce trafic, dont l’activité jouerait un rôle très important est d’une part le trafic d’armes (on estime qu’il y aurait près d’un million de kalachnikovs actuellement dans le nord du Mali), et surtout le trafic de cocaà¯ne pour remonter la drogue des ports d’Afrique de l’ouest vers les rives méditerranéennes. Une activité aujourd’hui très désorganisée à  cause de la guerre, et qui tente de se restructurer pour gérer les importantes quantités en transit dans le nord du pays, estimées actuellement par les experts à  près de 50 tonnes de cocaà¯ne. Les options sur le terrain Face à  cette situation, deux options s’imposent aux observateurs : soit les rebelles déjà  affaiblis restent dans leur montagnes et attendent qu’on les y déloge, soit ils tentent de partir mais leurs options paraissent limitées. Car il semblerait que les différentes routes de sortie soient déjà  fermées ou sérieusement surveillées par tous les pays de la région. En tout état de cause, nous entrons dans une autre séquence de cette guerre qui sera probablement réalisé dans la plus grande discrétion par les services de renseignement et les forces spéciales à  l’abri de tous les regards.

François Hollande au Mali : 24h dans la vie d’un président héros

« Je voudrais dire aux Maliens qu’aucune fraction du Mali ne sera occupée et nous allons poursuivre les actions pour libérer le Mali. Nous resterons à  coté du Mali le temps qu’il faut ». Chose due, chose promise, le lendemain de la visite de Hollande au Mali, l’opération serval a procédé ce dimanche 3 février à  une frappe aérienne sur les sites d’entrainement des terroristes à  Kidal près de la frontière Algérienne. « Aucun village aucune ville ne sera occupée par les terroristes au Mali. Les terroristes seront traqués dans leur dernier retranchement », avait assuré le président français, dans un discours prononcé au Palais de Koulouba. [b Point de presse Ensuite, les journalistes maliens n’ont pas raté l’occasion trop belle, pour interroger le président Hollande sur la fâcheuse question des négociations avec le MNLA lors d’un point de presse à  la résidence de l’Ambassadeur du Mali. Sans tabou le Président Hollande affectueusement appelé ‘’le malien » s‘est exprimé : « Nous sommes là  pour traquer les terroristes, mais ceux qui décideront de faire la politique, ont droit de faire la politique dans un pays démocratique. Ceux qui utilisent les armes contre nous répondront de leurs actes ». «Â C’’est la justice en ce moment qui doit faire son travail », a ajouté François Hollande. l’organisation des élections a bien sur été évoquée par le Président français. Selon lui, la feuille de route du gouvernement devrait permettre au Mali d’organiser de belles élections. Concernant les otages français au nord du Mali, le Président Hollande a déclaré que les ravisseurs doivent comprendre qu’il est temps de libérer les otages. Quant au capitaine putschiste Amadou Haya Sanogo, retranché dans ses quartiers à  Kati et opposé à  l’intervention de la force internationale, le président de la république par intérim, s’est réservé de faire des commentaires tout en annonçant que la France ne s’impliquait pas dans une affaire interne au Mali. La France reconnaissante « Lorsque la France a été attaquée, qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». C’’est par cette phrase historique, pleine de reconnaissance que le Président François Hollande a justifié l’intervention de l’armée française aux côtés du Mali pour, ajoutera-t-il, faire échec au projet d’occupation du Mali par les terroristes. C’’était lors de son discours, au Boulevard de l’indépendance. De mémoire de Malien, jamais une telle mobilisation n’avait été enregistrée pour accueillir un Chef d’Etat étranger. Femmes, jeunes et vieux ont effectué le déplacement pour témoigner leur reconnaissance à  l’homme qui a sauvé le Mali contre les envahisseurs. Merci Papa Hollande Partout la foule scandait « François le Mali vous remercie », « François Hollande le malien », « François Hollande le sauveur, le libérateur ». Pour la circonstance l’hôte du jour était accompagné de son ministre de la défense Jean-Yves Le Drian et de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères. La délégation était aussi accompagnée de la directrice générale de l’UNESCO, Mme Irina Bokova. s’adressant au peuple malien, François Hollande comblé de joie, a affirmé vivre la journée la plus importante de sa vie politique. « J’ai pris la décision la plus grave d’envoyer les soldats français combattre les terroristes au Mali. C’’est un devoir pour la France d’aider le Mali à  retrouver son intégrité territoriale ». Reconnaissant une dette de la France envers les Africains, François Hollande a déclaré « Je n’oublierai pas que l’Afrique, dont le Mali a aidé la France à  retrouver son intégrité territoriale. Lorsque la France a été attaquée qui est venu ? l’Afrique et le Mali ». Déclaration accueillie par un tonnerre d’applaudissements. Engagement français Hollande n’a pas manqué d’ ajouter que la France resterait au Mali le temps qu’il faudra avant de signaler que les forces africaines dans le cadre de la MISMA, assureront plus tard la relève. « Je pars du Mali confiant en la capacité de nos militaires et optimiste sur la reconstitution du Mali ». Pour le Président Dioncounda Traoré, les Maliens doivent être en mesure de surmonter toutes les difficultés en devenant exemplaires. «Tous les maliens sont venus vous témoigner leur reconnaissance. Nous devons être en mesure de surmonter nos difficultés ». « Vive Tombouctou, Vive le Mali, et vive la France ! »

François Hollande va prêcher la concorde à Bamako

Accompagné par un fort parfum de communication présidentielle, François Hollande vient présenter samedi à  Bamako sa feuille de route politique aux autorités maliennes. L’armée française a conduit en trois semaines une guerre éclair. Le nord du pays est libéré de l’emprise des islamistes. Maintenant s’ouvre une nouvelle phase, qui garde sa dimension militaire, car les opérations vont durer contre les groupes terroristes encore vivaces le long de la frontière avec l’Algérie. Mais la dimension politique va de plus en plus s’imposer, l’issue du conflit dépendant de la qualité du dialogue que pourront nouer les autorités maliennes de Bamako et les Touaregs qui continuent de défendre leur particularisme au nord. François Hollande garde le tempo, très rapide, imprimé par les militaires. L’opération «Serval» n’est pas terminée qu’il débarque déjà  sur le terrain, flanqué de Laurent Fabius, son ministre des Affaires étrangères, de Jean-Yves Le Drian, en charge de la Défense, et du ministre du Développement, Pascal Canfin. La visite, annoncée vendredi mais pas détaillée, devrait passer samedi par Bamako, la capitale, et aussi par Tombouctou. Cette dernière ville avait été prise en avril 2012 par les Touaregs «laà¯ques» et indépendantistes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), supplantés par les groupes armés liés à  al-Qaida en juin, avant d’être libérée par les troupes franco-maliennes. La voie d’une Entité régionale touareg L’arrivée à  Tombouctou du chef de l’à‰tat français et de son homologue malien, Dioncounda Traoré, symbolisera la victoire des troupes françaises et maliennes que les deux présidents se promettent de féliciter. La ville mériterait également d’être choisie pour lancer un message de réconciliation. L’imam de la grande mosquée Djingareyber, que les deux chefs d’à‰tat doivent visiter, a lancé vendredi un appel à  «la retenue» et à  «l’arrêt des pillages», dans son premier prêche depuis la fuite des djihadistes, qui a libéré les frustrations des populations noires à  l’endroit des Arabes et Touaregs. Pour les citoyens français, cette tournée présidentielle rappellera celle effectuée par Nicolas Sarkozy à  Benghazi, le 15 septembre 2011. Chef de guerre ayant triomphé de Mouammar Kadhafi, Nicolas Sarkozy n’avait pas attendu la libération totale de la Libye pour s’en venir dans la ville symbolisant son action déterminée. «Nous croyons à  une Libye unie, pas à  une Libye divisée», avait lancé Nicolas Sarkozy, déclenchant les vivats de la foule se pressant sur la place de la Liberté de Benghazi. François Hollande devrait également invoquer la réconciliation nationale, mais en engageant les autorités maliennes à  dialoguer avec les indépendantistes touaregs du MNLA. «Je vais au Mali aussi pour qu’il y ait un dialogue politique qui puisse permettre que le Mali, après avoir chassé les terroristes, puisse retrouver la stabilité et l’esprit de concorde», a-t-il indiqué vendredi. Quel que soit le mot choisi, la voie d’une entité régionale touareg au nord, plus ou moins autonome de Bamako, paraà®t la seule possible. Conforter l’autorité du président malien La communication politique n’existerait pas, l’empressement du président français à  se rendre au Mali n’en aurait pas moins sa justification. La ville de Kidal, aux alentours de laquelle l’armée française a pris position, s’est «libérée» toute seule, par l’action revendiquée des combattants du MNLA et du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dissidence du groupe islamiste Ansar Dine, essentiellement touareg. Ce sont des unités de l’armée tchadienne participant à  la force africaine dépêchée au Mali qui ont depuis fait route vers Kidal. à€ Bamako, un haut gradé de cette armée malienne qui devait demeurer en réserve pour éviter toute friction avec les combattants touaregs, n’en a pas moins annoncé l’arrivée jeudi de ses soldats à  Kidal. Une information semble-t-il fausse, qui traduisait surtout la volonté d’une partie de l’état-major de l’armée malienne d’en découdre avec les Touaregs, dans leur fief de Kidal. L’objet premier de la présence de François Hollande aux côtés de Dioncounda Traoré est de réaffirmer au plus vite l’autorité du président malien par intérim sur son armée. Le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’à‰tat du 22 mars 2012, a toujours des partisans.

« Trait d’Union », entre le Nord et le Sud

C’’est la maison de la presse qui a abrité la cérémonie de lancement en présence d’Oumou Sall maire de Goudam et ses frères métis du nord du Mali. Le « Trait d’Union » est l’initiative de la maire de Goudam, Oumou Sall qui regroupe des hommes et des femmes nés de l’union de parents tamasheq ou arabe et des autres ethnies du sud. Ce mouvement a pour objectif d’œuvrer à  la restauration de l’intégrité territoriale du Mali, aider à  la consolidation de la paix, renforcer par tous les moyens la cohésion sociale entre les communautés, lutter contre toutes formes d’injustice, contribuer à  faire respecter les valeurs républicaines, développer la communication et les échanges entre les communautés pour restaurer la confiance entre les communautés et la cohésion sociale. La motivation réelle des initiateurs est de ressouder le tissu social pour permettre le vivre ensemble comme séculairement hérité. La vision du mouvement (Trait d’Union) se fonde sur un Mali réunifié prospère ou toutes les communautés et toutes les confessions cohabitent en intelligence et o๠il fait bon vivre pour chacun et pour tous. Selon Oumou Sall la principale conférencière, ce mouvement a pour but de réunifier le sud et le Nord. « Le Trait d’union veut dire que nous devons juste rapprocher les parents. C’’est un mouvement de sensibilisation » dit –t- elle. Le Mali, un peuple multiple mais uni Ils étaient nombreux dans la salle à  avoir un parent Tamasheq et l’autre Bambara, Bobo Manding, et autres. Makan Koné président de la Maison de la presse est un cas d’exemple, « nous sommes l’union du nord et sud. Rare ceux qui savent que ma mère est Tamasheq de Goudam, et mon père Bambara de Néguela dans le cercle de Kati. Cette crise, C’’est nous qui en souffrons plus. Une fois de plus je reste à  votre disponibilité. Je pense que cette association représente plus d’espoir » a dit Makan Koné. Oumou Sall Seck est fille d’une mère Tamasheq et d’un père peulh. Il en est de même que Djibril Koné père Sikassois et mère tamasheq Iforas de Kidal, Issa Kamaté est fils d’un père Bobo de San et mère Tamasheq. Ils témoignent tous que leur métissage fait d’eux un Trait d’union pour ressouder les deux communautés du nord et du Sud qui se regardent aujourd’hui en chiens de faà¯ence. Selon, Oumou Sall, la conférencière principale, leur première action sera d’abord la communication en toute première transparente. Pas question cependant de promouvoir l’impunité. « Nous disons, le dialogue C’’est pour dire aussi que chacun doit répondre de ses actes » assure–t- elle.

François Hollande à Bamako demain

C’’est un communiqué de à‰lysée qui l’a annoncé ce vendredi matin, François Hollande se rend au Mali pour une visite de quelques heures le samedi 02 février 2013. Le chef de l’Etat français rencontrera son homologue malien avant de se rendre sur le théâtre des opérations, à  Tombouctou, libérée il y a quelques jours par les soldats français, en appui aux soldats maliens. Il est précisé que François Hollande «sera accompagné par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian et le ministre chargé du Développement, Pascal Canfin.» Selon « Libération », la présidence n’a pas souhaité que des journalistes accompagnent ce voyage. Une autre phase pour l’intervention militaire Ce voyage intervient trois semaines presque jour pour jour après le déclenchement de l’offensive militaire française, appuyant les forces maliennes, contre les combattants islamistes du nord du pays. Le dernier succès des forces alliées franco-maliennes a été la prise hier jeudi, de la localité de Kidal par les militaires maliens, après la prise de contrôle de l’aéroport et de ses environs par les Français. Lundi, François Hollande a assuré que les forces françaises et panafricaines sont en train de « gagner la bataille » au Mali, tout en prévenant, prudemment, qu’il appartenait désormais aux Africains de poursuivre la traque des « groupes terroristes » qui contrôlent encore le nord du pays. Ce qui pourrait prendre du temps. M. Hollande quittera le sol français ce vendredi soir et est attendu à  Bamako tôt le samedi matin. Cette visite, la première du Président français au Mali depuis son élection à  la mi-2012, est bien sûr placée sous très haute sécurité. Bienvenue M. Hollande Un élan de sympathie sans précédent a suivi le début de l’intervention militaire française qui a permis de stopper l’avancée de djihadistes vers Bamako, le 11 janvier dernier. Des drapeaux aux couleurs de la France ont fleuri partout dans le pays, des manifestations de soutien aux soldats ont été organisées dans les villes libérées o๠les militaires français ont été accueillis en héros. Plusieurs nouveaux-nés maliens portent le nom du président français, ultime marque de reconnaissance et d’estime dans la culture malienne. C’est dire si cette visite sera favorablement accueillie à  Bamako et dans tout le Mali. Le fait que le président français soit accompagné de son ministre en charge du développement est également un signal, une façon de dire qu’il ne sera pas seulement question de guerre pendant cette visite.

Des Casques Bleus bientôt au Mali?

L’envoi de Casques Bleus au Mali ferait l’objet ces derniers jours de discussions au siège des Nations Unies à  New York. Le sujet pourrait même être débattu dans quelques jours au Conseil de sécurité. «La France y est favorable sur le principe et nous y prendrons notre part le moment venu», déclare le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, dont les propos sont rapportés par le site d’information français Lefigaro.com. M. Lalliot souligne toutefois que «ce type d’opération ne peut être envisagé que dans un environnement stabilisé», ce qui n’est pas encore le cas. D’autant plus que cette perspective présenterait des avantages politiques pour la France, pour l’instant seuls sur le terrain au Mali, en manifestant le soutien de la communauté internationale. L’ambassadrice américaine à  l’ONU, Susan Rice, a également déclaré qu’elle voyait d’un bon œil cette initiative. L’éventualité du déploiement de casques bleus au mali avait déjà  été évoqué en décembre dernier. Le Conseil de sécurité avait approuvé la création de la Misma, chargée d’aider les autorités maliennes à  reprendre les zones du nord du pays aux groupes islamistes. Elle ne devait commencer ses opérations qu’à  la fin 2013. Mais, l’offensive des islamistes armés vers le sud et l’intervention française pour leur barrer la route a donné la priorité aux opérations de guerre. Selon les prévisions, cette force onusienne pourrait compter de 3000 à  5000 hommes. «La définition, le périmètre, le mandat, le calendrier doivent être discutés aux Nations unies en lien étroit avec les organisations africaines», souligne le porte-parole du Quai d’Orsay. Ce projet nécessitera, entre autres préalables, le feu vert d’interlocuteurs clés, tels que la Russie et l’Algérie.

Guerre au Nord: les leaders communautaires du nord s’engagent

Il s’agissait pour Ousmane Sy d’écouter les leaders communautaires du nord sur les questions liés à  l’opération militaire, à  l’organisation du secours humanitaire aux populations qui ont souffert de l’occupation, à  la réconciliation des C’œurs et des esprits dans cette partie du pays. La rencontre qui s’est déroulée au Palais à  Koulouba est une initiative personnelle du Président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Il est indispensable, selon les autorités du Mali, d’impliquer au plus haut point les responsables locaux des régions en proie depuis plusieurs mois à  une crise militaire et sociale sans précédent. Ceci, dans un premier temps, en vue du retour de l’administration dans les zones libérées du joug des terroristes et narcotrafiquants et la pacification totale du nord. «Après la guerre, il va falloir qu’on s’asseye et qu’on parle entre nous », a déclaré Ousmane Sy qui estime qu’il est on ne peut plus urgent de pouvoir organiser la vie des populations locales et leur venir en aide. La deuxième priorité, a-t-il poursuivi, est le dialogue entre les fils du pays afin de panser au plus vite les blessures du passé et recommencer à  vivre ensemble. Craintes de guérilla Les représentants des communautés du nord du Mali se sont fait l’écho des préoccupations évoqués ces derniers temps. A savoir sur la suite des opérations, maintenant que les grandes villes sont libérées mais aussi et surtout sur la possible et fort probable réaction des islamistes armés. Le député Abouzeidy Ousmane Maà¯ga, élu à  Gao, s’inquiète ainsi du fait que les combattants djihadistes se soient pour ainsi dire évanouis dans la nature depuis le lancement de «l’opération Serval». La plupart, selon lui n’ont pas quitté le territoire malien, mais se sont plutôt réfugiés dans des villages aux alentours des localités qu’ils ont fui.«Ils ont l’intention de mener une sorte de guérilla et de continuer à  terroriser les populations. Il faut qu’ils soient totalement neutralisés pour éviter cela », a-t-il préconisé. L’importance de la communication et de l’information des populations a également été évoqué. Selon les élus, il urge de sensibiliser les populations pour qu’elles évitent de faire l’amalgame et de poser des actes qui compromettront durablement le «vivre ensemble». Pas de négociation avec les groupes armés D’un avis unanime, les leaders communautaires ont apprécié la démarche du Président de la République à  leur endroit. Ils se sont dits engagés pour la réconciliation nationale, seule cause pour laquelle chacun devra se battre à  présent. «Ceux qui se sont trompés en un moment en se basant sur du faux, nous devons les ramener dans nos rangs et faire en sorte qu’ils se décident à  servir l’Etat malien» a déclaré le député de Ménaka, Bajan Ag Hamatou. Pas question cependant de négocier avec « ceux qui ont pris les armes contre le Mali», a-t-il ajouté.

Le président Traoré rejette toute négociation avec les islamistes

Le président par intérim du Mali, Dioncounda Traoré, interrogé par FRANCE 24 et RFI, rejette tout dialogue avec le MIA (Mouvement islamique de l’Azawad), issu d’une scission au sein du mouvement djihadiste Ansar Dine, mais envisage des négociations avec les autonomistes touaregs du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad). « Avec les derniers développements auxquels nous avons assisté, il est évident qu’Ansar Dine s’est disqualifié, n’est plus éligible au dialogue, quel que soit par ailleurs le masque que certains d’entre eux ont décidé de porter désormais. Cette histoire de MIA (Mouvement islamique de l’Azawad) ne correspond à  rien du tout », affirme le chef de l’à‰tat malien par intérim, alors que les militaires français prennent position autour de Kidal, grande ville du Nord-Mali qui reste aux mains du MIA et du MNLA. En revanche, Dioncounda Traoré est ouvert à  des discussions avec le MNLA : « Le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations susceptibles d’aboutir, C’’est le MNLA, à  condition qu’il renonce à  toutes ses prétentions territoriales et qu’il accepte de s’intégrer au Mali définitivement et qu’ensemble, nous cherchions la solution dans la démocratie, dans la décentralisation et dans le développement », affirme le président. Exigences du MIA « La France est pour l’instant dans une position de « bonne intelligence avec les Touareg », selon les termes du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian qui précise : « Nous sommes dans une situation particulière à  Kidal ». Alors que jusqu’à  présent, des soldats maliens ont accompagné les militaires français dans leur offensive contre les groupes islamistes à  Gao et à  Tombouctou, les Français sont seuls à  l’aéroport de Kidal, o๠ils sont pour l’instant bloqués par une « tempête de sable », selon Paris. En manoeuvrant seule à  Kidal, l’armée française répond ainsi à  la demande de MIA, qui a exigé que « l’armée malienne et les forces de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ne pénètrent pas sur le territoire de l’Adrar des Ifoghas, région de Kidal, avant qu’une solution politique ne soit trouvée ». l’armée malienne « n’est pas là  pour se venger » Les exactions contre des Touareg et des Arabes, considérés comme proches des islamistes, constatées lors de la progression de l’armée malienne vers Gao et Tombouctou, « ne sont pas du ressort de l’armée malienne », assure le président par intérim Dioncounda Traoré. « Vous avez pu constater que même lors des scènes de pillages auxquelles nous avons assisté, l’armée malienne était là  pour dire aux populations : ne pillez pas, évitez les amalgames », affirme-t-il sur FRANCE 24 et RFI. Les militaires maliens « ne sont pas là  pour se venger ou mener des représailles. Ils sont là  pour une cause nette et claire : reconquérir notre territoire, faire en sorte que notre pays retrouve la paix et une vie constitutionnelle normale. Ce n’est pas une guerre contre une ethnie, contre les Touareg, les Soninkés, les Songhaà¯. Au Mali, ce genre de problème n’existe vraiment pas. »

La prise de Kidal ravive les tensions

Le retour en force des rebelles laà¯ques du MNLA dans leur fief historique irrite les autorités maliennes. Les troupes françaises ont débarqué mardi pour sécuriser les lieux et favoriser des négociations. Les forces spéciales françaises ont débarqué mercredi, dans la nuit noire sur l’aéroport de fortune de Kidal, à  la piste mangée par le sable porté par les tempêtes, d’ordinaire plutôt occupée par des troupeaux de chèvres errantes que par des avions de transport de troupes ou par des hélicoptères de combat. Kidal, capitale d’une région de 60.000 âmes, était la dernière ville du nord du Mali occupée par des groupes djihadistes. Ceux-ci avaient quitté les lieux dès dimanche pour céder la place aux Touaregs laà¯ques du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA). Les combattants du mouvement Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg plus opportuniste que fondamentaliste, qui s’est rallié à  al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont préféré plier bagages plutôt que d’affronter l’ennemi. Le basculement du rapport de force provoqué par l’intervention française avait entraà®né une dissidence à  l’intérieur de cette organisation de Touaregs islamistes. Le Mouvement islamique de l’Azawad, qui en est issu, (MIA) assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à  la crise. Influencés, semble-t-il, par l’Algérie toujours soucieuse de diviser les rébellions dans la région, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à  Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande. «Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux», a affirmé à  l’AFP un cadre de l’administration locale. La présence militaire française à  Kidal peut servir à  lancer des actions rapides contre les bases o๠sont repliés les djihadistes, mais dans un premier temps elle est surtout destinée à  sécuriser la zone. Le dispositif français pourrait être renforcé par l’arrivée de 500 soldats venus du Tchad et du Niger. Selon une source militaire malienne, une colonne tchado-nigérienne serait partie mercredi matin de Menaka, 300 km plus au sud, pour rejoindre Kidal. L’idée est de créer une force tampon susceptible d’éviter des affrontements entre les milices touaregs qui tiennent désormais la ville et les soldats de l’armée malienne. Ces derniers n’étaient «même pas au courant» de l’initiative française, «en tout cas pas au niveau de l’état-major». «C’est très bizarre», affirme un militaire proche du commandement de l’armée nationale, même s’il préfère attendre de mieux «comprendre la situation» avant de «juger des intentions» des Français, auxquelles il avoue pour le moment «ne rien comprendre». C’est peu dire, donc, que l’initiative française à  Kidal n’a pas été préparée en étroite collaboration avec l’armée malienne. Et qu’elle ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant. Car l’officier de l’armée malienne tient fermement à  rappeler une chose: «Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.» Et de juger que les combattants du MNLA ou d’Ansar Dine, «c’est la même chose». Du côté de la présidence, l’un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne «pas être au courant», n’avoir «aucune information» et même «être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux». Le crocodile de la préfecture Bamako se cabre contre une grande partie des Touaregs qui sont jugés responsables de la descente aux enfers du pays. Mardi, les députés ont voté à  l’unanimité une feuille de route sur la transition démocratique qui se prononce contre des négociations avec le MNLA ou tout autre mouvement autonomiste. Il faudra pourtant trouver une solution politique. Paris a ainsi appelé les autorités maliennes «à  engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes de la population du Nord». La région de Kidal, qui s’étend jusqu’à  la frontière algérienne, est en effet le fief historique des «hommes bleus», ces seigneurs du désert à  l’image ternie. Kidal est dominé par la tribu des Iforas dont Iyad Ag Ghali est un des chefs respectés malgré ses multiples changements d’alliance. Ses habitants d’origine nomade quittent souvent leur maison en dur pour s’installer dans le désert. Dans ce monde aride, carrefour des contrebandiers, les populations vivent avec le sentiment d’être abandonnées par le pouvoir central, celui des Africains noirs. Les programmes d’aide au développement ont souvent été détournés. Les révoltes successives qui ont secoué dans une certaine indifférence le Sahara malien ces dernières décennies sont toujours parties de ce constat sans qu’au final un rééquilibrage entre le Nord et le Sud intervienne. Kidal, la «capitale des hommes bleus», est une bourgade misérable. L’une de ses rares attractions est un crocodile à  l’âge indéterminé qui tourne en rond dans le bassin du jardin de la préfecture. Le reptile est un souvenir légué par le dernier administrateur français à  l’occasion de son départ, pour cause d’indépendance, en 1960.

Au Mali, les exactions contre les « peaux claires » réveillent des blessures douloureuses

Les accusations d’exactions contre l’armée malienne se multiplient. Jeudi 24 janvier, deux habitants de Niono auraient ainsi, selon un témoignage, été abattus par des militaires. Deux Maliens « à  la peau claire », précise le témoin. Retour sur les précédents historiques qui font craindre le pire. Alors que l’armée malienne prend, avec l’appui de la France, clairement le dessus sur les rebelles du Nord Mali, les inquiétudes se sont multipliées ces dernières semaines. En représaille à  la barbarie des islamistes radicaux, auxquels s’étaient alliés (au début du conflit) les Touaregs du MNLA, des soldats de l’armée malienne ont succombé à  l’attrait de la vengeance. « Il y a des exactions à  droite et à  gauche », explique Florent Geel, directeur Afrique de la Fédération internationale des Droits de l’Homme, contacté par Jeune Afrique, « il y a un ensemble d’agressions à  caractères raciales, basées sur la vengeance ou encore le racket ». Les cibles de ces violences ? Surtout « ceux qui ont la « peau claire » », dit Florent Geel. Jeudi 24 janvier, deux habitants de la région de Niono ont ainsi été abattus par des militaires, qui, du fait de leur couleur de peau, les ont considérés comme « complices des islamistes ». Mais ces tensions ne sont pas nouvelles. Avec la lutte contre les jihadistes, de vieux souvenirs reviennent en mémoire. Retour sur ces événements sanglants, intimement liés aux rébellions touarègues, qui nourrissent les craintes d’un nouveau cycle de vengeance aveugle au Mali. Le massacre de Léré : 20 mai 1991 C’’est sans doute le massacre le plus présent à  l’esprit des populations dites « blanches » du Nord du Mali. Alors que l’année 1991 avait commencé avec espoir avec les Accords de Tamanrasset, le village de Léré va être le théâtre de représailles contre les populations touarègues, assimilés aux voleurs de bétail qui sévissent alors près de la frontière mauritanienne. Le 20 mai 1991, un jeune officier de l’armée, commandant la garnison locale, décide, en représailles des vols, de rassembler un groupe de vieux marchands arabes et touaregs avec leurs fils sur la place du marché. Au nombre d’une cinquantaine, ils sont tous exécutés et leurs familles retenues en otage pendant plus d’un an. Les populations touarègues et arabes le vivent comme un véritable carnage. En quelques semaines, la moitié d’entre elle s’enfuit en Mauritanie, selon l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (Unidir). Attaques de Gossi et Foà¯ta et détournement de l’aide humanitaire : 14 mai 1992 Un an plus tard, presque jour pour jour, C’’est dans les environs de Gossi que se produisent de nouvelles exactions. Le 14 mai 1992, douze Touaregs, travaillant pour une ONG norvégienne, sont assassinés par des militaires. D’abord imputée à  des rebelles touaregs, l’attaque du convoi humanitaire a été organisée par la gendarmerie locale, selon le Parlement européen, et sur des bases ethniques. Pour les députés de Strasbourg, ce massacre participe d’une politique de persécution visant à  détourner l’aide humanitaire via l’armée et à  éviter la mise en place de tout projet de développement à  destination des Touaregs. Alors que, le 17 mai encore, 48 éleveurs touarègues sont tués à  Foà¯ta, cette série d’événements provoquent une nouvelle fois la fuite de dizaines de milliers de personnes vers l’Algérie et la Mauritanie. Aux alentours de Ménaka en 1994 Avec les accords signés au sein du Pacte national, patronnés par l’Algérie, une partie des rebelles touaregs intègre l’armée régulière malienne. Cela n’apaise cependant pas les tensions. Le 21 avril 1994, en représailles à  une querelle meurtrière ayant opposé la veille des anciens rebelles « intégrés » et d’autres membres de leur unité, quatre à  douze civils touaregs, selon les informations, sont exécutés de manière extrajudiciaire par l’armée. Selon Amnesty International, ce sont quatre civils, dont une femme âgée, qui ont été abattus. Sept autres femmes, qui s’étaient enfuies, seraient également mortes plus tard sous l’effet de la soif. Suite à  une commission d’enquête, les militaires responsables ont été transférés dans une autre caserne. Cependant, aucun n’a été traduit en justice. Douloureuse mémoire La situation ne cesse alors de dégénérer. Le 12 juin 1994, sur la route de Ménaka à  Andéramboukane, des soldats auraient, toujours selon Amnesty International, procédé à  l’exécution extrajudiciaire d’au moins 22 civils maures et touaregs. Dans le même temps, à  partir du 12 juin, plusieurs exactions ont lieu à  Tombouctou, une nouvelle fois en représailles à  des attaques menées précédemment par des « intégrés » à  Léré, Gourma-Rharous, Andéramboukane et Tombouctou. On dénombre une cinquantaine de victimes parmi la population à  « peau blanche ». Les années 90 ont tristement marqué les mémoires. Au Sud, suite aux rébellions touarègues successives, une partie de la population s’est mise à  considérer le Nord comme une région potentiellement sécessionniste. Dans le Nord, quant à  elles, les populations touarègues n’ont pas oublié les épisodes de représailles et d’exactions. Avec la reconquête actuelle du Nord-Mali par l’armée malienne, ce sont bien les vieux démons qui refont surface.

Le MNLA, communication girouette et sujet de moquerie sur Twitter

On pourrait s’y perdre. Allié des islamistes radicaux l’année dernière, puis évincé par Ansar Eddine et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) se propose aujourd’hui d’aider l’armée française dans la reconquête du Nord-Mali. Revendiquant quelque 10 000 combattants, ce qui paraà®t peu vraisemblable, le mouvement touareg semble prêt à  beaucoup pour revenir dans le jeu. Sans vraiment se soucier de sa crédibilité. Ils étaient aux abonnés absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document. Opportunisme s’il revendique à  nouveau le contrôle de territoires désertés par les islamistes à  la faveur de l’opération Serval, le MNLA, qui n’a pas abandonné l’idée d’une indépendance de l’Azawad, cherche surtout à  devenir le seul interlocuteur local crédible attaché à  la protection de la population du Nord. Quitte à  passer pour opportuniste. Alors qu’il offre désormais son aide à  la France dans la lutte contre les jihadistes, il avait ainsi pris les armes aux côtés d’Ansar Eddine et d’Aqmi, il y a seulement un an. Ce que ne manque pas de noter la présidence malienne, via son compte Twitter, le 28 janvier : Porte ouverte Le ministre de la Défense français leur a cependant lancé, mercredi 22 janvier, un véritable appel du pied. « Les Touaregs, sauf ceux qui se sont laissés embrigader par des groupes terroristes que nous condamnons totalement, (…) sont nos amis », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Ils sont dans leur territoire au Nord du Mali et il importe de les respecter et de les considérer comme des Maliens comme les autres ». Dans la perspective de la guerre asymétrique qui se profile, la Défense française semble ainsi laisser la porte ouverte au MNLA, sans le dire officiellement, qui revendique un arsenal important issu de Libye et, surtout, quelque 10 000 combattants. Crédibilité Mais le MNLA est-il toujours crédible ? Le chiffre de 10 000 hommes est en effet contesté, nombre d’experts l’estimant très exagéré, du fait de l’érosion du mouvement, qui avait été écarté par les islamistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Mais, ces derniers jours, C’’est sur Twitter que les observateurs, maliens et étrangers, montrent, avec humour, le plus de perplexité. absents. Voire à  porter au rang des disparus. Les rebelles du MNLA ont pourtant repris une place dans le jeu politique, et militaire, malien, au moins sur le plan de la communication. Lundi 28 janvier, ils ont ainsi annoncé, via un communiqué, démenti par la présidence malienne, avoir repris huit villes du Nord-Mali : Kidal, que l’armée française a atteint, mercredi 30 janvier, Tessalit, Léré, In Khalil, Anefis, Tinzawatène, Tessit et Talatayt. « Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad a décidé de reprendre en toute urgence ces localités afin d’assurer la sécurité des biens et plus particulièrement des personnes en raison des graves dangers qui pèsent sur leurs vies avec le retour dans l’Azawad de l’armée malienne », peut-on lire dans le document.

Les militaires français à Kidal, fief des islamistes

L’armée française a pris position mercredi matin sur l’aéroport de Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali, première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Des militaires français ont pris position dans la nuit de mardi à  mercredi sur l’aéroport de Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali, après Gao et Tombouctou, ont indiqué des sources concordantes. « Un avion français s’est posé sur la piste de l’aérodrome de Kidal. Ils ont pris position sur l’aérodrome. On voit aussi des hélicoptères », a déclaré un responsable de l’administration locale. L’information a été confirmée par une source de sécurité régionale : « Nous confirmons que des appareils français sont sur la piste d’atterrissage de Kidal, et des hélicoptères de protection dans le ciel ». Des « éléments français ont été mis en place cette nuit à  Kidal », a confirmé mercredi matin le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard. Il s’est refusé à  toute précision sur cette opération. Kidal, fief d’Ansar Dine, groupe islamiste armé Ces informations surviennent alors que les soldats français et maliens ont reconquis en 48 heures et sans rencontrer de réelle résistance les deux plus grandes villes du Nord du Mali, Gao et Tombouctou, qui étaient aux mains de groupes islamistes armés qui ont multiplié les exactions depuis plus de neuf mois. Kidal, troisième centre régional du Nord du Mali, à  1.500 km de Bamako, dans l’extrême nord-est malien, près de la frontière algérienne, était le fief d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un groupe islamiste armé, dirigé par un ex-rebelle touareg malien, Iyad Ag Ghaly. La ville a été la première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. Selon plusieurs témoignages ces derniers jours, les principaux responsables des groupes islamistes armés se sont réfugiés dans les montagnes de la région de Kidal. Par ailleurs, des centaines de personnes ont fui Kidal vers des villages du nord, en direction de la frontière algérienne, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, qui affirme que l’accès à  la nourriture et aux biens de première nécessité a été sérieusement affecté par le conflit et la fermeture de la frontière.

Tombouctou libérée des djihadistes

En trois semaines d’une offensive éclair, la France est en passe d’avoir chassé les différents groupes islamistes armés des villes du nord du Mali. Après avoir enlevé Gao samedi, les forces franco-maliennes ont repris Tombouctou entre dimanche et lundi, les Touaregs «laà¯ques» du MNLA affirmant de leur côté contrôler Kidal. Alors que les soutiens internationaux manquent toujours, plusieurs centaines de soldats français et du matériel ont été débarqués à  Dakar en renfort, le défi à  venir étant la sécurisation et le contrôle du terrain reconquis. «Nous sommes en train de gagner cette bataille», a résumé le président François Hollande, avant aussitôt d’ajouter qu’une fois l’intégrité du Mali restaurée, les forces françaises ont vocation à  rejoindre leur base. Tombouctou, tombée l’an dernier aux mains des islamistes, a été encerclée dans la nuit de dimanche à  lundi. Un millier de militaires français et 200 Maliens ont participé à  l’opération. Le colonel Burkhard, porte-parole des armées françaises, a parlé d’«une action combinée avec appui aérien et moyens de renseignement – un Atlantique II et un drone». Des milliers de manuscrits incendiés? Alors que les soldats français et maliens prenaient le contrôle de la ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco sans rencontrer de résistance et sous les applaudissements, l’inquiétude grandissait sur les exactions et dégâts commis par les combattants islamistes. Avant de fuir, ils auraient incendié une bibliothèque contenant des milliers de manuscrits inestimables. «Les rebelles ont mis le feu à  l’institut Ahmed-Baba créé récemment par les Sud-Africains, cela s’est produit il y a quatre jours», a déclaré lundi à  l’agence Reuters Haà¯lé Ousmane, le maire de Tombouctou. Le représentant en Europe du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), Moussa ag Assarid, a affirmé lundi matin au Figaro que son mouvement venait de reprendre la ville et la région de Kidal, au nord-est du Mali. «Nous contrôlons la ville de Kidal, ainsi que les villes voisines comme Tessalit et In Khalil. Notre mouvement s’inscrit désormais dans la lutte contre les terroristes», a-t-il précisé. L’information a été confirmée à  Kidal, par des rebelles touaregs du MNLA rejoints par des dissidents d’un groupe islamiste armé. Les combattants islamistes les plus déterminés d’Aqmi et d’Ansar Dine, qui auraient fui Gao et Tombouctou pour Kidal, pourraient désormais se cacher dans les montagnes avoisinantes. Comment apporter aide et renfort aux militaires français et africains qui risquent bientôt d’être harcelés par les islamistes? Lundi, l’Union africaine a estimé à  460 millions de dollars le budget du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Une nouvelle réunion est programmée aujourd’hui dans la capitale éthiopienne en présence de responsables européens, américains et japonais.

Adama, 16 ans, islamiste du Mujao ou paumé dans la guerre?

Il s’appelle Adama, et dit avoir 16 ans. Aà®né d’une famille de trois garçons, il n’a passé que deux ans à  l’école et aide son père, burkinabé, dans le champ. La famille est installée dans la région de Niono, assure-t-il, une localité située 60 kilomètres au sud de Diabali, prise le 14 janvier par les islamistes qui l’auraient ensuite abandonnée, selon l’armée malienne, après des bombardements français. Son village, D’Enngoudou, ne compte qu’une seule mosquée, wahabbite. Son père la fréquente peu. En temps normal, Adama est parfois employé par un éleveur, pour tirer ses boeufs; en échange, le patron lui offre du riz. Il nourrit ainsi sa famille. Il y a quelques semaines, comme chaque année, à  la fin de la période agricole, Adama et son ami Mohammed sont partis chercher un job en ville. Leur destination était Sévaré, affirme le jeune homme. Mais ils ont pris, « par erreur », un bus pour Douentza, une ville détenue depuis septembre par les islamistes. Arrivés sur place, des inconnus les ont interpellés: « Venez faire la cuisine pour nous. Vous serez logés et bien payés. » Les adolescents, qui ne parlent que le bambara, ont été bien traités. Et le travail était simple: « Chaque jour, on préparait des spaghettis, avec des tomates et des oignons, explique Adama. On ne comprenait rien. Ils parlaient arabe, ou tamacheck, » la langue des Touaregs. Un seul pouvait communiquer avec eux, toujours aimable. « C’est un Peul noir qui parle bambara, » se souvient le garçon. Son nom? « Abou Zeid ». Voilà  comment, au début du mois de janvier, le jeune Adama et son ami Mohamed ont fait la connaissance l’organisation du Mujao, qui détient au moins un otage français, Gilberto Rodriguez, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali, et qui tente, depuis près d’un an, d’imposer sa vision de la « charia totale ». Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes Assis sur le sol, dans une pièce de la gendarmerie de Sévaré, Adama porte le même pantalon coupé court que ses ex-employeurs islamistes, mais il assure qu’il ignorait tout d’eux. Ils ont quitté la ville, du jour au lendemain, explique-t-il: « Un boutiquier nous a dit qu’ils étaient partis pour la guerre. On a compris qu’on ne serait pas payés à  la fin du mois. Alors, on est partis. » Son histoire est peu plausible. Mais il serait surprenant, a contrario, qu’Adama ait rejoint les rangs du Mujao par affinité idéologique. L’appât du gain, alors? Le sergent Pascal Diawara, qui a interrogé le jeune homme, n’est guère convaincu: « Du travail, on en trouve à  Sévaré ou ailleurs, payé 1000 francs par jour, explique-t-il. Il y a bien plus de travail ici qu’au Nord. Quand on est engagé chez ces gens, on est engagé! Personne ne peut prétendre ignorer o๠il met les pieds quand il va à  Douentza. » Les jeunes suspects interrogés à  la gendarmerie de Sévaré viennent de toutes les régions du Mali, voire de l’étranger. Du Burkina Faso et des pays voisins, mais aussi de bien plus loin… « Votre djihadiste français, Ibrahim Ouattara, a été arrêté ici même », rappelle le sergent. Mais que penser d’Adama? Il semble tout ignorer de la stratégie des islamistes, et même que son pays est en guerre. Sur le chemin du retour, les deux adolescents ont demandé à  boire à  un vieux, qui a refusé de les aider: « Il nous a accusé d’être des islamistes. Puis un motard s’est arrêté, et a menacé de nous tuer. On a pris la fuite, mais j’ai eu peur. Alors, me voici.  » Mohamed a continué sa route, mais Adama s’est livré au motard, qui l’a amené aux autorités. Depuis le 22 janvier, il est en prison. A Sévaré, l’interrogatoire a été suivi d’un entretien avec un représentant du Comité International de la Croix-Rouge, installé sur place depuis mars 2012.

Iyad Ag Ghali, le djihadiste touareg

Ses vieux amis se rappellent un poète, un homme à  femmes et un amateur d’alcool. Ils se souviennent aussi d’un lève-tard qui n’émergeait pas avant midi, l’esprit embrumé par les nuits à  discuter politique autour d’un verre. L’un d’eux, touareg comme lui, l’avait même grondé parce qu’il ne faisait jamais le «fajr», la prière de l’aube. Aujourd’hui, Iyad Ag Ghali impose la règle la plus stricte à  tout son monde. à€ la mosquée, il se tient au premier rang, il ne serre plus la main à  une femme, il boit de l’eau et refuse tout contact avec les non-musulmans. Zélé converti, son projet politique l’est tout autant: un émirat islamiste au Nord-Mali, précurseur d’un «Sahelistan» englobant toute la région. L’incarnation de la lutte touareg Fondateur et commandant de la milice Ansar Dine – les partisans de la religion -, Iyad Ag Ghali, 54 ans, est aussi le principal chef de guerre qu’affrontent les troupes françaises et leurs alliés. C’est lui qui a lancé ses milices à  la conquête de Bamako, précipitant des colonnes de pick-up chargés de combattants vers le Sud. C’est donc lui qui a poussé un François Hollande, pris de court, à  déployer l’armée sur le territoire malien, quitte à  revenir sur tout ce qu’il avait affirmé auparavant. Dans le paysage de la rébellion touareg, Iyad Ag Ghali n’est pas un nouveau venu, tant s’en faut. Il incarne au contraire la lutte des Hommes bleus contre Bamako depuis plus de vingt ans. «Un de nos plus grands chefs de guerre», dit de lui un intellectuel touareg, qui ne veut pas que l’on publie son nom par peur des représailles. Son charisme, son courage et son opportunisme ont bâti sa légende, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, parce que de jeunes Touaregs sont prêts à  suivre son turban blanc jusqu’à  la mort, même si le chef les exhorte aujourd’hui au sacrifice au nom du djihad et de la charia. Le pire, parce que ses rivaux et ses ennemis lui reprochent duplicité, trahison, luttes fratricides et d’innombrables pactes avec le diable – de Bamako, d’Alger ou d’al-Qaida. Dans les années 80, il s’enrôle dans la Légion verte du colonel Kadhafi Né dans la tribu noble des Ifoghas, près de Kidal, ville du nord-ouest du Mali, Iyad Ag Ghali a laissé derrière lui la misère du nomade pour s’enrôler dans la Légion verte du colonel Kadhafi au début des années 80. Le «Guide» avait beaucoup promis aux Touaregs, feignant d’épouser leur cause. à‰quipé et formé en Libye, le jeune Iyad fait partie du corps expéditionnaire envoyé par Kadhafi au Liban pour sauver les Palestiniens en guerre contre les milices chrétiennes et les Israéliens. Selon un de ses camarades de l’époque, il aurait été évacué de Beyrouth avec Yasser Arafat le 30 août 1982 par un bateau français. Un an plus tard, Iyad Ag Ghali fait partie des unités libyennes qui entrent au Tchad en appui des rebelles pour renverser le président Habré. Une aventure stoppée (déjà !) par l’armée française. «Le Renard du désert» La carrière d’Iyad Ag Ghali se perd ensuite dans les sables du désert. On sait seulement que le mercenaire de Kadhafi, déçu, a regagné le Mali. Avec quelques compagnons de la Légion verte, il monte une rébellion touareg. En juin 1990, un premier fait d’armes fonde sa légende. Flanqué d’une poignée d’hommes équipés de seulement six fusils, il s’empare de la garnison de Ménaka, une bourgade du nord-ouest du Mali. Par la suite, la geste d’Iyad Ag Ghali ne cessera de s’enrichir et lui vaudra le surnom de Renard du désert. Au gré des révoltes, il devient «le» leader, à  la fois politique et militaire, de la cause touareg face à  l’à‰tat malien. Interlocuteur de Bamako, il négocie plusieurs accords qui portent, entre autres, sur le développement du Nord-Mali et l’intégration de Touaregs dans les forces armées. Sa route croise celle de prédicateurs pakistanais Chapeautées par l’Algérie (accords de Tamanrasset en 1991, accords d’Alger en 1996), les discussions permettront à  Iyad Ag Ghali de nouer d’étroites relations avec le puissant voisin du nord, au point d’être regardé aujourd’hui comme un de ses agents. à€ la fin des années 90, sa route va croiser celle de prédicateurs pakistanais du Jamaat al-Tabligh en visite au Mali. à€ leur contact, le guerrier qui composait des chansons d’amour va basculer vers le rigorisme. Aussi, en 2003, quand des bandes d’islamistes opérant dans le Sahara prennent des Occidentaux en otages, c’est naturellement vers lui que les autorités maliennes se tournent pour récupérer les touristes. Non seulement Iyad Ag Ghali s’enrichira en prélevant sa commission sur les rançons, mais il va se lier à  ces groupes radicaux. Début 2012, on les retrouvera à  ses côtés quand il s’emparera du Nord-Mali. C’est en Arabie saoudite qu’Iyad Ag Ghali se convertira à  l’idéologie djihadiste qui guide sa milice actuelle, Ansar Dine. Nommé conseiller consulaire à  Djedda par le président malien Amadou Toumani Touré, en 2007 il y fréquente les musulmans les plus radicalisés. «Une véritable haine des Occidentaux» «Il aurait pu obtenir un poste plus important, confie un de ses amis touaregs, mais il a préféré celui-ci pour pouvoir se rendre tous les vendredis à  la grande prière de La Mecque.» Le Royaume l’expulsera pour ses contacts avec des membres d’al-Qaida…«Il est revenu de Djedda avec une véritable haine des Occidentaux», dit un vieux compagnon de route. L’universitaire français Pierre Boilley, qui passa des soirées à  refaire le monde avec lui, confirme: la dernière fois qu’il l’a vu, il l’a à  peine salué de loin. Celui qui se prenait pour le Che Guevara de l’Azawad n’est plus qu’un djihadiste infréquentable. Et la cause touareg, si chère à  son coeur, est passée du côté sombre de la charia.

L’armée française se rapproche de Gao

Deux semaines après le début de son intervention au Mali, l’armée française a infligé des coups sévères aux groupes islamistes et progresse vers le nord pour accompagner la reconquête du territoire par les forces maliennes. Les objectifs fixés sont «atteints et respectés», a affirmé vendredi depuis Buenos Aires le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, écartant tout «risque d’enlisement». Après la ville de Hombori reprise jeudi, on apprenait samedi que l’aéroport de Gao et le pont Wabary à  l’entrée sud de la ville étaient désormais sous le contrôle commun des forces française et malienne. Des combats auraient toujours lieu sur cette zone. L’aéroport se trouve à  6 kilomètres de la ville. «Les terroristes djihadistes qui ont affronté les armées malienne et française ont vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits», a indiqué Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, dans un bref communiqué, en adressant ses «plus vives félicitations» aux 3700 militaires français impliqués. Les autorités maliennes pensent que l’offensive contre Gao, l’une des principales villes du nord du Mali, sur la boucle du fleuve Niger, pourrait désormais intervenir rapidement. Des témoins affirment toutefois que les islamistes auraient fui le territoire. Gao est un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). C’est ce groupe qui a dit samedi à  l’Agence France Presse vouloir négocier la libération de l’otage français Gilberto Rodriguez Leal qu’il détient depuis deux mois. Les responsables maliens ont fait état de raids aériens français, jeudi, contre des positions insurgées à  Ansongo, à  une centaine de kilomètres au sud de Gao, sur la route du Niger o๠des contingents nigérien et tchadien – les Tchadiens seraient 1500 au Niger, d’après le ministère français de la Défense – se rassemblent pour participer aux opérations militaires. Les rebelles islamistes ont fait sauter un pont à  Tassiga, au sud d’Ansongo, sur la route principale longeant le fleuve Niger et menant au pays du même nom. Deux civils auraient été tués lorsque leur véhicule a emprunté l’ouvrage détruit. Repérages des Forces spéciales Avec les frappes aériennes qui se poursuivent, 2500 hommes et des dizaines de blindés déjà  sur le terrain, l’état-major français affiche sa confiance sur la capacité de ses troupes à  briser les positions et désorganiser les réseaux djihadistes. «On est en phase de reconquête du territoire. Vu les spécificités du terrain, les Français savent très bien faire et ils contrôlent l’espace aérien», analyse Pascal Le Pautremat, spécialiste des questions de défense. Les dix avions de combat Rafale et Mirage 2000 stationnés à  Bamako et N’Djamena poursuivent leurs frappes aériennes contre les bases arrière des islamistes, postes de commandement, dépôts de munition et de carburant, jusqu’à  Tombouctou. Objectif affiché: «Casser au maximum Aqmi», considéré comme l’ennemi n° 1, selon un haut responsable de la défense, qui souligne les «résultats significatifs» des frappes, notamment à  Gao et Tombouctou. Parallèlement, le dispositif terrestre monte en puissance. Plus de 120 véhicules, blindés légers, transports de troupes, vont gonfler dans les jours qui viennent le matériel déjà  déployé. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a rencontré vendredi à  Miramas (Bouches-du-Rhône) plusieurs centaines de soldats en partance pour le Mali, o๠les effectifs français devraient rapidement dépasser 3000 hommes. Le ministère de la Défense refuse toutefois de confirmer l’envoi prochain de chars Leclerc. En deux semaines de combats, la France n’a eu qu’un seul de ses soldats tué – un pilote d’hélicoptère – et ne déplore officiellement aucun blessé. En fait, les soldats français n’ont eu jusqu’à  présent que peu de contacts directs avec les combattants islamistes. Les hommes des Forces spéciales procèdent en revanche au repérage de cibles qui sont détruites ensuite par l’aviation.

Guerre au Mali : le Tchad et le Niger veulent couper toute retraite aux jihadi

« Vous allez avoir à  faire à  un ennemi qui ne cherchera pas à  sauver sa vie. Pour lui, l’essentiel sera de mourir pour aller au paradis. Vous devez être vigilants et déterminés ». Conseil d’Idriss Déby Itno, qui a revêtu sa tenue de général quatre étoile ce 24 janvier à  Niamey, o๠il s’est rendu pour galvaniser ses troupes, juste avant que celles-ci ne partent, jeudi soir, en direction de la frontière du Niger vers le Mali. Le chef de l’à‰tat tchadien sait le rôle important que les forces tchadiennes et nigériennes vont jouer dans la guerre de reconquête du Nord-Mali. Selon des sources militaires tchadiennes, la mission confiée aux deux pays est d’attaquer Gao puis de se positionner à  Kidal, avec une couverture aérienne pour couper toute retraite aux islamistes. Dans le jargon militaire, ce travail est celui d’une équipe de recueil. « l’objectif, C’’est d’éviter des combats dans la zone montagneuse près de la frontière algérienne », ajoute la source. Pour cela, 2 000 hommes, des blindés, des MI24 et six Shukhoi. Contrairement à  ce qu’on annonce, le gros des troupes est déjà  « sur place » affirme, catégorique, une éminente source militaire. Deux gros porteurs de l’armée française et un autre prêté par la République du Congo ont aidé à  accélérer le déploiement qui avait pris un certain retard à  l’allumage. Autour de Gao le 27 janvier Le contingent tchadien aura comme chef le général Oumar Bikimo, qui dirigeait, il y a quelques mois, les forces de la CEEAC basées en Centrafrique, assure la coordination depuis Bamako. Il aura pour adjoint deux jeunes généraux, Abdérahmane Youssouf Meà¯ry, commandant de l’unité antiterroriste depuis 2007, dont les hommes composent le quart des effectifs, et le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du chef de l’à‰tat et commandant de la direction générale des services de sécurités des institutions de l’à‰tat (DGSSIE), la garde présidentielle qui constitue le reste des troupes. Si le Général Bikimo fera l’interface entre le commandement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) et le Tchad depuis Bamako, le cabinet militaire du chef de l’à‰tat, lui, assure un suivi quotidien avec l’armée française depuis N’Djaména. C’’est de la base aérienne de la capitale tchadienne que décollent les avions et les ravitailleurs qui interviennent au Mali. C’’est aussi grâce à  ce suivi qu’il a été décidé d’accélérer le déploiement de l’armée tchadienne avec pour objectif affiché d’être à  Gao autour du 27 janvier…

Les Islamistes se déchirent

C’est le premier coup de théâtre au Nord-Mali, conséquence directe de l’intervention armée de la France depuis deux semaines. Le groupe islamiste touareg Ansar Dine (« Défenseurs de la religion »), qui fait régner la terreur depuis 10 mois à  Tombouctou, Kigal et Gao aux côtés des combattants d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), vient de se scinder en deux. Des dissidents touareg islamistes ont créé leur propre groupe, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). « Le MIA affirme de la manière la plus solennelle qu’il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à  les combattre », affirme la nouvelle entité dans un communiqué reçu jeudi par l’AFP. « L’intervention française au Mali crée aujourd’hui une nouvelle situation politique qui se manifeste par la scission au sein d’Ansar Dine », explique au Point.fr André Bourgeot, spécialiste du Mali au CNRS. « L’avènement du MIA modifie inévitablement les rapports de force politiques dans le nord du pays. » Label « al-Qaida » Le coup d’à‰tat militaire du 22 mars dernier contre l’ex-président malien Amadou Toumani Touré a totalement désorganisé l’armée malienne, qui n’a rien pu faire face aux combattants islamistes qui se sont emparés des trois principales régions administratives dans le nord du pays. La cité de Tombouctou est tombée aux mains d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), anciennement connue sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ces djihadistes, qui combattaient en Algérie durant la guerre civile, ont été en partie expulsés du pays par l’armée algérienne. Aujourd’hui réfugié dans le Sahel, le GSPC a obtenu le label « al-Qaida », devenant la branche régionale de la nébuleuse terroriste. Il finance et arme aujourd’hui deux autres groupes islamistes qui lui sont – de fait – affiliés. Né fin 2011, à  la suite de la défection de membres d’Aqmi, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dicte sa loi dans la région de Gao. Quant à  la ville de Kidal, elle demeure sous la coupe des Touareg islamistes d’Ansar Dine, faction créée elle aussi en décembre 2011. Flexibilité des islamistes « La nouvelle stratégie d’al-Qaida est de mettre sur pied des groupes locaux dirigés par des autochtones, afin de mieux s’adapter aux réalités du terrain », explique André Bourgeot. « S’ils demeurent autonomes, les trois groupes islamistes, qui vivent du trafic de drogue, poursuivent le même objectif : instaurer la charia dans l’ensemble du pays », ajoute le spécialiste du Mali. « Leurs membres peuvent ainsi combattre avec l’un ou l’autre groupe, selon les besoins du terrain. » Mais cette réalité est aujourd’hui bouleversée par l’arrivée du MIA, qui affirme vouloir une solution négociée à  la crise au Mali. à€ sa tête, figure Algabas Ag Intalla, qui n’est autre que l’envoyé d’Ansar Dine, qui s’est rendu en décembre dernier à  Ougadougou pour négocier avec la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) l’arrêt des combats. Or, coup de théâtre, un mois plus tard, le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, décide contre toute attente de reprendre les hostilités. « Algabas Ag Intalla, très implanté localement, est le seul à  même de rallier à  sa cause d’autres Touareg, comme ceux du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « , affirme André Bourgeot. La carte touareg Ce mouvement touareg, qui est lui laà¯que, lutte depuis cinquante ans pour arracher à  Bamako l’indépendance de l’Azawad, nom donné au nord du Mali. Il s’est même allié, lors du coup d’à‰tat militaire de mars 2012, aux islamistes touareg d’Ansar Dine pour conquérir les grandes villes du nord. Mais il en a ensuite été exclu. Considérablement affaiblis, les Touareg du MNLA ont déclaré lundi à  l’AFP être « prêts à  aider » l’armée française, en faisant « le travail au sol » contre les djihadistes du nord. « D’un point de vue militaire, je pense que le MNLA n’existe plus », a riposté le lendemain Tieman Coulibaly, le ministre malien des Affaires étrangères. Tandis que les premières forces africaines de la Misma commencent à  se diriger vers le centre du Mali, la nouvelle de la scission d’Ansar Dine pourrait relancer l’hypothèse d’une solution négociée en parallèle. « Algabas Ag Intalla, nouveau chef du MIA, se pose aujourd’hui comme le seul interlocuteur respectable aux yeux de la communauté internationale », analyse André Bourgeot. « Cela renforce la dimension touareg au nord du pays et pourrait favoriser un règlement politique intérieur de la crise, et donc les conditions d’un éventuel retrait des troupes françaises. »

Pourquoi les Américains ne sont pas au Mali

Il était sans doute malvenu de gâcher la fête. A quelques jours de la cérémonie d’investiture qui inaugurerait le second mandat de Barack Obama, les Etats-Unis avaient d’autres priorités que de s’engager militairement dans le conflit malien. Mais leur étonnante réserve, dans une guerre ouvertement déclarée contre le terrorisme avec des accents qui n’auraient pas déplu à  George W. Bush, a de quoi surprendre. En dehors des déclarations officielles rappelant que Washington soutient l’initiative de la France, que cette dernière agit bien à  la demande du Mali, de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et en conformité avec la résolution 2085 de l’ONU, on ne peut qu’être frappé par le service minimum dont fait preuve l’administration Obama. Au point que les autorités françaises regrettent amèrement ce minimalisme, qui se traduit par une absence d’aide militaire significative, laquelle serait pourtant bienvenue. A la grande différence de la Libye, o๠les forces américaines ont joué un rôle tout à  fait décisif dans les frappes aériennes, on déplore à  Paris le refus d’engagement des Etats-Unis et on constate que le carnage d’In Amenas, en Algérie, n’a rien changé à  leur position. Il est vrai que la logorrhée même des terroristes ne fait pas des Etats-Unis le « grand Satan » habituel ; leurs menaces ciblent bien davantage la France, objet de toute leur vindicte. Ajoutons qu’après l’attentat de Benghazi, qui coûta la vie à  l’ambassadeur américain, en septembre 2012, l’administration Obama est très soucieuse de ne pas entrer dans un nouvel engrenage africain, qui apparaà®trait comme une suite à  la désastreuse expédition en Somalie, au funeste enlisement en Irak, à  l’impopulaire guerre d’Afghanistan, à  la succession de déconvenues résultant du printemps arabe. Du reste, la loi des Etats-Unis interdit toute assistance, à  l’exception de l’aide humanitaire, à  un pays dans lequel un gouvernement démocratiquement élu est renversé. Même les avions ravitailleurs, dont la France a un besoin pressant, entrent dans la catégorie des armes par destination – et sont donc refusés. Cette fois, au Mali, pas de « leadership from behind » comme en Libye, théorie chère à  Obama, qui consiste à  « diriger depuis l’arrière ». Il n’y a guère que dans le domaine du renseignement que la France bénéficie des largesses américaines. En réalité, ce « profil bas » relève de facteurs plus profonds, qui découlent d’une divergence de fond entre Washington et Paris. L’an dernier, les Etats-Unis se sont opposés au projet de résolution déposé par la France pour autoriser l’envoi d’une force africaine au Mali, car ils reprochaient à  la conception française de mêler processus politique de réconciliation nationale et déclenchement d’une opération militaire dans le Nord. Le point de vue américain visait, lui, à  dissocier ces deux missions, en privilégiant l’apaisement politique et la formation des troupes maliennes pour renvoyer à  plus tard toute initiative militaire d’envergure chapeautée par l’ONU: les élections plutôt que l’intervention. La percée subite des islamistes vers le sud, qui a littéralement provoqué l’intervention française, a cependant consacré l’échec de cette perception: Washington, qui avait beaucoup investi dans la formation de l’armée malienne, a constaté, démuni, que bon nombre des cadres et des unités dites d’élite qu’il avait entraà®nés avaient fait défection et rejoint les rebelles. Néanmoins, l’administration américaine continue de marquer ses distances. Ce n’est pas la moindre des leçons de la guerre du Mali: Obama I avait exigé de son allié français l’envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan, tandis qu’Obama II lui refuse aujourd’hui un soutien précieux. Le président réélu ne saurait mieux dire que ce n’est pas « sa » guerre.

La France met la pression sur les États-Unis

Des avions américains ont commencé le transport de troupes et de matériel de France vers le Mali, en réponse aux demandes de soutien aérien émises par les Français depuis plusieurs jours. Les avions de ravitaillement en vol de l’Hexagone se comptant sur les doigts d’une main, la France va aussi disposer des avions ravitailleurs de l’US Air Force (l’Amérique dispose d’une flotte de quelque 350 avions ravitailleurs), dont elle a un cruel besoin vu le caractère éloigné du théâtre d’opération malien. Mais derrière ces annonces, présentées à  Paris et à  Washington comme l’exemple de «l’excellente coopération» militaire et politique qui lie les deux pays, se joue une partie diplomatique un brin plus compliquée entre la France et son grand allié d’outre-atlantique. La réalité est que Paris bute sur la fatigue d’une Amérique qui, après dix ans d’engagement de ses boys dans des pays lointains pour des guerres «antiterroristes» coûteuses en hommes et en dollars, rêve de se replier un temps sur ses frontières, pour s’y consacrer à  ses propres défis. Cette hostilité à  s’engager à  nouveau sur un terrain aussi incertain que le Mali, o๠les Américains ont subi récemment de lourds déboires, après avoir formé et encadré une armée malienne dont une partie a finalement organisé un putsch tandis que l’autre ralliait la rébellion islamiste du nord, a été tangible ces derniers jours pendant la négociation qui s’est engagée sur les contours de l’aide que l’Amérique apporterait à  l’intervention surprise décidée par la France au Mali. Si une consultation permanente prévaut à  tous les niveaux – les présidents Obama et Hollande se sont parlé avant l’envoi des troupes françaises et plusieurs fois depuis – il reste difficile de démêler jusqu’à  quel point les Américains vont s’engager et ce qu’ils ont en tête. Mais le savent-ils eux-mêmes? Une contrepartie financière demandée Certes, au Pentagone, comme au Département d’à‰tat et à  la Maison-Blanche, la satisfaction, voire le soulagement que les Français y soient allés et assument, s’exprime. Les Américains restent admiratifs des capacités de l’armée française et fascinés par la rapidité du processus de décision, sans débat public préalable, et concentré à  la présidence, qui prévaut à  Paris en matière d’intervention. Une situation impensable à  Washington o๠l’exécutif doit passer sous les fourches caudines du Congrès pour décider d’entrer en guerre. «Dans le jeu de cartes de la puissance, notre capacité à  intervenir en Afrique est une de nos cartes clé vis-à -vis des Américains», note d’ailleurs une source diplomatique française. Mais cela n’empêche pas les Américains de traà®ner les pieds pour assumer leur rôle de soutien. Ainsi les Français ont-ils été très «surpris» selon une source indépendante qui s’est confiée au Figaro, de la manière dont Washington aurait traité leurs demandes de soutien aérien. S’ils ont donné un accord de principe, les à‰tats-Unis restent peu coulants sur les modalités exactes de cette aide. Washington a notamment demandé que la France paie pour les avions alloués par l’Amérique, une exigence qui en dit long sur les préoccupations budgétaires du moment. «Une demande sans précédent» en matière de coopération occidentale, nous confie la même source indépendante. Paris conteste l’existence d’un blocage politique, parlant au contraire d’une négociation technique et d’un débat américano-américain bureaucratique. Outre la question des compensations financières, les Américains ont invoqué des arguments légaux pour expliquer leur réserve, se disant gênés par le fait d’avoir à  ravitailler des avions qui seraient destinés à  frapper des cibles, car cela les mettrait, expliquent-ils, en situation de «cobelligérance». La France cherche de son côté à  s’assurer que le soutien aérien américain sera au rendez-vous si ses troupes se retrouvent en difficulté. Le débat est toujours en cours. Mais selon une source indépendante, l’ambassadeur de France a accentué la pression ce week-end, appelant plusieurs contacts à  la Maison-Blanche, dont la conseillère du président Valerie Jarrett et le sénateur John Kerry, pour rappeler l’importance du soutien américain. Un projet de résolution «de m…» Dès le début de la crise, les Américains ont apporté une aide immédiate et totale en matière de renseignement à  leurs alliés français, notamment grâce à  leurs satellites. Mais les observateurs avertis soulignent qu’ils semblent en revanche peu pressés de s’engager plus directement dans un engrenage malien dont ils ne voient pas clairement l’issue. Il y a quelques mois, certains au Pentagone avaient préconisé des frappes de drones sur les intérêts d’al-Qaida au Maghreb islamique. La France, qui connaà®t bien le terrain et craignait que des frappes spectaculaires n’attirent en terre malienne des hordes de djihadistes (et ne mettent en péril les otages français détenus par Aqmi), les avaient alors freinés, préférant privilégier des missions de contre-terrorisme plus discrètes. Quand la situation s’est gâtée à  l’automne, le gouvernement de François Hollande a en revanche été en première ligne pour accélérer la mise en place d’un dispositif de forces africaines susceptibles de se déployer en tampon entre le nord et le sud, avec pour objectif ultime de rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Mais les à‰tats-Unis ont alors ralenti le processus, traà®nant des pieds et jugeant que le projet était mal ficelé et trop précipité. Ils ont préconisé la tenue d’élections préalables à  Bamako, aujourd’hui tenu par un gouvernement issu d’un putsch. Les désaccords ont été suffisamment forts pour que l’ambassadeur américain à  l’ONU Susan Rice qualifie le projet de résolution française de projet de «m…», avant qu’un vote n’ait finalement lieu fin décembre pour confirmer le droit à  l’utilisation de la force et le déploiement futur de troupes africaines. Une prise de conscience progressive du danger Aujourd’hui, après la surprise suscitée par la marche forcée des islamistes vers le sud et la décision d’intervention éclair de Paris, le credo actuel américain consiste à  affirmer «son soutien» à  la France et à  encourager le déploiement des forces africaines aussitôt que possible. Les à‰tats-Unis promettent aussi d’être très actifs dans la phase 3 d’africanisation du conflit, notamment en matière d’aide financière et de formation. Mais certains observateurs, notamment américains, soulignent qu’en dehors des Tchadiens, rompus à  la guerre dans le désert, les autres forces africaines impliquées ne sont pas vraiment préparées à  se battre sur le terrain désertique du Nord Mali et auront du mal à  prendre la relève des Français. Une réalité qui pose avec d’autant plus d’acuité la question des forces occidentales susceptibles de venir en renfort, si la situation se gâte ou s’éternise. La spectaculaire prise d’otages en Algérie par les mêmes groupes terroristes islamistes qui agissent au Mali, semble avoir suscité une prise de conscience de certains pays, comme la Grande-Bretagne. La mort de 3 otages américains pourrait potentiellement changer les paramètres de l’équation d’engagement de Washington, supputent certains experts. Mais le sujet est resté pour l’instant relativement absent des télévisions américaines, sans doute en raison des festivités d’investiture. L’idée que l’Amérique, sous l’effet de la mort de ses compatriotes et de la propagation de l’instabilité, finisse par s’engager dans des opérations secrètes pour frapper Aqmi et ses alliés est théoriquement envisageable. Mais pour l’instant, cela n’apparaà®t pas dans les cartes, assurent les experts. «Ils ne prennent que progressivement conscience du danger que représente Aqmi, dit une source diplomatique française. Pour eux, le terrorisme, c’est l’Afghanistan, le Pakistan, le Yémen, la Somalie et un peu le Nigeria. Cela fait des années que nous nous efforçons de les sensibiliser à  cette problématique sahélienne. Il faut du temps pour faire bouger le paquebot américain, mais cela progresse», ajoute-t-il, sûr que la présence de John Brennan à  la tête de la CIA, aidera les intérêts français, car ce expert du contre-terrorisme «connaà®t très bien le sujet».