La CMA a revendiqué hier dimanche l’attaque de deux camps militaires à Léré dans la région de Tombouctou. Les combats ont débuté vers 15h30 et ont duré plus de deux heures selon des sources locales qui ont affirmé que la CMA a pris possession des deux camps. Certaines des sources affirment que c’est une alliance CMA-JNIM qui lancé l’assaut contre les camps. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent les séparatistes dans les camps. Ils affirment également avoir abattu un avion de l’armée, un Albatros-L39. L’armée a annoncé dans la soirée qu’une riposte était en cours et appelé les populations à rester sereines et éviter tout mouvement près des emprises. Ce lundi, dans un communiqué, l’armée assure que les FAMa sont actuellement mobilisés dans le secteur n°3 suite à l’attaque de Léré pour défendre ses positions et maintenir la paix et la paix et la sécurité des populations. « Notre mission principale dans cette opération est une fois de plus de détruire l’ennemi, de le dissuader de commettre tout acte d’agression et de protéger nos populations » peut-on y lire. Cette nouvelle attaque représente une escalade entre les principaux signataires de l’accord pour la paix de 2015. La CMA avait déjà revendiqué une attaque contre une position de l’armée à Bourem dans la région de Gao le 12 septembre dernier. L’état-major dans son communiqué n’a pas mentionné la CMA mais plutôt une attaque terroriste qui a causé la mort à 10 soldats et en a blessé 13. L’armée assure dans le même communiqué avoir neutralisé 46 terroristes. Ces combats interviennent alors que la MINUSMA doit bientôt rétrocéder ses camps situés dans des zones sous contrôle de la CMA à l’armée. L’attaque de Bourem visait notamment à empêcher de prendre possession des emprises de la MINUSMA. Le détachement de l’armée destiné à la région de Kidal y est basé.
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RPM : vers un nouveau feuilleton judiciaire ?
Le président sortant du Rassemblement pour le Mali (RPM), Dr. Bocary Tréta, a été réélu à la tête du parti à l’issue d’un Congrès extraordinaire tenu les 26 et 27 août dernier. Loin de mettre fin aux divisons qui gangrènent le parti, ce congrès pourrait ouvrir un nouveau chapitre de la bataille judiciaire entre les deux tendances opposées pour son contrôle.
Pour les organisateurs de ce Congrès extraordinaire, plus de 75 sections du parti étaient favorable à sa tenue, ce qui dépasse largement les 2/3 recommandés par l’article 30 des statuts du RPM. Mais, selon la tendance opposée, qui a boycotté le rendez-vous, cela relève du « mensonge et de la manipulation ».
« Ils ont gonflé le nombre de nos structures et la qualité de la représentation des sections n’y était pas. Une semaine avant la tenue du congrès, notre tendance a réuni 41 sections de l’intérieur, qui n’ont pas participé au Congrès extraordinaire », affirme Maitre Baber Gano, Secrétaire général sortant du parti et Porte-parole du Collectif pour la défense des statuts et règlement intérieur du RPM (CDSRI-RPM).
Désaccords persistants
Ce collectif, qui avait saisi la justice pour l’annulation des résolutions du Comité central du parti tenu en décembre 2021, regroupe en son sein de grandes figures du RPM, dont, entre autres, Mamadou Diarrassouba, ancien Secrétaire à l’organisation et Président de la Fédération des sections RPM de Koulikoro, Mahamane Baby, ancien Secrétaire chargé de l’emploi et de la formation professionnelle, Issa N. Traoré, ancien Secrétaire politique adjoint, Mamédy Sidibé, ancien Secrétaire général de la section de Yanfolila, Siaka Batouta Bagayoko, ancien Secrétaire chargé de l’environnement, ou encore Mme Belco Samassékou, ancienne 2ème Secrétaire chargée des relations avec les élus.
Selon eux, Dr Bocary Tréta ne pouvait pas convoquer un congrès en raison de son statut d’ancien Président du RPM. Par conséquent, les membres du collectif avaient proposé la mise en place d’un directoire paritaire entre les deux parties pour renouveler les instances du parti à la base avant d’aller au congrès.
« Nous ne sommes pas allés au Congrès extraordinaire du 26 août, qui ne nous concernait pas, puisqu’il s’agissait d’un congrès organisé unilatéralement par un clan et qu’il était contraire aux statuts et règlements intérieur du parti et contraire aux décisions de justice qui sont intervenues dans le cadre du contentieux qui a nous a opposé à cette tendance », se justifie le Porte-parole du Collectif.
Toutefois, à en croire une source proche du camp Tréta, une Commission de conciliation avait été mise en place pour démarcher tout le monde avant l’organisation du congrès, mais elle s’est heurtée au refus catégorique des membres du collectif de toutes les propositions mises sur la table, celui-ci demandant en retour uniquement le départ de Bocary Tréta.
Riposte ?
Alors que pour certains, la réélection de Bocary Tréta à la tête du parti des Tisserands pour les cinq prochaines années ouvre la voie à un départ du RPM des membres de la tendance opposée, celle-ci ne s’avoue pas pour autant vaincue et compte mener des actions pour reprendre le contrôle du parti.
« Nous ne claquerons pas la porte du RPM. C’est nous qui avons construit ce parti et nous n’allons pas détruire ce que nous avons construit. Nous allons obliger les fraudeurs à se mettre dans les rangs. Le parti ne pourra pas être dirigé par une bande de meneurs de hold up. C’est un hold up politique qu’ils ont fait ,mais nous allons y mettre fin », promet Me Gano, qui affirme par ailleurs attendre la publication des résolutions issus des assises des 26 et 27 août pour entamer des actions contre ce « congrès putatif, qui n’a pas d’existence légale ».
« Ce bureau sera attaqué et il tombera. Ce congrès ne peut pas demeurer dans les annales des congrès du parti. Ils ont organisé un Congrès extraordinaire alors que nous étions dans le cadre d’un congrès ordinaire », clame l’ancien ministre de l’Intégration africaine.
BCEAO : le taux directeur relevé à 3,25%
Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a décidé, lors de sa session ordinaire du 6 septembre 2023, du relèvement des taux directeurs de la Banque centrale à compter du 16 septembre 2023. Le principal taux directeur auquel la banque centrale prête aux banques commerciales passe de 3 à 3,25%. Une décision destinée à prévenir les risques liés à l’inflation.
Avec une croissance projetée à 5,6% en 2023, l’activité économique dans la sous-région reste plutôt dynamique, selon la BCEAO. Les crédits au financement évoluent au rythme annuel de 16%. Et l’inflation, qui avait atteint 5,8% au premier trimestre 2023, a baissé à 4% au deuxième trimestre, pour se situer à 3,4% en juillet. Mais pas encore au niveau de la cible, la fourchette de 1 à 3%.
Il y a aussi des risques d’inflation sur les produits pétroliers et il existe des risques dans la sous-région qui peuvent avoir un impact sur la production. L’inflation sur le plan international reste élevée, entraînant des difficultés pour mobiliser les fonds internationaux. Toutes choses qui justifient, selon les responsables de la BCEAO, le rehaussement des taux directeurs.
Prévenir la concrétisation des risques
En ce qui concerne le Mali, l’inflation annuelle moyenne a augmenté pour atteindre 9,7% en 2022, essentiellement en raison des coûts des denrées alimentaires, selon la note de la Banque mondiale sur la situation économique du Mali en 2023. S’agissant des projections, le rapport note que les perspectives 2023 sont soumises à des risques liés au calendrier électoral et au resserrement des conditions financières. L’augmentation du coût du financement sur le marché régional sur les 12 derniers mois est aussi un facteur de risque important, compte tenu des besoins élevés de financement intérieur.
Le resserrement de la politique monétaire a aussi entraîné une hausse des rendements des Bons du Trésor à 6-12 mois et des Obligations du Trésor à 5 ans dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). « Les risques de liquidité et de refinancement et les difficultés des finances publiques qui en découlent pourraient peser sur l’économie au sens large et sur la société, en réduisant les dépenses sociales et les investissements et en accentuant potentiellement l’accumulation des arriérés ».
La note de la Banque mondiale attire aussi l’attention sur les risques que font peser les chocs climatiques sur l’agriculture et le pastoralisme, mais indique qu’il sera possible de réduire l’impact en renforçant la résilience financière grâce à des instruments pour protéger ces secteurs.
Sécurité : la guerre entre dans une nouvelle phase
La situation sécuritaire dans le nord du pays s’est considérablement dégradée depuis le début du mois de septembre, avec la multiplication des attaques terroristes visant des positions des Forces armées maliennes (FAMa) mais aussi des civils. Par ailleurs, alors que l’armée s’apprête à reprendre les camps de la Minusma dans la région de Kidal, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), de son côté, est déterminée à garder les zones sous son contrôle.
49 civils et 15 militaires tués, des blessés et des dégâts matériels. C’est le bilan provisoire donné par le gouvernement de la double attaque terroriste revendiquée par le Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (JNIM) le 7 septembre 2023, contre le bateau « Tombouctou » reliant Gao à Mopti et la base militaire des FAMa à Bamba, dans la région de Gao.
407 rescapés de cette attaque sont arrivés le jour suivant à Gourma-Rharous, où dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, ils appelaient les autorités de la Transition à l’aide. « Tous mes enfants sont morts, ma famille entière, il ne me reste plus que mon petit-fils, que vous voyez avec moi », se lamente un vieil homme devant un groupe de rescapés qui scande : « nous voulons quitter ici ». « Nous avons perdu beaucoup de personnes, des enfants tout comme des adultes et des personnes âgées. Nous sommes fatigués. Nous n’avons ni à manger ni à boire, nous avons tout perdu dans cette tragédie. Nous voulons rentrer chez nous », confie, très remontée, une femme. Ce sont les affres, les dernières d’une guerre qui s’étend et devient de plus en plus meurtrière.
Le 8 septembre, au lendemain de cette double attaque, le camp militaire de Gao a été à son tour la cible d’une attaque terroriste faisant une dizaine de morts et des blessés parmi les Forces armées maliennes, suivie 3 jours après, le 11 septembre, de tirs d’obus à l’aéroport de Tombouctou occasionnant des dégâts matériels dans le camp de la MINUSMA s’y trouvant.
Guerre ouverte
Au même moment où les attaques du JNIM se multiplient, la CMA, de son côté, mène des actions dans le but d’empêcher la perte des zones qu’elle contrôle dans le nord du pays. Dans un communiqué en date du 10 septembre, le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), regroupant la CMA et d’autres mouvements signataires de l’Accord pour la paix, « tout en désignant la junte au pouvoir à Bamako comme seule responsable des conséquences graves qu’engendrera sa stratégie actuelle de rompre le cessez-le feu », déclare « adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les forces de cette junte partout sur l’ensemble du territoire de l’Azawad ».
« Le CSP-PSD appelle les populations civiles à s’éloigner au maximum des installations, mouvements et activités militaires et les assure que ses forces feront de la sécurisation des personnes et de leurs biens leur priorité contre toutes sortes de menaces », poursuit le communiqué, signé du Président Alghabass Ag Intalla. Mais le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger s’en sont désolidarisés pour n’avoir pas été associé à la rédaction de la déclaration.
Le 11 septembre, dans une « communication en temps de guerre », la cellule d’information et de communication des affaires militaires de l’Azawad, créée quelques jours plus tôt, demandait « à tous les habitants de l’Azawad de se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie et ainsi reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien ». Pour concrétiser ses menaces, la CMA est passé à l’acte le 12 septembre en s’attaquant à une position de l’armée malienne à Bourem, dans la région de Gao. Selon certaines sources, le dispositif de l’armée malienne qui doit reprendre les camps de la MINUSMA dans la région de Kidal est stationné dans cette zone. Les combats violents ont duré plusieurs heures et la CMA s’est repliée suite à l’intervention des vecteurs aériens de l’armée, qui ont effectué de nombreuses frappes. L’État-major général des armées, qui n’évoque pas la CMA dans son communiqué, parle « d’une attaque complexe aux véhicules piégés de plusieurs terroristes à bord de plusieurs véhicules et motos ». Bilan, « 10 morts et 13 blessés dans les rangs des FAMa et 46 terroristes neutralisés, plus de 20 pickups détruits, y compris ceux équipés d’armes ». Signe que la collusion réelle entre la CMA et le JNIM, comme ce fut le cas en 2012, est désormais bien intégrée dans la communication de l’armée. Ces affrontements directs entre les deux principaux protagonistes signent aussi la « mort cérébrale » de l’Accord pour la paix signé en 2015, du moins en l’état, à moins que la communauté internationale, en l’occurrence l’Algérie, chef de file de la médiation, jusqu’alors silencieuse, ne tente de faire rasseoir les parties autour de la table.
Nouveau tournant
En attendant, pour l’analyste politique et sécuritaire Moussa Djombana, la montée des tensions dans le nord s’explique par une combinaison de facteurs, notamment la volonté d’occupation de l’espace laissé par le départ progressif de la MINUSMA et le renforcement des capacités militaires des FAMa, qui envisagent des offensives, y compris dans les zones couvertes par le cessez-le-feu de 2014. « Cela a provoqué la colère de la CMA, qui interprète cela comme une violation du cessez-le-feu et une agression », souligne-t-il.
La reprise des hostilités, qui semblait inévitable entre les deux camps, fait basculer la situation sécuritaire dans le pays dans une nouvelle phase depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation en 2015.
À en croire M. Djombana, elle risque de se détériorer davantage par la suite. « Pour les autorités maliennes, les opérations visent les groupes armés terroristes, pas la CMA. Cependant, pour la CMA, la violation du cessez-le-feu de 2014 et la caducité de l’Accord pour la paix sont une réalité depuis quelque temps. Les FAMa ont pris Ber grâce à une opération militaire d’envergure, un bastion de la CMA depuis 2012, ce qui augmente la probabilité de nouveaux affrontements », analyse-t-il.
Même son de cloche chez le géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel Dr. Alpha Alhadi Koïna. « On sait qu’aujourd’hui les groupes armés ne veulent pas du tout laisser l’armée s’installer confortablement dans certaines zones qu’ils prétendent être leurs fiefs. Ber était l’une d’elles. Aujourd’hui, l’armée est aussi déterminée à occuper Aguelhok, Tessalit et plus tard Kidal. S’il n’y a donc pas de négociations, il est fort probable que des affrontements aient lieu », avance-t-il.
Pour Dr. Koïna, la position et la posture actuelle des groupes armés s’expliquent par le fait que la MINUSMA étant en train de partir, « ils essayent d’occuper le plus tôt possible le terrain et d’harceler l’armée avant qu’elle ne puisse se positionner. Pour y parvenir, il est important pour ces groupes armés et terroristes de terroriser la population et de faire peur à l’armée ». « La CMA a tout à perdre si l’armée malienne récupère Kidal. Il est tout à fait normal qu’elle essaye de tout faire pour rester sur ses positions », glisse-t-il.
Bourem : violents combats entre les FAMa et la CMA
De violents combats ont opposé ce mardi les FAMa à la CMA à Bourem dans la région de Gao. Après plusieurs heures d’affrontements, la ville et les emprises sont sous contrôle de l’armée. Très tôt, les différents porte-paroles de la CMA avaient revendiqué la prise de la ville, ce qui a été démenti par de nombreuses sources locales qui ont fait état d’interventions décisives des vecteurs aériens des FAMa. L’armée sur ses pages officielles a évoqué réagir à une attaque terroriste complexe. L’armée qui ne mentionne pas la CMA dans son communiqué a annoncé avoir perdu 10 soldats et neutralisé 46 terroristes dont trois responsables. Selon des informations, c’est dans cette zone qu’est stationnée la compagnie FAMa qui doit prendre possession des camps de la MINUSMA à Aguelhoc, Tessalit et Kidal. Cette escalade coïncide avec une reconfiguration sécuritaire dans le Nord après le départ de la force onusienne à la demande des autorités de la transition. La CMA n’entend pas que la MINUSMA rétrocède ses camps aux autorités maliennes, comme elle l’a fait en août à Ber, près de Tombouctou. Et estime qu’en vertu des arrangements sécuritaires de 2014 et 2015, ces zones devraient revenir sous son contrôle. Dans un communiqué en date de dimanche 10 septembre, Alghabass Ag Intalla, un des leaders de la CMA a sous le sceau du cadre stratégique permanent assurer qu’ils vont désormais adopter des mesures de légitimes défense, appelant également les civils à s’éloigner des installations et des lieux d’activités militaires. Quelques heures après la publication du communiqué, le mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 se sont désolidarisés du communiqué estimant ne pas y avoir été associés.
Ces tensions interviennent aussi alors que les terroristes du JNIM mènent plusieurs attaques Une double attaque qu’ils ont revendiqué dont l’une contre un bateau de passagers sur le fleuve Niger et une position des FAMa à Bamba a fait au moins 64 morts.
Gao : attaque terroriste contre le camp des FAMa
Seulement 24 heures après la double attaque terroriste contre le bateau Tombouctou de la compagnie malienne de navigation fluviale (COMANAF) et le poste de Bamba, ayant entraîné la mort de 49 civils et de 15 militaires, les groupes armés terroristes ont encore mené une attaque complexe contre le camp militaire à Gao. L’armée a annoncé l’attaque ce matin dans une publication précisant que la riposte et l’évaluation étaient en cours.
Une source sur place jointe par au téléphone affirme que les dégâts causés par les explosions étaient majeurs mais ne peut dire avec exactitude le nombre de décès, car difficile d’avoir accès à la zone aéroportuaire qui est quadrillée par les forces de défense. D’après lui, ce sont trois véhicules kamikazes qui ont attaqué le camp Fihroun de Gao alors que d’autres sources évoquent plutôt deux voitures. Des terroristes auraient réussi à s’infiltrer dans le camp, et durant l’après-midi, trois d’entre eux auraient été neutralisés. L’aviation malienne a mené des frappes sur des véhicules suspects aux alentours du camp. Des proches de Fahad Ag almahmoud, leader déchu de la plateforme ont annoncé que deux de leurs véhicules ont été détruits.
Ces attaques surviennent dans un contexte de pression grandissante de groupes armés dans le nord du pays, faisant redouter une éruption de violence. Les tensions mettent aussi en péril la survie de l’accord d’Alger, signé en 2015 par l’État malien et les groupes armés du nord, visant à mettre fin aux hostilités ouvertes trois ans plus tôt.
Accord pour la paix : l’inévitable confrontation entre les parties ?
Alors que le processus du retrait de la MINUSMA doit s’achever le 31 décembre 2023, la mission onusienne a entamé le 1er septembre 2023 la deuxième phase de rétrocession de ses emprises à l’État malien. Cette phase, qui verra la rétrocession des camps d’Aguelhok, de Tessalit et de Kidal à l’armée malienne, des zones sous contrôle de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), fait craindre une reprise des affrontements armés entre les deux parties.
Si la rétrocession du camp de Ber, dans la région de Tombouctou, avait déjà occasionné mi-août un regain de tensions entre l’armée malienne et les groupes armés terroristes, d’une part, et la CMA, de l’autre, celles en vue dans le bastion des ex-rebelles des camps d’Aguelhok et de Tessalit, du 15 au 30 septembre 2023, et de Kidal deux mois après, le 15 novembre, risque de marquer définitivement la reprise des affrontements entre les Forces armées maliennes (FAMa) et la CMA, depuis la signature du cessez-le-feu du 23 mai 2014. C’est du moins ce que laissent présager les différentes prises de position des deux camps depuis un certain temps.
Escalade
Assurant le 12 août dernier qu’elle poursuivrait pleinement la défense de ses positions, consacrées par le cessez-le-feu du 23 mai 2014 et par les arrangements sécuritaires, lors des heurts qui ont émaillé la reprise en main du camp de Ber par les FAMa, la CMA a dénoncé dans un communiqué, le 28 août 2023, le largage de deux bombes par des avions FAMa sur le village d’Anefis, pour « terroriser les habitants et sur une position de la CMA, sans faire de victimes ».
« Après maintes analyses, et au vu de ce qui précède, la CMA considère que la junte de Bamako a définitivement et délibérément opté pour une escalade vers des hostilités ouvertes aux conséquences obligatoirement désastreuses », indique le communiqué, signé du Porte-parole Ibrahim Ag Eouegh.
Dans la foulée, l’armée malienne a de son côté annoncé avoir mené le même jour dans la localité une frappe aérienne contre un « groupe de terroristes armés, neutralisant plusieurs terroristes et quatre camions ».
À l’occasion de la réunion du Conseil de sécurité, à la même date, sur le rapport d’étape du Secrétaire général des Nations Unies sur le retrait de la MINUSMA, Issa Konfourou, Représentant permanent de la République du Mali auprès des Nations Unies à New York, a déclaré que si les Forces armées maliennes étaient attaquées ou empêchées d’accomplir leurs missions elles se verraient dans l’obligation de réagir vigoureusement.
« La détermination du Mali à faire occuper par l’Armée malienne tous les camps qui seront libérés par la MINUSMA ne constitue pas un acte de belligérance ou de rupture du processus de paix. Au contraire, cela s’inscrit dans le processus régulier de rétrocession des emprises de la Mission et dans le respect du cadre juridique en vigueur, notamment l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que toutes les résolutions du Conseil de sécurité qui reconnaissent la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du Mali », a clamé l’ambassadeur.
La CMA soutient le contraire. Pour les ex-rebelles, en tenant « coûte que coûte à occuper les emprises de la MINUSMA, y compris celles situées dans les zones sous contrôle de la CMA », Bamako « viole tous les arrangements sécuritaires garantis jusqu’ici par la mission onusienne et la communauté internationale ».
Pour Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la Gouvernance et la Sécurité (OCGS), la question d’une violation ou non aujourd’hui des arrangements sécuritaires devient une « guerre d’interprétation » entre le gouvernement et la CMA.
« À partir de la signature de l’Accord pour la paix, il convient de s’interroger sur le cessez-le-feu de mai 2014, s’il va au-delà de cet Accord, qui prévoit des mécanismes, notamment l’armée reconstituée pour la gestion des zones qui étaient précédemment sous contrôle d’acteurs armés comme la CMA », relève -t-il, précisant qu’il n’y a pas eu d’arrangements sécuritaires sur la rétrocession des emprises de la MINUSMA dans le cadre de son retrait et que les arrangements que la CMA évoque sont ceux de 2014, qui avaient convenu que chaque camp devait rester sur ses positions.
Affrontements en vue ?
Selon Baba Dakono, la poursuite de la rétrocession des camps de la MINUSMA à l’armée malienne dans les régions du nord sera inévitablement jalonnée de tensions entre Bamako et la CMA, parce que la MINUSMA ne peut rétrocéder ses camps qu’à l’armée malienne, ce que conteste la CMA.
Le ministre de la Réconciliation, de la paix et de la cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le Colonel-Major Ismaël Wagué, a invité le 28 août 2023 les « frères » des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali à « revenir à la table des négociations dans le processus de paix, en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue ». Un « non évènement » du côté de la CMA, où la main tendue du gouvernement semble être rejetée.
« Un communiqué laconique d’appel au dialogue de la part de l’adversaire, publié concomitamment à des frappes aériennes sur tes positions, ne saurait être qu’une pièce d’un jeu préétabli. Celui qui consiste déjà à refuser d’assumer que l’on te vise en déclarant exclusivement cibler des terroristes. La recette est bien facile mais indigeste », a fustigé le 29 août Attaye Ag Mohamed, l’un des porte-voix de la CMA. « Nous avions tellement gardé les mains tendues pour le dialogue qu’elles souffrent encore de crampes », a-t-il ironisé.
Pour la poursuite de la rétrocession des camps de la MINUSMA à l’État malien, notamment dans le fief de la CMA à Kidal, Dr. Mady Ibrahim Kanté, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences administratives et politiques (FSAP) de l’Université des Sciences juridiques et politiques de Bamako, envisage pour sa part trois scénarios. Le premier serait celui, comme dans le cas de Ber, où l’armée malienne récupérerait les camps après des accrochages avec la CMA sans une véritable guerre.
Le deuxième serait un affrontement entre les deux parties, les camps de la MINUSMA revenant à la partie qui prendrait le dessus. Mais, avec un tel scénario, la partie perdante continuerait à harceler l’autre, avec le risque d’une aggravation par la suite de la situation, souligne-t-il.
Le troisième scénario, selon l’universitaire, serait celui de « discussions sous la table », qui seraient par ailleurs déjà en cours. À l’en croire, même si le gouvernement ne fait pas d’annonces, des discussions discrètes sont menées pour aller vers une solution négociée. Discussions qui, si elles aboutissaient, permettraient une entente entre l’armée malienne et la CMA pour éviter la « guerre ».
« Je pense que ce dernier scénario est le plus probable, parce que la guerre n’arrange pas la CMA aujourd’hui. Elle n’a pas la même position de force qu’en 2012, où elle était plus forte que l’armée malienne. Aujourd’hui, c’est le contraire, l’armée malienne a pris le dessus. Par ailleurs, la CMA n’a plus le soutien des populations locales dans certaines régions du Nord, comme en 2012 où elle était soutenue par ces dernières pour mener les combats contre l’État malien », avance Dr Mady Ibrahim Kanté.
Accord compromis
Soumis à plusieurs difficultés dans son application depuis sa signature en 2015, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger n’a jamais autant frôlé la rupture que ces derniers mois.
Selon les analystes, une éventuelle reprise des combats entre la CMA et les Forces armées maliennes sonnerait le glas définitif de cet Accord, déjà bloqué depuis des mois dans sa mise en œuvre suite au retrait des groupes armés signataires réunis au sein du CSP-PSD de tous les mécanismes de son suivi depuis décembre 2022.
« Sauf illusion, il est difficile de croire qu’on puisse revenir à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Je pense que ce qui pourrait être fait aujourd’hui, ce sont de nouvelles discussions ou de nouveaux arrangements pour permettre de rétablir la stabilité dans le Nord du Mali », préconise Baba Dakono.
Tombouctou : insécurité grandissante dans la région
Voilà bientôt un mois que l’insécurité croît dans la 6ème région administrative du Mali. Des attaques à répétition et un blocus visant les populations font vivre à Tombouctou des heures difficiles.
S’il fallait un énième incident sécuritaire sur les voies menant à Tombouctou pour prendre au sérieux la volonté des terroristes d’isoler la ville, il a eu lieu. Dans la nuit du 1er au 2 septembre dernier, le Fihroun Ag Alinsar, l’un des bateaux express de transport de passagers de la Compagnie malienne de navigation fluviale (COMANAF), a été victime d’une attaque dans le cercle de Youwarou alors qu’il venait de Mopti pour rejoindre la ville de Kabara, près de Tombouctou. L’attaque, perpétrée à l’arme lourde, a causé la mort d’un enfant de 12 ans et fait plusieurs blessés et des dégâts matériels.
La Cité des 333 Saints est depuis quelques semaines soumise à une pression de la part des Groupes armées terroristes (GAT), notamment le JNIM, qui, selon des sources locales, imposent un blocus à la ville depuis trois semaines.
« Tombouctou est bien sous blocus depuis mi-août. Les denrées de première nécessité n’entrent plus depuis maintenant deux semaines », assène Mohamed Ag Alher Dida, journaliste-blogueur local. « Ça a commencé d’abord par des menaces, à travers des messages vocaux, qui n’ont pas été prises au sérieux au début. Mais nous qui avons vécu la crise ici savons que les terroristes mettent généralement leurs menaces à exécution. Aujourd’hui, Tombouctou est prise en étau, de telle sorte que la ville ne se ravitaille plus via les zones frontalières vers l’Algérie et la Mauritanie. Les voies sont carrément bloquées », ajoute-t-il.
Les camions en provenance des pays frontaliers, mais aussi des voies routières passant par Bambara Maoudé ou Soumpi, qui ravitaillent la ville sont bloqués en pleine brousse ou même incendiés. Le 27 août dernier, l’un d’eux a été calciné en plein jour par des hommes armés à quelques dizaines de kilomètres du quartier d’Albaradjou. Depuis, ils sont nombreux à stationner dans les rues de Tombouctou, comme en attestent des images authentifiées qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux le 2 septembre dernier. Sous blocus, la Ville mystérieuse est également prise pour cible. Le JNIM a revendiqué le 30 août dernier des tirs d’obus visant la zone aéroportuaire de la localité. Quelques jours après, le samedi 2 septembre, c’est le cœur de Tombouctou qui a subi les affres du terrorisme. Des obus lancés en pleine ville par les GAT ont fait un mort. « Certains disent qu’il n’y a pas de blocus sur Tombouctou, mais nous, qui vivons dans la ville, savons quelle réalité nous vivons. Les GAT trompent souvent la vigilance des gens. Pendant une à deux semaines ils ne font rien, mais après ils reprennent leurs attaques », explique une source locale, selon laquelle la situation s’est fortement dégradée suite à l’entrée récente des FAMa à Ber.
Face à la situation « dangereuse », les ressortissants de la région se mobilisent. Outre les dénonciations sur les réseaux sociaux, des rencontres « pour trouver une solution » sont en cours sur place et également à Bamako.
Le lundi 9 septembre 2023, l’Association des ressortissants pour le développement du cercle de Tombouctou (ARDCT) et l’ensemble des Présidents des associations de ressortissants des cercles de Diré, Goundam, Niafunké et Gourma-Rharous, avec plusieurs leaders communautaires, ont rencontré le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga autour de la situation de Tombouctou. Les organisations locales réclament, entre autres, « la pleine implication des structures et des acteurs locaux dans la recherche de toutes les solutions idoines à la situation actuelle que vit la région, le ravitaillement normal des populations en denrées alimentaires et en produits pharmaceutiques, le plein soutien à la COMANAF et à SKY-Mali, en vue de leur permettre d’assurer le transport des personnes et des biens en toute sécurité, et la sécurisation des axes routiers en renforçant le dispositif sécuritaire en place ».
Mali – transition: 64 morts dont 49 civils et 15 militaires dans deux attaques distinctes
Le bateau « Tombouctou » de la COMANAF et un camp de l’armée malienne à Bamba dans la région de Gao ont été visés hier jeudi par des attaques terroristes. Dans un communiqué, le gouvernement a fourni un bilan provisoire de 64 morts dont 49 civils et 15 militaires lors des deux attaques. Un deuil national de trois jours à été décrété à compter de ce vendredi. Dans le communiqué, le gouvernement a annoncé que la riposte des FAMa a permis de neutraliser une cinquantaine de terroristes. Les nombreux blessés ont selon des sources locales été acheminés vers les centres de santé de la région de Gao. Le bateau de la COMANAF en provenance de Gao a été la cible d’une attaque terroriste aux environs de 11 h 00, entre Abakoira et Zorghoi dans le cercle de Rharous. C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que les bateaux de la COMANAF sont attaqués. Le 1er septembre dernier, la compagnie a informé d’une attaque à l’arme lourde ayant entrainé la mort d’un enfant de 12 ans.
Décès de Salif Keita : l’indomptable dompté par la mort
« O jovem preto é um technico prodigioso » (En portugais brésilien, « le jeune Noir est un technicien prodigieux »), s’est écrié au sujet de Salif Keita, le Roi des rois du football, Edson Arantes do Nascimento dit Pelé, à l’issue d’un match de gala ayant opposé le Santos Futebol Clube (de l’État de São Paulo) de Pelé à une entente Saint-Étienne – Olympique de Marseille, le 31 mars 1971 au stade Yves-du-Manoir de Colombes (Banlieue de Paris), rencontre organisée au profit de l’Association pour le développement de la recherche sur le cancer. Ce jour-là, les observateurs affirmèrent que le jeune malien de 25 ans a volé la vedette à Pelé en réalisant un match d’anthologie.
Salif était alors au summum de sa carrière de footballeur. Un an auparavant, il venait d’obtenir le 1er Ballon d’or africain, variante du Ballon d’or de l’hebdomadaire français France Football, destiné à consacrer le meilleur joueur en Europe jusqu’en 2007, date à partir de laquelle le Ballon d’or récompensera le meilleur joueur au monde, sans distinction de championnat ni de nationalité. Pour mémoire, George Weah, actuel Président du Liberia, demeure le seul africain à avoir obtenu le Ballon d’or, en 1995. La saison 1970-1971 est considérée comme étant l’âge d’or du jeune prodige malien, avec 42 buts inscrits, derrière Josip Skoblar (Olympique de Marseille OM), footballeur croate et international yougoslave détenteur du record inégalé de buts marqués en une saison en France avec 44 réalisations.
D’autres sommités ont magnifié le talent hors du commun du plus célèbre footballeur du Mali à ce jour. L’un des plus grands connaisseurs, Mawade Wade, « Ma » pour le monde du football sénégalais, entraîneur aux idées d’avant-garde dans les années 1960, partisan d’un jeu offensif et créatif, esprit lucide et courageux, militant panafricain actif, était fasciné par la pureté de la technique de Salif. Il disait qu’il était, avec Pelé, le seul capable d’une double détente en l’air, prouesse qui illustre merveilleusement la souplesse féline du prodige de Wolofobugu. « Si Salif était brésilien, il aurait été l’égal de Pelé » maintenait mordicus son emblématique entraîneur de Saint-Étienne, Albert Batteux !
Allure féline ! Tant et si bien qu’à Saint-Etienne, à cause de sa gestuelle digne des virtuoses de la chorégraphie, sa conduite de la balle, attachée à ses pieds par un fil invisible, ses dribbles, arabesques inimitables tout en chatoiements, sa vitesse fulgurante, sa précision de tireur d’élite, aussi bien dans les passes décisives que pour affoler les meilleurs gardiens de but, on l’appela « La Panthère noire », appellation qui finit par convaincre les dirigeants de l’Association sportive de Saint-Étienne (ASSE) d’en faire l’emblème de leur club.
La classe éclaboussante de Salif faisait l’unanimité. En 1996, il reçoit l’Ordre du Mérite de la FIFA, la plus haute récompense de cette organisation. Il reste à ce jour le seul joueur africain à avoir reçu un tel hommage. En dehors des coupes nationales glanées au Mali et en Europe (France, Espagne, Portugal), Salif n’a pas eu la chance de soulever d’autres trophées de renommée internationale ! Et alors ! Cela ne saurait suffire à oblitérer l’immensité de son génie, qui le place au niveau des plus grandes gloires du football international comme Pelé du Brésil, Johan Cruijff des Pays-Bas, Eusébio da Silva Ferreira, Portugais d’origine mozambicaine, Diego Maradona d’Argentine et bien d’autres.
Avec ses petits yeux enfouis dans leurs orbites et sa silhouette fluette, qui a fini par être trahie par le poids des ans, Salif avait un regard dérobé. D’aucuns seraient tentés de le trouver timide ! Certes ! L’homme n’était pas exubérant. Son instinct de protection donnait l’impression qu’il scrutait sans cesse le sol, évitant ostensiblement les regards. D’une sensibilité à fleur de peau, il fuyait les contacts encombrants et apparaissait comme un écorché vif.
Réservé, toujours sur ses gardes, il semblait en permanence, à tort ou à raison, s’attendre à être agressé. Il avait peur de prendre des coups, qui sont souvent la rançon du succès. Et il en prenait quand même. Mais comment être au sommet et prétendre échapper à l’envie, voire à la jalousie, de quelques malintentionnés d’ici et d’ailleurs ?
Certains n’hésitaient pas à le qualifier imprudemment de sournois. Et pourtant, quelle délicatesse, quelle chaleur humaine quand il acceptait de se laisser apprivoiser ! Un vrai boute-en-train, au sourire soyeux, un sourire qui pouvait se transformer soudain en un éclat de rire puisé du fond de la gorge.
Salif était l’illustration de la nonchalance. Quel tricheur lors des séances d’entraînement ! Les bras ballants, maugréant sans cesse du haut de son 1,76 m, il paraissait s’ennuyer, accablé par les exigences imposées par la préparation physique du sport de haut niveau. « Personnellement », confiait-il volontiers, « je n’ai jamais aimé les entraînements ». Mais une fois sur le terrain, émoustillé, comme s’échappant d’une hibernation cryogénique, il devenait impossible de l’arrêter.
Salif avait pour le Mali un attachement obsessionnel. Son intime, fidèle parmi ses plus fidèles amis, Karim Balo, confesse que lorsque la nouvelle de l’arrivée en janvier 2013 des djihadistes à Konna, dans la région de Mopti, a commencé à se répandre, Salif était soudain si ulcéré qu’il ne pouvait pas retenir ses larmes. Cet amateur de tô et surtout de sauce d’arachide, en bon Malinké, respirait le Mali par ses pores. Toutefois, il n’a jamais cherché à descendre dans l’arène politicienne. « Je suis très politique », disait-il en 2005, « mais je n’en fais pas » (Tiré du quotidien sportif français l’Équipe du 3 mars). Cela ne l’empêchera pas d’être ministre délégué auprès de son ami, Zoumana Sacko, Premier ministre de la Transition version ATT, en 1991. Affable et respectueux des autres, Salif détestait la violence, dans la vie courante et sur le terrain, qu’elle soit exercée sur lui et sur ses partenaires ou sur ses adversaires. De même, l’homme n’affectionnait pas les pratiques occultes. Il lui arrivait d’éviter de serrer les mains par crainte qu’on ne lui jette un mauvais sort.
Que serait Salif sans son génie protecteur Ousmane Traoré, dit « Ousmane-bléni », un magicien dans le maniement du ballon qui l’a toujours couvé sur le terrain en lui servant des passes-caviar décisives ? Salif a étrenné à 16 ans sa toute première sélection en équipe nationale, en novembre 1963 lors des Jeux des nouvelles forces émergentes, ou Games of the New Emerging Forces (GANEFO), une compétition multisports calquée sur le modèle des Jeux Olympiques destinée aux « Nations émergentes » à l’inspiration du Président Soekarno, premier Président de la République d’Indonésie, figure de proue du mouvement des Non-alignés.
Lors de la rencontre avec le pays-hôte au stade de Jakarta, au sortir des vestiaires, devant la clameur de près de 90 000 spectateurs surexcités, on raconte que Salif fit quelques pas en arrière, comme pour s’échapper. Ousmane Traoré (28 ans), d’un geste autoritaire, lui intima l’ordre d’avancer. Les deux avaient des destins liés au Real de Bamako. En plus de Salif, les dirigeants de l’ASSE voulaient également Ousmane Traoré qui, estimant qu’il était « vieux », déclina l’offre.
Salif n’aimait pas perdre. À la finale de la première Coupe des pionniers, son équipe de Wolofobugu fut battue in extremis 1-0 (Un pénalty) par Bagadadji. Il faudra toute l’ingéniosité d’un responsable politique pour que Salif accepte tellement il était effondré. Pour Gaoussou Keita, son frère de deux ans de plus, entre autres traits dominants de Bafoufou, sobriquet pour Basalifou donné par la tante maternelle Founé Traoré, son aversion pour le mensonge, synonyme pour lui de trahison.
Salif a toujours joui d’une grande popularité, non seulement au Mali mais bien au-delà des frontières nationales. Il y a plusieurs années, le Burkina fit frapper un timbre postal à son effigie. À Cergy Pontoise, dans le nord-ouest de la région Île-de-France, et à Saint-Étienne, deux stades lui sont dédié. Il va sans dire que Salif Keita, parti désormais jouer avec les étoiles, sera immortalisé par la Nation reconnaissante. « Fleur-tou » à Wolofobugu, à peine quelques centaines de mètres carrés au milieu d’une trentaine d’arbres, qui berça les premiers pas de ce surdoué, pourrait s’appeler désormais « Place Salif Keita ».
Justice : Adama Diarra dit Ben le cerveau condamné à deux ans de prison dont un ferme
Le leader du mouvement Yerewolo Debout sur les Remparts, Adama Ben Diarra, plus connu sous le nom de Ben Le Cerveau a été condamné ce jeudi 14 septembre à deux ans de prison dont un ferme par le tribunal du pôle judiciaire spécialisé contre la cybercriminalité en commune VI pour des faits d’atteinte au crédit de l’Etat. Le procureur avait requis 3 ans de prison dont deux ferme contre lui. Il était placé sous mandat de dépôt depuis le 5 septembre. Lors d’une récente sortie médiatique celui qui est surnommé Ben le Cerveau et dont le mouvement a manifesté demandant les départs de Barkhane et de la MINUSMA a insisté sur le respect du délai de la transition. Selon lui, les Maliens ne pourront plus supporter les effets d’autres sanctions de la CEDEAO si la transition était prolongée. Il avait aussi dénoncé des arrestations extrajudiciaires. Ce n’est pas la première fois que celui qui se décrit comme communiste fait des sorties hors des clous de la transition. En novembre 2022, il avait critiqué sur une radio privée l’augmentation du budget de la présidence qui passait selon lui de 18 à 22 milliards de FCFA, mais aussi jugé inopportun l’ajout de membres additifs au CNT, qui ferait le budget de l’organe législatif à près de 13 milliards de FCFA affirma-t-il. Etant membre du Conseil National de la Transition, Adama Diarra bénéficie normalement de l’immunité parlementaire. Mais selon des avis juridiques, son immunité ne saurait peser puisqu’il a été interpeller en flagrance. Par ailleurs, selon certaines informations, son décret de nomination pourrait très prochainement être abrogé. Un de ses très proches, Siriki Kouyate, le porte-parole du mouvement Yerewolo a également été placé sous mandat de dépôt cette semaine. Son jugement est prévu fin novembre.
Salif Keita : les obsèques de la légende auront lieu ce mercredi 6 septembre
Le footballeur Salif Keita est décédé samedi 2 septembre à l’âge de 76 ans dans une clinique privée à Bamako des suites de maladie. Le gouvernement de la transition a dans un communiqué rendu hommage à celui qui était affectueusement appelé Domingo. « Par cette disparition, le Mali perd un de ses dignes fils qui a fait rayonner le football malien sur la scène nationale, africaine et internationale » peut-on lire dans le communiqué. Les obsèques de Salif Keita auront lieu ce mercredi 6 septembre. Salif Keita a marqué de son empreinte le football, avec un héritage immense. Il commence sa carrière dans les années 1960 avec les Pionniers de Ouolofobougou avant de s’engager avec l’AS Réal de Bamako. Avec un impact immédiat sur le club, Keita rejoint par la suite le Stade malien de Bamako. Avec les Blancs de Bamako, il dispute et perd la finale de la première édition de la ligue des champions de la CAF. Après ses échecs, très convoité, il s’envole vers la France pour signer avec l’AS Saint-Etienne en 1967 à l’âge de 23 ans. Avec les Verts, il a été champion de France à trois reprises (1968, 1969, 1970) et deux fois vainqueur de la coupe de France (1968, 1970) avant de partir à Marseille en 1972. « La Panthère Noire s’en est allée, emportant avec elle un morceau de notre club », a réagi l’ASSE sur X (anciennement Twitter, ndlr), dont Salif Keita demeure le troisième buteur de son histoire. 142 buts en 186 matchs. En 1970, il est devenu le premier lauréat du Ballon d’or africain. Au Mali, Salif Keita avait été sélectionné 13 fois dans l’équipe nationale et a marqué 11 buts. En 1991 et 1992, il avait été désigné ministre délégué auprès du premier ministre chargé de l’initiative privée dans le gouvernement malien de transition. Salif Keita a également été président de la fédération malienne de football de 2005 à 2009. Salif Keita a pris sa retraite de footballeur en 1980 après avoir joué à Valence, au Sporting Portugal et au New England Tea Men aux Etats-Unis.
Aigles : une liste de 25 joueurs pour affronter le Soudan du Sud et la Côte d’Ivoire
Le sélectionneur national Eric Sekou Chelle a dévoilé ce vendredi une liste de 25 joueurs retenus pour disputer le match de la 6ème et dernière journée des éliminatoires de la CAN Côte d’Ivoire 2024 face au Soudan du Sud. Cette rencontre se disputera dans une semaine, le vendredi 8 septembre à Bamako. Une liste sans grande surprise hormis les absences notables d’Amadou Haidara et El Bilal Touré pour cause de blessure. Le trio de gardiens ne change pas avec Djigui Diarra, Ibrahim Mounkoro et Ismael Diawara. En défense, le capitaine Hamari Traoré est présent, dans l’axe Boubacar Kiki Kouyate devrait tenir sa place accompagné de Mamadou Fofana ou de Sikou Niakaté. Au milieu, Yves Bissouma, très impressionnant depuis le début de la saison avec son club de Tottenham fait son retour. Diadié Samassekou, Mohamed Camara, Cheick Doucouré sont présents. En attaque Nene Dorgeles, Ibrahima Koné qui vient de rejoindre Alméria en Espagne, Sekou Koita sont sur la liste. Moussa Djenepo dont le temps de jeu est très famélique avec Southampton est aussi présent. Le rassemblera débutera le lundi 4 septembre. Après le match face au Soudan du Sud, le Mali se déplacera à Abidjan pour affronter la Côte d’Ivoire au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé.
ONU : la Russie bloque une résolution sur le Mali
Témoignant de son soutien à Bamako, la Russie a bloqué mercredi une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui aurait prolongé le mandat d’experts ayant rendu des conclusions accablantes pour la junte malienne et ses » partenaires de sécurité étrangers « .
Le texte prévoyait de prolonger d’un an le régime de sanctions mis en place en 2017 contre des individus mettant en danger l’accord de paix de 2015, et le mandat du comité d’experts chargés de les surveiller. Elle a recueilli 13 voix en faveur, une abstention (Chine) et une voix contre, celle de la Russie qui dispose d’un droit de veto.
La Russie était d’accord pour prolonger les sanctions, mais seulement pour la dernière fois, et voulait surtout dissoudre le comité d’experts dont elle conteste, avec Bamako, l’objectivité. Sa résolution en ce sens a été rejetée, avec une voix pour, une contre (Japon) et 13 abstentions.
Les sanctions » ne doivent pas être utilisées comme un moyen d’influence étrangère au Mali, et c’est ce que le comité d’experts faisait « , a justifié l’ambassadeur russe Vassili Nebenzia, estimant que le projet de résolution préparée par la France et les Émirats arabes unis » n’aurait pas aidé le processus de paix » mais aurait » encore plus opposé les parties « . Dans son dernier rapport publié la semaine dernière, le comité d’experts dénonçait des violences contre les femmes perpétrées de façon » systématique et organisée » par les forces armées maliennes et leurs » partenaires de sécurité étrangers « . Le régime de sanctions sur le Mali (gel des avoirs ou interdiction de voyage), qui expire le 31 août, avait été mis en place en 2017 et concernait huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de paix de 2015 accusés de le mettre en péril.
Magistrature : Mohamed chérif Koné radié
Lors d’une session disciplinaire tenue hier mardi 29 août, le Conseil Supérieur de la Magistrature a tranché en prenant la décision de radier Mohamed Cherif Koné de ses fonctions de magistrat. Le récit avec Soumaïla Fané
C’est une nouvelle goutte dans l’océan de tension qui oppose le magistrat Mohamed Chérif Koné aux autorités de la transition. Le 20 avril, le Ministre de la Justice, Mamadou Kassogué, a a saisi le conseil supérieur de la magistrature pour l’ouverture d’une enquête disciplinaire0 contre des magistrats qui s’adonnent à des sorties médiatiques intempestives contraire à leur statut. Dans le même temps, il a également ordonné au Procureur général près la Cour d’appel de Bamako d’ouvrir une enquête judiciaire contre les magistrats Cheick Chérif Mohamed Koné et Dramane Diarra pour opposition à l’autorité légitime et toutes autres infractions que les enquêtes feront découvrir. Le président de la transition a saisi le Conseil Supérieur de la Magistrature pour prendre des mesures appropriées. Réunie donc en session disciplinaire hier mardi 29 août, l’instance a tranché en prenant la décision de radier Mohamed Cherif Koné de ses fonctions de magistrat, avec droit à la pension. Cette sanction intervient alors que la magistrat a fait valoir ses droits à la retraite pour le 31 décembre prochain. Son avocat Me Kassoum Tapo a dénoncé une forfaiture.
Pour rappel, Mohamed Cherif Koné, en plus de ses fonctions de magistrat, occupait le poste de Président de l’Association Malienne des Procureurs et Poursuivants. Les démêlées de ce magistrat de grade exceptionnel ont débuté lorsque, dans une lettre signée au nom de cette association dont il est le premier responsable, il dénonce le caractère illégal et inique des procédures contre certains anciens ministres du régime IBK. En réaction, par un décret présidentiel du 9 Septembre 2021, Mohamed Cherif Koné est limogé de son poste de 1er Avocat Général près la Cour Suprême, à peine six mois après sa nomination. Ses prises de position régulières à travers de longs communiqués dénonçant certaines actions des autorités de la transition l’ont mené à un bras de fer avec ces dernières. Il s’est aussi présenté comme un des responsables de l’Appel du 20 février qui fait office d’opposition à la transition et qui a notamment essayé de faire barrage au scrutin référendaire. Selon des sources, son collègue Dramane Diarra, est également appelé à comparaître devant cette instance.
Accord pour la paix : le gouvernement invite les signataires à revenir à la table des négociations
Dans son communiqué le ministre de la réconciliation, de la paix et de la cohésion sociale chargé de l’accord le colonel Major Ismaël Wagué, affirme que le Mali reste attaché à l’accord pour la paix et la réconciliation ainsi qu’a l’accord de cessez le feu du 23 mai 2014. Ainsi il invite « les frères des mouvements signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation à revenir sur la table de négociation en vue de surmonter les défis actuels par la voie du dialogue » peut-on lire dans le document. La coordination des mouvements de l’Azawad accuse des avions de l’armée d’avoir bombardé ces positions à Anefis. L’armée de son côté assure avoir mené une opération contre des terroristes.
Depuis plusieurs mois, les tensions sont au plus haut entre le gouvernement et la CMA. Elles se sont intensifiées avec le début du retrait de la MINUSMA.
L’armée récupère les camps de la mission, alors que la CMA s’oppose à la rétrocession de certaines de ses emprises. Le transfert du camp de Ber a illustré cette tension qui a donné lieu à des combats entre l’armée et les groupes terroristes, mais aussi entre armée et CMA selon un communiqué des responsables de ce groupe.
Par ailleurs lors du conseil de sécurité sur la situation au Mali lundi 28 août, l’ONU a exprimé son inquiétude quant à l’avenir de l’accord et à appeler à une reprise du dialogue. Le Chef de la MINUSMA quant à lui a dénoncé ce qu’il a appelé une paralysie des structures de suivi de l’accord. Des inquiétudes qui risquent de s’étendre alors que la MINUSMA doit encore rétrocédé les camps de Tessalit, Aguelhok et Kidal.
MINUSMA : le conseil de sécurité se penche sur le processus de retrait
Le conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni hier lundi pour évoquer la situation au Mali ainsi que le processus de retrait de la MINUSMA. Dans son allocution, le chef de la MINUSMA a tenu a signalé des difficultés constatées dans ce processus de retrait, spécifiquement celui du camp de Ber marqué par une attaque contre les casques bleus qui a fait 4 blessés. « Clôturer une mission bâtie sur une décennie en l’espace de six mois est une entreprise complexe et ambitieuse », a ajouté le chef de la MINUSMA. Concrètement, cela implique le rapatriement de 12.947 personnels en uniforme, la séparation de 1.786 personnels civils, le rapatriement et/ou la relocalisation d’un chargement d’environ 5.500 conteneurs maritimes de matériel des contingents et appartenant à l’ONU et de près de 4.000 véhicules, ainsi que le fermeture et remise de 12 camps et d’une base opérationnelle temporaire aux autorités civiles maliennes.
La 2e phase du processus de retrait du personnel et des bases de la MINUSMA se déroulera jusqu’au 15 décembre 2023 affirme le chef de la MINUSMA. Il se concentrera sur la fermeture de 6 bases (Tessalit, Aguelhok et Kidal, au Nord, Douentza et Mopti, au Centre, et Ansongo à l’Est). Le personnel, les équipements et matériels concernés seront redéployés dans les super camps de Tombouctou, Gao et Bamako, avant d’être rapatriés dans leurs pays respectifs. Une phase qui sera très complexe prévient le chef de la MINUSMA.
Pour sa part, le Mali regrette les incidents intervenus dans le retrait de la MINUSMA de certain camp et tient au respect strict du calendrier établi pour le retrait de la MINUSMA au plus tard le 31 décembre 2023. « Je tiens à rappeler que le Gouvernement du Mali n’envisage pas de prolongation du départ de la Mission » a assuré Issa Konfourou, ambassadeur représentant permanent du Mali auprès des Nations Unies.
Tombouctou : le blocus sur la ville entraine une augmentation du prix de l’essence
Depuis plusieurs jours, des terroristes ont imposé un blocus sur la région de Tombouctou. Selon des sources dans la région, des hommes armés ont bloqué la route reliant Mopti à Tombouctou, par conséquent aucun camion en provenance d’Algérie, de Mauritanie mais également des villes de Bambara Maoudé, Mopti ou Goundam, n’a pu entrer dans la ville. Le commandant local du Jnim Talha Abou Hind a promis une guerre totale à l’Etat. Ce blocus a entrainé une augmentation du prix de l’essence qui est passé de 700 FCFA le litre et 1000 FCFA. Hier dimanche, un camion transportant du gasoil qui devait ravitailler la ville a été calciné par les terroristes. Depuis que les FAMa ont pris possession du camp de Ber le 13 août à 15 km de la ville, elle est soumise à une pression. L’armée a annoncé samedi 26 août que les terroristes ont visé Tombouctou par un tir d’obus tombé à proximité du marché. Le bilan est de 4 blessés civils évacués à l’hôpital. Selon des sources, une fille a succombé à ses blessures.
Sit-in au CHU Gabriel Touré : vers un durcissement ?
Les travailleurs de l’hôpital Gabriel Touré ont observé ce 25 août 2023, un sit-in au sein de la structure. Une manifestation destinée à exprimer leur colère face aux retenues sur salaires qu’ils ont observées ces derniers mois. En grève depuis le 31 mai 2023, le personnel conditionne la reprise de toute négociation au paiement de ces sommes manquant à leurs salaires.
Le mouvement de grève en cours au CHU Gabriel Touré depuis le 31 mai 2023 ne faiblit pas. Alors qu’il observe chaque semaine dans le cadre de ce mouvement, des jours de grève, le personnel a organisé ce 25 août un sit-in contre « l’injustice », explique le porte-parole du comité syndical de l’hôpital, Djimé Kanté.
Selon lui, il s’agit de protester contre les agissements de la direction et une « mauvaise application de la loi ». Il estime en effet que lorsque le comité syndical a déposé son préavis de grève, aucune négociation n’a été ouverte par la direction, contrairement à ce que prévoit la loi. Or, la prise en compte des doléances qui étaient adressées aux autorités de l’hôpital et avaient pour but d’améliorer les conditions de travail du personnel, « aurait pu éviter la grève ».
Il demande donc que la loi soit appliquée dans son entièreté et qu’ils soient « sanctionnés », s’il le faut. Dénonçant, en outre un mépris » de la part des responsables de l’hôpital, il réclame aussi l’application effective des autres droits des travailleurs qui restent piétinés.
« Nous sommes déterminés. Nous demandons le reversement des salaires pour entamer une quelconque négociation ». Les salaires ont été réduits de moitié pour certains, et d’autres se sont vus injustement privés de salaires alors qu’ils continuaient à travailler.
Le syndicaliste regrette en outre l’annulation du cadre de concertation qui se tenait le premier mercredi de chaque mois et permettait au personnel et aux responsables d’échanger sur les difficultés de la structure, afin de trouver les solutions idoines.
Niger : deux décrets autorisent les armées du Burkina et du Mali à intervenir «en cas d’agression»
Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger il y a près d’un mois ont annoncé jeudi 24 août qu’ils autoriseraient les forces armées de leurs voisins du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur leur sol «en cas d’agression». Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso et du Mali, Olivia Rouamba et Abdoulaye Diop, étaient en visite jeudi à Niamey où ils ont été reçus par le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani. Ils ont «salué» la signature d’ordonnances «autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali d’intervenir en territoire nigérien en cas d’agression», selon un communiqué lu par Oumarou Ibrahim Sidi, le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères nigérien, à l’issue de la visite. Le général Tiani a signé deux décrets en ce sens. Le Burkina Faso et le Mali ont affiché leur solidarité avec les nouvelles autorités nigériennes, en particulier face à la menace brandie par la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel. Les ministres des Affaires étrangères des trois pays ont indiqué s’être réunis à Niamey pour discuter du renforcement de leur coopération en matière de sécurité et d’autres questions communes.
Dépôt d’ordures de Lafiabougou : une énième évacuation
Ce n’est pas la première fois que le dépôt de transit des ordures situé à Lafiabougou en commune IV du District de Bamako, communément appelé « Kilimandjaro » est évacué. En ce mois d’août 2023, cette nouvelle évacuation constitue un soulagement pour les habitants et les autorités de la collectivité. Mais la problématique de la gestion des déchets reste entière, parce que cet espace que les habitants souhaitent voir transformé, reste le dépôt de transit de la commune.
Des eaux de puits inutilisables, des odeurs nauséabondes et une route coupée, les désagréments causés par le dépôt d’ordure de Lafiabougou ne sont pas exhaustifs. Des maux que les populations riveraines souhaitent ne plus revivre. Ce dépôt, à l’origine situé à la périphérie, est aujourd’hui en plein centre de ce quartier désormais au cœur de la ville. Difficile donc pour les populations d’envisager une cohabitation avec des déchets qui s’accumulent le long de l’année et à la source de bien de désagréments surtout en période hivernale.
Les populations qui se réjouissent donc de cette évacuation, espèrent que ce sera pour de bon.
« L’évacuation va contribuer à la santé. Mais si on pouvait ne plus jeter les ordures ici, ce serait bien », a annoncé un membre du collectif qui avait milité pour l’évacuation des déchets.
La proximité du cimetière fait de cet endroit particulièrement sensible, un lieu dont on doit prendre soin, ajoute-t-il. Outre les déchets, il reste à curer les caniveaux situés aux abords, parce qu’en cas de pluie, ce sont toutes les maisons riveraines qui sont inondées.
Déplacer le dépôt
L’objectif du collectif est donc d’en finir avec ce dépôt. C’est pourquoi les membres du collectif ont entrepris de faire signer des pétitions et ont engagé des concertations afin que ce dépôt soit transformé. Le collectif s’est même engagé à sensibiliser les habitants afin qu’ils ne déversent plus les ordures, sur l’espace où il s’apprête à planter des arbres.
Si les autorités municipales se réjouissent autant que les populations, elles se disent impuissantes face à la gestion de ces déchets.
« Le dépôt a été évacué, grâce à des partenaires. Même s’il s’agit d’une compétence transférée, l’assainissement est toujours à la charge de l’Etat. Dans le plan d’urbanisation c’est un dépôt de transit. La mairie n’a pas la compétence pour déclasser », précise le conseiller municipal en charge de la question. La mairie qui espère que la décision permettra aux populations de ne plus subir les désagréments, souhaite que ce dépôt soit amélioré.
FEMAFOOT : une élection qui divise
L’élection prochaine du Président et du nouveau Bureau exécutif de la fédération malienne de football s’annonce « litigieuse ». Prévue pour le 29 août 2023, sa tenue dans un climat apaisé suscite des interrogations, tant les positions des acteurs sont tranchées d’un camp à un autre. Des prémices qui font craindre une nouvelle crise au sein de l’instance dirigeante du football malien.
« Le présent processus électoral suivra son cours normal et les commissions électorales ont retenu une seule liste. Nous, nous avons le devoir de transmettre cela. Nous attendons donc le 29 août 2023 pour élire un nouveau Comité exécutif qui va diriger le football malien dans le prochain quadriennat ».
Pour le Secrétaire général de la Fédération malienne de football (Femafoot), Ibrahima Traoré, qui a tenu un point de presse le 11 août dernier sur la situation au sein de l’instance dirigeante nationale du football, rien ne saurait empêcher l’effectivité de l’élection au cours de l’Assemblée générale du 29 août 2023
« Les élections sont arrivées à un niveau où elles doivent continuer leur cours normal. La personne qui sera élue sera la personne pour laquelle les gens vont voter. Je peux dire que tous les Maliens bénéficient de la présomption d’innocence avant que la preuve de la culpabilité ne soit établie », a-t-il poursuivi, répondant à une interrogation sur la candidature de la liste du Président sortant, Mamoutou Touré dit Bavieux, lequel a été placé sous mandat de dépôt, dans une affaire en lien avec ses fonctions à l’Assemblée nationale (2013-2019), le 9 août 2023.
Une élection à problèmes
Outre la mise sous mandat de dépôt du candidat Mamoutou Touré dit Bavieux, l’élection d’un nouveau Bureau exécutif de la fédération malienne de football du 29 août prochain a pour particularité de se tenir avec une seule liste validée.
Alors que quatre listes candidates étaient enregistrées au départ, la commission électorale de première instance, après dépouillement, a invalidé par la suite, pour défaut de parrainage, les candidatures de Sékou Diogo Keita, Président du Lafia Club de Bamako et d’Amadou Mahamane Sangho, Président du Conseil national du sport et retenu celles de Mamoutou Touré Bavieux, Président sortant de la Femafoot, et de Salaha Baby, Président de la ligue de football de Tombouctou.
Mais, saisie par le candidat Touré pour invalidation de la candidature du candidat Baby pour « double parrainage » au niveau du club AS Alençon de Koutiala, la commission d’appel des élections de la Femafoot a accepté le recours et invalidé le 5 août 2023 la candidature de la liste de Salaha Baby.
Pour justifier sa décision d’arbitrage sur le double parrainage litigieux, la commission a « établi que la même personne ne saurait être Secrétaire général et Président de la même structure au même moment et qu’il est évident que l’une des qualités revendiquées par M. Issa Coulibaly est dans le cadre de l’usurpation de titre qui ne peut être autre que celui de Président de l’AS Alençon, dont le titulaire est, depuis le 27 février 2022, M. Aliou Mohamed Diarra ».
En effet, selon toujours la commission d’appel des élections de la Femafoot, « il est incontestablement prouvé que M. Aliou Mohamed Diarra, en sa qualité de Président du club AS Alençon de Koutiala, a parrainé le candidat Mamoutou Touré dit Bavieux le 19 juillet 2023 et ce conformément à l’article 43.3 des statuts de la Femafoot. Il est par ailleurs constant que 6 jours après, soit le 25 juillet 2023, M. Issa Coulibaly, Secrétaire général du club Alençon, s’est lui aussi prévalu du titre de Président du club Alençon pour parrainer la candidature de M. Salaha Baby ».
Toutefois, dans une sortie, le 6 août, Issa Coulibaly a confirmé être le « Président et promoteur » de l’AS Alençon et indiqué avoir apporté le parrainage du club, « en conformité avec la décision unanime du Comité directeur », à la candidature de Salaha Baby.
« Bras de fer »
24 h seulement après la notification d’invalidation de sa candidature, Sahala Baby et les membres de sa liste sont montés au créneau pour dénoncer la décision de la commission d’appel, relevant sur plusieurs irrégularités qui, selon eux, ont émaillé ce jugement.
« Nous considérons cette décision comme injustifiée. Pour nous, c’est une diversion. Il n’y a pas un seul article du code électoral, des statuts, ou des règlements généraux qui a été cité à la base. Aucun article ne fonde leur décision. Ils se sont basés sur leurs propres opinions pour prendre la décision », fustige Abba Mahamane, membre de la liste Salaha Baby, qui pointe également du doigt le non-respect du principe de contradiction contenu dans les textes.
« On ne peut pas juger une affaire sans confondre les arguments. Ils ont seulement pris les arguments d’un seul côté pour trancher. Nous ne pouvons pas comprendre que quelqu’un qui se targue d’avoir reçu le parrainage de 21 clubs et 6 ligues, soit 58 voix sur 81, puisse chercher une sortie par la fenêtre. Pour nous, un 2ème mandat se mérite, cela ne se paye pas ni ne s’arrache », poursuit l’un des colistiers de Salaha Baby.
En dépit donc de la décision d’invalidation de la commission d’appel des élections de la Femafoot, le Président de la ligue de Tombouctou et les membres de sa liste ont démarré leur campagne le 13 août 2023, 5 jours après le lancement de celle du Président sortant Mamoutou Bavieux Touré, le 8 août dernier. Si ce dernier axe sa campagne vers la continuité pour la poursuite des chantiers entamés, son principal « challenger » met en avant une rupture et un « espoir renaissant » pour le football malien
Quelle issue ?
Avant la date prévue pour la tenue de l’Assemblée générale ordinaire élective, le 29 août prochain, plusieurs scénarios sont encore envisageables. Selon le journaliste sportif Drissa Niono, sauf avis contraire d’une commission indépendante, plus précisément de la commission d’éthique, pour des questions de moralité, le processus se poursuivra jusqu’au 29 août.
« C’est à cette date qu’au cours des débats entre les membres appelés à voter et avec les émissaires de la CAF et de la FIFA la décision pourrait être prise de tenir ou non l’élection ».
Mais, bien avant d’arriver au 29 août, l’élection pourrait être reportée ou le processus annulé si un courrier de la FIFA ou encore une décision du TAS, qui ont été saisis par une partie, le demandent.
Si le processus se poursuit normalement, selon les textes de la fédération malienne de football, le vote pour l’élection du Président et du Bureau exécutif est obligatoire même s’il n’y a qu’une seule liste de candidature en course. Pour qu’elle passe, elle doit avoir été plébiscitée à la majorité des 50% + 1 voix de l’électorat. Quid de Mamoutou Touré ? Bien qu’en prison, il pourrait toujours, selon des observateurs être réélu, puisque seule une condamnation définitive pourrait le priver de ce droit, selon eux.
« Même s’il y a élection et que la seule liste en cours gagne, il faudra attendre la décision finale du TAS concernant l’invalidation de la candidature de Salaha Baby. Si le TAS valide la décision de la commission d’appel, c’est terminé, mais s’il ne la valide pas, forcément sa décision va s’appliquer et on s’acheminera vers une nouvelle élection », explique Drissa Niono.
La crise qui a longtemps secoué le football malien avant l’élection du bureau présidé par Mamoutou Touré a laissé des séquelles. Pour certains analystes, elle n’a jamais vraiment cessé, même si l’élection de 2019 avait ouvert une nouvelle page et concrétisé un début de normalisation dans la gestion de la fédération du sport-roi.
Aussi craignent-ils une nouvelle crise, dont les conséquences risquent d’être déplorables pour l’avancée du football dans le pays. Toutefois, l’ancien candidat à la présidence de la Femafoot en 2019, Alassane Souleymane, est optimiste.
« Je pense que les acteurs du football sont intelligents et sauront tirer les conséquences de la crise d’avant 2019, avec un Comité de normalisation (CONOR) à la clé. Département des sports, Comité olympique et acteurs du football doivent dès à présent ouvrir l’œil et anticiper », préconise-t-il.
Conseil national des jeunes du Mali : les autorités décident de fermer les bureaux
Déjà plongée dans la crise, le Conseil national des jeunes du Mali (CNJ) doit désormais se résoudre à une suspension de ses activités. Ce 17 août 2023, dans un communiqué, la Direction nationale de la jeunesse (DNJ) a annoncé la fermeture des bureaux de la faîtière des jeunes. Alors que le président du bureau s’indigne contre la décision, plusieurs autres membres se félicitent de cette fermeture, révélant au passage les grandes dissentions qui subsistent au sein de l’organisation censée regrouper les jeunes.
Evoquant tour à tour la diversité des organisations et fédérations de jeunesse et la nécessité de coordonner leurs actions, la non application des résolutions de la conférence nationale extraordinaire unitaire du CNJ, tenue à Bougouni le 1er mai 2021 ou encore les dysfonctionnements dans la collaboration entre le CNJ et la Direction nationale de la jeunesse, celle-ci a donc décidé de la fermeture du siège de la structure.
Une décision bien accueillie par plusieurs membres du comité exécutif du CNJ. Dans un communiqué signé le 20 août, ils justifient la décision de la Direction nationale de la jeunesse et dénonce notamment « une gestion financière calamiteuse » et « l’échec de l’unification de la jeunesse ». Ces membres du comité exécutif réaffirment aussi leur volonté de travailler avec la Direction de la jeunesse afin d’aboutir à l’instauration d’une autre instance représentative des jeunes.
De son côté, dans un communiqué signé le 19 août 2023, le président du CNJ déplore la décision de fermeture et s’insurge contre le non-respect de la convention de partenariat avec la DNJ. Le communiqué précise que cette fermeture intervient au lendemain de la mise en place par le CNJ de la commission pour le renouvellement des instances et l’organisation du 7ème congrès de l’organisation.
Le communiqué qui dit prendre acte de la décision, assure que les dispositions sont en train d’être prises pour y faire face.
En attendant les jeunes continuent de parler de plusieurs voix et le CNJ, censé fédérer les énergies pour impulser les actions de la jeunesse, sombre un peu plus dans la division.
Bandiagara : les attaques meurtrières se multiplient
A Bandiagara, les jours se suivent et se ressemblent. Depuis le début de l’hivernage, les populations font face à une série de violence meurtrière. Ce 18 août 2023, c’est le village de Yarou qui a subi une attaque par des hommes armés, ayant fait 22 morts, suivi le 20 août 2023 d’une autre dans le village d’Idiely, ayant fait 1 mort. Face à la situation, la société civile exprime sa préoccupation et sollicite un changement de stratégie.
Les assassinats ou attaques ciblées contre des villages qui se vident de leurs habitants, les vols de bétail sont devenus le lot quotidien des habitants de Bandiagara. Les communes alentour de la région sont devenues les cibles d’attaques récurrentes suscitant la colère des populations. Le 9 août 2023, les forces vives de la région avaient organisé une marche et annoncé une journée ville morte.
Depuis le 5 aout 2023 où l’attaque de Bodio avait fait 15 morts, celle de Gari le 7 août 12 morts, un attentat à la bombe à Dianwéli qui a causé 5 morts et l’attaque à Yarou le 18 août où 22 personnes ont été tuées et des bétails emportés, le climat d’insécurité s’accroît et inquiète les populations.
Alors que les attentes étaient grandes en termes de changement dans la situation sécuritaire, « les résultats sont en deçà de ceux espérés », déplore le président des organisations de jeunes de la région, Adama Djongo. Il appelle donc les autorités à un « changement de stratégie », afin d’associer les populations pleinement à la prise en charge de leur sécurité. Conscient que l’Armée ne peut atteindre l’intégralité du territoire en même temps, il invite les autorités à mettre à profit l’expérience des groupes d’auto défense, pour contribuer à la sécurisation de leur terroir.
Une population traumatisée qui demande à l’Etat de prendre des mesures urgentes afin de les « rassurer », témoigne un habitant. En attendant et par crainte de représailles, plusieurs habitants des localités visées fuient en direction de la région.
Clôture de la session extraordinaire du CNT : trois nouveaux projets de lois adoptés
Lors de sa session extraordinaire ouverte ce 7 août 2023, le Conseil National de Transition (CNT), a adopté une dizaine de projets de loi. Les trois derniers adoptés ce 17 août sont relatifs à la loi de Finances rectificative du Budget 2023, le code des impôts et la loi portant Livre des procédures fiscales.
C’est à un exercice habituel que se sont livrés les membres du CNT et le ministre des Finances, porteur des trois textes présentés, qui a expliqué qu’en cours d’exercice les évènements peuvent amener le ministre à faire des propositions pour modification. Lesdits textes ont tous été adoptés, respectivement à 131, 134 et 134 voix pour, contre 0 voix et 0 abstention.
L’exécution budgétaire a révélé en gros une augmentation des recettes de 105 milliards FCFA et compte tenu de l’évolution de l’environnement économique et sécuritaire des transferts budgétaires ont eu lieu et avec cette augmentation des recettes qui passent de 2 199 milliards FCFA à 2 304 milliards FCFA, a expliqué le ministre de l’Economie et des finances, Alousséni Sanou. Les dépenses ont donc été orientées. Il y a ainsi eu un renforcement d’appui au secteur de la défense de 118 milliards FCFA, un renforcement au secteur énergie de 15 milliards FCFA, au niveau des bourses scolaires, 6 milliards FCFA, un impact d’environ 15 milliards FCFA suite aux modifications de la grille et 19 milliards FCFA prévus pour faire face aux défis humanitaires liés entre autres au départ de la MINUSMA.
Ce qui permet une réduction du déficit budgétaire de 5% à 4,9%, soit une baisse de 6 milliards FCFA. Le ministre a également souligné le respect des critères de convergence.
Blanchiment et lutte contre le financement du terrorisme
Concernant les 2 autres textes relatifs au code des impôts et le Livre des procédures fiscales, 2 aspects sont à retenir. L’un est relatif à l’introduction dans les textes nationaux de la directive n°1 -2020 CM UEMOA. En 2006, l’organisation avait adopté une directive qui instruisait que toutes les provisions pour risques dans les livres des banques au profit des clients en impayés sont déductibles des impôts. Une directive reprise en 2020 et dont la transposition dans les textes nationaux vient d’être faite.
Avec ce texte, plus besoin de justifier de l’irrécouvrabilité d’un impayé, pour que cela soit déductible des impôts. Cela permet aux banques de renforcer leurs fonds propres à partir du résultat, ce qui permettra d’avoir plus de possibilité de financement de l’économie.
Le deuxième texte concerne l’introduction des bénéficiaires effectifs dans l’arsenal juridique. Avec la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, il est nécessaire de savoir qui sont les bénéficiaires effectifs de ces financements. Et pouvoir ainsi lutter contre le blanchiment de capitaux, l’évasion fiscale.
La fin de la session a enregistré une communication relative à la nomination de 4 nouveaux membres du CNT et aux adieux émus de l’artiste international Salif Keïta, désormais conseiller spécial du Président de la Transition, à ses collègues du CNT.
Accès des personnes vulnérables à la justice : CapDH lance un projet
Le Centre d’assistance et de promotion des droits humains (CapDH) avec l’appui financier d’ONU Femmes a procédé jeudi 10 août à Bamako au lancement de la 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women (LAW II).
Avec pour objectif général d’améliorer l’accès des communautés en particulier les personnes vulnérables (femmes filles handicapées) à la justice au Mali, cette 2ème phase du projet « Legal Assistance for Women – LAW II » couvrira les cercles de Nara, Diéma, Nioro, Yélimané, Koutiala, Yorosso et s’étendra sur 18 mois. Elle a débuté le 1er juillet 2023 et prendra fin le 30 novembre 2024.
Pour y parvenir, plusieurs activités sont menées à l’instar des ateliers de formation des acteurs de la société civile, du renforcement de capacités des magistrats et des parajuristes, des séances d’information, d’éducation et de communication sur les droits humains, les Violences basées sur le genre (VBG) et l’accès à la justice.
Le projet apportera également des appuis aux parajuristes dans l’identification des victimes, l’aide juridique et le rapportage ainsi qu’une assistance judiciaire aux victimes de VBG tout en réalisant et diffusant des messages radiophoniques sur les droits humains, les VBG et l’accès à la justice.
Parmi les groupes cibles du projet « Legal Assistance for Women – LAW II », dont le budget total est de 132.634.500 FCFA, 180 membres de la société civile et acteurs de la chaîne pénale dont 50% de femmes et 70% de jeunes, 2400 personnes qui seront sensibilisés, 630 autres personnes bénéficieront de l’aide juridique et 60 justiciables, d’assistance judiciaire.
La cérémonie de lancement qui a été marquée par des prestations artistiques et un sketch émouvant de sensibilisation sur les VBG réalisé par le groupe de la comédienne Alima Togola, s’est déroulée dans une atmosphère conviviale, en présence de quelques personnalités.
« Suite à la crise multidimensionnelle qui sévit au Mali depuis une décennie, la situation sécuritaire reste fragile et de nombreuses localités sont devenues un terreau fertile pour les violations et abus des droits de l’homme dont les couches vulnérables et défavorisées sont particulièrement exposées. C’est en ce moment et à ces endroits qu’il faut redoubler d’efforts pour venir en aide aux victimes d’abus et de violations des droits humains », a souligné Negueting Diarra, directeur exécutif de CapDH.
CapDH est une association de droit malien et apolitique créée à Bamako en mars 2008. Avec pour mission de promouvoir au Mali les droits humains, la culture de la paix et de la citoyenneté et aider les victimes à défendre et à jouir de leurs droits, elle intervient dans 3 axes stratégiques que sont la promotion et défense des droits humains, l’éducation à la culture de la paix et de la citoyenneté et l’assistance aux victimes de violation des droits humains et aux personnes vulnérables.
Insécurité : Regain de tension au Centre et au Nord
Les régions du Centre et du Nord du Mali font face depuis quelques semaines à une multiplication d’attaques de groupes armés terroristes (GAT), non seulement contre les emprises des Forces armées maliennes (FAMa) mais également, et de plus en plus, contre des villages civils. Un regain de violences qui inquiète au moment où la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se retire du pays.
État d’alerte dans la région de Bandiagara, dans le centre du Mali. Après « l’attaque terroriste lâche et barbare » du village de Bodio, dans la commune rurale de Doucoumbo, ayant fait 17 morts et 2 blessés le 5 août 2023, 2 chasseurs ont trouvé la mort le jour suivant, après avoir heurté un engin explosif improvisé (EEI) entre le village de Bodio et Anakanda.
Le 7 août, le village de Gani, dans la commune de Bara Sara, a été attaqué à son tour et incendié. Bilan : 5 morts et plusieurs blessés.
« Forcer l’allégeance »
Pour Adama Diongo, Porte-parole du Collectif des associations des jeunes du Pays dogon, cette situation dans la région s’expliquerait en partie par la période de l’hivernage. « Les terroristes sont dans la logique de faire en sorte que le début de l’hivernage soit saboté, pour perturber la campagne agricole. Leur objectif principal est d’affamer la population pour qu’elle se voit obligée de signer des accords d’allégeance avec eux », expliquait-il dans notre parution du 14 juillet dernier.
Face à la persistance des attaques terroristes, occasionnant, outre des pertes en vies humaines, des maisons incendiées, des animaux emportés et un nombre croissant de déplacés dans les grandes agglomérations de la région, les forces vives de Bandiagara ont organisé une marche dans la foulée, le 9 août, pour « dénoncer une fois de plus le silence total de nos plus hautes autorités ».
Tensions vives
À l’instar de celle de Bandiagara, les régions de Mopti et de San font aussi face à des attaques similaires de groupes armés terroristes depuis le mois de juin. En outre, dans la région de Tombouctou, les tensions se sont exacerbées depuis le 10 août et le début de la remise du camp de la Minusma de la localité de Ber à l’armée malienne.
Les affrontements qui s’en sont suivis, d’une part entre les Forces armées maliennes et les groupes armés terroristes et d’autre part avec les combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont entraîné également des déplacements de populations de la zone, même si le contexte diffère de celui de l’insécurité globale, en hausse dans le Centre et dans le Nord.
La CMA, qui considère la zone comme étant sous son contrôle, estime que l’État, à travers l’armée, viole l’Accord pour la paix et la réconciliation en s’accaparant de l’ancienne emprise de la Minusma dans la région.
« Depuis l’annonce de la décision du départ des forces internationales, certains mouvements armés avaient manifesté leur inquiétude par rapport à l’après Minusma. Il est important de rappeler que ces forces jouaient un rôle politique important en matière du respect du cessez-le feu et de respect des engagements. Depuis la signature de l’Accord, il n’y a pas eu de belligérance entre les Fama et les groupes signataires », souligne Ibrahima Harane Diallo, chercheur à l’Observatoire sur la prévention et la gestion des crises au Sahel.
Avant de prendre possession du camp de Ber, le 13 août, l’armée a fait face à de nombreux incidents ayant entravé le mouvement de ses unités. Un communiqué de l’État-major daté du même jour a fait état d’un bilan de 6 morts et de 4 blessés dans les rangs des Fama et de 24 terroristes neutralisés.
Quelques jours plus tôt, dans plusieurs messages audio diffusés sur WhatsApp le 8 août, Talha Abou Hind, Émir du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans, appelait ses hommes à stopper l’arrivée des camions en provenance d’Algérie et de Mauritanie dans la ville de Tombouctou.
Oignon : hausse exceptionnelle du prix
Le prix de l’oignon connaît une hausse exceptionnelle cette année au Mali. Une hausse qui s’explique non seulement par l’insuffisance de la production nationale en cette période mais aussi par la rareté des variétés exportées. Difficile de prédire la fin de cette cherté, alors que le légume, très prisé, est principalement cultivé en contre-saison entre novembre et mars.
Cédé entre 800 et 900 francs CFA, le kilogramme d’oignon est revendu 1 000 francs. Du jamais vu, selon certains acteurs. Estimée à plus de 8 00 000 tonnes en 2021, la production locale fait du Mali l’un des plus grands producteurs de la sous-région. Mais, comme elle se conserve assez mal, elle est complétée par des oignons importés, qui peuvent être stockés plus longtemps.
La hausse de cette année, qui est aussi constatée en Mauritanie, semble s’expliquer par la rareté de la production marocaine sur les marchés. En effet, les autorités de ce pays ont décidé de limiter l’exportation pour faire face à la demande nationale, vu les conditions peu favorables qui ont caractérisé la saison, notamment une sècheresse.
Transport aérien : qui pour remplacer Air France ?
Le 7 août 2023, le transporteur aérien Air France a annoncé la suspension de ses vols vers le Mali et le Burkina Faso jusqu’au 11 août 2023. Une décision justifiée par la fermeture des frontières du Niger suite au coup d’État du 26 juillet 2023 dans ce pays. Annonçant la prolongation de cette suspension jusqu’au 18 août, la compagnie s’est vue annuler son autorisation de vols vers Bamako.
En effet, après ces décisions de suspension, les autorités maliennes ont répliqué en annulant l’autorisation d’exploitation de la compagnie aérienne, qui effectue 7 vols hebdomadaires vers la capitale malienne. Cette suspension, qualifiée « de manquement notoire, au regard des termes de l’autorisation d’exploitation », a entraîné « des désagréments aux passagers », expliquent-elles. Le « manquement » a donc entraîné l’annulation de l’autorisation d’exploitation pour la saison été d’Air France.
La fermeture de l’espace aérien nigérien obligeait déjà les compagnies à un détour important. Outre cette situation, les crises géopolitiques dans d’autres pays, comme le Soudan ou la Libye, faisaient faire des détours de jusqu’à 1 000 km.
Nouvelles opportunités ?
Les autorités maliennes, qui accusent Air France de n’avoir pas averti de cette décision de suspension dans les délais convenus, annoncent que la compagnie pourrait voir son créneau accordé à une autre et lui demandent donc de soumettre une nouvelle demande avant la fin de l’annulation pour couvrir le reste de la saison. Cette situation pourrait profiter à d’autres compagnies qui desservent les destinations Paris et Bamako. Elles pourraient augmenter leurs fréquences en cette saison où la demande est forte. Il s’agit de la compagnie française Corsair, qui continue de desservir Bamako, et de Turkish Airlines, de Royal Air Maroc ou d’Air Sénégal, entre autres.
La suspension des vols d’Air France a suscité la colère et l’inquiétude chez des dizaines de voyageurs, qui se sont retrouvés au siège de la compagnie le 10 août 2023. Des familles vivant de part et d’autre et des voyageurs occasionnels ont exprimé leur désarroi face à cette situation.
Elle intervient également dans un contexte déjà tendu entre Bamako et Paris. En effet, Paris a annoncé le 7 août la suspension de la délivrance de visas aux ressortissants maliens désireux de se rendre en France. Une décision à laquelle les autorités maliennes ont répondu, au nom du principe de réciprocité, en suspendant en retour la délivrance de visas vers le Mali aux Français.
Séko Boiré : la saison 2 en tournage bientôt
Le lancement des activités de production de la saison 2 de la célèbre série télévisuelle Séko Boiré a eu lieu ce 28 juillet 2023. Axée sur la paix, la cohésion et le vivre ensemble, l’avant-première est prévue pour le 20 janvier 2024.
Séko Boiré est un projet qui veut participer à une culture de quiétude et de tolérance entre les populations, explique Kora Films, à l’initiative de cette deuxième saison, dans un contexte de préparation des élections pour conduire le Mali sur la voix de la stabilité institutionnelle.
La saison 2 sera une suite logique de la première et verra le personnage principal, Séko Boiré, originaire d’un petit village malien, qui se retrouve par accident dans la capitale, apprendre très vite à déjouer les pièges de la grande ville. Brillamment interprété par Habib Dembélé alias Guimba National, Séko doit retourner dans son village pour prendre part à la préparation des élections, après des années à Bamako et en tant que témoin privilégié des différents soubresauts que le pays a connus. Le projet de Kora Films et de Famoc s’inscrit résolument dans la dynamique du changement positif. Il confirme la volonté de ses porteurs de faire de la culture un formidable outil de promotion du vivre ensemble. Un idéal bien ancré dans nos valeurs et nos croyances mais sérieusement mis à mal par des difficultés dont la solution réside dans la cohésion.
Prise de conscience
Bien qu’ayant initié et écrit les premiers scenarios, Guimba se réjouit que Kora Films et Cheick Oumar Sissoko, « l’un des plus grands réalisateurs africains », écrivent et réalisent Séko 2 qui « a de la chance ». « Je suis un acteur content que Séko ait pu avoir la possibilité de la continuité ». Le tournage commence mi-octobre et devrait durer environ un mois. En plus de ce monument de la scène malienne, Kora Films a fait appel à une nouvelle génération représentée, entre autres, par Alima Togola, Viviane Sidibé ou Ramata Traoré.
Vivant à Paris depuis plusieurs années déjà, Habib Dembélé travaille actuellement sur deux projets. « J’appartiens à la compagnie Mia. Nous sommes en train de préparer une création qui va se jouer dans l’espace appartenant à la compagnie », précise Guimba National. La seconde production porte sur la vie de Salvador Allende. Les répétitions s’étendront tout le reste du mois d’août et une partie de septembre dans un théâtre d’Ivry. La création sera jouée en première le 11 septembre, date d’anniversaire de la disparition de cet ancien Président du Chili.