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Insécurité alimentaire : le PAM et la Russie soutiennent le Mali
Le gouvernement du Mali, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), a organisé, ce 30 octobre 2024, une cérémonie de remerciement à la Fédération de Russie pour son soutien dans l’assistance aux personnes en situation d’insécurité alimentaire.
Selon le PAM, le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire atteint 1,4 million. Pour répondre à leurs besoins pendant les six prochains mois, le PAM doit mobiliser près de 98 millions de dollars.
Le don de la Russie fait partie des contributions essentielles, saluées par le PAM, qui aident les personnes les plus vulnérables. « Cette contribution d’un montant de deux millions de dollars américains ne se mesure pas seulement en termes financiers, mais aussi en termes d’espoir et de possibilités offertes à tant de personnes. Votre soutien nous permet donc de continuer à soutenir ceux qui comptent sur l’aide alimentaire pour satisfaire leurs besoins essentiels », a déclaré le représentant du PAM. Ces contributions volontaires sont nécessaires pour accompagner les efforts du gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au sein des communautés touchées par différents chocs. Elles permettent ainsi d’offrir des repas nutritifs à ceux qui en ont le plus besoin. Cette importante donation en denrées alimentaires, qui permettra au PAM de soutenir les personnes vulnérables, n’est pas la première, a rappelé le ministre commissaire à la sécurité alimentaire. Une solidarité qui s’était déjà exprimée en 2023 par un don de 75 000 tonnes de blé de la Russie en faveur du Mali, un précieux appui qui avait permis de contenir la flambée des prix des denrées de première nécessité.
Depuis quelques années, le Mali fait face à une situation marquée par l’insécurité et les chocs climatiques, entraînant des déplacements de population et compromettant la sécurité alimentaire.
Économie numérique : Une nouvelle politique pour corriger les lacunes
La place du numérique dans le développement socioéconomique est reconnue par le Mali, à l’instar d’autres pays du monde. Cependant, l’atteinte des objectifs en la matière se heurte à certains défis, dont un faible accès. C’est pourquoi les autorités envisagent à travers une politique de développement d’améliorer ces services afin de favoriser la digitalisation, la transparence et l’efficience des services publics, notamment.
Adoptés en 2015, la Politique nationale de développement de l’Économie numérique et son Plan d’actions ont mis en évidence certains faits. L’évaluation de « Mali numérique 2020 » fait ressortir un taux d’exécution global de 27,30%, soit 18 actions menées à terme sur les 66 programmées, avec un taux de mobilisation des ressources de 24,24%, soit 54,5 milliards sur les 224,792 prévus. Ces insuffisances soulignent la nécessité d’une nouvelle Politique nationale de développement de l’Économie numérique et de son Plan d’actions « Mali 2025-2029 », validés lors d’un atelier national le 24 octobre 2024. Selon ses auteurs, ce sont les attentes non comblées des précédentes politiques qui le justifient. En effet, la Politique de 2015 n’a pas été mise en œuvre parce que les organes prévus, notamment le Conseil national du Numérique et le Comité national de mise en œuvre, n’ont pas été créés et que la table-ronde des bailleurs n’a pas été organisée. Les mêmes absences de gouvernance et de financement expliquent l’échec de « Mali Numérique 2020 ».
Le nouveau document veut donc s’adapter à l’environnement actuel et permettre « l’accès universel et aux normes internationales pour une économie numérique inclusive dans notre pays ».
Rattraper le retard
Le secteur de l’économie numérique est l’un des principaux moteurs de développement des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) par sa contribution au PIB. Le Mali fait partie des pays qui ont une faible contribution de cette économie numérique. L’Indice de développement des TIC (IDI-TIC) 2023 classe le Mali à la 5ème position avec 38,2%, derrière le Sénégal (66,5%), la Côte d’Ivoire (59%), le Togo (40,2%) et le Bénin (38,3 %), devant la Guinée-Bissau (33,1%) et le Burkina Faso (28,5%).
Dans l’utilisation d’Internet dans l’espace UEMOA, le Mali garde la même place avec 30,5% en 2023, derrière le Sénégal (55%), la Côte d’Ivoire (38%), le Togo (32,5%) et le Bénin (30,7%).
Le développement de l’économie numérique présente des opportunités pour le Mali, mais il révèle aussi des faiblesses, dont le manque d’infrastructures numériques adéquates, le coût élevé d’accès à Internet, les faibles compétences numériques et la faible qualité de la connexion Internet.
Fatoumata Maguiraga
Festival Bama Art : Une grande première à Kayes
La prochaine édition du festival culturel Bama Art se tiendra du 30 octobre au 3 novembre à Kayes. Sur le thème « Culture au service du développement et de la paix », c’est la première à se dérouler en dehors de la capitale. Présent dans le paysage culturel bamakois depuis six ans, Bama Art est devenu l’une des rencontres culturelles les plus incontournables du Mali.
Traditionnellement organisé chaque premier week-end du mois sur les berges du fleuve Niger ou Place du Cinquantenaire, le festival offre une belle opportunité aux jeunes artistes pour faire valoir leur talent. Cette année, il s’installera dans la Capitale des Rails, un tournant important pour l’événement.
Abou Guitteye, promoteur de Bama Art, souligne que cette édition à Kayes répond à plusieurs demandes des habitants de la région. « De nombreuses personnes quittent leur région pour assister à Bama Art. Au début, nous étions réticents à l’idée de nous éloigner de Bamako, craignant que cela n’attire pas autant de monde. Mais après six années d’hésitation, nous avons décidé de nous lancer ».
Il ajoute « cette édition à Kayes est une phase test. Si cela fonctionne, nous pourrons nous étendre à d’autres régions, comme Ségou, Mopti et même Tombouctou ». L’objectif est d’apporter la joie de Bama Art aux Kayésiens, afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes expériences culturelles que les Bamakois.
De nombreuses activités seront proposées : foires artisanales, agricoles et minières, grillades, jeux en plein air, sport, tourisme local et spectacles traditionnels et modernes. Cette année, le festival passe de deux à cinq jours, une décision qui répond aux attentes croissantes des participants. « Avec tous les sacrifices et matériels que nous transportons, il serait imprudent de rester à deux jours ».
L’événement réunira des artistes de renom, tels que Seydou Chee, Mohamed Diaby, Lil Dou et Fatim Diabaté. À travers Bama Art, M. Guitteye souhaite contribuer à l’attractivité et au rayonnement du Mali à l’international. Il aspire également à soutenir la création, la production et la circulation d’œuvres de qualité, tout en valorisant le potentiel touristique et culinaire du pays.
Le festival s’annonce comme un véritable carrefour de la culture malienne, promouvant les talents locaux et créant des espaces d’échange et de partage enrichissants pour tous.
Fatouma Cissé
Exploitation minière au Mali : L’or au cœur de la souveraineté
En quête d’une plus grande maîtrise de ses ressources aurifères, le Mali s’est engagé dans plusieurs réformes majeures pour renforcer sa souveraineté sur le secteur minier. Considéré comme le troisième producteur d’or en Afrique, le pays entend récupérer une part plus équitable des 1 926 milliards de francs CFA de recettes d’exportation générées par la vente de son or en 2023. Cette ambition s’accompagne de tensions croissantes avec des géants miniers comme Barrick Gold. Parallèlement, la révision des textes régissant le secteur et la création de la SOREM visent à renforcer la souveraineté nationale. Ces initiatives pourraient transformer le paysage minier, impactant non seulement les multinationales mais aussi l’avenir économique du Mali.
En 2023, le Mali a atteint une production record de 65,91 tonnes d’or (Rapport ITIE 2023). Cette production a généré des recettes d’exportation dépassant 1 926 milliards de francs CFA. La production d’or est concentrée principalement dans les régions de Kayes et Sikasso. Les mines de Loulo-Gounkoto (23,49 tonnes, Barrick Gold) et de Fekola (20,63 tonnes, B2Gold) dominent cette production, suivies de SOMISY (6,76 tonnes) et SEMOS (6,28 tonnes). Ces chiffres témoignent de la richesse du sous-sol malien, mais aussi de l’importance stratégique de l’exploitation industrielle, qui représente près de 95% de la production. Malgré cette dépendance envers les multinationales, l’État malien affiche une volonté de prendre en main la gestion de ses ressources.
La concentration minière à Kayes et Sikasso fait de ces régions des pôles de développement économique pour le Mali, représentant respectivement des productions valorisées à 1 318 et 597 milliards de francs CFA. Cependant, cette dépendance accrue soulève des questions sur la durabilité de cette exploitation intensive et l’urgence de diversifier l’économie nationale. En effet, avec environ 644 milliards de francs CFA de recettes issues de l’industrie extractive en 2023, dont 602 milliards ont été directement alloués au Trésor public, le Mali compte significativement sur l’or pour soutenir ses finances publiques et ses projets de développement.
Pourtant, les déséquilibres régionaux se creusent, car Kayes et Sikasso concentrent non seulement la production minière, mais aussi les principales infrastructures soutenant ce secteur. Face à cette situation, le gouvernement malien a renforcé ses exigences envers les entreprises étrangères par le biais d’une clause de « Contenu local » dans le nouveau Code minier. Cela oblige les entreprises à investir dans les infrastructures locales et à favoriser l’emploi de la main-d’œuvre malienne, réduisant ainsi la dépendance aux travailleurs étrangers et augmentant les bénéfices locaux.
L’État et Barrick Gold à couteaux tirés
Le différend entre l’État malien et Barrick Gold porte sur un montant significatif de 500 milliards de francs CFA d’arriérés que les autorités souhaitent mobiliser pour financer des projets d’infrastructure essentiels. Barrick, de son côté, affirme avoir déjà versé 50 milliards. Le gouvernement malien a donc commandé un audit pour clarifier les contributions des différentes mines, mais le rapport officiel est toujours attendu. Pour le Mali, ces arriérés représentent plus qu’une somme d’argent, en ce sens qu’ils incarnent une bataille pour la « transparence » et la « réappropriation » des richesses nationales.
En réponse aux critiques de faible contrôle de ses ressources, l’État a adopté en 2023 un nouveau Code minier. Dans ce Code, la part gratuite de l’État dans le capital reste à 10%. Mais l’État peut prendre d’autres parts contre des numéraires à hauteur de 20%. Les sociétés ont aussi l’obligation d’ouvrir leur capital à des investisseurs nationaux à hauteur de 5%. Ce changement manifeste la volonté de renforcer la souveraineté nationale sur l’exploitation des ressources naturelles. Recommandée lors des Assises nationales de la refondation en décembre 2021, cette réforme répond à une aspiration collective pour que les bénéfices des ressources minières soient redistribués équitablement, en particulier vers les communautés locales, souvent marginalisées.
La création de SOREM et la symbolique de Yatela
La création de la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-Mali), qui contrôle désormais la mine de Morila, illustre parfaitement cette gestion nationale des ressources. Ce modèle de gestion devrait permettre au Mali de mieux contrôler les retombées économiques de son secteur minier. De plus, la reprise par l’État de la mine de Yatela, suspendue depuis 2013, marque une avancée symbolique vers la récupération des actifs miniers nationaux. Bien que la production de Yatela soit actuellement limitée, ce geste témoigne d’une volonté de renforcement de la souveraineté économique.
Avec l’échéance de l’un des permis d’exploitation de Barrick Gold, prévue en 2026, la pression s’intensifie. Le gouvernement pourrait refuser son renouvellement en cas de désaccord prolongé sur les redevances, un mouvement qui affirmerait la position de l’État dans les négociations futures avec les multinationales.
Les contraintes des conventions internationales
Cependant, la route vers une autonomie complète du secteur minier reste semée d’obstacles. Les contrats signés avec des multinationales incluent souvent des clauses de stabilité visant à protéger les investissements étrangers contre les changements législatifs. Ces clauses, reconnues par les textes internationaux, limitent parfois l’application de nouvelles réformes aux exploitants actuels. Bien que légitimes sur le plan international, ces restrictions contraignent les actions de l’État malien, qui doit concilier ses ambitions de souveraineté avec le respect de ses engagements internationaux.
Il convient de rappeler qu’en 2023 les revenus générés par le secteur extractif se sont élevés à 644 milliards de francs CFA, dont 602 milliards à destination du Trésor public. Ces fonds, essentiels au Budget national, sont affectés à des secteurs vitaux tels que l’éducation et la santé. La contribution des industries extractives représente près de 27,8% des recettes de l’État et 9,2% du PIB (en 2022), révélant l’importance de ce secteur pour le développement national.
Les recettes collectées servent également à soutenir des programmes sociaux importants, incluant 30 milliards de francs CFA de cotisations sociales et 9 milliards pour les assurances obligatoires, ainsi que divers paiements sociaux. En augmentant sa participation dans les sociétés minières, le Mali choisit de renforcer son indépendance économique. Cependant, cette décision pourrait potentiellement dissuader certains investisseurs étrangers, préoccupés par la stabilité de leurs investissements dans un cadre de régulation de plus en plus strict.
Vers une exploitation minière mieux contrôlée et souveraine ?
Plutôt que de céder aux exigences des multinationales, le Mali semble déterminé à réguler de manière plus équitable son secteur minier. En 2023, l’État a réparti entre divers fonds et budgets de soutien aux collectivités une partie des recettes minières. Cette manne financière permet de soutenir des secteurs vitaux pour le pays, mais elle souligne également l’importance d’une régulation rigoureuse pour garantir une exploitation équitable et transparente des ressources naturelles.
L’établissement de partenariats avec des experts locaux et la formation d’une main-d’œuvre qualifiée constituent des pistes prometteuses pour faire du secteur minier un pilier véritablement national. En diversifiant les activités minières et en optimisant les bénéfices pour le pays, le Mali pourrait réduire sa dépendance aux multinationales et renforcer sa souveraineté sur ses ressources.
En s’engageant résolument sur la voie de la souveraineté minière, le Mali affiche certes une ambition forte. Il s’agit de faire de ses ressources un levier de développement au service de tous. Bien qu’étant audacieux, ce choix comporte de nombreux risques. En effet, tourner le dos aux multinationales pourrait exposer le pays à des défis économiques et techniques majeurs, surtout avec des insuffisances techniques et des infrastructures encore insuffisamment développées. Les entreprises internationales, malgré leurs intérêts propres, apportent un savoir-faire et des moyens financiers dont le Mali pourrait difficilement se passer. Plutôt que de s’orienter vers un bras de fer aux issues incertaines, il serait peut-être plus sage de rechercher des partenariats « gagnant – gagnant », permettant d’avancer sans se couper de ressources précieuses.
Ainsi, pour le Mali, le principal défi pourrait résider dans l’équilibre entre indépendance et coopération. Si le pays parvient à maintenir une posture ferme tout en ouvrant la voie à des échanges équilibrés, l’exploitation de l’or pourra enfin servir non seulement les intérêts de quelques-uns, mais de tous les Maliens. En bâtissant des partenariats intelligents et des partenariats mutuellement profitables, en exigeant transparence et équité, le Mali pourrait atteindre une souveraineté minière qui profite réellement à sa population sans compromettre le développement du secteur. L’or malien, sous une gouvernance éclairée, pourrait devenir un véritable moteur de croissance et un pilier de stabilité pour le pays.
En tout état de cause, cette quête de souveraineté est une prise de position courageuse, mais elle doit être accompagnée de pragmatisme. L’indépendance, si précieuse, n’empêche pas de collaborer. Il s’agit pour le Mali de construire un modèle unique, un équilibre entre contrôle national et ouverture maîtrisée, où les richesses du sous-sol servent à construire un avenir solide pour tous les citoyens. Avec une vision à long terme et un pragmatisme réfléchi, le Mali pourrait démontrer qu’il est possible de transformer les ressources naturelles en un bien commun, durable et inclusif.
Journal du Mali
Développement et souveraineté multisectoriels du Mali : Le Centre Amadou Hampâté Bâ mène la réflexion
Le Centre Amadou Hampâté Bâ, en partenariat avec la Délégation spéciale de la mairie de la commune II du district de Bamako et l’ONG Mali Folkecenter Nyetaa, a tenu, le 28 octobre 2024, à Bamako, une journée de réflexion autour de plusieurs thèmes stratégiques pour le développement du Mali.
Lutte contre l’insécurité alimentaire : le PAM et Royaume d’Espagne soutiennent le Mali
Le gouvernement du Mali, à travers le Commissariat à la sécurité alimentaire, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM), a organisé, ce 30 octobre 2024, une cérémonie de remerciement en l’honneur du royaume d’Espagne, qui a remis une aide destinée à assister les personnes en situation d’insécurité alimentaire.
Face à l’insécurité persistante : MSF suspend ses activités à Nampala
L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF) a récemment décidé de suspendre temporairement ses activités à Nampala, dans la région de Ségou. Cette suspension fait suite à une attaque ciblant l’une de ses équipes le 14 octobre dernier.
Tracer la voie de la résilience du littoral
Environ 40 % de la population mondiale vit dans les zones côtières. Outre le fait qu’elles abritent 12 des 15 plus grandes villes du monde, ces régions constituent une ligne de vie essentielle pour d’innombrables petits villages et villes. Avec environ 80 % du commerce international transitant par les ports maritimes, les régions côtières jouent également un rôle économique majeur, représentant 60 à 70 % du PIB mondial.
Les températures mondiales augmentant à un rythme alarmant, les communautés côtières se retrouvent en première ligne des crises du climat et de la biodiversité. Rien que dans les douze derniers mois, les ouragans Beryl, Helene et Milton ont frappé les Caraïbes et la côte américaine du Golfe du Mexique, tandis que la tempête Daniel a fait des milliers de victimes en Libye, soulignant ainsi la vulnérabilité croissante des populations vivant le long des côtes de la planète.
La crise climatique s’aggrave, tout comme les menaces posées par l’élévation du niveau des mers, l’acidification et le réchauffement des océans. Ces dangers sont aggravés par la destruction des habitats, la surpêche et la pollution, qui érodent la santé et la biodiversité des écosystèmes marins. La disparition des mangroves et des récifs coralliens qui en résulte devrait entraîner d’énormes pertes économiques et déplacer de nombreuses communautés côtières, en particulier dans les petits États insulaires en développement où tous les aspects de la vie sont liés à la mer.
Compte tenu des enjeux, le renforcement de la résilience des communautés côtières et la protection des vies, des moyens de subsistance et des économies de leurs habitants ne constituent pas seulement une priorité régionale ou nationale, mais un impératif mondial. Pour y répondre, il faudra un effort coordonné des secteurs public et privé, en particulier des institutions financières capables de générer les investissements nécessaires pour soutenir des solutions durables et à long terme.
À cette fin, la conférence des Nations unies sur la biodiversité étudie les moyens de faire progresser le cadre mondial pour la biodiversité de 2022, qui vise à protéger 30 % de l’ensemble des zones terrestres et océaniques d’ici à 2030. La prochaine conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP29), qui se tiendra en Azerbaïdjan, se concentrera sur les solutions de financement. La conférence des Nations unies sur les océans, qui se tiendra l’année prochaine, ainsi que le premier forum sur l’économie et la finance bleues, pourraient contribuer à catalyser l’action urgente et coordonnée nécessaire à la sauvegarde des écosystèmes les plus vulnérables de notre planète.
Il est encourageant de constater que les institutions financières privées commencent également à reconnaître la nécessité de renforcer la résilience climatique. Un montant stupéfiant de 1 000 milliards de dollars d’obligations vertes, sociales et liées à la durabilité a été émis en 2023, reflétant l’intérêt croissant des investisseurs pour les projets alignés sur les objectifs de développement durable des Nations unies. Mais les investissements dans la régénération des océans et la résilience côtière restent bien en deçà des centaines de milliards de dollars nécessaires chaque année pour protéger les communautés et les villes vulnérables.
S’il est essentiel de combler ce déficit de financement, il est tout aussi important de s’engager auprès des communautés locales. En tenant compte du point de vue des populations autochtones, les décideurs politiques pourraient élaborer des mesures qui protègent la nature, favorisent le développement durable et garantissent que les investissements dans les infrastructures et la résilience des communautés sont à la fois équitables et efficaces.
Les partenariats intersectoriels seront essentiels pour constituer une réserve de projets susceptibles d’être investis. L’Ocean Risk and Resilience Action Alliance (ORRAA), dont je suis le directeur exécutif, cherche à mobiliser des financements pour la résilience des océans. En travaillant avec des partenaires engagés, nous visons à doter les banquiers et les assureurs des outils nécessaires pour tenir compte de la valeur des actifs naturels dans leurs bilans, tout en exploitant l’ingéniosité et l’esprit d’entreprise des dirigeants locaux, dont beaucoup sont des femmes.
Certes, il reste encore beaucoup à faire. Pour construire des communautés côtières véritablement résilientes, les risques climatiques doivent être pris en compte dans chaque projet d’infrastructure, proposition de politique et décision d’investissement affectant les régions vulnérables au climat. En outre, en encourageant les solutions basées sur la nature, telles que la restauration des mangroves et des récifs coralliens, les décideurs politiques pourraient renforcer les défenses naturelles contre les tempêtes et l’érosion tout en soutenant la biodiversité et les économies locales. Des initiatives telles que l’indice des risques côtiers – une plateforme interactive qui exploite les données pour aider les investisseurs, les assureurs et les décideurs politiques à évaluer les risques côtiers – seront essentielles à cet effort.
Étant donné que le financement public ne peut à lui seul générer le capital nécessaire à la protection des communautés côtières, une plus grande coopération entre les secteurs public et privé sera essentielle pour combler le déficit de financement actuel. Pour ce faire, il faudra développer des instruments financiers innovants afin de réduire les risques et d’encourager la participation du secteur privé. C’est dans cette optique que l’Orraa s’est associée au Groupe de garantie du développement, un garant qui soutient les projets d’adaptation au climat et d’atténuation de ses effets, pour créer un mécanisme visant à réduire les risques liés aux investissements durables dans les secteurs de « l’économie bleue ».
La conférence des Nations unies sur les océans, qui se tiendra l’année prochaine en France, et le forum sur l’économie et la finance bleues, qui aura lieu à Monaco, offrent une occasion unique d’unir ces différents efforts. En réunissant des chefs d’entreprise et des décideurs politiques, ces rencontres pourraient débloquer des financements à grande échelle pour la conservation et la résilience des océans, en veillant à ce que les communautés côtières bénéficient d’une approche globale et durable des défis complexes posés par la crise climatique.
Cependant, pour saisir cette opportunité, les investisseurs, les décideurs politiques et les dirigeants locaux doivent aligner leurs efforts. Grâce à une action climatique décisive et coordonnée, nous pouvons orienter des investissements ciblés vers la résilience des océans et assurer un avenir durable aux communautés côtières – et à l’économie mondiale qui en dépend.
Karen Sack est directrice exécutive de l’Ocean Risk and Resilience Action Alliance.
Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org
City Tour Rose : Découverte de Bamako et sensibilisation au cancer du sein lors de la 1ère édition
Pour allier la découverte de la ville de Bamako et la sensibilisation au cancer du sein durant ce mois d’octobre dédié à la lutte contre cette maladie, l’agence de voyage et de tourisme Galaxy Travel & Tour Services a organisé, le 26 octobre 2024, une journée de visite guidée de quelques monuments et lieux emblématiques de la capitale.
Lutte contre le paludisme au Mali : l’ONG Médecins Sans Frontières présente ses stratégies d’actions
Très impliquée dans la lutte contre le paludisme au Mali, l’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) mène depuis des années plusieurs opérations à travers le pays, en collaboration avec le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Pour mettre en lumière ses actions et ses efforts dans la lutte contre cette maladie au cours des derniers mois, l’Organisation humanitaire internationale a tenu un café de presse le 24 octobre 2024 à Bamako.
Ce café de presse, auquel ont participé plusieurs journalistes représentant des organes de la presse nationale, s’est déroulé en présence de la Directrice du PNLP, le Médecin-colonel Aissata Koné. Elle était accompagnée du Chef de mission de Médecins Sans Frontières au Mali, Dr Innocent Kunywana, ainsi que d’une représentante d’OCHA.
Dans la lutte contre le paludisme au Mali, en termes de stratégies majeures, MSF prend en charge des cas de la maladie, en mettant l’accent sur les populations vulnérables. L’organisation offre également des soins gratuits, avec un accès facilité au plus près des ménages et s’active dans la prévention du paludisme pendant la grossesse. En termes de stratégie de soutien, MSF utilise les services de consultations et d’hospitalisation pour sensibiliser les familles sur la maladie et sur les mesures de prévention.
De janvier 2022 à septembre 2024, l’ONG Médecins Sans Frontières a effectué 1 283 970 consultations au Mali, dont 788 567 (61%) dans les régions du centre, 252 928 (20%) dans les régions du sud et 242 475 (19%) dans les régions du nord. Au total, 34% de ces consultations, soit 434 244, sont des cas de paludisme, touchant principalement les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.
Ces cas de paludisme se répartissent comme suit : 247 175 cas dans les régions du centre, dont 45 797 cas graves avec une létalité de 0,11 % ; 138 800 cas dans les régions du sud, dont 28 009 cas graves avec une létalité de 0,23 % ; et 46 269 cas dans les régions du nord, dont 13 344 cas graves avec une létalité de 0,44 %.
De plus, l’organisation craint une augmentation du nombre de cas et une possible extension de la période de pic du paludisme à travers le pays, particulièrement pour l’année 2024, en raison des fortes pluies qui entraînent une augmentation du nombre de moustiques, ainsi que de la situation des blocus dans certaines régions, causant l’augmentation du nombre de déplacés internes fuyant les violences incessantes dues à l’insécurité.
Par ailleurs, pour faire face à cette période de pic, MSF a renforcé la capacité des « agents palu » et les a déployés dans les communautés pour la prise en charge des cas simples et le référencement des cas compliqués dans les CSCom et CSRef. Médecins Sans Frontières apporte également un soutien en médicaments et matériel médical aux sites communautaires, aux CSComs et aux CSRef.
Cependant, l’organisation humanitaire est confrontée à plusieurs difficultés. Parmi celles-ci, on note les problèmes d’accès à certaines zones, rendant les déplacements des agents difficiles, un approvisionnement irrégulier en médicaments et matériel, le manque de moyens de transport, notamment dans les zones marécageuses, ainsi que le manque d’approvisionnement en poches de sang.
Outre la présentation de ses stratégies d’action dans la lutte contre le paludisme au Mali, Médecins Sans Frontières vise également, à travers cette rencontre avec les médias, à exposer les résultats obtenus en termes d’indicateurs et d’impacts sur le système de santé national et sur la communauté.
« Les acquis et les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme doivent se maintenir et cela passe par une forte mobilisation de ressources et l’engagement des partenaires afin d’atteindre l’objectif « zéro palu » au Mali », a insisté Dr Innocent Kunywana, Chef de mission de MSF au Mali.
« Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel de renforcer nos actions sur le terrain. Notre partenariat avec Médecins Sans Frontières est un pilier fondamental dans cette lutte. MSF a apporté un soutien inestimable en matière de soins médicaux, de distribution de moustiquaires imprégnées et d’actions de sensibilisation dans les régions les plus touchées. Ces actions sont indispensables pour réduire la morbidité et la mortalité dues au paludisme afin de sauver des milliers de vies », a ajouté le Médecin-colonel Aissata Koné, Directrice du PNLP.
Le paludisme demeure un problème de santé publique au Mali, avec un taux de morbidité de 37 % et un taux de mortalité de 25 %, selon le DHIS2 2023. En 2023, 3 390 732 cas de paludisme confirmés ont été rapportés, dont 1 016 359 cas graves et 1 305 décès, selon la même source.
MSF intervient au Mali depuis 1985. Avec l’éclatement de la crise sécuritaire en 2012, l’organisation a intensifié ses interventions dans les régions du nord et du centre. Elle a des projets en cours dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal et dans le district de Bamako.
Mohamed Kenouvi
Après 4 jours de grève générale: les vendeurs de bétail de Bamako suspendent leur mot d’ordre
La grève générale qui paralysait la filière bétail et viande à Bamako, depuis le 23 octobre dernier, a été suspendue le dimanche 27 octobre 2023, après des jours d’incertitude et de négociations intenses.
Les vendeurs de bétail avaient suspendu leurs activités pour protester contre la décision gouvernementale de fermer sept marchés à bétail dans le district de Bamako, dans le cadre de mesures de sécurité.
Débloquer l’apprentissage par l’IA
L’intelligence artificielle a captivé l’imagination des chefs d’entreprise désireux de mettre en œuvre de nouvelles solutions technologiques dans leur secteur. Mais l’IA pourrait également être appliquée à des problèmes plus vastes et plus complexes, notamment dans le domaine de l’éducation. Cette vision est en passe de devenir une réalité, la technologie contribuant déjà à améliorer l’apprentissage des élèves, à créer de nouvelles voies vers des carrières gratifiantes et à aligner l’éducation d’aujourd’hui sur les emplois de demain.
Selon un rapport récent, près de la moitié des enseignants et des administrateurs scolaires interrogés aux États-Unis qui utilisent actuellement l’IA dans leur travail sont optimistes quant à son potentiel. Mais le manque de formation entrave l’adoption généralisée de l’IA.
Heureusement, il est relativement simple de surmonter cet obstacle. Pour commencer, les chefs d’entreprise et les décideurs politiques devraient collaborer pour offrir aux enseignants une formation gratuite sur les principes fondamentaux de l’IA et ses applications pratiques. Un module de formation des formateurs peut être mis en place par le biais d’un apprentissage en ligne gratuit ou peu coûteux et adapté à des niveaux d’enseignement spécifiques ou à des programmes d’études locaux. Cette approche permet aux éducateurs de prendre confiance en la nouvelle technologie et de commencer à expérimenter des applications pratiques dans leurs classes.
En outre, les enseignants formés à l’IA sont mieux armés pour aider les élèves qui souhaitent en savoir plus sur ce secteur. Une enquête d’IBM montre que de nombreux apprenants souhaitent occuper des emplois technologiques bien rémunérés, mais pensent qu’ils ne sont pas qualifiés parce qu’ils n’ont pas les diplômes nécessaires. D’autres disent qu’ils ne savent tout simplement pas par où commencer. C’est là que l’IA générative entre en jeu : elle peut recommander des cours qui correspondent aux niveaux et aux intérêts des apprenants, et offrir un retour d’information en temps réel au fur et à mesure qu’ils avancent dans la matière. Les solutions alimentées par l’IA peuvent même mettre les étudiants en contact avec des mentors qui peuvent les conseiller sur l’enseignement supérieur et la progression de leur carrière. Il en résulte une expérience éducative plus personnalisée et plus immédiate que l’apprentissage en ligne d’hier.
L’un des principaux obstacles à la réduction du déficit de compétences en matière d’IA est le rythme effréné de l’innovation, qui a entraîné une demande d’expertise non satisfaite considérable. Selon le Forum économique mondial, la moitié de la main-d’œuvre mondiale a besoin de se perfectionner ou de se recycler, mais le marché de la formation n’est pas à même de répondre à ce besoin. Il est encourageant de constater que de nouvelles offres sont déployées dans l’ensemble de l’écosystème de l’IA, qu’il s’agisse de cours sur l’éthique et l’ingénierie rapide ou de ressources expérimentales créatives pour les étudiants. Étant donné que la durée de vie des compétences techniques continue de se réduire, les jeunes étudiants et les apprenants permanents doivent être encouragés à investir dans la formation à l’IA.
Dans le même temps, l’IA entraîne des changements radicaux dans les industries et les marchés, et la vaste portée de cette transformation exige une réponse tout aussi globale – les efforts individuels ne suffiront pas. La première étape pour aider les apprenants à trouver leur voie vers les emplois de demain est de s’assurer que ces postes existent. Les dirigeants d’entreprise et les décideurs politiques doivent travailler ensemble pour créer des emplois qui offrent un travail de plus grande valeur aux candidats qualifiés, qui, à leur tour, seront mieux à même de subvenir aux besoins de leur famille.
Tout aussi importantes sont les collaborations multisectorielles telles que l’AI Alliance, qui vise à encourager l’ouverture sur ces systèmes et à accélérer le partage des connaissances, et le AI-Enabled Information and Communication Technology (ICT) Workforce Consortium, qui oriente les travailleurs vers des programmes de formation pertinents. Cette action collective permet de tirer parti de l’engouement pour l’IA afin d’élaborer des cadres communs et de développer une approche axée sur les compétences, capable d’identifier et d’éduquer les leaders technologiques de demain.
Le travail ne fait que commencer. Les leaders de l’industrie et les décideurs politiques doivent continuer à développer une approche commune de l’éducation et de la création d’emplois à l’ère de l’IA et encourager une formation plus répandue aux principes fondamentaux de la technologie. En tant que Chief Impact Officer d’IBM, je me demanderai comment mon organisation peut s’assurer que les étudiants, les enseignants, les employés et les demandeurs d’emploi bénéficient de ces avancées. Bien que nous ayons fait un pas dans cette direction avec IBM SkillsBuild, façonner les industries et les emplois du futur nécessite une foule de fonctions et de programmes alimentés par l’IA qui peuvent fournir aux apprenants des expériences éducatives personnalisées tout au long de leur vie.
Justina Nixon-Saintil est vice-présidente et directrice de l’impact chez IBM.
Project Syndicate, 2024.
Réforme le FMI avant qu’il ne disparaisse
Le monde a besoin d’un Fonds monétaire international efficace. Les pays se sont lourdement endettés à la suite de la pandémie de Covid-19, et le risque de nouveaux chocs s’accroît à mesure que le monde se réchauffe et que de nouveaux agents pathogènes apparaissent. Le protectionnisme (parfois masqué par des intérêts sécuritaires) est en hausse, entravant les voies traditionnelles du développement. Alors que les économies vacillent, personne ne veut absorber les personnes désespérées qui bravent des jungles ou montent sur des bateaux branlants et surchargés à la recherche de moyens de subsistance décents.
Nous avons besoin d’un intermédiaire honnête pour aider les pays à négocier des règles équitables en matière d’échanges internationaux (y compris, dans l’immédiat, des règles sur les subventions), pour dénoncer les contrevenants, pour critiquer les mauvaises politiques et pour intervenir en tant que prêteur en dernier ressort pour les pays en détresse. Malheureusement, le FMI, malgré la grande qualité de sa direction et de son personnel, est de moins en moins bien placé pour accomplir ces tâches.
Les problèmes de l’institution résident dans sa gouvernance anachronique. La plupart des décisions clés, y compris sur les prêts aux pays, sont prises par le conseil d’administration du Fonds, où les membres du G7 détiennent l’essentiel du pouvoir. Les États-Unis exercent de facto un droit de veto, et le pouvoir de vote du Japon dépasse celui de la Chine, dont l’économie n’a rien à envier à celle du Japon. La part de voix de l’Inde est bien inférieure à celle du Royaume-Uni ou de la France, alors que son économie est plus importante et croît plus rapidement que ces deux pays.
Parce que les anciennes puissances dominantes du monde refusent de lâcher prise, la sous-représentation des économies émergentes à croissance rapide persiste. Dans le même temps, il n’est plus certain que les anciennes puissances aient toujours à cœur l’intérêt mondial. Dans l’époque immédiate d’après-guerre, on pouvait faire confiance aux États-Unis, seule superpuissance économique, pour faire respecter les règles du jeu et rester généralement au-dessus de la mêlée. Mais à mesure que leurs craintes d’être dépassés se sont accrues, ils sont passés du rôle d’arbitre à celui d’acteur. Autrefois championne de l’idée que l’ouverture profite à tous, elle souhaite de plus en plus que l’ouverture ne se fasse qu’à ses propres conditions.
La qualité des décisions de prêt du Fonds risque également de se détériorer. Chaque fois que le Fonds prête, il est naturel que les pays bien connectés en difficulté économique aient tendance à obtenir plus d’aide à des conditions plus faciles. Si les prêts du Fonds ont toujours été influencés par des considérations politiques, ils ont eu plus de chances d’aboutir dans le passé grâce à l’aide extérieure de membres puissants du conseil d’administration – ainsi, par exemple, de la crise mexicaine de 1994, pour laquelle les États-Unis ont apporté une part importante du plan de sauvetage.
Les ressources budgétaires étant désormais limitées, même au sein du G7, le FMI devra de plus en plus risquer son capital, car les membres puissants de son conseil d’administration, qui n’ont que peu d’enjeux, orientent les prêts vers leurs proches alliés et clients. Une faveur qui risque en outre de ne pas aider les pays bénéficiaires des prêts, qui ont souvent besoin de plus de rigueur.
En résumé, la structure de gouvernance du FMI nuira de plus en plus à son action. Mais la redistribution des droits de vote au FMI pour refléter la répartition actuelle du pouvoir économique ne conduira-t-elle pas au chaos ? La Chine ne va-t-elle pas bloquer les prêts à tout pays lié au G7, et vice versa ? Une gouvernance dysfonctionnelle ne vaut-elle pas mieux qu’une paralysie absolue ?
Peut-être, et c’est pourquoi toute réforme affectant les droits de vote des pays devrait s’accompagner d’un changement fondamental de la gouvernance du FMI. Le conseil d’administration ne devrait plus voter sur les décisions opérationnelles, y compris les programmes de prêts individuels. Au lieu de cela, la direction générale du Fonds devrait avoir toute latitude pour prendre des décisions opérationnelles dans l’intérêt de l’économie mondiale, le conseil d’administration fixant les grandes lignes directrices et examinant périodiquement si ces lignes directrices ont été respectées.
Plus précisément, le conseil d’administration devrait devenir un conseil de gouvernance, comme c’est le cas pour les entreprises. Il définirait le mandat opérationnel de l’organisation, nommerait et modifierait la direction et contrôlerait les performances globales, mais il ne contrôlerait pas les décisions quotidiennes. Toutes les décisions opérationnelles devraient être dépolitisées. C’est d’ailleurs ce que John Maynard Keynes aurait préféré voir à l’époque de la création du Fonds. Craignant l’influence excessive des États-Unis, il a proposé un conseil d’administration non résident, ce qui, à l’époque où les communications et les voyages en bateau à vapeur étaient médiocres, impliquait un conseil d’administration non exécutif et une direction dotée de pouvoirs étendus.
Cette proposition soulève quelques objections prévisibles. La première est que les pays puissants refuseront d’engager les ressources de leurs contribuables dans le Fonds s’ils ne peuvent pas exercer un contrôle total sur leur utilisation. Mais c’est précisément ce que les puissances dominantes au conseil d’administration attendent déjà du reste du monde. Rien de nouveau sous le soleil.
Une autre objection est que les puissances émergentes comme la Chine pourraient ne pas accepter un changement dans la structure du Fonds maintenant qu’elles sont elles-mêmes sur le point d’acquérir du pouvoir. Mais si elles n’acceptent aucun changement, les anciennes puissances ne le feront pas non plus. La récente 16e révision générale des quotes-parts n’a guère modifié la répartition des pouvoirs au sein du conseil d’administration. Il faut s’attendre à ce que la situation reste inchangée, à moins que les anciennes puissances et les puissances émergentes ne parviennent à un grand compromis.
Enfin, les pays membres seraient mal à l’aise si les ressources fiscales étaient dépensées par des bureaucrates non élus qui pourraient être insensibles aux besoins de la population mondiale. Mais les considérations politiques continueront à jouer un rôle. Les administrateurs, nommés par les gouvernements, désigneront les hauts responsables du FMI et leur donneront des ordres généraux, sur la base des évaluations politiques de leurs gouvernements. Par exemple, les règles régissant les prêts peuvent devenir plus souples si les administrateurs le jugent opportun. La différence est que les règles seront appliquées uniformément dans tous les pays. Les amis puissants des pays dans le besoin pourront toujours apporter leur aide, mais ils devront le faire en dehors du programme du Fonds, plutôt qu’en contournant les règles.
Huit décennies après la création du FMI, le monde peut – et doit – entamer les négociations pour réformer sa structure de gouvernance et faire face aux nouveaux défis. L’alternative est de ne rien faire et de regarder l’institution s’éteindre.
Raghuram G. Rajan, ancien gouverneur de la Reserve Bank of India et économiste en chef du Fonds monétaire international, est professeur de finance à la Booth School of Business de l’université de Chicago et coauteur (avec Rohit Lamba) de Breaking the Mold : India’s Untraveled Path to Prosperity (Princeton University Press, mai 2024).
Project Syndicate, 2024.
www.project-syndicate.org
Moussa Mara : « La Transition a échoué à unir les Maliens, elle les a divisés »
Dans cet entretien exclusif, l’ancien Premier ministre du Mali Moussa Mara revient sur sa décision de renoncer à ses avantages. Il partage son analyse sur la Transition, qui, selon lui, a échoué à unir les Maliens, et sur la nécessité de réformes profondes pour renforcer la gouvernance et assurer la stabilité du Sahel. Propos recueillis par Massiré Diop.
Vous avez renoncé à vos avantages d’ancien Premier ministre. Pourquoi cette décision maintenant ?
Moussa Mara : Face à la crise que traverse le Mali, il est important que les dirigeants donnent l’exemple. Nos dirigeants demandent aux citoyens de faire des sacrifices, donc il est naturel que nous, responsables publics, montrions la voie. L’État traverse des difficultés et la population souffre. Ce geste symbolique est destiné à redonner confiance à la population et à montrer notre solidarité.
L’État continue de vous verser des indemnités malgré votre renoncement. Comment réagissez-vous face à cette situation ?
MM : J’ai envoyé deux courriers formels au Premier ministre, mais je n’ai reçu aucune réponse. Il est incompréhensible qu’un citoyen, surtout un ancien Premier ministre, n’obtienne pas de réponse. Si l’État continue de me verser ces indemnités, je les rembourserai immédiatement. Ma décision est claire et je la respecterai pleinement.
Comment pouvez-vous vous assurer que ces fonds profitent aux plus vulnérables ?
MM : Mon action est avant tout symbolique. Je n’ai pas de contrôle direct sur l’utilisation des fonds, mais je veux inspirer une meilleure gestion des ressources publiques. Ce sont les structures de contrôle et les députés qui doivent veiller à une gestion transparente des fonds publics.
Vous avez plaidé pour un « Plan Marshall » pour le Sahel. Quels sont les domaines prioritaires ?
MM : Le Sahel fait face à des défis structurels graves. Le changement climatique est dévastateur : le Mali a perdu deux tiers de ses forêts en 30 ans et le lac Tchad a perdu 80% de ses eaux. Sans restaurer nos ressources naturelles, il sera impossible de garantir la paix. Ensuite, il faut investir dans l’éducation, la santé et l’emploi pour renforcer notre capital humain. Enfin, la gouvernance publique doit être consolidée pour faire face à ces crises.
Quel regard portez-vous sur la gestion actuelle de la Transition par les autorités en place ?
MM : La Transition a eu des aspects positifs, notamment un regain de patriotisme et l’amélioration des capacités militaires, avec l’achat de nouveaux équipements. Cependant, elle a échoué à unir les Maliens. Dès le départ, elle a choisi de travailler avec certains groupes, en marginalisant d’autres. Cela a créé des divisions profondes au sein de la population, tant au niveau politique que social. Aujourd’hui, ces divisions freinent la mise en place d’un projet commun pour le pays.
Vous avez critiqué les récentes promotions au grade de Général. Pourquoi ?
MM : L’autopromotion est problématique, car elle remet en question le mérite. Ces distinctions auraient dû être accordées par des autorités élues après la Transition. De plus, le timing est mal choisi. Nous traversons une période de crise économique et même si l’impact financier de ces promotions n’est pas énorme, cela envoie un mauvais signal à la population.
Quelles réformes proposez-vous pour améliorer la gouvernance au Mali ?
MM : Il faut rétablir un ordre constitutionnel, avec des institutions légitimes élues par la population. Je propose également des concours transparents pour nommer les fonctionnaires afin de garantir que seuls les plus qualifiés accèdent aux postes importants. Nous devons aussi renforcer les mécanismes de transparence et de reddition de comptes pour regagner la confiance des citoyens.
Le budget des élections a été inclus dans la Loi de finances 2025. Pensez-vous que cela garantit la tenue des élections l’année prochaine ?
MM : Oui, j’ai bon espoir que les élections auront lieu en 2025. Il est essentiel que la Transition et les acteurs politiques travaillent ensemble pour garantir un processus électoral inclusif et transparent. Cela marquerait la fin positive de cette transition.
Quelles réformes institutionnelles sont nécessaires pour stabiliser le pays ?
MM : Les lois organiques relatives à l’Assemblée nationale et au futur Sénat, prévues dans la Constitution de 2023, sont vitales. Ces institutions doivent être pleinement opérationnelles pour garantir la continuité démocratique. De même qu’il est urgent de les mettre en place pour renforcer la stabilité du pays.
Inondations au Mali : l’Union européenne mobilise plus de 3 milliards FCFA pour les sinistrés
Face aux graves inondations ayant frappé le Mali, l’Union européenne (UE) et ses États membres se mobilisent avec une aide humanitaire de plus de 3 milliards de francs CFA, pour soulager les populations en détresse. Cette aide vient en réponse à l’état de catastrophe nationale décrété le 23 août dernier et témoigne de la solidarité européenne envers les Maliens les plus durement touchés.
200 milliards pour rembourser la dette intérieure : Un effort louable mais insuffisant
Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a récemment annoncé un engagement du gouvernement malien de mobiliser 200 milliards de francs CFA d’ici fin 2024 pour rembourser la dette intérieure. Bien que cette promesse soit perçue comme un geste positif, les données actuelles révèlent que ce montant est loin de suffire à résoudre les problèmes budgétaires du Mali.
Selon la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP), la dette intérieure du Mali s’élevait à 2 777,67 milliards de francs CFA à la fin du premier semestre 2023, en hausse de 8,20% par rapport à décembre 2022. Dans ce contexte, les 200 milliards promis représentent environ 7% du total, soulignant l’insuffisance de cet effort face à la taille et à la croissance rapide de la dette.
En effet, au premier semestre 2023, le gouvernement malien a levé 607,82 milliards de francs CFA en bons et obligations du Trésor, un chiffre presque trois fois supérieur aux 200 milliards annoncés pour 2024. Cela montre à quel point cette somme pourrait être rapidement absorbée par les besoins budgétaires courants. De plus, les paiements d’intérêts sur la dette intérieure ont atteint 365,28 milliards de pendant cette même période, dépassant les prévisions initiales. Par conséquent, les 200 milliards ne suffiraient même pas à couvrir ces intérêts, sans parler du remboursement du capital.
Avec un taux d’endettement intérieur atteignant 21,5% du PIB fin juin 2023, le Mali reste fortement dépendant des instruments de dette. Les bons du Trésor représentaient 255,67 milliards de francs CFA et les obligations du Trésor 2 552 milliards de francs. Cette dépendance indique une pression croissante sur les finances publiques et les 200 milliards annoncés risquent d’être rapidement consommés sans un effet durable sur la réduction de la dette.
Des voix, dont celle de l’ancien Premier ministre Moussa Mara, ont appelé à une répartition équitable, avec une priorité donnée aux créanciers les plus fragiles, notamment les petites entreprises, souvent en grande difficulté financière en raison des retards de paiement.
L’annonce de 200 milliards pour rembourser la dette intérieure est certes un geste important, mais il est insuffisant au regard des besoins réels du pays. Pour stabiliser ses finances publiques et contenir la progression de sa dette, l’État malien devra impérativement mettre en place des réformes structurelles et trouver des solutions de financement plus pérennes.
Massiré Diop
Fixation de peine : La CPI annonce son verdict pour Al Hassan le 20 novembre prochainrendra sa décision le 20 novembre 2024
La Cour pénale internationale (CPI) se prépare à prononcer la peine d’Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, le 20 novembre 2024, à l’issue d’un long procès débuté en juillet 2020. Cet homme est jugé pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou, entre avril 2012 et janvier 2013, durant la période où la ville était sous le contrôle des groupes armés.
Le 26 juin 2024, la CPI a rendu un verdict qui a reconnu Al Hassan coupable de plusieurs chefs d’accusation, tels que la torture, les traitements inhumains et la persécution. Toutefois, il a été acquitté des accusations relatives aux crimes sexuels, dont le viol et l’esclavage sexuel. Compte tenu de la gravité des faits retenus contre lui, Al Hassan risque une peine maximale de 30 ans de prison, voire la réclusion à perpétuité si les juges estiment que la nature des crimes le justifie.
D’ailleurs, une audience s’est tenue le 4 septembre 2024 afin de permettre à la Défense, au Bureau du Procureur et aux représentants des victimes de présenter leurs observations finales. Le verdict sera annoncé par un panel de juges composé de Kimberly Prost (présidente), Tomoko Akane et Keebong Paek, en présence de l’accusé, de son équipe de défense, des représentants des victimes et des membres du Bureau du Procureur.
Cette affaire s’inscrit dans le cadre des multiples enquêtes de la CPI liées aux événements au Mali depuis 2012, année où les autorités ont officiellement saisi la Cour. Signalons qu’Al Hassan est le deuxième Malien à être jugé par la CPI après Ahmad Al Faqi Al Mahdi, condamné en 2016 pour des crimes de guerre, dont la destruction volontaire de monuments religieux et historiques à Tombouctou, commis en juin et juillet 2012.
Promotions militaires sous la transition : L’ère des Généraux
Promus au grade de Général lors du Conseil des ministres du 16 octobre 2024, les nouveaux officiers généraux, parmi lesquels le Président de la transition et ses compagnons d’armes de l’ex-CNSP, ont reçu leurs attributs lors d’une cérémonie officielle tenue à Koulouba le 21 octobre. Plongée au cœur de la haute hiérarchie de l’armée malienne, où le cercle des Généraux s’accroît depuis la rectification de la transition il y a 3 ans.
Comme recommandé lors des conclusions du Dialogue Inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale en mai dernier, les Colonels Assimi Goïta, Malick Diaw, Sadio Camara, Modibo Koné et le Colonel-major Ismaël Wagué, à l’origine du renversement du régime IBK en août 2020, viennent d’être élevés au grade de Général. Le Colonel Abdoulaye Maïga, qui ne faisait pas partie du CNSP mais est devenu au fil des années l’une des principales figures du régime de transition, a aussi été promu, portant à 6 le nombre de nouveaux généraux de l’armée malienne.
Du Général de brigade Abdoulaye Soumaré, 1er Général et 1er Chef d’état-major de l’armée en 1960, au Général d’armée Assimi Goïta en 2024, l’armée malienne a compté au moins 130 Généraux à divers échelons.
Avec sa promotion au grade de Général d’armée à titre exceptionnel, le Président de la Transition, Assimi Goïta, devient le militaire le plus haut gradé de l’armée malienne. Seuls les anciens Présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré avaient atteint ce grade.
Moussa Traoré avait été promu de Lieutenant à Général d’Armée en 1982, 14 ans après son coup d’État qui avait renversé le Président Modibo Keïta en 1968. Quant à Amadou Toumani Touré, il a été élevé du grade de Lieutenant-colonel à celui de Général d’armée en 1992 par le Président Alpha Oumar Konaré en guise de récompense pour sa bonne conduite de la transition de 1991.
35 Généraux en 2 ans
Avant la promotion au grade de Général des 6 Colonels et l’élévation de 5 Généraux de brigade au grade supérieur de Général de division le 16 octobre dernier, plusieurs autres officiers supérieurs avaient déjà été promus au grade de Général sous la Transition depuis sa rectification en mai 2021 et l’investiture du désormais Général d’armée Assimi Goïta, le 7 juin 2021.
Le 5 juin 2024, 20 Colonels-majors issus de différents corps des Forces armées et de sécurité, sont nommés au grade de Général de brigade par le Président de la Transition. Parmi eux, 2 femmes : Nana Sangaré, de la Direction des transmissions, des télécommunications et de l’informatique des armées, et Nema Sagara, de l’Armée de l’air. Avec 8 officiers supérieurs promus, l’armée de terre s’est taillé la part du lion. Il s’agit des Colonels-majors Toumani Koné, Issa Ousmane Coulibaly, Abass Dembélé, Amara Doumbia, Mamadou Massaoulé Samaké, Moussa Yoro Kanté, Moussa Soumaré et Makan Alassane Marra.
Les 10 autres promus sont les Colonels-majors Aly Annadji, Nouhoum Ouattara, Famouké Camara et Daouda Traoré de la Garde nationale du Mali, Faguimba Ibrahima Kansaye et Faraban Sangaré de la Direction du Génie militaire, Mohamed Amaga Dolo et Malick dit Yéro Dicko de l’Armée de l’air, Guédiouma Dembélé de la Direction centrale du service de santé des armées et Seydou Kamissoko de la Direction générale de la Gendarmerie nationale.
Deux ans plus tôt, en janvier 2022, 7 mois après avoir pris la tête de la Transition, le Président Assimi Goïta procédait à ses toutes premières nominations d’officiers supérieurs au grade d’officiers généraux. Par un décret en date du 19 janvier 2022, 15 Colonels-majors sont promus au rang de Général de brigade.
Les Colonels-majors Daoud Aly Mohameddine (promu une 2ème fois le 16 octobre 2024 au grade de Général de division), Harouna Samaké, Mamadou Laurent Mariko et Félix Diallo de l’Armée de terre sont élevés au grade supérieur.
Les Colonels Alou Boï Diarra et Oumar Yoro Sidibe, ainsi que le Colonel-major Branima Diabaté de l’Armée de l’air deviennent également Généraux de brigade, de même que les Colonels Badara Aliou Diop de la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports des armées, Moussa Toumani Koné et le Colonel-major Sambou Minkoro Diakité de la Direction générale de la Gendarmerie nationale, le Colonel El Halifa Coulibaly de la Direction des transmissions et des télécommunications des armées et Jean Elisé Dao de la Garde Nationale, ainsi que les Colonels-majors Mohamed Alpha Diaw de la Division centrale du service de santé des armées et Ousmane Wele et Bougouri Diatigui Diarra de la Direction du Génie militaire.
À titre comparatif, la Transition en cours depuis 2020 a déjà promu plus d’officiers généraux dans l’armée que durant toutes les années de pouvoir réunies (33 ans) du Général Moussa Traoré et du Président Alpha Oumar Konaré.
En effet, la 2ème République sous le Général d’armée Moussa Traoré, de 1968 à 1991 et les deux premiers quinquennats de la 3ème République sous le Président Alpha Oumar Konaré, de 1991 à 2002, sont les périodes au cours desquelles l’armée a enregistré le moins de nouveaux officiers généraux. Moins d’une dizaine d’officiers supérieurs ont été promus officiers généraux sous les deux régimes.
Promotions dans les normes ?
Selon l’Ordonnance N°2023-015/PT-RM du 21 mars 2023 portant Statut général des militaires, pour accéder aux grades de Général d’armée et Général de corps d’armée, il faut 40 ans de service au sein des Forces de défense et de sécurité. Cette condition est réduite de 5 ans (35 ans de service) pour accéder au grade de Général de division et de 10 ans (30 ans de service) pour celui de Général de brigade.
Mais la plupart, voire tous, des officiers qui accèdent aux grades de Général au sein de l’armée malienne bénéficient de nominations par distinction ou récompense du Président de la République, Chef suprême des armées.
L’article 90 de l’Ordonnance citée plus haut est sans équivoque. Il dispose : « les nominations et promotions peuvent être prononcées, à titre exceptionnel, pour récompenser les actions d’éclat et les services exceptionnels, sans considération de la durée et du diplôme minimum de service fixés pour l’accès au grade immédiatement supérieur ».
Ascension au fil des régimes
Entre 2002 et 2012, sous la présidence du Général Amadou Toumani Touré, l’armée malienne a enregistré 39 nouveaux Généraux de brigade. Durant la même période, 3 Généraux de brigade ont été élevés au grade de Général de division. Il s’agit des Généraux de division Youssouf Bamba de l’Armée de l’air et Souleymane Sidibé de la Gendarmerie nationale, le 1er janvier 2007, ainsi que du Général de division Gabriel Poudiougou de l’Infanterie, promu le 12 juin 2008.
La courte transition de 2012 – 2013 dirigée par Dioncounda Traoré a également fait 5 officiers généraux dans l’armée, avec comme fait le plus marquant l’élévation au grade de Général de corps d’armée de l’ancien Capitaine Amadou Aya Sanogo, meneur du coup d’État contre Amadou Toumani Touré. L’ancien putschiste est d’ailleurs resté le plus haut gradé de l’armée malienne jusqu’au 16 octobre 2024. Le régime du Président Ibrahim Boubacar Keita, qui succèdera à cette courte transition en 2013, fera également quelques nouveaux officiers généraux l’armée. Il sera surtout marqué par un grand nombre d’élévations au grade supérieur de plusieurs officiers généraux.
Le 20 septembre 2018, 5 Généraux de brigade sont élevés au grade de Général de division. Parmi eux, l’actuel Gouverneur de la région de Kidal, le Général de division El Hadj Gamou (Général de brigade depuis le 18 septembre 2013) et l’ancien Gouverneur de la région de Taoudénit, Mohamed Abderrahmane Ould Meydou. Plus tôt, en mai 2018, l’ancien patron de la sécurité d’État Moussa Diawara (Général de brigade depuis le 22 octobre 2014), l’ancien ministre de la Sécurité Salif Traoré et les Généraux de brigade Oumar Dao (depuis le 22 octobre 2014) et M’Bemba Moussa Keïta avaient tous été promus au grade de Général de division.
Mohamed Kenouvi
Secteur minier : Vives tensions entre le gouvernement et Barrick Gold
Le gouvernement malien et le groupe minier Barrick Gold sont au cœur d’une controverse concernant un accord signé entre les deux parties. Obtenu après plusieurs mois de négociations, cet accord, annoncé par Barrick dans un communiqué publié le 30 septembre 2024, visait à réviser les modalités d’exploitation des ressources minières au Mali. Cependant, un communiqué du gouvernement, daté du 23 octobre 2024, a exprimé des préoccupations majeures quant au respect de cet accord par Barrick Gold.
Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations formulées lors des Assises Nationales de la Refondation, les autorités ont engagé une révision en profondeur du secteur minier. C’est ainsi qu’un nouveau Code minier et une loi sur le contenu local ont été élaborés pour garantir une meilleure redistribution de la rente minière au profit des populations et de l’économie malienne. Par ailleurs, un audit a également été commandité par le Ministère de l’Économie et des Finances révélant plusieurs « manquements dans l’exploitation des ressources minières » du pays. Les résultats de cet audit n’ont toujours pas été rendus publics
En réponse à ces constats, une Commission de négociations a été mise en place pour entamer des discussions avec les sociétés minières. Acteur majeur dans le secteur minier au Mali, Barrick Gold a participé à ces négociations.
Ainsi, dans son communiqué du 30 septembre 2024, Barrick Gold a annoncé la signature d’un accord transactionnel avec le gouvernement malien. Cet accord prévoyait la mise en œuvre de mesures spécifiques pour répondre aux exigences du nouveau cadre réglementaire, notamment en matière de responsabilité sociétale et environnementale, ainsi que le respect des normes de réglementation des changes. A en croire les autorités, Barrick Gold s’était engagé à commencer l’application des termes de cet accord, dès le 4 octobre 2024.
Malgré cet engagement, le gouvernement malien a dénoncé le non-respect des engagements pris par Barrick Gold. A cet effet, plusieurs infractions ont été soulignées, notamment en matière de responsabilité sociétale, environnementale et de respect des normes de change. Ces manquements, considérés comme préjudiciables à l’économie nationale, ont conduit le Mali à envisager des mesures légales contre Barrick Gold. De plus, un permis d’exploitation détenu par Barrick Gold arrive à expiration au début de l’année 2026, soulevant des questions sur la continuité des activités de l’entreprise dans le pays.
En réponse aux infractions relevées, le gouvernement malien a annoncé son intention de tirer « toutes les conséquences juridiques découlant des actes posés » par Barrick Gold. Bien que la nature précise de ces mesures n’ait pas été détaillée, elles pourraient potentiellement affecter les opérations de Barrick au Mali.
Le bras de fer entre le gouvernement et Barrick Gold pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble du secteur minier au Mali. Avec l’adoption d’un nouveau Code minier et d’une loi sur le contenu local, les autorités maliennes entendent se positionner désormais avec fermeté face aux entreprises qui ne respectent pas leurs engagements. Barrick Gold, dont la présence au Mali est significative, devra répondre rapidement aux accusations portées par le gouvernement pour éviter de compromettre ses activités futures dans le pays.
Niger: Décès de l’ancien Premier ministre Hama Amadou
Attentat terroriste à Ankara : Le Mali exprime sa solidarité avec la Turquie
Ce mercredi 23 octobre 2024, un attentat terroriste a visé les industries de défense turques à Ankara, causant des morts et plusieurs blessés. Cette attaque a été condamnée par le Président de la Transition du Mali, le Général d’Armée Assimi Goïta. À travers son compte X, le Président Goïta a réitéré sa « solidarité totale » envers la Turquie.
Élection à la présidence de Tabital Pulaaku Mali : Sekou Mamadou Barry succède à Abou Sow
Le 20 octobre 2024, Sekou Mamadou Barry a été élu président de Tabital Pulaaku Mali, une organisation influente dédiée à la promotion de la culture peule. Originaire de Birga, dans le cercle de Koro, Barry succède à l’ancien ministre Abou Sow, qui a choisi de ne pas se représenter.
Cette élection a eu lieu dans le cadre du 3ème congrès ordinaire de l’association, au Centre International de Conférences de Bamako (CICB), après plusieurs reports liés à des tensions internes et à l’enlèvement de l’une des figures de la communauté.
UFOA A U17 : La compétition reportee à une date ultérieure
Le tournoi UFOA A U17, initialement prévu pour commencer ce lundi 21 octobre au Sénégal, a été reporté à une date indéterminée en raison de fraudes liées à l’âge des joueurs.
Bilan des violences et de l’insécurité au Sahel : Près de 2000 morts en deux mois, selon OCHA
Malgré une diminution continue des incidents sécuritaires, les populations du Sahel central subissent encore les conséquences de la violence, des conflits et de l’insécurité. Un rapport récent du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA) révèle que, pour les mois d’août et septembre 2024, 569 incidents ont été enregistrés, entraînant la mort de 1 946 personnes.
À titre de comparaison, les mois de mai et juin 2024 avaient vu 2 864 décès liés à des violences. Depuis le début de l’année, le nombre total d’incidents sécuritaires a atteint 10 599, selon la même organisation.
Au-delà des pertes humaines, les conflits au Sahel central continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur des frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger s’élève désormais à 2,7 millions, soit une augmentation de 3 % par rapport à juin 2024. En parallèle, le nombre de réfugiés a légèrement diminué de 2 %, totalisant 319 500 individus.
Les populations déplacées, souvent les plus vulnérables, sont confrontées à une insécurité alimentaire sévère et à des niveaux critiques de malnutrition. L’accès aux services de base est limité, avec un impact aggravé par les inondations survenues pendant la saison des pluies de 2024. Le rapport précise que 8 218 écoles sont non fonctionnelles dans la région et que 494 centres de santé ne sont plus opérationnels. Le Burkina Faso est le pays le plus durement touché par ces fermetures.
Bien que les violences persistent et que les accès sont de plus en plus restreints, 310 organisations humanitaires demeurent actives sur le terrain, apportant une aide aux populations affectées. Cependant, les financements disponibles sont encore insuffisants pour répondre à l’ampleur des besoins. À ce jour, 885 millions de dollars ont été mobilisés, ce qui ne représente que 38 % des fonds requis pour soutenir 9 millions de personnes ciblées par les programmes d’aide.
Il convient de noter que ce rapport, publié par le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), repose sur des données collectées auprès de sources variées, telles que ACLED, l’UNICEF, l’OMS, ainsi que les gouvernements nationaux concernés.
Turquie : Décès du prédicateur musulman Fethullah Gülen
Le prédicateur musulman Fethullah Gülen est mort à l’âge de 83 ans, a annoncé lundi 21 octobre la télévision publique turque. Inspirateur du mouvement Gülen et autrefois allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, il était tenu responsable de la tentative de coup d’État de juillet 2016.
CAN U-17 : 3 équipes disqualifiées pour infraction aux règles d’éligibilité
La Coupe d’Afrique des Nations des moins de 17 ans (U-17) est en effervescence à l’aube du tournoi qualificatif WAFU A pour Sénégal 2024. Trois équipes nationales ont été disqualifiées pour non-conformité aux règles strictes d’éligibilité imposées par la Confédération Africaine de Football (CAF). La Guinée, la Guinée-Bissau et la Sierra Leone ont été disqualifiées après la révélation des résultats des tests d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) de leurs joueurs.
Le tournoi qualificatif de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 de l’UFOA A, organisé cette année au Sénégal, repose sur des règles d’éligibilité particulièrement strictes. Ces règles, régies par l’article 27.4 du règlement de la compétition, visent à assurer que seuls les joueurs de moins de 17 ans participent à ce prestigieux championnat. À la suite des tests IRM obligatoires effectués sur les équipes participantes, trois sélections nationales ont été prises en défaut.
Le communiqué publié par la Commission d’organisation du Tournoi UFOA A, informe que le dépassement du nombre de joueurs jugés inéligibles dans les équipes de Guinée, de Guinée-Bissau et de Sierra Leone a entraîné leur disqualification immédiate. Selon l’article 27.4 du règlement de la CAN U17, si une équipe présente quatre ou plus de joueurs non conformes après les tests d’éligibilité, celle-ci est automatiquement exclue du tournoi. En se basant sur cette disposition, les équipes de Guinée, de Guinée-Bissau et de Sierra Leone ont été écartées de la compétition.
Ce durcissement de la règlementation par la CAF vise à garantir l’intégrité du tournoi et à empêcher toute tentative de fraude sur l’âge des joueurs. Cette politique, qui s’appuie sur des tests scientifiques précis, a souvent été un sujet de débats, mais elle reste aujourd’hui la norme pour les compétitions de jeunes catégories sur le continent africain.
Avec la disqualification de ces trois nations, la compétition va changer radicalement de format. Initialement prévu pour inclure plusieurs équipes en phase de groupes, le tournoi sera désormais organisé sous forme de poule unique. Les cinq équipes restantes – Sénégal, Gambie, Liberia, Mali et Mauritanie – s’affronteront directement pour décrocher la qualification tant convoitée pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations U17.
Un calendrier réaménagé du tournoi a été promis par les organisateurs et sera publié dans les prochaines heures, tandis que le coup d’envoi de la compétition est maintenu pour demain, le 21 octobre 2024. Les regards sont désormais tournés vers le Sénégal, hôte du tournoi et les autres équipes toujours en lice, qui auront à cœur de tirer profit de ces bouleversements pour avancer dans la compétition.
Une décision applaudie, mais controversée
Si la décision de disqualifier les équipes non conformes est largement saluée pour sa rigueur et son respect des règles, elle n’en est pas moins source de controverses. En Guinée et en Sierra Leone, des voix s’élèvent déjà pour contester les résultats des tests et dénoncer une injustice à l’égard de leurs jeunes joueurs. Toutefois, la CAF a jusqu’ici maintenu sa position, soulignant l’importance de respecter les normes d’âge dans les compétitions internationales.
Économie : L’État prevoit de mobiliser 200 milliards de FCFA pour réduire la dette intérieure
Le 18 octobre dernier, lors du journal télévisé du soir, le ministre de l’Économie et des Finances du Mali, Alhousseini Sanou a annoncé que le gouvernement prévoyait de mobiliser près de 200 milliards de FCFA d’ici la fin de l’année. Cet effort vise à réduire de manière significative la dette intérieure du pays.
Navigation aérienne : Air Sénégal et Sky Mali unissent leurs efforts pour améliorer l’offre de vols
La compagnie aérienne Air Sénégal a organisé, hier jeudi 17 octobre, un atelier collaboratif avec diverses agences de voyage pour présenter son nouveau partenariat avec la compagnie malienne Sky Mali.
SNIPIL : Le syndicat alerte sur la situation des travailleurs
Le Syndicat National de l’Information, de l’Informatique, de la Presse et de l’Industrie du Livre (SNIPIL) attire l’attention sur la situation difficile que traversent les structures réunies au sein de son regroupement. Retards de salaires, des crédits de fonctionnement, des prestations sociales, la liste des maux n’est pas exhaustive. Si le syndicat se dit disposé au dialogue, il entend donner l’alerte afin que des dispositions soient prises pour traiter ses doléances.
Lors d’un point de presse tenu le mardi 15 octobre 2024 les responsables du SNIPIL ont tiré la sonnette d’alarme, tout en réitérant leur volonté de maintenir le dialogue. Issu du 147ème congrès du SNIPIL, tenu le 25 janvier 2024, le bureau mis en place a présenté des recommandations en 13 points. Depuis, les responsables du syndicat, qui regroupe l’AGETIC, l’AMAP, l’ANCD, l’APDP, le Cabinet et la DFM du MCENMA, le CNCM, Graphique Industrie, l’ORTM et la SMTD, se sont engagés dans la recherche de solutions aux maux qui assaillent leur secteur. Ils ont ainsi été reçus par les responsables de leurs structures respectives ainsi que par leurs départements de tutelle.
Après ces rencontres, ils se disent surpris de l’absence d’ouverture de « canaux de discussion », malgré « l’urgence des sujets évoqués ». Ce qui, à leurs yeux, constitue « un mépris » et un manque d’intérêt pour l’apaisement du climat social.
Absence d’écoute
Rappelant qu’en réponse à la lettre circulaire du ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social relative à la communication de documents issus de congrès statutaires de syndicats, le SNIPIL avait réitéré sa volonté d’ouvrir les discussions sur des questions qui « mettent à mal la vie sociale des structures ». Il regrette que sa demande soit restée « lettre morte ».
Parmi ses doléances, le SNIPIL déplore que depuis plusieurs années beaucoup de ses membres soient injustement privés de leurs droits à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). Et cela, avec une double peine, car si la cotisation est prélevée sur leur salaire, ils ne bénéficient ni des allocations familiales, ni des prestations AMO. Pour ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, si rien n’est fait ils ne pourront pas bénéficier de leurs pensions. À ces problèmes s’ajoutent l’inapplication par certaines structures de la grille salariale unifiée trois ans après son adoption, la crise énergétique qui tue les entreprises à petit feu, les retards de salaires ou encore des entreprises en manque de matériel de travail. Face à ces difficultés, le syndicat souhaite que l’État prenne ses responsabilités afin de rétablir les droits des salariés et d’éviter des mouvements de grève.
Fatoumata Maguiraga