Visite de Laurent Fabius: l’épineuse question de Kidal

Après avoir rencontré les responsables en charge de l’organisation des élections et les autorités maliennes, Laurent Fabius qui était en visite, ce 28 mai, au Mali, s’est dit confiant. Pour lui, le premier tour de la présidentielle le 28 juillet prochain, « sur le plan technique, C’’est tenable. « . Il a tenu a salué le « travail remarquable [qui]a été fait ». « Il ne peut y avoir deux armées dans un même pays » La visite du ministre français des affaires étrangères intervient quelques heures après l’adoption par le Conseil des ministres du Mali d’un projet de loi confirmant la date du 28 juillet pour le premier tour de l’élection présidentielle. Et selon Laurent Fabius, ce scrutin devra se dérouler « partout au Mali ». « Pour la France, il est évident qu’il ne peut y avoir deux armées dans un même pays. Les dispositions seront prises pour qu’à  Kidal, on puisse voter comme partout ailleurs », a déclaré le chef de la diplomatie française. Des négociations sont en effet en cours à  Ouagadougou pour trouver un accord pour la tenue du scrutin dans la région de Kidal (nord-est), contrôlée par la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui refuse la présence de l’armée et de l’administration. Laurent Fabius est arrivé à  Bamako en provenance de Niamey au Niger. Il y a déclaré souhaiter une « action commune » avec la Libye et ses voisins contre les « groupes terroristes », après des attentats au Niger attribués à  des djihadistes venus du sud du territoire libyen. « Il semble qu’il faille porter un effort particulier, ce qui est souhaité d’ailleurs par la Libye, sur le sud de la Libye », a-t-il déclaré. Il a indiqué avoir discuté avec le président nigérien Mahamadou Issoufou « d’initiatives qui pourraient être prises par les pays limitrophes en liaison » avec Tripoli, car « il peut y avoir » en Libye « un certain nombre de menées de groupes terroristes ». « C’est aussi la volonté du Premier ministre libyen […], nous allons voir comment nous pouvons encourager une action commune avec les Libyens », a-t-il conclu.

A Kidal, un soldat français blessé par un snipper

Appartenant à  un régiment d’infanterie qui devait rentrer en France cette semaine, il a été touché par un seul impact, tiré vraisemblablement par un sniper, selon les premiers éléments recueillis par les gendarmes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui se sont rendus sur place après avoir été prévenus par l’armée française. « C’estla première fois que nous sommes confrontés à  un cas de snipper » Le MNLA est un mouvement touareg, à  qui la France a laissé pour l’instant la charge du contrôle de la région de Kidal. Une seule balle a été tirée. Elle a atteint le soldat alors que le véhicule dans lequel il se trouvait était en mouvement à  moins de cent mètres du campement français. Le tireur pourrait avoir trouvé abri derrière le mur d’une des maisons en terre rouge qui entoure le no man’s land d’une centaine de mètres qui enserre le camp. Les voisins immédiats disent n’avoir entendu aucun coup de feu. « C’est la première fois que nous sommes confrontés à  un cas de sniper dans tout le Mali, a indiqué au Monde Abi Ag Ahmeida, numéro deux de la gendarmerie de la ville. A Kidal, nous avons déjà  eu trois attentats-suicides, contre un poste du MNLA, contre un point d’eau o๠venaient les soldats tchadiens et contre le marché ; si c’est un sniper expérimenté il peut avoir tiré de loin. » Après les attentats-suicides, un dispositif de sécurité avait été mis en place en amont des points d’entrée de la ville afin d’empêcher les infiltrations de véhicules piégés. Les assaillants ont opté cette fois-ci pour une stratégie moins visible. Vers 17 heures, les Français avaient positionné un blindé et bloqué la route pour débuter une opération de fouille des lieux. Contacté par Le Monde, le responsable de la communication du dispositif « Serval », basé à  Bamako, s’est refusé à  tout commentaire.

Le président Blaise Compaoré entame des concertations sur Kidal

Après des longues semaines de préparation, les concertations sur le sort de la ville de Kidal doivent commencer ce lundi à  Ouagadougou sous l’égide de Blaise Compaoré, médiateur régional pour la crise malienne. Bilal Ag Acherif, le chef du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), et Tiébilé Dramé, émissaire des autorités de Bamako pour le Nord du Mali, sont arrivés hier dimanche 26 mai à  Ouagadougou. « On aura des discussions avec chacun d’eux pour voir si un accord est possible », a déclaré un conseiller du président burkinabè. Prévue en juillet, l’élection présidentielle au Mali elle est suspendue à  une solution à  Kidal (nord-est). Cette ville est en effet occupée par le MNLA et un autre groupe armé touareg, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui refusent le retour de l’armée et de l’administration maliennes. Selon le conseiller du chef de Blaise Compaoré, Tiébilé Dramé devrait être reçu ce lundi à  « 11h00 » (locales et GMT) par le chef de l’à‰tat burkinabè. « C’est toujours le même schéma : on aura les consultations séparées avec les parties, ensuite il y aura des discussions avec les partenaires et finalement un dialogue direct » entre les différents protagonistes, a expliqué cette source, citant la France, l’ONU et l’Union africaine comme « partenaires ». Le MIA à  la table des négociations Le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, a indiqué qu’il se rendrait à  Ouagadougou « dans la semaine » à  l’invitation de la médiation au nom du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), organisation qui veut fédérer tous les groupes armés encore installés dans le Nord. Le MNLA, groupe touareg autonomiste et laà¯c, avait conquis en 2012 le Nord du Mali avec des islamistes armés, qui en ont ensuite évincé ces rebelles touaregs. L’opération Serval menée par la France et des troupes africaines depuis janvier a permis de reprendre le contrôle du Nord aux jihadistes tels Aqmi ou Ansar Eddine, dont le MIA est une dissidence. Médiateur pour le compte de la Communauté économique des à‰tats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le président Compaoré avait mené l’an dernier de longues négociations avec le MNLA et Ansar Eddine. Sa médiation avait finalement été suspendue en raison du déclenchement des opérations militaires.

Pour Hollande, les élections doivent avoir lieu sur « tout le territoire malien »

Vendredi 10 mai, lors d’un point presse organisé à  l’à‰lysée après un entretien avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, François Hollande s’est montré ferme sur l’épineuse question des élections présidentielle et législatives prévues au mois de juillet au Mali. « Ces élections doivent se tenir sur tout le territoire malien, j’insiste bien, sur tout le territoire malien. Aucune fraction du Mali ne doit être privée de la possibilité d’organiser le scrutin », a déclaré François Hollande devant des journalistes. à€ « Kidal (dans le nord-est du pays) comme dans le reste des villes maliennes », a-t-il soigneusement insisté. « Nous devons faire en sorte que l’administration malienne civile puisse être installée partout pour l’organisation de ces élections. Et la France, à  travers sa présence militaire, et d’autres armées y contribueront », a-t-il précisé. Combat asymétrique La France et le Niger sont « attachés » à  ce que le scrutin ait lieu « à  la fin du mois de juillet », a souligné le président français. « Non seulement, l’opération Serval a réussi militairement, mais elle peut maintenant déboucher politiquement. Et dans la lutte contre le terrorisme, la politique est aussi une arme », a fait valoir François Hollande. « La démocratie, les élections, la sécurité, la qualité du développement, tout cela contribue à  lutter contre le terrorisme », a-t-il ajouté. « Aujourd’hui, nous pouvons considérer que les terroristes et les trafiquants de drogue sont militairement vaincus, même s’ils vont continuer à  développer des opérations asymétriques », a pour sa part commenté Mahamadou Issoufou. Toutefois, en raison de ces « actions asymétriques que vont développer les terroristes au Mali », la future mission de l’Onu au Mali ne doit pas être de type « classique » pour les Nations unies, mais « avoir un mandat fort, un mandat offensif », a indiqué le président nigérien. (Avec AFP)

Tiéman H. Coulibaly: « Kidal n’est pas une exception »

Tiéman Hubert Coulibaly, ministre malien des affaires étrangères et de la coopération était face à  la presse ce mercredi 8 mai. L’objectif de la rencontre était d’éclairer l’opinion sur les dernières évolutions de la gestion de la crise malienne. Au menu des échanges, la résolution 2100, la tenue des élections, le dialogue avec le MNLA et le cas de Kidal. Une MINUSMA pléthorique? Pour le ministre, la résolution 2100 a pour objectifs de préparer la communauté internationale à  coordonner son action, d’aider le gouvernement à  restaurer la paix sur son territoire par le déploiement d’une force de stabilisation. C’’est la première qu’une résolution autorise à  la fois la force onusienne à  riposter en cas d’agression a-t-il ajouté. Les journalistes ont interpellé le ministre sur l’effectif élevé de la Mission des Nations Unies au Mali. Ce dernier a répondu que la stabilisation demande un effectif plus grand que dans la phase offensive. Il y aura par exemple la présence de génie militaire, une force qui aidera à  la reconstruction. D’autres troupes seront positionnées pour surveiller et sécuriser les frontières et il faudra aussi surveiller les frontières. Par ailleurs, le ministre a souligné l’importance de cette résolution qui permettra non seulement de protéger les populations civiles mais aussi de contribuer à  une bonne tenue des élections et à  une relance économique du Mali. Selon le ministre, le Mali pourra bénéficier d’une aide de 2 800 milliards de F CFA lors de la conférence de Bruxelles prévue le 15 mai prochain. Pas de dialogue sans dépôt des armes Parlant de Kidal, le ministre a indiqué que l’armée malienne sera déployée sur toute l’étendue du territoire. «Kidal n’est pas une exception, C’’est un objectif et aucune partie du territoire ne fera pas exception» a-t-il dit. Par rapport au dialogue avec le MNLA et la naissance de nouveaux groupes dans le nord, le chef de la diplomatie malienne a affirmé qu’«il est hors de question que les groupes armés continuent d’exister. Nous serons disposés à  discuter avec ceux qui déposeront les armes. Dans le cas contraire, nous serons obligés d’utiliser d’autres moyens que nous jugerons utiles pour reconquérir Kidal». Concernant les élections prochaines, Tiéman Coulibaly a indiqué qu’elles se dérouleront sur toute l’étendue du territoire malien et le gouvernement travaille pour que l’objectif du mois de juillet soit maintenu. Il a précisé qu’un conseil extraordinaire des ministres aura lieu ce vendredi 10 mai sur ce sujet.

Objectif Kidal pour l’armée malienne. Tout pour déplaire au MNLA et au MIA

Officiellement, il s’agit de permettre au nouveau gouverneur de prendre ses fonctions. Il s’agit du colonel Adama Kamissoko, nommé gouverneur de la région de Kidal le 2 mai en conseil des ministres. Mais ni le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), une dissidence du groupe Ansar Dine d’Iyad Ag Ghali, ni le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA) ne sont prêts à  accepter l’arrivée d’un gouverneur et surtout pas de troupes gouvernementales. Les FAMA (forces armées maliennes) peuvent-elles compter sur la Misma? Non, si l’on en croit le président Alpha Condé (Guinée). « La Misma n’est pas mandatée pour aller désarmer le MNLA », a également précisé le porte-parole de la force africaine. Sur le Tchad? Les forces tchadiennes ont quitté Kidal pour se repositionner à  Tessalit. Et sur la France? Jean-Yves Le Drian a déclaré, lors de son dernier passage au Mali qu’il ne pouvait « pas y avoir deux armées maliennes ». Rien ne laisse toutefois penser que les forces françaises pourraient être engagées dans une opération de rétablissement de l’ordre républicain. A Kidal, il ne reste plus d’ailleurs qu’un petit contingent du GTIA2 (et parfois des éléments du dispositif Sabre). Quant au tout nouveau Haut conseil de l’Azawad (HCA) qui vient de voir le jour à  Kidal, il se veut catégorique sur trois points: pas question de revendiquer l’indépendance d’une partie du Mali, pas question de prendre ou de reprendre les armes, et enfin pas question de faire une alliance avec les islamistes. Des prises de position qui ne vont guère dans le sens du MIA et du MNLA.

Laurent Fabius : « Au Mali, nous avons gagné la guerre. Reste à gagner la paix »

De mémoire de Quai d’Orsay, nul ministre des Affaires étrangères n’a autant voyagé que lui en un an. Fort heureusement, Laurent Fabius, 66 ans, dort dans les avions. « Pas que dans les avions, sourit-il, allusion à  ces fréquents piquages de nez en pleine Assemblée nationale qui font le miel des photographes. Mais attention, comme les crocodiles de Yamoussoukro, je ne dors que d’un oeil ! » On ne connaissait pas cet humour à  celui qui fut, il y a trois décennies, le plus jeune Premier ministre de France, tant l’image de froideur, de manque d’empathie, voire de suffisance, jointe à  un langage souvent corrosif, avait fini par lui coller à  la peau. Si Laurent Fabius a quelque peu changé, de l’avis de ses proches, c’est tout simplement qu’il est heureux. Heureux d’occuper le bureau du comte de Vergennes qu’il convoitait, heureux de s’asseoir dans ce fauteuil à  sa mesure, soulagé d’avoir enfin fait son deuil de toute ambition présidentielle, exactement comme son prédécesseur et quasi-clone de droite, Alain Juppé – pour qui il n’a d’ailleurs que des phrases aimables. Revenu de tout, ou presque (outre Matignon, il a déjà  occupé trois ministères différents, la présidence de l’Assemblée et la direction du Parti socialiste), le numéro deux du gouvernement découvre avec une passion évidente ce qu’il connaissait mal : le monde. Lui qui eut pour François Hollande des mots bien peu amènes jouit désormais d’une relation de confiance avec le président, dont le portrait trône sur un chevalet à  la droite de son bureau de travail. L’ancien rival rallié sous la contrainte de la primaire est devenu un légitimiste suffisamment habile pour cacher ses états d’âme. Un homme libre aussi, même si, en passant du technocratique au diplomatique, il n’est pas sûr que la langue fabiusienne ait beaucoup gagné en tonicité. Entre deux avions donc, le ministre des Affaires étrangères de la France a fait pour Jeune Afrique son tour du continent. « Je serai intraitable », a dit François Hollande à  propos de la tenue d’élections au mois de juillet. Le mot a déplu, son côté comminatoire… Ce que le président a voulu dire, c’est que, pour traiter les problèmes du Mali, il faut non seulement veiller à  la sécurité de ce pays, à  son développement économique, mais aussi à  la démocratie et au dialogue politique. Celui-ci implique notamment l’organisation par les Maliens d’élections dans les délais prévus. L’Assemblée nationale a voté, à  l’unanimité, une feuille de route qui fixe la date de la consultation au mois de juillet. C’est le bon moment. Malgré l’absence de fichier électoral ? Malgré les problèmes de sécurité ? Je me suis rendu récemment sur place et j’ai évoqué l’ensemble de ces points avec les autorités de la transition et les dirigeants des principaux partis. Ils sont d’accord sur la nécessité d’organiser la présidentielle en juillet. Les candidats se déclarent, la campagne se prépare. Tout doit être mis en oeuvre sans délai sur le plan technique pour que cet objectif soit respecté. Pour les législatives, il est raisonnable et souhaitable qu’elles aient lieu dans la foulée. Nous sommes en train de gagner la guerre au Mali, il faut maintenant gagner la paix. L’armée malienne est tout sauf opérationnelle et républicaine. Quand le sera-t-elle ? L’armée malienne a été très affaiblie, c’est vrai. Ce n’est pas son courage qui est en cause, mais sa formation, son organisation et son équipement. Depuis quelques semaines, l’EUTM, c’est-à -dire l’Union européenne, conduit un intense travail de formation sous la direction efficace du général Lecointre. Celle-ci se fait bataillon par bataillon. Elle va donner des résultats, mais cela prendra du temps. à€ terme, l’armée malienne sera renforcée, capable de défendre le territoire national et de protéger la démocratie. Entre-temps, pour garantir la sécurité, une vaste mission onusienne de maintien de la paix va bientôt être déployée. Dans le cadre d’une convention entre les gouvernements français et malien, et en liaison avec l’ONU, une force française d’environ un millier d’hommes sera présente sur place pour empêcher tout retour des groupes terroristes. Le rétablissement durable de la sécurité du territoire malien est engagé. Le capitaine putschiste Amadou Sanogo conserve une forte influence à  Bamako. Comment le tenir à  l’écart de la scène politique ? Il existe une règle dans tout pays démocratique : l’armée est au service du pouvoir civil. Point à  la ligne. Lire l’intégralité de l’interview sur jeuneafrique.com : http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2729p060.xml0/france-diplomatie-politique-rwandalaurent-fabius-au-mali-nous-avons-gagne-la-guerre-reste-a-gagner-la-paix.html

Mali : les Tchadiens dans le bourbier de Kidal

Les rebelles touareg du MNLA entendent contrôler ce territoire qu’ils appellent l’Azawad. Les forces franco-tchadiennes maintiennent un calme précaire, mais le retrait annoncé des Français risque de laisser les Tchadiens seuls dans une ville au bord de l’explosion. Nos reporters ont accompagné l’armée tchadienne sur le terrain. Ils sont discrets et ont peu l’habitude des caméras. Les soldats tchadiens passent pour être parmi les meilleurs combattants du continent africain. Une longue expérience du combat, forgée par plus de vingt ans de guerre dans les sables du Sahel, et une expertise qui les place aujourd’hui à  la pointe du dispositif dans cette guerre si particulière qui se déroule dans le nord du Mali. Le Tchad n’a pas d’aviation, mais une infanterie aguerrie qui va au contact, au prix parfois de lourdes pertes : 47 morts depuis le début de l’offensive des forces françaises et africaines contre les milices islamistes. Ils sont 2 400 militaires tchadiens à  traquer un ennemi furtif, des djihadistes qui privilégient les attentats-suicides. Le 12 avril dernier, les Tchadiens ont encore perdu quatre des leurs,à  Kidal au nord du Mali. Un kamikaze les a surpris avec sa ceinture explosive. Le campement militaire de Kidal, jadis occupé par l’armée malienne avant sa débâcle, abrite aujourd’hui les Forces armées tchadiennes d’intervention au Tchad (FATIM). La caserne est à  l’image du pays qui a sombré dans une crise sans précédent depuis le coup d’à‰tat du 22 mars 2012, fomenté par le capitaine Amadou Haya Sanogo. l’eau est fournie par les militaires français. Il n’y a pas d’électricité. Seul un petit groupe électrogène permet de fournir un peu d’énergie, surtout pour recharger les téléphones portables des soldats tchadiens. C’’est leur seul moyen de communication avec leurs familles laissées au pays. La ville de Kidal, à  elle seule, résume l’équation complexe d’un Mali désarticulé qui risque la partition. Elle est aux mains du Mouvement national de libération de l’Azawad. Ce mouvement cohabite avec des forces étrangères (France et Tchad) venues à  la demande de son pire ennemi : le gouvernement central de Bamako. Ce rapport de force permet, pour l’instant, un équilibre précaire… Un retrait français ou tchadien signifierait un retour immédiat au chaos. Le MNLA en est bien conscient. Il y a un an, face aux islamistes, il s’était fait expulser des villes qu’il venait d’acquérir.

Mali : Le MNLA nomme un gouverneur à Kidal

Le MNLA, le mouvement indépendantiste touareg qui contrôle la région de Kidal, dans le nord-est du pays, a annoncé avoir nommé un gouverneur à  Kidal. Il s’appelle Mohamed Ali Ag Albessati. Il sera chargé de réorganiser cette région sur le plan administratif. Pour Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, il ne s’agit pas d’un acte de provocation. « Loin de là , nous ne sommes pas du tout dans la logique de la provocation », affirme-t-il. « Nous avons pris cette décision pour garantir davantage la continuité du fonctionnement de l’administration », indique M. Attaher. Pour le gouvernement malien à  Bamako, cette nomination est un non-évènement comme le souligne le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Manga Dembélé. « Cette nomination est pour nous, un non-évènement. Les gouverneurs au Mali sont nommés par arrêtés pris en conseil des ministres. Toute autre nomination, toute autre autorité qui prétend nommer un gouverneur, d’abord est totalement incompétente pour le faire », souligne le porte-parole du gouvernement.

Abou Zeid, mort ou vif?

C’’est dabord la chaà®ne de télévision algérienne Ennahar qui l’a évoqué hier dans la matinée. La nouvelle se répand rapidement sur les médias, en l’occurrence français. Abou Zeid aurait été tué dans un raid de l’armée française il y a déjà  plusieurs jours. Mais pour l’heure, rien ne permet d’affirmer avec certitude que le chef d’AQMI au Sahel n’est plus de ce monde. l’information n’est « ni confirmée ni démentie » à  ce stade par le ministère de la Défense à  Paris. Les autorités françaises affirment qu’elles « ne savent tout simplement pas » si l’information est exacte, qu’elles « cherchent » à  la vérifier et mettent en garde contre toute possibilité d’erreur ou de manipulation. Du côté des autorités algériennes, on ne fait également fait aucun commentaire. Alors qu’en est-il vraiment ? Des médias occidentaux annonçaient ce jeudi avoir eu confirmation de l’information auprès de sources au sein du MNLA (Mouvement de Libération Nationale de l’Azawad) qui contrôle la zone de Kidal au nord de laquelle cette organisation « collabore » avec les forces françaises et tchadiennes. Mais le mouvement a démenti il y a quelques heures avoir confirmé cette nouvelle. C’’est donc le flou total qui persiste. D’o๠est partie l’info ? Le journal français Le Figaro cite un jeune combattant d’AQMI, rescapé du raid qui aurait tué Abou Zeid. Sedene Ag Hita aurait alors cherché la protection du MNLA et témoigné de la mort du chef d’Aqmi. Selon lui, Abou Zeid et plus de 43 terroristes (de diverses nationalités) auraient été tués le 23 février dernier dans la zone d’Insensa et d’Etagh, devenue le refuge depuis le 20 janvier du gros des troupes de terroristes. Avant de rejoindre Aqmi, Sedene Ag Hita aurait appartenu à  la garde nationale malienne. Une chose est donc quasi sûre, la source de l’information est au sein du MNLA. Alors si elle se révèle fausse, il s’agirait d’une énième manipulation du mouvement indépendantiste touareg pour jouer de son rapport de forces vis-à -vis des forces françaises et tchadiennes. La rumeur pourrait également avoir été lancée dans le but de protéger Abou Zeid et de couvrir sa fuite hors du territoire malien. Mais si l’information est exacte, comment interpréter le silence des français. Selon le journal français le Monde, Paris pourrait vouloir garder une marge de manœuvre sur le terrain pour amplifier leurs gains suite à  la désorganisation de l’adversaire que la mort d’Abou Zeid déclencherait inévitablement ainsi que pour accentuer leur recherche des otages français. La mort d’Abou Zeid changerait effectivement la donne dans le camp des djihadistes.

Attentat suicide à Kidal : bilan, 7 morts

A Kidal, les attentats suicide se multiplient après l’attaque la semaine dernière de la ville de Gao par les hommes du Mujao. Alors que des affrontements opposent les forces françaises aux islamistes de la zone, c’est « Un véhicule piégé qui a explosé à  19H30 (locales et GMT). L’attentat-suicide a été perpétré contre le check-point de la partie est de Kidal, tenu par le MNLA », le Mouvement national de libération de l’Azawad (rébellion touareg), a déclaré une source militaire jointe depuis Gao (environ 350 km au sud de Kidal). « C’était un kamikaze en pick-up. L’attaque ne visait pas directement les Français, parce que l’attaque était dirigée vers l’extérieur (de la ville) et non vers l’aéroport tenu par les Français », a indiqué la même source, sans fournir de bilan. Après le déclenchement de l’opération Serval, les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l’aéroport de Kidal, ancien bastion islamiste, et quelque 1.800 soldats tchadiens sont arrivés depuis pour sécuriser la ville o๠étaient déjà  présents des islamistes armés et le MNLA, qui affirment collaborer avec les Français dans la traque des jihadistes en cours depuis janvier au Mali. Après l’attentat, « nous avons compté sept morts et onze blessés. Le kamikaze est mort » ainsi que « six combattants », a déclaré une source hospitalière jointe sur place. Le MNLA et le MIA s’en mêlent L’attentat a aussi été annoncé par le chef du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), le groupe armé se disant islamiste « modéré » et présent dans la ville avec le MNLA, ainsi que par un responsable du gouvernorat, tous deux joints au téléphone depuis Bamako. Mais le chef du MIA, Alghabass Ag Intalla, a soutenu que l’explosion s’est produite « à  une barrière militaire » de son mouvement, « à  la sortie » de la ville. Selon le responsable du gouvernorat de Kidal, « l’explosion de la voiture piégée s’est déroulée au sud de Kidal, vers la route qui conduit à  Ménaka ». « Il y a eu au moins quatre morts. (…) La voiture piégée est venue de l’intérieur de la ville de Kidal », a-t-il ajouté. Dans un premier temps, une source militaire française basée à  Gao avait parlé d’une explosion due à  une destruction de munitions. Mardi matin, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian avait affirmé que les combats, « violents », se poursuivaient dans le massif des Ifoghas, avec beaucoup de pertes dans les rangs des islamistes armés. Il y a des morts « tous les jours » mais les forces françaises font « très peu de prisonniers », avait-il dit.

Mali : une guerre peut en cacher une autre

Cette mise en scène ne vise pas seulement à  s’emparer de l’or et de l’uranium maliens, elle ouvre surtout la voie à  une déstabilisation de l’Algérie. « l’appétit vient en mangeant », dit le proverbe. Après avoir recolonisé la Côte d’Ivoire et la Libye, puis tenté de s’emparer de la Syrie, la France lorgne à  nouveau sur le Mali pour prendre l’Algérie à  revers. Durant l’attaque de la Libye, les Français et les Britanniques ont fait un large usage des islamistes pour combattre le pouvoir de Tripoli, les séparatistes de Cyrénaà¯que n’étant pas intéressés à  renverser Mouammar el-Kadhafi une fois Benghazi indépendante. à€ la chute de la Jamahiriya, J’ai personnellement été témoin de la réception des dirigeants d’AQMI par des membres du Conseil national de transition à  l’hôtel Corinthia, qui venait d’être sécurisé par un groupe britannique spécialisé venu exprès d’Irak. Il était évident que la prochaine cible du colonialisme occidental serait l’Algérie et qu’AQMI y jouerait un rôle, mais je ne voyais pas quel conflit pourrait être utilisé pour justifier une ingérence internationale. Paris a imaginé un scénario dans lequel la guerre pénètre en Algérie par le Mali. Peu avant la prise de Tripoli par l’OTAN, les Français parvinrent à  soudoyer et à  retourner des groupes Touaregs. Ils eurent le temps de les financer abondamment et de les armer, mais il était déjà  bien tard pour qu’ils jouent un rôle sur le terrain. Une fois la guerre finie, ils retournèrent dans leur désert. Les Touaregs sont un peuple nomade vivant au Sahara central et sur les bordures du Sahel, soit un vaste espace partagé entre la Libye et l’Algérie, le Mali et le Niger. s’ils ont obtenu la protection des deux premiers Etats, ils ont au contraire été délaissés par les deux derniers. Par conséquent, depuis les années 60, ils n’ont cessé de remettre en question la souveraineté du Mali et du Niger sur leurs terres. Bien logiquement, les groupes armés par la France décidèrent d’utiliser leurs armes pour faire aboutir leurs revendications au Mali. Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) prend le pouvoir dans presque tout le Nord-Mali o๠il habite. Cependant, un groupuscule d’islamistes touaregs, Ansar Dine, rattaché à  AQMI, en profite pour imposer la charia dans quelques localités. Le 21 mars 2012, un étrange coup d’à‰tat est perpétré au Mali. Un mystérieux « Comité pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’à‰tat » (CNRDRE) renverse le président Amadou Toumani Touré et déclare vouloir restaurer l’autorité malienne au Nord du pays. Il en résulte une grande confusion, les putschistes étant incapables d’expliquer en quoi leur acte améliorera la situation. Le renversement du président est d’autant plus bizarre qu’une élection présidentielle était prévue cinq semaines plus tard et que le président sortant ne se représentait pas. Le CNRDRE est composé par des officiers formés aux à‰tats-Unis. Il empêche la tenue de l’élection et transmet le pouvoir à  un des candidats, en l’occurrence le francophile Dioncounda Traore. Ce tour de passe-passe est légalisé par la CEDEAO, dont le président n’est autre qu’Alassane Ouattara, mis au pouvoir un an plus tôt par l’armée française en Côte d’Ivoire. Le coup d’à‰tat accentue la division ethnique du pays. Les unités d’élite de l’armée malienne (formées aux USA) ayant un commandement touareg rejoignent la rébellion avec armes et bagages. Le 10 janvier, Ansar Dine —appuyé par d’autres groupes islamistes— attaque la ville de Konna. Il quitte donc le territoire touareg pour étendre la loi islamique au Sud du Mali. Le président de transition Dioncounda Traore décrète l’état d’urgence et appelle la France au secours. Paris intervient dans les heures qui suivent pour empêcher la prise de la capitale, Bamako. Prévoyant, l’à‰lysée avait pré-positionné au Mali des hommes du 1er Régiment parachutiste d’infanterie de marine (« la coloniale ») et du 13e Régiment de dragons parachutistes, des hélicoptères du COS, trois Mirage 2000D, deux Mirage F-1, trois C135, un C130 Hercule et un C160 Transall. En réalité, il est fort peu probable qu’Ansar Dine ait représenté une menace réelle, car la vraie force combattante, ce ne sont pas les islamistes, mais les nationalistes touaregs, lesquels n’ont aucune ambition au Sud du Mali. Pour conduire son intervention militaire, la France demande l’aide de nombreux à‰tats, dont l’Algérie. Alger est piégé : accepter de collaborer avec l’ancienne puissance coloniale ou prendre le risque d’un reflux des islamistes sur son sol. Après hésitation, il accepte d’ouvrir son espace aérien au transit français. Mais en définitive, un groupe islamiste non identifié attaque un site gazier de British Petroleum au Sud de l’Algérie en accusant Alger de complicité avec Paris dans l’affaire malienne. Une centaine de personnes sont prises en otages, mais pas seulement des Algériens et des Français. Le but est manifestement d’internationaliser le conflit en le transportant en Algérie. La technique d’ingérence française est une reprise de celle de l’administration Bush : utiliser des groupes islamistes pour créer des conflits, puis intervenir et s’installer sur place sous prétexte de résoudre les conflits. C’’est pourquoi la rhétorique de François Hollande reprend celle de « la guerre au terrorisme », pourtant abandonnée à  Washington. On retrouve dans ce jeu les protagonistes habituels : le Qatar a pris des parts dans de grandes sociétés françaises installées au Mali, et l’émir d’Ansar Dine est proche de l’Arabie saoudite. Le pyromane-pompier est aussi un apprenti sorcier. La France a décidé de renforcer son dispositif anti-terroriste, le plan Vigipirate. Paris ne craint pas une action des islamistes maliens sur le sol français, mais le reflux des jihadistes de Syrie. En effet, durant deux ans, la DCRI a favorisé le recrutement de jeunes musulmans français pour se battre avec l’ASL contre l’à‰tat syrien. Du fait de la débandade de l’ASL, ces jihadistes reviennent actuellement au pays natal o๠ils pourraient être tentés, par solidarité avec Ansar Dine, d’utiliser les techniques terroristes qu’on leur a appris en Syrie. Thierry Meyssan

Les combats se poursuivent à Gao

Des combats se déroulent Gao, dans le centre du Mali. Après avoir impliqué dans la nuit des soldats nigériens, ils opposaient à  la mi-journée des soldats maliens à  « une quarantaine d’islamistes » venus de villages proches de Gao, selon une source militaire malienne. Ils ont lieu près de la mairie et du palais de justice, selon la correspondante de l’AFP, mais également aux entrées Nord et Sud de la ville. Un groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui tenait la ville avant l’intervention française, a affirmé avoir envoyé des combattants à  Gao. « Nos troupes ont reçu l’ordre d’attaquer. Si l’ennemi est plus fort, nous allons reculer pour mieux revenir, jusqu’à  la libération de Gao », a déclaré à  l’AFP Abu Walid Sahraoui, porte-parole du Mujao, sans préciser le nombre de jihadistes envoyés. Le marché principal a été fermé et les rues sont désertées par les habitants, a-t-elle constaté. »Nos troupes font face actuellement aux djihadistes vers la mairie de Gao. Ils ont infiltré la ville, nous ripostons actuellement », a déclaré le capitaine Amadou Diarra de l’armée malienne, interrogé depuis Bamako. Des tirs à  l’arme lourde avaient été entendus pendant plusieurs heures dans la nuit de mercredi à  jeudi à  Gao, aux entrées Nord et Sud de la ville. Trois islamistes tués Trois islamistes ont été tués pendant ces combats avec les soldats nigériens, selon la source militaire malienne de Gao. Gao, située à  1200 km au nord-est de Bamako, a été reprise aux islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da le 26 janvier par les soldats français et maliens. Les 8 et 9 février, la ville a été le théâtre des deux premiers attentats-suicides de l’histoire du Mali, commis par deux kamikazes morts en se faisant exploser contre un poste de contrôle de l’armée malienne. Le lendemain, de violents combats de rue ont eu lieu dans le centre de la ville entre des soldats français et maliens et des combattants jihadistes infiltrés dans la ville, qui ont fait au moins cinq morts et 17 blessés. Une voiture explose près d’un camp français à  Kidal A Kidal, à  1500 km au nord-est de Bamako, un « véhicule est arrivé en filant vers le sud-ouest » de la ville et « a explosé à  environ 500 mètres du camp occupé par les Français et les Tchadiens. Deux civils ont été blessés, ils sont à  l’hôpital », a déclaré à  l’AFP un élu de Kidal, information confirmée de source sécuritaire malienne à  Bamako.

Nouvelles attaques à Gao et Kidal

La situation sécuritaire semble bien loin d’être stabilisée dans les deux grandes villes du nord, Gao et Kidal. Alors que l’opération Panthère 4 qui a pour objectif de débusquer les islamistes retranchés dans les montagnes aux alentours de Kidal est en cours, tout porte à  croire que de nouvelles attaques ont été perpétrées ces dernières heures. Des tirs à  l’arme lourde ont été entendus dans la nuit de mercredi à  jeudi à  Gao, dans le nord du Mali, tandis qu’une explosion d’un véhicule près d’un camp militaire français était signalée à  Kidal, ce jeudi matin. « à‡a tire partour*t » à  Gao « Nous avons entendu dans la nuit de mercredi à  jeudi matin des tirs à  l’arme lourde d’origine indéterminée, à  au moins deux entrées de Gao ». l’information vient d’un sous-officier de l’armée malienne, interrogé par téléphone par l’AFP depuis Bamako. Plusieurs autres témoins ont confirmé ces tirs. Le calme semble être revenu dans la ville. « Au total, on a entendu au moins cinq tirs », a précisé un responsable du gouvernorat de Gao. Le maire de Gao, Saidou Diallo, joint par téléphone par Journaldumali.com confirme que des combats sont toujours en cours. « Il y a des coups de feu partout, au niveau de la mairie, du côté du fleuve, ça tire partout », a-t-il confié au téléphone, il y a quelque minutes. Selon M. Diallo, les assaillants seraient rentrés en ville pendant la nuit, au moyen de chevaux, alors que la ville est sous haute surveillance et que les trafics routiers fluvial sont strictement contrôlés. Gao avait connu les 8 et 10 février, les premiers attentats suicides qu’ait connu le pays. Ils visaient un poste de contrôle de l’armée malienne et n’ont pas fait de victimes hormis les kamikazes. De violents combats de rue avaient opposé le 11 février, en plein centre-ville, des soldats français et maliens et des combattants djihadistes infiltrés dans la ville, qui ont fait au moins cinq morts et dix-sept blessés. Nouvel attentat contre un camp à  Kidal Il semble en effet que la forte explosion qui a secoué la ville soit due à  un attentat. Il s’agirait d’un véhicule apparemment piégé près du camp o๠sont stationnés des militaires français et tchadiens à  Kidal, dans le nord-est du Mali. Deux civils ont été blessés, selon un premier bilan. « Le véhicule […] a explosé à  environ 500 mètres du camp occupé par les Français et les Tchadiens. Personne n’a encore approché le véhicule pour savoir si le conducteur vivait toujours », a déclaré par téléphone un élu de Kidal, information confirmée de source sécuritaire malienne à  Bamako. Selon un fonctionnaire du gouvernorat de Kidal, il s’agit bel et bien d’une attaque suicide puisque le véhicule roulait au moment de l’explosion. Le conducteur « visait le camp. Mais il est allé exploser avec sa voiture noire dans une cour. Il y a eu un grand bruit ».

 » Dès que possible, l’armée malienne sera à Kidal… » dixit Diango Cissoko

A Paris depuis deux jours, Diango Cissoko a rencontré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avec qui il a notamment évoqué l’absence de soldats maliens à  Kidal. On comprend la sensibilité du sujet, lorsque beaucoup se demandent pourquoi nos forces armées maliennes n’ont toujours pas foulé Kidal, bastion des rebelles islamistes dans l’extrême nord du Mali.  » l’armée malienne ne fait pas du tout de la figuration. (…) Elle est très engagée et accompli un travail remarquable sur le terrain. Pour le PM malien, le plus dur est passé et l’on se trouve dans une phase de sécurisation et de stabilisation. » Diango Cissoko affirme par ailleurs, qu’il n’y a aucun lien entre la prise d’otages au Camroun et l’intervention au Nord du Mali »… S’il admet que les français ne s’attendaient pas une telle résistance des islamistes à  Kidal, il promet que l’armée malienne sera bientôt à  Kidal.  » Il y a un problème (l’absence des troupes maliennes de Kidal, ndlr) qui est en train d’être traité par les autorités françaises et par les autorités maliennes. Dès que cela sera possible, l’armée malienne sera à  Kidal ». Tout comme les bérets rouges, a ajouté le Premier ministre. Kidal visé Une déclaration qui intervient au moment o๠les combas ont pris une nouvelle tournure dans le nord du Mali vers Kidal. En effet, pour le moment sur le terrain, ce sont les forces françaises qui opèrent, bombardent le massif de l’Adrar des Iforas o๠sont retranchés de nombreux jihadistes. On a dénombré ces derniers jours plus de 20 morts côté terroristes et un soldat français tombé au front, le sous officier légionnaire Harold Vormezeele. Depuis leur entrée en action, les forces françaises se déploient en premier, suit l’armée malienne qui ratisse et débusque les jihadistes, pour ensuite laisser place aux forces de sécurisationa africaine ( Tchadiennes et nigériennes pour le moment présentes dans la zone). Mais le scénario est loin d’être appliqué dans la zone o๠des combats acharnés ont lieu. Ce jeudi matin, on apprend qu’un autre attentat a eu lieu dans la ville de Kidal : « Le véhicule est arrivé en filant vers le sud-ouest de Kidal. Il a explosé à  environ 500 m du camp occupé par les Français et les Tchadiens. Deux civils ont été blessés, ils sont à  l’hôpital. Personne n’a encore approché le véhicule pour savoir si le conducteur vivait toujours », a déclaré par téléphone un élu de Kidal, information confirmée de source sécuritaire malienne à  Bamako. De quoi renforcer la peur et le sceptismisme des forces de défense maliennes. Pour rappel, Kidal fut l’objet de combats violents en Avril 2012 avec les bataillons rebelles avant la chute de la ville. On comprend dès lors toute la réticence des Maliens à  s’y risquer. Un général français affirme lui que les soldats maliens sont très démunis, et sous équipés. Chose pas nouvelle mais qui devrait être comblée par la présence française. Il faudra donc laisser le temps aux forces maliennes, de se sentir suffisamment prêtes pour fouler Kidal et sans doute Tessalit dans un délai proche.

Des soldats français et africains entrent dans la ville de Bourem

Des soldats français, maliens et nigériens sont entrés dimanche matin dans la ville de Bourem, située entre Gao et Kidal, dans le nord du Mali, a constaté un photographe de l’AFP. Les soldats des trois armées sont arrivés par voie terrestre en provenance de Gao, située à  environ 80 km au sud. Bourem se trouve sur la route de Kidal, située à  quelque 150 km au nord-est, et constitue aussi un point de passage pour se rendre à  Kidal depuis Tombouctou (nord-ouest). Les militaires ont été chaleureusement accueillis par la population de Bourem qui brandissait des petits drapeaux français et maliens. Les villes de Gao, Tombouctou et Kidal, les trois principales du nord du Mali, ont été reprises par les armées française et malienne en quatre jours fin janvier, mettant fin à  leur occupation pendant neuf mois par les groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da. Ces islamistes avaient fui sans combattre, mais certains avaient ensuite réussi à  s’infiltrer dans Gao, y commettant il y a neuf jours les premiers attentats-suicides de l’histoire du Mali, suivis il y a un semaine de combats de rue en centre-ville avec des soldats maliens et français. D’autres se sont retranchés dans les régions de Kidal et Tessalit, dans la région des Ifhogas, un massif montagneux proche de la frontière avec l’Algérie. Jeudi, l’armée française avait indiqué qu’elle était «dans une phase de sécurisation» de ces zones, en particulier vers Tessalit, o๠elle traque les combattants jihadistes. L’armée française a débuté son intervention au Mali le 11 janvier pour empêcher une offensive des groupes islamistes armés vers le Sud et la capitale Bamako. Les 4 000 militaires français de l’opération Serval sont appuyés par quelque 4 300 soldats africains, dont 1 800 Tchadiens.

Armée Malienne: « Kidal ne fera pas exception »

La question de Kidal demeure la plus sensible dans la guerre en cours en ce moment au Mali. Et pour cause la présence des soldats français dans cette ville sans l’armée malienne suscite des colères et des frustrations auprès des populations civiles. Les militaires ont tenu à  partager leur vision de cette situation. Face à  la presse, Souleymane Dembélé affirme que la région de Kidal ne fera pas exception dans le cadre de la reconquête des zones occupées du Mali. Selon lui, l’armée malienne s’est investie dans une mission de reconquérir tout le territoire occupé par les islamistes. « Partout o๠se retranchent les islamistes, l’armée sera là -bas pour les bouter hors du Mali » martèle –t-il. Concernant la négociation avec le MNLA, Souleymane Maiga directeur de la DIRPA est formel, « l’armée malienne ne gère pas l’aspect politique, mais tout groupe armé qui possède des armes sera combattu par l’armée malienne. Si le MNLA détient les armes, nous allons le combattre car il est considéré comme l’ennemi du pays ». Et il ajoute que les militaires maliens sont en route pour Kidal avant de rappeler cette est route très accidentée, ce qui rend son accès difficile. « l’armée malienne n’est pas bien outillée comme la France qui a aéroporté ses hommes pour occuper le terrain » dit-t-il. La présence de la France à  Kidal sans l’armée est également stratégique, selon Souleymane Dembélé. La France n’a aucun intérêt à  mettre l’armée malienne à  l’écart mais elle a aussi un intérêt qui est de sauver la vie de ses otages dans les montagnes de Kidal. Vous verrez l’armée malienne et française qui contrôleront cette région bientôt » dit-t-il. « C’’est honteux de faire du bruit à  Bamako» Ce matin les Bamakois se sont réveillés avec les bruits d’un nouvel affrontement entre bérets rouges et verts. Il y a à  peine dix jours, des bérets rouges incarcérés depuis le mois de mai, étaient libérés. Tous avaient pensé alors à  la réconciliation des corps dans l’armée malienne. Ce vendredi, des bérets rouges qui voulaient se réunir en auraient été empêchés des bérets verts. Des coups de feu ont été tirés faisant deux morts, selon une source militaire citées par l’AFP et plusieurs blessés. Pour le lieutenant-colonel Soulyemane Dembélé, l’ « affaire des bérets rouges est un non-événement ». Il affirme que les bérets rouges qui ont participé au contre coup ont commis un acte d’indiscipline notoire dans l’armée. « Malgré tout, nous avons essayé de les manager pour les repartir dans les différents corps afin de combattre les ennemis communs qui sont les islamistes » ajoute –t- l’officier. Selon le directeur adjoint de la DIRPA, il reste quelques bérets rouges qui sèment la zizanie dans l’armée. « Je pense qu’il est honteux que les militaires maliens fassent du bruit à  Bamako pendant que les étrangers qui sont venus nous aider sont au front » déplore –t-il. Concernant la MISMA, le communicateur de l’armée malienne a annoncé que de nouveaux contingents sont arrivés de la Guinée Conakry et du Sénégal. Actuellement le commandement de la MISMA travaille sur le déploiement de ces forces sur le terrain.

Le tumultueux parcours des rebelles touaregs du MNLA

Le MNLA représente une minorité au sein d’une communauté elle-même largement minoritaire au Mali, de 300.000 à  500.000 personnes sur 14 millions d’habitants. il a ses entrées en France o๠ses responsables sont reçus au ministère des Affaires étrangères et sur les plateaux de télévision, ce qui a sans doute contribué à  donner une vision déformée de son emprise sur le terrain.. A l’orrigine, le parrainage de Kadhafi Fort de son pactole pétrolier, le colonel Kadhafi, qui se voyait en « guide » non seulement de la « Grande Jamahiriya (République) arabe libyenne populaire et socialiste », mais aussi de toute l’Afrique, instrumentalise les Touaregs, ce peuple éparpillé sur cinq pays par les frontières de la colonisation, pour déstabiliser ses voisins. Dans les années 1970, Il recrute des « hommes bleus », nomades marginalisés par les pouvoirs centraux et appauvris par des sécheresses à  répétition. Le colonnel Kadhafi forme militairement les Touaregs, réputés pour leur tradition guerrière: Certains sont expédiés au Tchad ou au Liban. Nombre de Touaregs sont intégrés à  l’armée libyenne au sein d’une « légion islamique ». Après le soulèvement qui a démarré à  Benghazi au printemps 2011, quand les choses commencent à  mal tourner pour leur parrain libyen, plusieurs centaines des ces soldats prennent, à  l’automne 2011, la route du Mali, dévalisant au passage quelques arsenaux. Ils s’unissent à  de jeunes militants indépendantistes qui ont créé en un an plus tôt le Mouvement national de l’Azawad. Cette fusion donner naissance, en octobre 2011, au Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui revendique l’indépendance du Nord du Mali. La naissance d’Ansar Eddine Un dirigeant touareg historique, Iyad Ag Ghaly, ancien lui aussi de la « légion islamique » libyenne, qui a depuis versé dans le salafisme au contact de prédicateurs pakistanais, revendique le commandement militaire du MNLA, Devant le refus de ce dernier, il fonde son propre mouvement, Ansar Eddine (Défenseurs de la religion). Auréolé de son prestige passé, Ag Ghali ramène dans son orbite quelques jeunes Touaregs proches d’Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) et des djihadistes confirmés. Parrallèlement, apparaà®t, également à  l’automne 2011, un autre groupe armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), formé d’activistes maliens et mauritaniens noirs qui se réclament eux aussi d’Al Qaà¯da. L’alliance avec Ansar Eddine Le 17 janvier 2012, le MNLA lance une offensive surprise et prend plusieurs villes du nord-est du Mali, Ménaka, Aguelhok, Tessalit. Pour mener cette attaque, le MNLA, qui se dit laà¯que, s’allie au Groupe Ansar Eddine. L’armée malienne, sous-équipée, est rapidement défaite face à  ces combattants aguerris et fortement armés. Les rebelles sont rejoints par des soldats touaregs de l’armée malienne en déroute. Lors de l’offensive de janvier 2012, des exactions sont commises, en particulier à  Aguelhok, o๠une centaine de soldats maliens sont exécutés. Le manque de moyens de l’armée malienne est à  l’origine du coup d’Etat militaire du 22 mars à  Bamako. Les putschistes dénoncent l’abandon des soldats dans le Nord. L’indépendance … la charia, et l’éviction Profitant du chaos dans la capitale malienne, les rebelles poursuivent leur avancée. Le 30 mars, Ansar Eddine, le MNLA et des éléments d’Aqmi s’emparent de Kidal, puis de Gao. Le 1er avril, Tombouctou tombe à  son tour aux mains du MNLA, qui proclame l’indépendance. Mais dès le lendemain, le mouvement se fait déloger par les djihadistes d’Ansar Eddine et d’Aqmi. Le MNLA perd peu à  peu des positions face aux groupes islamistes armés qui prennent le contrôle effectif des principales villes. Ces derniers instaurent la loi islamique (charia) et marginalisent le MNLA avant de l’évincer totalement fin juin. En octobre 2012, alors que se prépare le déploiement d’un contingent ouest-africain sous mandat onusien, le MNLA se dit prêt à  revenir sur sa revendication d’indépendance et se contenter d’un « droit à  l’autodétermination ». Un mois plus tard, sous la pression de l’Algérie, hostile à  une intervention étrangère, des dirigeants d’Ansar ed-Dine annoncent vouloir dialoguer, puis s’engagent, en décembre, à  cesser les hostilités. Ils sont désavoués par Iyad Ag Ghaly qui décide, début janvier de lancer une offensive vers le sud du pays. Cet assaut précipite l’intervention française, le 11 janvier 2013. Le retour du MNLA, partenaire de l’armée française La rapide progression de l’armée française, entraà®ne une scission au sein d’Ansar Eddine. Une partie de ses membres, qui prend le nom de Mouvement islamique de l’Azawad (MIA) appelle à  une « solution pacifique » pour régler le conflit. Ce groupe rejette « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à  combattre » ses anciens partenaires. Parallèlement, dans Kidal et sa région, berceau des Touaregs, l’arrivée de l’armée française fin janvier redonne un second souffle au MNLA qui s’installe dans la ville sans combattre après la fuite des djihadistes. A Kidal, le MNLA cohabite avec les islamistes touaregs du MIA. Il fait aussi son entrée dans la ville de Ménaka, à  80 km de la frontière nigérienne. Désormais, les rebelles du MNLA disent vouloir aider les forces franco-africaines à  combattre les chefs et combattants djihadistes, dont Iyad Ag Ghaly, repliés plus au nord, dans le massif des Ifoghas. Le MNLA semble avoir obtenu qu’aucun soldat malien ne vienne dans la zone -ce sont 1800 soldats tchadiens qui sécurisent la ville de Kidal-. Il craint en effet les représailles des soldats maliens contre les Touaregs, après un an de conflit dans la région, et des décennies de de l’armée malienne contre les « peaux rouges » touaregs.

Le NON de la diaspora aux négociations avec le MNLA

l’initiative de deux maliennes, Chantal et Ami Doucouré, militantes au sein de la diaspora malienne. Apres la libération de Konna, Diabaly, Douentza, Tombouctou, Gao, l’opération de SERVAL est aux portes de Kidal, bastion des rebelles touaregs. C’’est à  partir de cette ville que la reconquête du Mali prend une nouvelle tournure : le dialogue. Le texte des militants indique que les Maliens de France alertent les dirigeants maliens, français, de la CEDEAO et la communauté internationale sur le danger de « banalisation » et « légitimation » d’organisations terroristes comme le MNLA. Ces maliens attirent leur attention et celle du peuple français sur trois contre-vérités : dans une partie de l’opinion, il existe un mythe touareg. Mais le MNLA ne représente qu’une infime partie des touaregs maliens. Les fausses revendications indépendantistes portées par ce mouvement terroriste vise, d’une part, le développement de ses trafics (drogue, armes, otages) et, d’autre part, la confiscation du sous-sol du Mali par les puissances occidentales, qataries et saoudiennes. Mais les richesses du sous-sol malien appartiennent à  tout le peuple Malien ! De tous temps, le Mali a été, est et restera une terre d’hospitalité et de tolérance. Quelles que soient les appartenances ethniques et les opinions religieuses, il existe une tradition séculaire du « vivre ensemble ». C’’est le MNLA qui a créé et instrumentalisé la question ethnique. C’’est lui qui a pris en otage les populations du Nord, qui fait la chasse aux peaux trop foncées et veut imposer sa domination aux populations noires. C’’est le loup qui crie « au loup ! »Â…. Les régions du Nord ne sont pas les « parents pauvres » du Mali, au contraire. l’Etat Malien a privilégié le développement des ces régions au détriment de celui des autres régions ! Des milliards de FCFA ont été investis dans des équipements publics et l’Etat malien a mené une politique constante de promotion des leaders touaregs issus des différentes rébellions. Ces populations ne sont pas les « oubliés » de la République mais plutôt ses enfants trop gâtés. « Nous, ressortissants Maliens en France et amis du Mali, tenons à  dénoncer les crimes commis par le MNLA et ses complices (AQMI, Ançardine, Mujao, MIA, Boko Haram). Ces crimes odieux (comme celui perpétré le 17 janvier 2012 à  Aguel Hock) doivent être lourdement sanctionnés. Le recours ferme à  une justice nationale et internationale peut, seul, être le gage d’un retour pérenne à  la paix au Mali » indique le texte. « Nous estimons qu’il faut impérativement parachever la reconquête de l’intégrité territoriale avant d’engager la moindre discussion. Enfin, nous insistons pour que la démarche de réconciliation nationale ne concerne pas une infime partie de la population du Mali, mais l’ensemble des populations du pays. Cette réconciliation nécessitera un retour rapide à  la justice et le rétablissement de la confiance entre tous les acteurs du « mieux vivre » ensemble au Mali. Vive le Mali un et indivisible ! Vive l’amitié entre les peuples français et Maliens ! », conclut le texte

Kidal: un chef islamiste arrêté

Il est le numéro trois et l’idéologue d’Ansar Dine («Défenseurs de l’islam»). Ce groupe islamiste est l’un des groupes plus influents qui contrôlaient il y a encore quelques jours plusieurs localités du nord du Mali. Mohamed Moussa Ag Mouhamed a été arrêté près de la frontière algérienne «par un groupe armé» avant d’être conduit vers Kidal, selon plusieurs sources officielles maliennes. Sinistre réputation l’homme qui est la tête pensante de l’organisation d’Iyag Ag Ghaly a été arrêté à  In Hallil, près de la frontière algérienne. Selon le gouvernorat de Kidal, on doit cette prise de taille à  « un groupe armé allié». Radio France Internationale (RFI) précise dans un reportage sur le sujet qu’il s’agit en fait du MNLA qui a réussi à  mettre la main sur Ag Mouhamed. Oumeà¯ni Ould Baba Akhmeda, responsable du Mujao, a également été arrêté par les hommes du MNLA. Selon un cadre du mouvement touareg, l’arrestation s’est produite après un accrochage entre le MNLA et un convoi de rebelles qui tentait de passer la frontière algérienne. A Tombouctou, son nom faisait trembler. Touareg originaire de la région, c’est lui «qui ordonnait de couper les mains», a affirmé une source de sécurité malienne. Décrit comme le chef de «la police islamique» de la ville, il faisait partie de ceux qui faisaient respecter la charia (la loi islamique) à  la lettre dans «la ville aux 333 saints» jusqu’à  sa libération, le lundi dernier. A son actif, amputations, coups de fouets aux couples « illégitimes », aux fumeurs. Avec ses « policiers », il a imposé le port du voile intégral aux femmes, interdit la mixité dans les écoles, le football, la danse, la musique et l’alcool. Et aussi, la destruction des mausolées centenaires, lieux de piété pour les musulmans et richesse culturelle classée au Patrimoine mondiale de l’humanité. Kidal, bastion des djihadistes La ville située au nord est du Mali et sa région ont été pilonnés ces derniers jours par l’aviation française. Elles abriteraient plusieurs chefs et combattants de groupes djihadistes (dont Ansar Dine), soupçonnés de s’y être réfugiés après le début des combats. C’était le bastion des «Défenseurs de l’islam» avant qu’un groupe dissident, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), n’en prennent le contrôle aux côtés des rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Ces deux groupes soutiennent l’entrée des Français dans la ville mais refusent celles des soldats maliens et africains, craignant des représailles de leur part. Des dépôts logistiques et des centres d’entraà®nement se trouveraient également dans la zone de Tessalit, à  200 km au nord de Kidal, près de l’Algérie. Les autorités françaises pensent également que leurs sept otages seraient détenus dans cette zone, dans les montagnes de Ifoghas. à‰voquant leur sort samedi, lors de sa visite au Mali, François Hollande a lancé un appel aux ravisseurs qui « doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages ».

La prise de Kidal ravive les tensions

Le retour en force des rebelles laà¯ques du MNLA dans leur fief historique irrite les autorités maliennes. Les troupes françaises ont débarqué mardi pour sécuriser les lieux et favoriser des négociations. Les forces spéciales françaises ont débarqué mercredi, dans la nuit noire sur l’aéroport de fortune de Kidal, à  la piste mangée par le sable porté par les tempêtes, d’ordinaire plutôt occupée par des troupeaux de chèvres errantes que par des avions de transport de troupes ou par des hélicoptères de combat. Kidal, capitale d’une région de 60.000 âmes, était la dernière ville du nord du Mali occupée par des groupes djihadistes. Ceux-ci avaient quitté les lieux dès dimanche pour céder la place aux Touaregs laà¯ques du Mouvement pour la libération de l’Azawad (MNLA). Les combattants du mouvement Ansar Dine, dirigé par Iyad Ag Ghali, un chef touareg plus opportuniste que fondamentaliste, qui s’est rallié à  al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), ont préféré plier bagages plutôt que d’affronter l’ennemi. Le basculement du rapport de force provoqué par l’intervention française avait entraà®né une dissidence à  l’intérieur de cette organisation de Touaregs islamistes. Le Mouvement islamique de l’Azawad, qui en est issu, (MIA) assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à  la crise. Influencés, semble-t-il, par l’Algérie toujours soucieuse de diviser les rébellions dans la région, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à  Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande. «Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux», a affirmé à  l’AFP un cadre de l’administration locale. La présence militaire française à  Kidal peut servir à  lancer des actions rapides contre les bases o๠sont repliés les djihadistes, mais dans un premier temps elle est surtout destinée à  sécuriser la zone. Le dispositif français pourrait être renforcé par l’arrivée de 500 soldats venus du Tchad et du Niger. Selon une source militaire malienne, une colonne tchado-nigérienne serait partie mercredi matin de Menaka, 300 km plus au sud, pour rejoindre Kidal. L’idée est de créer une force tampon susceptible d’éviter des affrontements entre les milices touaregs qui tiennent désormais la ville et les soldats de l’armée malienne. Ces derniers n’étaient «même pas au courant» de l’initiative française, «en tout cas pas au niveau de l’état-major». «C’est très bizarre», affirme un militaire proche du commandement de l’armée nationale, même s’il préfère attendre de mieux «comprendre la situation» avant de «juger des intentions» des Français, auxquelles il avoue pour le moment «ne rien comprendre». C’est peu dire, donc, que l’initiative française à  Kidal n’a pas été préparée en étroite collaboration avec l’armée malienne. Et qu’elle ne suscite pas non plus un enthousiasme débordant. Car l’officier de l’armée malienne tient fermement à  rappeler une chose: «Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l’intégrité territoriale du Mali.» Et de juger que les combattants du MNLA ou d’Ansar Dine, «c’est la même chose». Du côté de la présidence, l’un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne «pas être au courant», n’avoir «aucune information» et même «être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux». Le crocodile de la préfecture Bamako se cabre contre une grande partie des Touaregs qui sont jugés responsables de la descente aux enfers du pays. Mardi, les députés ont voté à  l’unanimité une feuille de route sur la transition démocratique qui se prononce contre des négociations avec le MNLA ou tout autre mouvement autonomiste. Il faudra pourtant trouver une solution politique. Paris a ainsi appelé les autorités maliennes «à  engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes de la population du Nord». La région de Kidal, qui s’étend jusqu’à  la frontière algérienne, est en effet le fief historique des «hommes bleus», ces seigneurs du désert à  l’image ternie. Kidal est dominé par la tribu des Iforas dont Iyad Ag Ghali est un des chefs respectés malgré ses multiples changements d’alliance. Ses habitants d’origine nomade quittent souvent leur maison en dur pour s’installer dans le désert. Dans ce monde aride, carrefour des contrebandiers, les populations vivent avec le sentiment d’être abandonnées par le pouvoir central, celui des Africains noirs. Les programmes d’aide au développement ont souvent été détournés. Les révoltes successives qui ont secoué dans une certaine indifférence le Sahara malien ces dernières décennies sont toujours parties de ce constat sans qu’au final un rééquilibrage entre le Nord et le Sud intervienne. Kidal, la «capitale des hommes bleus», est une bourgade misérable. L’une de ses rares attractions est un crocodile à  l’âge indéterminé qui tourne en rond dans le bassin du jardin de la préfecture. Le reptile est un souvenir légué par le dernier administrateur français à  l’occasion de son départ, pour cause d’indépendance, en 1960.

L’armée française bloquée à l’aéroport de Kidal par une tempête de sable

L’armée française restait bloquée par une tempête de sable, mercredi 30 janvier, à  l’aéroport de Kidal, dont elle avait pris le contrôle dans la nuit, a annoncé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Kidal est la dernière grande ville du nord du Mali qui reste aux mains de groupes islamistes armés. Les islamistes ont affirmé mercredi dans un communiqué n’avoir tiré « aucun coup de feu » sur les Français, donnant ainsi « les preuves de leur engagement à  coopérer avec la France ». Le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), groupe né d’un scission d’Ansar Eddine (« Défenseurs de l’islam », groupe islamiste majoritairement malien) et qui s’est proclamé maà®tre de Kidal il y a quelques jours, a demandé que des soldats maliens et ouest-africains ne pénètrent pas dans la ville et sa région. Il souhaite qu’une « solution politique » soit trouvée préalablement avec Bamako. APRàˆS GAO ET TOMBOUCTOU Depuis samedi, les soldats français et maliens ont reconquis sans rencontrer de réelle résistance les deux plus grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou. La troisième, Kidal, à  1 500 km de Bamako, et sa région, proche de la frontière algérienne, était auparavant le fief d’Ansar Eddine. Elle avait été la première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), groupe laà¯que autonomiste, avaient ensuite été évincés par leurs anciens alliés. Ils contrôlent aujourd’hui de nouveau une part de la ville. Le 24 janvier, dans un message transmis à  l’AFP, le MNLA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une « solution pacifique » à  la crise. Dans un nouveau communiqué reçu dimanche par l’AFP, il réaffirme « son engagement et sa détermination à  se démarquer d’une manière définitive et totale » d’Ansar Eddine, mais aussi de « tous les autres groupes terroristes » du nord du Mali. « C’EST AUX PAYS AFRICAINS DE PRENDRE LE RELAIS » De son côté, la France appelle les autorités maliennes à  ouvrir « des discussions » avec les élus locaux du nord du Mali, la société civile et les « groupes armés non terroristes reconnaissant l’intégrité du Mali », a déclaré mercredi le ministère des affaires étrangères, qui salue l’adoption par le Parlement malien mardi d’une « feuille de route » politique pour l’après-guerre. Dans l’avion qui l’emmenait à  la conférence des donateurs qui s’est tenue mardi à  Addis-Abeba, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a réaffirmé, dans un entretien au Parisien, que les forces armées françaises partiront « rapidement » du Mali. « Maintenant, c’est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens en hommes et en matériel pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n’a pas vocation à  être maintenu. Nous partirons rapidement. » LES TERRORISTES « TRàˆS ATTEINTS » Interrogé par Le Parisien sur une éventuelle stratégie des djihadistes consistant à  se cacher pour mieux contre-attaquer par la suite, M. Fabius répond : « Nous en avons tué beaucoup », précisant que « les terroristes sont désorganisés. Très atteints […]. Ils savent que nous pouvons écouter leurs moyens de communication, ce qui limite leur capacité de réaction ». La reconquête de Kidal, dernière grande ville du Nord, va marquer un changement de nature des opérations, estime François Heisbourg, spécialiste des questions stratégiques. « On va entrer dans une phase dominée par la stabilisation de la situation pour permettre le déploiement de la force africaine, a-t-il déclaré à  Reuters. C’est le moment le plus compliqué parce qu’on change de priorité et d’outil. »

Les militaires français à Kidal, fief des islamistes

L’armée française a pris position mercredi matin sur l’aéroport de Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali, première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Des militaires français ont pris position dans la nuit de mardi à  mercredi sur l’aéroport de Kidal, troisième grande ville du Nord du Mali, après Gao et Tombouctou, ont indiqué des sources concordantes. « Un avion français s’est posé sur la piste de l’aérodrome de Kidal. Ils ont pris position sur l’aérodrome. On voit aussi des hélicoptères », a déclaré un responsable de l’administration locale. L’information a été confirmée par une source de sécurité régionale : « Nous confirmons que des appareils français sont sur la piste d’atterrissage de Kidal, et des hélicoptères de protection dans le ciel ». Des « éléments français ont été mis en place cette nuit à  Kidal », a confirmé mercredi matin le porte-parole de l’état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard. Il s’est refusé à  toute précision sur cette opération. Kidal, fief d’Ansar Dine, groupe islamiste armé Ces informations surviennent alors que les soldats français et maliens ont reconquis en 48 heures et sans rencontrer de réelle résistance les deux plus grandes villes du Nord du Mali, Gao et Tombouctou, qui étaient aux mains de groupes islamistes armés qui ont multiplié les exactions depuis plus de neuf mois. Kidal, troisième centre régional du Nord du Mali, à  1.500 km de Bamako, dans l’extrême nord-est malien, près de la frontière algérienne, était le fief d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un groupe islamiste armé, dirigé par un ex-rebelle touareg malien, Iyad Ag Ghaly. La ville a été la première conquise par les rebelles touareg et les groupes islamistes en mars 2012. Les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. Selon plusieurs témoignages ces derniers jours, les principaux responsables des groupes islamistes armés se sont réfugiés dans les montagnes de la région de Kidal. Par ailleurs, des centaines de personnes ont fui Kidal vers des villages du nord, en direction de la frontière algérienne, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, qui affirme que l’accès à  la nourriture et aux biens de première nécessité a été sérieusement affecté par le conflit et la fermeture de la frontière.

Les forces françaises et maliennes entrent à l’aéroport de Tombouctou

C’est un tournant dans la guerre au Mali. Deux semaines après le déclenchement de l’opération «Serval», les forces françaises et maliennes contrôlent l’aéroport de Tombouctou et les accès routiers à  la ville, au terme d’une opération terrestre et aérienne menée dans la nuit de dimanche à  lundi. Les forces armées n’auraient rencontré aucune résistance de la part des islamistes. Après avoir pris Gao, samedi, les militaires français et maliens ont foncé vers le nord-ouest et se sont arrêtés devant cette ville historique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le double mouvement militaire vers Gao et Tombouctou a été précédé d’une trentaine de sorties aériennes, selon le ministère français de la Défense. Avec la prise des accès à  Tombouctou, la coalition contrôle désormais la «Boucle du Niger», entre la cité du désert et Gao. La conquête de la ville n’est cependant pas acquise. «Tombouctou, c’est délicat. On n’y entre pas comme ça», souligne un militaire malien. Les soldats devront pénétrer dans un dédale de ruelles de pisé parsemées de mosquées et de monuments anciens. Toute la question est de savoir si les combattants islamistes ont l’intention de s’y retrancher afin d’y mener une guérilla urbaine, ou s’ils abandonneront la ville afin de se replier dans des lieux plus sûrs. Gao, à  1200 km au nord-est de Bamako, était tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire: des membres des forces spéciales françaises appuyés par l’aviation s’étaient d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis des soldats tchadiens et nigériens étaient venus par avion du Niger voisin, marquant ainsi l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. La prise de Tombouctou risque de se révéler plus difficile. Gao était tenue par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) qui semble avoir voulu au dernier moment parlementer avec la France. Un porte-parole avait affirmé samedi vouloir «négocier la libération» d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a répondu en refusant «les logiques de chantage». Un chef d’Aqmi réfugié à  Kidal Tombouctou, en revanche, est aux mains des combattants en majorité arabes d’Aqmi, (al-Qaida au Maghreb islamique) plus aguerris et déterminés. Une troisième ville reste à  prendre: Kidal, plus au nord-est. C’est là  que se seraient retirés l’Algérien Abou Zeid, l’un des principaux émirs d’Aqmi, et Iyad ag Ghali, le chef d’Ansar Dine, le mouvement islamiste armé touareg. La maison que possède ce dernier à  Kidal a d’ailleurs été bombardée par l’aviation française, ainsi qu’un camp militaire, selon une source de sécurité malienne citée par l’Agence France-presse. Les islamistes se seraient abrités dans les montagnes de la région. Avec ce repli, pourrait commencer une nouvelle phase du conflit. Après les offensives éclair des blindés légers sur roues traçant dans les grands espaces, une guerre de guérilla et de coups de main pourrait commencer. Immergés dans la population, o๠ils ont noué de nombreuses alliances, les djihadistes pourraient décider de mener un combat de guérilla, voire d’attentats terroristes sur les arrières. Ils devraient se retrouver progressivement face aux troupes africaines. Les chefs d’état-major de la région ont porté samedi à  7700 hommes les effectifs promis dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) soit 2000 de plus que prévu. Le cavalier seul du Tchad Liberia, Guinée-Bissau, Burundi, Guinée et Ouganda doivent y être associés, mais on ignore si les problèmes de financement, de transport et d’équipement ont été résolus. Pour l’heure, seuls 1900 soldats africains sont arrivés au Mali. Le chef de l’à‰tat béninois, Boni Yayi, président sortant de l’Union africaine (UA), a déploré dimanche la lenteur de la réaction du continent. «Comment se fait-il que, face à  un danger qui menace ses propres fondations, l’Afrique, bien qu’elle ait les moyens de se défendre, continue à  attendre?» a-t-il demandé lors d’un sommet de l’UA à  Addis-Abeba, avant de remettre la présidence à  l’à‰thiopie. Le Tchad, seul pays africain à  être intervenu sans délai, ne fait pas partie de la Misma. Après les soldats envoyés par avions sécuriser Gao, une longue colonne de véhicules blindés et de plusieurs centaines de militaires tchadiens, bien équipés et rompus à  la guerre du désert, a quitté Niamey samedi en direction du Mali. La montée en puissance sur le terrain de ce pays au régime controversé risque de poser à  terme un problème politique à  la France. Les islamistes ­touaregs, eux, retrouveront de vieilles connaissances. Des éléments de la garde présidentielle s’étaient retrouvés à  leurs côtés pour défendre Kadhafi. Cette fois, ils seront ennemis.

Guerre au Mali : après l’offensive éclair sur Gao, objectif Tombouctou

L’aviation française a aussi bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à  1.500 km de Bamako, alors que des sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes dans les montagnes de cette région, dans l’extrême nord-est malien. Soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à  900 km au nord-est de Bamako. Les « troupes françaises et maliennes » seront « bientôt près de Tombouctou », a assuré samedi le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à  Mopti (centre), dont certains évoquent déjà  une volonté de vengeance à  l’égard des islamistes, qui ont notamment détruits des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia (loi islamique). « Ils nous chicotaient quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu’ils nous ont fait. Les chicoter aussi », promet ainsi Amadou, un jeune étudiant de Tombouctou, réfugié à  Mopti (centre). Le bastion islamiste de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, est tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire de l’armée française: des membres des forces spéciales benéficiant d’un appui aérien se sont d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis, des soldats tchadiens et nigériens sont venus par avion du Niger voisin jusqu’à  Gao, marquant de manière frappante l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. « La prise de contrôle de Gao, qui compte 50.000 à  60.000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours », a indiqué dimanche le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Plus de 6.000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à  terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-goutte et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Seuls 2.000 d’entre eux sont aujoud’hui stationnés au Mali et au Niger. L’UA salue l’action de la France Les premiers témoignages faisaient état d’une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage à  Gao. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées, et la zone n’est pas accessible à  des observateurs indépendants. L’armée française affirmait samedi qu’il n’y avait pas de combat à  Gao, mais « des opérations de harcèlement », avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol. Ce groupe avait affirmé samedi à  l’AFP vouloir « négocier la libération » d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant « les logiques de chantage ». D’après une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes armés, Iyad Ag Ghaly le chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et l’Algérien Abou Zeid, l’un des émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) se sont réfugiés dans les montagnes de Kidal. Des positions des islamistes à  Kidal et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. « Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à  Kidal et un camp militaire », a déclaré à  l’AFP une source de sécurité. La maison du chef d’Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants. Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. A Addis-Abeba, le chef d’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président sortant de l’Union Africaine (UA), a déploré devant ses pairs réunis en sommet la lenteur de l’organisation à  agir pour « défendre » le Mali et « salué » l’intervention française. Pour un habitant de Mopti, la France, engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l’armée malienne, contre les islamistes armés, afin d’empêcher leur progression vers le sud et Bamako puis en reconquérant le nord du pays, paie ainsi une « dette » contractée par l’ancienne puissance coloniale envers le Mali.

Guerre au Mali : le Tchad et le Niger veulent couper toute retraite aux jihadi

« Vous allez avoir à  faire à  un ennemi qui ne cherchera pas à  sauver sa vie. Pour lui, l’essentiel sera de mourir pour aller au paradis. Vous devez être vigilants et déterminés ». Conseil d’Idriss Déby Itno, qui a revêtu sa tenue de général quatre étoile ce 24 janvier à  Niamey, o๠il s’est rendu pour galvaniser ses troupes, juste avant que celles-ci ne partent, jeudi soir, en direction de la frontière du Niger vers le Mali. Le chef de l’à‰tat tchadien sait le rôle important que les forces tchadiennes et nigériennes vont jouer dans la guerre de reconquête du Nord-Mali. Selon des sources militaires tchadiennes, la mission confiée aux deux pays est d’attaquer Gao puis de se positionner à  Kidal, avec une couverture aérienne pour couper toute retraite aux islamistes. Dans le jargon militaire, ce travail est celui d’une équipe de recueil. « l’objectif, C’’est d’éviter des combats dans la zone montagneuse près de la frontière algérienne », ajoute la source. Pour cela, 2 000 hommes, des blindés, des MI24 et six Shukhoi. Contrairement à  ce qu’on annonce, le gros des troupes est déjà  « sur place » affirme, catégorique, une éminente source militaire. Deux gros porteurs de l’armée française et un autre prêté par la République du Congo ont aidé à  accélérer le déploiement qui avait pris un certain retard à  l’allumage. Autour de Gao le 27 janvier Le contingent tchadien aura comme chef le général Oumar Bikimo, qui dirigeait, il y a quelques mois, les forces de la CEEAC basées en Centrafrique, assure la coordination depuis Bamako. Il aura pour adjoint deux jeunes généraux, Abdérahmane Youssouf Meà¯ry, commandant de l’unité antiterroriste depuis 2007, dont les hommes composent le quart des effectifs, et le général Mahamat Idriss Déby Itno, fils du chef de l’à‰tat et commandant de la direction générale des services de sécurités des institutions de l’à‰tat (DGSSIE), la garde présidentielle qui constitue le reste des troupes. Si le Général Bikimo fera l’interface entre le commandement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) et le Tchad depuis Bamako, le cabinet militaire du chef de l’à‰tat, lui, assure un suivi quotidien avec l’armée française depuis N’Djaména. C’’est de la base aérienne de la capitale tchadienne que décollent les avions et les ravitailleurs qui interviennent au Mali. C’’est aussi grâce à  ce suivi qu’il a été décidé d’accélérer le déploiement de l’armée tchadienne avec pour objectif affiché d’être à  Gao autour du 27 janvier…

Une « marche pour la paix » en 52 jours

Comme annoncé, il y a deux semaines, la marche du flambeau de la paix est officiellement lancée depuis ce mercredi 22 août dans la Cité des rails. La place publique de Kayes qui a abrité ce départ de l’athlète Mamadou Camara a refusé du monde. La population «Â kayésienne » ne voulait visiblement pas se faire raconter ce départ historique du marathon du flambeau de la paix et de la solidarité. Pendant deux mois de trajet, l’athlète de l’«Â AS Police » fera la jonction Kayes-Kidal en 52 jours sur une distance de plus de 2155 km. l’objectif visé par ce marathon est de sensibiliser les populations des localités traversées sur la situation difficile mais pas insurmontable que connait le Mali et lancer un appel pressant pour l’union sacrée de tous les maliens pour une sortie honorable de la crise. Génération consciente En procédant au lancement de la marche, le gouverneur de la capitale des rails, Mahamadou Maà¯ga a félicité la GEMACO pour cette belle initiative noble qui rentre dans le cadre de la consolidation de la paix et de la solidarité et l’athlète Mamadou Camara pour son courage et sens élevé de patriotisme. Il a, par ailleurs, invité les populations des villes et villages traversés des cercles de Kayes, Nioro et Diéma à  sortir massivement pour accueillir et pour accompagner l’athlète à  l’entrée et à  la sortie des localités. Le flambeau de la paix et de la solidarité est une initiative de la Génération malienne consciente (GEMACO), une initiative mise en place par Mme Traoré Coumba Ba. Elle regroupe tous les jeunes maliennes et maliens épris d’idéaux de justice, de liberté, d’égalité de chances et d’engagement citoyen pour participer aux efforts du gouvernement dans la préservation de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale. l’initiatrice de la GEMACO, Mme Traoré Coumba Ba indique que l’initiative vise à  véhiculer un message de paix, d’entente, de sympathie, de solidarité, de compassion et surtout d’Amour entre toutes les populations maliennes. « Plus particulièrement la Jeunesse, représentant plus de la moitié de la population, et donc le Mali de demain », ajoute-t-elle. Aussi « cette marche C’’est le symbole d’un appui fort adressé à  nos frères et sœurs déplacés et sous occupation pour leur démontrer que nous partageons les mêmes idéaux de Liberté, de Justice et de dignité ». Notons que l’initiative a bénéficié de l’accompagnement de Sotelma-Malitel, qui a tenu la promesse de soutenir toutes les actions de solidarité en faveur des populations du nord pour la recherche d’une paix durable.

Vidéo : Ansar Dine dévoile en images les prises de Kidal et Tessalit

Après la chute entre les mains des groupes armés des principales villes du nord du Mali, fin mars-début avril, on s’est demandé ce qui avait bien pu se passer sur le front. Les troupes républicaines ont elles réellement livré combat ou ont-elles, comme beaucoup le leur ont reproché, fui devant l’envahisseurs. Les hommes d’Ançar Dine qui ont combattu aux côtés du MNLA pour la prise,entre autres de Kidal, Tombouctou et Gao,ont publié le 11 juillet dernier les images de la vidéo ci-dessous intitulée « la conquête de l’Azawad arabe ».

Tombouctou bientôt plongée dans le noir

A Tombouctou, il n’y a presque plus d’électricité, ni d’eau potable, ce qui complique la vie quotidienne des citoyens de la ville. En cause, l’acheminement du gazoil par l’EDM pour faire tourner l’unique centrale électrique de la zone. D’après les responsables de la structure, d’ici 24h, la ville pourrait être plongée dans le noir total, sans parler du manque d’eau. La zone est contrôlée par les islamistes et l’acheminement des vivres est également à  la peine. La centrale électrique était auparavant approvisionnée tous les trimestres en carburant par Bamako. Les deux sociétés chargées de l’alimentation en eau et électricité du pays ne savent aujourd’hui pas comment faire parvenir du carburant dans le Nord du pays sans que celui-ci ne tombe aux mains des islamistes. Santé publique Cette situation pourrait avoir de graves conséquences sur le fontionnement de l’hôpital de la ville en empêchant les opérations chirurgicales et la prise en charge médicale des patients, selon le docteur Ibrahim Maiga, interrogé par RFI. Depuis la prise de Tombouctou par les islamistes d’Ansar Dine, l’aide humanitaire parvient au compte goutte. En attendant, le Haut conseil islamique du Mali qui est de fait le principal interlocuteur des groupes islamistes du Nord a décidé d’agir. Plusieurs convois de vivres ont déjà  été envoyés et le HCI n’entend pas rester les bras croisés. « Dans quelques jours, nos frères musulmans de Tombouctou et d’ailleurs risquent d’être plongés dans le noir et nous battons pour trouver une solution rapidement », a affirmé l’un des porte paroles du HCI. La collecte des fonds pour convoyer rapidement du carburant vers Tombouctou se poursuit. Téléthon pour le nord ? A Bamako, la mobilisation n’est pas en reste et un téléthon pour le nord a permis de récolter plus de 36 millions de francs pour venir en aide aux citoyens du nord Mali. Espérons que ces dons pourront être acheminés à  leurs bénéficiaires, qui subissent un quotidien de plus en plus difficile. En clair, il s’agirait de convoyer du carburant rapidement pour alimenter la ville en électricité.

Mali: la médiation poursuit ses discussions avec les islamistes d’Ansar Dine

« Nous poursuivons les échanges avec eux pour mieux leur expliquer notre position et celle de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédeao) », a indiqué à  l’AFP un proche de M. Compaoré venu retrouver la délégation dans un grand hôtel de la capitale. A l’issue d’une rencontre lundi avec M. Compaoré, médiateur de la Cédéao, la délégation d’Ansar Dine avait annoncé accepter la médiation du président burkinabè qui, de son côté, a appelé ce groupe à  rompre avec les « terroristes » d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), ses grands alliés dans le Nord malien. « Nous demandons au monde de nous comprendre, (. . . ) nous nous battons au nom d’Allah. Nous, on n’est pas Al-Qaà¯da. L’islam interdit de prendre quelqu’un en otage » ou de prendre « l’argent de la rançon d’un otage », a assuré à  l’AFP Cheick Ag Wissa, porte-parole de la délégation islamiste. Une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg supplantée dans le nord du Mali par les islamistes, se trouve aussi à  Ouagadougou. Des envoyés du MNLA, mouvement d’idéologie sécessionniste et laà¯que, avaient rencontré M. Compaoré le 9 juin. « Rien ne peut sortir de nos discussions tant qu’Ansar Dine réclame l’application de la charia (loi islamique) et le jihad (guerre sainte) », a affirmé à  l’AFP Magdi Ag Bohada, responsable du MNLA à  Gao, une grande ville du Nord malien. Il a ajouté que son groupe avait « confiance » dans le Burkina Faso mais non dans les autorités maliennes. La médiation souhaite arriver à  un « agenda global de sortie de crise » qui se concluerait par des négociations entre groupes armés occupant le Nord malien depuis fin mars, communautés de la région et autorités de Bamako. Pendant ce temps, la Cédéao prépare l’envoi éventuel d’une force de quelque 3. 300 hommes au Mali. La France a dit mardi s’attendre à  une décision rapide du Conseil de sécurité de l’ONU soutenant ce projet de l’Union africaine et de la Cédéao.