Niger : fin de l’ultimatum de la CEDEAO, l’espace aérien fermé

Selon une publication sur le compte officiel des FAMa ce lundi 7 août, le Mali et le Burkina Faso ont envoyé une délégation au Niger conduite par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga. Cette visite intervient alors que l’ultimatum adressé le 30 juillet par la CEDEAO aux militaires pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum a expiré hier dimanche. Quelques heures avant la fin de l’ultimatum, le CNSP a annoncé la fermeture de l’espace aérien nigérien face selon eux « face à la menace d’intervention qui se précise à partir des pays voisins ». Le CNSP précise que « toute tentative de violation de l’espace aérien » entraînera « une riposte énergique et instantanée ». Il affirme également qu’un « prédéploiement pour la préparation de l’intervention a été faite dans deux pays d’Afrique centrale », sans préciser lesquels. « Tout Etat impliqué sera considéré comme cobelligérant », ajoute-t-il. Le conseil national pour la défense de la patrie a également lancé un appel aux Nigériens afin de se tenir prêts pour la défense de la patrie. Le même dimanche, près de 30 000 personnes se sont rassemblées dans le plus grand stade de Niamey pour soutenir le coup d’Etat et le CNSP. Vendredi 4 août, à l’issue d’une réunion de trois jours des chefs d’état-major, la CEDEAO a assuré que les contours d’une possible ont été définis. Toutefois, d’après des médias nigérians, le Sénat a appelé le président Bola Tinubu à « encourager les autres dirigeants de la CEDEAO à renforcer l’option politique et diplomatique ». Toujours selon les médias nigérians, une intervention militaire sans l’aval du Sénat serait une violation de la Constitution nigériane. Le président algérien Abdelmadjid  Tebboune rejette également le recours à la force. “L’option militaire n’a jamais été une solution, regardez ce que cela a produit en Syrie et en Libye” a t-il prévenu samedi 5 août. Un nouveau sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation au Niger se tiendra ce 10 août.

Adema – PASJ : la vie sans le président

Il n’aura présidé aux destinées de la Ruche que pendant 21 mois. Alors qu’il aurait fêté les deux ans de son élection à la tête du Comité exécutif de l’Adema le 18 octobre prochain, « Big Mari », comme le surnommaient ses proches camarades politiques, s’en est allé définitivement le 23 juillet 2023, laissant derrière lui un parti qui, après plusieurs soubresauts, semblait avoir enfin retrouvé le calme ces derniers mois.

Feu Marimantia Diarra a succombé des suites d’une maladie à l’âge de 75 ans, après un récent séjour à l’étranger pour des raisons de santé. Inhumé le 25 juillet, l’ex-membre du Conseil national de Transition, était, selon l’un de ses proches, un « homme politique de grande valeur, d’une grande courtoisie, d’une sérénité constante et d’une dignité jamais prise en défaut ».

Ses compagnons de l’ancien Comité exécutif du parti l’avaient choisi pour remettre l’Adema au-devant de la scène, pour un mandat de 5 ans. Il laisse son parti orphelin de « père » à un peu plus de trois ans du prochain congrès.

Confronté pour la toute première fois de son histoire au décès d’un Président en exercice, le parti des Abeilles, le mieux implanté sur l’étendue du territoire national, doit faire face à une première expérience aussi douloureuse qu’imprévue.

Toutefois, selon une source interne, « il n’y a pas le feu à la maison ».  « Dans nos textes, le parti est dirigé par ordre de préséance. Aujourd’hui, le poste de Président étant vacant, c’est le premier Vice-président qui va assurer ces fonctions », explique-t-elle

« Pour un renouvellement, il faut un congrès. À défaut d’un congrès, il faut une conférence nationale, qui se tient entre deux congrès. Mais même la conférence nationale ne peut pas faire un renouvellement, juste un remembrement », poursuit notre interlocuteur.

Secousses à l’horizon ?

Avant le congrès d’octobre 2021, qui a porté l’ancien ministre du Plan et de l’aménagement du territoire à la tête de l’Adema, le parti a longtemps été secoué par des divisions internes, avec la formation de plusieurs clans.

L’actuel 1er Vice-président, Abdoul Kader Konaté dit Empé, qui prend aujourd’hui la tête du parti, avait longtemps été pressenti comme candidat à la présidence de l’Adema avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra.

L’ancien ministre du Commerce va-t-il réussir à rassembler autour de lui pour finir le mandat en cours ? Les anciens soutiens du défunt Président, Adama Noumpounon Diarra ou l’ancien ministre Moustapha Dicko, tous deux candidats eux aussi à la présidence du parti avant de se ranger finalement derrière Marimantia Diarra il y a deux ans, s’aligneront-ils aujourd’hui derrière le nouveau leader ?

À en croire Mohamed Chérif Coulibaly, Président du Bureau national de la jeunesse du parti, l’Adema n’a pas pour l’heure comme priorité l’organisation d’un congrès avant la fin du mandat de l’actuel Comité exécutif, en 2026.

« Le risque zéro n’existe pas. Mais nous ne planchons par sur l’organisation d’un congrès extraordinaire avant la fin du mandat actuel. Il n’y a pas d’homme providentiel à l’Adema. Chez nous, si le Président n’est pas là, le parti ne s’écroule pas, parce qu’il ne s’identifie pas à une personne. C’est ce qui constitue notre force et en même temps notre faiblesse », avance-t-il.

Mais, au-delà du leadership du parti, l’épineuse question d’une candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle n’est pas encore tranchée et pourrait raviver les différends entre les clans au sein de la Ruche. Avant même le décès du Président Diarra, les cadres du parti étaient partagés entre une candidature propre à l’Adema ou le soutien à un candidat issu d’une coalition politique.

Fin 2022, le Bureau national de la jeunesse exhortait le Comité exécutif à enclencher le processus de désignation du candidat à l’élection présidentielle de 2024. Mais cette sortie, qualifiée à l’époque de malencontreuse et de contre-productive par le Secrétaire général Yaya Sangaré, n’était pas du goût de certains membres du Bureau exécutif.

Ces derniers estimaient que la candidature de l’Adema à la prochaine élection présidentielle était une recommandation forte du 6ème congrès ordinaire, mais que sa mise en œuvre appartenait au Comité exécutif, où les débats se tiennent. À quelques mois de la date prévue pour le scrutin, le débat risque de refaire rapidement surface.

Sébastien Philippe : un historien du Mali

L’architecte-auteur franco-malien Sébastien Philippe travaille sur des projets de livres sur l’histoire du Mali, qui le passionne tant.

Le 19 juillet 2023, Sébastien Philippe a reçu des mains du Chargé d’affaires permanent de l’ambassade de France au Mali les insignes de Chevalier des Arts et Lettres. Une distinction qui vient s’ajouter à celles de Chevalier de l’Ordre national du Mali et de Chevalier de l’Ordre national du mérite français. Ces distinctions récompensent le travail, notamment dans le domaine de la culture, de ce Franco-malien installé ici depuis plus de deux décennies. Architecte et auteur, Sébastien Philippe est un homme occupé par les nombreux projets qu’il mène de front. Il travaille actuellement à la réédition de son livre « Une histoire de Bamako », en rupture de stock. Sorti en 2009, ce livre de 262 pages retrace l’histoire de la ville au travers de documents d’archives, de traditions orales et d’images inédites. « Des éléments vont changer », confie l’auteur, qui précise qu’il va ajouter un chapitre traitant de la période de 2009 à nos jours. « Ce qui me passionne dans cette histoire est qu’il y a encore beaucoup de choses à chercher et à trouver, des archives inexploitées. L’histoire de Bamako est issue de mes recherches dans les archives pour comprendre comment la ville s’est créée, comment elle a évolué, comment les quartiers se sont formés. Il y a encore des sujet de recherche ».

Un siècle d’architecture

Parallèlement à la réédition de l’histoire de Bamako, Sébastien Philippe écrit un nouveau livre qui alliera son métier et sa passion pour l’écriture. Il portera sur l’architecture malienne issue de la période coloniale dite néo-soudanaise. « Ce sera un livre épais qui va s’intéresser à l’architecture militaire et civile dans toutes les régions du Mali. Un siècle d’architecture, depuis la construction du fort de Médine, en 1855, jusqu’à l’indépendance du pays, en 1960 », dévoile l’auteur. Pour lui, ce sera aussi un devoir de mémoire. « C’est utile d’écrire, puisque cette architecture disparaît. Des bâtiments sont vendus, détruits. Au nord du pays, où l’architecture était de terre, elle a tendance à disparaître avec le temps ». Tirer les « enseignements » de cette période, notamment de la « gestion et du traitement des matériaux utilisés », motivent l’écriture de l’ouvrage. Si les projets ne manquent pas, la diffusion et la démocratisation des livres dans les écoles se posent. Ce qui permettrait aux Maliens, dont trop peu sont imprégnés de l’histoire de leur pays, d’avoir une précieuse documentation à portée de pages.

Niger : l’Occident veut conserver son dernier allié au Sahel

3ème coup d’État au Sahel depuis 2020, après le Mali et le Burkina Faso, et 4ème en Afrique de l’Ouest avec la Guinée, le renversement du Président Mohamed Bazoum au Niger, le 26 juillet 2023, passe mal dans la communauté internationale. Dans ce pays, considéré comme le dernier allié de l’Occident dans la région, la pression des puissances occidentales s’accentue pour une réhabilitation sans délai du Président déchu.

Le coup d’État au Niger suscite depuis une semaine une vague de condamnations à travers le monde. En première ligne contre le coup de force du Général Abdourahamane Tchiani, à l’heure où nous mettions sous presse certains pays occidentaux brandissaient la menace de suspension de leur coopération et/ou soutenaient les sanctions et les efforts de la CEDEAO et de l’Union Africaine pour un retour à l’ordre constitutionnel.

La France, qui a une présence militaire importante au Niger, où sont stationnés 1 500 militaires dans le cadre de la nouvelle formule de Barkhane après le retrait de l’opération du Mali, a annoncé le 29 juillet suspendre, avec effet immédiat, « toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire, demandant le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien autour du Président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens ».

La veille, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken avait assuré du « soutien indéfectible » de Washington au Président déchu et souligné que le renversement de son pouvoir remettait en cause des centaines de millions de dollars d’aide américaine au profit du peuple nigérien.

À l’instar de la France, les États-Unis disposent de près d’environ un millier de militaires au Niger et surtout de deux bases aériennes, l’une à Niamey et l’autre à Agadez, dans le nord du pays, équipée de drones et faisant office de pivot pour l’armée américaine. Les Etats-Unis ont évacué le personnel non nécessaire de leur ambassade. Le président Joe Biden a appelé jeudi 3 août à la libération immédiate du président Mohamed Bazoum.

Par ailleurs, l’Allemagne, dont l’armée possède aussi une base militaire dans la capitale nigérienne, qui lui sert de plateforme pour le retrait de ses forces du Mali et où opèrent actuellement une centaine de soldats, a apporté son « plein soutien à l’évolution démocratique du Niger ».

« Avec l’Union européenne, nous avons soutenu le gouvernement civil et restons persuadés que seul un gouvernement démocratique pourra apporter des réponses aux défis du pays », a martelé Annalena Baerbock, la Cheffe de la diplomatie allemande.

Dans la foulée, Joseph Borell, Chef de la diplomatie européenne, a assuré de son coté que l’Union Européenne « ne reconnait pas et ne reconnaitra pas » les autorités issues du putsch du 26 juillet. L’institution a en outre décidé de la suspension, avec effet immédiat, de toute aide budgétaire et de toute coopération dans le domaine sécuritaire avec le Niger.

CEDEAO – Coups d’État : le tournant Niger ?

Le renversement du pouvoir du Président Mohamed Bazoum au Niger, le 26 juillet 2023, 4ème coup d’État en Afrique de l’Ouest en 3 ans, plonge la région dans un climat de tension exacerbé par les prises de positions tranchées de certains dirigeants vis-à-vis des nouvelles autorités de Niamey. La CEDEAO, soutenue par une grande partie de la communauté internationale, se montre intransigeante sur un retour immédiat à l’ordre constitutionnel dans le pays. Alors que l’ultimatum donné aux militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) prend fin ce dimanche, les jours prochains  s’annoncent incertains au Niger et dans le Sahel.

Tolérance zéro. C’est le maitre-mot des chefs d’États de la CEDEAO face au putsch du Général Abdourahamane Tchiani, 59 ans, chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011, devenu le nouvel homme fort du pays depuis le 28 juillet 2023. Pour joindre l’acte la parole, les dirigeants ouest-africains n’ont pas hésité le 30 juillet, lors d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO, à prendre de sévères sanctions contre les militaires nigériens du CNSP.

Déclarant prendre toutes les mesures au cas où les exigences de la Conférence des Chefs d’États ne seraient pas satisfaites dans un délai d’une semaine pour assurer le rétablissement de l’ordre constitutionnel en République du Niger, ce qui n’exclut pas un usage de la force, ils ont décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger et de la suspension de toutes les transactions commerciales et financières entre les États membres et Niamey.

Outre ces sanctions, les Chefs d’États de la CEDEAO ont également décidé du gel des avoirs de la République du Niger dans les banques centrales de la BCEAO, de celui de toutes les transactions de service, y compris les services publics, ainsi que des avoirs de l’État du Niger et des entreprises publiques et parapubliques logées dans les banques commerciales, de la suspension du Niger de toutes les formes d’assistance financière et de transactions avec toutes les institutions financières, notamment la BIDC et la BOAD, et de l’interdiction de voyage et du gel des avoirs des officiers militaires impliqués dans la « tentative de coup d’État ».

Bola Tinubu, le Président « anti-putsch »

S’il y a un signal fort que la CEDEAO veut désormais envoyer dans la sous-région, c’est l’image d’une institution forte qui ne laissera plus le champ libre aux renversements de pouvoirs démocratiquement installés.

Dès son arrivée à la tête de l’institution sous-régionale, le 9 juillet dernier, le Président nigérian Bola Tinubu, qui a affiché son intransigeance face aux auteurs de coups d’État, avait donné le ton. « Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État en Afrique de l’Ouest », avait-il martelé devant ses pairs pour sa première prise de parole en tant que nouveau leader de la communauté. L’un des premiers dirigeants du continent à condamner officiellement le coup d’État contre Mohamed Bazoum, Tinubu, « homme à poigne », est connu pour ses phrases « choc ». Le 30 juillet, à l’ouverture du Sommet extraordinaire de la CEDEAO sur la situation politique au Niger, le septuagénaire n’y est pas allé de main morte. « L’un de nous est retenu en otage par sa garde présidentielle. Quelle calamité (…). C’est une insulte pour chacun de nous. Nous devons agir fermement pour restaurer la démocratie », a lâché le Président de la plus grande économie du continent, arrivé au pouvoir en mai dernier après avoir remporté dès le premier tour la présidentielle de février 2023.

Le 31 juillet, le chef d’État-major des armées du Nigéria, Christopher Musa, a réitéré sur un média étranger cette position. « Nous allons faire exactement ce que dit le Président Nous sommes prêts et dès que nous recevrons l’ordre d’intervenir nous le ferons. Nous sommes absolument sûr de réussir », a-t-il affirmé.

Des mots à l’action, le Chef d’État nigérian, et par ricochet toute la CEDEAO, est attendu au tournant sur le dossier nigérien. Même s’il semble résolument engagé dans une voie de réhabilitation de son homologue déchu, certains analystes soutiennent que Bola Tinubu court le risque de devenir un « tigre de papier », fort sur le discours mais peu influent et pragmatique en réalité. D’autant que les conséquences sécuritaires d’une intervention pourraient s’avérer dramatiques. Les groupes terroristes Boko Haram, État islamique ou encore JNIM pourraient profiter du chaos ambiant pour asseoir leurs emprises et étendre l’hydre terroriste à d’autres pays de l’organisation.

Issues incertaines

Avant la fin de l’ultimatum de la CEDEAO, le 6 août 2023, des actions sont en cours pour une solution à la crise politique au Niger. Après l’échec de la médiation tentée par le Président béninois Patrice Talon, c’est Mahamat Idriss Déby, Président de la Transition au Tchad, qui s’est rendu dans le pays et a rencontré les principaux protagonistes. Mais les lignes n’ont pas bougé suite à cette visite. Une nouvelle délégation de l’instance sous-régionale est depuis ce mercredi à Niamey pour tenter de trouver une issue pacifique.

En attendant de voir ce qu’il pourra se passer à partir de la semaine prochaine et l’expiration de l’ultimatum « ouest-africain », les analystes avancent plusieurs scénarios pour la suite des évènements au Niger. Allant de l’organisation d’un « coup d’État contre le coup d’État » à une intervention militaire de la CEDEAO avec des pays africains comme le Tchad et soutenue par les Européens, en passant par le soutien à un mouvement populaire de protestation interne contre le coup d’État ou encore des négociations avec les militaires du CNSP pour l’instauration d’une transition, les options sont aussi diverses que risquées pour la stabilité du pays et de la région.  Les militaires qui ont renversé Mohamed Bazoum ont envoyé une délégation conduite par le numéro 2 du CNSP, le général Salifou Mody au Mali et au Burkina le 2 août pour rencontrer les autorités de la transition. Les échanges ont porté sur le renforcement de la coopération sécuritaire notamment alors que les chefs d’état-major de la CEDEAO sont réunis à Abuja au Nigéria au même moment pour plancher sur une éventuelle intervention militaire. La Côte d’Ivoire a déjà fait savoir qu’elle enverrait des troupes si l’intervention était actée.

Incidences sur le Mali ?

Bien avant que le Niger ne tombe dans le cercle des pays de la CEDEAO qui sont dans une rupture de l’ordre constitutionnel, l’institution sous-régionale avait commencé par remettre la pression sur les pays en transition dans l’espace communautaire. Elle prévoyait d’envoyer le Président béninois Patrice Talon au Mali, au Burkina Faso et en Guinée pour relancer le dialogue au plus haut niveau avec leurs autorités respectives, en vue du respect des délais impartis aux transitions. Un nouveau sommet allait d’ailleurs être consacré début août à la situation dans ces 3 pays, selon une source proche de la CEDEAO, comme nous l’évoquions dans notre numéro précédent.

Les évènements au Niger vont-ils amener la CEDEAO, qui n’excluait d’ailleurs déjà pas de nouvelles sanctions, à durcir sa position vis-à-vis des autorités de transition maliennes quant au respect du chronogramme arrêté selon laquelle le pouvoir devrait être remis aux civils en février 2024 ?

Les relations entre le Mali, le Burkina Faso et la CEDEAO semblent à nouveau se dégrader. En réaction aux décisions de la Conférence des Chefs d’États de la CEDEAO du 30 juillet, les deux pays ont indiqué dans un communiqué conjoint le 31 juillet 2023, refuser d’appliquer ces « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériens ».

« Les gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali », poursuit par ailleurs le communiqué, dans lequel les deux pays préviennent aussi qu’une intervention militaire contre le Niger entrainerait leur retrait de la CEDEAO et l’adoption de « mesures de légitime défense en soutien aux Forces armées et au peuple du Niger ».

« La CEDEAO, avec le leadership de Bola Tinubu, ne comptait pas tolérer le non-respect du chronogramme de la Transition au Mali et une éventuelle nouvelle prolongation. Avec la nouvelle donne, le cas du Niger et la position des militaires au pouvoir au Mali, elle voudra prendre des mesures pour un retour dans les délais à l’ordre constitutionnel dans le pays, y compris de nouvelles sanctions », glisse un observateur.

Référendum : les Forces de défense et de sécurité donnent le ton

Dans le cadre du référendum du 18 juin 2023, les forces de défense et de sécurité ont voté par anticipation dimanche 11 juin. Un vote sans incidents majeurs qui, au-delà de permettre à l’armée de sécuriser le scrutin populaire à venir, a aussi servi de répétition générale à l’Autorité unique de gestion des élections (AIGE).

A Bamako comme à l’intérieur du pays, les Forces de défense et de sécurité se sont massivement mobilisés pour accomplir leur devoir civique. A l’Ecole nationale de police où le vote a démarré à 8h précise, le Directeur de la formation, le Contrôleur général Sory Keita a glissé le premier son bulletin dans l’urne, quelques minutes après l’ouverture du premier bureau de vote sur les 10 que compte le centre.

C’est dans le même centre de vote, peu après, que le ministre de la sécurité et de la protection civile, Daoud Aly Mohammedine a également participé au scrutin référendaire, invitant dans la foulée l’ensemble de ses compagnons d’armes à « sortir massivement pour voter le « oui » et à faire passer le message au niveau des différentes structures des Forces de défense et de sécurité ».

« Nous avons aujourd’hui besoin de cette nouvelle Constitution pour jeter les bases d’un nouveau Mali, un Mali uni, solide avec des Institutions fortes. Nous devons aujourd’hui mettre le Mali au-dessus de tout, nous unir autour de l’essentiel aujourd’hui qu’est le Mali. La chose que nous avons la plus chère, c’est ce pays », t-il insisté

Pour le Chef du département sécurité, le vote par anticipation des Forces de défense et de sécurité est la preuve que, contrairement à ce qu’avancent certains acteurs de la vie politique nationale, la tenue du référendum à sa date fixée, est tenable.

A l’instar du ministre de la sécurité, le Colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des anciens combattants a accompli de son coté son devoir civique à l’Etat-major de la Garde nationale, peu après 9h et s’est ensuite longuement adressé à la presse.

« Une étape importante a été franchie mais nous devons rester vigilants, car les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur sont toujours à l’œuvre. Nous devons rester patients, être solidaires, et nous donner la main » a-t-il confié.

« Le Mali aujourd’hui traverse l’un des moments les plus difficiles de son histoire. Ce que nous arrivons à réussir aujourd’hui, nous devons en être fiers et rendre grâce à Allah le tout puissant parce que cela n’était pas gagné d’avance », a ajouté le ministre de la Défense et des Anciens combattants.

Le président de l’AIGE, Maitre Moustapha Cissé, en compagnie du ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Abdoulaye Maiga, a fait le tour de quelques centres de vote à Bamako où il a constaté le bon déroulement du vote.

« L’ensemble des membres du Collège de l’AIGE sont déployés sur les 10 régions administratives aujourd’hui pour suivre le déroulement de ce processus et nous sommes pratiquement en parfaite symbiose avec les autorités de l’Administration générales », a-t-il précisé.

Après celui des Forces de défense et de sécurité, tous les regards sont désormais tournés vers le vote du reste de l’ensemble des citoyens régulièrement inscrits sur les listes électorales.

Ces derniers sont appelés à se prononcer sur le « oui » ou le « non » vis-à-vis de l’adoption du projet de nouvelle Constitution. La campagne référendaire prend fin vendredi 16 juin 2023 suivi de la tenue du scrutin le 18 juin.

 

 

 

Référendum : la loi électorale revue à plusieurs reprises

Chronogramme de la Transition oblige, en vue de la tenue dans les délais du référendum du 18 juin 2023, quelques dérogations ont été portées à la Loi N2022-019 du 24 juin 2022 portant Loi électorale. Introduites par le gouvernement, elles ont été pour beaucoup déjà ratifiées par le Conseil national de transition, l’organe législatif transitoire.

Le 26 mai 2023, le gouvernement a pris une ordonnance, ratifiée par la suite par le Conseil national de Transition (CNT), portant dérogation à la Loi électorale,  exclusivement pour l’organisation du référendum constitutionnel de 2023.

Cette ordonnance No2023-018/PT-RM autorise l’utilisation de la carte d’électeur biométrique à la place de la carte nationale d’identité biométrique sécurisée. Elle permet en plus aux électeurs, en cas de non disponibilité de la carte d’électeur biométrique, l’utilisation  du passeport, de la carte NINA, de la carte nationale d’identité, de la carte consulaire, du permis de conduire, du livret militaire et du livret de pension civile ou militaire pour accomplir leur devoir civique.

« Vu l’imminence du déroulement du référendum constitutionnel, dont le collège électoral vient d’être convoqué par le décret No 2023-0276/PT-RM du 5 mai 2023 pour le dimanche 18 juin 2023, l’utilisation de cartes nationales d’identité biométriques sécurisées pour le scrutin à venir devient hypothétique et nécessite la prise de mesures alternatives », expliquait le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga dans une correspondance adressée au Président du CNT le 16 mai dernier.

Pour rappel, la Loi No2022-019 du 24 juin 2022 portant Loi électorale avait été déjà modifiée par la Loi No2023-001 du 13 mars 2023 pour, entre autres, remplacer la carte d’électeur biométrique par la carte nationale d’identité biométrique sécurisée comme l’unique document d’identification de l’électeur dans le bureau de vote.

L’Ordonnance du 26 mai rend aussi possible la mise à jour du fichier électoral sur la base de la révision annuelle des listes électorales arrêtée au 31 décembre 2022. Outre ces dérogations, le 7 juin, à l’issue du Conseil des ministres, le gouvernement a décidé d’accorder également le bénéfice du vote par procuration aux personnes qui souhaitent accomplir leur pèlerinage aux lieux saints, la période coïncidant avec la tenue du référendum.

« Le vote par procuration, régi par l’article 116 de la loi électorale, n’autorise pas pour l’instant cette éventualité, d’où la nécessité de déroger aux dispositions de cet article en complément des articles concernés. Le projet d’ordonnance est adopté dans ce cadre. Il autorise les personnes effectuant leur pèlerinage aux Lieux saints à exercer le droit de vote par procuration à l’occasion du scrutin référendaire », explique le communiqué du Conseil des ministres.

Mali- Politique : quelle opposition face à la transition ?

Alors même que la nouvelle Constitution qu’elles veulent faire adopter est contestée par une frange de la classe politique et de la société civile, les autorités de la Transition du Mali, surtout depuis la prise totale du pouvoir par le Colonel Assimi Goïta, ne semblent faire face à aucune opposition majeure. Ni politique, ni sociale et encore moins parlementaire.

Le référendum à venir a mis en exergue plusieurs réalités. Une première étant une « remise sur pied » d’une vieille garde politique qui conteste le projet de nouvelle Constitution. Rassemblée au sein d’un mouvement lancé le 11 juin dernier et qui comprend également des associations hétéroclites (voir Page 3), elle dénonce le référendum. Même si ce mouvement entend mener des actions, rien n’est encore acté, et la contestation dans la rue dans le style Antè A Bana en 2017 ne semble pas être une option. Une deuxième réalité est que le processus lié à la Constitution a suffi à fractionner le Cadre des partis pour un retour à l’ordre constitutionnel, l’un des rares rassemblement qui était présenté comme menant une « Opposition » à la Transition, même s’il a toujours lui-même réfuté ce mot. Déjà fragilisé par l’ADEMA, qui s’est rangée du côté de la transition depuis le changement au niveau de son directoire et les positions à contre-courant de Moussa Mara, il vit sonner son hallali lorsqu’en février les noms d’Amadou Koïta et d’Amadou Haya sont apparus sur la liste des membres de la Commission de finalisation. Koïta et plusieurs autres membres du Cadre ont par la suite appelés à voter Oui. Bien que le M5 Malikura soit opposé à la Constitution et aux « actions » des autorités la Transition, il s’approprie tout de même le terme. « Étant donné que les militaires qui ont pris le pouvoir en août 2020 disent qu’ils sont venus parachever l’œuvre du M5-RFP, nous considérons que c’est donc nous la Transition. C’est nous qui l’avons souhaitée en sollicitant le départ d’IBK », explique Bréhima Sidibé, Secrétaire Général du parti FARE An Ka Wuli et membre de la coalition politique. Selon unanalyste qui a requis l’anonymat, les affaires judiciaires visant des politiques et les ayant poussés à l’exil, le décès en détention de Soumeylou Boubeye Maiga ou encore la grande popularité du Colonel Assimi Goïta contraignent les politiques à la prudence. Sur ce dernier point, il assure que ceux-ci ont leur part de responsabilité. « Des politiques n’ont jamais cessé de critiquer les autorités. Mais les critiques se sont concentrés sur le Premier ministre Choguel Maïga, en ignorant soigneusement les militaires au pouvoir, qui sont pourtant  qui dirigent ».

Pour le Pr Abdoul Sogodogo, Vice-Doyen de la Faculté des Sciences administratives et politiques de Bamako (FSAP), lorsqu’un pays traverse une crise politique comme celle que connaît le Mali, l’opposition politique peut jouer un rôle important dans la résolution de la crise ou, au contraire, l’aggraver en alimentant la polarisation et la violence.

« L’opposition politique peut jouer un rôle essentiel dans la restauration de la démocratie et de l’État de droit. En s’opposant aux auteurs du coup d’État et en exigeant un retour à l’ordre constitutionnel, à l’instar du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR) en 2012. L’opposition peut également aider à garantir que les droits civils et politiques des citoyens soient protégés et défendus ».

Outre les politiques, le pouvoir législatif, le Conseil national de transition (CNT), ne fait non plus pas office de contre-pouvoir à l’Exécutif. Des observateurs regrettent que ses membres n’interpellent pas les autorités de la Transition sur des questions importantes, notamment liées à l’électricité ou la sécurité. Certains conseillers nationaux, comme Adama Ben Diarra ou encore le Dr Amadou Albert Maïga, affichent même clairement leur soutien aux autorités. Finalement, le plus grand bras de fer que mènent les autorités de la transition est contre les groupes armés signataires de l’Accord pour la paix. Les coups de chaud se sont multipliés ces dernières semaines et la médiation internationale semble prêcher dans le désert.  Certains de ces groupes, qui ne se reconnaissent pas dans le projet de nouvelle Constitution, menacent même la tenue du référendum dans les zones sous leur contrôle.

Jeamille Bittar : « Le M5 est un mouvement, pas une formation politique »

Le M5-RFP a célébré ses 3 ans d’existence le 5 juin 2023. Bilan, parcours, poids actuel du mouvement, entre autres, son Porte-parole Jeamille Bittar, répond aux questions du Journal du Mali.

Quel bilan faites-vous de ces 3 ans ?

Le bilan est mitigé, je veux dire qu’il y a du positif comme du négatif. Aujourd’hui, c’est vrai,  la gouvernance n’est pas au top, pas comme nous l’avions souhaité. Mais à ce niveau il faut quand même noter des avancées significatives, notamment pour les réformes politiques et institutionnelles. Notre accession à la Primature a permis l’organisation des ANR. Il y a également le projet de Constitution actuel qui faisait partie de nos 10 points. Aujourd’hui, on peut aussi dire que le premier point qu’on avait évoqué à l’époque, la sécurité, est pris en compte. Tout le monde reconnaît que le Mali est maintenant nanti dans le renforcement sécuritaire. Par rapport à nos forces armées et de sécurité, il y a eu une montée considérable. Mais le fait que certaines organisations se soient muées en adversaires ne nous a pas facilité la tâche. La marmite a souffert entre-temps. L’économie a pris un coup sérieux.

Le changement pour lequel vous vous battiez est-il aujourd’hui une réalité sous la Transition ?

Le changement est un processus continuel. Je disais tantôt qu’il y a eu des améliorations. La lutte contre la corruption s’est intensifiée. Au niveau de la gestion des finances publiques,  il y a eu une nette amélioration par rapport aux dépenses de l’État. Aujourd’hui, l’armée est équipée et les recrutements que nous avons faits prouvent à suffisance qu’il y a de nettes améliorations. Il y a surtout eu un regain de confiance, tant sur le plan national qu’international. Aujourd’hui, le Mali n’est plus à la solde de qui que ce soit.

Le M5 s’est divisé chemin faisant. Cela n’impacte-t-il pas votre poids ?

C’est regrettable. Moi je pars du principe que « quand on commence ensemble, on doit terminer le boulot ensemble ». Vous avez vu que le Président du Comité stratégique, non moins Premier ministre du Mali, a encore lancé un appel à nos camarades qui ont quitté le navire. Ceci étant, la nature ayant horreur du vide, il y a certains qui sont partis, il y a certains qui sont venus. C’est un mouvement, ce n’est pas une formation politique en soi. Mais ils est évident que cela n’a entaché en rien la ferveur et l’engagement de tous ceux qui se battent aujourd’hui pour le Mali.

FIERES : un projet pour l’autonomisation des femmes

Le projet (Filles et éducation résilientes) FIERES est financé par Affaires mondiales Canada pour une durée de 5 ans (2022-2027). D’un montant de plus de 5 milliards de FCFA, il vise à accroître l’autonomisation des femmes à travers l’éducation.

Depuis 2012, la crise a accru la vulnérabilité des filles plus exposées aux violences basées sur le genre qui les empêchent de jouir de leurs droits à l’éducation. Ces maux sont entre autres le déplacement interne, la pauvreté, la violence .

Né dans ce contexte, le projet FIERES est géré par le consortium constitué de la Fondation Paul Gerin La Joie et le Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), en partenariat avec 6 ONG locales, ayant des expertises techniques avérées dans les régions d’intervention

Le but ultime du projet est  la prise en compte de l’autonomisation  de 20 442 filles, adolescentes, femmes, ( 13 942 de 8 à 24 ans ; 6 500 de 24 à 60 ans) notamment celles dans des conditions de grande vulnérabilité, comme les déscolarisées, les nomades, déplacées ou ayant vécu des grossesses précoces dans les régions de San, Mopti et Tombouctou. Le projet visera notamment à accroître l’accès à l’éducation pour les filles et adolescentes à une éducation ou un apprentissage de niveau fondamental 1 et 2, améliorer les conditions d’apprentissage et renforcer la participation des filles et des adolescentes dans les processus décisionnels dans les lieux d’apprentissage, les communautés, les lieux de travail.

Cette autonomisation par l’éducation permettra à ces femmes d’être plus résilientes et à devenir des actrices du changement positif au sein de leurs communautés, selon les responsables du projet.

Le nombre total d’écoles fermées dans les zones concernées s’élève à 1 752 sur un total de 9 021 selon un rapport cluster éducation de janvier 2023.

Le nombre total d’écoles fermées représente 19% . Le nombre d’enfants affectés par ces fermetures est de 525 600, le nombre d’enseignants concerné de plus de 10 000. Ces facteurs s’ajoutent à d’autres socio culturels peu favorables à l’éducation et au maintien des filles à l’école.

Le projet veut apporter une amélioration substantielle de 3% par an à la scolarisation des filles soit un objectif de 15% à la fin de projet. Celles qui n’ont pas l’âge scolaire auront accès à des alternatives et des apprentissages adaptés pour les former de façon professionnelle.

Le second objectif phare du projet est de faire des filles, adolescentes, femmes des actrices du développement et de changement de leur milieu de vie.

Le projet interviendra dans 70 écoles des trois zones concernées, 25 465 cibles seront touchées, dont 50,6% sont des adolescentes. L’inscription directe touchera 3 420 dont 45% de filles, les adolescentes bénéficiaires d’alternatives éducatives seront 2 000 dont 1 200 filles de 9 à 14 ans. 765 femmes et filles bénéficieront de formation professionnelle qualifiantes, ainsi que des accompagnements. Et 6 500 femmes seront sensibilisées sur les droits des femmes et enfants. Le programme touchera aussi du personnel administratif et scolaire et des femmes mentors.

Dramane Diarra : « nous voulons contraindre les autorités à surseoir au référendum »

Dans leur volonté d’empêcher la tenue du référendum, les associations de magistrats AMPP et REFSYMA entendent « user de tous les moyens légaux » pour que le scrutin ne se tienne pas. À cet effet, elles ont adressé une lettre à la CEDEAO le 26 mai. Jusqu’où iront-elles ? Entretien avec Dramane Diarra, magistrat, expert électoral, membre des associations susmentionnées et de la coalition Appel du 20 février.

Pourquoi avoir envoyé une lettre à la CEDEAO ?

C’est devant elle que tous les engagements ont été pris par les autorités de la Transition. Et c’est derrière la CEDEAO que s’aligne toute la communauté internationale. Qui mieux qu’elle pour recevoir une correspondance ayant trait justement au retour à l’ordre constitutionnel ? Tout le processus pour l’organisation du referendum est illégal et, la date est intenable à cause de l’impréparation totale des autorités de la Transition : pas de cartes biométriques, pas de fichier électoral, pas de démembrements de l’AIGE prêts. Donc c’est une parodie d’opération référendaire qui est projetée. Il nous revenait de porter cela à l’attention de la CEDEAO et de toute autre partie intéressée.

Qu’attendez-vous de la CEDEAO, qui est loin de faire l’unanimité chez les Maliens ?

Nous comptons sur nous-mêmes pour contraindre les autorités à surseoir à la tenue de ce référendum inconstitutionnel. Mais la CEDEAO à son mot à dire. Avec ce forcing pour faire ce référendum, c’est le respect de la date de fin de la Transition qui est menacé, car il ne nous reste que 8 mois environ pour organiser au moins une élection présidentielle transparente et crédible. Ce n’est pas acquis avec le temps restant et le niveau d’impréparation affiché. Cela interpelle la CEDEAO et toute la communauté internationale. Mieux, nous avons déjà déposé des recours au niveau de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême pour l’annulation de ces opérations. La CEDEAO est aussi informée de ces procédures.

Depuis quelque temps, vous utilisez plusieurs moyens pour que le référendum ne se tienne pas. Jusqu’où ira votre détermination ?

Nous usons de tous les moyens légaux pour que l’illégalité et le mensonge qui ont abattu ce pays ne continuent pas au risque de l’ensevelir. Il mérite mieux. Dieu merci, les Maliens ont compris la vérité. Mais, puisque les autorités s’entêtent dans ces manœuvres, nous avons eu recours à des procédures judiciaires à ce stade. D’autres  suivront. C’est une question d’étapes et d’opportunités. Et toutes ces procédures sont bien fondées. Il revient à chacun, où qu’il soit, de prendre toutes ses responsabilités afin que le pays ne sombre pas de ce fait.

Ras Bath : le chroniqueur porte plainte contre le procureur Idrissa Touré

En détention provisoire à la prison centrale de Bamako, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath porte plainte auprès du Procureur général près de la Cour d’Appel de Bamako contre le Procureur de la commune IV, Idrissa Hamidou Touré, en protestation de son arrestation.

La plainte de Ras Bath contre, ldrissa Hamidou Touré, Procureur de la République du tribunal de grande instance de la commune IV et toutes autres personnes que l’enquête découvrira date du 29 mai dernier.  Il accuse le Procureur de la commune IV de «forfaiture, de simulation d’infraction, arrestation illégale et séquestration ». Le chroniqueur et ses conseillers protestent contre les chefs d’accusations que le procureur de la commune IV a retenu contre lui.

Le plaignant estime que le procureur s’est servi de sa fonction de procureur pour l’arrêter de façon illégale pour une infraction qu’il n’a jamais commise.  « Ce qui rend mon arrestation illégale et transforme ma détention en séquestration, faits prévus et réprimés par l’article 237 du Code Pénal », souligne Ras Bath.  Tout en protestant contre la « simulation d’infraction » utilisée pour l’arrêter.

Pour, l’Avocat, Me Mahamadou Camara, cette plainte pose un problème de fond. Car ayant un conseil d’avocats pour sa défense, la plainte est signée de lui. Alors que le plaignant est déjà sous le coup d’un mandat de dépôt, avec des faits bien définis. Selon Me Camara, en accusant le Procureur des mêmes faits qui lui sont reprochés, Mohamed Bathily, excelle plus dans la communication, afin d’attirer l’opinion nationale et internationale sur son incarcération.

Me Camara rappele qu’il sera difficile que cette plainte aboutisse, pour la simple raison qu’un procureur dans l’exercice de sa fonction ne peut faire l’objet de poursuite judiciaire.

Pour rappel, le 11 mars dernier,Ras Bath déclarait lors de la troisième conférence nationale du parti ASMA-CFP que l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a été assassiné. Ces propos lui ont valu d’être interpellé par le procureur de la République de la Commune IV le 13 mars 2023, puis placé sous mandat de dépôt pour « simulation d’infraction ». Après son audition, le mercredi 29 mars dernier, il est également poursuivi pour « association de malfaiteurs, atteinte au crédit de l’Etat pris dans sa gouvernance judiciaire et politique ». Des poursuites passibles d’une peine allant à une dizaine d’années d’emprisonnement ferme.

Enlèvements : comment se déroulent les négociations ?

Qu’ils soient Occidentaux ou Africains, les otages des groupes terroristes au Sahel sont rarement libérés sans contreparties. Avant d’aboutir aux libérations, des négociations sont menées. Parfois longues et à rebondissements, elles sont conduites dans une grande discrétion.

Dès la prise d’otages, une première revendication est généralement faite par le groupe qui détient les captifs. « Une  vidéo dans laquelle l’otage s’exprime et qui fait en même temps office de preuve de vie », explique une source proche des négociations avec le JNIM.

À l’en croire, à partir de ce moment, le pays d’où est originaire l’otage cherche un médiateur. Ce dernier se dirige ensuite vers les ravisseurs. « Cela peut être aussi des coups de téléphone, mais c’est plutôt rare, parce que tout le monde écoute tout le monde dans la zone », nous glisse-t-elle.

Les ravisseurs posent ensuite leurs conditions au médiateur, qui  rend compte à son tour à un représentant des pays concernés ou à un diplomate. Les services de renseignement de certains pays sont généralement impliqués, selon notre source.

Le médiateur repart à nouveau vers les ravisseurs, avec une réponse qui est souvent la demande d’une preuve de vie particulière des otages, à travers des questions intimes auxquelles seuls ces derniers peuvent répondre. « Par exemple, la date de son mariage, ou celle de la naissance de son premier fils ». Il revient vers ses employeurs avec les réponses et repart avec de nouvelles questions.

« Cela peut prendre des semaines, voire des mois. Généralement ça bloque sur deux choses. Le montant, parce qu’il n’y a pas de prix fixe. On fait monter les enchères. Ensuite, comme preuve de bonne foi, on peut amener des médicaments à l’otage jusqu’à sa libération ».

Une fois que les deux parties tombent d’accord, le processus de libération est enclenché. Un dispositif de sécurité est mis en place pour s’assurer que toutes les conditions sont réunies. Selon notre interlocuteur, tout est calibré. « Les djihadistes ont le temps de compter l’argent et de se mettre en sécurité et l’otage repart avec le médiateur ou l’intermédiaire ».

Dans la plupart des cas, les otages sont très peu tenus au courant de l’évolution des négociations. Olivier Dubois, otage français libéré des mains du JNIM en mars dernier après près de 2 ans de captivité, assurait dans la longue interview qu’il nous a accordée ensuite qu’il était maintenu dans le flou.

« Seul moment où je comprends qu’il y a des négociations, c’est en novembre 2021. Parce qu’ils viennent me voir pour tourner une vidéo preuve de vie. On me dit qu’ils sont en train de discuter avec les Français et que ces derniers demandent cette vidéo. Mais je n’étais pas tenu au courant de ce qui se passait ».

JNIM : le lucratif business des enlèvements

Même s’il n’en détient pas le monopole, le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) a érigé au fil des années les enlèvements au Sahel en modus operandi. Depuis que sa rivalité s’est accentuée, à partir de février 2020, avec l’EIGS (État islamique au grand Sahara), le groupe d’Iyad Ag Ghaly a multiplié les rapts. Expatriés européens, nationaux de divers profils, la liste des otages passés, ou qui sont encore dans les mains du JNIM au Mali, est longue. Que tire ce groupe terroriste de ces enlèvements ?

Officiellement, pour la libération le 20 mars 2023 de l’ex-dernier otage français dans le monde, Olivier Dubois, détenu pendant près de deux ans par le JNIM, et de l’humanitaire américain Jeffrey Woodke, enlevé au Niger en 2016, les autorités françaises et américaines sont catégoriques : aucune rançon n’a été versée et aucune libération de prisonniers n’a servi de monnaie d’échange.

Mais difficile de s’en tenir à ces versions quand on sait que dans la plupart des enlèvements d’Occidentaux en Afrique, la libération n’intervient qu’après des paiements de rançons et/ou la remise en liberté de terroristes prisonniers. À en croire certaines sources issues du renseignement malien et relayées par des médias locaux, au moins quelques millions d’euros auraient été versés pour obtenir la libération des deux ex-otages.

L’ancien Président François Hollande reconnaissait en 2016  que des rançons avaient été payées pour certains Français retenus en captivité, en l’occurrence les journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier, enlevés en Afghanistan en 2009 et libérés en 2011, et  Florence Aubenas, enlevée en 2005 en Irak puis libérée quelques mois après.

Comme pour Olivier Dubois, près de 3 ans plus tôt, Paris a toujours démenti avoir payé, en plus d’échange de prisonniers,  pour la libération de Sophie Pétronin, autre otage française longtemps détenue au Mali et libérée en octobre 2020 en même temps que l’ancien Chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé et 2 Italiens, Nicola Chiacchio et Pier Luigi Maccalli.

Dans la foulée, sur RFI, Ahmada Ag Bibi, ancien membre d’un groupe djihadiste qui sert quelquefois d’intermédiaire lors des négociations, affirmait que 2 millions d’euros avaient été versés comme rançon au JNIM  pour l’ancien Président de l’URD, décédé depuis.

De l’argent et des concessions

La manne financière que le JNIM et les groupes terroristes tirent des enlèvements est très importante. Une source spécialiste de ces mouvements djihadistes l’estime à « 40 à 50 milliards de francs CFA perçus de 2003 à aujourd’hui ». « La prise d’otages européens  a fait des djihadistes au Sahel des milliardaires en francs CFA, cela ne fait aucun doute », avance cette source, qui a requis l’anonymat. De son point de vue, c’est d’ailleurs pour cette raison que les Occidentaux, et plus particulièrement les Européens, sont les cibles privilégiées du JNIM, parce que les pays d’où ces derniers sont originaires entament vite des négociations pour obtenir leur libération.

« Lorsqu’ils prennent des Européens et des Africains, ils libèrent plus rapidement les Africains pour deux raisons. D’abord, parce que ces derniers n’ont pas de valeur marchande, leurs États n’ont pas d’argent pour payer. Ensuite parce qu’ils font attention à ne pas enlever des locaux dans les zones qu’ils occupent. Cela pourrait amener des relations difficiles entre eux et les autochtones », explique notre source.

En dehors de l’argent qu’il perçoit à travers les rapts, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al Qaeda, tire d’autres avantages. « Les enlèvements rapportent soit de l’argent, soit une occasion de négocier pour aboutir à des concessions ou obtenir des accords. Souvent, ils enlèvent des chefs de villages pour faire un forcing afin d’obtenir un accord local ou un avantage quelconque », affirme un ex-otage malien.

« Dans le centre du Mali, quand le JNIM enlève des personnalités locales, politiques ou influentes dans un village ou dans une ville, il négocie des concessions qui peuvent être endogènes. Si, par exemple, on les empêche de se ravitailler en carburant dans un village qui fait de l’autodéfense, s’ils y enlèvent quelqu’un ils poussent les pions pour qu’on leur ouvre la route, qu’ils puissent quelquefois venir à la foire se ravitailler en denrées, acheter des engins ou vendre leur bétail », confie celui qui a passé deux mois au centre du Mali en 2018 dans les mains d’un groupe affilié au JNIM.

Selon lui, d’autres profils en dehors des Occidentaux intéressent le groupe dirigé par Iyad Ag Ghaly. Administrateurs civils, militaires, politiques ou encore journalistes, « dès  qu’ils jugent pouvoir tirer contrepartie d’une cible, ils n’hésitent pas ». Dans plusieurs cas, les libérations d’otages interviennent aussi après celle de prisonniers, de certaines voies ou encore l’obtention d’une garantie de non coopération avec l’armée de la part des populations.

Manque de ressources ?

C’est inédit. Quatre vidéos de revendication d’otages enregistrées et diffusées sur les réseaux sociaux en l’espace de quelques jours (entre le 28 et le 30 mai 2023). Jamais le JNIM n’avait autant « exhibé » ses captifs dans un délai aussi court. Comme à l’accoutumée dans ce genre de vidéos, le message de fond reste le même. Les otages, 1 Sud-africain et 3 Maliens, appellent les autorités de leurs pays et leurs familles à négocier leur libération.

Dans deux vidéos enregistrées le 26 mai et diffusées deux jours plus tard, le Sud-africain Gert Jacobus van Deventer, 48 ans, demande d’urgence de l’aide ou toute forme d’assistance pour faciliter ou activer toute action qui puisse conduire à sa libération.

Pour sa part Abdou Maïga, ancien député, et proche du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga selon certaines sources, appelle également le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, et le Chef du gouvernement à tout faire pour négocier sa libération, affirmant souffrir de glaucome, de diabète et de tension.

« J’ai été arrêté par les djihadistes le 18 mars 2023 entre Koala et Nara et actuellement je suis en vie. J’étais blessé le jour où l’on m’a arrêté. Actuellement, je suis en bonne santé. Je veux que le gouvernement m’aide pour que je rentre à la maison », implore de son côté, dans une autre vidéo enregistrée le 28 mai, le Caporal Oumar Diakité, élément du 34ème Bataillon du Génie militaire.

Tout comme lui, le même jour, Abdoulaye Kanté, garde forestier enlevé fin mars dans un poste à Kita, demande dans une autre vidéo de l’aide des autorités, à ses collègues et à sa famille pour recouvrer la liberté.

La nouvelle méthode employée par le JNIM, d’autant plus avec des otages relativement peu connus, suscite des interrogations. Le groupe est-il en manque de ressources financières et est-il en train d’activer des leviers de négociations pour le combler ? Est-il en train d’expérimenter une nouvelle stratégie ? Pour l’analyste sécuritaire, spécialiste des groupes djihadistes du centre et du nord du Mali, Yida Diall, la réponse à ces deux interrogations est négative.

« Pour moi, ces vidéos ne sont  pas pour chercher de l’argent, parce que en général les otages africains ne sont pas susceptibles de faire gagner beaucoup aux terroristes. Je pense qu’ils sont en train de le faire pour un autre motif, un échange de prisonniers. Ces derniers mois, ils ont eu certains lieutenants importants arrêtés, certains, pendant que Barkhane était encore là et d’autres avec la montée en puissance de l’armée ».

Quelques otages occidentaux, dont la « valeur marchande » est réputée plus grande, sont toujours aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Parmi eux, entre autres, le quadragénaire roumain Iulian Ghergut, enlevé en avril 2015 au Burkina Faso puis transféré vers le Mali, et trois Italiens, Rocco Antonio Langone et Maria Donata Caivano, 64 et 62 ans, et leur fils Giovanni, 43 ans, capturés au Mali  le 19 mai 2022.

Abdramane Niama Togora : « L’arrêt n’a pas beaucoup impacté le monde humanitaire »

Il y a maintenant plus de six mois que l’aide publique française au développement a été suspendue au Mali. Cela a-t-il eu un impact sur le monde humanitaire ? Abdramane Niama Togora, Coordinateur national des sites de déplacés internes à la Direction nationale du Développement social répond à nos questions.                                                   

Quel est votre constat sur le fonctionnement des ONG humanitaires qui bénéficiaient de l’appui de la France depuis l’arrêt des financements de l’AFD au Mali ?

Suite à l’arrêt des activités des ONG qui opéraient sur financement français, nous avons tout de suite fait une évaluation et il s’est avéré qu’il y en avait à l’époque une vingtaine. Mais très peu opéraient dans le monde humanitaire, dans lequel nous évoluons. Il y avait des programmes dont les sources de financement étaient variées, donc, du coup nous n’avons pas constaté d’arrêt d’ONG qui avaient un financement français. D’autres partenaires financiers se sont proposés pour soutenir celles qui opéraient dans le monde humanitaire.

Quelle a été votre stratégie pour éviter tout impact ?

Après la décision, on a tenu une réunion rapidement avec OCHA, le Bureau de  coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Mali pour évaluer l’impact que cela pouvait avoir. Il s’est trouvé qu’il y avait très peu d’impact. Nous évoluons dans un système de clusters, c’est-à-dire si un acteur se trouve dans l’incapacité de soutenir une population malgré ses engagements, un autre acteur  peut se positionner pour combler le vide. C’est avec ce système qu’on a vraiment pu soutenir les populations qui étaient dans le besoin suite à l’arrêt des financements français.

Quelles sont les ONG qui bénéficiaient de ces financements ?

Les financements étaient surtout orientés vers des ONG qui étaient là généralement pour soutenir les collectivités dans les actions de développement, comme la réalisation d’infrastructures communautaires ou des activités sociales.

Quel sont les rapports actuels entre l’État et les ONG ?

Ces ONG continuent d’évoluer. Récemment, on a une réunion de coordination autour des sites de Bamako, où il y a beaucoup d’ONG qui ont des staffs français et qui ont leur siège social en France. Mais ce n’est pas un problème, parce que les ONG sont là pour soutenir le gouvernement dans la protection générale de sa population. Il n’y a pas de rapport ambigu. Ces ONG continuent d’évoluer normalement, même si certaines ont quand même dû libérer un certain nombre de personnes parce qu’à leur niveau le recrutement est lié à des financements.

Coupures d’électricité : Un problème sans solutions ?

Malgré la mobilisation tous azimuts des autorités actuelles et anciennes pour redynamiser Énergie du Mali SA (EDM SA), la société publique de fourniture d’électricité ne réussit toujours pas à répondre efficacement à la demande en courant du pays. Entretenant une crise énergétique de longue durée dont l’issue est incertaine.

Devant les caméras de la télévision nationale le vendredi 19 mai 2023, le ministre des Mines, de l’énergie et de l’eau, Lamine Seydou Traoré, a fait son mea-culpa. « Je voudrais présenter les excuses d’EDM aux Maliens pour le désagrément subi par rapport aux perturbations dans la fourniture du service public de l’électricité. Sans vouloir nous dédouaner, il est important d’expliquer à nos populations les contraintes, malgré tous les efforts qui ont été consentis par le gouvernement ».

Son intervention était attendue, mais elle n’a vraiment pas rassuré, si l’on se réfère à la quarantaine de réactions suite à sa publication sur la page Facebook du ministère. « Après toutes les coupures d’électricité, on s’attendait à une suite favorable », commente un internaute. Elle n’a pas non plus permis de faire baisser les plaintes, qui continuent de s’intensifier sur les réseaux sociaux, contre EDM. D’autant que, selon le ministre, « depuis 2020, le secteur de l’Énergie avait un certain nombre de défis, qui n’ont pas changé à la date d’aujourd’hui ». Il s’agit d’une forte croissance de la demande, d’une insuffisance de la production qui a occasionné une dépendance du Mali vis à vis de pays étrangers dans la fourniture de l’électricité et de difficultés à financer la société EDM SA. Ce qui a comme conséquences des coupures de courant allant « jusqu’à 12h par jour » et qui occasionnent de multiples arrêts de travail et des « décès dans certains hôpitaux ». Cela bien que la subvention de l’État à l’EDM soit passée de 30 à 45 milliards de francs CFA, et que le Mali ait bénéficié en mars dernier d’un prêt de 45 milliards de francs CFA de la part de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

Mobilisés

La situation se dégrade et les solutions tardent à venir. Au plus haut sommet de l’État, la question énergétique tourmente. En février dernier, trois ministres, Abdoulaye Maïga, Alousséni Sanou et Lamine Seydou Traoré ont été mobilisés par le gouvernement lors du Salon des Investisseurs pour l’Énergie au Mali (SIEMA 2023), dans l’optique de plaider auprès des partenaires pour débloquer près de 600 milliards de francs CFA pour financer le Plan de Développement du sous-secteur de l’Électricité sur la période 2022 – 2026.

L’activité de deux jours, qui a réuni plus de 200 participants, n’a finalement réussi à récolter que 50 milliards. C’est dire les difficultés qu’ont les autorités du Mali à rassembler des fonds pour le secteur de l’Énergie. Pourtant, depuis 2006 le pays a adopté une Politique énergétique nationale dont l’objectif est de « contribuer au développement durable du pays à travers la fourniture de services énergétiques accessibles au plus grand nombre de la population au moindre coût et favorisant la promotion des activités socio-économiques ». Cela a eu comme impact l’accroissement de l’accès à l’électricité au Mali. Le taux d’électrification étant passé de 14% en 2004 à environ 54% en 2021, avec toutefois des disparités entre les milieux urbains et les zones rurales, où l’accès au courant reste encore très limité (environ 25% en 2021).

D’autres plans stratégiques et sectoriels sont également en cours d’adoption, selon le gouvernement. Il s’agit du Plan directeur de production à moindre coût, du Plan directeur transport-distribution de la ville de Bamako et de ses environs, ainsi que du Plan directeur des investissements optimaux 2016 – 2035 (estimé à plus de 300 milliards de francs CFA) et du Plan directeur d’électrification rurale (42 milliards). S’y ajoute l’actuel Plan de développement du sous-secteur de l’électricité sur la période 2022 – 2026 qui a été adopté le 30 mars 2022 en Conseil des ministres. Estimé à plus de 2000 milliards de francs CFA, ce projet œuvre à améliorer le mix énergétique afin de sortir le Mali de la dépendance au thermique, qui constitue plus de 50% du parc de production d’EDM.

Difficultés

Malgré tous ces plans d’investissement, le secteur de l’électricité reste confronté à des difficultés qui compromettent la pérennisation de ses acquis et son développement. Il s’agit plus particulièrement des difficultés d’investissement dans les installations de production, de transport et de distribution d’EDM. La société, endettée et déficitaire, n’arrive pas non plus à s’autofinancer. « Si l’on soustrait le coût des achats de combustibles et d’énergie du prix auquel l’énergie est vendue par EDM, l’entreprise se retrouve déficitaire. Son coût de production d’énergie se situe entre 140 et 160 francs CFA le kWh, alors qu’elle le vend aux populations 90 francs CFA en moyenne », a expliqué le ministre en charge de l’Énergie.

Au nombre des difficultés de l’entreprise publique de fourniture d’électricité, une forte dépendance à la production thermique, qui représente plus de 50% de la production générale. Rien que sur la période 2015 – 2021, EDM-SA a acheté 855 millions de litres de combustibles pour près de 570 milliards de francs CFA. En 2022, a renchéri le chef du département de l’Énergie, EDM SA a dépensé dans les achats de carburants 193 milliards de francs CFA pour un chiffre d’affaire de 200 milliards. Une situation qui pénalise fortement la société, d’autant plus que depuis le début de la crise russo-ukrainienne, le prix du carburant a nettement augmentéé. De 400 à 500 francs en 2021, il est passé à plus de 800 francs CFA en 2022.

Mix énergétique

« EDM-SA, tout comme ses clients, doit être engagée dans des actions d’économie d’énergie et d’accélération de pénétration de l’énergie solaire. La stratégie de communication d’EDM-SA doit évoluer à cet effet et le ministère devra fixer les objectifs et résultats à atteindre pour minimiser les impacts de la forte demande d’électricité en période de chaleur, encouragée par les changements climatiques », recommande Bagui Diarra. Selon ce spécialiste des questions énergétiques, les moyens essentiels pour garantir un bon approvisionnement en électricité au Mali se résument à la maîtrise de la consommation d’électricité et à l’efficacité énergétique au niveau de la demande, ainsi qu’à l’intensification de l’autoproduction ou de la production décentralisée à partir de l’intensification de l’énergie solaire photovoltaïque. « En outre, l’État doit soutenir les investissements de production d’électricité à partir notamment des énergies renouvelables, avec des garanties concrètes du gouvernement et un partage approprié des risques », explique-t-il.

Les énergies renouvelables, prisées par les États pour des raisons environnementales et financières, sont des alternatives dont les autorités entendent user pour réussir leur projet de mix énergétique et pallier les difficultés d’EDM. « Elles constituent une solution durable pour l’accès universel aux services énergétiques modernes et l’atteinte des Objectifs de Développement Durable du Mali à l’horizon 2030. Leur utilisation à grande échelle est placée au centre des politiques et stratégies nationales, mais aussi régionales et internationales auxquelles notre pays adhère, pour, d’une part, maintenir un cadre de vie durable et, d’autre part, renforcer particulièrement l’accès à l’énergie pour soutenir la croissance économique et le développement social », expliquait en février dernier le Porte-parole du gouvernement, le ministre Abdoulaye Maïga, lors du SIEMA 2023. En outre, a indiqué vendredi dernier le ministre en charge de l’Énergie, avec « ses nouveaux partenaires » le Mali travaille à trouver une issue aux difficultés créées par la crise énergétique. De quoi espérer une solution définitive ? Difficile de répondre par l’affirmative, tant l’intervention du ministre Lamine Seydou Traoré ressemble plus à un aveu qu’à une annonce de solution. « Le gouvernement a tout fait, tout mis en œuvre, pour que cette année les Maliens puissent dire que la fourniture de l’électricité avait connu une nette amélioration. Mais comme on le dit, l’homme propose, Dieu dispose », a-t-il dit sur les antennes de l’ORTM.

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Sécurité alimentaire: le PAM vient en aide aux personnes déplacées internes à Sénou

Afin de leur porter une assistance alimentaire et nutritionnelle d’urgence, le Programme alimentaire mondial (PAM) au Mali, avec le soutien financier du gouvernement du Brésil et en collaboration avec la Direction nationale du développement social  et l’ONG G-Force,  a procédé lundi 22 mai 2023 à une distribution de vivres à 305 ménages de personnes déplacées internes à Sénou dans la région de Koulikoro.

Au total, 2208 personnes déplacées internes sur le site de Sénou bénéficient de cette distribution de vivres à travers un système de carte électronique, chaque ménage bénéficiaire ayant reçu un bon d’achat de 42.000FCFA qu’il va échanger contre les vivres de son choix auprès des commerçants locaux contractés par le PAM pour les desservir sur le site d’accueil.

Ces vivres acquis grâce à la contribution financière du Brésil à hauteur de 80.000 dollars américains,  sont constitués de sacs de riz, de mil, de sucre, de bidons d’huile, de cartons de pâtes alimentaires, de lait en poudre et de savons.

En guise de remise symbolique, cinq femmes représentant leurs ménages ont reçu leurs cartes d’achat électronique des mains de différentes personnalités présentes à la cérémonie en l’occurrence, entre autres, l’Ambassadeur du Brésil au Mali, et le Directeur pays du PAM.

Les bénéficiaires, à travers leurs représentants, ont témoigné du soulagement que leur apporte cette distribution de vivres à leur endroit et remercié l’ensemble des initiateurs, la Direction nationale du développement social, le PAM et le gouvernement du Brésil.

« Je m’incline devant votre courage et votre résilience, en souhaitant que la situation redevienne à la normale pour que vous retrouviez votre famille et puissiez reprendre une vie normale dans laquelle vous sortirez de l’assistance d’urgence à des activités de renforcement de vos capacités de résilience face aux chocs et d’augmentation de vos moyens d’existence », a indiqué Eric Perdison, Directeur pays du PAM au Mali

« Je voudrais réitérer l’engagement du PAM a rester aux côtés du Mali et à multiplier les efforts pour appuyer le Gouvernement malien dans la recherche de moyens et de solutions durables pour répondre aux besoins alimentaires et nutritionnels des communautés affectées en vue de l’atteinte de l’objectif « Faim Zéro», a-t-il assuré.

Depuis avril dernier, le PAM et ses partenaires apportent une assistance alimentaire d’urgence à 650,000 personnes à travers le Mali, en soutien aux efforts du gouvernement de soulager les populations vulnérables, au nord, au centre et au sud-ouest du pays.

Coton : le Mali veut retrouver sa première place

Après une mauvaise campagne 2022-2023, le Mali a perdu sa première place de producteur de coton au profit du Bénin. Avec 389 700 tonnes produites, il est même troisième, derrière le Burkina Faso. Mais pour la campagne à venir et les prochaines, les acteurs de la filière ont de grandes ambitions.

Ces dernières années, la production cotonnière du Mali ressemble aux montagnes russes. De 700 000 tonnes en 2019, le Mali a chuté l’année suivante à 147 000 tonnes. Une campagne catastrophique et un mauvais souvenir que beaucoup d’acteurs ne souhaitaient plus revivre. Après la reprise en main en 2021, avec un chiffre record de 777 120 tonnes et une prévision de 820 000 tonnes, l’euphorie est retombée face à la réalité du terrain. En début de campagne de la saison 2022-2023, du fait de la hausse des prix des intrants, la filière coton a dû revoir ses ambitions à la baisse et viser l’objectif de 780 000 tonnes. La valeur des intrants placés était de 68,84 milliards de francs CFA contre 86,23 milliards en 2021. En sus, les livraisons ont accusé du retard, ce dont les différents protagonistes se sont accusés, alors que le niveau de production baissait ostensiblement. La production réalisée sera de 389 700 tonnes contre 777 120 en 2021, soit une baisse de 50% due en partie à l’abandon d’environ 150 000 hectares par les producteurs à cause de la pullulation des jassides, repérés pour la première fois au Mali, selon le ministère de l’Agriculture. Il faut y ajouter l’inondation de certaines parcelles, au bord de certains cours d’eau et dans les bas-fonds. Conséquence, le Mali a perdu sa première place au profit du Bénin, qui a enregistré une production de 587 656 tonnes. Le Burkina Faso se classe à la deuxième place avec 411 969 tonnes.

La CMDT place la nouvelle campagne sous le signe du redressement de la production cotonnière, avec un seul objectif, retrouver la place de leader du continent. La production nationale pour la campagne 2023 est estimée à 780 000 tonnes de coton graine, alors qu’au Bénin elle est projetée à 768 000 tonnes. Pour cela, la CMDT espère « un approvisionnement correct des producteurs en engrais ainsi qu’en produits anti-jassides ainsi qu’une bonne pluviométrie ». Alors que la nouvelle campagne devrait démarrer ce mois-ci, les projections pour les prochaines sont déjà connues. Elles sont de 860 000 tonnes pour 2024 et de 910 000 tonnes en 2025. Toutefois, elles peuvent se heurter à l’insécurité et l’augmentation des prix des intrants agricoles avec la guerre en Ukraine. Le coton est avec l’or la principale source de devises du Mali.

Forum de Bamako : développement local, paix et sécurité au cœur de la 23ème édition

C’est un rendez-vous devenu important au fil des années pour mener des réflexions et proposer des solutions dans plusieurs secteurs d’activités au Mali et en Afrique. La 23ème édition du forum de Bamako s’est ouverte jeudi 18 mai dans la capitale malienne, réunissant  pendant 3 jours, comme chaque année depuis son institution, d’importantes personnalités autour de différents panels.

« Développement local comme facteur de paix et de sécurité ». C’est le thème retenu pour cette 23ème édition du Forum de Bamako, dont l’ouverture des travaux s’est déroulée à l’Hôtel Azalai en présence de nombreuses personnalités.

« Le développement local signifie donner aux citoyens la possibilité de maitriser leur propre développement en apportant des solutions partagées à des problèmes existentiels concrets. Il n’est plus question de dire à nos populations dans nos contrées éloignées : Je vous développe, cela ne vous regarde pas ! », a souligné Abdullah Coulibaly, Président de la Fondation Forum de Bamako dans son allocution d’ouverture.

« Ce développement autocentré s’appuie tout normalement sur un dialogue permanent entre toutes les composantes de nos sociétés. Agriculteurs, pécheurs, éleveurs, jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, tous unis, mobilisés dans un même élan, animés par une volonté commune de vivre en commun », a-t-il poursuivi.

Dans sa conférence inaugurale, Pr. Alioune Sall, Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains, est longuement revenu sur le concept, expliquant ses contours et en mettant en exergue son importance et sa place primordiale dans une bonne gouvernance des Etats.

Programme diversifié

Au menu des échanges pendant les 72h de durée du forum, différents thèmes en lien avec le développement local, seront abordés à travers 8 panels de haut de niveau.

Deux de ces panels, respectivement sur l’ « Aménagement du territoire, de la gouvernance territoriale et du développement local en Afrique : sens, enjeux et défis » et « Dividende démographique, croissance urbaine et dynamiques socio-spatiales des territoires » se sont tenus le premier jour du forum.

La « Disponibilité des services sociaux de base et du capital humain », les  « Enjeux et défis de l’accès à la santé », l’ « Intégration de la dimension genre dans le processus de développement local » et les  « Projets structurants et innovants et leurs impacts sur le développement régional et local », seront au cœur des échanges le 19 mai.

Deux autres panels prévus le 20 mai, dernier jour du forum, sur  les Approches  « sécuritaire, prévention et de paix et  « gouvernance territoriale et locale » clôtureront les échanges du forum avant leur synthèse suivie d’une  présentation des recommandations et propositions  à l’adresse des autorités de transition.

D’ores et déjà, M. Youba Ba, Ministre de l’élevage, représentant le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, a assuré  que le gouvernement ne ménagerait aucun effort dans la prise en compte des recommandations qui seront issus des échanges du forum.

Axé sur les enjeux du développement de l’Afrique, le Forum de Bamako est un lieu et un temps d’échange d’idées et de dialogue où se rencontrent depuis 23 ans, chefs d’entreprise, hommes et femmes politiques, décideurs publics, universitaires, experts, représentants de la société civile et des médias, du continent africain et des autres continents. Il a pour ambition de favoriser le métissage de connaissances et le partage des savoirs dans une approche participative.

Trachome : le Mali a éliminé la maladie selon l’OMS

L’organisation mondiale de la santé a annoncé l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique au Mali et au Bénin. Le trachome devient ainsi la première maladie tropicale négligée à être éliminée au Mali. 

Le trachome est une infection oculaire bactérienne due à la bactérie nommée Chlamydia trachomatis. L’infection se transmet d’une personne à une autre par l’intermédiaire des doigts, des objets ou des mouches contaminés ayant été en contact avec des écoulements provenant des yeux ou du nez d’une personne infectée. Car les facteurs de transmissions du trachome comprennent une mauvaise hygiène, la promiscuité, un accès insuffisant à l’eau et à des installations sanitaires appropriées.  Non traité, le trachome peut provoquer une cécité irréversible.

Selon l’OMS, en Afrique, le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique contre le trachome a diminué de 84 millions, passant de 189 millions en 2014 à 105 millions en juin 2022, ce qui représente 84% du fardeau mondial du trachome. La maladie se rencontre principalement dans les zones les plus pauvres et les plus rurales d’Afrique, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, du Pacifique occidental et du Moyen-Orient.

Au niveau mondial, le Bénin et le Mali rejoignent ainsi 15 autres pays qui ont été validés par l’OMS pour avoir éliminé le trachome en tant que problème de santé publique. Il s’agit du Cambodge, de la Chine, de la Gambie, du Ghana, de la République islamique d’Iran, de la République démocratique populaire lao, du Malawi, du Maroc, du Mexique, du Myanmar, du Népal, d’Oman, de l’Arabie saoudite, du Togo et de Vanuatu. Cependant, affirme l’organisation, le trachome reste endémique dans 23 pays en Afrique.

Pour arriver à l’éradication, Bamako a appliqué des interventions chirurgicales pour traiter les complications tardives du trachome, des antibiotiques pour éliminer l’infection, la propreté du visage et l’amélioration de l’environnement, en particulier l’accès à l’eau et à l’assainissement, pour réduire la transmission. « La charge du trachome pesait lourdement quand le programme a démarré et, néanmoins, le Mali a montré ce qu’on pouvait réaliser sous le sceau de la collaboration et du partenariat. Je suis fier de prendre part à cet incroyable accomplissement avec mes concitoyens et souhaite que ce soit une inspiration pour d’autres pays engagés dans une même lutte » indique le Professeur Lamine Traoré, Coordinateur du Programme National de la Santé Oculaire (PNSO) du Mali. Une enquête faite en 1996 constatait la présence du trachome dans la quasi-totalité du pays avec presque 10 millions de personnes courant le risque de devenir aveugle.

L’infection touche essentiellement les enfants. Chez les adultes, les femmes courent jusqu’à deux fois plus de risques que les hommes d’être touchées par les complications cécitantes du trachome selon l’OMS. L’organisation mondiale se fixe désormais 2030 comme la nouvelle échéance pour l’élimination mondiale du trachome en tant que problème de santé publique.

Plateau technique : prise en charge difficile de certaines maladies

Le système de santé malien fait face à de nombreux défis, notamment le faible taux du rehaussement des plateaux techniques, la vétusté et l’inadaptation des infrastructures, l’insuffisance et l’obsolescence des équipements. Des écueils qui compliquent la prise en charge des certains malades.

La ministre de la Santé et du développement social a effectué une visite, le 15 mai dernier, à l’unité de radiothérapie de l’hôpital du Mali pour s’enquérir de l’avancée des travaux d’installation du nouvel accélérateur linéaire. Cet appareil, qui utilise des ondes électromagnétiques, traite plus efficacement les cas de cancers, car, selon des experts, il s’attaque directement aux cellules cancéreuses. Revers de la médaille, cet appareil est le seul de ce type dans tout le Mali, où la prise en charge du cancer se fait essentiellement par chimiothérapie. Double revers, l’appareil n’est pas encore opérationnel car des travaux additionnels sont nécessaires. À terme, il va remplacer un accélérateur disponible depuis 2012 mais vétuste et le plus souvent en panne. « Dès ma toute première visite, j’ai remarqué qu’il était vétuste. D’où l’achat du tout nouvel appareil. Mais je reconnais que le processus a pris du retard à cause de l’embargo », a déploré la ministre de la Santé lors de sa visite.

Les derniers chiffres disponibles sur le cancer remontent à 2020. Cette année-là, plus de 14 000 personnes ont été diagnostiquées comme souffrant de cette pathologie, majoritairement des femmes atteintes de cancer du sein ou du col de l’utérus. Au-delà du cancer, la prise en charge d’une autre maladie qui touche beaucoup de personnes est également problématique. C’est l’accident vasculaire cérébral, qui dans le monde est la première cause d’handicap moteur et la troisième cause de mortalité après le cancer et les cardiopathies chimiques.

Au Mali, des chiffres fiables à ce sujet ne sont pas encore disponibles. Une personne victime d’un AVC doit être transférée dans une unité neurovasculaire, ce qui, selon des professionnels de la santé, n’existe pas dans le pays. De fait, « c’est une neurochirurgie basique qui est pratiquée », confie un médecin sous anonymat. L’une des seules avancées constatées ces dernières années concerne la prise en charge de l’insuffisance rénale, avec des appareils de dialyse qui se multiplient. Il y a deux ans, seul l’hôpital du Point G en disposait, mais aujourd’hui, assurent des professionnels de la santé, plusieurs autres établissements sanitaires publics et privés en ont, même dans les régions, excepté Gao, Tombouctou ou Kidal.

Hôpitaux publics : grands corps malades

Manque d’équipements, de personnel, de formation… Les structures étatiques de santé maliennes vivent une crise sans fin, occasionnant une multiplication des grèves des agents, à bout de souffle. Leurs maux impactent leurs capacités à soigner leurs patients.

« Le Mali était un grand corps malade auquel le traitement prescrit n’était pas adapté ou inefficace ». La formule est du Premier ministre Choguel Kokkala Maïga, qui la répétait tel un mantra durant les premières semaines de la « Rectification ». À l’interne, le grand corps malade médical peine encore dans sa rééducation. Des parties du corps sont gangrenées et ces gangrènes ont pour noms : grèves incessantes dans les structures sanitaires, plateau technique inadapté, personnel insuffisant. Le système de santé n’est ni adapté ni à la hauteur, selon des responsables syndicaux.

La Loi hospitalière malienne donne par exemple la possibilité à chaque citoyen de choisir le médecin de son choix alors que « l’idéal », selon les médecins, serait de respecter la pyramide de la santé. Cette pyramide souhaiterait que le malade passe d’abord par le CSCOM (Centre de santé communautaire), « qui est proche de lui et de son environnement », avant de passer au Centre de référence (CSRéf) au niveau de la commune, puis aux centres de troisième référence, les CHU (Centres hospitaliers universitaires).

« C’est l’un des premiers problèmes. Le malade quitte directement son quartier de résidence pour aller au CHU, avant même de passer au CSCOM. Cela pose énormément de problèmes. Il en a le droit parce que la loi lui donne cette possibilité. La pyramide n’est pas respectée, ce qui fait qu’il y a des détails qui peuvent échapper au médecin que le malade vient voir en troisième référence », explique le syndicaliste Djimé Kanté, Président de Globale Santé Solidarité.

Une autre difficulté, qui revient incessamment dans les justifications des mots d’ordre de grèves des syndicats de la santé, est le manque de personnel, « à tous les niveaux », dans les hôpitaux. Depuis près de trois ans, elle figure en bonne place dans les 12 revendications des médecins grévistes de l’hôpital du Point G. « Au service d’urgence, par exemple, nous n’avons que deux médecins qui se relaient. S’il faut qu’une seule personne gère une dizaine de lits en plus des urgences qui peuvent arriver, c’est compliqué. Ce qui fait que la prise en charge de certains malades ne se fait bien. Et cela pourrait être la cause de certains décès », regrette le Pr Guida Landouré, Secrétaire général adjoint du Syndicat national de la Santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille au Point G.

Hygiène

Pour pallier l’obstacle, alors que « le marché est rempli de diplômés en médecine sans emploi », les syndicalistes appellent à leur insertion, « directement », dans la Fonction publique, « comme cela se fait dans plusieurs pays ». Au manque de personnel qualifié s’ajoute un problème d’hygiène. « Si nous prenons l’ensemble de nos structures de santé, elles sont toutes sales », fustige Djimé Kanté. « Quand je parle d’hygiène, je ne parle pas de ce que tout le monde voit, mais de bien plus. Par exemple, pour le nettoyage des matériels de blocs, des blouses… toutes les conditions ne sont pas respectées ». Ceci engendre, à l’en croire, comme conséquence la multiplication des maladies nosocomiales (contractées au cours d’un séjour dans un établissement de soins). « Vous venez souvent en tant qu’accompagnant d’un malade, mais vous-mêmes attrapez des maladies. Et il arrive souvent que les accompagnants de certains malades meurent et laissent leur patient. Il y a tous ces aspects. C’est pourquoi, j’aime le dire, nous n’avons pas un système de santé digne de soigner des êtres humains. Sous d’autres cieux, vous verrez des animaux mieux traités, mieux soignés que nous les Maliens », déplore le syndicaliste.

Les grands hôpitaux font aussi face au manque de financements. De l’avis des acteurs, le budget alloué aux structures de santé est « insignifiant » par rapport à ce qui doit y être injecté. « Gabriel Touré, par exemple ne trouve même pas 15% du budget dont il a besoin pour la bonne marche de l’hôpital auprès des décideurs, alors que les matériels médicaux coûtent énormément cher », atteste un ancien comptable de la structure sanitaire. Outre la cherté du matériel, des « malversations » dans les procédures d’achats et la gestion des appareils sont pointées du doigt par certains militants. « Des marchés sont passés n’importe comment. C’est à dire que si vous devez acheter un scanner, vous avez forcément besoin de l’avis du manipulateur, de celui qui va être responsable de sa maintenance. Mais ceux qui doivent doter les hôpitaux des matériels adéquats prennent ce qui leur tombe sous la main, là où ils ont un certain pourcentage, sans l’avis des experts. C’est pourquoi beaucoup ne font pas confiance aux analyses des hôpitaux publics », s’attriste un médecin syndicaliste.

Au tableau des difficultés hospitalières également, « des conditions d’accueil qui laissent à désirer ». Comme au CHU Gabriel Touré, dont même l’accès relève souvent du parcours du combattant à cause de l’encombrement du Grand marché. « L’accueil fait défaut et le nombre de caisses est insuffisant. Si vous venez à 8h dans cet hôpital,  souvent à 10h vous n’avez pas encore votre simple ticket de consultation. Vous perdez toute une journée pour une consultation qui ne prend pas plus de 10 à 15 minutes », déplore Bakary Konaté, Venu pour une consultation au CHU ce lundi 15 mai 2023, l’enseignant attend depuis longtemps dans la file d’attente. À Gabriel Touré, l’un des plus réputés hôpitaux au Mali, les difficultés sont légion. « Ici, souvent, même pour délivrer une ordonnance à quelqu’un vous ne trouverez pas de papier. Le personnel est totalement démotivé », charge un syndicaliste, d’après lequel la situation fait énormément de « mécontents » au niveau de la structure. « Bientôt nous allons déposer un nouveau préavis de grève, parce que des engagements ont été pris et n’ont jamais été respectés ».

Bras de fer

Grever face à leurs mille et une difficultés, c’est « l’arme » préférée des syndicats de la Santé. « C’est la seule arme dont nous disposons et nous l’utiliserons tant que les autorités continueront à refuser de satisfaire nos revendications », indique le Pr Guida Landouré. Ces revendications sont entre autres le retour du Secrétaire général du syndicat à l’hôpital du Point G, l’amélioration du plateau technique de l’hôpital, le recrutement de personnel et le paiement intégral des primes de garde. Depuis trois ans, le bras de fer persiste entre ce syndicat et les autorités. Il n’est pas sans conséquences. Dans une note datée du 3 avril 2023, Dr Brahima Dicko, médecin légiste au CHU du Point G, faisait état de plus de 600 décès entre janvier et mars 2023, dans « le contexte particulier de grève ou arrêt de travail » dans plusieurs services hospitaliers.

« Ce chiffre majeur de décès enregistrés (200 cas par mois en moyenne, dont certains évitables) exige une résolution diligente et holistique des problèmes au bénéfice des usagers désespérés, en attente anxieuse de soins », indiquait-il. Un rapport a été demandé aux différents services de l’hôpital pour faire la lumière sur cette affaire.

Les syndicats nient toute responsabilité et refusent de lier cela à leur grève, du moins « jusqu’à preuve du contraire ». Selon le Secrétaire général adjoint du Syndicat du Point G, « il y avait un problème de groupe électrogène au Point G. Quand le groupe électrogène part en panne et qu’il y a une coupure d’électricité dans des endroits comme le service de réanimation, cela engendre directement la mort des patients qui s’y trouvent, parce que ce sont des machines qui les maintiennent en vie ».

Insécurité alimentaire : le Japon et le PAM au chevet des Maliens

Avec l’objectif affiché de lutter contre l’insécurité alimentaire, l’Etat japonais et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont procédé à la signature d’un nouvel accord de partenariat ce mercredi 17 mai 2023 à travers leurs représentants respectives au Mali. L’accord signé au siège du Commissariat à la sécurité alimentaire vise à porter assistance à plus de 43 000 personnes vulnérables au Mali.     

3 millions de dollars américain soit 1,7 milliards de FCFA : c’est le montant octroyé par l’Etat du Japon au PAM pour lutter contre l’insécurité alimentaire au Mali. Sous forme de don, il servira, selon le Ministre, commissaire à la sécurité alimentaire, Redouwane Ag Mohamed Ali, à porter assistance à 43 050 Maliens vulnérables.

« Plus de deux millions de personnes sont touchées par la crise alimentaire au Mali. 76 000 personnes sont en phase d’urgence et plus de 2 500 personnes sont en phase de catastrophe. Ce don vient donc à un moment très important surtout à l’approche de la période de soudure agro-pastorale qui s’étale de juin à Septembre. », justifie l’Ambassadeur du Japon au Mali, Uezono Hideki.

Le projet nommé « Assistance alimentaire et nutritionnelle aux populations vulnérables au Mali » durera 12 mois. Il sera effectué dans les régions de Gao, Kayes, Kidal, Koulikoro, Ménaka, Mopti, Ségou, Sikasso et Tombouctou. 21 956 femmes et filles et 17 000 personnes déplacées internes en bénéficieront à en croire les initiateurs du projet.

« Malgré nos efforts conjugués, les communautés les plus vulnérables continuent à faire face à des chocs qui fragilisent davantage leurs moyens d’existence. Le PAM au Mali est aujourd’hui plus que jamais engagé à accompagner les autorités maliennes dans sa mission de renforcer la sécurité alimentaire pour toutes les couches de la population », assure Eric Perdison, représentant Pays du PAM. Il s’agit « d’une tâche ardue », selon ce dernier, « mais cruciale que nous devons ensemble mener, face aux défis contextuels faits d’aléas climatiques récurrents, de diminution des espaces cultivables, et d’autres menaces persistantes (dont les violences intercommunautaires et la hausse des prix des produits de première nécessité) », plaide-t-il.

URD : l’union ne tient plus qu’à un fil

En conflit depuis plus d’un an, les camps Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly de l’Union pour la République et la Démocratie (URD) sont au bord de la rupture totale. Après la confirmation du premier comme Président du parti par la Cour suprême le 12 avril dernier, les militants du second se mobilisent pour la création d’un nouvel appareil politique.

Des discours séparatistes. De la tension en interne entre partisans des deux camps. Depuis le décès de Soumaïla Cissé, la vie au sein de son parti n’a rien d’un long fleuve tranquille. Ce qui avait débuté par une lutte de pouvoir entre des cadres du Bureau National vire peu à peu à l’effritement du regroupement politique. Pour cause, la confirmation au poste de Président de l’URD de Gouagnon Coulibaly passe mal auprès des partisans du Professeur Salikou Sanogo. « Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaïla Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu, cher parti », a réagi à la suite de la décision judiciaire Moussa Sey Diallo, Secrétaire adjoint à la Communication du parti, proche du camp Salikou Sanogo. Laissant supposer son retrait de l’URD, même si, officiellement, il ne l’a pas encore fait. Pour l’heure, seuls Sidy Angoiba de la section URD de Douentza et Issa Sissoko de celle de la Commune IV ont franchi le pas. Le Pr Sanogo, principal opposant à la présidence de Gouagnon coulibaly, ne s’est non plus pas résigné au verdict de la Cour suprême.

Autant de graines de discorde qui ne réduisent plus les dissensions actuelles à une simple difficulté de gestion d’une crise interne. Le point de non retour semble acté et la division du parti, de l’avis de plusieurs analystes, est désormais inévitable.

D’ailleurs, pour le camp Sanogo, l’heure est « à tourner la page » et à « avancer ». Quitte à créer un nouveau parti ? « Tous les responsables, militants, sympathisants de l’URD […] respectueux de nos valeurs sont résolument engagés à perpétuer le combat de nos défunts Présidents sous une forme plus saine et plus conviviale. C’est dans cette perspective qu’il nous faudra rester sur la scène politique et disposer d’un nouvel appareil », a indiqué le 16 avril dernier, lors d’une rencontre avec des militants acquis à sa cause, l’homme politique, qui est longtemps demeuré le second de Soumaïla Cissé.

Cette volonté est aussi partagée par Daouda Touré, le Secrétaire général du parti de la Poignée de main. « Nous nous sommes battus. Mais avec le verdict de la Cour suprême la procédure judicaire est arrivée à son terme. Nos partisans nous ont donc demandé de laisser l’URD et de créer un autre parti. Nous nous attelons à cela », a-t-il fait savoir lors d’une vidéo de présentation de vœux à l’occasion de la récente fête du Ramadan.

À cet effet, selon une source bien introduite, une réunion de travail d’une Commission chargée de la rédaction des textes du nouveau parti a eu lieu dans le local qui servait de bureau du Cabinet du chef de file de l’Opposition à Badalabougou le week-end du 5 au 6 mai 2023, sous la présidence de Salikou Sanogo. Les statuts et règlement, la charte, le nom et le logo auraient déjà été établis.

Dans son ambition de scission, le camp Sanogo risque cependant de se confronter à des difficultés. Plusieurs cadres du parti susceptibles d’être candidats à une élection jouent encore la carte de la prudence. « Beaucoup sont en train de voir de quel côté va pencher leur section d’abord. C’est ce qui va beaucoup jouer sur cette histoire, car, pour eux, il ne s’agit pas de suivre la volonté d’un homme, mais plutôt celle de leur base. Tous ceux qui aspirent à un poste électif vont vouloir consulter les directives de leurs sections. En outre, plusieurs d’entre eux ne se sentent pas prêts à quitter le parti après tant d’efforts fournis pour son implantation », explique un membre du Bureau National. Pour convaincre les sections, au niveau des deux camps l’ambition demeure la même : « préserver les idéaux de feu Soumaïla Cissé ». C’est tout le paradoxe de ce combat entre deux protagonistes qui se réclament d’un même idéal mais que tout semble séparer pourtant.

Moussa Djenepo : le chemin de croix se poursuit

À trois journées de la fin du championnat anglais, Southampton de Moussa Djenepo est proche de la relégation, conséquence d’une saison galère.

8 mai 2023. Au coup de sifflet final de l’arbitre, les visages des joueurs de Southampton sont très marqués. Après une rude bataille de près de 100 minutes, les Saints se sont inclinés 4-3 face à Nottingham Forest, qui lutte également pour sa survie dans l’élite. Ils peinent à quitter la pelouse. Peut-être se rendent-ils compte que cette défaite leur sera fatale à l’issue de la saison. À trois journées de la fin, Southampton ne compte que 24 points, 8 de moins que le premier non relégable (Everton, 32 points). Pour se sauver, le club aura besoin de circonstances très favorables. Devant sa télé, Moussa Djenepo, qui n’était pas dans le groupe, doit mesurer l’immensité du défi. L’international malien et ses coéquipiers doivent tout d’abord gagner leurs trois derniers matchs : la réception ce samedi de Fulham, un périlleux et compliqué déplacement sur la pelouse de Brighton et enfin la réception de Liverpool lors de la dernière journée. Loin d’être aisé. En sus, ils doivent espérer qu’Everton, Leeds United et Leicester, qui occupent respectivement les 17ème, 18ème et 19ème places, enchainent les mauvais résultats. La relégation, qui pourrait mathématiquement être entérinée dans les semaines à venir, marquera la fin d’une époque pour Southampton, dont les talents pourraient s’envoler ailleurs. Quid de Djenepo ? La descente en ligue inférieure sera pour le feu follet un échec de plus lors d’une saison en forme de chemin de croix. Avec 20 matchs disputés toutes compétitions confondues, le plus souvent en sortie de banc, et un seul but marqué, le natif de Mopti est bien loin de ses deux premières saisons, pleines de promesses.  Il n’a pas bénéficié de la confiance de ses entraineurs. Ralph Hasenhuttl, en premier lieu, lorsqu’il le faisait jouer, l’utilisait comme latéral gauche. Nathan Jones, l’intérimaire, et l’Espagnol Ruben Seles se sont souvent passés de ses services. Après plus d’une décennie dans l’élite, Southampton va descendre d’une division et Moussa Djenepo devra se trouver un autre club pour bénéficier de l’exposition acquise. À moins que le Malien reste et, profitant des habituels départs après une descente, joue un plus grand rôle au sein du club.

Moura : l’ONU accuse les FAMa et du personnel militaire étranger d’avoir tué plus de 500 personnes

Dans un rapport publié ce vendredi 11 mai 2023, le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies, accuse l’armée malienne et des combattants « étrangers » d’avoir exécuté entre le 27 et le 31 mars 2022 au moins 500 personnes lors d’une opération de traque de terroristes à Moura.

Le rapport de la mission d’établissement des faits du Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a conclu qu’il y’a de fortes indications que plus de 500 personnes aient été tuées par les soldats maliens et du personnel militaire étranger en mars 2022 au cours d’une opération militaire dans le village de Moura. D’après l’ONU, le rapport est le résultat d’une vaste mission visant à établir des faits menés durant plusieurs mois par le personnel des Nations Unies au Mali. Le rapport précise que les demandes d’accès au village ont été refusées par les autorités maliennes. La méthodologie se base sur des entretiens avec des victimes et des témoins, ainsi que des sources d’informations médico-légales et autres telles que l’imagerie satellitaire. Les Forces Armées Maliennes ont toujours démenti les informations portant sur des exactions commises sur des civils à Moura. C’est une opération assure-t-elle antiterroristes qui a permis de neutraliser au moins 203 terroristes. Dans le rapport publié ce vendredi, les pages 18 à 21 sont consacrées au déroulement de l’opération militaire menée par les Forces Armées Maliennes, avec des éléments des forces spéciales et appuyées par des personnels militaires étrangers. Pour Volker Türk Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, la tragédie de Moura pourrait constituer un crime de guerre.

Sur la BBC le 17 avril 2022, le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop qui invite à dépolitiser la question des droits de l’homme a assuré qu’il n’y avait pas eu de massacre à Moura, fustigeant une « propagande occidentale ».

La question de Moura cristallise les tensions entre les autorités de la transition et plusieurs pays occidentaux. Quelques jours après l’opération, des ONG de défense des Droits de l’homme ont accusé l’armée d’exactions sur les civils. Mais des organisations locales se sont désolidarisés de certains des rapports produits dénonçant la méthodologie. « Nous nous sommes désolidarisés du communiqué de la FIDH, car nous avons des antennes à Mopti à Douentza et à Bandiagara et aucune ne nous a saisi pour des soupçons d’exactions de l’armée sur les populations civiles » a explique Me Moctar Mariko, président de l’association malienne des droits de l’Homme.

Le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi au rapport de l’ONU mais ce nouveau document pourrait porter un coup dur aux relations entre les autorités et la MINUSMA alors que le renouvellement du mandat de la mission sera débattue le mois prochain.

Référendum et Baccalauréat : la difficile équation des dates

18 et 19 juin. Ce sont respectivement les dates retenues pour le scrutin référendaire et le début des épreuves écrites de l’examen du baccalauréat. Un chevauchement qui pose question et suscite déjà l’inquiétude sur l’organisation matérielle des deux évènements. Face aux interrogations, le ministère de l’Éducation n’a pas tardé à réagir. Après des rencontres au sein du département, un communiqué daté du 9 mai détaille les dispositions à prendre. Notamment : épargner tous les centres d’examen du Bac dans les activités référendaires, retenir uniquement les écoles fondamentales comme sites de bureaux de vote, épargner tous les personnels engagés dans l’organisation du Bac. Le département demande également de retenir essentiellement les enseignants du préscolaire, du fondamental 1 et 2 dans les activités référendaires, de rendre disponible et afficher les décisions des présidents et des surveillants de centres d’examen au plus tard mercredi 14 juin. Ces mesures visent à ce que le scrutin référendaire ait le moins d’impact sur le début du Bac. Après l’annonce de la date du référendum, plusieurs acteurs du milieu scolaire avaient émis des réserves sur le délai très serré entre le scrutin et l’examen. Certains ont réclamé que l’un des deux soit reporté. Dans son communiqué, le ministère invite à activer les cadres de concertation avec les associations des écoles privées au niveau local pour la mise à disposition de celles d’entre elles qui répondent aux normes afin d’y passer le Bac. Même si ces dispositions concrètes devraient avoir un impact, elles ne suffisent pas pour autant à rassurer tous les acteurs du milieu scolaire. Certains d’entre eux attendent de juger ces mesures sur la base de l’application.

Eaux minérales : attention aux non certifiées

À partir de 100 francs CFA la petite bouteille, l’eau minérale est de plus en plus accessible et l’offre est diversifiée. Mais, en cette période de fortes chaleurs et de grande consommation, toutes n’ont pas une Autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est-à-dire la caution officielle de garantie de leur qualité. Pourtant, la procédure est simple et indispensable pour certifier l’eau.

La marque, la date de péremption, voici quelques-uns des détails auxquels s’intéresse la majorité des consommateurs. Pour le reste, elle fait confiance au nom du produit ou à la société productrice. Pour les consommateurs, peu de doutes sur la qualité des eaux « en bouteille ». Pourtant, ce n’est pas ni gage de sécurité, ni une assurance.

Pour garantir la qualité sanitaire des aliments, y compris les eaux, seule l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANSSA) est la référence. À travers un certain nombre de critères, elle délivre l’Autorisation de mise sur le marché (AMM), donnant aux produits non seulement la permission d’être sur le marché, mais aussi la garantie qu’ils répondent aux normes sanitaires requises.

Précautions nécessaires

Mais, compte tenu du principe de « liberté du commerce », plusieurs types d’eaux minérales se retrouvent sur le marché sans ce préalable. Les consommateurs ne sont donc pas à l’abri d’éventuels risques. Pour s’assurer de la qualité de l’eau qu’ils boivent, ils doivent être attentifs au « petit » logo jaune de l’Agence de sécurité sanitaire des aliments sur l’emballage des bouteilles. Il est accompagné de la mention « autorisé par le ministère de la Santé » et du numéro de délivrance de l’AMM.

Donc, en principe, ceux qui s’apprêtent à mettre sur le marché un produit de consommation, en l’occurrence de l’eau minérale, doivent d’abord se munir de cette autorisation. Pour l’obtenir, un certain nombre de conditions doivent être remplies par les demandeurs. Outre une demande manuscrite, un dossier technique, comprenant la description du produit (dénomination, composition, date de fabrication et de péremption, etc.), son origine, la copie conforme de l’AMM du pays d’origine ou son équivalent sont nécessaires pour les produits importés.

Quant aux produits locaux, en plus des documents précités, il faut un rapport d’évaluation de la qualité sanitaire fait par un organisme agréé et une analyse du produit par le Laboratoire national des Eaux.

Les dossiers sont examinés au cours des sessions de l’ANSSA, qui se tiennent en principe tous les trois mois. Les autorisations ainsi délivrées ont une validité de cinq ans, mais des contrôles inopinés peuvent le cas échéant permettre de les retirer lorsqu’elles ne respectent plus le cahier des charges.

Mali – Transition : le référendum constitutionnel se tiendra le 18 juin

Par un décret lu à la télévision nationale ce vendredi 5 mai, les autorités de la transition ont annoncé la nouvelle date du référendum qui se tiendra le 18 juin 2023.

« Cette nouvelle date se justifie par le respect de la parole donnée et également l’engagement du chef de l’Etat à respecter les recommandations issues des Assises Nationales de la Refondation » a expliqué le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga. La campagne électorale à l’occasion du référendum sera ouverte le vendredi 2 juin à 00 heure et close le vendredi 16 juin 2023 à 00 heure.

Toutefois les membres des forces de Défense et de sécurité voteront par anticipation le dimanche 11 juin 2023 conformément à la loi électorale. Plus concrètement, les électeurs répondront par oui ou non. Les bulletins de couleur blanche correspondent au oui, et ceux de couleur rouge au non.

Selon le Ministre d’Etat, toutes les dispositions seront prises pour la bonne tenue de ce référendum notamment à travers l’Autorité Indépendante de la Gestion des Élections (AIGE). Toutefois, le ministre n’a pas donné de détails sur les cartes biométriques qui servent désormais de cartes d’électeurs. La remise officielle des cartes biométriques a débuté le 11 avril dernier mais plusieurs potentiels électeurs ne sont pas encore entrés en possession des cartes. Le nombre d’électeurs au Mali est évalué à huit millions. Des coalitions politiques et de la société civile s’opposent à la nouvelle constitution notamment l’Appel du 20 février ou le Cadre des partis pour un retour à l’ordre constitutionnel. Des formations politiques telles l’URD ou encore l’ADEMA se sont prononcées en faveur du projet et s’engagent à le vulgariser. Le référendum était initialement prévu le 19 mars 2023.

« 8 mai » : la Croix-Rouge malienne veut rehausser la visibilité de ses actions

Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge célébré  chaque année le 8 mai, la Croix-Rouge malienne en partenariat avec la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali a animé une conférence de presse mercredi 3 mai 2023 au siège de la société nationale à Bamako pour annoncer les différentes activités prévues pour cette édition.

Comme tous les ans, cette journée en hommage au père fondateur du Mouvement Croix-Rouge / Croissant-Rouge Henri Dunant,  est l’occasion de souligner le travail humanitaire accompli par la Croix Rouge malienne et ses partenaires et de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité nationale.

Elle est également une opportunité pour l’ensemble du mouvement Croix-Rouge / Croissant Rouge de mettre en avant la force du réseau mondial et la contribution des 17 millions de volontaires à travers les 192 pays membres.

Placée sous le thème « Toujours près des communautés avec le Cœur », la célébration de  journée du 8 mai 2023 vise à rehausser la visibilité et la lisibilité des actions du mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge auprès du public.

« Le message que je souhaite passer est de ne pas oublier toutes ces personnes déplacées, réfugiées, blessées, affectées par les conflits ou le changement climatique  et qui sont en besoin d’un minimum d’assistance ou de protection, au nom de notre principe d’humanité. Nous sommes tous des humains, peu importe le statut de la personne dans le besoin, nous devons essayer de nous entraider au maximum », a plaidé Antoine Grand, Chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge au Mali.

Une célébration avec faste

Plusieurs activités sont au programme cette année, en plus de la conférence de presse  du 3 mai. Il s’agit  d’une cérémonie de don de sang en partenariat avec une université publique ou privée prévue le même jour, d’une marche humanitaire le 8 mai précédée d’un dépistage du cancer  du col de l’utérus le 5 mai en collaboration avec le CSREF de la Commune I et d’une collecte et dons d’habits et de tout biens essentiels aux personnes déplacées

Par ailleurs, d’autres activités seront menées auprès du grand public, des médias et des volontaires à l’instar des séances d’orientation sur le mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d’une campagne digitale qui a commencé le 1er mai et se poursuivra jusqu’au pour mettre en lumière l’apport incommensurable des volontaires et du personnel de la Croix-Rouge, et des SMS Flash envoyés aux clients des trois réseaux de téléphonie mobile du pays avec des messages clairs appelant à soutenir les actions humanitaires de la Croix-Rouge au Mali.

« Nous avons plus de 40 projets qui s’articulent autour de la santé, la protection des adolescents, l’assistance humanitaire, le rétablissement des liens familiaux, la lutte contre les VBG, de l’eau, hygiène et assainissement entres autres », a rappelé Mme Assitan Coulibaly, présidente de la Croix-Rouge Malienne

Fondée  le 20 août 1965, la Croix-Rouge malienne fêtera   dans quelques mois ses 58 ans d’actions humanitaires au Mali. Aujourd’hui, elle compte plus de 4000 volontaires actives