« 8 mai » : la Croix-Rouge malienne veut rehausser la visibilité de ses actions

Dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge célébré  chaque année le 8 mai, la Croix-Rouge malienne en partenariat avec la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali a animé une conférence de presse mercredi 3 mai 2023 au siège de la société nationale à Bamako pour annoncer les différentes activités prévues pour cette édition.

Comme tous les ans, cette journée en hommage au père fondateur du Mouvement Croix-Rouge / Croissant-Rouge Henri Dunant,  est l’occasion de souligner le travail humanitaire accompli par la Croix Rouge malienne et ses partenaires et de sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité nationale.

Elle est également une opportunité pour l’ensemble du mouvement Croix-Rouge / Croissant Rouge de mettre en avant la force du réseau mondial et la contribution des 17 millions de volontaires à travers les 192 pays membres.

Placée sous le thème « Toujours près des communautés avec le Cœur », la célébration de  journée du 8 mai 2023 vise à rehausser la visibilité et la lisibilité des actions du mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge auprès du public.

« Le message que je souhaite passer est de ne pas oublier toutes ces personnes déplacées, réfugiées, blessées, affectées par les conflits ou le changement climatique  et qui sont en besoin d’un minimum d’assistance ou de protection, au nom de notre principe d’humanité. Nous sommes tous des humains, peu importe le statut de la personne dans le besoin, nous devons essayer de nous entraider au maximum », a plaidé Antoine Grand, Chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge au Mali.

Une célébration avec faste

Plusieurs activités sont au programme cette année, en plus de la conférence de presse  du 3 mai. Il s’agit  d’une cérémonie de don de sang en partenariat avec une université publique ou privée prévue le même jour, d’une marche humanitaire le 8 mai précédée d’un dépistage du cancer  du col de l’utérus le 5 mai en collaboration avec le CSREF de la Commune I et d’une collecte et dons d’habits et de tout biens essentiels aux personnes déplacées

Par ailleurs, d’autres activités seront menées auprès du grand public, des médias et des volontaires à l’instar des séances d’orientation sur le mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d’une campagne digitale qui a commencé le 1er mai et se poursuivra jusqu’au pour mettre en lumière l’apport incommensurable des volontaires et du personnel de la Croix-Rouge, et des SMS Flash envoyés aux clients des trois réseaux de téléphonie mobile du pays avec des messages clairs appelant à soutenir les actions humanitaires de la Croix-Rouge au Mali.

« Nous avons plus de 40 projets qui s’articulent autour de la santé, la protection des adolescents, l’assistance humanitaire, le rétablissement des liens familiaux, la lutte contre les VBG, de l’eau, hygiène et assainissement entres autres », a rappelé Mme Assitan Coulibaly, présidente de la Croix-Rouge Malienne

Fondée  le 20 août 1965, la Croix-Rouge malienne fêtera   dans quelques mois ses 58 ans d’actions humanitaires au Mali. Aujourd’hui, elle compte plus de 4000 volontaires actives

Salon de l’immobilier en Afrique : les acteurs préparent la sixième édition

Acquérir en toute sérénité des logements ou des biens immobiliers dans des conditions garantissant la sécurité de l’investissement, c’est l’ambition affichée par Ethik Agency, à travers l’organisation du salon de l’immobilier et de l’investissement en Afrique. L’agence prépare la sixième édition de son évènement qui se tiendra du 2 au 4 juin 2023 dans la capitale française.

L’une des contraintes auxquelles étaient confrontés les concitoyens de la diaspora, c’est l’insécurité autour de leurs investissements immobiliers. Un constat qui a conduit l’agence à réunir les acteurs du secteur qui pouvaient directement rencontrer les clients pour échanger sur les possibilités et les conditions d’acquisition.

Tout ceci dans un contexte d’organisation du secteur avec d’une part des promoteurs immobiliers, des banques pour accompagner et les assurances pour suivre. D’autre part les autorités qui pourront ainsi expliquer les procédures d’acquisition, de construction mais aussi les reformes comme celles relatives à la mise en place du secrétariat permanent du foncier instituant une identité unique à tous les biens immobiliers ( Ninacad).

Tous ces facteurs permettent donc aux promoteurs notamment de proposer des projets répondant aux besoins des demandeurs.

Le rendez-vous désormais attendu par la diaspora africaine, va réunir cette année 10 pays africains. Un espace commun qui permettra non seulement de réunir les acteurs pour offrir leurs services et à la diaspora d’exposer ses besoins spécifiques. L’idée de cet espace commun est de prendre en compte les besoins des clients qui peuvent être de différents pays, mais aussi d’accompagner les investisseurs, « qui ne connaissent pas de frontières » mais visent des projets rentables, précise Moussa Coulibaly, Directeur d’Ethik Agency.

L’idée est de mettre ensemble les acteurs, afin de susciter l’intérêt des clients, ajoute pour sa part Mamadou Coulibaly, président de l’association des promoteurs immobiliers (APIM). « Les concitoyens sont dans des dilemmes. Notre rôle c’est de faire adhérer les promoteurs immobiliers », à participer au salon et partager les expériences et faire procéder les mises à niveau des politiques qui sont différentes.

L’un des défis reste le problème de financement. C’est pourquoi les acteurs proposent des mécanismes pour faciliter le financement en assurant par exemple le lien pour le financement vers le Mali. « L’essentiel étant de donner confiance aux concitoyens et leur permettre d’accéder à des sources de financement ».  Le besoin des demandeurs du secteur informel est aussi une préoccupation prise en compte par les promoteurs.

Opération Kapidgou 2 : quel impact à la frontière Burkina – Mali ?

C’est l’une des premières retombées du renforcement en cours depuis quelques mois de la coopération bilatérale militaire entre le Mali et le Burkina Faso. L’opération Kapidgou 2, menée conjointement par les armées des deux pays, a été officiellement lancée le 21 avril dernier. Entre ratissages de villes et traque des terroristes, peut-elle contribuer à une sécurisation complète le long des deux frontières ?

L’objectif de Kapidgou 2 est double : augmenter d’une part la pression sur les groupes armés terroristes (GAT) qui sévissent le long de la frontière Mali-Burkina en détruisant leurs bases et d’autre part faciliter le retour des populations et de l’administration tout en promouvant le développement socio-économique de la zone.

Pour le Commandant Abdoul Wahab Coulibaly, chef de Kapidgou 2 côté malien, cette opération diminuera de manière significative l’insécurité dans cette région, parce que « les groupes armés terroristes se trouvent maintenant pris au piège entre deux déluges de feu qui les contraindront à abandonner leur dessein ».

Concernant un premier aperçu des actions menées sur le terrain quelques jours après le début de l’opération, la Direction de l’information et des relations publiques des Armées du Mali (Dirpa), que nous avons contactée à Bamako, n’a pas souhaité communiquer. Il ressort des explications fournies que le PC (Poste de commandement) conjoint qui mène l’opération n’a encore fourni aucun rapport.

Par contre, côté burkinabé, où une première phase était en cours depuis le 3 avril 2023, on en sait un peu plus. Selon une source proche de l’opération, plus de 800 combattants issus du 5ème BIR (Bataillon d’intervention rapide), du 23ème RIC de Koudougou (Régiment d’infanterie Commando), d’un bataillon mixte de marche composé de soldats et de VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) et d’une compagnie de marche, le tout appuyé par un vecteur aérien en QRF (Force de réaction rapide), sont mobilisés pour l’occasion.

Roquettes lancées depuis 30 ou 40 km sur les bastions terroristes, ratissages et fouilles systématiques des villes et villages de la zone transfrontalière, démantèlement d’engins explosifs improvisés (EEI), l’armée burkinabé déploie de gros moyens. Résultats, plusieurs localités ont été reprises, des suspects appréhendés et des terroristes neutralisés, selon elle. Toutefois, ces dernières semaines, plusieurs militaires et VDP sont tombés suite à des attaques de GAT dans le pays.

Efficace ?

Les opérations conjointes entre le Burkina Faso et le Mali n’en sont pas à leurs débuts. Elles avaient été arrêtées il y a plus d’un an avant de reprendre en 2023, avec la nouvelle dynamique insufflée par les Présidents de transition des deux pays, le Colonel Assima Goïta et le Capitaine Ibrahim Traoré. L’analyste politique et sécuritaire Siaka Coulibaly, pour lequel la pertinence de l’opération en cours n’est plus à démontrer, est quand même inquiet sur son efficacité finale.

« Les deux pays ne semblent pas se rendre compte de la nature réelle du phénomène terroriste à son stade actuel. Au Burkina Faso, beaucoup plus qu’au Mali, les terroristes, après la destruction de leurs grandes bases, sont rentrés dans la population. C’est cela la dimension communautaire du conflit, qui en appelle plus à un travail de police que d’armée classique », avance-t-il.

« Les deux pays doivent faire preuve d’adaptabilité pour terminer le conflit, sinon il durera longtemps, d’autant que certains acteurs sont préparés à soutenir les irrédentistes », poursuit l’analyste.

Selon un spécialiste des questions sécuritaires qui a requis l’anonymat, pour plus d’efficacité dans cette traque commune des terroristes, essentiellement du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), dans la zone transfrontalière, il faut mettre l’accent sur le partage des renseignements et aboutir à des canaux d’échanges assez dynamiques entre les deux pays, sans oublier les formations communes d’éléments des deux armées.

Siaka Coulibaly est du même avis. « Les opérations relèvent maintenant plus du renseignement social que des affrontements directs avec des groupes armés. Si l’on continue avec l’approche militaire, on aura des cas dramatiques parce que l’adversaire est fondu dans la population », prévient-il.

En juin 2021, le Burkina Faso et le Mali s’étaient joint à la Côte d’Ivoire pour mener une opération tripartite dans les zones frontalières des trois pays. Dénommée Tourbillon vert, elle avait permis de de neutraliser 4 terroristes, de détruire 3 motos, d’interpeller 64 personnes et de récupérer des téléphones portables et des matériaux explosifs.

Classement RSF : le Mali occupe la 113ème place sur 180 pays

Le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) a été rendu public ce mercredi 03 mai, jour de célébration de la liberté de la presse.

Reporters sans frontières classe le Mali à la 113e place sur les 180 pays de son dernier classement. L’organisation pointe du doigt une fragilisation des journalistes par la situation politique et selon eux un durcissement des autorités de la transition relative à des pressions sur le traitement patriotique de l’information qui se multiplierait selon eux.

En Afrique, le pays le mieux classé est l’Afrique du sud qui occupe la 25e juste derrière la France 24e du classement et devant le Royaume Uni qui occupe la 26e place. Autres pays africains mieux classé, Le Cap Vert à la 33e place, la Côte d’ivoire est 54e du classement, le Burkina Faso occupe la 58e place, le Niger est à la 61e place suivi par le Ghana. La Guinée occupe la 85e place, le Sénégal la 104e place.

Le premier pays au monde qui respecte la liberté de la presse est la Norvège qui occupe cette place pour la 7e année consécutive, suivi par l’Irlande et le Danemark. Les États-Unis sont au 45e rang mondial. La Russie est classée à la 164e position. Les pays qui occupent les trois dernières places sont le Vietnam, au 178e rang, suivi de la Chine et de la Corée du Nord.

Selon RSF, il existe une implication des acteurs politiques dans des campagnes de désinformation massive ou de propagande dans beaucoup de pays évalués. L’organisation estime que ceci est le cas en Russie, en Inde, en Chine et au Mali.

Dans un communiqué publié en même temps que le classement, Reporters sans frontières signale que la situation peut être qualifiée de « très grave » dans 31 pays, « difficile » dans 42 et « problématique » dans 55 pays. En revanche, elle est « bonne ou plutôt bonne » dans 52 pays. En ce qui concerne les conditions d’exercice du journalisme ; RSF a déclaré qu’elles sont mauvaises dans 7 pays sur 10 et satisfaisantes dans à peine trois pays sur 10.

Cherté d’Internet : les opérateurs télécoms dans le viseur

Décidément, 2023 ne sera pas de tout repos pour les entreprises de téléphonie au Mali. Alors que Moov Africa Malitel et Orange Mali ont été condamnées en mars dernier par la Cour suprême à payer une amende de 176 milliards de francs CFA pour avoir « facturé des appels sur répondeur », elles font de nouveau face à une grogne sociale qui réclame la baisse du prix des forfaits Internet.

« L’histoire ne se répète pas, mais parfois elle rime », a écrit l’essayiste américain Mark Twain. Après que la Cour Suprême ait confirmé le verdict dans l’affaire opposant le Réseau malien des consommateurs de téléphonie mobile (REMACOTEM) aux opérateurs de télécoms Orange et Moov Africa Malitel, ceux-ci font face à un nouveau front. Sur les réseaux sociaux, des milliers de Maliens se mobilisent pour une baisse du coût d’Internet dans le pays.

Comme pour l’affaire de la facturation des appels sur répondeur, la bataille est menée par un collectif de citoyens dénommé Boycott Orange-Mali Moov Africa Malitel. Mis en place mi-avril 2023, le mouvement rassemble des journalistes, activistes et leaders d’opinions. « Nous avons remarqué que les tarifs de connexion Internet – et même des appels téléphoniques – sont considérablement plus élevés au Mali que dans certains pays de la sous-région. C’est suite à ce constat que nous avons jugé nécessaire de lancer ce mouvement afin de réclamer une baisse des prix », explique le journaliste réalisateur Boubacar Labass Koné, membre du mouvement.

Une étude comparative réalisée par l’Alliance pour un Internet abordable publiée le 3 mars dernier révèle que le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles dans les pays d’Afrique subsaharienne a atteint 4,47 dollars en 2022 contre 4,09 dollars en Amérique du Sud, 2,72 dollars en Europe de l’Ouest et 1,47 dollars en Asie,

Ce qui fait, en croire le rapport, que le prix médian d’un gigaoctet (Go) de données mobiles en Afrique subsaharienne est le plus cher au monde et s’élève à 3,3% du revenu mensuel par habitant. Nettement au-dessus du seuil maximal de 2% du revenu mensuel fixé par les Nations unies dans ce domaine.

« C’est le motif de notre mobilisation, qui est une interpellation de nos autorités mais aussi des compagnies de téléphonie concernant le prix d’Internet au Mali. Nous revendiquons une baisse des prix car ceux qui sont appliqués par les deux compagnies sont trop élevés pour le pouvoir d’achat des Maliens alors qu’Internet est aujourd’hui un outil important pour tous ! », renchérit la web activiste Fatouma Harber, également membre du collectif.

Des raisons objectives

Atlantic Council pointe du doigt quelques facteurs. Il s’agit premièrement du déficit en infrastructures de télécommunications. Selon la Banque mondiale, environ 45% des habitants en Afrique de l’Ouest se trouvent à plus de 10 kilomètres d’une connexion par fibre optique, ce qui représente un taux plus élevé que dans l’ensemble des autres régions du monde.

Le niveau de concurrence sur le marché des télécommunications constituerait aussi un facteur déterminant du coût des données mobiles. Une récente étude comparative de l’Alliance pour un Internet abordable certifie que « la différence de prix entre les marchés où un opérateur est en situation de monopole et les marchés comptant deux opérateurs peut atteindre 7,33 dollars par gigaoctet de données mobiles ».

Ce qui expliquerait par exemple qu’au Mali le prix d’un gigaoctet soit plus cher (1 000 francs CFA) qu’au Cambodge. Cet État d’Asie du Sud a réussi à faire passer le prix médian d’un gigaoctet de données mobiles de 4,56 dollars en 2013 à 0,13 dollar en 2019 (moins de 100 francs CFA), en ouvrant son marché à la concurrence et en investissant massivement dans les infrastructures. Au Mali également, l’arrivée de l’opérateur Telecel en 2018 a permis de réduire de plus de 50% le prix des forfaits Internet. « Les tarifs des forfaits Internet ont connu une baisse considérable depuis l’avènement de l’Internet mobile au Mali. Par exemple, le tarif de 1 Go est passé de 10 000 francs CFA à 1 000 francs, soit le dixième, en moins de 10 ans », atteste un spécialiste du domaine.

Un autre facteur qui explique la cherté d’Internet au Mali par rapport à la Côte d’Ivoire ou au Togo s’explique aussi par le fait que ces pays ont une connexion directe à l’Océan. « Par rapport à la configuration des câbles, c’est un avantage », atteste un expert de l’ONG Internet sans frontières. Alors qu’à Abidjan et à Lomé la data mobile coûte respectivement 1,05 et 2,2 francs CFA, à Bamako elle est vendus 3,3 francs. Mais le Sénégal, qui a aussi un débouché sur la mer, vend la data mobile au même prix que le Mali. De même, en Guinée équatoriale, il faut débourser 35 dollars (plus de 20 000 francs CFA) pour obtenir un giga de données mobiles, soit le tarif le plus cher au monde, selon les chiffres de l’Alliance pour un Internet abordable. Pourtant, le pays est relié à trois câbles sous-marins de fibre optique.

« Un facteur spécifique au Mali est la densité de population faible et son éparpillement sur le territoire, qui rendent les investissements très lourds pour le secteur des télécommunications. Pour le comprendre, il suffit de faire une analogie avec les routes ou le réseau électrique. Le kilométrage des liaisons de transmission interurbaines déployées au Mali permettrait de largement couvrir des pays comme le Sénégal, la Côte d’ivoire ou le Burkina Faso ayant la même population. Ce qui revient à dire que l’investissement par client est beaucoup plus élevé au Mali que dans ces pays pour les secteurs de télécommunications comme des routes et de l’électricité », explique le spécialiste des TIC.

En outre, au Mali, comme dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest, les opérateurs de télécommunications sont aussi obligés de maintenir en fonctionnement les réseaux de la deuxième génération mobile, le GSM. « En effet, en raison du fait que le parc de téléphones de deuxième génération est encore important, les réseaux GSM doivent continuer à fonctionner. Ils nécessitent des coûts opérationnels importants puisqu’ils sont vieillissants. En Europe, les opérateurs de télécommunications ont déjà arrêté leurs réseaux GSM », poursuit l’expert.

Faire baisser les prix

Face à ce que le collectif Boycott Orange Mali Moov Africa Mali appelle « une arnaque des opérateurs de téléphonie mobile », un slogan a été lancé sur les réseaux sociaux : « Dokeraten », un terme bambara signifiant approximativement « ça suffit ». « La mobilisation marche bien. Nous avons lancé deux grandes phases qui ont été bien menées, même si nous regrettons le silence des artistes et autres politiciens maliens sur la question. Un engagement de leur part pourrait nous permettre d’avoir gain de cause. Nous avons toutefois réussi à faire entendre nos revendications à travers une campagne numérique qui est un succès. Nous allons bientôt passer à la suite de notre stratégie avec des actions sur le terrain », avise Fatouma Harber.

Comme mesure déjà en vigueur, le mouvement appelle ses militants (estimés à plus de 1 000) à réduire leur temps de connexion. « Plus de six heures au moins durant le week-end », explique Boubacar Labass Koné. Outre la campagne numérique, le groupe compte également se faire entendre sur la sphère publique par, entre autres, l’organisation d’une conférence de presse à Bamako, des meetings devant les sièges des entreprises de télécoms et une journée entière de boycott des services téléphoniques.

Une autre mesure serait que l’État du Mali assouplisse les taxes sur les produits et les services des TIC, tels que les téléphones portables et la commercialisation des données mobiles, selon des spécialistes. Les opérateurs de télécommunications sont très souvent soumis à des taxes supplémentaires, en plus des impôts et taxes de droit commun payés par les autres entreprises. Au Mali, par exemple, ils sont soumis à la TARTOP (Taxe sur l’accès au réseau des télécommunications ouvertes au public) qui équivaut à 5% du chiffre d’affaires réalisé. Un début de solution à venir, peut-être ? « Une étude relative au prix d’Internet nous a été demandée par le gouvernement », informe un cadre de l’Autorité malienne de régulation des Télécommunications et Postes (AMRTP).

Hadj : le quota accordé aux agences privées fait polémique

Se sentant lésées dans la répartition du quota des pèlerins maliens, des agences de voyage regroupées au sein d’un collectif de 57 membres ont animé une conférence de presse ce 29 avril. Selon eux, ils doivent bénéficier de 20 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence de voyage, 300 pèlerins au minimum et 600 au maximum par agence ou groupement d’agences de voyage. Mais d’après, le directeur général de la maison du hadj, le quota n’appartient pas au privée mais au gouvernement, et les autorités saoudiennes ne reconnaissent pas les agences de voyage. Une commission nationale de suivi et évaluation des agences privées a été mise en place par le ministre en charge des affaires religieuses. Composée de 13 membres c’est cette commission présidée par le directeur de la maison du hadj avec son adjoint en appui qui assure la répartition des quotas. Selon Mahamane Adamou Cissé, directeur général adjoint de la maison du Hadj, les agences qui n’ont pas eu de quota ne remplissent pas les conditions qui vont du paiement des impôts, ou au fait d’avoir un siège. D’après le directeurs général adjoint, parmi ceux qui ont formé le collectif, certains sont persona non grata en Arabie Saoudite. Les responsables de la maison du Hadj précisent que la commission est habilitée à apporter des changements dans la clé de répartition. Le Mali pourra envoyer 13.323 pèlerins contre 6000 en 2022. Sollicité, l’association des agences de voyages et de tourisme n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Sécurité : l’armée interdit le port des tenues militaires aux civils

Dans un communiqué daté du 30 avril, l’armée invite les civils à s’abstenir de porter des tenues militaires sans autorisation, étant entendu que des dispositions seront prises pour rechercher et lutter contre le port irrégulier d’uniformes. Ce communiqué fait suite à un constat. Selon l’Etat-major général des armées, de nombreux combattants neutralisés lors de l’attaque complexe contre l’aéroport de Sévaré le 22 avril dernier portaient des uniformes militaires. De ce fait, l’armée attire l’attention sur le danger que représente pour la sécurité publique, le port non réglementé des tenues militaires. L’Etat-major prévient que des dispositions seront prises pour lutter contre. Ces « dispositions conduiront au retrait systématique des tenues, avec la possibilité de poursuite contre les contrevenants pour mise en danger de la vie d’autrui ». L’Etat-major invite également tous les vendeurs d’uniformes ou d’équipements militaires de tous types à se mettre en règle, en montrant leurs licences. La date limite est fixée au 15 mai 2023.

Magistrats en « conflit » : Qui sont-ils ?

Ils sont tous magistrats mais ne s’accordent plus depuis quelques semaines sur  le fonctionnement de la Justice. Portrait de quatre « protagonistes » qui se font la « guerre ».

Mamadou Kassogué

De ses deux années (2019-2021) comme Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune III en charge du Pôle économique à sa nomination au ministère de la Justice et des droits de l’Homme, Mamadou Kassogué, 49 ans, s’est forgé une réputation de « magistrat incorruptible ». Membre du Syndicat autonome de la magistrature (SAM), il se fait un nom en instruisant les dossiers de personnalités réputées intouchables. À son tableau de chasse, le maire de Bamako Adama Sangaré et Bakary Togola. Mais son image s’effrite lorsqu’en décembre 2020 il ouvre une procédure contre Ras Bath, Vital Diop (ancien DG PMU) et Boubou Cissé, entre autres, pour atteinte à la sûreté de l’État. Beaucoup dénoncent un dossier vide et la chambre d’accusation de la Cour d’appel annule les poursuites en avril 2021. Trois mois plus tard, Kassogué est nommé ministre de la Justice.

 

Idrissa Hamidou Touré

À 38 ans, le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune IV est le plus connu du Mali et le plus craint. Pour en arriver là, le magistrat a utilisé une méthode éprouvée, celle des dossiers médiatisés. Diaba Sora, Gaspi, Ras Bath, Issa Kaou N’Djim, pour ne citer que ceux-là, en ont fait les frais. Avant de devenir Procureur, Idrissa Hamidou Touré, dont le modèle est le Français Éric de Montgolfier, connu pour avoir fait trembler des hommes puissants, a été pendant 4 ans Substitut. Décrit comme sanguin, il a souvent eu maille à partir avec d’autres acteurs du milieu. En 2014, alors Substitut, il a été suspendu pour raisons disciplinaires. Une suspension qu’il juge « injuste » et « illégale » et qui a créé un différend entre lui et Me Mohamed Aly Bathily, ministre de la Justice à l’époque.

Cheick Mohamed Chérif Koné

C’est le « magistrat rebelle ». S’il y a un trait qui le caractérise, c’est son attitude « guerrière ». Cheick Mohamed Chérif Koné, 64 ans, n’a pas froid aux yeux. Magistrat chevronné, il était jusqu’en septembre 2021 Premier Avocat à la Cour suprême du Mali. Limogé après sa dénonciation de la procédure d’arrestation de l’ancien Premier ministre feu Soumeylou Boubeye Maiga, Cheik Mohamed Chérif Koné s’est depuis lors radicalisé contre les autorités de la Transition. En février 2023, il prend la tête de la Coordination des organisations de l’Appel du 20 février dont l’objectif est l’abandon du projet de nouvelle Constitution et le respect du délai de la Transition. Il est Président de la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA), créée en 2018, et de l’Association malienne des Procureurs et poursuivants (AMPP), lancée en 2014. Il a également été Président du SAM avant d’être désavoué en 2017 par ses pairs.

Dramane Diarra

Proche compagnon de Cheick Mohamed Chérif Koné, Dramane Diarra est également membre de la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et de l’Association malienne des Procureurs et poursuivants (AMPP). Il est aussi le Rapporteur général de la Coordination des organisations de l’Appel du 20 février. Ancien Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako, Dramane Diarra, 50 ans, est aujourd’hui à la Direction nationale des Affaires judiciaires et du Sceau. Moins présent que Chérif Koné, il n’en est pas moins aussi virulent. Il dénonce régulièrement ce qu’il considère comme une collusion entre l’Exécutif et des acteurs importants de l’appareil judiciaire, ainsi que « la banalité et la légèreté avec lesquelles le Mali est administré ».

Justice : quand les magistrats se déchirent

Depuis quelques semaines le torchon brûle entre différents acteurs de la Justice. Des magistrats et avocats se font la « guerre » par médias interposés et sur les réseaux sociaux, portant un coup à l’image de l’appareil judiciaire du pays, déjà écorné par certains maux qui le minent depuis toujours.

Le communiqué du ministre de la Justice et des droits de l’Homme lu à la télévision nationale le 20 avril 2023 sonne comme un poing tapé sur la table. Après des semaines de « sorties médiatiques intempestives » de certains magistrats et avocats, « contraires à leur statut et jurant d’avec les règles élémentaires de déontologie », Mamadou Kassogué est visiblement passé à la « vitesse supérieure ».

Il a saisi le Conseil supérieur de la Magistrature pour l’ouverture d’une enquête disciplinaire et a également ordonné au Procureur général près la Cour d’appel de Bamako d’ouvrir une enquête judiciaire contre les magistrats Cheick Chérif Mohamed Koné et Dramane Diarra pour « opposition à l’autorité légitime et toutes autres infractions que les enquêtes feront découvrir ».

Le « clash » continue

Malgré cette annonce d’ouverture d’enquêtes, les « ardeurs » ne faiblissent pas. Les magistrats susmentionnés, Cheick Mohamed Chérif Koné, Président de la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) et de l’Association malienne des Procureurs et poursuivants (AMPP) et Dramane Diarra, magistrat en service à la Direction des Affaires judiciaires et du Sceau et également membre des deux organisations sus-indiquées, n’y sont pas allés de main morte, en réponse au ministre de la Justice et des droits de l’Homme.

« Face à la vaste campagne d’intimidation et de manipulation de l’opinion en cours autour de ce communiqué, faisant état des instructions en vue de l’ouverture conjointe de procédures disciplinaires et d’enquêtes judiciaires, l’AMPP et la REFSYMA, convaincues qu’aucun de leurs dirigeants n’a transgressé ni une disposition pénale ni une règle d’éthique ou de déontologie judiciaire, encore moins le devoir de réserve du magistrat dans la situation d’espèce, n’entendent pas se plier aux excès d’un ministre très partial ayant montré ses limites, refusent de se laisser intimider dans l’exercice légal de leur liberté d’expression, d’association et de réunion garantie par la Constitution (…) », a réagi Cheick Mohamed Chérif  Koné dans un communiqué publié le 21 avril.

À en croire Dramana Diarra, qui a également personnellement réagi dans la foulée, en dehors de la réponse de l’AMPP et du REFSYMA, qu’il assure l’engager, la mission d’enquête administrative que le ministre Mamadou Kassogué a commanditée auprès de l’Inspection des services judiciaires sur des faits disciplinaires relève de la compétence du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM) et non de l’inspection, donc « illégale ». « Nous déplorons la confusion de genres dans laquelle vous excellez depuis votre nomination comme ministre chargé de la Justice », a-t-il martelé au chef du département.

Par ailleurs, pour l’ancien Premier Avocat général à la Cour suprême du Mali, la sortie du ministre remet en cause « de façon discriminatoire » leur exercice légal de la liberté d’expression, d’opinion, d’association et de réunion du seul fait de la non conformité de leur vision avec le « choix des autorités de la Transition dite de rectification » de se mettre aux « antipodes des principes démocratiques et des valeurs républicaines, par la terreur et la psychose ».

Le ministre Kassogué signalait dans sa note que la participation active des magistrats à un groupement politique (Appel du 20 février, NDLR), même avec la couverture syndicale, n’était pas conforme à l’éthique et à la déontologie de cette profession, « comme spécifiés notamment par les articles 19 et 20 du Code de déontologie, 71 de la loi No 02-054 du 16 septembre 2002 portant statut de la Magistrature ». Un « deux poids, deux mesures » est aussi reproché au ministre de la Justice, qui n’a pas cité le Procureur Idrissa Touré dans son communiqué pour les sorties dans les médias.

Vieille querelle

Pour comprendre l’animosité entre les protagonistes, il faut remonter six ans en arrière. Le 9 janvier 2017, les deux syndicats des magistrats, le Syndicat autonome de la Magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la Magistrature (SYLIMA) déclenchent une grève. Ils réclament entre autres une augmentation des salaires et la relecture du statut de la Magistrature. La grève paralysera plus d’un mois la justice malienne. Mais, le 6 février 2017, Cheick Mohamed Chérif Koné, alors Président du SAM, se rend à l’ORTM pour lire une déclaration signifiant la fin de la grève. Rapidement, ses camarades contestent et traitent Koné et Diarra, également membre du SAM, de traitres. L’actuel ministre de la Justice était aussi à ce moment-là un membre influent du SAM. La pilule de cette « trahison » passe toujours mal auprès « du ministre, qui a du mal à se débarrasser de son costume de syndicaliste » confie un analyste qui a requis l’anonymat. Désavoués, Koné et Diarra plient bagages et fondent une année plus tard la Référence syndicale des Magistrats, avec Chérif Koné comme Président. À l’époque, le Procureur Touré, encore peu connu, appelle les différents acteurs à faire la paix pour le bien de la « Justice ». Mais un nouvel épisode va les opposer. En juin 2021, Mamadou Kassogué est nommé ministre de la Justice. Deux mois plus tard, le Procureur de la Cour suprême relance la procédure contre d’anciens dignitaires du régime IBK, notamment l’ex Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, dans les affaires d’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Chérif Koné, alors Avocat général à la Cour suprême, s’y oppose rapidement et dénonce une forfaiture. Selon lui, le dossier doit être instruit par la Haute cour de Justice. Le SAM et le SYLIMA désavouent la démarche de Koné et se rangent du côté du Procureur Timbo. Le 8 septembre, le Président de la Transition abroge le décret de nomination de Koné. Loin de s’en laisser conter, celui-ci multiplie les communiqués et attaque frontalement les autorités. Il se fait une image d’insoumis dans les médias alors que les voix discordantes sont rares. Les deux magistrats, mais pas que, dénoncent également l’ordonnance prorogeant l’âge de départ à la retraite de 65 à 68 ans pour les magistrats occupant les fonctions de Président et de Procureur général de la Cour suprême. Selon Diarra et Koné, cela ne sert qu’à maintenir des « amis » à ces postes et la mainmise de l’Exécutif sur le Judiciaire. Au plus sommet de l’État, le malaise s’installe et, selon une source bien introduite, le ministre Kassogué est sous pression pour trouver une solution aux récalcitrants.

Bras de fer à rebondissements

Le 30 mars 2023, l’Inspecteur en chef des services judiciaires, Moussa Aly Yattara, invite, à la demande du ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Dramane Diarra à se présenter à son service dans le cadre d’une enquête administrative. Ce dernier refuse, expliquant dans une longue note en réponse, le jour suivant, les missions assignées à l’Inspection, précisant que ce service judiciaire n’était pas l’inspection des magistrats ou des agents des services de la Justice.

Le 4 avril, il déclare dans une vidéo que le Procureur Idrissa Hamidou Touré était lui aussi visé par plusieurs plaintes mais n’avait jamais été invité à se présenter devant l’Inspection des services judiciaires. Le jour suivant, le Procureur de la Commune IV rassemble quelques médias pour apporter un démenti aux propos du magistrat Dramane Diarra, accusant celui qui l’avait précédé comme Procureur de la Commune IV de jalousie à son égard. Le Procureur plus le plus connu du Mali, et aussi le plus craint, a mis en garde contre la perte de crédibilité de l’Inspection des affaires judiciaires si jamais ce dernier ne répondait pas à l’invitation de l’Inspecteur en Chef.

« Si Dramane Diarra ne se rend pas à l’invitation de l’Inspection, c’est fini pour ce service, parce que plus personne ne s’y rendra, en tout cas pas mes agents », prévient-il au cours d’une longue intervention durant laquelle il se range derrière le ministre de la Justice. « Au jour d’aujourd’hui, Mamadou Kassogué est le patron de l’administration judiciaire. Que cela plaise ou pas, c’est comme cela ».

Comme Dramane Diarra, Cheick Mohamed Chérif Koné a également décliné l’invitation du même service le 6 avril, mentionnant dans un communiqué que son interpellation était en lien avec son rôle de Coordinateur général de la Plateforme des organisations de l’Appel du 20 février 2023 pour sauver le Mali.

Devoir de réserve?

Dans un communiqué, le 20 avril, le ministre de la Justice indexait le non respect de l’obligation de réserve et du devoir de retenue des magistrats mis en cause. Mais ces derniers ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, les reproches du ministre relèvent  non seulement d’une « méconnaissance des dispositions pertinentes de la Constitution en vigueur, mais aussi et surtout d’une extrapolation inadmissible du devoir de réserve du magistrat, lequel n’est pas le devoir de silence sur tout, mais de ce qui peut être déféré devant lui et dont des parades légales sont, du reste, prévues ».

Plusieurs magistrats ou avocats, dont des anciens ministres, contactés, n’ont pas souhaité se prononcer sur la question. Par ailleurs, nos tentatives du côté du Syndicat autonome de la Magistrature (SAM) et du Syndicat libre de la Magistrature (SYLIMA) n’ont également pas abouti.

Selon une source au SYLIMA, le syndicat a décidé de s’abstenir d’intervenir dans les médias « en attendant d’y voir clair » et pour ne pas contribuer à aggraver les tensions.

Prison de Bamako -Coura : près de 3000 détenus en situation de détention provisoire

Sur environ 3600 détenus, près de 3000 sont dans une situation de détention provisoire. Ce qui résulte d’une visite de la commission nationale des droits de l’homme à la maison centrale d’arrêt de Bamako ce mardi 25 avril à l’occasion de la journée africaine de la détention provisoire. Placée sous le sceau du monitoring des lieux de privation de liberté, la journée africaine de la détention provisoire a été commémorée ce mardi 25 avril au Mali par une visite de la commission nationale des droits de l’homme à la maison centrale d’arrêt de Bamako et au niveau des unités d’enquête de la capitale. Au cours de cette visite à la maison centrale d’arrêt, il a été constaté une certaine insuffisance mais aussi quelques violations des droits de l’homme, notamment sur la situation de surpopulation carcérale. La CNDH par la voix de son président Aguibou Bouaré affirme qu’elle se donnera comme autre objectif, celui de sensibiliser les juges au décernement des mandats de dépôts. Cette visite a permis à la commission nationale des droits de l’homme de visiter quelques détenus mais aussi de s’entretenir avec l’administration pénitentiaire qui avoue souffrir aussi de cette situation de surpopulation carcérale.

Bréhima Sidibé : « nous sommes la Transition »

URD, RPM… Au Mali, ils sont légion les partis politiques à souffrir d’instabilité interne après le décès de leurs leaders. Comment l’expliquer ? Entretien avec Bréhima Sidibé, analyste politique et Secrétaire général du parti FARE An Ka Wili.

Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Il faut l’analyser dans son contexte. Est-ce que nous sommes dans une société qui a des convictions fortes, une conscience de soi-même, c’est à dire qui est prête à se battre pour sa pensée, ses opinions et croyances, entre autres ? Quand on est issu d’une telle société volatile, d’une telle société en perpétuel mouvement, il faut s’attendre à ce phénomène. Les partis politiques ne sont qu’une partie de la société. Ce  phénomène est si visible dans les partis politiques, dans la classe politique, parce qu’aujourd’hui tout est fait pour attirer l’attention de l’opinion sur la classe politique. Sinon, ce qui est fait au sein des partis politiques se fait aussi dans nos familles et dans toutes les sphères de notre société. Ce n’est pas l’apanage des politiques.

Comment travaillez-vous dans votre parti pour éviter cela ?

Nous sommes un Secrétariat exécutif de 99 membres, des hommes et des femmes de conviction. Nous espérons que l’idée qui nous a amenés à créer les FARE, à nous constituer en parti politique, résistera quel que soit celui où celle qui sera là. Quand on est convaincu d’un idéal, quand on a des ambitions pour son pays, quels que soient les hommes ou les femmes qui sont là, l’idéal peut résister, aller de l’avant et se réaliser.

Quelle est la posture de votre parti vis à vis de la Transition aujourd’hui ?

Étant donné que les militaires qui ont pris le pouvoir en août 2020 ont dit qu’ils étaient venus parachever l’œuvre du M5-RFP, nous considérons que c’est nous la Transition, et non un soutien de la Transition. En fait, il y a ceux qui la soutiennent et les autres. La Transition, c’est nous. C’est nous qui l’avons souhaitée depuis IBK, puisque nous sommes l’un des acteurs majeurs du M5-RFP, qui a sollicité son départ.

Qui du M5 aujourd’hui M5 ?

Il a connu des difficultés mais cela n’empêche que l’idéal perdure. Au-delà des hommes, nous avons voulu qu’il soit un esprit. Et cet esprit existe toujours.

Le mouvement s’est quand même scindé en deux ? 

Non, il n’y a qu’un seul M5. C’est au niveau du Comité stratégique qu’il y a eu des problèmes, avec la création du Comité stratégique M5 Mali Kura. Sinon, au niveau des militants, tout le monde se réclame du même M5.

Mali – Transition : les mille et une difficultés des journalistes

Le rapport « Dans la peau d’un journaliste au Sahel », publié le 3 avril dernier par Reporters sans frontières, met en évidence d’immenses obstacles à être journaliste au Mali. Déjà confrontés au non versement de la subvention allouée aux médias depuis 2019 et à un ralentissement des mannes publicitaires, ils peinent également à faire leur travail à cause de l’insécurité et de la répression politique.

Il est de ces épreuves de vie qui sont plus dures que la mort. Depuis 2016, Birama Touré, journaliste de l’hebdomadaire Le Sphinx, est porté disparu après avoir été enlevé à Bamako. Sept ans sans donner signe de vie. « Personne ne sait s’il est vivant ou mort », dit l’un de ses proches, pour lequel la situation est toujours difficile. Le 6 avril dernier, c’est le journaliste Aliou Touré, Directeur de publication du journal Le Démocrate, qui a subi le même sort dans la capitale malienne, avant finalement d’être libéré le 10 avril par des ravisseurs non identifiés.

Une chance que n’ont toujours pas eue les journalistes maliens Hamadoun Nialibouly et  Moussa M’Bana Dicko, enlevés respectivement en septembre 2020 et en avril 2021 au centre du Mali par des hommes armés.

À Bamako comme à l’intérieur du pays, les journalistes subissent des agressions. « Il est indéniable que le métier de journaliste au Mali est devenu extrêmement difficile en raison de l’insécurité qui règne dans le nord et le centre. Les risques auxquels sont confrontés les journalistes dans ces localités sont très élevés. Les enlèvements, les menaces et les intimidations sont monnaie courante pour eux », explique Modibo Fofana, Président de l’APPEL Mali. En outre, certains se retrouvent aussi « cyber harcelés et menacés », indique le rapport, qui met l’accent sur le cas de Malick Konaté. Victime régulièrement de cyber harcèlement et d’intimidation depuis début 2023, le journaliste reporter d’images (JRI), également fondateur de la web télévision Horon32, a dû quitter le pays.

Face à la situation, les organisations de la presse s’organisent. Une cellule réunissant l’ensemble des organisations professionnelles de la presse a été créée suite à la disparition du journaliste Aliou Touré. Et elle continue d’œuvrer malgré son réapparition. « Nous demandons à l’ensemble de la presse de continuer cette synergie d’actions et de se donner la main pour faire aboutir nos revendications les plus légitimes pour une presse libre, indépendante et responsable. Dorénavant, la Cellule de crise mise en place va s’intéresser au cas Birama Touré, pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire », a indiqué le 11 avril dernier le Président de la Maison de la Presse, Bandiougou Danté.

Sécurité : une nouvelle attaque terroriste à Sévaré

Au petit matin, vers 5h20, un énorme bruit réveille les habitants de Sévaré encore endormis. Le début d’une nouvelle attaque dans la ville visant les emprises des Forces de Défense et de sécurité. Les assaillants seraient venus de Bandiagara à bord de véhicules bourrés d’explosifs en direction du camp de la garde nationale et l’aéroport de Sévaré. Ils ont été stoppé selon des témoignages au quartier Sarena où les drones de l’Armée malienne sont rentrés en action pour détruire l’arsenal des terroristes. Selon une source sur place, des hélicoptères de l’Armée ont survolé la ville dans la matinée alors qu’un ratissage était en cours. Une grande partie de la ville a été bouclée par les forces de défense et de sécurité. Plusieurs blessés, notamment des déplacés internes dont le camp se situe à proximité de la zone d’impact ont été évacués vers l’hôpital Sominé Dolo. Certaines sources citant des responsables de l’hôpital évoquent aussi plusieurs morts. L’armée a assuré avoir déjoué une attaque complexe aux environs de l’aéroport mais n’a pas encore communiqué de bilan.

Sécurité : le chef de cabinet du président de la transition meurt dans une attaque à Nara

Quatre. C’est le nombre de morts dans une attaque perpétrée par des hommes armés le 18 avril dernier sur l’axe Guiré – Nara a annoncé hier le Chef d’Etat major général des Armées dans un communiqué. Parmi les victimes, figure le chef de cabinet du président de la transition, l’Adjudant Oumar Traoré qui était dans la délégation. Cette information a été confirmée par un document interne de la présidence qui évoque les obsèques. Les autres victimes sont un agent de sécurité, un chauffeur et un entrepreneur, opérateur du forage. Un autre membre, un chauffeur est porté disparu. Le communiqué de l’armée sur l’attaque mentionnait des agents d’une entreprise de forage « mobilisée dans le cadre des œuvres sociales du Président de la Transition, Assimi Goïta ». Par la suite, dans la soirée un communiqué attribué au ministère de la Sécurité démenti par la suite évoquait la mort du chef de cabinet dans l’attaque. 

 

MINUSMA : 10 ans après, à la croisée des chemins

Le 25 avril 2013, quand le Conseil de sécurité de sécurité des Nations unies adoptait la résolution 2100 créant la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation au Mali (Minusma), il misait sur un retour rapide à la paix dans un pays en proie à une instabilité sans précédent. 10 ans après, la Minusma est toujours présente, soumise aux multiples évolutions d’une crise à rebondissements qui, à bien des égards, ont fini par impacter son efficacité. Entre avancées et doutes, retour sur une décennie de présence onusienne au Mali.

L’histoire entre la Mission onusienne et le Mali pourrait se résumer aujourd’hui à celle d’un couple au bord du divorce. Le grand amour des débuts d’un « mariage en grande pompe » s’est dissipé au fil des années, sur fond de malentendus qui ont fini par faire voler en éclats la confiance mutuelle. Résultat, après 10 ans de chemin commun, jamais les deux partenaires n’ont autant frôlé la séparation. Renouvellement du mandat en juin dernier sur fond d’incompréhensions entre le gouvernement malien et le Conseil de sécurité, restrictions de la liberté de déplacement de la Mission sur le territoire national, contestations publiques des rapports à la tribune des Nations unies, entre autres.

D’ailleurs, une certaine opinion publique malienne favorable à un départ pur et simple de la Mission onusienne du Mali n’a cessé de se faire entendre ces dernières années, même si elle contraste avec le soutien que continue de lui apporter une partie des populations du Nord auprès de laquelle la Minusma intervient principalement, notamment à Gao ou à Tombouctou.

Le Mouvement Yèrewolo Debout sur les Remparts, après sa lettre adressée en août 2022 aux responsables de la Mission et d’autres petites actions menées, entend hausser le ton lors d’un meeting ce 28 avril 2023. Le slogan demeure le même, « Minusma dégage ! ».

L’analyse, par ailleurs, des résultats de l’enquête d’opinion « Mali-Mètre 2022 » de la Fondation Friedrich Ebert montrait que plus de la moitié de la population malienne n’était pas satisfaite de la Minusma, avec « 14% plutôt insatisfaits et 45% très insatisfaits ».

Un bilan « mitigé » 

La Minusma est poussée vers la sortie par certains Maliens et doit aujourd’hui faire avec les restrictions de mouvements imposées par les autorités de la Transition. Environ 24,1% des autorisations de vols d’hélicoptères et drones ont été récemment refusées. Le gouvernement l’impute au non-respect des procédures convenues. Elle aura pourtant réussi durant cette décennie de présence dans le pays à atteindre des résultats.

« Pour moi, le bilan n’est pas négatif. Quand on parle de la Minusma, il ne faut pas seulement voir le volet sécuritaire. Il y a d’autres volets, comme le politique, le judiciaire, l’humanitaire, entre autres », soutient Abdoulaye Tamboura. Pour ce géopolitologue, le bilan de la Mission onusienne au Mali durant ces dix dernières années est plutôt mitigé. Si certains Maliens estiment qu’il est négatif, ce n’est pas le cas des acteurs de la Minusma, même si beaucoup reste à faire. Le sentiment d’insatisfaction des populations maliennes vis-à-vis de la Minusma, explique-t-il, est lié à son mandat, jugé non adapté mais qu’elle ne peut pas outrepasser.

Hamadoun Touré, ancien ministre et ancien Porte-parole de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) abonde dans le même sens. « Ce qui est fait dans le bilan de la Minusma ne correspond pas avec ce qui était attendu de la part des populations maliennes. Ces dernières pensaient que la Minusma allait venir tout régler, remettre juste les  clés du Mali au Maliens et partir, ce qui ne s’est pas passé durant ces 10 ans », glisse-t-il. Les deux  analystes s’accordent sur un  acquis important à mettre à l’actif de la Mission onusienne : la fin de la belligérance entre l’État malien et les ex-rebelles. En effet, depuis le cessez-le feu de 2014, les armes ont été mises de côté pour laisser une chance à l’Accord pour la paix signé en 2015, même si celui est de plus en plus fragile ces dernières semaines.

Pour la Porte-parole de la Minusma, Fatoumata Sinkou Kaba, le bilan de ces 10 ans de  présence au Mali est positif sous l’angle de la mise en œuvre des mandats successifs, malgré « une conjoncture internationale défavorable, avec des ressources humaines et financières de plus en plus réduites pour répondre aux besoins de plusieurs foyers de tension ».

« La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation a permis de stabiliser les régions du Nord. Il demeure l’instrument par excellence pour le retour de la paix au Mali. Aujourd’hui, dans des villes comme Gao et Tombouctou, les habitants jouissent à nouveau de leur liberté de circulation, y compris au-delà, notamment les jours où des foires hebdomadaires se tiennent dans les localités environnantes. La reprise du commerce est un signe d’un retour relatif de la paix », argue-t-elle. Outre cet aspect, la nouvelle Porte-parole liste les réalisations de la structure, qu’elle a rejointe en février dernier, en remplacement du Français Olivier Sagaldo, expulsé du Mali quelques mois plus tôt.

Réduction des violences entre communautés au Centre du Mali, sécurisation des routes principales, notamment la RN15, revitalisation des Commissions foncières (COFO) dans les régions du Centre pour réduire les violences liées au foncier, mise en œuvre de projets à impact rapide et d’autres, plus structurants, financés à travers le Fonds fiduciaire pour la paix et la sécurité au Mali, formation des Forces de défense et de sécurité maliennes… La liste est loin d’être exhaustive.

Avenir fragilisé ?

À deux mois d’un éventuel renouvellement de son mandat pour une année supplémentaire, difficile de prévoir la durée de vie restante de la Minusma. Autant les signaux d’une « mort programmée » de la Mission onusienne sont réunis depuis quelques mois, autant, les différentes parties (l’État malien et le Conseil de sécurité des Nations Unies) ne semblent pas prêtes à « l’enterrer ».

Mais le retrait des forces internationales, qui avaient contribué à la protection des camps et des secteurs, et le fait que les moyens aériens critiques prévus dans le plan d’adaptation de la force « continuent de faire défaut », ainsi que les « restrictions non déclarées » font débat. À cela il faut ajouter le retrait imminent de plusieurs pays contributeurs, dont l’Allemagne, la Côte d’Ivoire, le Bénin ou encore l’Égypte, qui a suspendu sa participation. Dans un récent  rapport soumis au Conseil de sécurité pour un examen interne de la Minusma, le Secrétaire général António Guterres fait trois propositions pour une reconfiguration future de la Mission. Selon le document, la première consiste à augmenter les capacités (Soit environ 2 000 ou 3 680 membres du personnel en tenue supplémentaires), de manière à permettre à la Mission d’exécuter son mandat dans son intégralité dans tous les secteurs où elle est déployée.

La seconde veut continuer de se concentrer sur les priorités stratégiques, avec une présence consolidée pour soutenir les priorités actuellement prescrites dans le mandat de la Mission ou alors dans les limites de l’effectif maximum autorisé, l’accent étant mis principalement sur le soutien à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

Enfin, la troisième proposition, plus drastique que les deux premières : retirer les unités en tenue et transformer la Mission en mission politique spéciale, parce que « l’élargissement du mandat de la MINUSMA en 2019, sans que des capacités supplémentaires lui soient accordées, a mis la Mission à rude épreuve. La situation actuelle est intenable », alerte  António Guterres.

« En l’absence d’une composante Personnel en tenue, la Mission ne serait pas en mesure de maintenir une présence civile hors de Bamako, en raison des menaces asymétriques. Elle consoliderait en conséquence sa présence à Bamako et pourrait continuer d’apporter son soutien au dialogue politique et à la réconciliation, au renforcement des capacités de gouvernance et à la surveillance, à la promotion et à la protection des droits humains et encourager le rétablissement de l’autorité de l’État », explique le Secrétaire général.

Une telle reconfiguration pourrait bien permettre à la Minusma d’échapper à sa perception par les populations de « force d’occupation », résultat selon l’ancien porte-parole de l’Onuci, Hamadoun Touré, de sa longue durée, « ennemie de toute mission de paix ».

Campus universitaire : une vie de calvaire

La vie des étudiants au Mali n’est pas toujours simple. Pour certains, c’est un véritable calvaire au quotidien. Incursion au campus universitaire de Badalabougou.

Des toilettes crasseuses, des couchettes superposées et couvertes d’habits ou encore le manque de sommeil, les étudiants maliens habitant les campus universitaires vivent un calvaire au quotidien dans le silence. Par peur des retombées sociales, rares sont ceux qui acceptent de raconter leur expérience.

Mardi 11 avril 2023, colline de Badalabougou. Ici est bâti le plus vieux campus universitaire du Mali, celui de la Faculté des Sciences et Techniques. Un imposant bâtiment en forme de navire, appelé ironiquement par ses occupants « Titanic ». Réservé prioritairement aux étudiants venant des régions, il a une capacité d’accueil de plus de 1 200 personnes réparties entre 180 chambres, soit de 4 à 8 étudiants par chambre.

« Depuis l’obtention de mon Bac, en 2019, je vis ici, étant donné que je n’ai pas de parent à Bamako. Nous vivons à 8 dans une chambre que nous payons chacun 10 000 francs CFA par an.  Il y a des chambres à 4 pour 15 000 francs par an. Ce n’est pas facile de vivre entassées comme ça, mais nous n’avons pas le choix. En plus nous sommes confrontées aux manques d’eau et d’électricité », explique une étudiante qui a requis l’anonymat.

Tout comme elle, Youssouf Z. Fomba, étudiant originaire du centre du pays, vit dans « la difficulté » au campus depuis bientôt 2 ans. Il se plaint des conditions de payement des bourses, dont le montant annuel, selon lui, est de 314 000 francs CFA pour la bourse entière. « C’est difficile pour nous, puisque nous comptons sur cet argent pour nous prendre en charge. Les bourses ne suffisent pas et, pire, elles sont données en retard. Nous passons 6 mois sans souvent », déplore-t-il.  Face à cette situation, « nous faisons des petits boulots en ville lorsqu’on n’a pas cours. C’est le seul moyen de survivre », témoigne un autre étudiant.

Au nombre des difficultés, il y a aussi l’AEEM qui, selon certains, ne distribuerait pas équitablement les dons qui lui sont offerts. « Les dons qu’on nous amène sont rares et tout le monde ne peut pas en bénéficier. Souvent il y a 100 sacs de riz et 100 sacs de sucre, alors qu’au campus on a 180 chambres. C’est compliqué de donner à tout le monde », se défend Aboubacar Sidiki Coulibaly, étudiant à la FST et membre du Comité AEEM.

Toutes ces difficultés, selon les témoignages, font du campus un lieu qui compromet le parcours universitaire de plus d’un étudiant.

Coopération : l’Allemagne quitte la MINUSMA mais maintiendra son aide au Mali

Avec quelque 1400 soldats, l’Allemagne est la plus importante contributrice de l’Union européenne au sein de la MINUSMA. Mais depuis l’arrivée des russes au Mali, Berlin considère que les conditions ne sont plus réunies pour continuer à participer à la MINUSMA. En visite à Bamako jeudi et hier vendredi, son ministre de la défense affirme pourtant que l’Allemagne ne veut pas claquer la porte. « Le Président de la transition a dit que non seulement il appréciait énormément l’engagement de l’Allemagne ici, mais aussi la manière dont cet engagement a eu lieu dans le pays, c’est-à-dire sur un pied d’égalité et entre partenaires. Ceci nous confirme dans notre travail, dans notre coopération et nous allons continuer cette coopération avec le pays » a assuré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius. Tablé sur neuf à douze mois pour le retrait de ses soldats de la MINUSMA, le Ministre précise qu’avec le Mali, les ponts ne sont pas entièrement rompus dans le domaine militaire, mais aussi à l’aide au développement. « Vous savez que nous retirerons nos forces armées de la MINUSMA l’année prochaine. Nous avons parlé des raisons pour ce retrait, mais de toute façon, une coopération, nous voulons la continuer sous une autre forme. Nous pensons à la formation militaire et nous aurons toujours des conseillers militaires sur place, et nous voulons continuer notre échange » a t-il ajouté.

NBA – WNBA : les Maliens à l’assaut des championnats américains

Avec la tête pleine de rêves d’évoluer un jour dans le championnat le plus prestigieux du basketball mondial (NBA ou WNBA), à l’instar de leurs illustres prédécesseurs, plusieurs jeunes maliens ont rejoint ces dernières années les championnats universitaires américains.

Le jeune basketteur malien Adama Sanogo, tout juste auréolé du titre de champion universitaire des États-Unis et d’un trophée de meilleur joueur, regarde désormais plus haut, vers la NBA notamment. Plusieurs médias américains font du Malien de 20 ans l’une des prochaines attractions de la Draft. Le principal a annoncé jeudi 13 avril son intention de se présenter à la Draft.

Il pourrait être sélectionné lors du deuxième tour de la Draft par Orlando, Houston, Charlotte ou encore les Detroit Pistons. Les équipes les moins classées de la saison régulière, qui vient de prendre fin, ce qui signifie que le Malien pourrait avoir un grand rôle pour relancer l’une des franchises citées.

Plusieurs autres joueurs maliens talentueux jouent dans des équipes universitaires américaines, tel Oumar Ballo par exemple. Draftée en 29ème position dans la nuit du 10 au 11 avril 2023  par Phoenix Mercury au 3ème round, la Franco-Malienne Kadi Sissoko a l’opportunité de rentrer dans la cour des grands la saison prochaine si une franchise décide de s’offrir son talent. L’ailière de 24 ans est toujours sélectionnable chez les Aigles Dames, même si tout semble lui présager une carrière chez les Bleues.

Sika Koné, qui a connu presque le même parcours, réalise déjà son rêve. Draftée depuis avril 2022 par la franchise de New York Liberty, la pivot a signé son contrat de recrue, comme annoncé, le 10 février dernier. Après Sanogo, champion universitaire, Sika Koné pourrait devenir la prochaine Malienne à inscrire son nom au palmarès d’une compétition. Sur le papier, en effet, son équipe est considérée comme la meilleure de l’histoire de la WNBA, avec plusieurs joueuses talentueuses. Mais cela devra se confirmer sur le terrain et la Malienne, après avoir enchainé les bonnes performances partout, devra se montrer également performante en WNBA pour s’y faire une place.

Gouvernement – Groupe armés : jusqu’où ira la discorde ?

Le survol de Kidal, en milieu de semaine dernière, par des avions de l’armée malienne a exacerbé les tensions entre différentes parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Alors que la médiation internationale tente de trouver une voie pour la reprise du dialogue, le gouvernement malien et les groupes armés signataires campent sur leurs positions.

Que serait-il advenu ce 5 avril 2023 si, depuis le ciel du Septentrion malien, l’armée de l’air avait répondu aux tirs de sommation des combattants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) en direction des avions de chasse qui ont survolé à basse altitude, selon plusieurs sources, certaines villes du nord dont Kidal ? Il n’en a en tout cas pas fallu plus pour que les ex-rebelles crient à une « violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale, garante des arrangements sécuritaires et de l’Accord pour la paix ».

À cette accusation à peine voilée les autorités de la Transition n’ont jusque-là officiellement pas réagi. Selon nos informations, elles ne souhaitent pas communiquer pour l’heure sur cette situation. Nos tentatives auprès de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) pour plus d’informations sur l’opération de survol et les moyens mobilisés n’ont pas abouti.

Reprise des combats ?

L’Accord pour la paix et la réconciliation en lui-même est vacillant depuis des mois. En décembre 2022, les représentants des groupes armés signataires, réunis au sein du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement  (CSP-CSD) ont suspendu leur participation aux mécanismes de sa mise en œuvre.

Les différentes tentatives de la médiation internationale (Rencontre à Kidal avec les groupes armés, rencontre des groupes armés à Alger avec le Président algérien, réunion de la médiation à Bamako avec l’ensemble des parties…) pour que les différentes parties signataires reprennent le dialogue n’ont visiblement pas porté fruit.

Dans ce contexte, le récent « incident » de Kidal fait craindre à certains observateurs une nouvelle poussée de température entre le gouvernement du Mali et les mouvements armés, sans exclure une montée des tensions aboutissant à une reprise des combats armées entre les deux camps près d’une décennie après la fin des confrontations. Le 6 avril, sur les réseaux sociaux, des photos d’armes antiaériennes aux mains des mouvements signataires ont circulé lors de la célébration de l’unilatérale « indépendance » de l’Azawad. Une réponse, selon certains, au survol.

Mais, à en croire Dr. Aly Tounkara, spécialiste des questions sécuritaires au Sahel, un tel scénario est peu probable. « Quand on regarde depuis trois mois de part et d’autre les différentes déclarations qui sont faites çà et là, tout laisse entendre que des velléités sécessionnistes pourraient difficilement être déclenchées de nouveau, au regard de l’intérêt, en dépit de ces agissements, que les deux parties manifestent vis-à-vis des débuts d’accalmie que l’Accord a pu quand même instaurer entre elles depuis des années ».

Sauver l’Accord

La médiation internationale, garante du suivi de l’Accord depuis sa signature en 2015, tente de le sauver. D’ailleurs, le gouvernement de transition a toujours réitéré son attachement et son engagement à une mise en œuvre « intelligente » de l’Accord. Même s’ils semblent ne pas s’accorder sur les mêmes priorités que les autorités, les groupes armés signataires, de leur côté, restent également disposés à aller vers sa mise en œuvre.

Mais aucune des deux parties n’a pour l’heure réagi aux nouvelles « propositions concrètes » que la médiation internationale a indiqué leur avoir fait, dans un communiqué en date du 9 avril 2023. « Nous sommes en train d’étudier et de nous concerter sur ces propositions avant d’y répondre », nous a indiqué une source au sein des groupes armés qui n’a pas souhaité détailler les propositions en question.

Toutefois, selon certaines sources, il s’agirait, entre autres, de l’opérationnalisation de la Commission ad hoc sur la chaîne de commandement des forces reconstituées, d’un début de l’opération DDR sur un premier lot de 13 000 ex-combattants et de la mise à jour des arrangements sécuritaires sur le cessez-le-feu. La médiation internationale veut aller vite. Selon nos informations, elle envisage de rencontrer le gouvernement le 17 avril, avant d’élargir les discussions aux groupes armés signataires une semaine plus tard, à partir du 24.

URD : Gouagnon Coulibaly confirmé président

La Cour Suprême du Mali a confirmé ce mercredi 12 avril Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD. Fin d’un feuilleton judiciaire qui aura duré plus d’une année entre les héritiers de feu Soumaila Cissé, l’ex-chef de file de l’opposition disparu le 25 décembre 2020. 

C’était attendu depuis plusieurs mois. Le verdict final dans le litige opposant M. Gouagnon Coulibaly au Pr. Salikou Sanogo pour la prise en main de l’Union pour la République et la démocratie (URD)  est tombé hier mercredi.

La Cour Suprême, délibérant publiquement et contradictoirement en son audience de ce 12 avril 2023, a rejeté le pourvoi en cassation introduit par le Professeur Salikou Sanogo  contre l’arrêt du 07 septembre 2022 de la cour d’appel de Bamako.

Pour rappel, cet arrêt confirmait le jugement N°130 du 4 avril 2022 du Tribunal de Grande instance de la Commune V du District de Bamako, validant le Congrès extraordinaire du 16 janvier 2022 qui avait porté Gouagnon Coulibaly à la tête de l’URD.

En conséquence, ce rejet de la Cour suprême valide toutes les dispositions de l’arrêt  du 7 septembre 2022 qui avait confirmé la légalité et la légitimité de l’élection de M. Gouagnon Coulibaly en qualité de Président de l’URD.

Mais cette confirmation de l’ancien Directeur de campagne de Soumaila Cissé à la tête de l’URD continue de diviser le parti de la poignée de mains. «  Des juges ont décidé d’enlever la fragrance de Soumaila Cissé à l’URD. Aucune décision ne peut me parquer en dehors de mes valeurs. Adieu cher parti. Dieu, que je t’ai bien aimé », a indiqué Moussa Seye Diallo, Secrétaire-adjoint à la communication du parti, proche du Professeur Salikou Sanogo.

Selon une source au sein de ce camp, une réunion devrait se tenir en fin de semaine suivie d’une Conférence de presse dans la foulée pour expliquer leur position par rapport au dernier développement du différend qui secoue le parti depuis le décès de Soumaila Cissé.

De son côté, Abdrahamane Diarra, Président de la Jeunesse du parti, proche de Gouagnon Coulibaly  a réagi en rappelant le caractère démocratique de l’URD. « Un parti politique est et demeure l’association d’hommes et de femmes ayant une convergence de vue. Sa conduite obéit à la volonté de la majorité de ses membres. L’Union pour la République et la Démocratie (URD), notre parti est démocratique. Sous le leadership de son président Gouagnon Coulibaly nous ne comptons pas déroger à cette règle fondamentale », a-t-il répliqué.

 

 

 

 

Olivier Dubois : « Impossible de leur échapper »

La liberté n’a pas de prix. Olivier Dubois savoure cette assertion. Libéré le 20 mars dernier, après 711 jours de captivité passés aux mains du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, il renoue depuis avec les siens. Dans cette longue interview, le journaliste, ancien collaborateur du Journal du Mali qui se décrit comme une tête chercheuse en mouvement, répond à nos questions sur ses conditions de détention et ses perspectives.

Pouvez-vous revenir sur votre enlèvement, le 8 avril 2021. Comment cela s’est-il passé ?

Le 8 avril 2021, je prends un avion Sky Mali pour Gao. J’arrive sur les coups de 11h. Souleymane, mon contact, est là pour m’accueillir et m’emmène à l’hôtel Askia. Nous allons passer deux heures là-bas, puis il va aller chercher à manger. Moi, je prépare mes questions. Je dois interviewer un cadre du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. Mais une demi-heure avant de partir, Souleymane (un infirmier qui était en lien avec un terroriste) reçoit un coup de fil et me dit : « écoute, je devais venir avec toi initialement, mais ils ne veulent plus que je vienne, tu dois y aller seul ». J’avoue qu’à ce moment-là je suis désemparé. J’ai envie de tout annuler parce que ce n’est pas ce qui était prévu. Ça ne devait pas se passer comme ça. Je redemande à Souleymane si avec cette nouvelle situation je peux leur faire confiance, s’il faut annuler ou pas. Il me dit non ça va, il est sûr qu’il n’y aura pas de problème. De toute façon, le cadre que je dois voir a le diabète et doit recevoir une piqûre pour cela directement après notre entretien, ajoute-t-il.

Il dit qu’il doute vraiment qu’il puisse m’arriver quelque chose. Donc on part dans sa voiture, je pense en périphérie de Gao, où on doit avoir cette rencontre avec les moudjahidines. Ils arrivent dans un pick-up couleur sable à notre niveau. Je me souviens d’avoir ouvert la portière, de m’être tourné vers Souleymane, de lui avoir dit « tu es mon dernier filet de sécurité ». Je sors et me dirige vers le pick-up. Je monte à l’intérieur et nous partons. On va rouler avec les moudjahidines, dont trois derrière, armés. On va rouler 5 voire 10 minutes puis on va croiser un autre pick-up de la même couleur, avec des personnes à l’intérieur qui ressemblent vraiment à celles avec lesquelles je suis.

Moi, je suis concentré sur mes questions, sur cette interview. On me dira un jour après que nous avons été pris en chasse par le pick-up que nous avons croisé et que des coups de feu ont été échangés. Moi je n’ai rien entendu personnellement. Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment l’un des hommes à l’arrière a tapé sur la voiture pour dire au chauffeur d’accélérer. Pendant quatre heures, nous allons rouler tambour battant jusqu’à la région de Kidal. Une fois là-bas, je suis avisé que je suis maintenant leur otage. La longue période qui va durer presque 2 ans commence à ce moment-là.

Qu’avez-vous ressenti les premières heures après votre enlèvement ?

Je me souviens d’avoir été traversé par plusieurs sentiments. Premièrement un sentiment d’injustice, parce que j’avais préparé l’interview, j’avais eu leur accord, j’avais  eu une lettre d’invitation et je me retrouvais kidnappé. J’ai donc ressenti un fort sentiment d’injustice, puis ensuite un sentiment un peu étrange, comme si j’étais abasourdi. Cela mêlé à de la peur. Je me dis qu’est-ce qu’il va se passer maintenant? Dans deux jours, je suis censé prendre l’avion de Gao pour revenir à Bamako. Je comprends à ce moment-là que je ne serais pas dans cet avion. Donc comment réagiront mes proches, ma famille? Même si à ce moment-là, je me dis que les choses vont s’arranger, que c’est juste que cette katiba n’est pas au courant que je devais interviewer un cadre. Donc j’ai des sentiments ambivalents, confus, qui font que durant cette première nuit de captivité je ne dormirai pas du tout.

Vous avez déclaré ne pas avoir été maltraité. Ce traitement vous a-t-il surpris ?

Globalement, je n’ai pas été maltraité. Je n’avais pas un harassement quotidien physique ou des choses comme ça. Il y a eu des épisodes difficiles, mais est-ce que j’étais surpris? Je dirais non. Non, pas vraiment, parce que vous comprenez aussi que quand vous êtes avec eux, ils suivent le Coran, et le Coran est clair en ce qui concerne les prisonniers. Pour eux, si vous ne causez pas de problèmes, il y a pas de raisons qu’ils vous en causent. Maintenant, si vous en causez, là il peut se passer des choses difficiles. Mais j’aimerais ajouter aussi que c’est surtout une affaire d’hommes, dans le sens où ça dépend des moudjahidines que vous avez avec vous. Je suis tombé sur des moudjahidines qui pouvaient être mauvais, sur d’autres qui étaient indifférents, sur d’autres qui étaient respectueux. Ça dépend vraiment de cela. Mais oui, globalement, je peux dire qu’il n’y a pas eu de maltraitance et je pense que c’est premièrement parce que ce sont des musulmans et deuxièmement parce que vous avez aussi pour eux une certaine valeur. Leur but c’est quand même de tirer quelque chose de vous. Comme je disais à mon partenaire, le Sud-Africain Gerco Van Deventer (Enlevé en 2017) qui était avec moi en détention, nous avons une marge. Vous êtes un infidèle pour eux, c’est entendu, mais vous êtes aussi un prisonnier, un investissement. Vous êtes quelqu’un dont ils veulent tirer quelque chose et cela vous donne une marge, qui n’est pas grande, qui n’est pas confortable, mais si vous savez jouer avec cette marge vous pouvez globalement traverser cette page de captivité avec moins de difficultés.

Mais vous étiez tout de même enchainé…

Oui, tout à fait, vous êtes enchainé parce que vous êtes prisonnier. Durant mes presque deux années de captivité, j’étais enchainé tous les jours. À un moment beaucoup plus que d’habitude. On va dire qu’entre le 8 juillet 2021 et le 2 février 2022 j’étais enchainé nuit et jour, que ce soit à un arbre, une grande jante de camion. Vous êtes enchainé, ça c’est clair. Et ils le justifient par le fait que de toute façon vous êtes un prisonnier et que vous pouvez potentiellement vous évader. Donc par sécurité, surtout la nuit, vous devez être enchaîné. Après, si vous vous comportez mal, comme ça m’est arrivé, vous êtes enchainé nuit et jour. Moi j’étais enchainé principalement aux jambes. Ils ont des niveaux d’enchainement. J’ai vu d’autres prisonniers qui étaient enchainés du cou au poignet, autour de la taille et après aux jambes. Un peu comme les prisonniers qu’on pouvait voir à Guantanamo (Prison militaire américaine à Cuba).

Vous avez fait trois tentatives d’évasion qui ont toutes échoué. Après la dernière, avez-vous perdu espoir ?

Sur les tentatives d’évasion, les deux premières ont été annulées de mon fait. C’est à dire que je quittais le camp, je faisais quelques kilomètres et, pour différentes raisons, je revenais. La plupart du temps, c’était par manque d’eau ou encore parce que j’avais mal jugé le terrain. Pour la troisième tentative, je pars dans la nuit et ils me récupèrent vers midi le lendemain. Ça m’a porté un coup le fait de me faire attraper. Et ce désir de m’échapper va vraiment s’éteindre en décembre 2021. J’étais détenu dans une sorte de prison à ciel ouvert et puis il y a ces deux jeunes Touaregs qui vont s’évader, comme je l’ai fait, et qui vont être récupérés le lendemain. Ils sont ramenés enchaînés. Et là je me suis dit que ce n’était pas possible. Moi j’ai tenté, j’ai raté, et eux qui connaissent le terrain ont raté aussi. On ne peut pas leur échapper, me suis-je dit. C’est quasiment impossible de leur échapper.  Et là je dois penser à une autre stratégie, parce que je me dis à ce moment-là que l’évasion n’est pas la solution.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris à la radio le départ de la Force Barkhane du Mali ?

Je me dis que je suis laissé seul. Ça va être très compliqué pour moi d’être libéré, et là, oui, j’ai quand même eu une perte d’espoir. Mais après il faut savoir que dans cette situation-là l’espoir, c’est quand même quelque chose qui vous maintient et il est très important de trouver d’autres voies pour raviver cet espoir. Mais je dois avouer que sur le coup, quand j’ai su à la radio que la France se retirait du Mali, ça m’a touché. J’ai commencé à douter d’une libération prochaine et je me dis que le temps allait être long.

Étiez-vous tenu au courant des négociations en cours pour votre libération ?

Durant ma captivité, j’ai eu très peu d’informations concernant une négociation entre le GSIM et la France. Les moudjahidines vous gardent dans le flou. Ils ne vont pas vous mettre au courant étape par étape de ce qui se passe. Seul moment où je comprends qu’il y a des négociations, c’est en novembre 2021. Parce qu’ils viennent me voir pour tourner une vidéo preuve de vie. On me dit qu’ils sont en train de discuter avec les français et que ces derniers demandent cette vidéo. Mais je n’étais pas tenu au courant de ce qui se passait.

Vous êtes journaliste et vous étiez à l’intérieur du groupe. Des dispositions particulières ont-elles été prises pour que vous n’ayez pas accès à des informations sensibles ?

Je ne sais pas si ce sont des dispositions, je dirai plutôt des précautions, mais ils savaient que j’étais journaliste. Durant le premier mois de ma captivité, par exemple, le groupe qui me surveillait, composé de 5 jeunes, avait ordre de ne pas discuter avec moi, de ne pas répondre à mes questions. Pendant une bonne partie de la première année, c’était difficile pour moi d’obtenir des stylos et du papier pour écrire quoi que ce soit. Ils n’aiment pas vous voir écrire. Donc oui, je pense que mon statut de journaliste pouvait poser des problèmes et en même temps ça m’a permis d’établir quelque chose avec eux. Ils ont compris que je voulais comprendre, ils ont compris que je voulais faire comprendre aux autres qui ils sont et ce qu’ils font. Cela a pris du temps, mais, pour répondre à la question, la majeure partie de cette détention s’est faite dans une relative méfiance par rapport à mon statut de journaliste.

Durant votre captivité, vos ravisseurs ont-ils essayé de vous convertir ?

Oui, bien sûr, ils ont essayé de me convertir. Mais je crois que c’est l’un des buts des moudjahidines quand vous êtes leur prisonnier. J’ai demandé à partir de novembre 2021 à lire le Coran et cela a accéléré cet état de fait. J’ai eu beaucoup de débats, beaucoup de discussions. On venait me voir pour me parler de l’Islam, m’encourager et me convaincre de devenir musulman.

Cela a-t-il marché ?

Non, je ne me suis pas converti. Ils n’ont pas réussi à me convertir.

Avez-vous pu communiquer avec eux, créer des liens ?

C’était l’un de mes buts. Je suis à l’intérieur, je me suis résigné à ma condition de prisonnier. Je me dis Olivier tu es journaliste, tu es à l’intérieur, tente de comprendre ce qui se passe, observe, parle, essaie de ramener un maximum d’informations. Pour cela, il faut créer des liens. Il y a la barrière de la langue évidemment : la plupart d’entre eux ne parlent que tamasheq et arabe. Certains parlent français, mais c’est quand même difficile. Donc j’ai essayé d’établir des liens, de discuter avec eux, ça n’a pas été facile. La lecture du Coran à aider un petit peu à briser la glace. Oui, des liens ont pu être créés malgré ces différentes barrières, le fait que je ne sois qu’un infidèle, le fait que je ne parle pas forcément la langue et le fait que je sois journaliste.

Vous les appelez moudjahidines, pourquoi ?

Ils détestent qu’on les appelle des terroristes. Ils ne se considèrent pas comme des terroristes et j’utilise le terme moudjahidines parce que c’est le terme qu’ils utilisent et qui est peut-être le plus fidèle à ce qu’ils sont. C’est l’habitude que j’ai eu ces deux dernières années et c’est vrai qu’au lieu de mettre djihadistes, quoique djihadistes soit plus précis, plus vrai, je les appelle plutôt moudjahidines.

Certains otages développent un syndrome de Stockholm avec leurs ravisseurs. Cela a-t-il été votre cas ?

C’est difficile de répondre à cette question, compliqué de faire une sorte d’auto diagnostic psychologique. Mais bon, si on reprend ce qui est le syndrome de Stockholm, en gros partager après un certain temps les points de vue de ses ravisseurs et éprouver une sorte de sympathie, voire d’affection, pour eux, ce n’est pas mon cas. Ce qui m’a fait résister et aider à traverser ces presque deux années, c’est justement quelque part en m’appuyant sur moi-même, en développant un programme qui me renforçait  mentalement et physiquement, en faisant appel à des choses que j’aimais, que je savais faire et qui me faisaient du bien. Donc je n’étais pas vraiment sur leur tempo. Et puis j’ai continué à être un journaliste quand j’étais à l’intérieur. L’idée n’était pas de partager leur point de vue, mais d’interroger leur vision. Ça m’a préservé de ça. Après, c’est une question de temps. Deux ans c’est beaucoup, mais est-ce qu’on développe un syndrome de Stockholm en deux ans, je ne sais pas. J’étais par exemple avec un Sud-Africain (Gerco Van Deventer) qui lui était depuis plus de cinq ans leur otage. Lui pourrait répondre à cette question mieux que moi. Mais voilà, j’ai mis des garde-fous pour justement me préserver de ça et je pense que ça a marché.

Votre libération a été un regain d’espoir pour la famille de ce Sud-Africain, qui a depuis lancé un nouvel appel à sa libération…

Alors oui, j’ai entendu et vu cet appel, qui a été lancé par sa femme. Je l’ai rencontrée pour lui donner des informations. J’ai passé plus d’un an et demi avec lui. Et je continue de mon côté à travailler à sa libération. Nous nous étions promis cela, d’ailleurs. Celui qui sortait en premier devait aider l’autre. Du moins joindre la famille de l’autre et lui donner des nouvelles. Je pense que quelque part ça a dû motiver sa famille à faire ce message. Maintenant je pense qu’elle est mobilisée sur son cas depuis un certain temps. Moi, ce que je peux apporter maintenant ce sont des informations par rapport à ce qu’on a vécu ces deux dernières années et peut-être les aiguiller un petit peu. J’espère que mes contributions pourront les aider.

Vous avez été déplacé de nombreuses fois. Avez-vous une idée du lieu où vous étiez retenu en captivité ?

Nous avons été déplacés de nombreuses fois et, quand vous êtes en captivité, à un moment vous commencez petit à petit à essayer de savoir où vous êtes. Dans quelle direction vous allez. Vous suivez le soleil, si vous avez une montre, vous commencez à calculer les distances par rapport au temps, donc j’ai une idée de là où j’étais détenu. J’ai la certitude que je suis resté dans la région de Kidal lors de mes presque deux ans de captivité.

Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de votre libération ?

Je dirais d’abord qu’il y a la joie, bien évidemment, d’être libéré. Après, vous êtes déboussolé, parce qu’il faut savoir que les cinq derniers jours vous passez par différentes émotions. Vous êtes excité par la possibilité de cette liberté, elle semble toute proche. En même temps vous avez passé deux ans en captivité, vous avez des réflexes, vous avez une adaptation, vous avez une façon de vivre, vous vous êtes habitué à ça. Donc ça ne s’arrête pas du jour au lendemain. Moi, je me suis senti libre au moment où je suis sorti du véhicule des moudjahidines et que j’ai vu au loin deux militaires français, je me suis dit ça y est, c’est fait. Et puis après tout va très vite, vous prenez l’avion, vous arrivez sur Niamey et puis vous revoyez une ville, plein de monde, des journalistes, des flashes et des caméras. Vous êtes déboussolé. Je dirais heureux, déboussolé et très fatigué.

Aujourd’hui, libre, que ressentez-vous, qu’allez-vous faire ?

Ma priorité au jour d’aujourd’hui, c’est prendre du repos, de me reconnecter avec ma famille et puis petit à petit de tourner la page de ces deux dernières années. Après on verra. Il faut aller de l’avant. Il n’y a rien de déterminé pour le moment. Il y a des possibilités, on verra, mais ce n’est pas ma priorité pour l’instant.

Savez-vous dans quelles conditions vous avez été libéré ?

Non, je n’en sais pas plus que vous. Quand j’étais là-bas, on ne m’a pas informé des contreparties de ma libération. Ce qu’on m’a dit lorsque j’ai été libéré, c’est que l’un des grands acteurs sont les autorités nigériennes, qui ont vraiment permis cette libération. Après, quelles sont les conditions de cette libération, qu’est ce qui a été donné aux moudjahidines? Je n’en sais rien. Nous ne le saurons peut-être jamais.

Le Premier ministre de transition Choguel Kokala Maïga a assuré que le Mali avait joué un rôle…

Oui, j’ai entendu la déclaration du Premier ministre Choguel Kokala Maïga. Moi, personnellement, je ne connais pas tous les acteurs qui ont participé à ma libération. Ce que je sais, c’est que durant les premiers mois de ma captivité le Mali a joué un rôle. En tout cas, il y aurait eu des contacts avec mes ravisseurs pour tenter de négocier, de faire quelque chose. Après, ce que ça a donné, est-ce que ça a continué jusqu’au bout, je ne sais pas? Mais j’étais détenu en territoire malien, dans la région de Kidal, donc il ne me semble pas non plus impossible de penser que le Mali a joué un rôle dans ma libération, je ne sais pas dans quelle proportion.

Vous avez un lien particulier avec le Mali, comptez-vous y retourner vous installer ?

Le Mali, c’est quelque chose d’important pour moi. Parce que ce sont six ans de vie professionnelle, six ans de vie familiale à Bamako. On reste souvent rarement autant de temps dans un pays que l’on n’aime pas. Je dirais que les deux dernières années de captivité n’ont pas altéré cela. J’aime le Mali, je m’y sentais bien avec ma famille. Maintenant, est-ce que je vais y retourner pour m’y installer? C’est trop tôt pour le dire. J’ai été libéré il y environ une quinzaine de jours. Je suis maintenant en France, j’ai besoin de repos, j’ai besoin de me reconnecter puis j’ai besoin après de planifier mon futur. Moi je suis journaliste et travailler comme journaliste étranger au Mali est devenu un peu compliqué. C’est un pays que j’aime beaucoup, bien qu’il me soit arrivé ce qui m’est arrivé. C’est un peu trop tôt pour répondre à cette question, pour moi en tout cas, mais il est clair que oui, c’est quelque chose à quoi je devrai songer prochainement.

Accord pour la paix : la médiation internationale veut relancer le processus

Face au blocage et tensions persistantes autour du processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix, la communauté internationale a dans un communiqué publié hier dimanche annoncé avoir présenté aux parties signataires des propositions concrètes pour la relance de l’accord. Ces propositions qui n’ont pas été détaillées ont      été présentées aux parties le 7 avril dernier. « La Médiation internationale est convaincue que ces propositions, qui tiennent compte des préoccupations exprimées par les Parties lors des différentes consultations menées au Mali et en Algérie, sont de nature à renouer la confiance et à favoriser le rétablissement d’un dialogue constructif, sous l’égide du Comité de suivi de l’Accord présidé par l’Algérie » peut-on lire dans le communiqué.

« La Médiation internationale observe avec inquiétude le regain actuel de tension entre les Parties signataires. Dans ce contexte, elle lance un appel pressant aux Parties pour qu’elles s’abstiennent de propos et d’actions susceptibles de compromettre les efforts consentis par la Médiation en vue du parachèvement du processus de paix, traduisent en actes concrets leur attachement proclamé à l’Accord, et placent l’intérêt de leur pays et de son peuple au-dessus de toutes autres considérations » poursuit-elle.

Les mouvements armés signataires de l’accord pour la paix réunis au sein du CSP ont suspendu leur participation au processus de mise en œuvre en décembre 2022. Le 5 avril dernier, un avion de l’armée malienne a survolé des positions de la CMA dans le nord du pays notamment à Kidal. Dans un communiqué publié dans la foulée, la CMA a dit considéré ce survol comme une violation du cessez-le-feu de 2014. Aucune des parties ne s’est encore exprimée sur les propositions de la médiation internationale.

 

Biennale : la reprise ne fait pas l’unanimité

Plus de 10 ans que la Biennale artistique et culturelle, dans sa forme initiale, est à l’arrêt. Le gouvernement du Mali entend la relancer en juillet prochain à Mopti, où elle devait se tenir après la dernière édition de 2010 à Sikasso. Alors que les autorités justifient leur démarche par une recommandation des Assises nationales de la Refondation (ANR), de l’avis de certains acteurs culturels, « la Biennale n’est plus nécessaire ».

La Biennale artistique et culturelle va revenir 6 ans après l’organisation de l’édition spéciale de 2017 à Bamako. Elle se tiendra du 6 au 16 juillet 2023 dans la Venise malienne. « Elle est une forte recommandation des ANR et une volonté politique affichée du Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta. Elle s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’action du gouvernement, du Cadre stratégique de la Refondation de l’État et de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, afin de répondre à une aspiration profonde des Maliens qui repose sur la paix, la quiétude, le vivre-ensemble, l’unité nationale », justifie Alamouta Dagnoko, Directeur national de l’Action culturelle (DNAC), structure en charge de l’organisation de l’évènement.

Le lancement officiel a été effectué à Mopti le 31 mars dernier, sur le thème « Le Mali, une histoire commune, une seule nation, un même destin », par Andogoly Guindo, le ministre en charge de la Culture. Signe que la reprise de l’activité culturelle est en bonne voie. Ce retour toutefois ne fait pas l’unanimité.

« La Biennale est une pratique d’un autre temps, certes populaire par la nostalgie du passé, mais imaginée pour prendre en charge des enjeux qui n’existent plus. Elle n’est pas en phase avec les réalités d’aujourd’hui et les enjeux de la culture et de la construction citoyenne. C’est d’ailleurs pourquoi les tentatives de reprise de l’événement ont échoué », a réagi l’opérateur culturel, Alioune Ifra NDiaye.

Selon ce dernier, à la place de la Biennale, il est souhaitable d’investir plutôt dans le développement d’un programme structurant, comme par exemple la création d’un réseau de diffusion sur l’ensemble du territoire. « Cela pourrait être un réseau de 70 équipements culturels, avec des espaces de 200 places en moyenne, capables de diffuser du théâtre, de la musique, de la danse, du cinéma, des expositions, des conférences-débats et d’accueillir des manifestations populaires. Ce qui ferait un potentiel de plus de 2 millions de spectateurs et de 10 080 dates par an pour les artistes et les acteurs culturels maliens », explique-t-il.

Premier League : blessures et luttes pour les Aigles

Dans le championnat anglais, l’herbe n’est pas très verte pour les Aigles du Mali. Entre blessures, temps de jeu réduit ou encore position au classement très dangereuse, les internationaux vivent une saison galère.

Même s’il n’a connu qu’un seul rassemblement avec les Aigles, Abdoulaye Doucouré revit à Everton depuis le changement d’entraineur. Titulaire sous les ordres de Sean Dyche, le Malien a été expulsé le 3 avril après un geste d’humeur sur l’attaquant anglais Harry Kane. Il va manquer les 3 prochains matchs de son club, qui affronte Manchester United ce samedi en début d’après-midi. Son club, 16ème au classement, a le même nombre de points (27) que le premier relégable, Bournemouth. La situation est plus critique pour Moussa Djenepo. Sur le plan personnel, au contraire de Doucouré, le changement d’entraineur n’a pas bénéficié à l’ailier. Depuis la prise de fonction de l’Espagnol Ruben Selles, Djenepo ne joue plus et n’est même plus présent dans le groupe professionnel lors des rencontres de son équipe. Les « Saints » sont pourtant derniers au classement, avec 23 petits points et un calendrier démentiel à venir. Lors de leurs 5 prochains matchs, ils vont affronter Manchester City, Arsenal et Newcastle. Soit le podium de Premier League. Avec 9 rencontres à jouer avant la fin des matchs retour, Southampton est fortement menacé de descente cette saison. Il lui faudra une fin de parcours canon, et un peu de chance sûrement, pour espérer rester dans l’élite. Plus haut au classement, les Wolverhampton Wanderers occupent la 14ème place, avec 28 points. Les Wolves ont définitivement acheté le milieu de terrain Boubacar Traoré à Metz pour 11 millions d’euros. Actuellement blessé, le joueur, surnommé « Phéno », va s’engager pour 4 ans avec le club anglais. L’entraineur Julen Lopetigui apprécie son profil et il pourrait devenir très important en cas de départ du Portugais Ruben Neves. Les clubs dans lesquels évoluent les Maliens ne se battent pas que pour leur survie en Première division. Yves Bissouma, blessé depuis février, et son club de Tottenham lorgnent une place en Ligue des Champions. Les Spurs, qui sont actuellement 4èmes de Premier League, ont 2 matchs de plus que leurs principaux concurrents. Le club de Londres pourrait donc dégringoler à la 6ème place en cas de résultats positifs de ces équipes.

COMATEX : une relance et des questions

Depuis cMalie mardi 4 avril, la Compagnie Malienne des Textiles (COMATEX) est détenue à 100% par l’État malien, après la passation de services entre la nouvelle Direction générale et l’entreprise chinoise COVEC. Le gouvernement entend désormais œuvrer à sa relance. Mais la société, basée à Ségou, croule sur une dette de plus 8 milliards de francs CFA et est confrontée, entre autres, au vieillissement de ses équipements et à la concurrence des tissus importés.

La volonté avait été annoncée le 23 novembre 2022. Réunies en Conseil des ministres, les autorités de la Transition avaient adopté un plan « qui nécessite un apport financier de l’État d’environ 6 milliards de francs CFA » pour la relance des activités de la Compagnie Malienne des Textiles. Dans cette perspective, le 10 mars 2023 le gouvernement a doté la COMATEX d’un nouveau Conseil d’administration et d’un nouveau Directeur général. En outre, le ministre de l’Industrie et du commerce, Mahmoud Ould Mohamed, a rencontré fin mars dans la Cité des Balanzans les travailleurs de la société. Un chronogramme de redémarrage de l’usine a été établi. Le 4 avril, l’entreprise chinoise COVEC, qui en détenait 80%, a cédé ses parts pour le franc symbolique à l’État. Le 17 avril prochain se tiendra le premier Conseil d’administration pour dynamiser le processus.

« Les autorités font preuve de beaucoup de volonté et on espère qu’elles réussiront à relancer la COMATEX. C’est un désir du Président de la Transition, nous a dit le ministre lors de sa visite. Il faudra cependant que l’État fournisse beaucoup d’efforts, car la compagnie est confrontée actuellement à diverses difficultés », tient à préciser le Secrétaire général du Comité syndical UNTM de la COMATEX, Abdoulaye Diakité.

Au nombre de ces difficultés, des dettes à outrance. Selon les estimations du syndicat des travailleurs, l’entreprise croule sous une dette de plus de 8 milliards de FCFA. « 200 millions comme arriérés de salaires aux employés, plus de 2 milliards aux fournisseurs de carburant et 600 millions à EDM. En plus, elle doit aussi de l’argent à la BDM et à la SOTELMA », énumère le syndicaliste. Autant de dettes à payer, tout comme une validation du plan à obtenir du Tribunal de Commerce pour aboutir à la relance. Depuis deux ans, la juridiction tarde à statuer sur le redressement judiciaire de la compagnie.

Banamba : des milliers d’enfants privés d’école

Plus d’une quarantaine d’écoles sont fermées dans le cercle de Banamba à cause de l’insécurité. Il s’agit notamment de huit écoles de la commune de Sébété, dix-sept dans la commune de Toubacoro, douze dans la commune de Toukoroba, quatre dans la commune de Kiban et deux dans la commune de Toubacoura. Cette information a été donnée par les Comités de gestion scolaire (CGS) du cercle de Banamba, qui se disent préoccupés et interpellent les autorités pour une solution rapide.

Cette situation, qui prévaut depuis 2018, préoccupe les parents d’élèves, qui craignent pour l’avenir de leurs enfants, des milliers, privés d’école. Ils demandent aux autorités d’intervenir pour renforcer la sécurité dans la zone et freiner les djihadistes dans leur élan. En effet, depuis cette date, les hommes armés auteurs  de ces incursions ont demandé la fermeture des écoles qui dispensent le programme classique. Seules les écoles d’enseignement coranique sont autorisées à fonctionner.

Malgré la tenue fin 2019 d’un Cadre de concertation présidé par le Préfet du cercle, pour informer les acteurs de l’Éducation de la fermeture de plus d’une vingtaine d’école, la situation persiste dans les localités du cercle Banamba, dans la région de Koulikoro. Cette dégradation, qui entrave le droit à l’éducation de milliers d’enfants, touche aussi une centaine d’enseignants, qui se retrouvent au chômage à cause de ces fermetures.

Ras Bath : l’étau se resserre autour du chroniqueur

Incarcéré le 13 mars 2023 suite à des accusations publiques concernant le décès de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, Mohamed Youssouf Bathily alias Ras bath n’est visiblement pas au bout de ses démêlées avec la justice. Fin mars, le célèbre chroniqueur a été de nouveau inculpé pour 3 autres chefs d’accusation.

« Association de malfaiteurs contre autrui de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière », « offense au chef de l’État de 2023 jusqu’à 10 ans en arrière » et « diffusion de paroles contre les mœurs du pays ». Avant de se présenter le 29 mars 2023 devant le Procureur du tribunal de la Commune IV, Ras Bath ne s’imaginait pas être inculpé pour trois chefs d’accusations plus graves que la « simulation d’infraction » pour laquelle il avait été placé sous mandat de dépôt trois semaines plus tôt. D’autant plus que son Conseil, Me Kassoum Tapo, avait déjà introduit une demande de mise en liberté provisoire en attente du procès, prévu pour le 13 juin prochain.

Du délit au crime

Le Porte-parole du Collectif pour le développement de la République (CDR) qui encourait d’un mois à cinq ans de prison, en risque désormais au minimum 20, selon une source judiciaire. Mais pas que. Ras Bath est également maintenant visé par deux mandats de dépôts différents. Une nette aggravation de sa situation, selon un avocat qui a requis l’anonymat.

« La même personne était déjà placée sous un premier mandat de dépôt. Le Procureur a cru bon de chercher contre lu, d’autres charges. Cette fois ce sont des charges criminelles. Les crimes ne peuvent pas être déférés en citation directe devant le tribunal correctionnel, il faut une instruction préparatoire », confie cette source. Selon elle, le Procureur est tout simplement dans une logique « d’aggraver la situation » du célèbre chroniqueur, en lui reprochant des infractions criminelles et en saisissant le juge d’instruction par rapport  à ces « crimes ».

« La simulation d’infraction est un délit et, dans ce cas, la détention provisoire ne dépasse pas un an, tandis que pour les crimes on peut aller jusqu’à 3 ans », précise l’avocat, craignant que l’animateur de l’émission « Grand Dossiers » ne se trouve à présent dans une situation très complexe.

Musèlement ?

Au CDR, dont Ras Bath porte la voix, les partisans, « très surpris » de la tournure des évènements, pensent que leur « guide » est victime d’un acharnement parce qu’il dérange politiquement. « Nous pensons qu’on veut le réduire au silence et que l’objectif poursuivi est de le maintenir le plus longtemps possible en détention, parce que le juge d’instruction a tout son temps. Ras Bath est un détenu politique, il dérange », accuse Aliou Touré, Secrétaire administratif du Collectif. Il craint que les nouveaux chefs d’accusations qui pèsent sur le chroniqueur ne réduisent à néant l’aboutissement de la demande de mise en liberté provisoire formulée par son avocat.

« Même s’il obtient la liberté provisoire pour le premier mandat de dépôt, par rapport au premier chef d’accusation, nous craignons que cela ne soit pas le cas pour les trois nouveaux chefs d’accusation », avoue-t-il.

Mais le CDR ne compte pas rester sans agir. Il va animer une conférence de presse pour « montrer à l’opinion nationale et internationale notre désaccord », informe le Secrétaire administratif. S’il confirme que d’autres actions vont suivre dans la foulée, Aliou Touré assure que le Collectif ne posera aucun acte qui aille à l’encontre du respect des institutions de la République, « parce que nous avons confiance en notre justice ».

En 2021, après quelques mois de détention, la Cour suprême avait ordonné l’abandon des charges contre le Porte-parole du CDR, ainsi que plusieurs autres personnalités qui étaient poursuivies pour tentative de déstabilisation des institutions. Les affaires diffèrent et leurs issues pourraient également différer.

En attendant la suite que va lui réserver le juge d’instruction et la tenue d’un premier procès, le 13 juin 2023, Ras Bath continue d’être écroué. Le chroniqueur, qui au début  était détenu dans des conditions très peu enviables, a été transféré depuis peu au « 4ème cabinet » de la Maison centrale d’arrêt de Bamako, où il bénéficie de meilleures conditions et est autorisé à recevoir de la visite.

Secteur minier : l’État veut reprendre la main

C’est le 23 mars 2023 que les cabinets Iventus et Mazars ont présenté le « Rapport d’audit du secteur minier au Mali » au Président de la Transition.  Destiné à « fournir un diagnostic global des activités d’exploitation minière au Mali et un plan d’action » pour accompagner les ministères de l’Économie et des Mines dans les futures négociations avec les compagnies, il n’est pas encore connu du grand public. Mais il suscite déjà autant d’interrogations que de défis à relever pour le secteur.

Aussitôt présenté en Conseil des ministres, le 29 mars 2023, le rapport a fait l’objet d’une instruction du Président de la Transition demandant l’élaboration d’un plan d’actions pour mettre en œuvre les recommandations de la mission d’audit autour de quelques axes. Ces actions comprennent notamment la création de deux Commissions, l’une pour la négociation et/ou la renégociation des conventions minières et l’autre pour le recouvrement des montants éludés suivant un plan élaboré ou encore le rapatriement au Mali des produits issus de l’exportation de l’or.

Premier du genre, ce rapport d’audit est l’aboutissement d’un processus long de plusieurs mois. Le 28 novembre 2022, après avoir constaté des « manquements », le gouvernement a suspendu jusqu’à nouvel ordre l’attribution des titres miniers, alors que l’audit était déjà en cours. Au moment de la suspension décidée par les autorités, selon des données de la Direction nationale de la Géologie et des mines (DNGM), le 5 décembre 2022, 1 070 titres étaient actifs sur 2 833 attribués, 1 623 permis avaient expiré et 138 avaient été annulés.

Que peut changer le rapport ? 

Si les conclusions du rapport montrent de nombreuses anomalies dans le secteur de l’exploitation minière, irrégularités se rapportant notamment au non-respect des règles en vigueur, il faut toujours situer la responsabilité des manquements constatés. Certaines insuffisances pointées seraient notamment relatives au fait que les contrats aient été signés à des moments où le prix de l’or était très bas et que, ce prix ayant connu une augmentation, ces derniers devraient être révisés et adaptés aux nouveaux coûts, assure Dr Abdrahamane Tamboura, économiste. Le cours de l’or était de 58 000 euros le kilo de lingot en mars dernier. En janvier 2019, année de la dernière réforme du Code minier malien, il était de 37 380 euros. Le rapport donne donc aux dirigeants « le droit d’échanger avec les sociétés minières et de voir éventuellement les différentes modifications possibles ». L’État a ainsi des éléments justifiant la nécessité non seulement de réviser ces contrats, mais aussi de dédommager ou à la limite de mettre fin aux contrats. Une solution qui sera a priori difficile à mettre en œuvre, car nécessitant des recours au plan international. Une démarche peu probable, les autorités s’étant inscrites dans une logique qui se veut pour l’heure consensuelle.

Mais, en révisant les différents contrats, l’État s’offrirait la possibilité de mieux contrôler l’exploitation minière, qui doit connaître des améliorations, comme suggéré par les recommandations du rapport. C’est en tout cas l’objectif recherché dans une situation économique et financière difficile. L’État veut en effet reprendre la main sur un secteur-clé de l’économie. Troisième producteur d’or en Afrique derrière l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali souhaite faire de la formule trop entendue « l’or qui brille pour les Maliens » une réalité.

Négociations difficiles

Selon le Code minier en vigueur, l’État a droit à une participation de 10 à 20 % dans toutes les mines, essentiellement exploitées par des multinationales canadiennes et australiennes. Plusieurs d’entre elles, qui sont dans une certaine expectative, attendent des échanges avec le gouvernement. Les autorités ont promisune démarche participative incluant les sociétés minières dans la mise en œuvre du plan d’actions discuté en Conseil des ministres. Selon un analyste qui a requis l’anonymat, la méfiance des exploitants miniers s’est accrue depuis que le gouvernement a créé en novembre dernier une société minière nationale à capitaux 100% maliens. Les sociétés étrangères ont un avantage : leur capacité à lever des fonds. Et l’investissement continu, qui peut se chiffrer à plusieurs milliards de francs CFA, en demande beaucoup, ce qui rend difficile le développement des sociétés nationales. Pour preuve, plusieurs permis ont été accordés à des nationaux dans le but de favoriser leur participation, mais il s’est avéré que beaucoup n’ont pas réussi à les rentabiliser.  En sus, même si le sous-sol malien est très riche et que les contrats signés sont de longue durée, le Mali doit œuvrer sous la « menace » de certains voisins. Notamment la Côte d’Ivoire, dont le secteur minier se développe et qui propose des avantages fiscaux plus alléchants en termes d’investissement. Le port d’Abidjan est également un atout, pour la venue des machines indispensables à l’exploitation mais aussi pour faire sortir les productions. Les sociétés minières mettent également en avant tout ce que l’or apporte à l’économie malienne. B2 Gold, par exemple, l’un des principaux exploitants dans le pays, a assuré lors de son bilan annuel avoir versé à l’État malien 228 milliards de  francs CFA. Depuis 2016, c’est plus de 813 milliards de francs CFA qui ont été versés selon la société, qui affirmait employer à la fin de l’année 2022 2 697 Maliens.

Cette volonté des autorités d’avoir un plus grand contrôle sur le secteur minier ne peut aussi être dissociée du gain politique. L’incompréhension autour des potentialités minières du pays et des réalités des conditions de vie des Maliens alimentent souvent les débats. Et les sociétés minières ne sont pas les seules à indexer, loin de là. Selon notre observateur, le rapatriement des devises dont il est question est prévue dans le Code. Et s’il n’est pas effectué, cela dénote d’une insuffisance au niveau des mines mais aussi du côté du contrôle de l’État. Du laxisme, voire de la corruption, à plusieurs niveaux qui ne permet pas la totale transparence sur la question.

Réformes urgentes

Avec une production estimée à 72,22 tonnes en 2022, l’or reste au cœur des exportations et de l’économie malienne. Mais, pour constituer un véritable tremplin pour l’économie, le secteur doit encore s’adapter et nécessite des réformes. L’une des plus urgentes pourrait être de profiter des failles constatées pour envisager de réviser tous les contrats pour les adapter aux nouvelles donnes de l’exploitation minière. Il s’agit de faire en sorte que les réformes prennent en compte une meilleure implication de l’État. L’or fait partie des ressources naturelles, qui relèvent du domaine collectif, il faut donc que les communautés soient impliquées dans certaines prises de décision les concernant. Les réalités économiques font que le Mali doit presser le pas. L’or et le coton représentent ses deux principales ressources d’exportation. La CMDT a annoncé en février dernier que la production cotonnière record de la campagne 2021-2022, de 760 000 tonnes, ne serait pas renouvelée. Elle devrait baisser de plus de 30%. L’or, qui est le principal pourvoyeur de devises du pays, apparaît donc comme la « solution ». L’État a-t-il le pouvoir de renégocier ces contrats sans risque de réticences ? Pas sûr, et les autorités en ont conscience, selon M. Tamboura. Elles savent qu’elles ne peuvent pas remettre en cause ces contrats d’un seul coup. Mais maintenant que l’audit est fait et qu’il existe des éléments d’insuffisance, « s’il y a vraiment des manquements dans la conclusion des contrats, nous avons la possibilité de les réviser ».

Ces contrats constituent un gage pour les sociétés et les investissements y afférant, selon un responsable de société. Avant toute relecture, l’État devrait rencontrer directement les sociétés, sans intermédiaires, pour des échanges constructifs.

Même si les «  failles identifiées constituent des raisons valables pour mettre fin à ces contrats sans conséquences », il faut attendre la deuxième étape, après celle de la présentation du rapport. C’est-à-dire partager ses conclusions avec tous les acteurs en attendant de pouvoir répondre à la question essentielle : savoir si, malgré toutes ces failles, le Mali a le droit de mettre fin à ces contrats et comment le faire?

Accord pour la paix : bientôt le point de rupture ?

Des avions de chasse de l’armée malienne ont survolé ce mercredi Ber, Amassine, Anafis et Kidal dans le nord du pays. Dans une vidéo amateur qui circule depuis le début de l’après-midi, on entend des tirs qui visaient visiblement l’avion. La coordination des mouvements de l’Azawad, a rapidement publié un communiqué. Dans le document, la CMA dit prendre cette « malheureuse aventure comme une violation patente du cessez-le-feu du 23 mai 2014 et une provocation grave opérée sous les yeux de la communauté internationale garant des arrangements sécuritaires et de l’accord pour la paix ».  Ce nouvel épisode intervient alors que le processus de mise en œuvre de l’accord est bloqué. Les groupes signataires de l’accord réunis au sein du CSP ont suspendu leur participation en décembre 2022. L’incident survient également la veille de la déclaration de la prétendue « indépendance » de l’Azawad. Les autorités de la transition n’ont pas encore réagi.

Sahel : RSF alerte sur les conditions des journalistes

Dans un rapport rendu public ce lundi 3 avril, Reporters sans frontière interpelle et dénonce les nombreuses suspensions des médias français au Sahel ainsi que les conditions de travail des journalistes.

‘’Couvrir librement les multiples crises du Sahel est de plus en plus difficile pour les journalistes, davantage encore depuis que des militaires ont pris le pouvoir dans plusieurs pays’’ a indiqué Reporters sans frontières dans un rapport publié ce lundi. Au Mali, au Burkina et au Tchad, les militaires ont cherché à contrôler les médias au travers de mesures d’interdiction ou de restriction, voire d’attaques ou d’arrestations arbitraires » ajoute le rapport.

Au Mali, le 17 mars 2022 les autorités ont suspendu toute diffusion de RFI et France 24 après une diffusion par ces médias de reportages selon lesquels l’armée malienne serait impliquée dans des exactions contre des civils.

Le 3 décembre 2022, le Burkina Faso a suspendu à son tour toute diffusion de la radio RFI sur l’étendue du territoire burkinabé. Le 27 mars 2023, la chaîne de télévision française France 24 voit à son tour être suspendue. Cinq jours après cette suspension, Sophie Douce du Monde et Agnès Faivre de Libération ont été expulsées samedi 1er avril. Autant de freins à la liberté de la presse au Sahel qui justifient cette sortie de reporters sans frontières.

Dans son rapport, RSF mentionne aussi la détérioration de la situation financière des médias sous l’effet de la crise et de l’arrêt des subventions des Etats.