IBK invité du Sénat français

Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, est arrivé à  Paris mardi soir pour participer vendredi et samedi au Sommet de l’Elysée pour la paix et sécurité en Afrique auquel doit prendre part une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que plusieurs responsables d’organisations internationales dont le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon et la présidente de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma. l’objectif de ce sommet qui est mettre sur pied une force d’intervention africaine capable d’agir rapidement en cas de crise et conflit sur le continent sera agencé autour de trois composantes thèmatiques : « la paix et la sécurité », « le partenariat économique et développement » et « changement climatique ». En attendant l’ouverture du sommet prévu ce vendredi, le président de la République, fortement sollicité par les médias français et internationaux, mais aussi par des leaders et hommes d’Etat de tous horizons, était mardi l’hôte du Senat français. Accueilli au Palais du Luxembourg par le président de la haute chambre française, M. Jean-Pierre Bel qui avait à  ses cotés plusieurs sénateurs dont Jean-Pierre Chevènement, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keàta a eu un entretien avec les membres du bureau Senat et le président de la Commission Afrique du Sénat. Au cours de cet échange, très productif, le président de la République n’a pas manqué de d’expliquer à  M. Jean-Pierre Bel et ses collègues sénateurs les préoccupations et inquiétudes unanimes des autorités et des citoyens face à  la situation angoissante et injuste qui prévaut à  Kidal et attiré leur attention sur la montée de plus en plus d’un sentiment anti-français au sein de l’opinion malienne, moins d’un an qu’après que l’intervention Serval. Les inquiétudes et les préoccupations du peuple malien portées par son président devant les sénateurs français ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Ce qui augure pour notre pays d’un succès certain pour le sommet de l’Elysée pour la paix et sécurité en Afrique. s’exprimant à  l’issue du déjeuner organisé en l’honneur de Son Excellence, Ibrahim Boubacar Keà¯ta, M. Jean-Pierre Bel dira que sa visite permettra au Senat français de continuer, sans ingérence aucune, à  s’intéresser à  notre pays et à  l’accompagner ; parce que, ajoutera-t-il, le Mali et la France sont proches et obligés de cheminer ensemble. Le président de la République est accompagné pour cette visite par une importante délégation comprenant 5 ministres qui ont tous des agendas particulièrement chargés : le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed, le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, le ministre du Plan et de la Prospective, Cheickna Seydi Ahamadi Diawara et le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, Ousmane Ag Rhissa.

Les Maliens se prononcent sur la gestion du président IBK

Oumar Cissé, juriste fiscaliste: « Il est assez tôt pour parler d’écheC’…. » « C’’est le moment de faire un premier bilan de la gestion du président élu avec l’allure d’un plébiscite. Les motifs de satisfaction sont encore très peu nombreux, mais le dénouement des événements en cours, sera déterminant. On s’étonne encore d’entendre des attentats au nord, le cantonnement de nos propres forces de sécurité. Beaucoup de chantiers sont mis en œuvre dont les aboutissements sont attendus. Mais à  vrai dire, il est encore assez tôt pour parler d’échec. Il nous faut garder d’espoir surtout à  l’aune des législatives. Quel sera le poids des députés? Mais un sentiment d’amertume demeure à  l’occasion de ces 100 jours… » Abbas Touré, conseiller communal en commune V du district de Bamako : « Kidal n’est pas libéréé» « Durant ces trois mois, la région de Kidal n’est pas totalement libérée, les mandats d’arrêt des rebelles sont levés; des criminels sont libérés, l’injustice et l’impunité continuent; des voyages trop coûteux; l’économie tarde à  se relancer et la sécurité n’est pas effective partout». Yacouba Tibina Sanogo, Professeur d’économie au lycée Massa Maghan Diabaté de Baco-Djicoroni: « Le Mali se réveille petit à  petit… » « Après ces 100 jours, nous pouvons dire que le Mali se réveille petit à  petit. Mais nous constatons un manque de fermeté de nos autorités sur la question de Kidal. Nous avons connu des pires humiliations avec des jets de pierre des indépendantistes contre des ministres de la République. J’ai un peu perdu espoir parce que je comptais sur un Mali nouveau. C’est-à -dire la relance rapide de l’économie, l’amélioration du panier de la ménagère, etc. Mais avec le temps, on espère un règlement définitif du problème du nord parce qu’il y a d’autres chantiers qui attendent le Gouvernement et qui ont besoin aussi d’attention de la part des autorités… » Oumar Tounkara, mercier: « IBK n’a fait que deux bonnes choses… » «Depuis que nous avons élu le président de la République, il n’a fait que deux bonnes choses : son discours sur Kati dans lequel, il a dit que cette ville ne fera plus peur à  Bamako, et sa décision de donner l’ordre d’amener par force Amadou Haya Sanogo devant le juge, car nul n’est au dessus de la loi. IBK doit énormément faire attention à  ne pas décevoir le peuple, sinon une révolution à  la Morsi n’est pas à  exclure…» «Abdoulaye Guindo, Directeur de Publication du journal  »Le Procès Verbal » : «100 jours d’IBK, J’attribue la note 7 sur 20… » « Le bilan des 100 jours d’IBK à  la tête de la magistrature suprême du Mali est mitigé. Lorsqu’il venait au pouvoir les attentes étaient énormes, surtout sur la question de Kidal. Mais on a l’impression sur cette question de Kidal que le président IBK n’a répondu aux attentes du peuple malien, parce qu’il a fait croire au peuple qu’une fois élu, il pouvait, en un mois, mettre Kidal sous son contrôle. Mais après 100 jours au pouvoir, Kidal échappe toujours au contrôle du Mali. C’’est pourquoi, nous constatons que IBK est en train de perdre des points dans sa côte de popularité. En ce qui concerne la lutte contre la corruption, qu’il avait mise au devant de sa campagne et il a même fait le ministre de la justice la 2ème personnalité du Gouvernement, une volonté, certes, mais nous pensons à  présent que les actions tardent à  venir. Si on devait noter les 100 jours d’IBK, pour moi, il devrait avoir une note de 7 sur 20, parce que pendant 3 mois au pouvoir les attentes n’ont pas été comblées… » Koura Traoré, ménagère: « Nos attentes ne sont pas encore comblées… » « J’ai voté IBK pour deux choses : recouvrer l’intégité du territoire malien et l’éducation de nos enfants. Depuis sa prise de fonction nous sommes toujours en attente car rien n’est réglé jusqu’à  présent. Nous avons élu IBK pour des objectifs et il faut qu’il les atteigne. Nous espérons qu’il va combler nos attentes… » Zoumana Traoré, diplômé sans emploi: « IBK nous a oubliés… » « J’ai fait du porte-à -porte pour qu’IBK soit élu président. Mais je vous avoue que les 100 jours de gestion ne me satisfont guère. Il n’a jamais fait un projet ou pris des initiatives allant dans le sens des jeunes diplômés sans emploi. Alors que des milliers de jeunes sont sortis massivement pour le porter à  la tête de la magistrature, tout en espérant, qu’une fois élu, le président créera comme il avait promis des emplois pour nous les jeunes. Mon amertume est grande puisqu’avec 100 jours déjà , des emplois ne sont pas encore crées pour les jeunes et J’ai l’impression qu’IBK a oublié les jeunes chômeurs».

100 jours d’IBK : Un premier round difficile…

La difficulté de gouverner survient lorsqu’on cristallise les espoirs d’un peuple entier. Un peu à  l’image d’un Barack Obama qu’un deuxième mandat a fini de blanchir les cheveux. Pour Ibrahim Boubacar Keita, élu avec 77, 62% des voix le 11 Août dernier face à  son rival Soumaila Cissé, fini le temps des slogans de campagne, des tournées à  l’intérieur du pays, nous sommes dans le présent o๠l’exécutif doit primer. Alors qu’approche la fin d’un processus électoral, présidentielle et législative couplées, pour restaurer l’ordre constitutionnel au Mali, le plus dur reste de prendre les bonnes décisions dans le feu des critiques. IBK semble l’avoir compris face à  un peuple particulièrement difficile à  gouverner. Les attentes sont nombreuses et portent d’abord sur la sécurité toujours fragile au nord, la réforme d’une armée en pleine reconstruction, la relance de la machine administrative et économique sans oublier les autres chantiers comme l’éducation, la santé ou l’assainissement. Si un seul homme ne peut tout faire, le temps est une donnée précieuse pour évaluer, critiquer et tirer le bilan d’une gouvernance post-crise bien difficile. Sécurité et souveraineté à  Kidal Sur la gestion de Kidal, le président IBK essuie déjà  les critiques, et nos concitoyens acceptent mal que le sauveur d’hier soit devenu le gendarme du Mali. La France de Hollande a son mot à  dire, parce qu’elle a encore 3000 hommes Serval au Mali, même si elle avait annoncé un retrait progressif pour atteindre 1000 soldats fin décembre 2013. Mais les attaques rebelles, les attentats suicide à  répétition, dont le dernier à  Ménaka, ainsi que l’assassinat de deux journalistes français au Nord risquent de changer la donne.  » Il faut qu’on se le dise et qu’on le reconnaisse, le Mali ne s’appartient plus à  l’heure actuelle », confie un diplomate. De son côté, le président Keita essaie tant bien que mal d’incarner cette « autorité d’Etat », que la souveraineté confisquée du Mali écorne volontiers. Face au voisin nigérien qui a orchestré avec brio la libération des quatre otages d’Arlit, le Mali d’IBK apparaà®t affaibli… Le rôle de la Minusma au Mali Avec une force de près de 5600 hommes déployés au Nord du Mali et un personnel administratif concentré à  Bamako .sous l’autorité de Bert Koenders, on discerne encore mal l’efficacité de cette mission intégrée, multidimensionnelle des Nations Unies au Mali) et l’utilité de ces énormes pick-ups estampillés UN qui parcourent la capitale. La récente visite de Ban Ki Moon au Mali n’a au fond servi qu’à  souligner « le manque criard de moyens et d’argent ? » de cette force, plus préoccupée à  sécuriser son personnel que les Maliens du Nord ou des ministres en visite à  Kidal accablés de jets de pierre. Oumar Tatam Ly, le discret Premier ministre en a fait les frais, sans pouvoir atterrir à  Kidal récemment. La Minusma n’a pas non plus empêché le kidnapping de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, sauvagement assassinés le 2 novembre à  Kidal. Malgré tout, cette force onusienne reste désirée au Mali, selon un ministre.  » Tant que la menace djihadiste persistera, les forces armées maliennes (FAMA) devront coopérer avec les forces étrangères », admet t-il. La réforme des FAMA et le cas Sanogo Après 100 jours d’exercice, l’autre grosse épine dans le pied d’IBK, c’est le cas Sanogo, que le pouvoir a commencé à  « évacuer ». Après la mutinerie du 30 septembre, l’opération « Saniya », a permis de nettoyer Kati, de mutins revanchards et déterminés à  en découdre avec le capitaine promu général sous la transition. « Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s’assument », aura déclaré IBK, au terme d’un discours fortement applaudi. Mais l’arrestation récente du Général, convoqué à  trois reprises par le juge d’instruction Yaya Karembé irrite certains partisans de l’ex junte. La procédure judiciaire divise même les Maliens, qui voient là  un risque de déstabilisation des forces armées en pleine reconstruction. Des irréductibles pensent même que dans l’armée, l’on craint encore Sanogo et qu’IBK doit son pouvoir au Général déchu, mais c’est oublier le plébiscite du peuple, qui a accordé plus de 77% du suffrage au candidat IBK, au 2è tour de la présidentielle du 11 Août. Et omettre que deux républiques, l’une à  Koulouba, l’autre à  Kati ne peuvent cohabiter désormais. Mais surtout, la leçon à  retenir de l’arrestation de Sanogo est que l’histoire ne répéte plus le syndrome du Coup d’Etat militaire… Du reste, la réforme de l’armée a déjà  débuté. D’abord par la Mission de l’Union européenne qui a déjà  formé 2 bataillons  » Elou » et « Waraba » et en forme un 3è. Du côté de Koulouba, on a nommé de nouvelles têtes aux postes de commandements de l’armée, peu à  peu débarrassée des hommes du Général en réhabilitant des figures comme Didier Dackouo ou El Hadj Gamou, héros de la libération du Mali. Et d’après, le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maiga, cette reconstruction de l’armée passe aussi par le renforcement des capacités opérationnelle des FAMA, le statut des militaires, leur carrière, leur formation et enfin l’implication de cette armée dans la sécurité régionale au Sahel notamment… Le développement du Nord, la réconciliation nationale, et le… MNLA Les déclarations de guerre du MNLA, dont la dernière, émise depuis Ouagadougou ne font plus mouche et n’ébranlent pas la ferme volonté du gouvernement d’IBK de privilégier l’option dialogue. Mais jusqu’o๠? Si la levée des mandats d’arrêts contre d’anciens chefs rebelles a irrité une bonne partie de l’opinion, le pouvoir actuel est accusé de compromissions, en trop cédant aux exigences du groupe rebelle, qui contrôle un pan de Kidal. Entre la France et les rebelles du MNLA, l’équation reste complexe pour IBK et son gouvernement qui avance prudemment et assume ce qu’il appelle des mesures de « confiance ». La création d’un ministère de la réconciliation nationale semble avoir plu à  l’opinion, même si les fréquentes montées de tension à  Kidal, Ménaka, Tombouctou et ailleurs dans le nord, menacent le processus de dialogue et de réconciliation entamé lors des Assises du Nord, les 1er et 2 novembre dernier. Si certains chefs rebelles jugent encore illégitime ce gouvernement, d’autres prônent des concertations régionales avant les grandes messes à  Bamako, pour s’entendre entre nordistes. La Commission « Dialogue et Vérité » doit s’atteler à  ce chantier. Entretemps, le nord fait toujours face à  son développement, tiraillé entre les revendications sécessionnistes d’une part et les groupes djihadistes qui opèrent dans le désert, en planifiant attaques et kidnapping d’étrangers. L’armée malienne devra s’opérationnaliser très vite et de manière efficiente pour agir à  Kidal à  défaut de la Minusma ou de Serval qui n’ont pas vocation à  rester indéfiniment dans notre pays. Trouver l’argent pour relancer la machine économique et convaincre les bailleurs de décaisser IBK voyage t-il trop ? Cette question est revenue plusieurs fois. Mais les voyages du président participent aussi de la restauration de l’image d’un pays, fortement entamé par la crise du Nord et les attaques rebelles ou islamistes, plaide un officiel. Il faut rassurer les partenaires, chercher les bailleurs pour relancer la machine économique. La conférence de Suivi de la Réunion des donateurs de Bruxelles à  Bamako, a permis de faire le point sur les promesses de dons exprimés il y a un an. Sur les 3 milliards et quelques promis au Mali, il faudra échelonner, justifier, décaisser au rythme des bailleurs. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout l’argent ne peut être décaissé de suite, il faut des projets, des conventions et des signatures », explique cette chargée d’affaires à  l’Ambassade d’Allemagne, dont la coopération avec le Mali, reste l’une des plus stables à  ce jour. L’Education, la santé, l’assainissement et la décentralisation En dehors des principaux chantiers évoqués plus hauts, d’autres secteurs restent à  promouvoir, l’éducation, la santé, la promotion des femmes, mais aussi l’environnement et les changements climatiques. Le Mali vient de recevoir un peu plus de 2 milliards de francs pour son démarrer son Fonds Climat et s’adapter aux effets négatifs du changement climatique. Un bon point. Pour le nouveau président, la tâche reste herculéenne, et il faudra parfaire le processus de décentralisation pour lequel des Etats Généraux ont eu lieu en octobre 2013, et envisager autrement le développement local en donnant plus de moyens et de compétences aux collectivités territoriales dans les 8 régions du Mali. On note cependant un petit changement dans la communication gouvernementale, un aspect qui gagnerait à  être poursuivi, car après tout, la gouvernance, c’est aussi cette relation qu’entretient jour après jour, le chef de l’Etat avec son peuple qui l’a élu au suffrage universel direct. Un deuxième round commence !

Affaire SANOGO : pour qu’enfin la lumière soit…

Deux mois après son investiture dans un stade du vingt six mars plein à  craquer, le chef de l’Etat commençait à  inquiéter son monde. Ses voyages successifs étaient perçus comme le glas du divorce entre le prince et ses sujets. Pas de tournée nationale, pas de visite dans le pays profond, pas d’intervention majeure sur les problèmes sociaux de l’heure, rien que de la politique spectacle avec des pleurs amplement relayés par Radio France Internationale suite à  l’assassinat de deux journalistes de cette chaà®ne française sur le sol malien le 2 novembre dernier. Le doute commençait à  s’installer. La déception atteignait l’esprit des citoyens ayant porté IBK au pouvoir. Pour instaurer l’autorité d’Etat. Heureusement, tel un sphinx, le chef de l’Etat semble avoir décrypté le silence assourdissant de ses compatriotes. Pendant que faisaient rage les complaintes contre l’élévation de Amadou Haya SANOGO au rang d’ancien chef d’Etat avec en prime la mise à  sa disposition de 44 personnes pour sa sécurité et son intendance, IBK met un terme aux supputations et montre que le bateau a bel et bien un capitaine. Il autorise l’interpellation musclée du putschiste et siffle la fin de la récréation politico-militaire. C’’est de tels signaux qu’attend le peuple. Un procès Sanogo ? La partie n’est pas terminée pour autant. La machine judiciaire doit carburer d’autant que le premier pilier d’une démocratie forte est sa justice, une justice équitable pour tous les citoyens qui doit permettre au présumé innocent Monsieur SANOGO de se défendre convenablement. Mais, puisqu’il y a des «Â mais », un procès SANOGO est-il le bienvenu ? Le pouvoir acceptera t-il de le laisser parler, de le laisser dire tout ce qu’il sait de tous pour ne pas passer sous la guillotine ? On lui reproche des énormités qui méritent la Cour Pénale Internationale. On l’accuse d’être un sanguinaire froid. On en a fait un milliardaire spoliateur du trésor public malien. On parle de sang à  gogo à  propos de SANOGO. Leurre ou lueur ! Le dossier du capitaine putschiste est un couteau à  double tranchant. Attention donc au retour de flamme mais pour avoir dit «Â être face à  son destin et avoir une obligation de résultats », le président IBK est tenu de traiter ce dossier avec toute la dextérité requise. Des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch préoccupés par le cas SANOGO détiendraient des preuves compromettantes et cacheraient en lieu sûr des témoins précieux. Le monde regarde les nouveaux tenants du pouvoir au Mali. Alors, que s’estompent les préjugés, rumeurs et accusations partisanes pour la lumière voit le jour dans cet épineux dossier.

Edito : Tel est pris qui croyait prendre…

Pour qui connaà®t les mœurs maliennes, un homme averti en vaut plusieurs. Si Sanogo avait fait sienne cette maxime, il aurait sans doute évité l’interpellation musclée, par une douzaine d’hommes déterminés. Et si l’information s’est répandue comme une traà®née de poudre dans la capitale, la procédure fut express : « Ils ont été cueillis à  froid », confesse un officiel sans autre forme de commentaires. Sanogo surpris ? On a du mal à  l’imaginer. Mais après tout, celui qu’on décrivait comme un renard constamment aux aguets, a t-il finalement baissé sa garde ? « Nous l’avons emmené de Kati à  Bamako pour le mettre en lieu sûr », confiait une source proche du pouvoir après la mutinerie du 30 septembre à  Kati. Alors, le Général, logé à  la Base, se sentait confiant. Puis les convocations vinrent. Que nenni ! Il les boudait comme de l’huile au soleil. Pendant ce temps, des ranC’œurs couvaient, un collectif voulait saisir le président, mais par dessus tout, les sacrifices ont-il lâché Sanogo, qui ne se départissait jamais de son bâton magique, comme Dioncounda, de son écharpe immaculée. Si l’un est en vadrouille et reçoit les honneurs de la communauté internationale, l’autre répond de ses actes, à  l’école de gendarmerie de Faladjè, en bien mauvaise posture. Tombé de Charybde en Scylla, ou du Mont Mandingue, comme l’on voudra, Sanogo devra désormais en découdre avec la justice. Répondre de ses nombreux actes, en dépit de son statut de Général de Corps d’Arme 4 étoiles ou d’ancien « Chef d’Etat », qu’il ne fut jamais en fin de compte. Combien de temps durera l’audition ou s’il sera placé sous mandat de dépôt, il faudra chercher à  savoir. Et c’est par l’ironie du sort, que ces mêmes collègues de corps, l’ont tout simplement cueilli un mercredi matin. Au même moment se déroulait une manifestation en ville, destinée à  critiquer la politique de la France à  Kidal et à  laquelle participait une association d’handicapés ? Une manœuvre de diversion ? Ou une interpellation qui rappellerait presque l’arrestation d’un certain navigateur interplanétaire, un 11 décembre 2012… Sans autre forme de contestation !

Edito : un vote…en dilettante

Il est vrai qu’à  quelques jours du vote, on mentionnait cette campagne morose, cette pléthore de regroupements et de nouvelles associations politiques ou du moins, ces alliances contre nature, qui ont finalement découragé le citoyen lambda. Alors que la présidentielle, avait suscité un engouement certain pour ces 6,5 millions d’électeurs Maliens, désireux de retrouver une certaine légitimité politique et d’échapper à  la perfusion internationale, les législatives sont passées sous un silence certain. On est loin du taux de participation de 50% de la présidentielle. Beaucoup n’ont pas été voter donc. Que faut-il comprendre ?  » Je n’irai pas voter, parce que je n’en vois pas l’intérêt », confie Mme Diarra, cadre en santé à  l’hôpital Gabriel Touré.  » A quoi sert de voter pour ces candidats dont on ne connaà®t pas le parcours, ni le poids politique. Certains mêmes sont apparus à  la veille de la campagne », commente cette malienne de la diaspora, désabusée. Faut-il en déduire que la présidentielle seule valait le déplacement massif dans les urnes ? A voir certains reportages et photos qui circulaient sur le net dimanche 24 novembre, certains agents électoraux s’ennuyaient las d’attendre les électeurs. D’autres se sont carrément endormis. Le dimanche étant jour de mariage, beaucoup auraient sans doute préféré se retrouver dans les cérémonies. « J’avais un mariage », confesse Mme Ly, alors j’ai pas eu le temps d’aller voter ». Les Maliens ont-ils définitivement perdu confiance aux hommes politiques ? A juger l’échiquier des candidatures, les profils sortis du bois sont nombreux, hommes d’affaires, journalistes, commerçants, n’ont pas suscité l’adhésion. Ces grandes affiches qui ont orné la capitale et ces visages inconnus n’ont point du tout accroché le peuple, las de se laisser berner par les promesses de campagne. Malgré tout les législatives restent ces élections cruciales pour la vie politique. Elles sont la suite logique des présidentielles. Mais surtout, les législatives permettent à  l’électeur qui a élu son président, de lui donner cette majorité dont il a besoin pour gouverner et agir. Agir, dans le sens de l’intérêt commun. Faire approuver les projets de loi par l’Assemblée Nationale, forte de sa majorité, voilà  tout l’intérêt de donner au premier gendarme de l’état, son sifflet, magistral. Pour Ibrahim Boubacar Keita, dont les premiers soixante jours n’ont pas été de tout repos, obtenir cette majorité, ces 147 sièges dans l’hémicycle, devraient relancer les dés. Avec l’insécurité au nord, la faiblesse de l’armée, et l’économie en balance, sans oublier, les aides internationales qui tombent au compte goutte, il faut de toute urgence redresser le bateau Mali. Le président qui a voté à  Sébénicoro, dimanche autour de midi,s ‘est dit heureux d’accomplir son devoir citoyen. Il faut lui souhaiter que le Mali marche encore mieux qu’il n’avance à  l’heure actuelle. C’est-à -dire, encore trop lentement. Mais comme dirait le proverbe, qui sait partir à  point, arrive.

Sondage : IBK toujours populaire ?

IBK toujours populaire ? Alors que les derniers évènements politiques menacent sa côte d’avant la présidentielle, un sondage réalisé par le statisticien et chercheur Sidiki Guindo vient rassurer ses partisans. D’après ce sondage,  » au moins 79% des Maliens sont satisfaits de la gestion du Président et plus de 86% ont toujours confiance en lui pour résoudre le problème du nord. Le taux de participation aux élections législatives pourrait être en dessous de 40%, le RPM viendra en première position alors que l’ADEMA et L’URD se disputeront la deuxième », précise l’étude qui se projette sur les législatives du 24 novembre. L’image du Président auprès des Maliens Les Maliens satisfaits ou non de la gestion du Président de la République, deux mois après sa prise de fonction ? 79% de la population malienne disent oui, contre 14%. Une petite proportion (environ 4%) pense qu’il est trop tôt pour apporter un jugement sur cet aspect. Au niveau régional, la proportion de personne satisfaite de la gestion du Président de la République varie entre 68% (Valeur à  Bamako) et 85% (valeur à  Tombouctou). Il faut noter que cette statistique est de 79% à  Gao. Quant aux actions concrètes du président qui ont beaucoup plu, une bonne partie de la population (environ 47%) pense qu’il est trop tôt de faire un jugement seulement deux mois après la prise de fonction d’IBK. On est surtout attentif à  la maà®trise de l’armée 7%; l’organisation des assises et la façon de gérer la crise du nord. Par ailleurs, 42% de la population pense qu’il n’y pas d’aspect si négatif que ça. Environ 76% des sondés, n’ont pas aimé la libération des rebelles et/ou la levée des mandats d’arrêt contre les rebelles. Cependant, 70% des sondés se disent satisfaits du gouvernement actuel. Quelques lignes sur les élections législatives Enfin si ce sondage n’a pas pour objectif de prédire les résultats des élections législatives, il fait ressort des résultats quelques aspects pertinents: l’engouement pour ces élections ne vaut pas celui des élections présidentielles. Le taux de participation pourrait être en dessous de 40%. Concernant les scores des partis, tout en tenant compte des limites du sondage, la liste du RPM viendra sans aucun doute en tête (avec un score variant entre 19% – cas de Tombouctou et 43% cas de la région de Kayes). Au niveau national et même dans une bonne partie des Régions, le score de l’URD et de l’ADEMA seront relativement proche. Comme limite à  ce sondage, nous pouvons citer deux aspects: premièrement, le sondage n’a pas concerné la région de Kidal et les Maliens de l’extérieur, deuxièmement le sondage a été réalisé environ deux mois après la prise de fonction du Président. Ce qui peut être trop tôt pour porter un jugement.

Koweït: ouverture du troisième sommet arabo-africain

Ce sommet de deux jours est le premier depuis 2010, date à  laquelle les dirigeants des pays membres de la Ligue arabe et de l’Union africaine (UA) s’étaient réunis en Libye peu avant le Printemps arabe. Les participants devraient approuver une série de mesures et de résolutions, adoptées dimanche dernier par les ministres des Affaires étrangères et destinées à  renforcer la coopération entre les deux blocs régionaux qui comptent parmi leurs membres les riches monarchies pétrolières arabes et des pays africains parmi les plus pauvres au monde. Pour le ministre koweà¯tien des Affaires étrangères, cheikh Sabah Khaled Al-Sabah, ce sommet devrait discuter de la possibilité de créer un marché commun afro-arabe, pour une population de quelque 1,2 milliard d’habitants. « Il est temps de renforcer et de relancer l’action commune arabo-africaine dans l’intérêt des peuples des deux régions » a t-il déclaré. l’ordre du jour évoque également d’examiner l’idée de mise en place d’un mécanisme financier arabo-africain destiné à  financer des projets conjoints et encourager les flux des investissements entre les deux régions. Il est également question d’un comité de coordination pour aider à  la protection des travailleurs migrants entre les deux parties. Le deuxième sommet tenu en Libye il y a trois ans avait adopté une stratégie de partenariat arabo-africain et un plan d’action commune pour la période 2011/2016 avec l’ambition d’accroà®tre les investissements, les échanges commerciaux et les projets économiques conjoints. Mais sa mise en oeuvre a été très lente, en partie à  cause des troubles provoqués depuis 2011 dans les pays du Printemps arabe o๠les dirigeants de la Tunisie, de la Libye, d’Egypte et du Yémen ont été renversés sous la pression de la rue, et de la guerre civile qui secoue la Syrie. Plus d’une trentaine de chefs d’Etat dont le président Ibrahim Boubacar Keita prennent part à  ce sommet.

Maroc-Mali : arrivée de la 1ère promotion d’élèves imams à Casablanca

C’’est parti pour la formation de 500 imams maliens. l’arrivée du premier groupe (environ cent religieux) est prévue, dimanche 10 novembre à  l’aéroport de Casablanca. Ils vont suivre, pendant deux ans, des cours de religion selon le rite malékite en vigueur au royaume. Un islam modéré leurs sera prodigué afin de mieux les armer dans leurs luttes presque quotidienne contre l’influence rampante des mouvements extrémismes sur ce pays. « Nous devons rechercher un islam éclairé pour sortir de l’obscurantisme. Nous devons retrouver un islam de paix de tolérance, de bonne cohabitation et d’acceptation du droit à  la différence », a indiqué, mercredi, le ministre du Culte, Amadou Omar Hass Diallo, lors d’une cérémonie donnée en l’honneur des futurs imams. Un retour aux sources pour les religieux maliens Cette arrivée des Maliens est la concrétisation de l’accord signé, le 20 septembre dernier à  Bamako, entre les deux parties, lors de la visite du roi Mohammed VI au Mali à  l’occasion de l’investiture du nouveau président Ibrahim Boubakar Keita. Ce n’est d’ailleurs que l’officialisation par un accord, du retour aux sources des religieux de ce pays au Maroc, notamment pour les disciples des zaouà¯as : la Tijania et la Kadiria, fortement présentes au Mali. En vue de mettre sur les bons rails cette nouvelle coopération cultuelle entre les deux pays, après des années de tension à  cause du problème du Sahara occidental, le ministre malien du Culte et des Affaires religieuses, a effectué hier, une visite au Maroc. Amadou Omar Hass Diallo a notamment eu des entretiens avec son homologue Ahmed Taoufiq. Lune de miel religieuse Le responsable malien a déclaré à  la presse qu’il « vient au Maroc en précurseur » pour voir comment va se dérouler le cycle de formation des imams. De son côté Taoufiq a encensé le rôle des religieux dans « la préservation des constantes de la Oumma ». Cette formation des imams maliens pourrait bénéficier aux ressortissants des autres pays du Sahel. Le Niger est pressenti pour suivre l’exemple du Mali. Toutefois, des écueils d’ordre interne à  Niamey, freinent pour l’instant une telle perspective.

Kidal : quelle marge de manoeuvre pour IBK ?

Deux mois à  peine après son investiture, le 4 septembre, le président Ibrahim Boubacar Keita, élu pour sa fermeté ou pour l’autorité qu’il est censé incarner aux yeux des Maliens, fait déjà  l’objet de toutes les critiques. L’assassinat des deux reporters de RFI, ont provoqué des larmes chez « Kankelentigui », à  tort ou à  raison, un fait qui irrite certains et n’étonne pas d’autres. « Nous n’avons pas élu IBK pour qu’il pleure sur les antennes de RFI », clame ce journaliste local. Du côté de la présidence, on s’en défend. « Nous étions dans le registre de l’émotionnel, il faut comprendre et vous allez voir que très vite, après cet incident malheureux, les lignes vont bouger à  Kidal », commente ce membre du protocole. Kidal, o๠justement, les lignes semblent vouloir bouger, depuis l’incursion de l’armée malienne, ce vendredi dans la nuit. Une colonne parmi laquelle figure le Gal Gamou. Est-ce un début de réponse du Mali aux rebelles du MNLA, qui ont un contrôle évident sur Kidal ? Il faut dire que les dernières décisions des autorités n’étaient pas de nature à  rassurer les Maliens et montrent que les Accords de Ouagadougou du 18 juin ne trouvent toujours pas leur application. L’administration absente à  Kidal, le refus des groupes armés de se cantonner, et la récente levée des mandats d’arrêts contre d’anciens chefs rebelles, soupçonnés d’accointance avec Ancar Dine ou Aqmi, a crée l’incompréhension chez beaucoup. « C’est une décision de justice et la justice est à  la base de tout. Si le gouvernement malien lui même va à  l’encontre de cette justice et lève des mandats qu’il a lui même pris, cela relève de la compromission avec des groupes armés aux intentions multiples », souligne André Bourgeot, anthropologue et spécialiste du Sahel. Souveraineté en jeu Du coté des autorités, on assume ce qu’on appelle des mesures de confiance, pour dit-on, mener à  bien les négociations futures avec le MNLA, le HCUA ou encore le MAA, des mouvements plus ou moins radicaux, selon les évolutions de l’actualité. « N’oubliez pas que le Mali subit également la pression de la France et a été libéré grâce à  l’opération Serval. Se défaire de cette tutelle n’est pas chose aisée », commente un diplomate de la Minusma. « Il faut d’autant plus œuvrer dans le sens du dialogue et avec hauteur », poursuit notre interlocuteur. Du reste, Mohamed Aly Bathily, le ministre malien de la justice, a affirmé haut et fort que « si cela s’avérait nécessaire, d’autres prisonniers seraient libérés », en marge de la réunion de suivi sur la situation au Mali le 2 novembre. Une déclaration qui en rajoute à  l’inquiétude populaire. IBK serait-il acculé face aux derniers évènements au point d’en arriver aux larmes ? « Je m’étonne qu’IBK pleure pour deux journalistes de RFI et pas pour les naufragés de Konna, est-cela le patriotisme ? », témoigne Ousmane étudiant. « Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est la réponse que les autorités doivent donner aux agissement du MNLA et de ses alliés sur le terrain. Tout reste à  prouver, même une éventuelle complicité du MNLA dans l’assassinat des deux journalistes », commente cet éditorialiste. » Or le président IBK n’accumule pas les bons points ces jours-ci. On rappelle volontiers que Zahabi Ould Sidi Mohamed, son ministre des affaires étrangères, est certes un ancien fonctionnaire international mais aussi un ancien rebelle. Tout comme trois ressortissants du Nord, ex chefs rebelles, sont désormais candidats aux législatives, sous les couleurs du RPM, et accusés de chercher une impunité. En outre, les assises du nord qui se sont tenues à  Bamako les 1er, 2 et 3 novembre, estiment beaucoup, auraient du avoir lieu au Nord d’abord entre communautés locales et non entre « bourgeois de Bamako » pour paraphraser un confrère. S’il existe un fossé évident entre les revendications des membres du MNLA et les principes de Bamako, il y a trop de compromissions de la part du pouvoir malien. On apprécie malgré tout la manière dont IBK a géré l’après mutinerie de Kati, même si les conditions actuelles de résidence du Gal Sanogo, font encore les choux gras de la presse. Sans tomber dans la surenchère ou céder à  la stigmatisation des communautés du nord, la situation reste très tendue à  Kidal o๠des affrontements ont opposé l’armée malienne et le MNLA depuis ce vendredi. Jusqu’o๠ira cette nouvelle montée de tension ? Et quelle réponse donnera le pouvoir malien pour rassurer le peuple ?

Comment Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont croisé la mort à Kidal

Lorsque Claude Verlon et Ghislaine Dupont arrivent à  Bamako le vendredi 25 octobre, ils sont heureux à  l’idée de faire des sujets sur la réconciliation nationale dans le cadre de la grande opération spéciale que préparait RFI les 7 et 8 novembre à  Bamako.  » On a tellement bossé dessus, on voulait montrer que les populations du Nord Mali sont pour la paix et l’unité », confie leur collègue Christine Muratet lors de la cérémonie funèbre organisée avant le rapatriement de leurs corps à  Paris. Ghislaine Dupont et Claude Verlon n’en sont pas à  leur premier coup d’essai. Habitués de l’Afrique, des terrains sensibles comme le Congo Kinshasa d’o๠Ghislaine fut expulsée en 2006 ou encore la Côte d’Ivoire pendant la crise politique, ils ont souvent travaillé ensemble. Les deux reporters en étaient à  leur deuxième voyage au Mali, après l’élection présidentielle de Juillet o๠ils avaient couvert le vote à  Kidal. « J’ai voyagé avec eux, j’ai beaucoup discuté avec Ghislaine et Claude dans l’avion « , témoigne Ousmane Ndiaye, l’un des correspondants de TV5 Monde à  Bamako. Ce dernier reste très ému par leur mort et n’a pas souhaité en dire plus. Direction Kidal Sur place, Ghislaine Dupont et Claude Verlon entament rapidement les démarches pour se rendre à  Kidal le vite possible. Samedi 26 octobre, le lendemain de leur arrivée, on les verra au Parc National de Bamako, à  la journée des Nations Unies. Ils y étaient pour prendre contact et rencontrer la Minusma, et organiser leur voyage à  Kidal :  » Ils ont demandé à  ce que nous les transportions jusqu’ à  Kidal, confie cette chargée de l’information. Nous avons accepté et leur avons fait signé un document nous désengageant, car une fois à  Kidal, ils seraient responsables de leur propre sécurité. J’avais encore ces documents sur la table, samedi, lorsqu’on m’a appelé pour m’informer de leur enlèvement », poursuit-elle, émue. Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient-ils trop pressés d’arriver à  Kidal ? C’est l’avis d’un journaliste malien, qui les connaissait : » Lorsqu’elle arrive à  Bamako, Ghislaine Dupont prend du temps pour se reposer, voir des amis, mais cette fois, elle avait hâte d’aller au nord ». Confiante en la mission, elle avait depuis Paris, contacté des responsables du MNLA. Quelques jours plus tard, les deux reporters sont à  Kidal. Ils y sont à  l’aise et testent leur matériel devant foules et témoins, rencontrent les autorités et des responsables locaux. Sur place, la présence des deux français est vite repérée.  » S’ils se sentaient en confiance », confie en sourdine Mme Chekchik, l’épouse d’un membre influent de la communauté touareg, c’est que le MNLA a du leur dire, venez, nous contrôlons Kidal, et vous n’avez rien à  craindre. Et turbans sur la tête ou pas, à  Kidal, chacun sait qui est qui… ». Affirmation osée, mais qui va dans le sens de tous ceux qui accusent le groupe rebelle d’être complice de l’enlèvement des deux journalistes français. Du reste, qu’Ambéry Ag Ghissa déclare avoir été sommé de  » rentrer » au moment o๠les deux français sont enlevés, continue d’étonner. Et l’autre thèse qui évoque l’arrivée imprévue des deux reporters, chez Ambéry Ag Ghissa, est plus qu’improbable… Flou autour de l’enlèvement Comment Ghislaine Dupont sont -ils arrivés au domicile d’Ambéry Ag Ghissa sans escorte ? Comment ont-ils pu sortir de la maison du responsable du MNLA et se faire enlever sans qu’aucune intervention n’ait eu lieu. Ambéry Ag Ghissa, haut responsable politique du MNLA vit-il sans garde rapprochée ? Autant de zones d’ombres qui laissent penser que les deux français étaient suivis, épiés et attendus. Mais l’alerte sera vite donnée après leur enlèvement. « Une patrouille au sol et deux hélicoptères Serval, qui ont décollé de Tessalit, ont entrepris de prendre en chasse les ravisseurs », précise l’état major français. « Kidal est une petite ville et il n’y a pas mille et un chemins pour sortir de la ville.  » Lorsque les Français disent qu’ils n’ont pas établi de contact visuel, cela laisse place au doute », affirme un militaire de la Minusma en poste à  Bamako. Ghislaine Dupont et Claude Verlon, selon une première thèse, ont été tués par balle puis abandonnés à  quelques mètres du véhicule des ravisseurs à  12km au nord de Kidal. L’enquête avance, et la katibat, qui aurait organisé le coup étant identifiée comme celle d’Abdelkrim El Targui, réputé sanguinaire, laisse penser qu’ils « auraient été égorgés ». Sont-ils morts à  cause de la panne du véhicule ou parce que les ravisseurs s’estimant poursuivis , ont préféré les exécuter froidement ?  » C’est en général la technique d’AQMI et chaque fois qu’il y a une opération visant à  libérer les otages, et qu’elle tourne mal, AQMI exécute les otages », précise cet expert du Sahel. Victimes collatérales La mort de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon aurait-elle pu être évitée ? Les questions demeurent mais toujours d’après cet expert du Sahel, les ravisseurs auraient pu vouloir prendre les deux français comme monnaie d’échange. On sait désormais qu’Iyad Ag Ghali, l’ex chef d’Ancar Dine, a été un médiateur dans la libération des 4 otages d’AREVA. On l’accuse d’avoir fui avec l’intégralité du butin et Targui son cousin, chef de la katibat « El Ansar », d’avoir voulu prendre les deux français comme monnaie d’échange potentielles pour calmer les ardeurs de tous ceux qui ont été impliqués dans la libération des otages d’Areva. Leur mort résulterait alors du mécontentement de certains bandits qui n’auraient pas eu leur part du butin. En outre, un autre suspect, Bayes Ag Bakabo, serait impliqué dans l’enlèvement des deux journalistes puisque c’est son véhicule, une totoya pick up beige, dans laquelle des preuves auraient été retrouvées, qui aurait servi à  l’opération, puis été abandonné à  quelques kilomètres du corps de Ghislaine Dupont et Claude Verlon.L’enquête elle se poursuit et plusieurs suspects ont été appréhendés. Mais qu’en est-il de l’interview que les deux journalistes ont réalisé avec Ambéry Ag Ghissa ? Que se sont-ils dit ? La direction de RFI a t-elle pu récupérer ces enregistrements ? De ces éléments, on ne sait rien pour le moment… Sauf que leur contenu pourrait apporter de nouveaux éclaircissements dans l’affaire…

Ghislaine Dupont et Claude Verlon décorés à titre posthume

Cette cérémonie sobre d’un quart d’heure environ a été présidée par le chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Keita en présence des membres du gouvernement, de la direction de RFI, de l’ambassadeur de France au Mali. Dans le silence, les cercueils ont été posés sur des tréteaux en face des officiels. « Nous pleurons Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux amis du Mali, qui n’ont jamais donné un sens aux frontières, seulement mu par leur soif d’informer, leur envie d’apporter leur pierre dans l’édification d’un Mali démocratique et paisible. » a déclaré Jean-Marie Sangaré Ministre de la communication lors de son hommage. Pour le ministre, il est toujours difficile de sortir des mots lorsqu’on perd des êtres chers. « Ghislaine et Claude, soyez surs d’une chose : vous laissez un immense héritage dont le Mali saura tirer bénéfice et dont des générations de journalistes et techniciens prendront comme repère et répertoire. On peut éteindre un corps, mais on ne taiera jamais une voix, et surtout les voix de l’espoir. Le Mali vous sera éternellement reconnaissant » a t-il poursuivi. Le président IBK visiblement ému s’est approché des deux cercueils pour y déposer des médailles. Les deux sont faits chevaliers de l’Ordre national du mérite. La délégation de RFI avec à  sa tête Marie-Christine Saragosse, s’est recueillie à  son tour devant les dépouilles. Ceux qui n’ont pas pu se retenir ont éclaté en sanglots. C’était un moment d’intense émotion pour tout le monde. Les cercueils ont ensuite été amenés dans l’ambulance. Des réactions après la cérémonie… Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde: Tiébilé Dramé , président du Parti pour la renaissance nationale (PARENA) : Christine Muratet, journaliste à  RFI:

Assassinat des deux journalistes de RFI : Réunion de crise à Koulouba

Une réunion de crise convoquée par le Président Ibrahim Boubacar KEITA vient de s’achever à  Koulouba. Autour du Chef de l’Etat, plusieurs ministres du Gouvernement dont ceux en charge de la Défense (5Soumeylou Boubèye MAIGA), de la Justice (Mohamed Aly BATHILY), de la Réconciliation (Cheick Oumar DIARRAH) ainsi que le Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, porte-parole du Gouvernement (Mahamane BABY). La réunion portait sur la situation de crise provoquée par l’enlèvement hier puis l’assassinat de deux journalistes de RFI en reportage au Mali, Ghislaine DUPONT et Claude VERLON. A l’issue de la réunion, le porte-parole du Gouvernement a fait une courte déclaration dans laquelle le Gouvernement du Mali présente ses condoléances aux familles des disparus, au peuple français et à  la grande communauté de la presse. Le Gouvernement a réitéré sa détermination à  exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national y compris sur Kidal. Enfin, la question de Kidal sera évoquée la semaine prochaine avec M. Ban-Ki Moon, le Secrétaire Général de l’ONU qui effectue une visite au Mali.

Assises sur le Nord : IBK contre la stigmatisation des communautés

Ces Assises étaient attendues du peuple malien et cela depuis la crise qui a ébranlé le Mali le 22 Mars 2012, et entraà®né la partition du pays en deux. De cette scissure temporaire, de vieilles blessures se sont ouvertes et le Nord s’est vu occupé pendant de longs mois, les communautés furent brimées, les vieilles ranC’œurs allumées, les revendications identitaires à  fleur de peau. D’un autre côté, ces assises font suspicion et un membre de la presse de se demander comment ces notables du Nord, basés à  Bamako peuvent parler au nom du nord tout entier. Malgré tout, depuis l’arrivée des nouvelles autorités, l’on sent une volonté de ramener ce nord à  de meilleurs sentiments, quitte à  négocier, à  faire des compromis qui peuvent irriter le peuple malien. Du reste, à  ces assises, ne participent pas les rebelles du MNLA qui ont préféré les boycotter… Le dialogue a bien sûr le mérite d’être posé. Les jalons nécessaires dans une société o๠la tradition orale prévaut. Mais aussi des valeurs de solidarité, de partage qui ont toujours fait le Mali. Du reste, c’est la réconciliation, le vivre ensemble, la Paix qui est en jeu, pour amorcer le développement équilibré des régions du Nord. Sans paix, ce développement est impossible.  » Nous devons mettre fin à  la répétition cyclique des crises dans le septentrion malien, et nous atteler à  construire un avenir prometteur pour nos enfants et petits enfants », a déclaré le président à  l’ouverture des assises, pour donner le ton. IBK a en outre, dans son discours fleuve, il faut le préciser, appelé ses compatriotes à  un changement de mentalité. Meilleur exemple de ce changement, le Rwanda o๠il a assisté à  une conférence, un pays qui s’est relevé du génocide et a amorcé un virage économique et social qui le pousse à  devenir une nation émergente. Au Mali, nous sommes encore bien loin de cela, étiqueté comme un pays sous développé, dépendant des bailleurs de fond. « Le Mali doit s’aider, et cela découle de la volonté humaine, de la prise en compte du monde qui évolue. Nous devons acquérir une mentalité de pionniers. Car tout à  un prix, la souveraineté, l’honneur ont un prix », a poursuivi IBK, rêvant d’une nation forte et émergente à  l’image de ses voisins. Instrument de dialogue Pour produire un effet positif des Assises, Ibrahim Boubacar Keita a promis une restructuration de la Commission Dialogue et réconciliation, chargée de créer ce dialogue entre communautés. Des foras inter communautaires sont prévus pour recenser les problèmes des communautés les plus éloignées et donc silencieuses. Pour Oumou Touré, membre de la société civile et, Vice présidente de la Commission Dialogue et Réconciliation, ce remaniement s’avère nécessaire, pour rendre cette CDR effective. Crée sous la transition, la CDR peinait jusqu’alors à  trouver sa mission. Elle devrait très vite se réformer pour amorcer le travail collectif. A la fin de son discours, IBK a rappelé l’importance du plan de développement accéléré des régions du nord et dont la mise en oeuvre ne devrait plsu tarder, tout comme l’arrivée du Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon dans le cadre de la 1ère conférence minsitérielle sur le sahel de son mandat, prévu le 5 novembre. Suivra la conférence post Bruxelles du 7 novembre. La promesse de dons, négociée à  Bruxelles lors de la transition, devra s’accomplir. Du moins, l’espère t-on…

IBK à propos de Kidal en marge du sommet de la CEDEAO

A l’issue du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA et celui de la CEDEAO auxquels il a pris part dans la capitale sénégalaise, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéita, a accordé vendredi 25 octobre un entretien à  la presse malienne (ORTM, Africable, AMAP) au cours duquel, il a salué l’intervention de la CEDEAO au Mali qui a contribué à  mettre fin au calvaire du peuple malien. Au cours du même entretien, le chef de l’Etat s’est dit heureux de l’engagement renouvelé de la CEDEAO aux côtés de notre pays dans sa lutte contre le terrorisme dans la partie nord. IBK a aussi évoqué le renforcement de l’effectif de la MINUSMA dans notre pays, estimé à  aujourd’hui environ 6000 hommes. Sur la situation sécuritaire au Nord et singulièrement celle de Kidal: «Â J’en ai profité aussi pour remercier aussi l’UEMOA que la CEDEAO, particulièrement la CEDEAO pour la part prise dans le salut du Mali. Vous savez que dès l’abord la CEDEAO s’est engagé à  soutenir le Mali par des décisions qui au regard de l’histoire peuvent être réputées avoir été heureuses ; en tout cas dont l’aboutissement a été la fin du calvaire du peuple malien. Dans les termes que vous savez : l’appel à  l’intervention Serval, laquelle intervention a été presque conjointe avec celle des forces des troupes de la CEDEAO au sein de la Misma, plus tard érigée en Mimusma. De tout cela, je pense qu’il il était de bon ton que reconnaissance soit faite à  l’entité Communautaire pour son engagement ; je ce que fais de bien bonne grâce. Je pense également le sommet a été l’occasion aussi pour le président Faure Gnassimbé de passer le relais à  notre frère Thomas Yayi Boni du Bénin pour ce qui concerne la présidence de l’Uemoa ; pour l’instant, la CEDEAO, elle continue sous l’égide du frère Alassane Ouattara. Au total C’’est donc une grande satisfaction que je tire de cette première participation à  deux sommets importants de qualité économique : l’Uemoa et la CEDEAO. J’en ai en même temps également profité pour dire combien je suis désolé d’avoir concentré tous les efforts de la CEDEAO, et également presque de l’Uemoa, sur les questions sécuritaires, en raison de ce qui avait lieu chez nous : la tragédie que notre peuple a vécu a concentré tous les efforts de la CEDEAO pendant presque plus u an. C’’est donc la reprise de la vocation économiques de ces deux entités qui a été conduite de fort belle façon. Voilà  ce que nous avions eu à  C’œur de réussir ici à  Dakar. Dans le communiqué, il est appelé un renforcement de la Minusma par la Communauté internationale. Un commentaire ? Un commentaire heureux. Cela pose simplement la constance de l’engagement de la CEDEAO auprès du Mali. Chacun le sait maintenant surtout depuis l’intervention du coordinateur du système des Nations unies au Mali qu’il souhaité le personnel de la Misma au Mali soit renforcé d’environ six milliers d’hommes. C’’est une information qui est dans le public, depuis au moins une semaine, ce n’est pas nouveau. Chacun sent que le mouvement Jihadiste veut reprendre du poil de la bête. On a signalé des regroupements au sud libyen qui n’augure rien de bon pour nos Etats, aussi bien le Mali que nos Etats frères du Niger et les autres. On sait le projet jihadiste. Les documents retrouvés à  Tombouctou au niveau de la Radio ont édifié le monde sur la réalité dans ce domaine, les vrais et les faux nés. J’ai profité pour informer mes homologues à  fond sur ce qui est de la situation dans le nord du pays, singulièrement à  Kidal que je trouve inadmissible, insoutenable, intolérable ; et qui ne saurait prospérer, très clairement.  » Je souhaite désormais que ces différents mouvements soient considérés comme des mouvements des groupes armés », a déclaré le chef de l’Etat. Par rapport aux élections législatives dont le premier tour est prévu pour le 24 novembre, le président de la République estime qu’il n’y a pas de problème à  ce niveau. « Le communiqué issu du sommet de la CEDEAO s’est surtout félicité de la bonne tenue de l’élection présidentielle au Mali qui incarne désormais la dignité malienne retrouvée. Nous avons pris une place qui est la nôtre au sein de la communauté internationale. C’est le retour du Mali au sein de la communauté internationale d’une manière décisive et ferme », a-t-il dit.

Le Mali promet une décentralisation accélérée

Au finish de ces trois jours d’Etats Généraux de la décentralisation, de nombreuses recommandations et quelques urgences fortes : Le renforcement des capacités de gestion des collectivités territoriales », selon un document adopté mercredi soir à  l’issue des « états généraux de la décentralisation ». La Cette rencontre a rassemblé pendant trois jours à  Bamako quelque 600 participants, en majorité des représentants de l’Etat et des régions. Le gouvernement s’est engagé à  « assurer un transfert effectif des compétences » ainsi que « les ressources financières » indispensables à  une politique efficace de décentralisation, selon le document. Il s’est aussi engagé à  « reconnaà®tre et à  accorder au pouvoir traditionnel et coutumier un rôle important dans la gestion et la prévention des conflits ». Le gouvernement « mettra tout en œuvre pour que les résolutions, les décisions de la rencontre soient respectées et mises en application », a affirmé le Premier ministre malien, Oumar Tatam ly, en clôturant les travaux des « états-généraux ». Mise en application Mme Sall Oumou Seck, seule femme maire d’une commune au Mali, celle de Goundam (nord) a estimé que « si les résolutions de la rencontre sont respectées, le Mali fera un grand bond » en avant, car, selon elle, une décentralisation efficace « est la clé de nos problèmes ». . Ces « états généraux » étaient une des premières phases d’un dialogue censé pacifier le nord du Mali, soumis en 2012 à  une rébellion touareg suivie d’un coup d’Etat militaire à  Bamako, puis d’une occupation par des groupes islamistes armés liés à  Al-Qaà¯da dont des éléments restent actifs dans la région en dépit d’une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 et toujours en cours. En ouvrant les travaux de la rencontre lundi, le président malien Ibrahim Boubacar Keita avait estimé qu’il fallait « apporter des réponses définitives aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme de nos frères touareg ». Si elle doit s’appliquer à  l’ensemble des régions maliennes, une décentralisation plus poussée concerne plus spécifiquement le nord du pays, vaste région désertique qui occupe les deux tiers du territoire et o๠les infrastructures de base (eau, électricité, santé, éducation, routes) sont déficientes, voire inexistantes. Les populations de ces régions issues de diverses communautés – Songhaà¯, Peul, Arabe, Touareg – se sentent abandonnées par l’Etat central. La pauvreté a servi de terreau depuis plusieurs années à  divers groupes armés aux motivations politiques, religieuses et/ou criminelles, qui s’y sont livrés à  toutes sortes de trafics et de violences. Leurs activités ont atteint leur paroxysme en 2012, dont le lancement d’une nouvelle rébellion touareg, après celles des années 1960, 1990 et 2000.

IBK à la rencontre des Maliens de Guinée équatoriale

Le président de la République et son épouse, accompagnés d’une forte délégation comprenant les ministres de l’Energie et de l’eau, M. Frankaly Keà¯ta et de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique Moustapha Dicko ont été accueilli à  leur décente d’avion par le président équato-guinéen, Son Excellence Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et Madame. Après quelques minutes d’entretien dans le salon d’honneur de l’aéroport international de Malabo, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita et sa délégation ont été conduit à  la résidence présidentielle sise à  Sipopo avant de rencontrer la colonie malienne dans la capitale de la Guinée équatoriale à  l’Hôtel «3 Agusto » (3 août, date de la prise du pouvoir du président Obiang Nguema). Après les allocutions de bienvenu des responsables de la Communauté malienne (M. Amadou Sidibé, le président du conseil de base des maliens de Malabo ; Mme Fatoumata Karakodjo, présidente des femmes de Malabo et M. Samba Coulibaly, le président des jeunes de Malabo), le président de la République a vivement remercier ses compatriotes pour leur accueil chaleureux et fraternel. Le président IBK, réconforté par la forte mobilisation des maliens de Guinée équatoriale, s’est exprimé en langue bambara en faisant le survol des questions d’intérêt national. Parlant de la crise sécuritaire du Nord, le président dira qu’il a engagé le dialogue et tendu la main pour donner une chance, et toutes les chances, à  la paix et à  la cohésion nationale. Mais que jamais en aucun cas, il ne cédera un pouce sur l’intégrité territoriale : il n’y aura ni autonomie, ni fédéralisme encore moins indépendance. «Â Décentralisation poussée, oui ; mais pas au-delà Â ». Revenant sur l’épisode de Kati, IBK dira qu’il ne laissera personne désormais entacher la crédibilité du Mali par des légèretés et des irresponsabilités. l’Etat doit assumer son autorité et être respecté ; car il ne peut y avoir deux pouvoirs au sein d’un même Etat. Expliquant qu’il a agi pour restaurer et affirmer l’autorité de l’Etat qu’il a promis aux maliens et non pour autoritarisme, IBK a demandé aux maliens de Malabo de veiller au respect de leurs droits et de leur protection tout en les invitant à  respecter les autorités et les lois du pays d’accueil. Après un diner en tête à  tête avec le Chef d’Etat équato-guinéen, le président de la République, Son Excellence Ibrahim Boubacar Keita et sa délégation prendront part demain samedi 12 octobre 2013 à  la cérémonie commémorative du 45ème anniversaire d’indépendance de la Guinée équatoriale avant de s’envoler pour Bata, la seconde grande ville du pays pour rencontrer la plus forte concentration de maliens du pays. Une colonie estimée à  plus de 15.000 âmes.

IBK, le Malien a soif d’actes forts

Quoi de plus normal pour un peuple que de vouloir sortir du mal-être, du mal vivre et d’un traumatisme issu d’une crise sans précédent ? Quoi de plus normal pour un peuple que de vouloir vivre dans la quiétude ? Quoi de plus normal pour un peuple que de vouloir vivre dans un pays o๠les denrées de première nécessité sont accessibles ? Quoi de plus normal pour un peuple que de vouloir voir son Président donner des signaux majeurs à  l’entame de son mandat ? Autant de questions que peut se poser le peuple malien un mois après la prestation de serment du Président Ibrahima Boubacar KEITA. Elu avec prés de 75 % des suffrages exprimés, le Président IBK n’a plus d’excuses. Le peuple, son peuple, l’a plébiscité pour que nul n’en ignore. Dans l’espoir de voir ce score fleuve se consolider lors des législatives de novembre, l’enfant de Koutiala est tenu de prouver tout le bien que le peuple pense de lui. Il a été préféré à  Soumaila Cissé de par son expérience et politique et gouvernementale, de par sa rigueur, de par son franc-parler et de par son refus des compromis voire compromissions politiques. «Â Je n’ai rien promis à  personne » avait-il affirmé à  ceux qui l’accusaient d’être le candidat de la junte du capitaine SANOGO. Les événements de Kidal, Tombouctou et Kati lui ont permis de prouver son assertion. Ces événements salutaires ont mis en exergue la rigueur attendue de IBK. Mieux, en soutenant être «Â un homme qui ne ment pas », IBK a réussi à  dire à  son peuple ce qu’il voulait entendre et ce qu’il attendait d’un Président de rupture. Qu’est-ce qui reste ? Les actes, des actes forts. Le peuple veut et attend des actes. Il en exige même. Le malien veut vivre dans un pays havre de paix. Il veut voir son armée se professionnaliser et sécuriser l’ensemble du territoire afin que cessent les attentats et les tentatives malencontreuses de hordes disparates décidées à  faire du Mali un Afghanistan bis. Le malien veut voir sa police se préoccuper de la sécurité urbaine et non à  faire de la route un espace d’enrichissement. Le malien veut une justice impartiale. Le malien veut une école reformatée dépouillée des notes financièrement transmissibles. Le malien veut voir sa progéniture s’insérer dans le tissu socio-économique selon le mérite et non le clientélisme. Le malien veut une baisse des prix des denrées de première nécessité. Le malien veut se soigner dans des structures sanitaires qui ne seront plus des mouroirs. Le malien veut divorcer d’avec le mimétisme des régimes précédents. Cette litanie d’attentes faite, le nouveau pouvoir doit presser le pas non pour faire de la politique spectacle mais pour envoyer des signaux forts et mettre entre les mains du peuple des symboles. l’espoir fait vivre dit-on. C’’est vrai. Le peuple a foi en son chef et attend beaucoup de lui. Le moment est donc venu de poser des actes forts. Le renouvellement de la crête de l’armée, le renforcement des positions avancées des forces de sécurité pour davantage traquer les ennemis de la paix, le renforcement du panier de la ménagère à  travers une révision des prix ayant flambé au lendemain de la crise de mars 2012, le respect de l’égalité des chances dans tous les secteurs de la vie socio-économique, la sobriété des représentants de la République et la promotion de l’emploi des jeunes sont entre autres des actes forts issus du pouvoir. IBK voulait le Pouvoir, il l’a eu et il lui revient de refuser de se laisser enfermer dans des carcans aristocratiques source de désamour et de rejet. Le peuple, longtemps déçu par sa classe politique, voit en IBK une alternative crédible. Cinq ans C’’est long, mais C’’est déjà  demain alors au travail Monsieur le Président.

Kati ne fera plus peur à Bamako…

Kati ne fera plus peur à  Bamako. Voilà  l’expression qui circule sur toutes les lèvres ce vendredi matin. Après qu’une opération de « nettoyage » ait eu lieu dans la ville garnison, située à  une quinzaine de kilomètres de Bamako, il semble que le mot d’ordre soit désormais à  la discipline. A écouter les propos du chef d’Etat major des armées, le général Dahirou Dembélé, les soldats devront se mettre sous le commandement de leurs chefs et états majors ou s’en aller. Voilà  qui répond au discours à  la Nation du chef de l’Etat, prononcé suite aux évènements de lundi dernier, o๠une dispute a éclaté entre éléments de l’ex junte, avec un blessé dans l’histoire. La suite, on la connaà®t. Opération « Saniya » En résumé, toutes les armes individuelles et collectives qui étaient en possession des mutins ainsi que celles détenues à  la résidence du Général Amadou Aya SANOGO ont été récupérées et réintégrées dans les dépôts logistiques sécurisés par les troupes déployées dans le cadre de l’Opération « SANIYA », a précisé le lieutenant-colonel à‰lisée Jean Dao, qui menait les opérations. On apprend ainsi que la place d’armes de Kati, qui a fait les beaux jours du coup d’Etat, est bien sous contrôle de l’Etat-major Général des Armées. En effet, des obus, des missiles et même des mortiers étaient en possession d’éléments incontrôlés, pouvant mener à  une attaque d’envergure. Souvenons-nous de la guéguerre fratricide entre bérets rouges et verts, très vite contrôlée par les bérets verts et en quelques heures seulement. Ces derniers disposant d’un arsenal incroyable. Et pis, les rumeurs ont enflé entrer hier jeudi et ce vendredi, lorsque beaucoup affirmaient à  Kati et à  Bamako que le Gal Sanogo était introuvable ou encore que certains éléments de l’ex junte avaient fui. Du reste, si certains ont été appréhendés, on a même évoqué des mercenaires en appui au Gal Sanogo. Des informations à  prendre avec précaution. Ce vendredi matin, le calme est revenu à  Kati, la ville garnison, qui s’enorgueillissait d’être une forteresse imprenable, après le coup d’Etat, à  tel point que certains avaient acclamé les ex putschistes. Désormais, il faudra se mettre au pas. Car Kati, on l’espère en tous cas, ne devrait plus faire peur à  Bamako. Militaire au garde à  vous !

IBK dissout le comité de réforme de l’armée pour de bon

Capitaine à  l’époque, Amadou Haya Sanogo avait été nommé président de ce comité de réforme de l’armée par un décret du président par intérim Dioncounda Traoré daté du 8 août 2012. Il a été officiellement installé dans ses fonctions le 13 février 2013 lors d’une cérémonie au palais de la présidence à  Bamako. « Le chef a parlé, et les militaires ne parlent jamais après le chef », a-t-il expliqué, devant le président Dioncounda Traoré, qui avait déclaré à  la presse, que le capitaine Sanogo, en tant que formateur, avait l’étoffe nécessaire pour mener à  bien la mission qui lui a été confiée. « Le capitaine Sanogo a été choisi compte tenu de ses qualités personnelles. (…) Ce comité n’a aucune vocation politique. Le pouvoir politique, C’’est le pouvoir politique ; le pouvoir législatif, C’’est le pouvoir législatif ; et l’armée, C’’est l’armée. Et par les temps qui courent, l’armée a un rôle éminent à  jouer » avait affirmé Dioncounda Traoré. Sanogo n’est plus le chef de ce comité depuis août 2013 Son salaire à  la tête de ce comité avait défrayé la chronique dans les médias. Il se paierait des émoluments atteignant 4 millions de francs CFA sans compter les autres avantages. Promu général de corps d’armée le 14 août 2013, Amadou Haya Sanogo n’était plus le chef du comité chargé de réformer l’armée malienne. Le conseil des ministres du 28 août 2013 « a été informé de l’abrogation du décret portant nomination du général de corps d’armée Amadou Haya Sanogo en qualité de président du Comité militaire de suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité » du Mali, indiquait le compte-rendu de cette réunion. C’’est un proche du Gal Sanogo, le colonel Mohamed Diallo qui assurait l’intérim. Il a été blessé lors de la fronde à  Kati, ville garnison près de Bamako le 30 septembre dernier. Les mutins n’auraient pas apprécié le fait de ne pas être promus au grade supérieur contrairement à  d’autres putschistes de 2012. « Que les chefs militaires s’assument » ! « (…) Vous imaginez aisément l’indignation et l’humiliation que me causent les évènements dont Kati est le triste théâtre depuis lundi. Une investigation est en cours sur les raisons et les acteurs de cette gifle à  la nation au moment, je le répète, o๠les soldats d’autres nations, quittant leurs pays et leurs familles, sont sur notre sol, pour nous défendre, et cela parfois jusqu’au sacrifice suprême (…) Pour l’armée républicaine promise et attendue comme pour les autres segments de la nation, il n’est guère de salut en dehors de l’ascenseur républicain. » a martelé le président Ibrahima Boubacar Keita lors de son adresse à  la nation le 2 octobre. « J’ai d’ailleurs instruit au gouvernement de procéder sans délai à  la liquidation des comptes et l’établissement du procès verbal de dissolution du Comité Militaire Pour la Reforme des Forces de Sécurité et de Défense. Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s’assument ! Que la chaà®ne de commandement se fasse obéir ou qu’elle s’avoue impuissante et incompétente, alors ce qui doit être fait le sera, et ce sans délai » a poursuivi le président.

Adresse à la Nation de Son Excellence Ibrahim Boubacar KEÏTA

Mes chers compatriotes, Comme vous le savez, J’étais hors du pays pour porter votre salut et dire votre gratitude aux amis du Mali qui avaient accouru, dans un élan sans précédent, à  son chevet, quand il en avait le plus besoin. A New York, à  la faveur de la 68ème Assemblée Générale des Nations-Unies, J’ai dit votre estime à  la Communauté Internationale. J’y ai surtout annoncé le retour du Mali sur la scène mondiale. Un Mali qui a tiré les leçons de sa crise et qui est déterminé à  être un partenaire sûr du monde. Parce que sa glorieuse Histoire l’y invite. Parce qu’il est fondateur de civilisations et parce que je ne me méprends pas sur la signification du vote qui me vaut le redoutable et insigne privilège de parler au nom du grand peuple que vous êtes. A Paris, mes échanges avec le Président François HOLLANDE me permettent de compter sur l’accompagnement de la France pour la résolution de notre crise multidimensionnelle. Hélas, ma visite parisienne a dû être écourtée à  la veille d’un dialogue qui s’annonçait fécond avec le Parlement Français. J’ai dû interrompre cette importante mission de mobilisation internationale pour le Mali à  cause des évènements de Kati, Kidal et Tombouctou. Mes chers compatriotes, Me sachant, vous imaginez aisément l’indignation et l’humiliation que me causent les évènements dont Kati est le triste théâtre depuis lundi. Une investigation est en cours sur les raisons et les acteurs de cette gifle à  la nation au moment, je le répète, o๠les soldats d’autres nations, quittant leurs pays et leurs familles, sont sur notre sol, pour nous défendre, et cela parfois jusqu’au sacrifice suprême. Si nous voulons demeurer un pays d’honneur, cet honneur nous commande en toute humilité d’être attentifs aux déséquilibres, à  l’iniquité et d’une manière générale aux dysfonctionnements dans l’armée. Pour l’armée républicaine promise et attendue comme pour les autres segments de la nation, il n’est guère de salut en dehors de l’ascenseur républicain. C’est-à -dire le mérite, la prévisibilité, l’équité et la justice. Mais je ne saurais tolérer l’indiscipline et l’anarchie. Je veux renouveler ici tous mes engagements pour l’avènement de la nouvelle République et la nouvelle armée. J’ai d’ailleurs instruits au gouvernement de procéder sans délai à  la liquidation des comptes et l’établissement du procès verbal de dissolution du Comité Militaire Pour la Reforme des Forces de Sécurité et de Défense. Que la hiérarchie prévale ! Que les chefs militaires s’assument ! Que la chaà®ne de commandement se fasse obéir ou qu’elle s’avoue impuissante et incompétente, alors ce qui doit être fait le sera, et ce sans délai. Je n’ai pas été porté à  la tête de ce pays pour l’affaiblir, le trahir, le piller, en faire la risée du monde ou le laisser aller à  la dérive. Je suis là  pour servir avec foi, ardeur et détermination constantes ce peuple du Mali qui me fait confiance, une confiance totale et sans faille. Rien ne me divertira donc de mon devoir. Aucun danger, aucun risque, aucune intrigue. l’Etat de droit, le pays porteur des plus belles opportunités ne sera pas facile à  construire. Mais, pour qu’il soit demain, il faut que nous en posions le socle dès aujourd’hui. Je n’ai pas promis, non plus, un pays clé en main, vous le savez. Mes chers compatriotes, Tant que je resterai investi de votre confiance, J’assumerai mes très hautes fonctions en toute sérénité et avec une inébranlable détermination. Je le redis et je veillerai à  ce que cela soit ! Je le redis aux auteurs des évènements honteux de Kati. Mais je le redis également à  ceux qui, à  Kidal, continuent le chantage, la violence et la violation de l’accord du 18 juin 2013 à  Ouagadougou. Nous avons eu suffisamment d’illustrations que l’Etat central n’est pas celui de nos vœux. Nous avons voulu, avec la réforme de la décentralisation que je peux qualifier de réforme majeure de la 3ème République, remettre les communautés au centre et à  la fin de nos politiques. Je travaillerai, sans relâche, à  la stratégie d’un développement local qui rendra Kidal, Tombouctou, Gao, Mopti, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Kayes et le District de Bamako en responsabilité totale de leur développement dans un Etat éclairé, riche, pertinent et fier de sa diversité. Les états généraux de la décentralisation incessamment attendus tireront toutes les leçons de notre dispositif de gouvernance, en faisant appel à  toutes les compétences internes et y compris celles internationales. C’’est une opportunité irremplaçable pour évaluer le passé et projeter un futur inclusif. Ma main reste tendue. Laissons de côté la kalachnikov et venons à  ce dialogue. Je prends à  témoin la Communauté Internationale, l’offre de paix ira de pair avec une volonté farouche de défendre le Mali, l’honneur du Mali, les soldats du Mali, les populations du Mali, toutes ethnies confondues Les corps déchiquetés, les maisons effondrées, les mêmes horreurs qui peuplèrent le passé récent, doivent cesser. Aux familles endeuillées de Tombouctou, J’adresse mes condoléances et celles de la Nation. Pour les blessés de Tombouctou et de Kidal, je prie pour leur prompt rétablissement. Enfin à  vous tous, compatriotes, amis et partenaires du Mali, je redis avec force : notre Peuple n’aspire qu’à  vivre en paix, mais une paix dans l’honneur et la dignité ! Notre Peuple n’aspire qu’à  son développement pour être enfin contemporain de son siècle! Vive la vaillante armée nationale du Mali qui ne saurait jamais être une armée sans honneur ! Dieu veille sur le Mali éternel ! Vive le Mali !

Vers un bras de fer au sommet ?

La tension monte au Nord du Mali. On vient d’apprendre ce matin, de source militaire, qu’un membre armée du groupe armé MNLA a été abattu par les habitants d’Aguel’hoc, localité célèbre pour avoir été le théâtre d’un massacre sans précédents de l’armée malienne, l’an dernier après l’éclatement de la rébellion. Environ 70 militaires maliens avaient alors trouvé la mort dans des conditions inhumaines à  Aguel’hoc. Des images avaient fait le tour du WEB, et crée la panique. Les incidents se multiplient ces derniers jours. Un attentat suicide à  Tombouctou. Des heurts entre les rebelles et l’armée malienne, relayée par la force Serval et la Minusma, pour parer aux dégâts. Et contenir la situation explosive au Nord, particulièrement à  Kidal. Lors de son passage à  Paris, le président IBK, interrogé par la télévision nationale, a lui déclaré que » c’était la fin de la récréation et que ceux qui ne l’ont pas encore compris le comprendront très vite. ». Allusion faite à  la brouille entre militaires de Kati ? Ou aux assaillants du Nord. « Il s’agit plutôt de la situation au Nord, et cela commence à  irriter les autorités en haut lieu », confie un membre du protocole. Faut-il y voir un message clair de fermeté aux groupes armés du Nord quand sur le terrain, la réalité est autre : « Beaucoup de citoyens de Tombouctou, de Kidal en ont marre de ces regains de tension, ils veulent la paix, rien que la paix surtout en cette période de rentrée scolaire », précise un enseignant de la ville sainte. Côté malien, on se veut prudent, même si la voix du dialogue a été privilégiée jusqu’ici, on envisage peut être l’action désormais.  » La situation ne peut perdurer, et l’armée va s’assumer », déclarait Soumeylou Boubèye Maiga lors d’une interview avec la presse locale. Si le Président IBK est rentré de Paris mardi en fin de journée, le conseil des ministres de ce mercredi, nous édifiera peut être sur les décisions à  venir.

IBK à l’Elysée

Très peu a filtré de leur entretien, mais IBK et François Hollande se sont parlés à  l’Elysée ce matin pendant près d’une heure, avant le départ officiel sur le perron de l’Elysée. On peut imaginer que les deux homologues ont évoqué la situation sécuritaire au nord du pays, o๠un foyer de tension s’est déclaré ce week-end à  Tombouctou et Kidal. La situation elle reste précaire dans la ville sainte et dans le bastion des rebelles du MNLA. Concernant la situation à  Kidal, Paris se dit optimiste. « Les tensions qui persistent vont progressivement se résorber au fur et à  mesure du processus de réconciliation », assure un diplomate français. Dans un communiqué, l’Elysée confirme que le président malien a fait de la réconciliation sa première priorité. Une source française assure que IBK entend mener un dialogue avec les groupes armés et qu’il est prêt à  prendre des mesures pour rétablir la confiance entre les deux camps. D’ailleurs aujourd’hui même, on apprend que 20 nouveaux prisonniers MNLA et HCUA sont remis en liberté par le gouvernement. Paris confirme que le président Hollande et son homologue malien ont convenu de conclure un accord de défense sur des bases renouvelées et transparentes. En attendant, les troupes françaises restent sur le terrain pour poursuivre la lutte anti-terroriste. « Il faut rester vigilant », précise l’Elysée face à  une menace qui demeure d’actualité.

Violence au Nord : le Mali doit s’imposer

A peine investi et alors qu’un pré-dialogue s’était engagé à  Bamako, il y a quelques jours entre le président IBK et les groupes armés du nord, la violence surgit de nouveau à  Tombouctou et Kidal, comme un message des rebelles, ils portent bien leurs noms, aux autorités maliennes. « Dialoguer oui, mais sous quelles conditions ? « On vous laisse croire qu’on veut dialoguer mais on contrôle la situation sur le terrain… » c’est un peu la stratégie à  répétition du MNLA, principal cheval de Troie de la rébellion au Nord. S’y ajoute les djihadistes de tous bords et l’infernal AQMI qui a revendiqué l’attentat de Tombouctou, samedi dernier. La question reste complexe. Le terrain demeure violent et inquiétant pour les populations de Gao, Kidal, Tombouctou et Tessalit… Alors qu’un bataillon de l’armée malienne monte au Nord pour prêter main forte, on est en droit de se demander si le dialogue va réellement aboutir ? Faut-il une solution forte ? Frapper un grand coup pour montrer à  ces assaillants ce qu’est l’Autorité de l’Etat, slogan de campagne du Président IBK. Prendre des initiatives à  l’instar des partenaires comme la France, pour montrer qui commande. Mener l’offensive. Avec ou sans Serval et en dépit de la Minusma… Des premières rébellions de 1963 à  nos jours, le dialogue, la négociation, les accords ont prévalu, mais à  chaque fois, les rebelles ont violé la trêve. Ce qui nous amène à  nous poser de nouvelles questions. Pour de nouvelles solutions. N’eut été l’état de déliquescence de notre armée, la riposte eût été forte, comme le chante un hymne en boucle sur les antennes de la télévision nationale… On voudrait y croire, en finir une bonne fois pour toutes avec ces sécessionnistes de toujours. Que veulent les groupes armés, que veut le MNLA, dont l’un des chefs Ibrahim Ag Assaleh, ne semble pas clair dans sa démarche. Avis aux autorités maliennes qui doivent opter pour la prudence, voire la méfiance même face aux groupes armés rebelles du nord, dont les vrais chefs de file, se cachent sous de bonnes intentions. L’enfer, c’est les autres…

Kati, une épine dans le pied du pouvoir

Le calme est donc revenu à  Kati. Lundi, les habitants s’étaient terrés chez eux après que des militaires insatisfaits aient échauffé la ville garnison. En cause, les grades de certains militaires , frustrés. On ne nomme pas impunément un capitaine putschiste Général. Et ceux qui réclament justice, le feront savoir très vite. Alors qu’on se plaà®t à  écrire partout que l’ex junte n’a plus d’influence sur les affaires du pays, il faut croire que ses caporaux et sergents ont le chic pour perturber la tranquillité sociale du pays. Kati, ville garnison, ancien fief de la junte, continue de faire des siennes. Encore une fois, la querelle est interne. Les militaires se déchirent et cette affaire ne va pas en rester là . Un général lui ne dort certainement pas la nuit. Quelle option va t-il choisir ? L’exil ? Comment justifier ce grade aux yeux de l’histoire et des peuples, et ces millions amassés en 5 jours et qui faisaient rêver un bande d’ex putschistes devenus les rois de Kati. « Personne ne leur a demandé de faire un putsch et il est temps de remettre de l’ordre dans tout ça », estime une bamakoise. la nature a horreur du vide et s’il est reproché à  Dioncounda Traoré d’avoir porté Amadou Haya Sanogo sur le mont Olympe, il est demandé à  Ibrahim Boubacar Keita de montrer qui est le vrai chef pour en finir avec ce désordre. Quitte à  taper très fort du poing sur la table !

IBK de retour aujourd’hui

La visite officielle du Président IBK, débutée le dimanche 29 septembre prendra fin ce mardi au lieu du jeudi initialement prévu. Le chef de l’Etat malien avait auparavant participé à  la 68ème Assemblée générale de l’ONU à  New York la semaine dernière. La cause de ce retour précipité, le regain de tension au nord du Mali et les échauffourées qui ont secoué le camp Soudjata de Kati, ville-garnison située à  15 km de Bamako. A Tombouctou et Kidal, les djihadistes et les indépendantistes du MNLA ont fait parlé la poudre, respectivement dans un attentat suicide qui a endeuillé la cité des 333 saints et des échanges de tirs avec l’armée malienne et des attaques de services administratifs. A Kati, ce sont des soldats mécontents des récents avancements dont ils n’ont pas profité qui ont semé le trouble dans la ville. Juste après l’audience que lui accorde ce matin son homologue français, Ibrahim Boubacar Kéita reprendra le chemin du Mali. « La situation exige sa présence et n’eut été l’audience de mardi, il serait déjà  rentré » au Mali, a t-on indiqué dans l’entourage du président malien, sans plus de détails. Des combats entre soldats maliens et rebelles touareg ont de nouveau secoué le Nord, tandis que dans le sud, des soldats mécontents ont protesté lundi à  coups de tirs en l’air.

Karim Keita, le fils d’IBK, ferait-il un bon député ?

On le soupçonne de vouloir devenir député en Commune II dans la perspective des législatives de novembre 2013. Mais ce n’est plus un soupçon désormais mais une démarche engagée par Karim Keita. En outre, le fils d’IBK même s’il est incontestablement proche des milieux politiques, bénéficiera t-il du soutien de son pater dans la course à  l’hémicycle sous les couleurs du RPM ? Pas si sûr. Pour le RPM, les enjeux sont de taille pour remporter le maximum de sièges à  l’Assemblée Nationale et avoir la majorité, qui permettra au président IBK d’engager les grandes réformes. « Le moment est mal choisi et Karim Keita doit se faire discret. Quand on a des ambitions politiques, on attend pas que son père devienne président pour militer au sein du parti. A ma connaissance, on ne l’a jamais vu militer et en faisant cela, il peut porter préjudice à  l’image de son père », estime ce député RPM. Objectif de ce parti, tombé en disgrâce aux dernières communales de 2009 et qui aujourd’hui compte aujourd’hui 9 sièges à  l’Assemblée Nationale : obtenir une large victoire aux prochaines législatives et donner les pleins pouvoirs au président IBK. « La machine RPM, même si elle n’a pas fait élire IBK fait désormais peur à  certaines formations politiques, juge cet éditorialiste. La campagne d’IBK, s’est essentiellement faite autour de son image et de sa personnalité très populaire ». « Alors, je vois mal le protocole gérer et l’image du père et celle du fils », poursuit notre honorable à  l’Assemblée nationale. Député en commune II Pourquoi la commune II ? Karim Keita en a l’ambition. Et l’ aurait fait savoir. D’aucuns estiment que c’est le fief des familles fondatrices de Bamako, entre Bozola, Quinzambougou, Niaréla, Bagadadji, Médina Coura, les plus vieux quartiers de Bamako, o๠l’on se demande bien ce qu’y ferait le fils Keita.  » C’est un mauvais choix, il y a des gens qui sont plus militants que Karim Keita et ont tissé leur réseaux depuis longtemps pour s’imposer dans cette commune II », précise un journaliste de la place. Si des sources indiquent que le grand patron de Sébénicoro ne verrait pas cette affaire d’un bon oeil, malgré tout, Karim souhaiterait convaincre son père en choisissant un mandat électif. Les langues s’étaient même déliées pour lui apposer un poste à  la présidence, ou dans le gouvernement, mais Karim n’a certainement pas besoin d’un décret pour conseiller son père. Ni IBK besoin de nommer son fils, NDLR… Pour ce jeune diplômé de l’université de Québec, vite rentrée au Pays, et PDG d’une société de conseils et de location de véhicules, la gouaille, le franc parler et les réseaux sont bien sur quelques armes pour se lancer dans la course aux législatives, avec l’aura de Papa, ne le nions pas. « Katio sait parler, il sait convaincre, il ne vous lâche pas », prévient l’un de ses proches amis, homme d’affaires. Karim Keita, éligible ? Affaire à  suivre.

Mali: que veulent les groupes armés?

La veille du discours du président IBK, le jeudi 26 septembre, trois mouvements rebelles (MNLA, le HCUA, le MAA) ont annoncé qu’elles suspendaient leur participation au processus de négociations avec l’Etat malien. Ils ont évoqué des « difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements ». Quelques jours plutôt, ces groupes armés réunis à  Bamako, s’étaient dits « soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali » et « à  ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression ». Par rapport à  la suspension des négociations par les groupes armés, le gouvernement dans communiqué rendu public le vendredi 27 septembre à  apporter des précisions sur les tâches accomplies dans le cadre de l’accord de Ouaga. Il s’agit entre autres de la libération de personnes détenues, la préparation des Assises nationales et des à‰tats généraux de la décentralisation. Etats Généraux de la décentralisation du 21 au 23 octobre 2013 « Des Etats généraux de la décentralisation seront convoqués en vue de créer les conditions nécessaires à  un transfert effectif de compétences et de ressources aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du territoire. Par la suite, le Gouvernement tiendra les Assises nationales du Nord » a déclaré le président IBK lors de son discours à  la tribune des Nations Unies. Mais sur le terrain, la tension monte ces derniers jours. Deux militaires maliens qui gardaient une banque ont été blessés vendredi dernier dans un attentat à  la grenade à  Kidal. Dimanche 29 septembre, des hommes armés ont lancé une attaque en fin de journée contre l’armée malienne dans le centre de la ville de Kidal. Les échanges de tirs avaient été précédés, dans l’après-midi, d’une explosion provoquée par un kamikaze ayant accidentellement manipulé sa ceinture explosive, se tuant sans faire de blessé. Une autre annonce faite par le Président IBK est la reconversion de la Commission dialogue et réconciliation en « Commission dialogue vérité et réconciliation ». Comme l’a dit le président, il s’agira « de panser les plaies encore béantes de la société malienne ». Mais peut-on panser les plaies rien que par le dialogue, la recherche de la vérité et la réconciliation sans la justice ? Afin de prévenir une ré-émergence de ces conflits, éviter l’impunité et soutenir le rétablissement de l’à‰tat de droit, il faut que justice soit faite.

IBK à la Tribune des Nations Unies : « Le Mali est de retour « 

New York, le 27 septembre 2013 Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chef d’Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi, tout d’abord, de vous adresser les chaleureuses félicitations de la délégation du Mali pour votre élection à  la présidence de la 68ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le choix porté sur votre personne est assurément la reconnaissance de vos qualités de diplomate chevronné, mais aussi un hommage rendu à  votre pays, Antigua et Barbuda. Soyez assuré, Monsieur le Président, de la disponibilité totale de ma délégation à  Âœuvrer au plein succès de nos travaux. Je saisis cette occasion pour féliciter votre prédécesseur, Son Excellence Monsieur Vuk Jérémic de la Serbie, pour la manière remarquable avec laquelle il a conduit les travaux de la 67ème session. Qu’il me soit également permis de réitérer au Secrétaire général, Monsieur Ban Ki-moon, notre haute appréciation des efforts louables qu’il ne cesse de déployer pour la réalisation des nobles objectifs de notre Organisation commune. Monsieur le Président, Quelques semaines après mon accession à  la plus haute charge de l’Etat du Mali, en qualité de 3ème Président élu de la République depuis l’ouverture démocratique en 1992, C’’est pour moi un insigne honneur de m’adresser à  cette auguste Assemblée. D’ores et déjà , je puis vous assurer de ma détermination inébranlable à  défendre les idéaux de notre organisation, fondés sur des valeurs de paix, de sécurité, de justice et de développement, des valeurs contenues dans le serment que J’ai prêté devant les Maliens. Monsieur le Président, Je viens devant vous pour témoigner la reconnaissance de mon peuple envers l’ensemble de la communauté internationale pour son soutien inestimable à  mon Pays, le Mali, qui a recouvré aujourd’hui sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Du haut de cette tribune et au nom de l’ensemble du peuple malien, je rends hommage à  l’action de l’ensemble du système des Nations Unies, particulièrement le Conseil de sécurité qui, à  travers quatre résolutions et plusieurs déclarations, a condamné l’agression terroriste djihadiste subie par le Mali, et réaffirmé son attachement à  l’unité et à  l’intégrité territoriale de notre pays. Le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de forces internationales pour appuyer les forces armées maliennes dans la difficile tâche de recouvrer les zones du territoire contrôlées par les groupes armés terroristes. Permettez moi d’exprimer ma gratitude envers l’UNESCO, pour son engagement auprès du Mali, à  travers la condamnation de la destruction des mausolées et autres sites historiques du patrimoine culturel de l’humanité à  Tombouctou et Gao. Le Maroc, pays frère, présidait alors le Conseil de sécurité. Je voudrais, à  ce titre, remercier sincèrement Sa Majesté le Roi Mohamed VI, pour l’importante contribution du Royaume du Maroc, qui dès les premières heures de l’occupation du Nord de notre Pays a condamné l’agression dont nous avons été victime, et a apporté une aide humanitaire d’urgence à  nos populations C’est aussi le lieu de rendre un vibrant hommage à  la France et à  son Président, François HOLLANDE, pour le déclenchement de la salvatrice opération militaire Serval, qui a stoppé l’avancée des extrémistes djihadistes vers le sud de notre pays, et a conduit par la suite à  la libération des régions occupées. Qu’il me soit également permis de remercier la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine et l’Organisation de la Communauté Islamique (OCI) pour leur sollicitude et leur engagement constants dans la recherche de solutions durables à  la crise malienne. Je tiens particulièrement à  saluer le leadership de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire, et Président en exercice de la CEDEAO, Son Excellence Monsieur Blaise COMPAORE, Président du Faso, Médiateur de la crise malienne, Son Excellence Monsieur Goodluck Ebele JONATHAN, Président de la République Fédérale du Nigéria, Médiateur associé, ainsi que Son Excellence Monsieur Boni YAYI, Président du Bénin, anciennement Président de l’Union africaine au moment le plus aigu de la crise dans le Nord du Mali. Je fais une mention spéciale à  Son Excellence le Président Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, pour sa décision courageuse d’envoyer des troupes tchadiennes au Mali, troupes qui ont payé un lourd tribu en vies humaines lors des opérations de reconquête de nos régions Nord. Je voudrais également rendre hommage au président Mahamadou Issoufou et au vaillant peuple du Niger, dont l’accueil très fraternel réservé aux nôtres a permis de soulager bien des souffrances. A cette occasion, je voudrais m’incliner devant la mémoire de tous ces frères nigériens qui sont tombés sur le champ d’honneur lors des attaques d’Agadez et d’Arlit menées par les djihadistes, au titre de représailles pour leur engagement chez nous au Mali. A Son Excellence le Président Abdel Aziz BOUTEFLIKA et au peuple algérien frère, je renouvelle la gratitude du peuple malien pour l’appui multiforme à  la résolution des crises que le Mali a connues, ainsi qu’à  l assistance humanitaire que l’Algérie a apporté a nos populations refugiées dès les premières heures du conflit. C’’est aussi le lieu de rappeler que l’Algérie et le Mali sont deux pays frères liés par des relations solides d’amitié et d’histoire commune. Au peuple mauritanien et à  mon frère, son Excellence le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, J’exprime la profonde gratitude du peuple malien pour leur engagement à  nos cotés dans la traque des groupes djihadistes en territoire malien. Je présente nos sincères condoléances aux familles mauritaniennes qui ont perdu les leurs lors de l’opération conjointe dans la forêt du Ouagadougou et à  l’Ouest de Tombouctou. A l’Union Européenne et à  tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux, nous exprimons également nos sincères remerciements et notre profonde gratitude pour le rôle éminemment important qu’ils ne cessent de jouer pour le retour définitif de la paix et de la stabilité au Mali. Permettez moi également, du haut de cette tribune, de rendre hommage aux vaillantes forces armées du Mali qui se sont courageusement engagées auprès des troupes alliées pour la reconquête des territoires occupés par les djihadistes et narco trafiquants. Je salue ici la mémoire de tous ceux des nôtres et de nos amis qui sont tombés sur le champ d’honneur pour le salut du Mali, pour la liberté de notre peuple, pour l’avenir de nos enfants. J’adresse également mes pensées les plus pieuses à  tous ces héros civils, des anonymes, hommes, femmes et enfants qui ont perdu la vie. Je pense à  tous ces blessés, ces femmes violées, ces amputés, qui ont subi le joug de la barbarie pendant d’interminables mois, et qui sont restés debout pour le Mali, malgré toutes les humiliations et intimidations dont ils ont fait l’objet. Monsieur le Président, Je ne peux clore ce chapitre de gratitude sans avoir une pensée compassionnelle pour toutes les familles des otages algériens, français et autres, qui sont encore détenus par les groupes djihadistes dans la bande sahélo-saharienne, y compris dans le septentrion malien. Je peux vous dire que nous ne ménagerons aucun effort pour accélérer leur libération, et cela en étroite collaboration avec les pays concernés. Monsieur le Président, Le Mali est de retour. Oui, avec l’appui des pays amis, le Mali est debout, et tourne la page la plus sombre de son histoire. Elle a été marquée par neuf mois de graves violations des droits humains, de pillages, et de destruction de sites et monuments culturels et historiques uniques. Aujourd’hui, que de chemin parcouru! Le Mali a recouvré sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, et riche de sa diversité culturelle, il s’est engagé aujourd’hui sur le chemin de la réconciliation nationale. Un processus de dialogue pour la paix et la réconciliation nationale a été entamé, à  travers l’Accord préliminaire de Ouagadougou, signé mle 18 juin 2013. La transition qui s’était ouverte en mars 2012 à  la suite d’un coup d’Etat a pris fin en août dernier, après une élection présidentielle tenue sur l’ensemble du territoire, et reconnue crédible et transparente par l’ensemble de la communauté internationale. A travers ce processus électoral exemplaire, les maliennes et les maliens ont ainsi fortement rappelé leur attachement à  la démocratie et à  l’ordre constitutionnel. Pour parachever ce processus, mon Gouvernement s’est engagé, sans tarder, à  tenir les élections législatives le 24 novembre 2013 pour le premier tour, et le 15 décembre 2013 pour le second tour. En tant que Président investi de la confiance de l’ensemble du peuple malien, je mesure l’immensité des défis à  relever et des aspirations profondes de mes compatriotes à  la paix, à  la réconciliation nationale et au développement économique et social. Sitôt investi Président de la République, J’ai pris l’initiative de rencontrer à  Bamako les Chefs des groupes armés du Nord pour leur rappeler les principes sacro-saints du respect de l’intégrité territoriale du Mali et de la laà¯cité de l’Etat. Je leur ai fait connaà®tre ma disponibilité à  organiser un dialogue politique inclusif, franc et constructif, o๠tout sera discuté, à  l’exception de toute forme d’indépendance ou d’autonomie. Mon message a été entendu et nous nous engageons très bientôt dans un dialogue pour un règlement définitif des crises dans le Nord de notre pays. Dès à  présent, je veux relancer le dialogue intra et intercommunautaire pour recréer les conditions du vivre ensemble entre toutes les Maliennes et tous les Maliens. Des Etats Généraux de la décentralisation seront convoqués en vue de créer les conditions nécessaires à  un transfert effectif de compétences et de ressources aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du territoire. Par la suite, le Gouvernement tiendra les Assises nationales du Nord. D’ores et déjà , dans la perspective des discussions à  venir avec les groupes armés, et dans le but de créer les conditions d’un apaisement, il a été procédé à  la mise en œuvre de mesures de confiance énoncées par l’Accord préliminaire de Ouagadougou, notamment la libération de prisonniers non détenus pour crimes de guerre, et la sensibilisation des populations sur les dispositions pertinentes de l’Accord préliminaire. Dans le cadre de la lutte contre l’impunité, une place de choix a été faite à  notre Justice nationale. En effet, le Ministre de la Justice, Garde des sceaux, est la deuxième personnalité de mon Gouvernement, en vue de l’édification d’un véritable Etat de droit au Mali. La Commission Dialogue et Réconciliation sera reconvertie en Commission Dialogue Vérité et Réconciliation, en vue de panser les plaies encore béantes de la société malienne. Monsieur le Président, Les crises cycliques dans les régions septentrionales du Mali trouvent leur explication profonde dans les conditions de vie précaires de nos populations et la pauvreté générale. Un Ministère chargé de la réconciliation nationale et du développement des Régions Nord a été créé en vue d’accélérer le développement, en matière de santé, d’éducation et d’infrastructures. Je suis heureux de constater que la communauté internationale a compris ces enjeux et je tiens à  saisir cette occasion pour exprimer ma profonde et sincère gratitude à  tous les amis du Mali qui se sont engagés, le 15 Mai 2013 à  Bruxelles, dans un élan de solidarité exceptionnel, à  soutenir la mise en œuvre du Plan pour la Relance économique durable du Mali. Monsieur le Président, Avec l’appui de la communauté internationale, le Mali s’attelle résolument à  la consolidation la paix et de la réconciliation nationale, la refondation des forces de défense et de sécurité, la reconstruction des régions septentrionales dévastées par les forces terroristes et obscurantistes, l’approfondissement de la gouvernance institutionnelle ainsi que la relance économique. Cependant, la situation que vit le Mali est symptomatique des défis auxquels tous les pays de la région du Sahel sont confrontés, notamment les pires formes de la criminalité transfrontalière organisée, y compris le trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes en tous genres, dont certaines très sophistiquées, proviennent des arsenaux libyens, à  la suite de la chute de l’ancien régime. Ainsi, malgré l’espoir suscité par les succès des opérations militaires menées à  travers l’action conjuguée de l’Opération Serval, des troupes de la MISMA et des forces armées et de sécurité tchadiennes et maliennes, le déplacement de groupuscules armés terroristes et rebelles vers d’autres pays voisins représente une menace sérieuse pour la stabilité et l’intégrité territoriale du Mali, ainsi que pour la paix et la sécurité dans la région. C’’est dans ce contexte que la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA) a été déployée, pour soutenir les forces armées et de sécurité du Mali dans la stabilisation du Nord de notre pays et faciliter le dialogue et la réconciliation nationale. Je voudrais saisir cette opportunité pour réitérer l’engagement du Mali à  Âœuvrer sans relâche à  la mise en œuvre de la stratégie des Nations Unies pour le Sahel. En raison de la complexité et de la gravité de la situation au Sahel, ma délégation accueille favorablement le rapport sur le Sahel présenté en juin 2013 par Monsieur Romani Prodi, envoyé spécial du Secrétaire général. C’est le lieu pour moi de souligner avec force que la résolution durable de la situation au Sahel requiert une coopération renforcée et dynamique entre les Etats de la bande sahélo-saharienne, pour lutter contre l’extrémisme religieux et le crime organisé. Pour sa part, le Mali, sous mon leadership, est résolument déterminé à  Âœuvrer pour la redynamisation des mécanismes de coopération sous-régionaux existants.De même, l’accompagnement de la communauté internationale s’avère indispensable dans la lutte contre le terrorisme transnational dans le Sahel. Les enjeux sont énormes et la menace terroriste prend des proportions inquiétantes, au point qu’aucun pays n’est à  l’abri d’actes violents et barbares. Les attentats survenus au Kenya le 21 septembre dernier en sont l’illustration la plus infâme. Mon pays, qui se remet peu à  peu des atrocités commises par des groupes terroristes djihadistes alliés aux narco trafiquants, réitère sa ferme condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Je présente au nom du Mali, mes condoléances les plus sincères au gouvernement et au peuple frère du Kenya. Monsieur le Président, La délégation du Mali se réjouit particulièrement du thème central du débat général de la 68ème session de l’Assemblée générale intitulé «Â Le programme de développement de l’après 2015 : plantons le décor ». La pertinence de ce thème repose, incontestablement, sur les incertitudes et les inquiétudes du monde d’aujourd’hui, résultant de l’instabilité économique et financière internationale, de l’accentuation de la pauvreté, de la dégradation continue de l’environnement et de la multiplication des catastrophes naturelles. En effet, dix ans après l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), les Chefs d’Etat et de Gouvernement, réunis ici même en septembre 2010, dans le cadre de l’évaluation à  mi-parcours de l’initiative, ont exprimé de vives préoccupations face aux résultats insuffisants. Force est de constater qu’à  ce stade, le chemin à  parcourir pour l’atteinte des objectifs reste long. A cet égard, il est crucial de jeter un regard critique sur les faiblesses constatées, afin de poser les jalons d’un développement durable. A ce niveau, l’une des insuffisances du programme des OMD, qui retient notre attention, est le déficit d’engagement concernant l’OMD numéro 8. Il porte sur la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement. Sans l’instauration d’un système commercial et financier ouvert et équitable ainsi que le respect des promesses faites aux Pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits Etats insulaires en développement, le risque est grand de nous retrouver à  nouveau pour faire le même constat d’échec. Face à  cette situation, le Mali encourage l’adoption d’un programme de développement unique et consolidé pour l’après 2015, dont la cible prioritaire sera à  terme, l’éradication de la pauvreté et la promotion de la durabilité économique, sociale et environnementale. Cette vision est dictée par l’urgence des défis et la rareté des ressources disponibles. Sa mise en oeuvre devrait privilégier la priorité à  conférer aux pays les plus pauvres de la planète. C’’est, en outre, le lieu de saluer l’engagement pris par les Chefs d’Etat le 25 septembre 2013, à  la faveur de l’évènement spécial de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, en vue d’accélérer la réalisation des OMD et de tenir une conférence internationale d’évaluation en 2015. Monsieur le Président, Dans la ligne droite de mes illustres prédécesseurs, je réaffirme ici et maintenant, ma détermination à  défendre les idéaux de paix, de sécurité et de justice qui caractérisent notre Organisation commune. Au plan africain, le Mali est vivement préoccupé par la situation en Centrafrique, en République Démocratique du Congo, en Egypte et en Libye, et exprime sa ferme condamnation de la violence comme mode d’expression politique. Le Mali se félicite des progrès enregistrés dans la voie de la reconstruction et de la réconciliation nationale au Libéria, en Sierra Léone, en Guinée Bissau. Au Moyen Orient, nous sommes fortement préoccupés par la poursuite des violences meurtrières en Syrie, avec son lot quotidien de désastres humanitaires. A ce titre, nous condamnons avec fermeté l’utilisation d’armes chimiques sur le théâtre des opérations. Le Mali appelle les parties concernées à  privilégier des solutions politiques négociées, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Nous encourageons les pourparlers israélo-palestiniens en cours, et invitons toutes les parties à  prendre les mesures voulues pour instaurer un climat de confiance et engager des négociations directes en vue de parvenir à  une paix juste, globale et durable reposant, notamment, sur les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil des sécurité. Je saisis cette occasion pour réitérer la solidarité et le soutien total du peuple et du gouvernement maliens au peuple palestinien, dans sa lutte légitime pour l’exercice de son droit inaliénable à  la souveraineté. Monsieur le Président, Je voudrais me réjouir des mesures prises ces dernières années par l’Organisation des Nations Unies visant à  apporter des changements qualitatifs dans les domaines prioritaires du développement, de la paix et de la sécurité collective, des droits de l’homme et de la réforme de l’Organisation. Malgré les progrès réalisés, beaucoup reste à  faire en ce qui concerne notamment la nécessaire réforme du Conseil de sécurité et la revitalisation de l’Assemblée générale. Nous devons poursuivre nos efforts afin que l’Assemblée générale, principal organe délibérant de l’organisation occupe une position centrale dotée de moyens lui permettant de mettre en œuvre ses résolutions. s’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, le Mali réitère son adhésion au Consensus d’Ezulwini et à  la Déclaration de Syrte adoptée par les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, et appuie la revendication légitime de l’Afrique de disposer de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents. Le Conseil de sécurité ainsi réformé refléterait mieux les réalités géopolitiques du monde actuel, et réparerait l’injustice historique faite à  l’Afrique, seule région du monde ne disposant pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité. Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Chef d’Etat et de Gouvernement, Monsieur le Secrétaire général des Nations Unies, Mesdames et Messieurs, Le Mali est de retour. Le Mali reprend sa place, toute la place qui lui revient, à  hauteur de son histoire, dans le concert des nations libres et démocratiques. Le peuple malien est prêt à  prendre sa part, toute sa part, dans l’édification d’un monde de paix, de tolérance, de liberté, de justice et de démocratie. Car les Maliennes et les Maliens restent convaincus que c’est dans cette voie que nous, dirigeants du monde, poserons les jalons d’un développement durable pour nos peuples et épargnerons aux générations présentes et futures les fléaux de la guerre. Telle est notre vocation. Tel nous le ferons, Inch’Allah ! Je vous remercie de votre aimable attention.

New York/ Réunion sur le Sahel : IBK appelle à une franche collaboration entre pays du champs

A cette réunion de haut niveau sur le Sahel, qui s’est tenu ce 26 septembre au siège des Nations Unies, à  New York, participait de nombreux chefs d’Etats africains mais aussi plusieurs personnalités des organisations internationales comme Romano Prodi, envoyé spécial des Nations Unies au Sahel, Pierre Buyoya, représentant de l’Union Africaine au Mali, ou encore Kadré Désiré Ouédraogo de la CEDEAO. Voici le discours du président Ibrahim Boubacar Keita, qui a pris part à  la rencontre et s’est exprimé en premier sur la situation au Sahel : Monsieur le Président, Permettez-moi tout d’abord de remercier le Secrétaire général Monsieur Ban Ki-moon, pour l’initiative d’organiser cette réunion, et de féliciter son envoyé spécial pour le Sahel, Monsieur Romano PRODI, pour ses efforts inlassables en faveur de la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, élaborée conformément aux dispositions pertinentes des résolutions 2056 et 2071 (2012) du Conseil de sécurité. Il y a un an, jour pour jour, se tenait ici même aux Nations Unies, la première réunion de haut niveau sur le Sahel au cours de laquelle les Chefs d’Etat et Gouvernement ont fait l’état des lieux dans la région, marqué par l’instabilité politique, les crises humanitaire et nutritionnelle, les menaces transfrontalières, la prolifération et le trafic des armes, la présence des groupes terroristes, et le trafic de drogue. Par la volonté du Peuple malien qui m’a fait l’honneur de me choisir pour présider à  ses destinées pour les cinq prochaines années, je participe aujourd’hui à  la deuxième édition de cette importante rencontre consacrée aux échanges sur les voies et moyens à  mettre en œuvre pour impulser l’élan nécessaire à  la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel. Monsieur le Président La grave crise multidimensionnelle de laquelle mon pays, le Mali est en train de se remettre, est symptomatique des défis auxquels tous les pays de la région Sahel sont confrontés. Au nombre de ces défis, l’on retiendra la circulation anarchique des armes de guerre souvent très sophistiquées, le trafic en tout genre et le sous-développement. Le Mali avait très tôt compris la complexité et la gravité de la situation au Sahel. C’’est ce qui avait motivé l’appel lancé vainement aux Gouvernements des pays de la région du Sahel pour la tenue d’une Conférence sur la sécurité dans le Sahel depuis 2008. Dans le même sens de son engagement sur la question, le Mali fort de sa position géographique dans la région du Sahel a, depuis près d’une décennie et de façon régulière, présenté au nom des Etats membres de la CEDEAO, la résolution intitulée «Â Assistance aux à‰tats pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre ». Monsieur le Président C’’est pourquoi le Mali ne peut qu’être en phase avec les mesures proposées dans la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, en particulier concernant : l’adoption d’une démarche globale et coordonnée permettant de gérer de manière intégrée les problèmes de la région en s’appuyant sur une meilleure connaissance des causes profondes des problèmes posés ; le renforcement de la coopération régionale ; et l’harmonisation des mécanismes existants capables de faire face aux menaces transfrontalières. A cet égard, il est essentiel, comme signalé opportunément dans la Stratégie, que les Gouvernements de la région instaurent un climat de confiance et de franche coopération entre eux, toutes choses sans lesquelles les initiatives les plus robustes demeureront inopérantes. En outre, la centralité des Etats concernés dans la mise en œuvre de la Stratégie, ne doit pas seulement être posée comme un principe dogmatique, mais traduite par une participation effective, qui tienne compte de leurs spécificités et préoccupations propres. Je me réjouis de noter par ailleurs que dans la perspective d’une coordination entre les différentes actions en cours ou à  venir, la Conférence sur la sécurité dans le Sahel et en Afrique, prévue en décembre prochain à  Paris, à  l’initiative du Président François Hollande, pourrait servir de cadre pour approfondir la réflexion sur la meilleure façon de prendre en charge les questions de sécurité et de stabilité dans la région. Monsieur le Président Il est vrai que les problèmes transfrontières ne sont pas simples à  résoudre, surtout lorsqu’ils concernent la sécurité. Entrent en jeu les questions de confiance et les considérations souverainistes, entre autres. Cependant, la nature, l’ampleur et la réalité de la menace sur le terrain commandent aujourd’hui de dépasser ces considérations et d’aller vers un plus grand pragmatisme. Il nous faut travailler à  mutualiser nos moyens, car, et cela est établi et reconnu de tous, les défis qui nous menacent dépassent largement les capacités d’un Etat, quel qu’il soit. Dans cet esprit, et en conformité avec les objectifs sécuritaires de l’Union africaine, je propose la création d’une Force multinationale du Sahel, capable de se projeter rapidement sur le terrain, à  la demande d’un Etat, et avec le soutien logistique de nos partenaires. Il est vrai que l’histoire tend à  démontrer que ce genre de dispositif peine souvent à  être opérationnel. Mais face à  la menace, il nous appartient de trouver, avec l’appui de nos partenaires internationaux, les voies et moyens de le rendre opérationnel, car il en va la survie de nos Etats. Cependant, le tout sécuritaire ne pourrait venir à  bout du fléau qu’est le terrorisme et la criminalité transfrontalière. La promotion d’une gouvernance efficace et inclusive, des efforts de développement équilibrés, la promotion des droits de l’homme, la saine distribution de la justice, entre autres, sont indispensables. C’’est pourquoi, dès le lendemain de mon élection à  la magistrature suprême de mon pays, je me suis engagé devant tous les Maliens, y compris les représentants des groupes armés que J’ai reçus à  Bamako, à  résoudre la «Â question du Nord », par un dialogue franc et inclusif. Il s’agit de mettre fin, de manière définitive, à  ces rebellions armées récurrentes, qui viennent à  chaque fois saper les progrès réalisés dans le domaine du développement économique et social de notre pays. Je peux vous assurer que les maliens sont aujourd’hui engagés sur la voie du dialogue et de la réconciliation nationale, dans le respect de l’intégrité territoriale du Mali et de la laà¯cité de l’Etat. Monsieur le Président ; La mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel nécessitera la mobilisation d’importantes ressources. C’est pourquoi, je voudrais du haut de cette tribune, lancer un appel à  la Communauté internationale y compris au Système des Nations Unies, aux Institutions financières internationales dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, l’Union africaine à  travers le NEPAD, pour un engagement total à  nos côtés, et une meilleure coordination des actions à  mener en vue de répondre efficacement aux besoins immédiats et à  long terme du Mali et des à‰tats de la région. Les domaines concernés sont nombreux : la sécurité, la bonne gouvernance, le renforcement des institutions démocratiques et de l’Etat de droit, ainsi que le développement et l’action humanitaire. Le Mali pour sa part, reste déterminé à  appuyer toutes les initiatives aux niveaux régional et international, allant dans le sens d’une complémentarité intelligente et d’une meilleure articulation des interventions, dans l’optique de trouver des solutions durables aux défis et problèmes qui se posent à  la région du Sahel. Pour terminer, je voudrais remercier, au nom du Peuple et du Gouvernement maliens, les Nations Unies, l’Union Européenne, l’Afrique, la France et tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour le rôle important qu’ils ne cessent de jouer en faveur du retour définitif de la paix et de la stabilité au Mali, et dans toute la région du Sahel. Je vous remercie de votre aimable attention.